Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1891-06-22
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 22 juin 1891 22 juin 1891
Description : 1891/06/22 (A21,N7098). 1891/06/22 (A21,N7098).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7565819p
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 29/04/2013
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L'EAU DE SEINE
Le temps n'est plus où les Parisiens
pouvaient se désintéresser de leur ali-
mentation en eau potable ; cet âge an-
tédiluvien est loin de nous; il n'y a
plus que le docteur Armand Després
pour le regretter. Il a bien fallu se
rendre à l'évidence, ouvrir les yeux à
la lumière: la statistique est plus forte
que l'insouciance. Une ville n'a pas le
droit de considérer comme un pro-
blème de médiocre importance son
approvisionnement en eau salubr:;
l'expérience est désormais concluante,
la preuve a été malheureusement
faite.
La distribution d'eau de Seine à la-
quelle viennent d'être soumis, pour
une durée de vingt jours, trois arron-
dissements de Paris, a pour résultat
habituel de propager la fièvre ty-
phoïde. Les recherches et les observa-
tions de MM. Chantemesse et Widal
ne laissent plus aucun doute à cet
égard.
En 1887, par suite de la disette d'eau
pure, la population parisienne a été
cruellement éprouvée.
En 1888, pendant un été pluvieux,
l'eau de source n'a pas manqué : les
cas de fièvre typhoïde ont été d'une
rareté exceptionnelle.
En 1889, la distribution d'eau de
Seine dans certains arrondissements
a influé de la manière la plus visible
sur la santé publique. Ainsi, pour une
population de cinq cent mille habi-
tants qui avait été soumise au régime
de l'eau de Seine, le mouvement d'en-
trée dans les hôpitaux a marqué, dans
les semaines qui ont;.-- euivi le roule-
ment, un accroissement notable. De
15 à 30 cas par semaine, les fièvres
typhoïdes traitées dans les hôpitaux
se sont élevées à 100 et à 130 dans la
même période.
S'il fallait un argument de plus,
l'exemple de la ville de Vienne le four-
nirait, car il n'en est pas de plus topi-
que ni de plus décisif. Ce n'est pas la
première fois que nous l'invoquons,
ni la dernière fois sans doute, car ces
vérités-là sont bonnes à redire et à
répéter jusqu'à ce qu'elles passent à
l'état d'axiome.
A l'époque où les Viennois se désal-
téraient avec de l'eau du Danube, la
fièvre typhoïde faisait chez eux d'af-
freux ravages; le taux de la mortalité
atteignait a et jusqu'à 3 pour mille !
Depuis l'adduction d'eau de source,
le nombre des décès typhiques est
allé constamment en s'abaissant, jus-
qu'à tomber, en ces dernières an-
nées, à 0,11 pour mille, c'est-à-dire
à être aussi faible que possible. A
l'une des séances de la Société de mé-
decine publique, le docteur Mosny
rapportait ce propos qui lui avait été
tenu par le professeur Nothnagel, en
lui montrant dans son service d'hôpi-
tal un cas de fièvre typhoïde venu des
environs de Vienne: «Voici pour nous
une rareté depuis que nous avons de
l'eau de source, et quand, par hasard,
un cas semblable se présente à l'hôpi-
tal, je le montre aux étudiants à titre
de cas intéressant. Encore dois-je
ajouter que le plus grand nombre des
cas de typhus abdominal nous vient
des environs plutôt que de la ville
même. »
Quand en serons - nous là, nous
aussi? Avant d'être délivrés de nos
inquiétudes saisonnières, le fleuve qui
nous alimente aura semé des millions
de microbes et de bactéries, et pour-
tant les crédits nécessaires à l'adduc-
tion de l'Avre ont été votés par le
conseil municipal il y a plus de six
ans, les projets des ingénieurs sont
prêts depuis longtemps, les travaux
de dérivation des sources de la Vigne
et de Verneuil ont commencé, cent dix
mille mètres cubes de nouvelles eaux
potables vont être amenés à Pa-
ris.
En attendant la construction du
grand aqueduc de cent kilomètres de
long qui mettra Paris en complet état
de défense contre la sécheresse et con-
tre le microbe, en attendant le vote
d'un règlement qui rende obligatoire
la fourniture d'eau de source dans
toutes les maisons, plus d'une plainte
retentira, plus d'une malédiction s'é-
chappera contre l'incurie administra-
tive.
1 En ce moment, il n'y a plus qu'à at-
tendre la venue des nouvelles eaux de
source et à prendre toutes les précau-
tions individuelles que commande
Hygiène. Les ménagères n'ignorent
pas, d'ailleurs, en cette saison, les
mérites du filtre ni les avantages de
l'eau bouillie.
Cette période d'attente n'en est pas
moins insupportable, surtout pour
ceux qui n'ont pas épargné leurs pei-
nes pour éviter à Paris le retour pé-
riodique d'une crise saisonnière aussi
préjudiciable à la santé publique.
Paul Strauss.
Le XIXe SIÈCLE publiera demain la
a Chronique », par Francisque Sarcey,
L'AFFAIRE DE LA MÉLINITE
Nous avons annoncé que MM. Le Senne et
Gauthier de Clagny avaient manifesté a M.
Fallières l'intention de lui poser une ques-
tion sur les incidents du procès Turpin.
Le garde des sceaux ayant répondu aux
signataires qu'en l'absence du président du
conseil il ne pouvait accepter leur question,
M. Le Senne a écrit hier à M. de Freycinet
pour l'aviser de son intention de l'interro-
ger lundi.
Ce y question portera sur « les raisons
pouiMesquelles, connaissant depuis le mois
de juillet 1890 les actes d'espionnage et de
trahison qui viennent d'être jugés à huis
clos et condamnés par le tribunal correc-
tionnel de la Seine, il n'a rien fait pour le s
réprimer, pour rechercher et punir lescou-
pables, et pourquoi le gouvernement a at-
tendu pour le faire qu'il y ait eu une dé-
nonciation publique faite par Turpin "A
MORT DE Mme KARCHER
(D8 NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Gien, SO juin.
Mme Sarah Karcher, sœur de M. Victor
Cherbuliez, de l'Académie française, vient de
mourir ici.
Elle unissait à une intelligence remarquable
des qualités de cœur exceptionnelles.
LES PETITES SOUSCRIPTIONS
DE MONTMARTRE
Les orateurs qui se succèdent à Montmar-
tre disent que les souscriptions viennent
des petits, et nous avons encore présentes
à la mémoire les paroles du cardinal Ri-
chard, le jour de l'inauguration, disant :
« C'est bien le peuple qui a élevé ce monu-
ment, car ces pierres sortent de ses écono-
mies. »
Le Bulletin de l'œuvre inflige un démenti
aux paroles archiépiscopales en disant que,
parmi les offrandes du mois de mai, il s'en
trouve une de 50,000 fr., deux de 5,000 fr.,
une de 10,000 fr., une de 1.4,000 fr., une au-
tre de 15,000 fr., et plusieurs de 1,000 et
000 fr.
3 'La recette du moïstétan+d© 113^,803fr. JOc.,
on voit qu'il reste peu pour prouver que
c'est le peuple qui se prive pour élever la
basilique.
L'EXTRADITION DE LIVRAGHI
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Lausanne, 90 juin.
Le juge Soldan a lu aujourd'hui, au tri-
bunal fédéral, son rapport sur l'extradition
Livraghi.
Il fait observer à ce propos que le traité
d'extradition ne contient aucune stipula-
tion concernant le lieu du délit. Les terri-
toires de Massouah ne sont pas une colo-
nie, mais une annexe de l'Italie. Il conclut,
en conséquence, à l'extradition.
Malgré quelques réserves d'un membre,
l'extradition a été votée à l'unanimité pour
les trois chefs d'accusation : homicide, pé-
culat et concussion, mais refusée pour le
chef de calomnie.
Livraghi va donc être livré à l'Italie.
DISCOURS
DE L'EMPEREUR GUILLAUME
(D'UN CORRESPONDANT) ,).
Berlin, 20 juin.
L'empereur a clos en personne la session
du Landtag prussien. Voici le texte du dis-
cours du trône :
« Si on n'a pas atteint d'une manière com-
plète le but poursuivi, nous pouvons ce-
pendant, moi et mon peuple, être juste-
ment remplis de satisfaction de ce qu'on a,
en particulier, posé les fondements essen-
tiels d'une amélioration du système des im-
pôts et établi d'une manière légale les con-
ditions du développement de la vie muni-
cipale dans les districts ruraux des provin-
ces de l'est.
» J'ai la confiance que ceux des problè-
mes qui n'ont pas encore été résolus dans
le domaine des impôts vont l'être bientôt
d'une manière satisfaisante. J'espère que
l'application de la loi sur l'administration
des communes rurales va assurer un déve-
loppement considérable de la vie munici-
pale sans nuire aux institutions antérieu-
res et rendre plus étroit le lien qui ratta-
che le peuple a la monarchie.
» Je vois avec plaisir que l'apaisement
des différends de politique ecclésiastique a
été facilité dans une large mesure par la
restitution à l'Eglise catholique des traite-
ments confisqués. La paix confessionnelle
sera maintenue d'autant plus sûrement que
l'on sera mieux convaincu que les revendi-
cations au profit des Eglises doivent être
limitées de manière à devenir compatibles
avec les principes qui président à la posi-
tion des questions d'Etat.
» Comme la session qui se termine a
porté des fruits nombreux, ainsi que je le
constate avec reconnaissance, il m'est per-
mis, à moi et à mon peuple, d'espérer avec
confiance que ces fruits pourront être uti-
lisés à l'abri des. bienfaits de la paix, que je
n'ai aucune raison de croire menacée et
au maintien de laquelle je consacre sans
cesse mes efforts. »
LE GÉNÉRAL ISCHAGIN A PARIS
(DE NOTRE CORRESPONDANT - PARBa)
Berlin, a0 juin.
Le général russe Ischagin a traversé Ber-
lin, se rendant à Paris pour y traiter de l'a-
chat de 500,000 nouveaux fusils. Le général
Ischagin dit que l'armement des troupes
russes sera terminé dans deux ans, et il
a ajouté que les maisons allemandes n'ont
pas besoin de faire des propositions pour
- contribuer à l'équipement dçl'armçç russev
LES
CATASTROPHES EN SUISSE
A PROPOS DU DÉSASTRE DE
MŒN CHÈN STEIN
Au cours du siècle. -Série de désastres.
Dans une récente séance du Conseil na-
tional, M. Lachenal disait, en parlant de
l'écroulement du pont de Mœnchenstein :
« Cet affreux événement occupera dans les
annales de la Confédération suisse l'une des
premières places parmi les grandes catas-
trophes de ce siècle. »
Rappeler un à un tous les désastres qui
ont frappé ce charmant et pittoresque pays
serait une tâche à laquelle ne suffiraient
point nos colonnes, mais il nous paraît in-
téressant de signaler en quelque lignes les
catastrophes les plus attristantes :
En 1806, le 3 septembre, le centre de la
petite vallée qui, parcourant la base du
Rigi, met en communication les bords des
lacs de Lowerz et de Zoug (la Vallée-d'Or)
fut enseveli par un éboulement du Ross-
berg. Quatre villages furent anéantis en
cinq minutes ; A57 personnes restèrent en-
fouies sous ce formidable amas de décom-
bres qui couvrit plus d'une lieue carrée.
Un homme occupé à cueillir des fruits vit
disparaître sous ses yeux sa femme, son
enfant et sa servante. Le lendemain, cette
dernière entendit sonner l'angélus sans se
rendre compte le moins du monde de ce qui
était arrivé; elle avait été enfouie dans la
vase et les débris. Elle fut sauvée ainsi que
l'enfant, mais elle perdit la vue à l'appari-
tion de la lumière. -
La débâcle du Giétroz
Au cours de l'année 1818, un désastre
peut-être unique dans son genre affligea la
jolie vallée de Bagnes, dans le Bas-Valais.
Le glacier du Giétroz, qui domine la
Dranse d'une hauteur de 500 pieds, avait
laissé tomber dans le goulet que parcourt
cette rivière, en amont d'une étroite gorge,
d'énormes amas de glace qui avaient fini
par barrer le passage des eaux. Un lac se
forma derrière l'épaisse digue. En 3h jours,
il s'était prolongé en amont de 7.000 pieds,
sur 650 de large et 180 de profondeur.
Les eaux montaient toujours, quand l'in-
génieur de l'Etat du Valais prescrivit le per-
cement d'une galerie de 600 pieds à travers
l'épaisseur de la digue, afin d'atténuer l'in-
quiétant exhaussement des eaux.
Le 16 juin, le niveau du lac était redes-
cendu à 150 pieds ; mais, à l'aide de chaleurs
subites, les eaux élargirent rapidement la
trouée, si bien que vers quatre heures de
l'après-midi, la digue céda tout d'un coup
sous le poids de l'immense lac qu'elle con-
tenait, et toute cette masse se précipita à
travers la vallée, balayant chalets, trou-
peaux, moissons et villages.En moins d'une
heure et demie, cet ouragan liquide fran-
chit les huit lieues qui séparaient le lac du
confluent de la Dranse et du Rhône.
Heureusement, les populations riverai-
nes, depuis plusieurs jours sur leurs gar-
des, campaient dans la montagne ; néan-
moins 3h personnes perdirent la vie, et 300
bâtiments furent emportés vers la plaine de
Màrtigny où les eaux,sensiblement amorties
par l'étendue du sol, entrèrent peu à peu
dans le lit du Rhône.
Avalanches et éboulements
Les hameaux de Biel et de Selkingen,
dans le Haut-Valais, furent engloutis en
1827 par une avalanche qui coûta la vie à
51 personnes.
En 1857, pendant la percée du grand tun-
nel de Hauenstein, sur la ligne de Bâle à
Olten, une masse du roc se détacha, écra-
sant 52 ouvriers. Onze personnes accourues
dans le but de les sauver subirent le même
sort.
Le 11 septembre 1881, un village du can-
ton de Glaris aimé des voyageurs, Elm, la
plus haute agglomération de ce pays (980
mètres d'altitude), fut en grande partie en-
seveli par un éboulement du Tschingel-
berg, que de longues pluies avaient lente-
ment préparé. Ce rocher s'était précipité
d'une hauteur de h50 mètres, pour couvrir
dans la vallée un espace de plus d'une
lieue et former une alluvion de 10 millions
de mètres cubes. Cent quinze personnes et
57 bâtiments restèrent sous les décombres.
Enfin, un autre cataclysme dont nous
avons pu garder le souvenir, bien qu'il soit
loin d'atteindre par le nombre des victimes
l'importance du désastre de knloencbeiistein,
est celui qui frappa la charmante ville de
Zoug, la capitale du plus petit canton de la
Confédération, dans l'après-midi du 5 juil-
let 1887. La partie la plus importante et la
plus riche de la ville s'abîma dans le lac.
L'hôtel du gouvernement fut sérieusement
menacé ; vingt maisons s'effondrèrent
et six cents m personnes restèrent sans
abri et à peu près ruinées. Le danger étant
prévu, le nombre des victimes ne fut pas
considérable : trois hommes, quatre femmes
et quatre enfants.
Enfin, la dernière catastrophe et non la
moins épouvantable aura fait trois cents
victimes environ.
ARRESTATION
DU BRIGAND ATHANASIUS
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Constantinople, 20 juin. — On reçoit une dé-
pêche du commandant des troupes envoyées à
la poursuite des brigands qui ont dévalisé
l'Orient-Express, annonçant l'arrestation de
leur chef, le fameux Athanasius.
LES CRIQUETS
Alger, 20 juin.
Quelques vols de sauterelles sont appa-
rus encore çà et là, sans causer de grands
dommages, sauf à Biskra où les dégâts sont
assez importants. C'est maintenant du côté
des éclosions des nouvelles pontes que l'at-
tention se porte.
Depuis plusieurs jours, on signale de
nombreuses éclosions de criquets de l'es-
pèce dite pèlerin sur plusieurs points des
trais départements algériens. Toutefois, les
éclosions ne sont pas générales encore, en
raison des différences très grandes dans la
durée d'incubation,variant de douze à qua-
rante jours, assure-t-on.
La lutte se poursuit partout avec des for-
tunes diverses, ici avec un succès à peu
près complet jusqu'à maintenant, là avec
un demi-résultat, suivant la densité des
pontes et aussi suivant le degré d'acti-
vité déployée et l'importance de l'outilage
mis en œuvre.
Contrairement aux prévisions, c'est le dé-
partement de Constantine qui paraît le pre-
mier débordé par l'invasion.
La commune d'Oued-Zçnati annonce un
envahissement des récoltes presque com-
plet par les éclosions provenant des pontes
locales. Les vignobles sont sérieusement
menacés à Du?erville et à Herbillon, dans
l'arrondissement de Bône.
- A Jemmapes et à Gastu, arrondissement
de Philippeville, l'administration forestière
autorise, sous la surveillance de ses agents,
l'incendie des broussailles qui bordent les
massifs boisés de la région de Philippe-
ville, où les pontes ont eu lieu en énorme
quantité.
D'une manière générale, l'inquiétude est
plus vive ; cependant la moisson se pour-
suit activement,
On peut considérer que les orges et les
avoines sont entièrement coupées. La mois-
son des blés est commencée. Elle sera ache-
vée à la fin du mois.
L'ANARCHISTE BRULÉ
(Da NOTRK CORRESPONDANT PARTICULtBa)
Grenoble, 20 juin.
Le conseil de guerre a condamné, ce
soir, à dix ans de travaux publics l'anar-
chiste Brûlé, réserviste au 1.40'-, pour injures
par gestes envers un capitaine et refus
d'obéissance envers deux sous-officiers.
On se rappelle que dans le courant du
mois dernier, Brûlé refusa de manœuvrer
et jeta son fusil et son fourniement dans la
direction de l'officier qui commandait.
En prison, il refusa de sortir pour se
rendre au peloton de punition.
"Brûlé a essaye d'exposer les théories anar-
chistes, mais le colonel-président lui a re-
tiré la parole.
Brûlé a déjà subi dix condamnations.
LES MÉMOIRES DE DE MOLTKE
Berlin, 90 juin.
Les documents dont la famille de Moltke
a autorisé la publication comprennent, en-
tre autres choses, une notice historique sur
la famille de Moltke rédigée par le maré-
chal, ainsi que les appréciations de son
père sur lui ; ensuite, une étude sur les
rapports de la Belgique et de la Hollande
depuis leur séparation sous Philippe II jus-
qu'à leur nouvelle union sous le sceptre de
Guillaume Ier; puis des essais sur la situa-
tion intérieure de la Pologne et son état
social. On signale encore les opuscules in-
titulés « Quelles préoccupations doivent
déterminer la direction à donner aux li-
gnes ferrées », « La question de la fron-
tière occidentale » ; enfin, une brève rela-
tion de la campagne de 1870-1871, écrite en
entier de la main du maréchal et accompa-
gnée de cartes.
SUICIDE DU BARON VON WALTHER
Berlin, 90 juin. — Le baron von Walther s'est
fait sauter la cervelle, hier, dans une salle de
bal où jouait l'orchestre de la princesse Pi-
natelli.
Le baron von Walther s'est suicidé pour se
soustraire à une arrestation imminente, mo-
tivée par une dette de 1,000 marcs qu'il n'avait
pu payer. -
DÉTOURNEMENTS
Cannes, 20 juin. — Le procureur de la Répu-
blique est venu ici pour une affaire de détour-
nement de 86,000 fr., commise au détriment de
la Caisse de crédit par un employé de sa suc-
cursale de Cannes.
Il a entendu l'accusé nommé Dateux et les
directeurs de la Caisse de crédit de Nice.
LE FUSIL DE L'AVENIR
L'autre jour, en racontant les origines du
fusil Lebel, nous avons montré quel im-
mense progrès avait été réalisé en quelques
années dans l'armement des troupes d'in-
fanterie. Or, les études et les recherches
sur les fusils à répétition se poursuivent
partout avec une sorte d'acharnement, et
nous commençons à nous demander en
France si les perfectionnements déjà réali-
sés ne vont pas nécessiter bientôt une trans-
formation quelconque de notre excellent
petit fusil, sinon son remplacement radi-
cal.
Le calibre des armes portatives dimi-
nue de plus en plus, et les modèles
les plus récents s'éloignent déjà sensi-
blement de notre 8mm. Le nouveau fu-
sil russe modèle 1891, par exemple, n'est
que de 7mm62.La différence n'est pas grande,
sansdoute; maiscette diminution constante
du calibre dans les nouvelles armes permet
de prévoir, dans un avenir peu éloigné,
l'adoption de fusils que les plus hardis no-
vateurs n'auraient osé rêver il y a seulement
cinq ou six ans.
D'autre part, le mécanisme de répétition
tel qu'il existe chez nous a déjà fait son
temps, et tous ceux qui s'occupent des
questions de tir n'hésitent pas à lui préférer
un chargeur mobile, garni d'un certain
nombre de cartouches. Ces chargeurs, on
le sait, sont de différents modèles, suivant
qu'ils sont destinés à être introduits armés
de leurs cartouches dans la culasse tout
d'une pièce, ou à être vidés dans le maga-
sin. Nous avons eu, du reste, l'occasion de
décrire ces petits appareils très simples, et
nous n'y reviendrons pas.
Mais leur avantage sur la répétition tu-
bulaire est tellement reconnu aujourd'hui
que, malgré la supériorité incontestée de
notre armement, on se préoccupe déjà de
faire du fusil modèle 1886 un fusil à char-
geur,.tout en lui conservant le bénéfice de
son système de répétition actuel.
Il serait dangereux, selon nous, d'essayer
cette transformation, une arme transformée
ne valant jamais une arme créée de toutes
pièces. Nous avons le bonheur de posséder
un fusil sans rival, servi par un explosif
que toutes les nations essaient de contre-
faire sans y parvenir, notre unité d'arme-
ment est complètement réalisée, nous n'a-
vons donc qu'à attendre tranquillement les
événements, l'arme au pied, tout en sur-
veillant très attentivement, bien entendu,
les perfectionnements apportés aux fusils
étrangers,
Et puis qui sait ce que nous réserve l'a-
venir? En quelques années, la poudre ordi-
naire n'a-t-elle pas été complètement dé-
trônée par les explosifs nouveaux? Le mé-
lange dont on se servait il y a quatre ou
cinq ans à peine est bon tout au plus, au-
jourd'hui, à tirer des moineaux. Qui nous
assure que même la poudre Vielle — le plus
parfait de tous les produits similaires — ne
sera pas contrainte de céder la place à son
tour à un moteur d'un genre tout différent
qui permettrait de donner à nos soldats une
arme excessivement légère, — véritable
jouet d'enfant, -et résolvant en même
temps,de la façon la plus pratique, la ques-
tion si difficile de l'approvisionnement en
munitions?
CHRONIQUE
Un jeune peintre, Emile Cabrit,quî avait
été refusé au Salon, cette année, vient de se
tuer. Il n'a pu accepter cette blessure faite
à son amour-propre, et, avant que l'expo-
sition du palais de l'Industrie fut fermée,
il a protesté de cette façon tragique con-
tre l'ostracisme dont il avait été l'objet,
avec beaucoup d'autres ! Qui songe pour-
tant encore, à présent, à la plupart des
œuvres envoyées au Salon, où, en cette
dernière période, ne viennent plus que
quelques rares visiteurs ? Les six semai-
nes qui se sont écoulées depuis le jour
du vernissage auraient dû l'amener à
plus de résignation. C'est un suicide en
retard.
Si je le relève, parmi les événements
dramatiques du jour, c'est parce qu'il
atteste une fois de plus cet état de né-
vrose qui règne si facilement aujour-
d'hui chez les nouveaux venus dans
l'art, cette susceptibilité morbide qui est
un fait caractéristique de notre époque,
ce manque de ressort de beaucoup de
débutants, terriblement impatients et
étrangement orgueilleux.
Leurs aînés avaient plus de philosophie
— et-plus de courage. Subiasaient-ils,
quelque échec, ils se vengeaient par des
plaisanteries, traitaient les membres
du jui'y de « vieilles perruques. ».
et se remettaient à l'oeuvré. 116 sup-
portaient leurs déboires, si pénibles'
qu'ils fussent, avec plus de force d'âme,
et leur amour-propre, eux, ils le met-
taient à dissimuler leur amertume. Et
puis ils avaient foi en l'avenir! Pres-
que tous ceux qui ont un nom actuelle-
ment ont eu de rudes débuts, et peut-
être ne regrettent-ils pas ces premières
épreuves d'autrefois. -
Les générations nouvelles qui arrivent
ont une étrange hâte du succès. Non pas
que cette hâte ne soit légitime en soi : le
succès, c'est le but de tous ceux qui pro-
duisent. Mais on peut constater que nom-
bre de jeunes gens apportent dans sa re-
cherche des procédés de joueurs. Ils met-
tent tout leur espoir, ils risquent tout sur
une partie ; ils se trouvent déconcertés
s'ils la perdent. Il en va de même dans
toutes les carrières. Ils sont peut-être
mieux armés que leurs devanciers, ils
ont reçu une éducation supérieure à la
leur en général, ils sont souvent plus af-
finés; mais la constance, cette essentielle
vertu pour tous ceux qui prétendent vi-
vre de leur pensée ou de leur talent, leur
fait défaut.
Il y a chez des générations des diffé-r
rences frappantes avec celles qui les ont
précédées. On n'a pas besoin d'être vieux
pour s'en apercevoir. D'un « bateau" à
un autre, suivant la pittoresque expres-
sion de Daudet, il y a d'étonnants écarts.
C'est d'abord la belle humeur— j'entends
cette belle humeur vaillante qui semblait
indispensable à qui aborde des profes-
sions hasardeuses — qui s'en va de plus
en plus. Puis la suffisance, la prétention
augmentent, ne ressemblant plus à ces
audaces, à ces témérités que l'on attend
de tous les nouveaux combattants, et
c'est chez eux, en même temps, une in-
quiétude continuelle, qui les conduit vite
à une extraordinaire amertume. Cette in-
quiétude me paraît plus remarquable,
chez eux, que le sens pratique qu'on leur
prête communément. Sans se piquer de
faire le moraliste, on peut noter, avec
quelque tristesse, ces traits distinctifs,
l'exaspération de l'orgueil, et aussi de
l'envie, je ne sais quelle facile tendance à
la haine, le découragement rapide, le
manque d'équilibre dans les efforts. Ils se
laissent mener plus par leurs nerfs que
par leur cerveau.
On conçoit qu'un vieux lutteur, ayant
tout son œuvre derrière lui, ayant éner-
giquement travaillé, en arrive, navré de
l'indifférence qu'il ne peut plus secouer,
désespéré de se voir méconnu, à se sentir
l'appétit de la mort, et celui-là est digne
de toutes les pitiés; mais qu'un homme
jeune, ayant le temps d'espérer une re-
vanche , se trouve abattu par un mé-
compte au point de ne plus vouloir de la
vie, c'est une désertion, et on ne peut voir
là qu'une de ces suggestions maladives
de l'orgueil dévoyé dont nous parlons.
On a bien dit avec raison qu'il n'y a pas
de souffrances grandes ou petites d'une
façon absolue. Leur mesure est dans no-
tre imagination ; mais, précisément, cette
imagination, ne peut-on pas arriver à la
mettre en garde contre d'excessifs dérè-
glements, contre, de fausses conceptions ?
C'est l'affaire de la volonté, et il n'y a pas
de vraie vocation sans une infrangible
volonté.
Il faut plaindre les faibles qui succom-
bent aux blessures que leur causent les
premières déceptions, ayant eu à l'état
aigu le mal qui n'est chez d'autres
qu'irritation et révolte, mais on ne peut
pas les transformer en martyrs. C'est une
vieille rengaine - philosophique que de
dire que le suicide est un crime; c'est une
sorte de compensation à l'ironie de la
vie, comme dit le poète,
D'avoir toujours la clef du tombeau dans a
[main.
Mais le suicide n'a sa farouche gran-
deur que lorsqu'il est vraiment une ré-
ponse aux défis du sort épuisant toutes
ses rigueurs sur un homme. Il n'est qu'ab-
surde quand il est disproportionné avec les
épreuves subies, quand il n'atteste que de
la vanité blessée. Cette sensibilité de la
vanité ne pousse pas toujours, heureuse-
ment, à ces tragiques déterminations,
mais elle rend beaucoup de jeunes gens
bien malheureux, aujourd'hui. Comment
réagira-t-on contre cet état d'esprit,
comment leur rendra-t-on une plus juste
perception des choses? Comment leur
restituera-t-on la santé morale qu'avaient
leurs aindsz - ,
Je parlais de cette susceptibilité d'or-
iUeil" malheureusement caractéristique
à présent, avec un vieux peintre, un voi
sin illustre, qui m'arrêtait sur Je seuil de
son atelier comme je passais. Cette aven-
r ture l'exaspérait. -
- « Mais l'orgueil, âacristisî s'écriait-il,1
: étt pour ce garçon, de prouver qu'il
avait quelque chose dans le ventre. Cé-
tait d'arriver àk s'affirmer, malgré., tout!
1 Moi aussi j'ai été refusé, mais j'aurais
bien voulu voir qu'on m'empêchât de
continuer à exprimer ce que je croyais
être la vérité !. Et on y est venu, à ma
manière, tout de même!. Mais qu'est-ce
que c'est que ce sentimentalisme, cette
bouderie contre la vie quand tout ne va
pas sur des roulettes!. « Sacrez-moi
grand homme ou je me tue!. » Mais on
attend, que diable ! Nous avons tous at-
tendu. et nous n'en étions pas plus
tristes pour cela. Ce n'est pas nous qui
aurions eu la pensée de nous pênir; nous
n'avions pas le temps ! Nous avions bien
autre chose à faire ! »
Le mot était plaisant. Mais comme c'é-
tait le langage de la raison !
Paul Ginisty
DUEL DE PRESSE
f-I'IfI! $-;' -
:. On nous communique les procès-verbaux
suivants:
> .A la suite d'une polémique de presse* M. de
Clereq, rédacteur au x/x. Siècle, s'étant trouvé
offensé par un article paru dans le journal
« Xe Jaiwy ar&çle dout M. A. de Blosseville s'est
reconnu l'auteur, M. de Clercq a chargé deux
de ses amis, MM. Landrodie et Moguez, de de-
mander en son nom à l'auteur de l'article soit
une rétractation, soit une réparation par les
armes.
A la suite de pourparlers qui ont eu fieu,
tout arrangement ayant été reconnu impossi-
ble, une rencontre a été décidée.
En sa qualité d'offensé, M. de Clercq a choisi
l'épée, avec gant de ville a volonté ; il a été
convenu, de plus, que les corps-à-corps se-
raient interdits et les reprises réglées par le
directeur du combat.
Fait double à Paris, le 19 juin 1891.
Pour M. de Clercq :
EMILE LANDRODIE,
B.-H. MOGUEZ.
- Pour M. de Blosseville 1
1 l "-. G. DE TULLY,
CH. FORMENTIN.
Conformément au procès-verbal qui précède,
une rencontre a eu lieu ce matin aux environs
de Paris.
A la deuxième reprise, M. de Clercq a reçu
au niveau du biceps, à la partie moyenne du
bras, une blessure pénétrante qui, de l'aveu
des docteurs Duchemin et Nattier, le mettait
dans l'impossibilité de continuer le combat.
Fait double, à Paris, le 20 juin 1891.
Pour M. de Blosseville : Pour M. de Clercq ;
G. DE TUIXY, EMILE LANDRODIT:,
CH. FORNENTIN.- E.-H. MOGUEZ.
LA CATASTROPHE DE BALE
Bâre, 30 juin.
La Compagnie du Jura communique la
note suivante :
« Tous les véhicules sont retirés ; les
deux locomotives restent seules dans la
Birse, ainsi que la partie inférieure du
pont ; toute la partie supérieure qui était
restée suspendue au-dessus de l'eau est
aussi à moitié enlevée.
» Les travaux de déblaiement sont donc
très avancés.
» On n'a pas découvert de nouveaux ça-
davres, et il paraît certain qu'on n'en trou-
vera plus, sauf peut-être quelques isolés
que le gravier recouvre encore. On drague
le fond de la rivière pour s'en assurer.
Les plongeurs ont commencé- à fonction-
ner; ils n'ont rien trouvé jusqu'ici sous
les machines et les tenders. »
La Compagnie du chemin de. fer fran-
çais a fait parvenir 10,000 francs, qui se.'
ront répartis entre les familles des victi-
mes.
L'enquête
Le Conseil fédéral a ordonné que l'en-
quête instruite par le département du che-
min de fer sur les ponts du Jura-Simplon
soit étendue à tous les chèmins de fer de
la Confédération.
- La semaine prochaine,se réunira à Berne,
sous la présidence de M. Welti, président
de la Confédération, une conférence de
techniciens et de délégués des cinq grandes
compagnies pour discuter les mesures à
prendre en vue de prévenir le retour de
désastres comme celui de Mœnchenstein.
---- VIVE LA CHAMBRE!
:; .,:' Marseille, 90 juin.
Marseille offre ce soir l'aspect d'une ville
en fête. La foule est aussi considérable dans
les rues que pour le 1.4 Juillet.
On manifeste en l'honneur de la Chambre
qui a sauvé la branche la plus importante
de notre commerce local en ne votant pas
les droits proposés sur les graines oléagi-
neuses.
La mairie, la préfecture, les principaux
cercles et, il va sans dire, toutes les huile-
ries et les savonneries sont illuminés, ainsi
que les docks et les compagnies de navjga
tion. J.., f
Au moment où je vous télégraphie, une
manifestation ouvrière se rend à la préfec-
ture.
A la même heure, a lieu une réunion des
cochers d'omnibus. Il est à prévoir que
leurs propositions n'ayant pas été acceptées
par les patrons, la grève sera déclarée et
commencera demain.
LES MÉFAITS DE L'INSTANTANÉ
(D'UN CORRESPONDANT)
Metz, 20 juin.
M. Schneider, avocat à Nancy, voyageant
en touriste avec un appareil photographi-
que d'amateur, a été arrêté par les agents.
cette après-midi à deux heures, sur la plaça
Impériale, au moment où il prenait la vue
d'un régiment de dragons venant de l'exer-
cice.
Il a été conduit à la direction de la police,
où il a subi un interrogatoire.
Comme il n'avait pas de passeport, il a été
reconduit à la frontière par deux agents.
Les clichés seront remis à un photographe
de la ville pour être examinés.
- Nous avons reçu à minuit une dépêche
de Metz nous annonçant que M. Schneider
a été remis en. liberté, à la condition de
repartir par le premier train pour la
France.
l, Un notaire de Metz a dû,en outre, se por-
[ ter garant pour lui,
itou 0
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L'EAU DE SEINE
Le temps n'est plus où les Parisiens
pouvaient se désintéresser de leur ali-
mentation en eau potable ; cet âge an-
tédiluvien est loin de nous; il n'y a
plus que le docteur Armand Després
pour le regretter. Il a bien fallu se
rendre à l'évidence, ouvrir les yeux à
la lumière: la statistique est plus forte
que l'insouciance. Une ville n'a pas le
droit de considérer comme un pro-
blème de médiocre importance son
approvisionnement en eau salubr:;
l'expérience est désormais concluante,
la preuve a été malheureusement
faite.
La distribution d'eau de Seine à la-
quelle viennent d'être soumis, pour
une durée de vingt jours, trois arron-
dissements de Paris, a pour résultat
habituel de propager la fièvre ty-
phoïde. Les recherches et les observa-
tions de MM. Chantemesse et Widal
ne laissent plus aucun doute à cet
égard.
En 1887, par suite de la disette d'eau
pure, la population parisienne a été
cruellement éprouvée.
En 1888, pendant un été pluvieux,
l'eau de source n'a pas manqué : les
cas de fièvre typhoïde ont été d'une
rareté exceptionnelle.
En 1889, la distribution d'eau de
Seine dans certains arrondissements
a influé de la manière la plus visible
sur la santé publique. Ainsi, pour une
population de cinq cent mille habi-
tants qui avait été soumise au régime
de l'eau de Seine, le mouvement d'en-
trée dans les hôpitaux a marqué, dans
les semaines qui ont;.-- euivi le roule-
ment, un accroissement notable. De
15 à 30 cas par semaine, les fièvres
typhoïdes traitées dans les hôpitaux
se sont élevées à 100 et à 130 dans la
même période.
S'il fallait un argument de plus,
l'exemple de la ville de Vienne le four-
nirait, car il n'en est pas de plus topi-
que ni de plus décisif. Ce n'est pas la
première fois que nous l'invoquons,
ni la dernière fois sans doute, car ces
vérités-là sont bonnes à redire et à
répéter jusqu'à ce qu'elles passent à
l'état d'axiome.
A l'époque où les Viennois se désal-
téraient avec de l'eau du Danube, la
fièvre typhoïde faisait chez eux d'af-
freux ravages; le taux de la mortalité
atteignait a et jusqu'à 3 pour mille !
Depuis l'adduction d'eau de source,
le nombre des décès typhiques est
allé constamment en s'abaissant, jus-
qu'à tomber, en ces dernières an-
nées, à 0,11 pour mille, c'est-à-dire
à être aussi faible que possible. A
l'une des séances de la Société de mé-
decine publique, le docteur Mosny
rapportait ce propos qui lui avait été
tenu par le professeur Nothnagel, en
lui montrant dans son service d'hôpi-
tal un cas de fièvre typhoïde venu des
environs de Vienne: «Voici pour nous
une rareté depuis que nous avons de
l'eau de source, et quand, par hasard,
un cas semblable se présente à l'hôpi-
tal, je le montre aux étudiants à titre
de cas intéressant. Encore dois-je
ajouter que le plus grand nombre des
cas de typhus abdominal nous vient
des environs plutôt que de la ville
même. »
Quand en serons - nous là, nous
aussi? Avant d'être délivrés de nos
inquiétudes saisonnières, le fleuve qui
nous alimente aura semé des millions
de microbes et de bactéries, et pour-
tant les crédits nécessaires à l'adduc-
tion de l'Avre ont été votés par le
conseil municipal il y a plus de six
ans, les projets des ingénieurs sont
prêts depuis longtemps, les travaux
de dérivation des sources de la Vigne
et de Verneuil ont commencé, cent dix
mille mètres cubes de nouvelles eaux
potables vont être amenés à Pa-
ris.
En attendant la construction du
grand aqueduc de cent kilomètres de
long qui mettra Paris en complet état
de défense contre la sécheresse et con-
tre le microbe, en attendant le vote
d'un règlement qui rende obligatoire
la fourniture d'eau de source dans
toutes les maisons, plus d'une plainte
retentira, plus d'une malédiction s'é-
chappera contre l'incurie administra-
tive.
1 En ce moment, il n'y a plus qu'à at-
tendre la venue des nouvelles eaux de
source et à prendre toutes les précau-
tions individuelles que commande
Hygiène. Les ménagères n'ignorent
pas, d'ailleurs, en cette saison, les
mérites du filtre ni les avantages de
l'eau bouillie.
Cette période d'attente n'en est pas
moins insupportable, surtout pour
ceux qui n'ont pas épargné leurs pei-
nes pour éviter à Paris le retour pé-
riodique d'une crise saisonnière aussi
préjudiciable à la santé publique.
Paul Strauss.
Le XIXe SIÈCLE publiera demain la
a Chronique », par Francisque Sarcey,
L'AFFAIRE DE LA MÉLINITE
Nous avons annoncé que MM. Le Senne et
Gauthier de Clagny avaient manifesté a M.
Fallières l'intention de lui poser une ques-
tion sur les incidents du procès Turpin.
Le garde des sceaux ayant répondu aux
signataires qu'en l'absence du président du
conseil il ne pouvait accepter leur question,
M. Le Senne a écrit hier à M. de Freycinet
pour l'aviser de son intention de l'interro-
ger lundi.
Ce y question portera sur « les raisons
pouiMesquelles, connaissant depuis le mois
de juillet 1890 les actes d'espionnage et de
trahison qui viennent d'être jugés à huis
clos et condamnés par le tribunal correc-
tionnel de la Seine, il n'a rien fait pour le s
réprimer, pour rechercher et punir lescou-
pables, et pourquoi le gouvernement a at-
tendu pour le faire qu'il y ait eu une dé-
nonciation publique faite par Turpin "A
MORT DE Mme KARCHER
(D8 NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Gien, SO juin.
Mme Sarah Karcher, sœur de M. Victor
Cherbuliez, de l'Académie française, vient de
mourir ici.
Elle unissait à une intelligence remarquable
des qualités de cœur exceptionnelles.
LES PETITES SOUSCRIPTIONS
DE MONTMARTRE
Les orateurs qui se succèdent à Montmar-
tre disent que les souscriptions viennent
des petits, et nous avons encore présentes
à la mémoire les paroles du cardinal Ri-
chard, le jour de l'inauguration, disant :
« C'est bien le peuple qui a élevé ce monu-
ment, car ces pierres sortent de ses écono-
mies. »
Le Bulletin de l'œuvre inflige un démenti
aux paroles archiépiscopales en disant que,
parmi les offrandes du mois de mai, il s'en
trouve une de 50,000 fr., deux de 5,000 fr.,
une de 10,000 fr., une de 1.4,000 fr., une au-
tre de 15,000 fr., et plusieurs de 1,000 et
000 fr.
3 'La recette du moïstétan+d© 113^,803fr. JOc.,
on voit qu'il reste peu pour prouver que
c'est le peuple qui se prive pour élever la
basilique.
L'EXTRADITION DE LIVRAGHI
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Lausanne, 90 juin.
Le juge Soldan a lu aujourd'hui, au tri-
bunal fédéral, son rapport sur l'extradition
Livraghi.
Il fait observer à ce propos que le traité
d'extradition ne contient aucune stipula-
tion concernant le lieu du délit. Les terri-
toires de Massouah ne sont pas une colo-
nie, mais une annexe de l'Italie. Il conclut,
en conséquence, à l'extradition.
Malgré quelques réserves d'un membre,
l'extradition a été votée à l'unanimité pour
les trois chefs d'accusation : homicide, pé-
culat et concussion, mais refusée pour le
chef de calomnie.
Livraghi va donc être livré à l'Italie.
DISCOURS
DE L'EMPEREUR GUILLAUME
(D'UN CORRESPONDANT) ,).
Berlin, 20 juin.
L'empereur a clos en personne la session
du Landtag prussien. Voici le texte du dis-
cours du trône :
« Si on n'a pas atteint d'une manière com-
plète le but poursuivi, nous pouvons ce-
pendant, moi et mon peuple, être juste-
ment remplis de satisfaction de ce qu'on a,
en particulier, posé les fondements essen-
tiels d'une amélioration du système des im-
pôts et établi d'une manière légale les con-
ditions du développement de la vie muni-
cipale dans les districts ruraux des provin-
ces de l'est.
» J'ai la confiance que ceux des problè-
mes qui n'ont pas encore été résolus dans
le domaine des impôts vont l'être bientôt
d'une manière satisfaisante. J'espère que
l'application de la loi sur l'administration
des communes rurales va assurer un déve-
loppement considérable de la vie munici-
pale sans nuire aux institutions antérieu-
res et rendre plus étroit le lien qui ratta-
che le peuple a la monarchie.
» Je vois avec plaisir que l'apaisement
des différends de politique ecclésiastique a
été facilité dans une large mesure par la
restitution à l'Eglise catholique des traite-
ments confisqués. La paix confessionnelle
sera maintenue d'autant plus sûrement que
l'on sera mieux convaincu que les revendi-
cations au profit des Eglises doivent être
limitées de manière à devenir compatibles
avec les principes qui président à la posi-
tion des questions d'Etat.
» Comme la session qui se termine a
porté des fruits nombreux, ainsi que je le
constate avec reconnaissance, il m'est per-
mis, à moi et à mon peuple, d'espérer avec
confiance que ces fruits pourront être uti-
lisés à l'abri des. bienfaits de la paix, que je
n'ai aucune raison de croire menacée et
au maintien de laquelle je consacre sans
cesse mes efforts. »
LE GÉNÉRAL ISCHAGIN A PARIS
(DE NOTRE CORRESPONDANT - PARBa)
Berlin, a0 juin.
Le général russe Ischagin a traversé Ber-
lin, se rendant à Paris pour y traiter de l'a-
chat de 500,000 nouveaux fusils. Le général
Ischagin dit que l'armement des troupes
russes sera terminé dans deux ans, et il
a ajouté que les maisons allemandes n'ont
pas besoin de faire des propositions pour
- contribuer à l'équipement dçl'armçç russev
LES
CATASTROPHES EN SUISSE
A PROPOS DU DÉSASTRE DE
MŒN CHÈN STEIN
Au cours du siècle. -Série de désastres.
Dans une récente séance du Conseil na-
tional, M. Lachenal disait, en parlant de
l'écroulement du pont de Mœnchenstein :
« Cet affreux événement occupera dans les
annales de la Confédération suisse l'une des
premières places parmi les grandes catas-
trophes de ce siècle. »
Rappeler un à un tous les désastres qui
ont frappé ce charmant et pittoresque pays
serait une tâche à laquelle ne suffiraient
point nos colonnes, mais il nous paraît in-
téressant de signaler en quelque lignes les
catastrophes les plus attristantes :
En 1806, le 3 septembre, le centre de la
petite vallée qui, parcourant la base du
Rigi, met en communication les bords des
lacs de Lowerz et de Zoug (la Vallée-d'Or)
fut enseveli par un éboulement du Ross-
berg. Quatre villages furent anéantis en
cinq minutes ; A57 personnes restèrent en-
fouies sous ce formidable amas de décom-
bres qui couvrit plus d'une lieue carrée.
Un homme occupé à cueillir des fruits vit
disparaître sous ses yeux sa femme, son
enfant et sa servante. Le lendemain, cette
dernière entendit sonner l'angélus sans se
rendre compte le moins du monde de ce qui
était arrivé; elle avait été enfouie dans la
vase et les débris. Elle fut sauvée ainsi que
l'enfant, mais elle perdit la vue à l'appari-
tion de la lumière. -
La débâcle du Giétroz
Au cours de l'année 1818, un désastre
peut-être unique dans son genre affligea la
jolie vallée de Bagnes, dans le Bas-Valais.
Le glacier du Giétroz, qui domine la
Dranse d'une hauteur de 500 pieds, avait
laissé tomber dans le goulet que parcourt
cette rivière, en amont d'une étroite gorge,
d'énormes amas de glace qui avaient fini
par barrer le passage des eaux. Un lac se
forma derrière l'épaisse digue. En 3h jours,
il s'était prolongé en amont de 7.000 pieds,
sur 650 de large et 180 de profondeur.
Les eaux montaient toujours, quand l'in-
génieur de l'Etat du Valais prescrivit le per-
cement d'une galerie de 600 pieds à travers
l'épaisseur de la digue, afin d'atténuer l'in-
quiétant exhaussement des eaux.
Le 16 juin, le niveau du lac était redes-
cendu à 150 pieds ; mais, à l'aide de chaleurs
subites, les eaux élargirent rapidement la
trouée, si bien que vers quatre heures de
l'après-midi, la digue céda tout d'un coup
sous le poids de l'immense lac qu'elle con-
tenait, et toute cette masse se précipita à
travers la vallée, balayant chalets, trou-
peaux, moissons et villages.En moins d'une
heure et demie, cet ouragan liquide fran-
chit les huit lieues qui séparaient le lac du
confluent de la Dranse et du Rhône.
Heureusement, les populations riverai-
nes, depuis plusieurs jours sur leurs gar-
des, campaient dans la montagne ; néan-
moins 3h personnes perdirent la vie, et 300
bâtiments furent emportés vers la plaine de
Màrtigny où les eaux,sensiblement amorties
par l'étendue du sol, entrèrent peu à peu
dans le lit du Rhône.
Avalanches et éboulements
Les hameaux de Biel et de Selkingen,
dans le Haut-Valais, furent engloutis en
1827 par une avalanche qui coûta la vie à
51 personnes.
En 1857, pendant la percée du grand tun-
nel de Hauenstein, sur la ligne de Bâle à
Olten, une masse du roc se détacha, écra-
sant 52 ouvriers. Onze personnes accourues
dans le but de les sauver subirent le même
sort.
Le 11 septembre 1881, un village du can-
ton de Glaris aimé des voyageurs, Elm, la
plus haute agglomération de ce pays (980
mètres d'altitude), fut en grande partie en-
seveli par un éboulement du Tschingel-
berg, que de longues pluies avaient lente-
ment préparé. Ce rocher s'était précipité
d'une hauteur de h50 mètres, pour couvrir
dans la vallée un espace de plus d'une
lieue et former une alluvion de 10 millions
de mètres cubes. Cent quinze personnes et
57 bâtiments restèrent sous les décombres.
Enfin, un autre cataclysme dont nous
avons pu garder le souvenir, bien qu'il soit
loin d'atteindre par le nombre des victimes
l'importance du désastre de knloencbeiistein,
est celui qui frappa la charmante ville de
Zoug, la capitale du plus petit canton de la
Confédération, dans l'après-midi du 5 juil-
let 1887. La partie la plus importante et la
plus riche de la ville s'abîma dans le lac.
L'hôtel du gouvernement fut sérieusement
menacé ; vingt maisons s'effondrèrent
et six cents m personnes restèrent sans
abri et à peu près ruinées. Le danger étant
prévu, le nombre des victimes ne fut pas
considérable : trois hommes, quatre femmes
et quatre enfants.
Enfin, la dernière catastrophe et non la
moins épouvantable aura fait trois cents
victimes environ.
ARRESTATION
DU BRIGAND ATHANASIUS
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Constantinople, 20 juin. — On reçoit une dé-
pêche du commandant des troupes envoyées à
la poursuite des brigands qui ont dévalisé
l'Orient-Express, annonçant l'arrestation de
leur chef, le fameux Athanasius.
LES CRIQUETS
Alger, 20 juin.
Quelques vols de sauterelles sont appa-
rus encore çà et là, sans causer de grands
dommages, sauf à Biskra où les dégâts sont
assez importants. C'est maintenant du côté
des éclosions des nouvelles pontes que l'at-
tention se porte.
Depuis plusieurs jours, on signale de
nombreuses éclosions de criquets de l'es-
pèce dite pèlerin sur plusieurs points des
trais départements algériens. Toutefois, les
éclosions ne sont pas générales encore, en
raison des différences très grandes dans la
durée d'incubation,variant de douze à qua-
rante jours, assure-t-on.
La lutte se poursuit partout avec des for-
tunes diverses, ici avec un succès à peu
près complet jusqu'à maintenant, là avec
un demi-résultat, suivant la densité des
pontes et aussi suivant le degré d'acti-
vité déployée et l'importance de l'outilage
mis en œuvre.
Contrairement aux prévisions, c'est le dé-
partement de Constantine qui paraît le pre-
mier débordé par l'invasion.
La commune d'Oued-Zçnati annonce un
envahissement des récoltes presque com-
plet par les éclosions provenant des pontes
locales. Les vignobles sont sérieusement
menacés à Du?erville et à Herbillon, dans
l'arrondissement de Bône.
- A Jemmapes et à Gastu, arrondissement
de Philippeville, l'administration forestière
autorise, sous la surveillance de ses agents,
l'incendie des broussailles qui bordent les
massifs boisés de la région de Philippe-
ville, où les pontes ont eu lieu en énorme
quantité.
D'une manière générale, l'inquiétude est
plus vive ; cependant la moisson se pour-
suit activement,
On peut considérer que les orges et les
avoines sont entièrement coupées. La mois-
son des blés est commencée. Elle sera ache-
vée à la fin du mois.
L'ANARCHISTE BRULÉ
(Da NOTRK CORRESPONDANT PARTICULtBa)
Grenoble, 20 juin.
Le conseil de guerre a condamné, ce
soir, à dix ans de travaux publics l'anar-
chiste Brûlé, réserviste au 1.40'-, pour injures
par gestes envers un capitaine et refus
d'obéissance envers deux sous-officiers.
On se rappelle que dans le courant du
mois dernier, Brûlé refusa de manœuvrer
et jeta son fusil et son fourniement dans la
direction de l'officier qui commandait.
En prison, il refusa de sortir pour se
rendre au peloton de punition.
"Brûlé a essaye d'exposer les théories anar-
chistes, mais le colonel-président lui a re-
tiré la parole.
Brûlé a déjà subi dix condamnations.
LES MÉMOIRES DE DE MOLTKE
Berlin, 90 juin.
Les documents dont la famille de Moltke
a autorisé la publication comprennent, en-
tre autres choses, une notice historique sur
la famille de Moltke rédigée par le maré-
chal, ainsi que les appréciations de son
père sur lui ; ensuite, une étude sur les
rapports de la Belgique et de la Hollande
depuis leur séparation sous Philippe II jus-
qu'à leur nouvelle union sous le sceptre de
Guillaume Ier; puis des essais sur la situa-
tion intérieure de la Pologne et son état
social. On signale encore les opuscules in-
titulés « Quelles préoccupations doivent
déterminer la direction à donner aux li-
gnes ferrées », « La question de la fron-
tière occidentale » ; enfin, une brève rela-
tion de la campagne de 1870-1871, écrite en
entier de la main du maréchal et accompa-
gnée de cartes.
SUICIDE DU BARON VON WALTHER
Berlin, 90 juin. — Le baron von Walther s'est
fait sauter la cervelle, hier, dans une salle de
bal où jouait l'orchestre de la princesse Pi-
natelli.
Le baron von Walther s'est suicidé pour se
soustraire à une arrestation imminente, mo-
tivée par une dette de 1,000 marcs qu'il n'avait
pu payer. -
DÉTOURNEMENTS
Cannes, 20 juin. — Le procureur de la Répu-
blique est venu ici pour une affaire de détour-
nement de 86,000 fr., commise au détriment de
la Caisse de crédit par un employé de sa suc-
cursale de Cannes.
Il a entendu l'accusé nommé Dateux et les
directeurs de la Caisse de crédit de Nice.
LE FUSIL DE L'AVENIR
L'autre jour, en racontant les origines du
fusil Lebel, nous avons montré quel im-
mense progrès avait été réalisé en quelques
années dans l'armement des troupes d'in-
fanterie. Or, les études et les recherches
sur les fusils à répétition se poursuivent
partout avec une sorte d'acharnement, et
nous commençons à nous demander en
France si les perfectionnements déjà réali-
sés ne vont pas nécessiter bientôt une trans-
formation quelconque de notre excellent
petit fusil, sinon son remplacement radi-
cal.
Le calibre des armes portatives dimi-
nue de plus en plus, et les modèles
les plus récents s'éloignent déjà sensi-
blement de notre 8mm. Le nouveau fu-
sil russe modèle 1891, par exemple, n'est
que de 7mm62.La différence n'est pas grande,
sansdoute; maiscette diminution constante
du calibre dans les nouvelles armes permet
de prévoir, dans un avenir peu éloigné,
l'adoption de fusils que les plus hardis no-
vateurs n'auraient osé rêver il y a seulement
cinq ou six ans.
D'autre part, le mécanisme de répétition
tel qu'il existe chez nous a déjà fait son
temps, et tous ceux qui s'occupent des
questions de tir n'hésitent pas à lui préférer
un chargeur mobile, garni d'un certain
nombre de cartouches. Ces chargeurs, on
le sait, sont de différents modèles, suivant
qu'ils sont destinés à être introduits armés
de leurs cartouches dans la culasse tout
d'une pièce, ou à être vidés dans le maga-
sin. Nous avons eu, du reste, l'occasion de
décrire ces petits appareils très simples, et
nous n'y reviendrons pas.
Mais leur avantage sur la répétition tu-
bulaire est tellement reconnu aujourd'hui
que, malgré la supériorité incontestée de
notre armement, on se préoccupe déjà de
faire du fusil modèle 1886 un fusil à char-
geur,.tout en lui conservant le bénéfice de
son système de répétition actuel.
Il serait dangereux, selon nous, d'essayer
cette transformation, une arme transformée
ne valant jamais une arme créée de toutes
pièces. Nous avons le bonheur de posséder
un fusil sans rival, servi par un explosif
que toutes les nations essaient de contre-
faire sans y parvenir, notre unité d'arme-
ment est complètement réalisée, nous n'a-
vons donc qu'à attendre tranquillement les
événements, l'arme au pied, tout en sur-
veillant très attentivement, bien entendu,
les perfectionnements apportés aux fusils
étrangers,
Et puis qui sait ce que nous réserve l'a-
venir? En quelques années, la poudre ordi-
naire n'a-t-elle pas été complètement dé-
trônée par les explosifs nouveaux? Le mé-
lange dont on se servait il y a quatre ou
cinq ans à peine est bon tout au plus, au-
jourd'hui, à tirer des moineaux. Qui nous
assure que même la poudre Vielle — le plus
parfait de tous les produits similaires — ne
sera pas contrainte de céder la place à son
tour à un moteur d'un genre tout différent
qui permettrait de donner à nos soldats une
arme excessivement légère, — véritable
jouet d'enfant, -et résolvant en même
temps,de la façon la plus pratique, la ques-
tion si difficile de l'approvisionnement en
munitions?
CHRONIQUE
Un jeune peintre, Emile Cabrit,quî avait
été refusé au Salon, cette année, vient de se
tuer. Il n'a pu accepter cette blessure faite
à son amour-propre, et, avant que l'expo-
sition du palais de l'Industrie fut fermée,
il a protesté de cette façon tragique con-
tre l'ostracisme dont il avait été l'objet,
avec beaucoup d'autres ! Qui songe pour-
tant encore, à présent, à la plupart des
œuvres envoyées au Salon, où, en cette
dernière période, ne viennent plus que
quelques rares visiteurs ? Les six semai-
nes qui se sont écoulées depuis le jour
du vernissage auraient dû l'amener à
plus de résignation. C'est un suicide en
retard.
Si je le relève, parmi les événements
dramatiques du jour, c'est parce qu'il
atteste une fois de plus cet état de né-
vrose qui règne si facilement aujour-
d'hui chez les nouveaux venus dans
l'art, cette susceptibilité morbide qui est
un fait caractéristique de notre époque,
ce manque de ressort de beaucoup de
débutants, terriblement impatients et
étrangement orgueilleux.
Leurs aînés avaient plus de philosophie
— et-plus de courage. Subiasaient-ils,
quelque échec, ils se vengeaient par des
plaisanteries, traitaient les membres
du jui'y de « vieilles perruques. ».
et se remettaient à l'oeuvré. 116 sup-
portaient leurs déboires, si pénibles'
qu'ils fussent, avec plus de force d'âme,
et leur amour-propre, eux, ils le met-
taient à dissimuler leur amertume. Et
puis ils avaient foi en l'avenir! Pres-
que tous ceux qui ont un nom actuelle-
ment ont eu de rudes débuts, et peut-
être ne regrettent-ils pas ces premières
épreuves d'autrefois. -
Les générations nouvelles qui arrivent
ont une étrange hâte du succès. Non pas
que cette hâte ne soit légitime en soi : le
succès, c'est le but de tous ceux qui pro-
duisent. Mais on peut constater que nom-
bre de jeunes gens apportent dans sa re-
cherche des procédés de joueurs. Ils met-
tent tout leur espoir, ils risquent tout sur
une partie ; ils se trouvent déconcertés
s'ils la perdent. Il en va de même dans
toutes les carrières. Ils sont peut-être
mieux armés que leurs devanciers, ils
ont reçu une éducation supérieure à la
leur en général, ils sont souvent plus af-
finés; mais la constance, cette essentielle
vertu pour tous ceux qui prétendent vi-
vre de leur pensée ou de leur talent, leur
fait défaut.
Il y a chez des générations des diffé-r
rences frappantes avec celles qui les ont
précédées. On n'a pas besoin d'être vieux
pour s'en apercevoir. D'un « bateau" à
un autre, suivant la pittoresque expres-
sion de Daudet, il y a d'étonnants écarts.
C'est d'abord la belle humeur— j'entends
cette belle humeur vaillante qui semblait
indispensable à qui aborde des profes-
sions hasardeuses — qui s'en va de plus
en plus. Puis la suffisance, la prétention
augmentent, ne ressemblant plus à ces
audaces, à ces témérités que l'on attend
de tous les nouveaux combattants, et
c'est chez eux, en même temps, une in-
quiétude continuelle, qui les conduit vite
à une extraordinaire amertume. Cette in-
quiétude me paraît plus remarquable,
chez eux, que le sens pratique qu'on leur
prête communément. Sans se piquer de
faire le moraliste, on peut noter, avec
quelque tristesse, ces traits distinctifs,
l'exaspération de l'orgueil, et aussi de
l'envie, je ne sais quelle facile tendance à
la haine, le découragement rapide, le
manque d'équilibre dans les efforts. Ils se
laissent mener plus par leurs nerfs que
par leur cerveau.
On conçoit qu'un vieux lutteur, ayant
tout son œuvre derrière lui, ayant éner-
giquement travaillé, en arrive, navré de
l'indifférence qu'il ne peut plus secouer,
désespéré de se voir méconnu, à se sentir
l'appétit de la mort, et celui-là est digne
de toutes les pitiés; mais qu'un homme
jeune, ayant le temps d'espérer une re-
vanche , se trouve abattu par un mé-
compte au point de ne plus vouloir de la
vie, c'est une désertion, et on ne peut voir
là qu'une de ces suggestions maladives
de l'orgueil dévoyé dont nous parlons.
On a bien dit avec raison qu'il n'y a pas
de souffrances grandes ou petites d'une
façon absolue. Leur mesure est dans no-
tre imagination ; mais, précisément, cette
imagination, ne peut-on pas arriver à la
mettre en garde contre d'excessifs dérè-
glements, contre, de fausses conceptions ?
C'est l'affaire de la volonté, et il n'y a pas
de vraie vocation sans une infrangible
volonté.
Il faut plaindre les faibles qui succom-
bent aux blessures que leur causent les
premières déceptions, ayant eu à l'état
aigu le mal qui n'est chez d'autres
qu'irritation et révolte, mais on ne peut
pas les transformer en martyrs. C'est une
vieille rengaine - philosophique que de
dire que le suicide est un crime; c'est une
sorte de compensation à l'ironie de la
vie, comme dit le poète,
D'avoir toujours la clef du tombeau dans a
[main.
Mais le suicide n'a sa farouche gran-
deur que lorsqu'il est vraiment une ré-
ponse aux défis du sort épuisant toutes
ses rigueurs sur un homme. Il n'est qu'ab-
surde quand il est disproportionné avec les
épreuves subies, quand il n'atteste que de
la vanité blessée. Cette sensibilité de la
vanité ne pousse pas toujours, heureuse-
ment, à ces tragiques déterminations,
mais elle rend beaucoup de jeunes gens
bien malheureux, aujourd'hui. Comment
réagira-t-on contre cet état d'esprit,
comment leur rendra-t-on une plus juste
perception des choses? Comment leur
restituera-t-on la santé morale qu'avaient
leurs aindsz - ,
Je parlais de cette susceptibilité d'or-
iUeil" malheureusement caractéristique
à présent, avec un vieux peintre, un voi
sin illustre, qui m'arrêtait sur Je seuil de
son atelier comme je passais. Cette aven-
r ture l'exaspérait. -
- « Mais l'orgueil, âacristisî s'écriait-il,1
: étt pour ce garçon, de prouver qu'il
avait quelque chose dans le ventre. Cé-
tait d'arriver àk s'affirmer, malgré., tout!
1 Moi aussi j'ai été refusé, mais j'aurais
bien voulu voir qu'on m'empêchât de
continuer à exprimer ce que je croyais
être la vérité !. Et on y est venu, à ma
manière, tout de même!. Mais qu'est-ce
que c'est que ce sentimentalisme, cette
bouderie contre la vie quand tout ne va
pas sur des roulettes!. « Sacrez-moi
grand homme ou je me tue!. » Mais on
attend, que diable ! Nous avons tous at-
tendu. et nous n'en étions pas plus
tristes pour cela. Ce n'est pas nous qui
aurions eu la pensée de nous pênir; nous
n'avions pas le temps ! Nous avions bien
autre chose à faire ! »
Le mot était plaisant. Mais comme c'é-
tait le langage de la raison !
Paul Ginisty
DUEL DE PRESSE
f-I'IfI! $-;' -
:. On nous communique les procès-verbaux
suivants:
> .A la suite d'une polémique de presse* M. de
Clereq, rédacteur au x/x. Siècle, s'étant trouvé
offensé par un article paru dans le journal
« Xe Jaiwy ar&çle dout M. A. de Blosseville s'est
reconnu l'auteur, M. de Clercq a chargé deux
de ses amis, MM. Landrodie et Moguez, de de-
mander en son nom à l'auteur de l'article soit
une rétractation, soit une réparation par les
armes.
A la suite de pourparlers qui ont eu fieu,
tout arrangement ayant été reconnu impossi-
ble, une rencontre a été décidée.
En sa qualité d'offensé, M. de Clercq a choisi
l'épée, avec gant de ville a volonté ; il a été
convenu, de plus, que les corps-à-corps se-
raient interdits et les reprises réglées par le
directeur du combat.
Fait double à Paris, le 19 juin 1891.
Pour M. de Clercq :
EMILE LANDRODIE,
B.-H. MOGUEZ.
- Pour M. de Blosseville 1
1 l "-. G. DE TULLY,
CH. FORMENTIN.
Conformément au procès-verbal qui précède,
une rencontre a eu lieu ce matin aux environs
de Paris.
A la deuxième reprise, M. de Clercq a reçu
au niveau du biceps, à la partie moyenne du
bras, une blessure pénétrante qui, de l'aveu
des docteurs Duchemin et Nattier, le mettait
dans l'impossibilité de continuer le combat.
Fait double, à Paris, le 20 juin 1891.
Pour M. de Blosseville : Pour M. de Clercq ;
G. DE TUIXY, EMILE LANDRODIT:,
CH. FORNENTIN.- E.-H. MOGUEZ.
LA CATASTROPHE DE BALE
Bâre, 30 juin.
La Compagnie du Jura communique la
note suivante :
« Tous les véhicules sont retirés ; les
deux locomotives restent seules dans la
Birse, ainsi que la partie inférieure du
pont ; toute la partie supérieure qui était
restée suspendue au-dessus de l'eau est
aussi à moitié enlevée.
» Les travaux de déblaiement sont donc
très avancés.
» On n'a pas découvert de nouveaux ça-
davres, et il paraît certain qu'on n'en trou-
vera plus, sauf peut-être quelques isolés
que le gravier recouvre encore. On drague
le fond de la rivière pour s'en assurer.
Les plongeurs ont commencé- à fonction-
ner; ils n'ont rien trouvé jusqu'ici sous
les machines et les tenders. »
La Compagnie du chemin de. fer fran-
çais a fait parvenir 10,000 francs, qui se.'
ront répartis entre les familles des victi-
mes.
L'enquête
Le Conseil fédéral a ordonné que l'en-
quête instruite par le département du che-
min de fer sur les ponts du Jura-Simplon
soit étendue à tous les chèmins de fer de
la Confédération.
- La semaine prochaine,se réunira à Berne,
sous la présidence de M. Welti, président
de la Confédération, une conférence de
techniciens et de délégués des cinq grandes
compagnies pour discuter les mesures à
prendre en vue de prévenir le retour de
désastres comme celui de Mœnchenstein.
---- VIVE LA CHAMBRE!
:; .,:' Marseille, 90 juin.
Marseille offre ce soir l'aspect d'une ville
en fête. La foule est aussi considérable dans
les rues que pour le 1.4 Juillet.
On manifeste en l'honneur de la Chambre
qui a sauvé la branche la plus importante
de notre commerce local en ne votant pas
les droits proposés sur les graines oléagi-
neuses.
La mairie, la préfecture, les principaux
cercles et, il va sans dire, toutes les huile-
ries et les savonneries sont illuminés, ainsi
que les docks et les compagnies de navjga
tion. J.., f
Au moment où je vous télégraphie, une
manifestation ouvrière se rend à la préfec-
ture.
A la même heure, a lieu une réunion des
cochers d'omnibus. Il est à prévoir que
leurs propositions n'ayant pas été acceptées
par les patrons, la grève sera déclarée et
commencera demain.
LES MÉFAITS DE L'INSTANTANÉ
(D'UN CORRESPONDANT)
Metz, 20 juin.
M. Schneider, avocat à Nancy, voyageant
en touriste avec un appareil photographi-
que d'amateur, a été arrêté par les agents.
cette après-midi à deux heures, sur la plaça
Impériale, au moment où il prenait la vue
d'un régiment de dragons venant de l'exer-
cice.
Il a été conduit à la direction de la police,
où il a subi un interrogatoire.
Comme il n'avait pas de passeport, il a été
reconduit à la frontière par deux agents.
Les clichés seront remis à un photographe
de la ville pour être examinés.
- Nous avons reçu à minuit une dépêche
de Metz nous annonçant que M. Schneider
a été remis en. liberté, à la condition de
repartir par le premier train pour la
France.
l, Un notaire de Metz a dû,en outre, se por-
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