Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1891-04-09
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Description : 09 avril 1891 09 avril 1891
Description : 1891/04/09 (A21,N7024). 1891/04/09 (A21,N7024).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7565745t
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 29/04/2013
Vingt-et-unièmeannée. N«7,(M - CIMQ Centimes -- Paris et Départements — CSÏN?^ Centimes JEUDI 9 AVRIL 1891
JOURNAL REPUBLICAIN :'
RÉDACTION :'
f.J. 4 a , Rua McntxoLSLrtre
'!l'NID
BIRECTEU R POLITIQUE #0
A. - EDOUARD PORTALIS
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i 1
Moines llrrir
!
C'est à coup sûr une des singulari-
tés de ce temps que la fondation d'un
ordre à la fois religieux, hospitalier
et militaire par le cardinal Lavigerie.
Les choses très vieilles redeviennent
jeunes et rien n'est plus moderne que
les résurrections paradoxales. Les
Frères armés d'Afrique » rappellent
les chevaliers de Saint-Jean de Jéru-
salem, devenus plus tard les cheva-
liers de Rhodes, puis de Malte, les
Templiers, ces héros de tragédie, les
chevaliers Teutoniques , ces précur-
seurs des Prussiens actuels. On pourrait
à cette occasion faire un cours d'ar-
chéologie et disserter abondamment
sur le moyen âge. Qui aurait cru, il y
a cinquante ans, que le dix-neuvième
Siècle, avant de finir, verrait se re-
nouveler la tradition des croisades et
que notre génération si profondément
sceptique fournirait des recrues à une
milice imitée du douzième siècle ?
En y regardant de près, on trouve
cette création moins surprenante
qu'au premier abord. Puisque la foi
religieuse procure encore des novices
aux chartreux et aux trappistes, elle
doit en procurer à plus forte raison
à un ordre dont la mission a quelque
chose de séduisant. Chaque généra-
tion produit un assez grand nombre
d'âmes aventureuses, éprises non seu-
lement de l'idéal, mais de l'action et
du péril. De là viennent les hardis
explorateurs et les colons téméraires.
La race gauloise n'est certainement
pas moins féconde que la race anglo-
- saxonne en vocations de ce genre.
Seulement, les Français qui sont nés
avec la passion des conquêtes à la
fois guerrières et philanthropiques
trouvent plus malaisément l'emploi
de leurs facultés militantes. Nous
avons peu de colonies et nos colonies
sont médiocrement attrayantes. On y
sent trop la main du pouvoir.
C'est sans doute pour cela que le
personnel des missions catholiques se
recrute surtout parmi nos compatrio-
tes. Tel qui, né de l'autre côté de la
Manche, aurait pris la pioche, prend
chez nous le bréviaire pour aller à la
recherche des grandes émotions et
des dangers affrontés avec enthou-
siasme. Les missionnaires enrégimen-
tés par le cardinal Lavigerie goûte-
ront à la fois les joies de l'apostolat
et les âpres délices de la lutte armée.
Ils pourront cueillir les palmes de
'la victoire en attendant celles du mar-
-
tyre. Il y a la de quoi tenter des hom-
mes enthousiastes et blasés, des
croyants. sincères qu'ennuie notre
froide et monotone civilisation. Au-
trefois, on s'engageait dans l'armée
d'Afrique pour courir da belles aven-
tures sous un ciel plus bleu, sous un
soleil plus chaud. La conquête de l'Al-
gérie nous a donné une multitude in-
nombrable de héros de roman et de
héros de théâtre. Cette conquête est
finie, et les successeurs de Lamoricière
sont réduits aux plaisirs de la vie de
garnison. A ceux qui ont besoin d'é-
motions plus rares, on offre mainte-
„ - nant la conquête du Soudan ; un pré-
lat passé maître dans l'art d'entraîner
les hommes institue pour eux un nou-
veau corps de zouaves, leur ouvre
une vaste carrière de combats inces-
sants et d'exploits poétiques ; com-
ment ne réussirait-il pas à grouper
autour de lui toute une phalange de
volontaires mystiques ?
Si l'on se place au point de vue de
la prosaïque réalité, cette entreprise
romantique présente moins d'attraits.
Il est difficile de définir le rôle que
vont jouer ces chevaliers. Ils se pro-
posent de combattre l'esclavage et de
répondre à l'appel de la conférence
de Bruxelles. Mais la conférence de
Bruxelles ne visait guère à provo-
quer ia formation d'un ordre de che-
valerie. Elle s'est réunie pour légaliser
par des considérations philanthropi-
ques les empiétements des Européens
en Afrique. ,
Au fond, il s'agissait moins de met-
tre fin à la traite des nègres que de
régulariser le partage du continent
iioir. Les diplomates qui ont pris part
à ce petit congrès s'inspiraient bien
plus des intérêts matériels de leurs
nationaux que des intérêts de la reli-
gion. Aussi assistons-nous à une sorte
de course au clocher qui n'a rien de
commun avec la prédication de l'Evan-
gile. Il y a loin de Livingstone, et
apôtre, à "Stanley, cet illustre spécula-
teur.
Pendant qu'un archevêque français
bemt des moines armés, des hommes
d'Etat, qui sont probablement des
esprits plus pratiques, emploient d'au-
tres moyens pour pénétrer dans les
profondeurs de l'Afrique, rassemblent
d'autres croisés. Les chercheurs d'or
de l'Afrique australe ne s'amusent
pas à crier Dieu le veut ! et à montrer
un uniforme antique. Ils forment des
compagnies financières, traitent avec
les chefs indigènes pour se faire con-
céder le droit exclusif d'exploiter des
mines, et se soucient médiocrement
de convertir des sauvages, pourvu
qu'i!s fassent fortune et que leurs ac-
tions montent à la Bourse.
Si les" Frères armés » déploient leur
activité sur les mêmes territoires que
les Anglais, les Allemands et les Por-
tugais, ils risqueront de se trouver en
concurrence avec des rivaux pourvus
d'un outillage plus moderne, et de ser-
vir des ambitions tout à fait mondai-
nes. S'ils bornent leur action aux pos-
sessions françaises, et notamment au
Sahara, on se demande ce qu'ils au-
ront à faire. A l'avant-garde, ils se
feront tuer inutilement; à l'arrière-
garde, leurs vertus guerrières trouve-
ront peu d'emploi, et on pourra leur
faire sentir qu'ils sont plus gênants
qu'utiles. Ils n'ont pas de place mar-
quée dans les cadres étroits de notre
organisation officielle.
Les croisades ont rarement réussi ;
il est douteux que celle du cardinal
Lavigerie soit beaucoup plus heureuse
que celles de Saint-Louis. -
Commines.
OUVERTURE DU TESTAMENT
„ DU PRINCE NAPOLÉON
La réunion à Prangins
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARrICULIEa)
Genève, 7 avril.
Ce matin, par le train arrivant de Paris à
9 heures SI, sont arrivés MM. Philis, Ma-
rius Cottin, le baron Brunet:, Bétolaud.
, Les trois premiers, exécuteurs testamen-
taires du prince Napoléon, se sont fait con-
duire à l'hôtel Beaurivage. Ils ont fait im-
médiatement prévenir le notaire Audéoud
de leur arrivée.
Ce dernier, qui ignorait encore à dix
heures du matin si la lecture du testament
se ferait dans son étude, avait tout préparé
pour la réception des princes. A onze heu-
res, un télégramme de Prangins le priait de
se rendre au château. Le notaire, les exécu-
teurs testamentaires et M. Bétolaud arri-
vaient à Nyon à trois heures et se rendaient
à la villa la Bergerie, où ils furent présen-
tés aux princesses Ciotilde et Laetitia, aux
princes Victor et Louis.
Etaient également - présents les comtes
Fleury et Laborde, la comtesse Colli de Fe-
lizano, MM. Damiani, MM. Monod, régis-
seur, et Berthet, secrétaire du prince.
Tous ont été introduits dans le grand
salon très connu qui renferme tous les sou-
venirs de Napoléon Ier. Puis est arrivé Me
Dupraz, notaire, à Nyon, qui seul peut ins-
trumenter à Prangins, qui S3 trouve, com-
me on sait, dans le canton de Vaud.
La lecture du testament. — L'in-
ventaire.
Me Audéoud a donné lecture du testament,
ainsi que le veut la loi, mais il s'agissait
là d'une simple formalité, car les princes
et les exécuteurs testamentaires possédaient
déjà la copie du testament, qui leur avait
été adressée par M° Audéoud le surlende-
main de la mort du prince Napoléon. f
Cette lecture faite, Me Dupraz a procédé
à l'inventaire des meubles, objets d'art, va-
leurs renfermés dans diverses pièces de la
villa. Il en a dressé un état qui a été signé
par les exécuteurs testamentaires. Il en a
été fait de même pour les papiers, qui for-
ment diverses liasses ou sont renfermés
dans des coffrets et secrétaires. Ledépouil-
lement n'en commencera que demain.
Divers objets, y compris des meubles,
qui sont la propriété personnelle de la
princesse Ciotilde, ont été inscrits dans un
inventaire séparé. Ils seront purement et
simplement restitués à leur propriétaire,
qui les fera transporter àMoncalieri.
On a trouvé des carnets de chèques sur la
banque Chennevière à Genève ; des valeurs
sont déposées à la Banque de Bruxelles. J.i
Le testament politique gardé secret
L'accord le plus complet régnant entre
les princes Victor et Louis, les exécuteurs
testamentaires n'ont soulevé sucun inci-
dent.
D'un commun accord, il a été convenu
que le testament politique, qui est la pro-
priété du prince Louis, ne serait pas lu. «
Le testament privé contient six feuillets
et demi. Il est entièrement de la main du
prince et porte la date du 25 décembre
1889.
Les formalités de la succession dureront
toute la semaine.
Le testament privé. — Le ressentiment
d'un père.
Les renseignements que j'ai reçus au su-
jet du testament privé établissent qu'il con-
tient seulement quelques phrases ayant un
caractère politique.
Le prince Jérôme y traiterait le prince
Victor de rebelle et de traîtro et déclare-
rait transmettre au prince Louis tous ses
droits et prétentions au trône de France,
dans le cas où la volonté du peuple français
l'appellerait au pouvoir.
Le testament interdit en outre au prince
Victor d'assister aux obsèques de son père.
Le testament contient de nombreux icg,
notamment en ce qui concerne les servi-
teurs du prince, auxquels leur salaire
doit continuer à être payé pendant un
nombre d'années proportionné à la durée
de leur temps de service auprès du prince.
Divers dons et souvenirs sont légués aux
exécuteurs (eotamentaires.
Les exécuteurs testamentaires sont l'en-
trés à Genève à 7 heures hO,
LE TEMPS QU'IL FERA
CHEZ M. DESCROIX
Les fumisteries du Bureau central
météorologique. — Les prédictions
du « New-York Herald ». -Saint
Médard et la science mo-
derne. — Coquin de prin-
temps !
Tout le monde se préoccupe avec raison
du temps anormal que nous subissons de-
puis plusieurs mois.
A un hiver moins exceptionnel peut-être
par la rigueur du froid que par sa persis-
tance, succède un printemps fantastique.
Et il y a quelques jours, M. Camille Flam-
marion jetait un cri d'alarme, annonçant
que nous venions de traverser une période
froide qui n'est pas près de finir.
Désireux de faire un peu plus de lumière
sur cette question nuageuse, nous sommes
allé trouver M. Descroix, chef du service
météorologique de l'Observatoire de Mont-
souris, le priant de nous faire connaître ses
pronostics et de nous indiquer très exacte-
ment la manière dont ils sont établis.
Le système barométrique
- Tout d'abord, nous dit l'infatigable sa-
vant,en considérant la météorologie au point
de vue qui vous intéresse, il importe de dis-
tinguer deux choses : la prévision des tem-
pêtes, en termes plus généraux, de toutes
les catastrophes atmosphériques, et les pro-
nostics concernant la physionomie des sai-
sons et les variations quotidiennes de la
température.
Pour les tempêtes, on en est encore au
système employé il y a un siècle par Lavoi-
sier; on ne se préoccupe que de la varia-
tion des pressions barométriques. Or, neuf
fois sur dix, le baromètre ne parle qu'au
moment où la tempête va éclater.
Le Bureau central météorologique le re-
connaît lui-même, car il n'affiche pas d'au-
tre prétention que d'annoncer ail cyclone
douze heures d'avance. Et pour arrivor
ce résultat, il reçoit, dit le Bottin, 155 dé-
pêches par jour des stations d'Europe et
d'Amérique ec en expédie h3.
Le fameux bureau du New-York Ilevald,
en dépit de la légende, ne fait d'ailleurs
pas mieux, car son système, fort ingénieux,
est incomplet.
Voici, en effet, comment il procède :
Il achète, — très cher, affirme-t-il, — le
droit de compulser le livre de bord des na-
vires qui arrivent à New-York. -
-Avec les documents qu'il y trouve, il
dresse une carte des variations de pressions
barométriques constatées durant la tra-
versée, et il connaît ainsi les mouvements
tournants qui menacent l'Europe. Il devrait
se borner là et ne pas s'amuser à indiquer
l'heure et le point où la tempête s'abattra
sur les côtes du vieux monde, car il n'a au-
cune base sérieuse pour asseoir ce luxe de
prévisions.
L'avertisseur" électrique
En refusant de considérer avec le Bureau
central la différence des pressions baromé-
triques comme un élément suffisant pour
la prévision des bouleversements atmos-
phériques, je ne fais, continue M. Descroix,
que suivre l'exemple de Foucaud et de
Marié-Davy. Je m'appuie en outra sur une
expérience personnelle, je devrais dire sur
une suite ininterrompue d'observations de
trente années.
Il y a un agent autrement précieux à uti-
liser en la circonstance, c'est l'électricité ou
le magnétisme. Les tourbillons occasion-
nent des déplacements de vapeur d'eau qui
produisent des modifications d'équilibre
magnétique se répercutant à des distances
considérables et que nous constatons avec
une précision remarquable.
Vous connaissez la sensibilité prodigieuse
de l'aiguille aimantée. J'ai ici des bous-
soles suspendues en l'air dont tous les
mouvements sont photographiés automa-
tiquement. Voyez cette épreuve : elle re-
présente une courbe régulière sans in-
flexion brusque ; cette autre, au contraire,
n'est qu'une série de zig-zags irréguliers.
La première annonce le calme, la seconde
révèle une perturbation profonde. , -
Or, cet instrument est assez sensible pour
annoncer une tempête quatre jours d'a-
vance, je l'affirme, et parfois même six. !
Mais au Bureau central on néglige ce
procédé. On recueille pourtant tous ces
éléments qu'on utiUrj. pour la statisti-
que. Les professeurs éminents qui le diri-
gent sont, avant tout, des professeurs et ils
se soucient peu d'imposer à leurs auxi-
liaires un travail qu'il leur est impossible
de faire eux-mêmes et qui engagerait
leur responsabilité. j
La dignité de la science
Du reste, ces messieurs du Bureau mé-
téorologique sont, avant tout, dominés par
la crainte de se compromettre.
Ils ont le tort de se figurer que s'il leur
arrivait de se tromper dans leurs pronos-
tics, la dignité de la science serait irrémé-
diablement compromise. Aussi, pour éviter
ce cataclysme, ils ont soin de ne pas trop
s'avancer. Le bulletin quotidien qu'ils pu-
blient et que reproduisent certains jour-
naux est rédigé avec une élasticité suffi-
sante pour qu'ils aient toujours raison. Et,
chaque année, il leur est facile de démontrer
leur utilité à la commission du budget, en
montrant que sur 100 cas il ont vu juste
85 fois.
Malheureusement :
1° Les quinze cas où il se sont trompés
sont toujours ceux qu'il eût été le plus
utile de prévoir ;
2°Ce sont ceux-là mêmes qui ont formulé
des pronostics qui ea contrôlent l'exacti-
tude ;
3° Enfin ces messieurs ont inventé un
truc fort ingénieux. Us publient deux bulle-
tins : un le matin, un le soir. — S'il fait
doux ce matin, ils annoncent qu'il fera
doux aujourd'hui et demain. Si le temps se
refroidit dans la journée, ils annoncent à
cinq heures du soir qu'ils rectifient leur
dépêche du matin et qu'il fera froid. Et ils
inscrivent cette journée sur la liste de leurs
succès.
La prévision du temps
Arrivons maintenant à la prévision cou-
rante du temps. ,.
Je dois vous faire observer, nous dit no-
tre interlocuteur, ciuo ce n'est point lit ma
tâche officielle. Mon rôle est limité à l'é-
tude rétrospective des variations atmos-
phériques et à leur influence sur la santé
publique.
Je n'ai point à sortir des attributions qui
m'ont été tracées par le conseil municipal,
car je n'ai plus aucun rapport avec l'Etat,
et je n'ai même pa à fournir d'observa-
ttons au Bureau central, pour qu'il les uti-
lise à son gré. Ce que je vais vous dire est
donc tout à fait officieux.
On préconise plusieurs systèmes pour la
prévision du temps. Ainsi, l'abbé Fortin,
dont on a pas mal parlé ces derniers temps,
part de ce principe que les variations at-
mosphériques procèdent des variations de
l'état du soleil. C'était la théorie du P. Secchi,
le jésuite astronome, et j'en suis assez par-
tisan. Mais l'abbé Fortin opère mal, et si
vous avez suivi sîs prédictions, vous avez
pu constater que neuf fois sur dix elles
sont fausses. t-
Le principe de La Place
Pour moi, je pars de ce principe de La
Place : la probabilité des causes d'après les
événements, -
Il est bien probable, en effet, que si l'on
constate dans les variations atmosphéri-
ques des périodicités constantes, des suc-
cessions similaires d'un certain ensemble
de phénomènes, il est bien probable que
'cette régularité relative a une cause, cause
que nous ne connaissons pas et que pour le
moment nous n'avons pas besoin de re-
chercher.. r
Il nous suffit de constater la succession
des effets, pour en déduire leur reproduc-
tion.
Or, cette périodicité existe. Ainsi, ce cycle
décennal dont on parle toujours quand on
dit, par exemple, qu'il faut s'attendre à un
hiver rigoureux tous les dix ans, est exact.
Si, en effet, l'on prend la température de
dix années consécutives, quelles qu'elles
soient, on obtient toujours la même
moyenne.
D'un autre côté,j'ai cherché, avec des do-
cijmeçits pvçcis».la wpyenne de la date des
vendanges dans une. même région du Loi-
ret ; pour une période de cent cinquante
ans, cette moyenne oscille entre le 2 et le.
3 octqlire.,
Saint-Médard
M'appuyant sur ces remarques, j'ai noté
jour par jour, depuis vingt ans, toutes les
observatiQnpjrecueillies àMontsouris à l'aide
des instruments les plus perfectionnés,élec-
triques ou autres : pression, température,
vitesse du vent, pouvoir évaporant de l'air,
puissance de la lumière, abondance des
nuages, etc.
Voici le dossier :
Et M. Descroix nous montre de véritables
volumes de chiffres.
-J'ai établi des moyennes que j'ai redres-
sées à l'aide d'une formule basée sur le
principe de périodicité dont je vous par-
lais tout à l'heure, et je suis arrivé à des
résultats extrêmement curieux.
Il y a, au commencement de chaque sai-
son, des époques critiques, qui présentent
presque invariablement un aspect déter-
miné, suivant que la saison doit être nor-
male ou non. - 1
Ainsi, le 8 juin, jour de la Saint-Médard,
il y a une augmentation de la fréquence
des pluies, qui cesse complètement huit
jours après, jour de la Saint-Gervais, si
l'été doit être beau.
Et pour vous donner une idée de la ra-
pidité avec laquelle ces modifications s'o-
pèrent, je vous dirai que, d'après mes ta-
bles, en quatre jours, la force de poussée
du vent nord-est passe de 101 kilomètres
à zéro. - -
Pour le printemps il y a deux époques
critiques : du 12 au 20 mars et du 8 au 20
avril. Durant ces deux périodes on doit
constater une prédominance des vents po-
laires avec exagération de sécheresse et du
pouvoir évaporant de l'air. C'est le con-
traire de ce que nous avons eu cette année,
et, par conséquent, j'ai le regret de devoir
vous annoncer un printemps détestable,
une saison anormale jusqu'au commence-
ment de juin.
'A cette époque, si vous revenez me voir,
je pourrai, d'après des observations et des
déductions analogues, me prononcer sur la
physionomie de l'été.
Bien entendu, je n'ai point la prétention
d'être infaillible, et en cela, je suis beau-
coup moins affirmatif que je ne le serais
pour la prévision des tempêtes. Mais, sur
vingt années, j'ai eu raison quatorze fois.
Et si je pouvais m'appuyer. sur une période
d'observations plus considérables, et d'ob-
servations embrassant une région plus
étendue que celle de Paris, je pourrais pro-
bablement établir une table me permettant
des déductions encore plus certaines.
Le pourquoi
- Inutile, bien entendu, de vous deman-
der le pourquoi de ces phénomènes?
— Il serait téméraire de répondre. Cer-
tains astronomes prétendent que les va-
riations de température auxquelles nous
sommes soumis dépendent uniquement de
modifications mystérieuses de notre atmos-
phère. -
D'autres croient à ce qu'ils appellent des
influences cosmiques, c'est-à-dire procé-
dant de tous les mondes qui se promènent
autour du soleil : les positions respectives
des différents astres amenant ces perturba-
tions qui nous déconcertent.
Etant donnée la régularité du mouve-
ment des satellites du soleil, cette hypo-
thèse a l'avantage d'expliquer la périodicité
des phénomènes. Elle était admise par le
savant anglais Balfour Stewart. M. Zenger,
l'astronome de Buda-Pesth, l'a adoptée, et
jusqu'à.ce que l'on m'en offre une meil-
leure, vous me permettrez de m'y ranger.
LE KUBSAAL D'OSTENDE
Ostende, 7 avril.
M. Auguste Barnier, de Paris, vient d'ê-
tre nommé, par le conseil communal, ad-
judicataire de la ferme des jeux et salons
du lvursaal d'Os tende, pour la somme de
311,500 f r.-
Cette décision doit être approuvée par
l'autorité supérieure.
-
ARRESTATION D'UN BARON
Versailles, 7 avril.
V) baron de II. vient d'être arrêté à Ville »
d'Avray pour faux oc abus de confiance.
DU LES MÉFAITS
DU PETIT JOURNAL
LA PAROLE EST AU PUBLIC
Une brochure à lire. - Injurier n'est
pas répondre. — Le million
existe-t-il ?
MM. Marinoni et Poidatz ont consacré
hier le tiers de leur quatrième page à l'an-
nonce de la brochure dont nous avons déjà
parlé et qui a pour titre : Chantages « X/Xc
Siècle M, Histoires édifiantes sur M. A.-
Edouard Portalis, directeur politique du
« XIXe Siècle ». f
Nous ne saurions trop en recommander
la lecture à ceux qui voudraient être édi-
fiés sur la loyauté de MM. Marinoni et Poi-
datz. - ,
On pourra, en la lisant, se faire une opi-
nion exacte de la manière dont on écrit
l'histoire au Petit Journal.
Cette annonce, d'ailleurs, ne change rien
aux habitudes de la maison. Les auteurs
de la brochure étant les frères Morel, plus
de uouze fois condamnés pour escroquerie
et chantage, elle avait sa place marquée à
la quatrième page du Petit Pickpocket.
Le silence du « Petit Pickpocket »
Nous allons maintenant reprendre la pu-
blication de quelques-unes des lettres qui
nous sont quotidiennement adressées par
les actionnaires etpar les victimes du Petit
Journal.
Dans sou propre intérêt, le Petit Journal
aurait certainement mieux fait de leur ré-
pondre que de nous injurier.
Au sujet de ces injures et de ce silence,
nous avons reçu la lettre suivante : >
Honfleur, le C avril 1891.
A M. le directeur du XIXe Siècle.
Dégouté de voir le Petit Journal conser-
ver le mutisme le plus absolu contre vos
attaques si précises, je lui ai écrit la lettre
dont je vous envoie copie et dont vous
pourrez faire l'usage que vous voudrez,
puisqu'elle n'a reçu, comme je m'y atten-
dais d'ailleurs, aucune solution ni réponse
de la part du' Pfit Journal.
Le Petit Journal a cependant publié hier
une attaque assez dure contre M. Portalis,
attaque que je ne suis pas à même d'ap-
précier, mais ce n'est pas là une justifica-
tion du Petit Journal pour sa conduite que
vous avez si durement attaquée. C'est se
tirer par la tangente, mais ce n'est pas ré-
pondre, et ce n'est pas parce que M. Portalis
serait coupable des faits qu'il lui reproche,
que le Petit Journal se laverait des repro-
ches que. le XIXe Siècle lui a si vigoureuse-
ment adressés.
C'est de la part du Petit. Journal créer
une diversion pour détourner l'attention
éveillée du public, mais ce n'est que naïf,
et il sera bien obligé d'en revenir aux faits
qui lui sont reprochés. -
Agréez, monsieur, l'assurance de mes
sentiments dévoués.
HOMO.
Honfleur, le 27 mars 1891.
Monsieur Marinoni, administrateur du
Petit Journal,
Lecteur assidu du Petit Journal, -je suis éton-
né, comme tout le monde qui lit le XIXe Siècle,
du silence que vous gardez sur les attaques
que ce journal dirige depuis quelque temps
contre le Petit Journal et vous-même.
Votre silence des premiers jours peut, à la
rigueur, passer pour du dédain; mais en pré-
sence d'une campagne aussi soutenue et aussi
affirmative, juste, surtout si elle est vraie, vos
lecteurs se demandent, non sans raison, si
votre silence n'est pas un aveu tacite et la
preuve de votre impossibilité de vous justi-
fier. -. --,,-<- 0'<,-, —• -
Craindriez-vous, pour vous, le sort ds Cir-
caud ?
Pour l'honneur du Petit Journal, pour son
intérêt, pour sa vie même, enfin par respect
pour ses lecteurs, justifiez-vous donc des ac-
cusations que le X/X. Siècle porte chaque jour
contre vous avec tant d'assurance.
Pour ma part, si le Petit Journal reste muet
pendant huit jours encqre, je croirai les affir-
mations du A7A'° Sièclé, et vous pouvez être
assuré que beaucoup de vos lecteurs pense-
ront comme moi.
Agréez, etc.
IIOMO.
, Service pas gratuit
Paris, 7 avril 1391.
Monsieur le directeur du journal le
XIXe Siècle,
Je suis très attentivement la campagne que
vous menez avec beaucoup d'audace et d'en-
train contre les errements de la direction ac-
tuelle du Petit Journal.
J'ai lu avec d'autant plus d'intérêt un arti-
cle du XIXe Siècle relatif au service des pri-
mes et intitulé « Le Vol organisé », que j'ai eu
recours a deux reprises à ce service pour l'a-
chat de quelques obligations.
Confiant dans les avis parus dans le Petit
Journal, j'avais cru jusqu'à présent que le ser-
vice des primes avait été organisé au profit
des abonnés.
En effet, j'ai sous les yeux un de ses numé-
ros qui dit :
« Depuis longtemps, un grand nombre de
nos lecteurs s'adressent à nous pour l'achat
d'obligations diverses. Les demandes augmen-
tant chaque jour, nous avons ouvert un bu-
reau spécial chargé de les recevoir, d'acheter
les valeurs et d'expédier les titres.
» Nous ne prélevons aucuns frais autres que
ceux de poste.
« C'est une prime dont nous serons heu-
» reux de faire profiter nos acheteurs. »
Comment concilier cette note avec la ré-
ponse faite à l'assemblée de 1889 par M. Ma-
rinoni à un actionnaire qui le questionnait
sur l'utilité et le fonctionnement de cette
agence financière :
« Elle est bien vue de la clientèle et a rap-
porté, cette année, plus de 50,000 francs. Il
Vous avez bien mis en lumière la tendance
manifeste du Petit Journal à spéculer sur la
crédulité de ses lecteurs, mais cette crédulité
ne va pas jusqu'à prendre pour un cadeau à
accepter pour une faveur un acte de piraterie.
Que ferait-on à un agent de change ou à un
banquier qui prélèverait sur ses clients des
courtages doubles de ceux que la loi sti-
pule?
Comment qualifier l'acte que commettent
MM. Marinoni et Poidatz en annonçant à leurs
lecteurs qu'ils ne percevront aucuns frais au-
tres que ceux de port et en percevant non
seulement un bénéfice sur les courtages, mais
encore sur les frais d'envoi?
A deux reprises, j'ai acheté par le service
des primes du Petit Journal cinq obligations
foncières 1879 et j'ai payé chaque fois S,A38 fr.
Par l'intermédiaire d'un agent de change, cet
achat m'aurait coûté tM5 15, c'est-à-dire 1% 85
de moins.
Pour ces deux opérations, MM. Marinoni et
Poidatz m'ont donc pris indûment 25 70.
Et ce sont eux qui vous injurientl
C'est que votre campagne porte juste.
Je vous prie d'agréer, monsieur le directeur,
mes salutations les plus empressées et vous
autorise à faire de cette lettre l'usage qu'il
vous conviendra.
- z.
Le million de lecteurs
Paris, le 7 avril.
Monsieur le rédacteur,
Voulez-vous permettre à un modeste a
tionnaire du Petit Journal de vous commu-
niquer quelques courtes réflexions au sujet
de l'article paru ce matin en tête dudit Petit
Journal sur son million de lecteurs, article
qui est, c'est évident, une réponse indirecte
aux critiques hélas ! trop justifiées formu-
lées par le XIXo Siècle contre l'administra-
tion Marinoni-Poidatz.
Je me demande si ce million soixante-
quinze mille exemplaires n'est pas de la.
même farine que les fameux 5,350 francs
à gagner en trois jours de Bourse avec 50
francs, ou que les gros revenus sans spécu-
lation et sans risque.
Comment ne pas être un peu sceptique.
quand on lit cette réclame pro domo à la
place même où le Petit Journal proclamait
M. de Lesseps « le prophète de l'épargna
française »?
Quand, à la veille de la chute du Panama,
Thomas Grimm affirmait sur son honneur
que les capitaux engagés dans cette entre-
prise étaient « à l'abri de tout mécompte »
et « assurés d'un profit considérable », il y
apportait la même emphase et la même
bonhomie que Jean-sans-Terre quand il
vous parle du fameux million de lecteurs.
Ah ! cette bonhomie, moi qui sais ce qu'en
vaut l'aune, ce qu'elle m'agace !. •
C'est à cette place, en tête de\ colonne
aussi, que le même Petit Journal et le
même Thomas Grimm, faisant ce que dans
aucun pays jamais aucun journal n'aurait
osé faire, publiait un boniment prodigieux,
incomparable, inoubliable, comme Thomas
Grimm et- Jean-sans-Terfre seuls peuvent
en écrire, sur les bons de l'Assurance finan-
cière.
Sans doute d'autres journaux ont vanté
le Panama et l'Assurance financière, mais
aucun ne leur a consacré sa première co-
lonne et ne s'est servi de termes pareils,
sans compter que les autres journaux s'a-
dressant à un public plus éclairé et infini-
ment moins nombreux, leur responsabilité
est moins grande.
Dans son article, intitulé « l'Avenir »,
Thomas Grimm citait l'ode à Napoléon, de
Victor Hugo :
— L'avenir! L'ayel!ir 1 L'avenir est à moi 1
— Non, l'avenir n'est à personne,
Sire, l'avenir est à Dieu.
A chaque jour que l'heure sonne.
Tout ici-bas nous dit adieu.
« Donc, poursuivaitThomas Grimm avec
une logique ébouriffante, la préparation de
l'avenir est la grande préoccupation dea
Français. »
Et il concluait en disant :
« Les Bons d'épargne constituent la pré-
voyance de l'avenir. »
Que valent aujourd'hui les Bons d'épar.
gne qui, d'après Thomas Grimm, consti-
tuaient la prévoyance de l'avenir? Plus un
centime.
Je me demande donc et je suis assuré-
ment en droit de 'me demander s'il faut
ajouter plus de foi au boniment de Jean-
Sans-Terre sur le million de lecteurs qu'au
boniment de Thomas Grimm sur le Pana-
ma, sur l'Assurance financière, sur la Com-
pagnie sud-africaine, etc., etc.
Veuillez agréer, etc.
Si le million de lecteurs est douteux, ce
qui est en revanche tout à fait certain, c'est
le million et demi que M. Marinoni encaisse
chaque année comme imprimeur, sous le
nom de son gendre, M. Cassigneul, au dé-
triment des actionnaires du Petit Journal.
(La suite à demain.)
————a—MM—g——m
L'ÉCHASSIER NATIONAL
A Berlin !
Un de nos amis de passage à Berlin a
assisté à l'entrée du Napoléon landais dans
la capitale prussienne, et nous fait part de
ses impressions par let're :
Berlin, h avril.
J'ai rencontré, hier vendredi, Sylvain
Dornon, couvert de sa peau de bique et de
son béret, mais sans ses béquilles. Il re-
montait l'avenue des Tilleuls, se dirigeant
vers l'ambassade de France, suivi par une
vingtaine de voyous qui lui faisaient cor-
tège en l'accablant de quolibets. -
L'échassier, qui prenait ces moqueries
pour des compliments, se dandinait agréa-
blement, souriant d'un air satisfait et dis-,
tribuant à droite et à gauche tforce poi-
gnées de main aux gens qui riaient de lui.
Les policemen et les passants s'arrêtaient
gouailleurs et méprisants, tandis que le
Landais, de plus en plus ahuri" et impor-
tant, s'inclinait et ôtait à* chaque instant
son béret pour saluer.
C'était répugnant et grotesque au pos-
sible. - "-.
Arrivé à la Pariser platz, les gamins lui
ont fait une petite ovation. Cela lui a causé
un tel plaisir qu'il les a remerciés chaleuc.
reusement. en allemand, c'est-à-dire en
répétant sans cesse, avec un accent et des
gestes comiques, le mot Danke, qu'il avait
sans doute appris par cœur pour la cir-
constance.
La fuite d'un boulanger
Ce grotesque, qui fait ce qu'il peut pour
ridiculiser le nom français en Allemagne,
est choisi par le Petit Journal comme per-
sonnification et comme symbole. Jean-sans-
Terre le disait hier matin même :
« Nous allons avec l'agilité de Sylvain
Dornon courant vers Moscou à longues en-
jambées. »
Le Petit Pichpocket a la main heureuse
dans le choix de ses comparaisons. L'échas-
sier inventé, patronné et subventionné par
la feuille de M. Marinoni est un simple
failli qui met beaucoup de terrain entre
lui et ses créanciers et syndics. Voici un
renseignement le coacernant,que nous ap-
porlent les journaux de Bordeaux :
Homologation de concordat. — Par jugement
du 11 mars 1891, le tribunal a homologué la
Concordat obtenu par le sieur Sylvain Dornocu
marchand boulanger à Arçachoa.- >-
Peware, etc. ", - ,..
- +
JOURNAL REPUBLICAIN :'
RÉDACTION :'
f.J. 4 a , Rua McntxoLSLrtre
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*
i 1
Moines llrrir
!
C'est à coup sûr une des singulari-
tés de ce temps que la fondation d'un
ordre à la fois religieux, hospitalier
et militaire par le cardinal Lavigerie.
Les choses très vieilles redeviennent
jeunes et rien n'est plus moderne que
les résurrections paradoxales. Les
Frères armés d'Afrique » rappellent
les chevaliers de Saint-Jean de Jéru-
salem, devenus plus tard les cheva-
liers de Rhodes, puis de Malte, les
Templiers, ces héros de tragédie, les
chevaliers Teutoniques , ces précur-
seurs des Prussiens actuels. On pourrait
à cette occasion faire un cours d'ar-
chéologie et disserter abondamment
sur le moyen âge. Qui aurait cru, il y
a cinquante ans, que le dix-neuvième
Siècle, avant de finir, verrait se re-
nouveler la tradition des croisades et
que notre génération si profondément
sceptique fournirait des recrues à une
milice imitée du douzième siècle ?
En y regardant de près, on trouve
cette création moins surprenante
qu'au premier abord. Puisque la foi
religieuse procure encore des novices
aux chartreux et aux trappistes, elle
doit en procurer à plus forte raison
à un ordre dont la mission a quelque
chose de séduisant. Chaque généra-
tion produit un assez grand nombre
d'âmes aventureuses, éprises non seu-
lement de l'idéal, mais de l'action et
du péril. De là viennent les hardis
explorateurs et les colons téméraires.
La race gauloise n'est certainement
pas moins féconde que la race anglo-
- saxonne en vocations de ce genre.
Seulement, les Français qui sont nés
avec la passion des conquêtes à la
fois guerrières et philanthropiques
trouvent plus malaisément l'emploi
de leurs facultés militantes. Nous
avons peu de colonies et nos colonies
sont médiocrement attrayantes. On y
sent trop la main du pouvoir.
C'est sans doute pour cela que le
personnel des missions catholiques se
recrute surtout parmi nos compatrio-
tes. Tel qui, né de l'autre côté de la
Manche, aurait pris la pioche, prend
chez nous le bréviaire pour aller à la
recherche des grandes émotions et
des dangers affrontés avec enthou-
siasme. Les missionnaires enrégimen-
tés par le cardinal Lavigerie goûte-
ront à la fois les joies de l'apostolat
et les âpres délices de la lutte armée.
Ils pourront cueillir les palmes de
'la victoire en attendant celles du mar-
-
tyre. Il y a la de quoi tenter des hom-
mes enthousiastes et blasés, des
croyants. sincères qu'ennuie notre
froide et monotone civilisation. Au-
trefois, on s'engageait dans l'armée
d'Afrique pour courir da belles aven-
tures sous un ciel plus bleu, sous un
soleil plus chaud. La conquête de l'Al-
gérie nous a donné une multitude in-
nombrable de héros de roman et de
héros de théâtre. Cette conquête est
finie, et les successeurs de Lamoricière
sont réduits aux plaisirs de la vie de
garnison. A ceux qui ont besoin d'é-
motions plus rares, on offre mainte-
„ - nant la conquête du Soudan ; un pré-
lat passé maître dans l'art d'entraîner
les hommes institue pour eux un nou-
veau corps de zouaves, leur ouvre
une vaste carrière de combats inces-
sants et d'exploits poétiques ; com-
ment ne réussirait-il pas à grouper
autour de lui toute une phalange de
volontaires mystiques ?
Si l'on se place au point de vue de
la prosaïque réalité, cette entreprise
romantique présente moins d'attraits.
Il est difficile de définir le rôle que
vont jouer ces chevaliers. Ils se pro-
posent de combattre l'esclavage et de
répondre à l'appel de la conférence
de Bruxelles. Mais la conférence de
Bruxelles ne visait guère à provo-
quer ia formation d'un ordre de che-
valerie. Elle s'est réunie pour légaliser
par des considérations philanthropi-
ques les empiétements des Européens
en Afrique. ,
Au fond, il s'agissait moins de met-
tre fin à la traite des nègres que de
régulariser le partage du continent
iioir. Les diplomates qui ont pris part
à ce petit congrès s'inspiraient bien
plus des intérêts matériels de leurs
nationaux que des intérêts de la reli-
gion. Aussi assistons-nous à une sorte
de course au clocher qui n'a rien de
commun avec la prédication de l'Evan-
gile. Il y a loin de Livingstone, et
apôtre, à "Stanley, cet illustre spécula-
teur.
Pendant qu'un archevêque français
bemt des moines armés, des hommes
d'Etat, qui sont probablement des
esprits plus pratiques, emploient d'au-
tres moyens pour pénétrer dans les
profondeurs de l'Afrique, rassemblent
d'autres croisés. Les chercheurs d'or
de l'Afrique australe ne s'amusent
pas à crier Dieu le veut ! et à montrer
un uniforme antique. Ils forment des
compagnies financières, traitent avec
les chefs indigènes pour se faire con-
céder le droit exclusif d'exploiter des
mines, et se soucient médiocrement
de convertir des sauvages, pourvu
qu'i!s fassent fortune et que leurs ac-
tions montent à la Bourse.
Si les" Frères armés » déploient leur
activité sur les mêmes territoires que
les Anglais, les Allemands et les Por-
tugais, ils risqueront de se trouver en
concurrence avec des rivaux pourvus
d'un outillage plus moderne, et de ser-
vir des ambitions tout à fait mondai-
nes. S'ils bornent leur action aux pos-
sessions françaises, et notamment au
Sahara, on se demande ce qu'ils au-
ront à faire. A l'avant-garde, ils se
feront tuer inutilement; à l'arrière-
garde, leurs vertus guerrières trouve-
ront peu d'emploi, et on pourra leur
faire sentir qu'ils sont plus gênants
qu'utiles. Ils n'ont pas de place mar-
quée dans les cadres étroits de notre
organisation officielle.
Les croisades ont rarement réussi ;
il est douteux que celle du cardinal
Lavigerie soit beaucoup plus heureuse
que celles de Saint-Louis. -
Commines.
OUVERTURE DU TESTAMENT
„ DU PRINCE NAPOLÉON
La réunion à Prangins
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARrICULIEa)
Genève, 7 avril.
Ce matin, par le train arrivant de Paris à
9 heures SI, sont arrivés MM. Philis, Ma-
rius Cottin, le baron Brunet:, Bétolaud.
, Les trois premiers, exécuteurs testamen-
taires du prince Napoléon, se sont fait con-
duire à l'hôtel Beaurivage. Ils ont fait im-
médiatement prévenir le notaire Audéoud
de leur arrivée.
Ce dernier, qui ignorait encore à dix
heures du matin si la lecture du testament
se ferait dans son étude, avait tout préparé
pour la réception des princes. A onze heu-
res, un télégramme de Prangins le priait de
se rendre au château. Le notaire, les exécu-
teurs testamentaires et M. Bétolaud arri-
vaient à Nyon à trois heures et se rendaient
à la villa la Bergerie, où ils furent présen-
tés aux princesses Ciotilde et Laetitia, aux
princes Victor et Louis.
Etaient également - présents les comtes
Fleury et Laborde, la comtesse Colli de Fe-
lizano, MM. Damiani, MM. Monod, régis-
seur, et Berthet, secrétaire du prince.
Tous ont été introduits dans le grand
salon très connu qui renferme tous les sou-
venirs de Napoléon Ier. Puis est arrivé Me
Dupraz, notaire, à Nyon, qui seul peut ins-
trumenter à Prangins, qui S3 trouve, com-
me on sait, dans le canton de Vaud.
La lecture du testament. — L'in-
ventaire.
Me Audéoud a donné lecture du testament,
ainsi que le veut la loi, mais il s'agissait
là d'une simple formalité, car les princes
et les exécuteurs testamentaires possédaient
déjà la copie du testament, qui leur avait
été adressée par M° Audéoud le surlende-
main de la mort du prince Napoléon. f
Cette lecture faite, Me Dupraz a procédé
à l'inventaire des meubles, objets d'art, va-
leurs renfermés dans diverses pièces de la
villa. Il en a dressé un état qui a été signé
par les exécuteurs testamentaires. Il en a
été fait de même pour les papiers, qui for-
ment diverses liasses ou sont renfermés
dans des coffrets et secrétaires. Ledépouil-
lement n'en commencera que demain.
Divers objets, y compris des meubles,
qui sont la propriété personnelle de la
princesse Ciotilde, ont été inscrits dans un
inventaire séparé. Ils seront purement et
simplement restitués à leur propriétaire,
qui les fera transporter àMoncalieri.
On a trouvé des carnets de chèques sur la
banque Chennevière à Genève ; des valeurs
sont déposées à la Banque de Bruxelles. J.i
Le testament politique gardé secret
L'accord le plus complet régnant entre
les princes Victor et Louis, les exécuteurs
testamentaires n'ont soulevé sucun inci-
dent.
D'un commun accord, il a été convenu
que le testament politique, qui est la pro-
priété du prince Louis, ne serait pas lu. «
Le testament privé contient six feuillets
et demi. Il est entièrement de la main du
prince et porte la date du 25 décembre
1889.
Les formalités de la succession dureront
toute la semaine.
Le testament privé. — Le ressentiment
d'un père.
Les renseignements que j'ai reçus au su-
jet du testament privé établissent qu'il con-
tient seulement quelques phrases ayant un
caractère politique.
Le prince Jérôme y traiterait le prince
Victor de rebelle et de traîtro et déclare-
rait transmettre au prince Louis tous ses
droits et prétentions au trône de France,
dans le cas où la volonté du peuple français
l'appellerait au pouvoir.
Le testament interdit en outre au prince
Victor d'assister aux obsèques de son père.
Le testament contient de nombreux icg,
notamment en ce qui concerne les servi-
teurs du prince, auxquels leur salaire
doit continuer à être payé pendant un
nombre d'années proportionné à la durée
de leur temps de service auprès du prince.
Divers dons et souvenirs sont légués aux
exécuteurs (eotamentaires.
Les exécuteurs testamentaires sont l'en-
trés à Genève à 7 heures hO,
LE TEMPS QU'IL FERA
CHEZ M. DESCROIX
Les fumisteries du Bureau central
météorologique. — Les prédictions
du « New-York Herald ». -Saint
Médard et la science mo-
derne. — Coquin de prin-
temps !
Tout le monde se préoccupe avec raison
du temps anormal que nous subissons de-
puis plusieurs mois.
A un hiver moins exceptionnel peut-être
par la rigueur du froid que par sa persis-
tance, succède un printemps fantastique.
Et il y a quelques jours, M. Camille Flam-
marion jetait un cri d'alarme, annonçant
que nous venions de traverser une période
froide qui n'est pas près de finir.
Désireux de faire un peu plus de lumière
sur cette question nuageuse, nous sommes
allé trouver M. Descroix, chef du service
météorologique de l'Observatoire de Mont-
souris, le priant de nous faire connaître ses
pronostics et de nous indiquer très exacte-
ment la manière dont ils sont établis.
Le système barométrique
- Tout d'abord, nous dit l'infatigable sa-
vant,en considérant la météorologie au point
de vue qui vous intéresse, il importe de dis-
tinguer deux choses : la prévision des tem-
pêtes, en termes plus généraux, de toutes
les catastrophes atmosphériques, et les pro-
nostics concernant la physionomie des sai-
sons et les variations quotidiennes de la
température.
Pour les tempêtes, on en est encore au
système employé il y a un siècle par Lavoi-
sier; on ne se préoccupe que de la varia-
tion des pressions barométriques. Or, neuf
fois sur dix, le baromètre ne parle qu'au
moment où la tempête va éclater.
Le Bureau central météorologique le re-
connaît lui-même, car il n'affiche pas d'au-
tre prétention que d'annoncer ail cyclone
douze heures d'avance. Et pour arrivor
ce résultat, il reçoit, dit le Bottin, 155 dé-
pêches par jour des stations d'Europe et
d'Amérique ec en expédie h3.
Le fameux bureau du New-York Ilevald,
en dépit de la légende, ne fait d'ailleurs
pas mieux, car son système, fort ingénieux,
est incomplet.
Voici, en effet, comment il procède :
Il achète, — très cher, affirme-t-il, — le
droit de compulser le livre de bord des na-
vires qui arrivent à New-York. -
-Avec les documents qu'il y trouve, il
dresse une carte des variations de pressions
barométriques constatées durant la tra-
versée, et il connaît ainsi les mouvements
tournants qui menacent l'Europe. Il devrait
se borner là et ne pas s'amuser à indiquer
l'heure et le point où la tempête s'abattra
sur les côtes du vieux monde, car il n'a au-
cune base sérieuse pour asseoir ce luxe de
prévisions.
L'avertisseur" électrique
En refusant de considérer avec le Bureau
central la différence des pressions baromé-
triques comme un élément suffisant pour
la prévision des bouleversements atmos-
phériques, je ne fais, continue M. Descroix,
que suivre l'exemple de Foucaud et de
Marié-Davy. Je m'appuie en outra sur une
expérience personnelle, je devrais dire sur
une suite ininterrompue d'observations de
trente années.
Il y a un agent autrement précieux à uti-
liser en la circonstance, c'est l'électricité ou
le magnétisme. Les tourbillons occasion-
nent des déplacements de vapeur d'eau qui
produisent des modifications d'équilibre
magnétique se répercutant à des distances
considérables et que nous constatons avec
une précision remarquable.
Vous connaissez la sensibilité prodigieuse
de l'aiguille aimantée. J'ai ici des bous-
soles suspendues en l'air dont tous les
mouvements sont photographiés automa-
tiquement. Voyez cette épreuve : elle re-
présente une courbe régulière sans in-
flexion brusque ; cette autre, au contraire,
n'est qu'une série de zig-zags irréguliers.
La première annonce le calme, la seconde
révèle une perturbation profonde. , -
Or, cet instrument est assez sensible pour
annoncer une tempête quatre jours d'a-
vance, je l'affirme, et parfois même six. !
Mais au Bureau central on néglige ce
procédé. On recueille pourtant tous ces
éléments qu'on utiUrj. pour la statisti-
que. Les professeurs éminents qui le diri-
gent sont, avant tout, des professeurs et ils
se soucient peu d'imposer à leurs auxi-
liaires un travail qu'il leur est impossible
de faire eux-mêmes et qui engagerait
leur responsabilité. j
La dignité de la science
Du reste, ces messieurs du Bureau mé-
téorologique sont, avant tout, dominés par
la crainte de se compromettre.
Ils ont le tort de se figurer que s'il leur
arrivait de se tromper dans leurs pronos-
tics, la dignité de la science serait irrémé-
diablement compromise. Aussi, pour éviter
ce cataclysme, ils ont soin de ne pas trop
s'avancer. Le bulletin quotidien qu'ils pu-
blient et que reproduisent certains jour-
naux est rédigé avec une élasticité suffi-
sante pour qu'ils aient toujours raison. Et,
chaque année, il leur est facile de démontrer
leur utilité à la commission du budget, en
montrant que sur 100 cas il ont vu juste
85 fois.
Malheureusement :
1° Les quinze cas où il se sont trompés
sont toujours ceux qu'il eût été le plus
utile de prévoir ;
2°Ce sont ceux-là mêmes qui ont formulé
des pronostics qui ea contrôlent l'exacti-
tude ;
3° Enfin ces messieurs ont inventé un
truc fort ingénieux. Us publient deux bulle-
tins : un le matin, un le soir. — S'il fait
doux ce matin, ils annoncent qu'il fera
doux aujourd'hui et demain. Si le temps se
refroidit dans la journée, ils annoncent à
cinq heures du soir qu'ils rectifient leur
dépêche du matin et qu'il fera froid. Et ils
inscrivent cette journée sur la liste de leurs
succès.
La prévision du temps
Arrivons maintenant à la prévision cou-
rante du temps. ,.
Je dois vous faire observer, nous dit no-
tre interlocuteur, ciuo ce n'est point lit ma
tâche officielle. Mon rôle est limité à l'é-
tude rétrospective des variations atmos-
phériques et à leur influence sur la santé
publique.
Je n'ai point à sortir des attributions qui
m'ont été tracées par le conseil municipal,
car je n'ai plus aucun rapport avec l'Etat,
et je n'ai même pa à fournir d'observa-
ttons au Bureau central, pour qu'il les uti-
lise à son gré. Ce que je vais vous dire est
donc tout à fait officieux.
On préconise plusieurs systèmes pour la
prévision du temps. Ainsi, l'abbé Fortin,
dont on a pas mal parlé ces derniers temps,
part de ce principe que les variations at-
mosphériques procèdent des variations de
l'état du soleil. C'était la théorie du P. Secchi,
le jésuite astronome, et j'en suis assez par-
tisan. Mais l'abbé Fortin opère mal, et si
vous avez suivi sîs prédictions, vous avez
pu constater que neuf fois sur dix elles
sont fausses. t-
Le principe de La Place
Pour moi, je pars de ce principe de La
Place : la probabilité des causes d'après les
événements, -
Il est bien probable, en effet, que si l'on
constate dans les variations atmosphéri-
ques des périodicités constantes, des suc-
cessions similaires d'un certain ensemble
de phénomènes, il est bien probable que
'cette régularité relative a une cause, cause
que nous ne connaissons pas et que pour le
moment nous n'avons pas besoin de re-
chercher.. r
Il nous suffit de constater la succession
des effets, pour en déduire leur reproduc-
tion.
Or, cette périodicité existe. Ainsi, ce cycle
décennal dont on parle toujours quand on
dit, par exemple, qu'il faut s'attendre à un
hiver rigoureux tous les dix ans, est exact.
Si, en effet, l'on prend la température de
dix années consécutives, quelles qu'elles
soient, on obtient toujours la même
moyenne.
D'un autre côté,j'ai cherché, avec des do-
cijmeçits pvçcis».la wpyenne de la date des
vendanges dans une. même région du Loi-
ret ; pour une période de cent cinquante
ans, cette moyenne oscille entre le 2 et le.
3 octqlire.,
Saint-Médard
M'appuyant sur ces remarques, j'ai noté
jour par jour, depuis vingt ans, toutes les
observatiQnpjrecueillies àMontsouris à l'aide
des instruments les plus perfectionnés,élec-
triques ou autres : pression, température,
vitesse du vent, pouvoir évaporant de l'air,
puissance de la lumière, abondance des
nuages, etc.
Voici le dossier :
Et M. Descroix nous montre de véritables
volumes de chiffres.
-J'ai établi des moyennes que j'ai redres-
sées à l'aide d'une formule basée sur le
principe de périodicité dont je vous par-
lais tout à l'heure, et je suis arrivé à des
résultats extrêmement curieux.
Il y a, au commencement de chaque sai-
son, des époques critiques, qui présentent
presque invariablement un aspect déter-
miné, suivant que la saison doit être nor-
male ou non. - 1
Ainsi, le 8 juin, jour de la Saint-Médard,
il y a une augmentation de la fréquence
des pluies, qui cesse complètement huit
jours après, jour de la Saint-Gervais, si
l'été doit être beau.
Et pour vous donner une idée de la ra-
pidité avec laquelle ces modifications s'o-
pèrent, je vous dirai que, d'après mes ta-
bles, en quatre jours, la force de poussée
du vent nord-est passe de 101 kilomètres
à zéro. - -
Pour le printemps il y a deux époques
critiques : du 12 au 20 mars et du 8 au 20
avril. Durant ces deux périodes on doit
constater une prédominance des vents po-
laires avec exagération de sécheresse et du
pouvoir évaporant de l'air. C'est le con-
traire de ce que nous avons eu cette année,
et, par conséquent, j'ai le regret de devoir
vous annoncer un printemps détestable,
une saison anormale jusqu'au commence-
ment de juin.
'A cette époque, si vous revenez me voir,
je pourrai, d'après des observations et des
déductions analogues, me prononcer sur la
physionomie de l'été.
Bien entendu, je n'ai point la prétention
d'être infaillible, et en cela, je suis beau-
coup moins affirmatif que je ne le serais
pour la prévision des tempêtes. Mais, sur
vingt années, j'ai eu raison quatorze fois.
Et si je pouvais m'appuyer. sur une période
d'observations plus considérables, et d'ob-
servations embrassant une région plus
étendue que celle de Paris, je pourrais pro-
bablement établir une table me permettant
des déductions encore plus certaines.
Le pourquoi
- Inutile, bien entendu, de vous deman-
der le pourquoi de ces phénomènes?
— Il serait téméraire de répondre. Cer-
tains astronomes prétendent que les va-
riations de température auxquelles nous
sommes soumis dépendent uniquement de
modifications mystérieuses de notre atmos-
phère. -
D'autres croient à ce qu'ils appellent des
influences cosmiques, c'est-à-dire procé-
dant de tous les mondes qui se promènent
autour du soleil : les positions respectives
des différents astres amenant ces perturba-
tions qui nous déconcertent.
Etant donnée la régularité du mouve-
ment des satellites du soleil, cette hypo-
thèse a l'avantage d'expliquer la périodicité
des phénomènes. Elle était admise par le
savant anglais Balfour Stewart. M. Zenger,
l'astronome de Buda-Pesth, l'a adoptée, et
jusqu'à.ce que l'on m'en offre une meil-
leure, vous me permettrez de m'y ranger.
LE KUBSAAL D'OSTENDE
Ostende, 7 avril.
M. Auguste Barnier, de Paris, vient d'ê-
tre nommé, par le conseil communal, ad-
judicataire de la ferme des jeux et salons
du lvursaal d'Os tende, pour la somme de
311,500 f r.-
Cette décision doit être approuvée par
l'autorité supérieure.
-
ARRESTATION D'UN BARON
Versailles, 7 avril.
V) baron de II. vient d'être arrêté à Ville »
d'Avray pour faux oc abus de confiance.
DU LES MÉFAITS
DU PETIT JOURNAL
LA PAROLE EST AU PUBLIC
Une brochure à lire. - Injurier n'est
pas répondre. — Le million
existe-t-il ?
MM. Marinoni et Poidatz ont consacré
hier le tiers de leur quatrième page à l'an-
nonce de la brochure dont nous avons déjà
parlé et qui a pour titre : Chantages « X/Xc
Siècle M, Histoires édifiantes sur M. A.-
Edouard Portalis, directeur politique du
« XIXe Siècle ». f
Nous ne saurions trop en recommander
la lecture à ceux qui voudraient être édi-
fiés sur la loyauté de MM. Marinoni et Poi-
datz. - ,
On pourra, en la lisant, se faire une opi-
nion exacte de la manière dont on écrit
l'histoire au Petit Journal.
Cette annonce, d'ailleurs, ne change rien
aux habitudes de la maison. Les auteurs
de la brochure étant les frères Morel, plus
de uouze fois condamnés pour escroquerie
et chantage, elle avait sa place marquée à
la quatrième page du Petit Pickpocket.
Le silence du « Petit Pickpocket »
Nous allons maintenant reprendre la pu-
blication de quelques-unes des lettres qui
nous sont quotidiennement adressées par
les actionnaires etpar les victimes du Petit
Journal.
Dans sou propre intérêt, le Petit Journal
aurait certainement mieux fait de leur ré-
pondre que de nous injurier.
Au sujet de ces injures et de ce silence,
nous avons reçu la lettre suivante : >
Honfleur, le C avril 1891.
A M. le directeur du XIXe Siècle.
Dégouté de voir le Petit Journal conser-
ver le mutisme le plus absolu contre vos
attaques si précises, je lui ai écrit la lettre
dont je vous envoie copie et dont vous
pourrez faire l'usage que vous voudrez,
puisqu'elle n'a reçu, comme je m'y atten-
dais d'ailleurs, aucune solution ni réponse
de la part du' Pfit Journal.
Le Petit Journal a cependant publié hier
une attaque assez dure contre M. Portalis,
attaque que je ne suis pas à même d'ap-
précier, mais ce n'est pas là une justifica-
tion du Petit Journal pour sa conduite que
vous avez si durement attaquée. C'est se
tirer par la tangente, mais ce n'est pas ré-
pondre, et ce n'est pas parce que M. Portalis
serait coupable des faits qu'il lui reproche,
que le Petit Journal se laverait des repro-
ches que. le XIXe Siècle lui a si vigoureuse-
ment adressés.
C'est de la part du Petit. Journal créer
une diversion pour détourner l'attention
éveillée du public, mais ce n'est que naïf,
et il sera bien obligé d'en revenir aux faits
qui lui sont reprochés. -
Agréez, monsieur, l'assurance de mes
sentiments dévoués.
HOMO.
Honfleur, le 27 mars 1891.
Monsieur Marinoni, administrateur du
Petit Journal,
Lecteur assidu du Petit Journal, -je suis éton-
né, comme tout le monde qui lit le XIXe Siècle,
du silence que vous gardez sur les attaques
que ce journal dirige depuis quelque temps
contre le Petit Journal et vous-même.
Votre silence des premiers jours peut, à la
rigueur, passer pour du dédain; mais en pré-
sence d'une campagne aussi soutenue et aussi
affirmative, juste, surtout si elle est vraie, vos
lecteurs se demandent, non sans raison, si
votre silence n'est pas un aveu tacite et la
preuve de votre impossibilité de vous justi-
fier. -. --,,-<- 0'<,-, —• -
Craindriez-vous, pour vous, le sort ds Cir-
caud ?
Pour l'honneur du Petit Journal, pour son
intérêt, pour sa vie même, enfin par respect
pour ses lecteurs, justifiez-vous donc des ac-
cusations que le X/X. Siècle porte chaque jour
contre vous avec tant d'assurance.
Pour ma part, si le Petit Journal reste muet
pendant huit jours encqre, je croirai les affir-
mations du A7A'° Sièclé, et vous pouvez être
assuré que beaucoup de vos lecteurs pense-
ront comme moi.
Agréez, etc.
IIOMO.
, Service pas gratuit
Paris, 7 avril 1391.
Monsieur le directeur du journal le
XIXe Siècle,
Je suis très attentivement la campagne que
vous menez avec beaucoup d'audace et d'en-
train contre les errements de la direction ac-
tuelle du Petit Journal.
J'ai lu avec d'autant plus d'intérêt un arti-
cle du XIXe Siècle relatif au service des pri-
mes et intitulé « Le Vol organisé », que j'ai eu
recours a deux reprises à ce service pour l'a-
chat de quelques obligations.
Confiant dans les avis parus dans le Petit
Journal, j'avais cru jusqu'à présent que le ser-
vice des primes avait été organisé au profit
des abonnés.
En effet, j'ai sous les yeux un de ses numé-
ros qui dit :
« Depuis longtemps, un grand nombre de
nos lecteurs s'adressent à nous pour l'achat
d'obligations diverses. Les demandes augmen-
tant chaque jour, nous avons ouvert un bu-
reau spécial chargé de les recevoir, d'acheter
les valeurs et d'expédier les titres.
» Nous ne prélevons aucuns frais autres que
ceux de poste.
« C'est une prime dont nous serons heu-
» reux de faire profiter nos acheteurs. »
Comment concilier cette note avec la ré-
ponse faite à l'assemblée de 1889 par M. Ma-
rinoni à un actionnaire qui le questionnait
sur l'utilité et le fonctionnement de cette
agence financière :
« Elle est bien vue de la clientèle et a rap-
porté, cette année, plus de 50,000 francs. Il
Vous avez bien mis en lumière la tendance
manifeste du Petit Journal à spéculer sur la
crédulité de ses lecteurs, mais cette crédulité
ne va pas jusqu'à prendre pour un cadeau à
accepter pour une faveur un acte de piraterie.
Que ferait-on à un agent de change ou à un
banquier qui prélèverait sur ses clients des
courtages doubles de ceux que la loi sti-
pule?
Comment qualifier l'acte que commettent
MM. Marinoni et Poidatz en annonçant à leurs
lecteurs qu'ils ne percevront aucuns frais au-
tres que ceux de port et en percevant non
seulement un bénéfice sur les courtages, mais
encore sur les frais d'envoi?
A deux reprises, j'ai acheté par le service
des primes du Petit Journal cinq obligations
foncières 1879 et j'ai payé chaque fois S,A38 fr.
Par l'intermédiaire d'un agent de change, cet
achat m'aurait coûté tM5 15, c'est-à-dire 1% 85
de moins.
Pour ces deux opérations, MM. Marinoni et
Poidatz m'ont donc pris indûment 25 70.
Et ce sont eux qui vous injurientl
C'est que votre campagne porte juste.
Je vous prie d'agréer, monsieur le directeur,
mes salutations les plus empressées et vous
autorise à faire de cette lettre l'usage qu'il
vous conviendra.
- z.
Le million de lecteurs
Paris, le 7 avril.
Monsieur le rédacteur,
Voulez-vous permettre à un modeste a
tionnaire du Petit Journal de vous commu-
niquer quelques courtes réflexions au sujet
de l'article paru ce matin en tête dudit Petit
Journal sur son million de lecteurs, article
qui est, c'est évident, une réponse indirecte
aux critiques hélas ! trop justifiées formu-
lées par le XIXo Siècle contre l'administra-
tion Marinoni-Poidatz.
Je me demande si ce million soixante-
quinze mille exemplaires n'est pas de la.
même farine que les fameux 5,350 francs
à gagner en trois jours de Bourse avec 50
francs, ou que les gros revenus sans spécu-
lation et sans risque.
Comment ne pas être un peu sceptique.
quand on lit cette réclame pro domo à la
place même où le Petit Journal proclamait
M. de Lesseps « le prophète de l'épargna
française »?
Quand, à la veille de la chute du Panama,
Thomas Grimm affirmait sur son honneur
que les capitaux engagés dans cette entre-
prise étaient « à l'abri de tout mécompte »
et « assurés d'un profit considérable », il y
apportait la même emphase et la même
bonhomie que Jean-sans-Terre quand il
vous parle du fameux million de lecteurs.
Ah ! cette bonhomie, moi qui sais ce qu'en
vaut l'aune, ce qu'elle m'agace !. •
C'est à cette place, en tête de\ colonne
aussi, que le même Petit Journal et le
même Thomas Grimm, faisant ce que dans
aucun pays jamais aucun journal n'aurait
osé faire, publiait un boniment prodigieux,
incomparable, inoubliable, comme Thomas
Grimm et- Jean-sans-Terfre seuls peuvent
en écrire, sur les bons de l'Assurance finan-
cière.
Sans doute d'autres journaux ont vanté
le Panama et l'Assurance financière, mais
aucun ne leur a consacré sa première co-
lonne et ne s'est servi de termes pareils,
sans compter que les autres journaux s'a-
dressant à un public plus éclairé et infini-
ment moins nombreux, leur responsabilité
est moins grande.
Dans son article, intitulé « l'Avenir »,
Thomas Grimm citait l'ode à Napoléon, de
Victor Hugo :
— L'avenir! L'ayel!ir 1 L'avenir est à moi 1
— Non, l'avenir n'est à personne,
Sire, l'avenir est à Dieu.
A chaque jour que l'heure sonne.
Tout ici-bas nous dit adieu.
« Donc, poursuivaitThomas Grimm avec
une logique ébouriffante, la préparation de
l'avenir est la grande préoccupation dea
Français. »
Et il concluait en disant :
« Les Bons d'épargne constituent la pré-
voyance de l'avenir. »
Que valent aujourd'hui les Bons d'épar.
gne qui, d'après Thomas Grimm, consti-
tuaient la prévoyance de l'avenir? Plus un
centime.
Je me demande donc et je suis assuré-
ment en droit de 'me demander s'il faut
ajouter plus de foi au boniment de Jean-
Sans-Terre sur le million de lecteurs qu'au
boniment de Thomas Grimm sur le Pana-
ma, sur l'Assurance financière, sur la Com-
pagnie sud-africaine, etc., etc.
Veuillez agréer, etc.
Si le million de lecteurs est douteux, ce
qui est en revanche tout à fait certain, c'est
le million et demi que M. Marinoni encaisse
chaque année comme imprimeur, sous le
nom de son gendre, M. Cassigneul, au dé-
triment des actionnaires du Petit Journal.
(La suite à demain.)
————a—MM—g——m
L'ÉCHASSIER NATIONAL
A Berlin !
Un de nos amis de passage à Berlin a
assisté à l'entrée du Napoléon landais dans
la capitale prussienne, et nous fait part de
ses impressions par let're :
Berlin, h avril.
J'ai rencontré, hier vendredi, Sylvain
Dornon, couvert de sa peau de bique et de
son béret, mais sans ses béquilles. Il re-
montait l'avenue des Tilleuls, se dirigeant
vers l'ambassade de France, suivi par une
vingtaine de voyous qui lui faisaient cor-
tège en l'accablant de quolibets. -
L'échassier, qui prenait ces moqueries
pour des compliments, se dandinait agréa-
blement, souriant d'un air satisfait et dis-,
tribuant à droite et à gauche tforce poi-
gnées de main aux gens qui riaient de lui.
Les policemen et les passants s'arrêtaient
gouailleurs et méprisants, tandis que le
Landais, de plus en plus ahuri" et impor-
tant, s'inclinait et ôtait à* chaque instant
son béret pour saluer.
C'était répugnant et grotesque au pos-
sible. - "-.
Arrivé à la Pariser platz, les gamins lui
ont fait une petite ovation. Cela lui a causé
un tel plaisir qu'il les a remerciés chaleuc.
reusement. en allemand, c'est-à-dire en
répétant sans cesse, avec un accent et des
gestes comiques, le mot Danke, qu'il avait
sans doute appris par cœur pour la cir-
constance.
La fuite d'un boulanger
Ce grotesque, qui fait ce qu'il peut pour
ridiculiser le nom français en Allemagne,
est choisi par le Petit Journal comme per-
sonnification et comme symbole. Jean-sans-
Terre le disait hier matin même :
« Nous allons avec l'agilité de Sylvain
Dornon courant vers Moscou à longues en-
jambées. »
Le Petit Pichpocket a la main heureuse
dans le choix de ses comparaisons. L'échas-
sier inventé, patronné et subventionné par
la feuille de M. Marinoni est un simple
failli qui met beaucoup de terrain entre
lui et ses créanciers et syndics. Voici un
renseignement le coacernant,que nous ap-
porlent les journaux de Bordeaux :
Homologation de concordat. — Par jugement
du 11 mars 1891, le tribunal a homologué la
Concordat obtenu par le sieur Sylvain Dornocu
marchand boulanger à Arçachoa.- >-
Peware, etc. ", - ,..
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