Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1891-04-04
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 04 avril 1891 04 avril 1891
Description : 1891/04/04 (A21,N7019). 1891/04/04 (A21,N7019).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7565740r
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 29/04/2013
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LES
Hôpitaux - aïspcnsairCS
Une des réformes les plus urgentes
qu'ait à réaliser notre Assistance pu-
blique est celle des hôpitaux d'en-
fants. On ne saurait croire à quel
jpoint nous sommes en retard en cette
rroatière. La Russie est plus avancée
':«Iue nous, et nos architectes officiels
auraient beaucoup à apprendre à
Baint-Pétersbourg et à Moscou.
Il n'est pas le moins du monde hu-
miliant d'emprunter leurs progrès
;aux étrangers. Avec cela que le
monde entier s'est gêné avec la
France, la grande initiatrice, la grande
semeuse d'idées! Seulement, nous
ravons en France des mœurs adminis-
tratives d'une nature particulière ; les
trônes s'écroulent, les gouvernements
$e succèdent et la tyrannie du rond-
:de-cuir demeure !
Plus d'une vue théorique a pris
aiaissance à Paris ; elle a fait son tour
du monde et elle nous revient, dix ou
(quinze ans après, avec la consécra-
tion de l'exemple et du fait accom-
pli.
La science a beau progresser, la
ipratique administrative ne change
'Pas. Il y faut mettre, pour obtenir la
anoindre amélioration de détail, des
années de patience et des miracles
d'apostolat.
Ainsi, par exemple, Paris est la ca-
pitale la plus mal outillée pour le
traitement hospitalier des maladies
'd'enfants. Voici ce qu'écrivait, en
H8A6, dans le Journal des Débats, l'il-
lustre professeur Trousseau «.ci Un
jenfant est amené à l'hôpital avec une
Huxion de poitrine; il guérit, et pen-
dant la convalescence, il contracte Ja
icoqueluche dont est atteint un autre
malade. Pendant le cours de cette ma-
ladie nouvelle, la rougeole, la scarla-
tine viennent l'assaillir, et quelque-
fois enfin, lorsqu'il semble avoir
triomphé de ces causes successives de
destruction, il est pris d'une ophtal-
mie qui & déjà frappé d'autres en-
iants autour de lui et il ne retourne
:êans sa famille qu'aveugle ou défi-
guré. u
L'observation, pour être poussée à
l'extrême, a de quoi faire réfléchir les
lus optimistes. Il n'est aucun de nos
grands médecins d'enfants, depuis le
docteur Archambaut jusqu'à M. Ca-
det de Gassicourt, qui n'ait jeté le
même cri d'alarme.
- Sans doute, le grand public n'a pas
été saisi de leurs plaintes, qui n'ont
pas dépassé l'enceinte des Académies.
Il y a comme une discrétion profes-
sionnelle qui a sans doute sa raison
d'être, pour ne pas faire le vide au-
tour des hôpitaux d'enfants — dans
l'intérêt même de la population ou-
vrière, — mais qui ne doit pas fer-
mer la bouche à tous ceux qui ont le
devoir de faire entendre des avertis-
ements à qui de droit.
Il est bien vrai que, depuis quel-
ques années, depuis la construction
de pavillons d'isolement, l'hygiène
hospitalière a été notablement amé-
liorée, grâce aux efforts du conseil
municipal, on ne saurait trop le re-
dire. Malheureusement, les cas de
-contagi-u intérieure, dans nos grands
ïiôpitaux d'enfants, sont encore trop
considérables, et la parole si saisis-
sante du docteur Archambaut est
toujours d'actualité : « On ne meurt
pas, à l'hôpital des enfants, de la ma-
ladie pour laquelle on y entre, mais
de celle qu'on y contracte. »
- Ce qui est fâcheux, c'est de voir,
réunis dans le même espace, presque
confondus, en dépit d'un isolement
plus ou moins relatif, des enfants at-
teints de maladies contagieuses et
d'autres petits malades.
Ce qui est regrettable, c'est de ne
posséder, pour une agglomération
comme Paris, que deux immenses hô-
pitaux d'enfants, celui des Enfants-
Malades et 4'hôpital Trousseau, cons-
truits et aménagés comme de vérita-
bles casernes.
Aucune organisation n'est plus dé-
fectueuse à tous les points de vue,
d'abord en raison des distances et des
difficultés de transport des petits ma-
lades, ensuite à cause de l'accumula-
tion et du voisinage des contagieux et
des non-contagieux.
Aussi le conseii municipal a-t-il
Voté, il y a déjà plus de deux ans, le
principe des hôpitaux-dispensaires,
à l'exemple de Londres; il a réitéré
son vote en mettant en demeure l'ad-
ministration d'y faire droit, les fonds
nécessaires étant prêts, en vue d'i-
; inaugurer à bref délai ce nouveau type
d'hospitalisation des enfants malades.
Le conseil municipal s'est d'ailleurs
inspiré d'un rapport excellent de M. le
docteur Variot au ministre de l'inté-
rieur sur l'hospitalisation des enfants
à Londres et des heureux résultats ob-
tenus Dar l'initiative privée .Déjà fonc-
tionnent, pour les consultations ex-
ternes, les dispensaires pour enfants
malades, comme ceux du docteur Du-
brisay, de Mme Furtado-Heine et de
la Société philanthropique à Paris,
comme ceux du docteur Gibert au
Havre.
Il s'agit de faire un pas de plus
dans cette voie, c'est-à-dire de créer
plusieurs petits hôpitaux-dispensaires,
répartis sur plusieurs points de la
ville, pour y donner les soins médi-
caux, les médicaments, à titre externe,
et pour y recueillir, en petit nombre,
les enfants qui ne pourraient être soi-
gnés à domicile, avec cette réserve
absolue que les petits malades conta-
gieux seraient immédiatement trans-
portés dans les hôpitaux pourvus de
pavillons d'isolement.
Avec ce système, les Enfants-Mala-
des et Trousseau seraient exclusive-
ment réservés à la rougeole, à la va-
riole, à la coqueluche, avec isolement
le plus complet possible, cela va sans
dire, et les petits hôpitaux-dispen-
saires permettraient d'éviter le mé-
lange de catégories d'enfants qui ne
doivent pas être confondues.
Il ne manque plus qu'une chose à
ce programme si sage et si pratique
pour être suivi d'effet, la bonne vo-
lonté de l'Assistance publique, puis-
que le conseil municipal a mis les
fonds à sa disposition. La contagion
intérieure a trop fait de victimes dans
nos hôpitaux 4'enfants pour permet-
tre un nouveau retard dans l'exécu-
tion des votes du conseil municipal.
Paul Strauss.
L'ŒUVRE D'ALEXANDRE III
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Munich, 2 avril.
Dans un article sur la Russie, la Gazette
universelle, qui est inspirée par M. de Bis-
marck, dit que, depuis dix ans qu'Alexan-
dre III occupe le trône, l'empire russe s'est
agrandi de 2^5,003 kilomètres carrés, sa
population a augmenté de plus de 6 mil-
lions d'habitants; il a pris une plus grande
importance dans le concert européen.
Pendant ces dix années, le gouvernement
russe a perfectionné l'armée et la marine,
rendu redoutable sa puissance militaire,
réformé ses finances, développé l'instruc-
tion. Le tsar actuel a fait tout cela en si-
lence. L'empire russe est aujourd'hui à
l'apogée de sa grandeur.
REPRISE DE LA GRÈVE
A TRELAZÉ
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Angers, 2 avril.
La grève des ardoisières de Trelazé a re-
pris hier mercredi.
A tout événement, une brigade de gen-
darmerie a été envoyée sur les lieux, mais
les grévistes montrent le plus grand
calme.
La cause à laquelle on attribue cette re-
prise est l'affichage, par la commission des
ardoisières, d'un nouveau règlement en ré-
ponse au mémorandum adressé il y a huit
jours par les ouvriers.
Dans l'ancien règlement, les fendeurs
touchaient une prime de 60 fr. par 3,000
ardoises dites anglaises, à la condition
qu'elles fussent taillées dans un temps
donné; par contre, l'ouvrier qui n'avait
pas taillé ce nombre d'ardoises dans le
temps prescrit payait un centime d'amende
par ardoise en moins, centime déduit sur
la prime de 60 francs.
Dans leur mémorandum, les fendeurs
réclamèrent la suppression de cette amende.
La commission, dans le nouveau règle-
ment,faisait d'abord droit à la réclamation
des ouvriers en supprimant l'amende ;
mais, par contre, elle décidait que l'ouvrier
qui n'aurait pas fait ses 3,000 ardoises an-
glaises perdrait tout droit à la prime.
Telle est la cause de la grève.
LA MISE EN ACCUSATION
DE M. CRISPI
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULlBR)
Rome, a avril. — L'extrême-gauche persiste
dans l'intention de déposer, dés la rentrée,
une demande de mise en accusation contre
M. Crispi. Le député Ferrari a été chargé de
voir le président du conseil pour obtenir que
le cabinet ne combatte pas la proposition et
reste neutre dans le débat.
LES MOINES GUERRIERS
(os NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Alger, 2 avril.
Le vicomte de Bressac, bien connu au-
trefois à Pau comme sportsman, prendra le
5 avril l'habit des moines guerriers que le
cardinal Lavigerie a installés en plein dé-
sert du Sahara, à Biskra, pour empêcher la
traite des nègres.
Douze novices prononceront le même
jour des vœux pour cinq années seu-
lement: Le même jour également aura lieu
la bénédiction de la maison, bâtie en style
mauresque.
Le lendemain, les nouveaux novices iront
rejoindre, à dos de chameaux, dans leurs
costumes de guerriers, leur poste qui se
trouve plus avant dans le désert, à l'en-
droit où passent généralement les carava-
nes des organisateurs de traites d'escla-
ves.
ARRESTATION D'UN INCENDIAIRE
lUB NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Toulouse, 2 avril.
Le parquet vient d'ordonner l'arrestation
d'une dame Pauline Sagarné, mercière rue de
la Concorde, A5, qui a essayé, la nuit dernière,
d'incendier ses magasins, sans y réussir tou-
tefois, grâce à l'intervention fortuite des pas-
sants.
LE MASSACRE DE MANIPOUR
Londres, 2 avril. — Suivant une dépêche of-
ficielle de Mauipour, datée du 2 avril, les per-
tes connues jusqu'à présent ne sont que d'un
officier et de quinze hommes tués, d'un offi-
cier et de vingt hommes blessés. Cent six
hommes ont disoavu.
AU SÉNÉGAL
LA POLITIQUE A SUIVRE
Mauvais effet des démonstrations BCS*.
litaires. -Influence des mara-
bouts. - Rôle des administra-
teurs. — Cinquante mil-
lions en douze ans.
Les nouvelles qui parviennent du Séné-
gal, comme celles qui arrivent du Tonkin
et de Madagascar, sont mauvaises. De tous
les côtés, le pays est en insurrection. Des
colonnes volantes parcourent en tous sens
le Haut-Sénégal, le Fouta-Djallon et le
Cayor lui-même, tranquille depuis si long-
temps cependant. Tous ces événements,
toutes ces manifestations d'un mécontente-
ment évident se produisent parce qu'au
Sénégal on suit une détestable politique
que nous avons dénoncée maintes fois ici
même. -
On nous communique à ce sujet une let-
tre vraiment curieuse d'un négociant du
Sénégal. Nous la publions textuellement, en
lui enlevant seulement quelques paroles un
peu vives :
Mauvais effet des colonnes
« Je déplore, et en cela nous sommes tous
ici du même avis, ces expéditions folle-
ment entreprises et ces combats nombreux
qui ne sont profitables à personne. Comme
nos gouvernants changeraient d'avis, s'ils
voulaient bien se donner la peine, avant
d'engager nos finanças et ce qui nous est
plus cher encore, la vie de nos enfants, de
consulter ceux qui, laissant de côté tout
intérêt personnel, n'ont en vue que l'intérêt
général et surtout celui de la colonie.
» Pourquoi ces sacrifices d'hommes et
d'argent? et à quoi cela sert-il? Est-ce par
la terreur que nous devons nous imposer à
ces peuples que l'on peut si bien amener à
goûter les bienfaits de la civilisation ?
Nous le voyons tous les jours, nous qui vi-
vons avec eux. Par la mutualité et la
loyauté des échanges, ils viennent à nous la
main tendue, en nous faisant les plus sin-
cères démonstrations d'amitié. Mais s'ils
voient, devant ou derrière nous, les uni-
formes, les baïonnettes et les canons, leur
confiance disparaît et ces hommes, qui ne
demandaient pas mieux que d'être nos amis,
deviennent et resteront toujours nos enne-
mis.
Action des marabouts
» Leurs marabouts le savent bien; aussi
exploitent-ils avec ardeur cette tendance et
les poussent-ils constamment à la révolte,
tandis que s'ils voyaient que nous n'avons
d'autre but que d'échanger loyalement avec
eux nos produits, tout en respectant leurs
usages et leurs coutumes, ils seraient les
premiers à nous débarrasser de ces prê-
cheurs de croisade qui ne vivent, comme
tous les propagateurs de fétichisme, que de
la bêtise, de l'ignorance et de la stupidité
de ceux qu'ils exploitent.
M Ce serait de la colonisation bien com-
prise, sans sacrifice d'hommes ni d'argent;
mais comme cela ne ferait pas l'affaire des
ambitieux, on ne le fera pas, et l'on conti-
nuera, comme par le passé, à envoyer nos
pauvres soldats se faire décimer par le feu
et les fièvres.
Suppression des colonnes
» Je ne sais pas s'il en serait de même
pour les autres colonies, mais j'affirme, et
en cela je suis d'accord avec tous ceux qui
connaissent bien le Sénégal, j'affirme, dis-
je, que si l'on veut coloniser ce pays et en
faire une colonie prospère, il faut suppri-
mer ces colonnes périodiques qui, pour
quelque temps, sèment la terreur parmi
ces peuplades que l'on soumet provisoire-
ment et qui, aussitôt que nos soldats ont
disparu, recommencent de plus belle à nous
faire une guerre acharnée pour se venger
des exactions qu'elles ont subies, et leur
cruauté est d'autant plus terrible qu'on a
été plus sévère avec eux.
Ce qu'il faut faire
"Que faire alors? nous dira-t-on.Queno3
administrateurs, scrupuleusement choisis
parmi les hommes ayant déjà donné des
preuves de leur tact politique et de leur
modération, s'attachent à attirer vers
eux, par l'aménité de leurs relations, les
chefs de chaque village, et, par eux, les
chefs des différentes races; par des cadeaux
sagement répartis, faire aimer non seule-
ment le nom français, mais aussi tout ce
qui touche à la France.
» N'est-il pas préférable, en effet, de faire
des sacrifices matériels pour nous gagner
la sympathie de tous ces peuples, qui cer-
tainement viendront à nous, que de sacri-
fier la vie de nos soldats sans atteindre le
but que l'on poursuit? Afin de contreba-
lancer l'influence des marabouts qui ne
manquent jamais l'occasion d'exciter le
peuple contre nous et de les tenir en res-
pect, il faudrait créer des postes suffisam-
ment importants dans toutes les escales
pour permettre au commerçant, ce grand
pionnier de la civilisation, de se livrer en
toute sécurité, avec les indigènes, au trafic
de leurs produits et de ses marchandises.
Peu à peu, la méfiance qu'ils nous ont té-
moignée jusqu'à ce jour disparaîtrait, pour
faire place à la confiance et à la sympathie.
» Nous pourrions alors avancer progressi-
vement vers Tombouctou, précédés par
cette renommée qui fait la grandeur et la
force d'un peuple: la sincérité et la loyauté
dans l'exécution des traités, la liberté, le
droit et la justice pour tous. »
Le prix d'une conquête
Il est difficile de faire sous une forme
plus claire la critique de notre politique au
Sénégal. Depuis onze ans, nous faisons la
conquête du Soudan, et nous sommes un
peu moins avancés qu'au premier jour. Nos
troupes, il est vrai, sont installées jusqu'au
Niger, et nous avons quelques postes sur ce
fleuve; mais notre autorité n'est assise nulle
part, et toutes les populations du Sénégal
sont actuellement dans un état de surexci-
tation bien fait pour inspirer des craintes.
Et cependant, nous avons dépensé des
sommes énormes pour pacifier ce pays. Il
est presque effrayant d'en faire l'addition.
C'est dans le courant de l'année 1890 qu'a
commencé la première expédition dans le
Haut-Fleuve. Au 18 août ISdh, on avait dé-
pensé déjà 26.A71.212 francs. Au budget de
1885, une somme de 1.992.523 francs a été
inscrite pour le Haut-Sénégal. En 1886, nous
retrouvons le même chiffre pour le même
objet. En 1887, 1888, 1889, les crédits du
Haut-Fleuve sont disséminés dans les di-
vers chapitres du budget des colonies, et
nous n'avons pas les éléments pour les re-
constituer, mais en fixant à 7.500.000 francs
les dépenses de ces trois annéei, nous res-
tons au-dessous de la vérité.
Enfin, en 1890, la dépense atteint 3,228.172
francs et 3,890,510 francs en 1891. Pour le
budget de 1892, il faut s'attendre à une de-
mande de crédits égalant au moins celle
des deux dernières années. C'est donc en
chiffres ronds, cinquante millions que la
conquête, toujours à recommencer, du
Haut-Sénégal aura coûté à la métropole
en douze ans.
C'est trop cher. Il est temps qu'une poli-
tique plus sage, moins belliqueuse, soit
inaugurée au Sénégal. Y songe-t-on dans
les sphères gouvernementales?
UNE CROUTE HORRIBLE
Les rare députés qui ont été hier au Pa-
lais-Bourbon ont reculé de surprise. et
d'horreur à la vue de l'énorme machine
qui depuis vingt-quatre heures orne, si l'on
peut s'exprimer ainsi, la salle Casimir-Pe-
rier.
C'est un tableau immense, signé Hesse,
qui représente la scène fameuse de la Ré-
volution qui suivit la réunion des trois
ordres à Versailles.
Un Mirabeau en baudruche, campé au
centre de la toile, roule des yeux furibonds
en lançant au marquis de Dreux-Brézé sa
fameuse apostrophe. Le maître des cérémo-
nies tourne le dos aux spectateurs, auxquels
il ne laisse à admirer qu'un mirifique man-
teau de cour et des mollets irréprochables.
Quant aux membres du Tiers qui remplis-
sent le fond de la toile, ils paraissent n'ap-
porter aucune attention à la scène violente
qui se déroule sous leurs yeux. *
La tonalité générale du tableau est d'une
couleur neutre et blafarde. A droite, le
trône, vide, fait une tache désagréable.
L'ensemble est sans vie, sans mouvement,
sans intérêt d'aucune sorte.
Il parait que la commission de compta-
bilité s'est donné beaucoup de peine pour
faire revenir du musée d'Amiens, où il au-
rait été envoyé en 18A8, ce fort morceau de
peinture.
Nous comptons sur le bon goût du pré-
sident de la Chambre pour, tout en ren-
dant justice aux bonnes intentions de ses
collègues, réparer, d'ici le 27 avril, cette
erreur artistique.
LA REVUE TRIMESTRIELLE
La population parisienne va avoir l'occa-
sion d'admirer prochainement nos régi-
ments sur l'hippodrome de Vincennes..
L'instruction des jeunes soldats de la classe
1889 est poussée avec la plus grande activité,
et l'on peut affirmer que, dès aujourd'hui,
tous sont prêts à entrer en campagne.
Tout le monde sait que, chaque année, le
général Saussier profite de cette revue de
printemps pour faire accomplir à la garni-
son de Paris des exercices très intéressants.
Cette année, la prise d'armes sera en quel-
que sorte inopinée, et n'étaient les exigen-
ces du service de place, si considérables à
Paris, les ordres du gouverneur nlilitaire
ne seraient donnés qu'à la dernière mi-
nute au lieu de l'être la veille.
Quoi qu'il en soit, la prochaine revue,
qui, croyons-nous, aura lieu du au 25
avril, sera des plus intéressantes. Les trou-
pes, rassemblées sur le plateau de Gra-
velle, exécuteront des évolutions de mas-
ses sous la haute direction du général Saus-
sier, et cette manœuvre de corps d'armée à
rangs serrés montrera le travail accompli
cet hiver dans tous nos régiments, malgré
les rigueurs de la saison.
LA VIEDEP ARIS
Deux personnalités, de notoriété très
inégale et de caractère très divers, vien-
nent de disparaître, par la mort. L'une
est une femme, Mme Craven ; l'autre est
M. Pouyer-Quertier. Mme Craven était la
fille d'un diplomate fort connu pendant
la Restauration, M. le comte de la Fer-
ronnays. Quoique mariée à un Anglais,
elle avait gardé une grande place dans
une certaine société parisienne, dans le
monde conservateur et catholique. Fort
âgée, elle avait été mêlée, par ses rela-
tions, à la plupart des événements de-
puis un demi-siècle, spectatrice consul-
tée souvent. On assure que son influence
fut pour beaucoup dans ce qu'on a ap-
pelé la « vocation" de M. le comte Albert
de Mun, son neveu, à qui elle laisse ses
papiers, qui seront fort intéressants si on
ne fait .pas pour eux quelque tripatouil-
lage.comparable à celui qu'ont subi les
Mémoires de Talleyrand et tant d'au-
tres.
On ne pourrait dire que Mme Craven
fut une « femme de lettres », au sens que
nous attachons à ce mot. Rien ne sentait
en elle le bas-bleu, et elle n'eut jamais ni
la liberté d'allures, ni la pédanterie où
tombent d'ordinaire les femmes qui font
profession d'écrire. Mais elle avait des
lettres et elle a laissé quelques romans et
récits, d'une note très idéaliste quoique
d'une philosophie un peu attristée, où
l'on sent je ne sais quel combat du scep-
ticisme contre la foi chrétienne. Les livres
de Mme Craven étaient fort appréciés
dans le monde et dans les salons doctri-
naires. On allait jusqu'à y trouver comme
un reflet de Mme de Lafayette. C'était
presque de la gloire! Mais une gloire
limitée, car le nom de l'auteur de
l'Enigme n'a jamais été redit par la foule.
Il n'en est pas de même du nom de M.
Pouyer-Quertier. Il avait été extrême-
ment célèbre à la fin de l'empire et au
début de la République. Ce grand finan-
cier et homme d'affaires n'avait pas été
populaire, si la popularité comporte le
succès devant le corps électoral. Mais, ce-
pendant, sa physionomie était connue
non seulement à Rouen et dans l'Eure,
où il avait ses usines et ses propriétés,
mais à Paris même, et on n'avait pas ou-
blié l'homme qui avait traité avec M. de
Bismarck les questions de tarifs de com-
merce et d'industrie. Pouyer-Quertier
était un protectionniste très décidé.
Entré à la Chambre des députés vers
1860, je crois, il s'y était montré l'adver-
saire acharné de M. Rouher. Aussi, quoi-
qu'il ne fût pas du tout un adversaire du
régime impérial, étant assez indifférent
en Dolitiaue. il fut combattu par le aou-
vernement impérial qui favorisa, contre
lui, l'élection d'un républicain, ce qui ne
manquait pas de piquant. Mais ce fut
surtout par le traité de Francfort que sa
physionomie fut mise en lumière. A ce
moment-là, M. Pouyer-Quertier était
ministre des finances. Thiers avait, dans
ses grandes lignes, réglé la partie de la
convention commerciale avec les Alle-
mands ; mais il restait à disoutr par le
menu une foule de points de détail.
Thiers se défiait, pour cette besogne,
de lui-même. Il avait peur d'être con-
traint à céder, un refus de sa part pou-
vant avoir des conséquences immédiates
graves. Il fallait un homme spécial qui
pût-être — le mot m'a été dit par Thiers
lui-même en ce temps-là — un « tam-
pon » entre les deux pays."Et,ajoutait-il,
ce gros Pouyer est de taille!» M. Pouyer-
Quertier, en effet, était un homme vi-
goureux, de grande taille, de respectable
corpulence, la face rouge et puissante,
grand travailleur, grand mangeur, grand
buveur, un de ces êtres dont on peut
dire, comme de Dumas père, qu'ils sont
une force de la nature. Normand de pied
en cap, il avait, des habitants de cette
province, toute la finesse allant jusqu'à
la ruse, l'esprit de discussion et de pro-
cédure, sous une apparence de rudesse.
Dans ses chasses de Normandie, comme
dans ses campagnes électorales, il avait
pris l'habitude de ne pas plus reculer
devant une fiole de grand vin que devant
une « bolée » de cidre ; et le pousse-café,
la rincette, la sur-rincette et la demio-
selle — ce sont les noms familiers que les
Normands donnent aux petits verres qui
suivent leurs formidables déjeuners —
ne le troublaient pas une minute. On a
fait, dans le temps, le récit pittoresque
de ses entrevues avec M. de Bismarck. On
sait que le grand-chancelier avait, dans
les plus grandes affaires et avec n'im-
porte quel personnage, une sorte de ron-
i' deur et de sans-gêne pour lesquels les
Berlinois ont fait un mot particulier.
Il aimait ses aises. Il ne lui déplaisait
pas de discuter en se grillant les jambes,
fumant sa grosse pipe et buvant du
Champagne, de la bière et du cognac —
qu'il a toujours fait venir de France. —
Cette excitation que donne un repas bien
arrosé lui paraissait favorable, et peut-
être, sûr de son sang-froid, espérait-il
parfois le voir un peu disparu de chez
l'adversaire avec lequel il discutait. Mais
M. de Bismarck trouva en M. Pouyer-Q uer-
tier à qui parier ! Pour une pipe que le
chancelier fumait, il en fumait deux, et
pour un bock bu, il en faisait disparaî-
tre deux. Pendant plusieurs jours de
suite M. Pouyer-Quertier discuta de la
sorte, pied à pied, les traités, et on ne
peut nier qu'il ne réussit à en atténuer
sinon l'esprit général, du moins certaines
dispositions de détail qui nous étaient
par trop désavantageuses.
M. de Bismarck disait à qui voulait
l'entendre qu'il avait trouvé devant lui
un ci rude hOlnme". Quant à Thiers, il
ne tarissait pas d'admiration. Discuter,
ce n'était rien pour lui qui, pour son
propre plaisir, causait, ou pour mieux
dire, parlait — car il écoutait peu, préfé-
rant exposer ses idées — des heures en-
tières. Mais fumer de cette façon et boire
de cette sorte, lui qui avait l'horreur du
cigare et tenait assez mal sa place à table,
malgré la légende de Vaux! « J'en serais
mort, disait-il de sa petite voix flutée. Il
fallait un intrépide comme Pouyer pour
résister et pour vaincre. » Ces négocia-
tions furent, d'ailleurs, l'heure héroïque
de la vie de M. Pouyer-Quertier. Il put
croire, au retour, que l'avenir lui réser-
vait une grande situation politique. Mais,
peu à peu, il fut oublié. Et, dernière-
ment encore, il échouait aux élections.
Henry Fouquier.
LE CONFLIT ITILO-AMERICAIN
(D'UN CORRESPONDANT)
Washington, 2 avril.
Le secrétaire d'Etat, M. Blaine, vient d'a-
dresser à M. Imperiali de Villafranca, char-
gé d'affaires d'Italie, une lettre dans laquelle
il exprime le regret sincère que lui cause le
départ de M. de Fava.
Le gouvernement américain ne voit pas
de raison suffisante à ce départ. Son regret
s'accentue par la croyance que M. de Fava
est rappelé à la suite d'un malentendu, les
faits avant été jugés d'une façon erronée
par le gouvernement italien.
Le gouvernement américain a essayé de
montrer qu'il n'avait pas le droit de donner
l'assurance, demandée par l'Italie, que les
coupables seraient punis. En effet, la Cons-
titution des Etats-Unis porte que tout ac-
cusé a droit à un jugement prompt par un
jury impartial.
Or, cette impartialité est incompatible
avec la promesse qu'on voulait obtenir du
gouvernement.
Mais celui-ci admet le principe d'une in-
demnité qui est formellement inscrit dans
le traité de février 1871 ; il attendra donc que
chaque fait essentiel soitétabli par un juge-
ment régulier et par l'autorité légalement
constituée. L'impatience de ceux qui se trou-
vent lésés est naturelle, mais la justice, pour
être équitable, n'admet pas la précipita-
tion.
Réplique italienne
(D'UN CORRESPONDANT)
Rome, 2 avril.
M. Imperiali de Villafranca, chargé d'af-
faires d'Italie, a reçu l'ordre de remettre à
M. Blaine, en réponse à sa note d'hier, la
note suivante :
« Le gouvernement italien n'a pas de-
mandé aulre chose qu'une prompte ouver-
ture de poursuites judiciaires régulières.
Il eût été absurde de prétendre à une puni-
tion sans la garantie d'un jugement régu-
lier. L'Italie renouvelle la même demande.
« L'incident diplomatique pourra être
considéré comme terminé seulement quand
le gouvernement fédéral aura déclaré,
d'une façon précise, qu'un jugement sera
bientôt ouvert.
« En attendant, on prend acte de la dé-
claration du gouvernement fédéral, qui
reconnaît qu'une indemnité est due aux fa-
milles des victimes en vertu des traités en
vigueur. »
LES MEFAITS
DU « PETIT JOURNAL »'
Encore le « Phare n. - Question indist
crètç. - L'affaire de la Coopération
- M. Secrétan..
Laborie, le 23 mars 1891.
Monsieur le rédacteur,
Vous faites vraiment une œuvre salutaire
en dévoilant les procédés des escrocs de
toutes sortes qui se cachent habilement
derrière des annonces alléchantes.
Vous ne sauriez vous imaginer avec quel
plaisir j'ouvre chaque matin le X/Xe Siè-
cle, depuis le commencement de la campa-
gne que vous menez contre le journal qui
leur donne le plus largement asile.
C'est que chacun de vos numéros dévoile
un tour nouveau et prémunit contre une
tentation possible.
Car la prudence subit une rude épreuve
devant ces offres d'emplois, de placements
avantageux, de prêts d'argent, lorsque l'on
se trouve justement dans le besoin.
On se dit : « Tout n'est pas pourri, et
ici, peut-être, aurai-je affaire à des gens
honnêtes". Et l'on va se laisser séduire
quand on trouve dans son x/xe Siècle la
divulgation de la supercherie.
Vous avez éventé déjà nombre de ces
trucs ruineux.
Mais j'ai eu surtout du plaisir lorsque
vous avez parlé du Phare littéraire.
Tout ce que vous avez dit à ce sujet est
vrai.
J'en sais quelque chose, car j'ai été abonné
à ce journal. Je payai 12 francs l'honneur
de devenir le collaborateur du Phare litté-
raire, mais il me fut impossible d'obtenir'
l'insertion d'un seul article. Cependant ma.
prose, à diverses reprises, a trouvé asile
dans les colonnes de journaux aussi jaloux:
de leur réputation que peut l'être le Phare.
Je fus d'ailleurs bientôt édifié sur la va-
leur et sur le but des personnes qui lan-
çaient cette affaire. La « petite correspon-
dance », particulièrement, était rédigée en
termes qui ne laissaient aucun doute sur
la nature de leur éducation.
Les extraits suivants vous permettront
de savouver le piquant du style de pes mes-
sieurs :
MM. les auteurs sont priés de ne plus nous
envoyer de sujets patriotiques. Ça devient ra-
sant.
A divers. — Tous les collaborateurs de notre
journal qui ont de l'esprit doivent nous trou-
ver des abonnemen,s de propagande. Ce n'est
pourtant pas difficile.
Jeannin.- Payez donc les livres commandés
par vous.
Crozat. — Faut-il vous classer dans les Sou..
gats ?
A certains littérateurs non abonnas. — Ces
personnes ont tellement de génie, qu'il leur
enlève leur politesse et la change en pédan-
tisme stupide et bête.
Lucien Brun, E. Oudan. — Et votre abonne.
ment?
Catoni. — La publication de votre charade
devait nous amener des abonnés. Hum 1 Huml
pure blague. Vous nous l'avez faite à l'o-
seille !
Si, comme on l'a dit, le style, c'est l'hom-
me, vous avouerez que l'on ne reconnaît
pas là des familiers du Parnasse.
Vous parlez d'un journal qui demandait
0 f. 50 la ligne pour l'insertion des romans-
feuilletons. -
Le Phare littéraire se charge de l'impres-
sion des œuvres de ses collaborateurs,mais
à des prix plus élevés encore.
Je regrette d'avoir perdu les tarifs, je
vous les aurais envoyés avec plaisir; mais
il vous sera facile de vous les procurer,
ainsi que les prospectus, 2Ji, rue Rodier.
La publication de ces documents ne man-
quera pas d'intéresser vos lecteurs.
Ces différentes sources de bénéfices ne
suffisent pas aux organisateurs de l'entre-
prise. De temps en temps ils font de pres-
sants appels à la générosité de leurs clients,
sous le prétexte fallacieux de travailler à
faire connaître des talents ignorés.
I ! s organisent ainsi des - concours' soi-
disant littéraires où l'envoi d'un manuscrit
est permis, moyennant un droit qui varie
de 1 à 3 francs.
Je crois, monsieur le rédacteur, que vous
rendrez servicé à vos lecteurs en les aver-
tissant de nouveau d'avoir une fois de
plus à fermer leurs poches.
Veuillez agréer, monsieur le rédacteur,
mes respectueuses salutations.
ESCALIER.
Mines hongroises
Monsieur le directeur,
Vous qui connaissez si bien les dessous
du Petit Journal, pourriez-vous me rensei-
gner sur une affaire qu'il a patronnée dans le
courant de l'année 1887 et qu'il a chaude-
ment recommandée à ses lecteurs par des
articles signés Thomas Grimm?
Je veux parler des Mines d'or de la Hon-
grie, émises par une caisse de reports de la
rue Richelieu : 12,000 actions de 500 fr.
Dans son numéro du 23 septembre 1887,
le Petit Journal annonçait que « le succès
de cette émission avait été complet et qu'il
fallait s'attendre à bref délai à une impor-
tante plus-value sur ces actions ».
Depuis lors je n'en ai jamais plus en-
tendu parler, ni dans ce journal, ni dans
aucun autre. J'ai demandé des renseigne-
ments au banquier dû chez moi et à l'a-
gence du Crédit lyonnais installée dans la
ville voisine, et il m'a été dit qu'on ne con-
naissait pas cette affaire, dont Je nom ne
figurait sur aucune cote, officielle ou non
officielle. Je me suis adressé au rédacteur
financier du Petit Journal et à son service
des primes. Oa ne m'a pas répondu. Pour-
quoi ?
Le Petit Journal doit bien une réponse
aux naïfs qui ont eu confiance en lui et
qu'il met dedans avec tant de cynisme.
Agréez, ec.
Nouvelle recrue
Avec les défenseurs des escrocs du Petit
Journal, il faut s'attendre à tout.
Avant-hier ils allaient interviewer M. de
La Rochefoucauld dans une maison de
santé.
Hier ils interviewaient M. Secrétan, con-
damné récemment à six mois de prison
pour l'accaparement des cuivres, la plus
audacieuse et la plus monstrueuse entre-
prise qui ait été tentée depuis longtemps
contre l'épargne française.
M. Secrétan dit que si sa tentative a
échoué, le XIXI- Siècle en est seul cause. S'il
a été ooursuivi et condamné, c'est que le
Li
JOURNAL REPUBLICAIN
RÉDACTION
pKk8, Rue 3W £ oxxtznartre
"MIl
DIRECTEUR POLITIQUE
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LES
Hôpitaux - aïspcnsairCS
Une des réformes les plus urgentes
qu'ait à réaliser notre Assistance pu-
blique est celle des hôpitaux d'en-
fants. On ne saurait croire à quel
jpoint nous sommes en retard en cette
rroatière. La Russie est plus avancée
':«Iue nous, et nos architectes officiels
auraient beaucoup à apprendre à
Baint-Pétersbourg et à Moscou.
Il n'est pas le moins du monde hu-
miliant d'emprunter leurs progrès
;aux étrangers. Avec cela que le
monde entier s'est gêné avec la
France, la grande initiatrice, la grande
semeuse d'idées! Seulement, nous
ravons en France des mœurs adminis-
tratives d'une nature particulière ; les
trônes s'écroulent, les gouvernements
$e succèdent et la tyrannie du rond-
:de-cuir demeure !
Plus d'une vue théorique a pris
aiaissance à Paris ; elle a fait son tour
du monde et elle nous revient, dix ou
(quinze ans après, avec la consécra-
tion de l'exemple et du fait accom-
pli.
La science a beau progresser, la
ipratique administrative ne change
'Pas. Il y faut mettre, pour obtenir la
anoindre amélioration de détail, des
années de patience et des miracles
d'apostolat.
Ainsi, par exemple, Paris est la ca-
pitale la plus mal outillée pour le
traitement hospitalier des maladies
'd'enfants. Voici ce qu'écrivait, en
H8A6, dans le Journal des Débats, l'il-
lustre professeur Trousseau «.ci Un
jenfant est amené à l'hôpital avec une
Huxion de poitrine; il guérit, et pen-
dant la convalescence, il contracte Ja
icoqueluche dont est atteint un autre
malade. Pendant le cours de cette ma-
ladie nouvelle, la rougeole, la scarla-
tine viennent l'assaillir, et quelque-
fois enfin, lorsqu'il semble avoir
triomphé de ces causes successives de
destruction, il est pris d'une ophtal-
mie qui & déjà frappé d'autres en-
iants autour de lui et il ne retourne
:êans sa famille qu'aveugle ou défi-
guré. u
L'observation, pour être poussée à
l'extrême, a de quoi faire réfléchir les
lus optimistes. Il n'est aucun de nos
grands médecins d'enfants, depuis le
docteur Archambaut jusqu'à M. Ca-
det de Gassicourt, qui n'ait jeté le
même cri d'alarme.
- Sans doute, le grand public n'a pas
été saisi de leurs plaintes, qui n'ont
pas dépassé l'enceinte des Académies.
Il y a comme une discrétion profes-
sionnelle qui a sans doute sa raison
d'être, pour ne pas faire le vide au-
tour des hôpitaux d'enfants — dans
l'intérêt même de la population ou-
vrière, — mais qui ne doit pas fer-
mer la bouche à tous ceux qui ont le
devoir de faire entendre des avertis-
ements à qui de droit.
Il est bien vrai que, depuis quel-
ques années, depuis la construction
de pavillons d'isolement, l'hygiène
hospitalière a été notablement amé-
liorée, grâce aux efforts du conseil
municipal, on ne saurait trop le re-
dire. Malheureusement, les cas de
-contagi-u intérieure, dans nos grands
ïiôpitaux d'enfants, sont encore trop
considérables, et la parole si saisis-
sante du docteur Archambaut est
toujours d'actualité : « On ne meurt
pas, à l'hôpital des enfants, de la ma-
ladie pour laquelle on y entre, mais
de celle qu'on y contracte. »
- Ce qui est fâcheux, c'est de voir,
réunis dans le même espace, presque
confondus, en dépit d'un isolement
plus ou moins relatif, des enfants at-
teints de maladies contagieuses et
d'autres petits malades.
Ce qui est regrettable, c'est de ne
posséder, pour une agglomération
comme Paris, que deux immenses hô-
pitaux d'enfants, celui des Enfants-
Malades et 4'hôpital Trousseau, cons-
truits et aménagés comme de vérita-
bles casernes.
Aucune organisation n'est plus dé-
fectueuse à tous les points de vue,
d'abord en raison des distances et des
difficultés de transport des petits ma-
lades, ensuite à cause de l'accumula-
tion et du voisinage des contagieux et
des non-contagieux.
Aussi le conseii municipal a-t-il
Voté, il y a déjà plus de deux ans, le
principe des hôpitaux-dispensaires,
à l'exemple de Londres; il a réitéré
son vote en mettant en demeure l'ad-
ministration d'y faire droit, les fonds
nécessaires étant prêts, en vue d'i-
; inaugurer à bref délai ce nouveau type
d'hospitalisation des enfants malades.
Le conseil municipal s'est d'ailleurs
inspiré d'un rapport excellent de M. le
docteur Variot au ministre de l'inté-
rieur sur l'hospitalisation des enfants
à Londres et des heureux résultats ob-
tenus Dar l'initiative privée .Déjà fonc-
tionnent, pour les consultations ex-
ternes, les dispensaires pour enfants
malades, comme ceux du docteur Du-
brisay, de Mme Furtado-Heine et de
la Société philanthropique à Paris,
comme ceux du docteur Gibert au
Havre.
Il s'agit de faire un pas de plus
dans cette voie, c'est-à-dire de créer
plusieurs petits hôpitaux-dispensaires,
répartis sur plusieurs points de la
ville, pour y donner les soins médi-
caux, les médicaments, à titre externe,
et pour y recueillir, en petit nombre,
les enfants qui ne pourraient être soi-
gnés à domicile, avec cette réserve
absolue que les petits malades conta-
gieux seraient immédiatement trans-
portés dans les hôpitaux pourvus de
pavillons d'isolement.
Avec ce système, les Enfants-Mala-
des et Trousseau seraient exclusive-
ment réservés à la rougeole, à la va-
riole, à la coqueluche, avec isolement
le plus complet possible, cela va sans
dire, et les petits hôpitaux-dispen-
saires permettraient d'éviter le mé-
lange de catégories d'enfants qui ne
doivent pas être confondues.
Il ne manque plus qu'une chose à
ce programme si sage et si pratique
pour être suivi d'effet, la bonne vo-
lonté de l'Assistance publique, puis-
que le conseil municipal a mis les
fonds à sa disposition. La contagion
intérieure a trop fait de victimes dans
nos hôpitaux 4'enfants pour permet-
tre un nouveau retard dans l'exécu-
tion des votes du conseil municipal.
Paul Strauss.
L'ŒUVRE D'ALEXANDRE III
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Munich, 2 avril.
Dans un article sur la Russie, la Gazette
universelle, qui est inspirée par M. de Bis-
marck, dit que, depuis dix ans qu'Alexan-
dre III occupe le trône, l'empire russe s'est
agrandi de 2^5,003 kilomètres carrés, sa
population a augmenté de plus de 6 mil-
lions d'habitants; il a pris une plus grande
importance dans le concert européen.
Pendant ces dix années, le gouvernement
russe a perfectionné l'armée et la marine,
rendu redoutable sa puissance militaire,
réformé ses finances, développé l'instruc-
tion. Le tsar actuel a fait tout cela en si-
lence. L'empire russe est aujourd'hui à
l'apogée de sa grandeur.
REPRISE DE LA GRÈVE
A TRELAZÉ
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Angers, 2 avril.
La grève des ardoisières de Trelazé a re-
pris hier mercredi.
A tout événement, une brigade de gen-
darmerie a été envoyée sur les lieux, mais
les grévistes montrent le plus grand
calme.
La cause à laquelle on attribue cette re-
prise est l'affichage, par la commission des
ardoisières, d'un nouveau règlement en ré-
ponse au mémorandum adressé il y a huit
jours par les ouvriers.
Dans l'ancien règlement, les fendeurs
touchaient une prime de 60 fr. par 3,000
ardoises dites anglaises, à la condition
qu'elles fussent taillées dans un temps
donné; par contre, l'ouvrier qui n'avait
pas taillé ce nombre d'ardoises dans le
temps prescrit payait un centime d'amende
par ardoise en moins, centime déduit sur
la prime de 60 francs.
Dans leur mémorandum, les fendeurs
réclamèrent la suppression de cette amende.
La commission, dans le nouveau règle-
ment,faisait d'abord droit à la réclamation
des ouvriers en supprimant l'amende ;
mais, par contre, elle décidait que l'ouvrier
qui n'aurait pas fait ses 3,000 ardoises an-
glaises perdrait tout droit à la prime.
Telle est la cause de la grève.
LA MISE EN ACCUSATION
DE M. CRISPI
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULlBR)
Rome, a avril. — L'extrême-gauche persiste
dans l'intention de déposer, dés la rentrée,
une demande de mise en accusation contre
M. Crispi. Le député Ferrari a été chargé de
voir le président du conseil pour obtenir que
le cabinet ne combatte pas la proposition et
reste neutre dans le débat.
LES MOINES GUERRIERS
(os NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Alger, 2 avril.
Le vicomte de Bressac, bien connu au-
trefois à Pau comme sportsman, prendra le
5 avril l'habit des moines guerriers que le
cardinal Lavigerie a installés en plein dé-
sert du Sahara, à Biskra, pour empêcher la
traite des nègres.
Douze novices prononceront le même
jour des vœux pour cinq années seu-
lement: Le même jour également aura lieu
la bénédiction de la maison, bâtie en style
mauresque.
Le lendemain, les nouveaux novices iront
rejoindre, à dos de chameaux, dans leurs
costumes de guerriers, leur poste qui se
trouve plus avant dans le désert, à l'en-
droit où passent généralement les carava-
nes des organisateurs de traites d'escla-
ves.
ARRESTATION D'UN INCENDIAIRE
lUB NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Toulouse, 2 avril.
Le parquet vient d'ordonner l'arrestation
d'une dame Pauline Sagarné, mercière rue de
la Concorde, A5, qui a essayé, la nuit dernière,
d'incendier ses magasins, sans y réussir tou-
tefois, grâce à l'intervention fortuite des pas-
sants.
LE MASSACRE DE MANIPOUR
Londres, 2 avril. — Suivant une dépêche of-
ficielle de Mauipour, datée du 2 avril, les per-
tes connues jusqu'à présent ne sont que d'un
officier et de quinze hommes tués, d'un offi-
cier et de vingt hommes blessés. Cent six
hommes ont disoavu.
AU SÉNÉGAL
LA POLITIQUE A SUIVRE
Mauvais effet des démonstrations BCS*.
litaires. -Influence des mara-
bouts. - Rôle des administra-
teurs. — Cinquante mil-
lions en douze ans.
Les nouvelles qui parviennent du Séné-
gal, comme celles qui arrivent du Tonkin
et de Madagascar, sont mauvaises. De tous
les côtés, le pays est en insurrection. Des
colonnes volantes parcourent en tous sens
le Haut-Sénégal, le Fouta-Djallon et le
Cayor lui-même, tranquille depuis si long-
temps cependant. Tous ces événements,
toutes ces manifestations d'un mécontente-
ment évident se produisent parce qu'au
Sénégal on suit une détestable politique
que nous avons dénoncée maintes fois ici
même. -
On nous communique à ce sujet une let-
tre vraiment curieuse d'un négociant du
Sénégal. Nous la publions textuellement, en
lui enlevant seulement quelques paroles un
peu vives :
Mauvais effet des colonnes
« Je déplore, et en cela nous sommes tous
ici du même avis, ces expéditions folle-
ment entreprises et ces combats nombreux
qui ne sont profitables à personne. Comme
nos gouvernants changeraient d'avis, s'ils
voulaient bien se donner la peine, avant
d'engager nos finanças et ce qui nous est
plus cher encore, la vie de nos enfants, de
consulter ceux qui, laissant de côté tout
intérêt personnel, n'ont en vue que l'intérêt
général et surtout celui de la colonie.
» Pourquoi ces sacrifices d'hommes et
d'argent? et à quoi cela sert-il? Est-ce par
la terreur que nous devons nous imposer à
ces peuples que l'on peut si bien amener à
goûter les bienfaits de la civilisation ?
Nous le voyons tous les jours, nous qui vi-
vons avec eux. Par la mutualité et la
loyauté des échanges, ils viennent à nous la
main tendue, en nous faisant les plus sin-
cères démonstrations d'amitié. Mais s'ils
voient, devant ou derrière nous, les uni-
formes, les baïonnettes et les canons, leur
confiance disparaît et ces hommes, qui ne
demandaient pas mieux que d'être nos amis,
deviennent et resteront toujours nos enne-
mis.
Action des marabouts
» Leurs marabouts le savent bien; aussi
exploitent-ils avec ardeur cette tendance et
les poussent-ils constamment à la révolte,
tandis que s'ils voyaient que nous n'avons
d'autre but que d'échanger loyalement avec
eux nos produits, tout en respectant leurs
usages et leurs coutumes, ils seraient les
premiers à nous débarrasser de ces prê-
cheurs de croisade qui ne vivent, comme
tous les propagateurs de fétichisme, que de
la bêtise, de l'ignorance et de la stupidité
de ceux qu'ils exploitent.
M Ce serait de la colonisation bien com-
prise, sans sacrifice d'hommes ni d'argent;
mais comme cela ne ferait pas l'affaire des
ambitieux, on ne le fera pas, et l'on conti-
nuera, comme par le passé, à envoyer nos
pauvres soldats se faire décimer par le feu
et les fièvres.
Suppression des colonnes
» Je ne sais pas s'il en serait de même
pour les autres colonies, mais j'affirme, et
en cela je suis d'accord avec tous ceux qui
connaissent bien le Sénégal, j'affirme, dis-
je, que si l'on veut coloniser ce pays et en
faire une colonie prospère, il faut suppri-
mer ces colonnes périodiques qui, pour
quelque temps, sèment la terreur parmi
ces peuplades que l'on soumet provisoire-
ment et qui, aussitôt que nos soldats ont
disparu, recommencent de plus belle à nous
faire une guerre acharnée pour se venger
des exactions qu'elles ont subies, et leur
cruauté est d'autant plus terrible qu'on a
été plus sévère avec eux.
Ce qu'il faut faire
"Que faire alors? nous dira-t-on.Queno3
administrateurs, scrupuleusement choisis
parmi les hommes ayant déjà donné des
preuves de leur tact politique et de leur
modération, s'attachent à attirer vers
eux, par l'aménité de leurs relations, les
chefs de chaque village, et, par eux, les
chefs des différentes races; par des cadeaux
sagement répartis, faire aimer non seule-
ment le nom français, mais aussi tout ce
qui touche à la France.
» N'est-il pas préférable, en effet, de faire
des sacrifices matériels pour nous gagner
la sympathie de tous ces peuples, qui cer-
tainement viendront à nous, que de sacri-
fier la vie de nos soldats sans atteindre le
but que l'on poursuit? Afin de contreba-
lancer l'influence des marabouts qui ne
manquent jamais l'occasion d'exciter le
peuple contre nous et de les tenir en res-
pect, il faudrait créer des postes suffisam-
ment importants dans toutes les escales
pour permettre au commerçant, ce grand
pionnier de la civilisation, de se livrer en
toute sécurité, avec les indigènes, au trafic
de leurs produits et de ses marchandises.
Peu à peu, la méfiance qu'ils nous ont té-
moignée jusqu'à ce jour disparaîtrait, pour
faire place à la confiance et à la sympathie.
» Nous pourrions alors avancer progressi-
vement vers Tombouctou, précédés par
cette renommée qui fait la grandeur et la
force d'un peuple: la sincérité et la loyauté
dans l'exécution des traités, la liberté, le
droit et la justice pour tous. »
Le prix d'une conquête
Il est difficile de faire sous une forme
plus claire la critique de notre politique au
Sénégal. Depuis onze ans, nous faisons la
conquête du Soudan, et nous sommes un
peu moins avancés qu'au premier jour. Nos
troupes, il est vrai, sont installées jusqu'au
Niger, et nous avons quelques postes sur ce
fleuve; mais notre autorité n'est assise nulle
part, et toutes les populations du Sénégal
sont actuellement dans un état de surexci-
tation bien fait pour inspirer des craintes.
Et cependant, nous avons dépensé des
sommes énormes pour pacifier ce pays. Il
est presque effrayant d'en faire l'addition.
C'est dans le courant de l'année 1890 qu'a
commencé la première expédition dans le
Haut-Fleuve. Au 18 août ISdh, on avait dé-
pensé déjà 26.A71.212 francs. Au budget de
1885, une somme de 1.992.523 francs a été
inscrite pour le Haut-Sénégal. En 1886, nous
retrouvons le même chiffre pour le même
objet. En 1887, 1888, 1889, les crédits du
Haut-Fleuve sont disséminés dans les di-
vers chapitres du budget des colonies, et
nous n'avons pas les éléments pour les re-
constituer, mais en fixant à 7.500.000 francs
les dépenses de ces trois annéei, nous res-
tons au-dessous de la vérité.
Enfin, en 1890, la dépense atteint 3,228.172
francs et 3,890,510 francs en 1891. Pour le
budget de 1892, il faut s'attendre à une de-
mande de crédits égalant au moins celle
des deux dernières années. C'est donc en
chiffres ronds, cinquante millions que la
conquête, toujours à recommencer, du
Haut-Sénégal aura coûté à la métropole
en douze ans.
C'est trop cher. Il est temps qu'une poli-
tique plus sage, moins belliqueuse, soit
inaugurée au Sénégal. Y songe-t-on dans
les sphères gouvernementales?
UNE CROUTE HORRIBLE
Les rare députés qui ont été hier au Pa-
lais-Bourbon ont reculé de surprise. et
d'horreur à la vue de l'énorme machine
qui depuis vingt-quatre heures orne, si l'on
peut s'exprimer ainsi, la salle Casimir-Pe-
rier.
C'est un tableau immense, signé Hesse,
qui représente la scène fameuse de la Ré-
volution qui suivit la réunion des trois
ordres à Versailles.
Un Mirabeau en baudruche, campé au
centre de la toile, roule des yeux furibonds
en lançant au marquis de Dreux-Brézé sa
fameuse apostrophe. Le maître des cérémo-
nies tourne le dos aux spectateurs, auxquels
il ne laisse à admirer qu'un mirifique man-
teau de cour et des mollets irréprochables.
Quant aux membres du Tiers qui remplis-
sent le fond de la toile, ils paraissent n'ap-
porter aucune attention à la scène violente
qui se déroule sous leurs yeux. *
La tonalité générale du tableau est d'une
couleur neutre et blafarde. A droite, le
trône, vide, fait une tache désagréable.
L'ensemble est sans vie, sans mouvement,
sans intérêt d'aucune sorte.
Il parait que la commission de compta-
bilité s'est donné beaucoup de peine pour
faire revenir du musée d'Amiens, où il au-
rait été envoyé en 18A8, ce fort morceau de
peinture.
Nous comptons sur le bon goût du pré-
sident de la Chambre pour, tout en ren-
dant justice aux bonnes intentions de ses
collègues, réparer, d'ici le 27 avril, cette
erreur artistique.
LA REVUE TRIMESTRIELLE
La population parisienne va avoir l'occa-
sion d'admirer prochainement nos régi-
ments sur l'hippodrome de Vincennes..
L'instruction des jeunes soldats de la classe
1889 est poussée avec la plus grande activité,
et l'on peut affirmer que, dès aujourd'hui,
tous sont prêts à entrer en campagne.
Tout le monde sait que, chaque année, le
général Saussier profite de cette revue de
printemps pour faire accomplir à la garni-
son de Paris des exercices très intéressants.
Cette année, la prise d'armes sera en quel-
que sorte inopinée, et n'étaient les exigen-
ces du service de place, si considérables à
Paris, les ordres du gouverneur nlilitaire
ne seraient donnés qu'à la dernière mi-
nute au lieu de l'être la veille.
Quoi qu'il en soit, la prochaine revue,
qui, croyons-nous, aura lieu du au 25
avril, sera des plus intéressantes. Les trou-
pes, rassemblées sur le plateau de Gra-
velle, exécuteront des évolutions de mas-
ses sous la haute direction du général Saus-
sier, et cette manœuvre de corps d'armée à
rangs serrés montrera le travail accompli
cet hiver dans tous nos régiments, malgré
les rigueurs de la saison.
LA VIEDEP ARIS
Deux personnalités, de notoriété très
inégale et de caractère très divers, vien-
nent de disparaître, par la mort. L'une
est une femme, Mme Craven ; l'autre est
M. Pouyer-Quertier. Mme Craven était la
fille d'un diplomate fort connu pendant
la Restauration, M. le comte de la Fer-
ronnays. Quoique mariée à un Anglais,
elle avait gardé une grande place dans
une certaine société parisienne, dans le
monde conservateur et catholique. Fort
âgée, elle avait été mêlée, par ses rela-
tions, à la plupart des événements de-
puis un demi-siècle, spectatrice consul-
tée souvent. On assure que son influence
fut pour beaucoup dans ce qu'on a ap-
pelé la « vocation" de M. le comte Albert
de Mun, son neveu, à qui elle laisse ses
papiers, qui seront fort intéressants si on
ne fait .pas pour eux quelque tripatouil-
lage.comparable à celui qu'ont subi les
Mémoires de Talleyrand et tant d'au-
tres.
On ne pourrait dire que Mme Craven
fut une « femme de lettres », au sens que
nous attachons à ce mot. Rien ne sentait
en elle le bas-bleu, et elle n'eut jamais ni
la liberté d'allures, ni la pédanterie où
tombent d'ordinaire les femmes qui font
profession d'écrire. Mais elle avait des
lettres et elle a laissé quelques romans et
récits, d'une note très idéaliste quoique
d'une philosophie un peu attristée, où
l'on sent je ne sais quel combat du scep-
ticisme contre la foi chrétienne. Les livres
de Mme Craven étaient fort appréciés
dans le monde et dans les salons doctri-
naires. On allait jusqu'à y trouver comme
un reflet de Mme de Lafayette. C'était
presque de la gloire! Mais une gloire
limitée, car le nom de l'auteur de
l'Enigme n'a jamais été redit par la foule.
Il n'en est pas de même du nom de M.
Pouyer-Quertier. Il avait été extrême-
ment célèbre à la fin de l'empire et au
début de la République. Ce grand finan-
cier et homme d'affaires n'avait pas été
populaire, si la popularité comporte le
succès devant le corps électoral. Mais, ce-
pendant, sa physionomie était connue
non seulement à Rouen et dans l'Eure,
où il avait ses usines et ses propriétés,
mais à Paris même, et on n'avait pas ou-
blié l'homme qui avait traité avec M. de
Bismarck les questions de tarifs de com-
merce et d'industrie. Pouyer-Quertier
était un protectionniste très décidé.
Entré à la Chambre des députés vers
1860, je crois, il s'y était montré l'adver-
saire acharné de M. Rouher. Aussi, quoi-
qu'il ne fût pas du tout un adversaire du
régime impérial, étant assez indifférent
en Dolitiaue. il fut combattu par le aou-
vernement impérial qui favorisa, contre
lui, l'élection d'un républicain, ce qui ne
manquait pas de piquant. Mais ce fut
surtout par le traité de Francfort que sa
physionomie fut mise en lumière. A ce
moment-là, M. Pouyer-Quertier était
ministre des finances. Thiers avait, dans
ses grandes lignes, réglé la partie de la
convention commerciale avec les Alle-
mands ; mais il restait à disoutr par le
menu une foule de points de détail.
Thiers se défiait, pour cette besogne,
de lui-même. Il avait peur d'être con-
traint à céder, un refus de sa part pou-
vant avoir des conséquences immédiates
graves. Il fallait un homme spécial qui
pût-être — le mot m'a été dit par Thiers
lui-même en ce temps-là — un « tam-
pon » entre les deux pays."Et,ajoutait-il,
ce gros Pouyer est de taille!» M. Pouyer-
Quertier, en effet, était un homme vi-
goureux, de grande taille, de respectable
corpulence, la face rouge et puissante,
grand travailleur, grand mangeur, grand
buveur, un de ces êtres dont on peut
dire, comme de Dumas père, qu'ils sont
une force de la nature. Normand de pied
en cap, il avait, des habitants de cette
province, toute la finesse allant jusqu'à
la ruse, l'esprit de discussion et de pro-
cédure, sous une apparence de rudesse.
Dans ses chasses de Normandie, comme
dans ses campagnes électorales, il avait
pris l'habitude de ne pas plus reculer
devant une fiole de grand vin que devant
une « bolée » de cidre ; et le pousse-café,
la rincette, la sur-rincette et la demio-
selle — ce sont les noms familiers que les
Normands donnent aux petits verres qui
suivent leurs formidables déjeuners —
ne le troublaient pas une minute. On a
fait, dans le temps, le récit pittoresque
de ses entrevues avec M. de Bismarck. On
sait que le grand-chancelier avait, dans
les plus grandes affaires et avec n'im-
porte quel personnage, une sorte de ron-
i' deur et de sans-gêne pour lesquels les
Berlinois ont fait un mot particulier.
Il aimait ses aises. Il ne lui déplaisait
pas de discuter en se grillant les jambes,
fumant sa grosse pipe et buvant du
Champagne, de la bière et du cognac —
qu'il a toujours fait venir de France. —
Cette excitation que donne un repas bien
arrosé lui paraissait favorable, et peut-
être, sûr de son sang-froid, espérait-il
parfois le voir un peu disparu de chez
l'adversaire avec lequel il discutait. Mais
M. de Bismarck trouva en M. Pouyer-Q uer-
tier à qui parier ! Pour une pipe que le
chancelier fumait, il en fumait deux, et
pour un bock bu, il en faisait disparaî-
tre deux. Pendant plusieurs jours de
suite M. Pouyer-Quertier discuta de la
sorte, pied à pied, les traités, et on ne
peut nier qu'il ne réussit à en atténuer
sinon l'esprit général, du moins certaines
dispositions de détail qui nous étaient
par trop désavantageuses.
M. de Bismarck disait à qui voulait
l'entendre qu'il avait trouvé devant lui
un ci rude hOlnme". Quant à Thiers, il
ne tarissait pas d'admiration. Discuter,
ce n'était rien pour lui qui, pour son
propre plaisir, causait, ou pour mieux
dire, parlait — car il écoutait peu, préfé-
rant exposer ses idées — des heures en-
tières. Mais fumer de cette façon et boire
de cette sorte, lui qui avait l'horreur du
cigare et tenait assez mal sa place à table,
malgré la légende de Vaux! « J'en serais
mort, disait-il de sa petite voix flutée. Il
fallait un intrépide comme Pouyer pour
résister et pour vaincre. » Ces négocia-
tions furent, d'ailleurs, l'heure héroïque
de la vie de M. Pouyer-Quertier. Il put
croire, au retour, que l'avenir lui réser-
vait une grande situation politique. Mais,
peu à peu, il fut oublié. Et, dernière-
ment encore, il échouait aux élections.
Henry Fouquier.
LE CONFLIT ITILO-AMERICAIN
(D'UN CORRESPONDANT)
Washington, 2 avril.
Le secrétaire d'Etat, M. Blaine, vient d'a-
dresser à M. Imperiali de Villafranca, char-
gé d'affaires d'Italie, une lettre dans laquelle
il exprime le regret sincère que lui cause le
départ de M. de Fava.
Le gouvernement américain ne voit pas
de raison suffisante à ce départ. Son regret
s'accentue par la croyance que M. de Fava
est rappelé à la suite d'un malentendu, les
faits avant été jugés d'une façon erronée
par le gouvernement italien.
Le gouvernement américain a essayé de
montrer qu'il n'avait pas le droit de donner
l'assurance, demandée par l'Italie, que les
coupables seraient punis. En effet, la Cons-
titution des Etats-Unis porte que tout ac-
cusé a droit à un jugement prompt par un
jury impartial.
Or, cette impartialité est incompatible
avec la promesse qu'on voulait obtenir du
gouvernement.
Mais celui-ci admet le principe d'une in-
demnité qui est formellement inscrit dans
le traité de février 1871 ; il attendra donc que
chaque fait essentiel soitétabli par un juge-
ment régulier et par l'autorité légalement
constituée. L'impatience de ceux qui se trou-
vent lésés est naturelle, mais la justice, pour
être équitable, n'admet pas la précipita-
tion.
Réplique italienne
(D'UN CORRESPONDANT)
Rome, 2 avril.
M. Imperiali de Villafranca, chargé d'af-
faires d'Italie, a reçu l'ordre de remettre à
M. Blaine, en réponse à sa note d'hier, la
note suivante :
« Le gouvernement italien n'a pas de-
mandé aulre chose qu'une prompte ouver-
ture de poursuites judiciaires régulières.
Il eût été absurde de prétendre à une puni-
tion sans la garantie d'un jugement régu-
lier. L'Italie renouvelle la même demande.
« L'incident diplomatique pourra être
considéré comme terminé seulement quand
le gouvernement fédéral aura déclaré,
d'une façon précise, qu'un jugement sera
bientôt ouvert.
« En attendant, on prend acte de la dé-
claration du gouvernement fédéral, qui
reconnaît qu'une indemnité est due aux fa-
milles des victimes en vertu des traités en
vigueur. »
LES MEFAITS
DU « PETIT JOURNAL »'
Encore le « Phare n. - Question indist
crètç. - L'affaire de la Coopération
- M. Secrétan..
Laborie, le 23 mars 1891.
Monsieur le rédacteur,
Vous faites vraiment une œuvre salutaire
en dévoilant les procédés des escrocs de
toutes sortes qui se cachent habilement
derrière des annonces alléchantes.
Vous ne sauriez vous imaginer avec quel
plaisir j'ouvre chaque matin le X/Xe Siè-
cle, depuis le commencement de la campa-
gne que vous menez contre le journal qui
leur donne le plus largement asile.
C'est que chacun de vos numéros dévoile
un tour nouveau et prémunit contre une
tentation possible.
Car la prudence subit une rude épreuve
devant ces offres d'emplois, de placements
avantageux, de prêts d'argent, lorsque l'on
se trouve justement dans le besoin.
On se dit : « Tout n'est pas pourri, et
ici, peut-être, aurai-je affaire à des gens
honnêtes". Et l'on va se laisser séduire
quand on trouve dans son x/xe Siècle la
divulgation de la supercherie.
Vous avez éventé déjà nombre de ces
trucs ruineux.
Mais j'ai eu surtout du plaisir lorsque
vous avez parlé du Phare littéraire.
Tout ce que vous avez dit à ce sujet est
vrai.
J'en sais quelque chose, car j'ai été abonné
à ce journal. Je payai 12 francs l'honneur
de devenir le collaborateur du Phare litté-
raire, mais il me fut impossible d'obtenir'
l'insertion d'un seul article. Cependant ma.
prose, à diverses reprises, a trouvé asile
dans les colonnes de journaux aussi jaloux:
de leur réputation que peut l'être le Phare.
Je fus d'ailleurs bientôt édifié sur la va-
leur et sur le but des personnes qui lan-
çaient cette affaire. La « petite correspon-
dance », particulièrement, était rédigée en
termes qui ne laissaient aucun doute sur
la nature de leur éducation.
Les extraits suivants vous permettront
de savouver le piquant du style de pes mes-
sieurs :
MM. les auteurs sont priés de ne plus nous
envoyer de sujets patriotiques. Ça devient ra-
sant.
A divers. — Tous les collaborateurs de notre
journal qui ont de l'esprit doivent nous trou-
ver des abonnemen,s de propagande. Ce n'est
pourtant pas difficile.
Jeannin.- Payez donc les livres commandés
par vous.
Crozat. — Faut-il vous classer dans les Sou..
gats ?
A certains littérateurs non abonnas. — Ces
personnes ont tellement de génie, qu'il leur
enlève leur politesse et la change en pédan-
tisme stupide et bête.
Lucien Brun, E. Oudan. — Et votre abonne.
ment?
Catoni. — La publication de votre charade
devait nous amener des abonnés. Hum 1 Huml
pure blague. Vous nous l'avez faite à l'o-
seille !
Si, comme on l'a dit, le style, c'est l'hom-
me, vous avouerez que l'on ne reconnaît
pas là des familiers du Parnasse.
Vous parlez d'un journal qui demandait
0 f. 50 la ligne pour l'insertion des romans-
feuilletons. -
Le Phare littéraire se charge de l'impres-
sion des œuvres de ses collaborateurs,mais
à des prix plus élevés encore.
Je regrette d'avoir perdu les tarifs, je
vous les aurais envoyés avec plaisir; mais
il vous sera facile de vous les procurer,
ainsi que les prospectus, 2Ji, rue Rodier.
La publication de ces documents ne man-
quera pas d'intéresser vos lecteurs.
Ces différentes sources de bénéfices ne
suffisent pas aux organisateurs de l'entre-
prise. De temps en temps ils font de pres-
sants appels à la générosité de leurs clients,
sous le prétexte fallacieux de travailler à
faire connaître des talents ignorés.
I ! s organisent ainsi des - concours' soi-
disant littéraires où l'envoi d'un manuscrit
est permis, moyennant un droit qui varie
de 1 à 3 francs.
Je crois, monsieur le rédacteur, que vous
rendrez servicé à vos lecteurs en les aver-
tissant de nouveau d'avoir une fois de
plus à fermer leurs poches.
Veuillez agréer, monsieur le rédacteur,
mes respectueuses salutations.
ESCALIER.
Mines hongroises
Monsieur le directeur,
Vous qui connaissez si bien les dessous
du Petit Journal, pourriez-vous me rensei-
gner sur une affaire qu'il a patronnée dans le
courant de l'année 1887 et qu'il a chaude-
ment recommandée à ses lecteurs par des
articles signés Thomas Grimm?
Je veux parler des Mines d'or de la Hon-
grie, émises par une caisse de reports de la
rue Richelieu : 12,000 actions de 500 fr.
Dans son numéro du 23 septembre 1887,
le Petit Journal annonçait que « le succès
de cette émission avait été complet et qu'il
fallait s'attendre à bref délai à une impor-
tante plus-value sur ces actions ».
Depuis lors je n'en ai jamais plus en-
tendu parler, ni dans ce journal, ni dans
aucun autre. J'ai demandé des renseigne-
ments au banquier dû chez moi et à l'a-
gence du Crédit lyonnais installée dans la
ville voisine, et il m'a été dit qu'on ne con-
naissait pas cette affaire, dont Je nom ne
figurait sur aucune cote, officielle ou non
officielle. Je me suis adressé au rédacteur
financier du Petit Journal et à son service
des primes. Oa ne m'a pas répondu. Pour-
quoi ?
Le Petit Journal doit bien une réponse
aux naïfs qui ont eu confiance en lui et
qu'il met dedans avec tant de cynisme.
Agréez, ec.
Nouvelle recrue
Avec les défenseurs des escrocs du Petit
Journal, il faut s'attendre à tout.
Avant-hier ils allaient interviewer M. de
La Rochefoucauld dans une maison de
santé.
Hier ils interviewaient M. Secrétan, con-
damné récemment à six mois de prison
pour l'accaparement des cuivres, la plus
audacieuse et la plus monstrueuse entre-
prise qui ait été tentée depuis longtemps
contre l'épargne française.
M. Secrétan dit que si sa tentative a
échoué, le XIXI- Siècle en est seul cause. S'il
a été ooursuivi et condamné, c'est que le
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