Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1891-03-31
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32757974m
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 31 mars 1891 31 mars 1891
Description : 1891/03/31 (A21,N7015). 1891/03/31 (A21,N7015).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7565736v
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 29/04/2013
vingt-et-unième année. - N° /,015
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Assnrances owrières
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-.' Un ouvrier, qui n'a pour gagner sa
vie et celle de sa famille d'autre capi-
tal que ses deux bras, est victime d'un
accident. La machine qu'il servait a
saisi, enlevé un travailleur valide et
robuste. Elle rend un cadavre ou un
infirme, un invalide du travail, à
charge désormais à lui-même et aux
autres.
Où le malheureux va-t-il trouver
l'assistance qui lui devient indispen-
sable? Qui va le remplacer près des
siens? Plus de salaire. Qui apportera
chaque soir la becquée au nid, qui
donnera la pâture aux petits?
C'est sous cette forme cruelle et
saisissante que se pose le problème de
l'assurance contre les accidents. Ce
ne sont pas les solutions qui man-
quent. Laquelle est préférable? Pour
le savoir, il n'est peut-être pas inutile
de feuilleter du pouce la législation
sur cette matière qu'a depuis quinze
ans édictée notre voisine, la Républi-
que helvétique. :'
M. Raoul Jay, le très distingué pro-
fesseur de la Faculté de droit de Gre-
noble, vient de consacrer à cet exa-
men quelques pages toutes remplies
d'enseignements.
En Suisse, comme dans toutes les
autres nations du continent, ce n'est
point par des dispositions spéciales et
exceptionnelles, mais bien par l'ap-
plication du droit commun que le lé-
gislateur s'est d'abord flatté de résou-
dre cette grosse question de la répa-
ration des accidents du travail.
Rien de plus simple que cette théo-
rie qui nous vient en droite ligne du
droit romain. Rien de plus inique
aussi. C'est bien le cas ou jamais de
rééditer la vieille formule connue :
Summum jus, summa injuria. D'après
cette doctrine, le patron n'est respon-
sable que lorsqu'il a commis une faute
lourde. Inutile d'ajouter que c'est à
la victime ou à ses héritiers qu'in-
combe la charge de démontrer sa res-
ponsabilité.
P Un premier accroc à ce système
d'une logique impitoyable fut ap-
porté par la législation des chemins
de fer. Exiger du voyageur qu'il
prouvât, en cas d'accident, la faute
du transporteur, franchement, c'était
faire la part trop belle aux compa-
gnies. On le comprit. La loi fédérale
du 1er juin 1875 mit à leur charge l'o-
bligation de prouver la négligence ou
la faute des voyageurs.
Ce premier pas fut bientôt suivi
d'un second. Une loi fédérale de 1877
étendit le même principe à l'industrie
privée. Mais elle ne visait que les pro-
priétaires de fabriques. Les simples
exploitations de métier manuel ou de
petite industrie n'en étaient pas tou-
chées.
Mais bientôt une nouvelle et grave
atteinte au droit commun allait être
reconnue indispensable. La loi de
1877 laissait au juge, pour la fixation
des dommages-intérêts, un droit ar-
bitraire et souverain d'appréciation.
Il en résultait d'assez sérieux incon-
vénients pour les industriels dispo-
sant de ressources médiocres, sur la
tête desquels était constamment sus-
pendue la menace de dommages-inté-
rêts considérables.
Aussi, la loi fédérale du Z juin
1881 se proposa-t-elle de les mettre à
l'abri de ces fâcheuses éventualités
en déterminant le maximum de dom-
mages-intérêts qui pourrait être al-
loué.
Même ainsi modifiée, la législation
sur les accidents ne laissait pas que
de provoquer d'amères critiques, tant
de la part des ouvriers que des pa-
trons. Elle présentait le très gros dé-
faut de laisser en dehors de sa pro-
tection bon nombre d'établissements
où les risques professionnel s n'étaient
pas moins grands que dans ceux sou-
mis à la loi. C'est en vue de combler
cette lacune que fut voté le texte de
1887. Il ne se contenta pas d'étendre
le champ de la protection légale. Des
précautions furent prises pour qu'une
pression frauduleuse ne permît pas
aux patrons d'obtenir de leurs em-
ployés des décharges de complaisance,
des quittances à l'amiable surprises
à la misère ou à l'ignorance.
Tant de précautions combinées pour
sauvegarder au mieux tous les inté-
rêts engagés ne devaient servir de
rien. Les ouvriers se plaignaient de
ne pas se trouver suflisamment pro-
tégés et d'en être réduits à. intenter
des actions en justice, lentes et coû-
teuses, pour faire triompher leurs
droits. Quant aux patrons, ils protes-
taient contre les charges que la légis-
lation, pourtant incomplète et insuf-
fisante, sur la responsabilité faisait
jpeser sur leurs épaules.
La conséquence de cette situation
s'est maiàfestée il y a Six mois. Pa-
trons comme ouvriers réclamaient
depuis plusieurs années la substitu-
tion aux lois sur la responsabilité
d'une doctrine nouvelle mieux adap-
tée aux conditions modernes de la
production. Le S6 octobre 1890, le
peuple suisse, par â83,ââ8 oui contre
9â,â00 non, adoptait un article nou-
veau de la Constitution fédérale où
est posé le principe de l'assurance
obligatoire.
En quinze ans, nos voisins ont
passé de la théorie juridique la plus
étroite et la plus rigoureuse sur la
responsabilité en matière d'accidents,
à l'idée la plus large et la plus hu-
maine, qui fait de l'assurance un mé-
canisme quasi-automatique garantis-
sant l'existence de chaque citoyen
contre tous les risques inhérents à sa
profession.
L'exemple est à coup sûr suggestif.
Il mérite d'être médité.
A. Millerand
Le X.Â.À" .:;..u.i,.a..l:.i paOuera aeaiaui la
a Chronique », par M. Paul Ginisty.
L'ATTENTAT DE SOFIA
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICUUBB)
Sofia, 29 mars.
Les funérailles du ministre des finances,
M. Beltchef, auront lieu aux frais de l'Etat.
L'ancien secrétaire général du ministère
des finances n'était ministre que depuis
quelques mois. Sa nomination avait été ac-
cueillie avec enthousiasme parla Sobranié.
Quoique un cordon de troupes entoure
la vilje, on croit que l'assassin a pu s'é-
chapper.
M. Stamboulof avait reçu depuis un mois
deux avis mystérieux lui annonçant qu'il
était condamné à mort, mais il n'y avait
fait aucune attention.
C'est donc lui qui était visé. La signature
des deux avis portait : « Les Vengeurs de
Panitza ».
On croit présentement que M. Stamboulof
a été blessé, mais qu'il en cache la nou-
velle.
L'état de siège a été proclamé à Sofia et
les frontières sont fermées.
Deux cent cinquante personnes ont été
arrêtées, parmi lesquelles se trouvent, com-
me on l'a déjà annoncé, M. Karavelof.
CADEAUX A M. DE BISMARCK
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULlBR)
Berlin, 29 mars.
L'Union allemande des industriels et pro-
priétaires de manufacture vient d'offrir au
prince de Bismarck un magnifique service
de table du poids de 1,400 livres d'argent
nu.
Ce service se composé de 200 assiettes, de
nombreux plats, tasse?, cafetières, etc., etc.,
de 350 fourchettes, de cadélabres, de jardi-
nières.
Le surtout de la garniture de table est une
pièce monumentale où on lit sur un écus-
son doré les inscriptions suivantes :
«Versailles, 18 janvier 1871, proclamation
de l'empire. — 10 mai 1871, traité de paix
de Francfort. — 15 juillet 1871, tarif des
douanes. — 17 novembre 1881, envoi du
message impérial. »
Et comme devise :
« Nous autres Allemands, craignant Dieu,
nous ne craignons personne au monde. »
Le service de table a une valeur de 750,000
marcs (près d'un million de francs).
Les industriels ont ménagé un second
cadeau à M. de Bismarck, en achetant
moyennant 80,000 marcs, dans le voisinage
de Friedrichsruhe, une propriété dont le
titre sera remis au prince le 1er avril.
LE CRIME DE THIVERVAL
Les trois versions de Job. - Nouvelles
rétractations
Nous avons annoncé jeudi que Job avait
reconnu sa participation à l'assassinat de
Mme Dagomet.
L'inculpé vient de se rétracter, avec un
aplomb dont lui seul a le secret.
Les trois versions qu'il a données jusque-
là sont fausses et il entre dans de nouvelles
explications.
Mis en présence d'un bookmaker qui le
connaissait bien, il n'a pas osé, en face des
déclarations nettes et précises de ce der-
nier, soutenir plus longtemps l'existence
du fameux Harpin.
Son dernier récit était donc une pure in-
vention, comme les précédents du reste.
Mais Job n'est pas à bout de ressources, et
il a prouvé de suite qu'il était décidé à
continuer son système, c'est-à-dire égarer
les recherches de la justice. On ne doute
plus cependant de sa participation directe
au crime, et si l'on insiste encore, ce n'est
que pour obtenir un aveu complet.
Après le départ du bookmaker dont nous
venons de parler, Job a été confronté avec
deux de ses parents de Thivernal.
Ces derniers l'ont adjuré de faire connaî-
tre enfin la vérité, ou de ne pas faire pla-
ner plus longtemps les soupçons sur lui et
de désigner l'assassin.
Dernière histoire
Job a alors imaginé une nouvelle his-
toire. La nuit du crime, il l'a passée à Ver-
sailles, chez une femme mariée qu'il re-
fuse de désigner. Avant le jour, il se dirigea
vers la gare des Chantiers pour regagner
Paris.
En montant dans le train de huit heures
quarante, qui venait de passer à Thiverval,
il aperçut un de ses amis qui lui fit signe
de monter auprès de lui.
Cet ami est un habitant de Thiverval.
— Je viens de commettre un crime épou-
vantable, dit-il à Job.
-Serait-il possible! s'exclama ce der-
nier.
L'ami raconta alors qu'il avait assassiné
Mme Dagomet pendant la nuit à Thiver-
val, dans l'espoir de se procurer de l'ar-
gent. t
« 11 me donna en même temps, ajouta Job,
une montre en or et une timbale en argent,
et me fit jurer de ne jamais le dénoncer,
quoi qu'il arrivât. J'ai juré, et je ne ferai
jamais connaître le nom de cet homme. »
On ne put obtenir de plus amples expli-
cations de l'inculpé qui en est aujourd'hui
à sa quatrième version.
Job lit route avec son prétendu ami jus-
qu'à Paris Arrivés là, ils se perdirent de
vue. -. •
j LES
MARQUES DE FABRIQUE
PRODUITS FABRIQUÉS A L'ÉTRANGER
Dommage causé à l'industrie nationale.
Consultation des Chambres et des
Tribunaux de commerce. — La
Douane et les Parquets. —
Comme en Angleterre.
Au moment où les pouvoirs publics en
France s'occupent de reviser notre système
de relations commerciales, il nous semble
opportun d'appeler l'attention du gouver-
nement sur le préjudice que cause à notre
industrie la pratique qui consiste à intro-
duire dans notre pays des objets fabriqués
à l'étranger et qui portent, soit la désigna-
tion d'une localité française, soit le nom vé-
ritable ou simulé d'un fabricant français.
S'il peut paraître excessif d'imposer aux
commerçants de faire connaître l'origine
des produits qu'ils mettent en vente, on ne
saurait admettre davantage que des mar-
chandises soient offertes revêtues d'indica-
tions destinées à tromper sur la localité ou
le pays d'où elles proviennent. C'est là un
principe de loyauté commerciale élémen-
taire.
L'acheteur qui acquiert un objet marqué
du nom d'un négociant français et d'une
localité française croit acheter un produit
français; si l'objet a été fabriqué au dehors,
il est trompé, et un dommage est causé à
l'industrie nationale au profit de la con-
currence étrangère.
Les mesures préventives
Tous ceux qui sont un peu au courant
des questions commerciales connaissent les
nombreux abus tolérés sur ce point par le
service des douanes. Ils ont été si considé-
rables que dés le commencement de 188A,
un groupe de sénateurs déposait une pro-
position de loi relative aux «fraudes tendant
à faire passer pour français des produits
fabriqués à l'étranger ou en provenant. »
Quelque temps après, sur le rapport pré-
senté par M. Dietz-Monin, au nom de la
commission d'initiative, la proposition était
prise en considération et renvoyée à l'exa-
men d'une commission spéciale.
Mais en même temps, cette commission a
eu à étudier diverses autres questions con-
cernant les marques de fabrique et de com-
merce ayant donné lieu à des enquêtes pro-
longées, si bien qu'à l'heure actuelle le
Sénat n'est pas encore saisi de l'affaire. En
1887, le Journal officiel a publié un volumi-
neux rapport, rédigé par M. Dietz-Monin,
qui a été soumis à l'examen des chambres
et des tribunaux de commerce, et l'on ne
sait pas encore si cette consultation est ter-
jminée, ni quels résultats elle a fournis.
Cependant, en 1886, les plaintes des négo-
ciants français devenant de plus en plus
nombreuses, le gouvernement crut pouvoir
agir efficacement par voie administrative,
et par une circulaire du 37 février 1886, le
ministre du commerce, d'accord avec ses
collègues des finances et de la justice, fai-
sait connaître qu'à l'avenir l'introduction
en France d'articles portant soit la marque,
soit le nom d'un fabricant français, soit
enfin une mention quelconque pouvant
faire supposer que lesuits produits seraient
de provenance française, était interdite et
que toutes marchandises offrant ce carac-
tère et présentées à la douane seraient
saisies.
Le 11 mai suivant, une circulaire de M.
Pallain, directeur général des douanes, tra-
çait aux agents placés sous ses ordres la
ligne de conduite qu'ils devaient suivre
pour l'application de cette nouvelle doc-
trine.
Il est juste de dire que cette modification
des pratiques de la douane et du ministère
du commerce avait été motivée par un ar-
rêt de la cour de càssation en date du 83
février 188A. La cour suprême, en effet,
abandonnant une jurisprudence antérieure,
avait déclaré délictueuse l'introduction en
France de boutons fabriqués en Italie et
fixés sur des cartons revêtus de la mention
« Nouveautés de Paris" ou « Modes pari-
siennes », et formulé les principes qu'il y
avait lieu d'appliquer dans l'espèce.
Le nouveau règlement semblait devoir
donner toute satisfaction. Dans les premiers
moments, la douane a opéré un certain
nombre de saisies, mais, la plupart du
temps, les parquets n'ayant pas jugé qu'il
y eût lieu à poursuites, on a laissé passer.
Les importateurs, un moment effrayés, ont
repris leurs anciennes habitudes, et les
commissionnaires ou commerçants qui
trompent sur l'origine des max-chandises
se livrent aujourd'hui à ce trafic à peu
près impunément.
La solution
« L'industrie des plumes métalliques,
dit à ce sujet une brochure que nous avons
sous les yeux, est de celles qui ont le plus
à souffrir de la tolérance de la douane. »
Certains cas sont, en effet, assez curieux.
Ainsi, par exemple, un assez grand nom-
bre de négociants français font fabriquer
en Angleterre des plumes portant des mar-
ques absolument françaises, souvent même
tout simplement leur nom et leur adresse,
les introduisent paisiblement en France,
puis les vendent et même les exportent.
comme produits de l'industrie nationale. Il
y a là une tromperie.
Nous en avons un exemple dans ce fait
-
que,depuis quelques années, un grand nom-
bre de municipalités pour leurs écoles,
d'administrations pour leurs bureaux, exi-
gent de leurs fournisseurs des plumes et-
des crayons fabriqués en France. Or, si on
permet l'introduction, comme produits de
l'industrie nationale, de plumes et de
crayons fabriqués en Angleterre, on fait
échouer le bon vouloir des acheteurs, on
favorise la fraude. Pour la supprimer, il
faudrait exiger la production d'une facture
de fabricant français, et bien peu d'ache-
teurs poussent la rigueur jusqu'à ce point
Aujourd'hui, pour rendre possible Jlasai-
sie en douane, l'industriel français doit
justifier qu'il y a, sur les produits intro-
duits frauduleusement, la double condi-
tipn de fausse indication d'origine et de
faux nom. Il suffit de réfléchir une minute
pour voir combien sont larges et lâches les
mailles par lesquelles peuvent passer les
industriels déloyaux. Il y a là, pour notre
industrie nationale si justement réputée,
non seulement une perte matérielle, mais
un préjudice moral considérable qui ne
peut que profiter à nos concurrents étran-
gers sur les marchés éloignés et même en
Europe.
Il est donc urgent d'y remédier. Le com-
merce tout entier demande qu'on applique
en France le mémo régime que celui suivi
en Angleterre et 'dans les colonies an-
glaises.
A la suite de nombreuses plaintes et des
réclamations du commerce anglais sur la
véritable inondation de produits allemands
importés comme anglais, avec les marques
de fabrique et noms imités, en Angleterre
même et dans les colonies anglaises, le Par-
lement anglais a voté en 1887 le bill dit
« Marchandise marck aet", qui a mis fin
à ces honteuses pratiques de quelques fa-
bricants sans pudeur.
« L'application rigoureuse de ce bill, li-
sons-nous dans un rapport adressé sur ce
sujet au ministre du commerce par la
chambre de commerce française de Bruxel-
les, a produit les meilleurs effet?, les doua-
nos anglaises et coloniales saisissant et dé-
truisant impitoyablement tout ce qui ne
porte pas de marque d'origine étrangère et
surtout ce qui porte une marque anglaise
venant même d'une maison anglaise éta-
blie à l'étranger, Les vendeurs qui dissimu-
lent l'origine de leurs produits sont sévè-
rement punis d'amende, à la demande des
chambres syndicales des différents métiers.
» Quelques commerçants éhontés, regret-
tant les beaux bénéfices qu'ils réalisaient
précédemment et que ce bill contrarie,
cherchent de nouveau à tourner la diffi-
culté, mais les chambres syndicales ne re-
culent devant aucun sacrifice pour décou-
vrir les fraudes qui peuvent se produire,
les faire connaître et atteindre les coupa-
bles.
» Dans tous les cas, les fabricants anglais
sont beaucoup mieux protégés que les nô-
tres en ce qui concerne leurs marques de
fabrique, et, de cette façon, le travail est
toujours assuré aux ouvriers nationaux. »
On le voit, il est grand temps d'agir et la
commission sénatoriale, sinon le gouver-
nement, devrait bien comprendre qu'il
faut aboutir sur ce point spécial, dût-elle
pour cela scinder en deux son travail.
LES VOYOUS APOSTOLIQUES
"L'abbé-voyou" qui posait des colles pu-
bliques au prédicateur de l'église de Mont-
rouge, et dont nous avons parlé au com-
mencement du carême, fait école. Voici, en
effet, la copie d'un petit bulletin rose qu'on
distribue depuis deux jours un peu de
tous les côtés, et principalement au envi-
rons des brasseries :
ÉGLISE SAINT-AUGUSTIN
MISSION POPULAIRE
Mercredi 1er avril et vendredi 3 avril
CONFÉRENCES AVEC OBJECTIONS EN PUBLIC
A huit heures précises du soir
Lundi 6 avril
OUVERTURE SOLENNÉLLE DE LA MISSION
PRÉSIDÉE PAR
8. E, le Cardinal Archevêque de Paris
Mardi 7 avril
Distribution de Livres à tout le monde
Mercredi 8 avril
CONFÉBBHCES AVEC OBJECTIONS EN PUBLIC
Jeudi 9 avril
FÊTE DES LUMIÈRES
Vendredi 10 avril
CONFÉRENCE AVEC OBJECTIONS
Samedi Il avril
Distribution ds Crucifix et de Médailles à tout le monde
Dimanche 12 avril
BÉNÉDICTION PAPALE
La clièntêle de la paroisse Saint-Augustin
est considérée comme trop sélect pour
qu'on ose lui servir le petit abbé blême qui
faisait le voyou pâle dans l'église de Mon-
rouge. On va évidemment lui servir un
voyou aristocratique.
Et pourtant on croit nécessaire, pour l'at-
tirer, de lui distribuer gratuitement des li-
vres et des médailles. Peut-être même of-
frira-t-on du thé et des sandwiches.
Il nous semble que c'est traiter assez ca
valièrement les paroissiens qui possèdent
pignon sur le boulevard Malesherbes,
LE TSARÉVITCH A SAIGON
Nous avons donné hier la nouvelle de
l'arrivée à Saïgon du tsarévitch. Voici des
détails sur le cérémonial qui a présidé à sa
réception :
Saïgon, 29 mars.
Le tsarévitch est arrivé hier soir à Saï-
gon sur le croiseur Pamial-Azova, escorté
par les croiseurs Wladimir-Monomach et
Mandjour.
Le cuirassé Amiral-Nachimoftest resté au
cap Saint Jacques.
Aussitôt le Pamial-Azova mouillé, le con-
tre-amiral Besnard, commandant en chef
la division navale de l'Extrême-Orient, puis
M. Piquet, gouverneur général, avec sa
maison militaire, et M. Danel, lieutenant-
gouverneur de la Cochinchine, ont rendu
visite au prince, qui est descendu à terre
presque immédiatement pour se rendre au
gouvernement général.
Les hauts fonctionnaires de la colonie, le
maire de Saïgon, etc., se tenaient sur l'ap-
pontement au moment du débarquement
du tsarévitch. Les troupes formaient la
haie jusqu'au palais du gouverneur géné-
ral, où des appartements avaient été
installés pour recevoir l'héritier du trône
de Russie. -
Saïgon est en fête; la ville est entière-
ment pavoiséè et, hier soir, elle était bril-
lamment illuminée.
Hier, grand dîner chez le gouverneur
général, qui a porté un toast au tsar.
Le prince a remercié du chaleureux ac-
cueil qu'on lui a fait en Cochinchine et a
bu à la France et au président Carnot.
Après le dîner, représentation de gala au
théâtre, retraite aux flambeaux et grande
fête offerte par la municipalité dans le jar-
din de la ville.
Aujourd'hui, revue des troupes et bal
chez le gouverneur général.
Demain, jour de la fête du Dragon, cour-
ses à Cholon, la ville chinoise près Saïgon;
puis le tsarévitch assistera à un grand bal
offert en son honneur, sur le vaisseau-pon-
ton la Loire, par les officiers de terre et de
mer.
Mardi matin, grande chasse dans les en-
virons de Saïgon. Au retour, l'escadre russe
appareillera.
La population française et des masses
d'indigènes venus de tous les points de la
colonie ont fait au prince une chaleureuse
réception.
LES MEFAITS
DU « PETIT JOURNAL"
QUELQUES ANNONCES
L'émigration au Chili. — Pas de tra-
vail garanti.- Encore l'escroquerie
au prêt sur signatures.— La mo-
ralité de MM. Marinoni et
Poidatz.
Nous avons reçu la lettre suivante :
Bélâbre, le 515 mars 1891.
» Monsfeur,
» Vous avez jusqu'ici conduit à bien la
campagne que vous avez entreprise contre
le Petit Journal au sujet des nombreuses
annonces que des farceurs font insérer à la
quatrième page de ce journal, et vous avez
ainsi rendu beaucoup de services à vos lec-
teurs en leur dévoilant ces escrocs.
» Il parait aujourd'hui dans le numéro
du Petit Journal une annonce ainsi con-
çue:
PASS "GES gratuits pour l'Amérique. —
I DiAiÇijLkQjjilJLf lJllo Par suite du manque de bras
au Chili, il est fait à tous travailleurs et à
leurs familles avance du passage avec nour-
riture. Réception et direction à l'arrivée, tra-
vail certain. Liberté absolue. Ville-de-Metz par-
tira de Bordeaux le £ 9 avril. — S'adresser à
M. H. Bordes, 6, quai Louis-XVIII, à Bor-
deallx..
» Que pensez-vous de cette émigration
et que conseillez-vous aux Français de
faire? Il paraît qu'une fois là-bas on est
traité comme des chiens pour parvenir à
payer son passage.
» Eu renseignant vos lecteurs sur ce sujet,
vous leur rendriez certainement un grand
service.
» Agréez, etc.
» ERNEST BELCART. »>
On a remarqué dans l'annonce ci-dessus
les mots : travail certain.
Nous nous sommes rendu chez M. Gan-
darillas, agent officiel du gouvernement du
Chili à Paris, qui nous a remis la formule
officielle que doivent signer les émigrants,
et dont voici la copie :
ÉMIGRATION POUR LE CHILI
Avance de passage
ENGAGEMENT DE REMBOURSEMENT
Devant m'embarquer eu qualité d'émigrant
pour la République du Chili, accompagné de
personnes de ma famille, avec l'avance
du prix de places, je m'engage à en rem-
bourser le montant, soit livres ster-
ling en quatre payements et sans intérêts,
dans le délai de deux années, de six mois en
six mois, à partir du jour de mon arrivée au
Chili, et à signer les billets correspondants,
selon qu'il me sera indiqué àu Chili par M. le
directeur du buneau d'immigration..
Je reconnais que lé gouvernement du Chili ni
m'assure aucun travail, et qu'il est libre de tout
engagement tant à mon égard qu'à celui de ma
famille, et.que, réciproquement, je ne contracte
d'autre engagement vis-à-vis dudit gouverne-
ment que celui de lui rembourser les sommes
qu'il m a avancées, tant pour moi que pour
ma famille, et dont le montant est arrêté plus
haut.
M. Gandarillas nous a ensuite déclaré
que le gouvernement du Chili connaissant,
par l'exemple de la République argentine,
le danger qu'il y a pour un pays à forcer un
mouvement d'immigration, a limité a trois
cents par mois le nombre des passages dont
il fait l'avance.
Dans ces conditions, nous a-t-il assuré,
la plupart des étrangers qui débarquent à
Valparaiso ont grandes chances de trouver
à s'occuper. Mais il faut qu'ils sachent faire
quelque chose ; les comptables et autres
plumitifs sont certains de ne trouver aucun
emploi.
En tout cas, le gouvernement ne garantit
rien et ne peut héberger les émigrants plus
de huit ou dix jours.
En résumé, nous a-t-il dit, je conseille
toujours à ceux qui peuvent vivre en France
de rester chez eux.
Ajoutons que, s'il n'y a pas de primes
d'émigration, la Compagnie française du
Pacifique reçoit par tête française apportée
au Chili une somme de 250 francs, sur la-
quelle l'agence de recrutement Bordes tou-
che. « sa petite commission". Voilà qui
explique l'annonce de M. Bordes dans la
feuille de MM. Marinoni et Poidatz.
Nouveau témoignage
Malgré tout ce que nous avons dit déjà
sur ce sujet, le Petit Pickpocket continue à
publier chaque jour toute une kyrielle d'an-
nonces de prêts sur signature.
Voici un nouveau témoignage qui mon-
tre ce que valent ces annonces et ce qu'el-
les cachent :
« Paris, 27 mars 1891.
.- » Monsieur le directeur, -
"Lescroquerie dont j'ai été victime va
vous démontrer que le Petit Journal, non
content de faire des affaires avec les filous
et les repris de justice, trouve tout naturel
de solliciter les annonces des individus qui
se trouvent sous le coup de poursuites cri-
minelles.
» Un triste matin de septembre, je lus dans
la feuille Marinoni-Poidatz l'annonce sui-
vante :
i DRÊTfi sur signature à tout commerçant.
Lévy, 2A, rue Oberkampf.
"J'étais alors tailleur à Poitiers, et depuis
longtemps je cherchais en vain une combi-
naison me permettant de concilier l'abais-
sement du prix de mes culottes avec le tarif
inauguré par quelques tailleurs parisiens,
et par suite la diminution du taux de mes
bénéfices avec les exigences du crédit qui
m'é'.ait imposé par mes clients.
» Dans l'espoir de trouver un moyen prati-
que d'augmeriler mon fonds de roulement,
j'écris à l'adresse indiquée.
"Par retour du courrier je reçois une cir-
culaire du Comptoir régional, installé bou-
levard Voltaire, Al bis, ayant pour direc-
teur un sieur G. Denis. En marge du pros-
pectus on avait apposé avec une griffe la
mention : « De la part de M. Lévy ». On
m'offrait, moyennant une commission de
5 0/0 payable d'avance, d'excellentes va-
leurs acceptées à mon ordre par des signa-
tures de la place de Paris et remboursa-
bles à 90 jours.
» Je donne des références, j'envoie 250 fr.
de commission, et le 18 septembre je reçois
7 effets formant un tolal de 5,000 francs,
accompagnés d'une lettre dont j'extrais les
passages suivants:
» Vous escompterez ces valeurs chez un
banquier de votre ville en lui disant qu'el-
les vous sont souscrites par d'anciens clients
ayant quitté Poitiers, habitant actuellement
t *
Paris, et dont la solvabilité vous est con-
nue.La somme étant importante, nous vous
engageons à ne pas faire escompter le tout
à la même banque. Au cas où vous n'auriez
qu'un hanquier, il nous semblerait bon —
on avait biffé le mot « prudent" — que
vous divisiez en plusieurs bordereaux, que
vous présenteriez à,huit ou dix jours d'in-
tervalle.»
» Impossible,bien entendu,d'escompter le
moindre de mes effets. J'écris au sieur
Denis, qui me répond que le plus pratique
est de prier un commerçant de mes amis
de joindre mes valeurs à son bordereau
pour les faire passer dans le tas. Et comme,
après cette lettre, je le menace de déposer
une plainte au parquet, il le pivnd de très
haut et me répond par cette phrase épi.
que :
« Quant à vos menaces du parquet, elles
ne sauraient vous avoir été suggérées que
par un conseil insuffisamment expérimenté,
notre maison étant à l'abri des suspicions.
Le traité étant formel, une plainte de vous
ne pourrait être considérée que comme ten-
tative de chantage. »
» La trouvant un peu forte, je viens à Pa-
ris, et là j'apprends que Denis et Lévy
constituent un seul personnage sous le coup
d'un mandat d'amener.
» J'en étais donc pour mes 250 francs,
plus mes frais de voyage. Et quand je
pense à tous les timbres-poste qui m'ont
été carottés par le Petit Journal, à moi et à
plusieurs de mes amis qui les envoyaient
à l'administration pour obtenir « les ren-
seignements d'intérêt personnel » qu'on
promet tous les jours, je me demande si
MM. Marinoni et Poidatz n'avaient pas un
intérêt daus l'agence du sieur Denis.
» Un de vos lecteurs assidus. »
Nous tenons le nom du signataire à la
disposition de qui de droit. -
M. René d'Hubert
MM. Marinoni et Poidatz ont trouvé uft
nouveau défenseur dans la personne de M.
René d'Hubert, directeur du Gil Blas.
Lui, du moins, n'est pas un pseudo-jour-
naliste. Il n'a sur la conscience ni un livre
ni un article de journal. Avant de devenir
le directeur d'un grand journal littéraire,
il était marchand de brosses à dents.
Mais, dès son entrée dans le journalisme,
il a débuté par un coup de maître. C'est lui
l'inventeur des annonces d'un genre abso-
lument inédit que le Gil Blas publie quoti-
diennement sous la rubrique Petite Corres-
pondance.
Voici quelques-unes de ces annonces
cueillies dans les numéros d'hier et d'à van t-
hier. Nous avons choisi les plus convena-
bles :-
Pressé.J,fem.2Aa.br.dist.b.f.désir.tr.M.génér.ri.
q.d.suite 15 l.pour sort. cru. emb. Ec. B7X, bur.3.
J.li.30a.ay.s.mat. lib.dés.con.j.fmeq.pour.recev.
chezelleSf.p.sem.BOf.p.mois.BSAZ.HoteldeVille.
Jne femme dist.inst.,cherche M.riche bon et gén.
pr lui venir en aide. Ecr. L. L, au Gil Rlas.
QuelM.veutdo.3i.p.m'aim.suiSj olieb.fai.X.I.b.22.
Une tr.jol.jeune f fausse maigre,tr.b.f.dem.ami
q. d. 5 1. des. tr. sér. tr. press. Biana, Gil Blas.
citons-en une encore : c'est le bouquet 1
M.33 a. dist. dés.con. dme M à 60 ans. E.F.37,b.7A.
D'après ces annonces vraiment caracté-
ristiques, on peut juger de la moralité des
défenseurs de MM. Marinoni et Poidatz.
(La suite à demain.)
CHRONIQUE
Il est mort cette semaine deux hommes
qui avaient l'un et l'autre survécu au
renom de leurs œuvres. C'est le hasard de
la mort qui réunit leurs deux noms dans
une même chronique; car il n'y a bien en-
tendu, nulle similitude, ni de talent ni
de réputation, à établir entre eux : l'un
est Henri Berthoud, et l'autre Joséphin
Soulary.
Ce pauvre Henri Berthoud, je me fe-
rais scrupule de le laisser partir sans un
petit mot d'adieu. C'était un si brave
homme ! Je fis sa - connaissance quand je
revins à Paris pour m'y jeter dans le jour-
nalisme, il y a déjà près de trente ans. Il
me paraisssait déjà vieux en ce temps-là,
et le fait est qu'il n'était plus jeune.
Il a poussé jusqu'à quatre-vingt-neuf
ans.
Il commençait à être déjà un peu ou-
blié, un peu négligé tout au moins. Mais
vous ne sauriez croire de quelle renom-
mée il avait joui de 18M) à 1850. Il était
l'un des rédacteurs les plus assidus, et
peut-être même le directeur du Musée des
Familles, et nous lisions tous au lycée le
Musée des Familles, qui était un livre de
lecture permis. Le nom de Berthoud a
été familier à toute ma génération. ?
C'était un aimable vulgarisateur de la i
science. Il avait un art incomparable
pour imaginer de petites histoires où il
fourrait la notion scientifique dont il
voulait instruire ses lecteurs. Il n'était
sans doute pas l'inventeur de ce procédé,
dont nos pères auraient dit qu'il servait
à emmieller les bords du vase amer de la
science ; mais il l'avait porté à un haut
point de perfection, et ses articles, qu'il
a réunis en volumes, faisaient notre joie.
M. Louis Figuier a pris sa succession
plus tard ; vous savez le succès énorme
qu'il a obtenu pendant longtemps. Est-ce
parce que j'étais plus jeune ! j'ai gardé
un meilleur souvenir des ouvrages de
Berthoud.
Vous remarquerez au reste que les pro-
cédés de vulgarisation changent tous les
trente ans à peu près. Voilà que Louis
Figuier ne se vend plus guère. M. de Par-
ville a recueilli son héritage, et, en ce
moment même, la vogue de notre colla-
borateur Raoul Lucet vient uniquement
de ce qu'il a trouvé une forme nouvelle
pour expliquer à des lecteurs ignorants
et inattentifs les dernières découvertes de
la science.
., Henri Berthoud (qui signait le plus -
souvent Sam) s'était peu à peu refciïé du
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-.' Un ouvrier, qui n'a pour gagner sa
vie et celle de sa famille d'autre capi-
tal que ses deux bras, est victime d'un
accident. La machine qu'il servait a
saisi, enlevé un travailleur valide et
robuste. Elle rend un cadavre ou un
infirme, un invalide du travail, à
charge désormais à lui-même et aux
autres.
Où le malheureux va-t-il trouver
l'assistance qui lui devient indispen-
sable? Qui va le remplacer près des
siens? Plus de salaire. Qui apportera
chaque soir la becquée au nid, qui
donnera la pâture aux petits?
C'est sous cette forme cruelle et
saisissante que se pose le problème de
l'assurance contre les accidents. Ce
ne sont pas les solutions qui man-
quent. Laquelle est préférable? Pour
le savoir, il n'est peut-être pas inutile
de feuilleter du pouce la législation
sur cette matière qu'a depuis quinze
ans édictée notre voisine, la Républi-
que helvétique. :'
M. Raoul Jay, le très distingué pro-
fesseur de la Faculté de droit de Gre-
noble, vient de consacrer à cet exa-
men quelques pages toutes remplies
d'enseignements.
En Suisse, comme dans toutes les
autres nations du continent, ce n'est
point par des dispositions spéciales et
exceptionnelles, mais bien par l'ap-
plication du droit commun que le lé-
gislateur s'est d'abord flatté de résou-
dre cette grosse question de la répa-
ration des accidents du travail.
Rien de plus simple que cette théo-
rie qui nous vient en droite ligne du
droit romain. Rien de plus inique
aussi. C'est bien le cas ou jamais de
rééditer la vieille formule connue :
Summum jus, summa injuria. D'après
cette doctrine, le patron n'est respon-
sable que lorsqu'il a commis une faute
lourde. Inutile d'ajouter que c'est à
la victime ou à ses héritiers qu'in-
combe la charge de démontrer sa res-
ponsabilité.
P Un premier accroc à ce système
d'une logique impitoyable fut ap-
porté par la législation des chemins
de fer. Exiger du voyageur qu'il
prouvât, en cas d'accident, la faute
du transporteur, franchement, c'était
faire la part trop belle aux compa-
gnies. On le comprit. La loi fédérale
du 1er juin 1875 mit à leur charge l'o-
bligation de prouver la négligence ou
la faute des voyageurs.
Ce premier pas fut bientôt suivi
d'un second. Une loi fédérale de 1877
étendit le même principe à l'industrie
privée. Mais elle ne visait que les pro-
priétaires de fabriques. Les simples
exploitations de métier manuel ou de
petite industrie n'en étaient pas tou-
chées.
Mais bientôt une nouvelle et grave
atteinte au droit commun allait être
reconnue indispensable. La loi de
1877 laissait au juge, pour la fixation
des dommages-intérêts, un droit ar-
bitraire et souverain d'appréciation.
Il en résultait d'assez sérieux incon-
vénients pour les industriels dispo-
sant de ressources médiocres, sur la
tête desquels était constamment sus-
pendue la menace de dommages-inté-
rêts considérables.
Aussi, la loi fédérale du Z juin
1881 se proposa-t-elle de les mettre à
l'abri de ces fâcheuses éventualités
en déterminant le maximum de dom-
mages-intérêts qui pourrait être al-
loué.
Même ainsi modifiée, la législation
sur les accidents ne laissait pas que
de provoquer d'amères critiques, tant
de la part des ouvriers que des pa-
trons. Elle présentait le très gros dé-
faut de laisser en dehors de sa pro-
tection bon nombre d'établissements
où les risques professionnel s n'étaient
pas moins grands que dans ceux sou-
mis à la loi. C'est en vue de combler
cette lacune que fut voté le texte de
1887. Il ne se contenta pas d'étendre
le champ de la protection légale. Des
précautions furent prises pour qu'une
pression frauduleuse ne permît pas
aux patrons d'obtenir de leurs em-
ployés des décharges de complaisance,
des quittances à l'amiable surprises
à la misère ou à l'ignorance.
Tant de précautions combinées pour
sauvegarder au mieux tous les inté-
rêts engagés ne devaient servir de
rien. Les ouvriers se plaignaient de
ne pas se trouver suflisamment pro-
tégés et d'en être réduits à. intenter
des actions en justice, lentes et coû-
teuses, pour faire triompher leurs
droits. Quant aux patrons, ils protes-
taient contre les charges que la légis-
lation, pourtant incomplète et insuf-
fisante, sur la responsabilité faisait
jpeser sur leurs épaules.
La conséquence de cette situation
s'est maiàfestée il y a Six mois. Pa-
trons comme ouvriers réclamaient
depuis plusieurs années la substitu-
tion aux lois sur la responsabilité
d'une doctrine nouvelle mieux adap-
tée aux conditions modernes de la
production. Le S6 octobre 1890, le
peuple suisse, par â83,ââ8 oui contre
9â,â00 non, adoptait un article nou-
veau de la Constitution fédérale où
est posé le principe de l'assurance
obligatoire.
En quinze ans, nos voisins ont
passé de la théorie juridique la plus
étroite et la plus rigoureuse sur la
responsabilité en matière d'accidents,
à l'idée la plus large et la plus hu-
maine, qui fait de l'assurance un mé-
canisme quasi-automatique garantis-
sant l'existence de chaque citoyen
contre tous les risques inhérents à sa
profession.
L'exemple est à coup sûr suggestif.
Il mérite d'être médité.
A. Millerand
Le X.Â.À" .:;..u.i,.a..l:.i paOuera aeaiaui la
a Chronique », par M. Paul Ginisty.
L'ATTENTAT DE SOFIA
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICUUBB)
Sofia, 29 mars.
Les funérailles du ministre des finances,
M. Beltchef, auront lieu aux frais de l'Etat.
L'ancien secrétaire général du ministère
des finances n'était ministre que depuis
quelques mois. Sa nomination avait été ac-
cueillie avec enthousiasme parla Sobranié.
Quoique un cordon de troupes entoure
la vilje, on croit que l'assassin a pu s'é-
chapper.
M. Stamboulof avait reçu depuis un mois
deux avis mystérieux lui annonçant qu'il
était condamné à mort, mais il n'y avait
fait aucune attention.
C'est donc lui qui était visé. La signature
des deux avis portait : « Les Vengeurs de
Panitza ».
On croit présentement que M. Stamboulof
a été blessé, mais qu'il en cache la nou-
velle.
L'état de siège a été proclamé à Sofia et
les frontières sont fermées.
Deux cent cinquante personnes ont été
arrêtées, parmi lesquelles se trouvent, com-
me on l'a déjà annoncé, M. Karavelof.
CADEAUX A M. DE BISMARCK
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULlBR)
Berlin, 29 mars.
L'Union allemande des industriels et pro-
priétaires de manufacture vient d'offrir au
prince de Bismarck un magnifique service
de table du poids de 1,400 livres d'argent
nu.
Ce service se composé de 200 assiettes, de
nombreux plats, tasse?, cafetières, etc., etc.,
de 350 fourchettes, de cadélabres, de jardi-
nières.
Le surtout de la garniture de table est une
pièce monumentale où on lit sur un écus-
son doré les inscriptions suivantes :
«Versailles, 18 janvier 1871, proclamation
de l'empire. — 10 mai 1871, traité de paix
de Francfort. — 15 juillet 1871, tarif des
douanes. — 17 novembre 1881, envoi du
message impérial. »
Et comme devise :
« Nous autres Allemands, craignant Dieu,
nous ne craignons personne au monde. »
Le service de table a une valeur de 750,000
marcs (près d'un million de francs).
Les industriels ont ménagé un second
cadeau à M. de Bismarck, en achetant
moyennant 80,000 marcs, dans le voisinage
de Friedrichsruhe, une propriété dont le
titre sera remis au prince le 1er avril.
LE CRIME DE THIVERVAL
Les trois versions de Job. - Nouvelles
rétractations
Nous avons annoncé jeudi que Job avait
reconnu sa participation à l'assassinat de
Mme Dagomet.
L'inculpé vient de se rétracter, avec un
aplomb dont lui seul a le secret.
Les trois versions qu'il a données jusque-
là sont fausses et il entre dans de nouvelles
explications.
Mis en présence d'un bookmaker qui le
connaissait bien, il n'a pas osé, en face des
déclarations nettes et précises de ce der-
nier, soutenir plus longtemps l'existence
du fameux Harpin.
Son dernier récit était donc une pure in-
vention, comme les précédents du reste.
Mais Job n'est pas à bout de ressources, et
il a prouvé de suite qu'il était décidé à
continuer son système, c'est-à-dire égarer
les recherches de la justice. On ne doute
plus cependant de sa participation directe
au crime, et si l'on insiste encore, ce n'est
que pour obtenir un aveu complet.
Après le départ du bookmaker dont nous
venons de parler, Job a été confronté avec
deux de ses parents de Thivernal.
Ces derniers l'ont adjuré de faire connaî-
tre enfin la vérité, ou de ne pas faire pla-
ner plus longtemps les soupçons sur lui et
de désigner l'assassin.
Dernière histoire
Job a alors imaginé une nouvelle his-
toire. La nuit du crime, il l'a passée à Ver-
sailles, chez une femme mariée qu'il re-
fuse de désigner. Avant le jour, il se dirigea
vers la gare des Chantiers pour regagner
Paris.
En montant dans le train de huit heures
quarante, qui venait de passer à Thiverval,
il aperçut un de ses amis qui lui fit signe
de monter auprès de lui.
Cet ami est un habitant de Thiverval.
— Je viens de commettre un crime épou-
vantable, dit-il à Job.
-Serait-il possible! s'exclama ce der-
nier.
L'ami raconta alors qu'il avait assassiné
Mme Dagomet pendant la nuit à Thiver-
val, dans l'espoir de se procurer de l'ar-
gent. t
« 11 me donna en même temps, ajouta Job,
une montre en or et une timbale en argent,
et me fit jurer de ne jamais le dénoncer,
quoi qu'il arrivât. J'ai juré, et je ne ferai
jamais connaître le nom de cet homme. »
On ne put obtenir de plus amples expli-
cations de l'inculpé qui en est aujourd'hui
à sa quatrième version.
Job lit route avec son prétendu ami jus-
qu'à Paris Arrivés là, ils se perdirent de
vue. -. •
j LES
MARQUES DE FABRIQUE
PRODUITS FABRIQUÉS A L'ÉTRANGER
Dommage causé à l'industrie nationale.
Consultation des Chambres et des
Tribunaux de commerce. — La
Douane et les Parquets. —
Comme en Angleterre.
Au moment où les pouvoirs publics en
France s'occupent de reviser notre système
de relations commerciales, il nous semble
opportun d'appeler l'attention du gouver-
nement sur le préjudice que cause à notre
industrie la pratique qui consiste à intro-
duire dans notre pays des objets fabriqués
à l'étranger et qui portent, soit la désigna-
tion d'une localité française, soit le nom vé-
ritable ou simulé d'un fabricant français.
S'il peut paraître excessif d'imposer aux
commerçants de faire connaître l'origine
des produits qu'ils mettent en vente, on ne
saurait admettre davantage que des mar-
chandises soient offertes revêtues d'indica-
tions destinées à tromper sur la localité ou
le pays d'où elles proviennent. C'est là un
principe de loyauté commerciale élémen-
taire.
L'acheteur qui acquiert un objet marqué
du nom d'un négociant français et d'une
localité française croit acheter un produit
français; si l'objet a été fabriqué au dehors,
il est trompé, et un dommage est causé à
l'industrie nationale au profit de la con-
currence étrangère.
Les mesures préventives
Tous ceux qui sont un peu au courant
des questions commerciales connaissent les
nombreux abus tolérés sur ce point par le
service des douanes. Ils ont été si considé-
rables que dés le commencement de 188A,
un groupe de sénateurs déposait une pro-
position de loi relative aux «fraudes tendant
à faire passer pour français des produits
fabriqués à l'étranger ou en provenant. »
Quelque temps après, sur le rapport pré-
senté par M. Dietz-Monin, au nom de la
commission d'initiative, la proposition était
prise en considération et renvoyée à l'exa-
men d'une commission spéciale.
Mais en même temps, cette commission a
eu à étudier diverses autres questions con-
cernant les marques de fabrique et de com-
merce ayant donné lieu à des enquêtes pro-
longées, si bien qu'à l'heure actuelle le
Sénat n'est pas encore saisi de l'affaire. En
1887, le Journal officiel a publié un volumi-
neux rapport, rédigé par M. Dietz-Monin,
qui a été soumis à l'examen des chambres
et des tribunaux de commerce, et l'on ne
sait pas encore si cette consultation est ter-
jminée, ni quels résultats elle a fournis.
Cependant, en 1886, les plaintes des négo-
ciants français devenant de plus en plus
nombreuses, le gouvernement crut pouvoir
agir efficacement par voie administrative,
et par une circulaire du 37 février 1886, le
ministre du commerce, d'accord avec ses
collègues des finances et de la justice, fai-
sait connaître qu'à l'avenir l'introduction
en France d'articles portant soit la marque,
soit le nom d'un fabricant français, soit
enfin une mention quelconque pouvant
faire supposer que lesuits produits seraient
de provenance française, était interdite et
que toutes marchandises offrant ce carac-
tère et présentées à la douane seraient
saisies.
Le 11 mai suivant, une circulaire de M.
Pallain, directeur général des douanes, tra-
çait aux agents placés sous ses ordres la
ligne de conduite qu'ils devaient suivre
pour l'application de cette nouvelle doc-
trine.
Il est juste de dire que cette modification
des pratiques de la douane et du ministère
du commerce avait été motivée par un ar-
rêt de la cour de càssation en date du 83
février 188A. La cour suprême, en effet,
abandonnant une jurisprudence antérieure,
avait déclaré délictueuse l'introduction en
France de boutons fabriqués en Italie et
fixés sur des cartons revêtus de la mention
« Nouveautés de Paris" ou « Modes pari-
siennes », et formulé les principes qu'il y
avait lieu d'appliquer dans l'espèce.
Le nouveau règlement semblait devoir
donner toute satisfaction. Dans les premiers
moments, la douane a opéré un certain
nombre de saisies, mais, la plupart du
temps, les parquets n'ayant pas jugé qu'il
y eût lieu à poursuites, on a laissé passer.
Les importateurs, un moment effrayés, ont
repris leurs anciennes habitudes, et les
commissionnaires ou commerçants qui
trompent sur l'origine des max-chandises
se livrent aujourd'hui à ce trafic à peu
près impunément.
La solution
« L'industrie des plumes métalliques,
dit à ce sujet une brochure que nous avons
sous les yeux, est de celles qui ont le plus
à souffrir de la tolérance de la douane. »
Certains cas sont, en effet, assez curieux.
Ainsi, par exemple, un assez grand nom-
bre de négociants français font fabriquer
en Angleterre des plumes portant des mar-
ques absolument françaises, souvent même
tout simplement leur nom et leur adresse,
les introduisent paisiblement en France,
puis les vendent et même les exportent.
comme produits de l'industrie nationale. Il
y a là une tromperie.
Nous en avons un exemple dans ce fait
-
que,depuis quelques années, un grand nom-
bre de municipalités pour leurs écoles,
d'administrations pour leurs bureaux, exi-
gent de leurs fournisseurs des plumes et-
des crayons fabriqués en France. Or, si on
permet l'introduction, comme produits de
l'industrie nationale, de plumes et de
crayons fabriqués en Angleterre, on fait
échouer le bon vouloir des acheteurs, on
favorise la fraude. Pour la supprimer, il
faudrait exiger la production d'une facture
de fabricant français, et bien peu d'ache-
teurs poussent la rigueur jusqu'à ce point
Aujourd'hui, pour rendre possible Jlasai-
sie en douane, l'industriel français doit
justifier qu'il y a, sur les produits intro-
duits frauduleusement, la double condi-
tipn de fausse indication d'origine et de
faux nom. Il suffit de réfléchir une minute
pour voir combien sont larges et lâches les
mailles par lesquelles peuvent passer les
industriels déloyaux. Il y a là, pour notre
industrie nationale si justement réputée,
non seulement une perte matérielle, mais
un préjudice moral considérable qui ne
peut que profiter à nos concurrents étran-
gers sur les marchés éloignés et même en
Europe.
Il est donc urgent d'y remédier. Le com-
merce tout entier demande qu'on applique
en France le mémo régime que celui suivi
en Angleterre et 'dans les colonies an-
glaises.
A la suite de nombreuses plaintes et des
réclamations du commerce anglais sur la
véritable inondation de produits allemands
importés comme anglais, avec les marques
de fabrique et noms imités, en Angleterre
même et dans les colonies anglaises, le Par-
lement anglais a voté en 1887 le bill dit
« Marchandise marck aet", qui a mis fin
à ces honteuses pratiques de quelques fa-
bricants sans pudeur.
« L'application rigoureuse de ce bill, li-
sons-nous dans un rapport adressé sur ce
sujet au ministre du commerce par la
chambre de commerce française de Bruxel-
les, a produit les meilleurs effet?, les doua-
nos anglaises et coloniales saisissant et dé-
truisant impitoyablement tout ce qui ne
porte pas de marque d'origine étrangère et
surtout ce qui porte une marque anglaise
venant même d'une maison anglaise éta-
blie à l'étranger, Les vendeurs qui dissimu-
lent l'origine de leurs produits sont sévè-
rement punis d'amende, à la demande des
chambres syndicales des différents métiers.
» Quelques commerçants éhontés, regret-
tant les beaux bénéfices qu'ils réalisaient
précédemment et que ce bill contrarie,
cherchent de nouveau à tourner la diffi-
culté, mais les chambres syndicales ne re-
culent devant aucun sacrifice pour décou-
vrir les fraudes qui peuvent se produire,
les faire connaître et atteindre les coupa-
bles.
» Dans tous les cas, les fabricants anglais
sont beaucoup mieux protégés que les nô-
tres en ce qui concerne leurs marques de
fabrique, et, de cette façon, le travail est
toujours assuré aux ouvriers nationaux. »
On le voit, il est grand temps d'agir et la
commission sénatoriale, sinon le gouver-
nement, devrait bien comprendre qu'il
faut aboutir sur ce point spécial, dût-elle
pour cela scinder en deux son travail.
LES VOYOUS APOSTOLIQUES
"L'abbé-voyou" qui posait des colles pu-
bliques au prédicateur de l'église de Mont-
rouge, et dont nous avons parlé au com-
mencement du carême, fait école. Voici, en
effet, la copie d'un petit bulletin rose qu'on
distribue depuis deux jours un peu de
tous les côtés, et principalement au envi-
rons des brasseries :
ÉGLISE SAINT-AUGUSTIN
MISSION POPULAIRE
Mercredi 1er avril et vendredi 3 avril
CONFÉRENCES AVEC OBJECTIONS EN PUBLIC
A huit heures précises du soir
Lundi 6 avril
OUVERTURE SOLENNÉLLE DE LA MISSION
PRÉSIDÉE PAR
8. E, le Cardinal Archevêque de Paris
Mardi 7 avril
Distribution de Livres à tout le monde
Mercredi 8 avril
CONFÉBBHCES AVEC OBJECTIONS EN PUBLIC
Jeudi 9 avril
FÊTE DES LUMIÈRES
Vendredi 10 avril
CONFÉRENCE AVEC OBJECTIONS
Samedi Il avril
Distribution ds Crucifix et de Médailles à tout le monde
Dimanche 12 avril
BÉNÉDICTION PAPALE
La clièntêle de la paroisse Saint-Augustin
est considérée comme trop sélect pour
qu'on ose lui servir le petit abbé blême qui
faisait le voyou pâle dans l'église de Mon-
rouge. On va évidemment lui servir un
voyou aristocratique.
Et pourtant on croit nécessaire, pour l'at-
tirer, de lui distribuer gratuitement des li-
vres et des médailles. Peut-être même of-
frira-t-on du thé et des sandwiches.
Il nous semble que c'est traiter assez ca
valièrement les paroissiens qui possèdent
pignon sur le boulevard Malesherbes,
LE TSARÉVITCH A SAIGON
Nous avons donné hier la nouvelle de
l'arrivée à Saïgon du tsarévitch. Voici des
détails sur le cérémonial qui a présidé à sa
réception :
Saïgon, 29 mars.
Le tsarévitch est arrivé hier soir à Saï-
gon sur le croiseur Pamial-Azova, escorté
par les croiseurs Wladimir-Monomach et
Mandjour.
Le cuirassé Amiral-Nachimoftest resté au
cap Saint Jacques.
Aussitôt le Pamial-Azova mouillé, le con-
tre-amiral Besnard, commandant en chef
la division navale de l'Extrême-Orient, puis
M. Piquet, gouverneur général, avec sa
maison militaire, et M. Danel, lieutenant-
gouverneur de la Cochinchine, ont rendu
visite au prince, qui est descendu à terre
presque immédiatement pour se rendre au
gouvernement général.
Les hauts fonctionnaires de la colonie, le
maire de Saïgon, etc., se tenaient sur l'ap-
pontement au moment du débarquement
du tsarévitch. Les troupes formaient la
haie jusqu'au palais du gouverneur géné-
ral, où des appartements avaient été
installés pour recevoir l'héritier du trône
de Russie. -
Saïgon est en fête; la ville est entière-
ment pavoiséè et, hier soir, elle était bril-
lamment illuminée.
Hier, grand dîner chez le gouverneur
général, qui a porté un toast au tsar.
Le prince a remercié du chaleureux ac-
cueil qu'on lui a fait en Cochinchine et a
bu à la France et au président Carnot.
Après le dîner, représentation de gala au
théâtre, retraite aux flambeaux et grande
fête offerte par la municipalité dans le jar-
din de la ville.
Aujourd'hui, revue des troupes et bal
chez le gouverneur général.
Demain, jour de la fête du Dragon, cour-
ses à Cholon, la ville chinoise près Saïgon;
puis le tsarévitch assistera à un grand bal
offert en son honneur, sur le vaisseau-pon-
ton la Loire, par les officiers de terre et de
mer.
Mardi matin, grande chasse dans les en-
virons de Saïgon. Au retour, l'escadre russe
appareillera.
La population française et des masses
d'indigènes venus de tous les points de la
colonie ont fait au prince une chaleureuse
réception.
LES MEFAITS
DU « PETIT JOURNAL"
QUELQUES ANNONCES
L'émigration au Chili. — Pas de tra-
vail garanti.- Encore l'escroquerie
au prêt sur signatures.— La mo-
ralité de MM. Marinoni et
Poidatz.
Nous avons reçu la lettre suivante :
Bélâbre, le 515 mars 1891.
» Monsfeur,
» Vous avez jusqu'ici conduit à bien la
campagne que vous avez entreprise contre
le Petit Journal au sujet des nombreuses
annonces que des farceurs font insérer à la
quatrième page de ce journal, et vous avez
ainsi rendu beaucoup de services à vos lec-
teurs en leur dévoilant ces escrocs.
» Il parait aujourd'hui dans le numéro
du Petit Journal une annonce ainsi con-
çue:
PASS "GES gratuits pour l'Amérique. —
I DiAiÇijLkQjjilJLf lJllo Par suite du manque de bras
au Chili, il est fait à tous travailleurs et à
leurs familles avance du passage avec nour-
riture. Réception et direction à l'arrivée, tra-
vail certain. Liberté absolue. Ville-de-Metz par-
tira de Bordeaux le £ 9 avril. — S'adresser à
M. H. Bordes, 6, quai Louis-XVIII, à Bor-
deallx..
» Que pensez-vous de cette émigration
et que conseillez-vous aux Français de
faire? Il paraît qu'une fois là-bas on est
traité comme des chiens pour parvenir à
payer son passage.
» Eu renseignant vos lecteurs sur ce sujet,
vous leur rendriez certainement un grand
service.
» Agréez, etc.
» ERNEST BELCART. »>
On a remarqué dans l'annonce ci-dessus
les mots : travail certain.
Nous nous sommes rendu chez M. Gan-
darillas, agent officiel du gouvernement du
Chili à Paris, qui nous a remis la formule
officielle que doivent signer les émigrants,
et dont voici la copie :
ÉMIGRATION POUR LE CHILI
Avance de passage
ENGAGEMENT DE REMBOURSEMENT
Devant m'embarquer eu qualité d'émigrant
pour la République du Chili, accompagné de
personnes de ma famille, avec l'avance
du prix de places, je m'engage à en rem-
bourser le montant, soit livres ster-
ling en quatre payements et sans intérêts,
dans le délai de deux années, de six mois en
six mois, à partir du jour de mon arrivée au
Chili, et à signer les billets correspondants,
selon qu'il me sera indiqué àu Chili par M. le
directeur du buneau d'immigration..
Je reconnais que lé gouvernement du Chili ni
m'assure aucun travail, et qu'il est libre de tout
engagement tant à mon égard qu'à celui de ma
famille, et.que, réciproquement, je ne contracte
d'autre engagement vis-à-vis dudit gouverne-
ment que celui de lui rembourser les sommes
qu'il m a avancées, tant pour moi que pour
ma famille, et dont le montant est arrêté plus
haut.
M. Gandarillas nous a ensuite déclaré
que le gouvernement du Chili connaissant,
par l'exemple de la République argentine,
le danger qu'il y a pour un pays à forcer un
mouvement d'immigration, a limité a trois
cents par mois le nombre des passages dont
il fait l'avance.
Dans ces conditions, nous a-t-il assuré,
la plupart des étrangers qui débarquent à
Valparaiso ont grandes chances de trouver
à s'occuper. Mais il faut qu'ils sachent faire
quelque chose ; les comptables et autres
plumitifs sont certains de ne trouver aucun
emploi.
En tout cas, le gouvernement ne garantit
rien et ne peut héberger les émigrants plus
de huit ou dix jours.
En résumé, nous a-t-il dit, je conseille
toujours à ceux qui peuvent vivre en France
de rester chez eux.
Ajoutons que, s'il n'y a pas de primes
d'émigration, la Compagnie française du
Pacifique reçoit par tête française apportée
au Chili une somme de 250 francs, sur la-
quelle l'agence de recrutement Bordes tou-
che. « sa petite commission". Voilà qui
explique l'annonce de M. Bordes dans la
feuille de MM. Marinoni et Poidatz.
Nouveau témoignage
Malgré tout ce que nous avons dit déjà
sur ce sujet, le Petit Pickpocket continue à
publier chaque jour toute une kyrielle d'an-
nonces de prêts sur signature.
Voici un nouveau témoignage qui mon-
tre ce que valent ces annonces et ce qu'el-
les cachent :
« Paris, 27 mars 1891.
.- » Monsieur le directeur, -
"Lescroquerie dont j'ai été victime va
vous démontrer que le Petit Journal, non
content de faire des affaires avec les filous
et les repris de justice, trouve tout naturel
de solliciter les annonces des individus qui
se trouvent sous le coup de poursuites cri-
minelles.
» Un triste matin de septembre, je lus dans
la feuille Marinoni-Poidatz l'annonce sui-
vante :
i DRÊTfi sur signature à tout commerçant.
Lévy, 2A, rue Oberkampf.
"J'étais alors tailleur à Poitiers, et depuis
longtemps je cherchais en vain une combi-
naison me permettant de concilier l'abais-
sement du prix de mes culottes avec le tarif
inauguré par quelques tailleurs parisiens,
et par suite la diminution du taux de mes
bénéfices avec les exigences du crédit qui
m'é'.ait imposé par mes clients.
» Dans l'espoir de trouver un moyen prati-
que d'augmeriler mon fonds de roulement,
j'écris à l'adresse indiquée.
"Par retour du courrier je reçois une cir-
culaire du Comptoir régional, installé bou-
levard Voltaire, Al bis, ayant pour direc-
teur un sieur G. Denis. En marge du pros-
pectus on avait apposé avec une griffe la
mention : « De la part de M. Lévy ». On
m'offrait, moyennant une commission de
5 0/0 payable d'avance, d'excellentes va-
leurs acceptées à mon ordre par des signa-
tures de la place de Paris et remboursa-
bles à 90 jours.
» Je donne des références, j'envoie 250 fr.
de commission, et le 18 septembre je reçois
7 effets formant un tolal de 5,000 francs,
accompagnés d'une lettre dont j'extrais les
passages suivants:
» Vous escompterez ces valeurs chez un
banquier de votre ville en lui disant qu'el-
les vous sont souscrites par d'anciens clients
ayant quitté Poitiers, habitant actuellement
t *
Paris, et dont la solvabilité vous est con-
nue.La somme étant importante, nous vous
engageons à ne pas faire escompter le tout
à la même banque. Au cas où vous n'auriez
qu'un hanquier, il nous semblerait bon —
on avait biffé le mot « prudent" — que
vous divisiez en plusieurs bordereaux, que
vous présenteriez à,huit ou dix jours d'in-
tervalle.»
» Impossible,bien entendu,d'escompter le
moindre de mes effets. J'écris au sieur
Denis, qui me répond que le plus pratique
est de prier un commerçant de mes amis
de joindre mes valeurs à son bordereau
pour les faire passer dans le tas. Et comme,
après cette lettre, je le menace de déposer
une plainte au parquet, il le pivnd de très
haut et me répond par cette phrase épi.
que :
« Quant à vos menaces du parquet, elles
ne sauraient vous avoir été suggérées que
par un conseil insuffisamment expérimenté,
notre maison étant à l'abri des suspicions.
Le traité étant formel, une plainte de vous
ne pourrait être considérée que comme ten-
tative de chantage. »
» La trouvant un peu forte, je viens à Pa-
ris, et là j'apprends que Denis et Lévy
constituent un seul personnage sous le coup
d'un mandat d'amener.
» J'en étais donc pour mes 250 francs,
plus mes frais de voyage. Et quand je
pense à tous les timbres-poste qui m'ont
été carottés par le Petit Journal, à moi et à
plusieurs de mes amis qui les envoyaient
à l'administration pour obtenir « les ren-
seignements d'intérêt personnel » qu'on
promet tous les jours, je me demande si
MM. Marinoni et Poidatz n'avaient pas un
intérêt daus l'agence du sieur Denis.
» Un de vos lecteurs assidus. »
Nous tenons le nom du signataire à la
disposition de qui de droit. -
M. René d'Hubert
MM. Marinoni et Poidatz ont trouvé uft
nouveau défenseur dans la personne de M.
René d'Hubert, directeur du Gil Blas.
Lui, du moins, n'est pas un pseudo-jour-
naliste. Il n'a sur la conscience ni un livre
ni un article de journal. Avant de devenir
le directeur d'un grand journal littéraire,
il était marchand de brosses à dents.
Mais, dès son entrée dans le journalisme,
il a débuté par un coup de maître. C'est lui
l'inventeur des annonces d'un genre abso-
lument inédit que le Gil Blas publie quoti-
diennement sous la rubrique Petite Corres-
pondance.
Voici quelques-unes de ces annonces
cueillies dans les numéros d'hier et d'à van t-
hier. Nous avons choisi les plus convena-
bles :-
Pressé.J,fem.2Aa.br.dist.b.f.désir.tr.M.génér.ri.
q.d.suite 15 l.pour sort. cru. emb. Ec. B7X, bur.3.
J.li.30a.ay.s.mat. lib.dés.con.j.fmeq.pour.recev.
chezelleSf.p.sem.BOf.p.mois.BSAZ.HoteldeVille.
Jne femme dist.inst.,cherche M.riche bon et gén.
pr lui venir en aide. Ecr. L. L, au Gil Rlas.
QuelM.veutdo.3i.p.m'aim.suiSj olieb.fai.X.I.b.22.
Une tr.jol.jeune f fausse maigre,tr.b.f.dem.ami
q. d. 5 1. des. tr. sér. tr. press. Biana, Gil Blas.
citons-en une encore : c'est le bouquet 1
M.33 a. dist. dés.con. dme M à 60 ans. E.F.37,b.7A.
D'après ces annonces vraiment caracté-
ristiques, on peut juger de la moralité des
défenseurs de MM. Marinoni et Poidatz.
(La suite à demain.)
CHRONIQUE
Il est mort cette semaine deux hommes
qui avaient l'un et l'autre survécu au
renom de leurs œuvres. C'est le hasard de
la mort qui réunit leurs deux noms dans
une même chronique; car il n'y a bien en-
tendu, nulle similitude, ni de talent ni
de réputation, à établir entre eux : l'un
est Henri Berthoud, et l'autre Joséphin
Soulary.
Ce pauvre Henri Berthoud, je me fe-
rais scrupule de le laisser partir sans un
petit mot d'adieu. C'était un si brave
homme ! Je fis sa - connaissance quand je
revins à Paris pour m'y jeter dans le jour-
nalisme, il y a déjà près de trente ans. Il
me paraisssait déjà vieux en ce temps-là,
et le fait est qu'il n'était plus jeune.
Il a poussé jusqu'à quatre-vingt-neuf
ans.
Il commençait à être déjà un peu ou-
blié, un peu négligé tout au moins. Mais
vous ne sauriez croire de quelle renom-
mée il avait joui de 18M) à 1850. Il était
l'un des rédacteurs les plus assidus, et
peut-être même le directeur du Musée des
Familles, et nous lisions tous au lycée le
Musée des Familles, qui était un livre de
lecture permis. Le nom de Berthoud a
été familier à toute ma génération. ?
C'était un aimable vulgarisateur de la i
science. Il avait un art incomparable
pour imaginer de petites histoires où il
fourrait la notion scientifique dont il
voulait instruire ses lecteurs. Il n'était
sans doute pas l'inventeur de ce procédé,
dont nos pères auraient dit qu'il servait
à emmieller les bords du vase amer de la
science ; mais il l'avait porté à un haut
point de perfection, et ses articles, qu'il
a réunis en volumes, faisaient notre joie.
M. Louis Figuier a pris sa succession
plus tard ; vous savez le succès énorme
qu'il a obtenu pendant longtemps. Est-ce
parce que j'étais plus jeune ! j'ai gardé
un meilleur souvenir des ouvrages de
Berthoud.
Vous remarquerez au reste que les pro-
cédés de vulgarisation changent tous les
trente ans à peu près. Voilà que Louis
Figuier ne se vend plus guère. M. de Par-
ville a recueilli son héritage, et, en ce
moment même, la vogue de notre colla-
borateur Raoul Lucet vient uniquement
de ce qu'il a trouvé une forme nouvelle
pour expliquer à des lecteurs ignorants
et inattentifs les dernières découvertes de
la science.
., Henri Berthoud (qui signait le plus -
souvent Sam) s'était peu à peu refciïé du
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