Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1891-03-29
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 29 mars 1891 29 mars 1891
Description : 1891/03/29 (A21,N7013). 1891/03/29 (A21,N7013).
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 29/04/2013
Vingt-et-umeœe aiinee. - N° 7,013 CINQ Centimes Paris et Départements — GSBÏQ Centimes DIMANCHE 29 MARS 1891
LE xir SIÈCLE
JOURNAL RÉPUBLICAIN
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NOS CROISEURS
.!
Les manœuvres navales anglaises
: de 1889 sont riches en expériences et
observations dont nous ferions sage-
ment de tirer profit, si nous ne vou-
lons pas éprouver sur mer les déboi-
res que la guerre de 1870 nous infli-
gea sur terre.
J'ai parlé ici, Pautre jour, des con-
clusions auxquelles aboutissent les
manœuvres anglaises en ce qui con-
cerne les cuirassés d'escadre, et les
lecteurs du XIXe Siècle ont pu juger
des erreurs que nous avons commises
dans la construction d'un certain
nombre de ces navires.
Nous en avons fait de plus graves
encore dans la conception de beau-
coup de nos croiseurs.
Les deux conditions principales
auxquelles doivent répondre les croi-
seurs sont, de l'avis de tous les ma-
rins, une vitesse aussi grande que
possible et un armement assez fort
- pour qu'ils puissent lutter avec avan-
tage non seulement contre leurs con-
génères, mais encore au besoin con-
tre des cuirassés isolés. Pour ce der-
: nier objet, ils doivent porter un nom-
- bre considérable de pièces à tir ra-
pide. Ce sont ces deux qualités que
les Italiens ont cherchées dans le Pie-
monte. Ce croiseur a filé une moyenne
de 17 nœuds dans sa traversée d'An-
gleterre en Italie et il porte un nom-
bre si considérable de pièces à tir ra-
pide qu'il peut lancer 7^ projectiles
par minute.
Il faut aussi que les croiseurs puis-
sent s'approvisionner d'assez de char-
bon pour faire de longues courses
sans se ravitailler. Il est indispensa-
ble , pour la même raison, qu'ils
soient aussi habitables que possible
et que les réparations y soient faciles,
même à la mer.
- Toutes ces qualités exigent de gran-
- des dimensions. Il résulte de toutes
les observations faites par les marines
- de guerre et de commerce que, toutes
les autres conditions étant égales, le
■croiseur ayant le plus fort tonnage, la
-- ;'PluS grande longueur et les bords les
- plus relevés est celui qui conserve le
mieux à la mer sa vitesse et la stabi-
lité nécessaire au tir. C'est aussi, on le
comprend, celui qui sera le plus ha-
bitable, pourra porter le plus de char-
bon et de canons et faire les plus lon-
gues courses.
J'ai le regret de constater que, dans
la plupart des croiseurs mis en ser-
vice depuis 1886, nous n'avons pas
tenu un compte suffisant ni du ralen-
tissement dans la vitesse que la mer
produit quand elle est mauvaise et
qui est d'autant plus grand que le
tonnage et la longueur du navire sont
moindres, ni de l'habitabilité et des
conditions relatives aux approvision-
nements.
- Sous l'influence de certaines idées
théoriques que je ne veux pas discu-
ter, nous avons donné à la plupart
de nos croiseurs des dimensions beau-
coup trop faibles. C'est le défaut que
présentent au plus haut degré les
quatre éclaireurs de 1/270 tonnes du
type Vautour. C'est aussi celui du
- Milan qui a 1,5M) tonnes; celui du
Surcouf et du Forbin qui ont 1,8A0
tonnes, et celui des quatre croiseurs
du type Lalande qui ont 1,870 ton-
nes.
Dans tous ces navires, la vitesse est
si aisément diminuée par la mer, que
pas un d'entre eux ne serait capable
d'atteindre avec gros temps un grand
paquebot d'une vitesse nominale beau-
coup moindre. Tandis que ce dernier
conserverait son allure en dépit de la
mer, le Vautour, le SurcouÇ ou le La-
lande seraient arrêtés par elle. Heu-
reux encore devraient-ils s'estimer si
leurs efforts n'entraînaient pas quel-
que grosse avarie de machine ou de
chaudière. Par suite, en effet, de
leurs faibles dimensions, on a dû de-
- mander à chacun de leurs organes de
produire le maximum d'effet avec le
minimum de résistance. L'année der-
rière, pendant le retour de l'escadre
à Toulon, la plupart des éclaireurs
eurent des avaries telles, que les cui-
rassés dont ils devaient éclairer la
marche furent obligés de les prendre
à la remorque. C'est dans ce lamenta-
ble équipage que notre flotte fut ren-
contrée par l'escadre anglaise.
Les dimensions trop faibles de ces
navires ont d'autres conséquences fâ-
clieuses. Ils ne peuvent prendre que
peu de charbon et sont incapables de
faire de longues croisières ; ils ne por-
tent qu'une artillerie si insignifiante
qu'ils méritent à peine le titre de bâ-
timents de guerre ; enfin, les empla-
cements des machines y sont à peu
Près inhabitables à cause de la cha-
leur et du manque de plac', et les ré-
parations y sont impossibles pour un
, grand nombre de parties de ces or-
ganes essentiels.
Tous ces défauts sont si graves,
qu'ils inspirent aux marins les plus
grandes inquiétudes au sujet de la
façon dont les croiseurs qui en sont
atteints se comporteraient en temps
de guerre.
Or, ce sont malheureusement à peu
près les seuls que nous ayons actuel-
lement en service. Nous ne pourrions
en effet, aujourd'hui, mettre en ligne
que trois croiseurs en fer de grandes
dimensions et pourvus d'une vitesse
convenable : le Sfax, le Tage et le
Cécille. Mais ceux-ci pêchent par ail-
leurs. Leur artillerie à tir rapide est
peu nombreuse et formée seulement
de pièces de très petit calibre. Taudis
que le Piernonte des Italiens porte une
quinzaine de pièces à tir rapide de 1^
et 15 centimètres, nos plus grands
croiseurs n'en ont qu'un petit nom-
bre de 37 et h7 millimètres et nous
en sommes encore à essayer des piè-
ces que tous nos voisins ont depuis
longtemps.
Ce n'est pas avant plusieurs années
que nous aurons en service d'autres
croiseurs plus grands et mieux armés
que ceux dont il a été question plus
haut. L'Italie et l'Allemagne, sans
parler de l'Angleterre, ont à cet égard
une grande avance sur nous, et il est
d'autant plus a craindre qu'elles la
conservent que nous persistons à
construire des types aussi défectueux
que le Lalande.
En dépit des dures leçons que l'ex-
périence nous donne chaque jour,
nous ne voulons pas renoncer aux
croiseurs de petites dimensions. Non
seulement nous en avons sur les chan-
tieis, mais encore on nous annonce
qu'on en commencera d'auti\s en
18. Il me serait vraiment impossi-
ble de croire à une pareille persis-
tance dans des erreurs que toutes les
expériences condamnent, si je n'en
avais la preuve sous les yeux.
Il est certain, cependant, que la
marine jouera dans la prochaine
guerre un rôle important. L'Aliema-
gne vient de nous en avertir et l'Ita-
lie nous le prouve par le soin qu'elle
met à renforcer st flotte.
J.-L. de Lanessan.
Xse ](.J.X¡;H:Í'-'.wZi ptunxerii cieujaiiu ia
a Chronique a, par - M. Paul Ginisty.
NOUVEAU DÉMENTI
On nous demande d'insérer la lettre sui-
vante :
Monsieur II. Dallet, gérant du journal
le Matin,
Vous dites, dans votre numéro d'hier matin,
qu'entre M. Towne et la Gazette des Tribunaux
il n'y a pas à hésiter.
Il n'y a pas à hésiter, en effet, par la raison
que la Gazette des Tribunaux n'a jamais parlé
de l'histoire de chèques dont le Matin s'est fait
l'écho.
Je compte sur l'insertion de cette lettre à la
place où mon nom a été imprimé.
Recevez, etc.
A. TOWNE,
7I7, rue Turbigo.
LES PASSEPORTS
EN ALSACE-LORRAINE
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Strasbourg, 27 mars.
Au lieu de mesures d'adoucissement de
l'obligation du passeport, les rigueurs re-
doublent.
Il est exact que des instructions confiden-
tielles ont été données aux fonctionnaires
de police afin de questionner les voyageurs
se rendant en France, pour constater si des
Français n'auraient pas éludé les prescrip-
tions du passeport en pénétrant par une
autre frontière. Des arrêtés d'expulsion se-
ront rendus contre eux. Mais il est inexact
qu'ils doivent être conduits à Strasbourg
ou à Metz pour en entendre signification.
On se contentera de leur interdire à l'ave-
nir le séjour des provinces annexées.
LA POLICE ITALIENNE
ET LES ANARCHISTES
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Rome, 9.7 mars. — A Milan, des perquisitions
ont eu lieu la nuit passée chez les principaux
anarchistes.
Plusieurs arrestations ont été opérées, no-
tamment celle de Rongino, récemment expulsé
de Suisse.
Des perquisitions ont été pratiquées hier
dans la chambre d'Amilcare Cipriani, à l'hôtel
Central. On a saisi divers papiers et bro-
chures.
—B—M—■—■Mlll l UIIWi III
LES MÉDECINS MILITAIRES
DU 276 DE LIGNE
- (DE NOTRE CORRESPONDANT PAP.'!"CULmR)
Dijon, 27 mars.
Par suite de la mort successive de deux
soldats du 27e régiment d'infanterie, une
profonde émotion règne en viJle.
Le bruit court que le soldat Perraudln,
atteint d'une hernie, serait allé à la, visite
et que le major aurait refusé de le recon-
naître malade ; bien plus, ce pauvre diable
aurait été frappé de deux jours de salle de
police pour avoir tiré la carotte, drôle de
carotte, car lorsqu'on s'est aperçu qu'il
était réellement souffrant, on l'a transporté
à l'hospice ; il était trop tard : le malheu-
reux succombait dans la nuit des suites
d'une hernie étranglée.
Est-il vrai également que le soldat Ponier,
ce séminariste soldat enterré il y a trois
jours, n'ait pas été reconnu malade? Et ce-
pendant il était phtisique au dernier de-
gré.
[Nous ne publions cette dépêche que sous
toutes réserves, nous bornant à attirer l'at-
tention du ministre de la guerre sur les faits
qullo rapporte. Nous serions heureux si les
bruits qui circulent à Dijon étaient réduits à
néant. J
LE GÉNÉRAL BOULANGER
Jo'scy, §7 mars. — Lo général Boulanger est
arrivé aujourd'hui par le steamer Fredcrica,
viâ Sou»thamoi/>n
M
PHILTRE BROWN - SÉMARD
UN NOUVEAU TRAITEMENT DE LA
TUBERCULOSE
Les avantages du suc testiculaire. —
Son action sur l'organisme. — Chez
M. le docteur Goizet. — Les ré-
résultats obtenus.- Cobayes
et lapins. — Une fortune
dans un clapier.
Personne n'a oublié les joyeuses et faciles
plaisanteries qui, voici tantôt quelque dix-
huit mois, accueillirent la découverte, par
le docteur Brown-Séquard, d'un philtre
de jeunesse d'une origine quelque peu
gauloise.
Sans s'émouvoir, du reste, le savant pro-
fesseur de biologie a poursuivi ses études,
et aujourd'hui, grâce à ses recherches pa-
tientes et à celles de quelques-uns de ses
disciples, son élixir n'est plus seulement
un hommage à Vénus triomphante, mais
pourrait bien, peut-être, se trouver le plus
merveilleux agent mis par la science à la
disposition du médecin pour lutter contre
les mille et une maladies qui délabrent nos
êtres affaiblis.
Le propre des injections de liquide testi-
culaire, en effet, est d'exercer sur l'appa-
reil nerveux de l'individu une action dyna-
mogénique des plus vives.
Sous son influence, l'organisme se toni-
fie, la vie devient plus active, les fonctions
s'accomplissent plus régulièrement, la mi-
sère physiologique disparaît.
Jamais cordial ne fut plus énergique ni
plus efficace.
- De tels effets sont particulièrement inté-
ressants pour l'avenir de notre dolente hu-
manité, car ils ouvrent au praticien une
voie nouvelle pour combattre les affections
qui nous délabrent.
Dans le cas des maladies microbiennes,
notamment, le traitement brown-séquar-
dien paraît appelé à rendre des services de
la plus haute importance.
Dans ces derniers cas, du reste, les injec-
tions de suc testiculaire n'ont point la pré-
tention de détruire les bacilles; mais, fo;ti-
iiant le milieu organique, elles permettent
de faire agir dans ce milieu des médica-
ments uiicrobicides que l'on aurait, autre-
ment, dû laisser de côté, le malade n'étant
point assez robuste pour en supporter la
présence.
Tout ceci, du reste, n'est point de la pure
théorie. Depuis plusieurs mois, M. le doc-
teur Goizet à Paris, et à l'étranger M. Us-
pensky ont fait, avec succès, des recher-
ches dans ce sens, notamment pour le trai-
tement de la tuberculose pulmonaire.
L'action du suc testiculaire
Même M. le docteur Goizet, que nous
avons vu hier, vient d'ouvrir un Institut
spécial où déjà les malades accourent en
foule. -
- Depuis que j'expérimente la nouvelle
méthode, riôus" a-t-il dit, j'ai fait plus de
dix mille injections, et aucune n'a entraîné
le moindre accident. Presque immédiate-
ment, au contraire, j'ai toujours constaté
chez mes malades un mieux très réel et qui
ne s'est point démenti par la suite.
A l'heure présente, notalllllledt, grâce à
remploi simultané de mes injections anti-
septiques aux sels de cuivre et des injec-
tions de liquide testiculaire, je compte,
entre autres, dans ma clientèle, trois cas
parfaits de guérison de tuberculeux avan-
cés.
M. Brown-Sequard lui-même, du reste, a
constaté dans ses Archives la valeur du
traitement. Voici en quels termes il parle
de ces expériences du Dr Goizet sur des tu-
berculeux :
« Sur trois individus atteints de tuber-
culose pulmonaire au deuxième degré, il
avait fait depuis quelque temps des injec-
tions sous-cutanées antiseptiques, et en
avait obtenu quelque avantage. Sur mon
conseil, au mois de juin dernier, il les sou-
mit à un traitement mixte, consistant en
injections alternatives de liquide testicu-
laire et de substances antiseptiques. Après
trois semaines de ce traitement chez ces
trois individus, la toux avait cessé; les cra-
chats, la fièvre, les sueurs avaient disparu;
l'appétit était excellent. Ils reprenaient de
la, force et de l'embonpoint, et aujourd'hui,
après six mois d'injections, le Dr Goizet les
considère tous trois comme guéris. Ilselll-
ble donc, d'après ces faits et ceux du Dr Us-
pensky, que la phtisie pulmonaire, comme
la lèpre, peut céder à l'influence dynamo-
génique du sue testiculaire. »
Et, complétant cette note du savant pro-
fesseur, M. le Dr Goizet ajoute : "Un de mes
malades, après 17 injections, toutes de un
centimètre cube, pratiquées dans un espace
de cinq mois, a gagné 17 kilogrammes en
poids.
n Un autre malade, un de vos confrères,
qui était dans un état de faiblesse continue
lors de la première injection, a pu, après
quelques jours de traitement, venir seul, à
pied, des Champs-Elysées à la rue de la
Fidélité, c'est-à-dire traverser tout Paris.
» Voilà, n'est-il pas vrai, qui est con-
cluant ?»
La recette de l'élixir
Mais, demandons-nous alors au docteur,
comment préparez-vous votre élixir, et
pourquoi employez-vous les cobayes et non
point le lapin qui, si nous avons bonnemé-
moiré, avait eu jadis l'honneur de fournir
les éléments des premières expériences du
professeur Brovvu-Séquard ?
La préférence des praticiens pour le co-
baye a une cause. fort curieuse et très
inattendue.
Il paraît que le suc testiculaire fourni
par le lapin est excellent comme dynamo-
génisant, mais qu'il jouit par contra de
manifestes propriétés schopenhauériennes.
Le lapin rend triste et morose, en un
mot. Avec le cobaye, au contraire, les ré-
sultats sont tout autres : loin de broyer du
noir, le patient inoculé voit tout en rose, et
le brave docteur Pangloss est près de lui un
vulgaire pessimiste.
Voici la raison qui fait choisir le co-
baye.
Quant à la préparation du liquide, elle
est en somme assez simple :
Le produit de l'émasculation des pauvres
bêtes est trituré avec une minime quantité
d'eau et filtré au mire de porcelaine sous
une pression de 80 atmosphères obtenue au
moyen de l'acide carbonique liquide. Cette
filtration, qui se fait à une température très
basse, — plus de huit degrés au dessous de
zéro,—fournit le liquide prêt à être injecté.
Le froid produit durant l'opération a un
avantage considérable, celui de rendre par-
faitement aseptique le sut testiculaire, qui
Dout alors se conserver parfaitement du-
rant un certain temps et même être expé-
dié au Loin.
M. Brown-Séquard, qui est actuellement
en résidence sur les coll i est actuellement
eu résidence sur les bords de la Méditer-
ranée, se sert en effet, pour son propre
usage,, du liquide qui lui est envoyé de
Paris.
Une nouvelle profession
Comme l'on voit, la nouvelle méthode
est en somme d'une application simple.
L'écueil le plus redoutable qu'elle ait à
et-aifidre,.pour l'instant, est peut-être la
rareté du cobaye.
Depuis quelques mois, en effet, cet ani-
mal est devenu rare sur le marché, et les
individus que M. le docteur Goizet payait
soixante-quinze centimes lui reviennent à
présent à deux francs cinquante.
Or, comme le traitement par le suc testi-
culaire s'étend tous les jours, on voit les
conséquences !
Heureusement que le mal est réparable,
les cobayes étant, par fortune, des animaux
infiniment prolifiques.
Jadis, un économiste ingénieux avait ré-
digé tout un livre pour apprendre à ses
contemporains la recette de se constituer
trois mille francs de rente en élevant cin-
quante lapines. Son traité redevient d'actua-
lité aujourd'hui.
Il suffira seulement de changer d'ani-
mal.
L'avenir, à présent, est, en effet, à l'éle-
vage du cobaye, et comme les malades, hé-
las! ne sont point près de faire défaut,
ce, n'eot pas trois miile francs que l'on
pourra gagner à soigner des cochons d'Inde,
mais peut-être bien une fortune véri-
table.
Gageons qu'il se trouvera plus d'un père
de famille pour gagner de la sorte la dot de
sa fille.
LA POPULARITÉ DE BISMARCK
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Berlin, 27 mars. — On est vivement impres-
sionné par les manifestations éclatantes et
spontanées qui ont accueilli M. de Bismarck,
hier, à Altona et à Hambourg. On en conclut
que la popularité de l'ex-chancelier reste tou-
jours aussi forte dans les masses.
LA SITUATION AU SÉNÉGAL
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Marseille, 27 mars,
Le steamer français Alandingue, venant
du golfe de Benin (côte occidentale d'Afri-
que), est arrivé ce soir avec quelques pas-
sagers, parmi lesquels M. Guizonnier,
secrétaire général du gouverneur du Sud,
M. Raimbaud, fondateur de la première
école française à Konakry.
Nous avons reçu par ce navire les nou-
velles suivantes du Rio-Nunez: Dinah-Sali-
fou, roi des Nalous, est aujourd'hui interné
à Saint-Louis, mais on n'a jamais dit exac-
tement pour .quelles causes. Grisé par les
honneurs qu'il avait reçus en Franee, il se
crut un monarque important ',ct en usa
ainsi avec ses voisins.qui lui déclarèrent la
guerre, mettant ainsi en péril nos intérêts
dans le Haut-Congo.
Pour apaiser les. tribus soulevées, le
gouverneur général intervint et ordonna
l'interuement de Salifou; le calme fut
alors rétabli.
Les Allemands importent toujours de
grandes quantités d'armes et de poudre au
Dahomey.
La situation au moment du départ du na-
vire était loin d'être tranquille. Le trafic
commercial s'opère d'une façon très diffi-
cile. La santé de nos troupes est très mau-
vaise.
De l'avis général, le3 hostilités recom-
menceront avant deux mois si la France n'y
met bon ordre.
Le roi Koado est en ce moment à Abo-
mey.
L'EMPOISONNEUSE D'AIN-FElZA
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Alger, 27 mars.
Contrairement à l'affirmation de plusieurs
journaux algériens, la date de la comparu-
tion dcl'empoisonneuse d'Aïn-Fezza devant
la cour d'assises d'Oran n'est pas encore
fixée.
L'instruction n'est pas achevée; l'affaire
ne viendra pas avant le courant du mois de
juin.
Mme Weis va beaucoup mieux.
LA QUESTION DES CROIX
La note que nous avons publiée avant-
hier touchant les décorations du 1er janvier
et l'ajournement des décrets au 1U juillet
nous a valu un assez grand nombre de
lettres, adressées par des fonctionnaires qui
attendent la réalisation d'une promesse
faite depuis plus de quatre mois.
Rien ne justifie un pareil ajournement.
Pour l'expliquer, on a invoqué l'insuffi-
sance (ii¡l nombre des croix et la nécessité
de recourir aux Chambres pour faire mo-
difier la réglementation en vigueur. Ce pré-
texte n'a plus de raison d'être, puisque, à
la suite des recherches faites par la Grande-
Chancellerie parmi les légionnaires dont le
décès n'avait pas été notifié, plus de deux
cents croix supplémentaires peuvent être
mises à la disposition des ministres.
On nous assure que les croix de com-
mandeurs et d'officiers vont être seules ac-
cordées. Pourquoi cette distinction entre
les commandeurs, les officiers et les che-
valiers? En laissant ajourner au mois de
juillet la répartition supplémentaire qui
pourrait être attribuée dès à présent à
chaque département ministériel, les minis-
tres se dépouillent volontairement d'un
certain nombre de croix dont ils auraient
intérêt à faire profiter les fonctionnaires
méritants qui attendent depuis le 1er jan-
vier.
Il y a là un malentendu que le conseil
des ministres doit faire cesser.
Avant de se séparer pour aller prendre
des vacances, que le conseil fasse donc sor-
tir les listes de proposition des cartons où
elles dorment depuis trop longtemps. Il ne
se doute pas combien il ferait d'heureux.
LE TESTAMENT
DU PRINCE NAPOLÉON
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARrICULlER)
Genève, 27 mars. — Les princesses Clotilde
et Laetitia et les princes Victor et Louis arri-
veront au château de Prangins dans les pre-
miers jours d'avril. C'est là qu'aura lieu l'ou-
verture du testament du prince Napoléon.
On annonce de Turin que le comte Laborde
a été envoyé par le prince Victor en- mission à
Paris, auprès des chefs du parti impéria-
liste.
LES MEFAITS
DU « PETIT JOURNAL.
NOUVEAUX TÉMOIGNAGES
Sûreté des renseignements du « Petit
Pickpocket ». — Le coup de la
Vieille-Montagne. — Le plé-
biscite est un four.
Nous avons dit, et on ne saurait assez ré-
péter que le Petit Journal est devenu de-
puis quelques années le prospectus d'une
maison de banque, la banque Marinoni-
Poidatz et CiO, qui fonctionne sous le nom
de « Service des primes » et qui se livre à
des opérations de bourse de toute na-
ture.
Le Petit Journal ne se borne pas à faire
acheter par ses lecteurs de mauvaises va-
leurs. Quand il suppose qu'ils peuvent pos-
séder de bonnes valeurs, il ne néglige rien
pour les leur faire vendre. On devine alors
qui les ramasse.
Un homme très connu à Paris, où il jouit
de la considération générale et dont nous
tenons le nom et l'adresse à la disposition
des incrédules, nous a écrit une lettre qui
jette un peu de lumière sur la manière
dont le Petit Journal s'y prend en pareil
cas :
Paris, le 26 mars 1891.
Monsieur le rédacteur en chef du .nXe Siècle
Je suis depuis de longues années lecteur
assidu du Petit Journal et du X!.T(e Siècle. C'est
vous dire que j'ai suivi avec intérêt votre po-
lémique contre le Petit Journai et que je l'ap-
prouve entiéretïmnt.
Vous avez montré la complaisance inté-
ressée du Petit Journal pour les détrousseurs
des peites bourses, et établi que dans sa ma-
nière d'agir il préfère les revenus déshonnêtes
à l'estime du son million de lecteurs.
Car le fameux mur de la quatrième page n'a
été inventé qu'après coup, quand les ruines
ont été amoncelées, faute de n'avoir pas assez
tôt exposé à ses lecteurs cette théorie ingé-
nieuse dont beaucoup n'out pu se garer à
temps.
Je vais vous citer un cas mené d'une façon
plus fine et dans lequel j'ai été victime d'une
perte de deux mille francs.
J'avais le tort de considérer le Petit
Journal comme un journal honnête, se respec-
tant assez et assez ami de ses lecteurs pour ne
pas aider à les dépouiller eu leur donnant de
fausse.i nouvelles et se faire le complice de
brasseurs d'affaires sans vergogne.
Je pensais que si le Petit Journal faisait pa-
raître un entreliiet dans sa première page sur
une société ou une valeur, c'était pour avertir
les braves gens qui avaient confiance en ses
rédacteurs, car, comme votre lecteur, M. Sau-
cier, de Sermaize, le dit dans le numéro de
mercredi 35 mars, le Petit Jour nal répète sur
tous les tons que ses renseignements sont
surs et qu'il ne recule devant aucun sacrifice
pour bien renseigner ses chers lecteurs (son
million de lecteurs).
J'arrive au fait :
Je possédais, il y a deux ans et demi, dix
quarts d'obligations de zinc Vieille-Montagne
qui, depuis deux ans descendaient de 350 à 250
en pente douoe ; quelques bruits couraient sur
la mauvaise administration Je cette société,
mais le krach des cuivres me donnait es-
poir de voir remonter cette, valeur, lorsqu'un
beau jour, en déployant le Petit Journal, je
tombe sur un oiitrefilet qui annonçait : qu'un
vaste territoire neutre situé entre la Prusse et
la Belgique, et concédé à la société de zinc
Vieille-Montagne pour l'exploitation des mines,
allait être retiré à cette société et partagé
entre les deux puissances par une délimita-
tion de territoire.
Cette note, que je n'ai pas sous les yeux,
était faite de façon à mettre la puce à l'oreillo
de ceux qui détenaient ces valeurs et qui s'in-
quiétaient de leur baisse continue.
Je suis .tombé dans le panneau, je me suis
précipité.4 la Société de comptes courants
qui vient de sombrer, et j'ai prié qu'on vendît
mes dix quarts, en montrant la note du Petit
Journal; il me revient que l'employé me re-
carda d'un air ébahi et d'indulgente pitié,
probablement pour ma foi robuste en mon
Petit Journal, l'ami des familles, mais je n'y
prii pas garde.
Bref, mes quarts furent vendus — ainsi que
ceux de beaucoup d'autres qui firent comme
moi,- 2D0 francs, et maintenant ils sont cotés
515 francs. La tour était joué, grâce au Petit
Journal et à sa note parue au bon endroit, en
première page (ce n'est plus le mur de la qua-
trième).
Inutile, je crois, de vous en dire plus long.
Veuillez agréer, monsieur le directeur, l'as.
surance de ma considération la plus distin-
guée, et toutes mes félicitations pour vos
courageuses fcampagues contre les écumeurs
de bourses.
; Dr E. M.
La date des vacances
Nous continuons à recevoir au sujet du
fameux plébiscite un très grand nombre de
lettres. En voici une relative au chiffre de
suffrages que le Petit Journal prétend avoir
recueillis :
A Monsieur le Directeur du journal
le XIXe Siècle.
Monsieur le Directeur,
Les honnêtes gens voient avec plaisir la
campagne que vous poursuivez pour éclairer
le public sur les « Méfaits" du Petit Journal.
Permettez-moi de vous soumettre quelques
réflexions au sujet du plébiscite qu'il vient
d'organiser.
Dans son numéro d'hier, on trouve, dans un
article signé Jean-Sans-Terre, cette phrase :
« La consultation est stupéfiante d'enthou-
siasme pour l'avancement des vacances en
juillet. »>
Il n'est pas difficile, M. Jean-Sans-Terre.
Le nombre de bulletins de vote reçus par le
Petit Journal annoncé par lui ce matin est de
75.190. Mettons que la dernière période de
douze heures lui en amène encore 25.000, cela
fera 100.000 au total; je ne marchande pas,
comme vous voyez.
Plaçons ce chiffre en face du nombre d'élè-
vos des établissements de renseignement se-
condaire.
On a pu voir il y a peu de temps, a propos
d'une discussion sur le budget de l'instruction
publique, que, d'après une statistique faite ré-
cemment, le nombre des élèves des lycées et
collèges de l'Etat est de 80.000, celui des éta-
blissements privés de 75.000, ce qui fait en
tout 155.000.
On peut, je crois, admettre sans erreur que
la populationudes lycées et collèges des jeunes
filles, des pensionnats de tout ordre, se monte
à peu près à un chiffre égal. Cela nous donne
un total d'au moins 300.000 élèves des deux
sexes.
Si réellement il y a eu enthousiasme parmi
les familles pour le plébiscite du Petit Jonrnal,
il doit admettre que la grande majorité des
personnes intéressées y auraient pris part :
non seulement les pères et mères des élèves,
mais aussi les frères, les sœurs, les grands-
parents, les oncles, les tantes, les amis. Et
c'est aller au tout petit pied en affirmaut qu'il
faudrait compter au moins deux votants pour
chaque élève, ce qui ferait 600.000.
Il n'est question ici que des élèves de l'en-
seignement secondaire.
Or, M. Jean-Sans-Terre assure qu'il a reçu
des bulletius d'instituteurs et de pères de leurs
élèves, de sorte qu'il a associé l'enseignement
primaire à cette question.
Si nous nous plaçons à son point de vue, le
chiffre de 600.000 votes possibles que nous
donnons ci-dessus grossira dans de fortes
proportions.
Le nombre des personnes intéressées aux
vacances de l'enseignement primaire est con-
sidérable, et ce n'est pas exagérer en le por-
tant au quadruple du précédent.
Tout compté, cela nous donnerait donc un
total de 5 milliôns da Votés possibles.
Comparons ce chiffre à celui des 100.000 buï<
letins reçus par le Petit Journal. « Et il trouve
que la consultation est stupéfiante d'enthou-
siasme. Il Où sont les naïfs qui se laisseront per-
suader? <
Si, au point de vue du chiffre, ce résultat
peut indiquer quelque chose, c'est que toutes
les personnes sensées, honnêtes, vraiment in-
téressées dans la question, n'ont pas pris ce
plébiscite au sérieux et le considèrent aujour-
d'hui comme une réclame immorale au profit
d'une classe d'intéressés qu'on devine facile-
ment. Autour de moi, je n'ai vu que des en-
fants et des fumistes s'en occuper dans un but
de distraction.
Ce qu'il y a de stupéfiant dans le résultat de
ce plébiscite, c'est que le Petit Journal n'ait pu
racoler qu'au plus 100,000 votes parmi « son.
million de lecteurs », malgré sa campagne
effrénée et les procédés indélicats de ses aco-
lytes.
Que l'on demande à M. Jean-Sans-Terre de
nous éclairer sur les pays d'origine de ses
votants; il serait très probablement édifiant
de le savoir au juste.
Qu'il vous dise, par exemple, combien il a pu
recueillir de ses bulletins. oui » dans la Bour-
gogne, pays vignoble où tous les parents tien-
nent absolument à avoir leurs enfants près
d'eux à la fin de septembre, au moment des
vendanges. Il ne le dira pas. -
Nous espérons ici, M. le directeur, que votre
estimable journal continuera à protester éner-
giqusment contre cette grotssque fumisterie,
ainsi que contre l'immoralité des annonces dit
Petit Journal. 11 est bon que tout cela soit
connu, des braves gens de province, qu'on
trompe facilement.
Veuillez agréer, monsieur, l'expression de
mes meilleurs sentiments. *
Pour un groupe de pères de famille.
LARTET.
Saint-Sorlin, le 55 mars 1891.
Un des arguments invoqués par les nom-
breux partisans du statu quo, c'est qu'on
obtiendrait très difficilement de faire ren-
trer les élèves et surtout de les faire tra-
vailler au 10 septembre. « Votre honnête
adversaire, nous écrit-on,pendaut la cam-
pagne qui a précédé le plébiscite et même
pendant le plébiscite, a eu bien soin
de laisser dans l'ombre là date de la.
rentrée des classes. Nos potaches fran-
çais, qui aiment par-dessus tout les.
vacances, ont saisi avec enthousiasme-
l'idée du sieur Jean-Sans-Terre. Pen-
sez donc, être en liberté du 10 juillet au
le" octobre! Aussi ont-ils voté avec plu-
sieurs bulletins à chaque main. Les fumis-
tes du Petit Journal savaient bien ce qu'ils
faisaient.
Un autre de nos lecteurs nous indique le
moyen qui aurait dû être employé si on,
avait voulu vraiment consulter les familles,
— au moins en ce qui concerne l'enseigne
ment secondaire :
Puisqu'on adresse chaque trimestre aux rh
milles, notamment avant les vacances de Qâr»
ques;les bulletins contenant le relevé des q&r-\
tes.et des-lytaces- de nos enfants, on eût roi -1 1
joindre un avis leur demandant de trahsnmt..
tre au, proviseur, soit par la poste, soit. p
les enfants, rentrant au lycée le 7 avril,; tetu.r
opinion sur la question.
Le dépouillement eut été fait dans c-a&q'ae
établissement par le proviseur assisté do, W';ux:
professeurs, et l'on réunissait les votM par
académie, puis pour la France entière.
Silence forcé
La plupart des procès qui se jugeoit à la
police correctionnelle et ia plupart d-es es-
croqueries qui se commettent ayant pour
origine et pour moyen les annonces du
Petit Journal, et le Petit Jourwal, d'autre
part, ne voulant pas faire savoir au public
que la plupart de ses annonces et beaucoup
de ses articles sont des pièges tendus à la
crédulité publique, il en résulte quelei?e £ t' £
Journal se trouve de plus en plus obligé de
rester muet en présence des procès ou des
arrestations les plus intéressantes.
C'est ainsi qu'hier il n'a soufflé mot ni du
procès de son client Sennegon, condamné à
deux années de prison pour escroqueries
commises par l'annonce du Petit Journalt
ni de l'histoire de cette Anglaise qui, tou-
jours grâce aux annonces dudit Petit Jour-
nal, a trouvé moyen de se marier quarante-
trois fois de suite en Angleterre.
Ces deux affaires, cependant si iiitéres,
santés, le Petit Journal les ignore! ,
(La suiie à demain.)
CHRONIQUE
Le débat sur l'authenticité des Mémoi-
res de Talieyrand prend des proportions
épiques. C'est moi qui vousaimis au cou-
rant des premiers doutée, exprimes par
M. Aulard, celui-là mêmequi vient d'être
nommé à la Sorbonne professeur à la
chaire d'histoire de la Révolution fran-
çaise. Depuis lors, ce n'a été dans tous
les journaux, à ce propos, que lettres et
contre-lettres des intéressés, interviewset
réponses à ces interviews. Toutes ces ex-
plications ont si bien embrouillé l'affaire,
qu'il n'y a plus moyen de s'y reconnaître.
Ce qui paraît certain pourtant,c'e5t que
le manuscrit authentique n'existe plus, ou
tout au moins que M. le duc de Broglie,
l'éditeur des Mémoires, ne l'a pas eu sa
possession. A un rédacteur du Gaulois
qui lui posait une question à ce sujet, il
a répondu en pivotant sur son talon
rouge : a Que voulez-vous ? la plus belle
fille du monde ne peut donner que ce
qu'elle a. »
Mais M. Aulard reprend la parole dans
la Revue bleue :
« Sans doute, répond-il, la plus belle
fille ne peut donner que ce qu'elle a;
mais elle n'est pas, que je sache, obligée
de le donner. »
Qui obligeait M. le duc de Broglie à pu-
blier des mémoires dont il n'avait pas le
texte? Qui l'obligeait à faire acte de lé-
gataire quand il n'avait pas de legs ?
M. de Broglie est en effet un singulier
exécuteur testamentaire. Talleyrand lè-
gue à M. de Bacourt le texte original de
ses mémoires. M. de Bacourt, au lieu de
conserver précieusement ce texte origi-
nal, le copie de sa main et transmet ce
legs à M. Andral. Celui-ci le transmet à
son tour à M. de Broglie, avec mission de
le publier.
M. de Broglie, à qui on ne léguait, et
encore de seconde main,qu'une copie non
certifiée, une copie sans aucun caractère
d'authenticité, n'en est pas moins ravi ;
et le 2 juin 1890, dans l'excès de ea ioie.
LE xir SIÈCLE
JOURNAL RÉPUBLICAIN
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t(14 a , Rua JwflLontiïiartre
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NOS CROISEURS
.!
Les manœuvres navales anglaises
: de 1889 sont riches en expériences et
observations dont nous ferions sage-
ment de tirer profit, si nous ne vou-
lons pas éprouver sur mer les déboi-
res que la guerre de 1870 nous infli-
gea sur terre.
J'ai parlé ici, Pautre jour, des con-
clusions auxquelles aboutissent les
manœuvres anglaises en ce qui con-
cerne les cuirassés d'escadre, et les
lecteurs du XIXe Siècle ont pu juger
des erreurs que nous avons commises
dans la construction d'un certain
nombre de ces navires.
Nous en avons fait de plus graves
encore dans la conception de beau-
coup de nos croiseurs.
Les deux conditions principales
auxquelles doivent répondre les croi-
seurs sont, de l'avis de tous les ma-
rins, une vitesse aussi grande que
possible et un armement assez fort
- pour qu'ils puissent lutter avec avan-
tage non seulement contre leurs con-
génères, mais encore au besoin con-
tre des cuirassés isolés. Pour ce der-
: nier objet, ils doivent porter un nom-
- bre considérable de pièces à tir ra-
pide. Ce sont ces deux qualités que
les Italiens ont cherchées dans le Pie-
monte. Ce croiseur a filé une moyenne
de 17 nœuds dans sa traversée d'An-
gleterre en Italie et il porte un nom-
bre si considérable de pièces à tir ra-
pide qu'il peut lancer 7^ projectiles
par minute.
Il faut aussi que les croiseurs puis-
sent s'approvisionner d'assez de char-
bon pour faire de longues courses
sans se ravitailler. Il est indispensa-
ble , pour la même raison, qu'ils
soient aussi habitables que possible
et que les réparations y soient faciles,
même à la mer.
- Toutes ces qualités exigent de gran-
- des dimensions. Il résulte de toutes
les observations faites par les marines
- de guerre et de commerce que, toutes
les autres conditions étant égales, le
■croiseur ayant le plus fort tonnage, la
-- ;'PluS grande longueur et les bords les
- plus relevés est celui qui conserve le
mieux à la mer sa vitesse et la stabi-
lité nécessaire au tir. C'est aussi, on le
comprend, celui qui sera le plus ha-
bitable, pourra porter le plus de char-
bon et de canons et faire les plus lon-
gues courses.
J'ai le regret de constater que, dans
la plupart des croiseurs mis en ser-
vice depuis 1886, nous n'avons pas
tenu un compte suffisant ni du ralen-
tissement dans la vitesse que la mer
produit quand elle est mauvaise et
qui est d'autant plus grand que le
tonnage et la longueur du navire sont
moindres, ni de l'habitabilité et des
conditions relatives aux approvision-
nements.
- Sous l'influence de certaines idées
théoriques que je ne veux pas discu-
ter, nous avons donné à la plupart
de nos croiseurs des dimensions beau-
coup trop faibles. C'est le défaut que
présentent au plus haut degré les
quatre éclaireurs de 1/270 tonnes du
type Vautour. C'est aussi celui du
- Milan qui a 1,5M) tonnes; celui du
Surcouf et du Forbin qui ont 1,8A0
tonnes, et celui des quatre croiseurs
du type Lalande qui ont 1,870 ton-
nes.
Dans tous ces navires, la vitesse est
si aisément diminuée par la mer, que
pas un d'entre eux ne serait capable
d'atteindre avec gros temps un grand
paquebot d'une vitesse nominale beau-
coup moindre. Tandis que ce dernier
conserverait son allure en dépit de la
mer, le Vautour, le SurcouÇ ou le La-
lande seraient arrêtés par elle. Heu-
reux encore devraient-ils s'estimer si
leurs efforts n'entraînaient pas quel-
que grosse avarie de machine ou de
chaudière. Par suite, en effet, de
leurs faibles dimensions, on a dû de-
- mander à chacun de leurs organes de
produire le maximum d'effet avec le
minimum de résistance. L'année der-
rière, pendant le retour de l'escadre
à Toulon, la plupart des éclaireurs
eurent des avaries telles, que les cui-
rassés dont ils devaient éclairer la
marche furent obligés de les prendre
à la remorque. C'est dans ce lamenta-
ble équipage que notre flotte fut ren-
contrée par l'escadre anglaise.
Les dimensions trop faibles de ces
navires ont d'autres conséquences fâ-
clieuses. Ils ne peuvent prendre que
peu de charbon et sont incapables de
faire de longues croisières ; ils ne por-
tent qu'une artillerie si insignifiante
qu'ils méritent à peine le titre de bâ-
timents de guerre ; enfin, les empla-
cements des machines y sont à peu
Près inhabitables à cause de la cha-
leur et du manque de plac', et les ré-
parations y sont impossibles pour un
, grand nombre de parties de ces or-
ganes essentiels.
Tous ces défauts sont si graves,
qu'ils inspirent aux marins les plus
grandes inquiétudes au sujet de la
façon dont les croiseurs qui en sont
atteints se comporteraient en temps
de guerre.
Or, ce sont malheureusement à peu
près les seuls que nous ayons actuel-
lement en service. Nous ne pourrions
en effet, aujourd'hui, mettre en ligne
que trois croiseurs en fer de grandes
dimensions et pourvus d'une vitesse
convenable : le Sfax, le Tage et le
Cécille. Mais ceux-ci pêchent par ail-
leurs. Leur artillerie à tir rapide est
peu nombreuse et formée seulement
de pièces de très petit calibre. Taudis
que le Piernonte des Italiens porte une
quinzaine de pièces à tir rapide de 1^
et 15 centimètres, nos plus grands
croiseurs n'en ont qu'un petit nom-
bre de 37 et h7 millimètres et nous
en sommes encore à essayer des piè-
ces que tous nos voisins ont depuis
longtemps.
Ce n'est pas avant plusieurs années
que nous aurons en service d'autres
croiseurs plus grands et mieux armés
que ceux dont il a été question plus
haut. L'Italie et l'Allemagne, sans
parler de l'Angleterre, ont à cet égard
une grande avance sur nous, et il est
d'autant plus a craindre qu'elles la
conservent que nous persistons à
construire des types aussi défectueux
que le Lalande.
En dépit des dures leçons que l'ex-
périence nous donne chaque jour,
nous ne voulons pas renoncer aux
croiseurs de petites dimensions. Non
seulement nous en avons sur les chan-
tieis, mais encore on nous annonce
qu'on en commencera d'auti\s en
18. Il me serait vraiment impossi-
ble de croire à une pareille persis-
tance dans des erreurs que toutes les
expériences condamnent, si je n'en
avais la preuve sous les yeux.
Il est certain, cependant, que la
marine jouera dans la prochaine
guerre un rôle important. L'Aliema-
gne vient de nous en avertir et l'Ita-
lie nous le prouve par le soin qu'elle
met à renforcer st flotte.
J.-L. de Lanessan.
Xse ](.J.X¡;H:Í'-'.wZi ptunxerii cieujaiiu ia
a Chronique a, par - M. Paul Ginisty.
NOUVEAU DÉMENTI
On nous demande d'insérer la lettre sui-
vante :
Monsieur II. Dallet, gérant du journal
le Matin,
Vous dites, dans votre numéro d'hier matin,
qu'entre M. Towne et la Gazette des Tribunaux
il n'y a pas à hésiter.
Il n'y a pas à hésiter, en effet, par la raison
que la Gazette des Tribunaux n'a jamais parlé
de l'histoire de chèques dont le Matin s'est fait
l'écho.
Je compte sur l'insertion de cette lettre à la
place où mon nom a été imprimé.
Recevez, etc.
A. TOWNE,
7I7, rue Turbigo.
LES PASSEPORTS
EN ALSACE-LORRAINE
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Strasbourg, 27 mars.
Au lieu de mesures d'adoucissement de
l'obligation du passeport, les rigueurs re-
doublent.
Il est exact que des instructions confiden-
tielles ont été données aux fonctionnaires
de police afin de questionner les voyageurs
se rendant en France, pour constater si des
Français n'auraient pas éludé les prescrip-
tions du passeport en pénétrant par une
autre frontière. Des arrêtés d'expulsion se-
ront rendus contre eux. Mais il est inexact
qu'ils doivent être conduits à Strasbourg
ou à Metz pour en entendre signification.
On se contentera de leur interdire à l'ave-
nir le séjour des provinces annexées.
LA POLICE ITALIENNE
ET LES ANARCHISTES
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Rome, 9.7 mars. — A Milan, des perquisitions
ont eu lieu la nuit passée chez les principaux
anarchistes.
Plusieurs arrestations ont été opérées, no-
tamment celle de Rongino, récemment expulsé
de Suisse.
Des perquisitions ont été pratiquées hier
dans la chambre d'Amilcare Cipriani, à l'hôtel
Central. On a saisi divers papiers et bro-
chures.
—B—M—■—■Mlll l UIIWi III
LES MÉDECINS MILITAIRES
DU 276 DE LIGNE
- (DE NOTRE CORRESPONDANT PAP.'!"CULmR)
Dijon, 27 mars.
Par suite de la mort successive de deux
soldats du 27e régiment d'infanterie, une
profonde émotion règne en viJle.
Le bruit court que le soldat Perraudln,
atteint d'une hernie, serait allé à la, visite
et que le major aurait refusé de le recon-
naître malade ; bien plus, ce pauvre diable
aurait été frappé de deux jours de salle de
police pour avoir tiré la carotte, drôle de
carotte, car lorsqu'on s'est aperçu qu'il
était réellement souffrant, on l'a transporté
à l'hospice ; il était trop tard : le malheu-
reux succombait dans la nuit des suites
d'une hernie étranglée.
Est-il vrai également que le soldat Ponier,
ce séminariste soldat enterré il y a trois
jours, n'ait pas été reconnu malade? Et ce-
pendant il était phtisique au dernier de-
gré.
[Nous ne publions cette dépêche que sous
toutes réserves, nous bornant à attirer l'at-
tention du ministre de la guerre sur les faits
qullo rapporte. Nous serions heureux si les
bruits qui circulent à Dijon étaient réduits à
néant. J
LE GÉNÉRAL BOULANGER
Jo'scy, §7 mars. — Lo général Boulanger est
arrivé aujourd'hui par le steamer Fredcrica,
viâ Sou»thamoi/>n
M
PHILTRE BROWN - SÉMARD
UN NOUVEAU TRAITEMENT DE LA
TUBERCULOSE
Les avantages du suc testiculaire. —
Son action sur l'organisme. — Chez
M. le docteur Goizet. — Les ré-
résultats obtenus.- Cobayes
et lapins. — Une fortune
dans un clapier.
Personne n'a oublié les joyeuses et faciles
plaisanteries qui, voici tantôt quelque dix-
huit mois, accueillirent la découverte, par
le docteur Brown-Séquard, d'un philtre
de jeunesse d'une origine quelque peu
gauloise.
Sans s'émouvoir, du reste, le savant pro-
fesseur de biologie a poursuivi ses études,
et aujourd'hui, grâce à ses recherches pa-
tientes et à celles de quelques-uns de ses
disciples, son élixir n'est plus seulement
un hommage à Vénus triomphante, mais
pourrait bien, peut-être, se trouver le plus
merveilleux agent mis par la science à la
disposition du médecin pour lutter contre
les mille et une maladies qui délabrent nos
êtres affaiblis.
Le propre des injections de liquide testi-
culaire, en effet, est d'exercer sur l'appa-
reil nerveux de l'individu une action dyna-
mogénique des plus vives.
Sous son influence, l'organisme se toni-
fie, la vie devient plus active, les fonctions
s'accomplissent plus régulièrement, la mi-
sère physiologique disparaît.
Jamais cordial ne fut plus énergique ni
plus efficace.
- De tels effets sont particulièrement inté-
ressants pour l'avenir de notre dolente hu-
manité, car ils ouvrent au praticien une
voie nouvelle pour combattre les affections
qui nous délabrent.
Dans le cas des maladies microbiennes,
notamment, le traitement brown-séquar-
dien paraît appelé à rendre des services de
la plus haute importance.
Dans ces derniers cas, du reste, les injec-
tions de suc testiculaire n'ont point la pré-
tention de détruire les bacilles; mais, fo;ti-
iiant le milieu organique, elles permettent
de faire agir dans ce milieu des médica-
ments uiicrobicides que l'on aurait, autre-
ment, dû laisser de côté, le malade n'étant
point assez robuste pour en supporter la
présence.
Tout ceci, du reste, n'est point de la pure
théorie. Depuis plusieurs mois, M. le doc-
teur Goizet à Paris, et à l'étranger M. Us-
pensky ont fait, avec succès, des recher-
ches dans ce sens, notamment pour le trai-
tement de la tuberculose pulmonaire.
L'action du suc testiculaire
Même M. le docteur Goizet, que nous
avons vu hier, vient d'ouvrir un Institut
spécial où déjà les malades accourent en
foule. -
- Depuis que j'expérimente la nouvelle
méthode, riôus" a-t-il dit, j'ai fait plus de
dix mille injections, et aucune n'a entraîné
le moindre accident. Presque immédiate-
ment, au contraire, j'ai toujours constaté
chez mes malades un mieux très réel et qui
ne s'est point démenti par la suite.
A l'heure présente, notalllllledt, grâce à
remploi simultané de mes injections anti-
septiques aux sels de cuivre et des injec-
tions de liquide testiculaire, je compte,
entre autres, dans ma clientèle, trois cas
parfaits de guérison de tuberculeux avan-
cés.
M. Brown-Sequard lui-même, du reste, a
constaté dans ses Archives la valeur du
traitement. Voici en quels termes il parle
de ces expériences du Dr Goizet sur des tu-
berculeux :
« Sur trois individus atteints de tuber-
culose pulmonaire au deuxième degré, il
avait fait depuis quelque temps des injec-
tions sous-cutanées antiseptiques, et en
avait obtenu quelque avantage. Sur mon
conseil, au mois de juin dernier, il les sou-
mit à un traitement mixte, consistant en
injections alternatives de liquide testicu-
laire et de substances antiseptiques. Après
trois semaines de ce traitement chez ces
trois individus, la toux avait cessé; les cra-
chats, la fièvre, les sueurs avaient disparu;
l'appétit était excellent. Ils reprenaient de
la, force et de l'embonpoint, et aujourd'hui,
après six mois d'injections, le Dr Goizet les
considère tous trois comme guéris. Ilselll-
ble donc, d'après ces faits et ceux du Dr Us-
pensky, que la phtisie pulmonaire, comme
la lèpre, peut céder à l'influence dynamo-
génique du sue testiculaire. »
Et, complétant cette note du savant pro-
fesseur, M. le Dr Goizet ajoute : "Un de mes
malades, après 17 injections, toutes de un
centimètre cube, pratiquées dans un espace
de cinq mois, a gagné 17 kilogrammes en
poids.
n Un autre malade, un de vos confrères,
qui était dans un état de faiblesse continue
lors de la première injection, a pu, après
quelques jours de traitement, venir seul, à
pied, des Champs-Elysées à la rue de la
Fidélité, c'est-à-dire traverser tout Paris.
» Voilà, n'est-il pas vrai, qui est con-
cluant ?»
La recette de l'élixir
Mais, demandons-nous alors au docteur,
comment préparez-vous votre élixir, et
pourquoi employez-vous les cobayes et non
point le lapin qui, si nous avons bonnemé-
moiré, avait eu jadis l'honneur de fournir
les éléments des premières expériences du
professeur Brovvu-Séquard ?
La préférence des praticiens pour le co-
baye a une cause. fort curieuse et très
inattendue.
Il paraît que le suc testiculaire fourni
par le lapin est excellent comme dynamo-
génisant, mais qu'il jouit par contra de
manifestes propriétés schopenhauériennes.
Le lapin rend triste et morose, en un
mot. Avec le cobaye, au contraire, les ré-
sultats sont tout autres : loin de broyer du
noir, le patient inoculé voit tout en rose, et
le brave docteur Pangloss est près de lui un
vulgaire pessimiste.
Voici la raison qui fait choisir le co-
baye.
Quant à la préparation du liquide, elle
est en somme assez simple :
Le produit de l'émasculation des pauvres
bêtes est trituré avec une minime quantité
d'eau et filtré au mire de porcelaine sous
une pression de 80 atmosphères obtenue au
moyen de l'acide carbonique liquide. Cette
filtration, qui se fait à une température très
basse, — plus de huit degrés au dessous de
zéro,—fournit le liquide prêt à être injecté.
Le froid produit durant l'opération a un
avantage considérable, celui de rendre par-
faitement aseptique le sut testiculaire, qui
Dout alors se conserver parfaitement du-
rant un certain temps et même être expé-
dié au Loin.
M. Brown-Séquard, qui est actuellement
en résidence sur les coll i est actuellement
eu résidence sur les bords de la Méditer-
ranée, se sert en effet, pour son propre
usage,, du liquide qui lui est envoyé de
Paris.
Une nouvelle profession
Comme l'on voit, la nouvelle méthode
est en somme d'une application simple.
L'écueil le plus redoutable qu'elle ait à
et-aifidre,.pour l'instant, est peut-être la
rareté du cobaye.
Depuis quelques mois, en effet, cet ani-
mal est devenu rare sur le marché, et les
individus que M. le docteur Goizet payait
soixante-quinze centimes lui reviennent à
présent à deux francs cinquante.
Or, comme le traitement par le suc testi-
culaire s'étend tous les jours, on voit les
conséquences !
Heureusement que le mal est réparable,
les cobayes étant, par fortune, des animaux
infiniment prolifiques.
Jadis, un économiste ingénieux avait ré-
digé tout un livre pour apprendre à ses
contemporains la recette de se constituer
trois mille francs de rente en élevant cin-
quante lapines. Son traité redevient d'actua-
lité aujourd'hui.
Il suffira seulement de changer d'ani-
mal.
L'avenir, à présent, est, en effet, à l'éle-
vage du cobaye, et comme les malades, hé-
las! ne sont point près de faire défaut,
ce, n'eot pas trois miile francs que l'on
pourra gagner à soigner des cochons d'Inde,
mais peut-être bien une fortune véri-
table.
Gageons qu'il se trouvera plus d'un père
de famille pour gagner de la sorte la dot de
sa fille.
LA POPULARITÉ DE BISMARCK
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Berlin, 27 mars. — On est vivement impres-
sionné par les manifestations éclatantes et
spontanées qui ont accueilli M. de Bismarck,
hier, à Altona et à Hambourg. On en conclut
que la popularité de l'ex-chancelier reste tou-
jours aussi forte dans les masses.
LA SITUATION AU SÉNÉGAL
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Marseille, 27 mars,
Le steamer français Alandingue, venant
du golfe de Benin (côte occidentale d'Afri-
que), est arrivé ce soir avec quelques pas-
sagers, parmi lesquels M. Guizonnier,
secrétaire général du gouverneur du Sud,
M. Raimbaud, fondateur de la première
école française à Konakry.
Nous avons reçu par ce navire les nou-
velles suivantes du Rio-Nunez: Dinah-Sali-
fou, roi des Nalous, est aujourd'hui interné
à Saint-Louis, mais on n'a jamais dit exac-
tement pour .quelles causes. Grisé par les
honneurs qu'il avait reçus en Franee, il se
crut un monarque important ',ct en usa
ainsi avec ses voisins.qui lui déclarèrent la
guerre, mettant ainsi en péril nos intérêts
dans le Haut-Congo.
Pour apaiser les. tribus soulevées, le
gouverneur général intervint et ordonna
l'interuement de Salifou; le calme fut
alors rétabli.
Les Allemands importent toujours de
grandes quantités d'armes et de poudre au
Dahomey.
La situation au moment du départ du na-
vire était loin d'être tranquille. Le trafic
commercial s'opère d'une façon très diffi-
cile. La santé de nos troupes est très mau-
vaise.
De l'avis général, le3 hostilités recom-
menceront avant deux mois si la France n'y
met bon ordre.
Le roi Koado est en ce moment à Abo-
mey.
L'EMPOISONNEUSE D'AIN-FElZA
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Alger, 27 mars.
Contrairement à l'affirmation de plusieurs
journaux algériens, la date de la comparu-
tion dcl'empoisonneuse d'Aïn-Fezza devant
la cour d'assises d'Oran n'est pas encore
fixée.
L'instruction n'est pas achevée; l'affaire
ne viendra pas avant le courant du mois de
juin.
Mme Weis va beaucoup mieux.
LA QUESTION DES CROIX
La note que nous avons publiée avant-
hier touchant les décorations du 1er janvier
et l'ajournement des décrets au 1U juillet
nous a valu un assez grand nombre de
lettres, adressées par des fonctionnaires qui
attendent la réalisation d'une promesse
faite depuis plus de quatre mois.
Rien ne justifie un pareil ajournement.
Pour l'expliquer, on a invoqué l'insuffi-
sance (ii¡l nombre des croix et la nécessité
de recourir aux Chambres pour faire mo-
difier la réglementation en vigueur. Ce pré-
texte n'a plus de raison d'être, puisque, à
la suite des recherches faites par la Grande-
Chancellerie parmi les légionnaires dont le
décès n'avait pas été notifié, plus de deux
cents croix supplémentaires peuvent être
mises à la disposition des ministres.
On nous assure que les croix de com-
mandeurs et d'officiers vont être seules ac-
cordées. Pourquoi cette distinction entre
les commandeurs, les officiers et les che-
valiers? En laissant ajourner au mois de
juillet la répartition supplémentaire qui
pourrait être attribuée dès à présent à
chaque département ministériel, les minis-
tres se dépouillent volontairement d'un
certain nombre de croix dont ils auraient
intérêt à faire profiter les fonctionnaires
méritants qui attendent depuis le 1er jan-
vier.
Il y a là un malentendu que le conseil
des ministres doit faire cesser.
Avant de se séparer pour aller prendre
des vacances, que le conseil fasse donc sor-
tir les listes de proposition des cartons où
elles dorment depuis trop longtemps. Il ne
se doute pas combien il ferait d'heureux.
LE TESTAMENT
DU PRINCE NAPOLÉON
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARrICULlER)
Genève, 27 mars. — Les princesses Clotilde
et Laetitia et les princes Victor et Louis arri-
veront au château de Prangins dans les pre-
miers jours d'avril. C'est là qu'aura lieu l'ou-
verture du testament du prince Napoléon.
On annonce de Turin que le comte Laborde
a été envoyé par le prince Victor en- mission à
Paris, auprès des chefs du parti impéria-
liste.
LES MEFAITS
DU « PETIT JOURNAL.
NOUVEAUX TÉMOIGNAGES
Sûreté des renseignements du « Petit
Pickpocket ». — Le coup de la
Vieille-Montagne. — Le plé-
biscite est un four.
Nous avons dit, et on ne saurait assez ré-
péter que le Petit Journal est devenu de-
puis quelques années le prospectus d'une
maison de banque, la banque Marinoni-
Poidatz et CiO, qui fonctionne sous le nom
de « Service des primes » et qui se livre à
des opérations de bourse de toute na-
ture.
Le Petit Journal ne se borne pas à faire
acheter par ses lecteurs de mauvaises va-
leurs. Quand il suppose qu'ils peuvent pos-
séder de bonnes valeurs, il ne néglige rien
pour les leur faire vendre. On devine alors
qui les ramasse.
Un homme très connu à Paris, où il jouit
de la considération générale et dont nous
tenons le nom et l'adresse à la disposition
des incrédules, nous a écrit une lettre qui
jette un peu de lumière sur la manière
dont le Petit Journal s'y prend en pareil
cas :
Paris, le 26 mars 1891.
Monsieur le rédacteur en chef du .nXe Siècle
Je suis depuis de longues années lecteur
assidu du Petit Journal et du X!.T(e Siècle. C'est
vous dire que j'ai suivi avec intérêt votre po-
lémique contre le Petit Journai et que je l'ap-
prouve entiéretïmnt.
Vous avez montré la complaisance inté-
ressée du Petit Journal pour les détrousseurs
des peites bourses, et établi que dans sa ma-
nière d'agir il préfère les revenus déshonnêtes
à l'estime du son million de lecteurs.
Car le fameux mur de la quatrième page n'a
été inventé qu'après coup, quand les ruines
ont été amoncelées, faute de n'avoir pas assez
tôt exposé à ses lecteurs cette théorie ingé-
nieuse dont beaucoup n'out pu se garer à
temps.
Je vais vous citer un cas mené d'une façon
plus fine et dans lequel j'ai été victime d'une
perte de deux mille francs.
J'avais le tort de considérer le Petit
Journal comme un journal honnête, se respec-
tant assez et assez ami de ses lecteurs pour ne
pas aider à les dépouiller eu leur donnant de
fausse.i nouvelles et se faire le complice de
brasseurs d'affaires sans vergogne.
Je pensais que si le Petit Journal faisait pa-
raître un entreliiet dans sa première page sur
une société ou une valeur, c'était pour avertir
les braves gens qui avaient confiance en ses
rédacteurs, car, comme votre lecteur, M. Sau-
cier, de Sermaize, le dit dans le numéro de
mercredi 35 mars, le Petit Jour nal répète sur
tous les tons que ses renseignements sont
surs et qu'il ne recule devant aucun sacrifice
pour bien renseigner ses chers lecteurs (son
million de lecteurs).
J'arrive au fait :
Je possédais, il y a deux ans et demi, dix
quarts d'obligations de zinc Vieille-Montagne
qui, depuis deux ans descendaient de 350 à 250
en pente douoe ; quelques bruits couraient sur
la mauvaise administration Je cette société,
mais le krach des cuivres me donnait es-
poir de voir remonter cette, valeur, lorsqu'un
beau jour, en déployant le Petit Journal, je
tombe sur un oiitrefilet qui annonçait : qu'un
vaste territoire neutre situé entre la Prusse et
la Belgique, et concédé à la société de zinc
Vieille-Montagne pour l'exploitation des mines,
allait être retiré à cette société et partagé
entre les deux puissances par une délimita-
tion de territoire.
Cette note, que je n'ai pas sous les yeux,
était faite de façon à mettre la puce à l'oreillo
de ceux qui détenaient ces valeurs et qui s'in-
quiétaient de leur baisse continue.
Je suis .tombé dans le panneau, je me suis
précipité.4 la Société de comptes courants
qui vient de sombrer, et j'ai prié qu'on vendît
mes dix quarts, en montrant la note du Petit
Journal; il me revient que l'employé me re-
carda d'un air ébahi et d'indulgente pitié,
probablement pour ma foi robuste en mon
Petit Journal, l'ami des familles, mais je n'y
prii pas garde.
Bref, mes quarts furent vendus — ainsi que
ceux de beaucoup d'autres qui firent comme
moi,- 2D0 francs, et maintenant ils sont cotés
515 francs. La tour était joué, grâce au Petit
Journal et à sa note parue au bon endroit, en
première page (ce n'est plus le mur de la qua-
trième).
Inutile, je crois, de vous en dire plus long.
Veuillez agréer, monsieur le directeur, l'as.
surance de ma considération la plus distin-
guée, et toutes mes félicitations pour vos
courageuses fcampagues contre les écumeurs
de bourses.
; Dr E. M.
La date des vacances
Nous continuons à recevoir au sujet du
fameux plébiscite un très grand nombre de
lettres. En voici une relative au chiffre de
suffrages que le Petit Journal prétend avoir
recueillis :
A Monsieur le Directeur du journal
le XIXe Siècle.
Monsieur le Directeur,
Les honnêtes gens voient avec plaisir la
campagne que vous poursuivez pour éclairer
le public sur les « Méfaits" du Petit Journal.
Permettez-moi de vous soumettre quelques
réflexions au sujet du plébiscite qu'il vient
d'organiser.
Dans son numéro d'hier, on trouve, dans un
article signé Jean-Sans-Terre, cette phrase :
« La consultation est stupéfiante d'enthou-
siasme pour l'avancement des vacances en
juillet. »>
Il n'est pas difficile, M. Jean-Sans-Terre.
Le nombre de bulletins de vote reçus par le
Petit Journal annoncé par lui ce matin est de
75.190. Mettons que la dernière période de
douze heures lui en amène encore 25.000, cela
fera 100.000 au total; je ne marchande pas,
comme vous voyez.
Plaçons ce chiffre en face du nombre d'élè-
vos des établissements de renseignement se-
condaire.
On a pu voir il y a peu de temps, a propos
d'une discussion sur le budget de l'instruction
publique, que, d'après une statistique faite ré-
cemment, le nombre des élèves des lycées et
collèges de l'Etat est de 80.000, celui des éta-
blissements privés de 75.000, ce qui fait en
tout 155.000.
On peut, je crois, admettre sans erreur que
la populationudes lycées et collèges des jeunes
filles, des pensionnats de tout ordre, se monte
à peu près à un chiffre égal. Cela nous donne
un total d'au moins 300.000 élèves des deux
sexes.
Si réellement il y a eu enthousiasme parmi
les familles pour le plébiscite du Petit Jonrnal,
il doit admettre que la grande majorité des
personnes intéressées y auraient pris part :
non seulement les pères et mères des élèves,
mais aussi les frères, les sœurs, les grands-
parents, les oncles, les tantes, les amis. Et
c'est aller au tout petit pied en affirmaut qu'il
faudrait compter au moins deux votants pour
chaque élève, ce qui ferait 600.000.
Il n'est question ici que des élèves de l'en-
seignement secondaire.
Or, M. Jean-Sans-Terre assure qu'il a reçu
des bulletius d'instituteurs et de pères de leurs
élèves, de sorte qu'il a associé l'enseignement
primaire à cette question.
Si nous nous plaçons à son point de vue, le
chiffre de 600.000 votes possibles que nous
donnons ci-dessus grossira dans de fortes
proportions.
Le nombre des personnes intéressées aux
vacances de l'enseignement primaire est con-
sidérable, et ce n'est pas exagérer en le por-
tant au quadruple du précédent.
Tout compté, cela nous donnerait donc un
total de 5 milliôns da Votés possibles.
Comparons ce chiffre à celui des 100.000 buï<
letins reçus par le Petit Journal. « Et il trouve
que la consultation est stupéfiante d'enthou-
siasme. Il Où sont les naïfs qui se laisseront per-
suader? <
Si, au point de vue du chiffre, ce résultat
peut indiquer quelque chose, c'est que toutes
les personnes sensées, honnêtes, vraiment in-
téressées dans la question, n'ont pas pris ce
plébiscite au sérieux et le considèrent aujour-
d'hui comme une réclame immorale au profit
d'une classe d'intéressés qu'on devine facile-
ment. Autour de moi, je n'ai vu que des en-
fants et des fumistes s'en occuper dans un but
de distraction.
Ce qu'il y a de stupéfiant dans le résultat de
ce plébiscite, c'est que le Petit Journal n'ait pu
racoler qu'au plus 100,000 votes parmi « son.
million de lecteurs », malgré sa campagne
effrénée et les procédés indélicats de ses aco-
lytes.
Que l'on demande à M. Jean-Sans-Terre de
nous éclairer sur les pays d'origine de ses
votants; il serait très probablement édifiant
de le savoir au juste.
Qu'il vous dise, par exemple, combien il a pu
recueillir de ses bulletins. oui » dans la Bour-
gogne, pays vignoble où tous les parents tien-
nent absolument à avoir leurs enfants près
d'eux à la fin de septembre, au moment des
vendanges. Il ne le dira pas. -
Nous espérons ici, M. le directeur, que votre
estimable journal continuera à protester éner-
giqusment contre cette grotssque fumisterie,
ainsi que contre l'immoralité des annonces dit
Petit Journal. 11 est bon que tout cela soit
connu, des braves gens de province, qu'on
trompe facilement.
Veuillez agréer, monsieur, l'expression de
mes meilleurs sentiments. *
Pour un groupe de pères de famille.
LARTET.
Saint-Sorlin, le 55 mars 1891.
Un des arguments invoqués par les nom-
breux partisans du statu quo, c'est qu'on
obtiendrait très difficilement de faire ren-
trer les élèves et surtout de les faire tra-
vailler au 10 septembre. « Votre honnête
adversaire, nous écrit-on,pendaut la cam-
pagne qui a précédé le plébiscite et même
pendant le plébiscite, a eu bien soin
de laisser dans l'ombre là date de la.
rentrée des classes. Nos potaches fran-
çais, qui aiment par-dessus tout les.
vacances, ont saisi avec enthousiasme-
l'idée du sieur Jean-Sans-Terre. Pen-
sez donc, être en liberté du 10 juillet au
le" octobre! Aussi ont-ils voté avec plu-
sieurs bulletins à chaque main. Les fumis-
tes du Petit Journal savaient bien ce qu'ils
faisaient.
Un autre de nos lecteurs nous indique le
moyen qui aurait dû être employé si on,
avait voulu vraiment consulter les familles,
— au moins en ce qui concerne l'enseigne
ment secondaire :
Puisqu'on adresse chaque trimestre aux rh
milles, notamment avant les vacances de Qâr»
ques;les bulletins contenant le relevé des q&r-\
tes.et des-lytaces- de nos enfants, on eût roi -1 1
joindre un avis leur demandant de trahsnmt..
tre au, proviseur, soit par la poste, soit. p
les enfants, rentrant au lycée le 7 avril,; tetu.r
opinion sur la question.
Le dépouillement eut été fait dans c-a&q'ae
établissement par le proviseur assisté do, W';ux:
professeurs, et l'on réunissait les votM par
académie, puis pour la France entière.
Silence forcé
La plupart des procès qui se jugeoit à la
police correctionnelle et ia plupart d-es es-
croqueries qui se commettent ayant pour
origine et pour moyen les annonces du
Petit Journal, et le Petit Jourwal, d'autre
part, ne voulant pas faire savoir au public
que la plupart de ses annonces et beaucoup
de ses articles sont des pièges tendus à la
crédulité publique, il en résulte quelei?e £ t' £
Journal se trouve de plus en plus obligé de
rester muet en présence des procès ou des
arrestations les plus intéressantes.
C'est ainsi qu'hier il n'a soufflé mot ni du
procès de son client Sennegon, condamné à
deux années de prison pour escroqueries
commises par l'annonce du Petit Journalt
ni de l'histoire de cette Anglaise qui, tou-
jours grâce aux annonces dudit Petit Jour-
nal, a trouvé moyen de se marier quarante-
trois fois de suite en Angleterre.
Ces deux affaires, cependant si iiitéres,
santés, le Petit Journal les ignore! ,
(La suiie à demain.)
CHRONIQUE
Le débat sur l'authenticité des Mémoi-
res de Talieyrand prend des proportions
épiques. C'est moi qui vousaimis au cou-
rant des premiers doutée, exprimes par
M. Aulard, celui-là mêmequi vient d'être
nommé à la Sorbonne professeur à la
chaire d'histoire de la Révolution fran-
çaise. Depuis lors, ce n'a été dans tous
les journaux, à ce propos, que lettres et
contre-lettres des intéressés, interviewset
réponses à ces interviews. Toutes ces ex-
plications ont si bien embrouillé l'affaire,
qu'il n'y a plus moyen de s'y reconnaître.
Ce qui paraît certain pourtant,c'e5t que
le manuscrit authentique n'existe plus, ou
tout au moins que M. le duc de Broglie,
l'éditeur des Mémoires, ne l'a pas eu sa
possession. A un rédacteur du Gaulois
qui lui posait une question à ce sujet, il
a répondu en pivotant sur son talon
rouge : a Que voulez-vous ? la plus belle
fille du monde ne peut donner que ce
qu'elle a. »
Mais M. Aulard reprend la parole dans
la Revue bleue :
« Sans doute, répond-il, la plus belle
fille ne peut donner que ce qu'elle a;
mais elle n'est pas, que je sache, obligée
de le donner. »
Qui obligeait M. le duc de Broglie à pu-
blier des mémoires dont il n'avait pas le
texte? Qui l'obligeait à faire acte de lé-
gataire quand il n'avait pas de legs ?
M. de Broglie est en effet un singulier
exécuteur testamentaire. Talleyrand lè-
gue à M. de Bacourt le texte original de
ses mémoires. M. de Bacourt, au lieu de
conserver précieusement ce texte origi-
nal, le copie de sa main et transmet ce
legs à M. Andral. Celui-ci le transmet à
son tour à M. de Broglie, avec mission de
le publier.
M. de Broglie, à qui on ne léguait, et
encore de seconde main,qu'une copie non
certifiée, une copie sans aucun caractère
d'authenticité, n'en est pas moins ravi ;
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