Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1891-03-28
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 28 mars 1891 28 mars 1891
Description : 1891/03/28 (A21,N7012). 1891/03/28 (A21,N7012).
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 29/04/2013
, Vingt-et-unième année. - - NIO 7,019
CINQ Centimes — Paris et Départements — CINQ Centimes
SAMEDI 83 MARS 1891
LE JK CTPri w
JOURNAL REPUBLICAIN -
RÉDACTION
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ïïtum
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A. - EDOUARD PORTALIS
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LES
Attachés sonunerciani
C'est émettre un lieu commun d'une
banalité courante, que se plaindre de
notre représentation consulaire à l'é-
tranger. IL n'est si mince voyageur,
ayant pour quelques semaines émi-
gré hors de France, qui ne joigne ses
lamentations aux doléances des mal-
heureux qui ont eu, avant lui, à
éprouver la bienveillance de nos
aeents.
Je recevais, l'autre matin, la visite
d'un jeune et hardi compatriote qui
s'en est allé depuis tantôt cinq ans
chercher aux antipodes l'emploi de
son activité. Rien de plus comique et
de plus attristant aussi que le por-
trait qu'il silhouettait de nos consuls
qu'il avait rencontrés là-bas. Celui-ci,
vieillard maniaque, était tout entier
absorbé par la traduction d'Homère
en vers français. Celui-là, Benoîton
diplomatique, était invisible partout
et pour tous. Cet autre déclarait dé-
daigneusement que la colonie fran-
çaise était trop mal composée pour
qu'il se commît avec ses membres.
« Votre interlocuteur, me dira-t-
on, était sans doute un grincheux ou
un fantaisiste. » Il serait permis de le
croire si ces plaintes étaient isolées
ou nouvelles. Tout le monde sait le
contraire. La réforme de nos consu-
lats est une des améliorations les plus
urgentes, les plus réclamées par tous
les intéressés.
Nous avons eu; il y a quelque temps,
à signaler une fort intéressante bro-
chure consacrée à la question par M.
Gaston Cadoux. L'auteur vient très
heureusement de récidiver, en livrant
au public une étude sur les attachés
commerciaux et les consulats, que
notre ami de Lanessan a fait précé-
der d'une préface.
Si jamais époque a été bien choisie
pour s'occuper de notre commerce
d'exportation, c'est bien celle que
nous traversons. La révision de notre
tarif des douanes va se faire dans les
conditions les plus périlleuses pour le
maintien de notre influence commer-
ciale et industrielle à l'étranger.
Préoccupé par-dessus tout de proté-
ger contre la concurrence extérieure
le travail national, les chefs du mou-
vement protectionniste semblent se
soucier médiocrement du tort qu'ils
peuvent causer à nos exportateurs.
Le moment est donc opportun Pour
offrir à ces grands intérêts l'appui
utile et intelligent qu'il convient de
leur ménager, en organisant au de-
hors, partout où siège un représen-
tant de la France, un centre d'infor-
mations pour nos industriels et nos
commerçants.
M. Ribot a mis à l'étude la question
de l'amélioration de notre service of-
ficiel de renseignements industriels et
commerciaux par voie consulaire. M.
G. Cadoux a apporté sa contribution
sous les espèces d'un rapport au mi-
nistre. Il y préconise certaines réfor-
mes de détail qui ne sembleront pué-
riles qu'aux heureux mortels qui ne
se sont jamais trouvés dans la néces-
sité de faire appel, en pays étranger,
au concours de nos représentants. Il
lui paraît souhaitable que le person-
nel de service chargé de recevoir les
visiteurs dans nos ambassades et con-
sulats sache s'exprimer en notre lan-
gue. Son audace va jusqu'à deman-
der que des heures précises et conve-
nables soient fixées pour la réception
du public. Il émet aussi le vœu que
locaux et locataires soient d'appa-
rence sortable et d'allures accueillan-
tes.
Mais il insiste avec une obstination
particulière sur la création d'un corps
nouveau d'agents qu'il appelle des
attachés commerciaux. Avec eux, nous
voilà loin du type classique et un peu
démodé, il faut le reconnaître, de l'at-
taché d'ambassade, dont la qualité
essentielle consistait à faire brillante
figure dans les salons. Ces nouveaux
fonctionnaires seraient quelque chose
comme des inspecteurs des consulats,
chargés de centraliser les renseigne-
ments utiles au commerce et à l'in-
dustrie, de les transmettre au quai
d'Orsay, d'organiser à l'ambassade
des expositions périodiques où nos
producteurs enverraient les échantil-
lons propres à mettre en relief le bon
goût et la valeur de leur fabrication.
Ce n'est point d'hier, au reste, que
l'Allemagne et l'Angleterre ont insti-
tué des attachés commerciaux. Ils
rendent à leurs nationaux les plus
grands services. Il n'y a point de rai-
son plausible pour que la France se
refuse à suivre l'exemple que ses ri-
vales lui ont donné. Toutefois, il im-
porte de le remarquer, il serait d'une
médiocre utilité d'avoir créé ces or-
ganes de renseignements si nos indus-
triels- devaient négliger d'user de leur
ministère.
M Cadoux note auelaue uart que des
avis commerciaux destinés à nos com-
patriotes et donnés, soit par la presse
commerciale, soit par nos publica-
tions officielles, ont souvent été mis
à profit par nos concurrents étran-
gers et délaissés par nous.
Il faut vaincre cette apathie, cette
incurie inconcevables qui* stérilisent
tous nos efforts au dehors et donnent
à nos concurrents tant d'avantages
sur nous. Sans doute il ne dépend pas
du gouvernement, par un coup de
baguette magicrue, d'éveiller l'initia-
tive individuelle et de transformer
nos mœurs commerciales. Au moins
doit-il tout faire pour ne pas contre-
carrer les tentatives de nos négociants,
pour aider au contraire toutes les ma-
nifestations de l'esprit d'entreprise. Si
l'institution d'attachés commerciaux
peut aider à atteindre le but, il n'y a
pas à hésiter. L'expérience pour l'Al-
lemagne et l'Autriche coûterait, pa-
raît-il, une cinquantaine de mille
francs. Ce serait de l'argent bien em-
ployé.
A. Millerand
Le XIXO SIÈCLE publiera demain la
a Chronique J par Francisque Sarcey.
LE
SYNDICAT DES MÉCONTENtS
Grande nouvelle ! Il vient de se former,
sous les auspices de MM. Marinoni et Poi-
datz, un syndicat pour la défense des inté-
rêts lésés par la campagne du XIXe Siècle
contre les voleurs.
Voici quels sont les principaux membres
de ce syndicat : d'abord les directeur et
administrateurs du Petit Pickpocket, puisCir-
caud qui, depuis qu'il a pour lui MM.
Edwards et Laurent, ne se gêne plus pour
crier très haut que le jugement de la neu-
vième chambre est une infamie (sic) et que
le « Tonkin financier" est l'affaire la plus
honnête de cette fin de siècle. Viennent en-
suite l'inévitable Pellorce; Le Brun, l'hono-
-r>o hîû Ai rlo l'o rron n o i-la nla/»Am An f Ho
la rue d'Ulm ; Bonnard, directeur du syndi-
cat sportif (2,177 francs pour 100 francs,
capital garanti) ; Ugy, directeur de l'agence
matrimoniale du boulevard des Batignolles;
Mme Duval, directrice du journal le Véri-
dique (deux exemplaires déposés au par-
quet) ; les directeurs de la Société indus-
trielle de la rue Lamartine, de la Banque
méridionale (5,350 francs en quatre jours
de Bourse avec 50 francs), etc.
MM. Mary-Raynaud, Macé-Berneau et S.
Foubert étaient représentés par des manda-
taires.
La tête de cette précieuse colonne, c'est
M. Edwards, directeur du Matin, un homme
bien comme il faut et toujours bien inspiré
dans ses campagnes, témoin sa campagne
pour les Cuivres et sa campagne contre le
Crédit foncier; si bien inspiré même qu'on
se dit des gens contre lesquels il n'a pas
fait le coup de poing : « Mais qu'est-ce
qu'il peut donc avoir sur la conscience, ce-
lui-là, pour qu'Edwards soit bien avec
lui ? )
Une réunion du syndicat a eu lieu dans
les bureaux du Petit Journal. « Comment !
s'est écrié le chœur des syndiqués, il y a
un journal qui ose en toutes circonstances
prendre la défense du public et qui, au
lieu de prendre le parti des exploiteurs, se
range du côté des victimes. Mais c'est abo-
minable! Haro sur le XIXe Sièclel Ecrasons
l'infâme! »
Là-dessus MM. Edwards et Charles Lau-
rent ont juré la mort du XIXe Siècle.
Ils avaient déjà juré, l'un après l'autre,
il n'y a pas bien longtemps, de tuer le Cré-
dit foncier.
Le Crédit foncier ne s'en porte pas plus
mal.
Quant à nous, nous attendions leurs at-
taques et nous nous en félicitons. Elles
nous paraissent la consécration nécessaire
de notre campagne contre les malhonnêtes
gens.
Continuez donc, messieurs les bravi
LES ÉMULES DE ZULPHA
Nous avons reçu la lettre suivante, que
nous insérons uniquement pour faire plaisir
à son auteur, car nos lecteurs ne nous par-
donneraient pas de répondre à toutes les in-
ventions saugrenues suggérées aux émules
du souteneur Zulpha et du sodomiste Bey-
lac par la rage folle de MM. Marinoni et
Poidatz :
Paris, le 23 mars 1891.
Monsieur Portalis, directeur du journal le
XIX. Siècle,
Je me fais un devoir de vous déclarer que
j'ai lu avec indignation l'article de M. Charles
Laurent, qui a fait un scandaleux abus de mon
nom.
Toutes les allégations contenues dans cet
article, reproduit par le journal le Matin, sont
absolument mensongères, et j'espère que vous
me croyez entièrement étranger à ces odieuses
calomnies."
Veuillez agréer, monsieur le directeur, l'as-
surance de mes sentiments les plus dévoués.
A. TOWNE,
JI7, rue Turbigo.
VENTE DU « PETIT CAPORAL"
Le Petit Caporal a été vendu hier. C'est
M. Hamm, qui dirige déjà le Libéral, le
Constitutionnel et plusieurs feuilles finan-
cières, qui s'est rendu acquéreur de la
feuille bonapartiste.
La même ligne politique sera suivie pen-
dant deux ans, et M. le commandant Blanc
conserve pendant le même laps de temps
son titre de rédacteur en chef.
Le Petit Caporal a été payé 8,000 francs
par M. Hamm, qui avait pour concurrent
M. Faivre, ancien candidat boulangiste
dans le sixième arrondissement aux der-
nières élections législatives.
LE PRINCE LOUIS
Ainsi qae nous l'avions annoncé, le con-
seil de cabinet a pris connaissance hier ma-
*'11 de la consultation rédigée par M. Fal-
lières sur la situation du prince Louis au
regard de la loi sur les prétendants.
Conformément à l'avis du garde des
sceaux, le conseil a été d'avis que l'article
2 de la loi du S6 juin 1886 serait appliqué,
le cas échéant, au fils cadet du nriuce Na-
poléon
LES ESCROCS
DU « PETIT JOURNAL »
EN POLICE CORRECTIONNELLE
LA « SOLIDARITÉ FINANCIÈRE.. -
DEUX ANS DE PRISON
Une chambre correctionnelle à créer.
— Le sieur Sennegon et la qua-
trième page du « Petit Pick-
pocket ». — Gogos dévalisés.
— La fin d'un escroc.
Il ne s'écoule pas de semaine sans que
comparaissent en police correctionnelle
quelques-uns des flibustiers dont les an-
nonces à six francs la ligne font la pros-
périté du Petit Journal. C'est à ce point
qu'on parle au Palais de créer une chambre
spéciale, dite chambre des escrocs du Petit
Journal, où serait lavé tout le linge sale
des troisième et quatrième pages du jour-
nal de M. Marinoni. -
Il serait alors à souhaiter que des cartes
de faveur,exceptionnellement délivrées par
le président, fussent remises aux abonnés
du Petit Journal désireux de s'éclairer sur
la moralité de la feuille populaire où ils
puisent d'ordinaire des conseils pour opé-
rer des placements de père de famille.
Les débats de cette douzième chambre
correctionnelle constitueraient une excel-
lente leçon de choses. Un banc spécial,'
placé devant le banc des prévenus et facile
à enjamber, serait réservé à M. Mariuoni.
Pour donner un avant-goût des procès
qui se dérouleraient à cette douzième
chambre idéale, voici le compte rendu des
débats de l'affaire Sennegon, qui s'est dé-
nouée hier à la onzième chambre correc-
tionnelle, présidée par M. Flandijî.
Un homme à tout faire
Jules Sennegon est un homme à tout
faire. Le manque d'orthographe et peut-
être aussi un tout petit grain de délicatesse
native l'ont seuls empêché de faire concur-
rence aux bravi de lettres stipendiés par
M. Marinoni pour les besognes honteuses.
Mais il a employé ailleurs sa remarquable
activité.
Dès l'âge de quatorze ans, il était garçon
marchand de vin à Bercy. Plus tard, il se
plaçait en qualité de comptable chez un fa-
bricant de draps. Il devenait ensuite associé
dans une entreprise de teinturerie à Cau-
dcbec-les-Elboeuf. De là il passait, comme
employé, chez un bijoutier.
En 1881, — il était âgé de cinquante et un
ans, — il venait à Paris et montait une mai-
son pour la vente de marchandises prove-
nant de soldes. Il faisait bientôt la commis-
sion. En 1889, il créait, dans le faubourg
Montmartre, une agence de prêts sur recon-
naissances et d'avancés d'argent sur mar-
chandises. Le guignon, qui le poursuivait,
s'acharna alors plus désespérément sur lui,
et il fut condamné, à cette époque,à quinze
jours de prison pour usure habituelle et
tenue de maison de prêts sur gages. L'in-
justice des hommes après l'injustice des
choses !
Le « Petit Journal » à la-rescousse
Pendant sa détention à Sainte-Pélagie,
Jules Sennegon eut le plaisir de se trouver
en relation avec des escrocs qui lui ouvri-
rent des horizons nouveaux sur l'art d'ex-
ploiter ses concitoyens.
—On ne peut aujourd'hui, lui dit-on, ga-
gner sérieusement de l'argent qu'en créant
une maison de banque.
— Mais, pour cela, répondit-il naïvement,
il faut avoir quelques avances.
— Seulement de quoi payer des annonces
dans le Petit Journal !
Au sortir de prison, Jules Sennegon s'ef-
força de mettre à profit les conseils qui lui
avaient été donnés par des gens malheu-
reux peut-être, mais indiscutablement com-
pétents en matière d'escroqueries. Hélas !
il n'avait pas un sou vaillant!
Il attendit des jours prospères, et dès
qu'il fut en possession de quelques centai-
nes de francs, il s'empressa de fonder, 22,
rue Cadet, une maison d'opérations de
Bourse et de paris sur les courses.
L'affaire fut lancée par une annonce in-
sérée dans le Petit Journal du mercredi 23
juillet 1890, annonce ainsi typographique-
ment disposée et conçue :
121 a fr. en (J 50 francs. Unique vèrsem1
h *lA II cinq rn à faire. Participation de 1/2
8 III j°urs k desrésultats.Remboursem*
* j u /j I 11 de P de 1/2 en cas de perte. Sen-
* * v Bourse ~} negon et Co, 22, rue Cadet.
En même temps, le financier de Sainte-
Pélagie, qui s'intitulait directeur de la
Solidarité Financière, répandait dans le
public un prospectus dont voici l'entête
alléchant :
OPÉRATIC N3 DE BOURSE
A terme et au comptant
AU PARQUET, EN COULISSE
Directes et en participation
PAIEMENT DES REVENUS
SUR LES VALEURS
Dépréciées et Improductives
Reçoit de l'Argent
EN DÉPOT
Pr le tripler en capitalisant
ou
A REVENU FIXE
Produisant en un mois
beaucoup plus qu'ailleurs
en un an.
SENNEGON et C"
Intermédiaires financiers
S, rue Cadet, 99
PARIS
Bureau et Caisse
OUVERTS
De 9 à 11 h. et de 3 à 5 h.
Circulaire nO 8.
Suivait une longue explication exposant,
à l'aide d'un exemple, le mécanisme de
l'opération. Il était « scientifiquement » dé-
montré qu'avec un capital de 1,000 fr. on
ne pouvait s'empêcher de gagner 6,000 fr.
par an.
Les dupes
Les naïfs envoyèrent leur argent — qu'ils
ne revirent naturellement plus. Parmi ces
naïfs se trouvaient un assez grand nombre
de membres du clergé.
Ainsi M. Leleu, curé de Punchy (Somme)
adressa 100 fr. au directeur de la Solidarité
Financière, et M. de Bazelle, vicaire à Viile-
neuve-l'Archevêque (Yonne), 50 fr.
A titre de curiosité, nous relevons çà et
là, sur les livres de Jules Sennegon, les
professions de quelques dupes du pseudo-
banquier:
M. Albert, instituteur, à la Begrade (Bas-
ses-Alpes), 50 fr.
M. Descazeaux, huissier (!), à Aire-sur-
l'Adour, 50 francs;
M. de la Casinière, au 351. 1 régiment d'in-
fanterie, à Angers, 50 francs ;
M. Roland de Villemarqué, sans profes-
sion, château de Pont-au-Roy (Finistère),
50 francs;
M. Guérin, propriétaire, 3, rue Portzmo-
gues, à Brest, 600 francs ;
M. de Rogala Ivanow.-ki, sans profession,
à Wieliczka (Autriche), 50 francs;
Etc., etc., etc., etc.
Inutile de dire que tous ces imprudents,
une fois leur argent versé, n'entendirent
plus parler de la Solidarité Financière. Des
plaintes furent alors adressées au parquet
de la Seine, plaintes libellées, en général,
dans la forme suivante :
« Monsieur le procureur de la Répu-
blique,
» Par la voie du Petit Journal, M. Senne-
» gon fait appel au public. Sur la foi de
» cette annonce, etc.
» (Signe) BESSON,
» rue Bossuet, 6, à Lyon ».
Sennegon fut arrêté. Une perquisition
opérée à son domicile, 22, rue Cadet, n'a-
mena la découverte d'aucune valeur. Les
tiroirs de la caisse de la Solidarité Finan-
cière étaient complètement vides. Pas même
une feuille sèche!
L'escroc a comparu hier devant la onziè-
me chambre correctionnelle, sous les in-
culpations de banqueroute simple et d'es-
n*f\n 11ATÎ AG_
Jules Sennegon a une belle tête de vieil-
lard. Il pourrait, avec succès, jouer les
pères nobles sur quelque scène de théâtrt
de banlieue. Ses manières sont pleines de
distinction.
Après réquisitoire de M. le substitut Jus-
tin. Seligman, il a été condamné à deux an-
nées d'emprisonnement.
Et le Petit Journal, à l'abri des pour-
suites judiciaires, sur son fameux mur le
long duquel il n'est pas, hélas ! défendu dE
déposer des annonces d'escroc, continue
son honnête petit commerce! (Bewarj oi
pickpockets J)
[A demain la suite des méfaits du Petit Jour-
nal et la publication de plusieurs lettres inté-
ressantes.]
MORT DU GÉNÉRAL ZVOLINSKY
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Saint-Pétersbourg, 26 mars.
On m'annonce de Moscou la mort, à l'âge
de quatre-vingt-seize ans, du général-lieu-
tenant de Zvoiinsky, un des rares officiers
du tsar Alexandreler qui aient connu per-
sonnellement Napoléon Ier.
Le général Zvolinsky avait accompagné
le tsar Alexandre à la Malmaison quand
celui-ci rendit visite à l'impératrice divor-
cée Joséphine.
Il avait pris part, en 18A9, à la campagne
contre la Hongrie.
Depuis J880 il était en retraite et vivait en
simple particulier à Moscou, parlant avec
enthousiasme de la France, qu'il n'avait
qu'entrevue.
LAVIEDEPARIS
La question du jour, c'est de savoir si
M. le duc d'Orléans est venu à Paris ces
jours-ci, s'il y est encore, et même ce
qu'il est venu y faire. On a raconté toutes
sortes d'histoires à ce sujet. On nous a
dit que M. le duc était arrivé par la fron-
tière du nord et que, pour échapper à la
police, ne se contentant pas des lunettes
bleues et de la fausse barbe du général
Boulanger, il s'était déguisé en valet de
pied, ce qui n'est pas un beau déguise-
ment pour un fils de roi ! Malgré ce tra-
vestissement, il aurait été reconnu par
l'œil vigilant des policiers. Mais on aurait
cependant laissé le duc d'Orléans tran-
quille, en ayant acquis la conviction qu'il
n'était point venu en France pour cons-
pirer, ni pour voir d'austères et vieux
royalistes qui l'ennuient, ni pour s'enga-
ger encore une fois, si ce n'est dans le
régiment de Cupidon. Ce jeune homme,
en effet, n'aurait franchi la frontière que
cour venir voir- disons « voir » oar res-
pect des convenances — un* jeune per-
sonne qui chante dans un de nos théâ-
tres. Je dois ajouter que, tandis que cette
version court dans un certain milieu
qui passe pour bien informé, les jour-
naux monarchistes en donnent une autre
très différente, protestent avec indigna-
tion contre le voyage du prince à Paris
et surtout contre l'aimable motif qu'on
en donne, et assurent qu'il est à quel-
que mille lieues de l'Opéra, à Tiflis, d'où
il télégraphie à ses parents, prêt à entre-
prendre un de ces voyages qui, dit-on,
forment la jeunesse, au travers de l'Asie,
ainsi qu'a fait son cousin.
Qui doit-on croire ? Il est fort possible
que le prince soit à Tiflis,comme on nous
le dit. Nous en croirions même sur parole
nos confrères qui l'affirment, s'il ne s'a-
gissait d'un prince et d'un prétendant.
De même qu'un galant homme a le droit
et le devoir de mentir pour ne pas com-
promettre une femme, on peut mentir
aussi pour l'honneur ou l'intérêt de « son
roi ». Et il parait également possible que
le duc d'Orléans, qui ne veut plus enten-
dre parler de se marier et qui semble
être un bon « fêtard M, ait fait une fugue
à Paris et, à l'escapade politique de l'an
dernier, ait fait succéder une escapade
amoureuse, moins compromettante, infi-
niment plus agréable pour lui. Ce qui
m'étonne seulement, c'est que le prince,
pour jeune qu'il soit et par conséquent
enclin au romanesque, ait cru bien né-
cessaire de se travestir en larbin et de
prendre le costume de Ruy Blas pour
tomber aux pieds d'une reine. de théâ-
tre. Je ne savais pas la frontière si bien
surveillée. Je la passe, pour mon compte,
une demv-douzaine de fois chaque année,
et jamais persoone ne s'est avisé de me
demander mon nom. Sauf la frontière
allemande, on -va et on vient de l'étran-
ger en France et de France à l'étranger
avec la plus grande facilité. S'habiller en
valet de chambre eût été une précaution
de luxe pour le jeune prince, à moins
qu'il n'ait voulu dire et montrer par là
qu'il était le serviteur dévoué de la dame
de ses pensées. Mais ce n'eût pas été une
bien bonne idée, car ce travestissement
en domestique ne va pas sans un peu de
ridicule.
L'aventure est, d'ailleurs, de très petite
importance. Il nous est complètement in-
différent que le duc d'Orléans vienne
voir sa maîtresse à Paris ou à Bruxelles,
et son séjour chez nous, dans ces condi-
tions, n'a pas plus d'importance que celui
de M. Vergoin, qui a demandé un sauf-
conduit pour venir arranger des affaires
de famille et aussi pour aller voir si on
jetait toujours beaucoup de bonnets par
dessus le Moulin-Rouge. Notre bon-gar-
çonnisme va même jusqu'à estimer que si
le jeune prince s'amuse, il fait ce qui est
de son âge. En conséquence, il n'y aurait
pas à en vouloir au ministre de l'inté-
rieur si, comme on le raconte, il avait
fermé les yeux sur le séjour du prince à
Paris, en ayant su ce- qu'il y venait faire.
Il faut bien que tout le monde. vive !
Cependant, on peut aussi trouver qu'il
y a quelque inconvénient à édicter des
lois et à ne pas les appliquer, à les sus-
pendre, tout au moins, selon le bon plai-
sir-d'un ministre. Le gouvernement d'une
République s'accommode mal de l'arbi-
traire et on ne peut s'empêcher de remar-
quer que, depuis quelque temps, l'arbi-
traire joue un certain rôle dans toutes
sortes d'affaires. Les purs parlementaires
sont d'avis que, lorsqu'ils ont pris la res-
ponsabilité d'une mesure, d'accord avec
le gouvernement, celui-ci est mal venu
d'en atténuer les effets et de diminuer sa
part de responsabilité par des mesures
gracieuses. Ceci n'est pas très correct.
Mais ce ne sont pas là mes affaires. Je
parle en Parisien 01 je crois que je suis
d'accord avec les Parisiens quand je pense
que l'exil est une sorte de - pénalité pré-
ventive qui n'est plus guère de notre
temps. Sans rouvrir un débat trop grave
pour la chronique, je m'imagine que la
République ne saurait plus courir aucun
danger à ce que des ex-rois, ex-empe-
reurs, héritiers, prétendants, pussent se
promener sur le boulevard et dîner au
grand seize. De deux choses l'une : ou ce
sont des politiques dangereux, hardis;
capables de se faire un parti, et en ce
cas, l'exil ne fait que leur donner une
auréole, sans gêner leur action; ou ce
sont des mortels très semblables aux au-
tres, et en ce cas, à les voir .s'amuser
comme de simples cercleux et même faire
quelques sottises, on s'habitue de plus en
plus à considérer qu'ils n'ont rien de
providentiel. L'éloignement, a-t-on dit
avec raison, diminue les objets et grandit
les hommes. Avec de bonnes lois, appli-
quées dans un esprit cle sévère égalité, je
ne pense pas qu'on ait beaucoup à redou-
ter d'un jeune homme qui, après avoir
voulu ou fait semblant de vouloir man-
ger à la gamelle des conscrits, trouve
qu'il vaut encore mieux boire du cham-
pagne en cabinet particulier.
Henry Fouquier.
Lire à la seconde page : SCANDALE
A L'HOTEL DROUOT (Les ventes de
fleurs ).
DE PARIS A MOSCOU A PIED
Nous recevons de MM. Louis Peyramont
et Gustave Marais, les deux jeunes et intré-
pides marcheurs partis le 2A février der-
nier pour Moscou, la dépêche suivante :
« Magdebourg, 6 InarS.
» Subi depuis huit jours un temps af-
freux. Assaillis, dans les montagnes du Harz
supérieur, par des tourmentes de neige ef-
froyables, nous avons failli plusieurs fois
rester en route, malgré des efforts inouïs.
La marche était rendue presque impossible
par des rafales violentes et des tourbillons
aveuglants.
» Ajoutez, dans les montagnes du Harz,
gîte et couvert des plus rudimentaires.
Vécu quatre jours de saucisses et de bière
aigre. Fatigues plus que compensées par la
jouissance de sites splendides.
» Nous nous arrêterons un jour à Magde-
bourg. Serons à Berlin lundi ou mardi pro-
chain.
» Bon souvenir. »
M. YVES GUYOT A DIJON ET A BEAUNE
(DB NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Dijon, 26 mars.
M. Yves Guyot a définitivement accepté
de présider l'inauguration des lignes de
tramways à vapeur de Dijon à Fontaine-
Française et de Beaune à Arnay-le-Duc. La
cérémonie aura lieu pendant la session du
conseil général, le 8 et le 9 avril..
Le conseil offrira un banquet à M. Yves
Guyot à la salle philharmonique. Le 9, nou-
veau banquet offert au ministre à Beaune,
par la municipalité de cette ville.
On organise de grandes fêtes pour le re-
cevoir.
UNE ERREUR DE PHARMACIEN
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Le Mans, 26 mars.
Le parquet a fait procéder aujourd'hui à
l'autopsie d'un enfant de huit mois, lils de
M. Corne, vétérinaire, mort victime d'une er-
reur de pharmacien. L'enfant souffrant d'une
bronchite, le médecin commanda des injec-
tions de morphine, mais le pharmacien livra
du chlorhydrate do morphine.
L'enfant est mort à la première injection.
LE MANIFESTE DU PRINCE VICTOR
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Genève, 26 mars. — Le manifeste que le
prince Victor Napoléon publiera sera daté de
Prangins.
Le prince le lancera lorsque les formalités
relatives à la succession seront accomnlies.
MADAME BARBE-BLEUE
QUARANTE-TROIS FOIS MARIÉE
Les mariages de miss Eveline Leal.
- Une escroquerie amusante. -
Pincée.
Nos lecteurs se rappellent peut-être qu'en
1887, à la suite de diverses plaintes portées
contre elle, la Sûreté mit en état d'arresta-
tion une très gracieuse Anglaise, miss Eve-
line Leal, qui pratiquait l'escroquerie sur
une vaste échelle.
Elle était présentée par une complice
comme femme à marier, les candidats
à sa main lui faisaient de nombreux ca-
deaux,et au moment de publier les bans, la
fiancée trouvait un prétexte pour rompre,
elle rendait à son futur sa parole, mais
invariablement elle gardait les cadeaux.
Quand un fiancé très amoureux mena-
çait miss Eveline Leal de se suicider si elle
ne l'épousait point, la jeune Anglaise ar-
rangeait les choses.
— Maman ne veut pas que je me marie
déjà, disait-elle. Mais je vous aime assez
pour enfreindre sa défense; seulement,
comme son consentement va nous faire dé-
faut, partons pour l'Angleterre, nous nous
unirons là pour la vie, my dear.
En effet, en Angleterre, un clergyman
complaisant bâclait un mariage pour dix
shellisgs, que le mari déboursait ; on dé-
jeunait ensuite, mais, au moment où miss
Eveline Leal allait devoir récompenser son
mari de sa longue constance, celui-ci, déjà
couché, attendait vainement que sa femme
eût terminé sa toilette. Miss Eveline Leal ne
1UV CUAIB P.
Miss Eveline Leal, au moment où on l'ar-
rêta, avait contracté treize mariages. Ce
nombre lui porta malheur, car une con-
damnation à quatre mois de prison vint
interrompre le cours de ses ébats.
Libre !
Libre miss Eveling Leal s'aperçut que le
mariage était sa véritable vocation ; elle
retrouva son ancienne complice, et à elles
deux, elles recommencèrent leur petit train-
train. Pendant trois ans elles inondèrent le
Petit Journal évidemment ! d'une annonce
ainsi conçue :
UNE D IME jeune, possédant 1,800,000
francs, désire épouser un
homme appartenant a la noblesse ou à l'in-
dustrie. — Ecrire M. B., au bureau du journal.
L'annonce variait suivant les circonstan-
ces les initiales changeaient également.
Douze cent mille francs de dot ne se trou-
vant pas sous le pied d'un cheval; les clients
11e tardèrent pas à affluer auprès de la
dame jeune, qui logeait toujours dans plu-
sieurs hôtels parisiens.
Un prétendant était reçu à droite un au-
tre à gauche;-au premier, on présentait
Mme Rashy, veuve d'un grand raffineur, à
l'autre Miss Ferbanck, riche héritière an-
glaise qui avait commis une faute; pour di-
vers fiancés, miss Eveline Leal s'appela res-
pectivement, Rashy, Ferbanck, Armstrong,
Dew-May, Barnetty, Danchois, Leperrier, et
Brechoire.
Quand la présentation ne se faisait pas à
l'hôtel, elle avait lieu à l'Opéra-Comique,
théâtre des familles.
Si la journée de miss Léal était très occu-
pée à roucouler avec les différents fiancés,
si elle était forcée de tenir une véritable
comptabilité des instants qu'elle pouvait ac-
corder à chacun d'eux, cette journée en re-
vanche était fructueuse. Miss Léal se faisait
toutes sortes de petits bénéfices : cadeaux
obligés, loges de théâtres qu'elle revendait,
porte-monnaie oublié et que le fiancé du
moment remplaçait avec une garniture, un
rien de chapeau dont elle avait tant envié
et que sa « governess" ne voulait pas lui
offrir, parce qu'une jeune fille ne doit pas
être trop coquette, et çiue savons-nous en-
core.
Mais pourtant miss Leal restait vertueuse:
à personne elle ne donnait le moindre
acompte, promettant le capital et les inté-
rêts, pour le soir du grand jour.
Le maître d'étude d'A.uchaux
N'arrivera-t-il donc jamais,ce grand jour,
cruelle Eveline ! s'écria, un matin, Adolphe
d'Auchaux, maître d'étude au collège de.
Sens, lecteur assidu du Petit Journal, pour
qui l'annonce des 1.900.000 francs n'avait
nas nasaé inanercue.
Miss Leal parla comme en 1887 :
— Je suis trop jeune, dit ma chère mère,
mais je vous aime assez, Adolphe, pour en-
freindre sa défense ; partons pour l'Angle-
terre, un prêtre y bénira notre union.
Quand Adolphe d'Auchaux lut dans le
Petit Journal qu'une jeune dame, avec
douze cent mille francs, demandait un gen-
tilhomme, le vieux sang des d'Auchaux ne
fit qu'un tour et Adolphe jura que la jeune
dame serait à lui.
Il commença par envoyer fièrement sa
démission à son principal, négocia quel-
ques économies et partit pour Paris.
Quinze jours après, du maître d'étude il
ne restait plus que les palmes académiques;
d'Auchaux ressemblait à Guy, à Gaston ou
à Gontran.
Sur sa bonne mine, les bijoutiers lui ven-
dirent à crédit des bijoux pour son Eve-
line; les tailleurs se disputaient l'honneur
de l'habiller; il se trouva même un usurier
qui, dans l'espoir de se rattraper après le
mariage, prêta au pauvre garçon de quoi
faire bonne figure près de sa fiancée.
Le rêve de d'Auchaux se termina à Lon-
dres, dans un hôtel de Fleet-Street où, après
avoir épousé miss Leal, il attendit long-
temps, en bonnet de coton, que sa femme
eût terminé. sa toilette de nuit.
Pincée !
Quand d'Auchaux ne douta plus qu'il fût
réellement volé, miss Leal était déjà en
France, d'où elle ramenait bientôt en An-
gleterre un autre obstiné. En un an, elle
ajouta ainsi une nouvelle fournée de trente
mariages à la série de treize qu'un séjour
à Nanterre avait interrompue.
Et toujours miss Eveline restait vertueuse.
Son cant devait la perdre. Pour son mal-
heur, elle reçut, il y a deux mois, à l'hôtel
Meurice, où elle s'était luxueusement in-
stallée en compagnie de la mère Caba, sa
digne governess, sous le nom de Rerllolds)
la visite d'un M. de la R., une noble vic-
time du baccara, fortement attiré vers la
jeune Anglaise par l'annonce des douze cent
mille francs.
Très décavé, très généreux malgré cela,
si M. de la R. était galant homme; il fut
extraordinairement tenace : il voulait Eve-
line, il voulait l'épouser, mais en France,
ce qui ne faisait pas du tout l'affaire de ga
fiancée. Elle résolut de le lasser,
CINQ Centimes — Paris et Départements — CINQ Centimes
SAMEDI 83 MARS 1891
LE JK CTPri w
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A. - EDOUARD PORTALIS
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LES
Attachés sonunerciani
C'est émettre un lieu commun d'une
banalité courante, que se plaindre de
notre représentation consulaire à l'é-
tranger. IL n'est si mince voyageur,
ayant pour quelques semaines émi-
gré hors de France, qui ne joigne ses
lamentations aux doléances des mal-
heureux qui ont eu, avant lui, à
éprouver la bienveillance de nos
aeents.
Je recevais, l'autre matin, la visite
d'un jeune et hardi compatriote qui
s'en est allé depuis tantôt cinq ans
chercher aux antipodes l'emploi de
son activité. Rien de plus comique et
de plus attristant aussi que le por-
trait qu'il silhouettait de nos consuls
qu'il avait rencontrés là-bas. Celui-ci,
vieillard maniaque, était tout entier
absorbé par la traduction d'Homère
en vers français. Celui-là, Benoîton
diplomatique, était invisible partout
et pour tous. Cet autre déclarait dé-
daigneusement que la colonie fran-
çaise était trop mal composée pour
qu'il se commît avec ses membres.
« Votre interlocuteur, me dira-t-
on, était sans doute un grincheux ou
un fantaisiste. » Il serait permis de le
croire si ces plaintes étaient isolées
ou nouvelles. Tout le monde sait le
contraire. La réforme de nos consu-
lats est une des améliorations les plus
urgentes, les plus réclamées par tous
les intéressés.
Nous avons eu; il y a quelque temps,
à signaler une fort intéressante bro-
chure consacrée à la question par M.
Gaston Cadoux. L'auteur vient très
heureusement de récidiver, en livrant
au public une étude sur les attachés
commerciaux et les consulats, que
notre ami de Lanessan a fait précé-
der d'une préface.
Si jamais époque a été bien choisie
pour s'occuper de notre commerce
d'exportation, c'est bien celle que
nous traversons. La révision de notre
tarif des douanes va se faire dans les
conditions les plus périlleuses pour le
maintien de notre influence commer-
ciale et industrielle à l'étranger.
Préoccupé par-dessus tout de proté-
ger contre la concurrence extérieure
le travail national, les chefs du mou-
vement protectionniste semblent se
soucier médiocrement du tort qu'ils
peuvent causer à nos exportateurs.
Le moment est donc opportun Pour
offrir à ces grands intérêts l'appui
utile et intelligent qu'il convient de
leur ménager, en organisant au de-
hors, partout où siège un représen-
tant de la France, un centre d'infor-
mations pour nos industriels et nos
commerçants.
M. Ribot a mis à l'étude la question
de l'amélioration de notre service of-
ficiel de renseignements industriels et
commerciaux par voie consulaire. M.
G. Cadoux a apporté sa contribution
sous les espèces d'un rapport au mi-
nistre. Il y préconise certaines réfor-
mes de détail qui ne sembleront pué-
riles qu'aux heureux mortels qui ne
se sont jamais trouvés dans la néces-
sité de faire appel, en pays étranger,
au concours de nos représentants. Il
lui paraît souhaitable que le person-
nel de service chargé de recevoir les
visiteurs dans nos ambassades et con-
sulats sache s'exprimer en notre lan-
gue. Son audace va jusqu'à deman-
der que des heures précises et conve-
nables soient fixées pour la réception
du public. Il émet aussi le vœu que
locaux et locataires soient d'appa-
rence sortable et d'allures accueillan-
tes.
Mais il insiste avec une obstination
particulière sur la création d'un corps
nouveau d'agents qu'il appelle des
attachés commerciaux. Avec eux, nous
voilà loin du type classique et un peu
démodé, il faut le reconnaître, de l'at-
taché d'ambassade, dont la qualité
essentielle consistait à faire brillante
figure dans les salons. Ces nouveaux
fonctionnaires seraient quelque chose
comme des inspecteurs des consulats,
chargés de centraliser les renseigne-
ments utiles au commerce et à l'in-
dustrie, de les transmettre au quai
d'Orsay, d'organiser à l'ambassade
des expositions périodiques où nos
producteurs enverraient les échantil-
lons propres à mettre en relief le bon
goût et la valeur de leur fabrication.
Ce n'est point d'hier, au reste, que
l'Allemagne et l'Angleterre ont insti-
tué des attachés commerciaux. Ils
rendent à leurs nationaux les plus
grands services. Il n'y a point de rai-
son plausible pour que la France se
refuse à suivre l'exemple que ses ri-
vales lui ont donné. Toutefois, il im-
porte de le remarquer, il serait d'une
médiocre utilité d'avoir créé ces or-
ganes de renseignements si nos indus-
triels- devaient négliger d'user de leur
ministère.
M Cadoux note auelaue uart que des
avis commerciaux destinés à nos com-
patriotes et donnés, soit par la presse
commerciale, soit par nos publica-
tions officielles, ont souvent été mis
à profit par nos concurrents étran-
gers et délaissés par nous.
Il faut vaincre cette apathie, cette
incurie inconcevables qui* stérilisent
tous nos efforts au dehors et donnent
à nos concurrents tant d'avantages
sur nous. Sans doute il ne dépend pas
du gouvernement, par un coup de
baguette magicrue, d'éveiller l'initia-
tive individuelle et de transformer
nos mœurs commerciales. Au moins
doit-il tout faire pour ne pas contre-
carrer les tentatives de nos négociants,
pour aider au contraire toutes les ma-
nifestations de l'esprit d'entreprise. Si
l'institution d'attachés commerciaux
peut aider à atteindre le but, il n'y a
pas à hésiter. L'expérience pour l'Al-
lemagne et l'Autriche coûterait, pa-
raît-il, une cinquantaine de mille
francs. Ce serait de l'argent bien em-
ployé.
A. Millerand
Le XIXO SIÈCLE publiera demain la
a Chronique J par Francisque Sarcey.
LE
SYNDICAT DES MÉCONTENtS
Grande nouvelle ! Il vient de se former,
sous les auspices de MM. Marinoni et Poi-
datz, un syndicat pour la défense des inté-
rêts lésés par la campagne du XIXe Siècle
contre les voleurs.
Voici quels sont les principaux membres
de ce syndicat : d'abord les directeur et
administrateurs du Petit Pickpocket, puisCir-
caud qui, depuis qu'il a pour lui MM.
Edwards et Laurent, ne se gêne plus pour
crier très haut que le jugement de la neu-
vième chambre est une infamie (sic) et que
le « Tonkin financier" est l'affaire la plus
honnête de cette fin de siècle. Viennent en-
suite l'inévitable Pellorce; Le Brun, l'hono-
-r>o hîû Ai rlo l'o rron n o i-la nla/»Am An f Ho
la rue d'Ulm ; Bonnard, directeur du syndi-
cat sportif (2,177 francs pour 100 francs,
capital garanti) ; Ugy, directeur de l'agence
matrimoniale du boulevard des Batignolles;
Mme Duval, directrice du journal le Véri-
dique (deux exemplaires déposés au par-
quet) ; les directeurs de la Société indus-
trielle de la rue Lamartine, de la Banque
méridionale (5,350 francs en quatre jours
de Bourse avec 50 francs), etc.
MM. Mary-Raynaud, Macé-Berneau et S.
Foubert étaient représentés par des manda-
taires.
La tête de cette précieuse colonne, c'est
M. Edwards, directeur du Matin, un homme
bien comme il faut et toujours bien inspiré
dans ses campagnes, témoin sa campagne
pour les Cuivres et sa campagne contre le
Crédit foncier; si bien inspiré même qu'on
se dit des gens contre lesquels il n'a pas
fait le coup de poing : « Mais qu'est-ce
qu'il peut donc avoir sur la conscience, ce-
lui-là, pour qu'Edwards soit bien avec
lui ? )
Une réunion du syndicat a eu lieu dans
les bureaux du Petit Journal. « Comment !
s'est écrié le chœur des syndiqués, il y a
un journal qui ose en toutes circonstances
prendre la défense du public et qui, au
lieu de prendre le parti des exploiteurs, se
range du côté des victimes. Mais c'est abo-
minable! Haro sur le XIXe Sièclel Ecrasons
l'infâme! »
Là-dessus MM. Edwards et Charles Lau-
rent ont juré la mort du XIXe Siècle.
Ils avaient déjà juré, l'un après l'autre,
il n'y a pas bien longtemps, de tuer le Cré-
dit foncier.
Le Crédit foncier ne s'en porte pas plus
mal.
Quant à nous, nous attendions leurs at-
taques et nous nous en félicitons. Elles
nous paraissent la consécration nécessaire
de notre campagne contre les malhonnêtes
gens.
Continuez donc, messieurs les bravi
LES ÉMULES DE ZULPHA
Nous avons reçu la lettre suivante, que
nous insérons uniquement pour faire plaisir
à son auteur, car nos lecteurs ne nous par-
donneraient pas de répondre à toutes les in-
ventions saugrenues suggérées aux émules
du souteneur Zulpha et du sodomiste Bey-
lac par la rage folle de MM. Marinoni et
Poidatz :
Paris, le 23 mars 1891.
Monsieur Portalis, directeur du journal le
XIX. Siècle,
Je me fais un devoir de vous déclarer que
j'ai lu avec indignation l'article de M. Charles
Laurent, qui a fait un scandaleux abus de mon
nom.
Toutes les allégations contenues dans cet
article, reproduit par le journal le Matin, sont
absolument mensongères, et j'espère que vous
me croyez entièrement étranger à ces odieuses
calomnies."
Veuillez agréer, monsieur le directeur, l'as-
surance de mes sentiments les plus dévoués.
A. TOWNE,
JI7, rue Turbigo.
VENTE DU « PETIT CAPORAL"
Le Petit Caporal a été vendu hier. C'est
M. Hamm, qui dirige déjà le Libéral, le
Constitutionnel et plusieurs feuilles finan-
cières, qui s'est rendu acquéreur de la
feuille bonapartiste.
La même ligne politique sera suivie pen-
dant deux ans, et M. le commandant Blanc
conserve pendant le même laps de temps
son titre de rédacteur en chef.
Le Petit Caporal a été payé 8,000 francs
par M. Hamm, qui avait pour concurrent
M. Faivre, ancien candidat boulangiste
dans le sixième arrondissement aux der-
nières élections législatives.
LE PRINCE LOUIS
Ainsi qae nous l'avions annoncé, le con-
seil de cabinet a pris connaissance hier ma-
*'11 de la consultation rédigée par M. Fal-
lières sur la situation du prince Louis au
regard de la loi sur les prétendants.
Conformément à l'avis du garde des
sceaux, le conseil a été d'avis que l'article
2 de la loi du S6 juin 1886 serait appliqué,
le cas échéant, au fils cadet du nriuce Na-
poléon
LES ESCROCS
DU « PETIT JOURNAL »
EN POLICE CORRECTIONNELLE
LA « SOLIDARITÉ FINANCIÈRE.. -
DEUX ANS DE PRISON
Une chambre correctionnelle à créer.
— Le sieur Sennegon et la qua-
trième page du « Petit Pick-
pocket ». — Gogos dévalisés.
— La fin d'un escroc.
Il ne s'écoule pas de semaine sans que
comparaissent en police correctionnelle
quelques-uns des flibustiers dont les an-
nonces à six francs la ligne font la pros-
périté du Petit Journal. C'est à ce point
qu'on parle au Palais de créer une chambre
spéciale, dite chambre des escrocs du Petit
Journal, où serait lavé tout le linge sale
des troisième et quatrième pages du jour-
nal de M. Marinoni. -
Il serait alors à souhaiter que des cartes
de faveur,exceptionnellement délivrées par
le président, fussent remises aux abonnés
du Petit Journal désireux de s'éclairer sur
la moralité de la feuille populaire où ils
puisent d'ordinaire des conseils pour opé-
rer des placements de père de famille.
Les débats de cette douzième chambre
correctionnelle constitueraient une excel-
lente leçon de choses. Un banc spécial,'
placé devant le banc des prévenus et facile
à enjamber, serait réservé à M. Mariuoni.
Pour donner un avant-goût des procès
qui se dérouleraient à cette douzième
chambre idéale, voici le compte rendu des
débats de l'affaire Sennegon, qui s'est dé-
nouée hier à la onzième chambre correc-
tionnelle, présidée par M. Flandijî.
Un homme à tout faire
Jules Sennegon est un homme à tout
faire. Le manque d'orthographe et peut-
être aussi un tout petit grain de délicatesse
native l'ont seuls empêché de faire concur-
rence aux bravi de lettres stipendiés par
M. Marinoni pour les besognes honteuses.
Mais il a employé ailleurs sa remarquable
activité.
Dès l'âge de quatorze ans, il était garçon
marchand de vin à Bercy. Plus tard, il se
plaçait en qualité de comptable chez un fa-
bricant de draps. Il devenait ensuite associé
dans une entreprise de teinturerie à Cau-
dcbec-les-Elboeuf. De là il passait, comme
employé, chez un bijoutier.
En 1881, — il était âgé de cinquante et un
ans, — il venait à Paris et montait une mai-
son pour la vente de marchandises prove-
nant de soldes. Il faisait bientôt la commis-
sion. En 1889, il créait, dans le faubourg
Montmartre, une agence de prêts sur recon-
naissances et d'avancés d'argent sur mar-
chandises. Le guignon, qui le poursuivait,
s'acharna alors plus désespérément sur lui,
et il fut condamné, à cette époque,à quinze
jours de prison pour usure habituelle et
tenue de maison de prêts sur gages. L'in-
justice des hommes après l'injustice des
choses !
Le « Petit Journal » à la-rescousse
Pendant sa détention à Sainte-Pélagie,
Jules Sennegon eut le plaisir de se trouver
en relation avec des escrocs qui lui ouvri-
rent des horizons nouveaux sur l'art d'ex-
ploiter ses concitoyens.
—On ne peut aujourd'hui, lui dit-on, ga-
gner sérieusement de l'argent qu'en créant
une maison de banque.
— Mais, pour cela, répondit-il naïvement,
il faut avoir quelques avances.
— Seulement de quoi payer des annonces
dans le Petit Journal !
Au sortir de prison, Jules Sennegon s'ef-
força de mettre à profit les conseils qui lui
avaient été donnés par des gens malheu-
reux peut-être, mais indiscutablement com-
pétents en matière d'escroqueries. Hélas !
il n'avait pas un sou vaillant!
Il attendit des jours prospères, et dès
qu'il fut en possession de quelques centai-
nes de francs, il s'empressa de fonder, 22,
rue Cadet, une maison d'opérations de
Bourse et de paris sur les courses.
L'affaire fut lancée par une annonce in-
sérée dans le Petit Journal du mercredi 23
juillet 1890, annonce ainsi typographique-
ment disposée et conçue :
121 a fr. en (J 50 francs. Unique vèrsem1
h *lA II cinq rn à faire. Participation de 1/2
8 III j°urs k desrésultats.Remboursem*
* j u /j I 11 de P de 1/2 en cas de perte. Sen-
* * v Bourse ~} negon et Co, 22, rue Cadet.
En même temps, le financier de Sainte-
Pélagie, qui s'intitulait directeur de la
Solidarité Financière, répandait dans le
public un prospectus dont voici l'entête
alléchant :
OPÉRATIC N3 DE BOURSE
A terme et au comptant
AU PARQUET, EN COULISSE
Directes et en participation
PAIEMENT DES REVENUS
SUR LES VALEURS
Dépréciées et Improductives
Reçoit de l'Argent
EN DÉPOT
Pr le tripler en capitalisant
ou
A REVENU FIXE
Produisant en un mois
beaucoup plus qu'ailleurs
en un an.
SENNEGON et C"
Intermédiaires financiers
S, rue Cadet, 99
PARIS
Bureau et Caisse
OUVERTS
De 9 à 11 h. et de 3 à 5 h.
Circulaire nO 8.
Suivait une longue explication exposant,
à l'aide d'un exemple, le mécanisme de
l'opération. Il était « scientifiquement » dé-
montré qu'avec un capital de 1,000 fr. on
ne pouvait s'empêcher de gagner 6,000 fr.
par an.
Les dupes
Les naïfs envoyèrent leur argent — qu'ils
ne revirent naturellement plus. Parmi ces
naïfs se trouvaient un assez grand nombre
de membres du clergé.
Ainsi M. Leleu, curé de Punchy (Somme)
adressa 100 fr. au directeur de la Solidarité
Financière, et M. de Bazelle, vicaire à Viile-
neuve-l'Archevêque (Yonne), 50 fr.
A titre de curiosité, nous relevons çà et
là, sur les livres de Jules Sennegon, les
professions de quelques dupes du pseudo-
banquier:
M. Albert, instituteur, à la Begrade (Bas-
ses-Alpes), 50 fr.
M. Descazeaux, huissier (!), à Aire-sur-
l'Adour, 50 francs;
M. de la Casinière, au 351. 1 régiment d'in-
fanterie, à Angers, 50 francs ;
M. Roland de Villemarqué, sans profes-
sion, château de Pont-au-Roy (Finistère),
50 francs;
M. Guérin, propriétaire, 3, rue Portzmo-
gues, à Brest, 600 francs ;
M. de Rogala Ivanow.-ki, sans profession,
à Wieliczka (Autriche), 50 francs;
Etc., etc., etc., etc.
Inutile de dire que tous ces imprudents,
une fois leur argent versé, n'entendirent
plus parler de la Solidarité Financière. Des
plaintes furent alors adressées au parquet
de la Seine, plaintes libellées, en général,
dans la forme suivante :
« Monsieur le procureur de la Répu-
blique,
» Par la voie du Petit Journal, M. Senne-
» gon fait appel au public. Sur la foi de
» cette annonce, etc.
» (Signe) BESSON,
» rue Bossuet, 6, à Lyon ».
Sennegon fut arrêté. Une perquisition
opérée à son domicile, 22, rue Cadet, n'a-
mena la découverte d'aucune valeur. Les
tiroirs de la caisse de la Solidarité Finan-
cière étaient complètement vides. Pas même
une feuille sèche!
L'escroc a comparu hier devant la onziè-
me chambre correctionnelle, sous les in-
culpations de banqueroute simple et d'es-
n*f\n 11ATÎ AG_
Jules Sennegon a une belle tête de vieil-
lard. Il pourrait, avec succès, jouer les
pères nobles sur quelque scène de théâtrt
de banlieue. Ses manières sont pleines de
distinction.
Après réquisitoire de M. le substitut Jus-
tin. Seligman, il a été condamné à deux an-
nées d'emprisonnement.
Et le Petit Journal, à l'abri des pour-
suites judiciaires, sur son fameux mur le
long duquel il n'est pas, hélas ! défendu dE
déposer des annonces d'escroc, continue
son honnête petit commerce! (Bewarj oi
pickpockets J)
[A demain la suite des méfaits du Petit Jour-
nal et la publication de plusieurs lettres inté-
ressantes.]
MORT DU GÉNÉRAL ZVOLINSKY
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Saint-Pétersbourg, 26 mars.
On m'annonce de Moscou la mort, à l'âge
de quatre-vingt-seize ans, du général-lieu-
tenant de Zvoiinsky, un des rares officiers
du tsar Alexandreler qui aient connu per-
sonnellement Napoléon Ier.
Le général Zvolinsky avait accompagné
le tsar Alexandre à la Malmaison quand
celui-ci rendit visite à l'impératrice divor-
cée Joséphine.
Il avait pris part, en 18A9, à la campagne
contre la Hongrie.
Depuis J880 il était en retraite et vivait en
simple particulier à Moscou, parlant avec
enthousiasme de la France, qu'il n'avait
qu'entrevue.
LAVIEDEPARIS
La question du jour, c'est de savoir si
M. le duc d'Orléans est venu à Paris ces
jours-ci, s'il y est encore, et même ce
qu'il est venu y faire. On a raconté toutes
sortes d'histoires à ce sujet. On nous a
dit que M. le duc était arrivé par la fron-
tière du nord et que, pour échapper à la
police, ne se contentant pas des lunettes
bleues et de la fausse barbe du général
Boulanger, il s'était déguisé en valet de
pied, ce qui n'est pas un beau déguise-
ment pour un fils de roi ! Malgré ce tra-
vestissement, il aurait été reconnu par
l'œil vigilant des policiers. Mais on aurait
cependant laissé le duc d'Orléans tran-
quille, en ayant acquis la conviction qu'il
n'était point venu en France pour cons-
pirer, ni pour voir d'austères et vieux
royalistes qui l'ennuient, ni pour s'enga-
ger encore une fois, si ce n'est dans le
régiment de Cupidon. Ce jeune homme,
en effet, n'aurait franchi la frontière que
cour venir voir- disons « voir » oar res-
pect des convenances — un* jeune per-
sonne qui chante dans un de nos théâ-
tres. Je dois ajouter que, tandis que cette
version court dans un certain milieu
qui passe pour bien informé, les jour-
naux monarchistes en donnent une autre
très différente, protestent avec indigna-
tion contre le voyage du prince à Paris
et surtout contre l'aimable motif qu'on
en donne, et assurent qu'il est à quel-
que mille lieues de l'Opéra, à Tiflis, d'où
il télégraphie à ses parents, prêt à entre-
prendre un de ces voyages qui, dit-on,
forment la jeunesse, au travers de l'Asie,
ainsi qu'a fait son cousin.
Qui doit-on croire ? Il est fort possible
que le prince soit à Tiflis,comme on nous
le dit. Nous en croirions même sur parole
nos confrères qui l'affirment, s'il ne s'a-
gissait d'un prince et d'un prétendant.
De même qu'un galant homme a le droit
et le devoir de mentir pour ne pas com-
promettre une femme, on peut mentir
aussi pour l'honneur ou l'intérêt de « son
roi ». Et il parait également possible que
le duc d'Orléans, qui ne veut plus enten-
dre parler de se marier et qui semble
être un bon « fêtard M, ait fait une fugue
à Paris et, à l'escapade politique de l'an
dernier, ait fait succéder une escapade
amoureuse, moins compromettante, infi-
niment plus agréable pour lui. Ce qui
m'étonne seulement, c'est que le prince,
pour jeune qu'il soit et par conséquent
enclin au romanesque, ait cru bien né-
cessaire de se travestir en larbin et de
prendre le costume de Ruy Blas pour
tomber aux pieds d'une reine. de théâ-
tre. Je ne savais pas la frontière si bien
surveillée. Je la passe, pour mon compte,
une demv-douzaine de fois chaque année,
et jamais persoone ne s'est avisé de me
demander mon nom. Sauf la frontière
allemande, on -va et on vient de l'étran-
ger en France et de France à l'étranger
avec la plus grande facilité. S'habiller en
valet de chambre eût été une précaution
de luxe pour le jeune prince, à moins
qu'il n'ait voulu dire et montrer par là
qu'il était le serviteur dévoué de la dame
de ses pensées. Mais ce n'eût pas été une
bien bonne idée, car ce travestissement
en domestique ne va pas sans un peu de
ridicule.
L'aventure est, d'ailleurs, de très petite
importance. Il nous est complètement in-
différent que le duc d'Orléans vienne
voir sa maîtresse à Paris ou à Bruxelles,
et son séjour chez nous, dans ces condi-
tions, n'a pas plus d'importance que celui
de M. Vergoin, qui a demandé un sauf-
conduit pour venir arranger des affaires
de famille et aussi pour aller voir si on
jetait toujours beaucoup de bonnets par
dessus le Moulin-Rouge. Notre bon-gar-
çonnisme va même jusqu'à estimer que si
le jeune prince s'amuse, il fait ce qui est
de son âge. En conséquence, il n'y aurait
pas à en vouloir au ministre de l'inté-
rieur si, comme on le raconte, il avait
fermé les yeux sur le séjour du prince à
Paris, en ayant su ce- qu'il y venait faire.
Il faut bien que tout le monde. vive !
Cependant, on peut aussi trouver qu'il
y a quelque inconvénient à édicter des
lois et à ne pas les appliquer, à les sus-
pendre, tout au moins, selon le bon plai-
sir-d'un ministre. Le gouvernement d'une
République s'accommode mal de l'arbi-
traire et on ne peut s'empêcher de remar-
quer que, depuis quelque temps, l'arbi-
traire joue un certain rôle dans toutes
sortes d'affaires. Les purs parlementaires
sont d'avis que, lorsqu'ils ont pris la res-
ponsabilité d'une mesure, d'accord avec
le gouvernement, celui-ci est mal venu
d'en atténuer les effets et de diminuer sa
part de responsabilité par des mesures
gracieuses. Ceci n'est pas très correct.
Mais ce ne sont pas là mes affaires. Je
parle en Parisien 01 je crois que je suis
d'accord avec les Parisiens quand je pense
que l'exil est une sorte de - pénalité pré-
ventive qui n'est plus guère de notre
temps. Sans rouvrir un débat trop grave
pour la chronique, je m'imagine que la
République ne saurait plus courir aucun
danger à ce que des ex-rois, ex-empe-
reurs, héritiers, prétendants, pussent se
promener sur le boulevard et dîner au
grand seize. De deux choses l'une : ou ce
sont des politiques dangereux, hardis;
capables de se faire un parti, et en ce
cas, l'exil ne fait que leur donner une
auréole, sans gêner leur action; ou ce
sont des mortels très semblables aux au-
tres, et en ce cas, à les voir .s'amuser
comme de simples cercleux et même faire
quelques sottises, on s'habitue de plus en
plus à considérer qu'ils n'ont rien de
providentiel. L'éloignement, a-t-on dit
avec raison, diminue les objets et grandit
les hommes. Avec de bonnes lois, appli-
quées dans un esprit cle sévère égalité, je
ne pense pas qu'on ait beaucoup à redou-
ter d'un jeune homme qui, après avoir
voulu ou fait semblant de vouloir man-
ger à la gamelle des conscrits, trouve
qu'il vaut encore mieux boire du cham-
pagne en cabinet particulier.
Henry Fouquier.
Lire à la seconde page : SCANDALE
A L'HOTEL DROUOT (Les ventes de
fleurs ).
DE PARIS A MOSCOU A PIED
Nous recevons de MM. Louis Peyramont
et Gustave Marais, les deux jeunes et intré-
pides marcheurs partis le 2A février der-
nier pour Moscou, la dépêche suivante :
« Magdebourg, 6 InarS.
» Subi depuis huit jours un temps af-
freux. Assaillis, dans les montagnes du Harz
supérieur, par des tourmentes de neige ef-
froyables, nous avons failli plusieurs fois
rester en route, malgré des efforts inouïs.
La marche était rendue presque impossible
par des rafales violentes et des tourbillons
aveuglants.
» Ajoutez, dans les montagnes du Harz,
gîte et couvert des plus rudimentaires.
Vécu quatre jours de saucisses et de bière
aigre. Fatigues plus que compensées par la
jouissance de sites splendides.
» Nous nous arrêterons un jour à Magde-
bourg. Serons à Berlin lundi ou mardi pro-
chain.
» Bon souvenir. »
M. YVES GUYOT A DIJON ET A BEAUNE
(DB NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Dijon, 26 mars.
M. Yves Guyot a définitivement accepté
de présider l'inauguration des lignes de
tramways à vapeur de Dijon à Fontaine-
Française et de Beaune à Arnay-le-Duc. La
cérémonie aura lieu pendant la session du
conseil général, le 8 et le 9 avril..
Le conseil offrira un banquet à M. Yves
Guyot à la salle philharmonique. Le 9, nou-
veau banquet offert au ministre à Beaune,
par la municipalité de cette ville.
On organise de grandes fêtes pour le re-
cevoir.
UNE ERREUR DE PHARMACIEN
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Le Mans, 26 mars.
Le parquet a fait procéder aujourd'hui à
l'autopsie d'un enfant de huit mois, lils de
M. Corne, vétérinaire, mort victime d'une er-
reur de pharmacien. L'enfant souffrant d'une
bronchite, le médecin commanda des injec-
tions de morphine, mais le pharmacien livra
du chlorhydrate do morphine.
L'enfant est mort à la première injection.
LE MANIFESTE DU PRINCE VICTOR
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Genève, 26 mars. — Le manifeste que le
prince Victor Napoléon publiera sera daté de
Prangins.
Le prince le lancera lorsque les formalités
relatives à la succession seront accomnlies.
MADAME BARBE-BLEUE
QUARANTE-TROIS FOIS MARIÉE
Les mariages de miss Eveline Leal.
- Une escroquerie amusante. -
Pincée.
Nos lecteurs se rappellent peut-être qu'en
1887, à la suite de diverses plaintes portées
contre elle, la Sûreté mit en état d'arresta-
tion une très gracieuse Anglaise, miss Eve-
line Leal, qui pratiquait l'escroquerie sur
une vaste échelle.
Elle était présentée par une complice
comme femme à marier, les candidats
à sa main lui faisaient de nombreux ca-
deaux,et au moment de publier les bans, la
fiancée trouvait un prétexte pour rompre,
elle rendait à son futur sa parole, mais
invariablement elle gardait les cadeaux.
Quand un fiancé très amoureux mena-
çait miss Eveline Leal de se suicider si elle
ne l'épousait point, la jeune Anglaise ar-
rangeait les choses.
— Maman ne veut pas que je me marie
déjà, disait-elle. Mais je vous aime assez
pour enfreindre sa défense; seulement,
comme son consentement va nous faire dé-
faut, partons pour l'Angleterre, nous nous
unirons là pour la vie, my dear.
En effet, en Angleterre, un clergyman
complaisant bâclait un mariage pour dix
shellisgs, que le mari déboursait ; on dé-
jeunait ensuite, mais, au moment où miss
Eveline Leal allait devoir récompenser son
mari de sa longue constance, celui-ci, déjà
couché, attendait vainement que sa femme
eût terminé sa toilette. Miss Eveline Leal ne
1UV CUAIB P.
Miss Eveline Leal, au moment où on l'ar-
rêta, avait contracté treize mariages. Ce
nombre lui porta malheur, car une con-
damnation à quatre mois de prison vint
interrompre le cours de ses ébats.
Libre !
Libre miss Eveling Leal s'aperçut que le
mariage était sa véritable vocation ; elle
retrouva son ancienne complice, et à elles
deux, elles recommencèrent leur petit train-
train. Pendant trois ans elles inondèrent le
Petit Journal évidemment ! d'une annonce
ainsi conçue :
UNE D IME jeune, possédant 1,800,000
francs, désire épouser un
homme appartenant a la noblesse ou à l'in-
dustrie. — Ecrire M. B., au bureau du journal.
L'annonce variait suivant les circonstan-
ces les initiales changeaient également.
Douze cent mille francs de dot ne se trou-
vant pas sous le pied d'un cheval; les clients
11e tardèrent pas à affluer auprès de la
dame jeune, qui logeait toujours dans plu-
sieurs hôtels parisiens.
Un prétendant était reçu à droite un au-
tre à gauche;-au premier, on présentait
Mme Rashy, veuve d'un grand raffineur, à
l'autre Miss Ferbanck, riche héritière an-
glaise qui avait commis une faute; pour di-
vers fiancés, miss Eveline Leal s'appela res-
pectivement, Rashy, Ferbanck, Armstrong,
Dew-May, Barnetty, Danchois, Leperrier, et
Brechoire.
Quand la présentation ne se faisait pas à
l'hôtel, elle avait lieu à l'Opéra-Comique,
théâtre des familles.
Si la journée de miss Léal était très occu-
pée à roucouler avec les différents fiancés,
si elle était forcée de tenir une véritable
comptabilité des instants qu'elle pouvait ac-
corder à chacun d'eux, cette journée en re-
vanche était fructueuse. Miss Léal se faisait
toutes sortes de petits bénéfices : cadeaux
obligés, loges de théâtres qu'elle revendait,
porte-monnaie oublié et que le fiancé du
moment remplaçait avec une garniture, un
rien de chapeau dont elle avait tant envié
et que sa « governess" ne voulait pas lui
offrir, parce qu'une jeune fille ne doit pas
être trop coquette, et çiue savons-nous en-
core.
Mais pourtant miss Leal restait vertueuse:
à personne elle ne donnait le moindre
acompte, promettant le capital et les inté-
rêts, pour le soir du grand jour.
Le maître d'étude d'A.uchaux
N'arrivera-t-il donc jamais,ce grand jour,
cruelle Eveline ! s'écria, un matin, Adolphe
d'Auchaux, maître d'étude au collège de.
Sens, lecteur assidu du Petit Journal, pour
qui l'annonce des 1.900.000 francs n'avait
nas nasaé inanercue.
Miss Leal parla comme en 1887 :
— Je suis trop jeune, dit ma chère mère,
mais je vous aime assez, Adolphe, pour en-
freindre sa défense ; partons pour l'Angle-
terre, un prêtre y bénira notre union.
Quand Adolphe d'Auchaux lut dans le
Petit Journal qu'une jeune dame, avec
douze cent mille francs, demandait un gen-
tilhomme, le vieux sang des d'Auchaux ne
fit qu'un tour et Adolphe jura que la jeune
dame serait à lui.
Il commença par envoyer fièrement sa
démission à son principal, négocia quel-
ques économies et partit pour Paris.
Quinze jours après, du maître d'étude il
ne restait plus que les palmes académiques;
d'Auchaux ressemblait à Guy, à Gaston ou
à Gontran.
Sur sa bonne mine, les bijoutiers lui ven-
dirent à crédit des bijoux pour son Eve-
line; les tailleurs se disputaient l'honneur
de l'habiller; il se trouva même un usurier
qui, dans l'espoir de se rattraper après le
mariage, prêta au pauvre garçon de quoi
faire bonne figure près de sa fiancée.
Le rêve de d'Auchaux se termina à Lon-
dres, dans un hôtel de Fleet-Street où, après
avoir épousé miss Leal, il attendit long-
temps, en bonnet de coton, que sa femme
eût terminé. sa toilette de nuit.
Pincée !
Quand d'Auchaux ne douta plus qu'il fût
réellement volé, miss Leal était déjà en
France, d'où elle ramenait bientôt en An-
gleterre un autre obstiné. En un an, elle
ajouta ainsi une nouvelle fournée de trente
mariages à la série de treize qu'un séjour
à Nanterre avait interrompue.
Et toujours miss Eveline restait vertueuse.
Son cant devait la perdre. Pour son mal-
heur, elle reçut, il y a deux mois, à l'hôtel
Meurice, où elle s'était luxueusement in-
stallée en compagnie de la mère Caba, sa
digne governess, sous le nom de Rerllolds)
la visite d'un M. de la R., une noble vic-
time du baccara, fortement attiré vers la
jeune Anglaise par l'annonce des douze cent
mille francs.
Très décavé, très généreux malgré cela,
si M. de la R. était galant homme; il fut
extraordinairement tenace : il voulait Eve-
line, il voulait l'épouser, mais en France,
ce qui ne faisait pas du tout l'affaire de ga
fiancée. Elle résolut de le lasser,
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