Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1891-03-27
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 27 mars 1891 27 mars 1891
Description : 1891/03/27 (A21,N7011). 1891/03/27 (A21,N7011).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k75657326
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 29/04/2013
Vingt-et-unième année. - N° 7,011 CINQ Centiines- Paris et Départements CINQ Centimes VENDREDI 97 MARS 1891
JOURNAL RÉPUBLICAIN ',.
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LE 1 d y
D'ici peu, l'école' de réforme d'Y-
zeure, dans le département de l'Al-
lier, sera transférée à Paris, à l'hos-
pice de la Salpêtrière. Cette création
du conseil général de la Saine se
trouvera dans des conditions plus fa-
vorables sous la surveillance directe
- de l'Assistance publique et elle don-
nera certainement des résultats plus
positifs.
- Qu'est-ce que l'école d'Yzeure ? En
dehors d'un cercle restreint de per-
sonnes, l'établissement n'est guère
connu; il est, d'ailleurs, de date ré-
cente et il n'a pas beaucoup fait par-
ler de lui.
On se souvient des incidents de
Porquerolles. Les journaux s'en
émurent fort à l'époque, et si les
t faits ont - été singulièrement grossis,
ils n'en justifiaient pas moins, dans
une certaine mesure, l'émotion publi-
o que. o
Les enfants placés à Porquerolles,
dans une des î es d'Hyères, sous un
: ciel admirable, appartenaient à cette
catégorie de petits vicieux qui for-
ment la clientèle des maisons de cor-
rection, des colonies pénitentiaires.
Ce n'étaient, ni de près ni de loin, des
petits saints, encore qu'on eût donné
à plus d'un le bon dieu sans confes-
sion, comme disent les bonnes fem-
mes.
D'où venaient ces jeunes colons?De
Mettray, de Cîteaux, de grandes colo-
nies agricoles où ils avaient séjourné
un temps plus ou moins long.
Ces pupilles de l'Assistance publi-
que, enfants assistés, c'est-à-dire re-
cueillis dans les premières semaines
, ou dans les premiers mois de la nais-
sance, enfants moralement abandon-
nés, c'est-à-dire adoptés à un âge
plus avancé, avaient été mis en pré-
servation, en correction paternelle.
Le directeur de l'Assistance publi-
, que de Paris ressemble à un père de
• famille qui aurait sous sa coupe ou
sous sa tutelle trente mille enfants.
*■ Tous ses pupilles ne sont pas âés an-
- ges; il y en a qui tournent mal ou
tout au moins qui montrent de mau-
, vaises dispositions.
Ces indisciplinés-là, pour une cause
ou pour une autre, ont besoin d'un
régime spécial. Par exemple, un en-
fant trouvé élevé à la campagne, une
fois placé en apprentissage ou en
condition, ne veut pas rester en
place; il a des tendances au vagabon-
dage. Il faut bien s'occuper de lui,
l'isoler pendant un certain temps, le
mettre, suivant l'expression consa-
crée, en réforme ou en préservation.
Avec l'ancien système, les garçons
allaient à Cîteaux ou à Mettray, les
filles étaient envoyées dans les. éta-
blissements congréganistes : les Bon-
Pasteur ou les Refuges.
Rien n'était plus fâcheux, à cause
du mélange et de la promiscuité. Des
gamins enfermés pour une pecca-
dille étaient confondus avec d s pe-
tits gredins internés jusqu'à leur ma-
jorité pour de graves méfaits ; les
jeunes filles étaient également jetées
dans un milieu fort mêlé.
Le gros inconvénient du régime te-
nait au défaut de surveillance. Il m'est
arrivé de visiter un Bon-Pasteur où
le département de la Seine avait un
certain nombre de pupilles. Les fillet-
tes venaient au parloir grillé, n'osant
pas lever les yeux, répondant à toutes
les questions par un : « Oui, mon père,
non, mon père » automatique et pro-
fessionnel.
C'est pour remédier à ce placement
arbitraire que le conseil général de la
Seine a résolu d'avoir à lui sa maison
de réforme pour les filles indiscipli-
nées de son service d'enfants assistés
et d'enfants moralement abandonnés;
il l'afait pour éviter le contact avec des
enfants plus corrompus, et aussi pour
avoir la responsabilité pleine et en-
tière de la méthode suivie.
C'est peut-être une vue chimérique,
une utopie généreuse; mais il nous
est apparu que beaucoup de çes en-
fants, insoumis, indisciplinés, étaient
des malades de l'intelligence et qu'ils
devaient être traités avec des ménage-
ments infinis ; que les moyens coerci-
tifs avaient laplupart du temps moins
de prise sur eux que la douceur, qu'un
système d'éducation orthopédique, si
le mot n'est pas trop fort.
- L'école de Bicêtre, celle de la Sal-
pêtrière ne font pas autre chose avec
les enfants idiots ou arriérés; la mé-
thode de Seguin n'en est plus à don-
ner ses preuves.
Pourquoi ne pas tenter avec les
jeunes filles, et plus tard avec les jeu-
nes gens de nos services hospitaliers,
ce que des médecins, chez qui le cœur
, égaie la science, ont essayé avec suc-
cès à l'égard de difformes encore plus
, caractérisés ?
Voilà sur quels principes a été conçue
l'école de réforme d'Yzeure, dans
une pensée d'indulgence et de man-
suétude pour des êtres deux fois mal-
heureux, parce qu'ils ont été aban-
donnés de leurs parents et parce que
leur santé physique ou morale les met
en état d'infériorité dans la vie.
Paul Strauss.
Le XIXe SIÈCLE publiera demain la
« Vie de Paris », par Henry Fouquier.
ÉLECTIONS LÉGISLATIVES
Les électeurs de la 1re circonscription de
Morlaix (Finistère), de l'arrondissement du
Blanc (Indre) et de la 2e circonscription de
Tours (Indre-et-Loire) sont convoqués pour
le 19 avril prochain, à l'effet d'élire un député
pour le premier collège en remplacement de
M. Clech, décédé ; pour le second, en rempla-
cement de M. Beuazet, nommé sénateur ; pour
le troisième, en remplacement de M. Pesson,
décédé. -
LA LÉGION D'HONNEUR
Les fonctionnaires qui avaient reçu la
promesse d'être décorés le 1er janvier de-
vront attendre encore jusqu'au l/i juillet.
La chose paraît décidée ainsi aujourd'hui.
Dans les ministères, on donne comme
motif que certains ministres ont pris plus
d'engageménts qu'il n'y avait de croix dis-
ponibles et que, dans ces conditions, afin
de faire le moins de mécontents possible,
on recule de six mois les nominations, es-
pérant que d'ici là des vacances se seront
produites.
Nous avons cependant démontré, il y a
quelques jours, que plus de deux cents
croix étaient disponibles.
LE CAS DU PRINCE LOUIS
La consultation de M. Fallières. -
L'avis du gouvernement.
M. Fallières, ministre de la justice, a fait
parvenir au président du conseil son avis
sur la situation faite au prince Louis par la
mort de son père, le prince Napoléon, en
ce qui concerne l'application de la loi du
22 juin 1886.
Le garde des sceaux fait observer que
l'article 1er de cette loi vise les chefs des fa-
milles ayant régné sur la France et leurs
héritiers directs dans l'ordre de primogé-
niture.
.Le prince Louis n'est pas en ce sens l'hé-
ritier direct de son père le prince Napoléon.
Suivant le ministre de la justice, ce n'est
pas l'article 1er qui serait applicable au
prince Louis, mais l'article 2 qui donne au
gouvernement le droit d'interdire le terri-
toire de la République « aux autres princes
des familles ayant régné sur la France. »
Le conseil des ministres examinera cette
question, mais nous pouvons indiquer dès
à présent que les collègues du garde des
sceaux partagent son avis.
L'ÉCHEC DE LA MISSION ITALIENNE
EN ÉTHIOPIE
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULlBR)
Rome, 25 mars.
L'insuccès de la mission du comte Anto-
nelii auprès du roi Ménélik est le thème de
toutes les polémiques de la presse. L'opi-
nion publique en est très excitée. Elle
accuse Crispi d'avoir toujours caché la vé-
ritable situation. En tout cas,il s'est produit
un véritable revirement contre la politique
coloniale, surtout en province.
La Gazette de Turin écrit :
« Ah ! si le nouveau ministère savait et
voulait adopter des mesures radicales con-
cernant la funeste entreprise, si on se dé-
cidait à abandonner non seulement Keren
et Asmara, mais Massaouah même et Assab,
et si on libérait l'Italie de ce souci inquié-
tant et de cette issue désastreuse, oui,
alors, nous approuverions, oui, alors, nous
bénirions."
NOS ATTACHÉS MILITAIRES
EN RUSSIE
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Cologne, 25 mars.
La Gazette de Çologne publie sur un ton
navré les renseignements suivants de
Saint-Pétersbourg :
« Dans les cercles aristocratiques on dis-
cute vivement la façon extraordinairement
aimable dont le tsar et la tsarine ont pris
congé du premier attaché militaire fran-
çais, colonel Briois, qui est rappelé en
France. 11 a reçu l'ordre de Sainte-Anne en
brillants. Le souverain lui a accordé
une longue audience de congé dans la-
quelle Alexandre 111 lui a fait cadeau d'un
vase précieux en malachite, ainsi que de
son portrait et de celui de l'impératrice. Le
tsar l'a prié de lui remettre sa photogra-
phie.
Jamais attaché militaire ne fut traité
avec pareille distinction.
Son successeur, le deuxième attaché
militaire, le major Moulins, est à Saint-
Pétersbourg depuis plus de dix ans. Les
membres de l'état-major russe le consi-
dèrent comme un des leurs.11 est le convive
journalier du général Obroutchoff, chef de
l'état-major général, qui, comme on sait, a
épousé une Française.
»> On prétend que le général discute avec
le major Moulins les plus secrètes ques- j
tions de mobilisation. »» ]
CENT MILLE FRANCS DE TITRES FAUX
M. H. Schumann, banquier, rue de la
Victoire, a une succursale à Lisbonne. Il y
a quelques jours, un individu se présen-
tait chez le directeur de cette succursale
et lui apportait une liasse d'obligations
représentant une valeur de 120,000 francs.
— Je désirerais, dit-il, emprunter 90,000
francs sur ces titres. Pourriez-vous m'a-
vancer cette somme ?
On prêta les 90,000 francs au propriétaire
des titres, qui donna, dans la maison de
banque, le nom de Javereau. Puis les titres
furent expédiés à M. H. Schumann, qui,
après examen, reconnut qu'ils avaient été
falsifiés.
Une plainte a été adressée au parquet
contre le faussaire, et M. Habert, juge
d'instruction, a été chargé de procéder à
une enquête sur cette affaire.
Le service de la sûreté recherche le cou-
pable. • :
LES SAUMONS DE LA SEINE
CHEZ M. JOUSSET DE BELLESMES
La crise de la pêche à la ligne. — Les
50,000 alevins et l'autorité d'un
agent de M. Yves Guyot. — La
- victime de M. Dupuis, no-
taire à Paris.
Les pêcheurs à la ligne étaient dans le
marasme. La dynamite dont on a usé cet hi-
ver pour détruire la banquise de la Seine
a fait, parait-il, sauter beaucoup de pois-
sons; les gaz délétères dont elle a infecté
l'eau ont empoisonné les autres. Aussi, de
Paris à Marly et de Marly à Paris, ça ne
mord plus.
M. Yves Guyot, qui a eu soin de laisser
manquer d'alevin les aquariums nationaux
de Bouzey et de Thonon, a néanmoins été
pris de compassion pour les pêcheurs.
Aussi a-t-il prié M. Jousset de Bellesmes,
directeur de l'aquarium municipal du Tro-
cadéro, de restituer en saumons ce que les
eaux de la Seine avaient perdu en ablettes.
L'autorité de M. Jozan
Mais M. Yves Guyot et M. Jousset de Bel-
lesmes avaient compté sans les chinoiseries
de l'administration.
Dimanche dernier, M. Passavit, gardien-
chef de l'aquarium, se rendait au pont de
Bougival pour procéder à l'immersion des
alevins. Au pont, il se rencontré avec un
conducteur des ponts et chaussées, agent
du ministère qui avait précisément ré-
clamé les 50,000 alevins.
— Vous ne pouvez passer, dit ce conduc-
teur.
- Comment! je ne peux passer ! Pour-
quoi ?
- Non, non ! J'ai ordre d'interdire l'opé-
ration du réempoissonnement.
- Mais, réplique M. Passavit, j'ai un or-
dre de M. Jousset de Bellesmes qui, lui-
même, a un ordre du ministre des travaux
publics.
-- Ça ne me regarde pas. Je ne connais
que ma consigne et je l'exécute.
Et le conducteur des ponts et chaussées
montre une note écrite de M. Jozan, ingé-
nieur ordinaire, qui interdisait absolument
l'opération. L'agent du ministère était ac-
compagné d'un garde de pêche qui avait
ordre de s'opposer, même par la force, à
l'immersion des jeunes poissons.
M. Passavit n'avait qu'une chose à faire,
retourner sur ses pas et rendre compte au
directeur de l'aquarium du Trocadéro de ce
qui se passait. C'est ce qu'il fit. M. de Bel-
lesmes informa sur-le-champ M. Yves
Guyot. Une enquête fut faite. M. Jozan fut
sévèrement réprimandé. Cet ingénieur
avait appris par les journaux que cette
opération allait être faite et, croyant que
son autorité était méconnue en cette cir-
constance, il avait pris sur lui de s'y oppo-
ser. Elle est raide !
Et les alevins, demanderez-vous ? M. Pas-
savit avait remisé ses appareils à l'aqua-
rium. Malgré ses soins, les 50,000 alevins
sont morts pendant la nuit. Mais l'autorité
de M. Jozan avait été reconnue!
Demain ou après-demain, 50,000 autres
alevins seront immergés dans la Seine, au
pont de Bougival, si M. Jozan ne s'oppose
pas encore à l'opération.
Les poissons en voyage
Il nous a paru intéressant, à cette occa-
sion, de demander à M. Jousset de Belles-
mes quelques renseignements sur les
moyens employés pour cette repopula-
tion.
— Les 50,000 alevins que nous devons
fournir, nous dit le directeur de l'aqua-
rium municipal, sont nés en décembre der-
nier :
A0,000 truites et 10,000 saumons de Cali-
fornie. Ces derniers ont actuellement 6 cen-
timètres de longueur et ont le diamètre d'un
petit porte-plume; les truites n'ont que h
centimètres de taille et sont proportionnel-
lement moins grosses.
Ces poissons seront transportés dans un
appareil cylindrique long de lm20 sur hO de
diamètre,pourvu d'une cage à glace et d'un
tube de soufflerie. La glace a pour but d'as-
surer la fixité de la température qui ne
doit pas, pour ces espèces, dépasser 17 à 18
degrés. En cette saison, son emploi ne sera
sans doute pas nécessaire.
Quant à la soufflerie, etle joue un grand
rôle pour fournir aux petits poissons l'air
nécessaire à leur respiration pendant le
transport.
Les résultats que nous obtenons avec no-
tre appareil sont entièrement satisfaisants.
Ainsi, l'an dernier, nous avons envoyé à
Quimperlé 3,000 alevins d'un an, ayant 15
centimètres de longueur; le voyage a duré
vingt-quatre heures et pas un seul poisson
n'est mort en route.
Mieux que cela, en 1883, un Français, M.
Besnard, directeur du jardin zoologique de
Santiago, me demanda de l'alevin de sau-
mon de Californie. Je fus assez interloqué ;
j'appris dans la suite qu'il n'existait point
de relations régulières entre le Chili et la
Californie. En tout cas, j'expédiai A00 ale-
vins de 25 centimètres qui restèrent dans
la même eau durant la traversée. A l'arri-
vée, on constata seulement 30 décès.
La mise en liberté
Le jour de l'essaimage n'est pas encore
fixé, mais il sera très prochain. Je me pro-
pose de jeter mes, élèves dans un petit
ruisseau qui dessert des tanneries et qui
est situé juste au-dessus de Marly. Ce cours
d'eau est peu profond et n'a guère plus de
Im50 de large, mais il est tapissé d'herbes
épaisses dans lesquelles il est facile au petit
poisson de s'abriter et de trouver une
nourriture abondante. C'est une condition
essentielle pour que notre tentative réus-
sisse, et les insuccès antérieurs de noi
prédécesseurs ont eu souvent pour cause
l'insouciance avec laquelle on a semé au
premier endroit venu, sans se préoccuper
scientifiquement des conditions obliga-
toires du développement des alevins.
Ce n'est pas la première fois que nous es-
saimons dans le bassin de la Seine ; depuis
1885, on a mis chaque année dans la Marne
80,000 alevins de saumons de Californie et
30,000 dans la Seine, ce qui ne nous em-
pêche pas d'en avoir encore 90,000 dans
nos caves d'élevage au Trocadéro.
Il est très difficile de se rendre compte du
tant pour cent de ces poissons qui résistent
aux causes nombreuses de destruction et
parviennent indemnes à leur troisième an-
née, c'est-à-dire au au moment où ils peu-
vent se reproduire.
J'é ialue,mais d'une façon toute approxi-
mative, qu'il s'en sauve environ trente sur
mille.
- Le repêchage
— Mais, faisons-no as observer à notre
interlocuteur, on ne les repêche pas sou-
vent, ces fameux poissons. Et ils conti-
nuent, ce me semble, à être inconnus sur
le marché des Halles.
— D'abord, je suis sûr qu'on en a déjà
repêché plusieurs, surtout du côté de Gi-
sors, qui pesaient plus de 5 kilos.
Le plus bel échantillon a été pris à
Marly même, à la ligne flottante, par un
notaire de la rue des Mathurins de Paris,
M. Dupuis. Le saumon pesait 10 kilos, et
M. Dupuis a été si justement fier de sa
capture qu'il l'a fait photographier en grou-
pant autour les convives invités au festin
dont le poisson fournissait le plat le plus
glorieux.
C'est peu, direz-vous, mais il est permis
de supposer que la plupart des pêcheurs
qui capturent un de nos enfants se sou-
cient fort peu de nous en aviser.
D'un autre côté, l'essaimage a commencé
en 1885.11 faut trois ans pour que le saumon
reproduise, nous ne sommes donc qu'à la
seconde génération. Du reste, dès le prin-
cipe nous n'avions pas espéré un résultat
appréciable avant dix ans. Par conséquent
attendons en 1895.
Les gros sujets
Jusque-là il reste acquis que le saumon
de Californie se plaît dans nos eaux. Sa
croissance est très rapide, puisque nous
avons à l'aquarium des poissons de trois
ans et demi qui pèsent 12 livres et mesu-
rent 85 centimètres.
Il se développe sans avoir besoin d'aller
à la mer, et bien que zoologiquement ce
soit un saumon, au point de vue culinaire
on doit plutôt le considérer comme une
truite, dont il possède la chair fine et sa-
voureuse.
Il e5t donc regrettable, à mon avis, que
l'exiguïté des crédits affectés à l'aquarium
ne nous permette pas de gagner du temps
en opé rant sur une plus vaste échelle.
Les lacs du Trocadéro renferment près
de 800 gros saumons qui mangent chaque
jour 8 à 10 kilogrammes de poissons de
Seine. L'alevin est nourri avec de la rate
pilée. Tout cela finit par revenir assez
cher.
-Que deviennent les gros sujets?
— Ils meurent. Pour les faire pondre, on
est obligé de les serrer assez fortement.
Très souvent on les blesse, les écailles s'en
vont, la moississure se met dans la partie
lésée, et c'est fini.
Du reste, on a remarqué qu'en Califor-
nie même un grand nombre succom-
baient après la ponte.
Quand nous les avons ainsi endomma-
gés, nous les lâchons dans la Seine. Nous
nous gardons bien de les manger, car à
cette époque ils sont détestables.
Pour terminer, nous demandons à M.
Jousset de Bellesmes quelques renseigne-
ments sur la valeur de l'alevin.
— Le conseil municipal, nous dit-il, offre
gratuitement à l'Etat les 50,000 alevins. Il
n'a d'ailleurs jamais fait payer les pois-
sons destinés au repeuplement des cours
d'eau et se borne à exiger que ses dons
soient faits dans un but d'intérêt général.
Les particuliers ne peuvent donc s'adresser
au Trocadéro.
Toutefois, il est permis d'évaluer la va-
leur commerciale des alevins, car il existe
quelques éleveurs, un notamment très bien
monté, dans les environs de Clermont-
Ferrand, qui en font trafic.
Le prix moyen des truites âgées de moins
d'un an est de U0 fr. le mille. Certaines es-
pèces rares coûtent jusqu'à 100 fr. Les om-
bres-chevaliers sont cotés 70 fr.
LE LEGS PRUVOT
Il n'y a pas, comme on l'a dit, de diffi-
culté au sujet du legs Pruvot. Un arrange-
ment est intervenu, grâce auquel le conseil
municipal pourra, sans le moindre scru-
pule, accepter la donation de 900,000 francs
faite au profit de la ville de Paris.
Pruvot passe pour avoir acquis sa fortune
dans l'exploitation d'un établissement mal
famé, et la clause par laquelle il demandait
qu'un asile portât son nom ne laissait pas
que d'être embarrassante.
En même temps, des parents du défunt
annonçaient l'intention de contester la vo-
lonté du testateur.
Sur ces entrefaites, la Ville a transigé
avec la famille; moyennant certains avaa-
tages,élle a obtenu la résiliation de l'une des
conditions du legs.
Une somme de 900,000 francs environ est
mise à la disposition de la Ville, à charge
pour elle de construire dans le dix-septième
arrondissement un refuge de nuit et un
fourneau économique.
Grâce à la transaction qui lui est propo-
sée, le conseil municipal évitera le cas de
conscience dans lequel il se serait trouvé
s'il avait dû donner feu M. Pruvot pour
parrain à l'établissement philanthropique
en perspective.
J.-J. ROUSSEAU A L'ÉCOLE
Un de nos confrères se plaignait hier ma-
tin de certains passages d'ouvrages litté-
raires dont l'explication est imposée aux
jeunes filles pour l'obtention du brevet su-
périeur. Il citait notamment l'Emile de
J.-J. Rousseau.
Depuis quelque temps, il semble qu'on
veuille arriver par éliminations successives
à la suppression totale, dans les examens,
des auteurs du dix-huitième siècle.
Mais, moins que jamais, il y a lieu de
s'indigner. Il n'est question, en effet, sur le
programme visé, nous a déclaré M. Buis-
son, directeur de l'enseignement primaire,
que du livre II de l'Emile, dont une édition
à l'usage des candidats aux brevets se trouve
dans toutes les librairies classiques.
Or, ce livre est des plus inoffensifs.
Le plus piquant de l'affaire, c'est que
l'inscription de ce passage de l'Emile sur la
liste des auteurs français remonte au 5 jan-
vier 1881.
Vraiment, la pudeur des protestataires a
mis du temps pour s'effaroucher.
AFFAIRE D'ESPIONNAGE
(D'UN CORRESPONDANTI
Metz, 25 mars.
Le tribunal correctionnel a jugé aujour-
d'hui l'ingénieur-dessinateur Stœckel, in-
culpé de haute trahison pour soustraction
de plans militaires.
Sur la demande du ministère public, le
his clos a été prononcé, la sûreté de l'em-
pire pouvant être compromise par la pu-
blicité des débats.
M. Stœckel a été condamné à neuf mois
de prison.
Le tribunal a refusé de laisser M. Stœc-
kel en liberté provisoire.
LES MEFAITS
DU a PETIT. JOURNAL.
L'ATTRAPE-GOGOS
Une campagne pour la publicité. -
L'opinion d'un spécialiste. — L'An-
dorrane à Peau. — Question in-
discrète. — L'exploitation
des femmes.
Un journaliste qu'un de nos confrères a
baptisé de ce surnom suggestif : Comme la
lune, et qui fait de la polémique comme les
corneilles abattent des noix, sans savoir un
traî;re mot de ce dont il parle, a prétendu
l'autre jour que notre campagne contre les
escrocs n'était autre chose qu'une campa-
gne contre la publicité.
Vous voyez le syllogisme : les escrocs font
de la publicité, or vous attaquez les es-
crocs, donc, en attaquant les escrocs, vous
attaquez la publicité.
Pour montrer ce que vaut ce raisonne-
ment, on nous permettra de citer l'opinion
d'un spécialiste émérite.
Un directeur de journal lui demandait
comment il pouvait se faire qu'il y ait si
peu d'annonces dans les journaux français
alors que tous les industriels, tous les com-
merçants qui s'étaient servis de la publicité
par les journaux avaient vu leurs affaires
prospérer dans des proportions inespérées,
et alors que dans tous les autres pays les
journaux ont cent fois, mille fois plus
d'annonces.
« Que voulez-vous? répondit le spécia-
liste en question, beaucoup de négociants
et d'industriels sérieux se croiraient désho-
norés s'ils faisaient de la réclame dans les
journaux. Ils ne contestent pas les avanta-
ges de ce mode de publicité,mais ils n'osent
pas s'en servir, parce qu'une maison qui
s'en sert est tout de suite mal notée. Il n'y
a qu'un petit nombre de grandes maisons.
comme le Louvre et le Bon Marché, qui
soient au-dessui de ce déplorable pré-
jugé. »
Ce préjugé, d'où vient-il? Uniquement de
ce que les filous ont usé et abusé de l'an-
nonce, et surtout de l'annonce du Petit
Journal. Prenez au hasard quelques numé-
ros du Petit Journal au moment où a
commencé la campagne du XIXe Siècle. Que
voyez-vous à la quatrième page ? De temps
à autre, la mort vaincue par la pastille Gé-
raudel, la « jolie orpheline à marier, dix-
neuf ans, avec tache, 500,000 fr. de dot », le
« poil à gratter », « l'attrape-puces », qui a
pour inventeur un Russe de la rue Ober-
katnpf, et « l'attrape-mouches » de M. Lecot
de Noisy-le-Sec ; mais ce que vous verrez
tous les jours et du haut en bas de tou-
tes les colonnes, c'est l'attrape-gogos
sous forme.de bénéfices fantastiques pro-
mis à la Bourse ou aux courses, de prêts
d'argent offerts aux gens gênés, d'offres
d'emplois sous les formes les plus diverses,
en un mot, rien que des annonces de
filous. On conçoit que les négociants hon-
nêtes hésitent à se faire annoncer en pa-
reille compagnie.
Par conséquent, la campagne du XIXe Siè-
cle contre les escrocs à l'annonce est en
réalité une. campagne en faveur de la pu-
blicité; saine et honnête, celle qui rend ser-
vice au public et enrichit eaux qui la
font.
Mais, nous dit-on, pourquoi prendre spé-
cialement à partie le Petit Journal ? Il n'y a
pas que lui qui publie des annonces men-
songères.
Nous n'avons jamais dit le contraire, et
nous convenons volontiers que la plupart des
journaux, sinon tous, ont sous ce rapport
des reproches à s'adresser; mais ce qui est
absolument certain, c'est qu'aucun journal
ne s'est fait, comme le Petit Journal, une
spécialité quasi-exclusive des annonces de
filous. S'il s'était trouvé un autre journal
pour le faire, le Petit Journal n'en serait
pas moins resté de beaucoup le plus cou-
pable, parce qu'il a la clientèle la plus nom-
breuse et la plus crédule, mais il ne s'en
est pas trouvé.
Enfin, aucun journal ne s'est transformé,
comme le Petit Journal, en une maison de
banque ayant pour objet d'écouler dans le
public, à l'aide du journal transformé en
simple prospectus financier, les affaires les
plus véreuses, aucun ne s'est fait de la
ruine'de ses lecteurs sa principale source
de bénéfices, aucun ne possède de « service
des primes » (Beware or pickpockets 1)
Le coup de pied de Lauze
M. Marinoni a trouvé un nouveau défen-
seur qui ne déparera pas la collection. C'est
le nommé Lauze, le fondateur de la société
dite « Nouvelle Andorrane n, ayant pour
objet l'établissement d'une roulette à An-
dorre.
Pour établir cette roulette, il fallait, nous
l'avons dit, l'autorisation du gouverne-
ment. Marinoni, qui ne doute de rien, l'a-
vait promise, et déjà il voyait l'argent des
pontes de la roulette venant s'ajouter à l'ar-
gent des victimes du Petit Journal.
Mais, ô déception ! voici que le gouver-
nement communique aux journaux, par
l'entremise de l'agence Havas, la note sui-
vante :
Une société dite la « Nouvelle Andorrane »
fait en ce moment appel aux capitaux, dans
le but d'établir en Andorre des casinos et
des jeux.
Une entreprise de ce genre n'a reçu et ne
saurait recevoir l'assentiment du gouverne-
ment de la République.
En attendant, nous ne serions pas fâchés
de savoir si ce Lauze qui défend avec tant
d'ardeur l'agence Marinoni-Poidatz est le
même Lauze qui a déjà été condamné qua-
tre ou cinq fois au moins pour escroquerie
à des peines variant entre un an et cinq
ans de prison.
Nous avons une fois déjà posé la ques-
tion : on ne nous a pas répondu.
Le plébiscite
Un de nos lecteurs nous donne cette ex-
plication du plébiscite du Petit Journal sur
la date des vacances, c'est que « le secré-
taire du conseil d'administration du Petit
Journal, M. Charles Prévet, député, est lui-
même fondateur et principal intéressé d'un
établissement de bains de mer appelé Pa-
ramé, qui, malgré toutes les réclames et
attractions de jeux de hasard, languit dans
le plus désastreux abandon. »
Exploitation féminine
Le Petit Journal n'exploite pas seulement
les hommes, il pressure aussi les fem-
mes :
Monsieur le directeur,
Je suis une pauvre institutrice sans emploi,
comme il y en a tant en ce moment. Sur la foi
d'une annonce du Petit Journal, je me suis
rendue chez un mçmsjeuz Letourneur, rue des
Saussaies.
On me demanda quinze francs, en me pro-
mettant de me procurer tout de suite une
place. Je versai les quinze francs, et alors on
me donna l'adresse d'un M. M. S. Verstraete,
126, Ledburg Road, Bayswater W. London, au-
quel il fallait envoyer ma photographie.
J'envoyai ma photographie et, au bout de
deux jours, je fus avisée que ma figure ne
plaisait pas. Il paraît que cela finit toujours
ainsi.
Il en est de même, j'en ai fait la triste ex-
périence, de toutes les demandes de gouver-
nantes, de dames de compagnie, d'institu-
trices, de secrétaires, publiées dans cette
feuille.
Toujours sur la foi des annonces du Petit
Pickpocket, je me suisadressée à Mme Duval,51,
rue Taitbout. Elle a commencé par me de-
mander un abonnement à son journal, la
Véridique, coût dix francs pour deux mois et
pour m'inspirer confiance elle m'a remis un
prospectus portant en manchette : Le journal
« le Véridique » est autorisé pour l'insertion des
emplois vacants.
Deux exemplaires de chaque numéro sont dé-
posés au parquet conformément à la loi.
Autorisé par qui?
Quant aux places indiquées par le Véridique,
elles sont comme celles indiquées par le jour-
nal de Le Brun : ou elles n'ont jamais existé.
ou elles sont toujours prises.
Agréez, etc.
- H.,
20, rue Perdonnet.
(La suite à demain.)
TRIPLE ASSASSINAT
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Chalon-sur-Saône, 25 mars.
On télégraphie de Saint-Léger-sur-
Dheune qu'une famille d'agriculteurs dit
nom de Baudin, composée du mari, de la
femme et du père, qui étaient revenus dans
le pays après avoir passé trois ans dans la
République argentine, comme colons,vien-
nent d'être assassinés par leur domestique.
aidé de vauriens des environs.
Les assassins ont été arrêtés.
CHRONIQUE
Nos prêtres sont de grands marieurs
devant l'Eternel, chacun sait ça; mais ils
n'ont pas, depuis quelque temps, la main
très heureuse.
Vous avez vu il y a quelques jours,
dans le compte rendu des procès d'as-
sises,l'histoire de ce Sarrebourse d'Aude-
ville, qui vient d'être condamné à mort
pour avoir tué sa femme d'un coup de
fusil. C'était un bon curé qui avait fait le
mariage. Il n'avait pas sans doute prévu,
quand il s'entremettait en cette affaire,
que de ses deux protégés l'un assassine-
rait l'autre et mourrait ensuite sur l'é-
chafaud.
Mais il savait bien que cette union no
pouvait être heureuse. Il connaissait le
jeune homme, qui était un cancre de la
pire espèce, parfaitement ruiné, incapa-
ble de tout travail et pétri de préjugés
nobiliaires. Il le proposa cependant à une
jeune fille à laquelle il s'intéressait sans
doute et qu'il vouait à un malheur cer-
tain.
S'il s'agissait d'un autre homme que
d'un ecclésiastique, nous n'hésiterions
pas sur la nature du mobile qui l'a déter-
miné. Mlle Hurtaux était la fille de pa-
rents qui avaient fait dans le commerce
de la sardine une fortune considérable ;
elle devait apporter une grosse dot à son
mari. Rappelez-vous la Liliane du Vaude-
ville, qui fut ainsi vendue par un entre-
metteur malin pour un courtage de-cinq
cent mille francs.
Je ne pense pas qu'il y ait eu de pot-
de-vin dans cette affaire. Il n'en a pas été
parlé à l'audience, et l'on peut dire qu'en
général les prêtres qui se mêlent de ma-
riages gardent les mains nettes.
Ils croient sérieusement faire le bon-
heur d'une jeune fille en lui donnant
pour mari un homme, à qui sans doute
on peut reprocher quelques égarements
de jeunesse, mais qui a été élevé dans les
bons principes, qui va à la messe, qui a
conservé le respect, au moins extérieur,
de la religion.
Le mariage est un sacrement : ces mes-
sieurs ont foi dans l'efficacité du sacre-
ment. Ils estiment que la grâce fait plus
que l'effort personnel ; ils s'imaginent de
très bonne foi que le jeune homme dans
la main de qui ils mettent celle d'une
honnête et brave jeune fille a beau être
usé de corps et d'âme, le sacrement, par
sa vertu propre, lui rendra l'énergie, le
goût du travail et de l'honneur.
Songez que le catholicisme tout entier
repose sur la doctrine de la grâce. Dieu
est maître de changer comme il lui plaît
et au moment qu'il lui plaît le cœur de
l'homme, et du plus farouche ennemi du
Christ il fait instantanément un saint
Paul. Il est toujours permis d'espérer un
chemin de Damas. On peut y compter
davantage quand celui à qui l'on s'in-
téresse est un ami, dévoyé sans doute,
pour qui l'on adresse au ciel de ferventes
prières et sur qui va tomber la vertu du.
sacrement.
Un marieur laïque serait impardon-
nable. Il saurait, lui, que les gens qui
n'ont rien fait de leur jeunesse, qui
n'ont d'autre mérite qu'un vieux et beau
nom qu'ils déshonorent, qui n'ont de
goût que pour la vie oisive et crapuleuse,
qui enfin, perdus de dettes et de vices,
cherchent à se raccrocher à un mariage
riche, non seulement n'apportent à la
jeune fille qui les accepte aucune con-
dition de bonheur, mais encore sont in-
capables de lui en donner jamais. Il n'y a
grâce qui tienne, toute conversion est
impossible. Si ces mariages-là n'aboutis-
sent pas toujours à des dénouements
scandaleux et funestes, il n'en résulte
jamais que douleurs, plus ou moins cou*,
rageusement subies.
Il ne faut donc pas reprocher aux
prêtres catholiques leur intervention dans
ces affaires; il faut s'en défier: elle est
d'autant plus dangereuse qu'elle est plus
désintéressée. Ils agissent ad majorent
Dei gloriam. Peut-être ont-ils parfois la
vision des malheurs qu'ils préparent.
Mais que leur importe 1. Pour eux, le ma.-
JOURNAL RÉPUBLICAIN ',.
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LE 1 d y
D'ici peu, l'école' de réforme d'Y-
zeure, dans le département de l'Al-
lier, sera transférée à Paris, à l'hos-
pice de la Salpêtrière. Cette création
du conseil général de la Saine se
trouvera dans des conditions plus fa-
vorables sous la surveillance directe
- de l'Assistance publique et elle don-
nera certainement des résultats plus
positifs.
- Qu'est-ce que l'école d'Yzeure ? En
dehors d'un cercle restreint de per-
sonnes, l'établissement n'est guère
connu; il est, d'ailleurs, de date ré-
cente et il n'a pas beaucoup fait par-
ler de lui.
On se souvient des incidents de
Porquerolles. Les journaux s'en
émurent fort à l'époque, et si les
t faits ont - été singulièrement grossis,
ils n'en justifiaient pas moins, dans
une certaine mesure, l'émotion publi-
o que. o
Les enfants placés à Porquerolles,
dans une des î es d'Hyères, sous un
: ciel admirable, appartenaient à cette
catégorie de petits vicieux qui for-
ment la clientèle des maisons de cor-
rection, des colonies pénitentiaires.
Ce n'étaient, ni de près ni de loin, des
petits saints, encore qu'on eût donné
à plus d'un le bon dieu sans confes-
sion, comme disent les bonnes fem-
mes.
D'où venaient ces jeunes colons?De
Mettray, de Cîteaux, de grandes colo-
nies agricoles où ils avaient séjourné
un temps plus ou moins long.
Ces pupilles de l'Assistance publi-
que, enfants assistés, c'est-à-dire re-
cueillis dans les premières semaines
, ou dans les premiers mois de la nais-
sance, enfants moralement abandon-
nés, c'est-à-dire adoptés à un âge
plus avancé, avaient été mis en pré-
servation, en correction paternelle.
Le directeur de l'Assistance publi-
, que de Paris ressemble à un père de
• famille qui aurait sous sa coupe ou
sous sa tutelle trente mille enfants.
*■ Tous ses pupilles ne sont pas âés an-
- ges; il y en a qui tournent mal ou
tout au moins qui montrent de mau-
, vaises dispositions.
Ces indisciplinés-là, pour une cause
ou pour une autre, ont besoin d'un
régime spécial. Par exemple, un en-
fant trouvé élevé à la campagne, une
fois placé en apprentissage ou en
condition, ne veut pas rester en
place; il a des tendances au vagabon-
dage. Il faut bien s'occuper de lui,
l'isoler pendant un certain temps, le
mettre, suivant l'expression consa-
crée, en réforme ou en préservation.
Avec l'ancien système, les garçons
allaient à Cîteaux ou à Mettray, les
filles étaient envoyées dans les. éta-
blissements congréganistes : les Bon-
Pasteur ou les Refuges.
Rien n'était plus fâcheux, à cause
du mélange et de la promiscuité. Des
gamins enfermés pour une pecca-
dille étaient confondus avec d s pe-
tits gredins internés jusqu'à leur ma-
jorité pour de graves méfaits ; les
jeunes filles étaient également jetées
dans un milieu fort mêlé.
Le gros inconvénient du régime te-
nait au défaut de surveillance. Il m'est
arrivé de visiter un Bon-Pasteur où
le département de la Seine avait un
certain nombre de pupilles. Les fillet-
tes venaient au parloir grillé, n'osant
pas lever les yeux, répondant à toutes
les questions par un : « Oui, mon père,
non, mon père » automatique et pro-
fessionnel.
C'est pour remédier à ce placement
arbitraire que le conseil général de la
Seine a résolu d'avoir à lui sa maison
de réforme pour les filles indiscipli-
nées de son service d'enfants assistés
et d'enfants moralement abandonnés;
il l'afait pour éviter le contact avec des
enfants plus corrompus, et aussi pour
avoir la responsabilité pleine et en-
tière de la méthode suivie.
C'est peut-être une vue chimérique,
une utopie généreuse; mais il nous
est apparu que beaucoup de çes en-
fants, insoumis, indisciplinés, étaient
des malades de l'intelligence et qu'ils
devaient être traités avec des ménage-
ments infinis ; que les moyens coerci-
tifs avaient laplupart du temps moins
de prise sur eux que la douceur, qu'un
système d'éducation orthopédique, si
le mot n'est pas trop fort.
- L'école de Bicêtre, celle de la Sal-
pêtrière ne font pas autre chose avec
les enfants idiots ou arriérés; la mé-
thode de Seguin n'en est plus à don-
ner ses preuves.
Pourquoi ne pas tenter avec les
jeunes filles, et plus tard avec les jeu-
nes gens de nos services hospitaliers,
ce que des médecins, chez qui le cœur
, égaie la science, ont essayé avec suc-
cès à l'égard de difformes encore plus
, caractérisés ?
Voilà sur quels principes a été conçue
l'école de réforme d'Yzeure, dans
une pensée d'indulgence et de man-
suétude pour des êtres deux fois mal-
heureux, parce qu'ils ont été aban-
donnés de leurs parents et parce que
leur santé physique ou morale les met
en état d'infériorité dans la vie.
Paul Strauss.
Le XIXe SIÈCLE publiera demain la
« Vie de Paris », par Henry Fouquier.
ÉLECTIONS LÉGISLATIVES
Les électeurs de la 1re circonscription de
Morlaix (Finistère), de l'arrondissement du
Blanc (Indre) et de la 2e circonscription de
Tours (Indre-et-Loire) sont convoqués pour
le 19 avril prochain, à l'effet d'élire un député
pour le premier collège en remplacement de
M. Clech, décédé ; pour le second, en rempla-
cement de M. Beuazet, nommé sénateur ; pour
le troisième, en remplacement de M. Pesson,
décédé. -
LA LÉGION D'HONNEUR
Les fonctionnaires qui avaient reçu la
promesse d'être décorés le 1er janvier de-
vront attendre encore jusqu'au l/i juillet.
La chose paraît décidée ainsi aujourd'hui.
Dans les ministères, on donne comme
motif que certains ministres ont pris plus
d'engageménts qu'il n'y avait de croix dis-
ponibles et que, dans ces conditions, afin
de faire le moins de mécontents possible,
on recule de six mois les nominations, es-
pérant que d'ici là des vacances se seront
produites.
Nous avons cependant démontré, il y a
quelques jours, que plus de deux cents
croix étaient disponibles.
LE CAS DU PRINCE LOUIS
La consultation de M. Fallières. -
L'avis du gouvernement.
M. Fallières, ministre de la justice, a fait
parvenir au président du conseil son avis
sur la situation faite au prince Louis par la
mort de son père, le prince Napoléon, en
ce qui concerne l'application de la loi du
22 juin 1886.
Le garde des sceaux fait observer que
l'article 1er de cette loi vise les chefs des fa-
milles ayant régné sur la France et leurs
héritiers directs dans l'ordre de primogé-
niture.
.Le prince Louis n'est pas en ce sens l'hé-
ritier direct de son père le prince Napoléon.
Suivant le ministre de la justice, ce n'est
pas l'article 1er qui serait applicable au
prince Louis, mais l'article 2 qui donne au
gouvernement le droit d'interdire le terri-
toire de la République « aux autres princes
des familles ayant régné sur la France. »
Le conseil des ministres examinera cette
question, mais nous pouvons indiquer dès
à présent que les collègues du garde des
sceaux partagent son avis.
L'ÉCHEC DE LA MISSION ITALIENNE
EN ÉTHIOPIE
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULlBR)
Rome, 25 mars.
L'insuccès de la mission du comte Anto-
nelii auprès du roi Ménélik est le thème de
toutes les polémiques de la presse. L'opi-
nion publique en est très excitée. Elle
accuse Crispi d'avoir toujours caché la vé-
ritable situation. En tout cas,il s'est produit
un véritable revirement contre la politique
coloniale, surtout en province.
La Gazette de Turin écrit :
« Ah ! si le nouveau ministère savait et
voulait adopter des mesures radicales con-
cernant la funeste entreprise, si on se dé-
cidait à abandonner non seulement Keren
et Asmara, mais Massaouah même et Assab,
et si on libérait l'Italie de ce souci inquié-
tant et de cette issue désastreuse, oui,
alors, nous approuverions, oui, alors, nous
bénirions."
NOS ATTACHÉS MILITAIRES
EN RUSSIE
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Cologne, 25 mars.
La Gazette de Çologne publie sur un ton
navré les renseignements suivants de
Saint-Pétersbourg :
« Dans les cercles aristocratiques on dis-
cute vivement la façon extraordinairement
aimable dont le tsar et la tsarine ont pris
congé du premier attaché militaire fran-
çais, colonel Briois, qui est rappelé en
France. 11 a reçu l'ordre de Sainte-Anne en
brillants. Le souverain lui a accordé
une longue audience de congé dans la-
quelle Alexandre 111 lui a fait cadeau d'un
vase précieux en malachite, ainsi que de
son portrait et de celui de l'impératrice. Le
tsar l'a prié de lui remettre sa photogra-
phie.
Jamais attaché militaire ne fut traité
avec pareille distinction.
Son successeur, le deuxième attaché
militaire, le major Moulins, est à Saint-
Pétersbourg depuis plus de dix ans. Les
membres de l'état-major russe le consi-
dèrent comme un des leurs.11 est le convive
journalier du général Obroutchoff, chef de
l'état-major général, qui, comme on sait, a
épousé une Française.
»> On prétend que le général discute avec
le major Moulins les plus secrètes ques- j
tions de mobilisation. »» ]
CENT MILLE FRANCS DE TITRES FAUX
M. H. Schumann, banquier, rue de la
Victoire, a une succursale à Lisbonne. Il y
a quelques jours, un individu se présen-
tait chez le directeur de cette succursale
et lui apportait une liasse d'obligations
représentant une valeur de 120,000 francs.
— Je désirerais, dit-il, emprunter 90,000
francs sur ces titres. Pourriez-vous m'a-
vancer cette somme ?
On prêta les 90,000 francs au propriétaire
des titres, qui donna, dans la maison de
banque, le nom de Javereau. Puis les titres
furent expédiés à M. H. Schumann, qui,
après examen, reconnut qu'ils avaient été
falsifiés.
Une plainte a été adressée au parquet
contre le faussaire, et M. Habert, juge
d'instruction, a été chargé de procéder à
une enquête sur cette affaire.
Le service de la sûreté recherche le cou-
pable. • :
LES SAUMONS DE LA SEINE
CHEZ M. JOUSSET DE BELLESMES
La crise de la pêche à la ligne. — Les
50,000 alevins et l'autorité d'un
agent de M. Yves Guyot. — La
- victime de M. Dupuis, no-
taire à Paris.
Les pêcheurs à la ligne étaient dans le
marasme. La dynamite dont on a usé cet hi-
ver pour détruire la banquise de la Seine
a fait, parait-il, sauter beaucoup de pois-
sons; les gaz délétères dont elle a infecté
l'eau ont empoisonné les autres. Aussi, de
Paris à Marly et de Marly à Paris, ça ne
mord plus.
M. Yves Guyot, qui a eu soin de laisser
manquer d'alevin les aquariums nationaux
de Bouzey et de Thonon, a néanmoins été
pris de compassion pour les pêcheurs.
Aussi a-t-il prié M. Jousset de Bellesmes,
directeur de l'aquarium municipal du Tro-
cadéro, de restituer en saumons ce que les
eaux de la Seine avaient perdu en ablettes.
L'autorité de M. Jozan
Mais M. Yves Guyot et M. Jousset de Bel-
lesmes avaient compté sans les chinoiseries
de l'administration.
Dimanche dernier, M. Passavit, gardien-
chef de l'aquarium, se rendait au pont de
Bougival pour procéder à l'immersion des
alevins. Au pont, il se rencontré avec un
conducteur des ponts et chaussées, agent
du ministère qui avait précisément ré-
clamé les 50,000 alevins.
— Vous ne pouvez passer, dit ce conduc-
teur.
- Comment! je ne peux passer ! Pour-
quoi ?
- Non, non ! J'ai ordre d'interdire l'opé-
ration du réempoissonnement.
- Mais, réplique M. Passavit, j'ai un or-
dre de M. Jousset de Bellesmes qui, lui-
même, a un ordre du ministre des travaux
publics.
-- Ça ne me regarde pas. Je ne connais
que ma consigne et je l'exécute.
Et le conducteur des ponts et chaussées
montre une note écrite de M. Jozan, ingé-
nieur ordinaire, qui interdisait absolument
l'opération. L'agent du ministère était ac-
compagné d'un garde de pêche qui avait
ordre de s'opposer, même par la force, à
l'immersion des jeunes poissons.
M. Passavit n'avait qu'une chose à faire,
retourner sur ses pas et rendre compte au
directeur de l'aquarium du Trocadéro de ce
qui se passait. C'est ce qu'il fit. M. de Bel-
lesmes informa sur-le-champ M. Yves
Guyot. Une enquête fut faite. M. Jozan fut
sévèrement réprimandé. Cet ingénieur
avait appris par les journaux que cette
opération allait être faite et, croyant que
son autorité était méconnue en cette cir-
constance, il avait pris sur lui de s'y oppo-
ser. Elle est raide !
Et les alevins, demanderez-vous ? M. Pas-
savit avait remisé ses appareils à l'aqua-
rium. Malgré ses soins, les 50,000 alevins
sont morts pendant la nuit. Mais l'autorité
de M. Jozan avait été reconnue!
Demain ou après-demain, 50,000 autres
alevins seront immergés dans la Seine, au
pont de Bougival, si M. Jozan ne s'oppose
pas encore à l'opération.
Les poissons en voyage
Il nous a paru intéressant, à cette occa-
sion, de demander à M. Jousset de Belles-
mes quelques renseignements sur les
moyens employés pour cette repopula-
tion.
— Les 50,000 alevins que nous devons
fournir, nous dit le directeur de l'aqua-
rium municipal, sont nés en décembre der-
nier :
A0,000 truites et 10,000 saumons de Cali-
fornie. Ces derniers ont actuellement 6 cen-
timètres de longueur et ont le diamètre d'un
petit porte-plume; les truites n'ont que h
centimètres de taille et sont proportionnel-
lement moins grosses.
Ces poissons seront transportés dans un
appareil cylindrique long de lm20 sur hO de
diamètre,pourvu d'une cage à glace et d'un
tube de soufflerie. La glace a pour but d'as-
surer la fixité de la température qui ne
doit pas, pour ces espèces, dépasser 17 à 18
degrés. En cette saison, son emploi ne sera
sans doute pas nécessaire.
Quant à la soufflerie, etle joue un grand
rôle pour fournir aux petits poissons l'air
nécessaire à leur respiration pendant le
transport.
Les résultats que nous obtenons avec no-
tre appareil sont entièrement satisfaisants.
Ainsi, l'an dernier, nous avons envoyé à
Quimperlé 3,000 alevins d'un an, ayant 15
centimètres de longueur; le voyage a duré
vingt-quatre heures et pas un seul poisson
n'est mort en route.
Mieux que cela, en 1883, un Français, M.
Besnard, directeur du jardin zoologique de
Santiago, me demanda de l'alevin de sau-
mon de Californie. Je fus assez interloqué ;
j'appris dans la suite qu'il n'existait point
de relations régulières entre le Chili et la
Californie. En tout cas, j'expédiai A00 ale-
vins de 25 centimètres qui restèrent dans
la même eau durant la traversée. A l'arri-
vée, on constata seulement 30 décès.
La mise en liberté
Le jour de l'essaimage n'est pas encore
fixé, mais il sera très prochain. Je me pro-
pose de jeter mes, élèves dans un petit
ruisseau qui dessert des tanneries et qui
est situé juste au-dessus de Marly. Ce cours
d'eau est peu profond et n'a guère plus de
Im50 de large, mais il est tapissé d'herbes
épaisses dans lesquelles il est facile au petit
poisson de s'abriter et de trouver une
nourriture abondante. C'est une condition
essentielle pour que notre tentative réus-
sisse, et les insuccès antérieurs de noi
prédécesseurs ont eu souvent pour cause
l'insouciance avec laquelle on a semé au
premier endroit venu, sans se préoccuper
scientifiquement des conditions obliga-
toires du développement des alevins.
Ce n'est pas la première fois que nous es-
saimons dans le bassin de la Seine ; depuis
1885, on a mis chaque année dans la Marne
80,000 alevins de saumons de Californie et
30,000 dans la Seine, ce qui ne nous em-
pêche pas d'en avoir encore 90,000 dans
nos caves d'élevage au Trocadéro.
Il est très difficile de se rendre compte du
tant pour cent de ces poissons qui résistent
aux causes nombreuses de destruction et
parviennent indemnes à leur troisième an-
née, c'est-à-dire au au moment où ils peu-
vent se reproduire.
J'é ialue,mais d'une façon toute approxi-
mative, qu'il s'en sauve environ trente sur
mille.
- Le repêchage
— Mais, faisons-no as observer à notre
interlocuteur, on ne les repêche pas sou-
vent, ces fameux poissons. Et ils conti-
nuent, ce me semble, à être inconnus sur
le marché des Halles.
— D'abord, je suis sûr qu'on en a déjà
repêché plusieurs, surtout du côté de Gi-
sors, qui pesaient plus de 5 kilos.
Le plus bel échantillon a été pris à
Marly même, à la ligne flottante, par un
notaire de la rue des Mathurins de Paris,
M. Dupuis. Le saumon pesait 10 kilos, et
M. Dupuis a été si justement fier de sa
capture qu'il l'a fait photographier en grou-
pant autour les convives invités au festin
dont le poisson fournissait le plat le plus
glorieux.
C'est peu, direz-vous, mais il est permis
de supposer que la plupart des pêcheurs
qui capturent un de nos enfants se sou-
cient fort peu de nous en aviser.
D'un autre côté, l'essaimage a commencé
en 1885.11 faut trois ans pour que le saumon
reproduise, nous ne sommes donc qu'à la
seconde génération. Du reste, dès le prin-
cipe nous n'avions pas espéré un résultat
appréciable avant dix ans. Par conséquent
attendons en 1895.
Les gros sujets
Jusque-là il reste acquis que le saumon
de Californie se plaît dans nos eaux. Sa
croissance est très rapide, puisque nous
avons à l'aquarium des poissons de trois
ans et demi qui pèsent 12 livres et mesu-
rent 85 centimètres.
Il se développe sans avoir besoin d'aller
à la mer, et bien que zoologiquement ce
soit un saumon, au point de vue culinaire
on doit plutôt le considérer comme une
truite, dont il possède la chair fine et sa-
voureuse.
Il e5t donc regrettable, à mon avis, que
l'exiguïté des crédits affectés à l'aquarium
ne nous permette pas de gagner du temps
en opé rant sur une plus vaste échelle.
Les lacs du Trocadéro renferment près
de 800 gros saumons qui mangent chaque
jour 8 à 10 kilogrammes de poissons de
Seine. L'alevin est nourri avec de la rate
pilée. Tout cela finit par revenir assez
cher.
-Que deviennent les gros sujets?
— Ils meurent. Pour les faire pondre, on
est obligé de les serrer assez fortement.
Très souvent on les blesse, les écailles s'en
vont, la moississure se met dans la partie
lésée, et c'est fini.
Du reste, on a remarqué qu'en Califor-
nie même un grand nombre succom-
baient après la ponte.
Quand nous les avons ainsi endomma-
gés, nous les lâchons dans la Seine. Nous
nous gardons bien de les manger, car à
cette époque ils sont détestables.
Pour terminer, nous demandons à M.
Jousset de Bellesmes quelques renseigne-
ments sur la valeur de l'alevin.
— Le conseil municipal, nous dit-il, offre
gratuitement à l'Etat les 50,000 alevins. Il
n'a d'ailleurs jamais fait payer les pois-
sons destinés au repeuplement des cours
d'eau et se borne à exiger que ses dons
soient faits dans un but d'intérêt général.
Les particuliers ne peuvent donc s'adresser
au Trocadéro.
Toutefois, il est permis d'évaluer la va-
leur commerciale des alevins, car il existe
quelques éleveurs, un notamment très bien
monté, dans les environs de Clermont-
Ferrand, qui en font trafic.
Le prix moyen des truites âgées de moins
d'un an est de U0 fr. le mille. Certaines es-
pèces rares coûtent jusqu'à 100 fr. Les om-
bres-chevaliers sont cotés 70 fr.
LE LEGS PRUVOT
Il n'y a pas, comme on l'a dit, de diffi-
culté au sujet du legs Pruvot. Un arrange-
ment est intervenu, grâce auquel le conseil
municipal pourra, sans le moindre scru-
pule, accepter la donation de 900,000 francs
faite au profit de la ville de Paris.
Pruvot passe pour avoir acquis sa fortune
dans l'exploitation d'un établissement mal
famé, et la clause par laquelle il demandait
qu'un asile portât son nom ne laissait pas
que d'être embarrassante.
En même temps, des parents du défunt
annonçaient l'intention de contester la vo-
lonté du testateur.
Sur ces entrefaites, la Ville a transigé
avec la famille; moyennant certains avaa-
tages,élle a obtenu la résiliation de l'une des
conditions du legs.
Une somme de 900,000 francs environ est
mise à la disposition de la Ville, à charge
pour elle de construire dans le dix-septième
arrondissement un refuge de nuit et un
fourneau économique.
Grâce à la transaction qui lui est propo-
sée, le conseil municipal évitera le cas de
conscience dans lequel il se serait trouvé
s'il avait dû donner feu M. Pruvot pour
parrain à l'établissement philanthropique
en perspective.
J.-J. ROUSSEAU A L'ÉCOLE
Un de nos confrères se plaignait hier ma-
tin de certains passages d'ouvrages litté-
raires dont l'explication est imposée aux
jeunes filles pour l'obtention du brevet su-
périeur. Il citait notamment l'Emile de
J.-J. Rousseau.
Depuis quelque temps, il semble qu'on
veuille arriver par éliminations successives
à la suppression totale, dans les examens,
des auteurs du dix-huitième siècle.
Mais, moins que jamais, il y a lieu de
s'indigner. Il n'est question, en effet, sur le
programme visé, nous a déclaré M. Buis-
son, directeur de l'enseignement primaire,
que du livre II de l'Emile, dont une édition
à l'usage des candidats aux brevets se trouve
dans toutes les librairies classiques.
Or, ce livre est des plus inoffensifs.
Le plus piquant de l'affaire, c'est que
l'inscription de ce passage de l'Emile sur la
liste des auteurs français remonte au 5 jan-
vier 1881.
Vraiment, la pudeur des protestataires a
mis du temps pour s'effaroucher.
AFFAIRE D'ESPIONNAGE
(D'UN CORRESPONDANTI
Metz, 25 mars.
Le tribunal correctionnel a jugé aujour-
d'hui l'ingénieur-dessinateur Stœckel, in-
culpé de haute trahison pour soustraction
de plans militaires.
Sur la demande du ministère public, le
his clos a été prononcé, la sûreté de l'em-
pire pouvant être compromise par la pu-
blicité des débats.
M. Stœckel a été condamné à neuf mois
de prison.
Le tribunal a refusé de laisser M. Stœc-
kel en liberté provisoire.
LES MEFAITS
DU a PETIT. JOURNAL.
L'ATTRAPE-GOGOS
Une campagne pour la publicité. -
L'opinion d'un spécialiste. — L'An-
dorrane à Peau. — Question in-
discrète. — L'exploitation
des femmes.
Un journaliste qu'un de nos confrères a
baptisé de ce surnom suggestif : Comme la
lune, et qui fait de la polémique comme les
corneilles abattent des noix, sans savoir un
traî;re mot de ce dont il parle, a prétendu
l'autre jour que notre campagne contre les
escrocs n'était autre chose qu'une campa-
gne contre la publicité.
Vous voyez le syllogisme : les escrocs font
de la publicité, or vous attaquez les es-
crocs, donc, en attaquant les escrocs, vous
attaquez la publicité.
Pour montrer ce que vaut ce raisonne-
ment, on nous permettra de citer l'opinion
d'un spécialiste émérite.
Un directeur de journal lui demandait
comment il pouvait se faire qu'il y ait si
peu d'annonces dans les journaux français
alors que tous les industriels, tous les com-
merçants qui s'étaient servis de la publicité
par les journaux avaient vu leurs affaires
prospérer dans des proportions inespérées,
et alors que dans tous les autres pays les
journaux ont cent fois, mille fois plus
d'annonces.
« Que voulez-vous? répondit le spécia-
liste en question, beaucoup de négociants
et d'industriels sérieux se croiraient désho-
norés s'ils faisaient de la réclame dans les
journaux. Ils ne contestent pas les avanta-
ges de ce mode de publicité,mais ils n'osent
pas s'en servir, parce qu'une maison qui
s'en sert est tout de suite mal notée. Il n'y
a qu'un petit nombre de grandes maisons.
comme le Louvre et le Bon Marché, qui
soient au-dessui de ce déplorable pré-
jugé. »
Ce préjugé, d'où vient-il? Uniquement de
ce que les filous ont usé et abusé de l'an-
nonce, et surtout de l'annonce du Petit
Journal. Prenez au hasard quelques numé-
ros du Petit Journal au moment où a
commencé la campagne du XIXe Siècle. Que
voyez-vous à la quatrième page ? De temps
à autre, la mort vaincue par la pastille Gé-
raudel, la « jolie orpheline à marier, dix-
neuf ans, avec tache, 500,000 fr. de dot », le
« poil à gratter », « l'attrape-puces », qui a
pour inventeur un Russe de la rue Ober-
katnpf, et « l'attrape-mouches » de M. Lecot
de Noisy-le-Sec ; mais ce que vous verrez
tous les jours et du haut en bas de tou-
tes les colonnes, c'est l'attrape-gogos
sous forme.de bénéfices fantastiques pro-
mis à la Bourse ou aux courses, de prêts
d'argent offerts aux gens gênés, d'offres
d'emplois sous les formes les plus diverses,
en un mot, rien que des annonces de
filous. On conçoit que les négociants hon-
nêtes hésitent à se faire annoncer en pa-
reille compagnie.
Par conséquent, la campagne du XIXe Siè-
cle contre les escrocs à l'annonce est en
réalité une. campagne en faveur de la pu-
blicité; saine et honnête, celle qui rend ser-
vice au public et enrichit eaux qui la
font.
Mais, nous dit-on, pourquoi prendre spé-
cialement à partie le Petit Journal ? Il n'y a
pas que lui qui publie des annonces men-
songères.
Nous n'avons jamais dit le contraire, et
nous convenons volontiers que la plupart des
journaux, sinon tous, ont sous ce rapport
des reproches à s'adresser; mais ce qui est
absolument certain, c'est qu'aucun journal
ne s'est fait, comme le Petit Journal, une
spécialité quasi-exclusive des annonces de
filous. S'il s'était trouvé un autre journal
pour le faire, le Petit Journal n'en serait
pas moins resté de beaucoup le plus cou-
pable, parce qu'il a la clientèle la plus nom-
breuse et la plus crédule, mais il ne s'en
est pas trouvé.
Enfin, aucun journal ne s'est transformé,
comme le Petit Journal, en une maison de
banque ayant pour objet d'écouler dans le
public, à l'aide du journal transformé en
simple prospectus financier, les affaires les
plus véreuses, aucun ne s'est fait de la
ruine'de ses lecteurs sa principale source
de bénéfices, aucun ne possède de « service
des primes » (Beware or pickpockets 1)
Le coup de pied de Lauze
M. Marinoni a trouvé un nouveau défen-
seur qui ne déparera pas la collection. C'est
le nommé Lauze, le fondateur de la société
dite « Nouvelle Andorrane n, ayant pour
objet l'établissement d'une roulette à An-
dorre.
Pour établir cette roulette, il fallait, nous
l'avons dit, l'autorisation du gouverne-
ment. Marinoni, qui ne doute de rien, l'a-
vait promise, et déjà il voyait l'argent des
pontes de la roulette venant s'ajouter à l'ar-
gent des victimes du Petit Journal.
Mais, ô déception ! voici que le gouver-
nement communique aux journaux, par
l'entremise de l'agence Havas, la note sui-
vante :
Une société dite la « Nouvelle Andorrane »
fait en ce moment appel aux capitaux, dans
le but d'établir en Andorre des casinos et
des jeux.
Une entreprise de ce genre n'a reçu et ne
saurait recevoir l'assentiment du gouverne-
ment de la République.
En attendant, nous ne serions pas fâchés
de savoir si ce Lauze qui défend avec tant
d'ardeur l'agence Marinoni-Poidatz est le
même Lauze qui a déjà été condamné qua-
tre ou cinq fois au moins pour escroquerie
à des peines variant entre un an et cinq
ans de prison.
Nous avons une fois déjà posé la ques-
tion : on ne nous a pas répondu.
Le plébiscite
Un de nos lecteurs nous donne cette ex-
plication du plébiscite du Petit Journal sur
la date des vacances, c'est que « le secré-
taire du conseil d'administration du Petit
Journal, M. Charles Prévet, député, est lui-
même fondateur et principal intéressé d'un
établissement de bains de mer appelé Pa-
ramé, qui, malgré toutes les réclames et
attractions de jeux de hasard, languit dans
le plus désastreux abandon. »
Exploitation féminine
Le Petit Journal n'exploite pas seulement
les hommes, il pressure aussi les fem-
mes :
Monsieur le directeur,
Je suis une pauvre institutrice sans emploi,
comme il y en a tant en ce moment. Sur la foi
d'une annonce du Petit Journal, je me suis
rendue chez un mçmsjeuz Letourneur, rue des
Saussaies.
On me demanda quinze francs, en me pro-
mettant de me procurer tout de suite une
place. Je versai les quinze francs, et alors on
me donna l'adresse d'un M. M. S. Verstraete,
126, Ledburg Road, Bayswater W. London, au-
quel il fallait envoyer ma photographie.
J'envoyai ma photographie et, au bout de
deux jours, je fus avisée que ma figure ne
plaisait pas. Il paraît que cela finit toujours
ainsi.
Il en est de même, j'en ai fait la triste ex-
périence, de toutes les demandes de gouver-
nantes, de dames de compagnie, d'institu-
trices, de secrétaires, publiées dans cette
feuille.
Toujours sur la foi des annonces du Petit
Pickpocket, je me suisadressée à Mme Duval,51,
rue Taitbout. Elle a commencé par me de-
mander un abonnement à son journal, la
Véridique, coût dix francs pour deux mois et
pour m'inspirer confiance elle m'a remis un
prospectus portant en manchette : Le journal
« le Véridique » est autorisé pour l'insertion des
emplois vacants.
Deux exemplaires de chaque numéro sont dé-
posés au parquet conformément à la loi.
Autorisé par qui?
Quant aux places indiquées par le Véridique,
elles sont comme celles indiquées par le jour-
nal de Le Brun : ou elles n'ont jamais existé.
ou elles sont toujours prises.
Agréez, etc.
- H.,
20, rue Perdonnet.
(La suite à demain.)
TRIPLE ASSASSINAT
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Chalon-sur-Saône, 25 mars.
On télégraphie de Saint-Léger-sur-
Dheune qu'une famille d'agriculteurs dit
nom de Baudin, composée du mari, de la
femme et du père, qui étaient revenus dans
le pays après avoir passé trois ans dans la
République argentine, comme colons,vien-
nent d'être assassinés par leur domestique.
aidé de vauriens des environs.
Les assassins ont été arrêtés.
CHRONIQUE
Nos prêtres sont de grands marieurs
devant l'Eternel, chacun sait ça; mais ils
n'ont pas, depuis quelque temps, la main
très heureuse.
Vous avez vu il y a quelques jours,
dans le compte rendu des procès d'as-
sises,l'histoire de ce Sarrebourse d'Aude-
ville, qui vient d'être condamné à mort
pour avoir tué sa femme d'un coup de
fusil. C'était un bon curé qui avait fait le
mariage. Il n'avait pas sans doute prévu,
quand il s'entremettait en cette affaire,
que de ses deux protégés l'un assassine-
rait l'autre et mourrait ensuite sur l'é-
chafaud.
Mais il savait bien que cette union no
pouvait être heureuse. Il connaissait le
jeune homme, qui était un cancre de la
pire espèce, parfaitement ruiné, incapa-
ble de tout travail et pétri de préjugés
nobiliaires. Il le proposa cependant à une
jeune fille à laquelle il s'intéressait sans
doute et qu'il vouait à un malheur cer-
tain.
S'il s'agissait d'un autre homme que
d'un ecclésiastique, nous n'hésiterions
pas sur la nature du mobile qui l'a déter-
miné. Mlle Hurtaux était la fille de pa-
rents qui avaient fait dans le commerce
de la sardine une fortune considérable ;
elle devait apporter une grosse dot à son
mari. Rappelez-vous la Liliane du Vaude-
ville, qui fut ainsi vendue par un entre-
metteur malin pour un courtage de-cinq
cent mille francs.
Je ne pense pas qu'il y ait eu de pot-
de-vin dans cette affaire. Il n'en a pas été
parlé à l'audience, et l'on peut dire qu'en
général les prêtres qui se mêlent de ma-
riages gardent les mains nettes.
Ils croient sérieusement faire le bon-
heur d'une jeune fille en lui donnant
pour mari un homme, à qui sans doute
on peut reprocher quelques égarements
de jeunesse, mais qui a été élevé dans les
bons principes, qui va à la messe, qui a
conservé le respect, au moins extérieur,
de la religion.
Le mariage est un sacrement : ces mes-
sieurs ont foi dans l'efficacité du sacre-
ment. Ils estiment que la grâce fait plus
que l'effort personnel ; ils s'imaginent de
très bonne foi que le jeune homme dans
la main de qui ils mettent celle d'une
honnête et brave jeune fille a beau être
usé de corps et d'âme, le sacrement, par
sa vertu propre, lui rendra l'énergie, le
goût du travail et de l'honneur.
Songez que le catholicisme tout entier
repose sur la doctrine de la grâce. Dieu
est maître de changer comme il lui plaît
et au moment qu'il lui plaît le cœur de
l'homme, et du plus farouche ennemi du
Christ il fait instantanément un saint
Paul. Il est toujours permis d'espérer un
chemin de Damas. On peut y compter
davantage quand celui à qui l'on s'in-
téresse est un ami, dévoyé sans doute,
pour qui l'on adresse au ciel de ferventes
prières et sur qui va tomber la vertu du.
sacrement.
Un marieur laïque serait impardon-
nable. Il saurait, lui, que les gens qui
n'ont rien fait de leur jeunesse, qui
n'ont d'autre mérite qu'un vieux et beau
nom qu'ils déshonorent, qui n'ont de
goût que pour la vie oisive et crapuleuse,
qui enfin, perdus de dettes et de vices,
cherchent à se raccrocher à un mariage
riche, non seulement n'apportent à la
jeune fille qui les accepte aucune con-
dition de bonheur, mais encore sont in-
capables de lui en donner jamais. Il n'y a
grâce qui tienne, toute conversion est
impossible. Si ces mariages-là n'aboutis-
sent pas toujours à des dénouements
scandaleux et funestes, il n'en résulte
jamais que douleurs, plus ou moins cou*,
rageusement subies.
Il ne faut donc pas reprocher aux
prêtres catholiques leur intervention dans
ces affaires; il faut s'en défier: elle est
d'autant plus dangereuse qu'elle est plus
désintéressée. Ils agissent ad majorent
Dei gloriam. Peut-être ont-ils parfois la
vision des malheurs qu'ils préparent.
Mais que leur importe 1. Pour eux, le ma.-
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