Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1891-03-26
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 26 mars 1891 26 mars 1891
Description : 1891/03/26 (A21,N7010). 1891/03/26 (A21,N7010).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7565731s
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 29/04/2013
Vingt-et-imiême année. - - NI, 7,010
CINQ Centimes - Paris et Départements CINQ Centimes
JEUDI 36 MARS 1891
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Crispi et îmyssiDie
..-
On se demande où s'arrêtera la dé-
veine de M. Crispi. Après l'éclatant
'désaveu que lui a infligé la Chambre
élue par ses soins, on pourrait ne plus
s'occuper de lui si l'on ne tenait à re-
lever son dernier méfait et à signaler
son dernier mécompte.
Dans la discussion qui devait abou-
tir à une si piteuse défaite, l'ancien
ministre a lancé cette menace : « La
guerre pourrait bien vous surprendre
cette année. »
- N'est-ce pas une façon ingénieuse
d'aider au relèvement des finances
italiennes que de pronostiquer d'un air
mystérieux cet oracle sibyllin? Le
cabinet Rudini s'efforce de tout apai-
ser, d'améliorer les relations exté-
Tieures, de rassurer tout le monde au
dedans, et au dehors, parce qu'il veut
avant tout soutenir ou restaurer le
crédit national; M. Crispi proteste et
agite le spectre de la guerre possiole,
probable, prochaine. Si on l'avait
cru, ses paroles auraient été un dé-
sastre pour son pays. Mais elles n'ont
été désastreuses que pour lui. La co-
gère l'inspire mal. Il a perdu le pou-
voir pour le plaisir d'injurier ses ad-
versaires; il a achevé la déroute de
.l'opposition dont il est le chef pour le
plaisir de jouer le rôle d'un prophète
de malheur.
- Aussi n'hésiterons-nous pas à ap-
puyer sur le nouveau coup que le re-
tour du comte Antonelli vient de lui
porter. M. Crispi est maintenant con-
vaincu d'avoir menti à son pays et à
l'Europe. Il a commis, à propos de
l'Abyssinie, quelque chose comme un
faux en écriture diplomatique. Il a
leurré ses concitoyens d'un triomphe
imaginaire et notifié aux puissances
l'établissement d'un protectorat chi-
mérique.
- Pendant que nous donnions au
inonde le spectacle de notre Exposi-
tion universelle, le gouvernement ita-
lien exhibait pompeusement le cor-
tège semi-barbare de l'ambassadeur
abyssin Maconsen. C'était une troupe
bizarre, qui ne différait pas beaucoup
lie celles qui campent au Jardin d'Ac-
climatation et qui aurait figuré ho-
norablement à l'Esplanade des Inva-
lides. Mais au lieu d'exécuter des dan-
ses guerrières pour l'amusement des
badauds) Maconsen et ses compa-
gnons jouèrent la comédie de la paix
et de la soumission. Après tout, nous
calomnions peut-être ces voyageurs;
on leur a fait dire ce qu'on a voulu,
:et rien ne prouve qu'ils aient tenu le
langage qu'on leur prêtait. On n'a
connu leurs paroles et leurs actes que
par des traductions dues à des inter-
prètes officiels, et c'est en Italie qu'a
été inventé le proverbe : Traduttore,
traditore.
Ce qui est certain, c'est que M.
Crispi déclara solennellement qu'un
traité de protectorat était conclu en-
tre Humbert Ier et le négus Ménélik;
c'est que les cabinets européens fu-
rent informés de cet acte diplomati-
que qui faisait de P Abyssinie une dé-
pendance de l'Italie au même titre que
la Tunisie est une dépendance de la
France. On répondit froidement ou on
lie répondit pas à cette démarche. On
suspectait la véracité de M. Crispi : il
y avait de quoi.
Après des pourparlers et des tirail-
lements dont l'histoire authentique ne
sera sans doute jamais bien connue,
le comte Antonelli, un explorateur
distingué doublé d'un diplomate ha-
bile, fut chargé d'obtenir de Méné-
lik la ratification définitive du traité
dont on avait fait tant de bruit. Le
comte Antonelli revint enfin, et le ca-
binet de Rome est obligé de faire an-
noncer que le roi d'Abyssinie n'ac-
cepte pas le protectorat. Ce potentat
jie sait ce qu'on lui veut, se plaint
d'avoir été trompé et volé ; le bruit
court que l'envoyé italien aurait été
mal reçu et mal traité, et que l'atti-
tude de Ménélik serait tout à fait
hostile. v
Ainsi s'écroule, sans avoir jamais
existé autrement qu'en espérance, cet
empire africain que nos voisins étaient
Si fiers d'avoir édifié en si peu de
temps. La notification faite aux puis-
sances n'est plus qu'une plaisanterie
d'un goût douteux, et les conquêtes
'de M. Crispi se bornent à deux ou
trois cantons où sévit la tyrannie de
quelques officiers sanguinaires et
qu il faudra peut-être bientôt dispu-
ter aux prétendus protégés de l'Ita-
- lie.
-: Il n'est pas impossible que M. Crispi
ait été lui-même à demi trompé et
- que Ménélik se soit donné le diver-
- iissement de rouler l'astucieux Sici-
iiien. Ces rois qu'on dit barbares sont
quelquefois d'une finesse étonnante et
quand ils rusent un peu pour se sous-
traire au joug, ils ne sont pas sans
.ç)i;ç,!,e. Que M. Crispi ait été dupe de
son partenaire au teint bronzé ou
qu'il ait entièrement inventé le traité
de protectorat, il a tout au moins
voulu faire passer l'ombre pour la
proie et des promesses vagues pour
des engagements formels. On peut lui
donner le choix entre les deux solu-
tions. Il s'est conduit avec une naï-
veté invraisemblable ou avec une im-
pudence rare. IL aimerait sans doute
mieux ne pas être pris pour un naïf.
L'Abyssinie redevient un terrain
neutre, où chacun peut essayer de
faire prévaloir son influence. La Rus-
sie va se remettre sur les rangs et la
mission Maschkoff arrivera à propos.
Massouah n'est plus qu'une position
qui coûte cher à garder et qui ne
rapporte rien que des coups de fusil,
des coups de soleil et du scandale.
Si après une telle déconvenue M.
Crispi conserve encore des admira-
teurs et des partisans, il faudra
avouer que les Italiens sont tenaces
dans leurs affections et dans leurs il-
lusions.
Commines.
La XIXe 'siL3CL.E publiera út:in.aJ.n la
a Clironicme ». par Francisque Saroey.
SAINT-CYR LICENCIE
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARICULl&aJ
.-. Versailles, l$k mars.
Vous aviez raison de maintenir contre
tous les démentis qu'une épidémie de fièvre
scarlatine régnait à l'école militaire de
Saint-Cyr, épidémie des plus bénignes,
d'ailleurs, mais qui avait frappé beaucoup
de nos futurs officiers.
L'administration vient de prendre des
mesures.
Les élèves ont été envoyés en vacances
aujourd'hui. Les vacances de Pâques sont
ainsi avancées de deux jours. Le motif en
est précisément dans l'épidémie de scarla-
tine. -
NOMINATIONS D'ÉVÊQUES
* ET DE CARDINAUX
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Rome, ~< mars.
On prétend que M. Fuzet, l'évêque de la
Réunion qui écrivit dernièrement une re-
tentissante lettre d'adhésion aux déclara-
tions du cardinal Lavigerie et qui reçut à
Nîmes l'affront de ne pouvoir trouver un
seul chanoine pour l'assister dans sa messe,
serait prochainement nommé coadjuteur
de l'archevêque de Tours avec future suc-
cession, et que l'abbé de Barolet, chanoine
de Bordeaux, serait envoyé à la Réunion,
malgré l'opposition faite à plusieurs re-
prises par l'archevêque de Paris. A
On songerait également a déplacer l'eve.
que de Poitiers, dont l'impopularité est si
grande que ses curés ne l'invitent même
plus à présider les cérémonies.
On annonce d'autre part que le gouverne-
ment va proposer au pape de nommer deux
cardinaux.
Les deux futurs cardinaux seraient MM.
Meignan, archevêque de Tours, et Lécot,
archevêque de Bordeaux.
Une opposition est à prévoir : le Saint-
Siège voudrait, à la place de l'archevêque
de Bordeaux, M. Thomas, archevêque de
Rouen, mais le gouvernement n'a pas
encore oublié qu'il soutint de ses deniers
un journal jadis boulangiste.
Le Saint-Siège céderait cependant, pourvu
que l'on prît l'engagement de faire nommer
l'archevêque de Rouen à une prochaine
promotion. »• —-
Il
MORT DE LA PRINCESSE D'ARENBERG
Mme la princesse d'Arenberg, femme du
député du Cher, a succombé hier matin en
son hôtel de la rue de la Ville-l'Evêque, aux
suites d'une longue maladie, dans sa qua-
rante et unième année.
Mme d'Arenberg était la fille du comte
Greffulhe, mort récemment, qui fut pair
de France, un des plus riches propriétaires
de Seine-et-Marne, où il possédait le magni-
fique château de Nangis.
Mme d'Arenberg laisse deux fils: MM.
Pierre et Ernest d'Arenberg ; son gendre
est le comte de La Guiche ; ses beaux-frè-
res sont le comte de l'Aigle et le comte de
Mérode-Westerloo.
Les obsèques de Mme d'Arenberg auront
lieu demain à midi, en l'église de la Made-
leine.
Après la cérémonie religieuse, le corps
sera déposé dans les caveaux de l'église.
UN DRAME DANS UN COUVENT
Mlle de X., un peu faible d'esprit, avait
été enfermée dernièrement par sa famille
au couvent des dames de Saint-Augustin, à
Versailles.
Mlle de X. avait la manie de se figurer
que le couvent où elle était soignée pre-
nait feu. La nuit, elle se réveillait en sur-
saut et, se croyant entourée de flammes,
poussait des cris terribles en appelant à
son secours.
Il y a quelques jours, les « Augustines »,
qui ne sont pas très patientes, voulurent
calmer leur pensionnaire en lui mettant la
camisole de force.
Mlle de X. fut si frappée par ce brutal
traitement qu'elle se calma, en effet, mo-
mentanément. Mais, quand ses gardiennes
l'eurent débarrassée de la camisole de force,
elle s'arma d'un canif qu'on avait laissé à
sa disposition et s'ouvrit les veines des
bras.
Mlle de X. a succombé à ses blessures.
Ce drame, qui a une grande analogie
avec celui qui se déroula en février der-
nier au couvent des Filles-Dieu, rue Pic-
pus, où une jeune fille se précipita par la
fenêtre, devrait bien amener le parquet "à
s'occuper un peu plus de ce qui se passe
dans certaines communautés religieuses,
où le moyen-âge a laissé quelques-unes de
ses coutumes.
, LE GÉNÉRAL BOULANGER
Bruxelles, r. mars. - Le général Boulanger
est parti ce matin pour Loudres où il séjour-
nera un mois.
Il reviendra ensuite à Bruxelles où il va s'é-
tablir définitivement.
MM.LAISANT & GOUSSOT
EXÉCUTÉS PAR LEUR LOGE
LA JUSTICE MAÇONNIQUE 1
Les « Disciples du Progrès » se re-
muent. — MM. Nicot et Gère devant
le tribunal. — Le boulangisme
condamné par les loges
maçonniques.
La justice maçonnique est en mouve-
ment.
Avant-hier, c'étaient nos confrères Emile
Cère et Nicot qui en affrontaient les foudres;
disons de suite qu'ils ont été acquittés.
Hier soir, c'étaient deux députés, MM.
Laisant et Goussot, qui comparaissaient
devant le tribunal maçonnique, ou, pour
être plus exact, devant la Loge les « Disci-
ples du progrès. »
A quel propos? Le nom seul des accusés
nous en donne la cause. Boulangistes, ils
avaient à répondre devant leurs FF. de
« leur coopération au mouvement qui a
» failli perdre la République et auquel
l'histoire donnera le nom de boulan-
» gisme »
11 va sans due que le nombre des FF.
accourus au Grand-Orient pour cette cir-
constance solennelle était considérable. A
Paris, surtout, on a si peu souvent l'occa-
sion de siéger comme juré !
Chacun a revêtu ses insignes ; chacun
prête une attention soutenue à la lecture
de la plainte du Suprême-Conseil.
Cette plainte nous dit qu'en s'alliant aux
boulangistes, alliés des réactionnaires et
des cléricaux, les FF. Laisant et Goussot
ont violé les engagements maçonniques et
qu'il convient de les exclure à tout jamais.
Le F,., Laisant étant absent.
Là-dessus, le F.., Goussot, qui s'est fait
assister d'un défenseur, s'il vous plaît ! se
lève et excuse son collègue à la Chambre :
— Laisant m'a prié de vous dire qu'il ne
se rendait pas à votre invitation parce qu'il
ne se considère plus comme maçon depuis
deux ans.
L'auditoire paraît décontenancé. Partie
de sa proie lui échappe.
Solen n ellement, défaut est prononcé contre
Laisant. En voilà un dont le compte est ré-
glé.
Le F. Doumerc, chef du cabinet dupré-
sident de la Chambre, a la parole. Il repré-
sente le Suprême-Conseil, dont il vient sou-
tenir la plainte.
Soutenir? Hum ! Bien mollement. Il
avoue qu'il trouve le procès tardif. Au
fond, il était d'avis de mettre en action la
puissance maçonnique, mais il y a de cela
deux ans.
Aujourd'hui, les distances se sont rap-
prochées. Il invite la Loge à séparer ceux qui
dans ce mouvement ont été frappés d'aber-
ration de ceux qui n'ont été que des traî-
tres à la République.
« En.un mot, dit-il, vous avez à juger si
le F. Goussot était parmi les conscients
ou parmi les affolés du boulangisme. »
Des applaudissements accueillent cette
péroraison.
Le vénérable, M. Farine, les blâme. Il ne
doit y avoir aucune marque d'approbation
ni d'improbation.
La défense
Le défenseur, F. Huet, dépose à ce mo-
ment, au nom de son client, des conclu-
sions d'incompétence. Il ne défendra pas le
F. Goussot, mais un des principes fon-
damentaux de la Maçonnerie, celui de la li-
bre expression des opinions politiques et
religieuses.
« Vous avez, s'écrie-t-il, des maçons qui
se font administrer le sacrement du ma-
riage après pénitence : au point de vue re-
ligieux, toutes les opinions sont représen-
tées. De même pour la politique : nous
avons parmi nous des centre-gauche, des
libéraux, des opportuuistes, des socialistes.
Et cependant la Maçonnerie est un tout
homogène !
« La justice maçonnique n'a donc pas à
intervenir, l'article 15 de la constitution est
formel : « Les ateliers s'interdisent toute
» intervention maçonnique dans les luttes
politiques de ses membres.
Le défenseur rappelle que les loges des
FF. et députés boulangistes Paiilin-Méry
et Martineau se sont déclarées incompétentes
sur une plainte semblable. Il termine en
adjurant lès FF. de ne pas s'immiscer dans
la conduite politique du F. Goussot. qu'ils
n'ont pas le droit de juger maçonnique-
ment.
Le procès du boulangisme
Le F. Doumerc s'oppose au déclina-
toire d'incompétence j non qu'il veuille la
condamnation du coupable, bien au con-
traire. Il abandonne de plus en plus l'ac-
cusation, déclarant qu'il s'abstiendra tout
à l'heure, laissant l'atelier juge de se pro-
noncer en toute liberté.
Mais il tient à faire surtout le procès du
boulangisme :
« L'idée maçonnique a.'firme-t-il, repré-
sente un ensemble de doctrines : du côté
religieux, la tolérance; du côté démocra-
trique, la défense, le maintien de la Répu-
blique et de son outil essentiel, le suffrage
universel, qu'on a cherché à fausser dans
l'aventure boulangiste.
»La défense de la souveraineté nationale:
c'est le rôle de la Maçonnerie, ou elle n'en
a plus. »
L'orateur montre d'où venait le danger
boulangiste, « le miroir vers lequel étaient
attirés les braves gens impatients dç pro-
grès tru brûlant de patriotisme. » Ce sont
de vieux démocrates, comme Laisant, des
patriotes, un peu fous, tels que Déroulède
(mais auquel on rend hommage), qui ont
fait la fortune du boulangisme.
Il v a donc lieu aujourd'hui d'établir les
responsabilités et de juger comme des
traîtres les chefs coupables qui ont entraîné
de braves gens en les trompant.
L'orateur de la loge demande alors la pa-
role et place la question sur un terrain
sensiblement différent.
S'appuyant sur un article des règlements
maçonniques qui prévoit le cas d'exclusion
pour cause déshonorante, il demandes aux
FF.*, si le fait d'avoir trempé dans la « mal-
propre aventure boulangiste » ne constitue
pas le caractère déshonorant. En tout cas,
il voudrait avoir des explications du F.',
Goussot sur ce sujet.
Discours de M. Goussot
Ainsi mis en demeure, celui-ci retire son
déchnatoire d'incompétence. Il veut con-
server l'estime de ceux avec lesquels il a
mené dans la vie profane et dans les loges
le combat démocratique. Il parlera donc..
Les oreilles se tendent. Entendra-t-on un
chapitre inédit des Coulisses du boutan-
nismet
1 rbs adroitement, ie jeune député de
Pantin fait l'historique du mouvement bou-
langiste et proteste de la pureté de ses
intentions. Il dit la poussée radicale de
1885, les désillusions de 1887, les multiples
disgrâces du brave général et comment il
fut amené à ce parti.
Au lendemain d'une conférence qu'il
avait faite à Rouen sur la revision de la
Constitution, il fut révoqué de la Préfecture
de la Seine dont il était expéditionnaire.
Naturellement il se tourna tout à fait vers
la politique, sans ambition. » -
« Je marchai en franc-tireur, dit-il,
équipé à mes frais, allant, voyageant à
mes frais, n'allant ni rue de Sèze, ni rue
Dumollt-Durville. Je défends à qui que ce
soit de me démentir sur ce point. En juil-
let 1889, j'avais vu deux ou trois fois le gé-
néral. »
— Mais les alliances cléricales ? crie une
voix.
— Nous avons assisté, l'âme navrée, im-
puissants, pendant deux années, à la dé-
sorganisation de ce grand parti qui devait
sauver la France. Mais, nous, des jeunes,
nous ne pouvions rien. Tenez, en septembre
1889, à la veille du jour où la liste devait
paraître, nous, les républicains, nous avons
été remplacés par des monarchistes, et ce
n'est que sur les instances de Déroulède
que mes amis et moi fûmes remis.
- Et l'argent?
— Je reçus, et ce fut ma faute, le tiers de
mes frais électoraux.
- Combien ?
- Sept mille francs. Mon excuse, j'étais
ontré avec une fortune modeste. Pendant
deux ans, j'avais voyagé. N'était-ce pas un
dédommagement, en quelque sorte?
— Mais, enfin, le général, qu'en faites-
vous? Qu'en pensez-vous?
■— Je ne puis, il ne me convient pas de
faire un réquisitoire contre le général Bou-
langer. D'ailleurs, ce que je pourrais dire
serait peut-être demain dans les journaux,
et l'homme politique a lui aussi un secret
professionnel.
Ce que j'affirme hautement, c'est que je
n'étais point au comité national lors des
alliances, lors de la formation des listes,
lors des distributions de fonds.
riusieurs l'.r. posent questions sur
questions à l'accusé qui, visiblement, perd
du terrain.
Finalement, le F.*. Doumerc demande au
F,.. Goussot si, dans l'éventualité d'une
crise extérieure, il serait disposé à con-
fier au général Boulanger un commande-
ment militaire.
— Je sais, répond le député de Pantin, que
des hommes politiques ont le projet de
demander, en effet, qu'un poste de combat
soit confié à l'ancien ministre de la guerre.
Je ne puis m'expliquer d'avantage. Je suis
soldat aussi et ne crois rien pouvoir dire
de plus.
L'assemblée est visiblement énervée. Les
FF. visiteurs se retirent pour laisser les
membres de la loge délibérer.
La condamnation
Après plus de trois quarts d'heure de dé-
libération, la sentence est prononcée.
Convaincus d'avoir conspiré avec les clé-
ricaux contre les libertés essentielles de la
République, d'avoir ainsi violé les enga-
gements maçonniques, les FF. Laisant et
Uoussot sont exclus définitivement de la
Franc-Maçonnerie.
A M. RIBOT
Une circulaire pharamineuse
l. Ribot a manifesté à plusieurs reprises,
depuis qu'il dirige le ministère du quai
d'Orsay, la volonté de donner au service
des renseignements commerciaux des con-
sulats les développements depuis longtemps
attendus par nos producteurs. On ne sau-
rait trop applaudir à cette excellente inten-
tion.
Mais il est permis de s'étonner que ses
actes soient si peu en harmonie avec ses
déclarations.
Un de nos lecteurs, industriel très hono-
rablement connu à Lille, nous signale en
effet le fait suivant qui passe l'invraisem-
blance :
Il y a quelques semaines, il écrivait à no-
tre agent consulaire, dans une importante
ville industrielle pour obtenir de lui des
renseignements dont il avait besoin. La ré-
ponse ne se fit pas attendre. Mais, pour la
connaître, notre correspondant dut débour-
ser cinquante centimes. La lettre n'était pas
affranchie.
Il eut l'explication de ce détail en lisant
illettré du consul. Notre agent, en effet,
s'excusait, dans un post-scriptum, de n'a-
voir pas affranchi sa réponse. Mais, ajou-
tait-il, une circulaire de décembre 1890 lui
avait prescrit, comme à ses collègues, de
réaliser cette économie et de ne plus af-
franchir les lettres qu'il adresserait à nos
compatriotes qui auraient la mauvaise
idée de leur demander des renseigne-
ments.
M. le ministre des affaires étrangères
connaît-il cette circulaire?
S'il ne la connaît pas, est-il disposé à la
rapporter?
LES DÉCORATIONS DU r JANVIER
M. Constans publiera, à ia fin de la se-
maine, un décret nommant au grade de
commandeur dans la Légion d'honneur
MM. Lozé, préfet de police, le docteur
Labbé, membre de l'Académie de médecine,
le docteur Peter, de l'Académie de méde-
cine.
A cette occasion, nous répéterons la ques-
tion que nous posions il y a quelques jours :
A quelle époque seront publiées les nomi-
nations qui devaient être faites le 1er jan-
vier ?
Une note officieuse nous avait déjà ré-
pondu que la publication de ces décrets,
attendus si impatiemment par une foule de
fonctionnaires méritants, aurait lieu pen-
dant les vacances de Pâques.
L'époque fixée est arrivée; les Chambres
se sont séparées et ceux de nos ministres
qui ne sont paahencore partis se disposent
à boucler leurs valises. Mais des décora-
tions promises, il n'en est pas question.
L'impartialité nous force à constater que
M. Yves Guyot a fait signer, dans ces der-
niers temps, deux ou trois décrets isolés,
mais ses collègues se gardent d'imiter son
exemple.
Et pendant ce temps, de braves gens qui
placent encore le ruban rouge au-dessus
d'un avancement en grade ou d'une gratifi-
cation attendent depuis le 25 décembre
l'étoile promise.
Voyons, quand publiera-t-on la liste des
décorés de janvier ?
A LES MEFAITS
DU a PETIT JOURNAL D
LA PIEUVRE
Tentative pour accaparer la publicité
de tous les journaux.- Les agences
Marinoni-Poidatz.—Les options
du « Petit Journal". — La
chanson du commandeur.
Victor Hugo aurait dit de Marinoni : « Ce
n'est pas un homme, c'est une pieuvre. »
Il étend partout ses suçoirs. Les annonces
du Petit Pichpochet, sa chronique finan-
cière, ses Thomas Grimm, ses Jean-sans-
Terre, son service des primes, sa petite
poste ne lui suffisent pas. Il a tenté d'ac-
caparer toute la publicité de tous les jour-
naux de Paris. A cet effet il avait fondé,
pour l'exploitation des annonces, l'agence
Poidatz et Leconte, dite Agence parisienne
de publicité, 7, rue Joquelet, qui ne parait
pas avoir eu jusqu'ici grand succès et qui
n'a guère comme clients que les journaux
fondés par Poidatz et Marinoni pour dé-
fendre Marinoni et Poidatz.
Par acte passé chez Mc Masson, notaire à
Paris, le 13 mars 1890. M. Marinoni a, en
outre, fondé, pour l'exploitation de la pu-
blicité financière de tous les journaux en
France et à l'étranger», l'agence Lenoir, 131,
rue Monttre, dont les commanditaires dé-
nommés au contrat de société étaient M. Poi-
datz, administrateur du Petit Journal, agis-
sant pour le compte de Marinoni, et M.
Edouard Lebey, directeur de l'agence Havas.
A la suite du scandale causé par les ré-
vélations du XIXe Siècle, cette société a été
dissoute par acte en date du 13 mars der-
nier, mais cette dissolution n'est qu'appa-
rente et n'a été faite qu'en vue de la pro-
chaine assemblée générale des actionnaires
du Petit Journal dont on redoute les récri-
minations. En réalité, elle n'a pas cessé
d'exister.
Elle s'est immédiatement reconstituée
sous la raison sociale Lenoir et Edmond
Théry,avec les mêmes intéressés et le même
programme qui est toujours de « faire suer
les sociétés financières JI, selon l'aimable
expression de M. Poidatz,et de domestiquer
les journaux au profit de la grande pieu-
vre, la pieuvre Marinoni.
Si de tels projets réussissaient, ce n'est
pas seulement eu tête du Petit Journal, c'est
en tête de tous les journaux qu'il serait
prudent d'imprimer le salutaire avertisse-
ment Beivare of pickpockets ! Prenez garde
aux voleurs!
La responsabilité du commandeur
Au sujet de la responsabilité du comman-
deur Marinoni,nous avons reçu la lette sui-
vante:
Paris, le 23 mars.
Il résulte de la lettre de M. Fourché publiée
dans votre UO d'avant-hier que le Petit Journal
vendait pour son compte des titres du Pana-
ma, puisque le fait de cesser le paiement des
coupons do cette valeur fait bafèsèr de
100 fr. les actions du Petit Journal.
Il est, du reste, de notoriété publique que
le Petit Journal ne chauffe que les valeurs pour
lesquelles il a des options. — C'est donc sa
marchandise qu'il vend très cher, vaille que
vaille, après l'avoir achetée bon marché, d'au-
tant meilleur marché qu'elle vaut moins.
M. Marinoni joue ainsi, à son profit, avec
l'argent de ses lecteurs qu'il ruine quand ils
suivent ses conseils.
Je m'étonne que ceux-ci ne lui aient pas,
depuis longtemps, intenté un procès en res-
ponsabilité dont l'issue civile ou correction-
nelle ne fait pas doute.
ARNAUD
9, rue d'Amsterdam.
Plus ça change
Beaucoup de braves gens dévalisés par le
Petit Pickpocket s'étonnent que la Républi-
que ait fait de M. Marinoni un commandeur
de la Légion d'honneur.
Hélas ! il en a été de même sous tous les
régimes, ainsi que le prouve la lettre sui-
vante, qui nous est écrite de Mâcon :
Cher XIXo Siècle,
Vos articles sur les méfaits du Petit Jcurnal
me remettent en mémoire, au sujet de la croix
de commandeur de M. Marinoni, une aventure
arrivée, il y a nombre d'années, à Mâcon.
Un banquier de la ville, connu pour l'élasti-
cité de ses procédés financiers, venait d'être
décoré le 15 août par l'empire, pour ser-
vices soi-disant municipaux. Ce fut une stu-
péfaction daus la ville, mais personne n'osait
ouvrir la boache. Pendant la nuit, un fanîeur
écrivit sur la porte du banquier les vers sui-
vants, qu'on pourrait, paraît-B, appliquer à
Marinoni :
« L'histoire nous apprend qu'autrefois
On pendait les voleurs à la croix;
Aujourd'hui les temps sont meilleurs,
Et l'on pend la croix aux voleurs. •»
Le banquier fit bien vite effacer cette tirade,
mais trop tard ; toute la ville la savait déjà par
cœur.
Bien à vous. rvw-w •» ,*»«!•* - - >
Un abonné de vieille date.
La date des vacances
Depuis trois jours, nous avons reçu plus
de QUATRE MILLE LETTRES au sujet
du fameux plébiscite du Petit Journal. Si le
ministre de l'instruction publique veut
bien envoyer un délégué au XIXe Siècle, ce
chiffre sera officiellement prouvé.
Toutes ces lettres constatent le manque
absolu de bonne foi de cette prétendue
consultation des familles.
Citons-en une à titre d'échantillon :
Paris, le 23 mars 1891.
Monsieur le rédacteur,
Peut-on prendre au sérieux le plébiscite du
Petit Journal quand on sait que chacun de ses
lecteurs a pu faire ce que j'ai vu hier dans
une famille : acheter plusieurs numéros du
journal et envoyer jusqu'à quarante votes
sous des noms diuërents et avec une éoriture
contrefaite ?
Agréez, monsieur le rédacteur, mes sincères
salutations.
M. GÉRARD,
53, rue de Strasbourg.
A propos des lettres que nous publions
ainsi chaque jour, qu'il nous soit permis
de faire une remarque. On dit que M. Mari-
noni est furieux de la campagne du XIXe
Siècle contre les escroqueries commises par
la voie du Petit Journal. Nous le compre-
nons. Mais, en vérité, ce n'est pas à nous
qu'il devrait s'en prendre: c'est aux lec-
teurs du Petit Journal, c'est à ses propres
dupes, c'est à l'innombrable légion de ceux
qui avaient confiance dans leur Petit Jour-
nal et dont la confiance a été indignement
exploitée. Ce sont eux, en somme, qui mè-
nent cette campagne de salubrité publi-
que. Nous nous bornons à nous faire l'écho
de leurs plaintes et à publier leurs lettres.
Le Beware ofpîckpockeisi qui deviendra
bientôt, il faut l'espérer, la devise de tous
ceux qui ont lu jusqu'ici et qui lisent en-
jcore le Petit Journal, comme il est la devise
de tous les voyageurs anglais, ce n'est
même pas nous qui l'avons inventé, c'est
un lecteur du Petit Journal qui nous l'a.
fourni.
(La suite à demain J
LA FIN
D'UNE PROMENADE EN BATEAU ,
( DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Le Mans, 2A mars.—M. Perriè.re, propriétaire
du château de Bouliére, près Château-du-
Loir, et quatre personnes de sa famille, se pro.
menaient hier sur le Loir, lorsque le bateau
chavira.
M. Perrière put sauver sa femme et son
beau-père, mais son beau-frère et sa beUe-
sœur ont disparu.
Les corps ont été retrouvés dans la nuit. Les
malheureux laissent un orphelin de quatre
ans.
UN TOURNOI DE MANILLE
Quelques enragés joueurs de manille ont
pris l'initiative d'organiser pour les pre-
miers jours du mois de mai un grand con-4
cours de manille.
Jusqu'à présent, plus de ;deux: milta
adhésions ont déjà été reçues.
Cinquante prix, consistant en médailles
et œuvres d'art, seront distribués aux vain-
queurs.
Déjà Marseille a jeté le gant à Toulouse.
qui l'a fièrement relevé.
Il est question de demander à M. Al..
phand l'autorisation de prendre pour teis
rain de la joute le palais des Machines.
LA VIE DE PARIS
Serait-il vrai que l'image la plus exacte
qu'on ait jamais donnée de l'humanité
est celle du serpent qui se mord la queue?
Serait-il vrai que l'on tourne, même
alors qu'on se croit en grand progrés,
autour du même cercle, par un chemin.
éternellement recommencé? Peut-être.
En tout cas, ce retour au passé, pour
certaines choses, est indiscutable et nous
en voyons tous les jours de frappants
exemples.
Voici — et c'est un de ces exemples -
les rapports de l'Eglise et du théâtre, de
l'art sacré et de l'art profane. Jadis chez
nous et, d'ailleurs, à l'origine de toutes
les civilisations, le théâtre et l'Eglise ont
eu des rapports intimes. Chez beaucoup
de peuples, le théâtre est sorti du temple
et n'a été que la laïcisation d'antiques
cérémonies religieuses. Il en avait gardé
quelque chose à Athènes, même alors
qu'il n'y avait rien de plus irrévéren-
cieux pour les dieux que la philosophie
d'Euripide ou les plaisanteries d'Aristo-
phane. Chez nous, jusqu'au quinzième
siècle, le peuple n'eut d'autre spectacle
que les cérémonies de l'Eglise, les ser-
mons dialogues, la fête des Fous, la fête
de l'Ane, les Noëls et les Passions.
Les représentations de la naissance de
Jésus ou de la mort du Christ se sont
conservées en province, jusqu'en ces der-
niers temps au moins. J'ai encore vu, il y
a trente ou quarante ans, des troupes
d'artistes amateurs qui jouaient en pro-
vince ce qu'on appelait « la Crèche »,
c'est-à-dire l'histoire de la naissance de
Jésus, avec force épisodes ajoutés par
l'imagination des comédiens. On sait
qu'en Bavière, encore aujourd'hui, à des
intervalles réguliers, on donne de ma-
gnifiques représentations du drame de la
Passion. Et ce qui était jadis l'expression
d'une foi naïve est devenu, pour le pays,
une entreprise industrielle considérable
et très fructueuse par le nombre immense
des étrangers qu'elle attire.
Néanmoins, on peut dire que chez
nous, qu'à Paris surtout, l'art religieux
et l'art profane, l'Eglise et le théâtre, s'é-
taient gravement brouillés au dix-sep-
tième siècle. Il est inutile de rappeler
l'histoire connue .de l'excommunication
des comédiens et des funérailles secrètes
de Molière. Ces anathèmes furent encore
aggravés, en plein dix-huitième siècle
(pourtant peu austère et très philosophe,
un peu libertin même), sous l'épiscopat
de M. de Beaumont. Pour que l'Eglise et
le théâtre marchent d'accord et se con-
fondent même, il faut beaucoup de foi,
une foi naïve, ou bien une très grande
indifférence et une très grande liberté
d'esprit. Je crois que c'est à ce second
point que nous sommes arrivés. Quoi
qu'il en soit, les pièces religieuses met-
tant Jésus en scène et les « Mystères"
redeviennent à la mde et sont à l'ordre
du jour.
Au Théâtre-Libre, nous avons vu VA-
mante du Christ, un petit drame fort
bien écrit, qui montrait Jésus et la Made-
leine. Au Cirque, on avait donné, avec Mm9
Sarah Bernhardt, un mystère, la Passion.
Mais les choses marchèrent de travers.
T'imnfrinû ,f11A J"I'AC%t ln mamâ rn'rtàl'a An
v "'4.1.A.&.L..I. 'i. uv w vov tv iuvuiv ut j "f&, y v Ui
une œuvre très similaire, que M. Harau-
court fait encore représenter au Théâtre
d'Application, en matinées, à partir d'au..
jourd'hui et pendant les jours saints.
Nous y verrons en quatre tableaux la
drame sublime qui a tenté lés artistes
depuis qu'il s'est accompli et qui a fourni
l'occasion de tant de chefs-d'œuvre, dont
l'un des plus complets et des plus incon-
nus, parmi les contemporains, est la série
de dessins de P. Delaroche. Le premier
tableau représente un carrefour à Jérusa-
lem, les autres la maison de Lazare, le
Jardin des Oliviers et le Calvaire.
M. Taillade joue Judas, M. Brémond
Jésus-Christ. Pour les femmes, le rôle de
la Vierge a été distribué — quel drôle de
mot dans l'espèce — à Mlle Malvau et ce-
lui de la Madeleine à la belle Mlle Renée
de Pontry.
Les Parisiens pourront y trouver quel-
que malice. Quoi qu'il en soit, tandis
qu'un des prédicateurs de l'Avent a été
demander, assure-t-on, des leçons de dic-
tion à M. Got, sans que cela scandalisât
personne, M. Haraucourt peut faire jouer
Dieu et les saints par des comédiens de
métier et des actrices fort connues, sans
CINQ Centimes - Paris et Départements CINQ Centimes
JEUDI 36 MARS 1891
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lc' DIRECTEUR POLITIQUE ,
IBL. *• EDOUARD PORTALIS
PRIX DE L'ABONNEBEirr : Î I 1 •*
aris. Irois moi., 61.; 6h meit, 11 f.; 800, 201.
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6, place de (a Bourte, 6 1
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Paris Tniisw, 6L; Siiaiii, ML; lJc il, 20 r.
Départements — 7L; — 12 L; - 24 f.
Union Postale - 9f.; — 16 f.; - 32 r.
Le» abonnement» partent des 1" et 15 de chaque moit
AdMOM télégraphique : XIX- SIÈCLE — PANa i
Téléphone : 20.289 bit.
Crispi et îmyssiDie
..-
On se demande où s'arrêtera la dé-
veine de M. Crispi. Après l'éclatant
'désaveu que lui a infligé la Chambre
élue par ses soins, on pourrait ne plus
s'occuper de lui si l'on ne tenait à re-
lever son dernier méfait et à signaler
son dernier mécompte.
Dans la discussion qui devait abou-
tir à une si piteuse défaite, l'ancien
ministre a lancé cette menace : « La
guerre pourrait bien vous surprendre
cette année. »
- N'est-ce pas une façon ingénieuse
d'aider au relèvement des finances
italiennes que de pronostiquer d'un air
mystérieux cet oracle sibyllin? Le
cabinet Rudini s'efforce de tout apai-
ser, d'améliorer les relations exté-
Tieures, de rassurer tout le monde au
dedans, et au dehors, parce qu'il veut
avant tout soutenir ou restaurer le
crédit national; M. Crispi proteste et
agite le spectre de la guerre possiole,
probable, prochaine. Si on l'avait
cru, ses paroles auraient été un dé-
sastre pour son pays. Mais elles n'ont
été désastreuses que pour lui. La co-
gère l'inspire mal. Il a perdu le pou-
voir pour le plaisir d'injurier ses ad-
versaires; il a achevé la déroute de
.l'opposition dont il est le chef pour le
plaisir de jouer le rôle d'un prophète
de malheur.
- Aussi n'hésiterons-nous pas à ap-
puyer sur le nouveau coup que le re-
tour du comte Antonelli vient de lui
porter. M. Crispi est maintenant con-
vaincu d'avoir menti à son pays et à
l'Europe. Il a commis, à propos de
l'Abyssinie, quelque chose comme un
faux en écriture diplomatique. Il a
leurré ses concitoyens d'un triomphe
imaginaire et notifié aux puissances
l'établissement d'un protectorat chi-
mérique.
- Pendant que nous donnions au
inonde le spectacle de notre Exposi-
tion universelle, le gouvernement ita-
lien exhibait pompeusement le cor-
tège semi-barbare de l'ambassadeur
abyssin Maconsen. C'était une troupe
bizarre, qui ne différait pas beaucoup
lie celles qui campent au Jardin d'Ac-
climatation et qui aurait figuré ho-
norablement à l'Esplanade des Inva-
lides. Mais au lieu d'exécuter des dan-
ses guerrières pour l'amusement des
badauds) Maconsen et ses compa-
gnons jouèrent la comédie de la paix
et de la soumission. Après tout, nous
calomnions peut-être ces voyageurs;
on leur a fait dire ce qu'on a voulu,
:et rien ne prouve qu'ils aient tenu le
langage qu'on leur prêtait. On n'a
connu leurs paroles et leurs actes que
par des traductions dues à des inter-
prètes officiels, et c'est en Italie qu'a
été inventé le proverbe : Traduttore,
traditore.
Ce qui est certain, c'est que M.
Crispi déclara solennellement qu'un
traité de protectorat était conclu en-
tre Humbert Ier et le négus Ménélik;
c'est que les cabinets européens fu-
rent informés de cet acte diplomati-
que qui faisait de P Abyssinie une dé-
pendance de l'Italie au même titre que
la Tunisie est une dépendance de la
France. On répondit froidement ou on
lie répondit pas à cette démarche. On
suspectait la véracité de M. Crispi : il
y avait de quoi.
Après des pourparlers et des tirail-
lements dont l'histoire authentique ne
sera sans doute jamais bien connue,
le comte Antonelli, un explorateur
distingué doublé d'un diplomate ha-
bile, fut chargé d'obtenir de Méné-
lik la ratification définitive du traité
dont on avait fait tant de bruit. Le
comte Antonelli revint enfin, et le ca-
binet de Rome est obligé de faire an-
noncer que le roi d'Abyssinie n'ac-
cepte pas le protectorat. Ce potentat
jie sait ce qu'on lui veut, se plaint
d'avoir été trompé et volé ; le bruit
court que l'envoyé italien aurait été
mal reçu et mal traité, et que l'atti-
tude de Ménélik serait tout à fait
hostile. v
Ainsi s'écroule, sans avoir jamais
existé autrement qu'en espérance, cet
empire africain que nos voisins étaient
Si fiers d'avoir édifié en si peu de
temps. La notification faite aux puis-
sances n'est plus qu'une plaisanterie
d'un goût douteux, et les conquêtes
'de M. Crispi se bornent à deux ou
trois cantons où sévit la tyrannie de
quelques officiers sanguinaires et
qu il faudra peut-être bientôt dispu-
ter aux prétendus protégés de l'Ita-
- lie.
-: Il n'est pas impossible que M. Crispi
ait été lui-même à demi trompé et
- que Ménélik se soit donné le diver-
- iissement de rouler l'astucieux Sici-
iiien. Ces rois qu'on dit barbares sont
quelquefois d'une finesse étonnante et
quand ils rusent un peu pour se sous-
traire au joug, ils ne sont pas sans
.ç)i;ç,!,e. Que M. Crispi ait été dupe de
son partenaire au teint bronzé ou
qu'il ait entièrement inventé le traité
de protectorat, il a tout au moins
voulu faire passer l'ombre pour la
proie et des promesses vagues pour
des engagements formels. On peut lui
donner le choix entre les deux solu-
tions. Il s'est conduit avec une naï-
veté invraisemblable ou avec une im-
pudence rare. IL aimerait sans doute
mieux ne pas être pris pour un naïf.
L'Abyssinie redevient un terrain
neutre, où chacun peut essayer de
faire prévaloir son influence. La Rus-
sie va se remettre sur les rangs et la
mission Maschkoff arrivera à propos.
Massouah n'est plus qu'une position
qui coûte cher à garder et qui ne
rapporte rien que des coups de fusil,
des coups de soleil et du scandale.
Si après une telle déconvenue M.
Crispi conserve encore des admira-
teurs et des partisans, il faudra
avouer que les Italiens sont tenaces
dans leurs affections et dans leurs il-
lusions.
Commines.
La XIXe 'siL3CL.E publiera út:in.aJ.n la
a Clironicme ». par Francisque Saroey.
SAINT-CYR LICENCIE
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARICULl&aJ
.-. Versailles, l$k mars.
Vous aviez raison de maintenir contre
tous les démentis qu'une épidémie de fièvre
scarlatine régnait à l'école militaire de
Saint-Cyr, épidémie des plus bénignes,
d'ailleurs, mais qui avait frappé beaucoup
de nos futurs officiers.
L'administration vient de prendre des
mesures.
Les élèves ont été envoyés en vacances
aujourd'hui. Les vacances de Pâques sont
ainsi avancées de deux jours. Le motif en
est précisément dans l'épidémie de scarla-
tine. -
NOMINATIONS D'ÉVÊQUES
* ET DE CARDINAUX
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Rome, ~< mars.
On prétend que M. Fuzet, l'évêque de la
Réunion qui écrivit dernièrement une re-
tentissante lettre d'adhésion aux déclara-
tions du cardinal Lavigerie et qui reçut à
Nîmes l'affront de ne pouvoir trouver un
seul chanoine pour l'assister dans sa messe,
serait prochainement nommé coadjuteur
de l'archevêque de Tours avec future suc-
cession, et que l'abbé de Barolet, chanoine
de Bordeaux, serait envoyé à la Réunion,
malgré l'opposition faite à plusieurs re-
prises par l'archevêque de Paris. A
On songerait également a déplacer l'eve.
que de Poitiers, dont l'impopularité est si
grande que ses curés ne l'invitent même
plus à présider les cérémonies.
On annonce d'autre part que le gouverne-
ment va proposer au pape de nommer deux
cardinaux.
Les deux futurs cardinaux seraient MM.
Meignan, archevêque de Tours, et Lécot,
archevêque de Bordeaux.
Une opposition est à prévoir : le Saint-
Siège voudrait, à la place de l'archevêque
de Bordeaux, M. Thomas, archevêque de
Rouen, mais le gouvernement n'a pas
encore oublié qu'il soutint de ses deniers
un journal jadis boulangiste.
Le Saint-Siège céderait cependant, pourvu
que l'on prît l'engagement de faire nommer
l'archevêque de Rouen à une prochaine
promotion. »• —-
Il
MORT DE LA PRINCESSE D'ARENBERG
Mme la princesse d'Arenberg, femme du
député du Cher, a succombé hier matin en
son hôtel de la rue de la Ville-l'Evêque, aux
suites d'une longue maladie, dans sa qua-
rante et unième année.
Mme d'Arenberg était la fille du comte
Greffulhe, mort récemment, qui fut pair
de France, un des plus riches propriétaires
de Seine-et-Marne, où il possédait le magni-
fique château de Nangis.
Mme d'Arenberg laisse deux fils: MM.
Pierre et Ernest d'Arenberg ; son gendre
est le comte de La Guiche ; ses beaux-frè-
res sont le comte de l'Aigle et le comte de
Mérode-Westerloo.
Les obsèques de Mme d'Arenberg auront
lieu demain à midi, en l'église de la Made-
leine.
Après la cérémonie religieuse, le corps
sera déposé dans les caveaux de l'église.
UN DRAME DANS UN COUVENT
Mlle de X., un peu faible d'esprit, avait
été enfermée dernièrement par sa famille
au couvent des dames de Saint-Augustin, à
Versailles.
Mlle de X. avait la manie de se figurer
que le couvent où elle était soignée pre-
nait feu. La nuit, elle se réveillait en sur-
saut et, se croyant entourée de flammes,
poussait des cris terribles en appelant à
son secours.
Il y a quelques jours, les « Augustines »,
qui ne sont pas très patientes, voulurent
calmer leur pensionnaire en lui mettant la
camisole de force.
Mlle de X. fut si frappée par ce brutal
traitement qu'elle se calma, en effet, mo-
mentanément. Mais, quand ses gardiennes
l'eurent débarrassée de la camisole de force,
elle s'arma d'un canif qu'on avait laissé à
sa disposition et s'ouvrit les veines des
bras.
Mlle de X. a succombé à ses blessures.
Ce drame, qui a une grande analogie
avec celui qui se déroula en février der-
nier au couvent des Filles-Dieu, rue Pic-
pus, où une jeune fille se précipita par la
fenêtre, devrait bien amener le parquet "à
s'occuper un peu plus de ce qui se passe
dans certaines communautés religieuses,
où le moyen-âge a laissé quelques-unes de
ses coutumes.
, LE GÉNÉRAL BOULANGER
Bruxelles, r. mars. - Le général Boulanger
est parti ce matin pour Loudres où il séjour-
nera un mois.
Il reviendra ensuite à Bruxelles où il va s'é-
tablir définitivement.
MM.LAISANT & GOUSSOT
EXÉCUTÉS PAR LEUR LOGE
LA JUSTICE MAÇONNIQUE 1
Les « Disciples du Progrès » se re-
muent. — MM. Nicot et Gère devant
le tribunal. — Le boulangisme
condamné par les loges
maçonniques.
La justice maçonnique est en mouve-
ment.
Avant-hier, c'étaient nos confrères Emile
Cère et Nicot qui en affrontaient les foudres;
disons de suite qu'ils ont été acquittés.
Hier soir, c'étaient deux députés, MM.
Laisant et Goussot, qui comparaissaient
devant le tribunal maçonnique, ou, pour
être plus exact, devant la Loge les « Disci-
ples du progrès. »
A quel propos? Le nom seul des accusés
nous en donne la cause. Boulangistes, ils
avaient à répondre devant leurs FF. de
« leur coopération au mouvement qui a
» failli perdre la République et auquel
l'histoire donnera le nom de boulan-
» gisme »
11 va sans due que le nombre des FF.
accourus au Grand-Orient pour cette cir-
constance solennelle était considérable. A
Paris, surtout, on a si peu souvent l'occa-
sion de siéger comme juré !
Chacun a revêtu ses insignes ; chacun
prête une attention soutenue à la lecture
de la plainte du Suprême-Conseil.
Cette plainte nous dit qu'en s'alliant aux
boulangistes, alliés des réactionnaires et
des cléricaux, les FF. Laisant et Goussot
ont violé les engagements maçonniques et
qu'il convient de les exclure à tout jamais.
Le F,., Laisant étant absent.
Là-dessus, le F.., Goussot, qui s'est fait
assister d'un défenseur, s'il vous plaît ! se
lève et excuse son collègue à la Chambre :
— Laisant m'a prié de vous dire qu'il ne
se rendait pas à votre invitation parce qu'il
ne se considère plus comme maçon depuis
deux ans.
L'auditoire paraît décontenancé. Partie
de sa proie lui échappe.
Solen n ellement, défaut est prononcé contre
Laisant. En voilà un dont le compte est ré-
glé.
Le F. Doumerc, chef du cabinet dupré-
sident de la Chambre, a la parole. Il repré-
sente le Suprême-Conseil, dont il vient sou-
tenir la plainte.
Soutenir? Hum ! Bien mollement. Il
avoue qu'il trouve le procès tardif. Au
fond, il était d'avis de mettre en action la
puissance maçonnique, mais il y a de cela
deux ans.
Aujourd'hui, les distances se sont rap-
prochées. Il invite la Loge à séparer ceux qui
dans ce mouvement ont été frappés d'aber-
ration de ceux qui n'ont été que des traî-
tres à la République.
« En.un mot, dit-il, vous avez à juger si
le F. Goussot était parmi les conscients
ou parmi les affolés du boulangisme. »
Des applaudissements accueillent cette
péroraison.
Le vénérable, M. Farine, les blâme. Il ne
doit y avoir aucune marque d'approbation
ni d'improbation.
La défense
Le défenseur, F. Huet, dépose à ce mo-
ment, au nom de son client, des conclu-
sions d'incompétence. Il ne défendra pas le
F. Goussot, mais un des principes fon-
damentaux de la Maçonnerie, celui de la li-
bre expression des opinions politiques et
religieuses.
« Vous avez, s'écrie-t-il, des maçons qui
se font administrer le sacrement du ma-
riage après pénitence : au point de vue re-
ligieux, toutes les opinions sont représen-
tées. De même pour la politique : nous
avons parmi nous des centre-gauche, des
libéraux, des opportuuistes, des socialistes.
Et cependant la Maçonnerie est un tout
homogène !
« La justice maçonnique n'a donc pas à
intervenir, l'article 15 de la constitution est
formel : « Les ateliers s'interdisent toute
» intervention maçonnique dans les luttes
politiques de ses membres.
Le défenseur rappelle que les loges des
FF. et députés boulangistes Paiilin-Méry
et Martineau se sont déclarées incompétentes
sur une plainte semblable. Il termine en
adjurant lès FF. de ne pas s'immiscer dans
la conduite politique du F. Goussot. qu'ils
n'ont pas le droit de juger maçonnique-
ment.
Le procès du boulangisme
Le F. Doumerc s'oppose au déclina-
toire d'incompétence j non qu'il veuille la
condamnation du coupable, bien au con-
traire. Il abandonne de plus en plus l'ac-
cusation, déclarant qu'il s'abstiendra tout
à l'heure, laissant l'atelier juge de se pro-
noncer en toute liberté.
Mais il tient à faire surtout le procès du
boulangisme :
« L'idée maçonnique a.'firme-t-il, repré-
sente un ensemble de doctrines : du côté
religieux, la tolérance; du côté démocra-
trique, la défense, le maintien de la Répu-
blique et de son outil essentiel, le suffrage
universel, qu'on a cherché à fausser dans
l'aventure boulangiste.
»La défense de la souveraineté nationale:
c'est le rôle de la Maçonnerie, ou elle n'en
a plus. »
L'orateur montre d'où venait le danger
boulangiste, « le miroir vers lequel étaient
attirés les braves gens impatients dç pro-
grès tru brûlant de patriotisme. » Ce sont
de vieux démocrates, comme Laisant, des
patriotes, un peu fous, tels que Déroulède
(mais auquel on rend hommage), qui ont
fait la fortune du boulangisme.
Il v a donc lieu aujourd'hui d'établir les
responsabilités et de juger comme des
traîtres les chefs coupables qui ont entraîné
de braves gens en les trompant.
L'orateur de la loge demande alors la pa-
role et place la question sur un terrain
sensiblement différent.
S'appuyant sur un article des règlements
maçonniques qui prévoit le cas d'exclusion
pour cause déshonorante, il demandes aux
FF.*, si le fait d'avoir trempé dans la « mal-
propre aventure boulangiste » ne constitue
pas le caractère déshonorant. En tout cas,
il voudrait avoir des explications du F.',
Goussot sur ce sujet.
Discours de M. Goussot
Ainsi mis en demeure, celui-ci retire son
déchnatoire d'incompétence. Il veut con-
server l'estime de ceux avec lesquels il a
mené dans la vie profane et dans les loges
le combat démocratique. Il parlera donc..
Les oreilles se tendent. Entendra-t-on un
chapitre inédit des Coulisses du boutan-
nismet
1 rbs adroitement, ie jeune député de
Pantin fait l'historique du mouvement bou-
langiste et proteste de la pureté de ses
intentions. Il dit la poussée radicale de
1885, les désillusions de 1887, les multiples
disgrâces du brave général et comment il
fut amené à ce parti.
Au lendemain d'une conférence qu'il
avait faite à Rouen sur la revision de la
Constitution, il fut révoqué de la Préfecture
de la Seine dont il était expéditionnaire.
Naturellement il se tourna tout à fait vers
la politique, sans ambition. » -
« Je marchai en franc-tireur, dit-il,
équipé à mes frais, allant, voyageant à
mes frais, n'allant ni rue de Sèze, ni rue
Dumollt-Durville. Je défends à qui que ce
soit de me démentir sur ce point. En juil-
let 1889, j'avais vu deux ou trois fois le gé-
néral. »
— Mais les alliances cléricales ? crie une
voix.
— Nous avons assisté, l'âme navrée, im-
puissants, pendant deux années, à la dé-
sorganisation de ce grand parti qui devait
sauver la France. Mais, nous, des jeunes,
nous ne pouvions rien. Tenez, en septembre
1889, à la veille du jour où la liste devait
paraître, nous, les républicains, nous avons
été remplacés par des monarchistes, et ce
n'est que sur les instances de Déroulède
que mes amis et moi fûmes remis.
- Et l'argent?
— Je reçus, et ce fut ma faute, le tiers de
mes frais électoraux.
- Combien ?
- Sept mille francs. Mon excuse, j'étais
ontré avec une fortune modeste. Pendant
deux ans, j'avais voyagé. N'était-ce pas un
dédommagement, en quelque sorte?
— Mais, enfin, le général, qu'en faites-
vous? Qu'en pensez-vous?
■— Je ne puis, il ne me convient pas de
faire un réquisitoire contre le général Bou-
langer. D'ailleurs, ce que je pourrais dire
serait peut-être demain dans les journaux,
et l'homme politique a lui aussi un secret
professionnel.
Ce que j'affirme hautement, c'est que je
n'étais point au comité national lors des
alliances, lors de la formation des listes,
lors des distributions de fonds.
riusieurs l'.r. posent questions sur
questions à l'accusé qui, visiblement, perd
du terrain.
Finalement, le F.*. Doumerc demande au
F,.. Goussot si, dans l'éventualité d'une
crise extérieure, il serait disposé à con-
fier au général Boulanger un commande-
ment militaire.
— Je sais, répond le député de Pantin, que
des hommes politiques ont le projet de
demander, en effet, qu'un poste de combat
soit confié à l'ancien ministre de la guerre.
Je ne puis m'expliquer d'avantage. Je suis
soldat aussi et ne crois rien pouvoir dire
de plus.
L'assemblée est visiblement énervée. Les
FF. visiteurs se retirent pour laisser les
membres de la loge délibérer.
La condamnation
Après plus de trois quarts d'heure de dé-
libération, la sentence est prononcée.
Convaincus d'avoir conspiré avec les clé-
ricaux contre les libertés essentielles de la
République, d'avoir ainsi violé les enga-
gements maçonniques, les FF. Laisant et
Uoussot sont exclus définitivement de la
Franc-Maçonnerie.
A M. RIBOT
Une circulaire pharamineuse
l. Ribot a manifesté à plusieurs reprises,
depuis qu'il dirige le ministère du quai
d'Orsay, la volonté de donner au service
des renseignements commerciaux des con-
sulats les développements depuis longtemps
attendus par nos producteurs. On ne sau-
rait trop applaudir à cette excellente inten-
tion.
Mais il est permis de s'étonner que ses
actes soient si peu en harmonie avec ses
déclarations.
Un de nos lecteurs, industriel très hono-
rablement connu à Lille, nous signale en
effet le fait suivant qui passe l'invraisem-
blance :
Il y a quelques semaines, il écrivait à no-
tre agent consulaire, dans une importante
ville industrielle pour obtenir de lui des
renseignements dont il avait besoin. La ré-
ponse ne se fit pas attendre. Mais, pour la
connaître, notre correspondant dut débour-
ser cinquante centimes. La lettre n'était pas
affranchie.
Il eut l'explication de ce détail en lisant
illettré du consul. Notre agent, en effet,
s'excusait, dans un post-scriptum, de n'a-
voir pas affranchi sa réponse. Mais, ajou-
tait-il, une circulaire de décembre 1890 lui
avait prescrit, comme à ses collègues, de
réaliser cette économie et de ne plus af-
franchir les lettres qu'il adresserait à nos
compatriotes qui auraient la mauvaise
idée de leur demander des renseigne-
ments.
M. le ministre des affaires étrangères
connaît-il cette circulaire?
S'il ne la connaît pas, est-il disposé à la
rapporter?
LES DÉCORATIONS DU r JANVIER
M. Constans publiera, à ia fin de la se-
maine, un décret nommant au grade de
commandeur dans la Légion d'honneur
MM. Lozé, préfet de police, le docteur
Labbé, membre de l'Académie de médecine,
le docteur Peter, de l'Académie de méde-
cine.
A cette occasion, nous répéterons la ques-
tion que nous posions il y a quelques jours :
A quelle époque seront publiées les nomi-
nations qui devaient être faites le 1er jan-
vier ?
Une note officieuse nous avait déjà ré-
pondu que la publication de ces décrets,
attendus si impatiemment par une foule de
fonctionnaires méritants, aurait lieu pen-
dant les vacances de Pâques.
L'époque fixée est arrivée; les Chambres
se sont séparées et ceux de nos ministres
qui ne sont paahencore partis se disposent
à boucler leurs valises. Mais des décora-
tions promises, il n'en est pas question.
L'impartialité nous force à constater que
M. Yves Guyot a fait signer, dans ces der-
niers temps, deux ou trois décrets isolés,
mais ses collègues se gardent d'imiter son
exemple.
Et pendant ce temps, de braves gens qui
placent encore le ruban rouge au-dessus
d'un avancement en grade ou d'une gratifi-
cation attendent depuis le 25 décembre
l'étoile promise.
Voyons, quand publiera-t-on la liste des
décorés de janvier ?
A LES MEFAITS
DU a PETIT JOURNAL D
LA PIEUVRE
Tentative pour accaparer la publicité
de tous les journaux.- Les agences
Marinoni-Poidatz.—Les options
du « Petit Journal". — La
chanson du commandeur.
Victor Hugo aurait dit de Marinoni : « Ce
n'est pas un homme, c'est une pieuvre. »
Il étend partout ses suçoirs. Les annonces
du Petit Pichpochet, sa chronique finan-
cière, ses Thomas Grimm, ses Jean-sans-
Terre, son service des primes, sa petite
poste ne lui suffisent pas. Il a tenté d'ac-
caparer toute la publicité de tous les jour-
naux de Paris. A cet effet il avait fondé,
pour l'exploitation des annonces, l'agence
Poidatz et Leconte, dite Agence parisienne
de publicité, 7, rue Joquelet, qui ne parait
pas avoir eu jusqu'ici grand succès et qui
n'a guère comme clients que les journaux
fondés par Poidatz et Marinoni pour dé-
fendre Marinoni et Poidatz.
Par acte passé chez Mc Masson, notaire à
Paris, le 13 mars 1890. M. Marinoni a, en
outre, fondé, pour l'exploitation de la pu-
blicité financière de tous les journaux en
France et à l'étranger», l'agence Lenoir, 131,
rue Monttre, dont les commanditaires dé-
nommés au contrat de société étaient M. Poi-
datz, administrateur du Petit Journal, agis-
sant pour le compte de Marinoni, et M.
Edouard Lebey, directeur de l'agence Havas.
A la suite du scandale causé par les ré-
vélations du XIXe Siècle, cette société a été
dissoute par acte en date du 13 mars der-
nier, mais cette dissolution n'est qu'appa-
rente et n'a été faite qu'en vue de la pro-
chaine assemblée générale des actionnaires
du Petit Journal dont on redoute les récri-
minations. En réalité, elle n'a pas cessé
d'exister.
Elle s'est immédiatement reconstituée
sous la raison sociale Lenoir et Edmond
Théry,avec les mêmes intéressés et le même
programme qui est toujours de « faire suer
les sociétés financières JI, selon l'aimable
expression de M. Poidatz,et de domestiquer
les journaux au profit de la grande pieu-
vre, la pieuvre Marinoni.
Si de tels projets réussissaient, ce n'est
pas seulement eu tête du Petit Journal, c'est
en tête de tous les journaux qu'il serait
prudent d'imprimer le salutaire avertisse-
ment Beivare of pickpockets ! Prenez garde
aux voleurs!
La responsabilité du commandeur
Au sujet de la responsabilité du comman-
deur Marinoni,nous avons reçu la lette sui-
vante:
Paris, le 23 mars.
Il résulte de la lettre de M. Fourché publiée
dans votre UO d'avant-hier que le Petit Journal
vendait pour son compte des titres du Pana-
ma, puisque le fait de cesser le paiement des
coupons do cette valeur fait bafèsèr de
100 fr. les actions du Petit Journal.
Il est, du reste, de notoriété publique que
le Petit Journal ne chauffe que les valeurs pour
lesquelles il a des options. — C'est donc sa
marchandise qu'il vend très cher, vaille que
vaille, après l'avoir achetée bon marché, d'au-
tant meilleur marché qu'elle vaut moins.
M. Marinoni joue ainsi, à son profit, avec
l'argent de ses lecteurs qu'il ruine quand ils
suivent ses conseils.
Je m'étonne que ceux-ci ne lui aient pas,
depuis longtemps, intenté un procès en res-
ponsabilité dont l'issue civile ou correction-
nelle ne fait pas doute.
ARNAUD
9, rue d'Amsterdam.
Plus ça change
Beaucoup de braves gens dévalisés par le
Petit Pickpocket s'étonnent que la Républi-
que ait fait de M. Marinoni un commandeur
de la Légion d'honneur.
Hélas ! il en a été de même sous tous les
régimes, ainsi que le prouve la lettre sui-
vante, qui nous est écrite de Mâcon :
Cher XIXo Siècle,
Vos articles sur les méfaits du Petit Jcurnal
me remettent en mémoire, au sujet de la croix
de commandeur de M. Marinoni, une aventure
arrivée, il y a nombre d'années, à Mâcon.
Un banquier de la ville, connu pour l'élasti-
cité de ses procédés financiers, venait d'être
décoré le 15 août par l'empire, pour ser-
vices soi-disant municipaux. Ce fut une stu-
péfaction daus la ville, mais personne n'osait
ouvrir la boache. Pendant la nuit, un fanîeur
écrivit sur la porte du banquier les vers sui-
vants, qu'on pourrait, paraît-B, appliquer à
Marinoni :
« L'histoire nous apprend qu'autrefois
On pendait les voleurs à la croix;
Aujourd'hui les temps sont meilleurs,
Et l'on pend la croix aux voleurs. •»
Le banquier fit bien vite effacer cette tirade,
mais trop tard ; toute la ville la savait déjà par
cœur.
Bien à vous. rvw-w •» ,*»«!•* - - >
Un abonné de vieille date.
La date des vacances
Depuis trois jours, nous avons reçu plus
de QUATRE MILLE LETTRES au sujet
du fameux plébiscite du Petit Journal. Si le
ministre de l'instruction publique veut
bien envoyer un délégué au XIXe Siècle, ce
chiffre sera officiellement prouvé.
Toutes ces lettres constatent le manque
absolu de bonne foi de cette prétendue
consultation des familles.
Citons-en une à titre d'échantillon :
Paris, le 23 mars 1891.
Monsieur le rédacteur,
Peut-on prendre au sérieux le plébiscite du
Petit Journal quand on sait que chacun de ses
lecteurs a pu faire ce que j'ai vu hier dans
une famille : acheter plusieurs numéros du
journal et envoyer jusqu'à quarante votes
sous des noms diuërents et avec une éoriture
contrefaite ?
Agréez, monsieur le rédacteur, mes sincères
salutations.
M. GÉRARD,
53, rue de Strasbourg.
A propos des lettres que nous publions
ainsi chaque jour, qu'il nous soit permis
de faire une remarque. On dit que M. Mari-
noni est furieux de la campagne du XIXe
Siècle contre les escroqueries commises par
la voie du Petit Journal. Nous le compre-
nons. Mais, en vérité, ce n'est pas à nous
qu'il devrait s'en prendre: c'est aux lec-
teurs du Petit Journal, c'est à ses propres
dupes, c'est à l'innombrable légion de ceux
qui avaient confiance dans leur Petit Jour-
nal et dont la confiance a été indignement
exploitée. Ce sont eux, en somme, qui mè-
nent cette campagne de salubrité publi-
que. Nous nous bornons à nous faire l'écho
de leurs plaintes et à publier leurs lettres.
Le Beware ofpîckpockeisi qui deviendra
bientôt, il faut l'espérer, la devise de tous
ceux qui ont lu jusqu'ici et qui lisent en-
jcore le Petit Journal, comme il est la devise
de tous les voyageurs anglais, ce n'est
même pas nous qui l'avons inventé, c'est
un lecteur du Petit Journal qui nous l'a.
fourni.
(La suite à demain J
LA FIN
D'UNE PROMENADE EN BATEAU ,
( DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Le Mans, 2A mars.—M. Perriè.re, propriétaire
du château de Bouliére, près Château-du-
Loir, et quatre personnes de sa famille, se pro.
menaient hier sur le Loir, lorsque le bateau
chavira.
M. Perrière put sauver sa femme et son
beau-père, mais son beau-frère et sa beUe-
sœur ont disparu.
Les corps ont été retrouvés dans la nuit. Les
malheureux laissent un orphelin de quatre
ans.
UN TOURNOI DE MANILLE
Quelques enragés joueurs de manille ont
pris l'initiative d'organiser pour les pre-
miers jours du mois de mai un grand con-4
cours de manille.
Jusqu'à présent, plus de ;deux: milta
adhésions ont déjà été reçues.
Cinquante prix, consistant en médailles
et œuvres d'art, seront distribués aux vain-
queurs.
Déjà Marseille a jeté le gant à Toulouse.
qui l'a fièrement relevé.
Il est question de demander à M. Al..
phand l'autorisation de prendre pour teis
rain de la joute le palais des Machines.
LA VIE DE PARIS
Serait-il vrai que l'image la plus exacte
qu'on ait jamais donnée de l'humanité
est celle du serpent qui se mord la queue?
Serait-il vrai que l'on tourne, même
alors qu'on se croit en grand progrés,
autour du même cercle, par un chemin.
éternellement recommencé? Peut-être.
En tout cas, ce retour au passé, pour
certaines choses, est indiscutable et nous
en voyons tous les jours de frappants
exemples.
Voici — et c'est un de ces exemples -
les rapports de l'Eglise et du théâtre, de
l'art sacré et de l'art profane. Jadis chez
nous et, d'ailleurs, à l'origine de toutes
les civilisations, le théâtre et l'Eglise ont
eu des rapports intimes. Chez beaucoup
de peuples, le théâtre est sorti du temple
et n'a été que la laïcisation d'antiques
cérémonies religieuses. Il en avait gardé
quelque chose à Athènes, même alors
qu'il n'y avait rien de plus irrévéren-
cieux pour les dieux que la philosophie
d'Euripide ou les plaisanteries d'Aristo-
phane. Chez nous, jusqu'au quinzième
siècle, le peuple n'eut d'autre spectacle
que les cérémonies de l'Eglise, les ser-
mons dialogues, la fête des Fous, la fête
de l'Ane, les Noëls et les Passions.
Les représentations de la naissance de
Jésus ou de la mort du Christ se sont
conservées en province, jusqu'en ces der-
niers temps au moins. J'ai encore vu, il y
a trente ou quarante ans, des troupes
d'artistes amateurs qui jouaient en pro-
vince ce qu'on appelait « la Crèche »,
c'est-à-dire l'histoire de la naissance de
Jésus, avec force épisodes ajoutés par
l'imagination des comédiens. On sait
qu'en Bavière, encore aujourd'hui, à des
intervalles réguliers, on donne de ma-
gnifiques représentations du drame de la
Passion. Et ce qui était jadis l'expression
d'une foi naïve est devenu, pour le pays,
une entreprise industrielle considérable
et très fructueuse par le nombre immense
des étrangers qu'elle attire.
Néanmoins, on peut dire que chez
nous, qu'à Paris surtout, l'art religieux
et l'art profane, l'Eglise et le théâtre, s'é-
taient gravement brouillés au dix-sep-
tième siècle. Il est inutile de rappeler
l'histoire connue .de l'excommunication
des comédiens et des funérailles secrètes
de Molière. Ces anathèmes furent encore
aggravés, en plein dix-huitième siècle
(pourtant peu austère et très philosophe,
un peu libertin même), sous l'épiscopat
de M. de Beaumont. Pour que l'Eglise et
le théâtre marchent d'accord et se con-
fondent même, il faut beaucoup de foi,
une foi naïve, ou bien une très grande
indifférence et une très grande liberté
d'esprit. Je crois que c'est à ce second
point que nous sommes arrivés. Quoi
qu'il en soit, les pièces religieuses met-
tant Jésus en scène et les « Mystères"
redeviennent à la mde et sont à l'ordre
du jour.
Au Théâtre-Libre, nous avons vu VA-
mante du Christ, un petit drame fort
bien écrit, qui montrait Jésus et la Made-
leine. Au Cirque, on avait donné, avec Mm9
Sarah Bernhardt, un mystère, la Passion.
Mais les choses marchèrent de travers.
T'imnfrinû ,f11A J"I'AC%t ln mamâ rn'rtàl'a An
v "'4.1.A.&.L..I. 'i. uv w vov tv iuvuiv ut j "f&, y v Ui
une œuvre très similaire, que M. Harau-
court fait encore représenter au Théâtre
d'Application, en matinées, à partir d'au..
jourd'hui et pendant les jours saints.
Nous y verrons en quatre tableaux la
drame sublime qui a tenté lés artistes
depuis qu'il s'est accompli et qui a fourni
l'occasion de tant de chefs-d'œuvre, dont
l'un des plus complets et des plus incon-
nus, parmi les contemporains, est la série
de dessins de P. Delaroche. Le premier
tableau représente un carrefour à Jérusa-
lem, les autres la maison de Lazare, le
Jardin des Oliviers et le Calvaire.
M. Taillade joue Judas, M. Brémond
Jésus-Christ. Pour les femmes, le rôle de
la Vierge a été distribué — quel drôle de
mot dans l'espèce — à Mlle Malvau et ce-
lui de la Madeleine à la belle Mlle Renée
de Pontry.
Les Parisiens pourront y trouver quel-
que malice. Quoi qu'il en soit, tandis
qu'un des prédicateurs de l'Avent a été
demander, assure-t-on, des leçons de dic-
tion à M. Got, sans que cela scandalisât
personne, M. Haraucourt peut faire jouer
Dieu et les saints par des comédiens de
métier et des actrices fort connues, sans
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