Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1891-03-17
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 17 mars 1891 17 mars 1891
Description : 1891/03/17 (A21,N7001). 1891/03/17 (A21,N7001).
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 29/04/2013
YhtRt-et-imlîmë annleT—N* 7,001 CINQ éentrmes - Parls et Département — CINQ Centimes IfARDI 17 MAM 1891
JOURNAL RÉPUBLICAIN
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itejpriis
Les électeurs sénatoriaux étaient
rconvoqués hier dans trois départe-
ments. Il s'agissait de remplacer trois
'$énateurs républicains. Ce sont trois
candidats républicains qui ont été
élus. De même, il y a huit jours, le
Suffrage universel, ayant à combler
quelques vides au Palais-Bourbon,
avait remplacé des républicains par
des républicains. Que ce soit le suf-
frage à plusieurs degrés ou le suffrage
Tiniversel direct qui ait la parole, le
langage est le même, ce qui prouve
dans quelle erreur étaient tombés les
réactionnaires lorsque, en 1875, ils
prétendaient établir le système des
deux Chambres sur la théorie du con-
flit, conflit entre les collèges électo-
raux tout d'abord, conflit ensuite en-
tre les élus, avec cette espérance que
la machine compliquée qu'ils cons-
truisaient ne pourrait pas fonction-
ner et que, bientôt fatigué d'agita-
tions stériles, le pays casserait la ma-
chine et rejetterait la République
pour revenir à la monarchie qu'on
lui présentait comme le port de
£ alut.
Le pays a eu la sagesse de rempla-
cer les conflits espérés par l'harmo-
nie. Il n'avait pas attendu la modifi-
cation de la loi électorale du Sénat
pour remplacer une bonne partie des
monarchistes nommés tout d'abord
par des républicains. Il a continué
avec la loi nouvelle, et, quel que fût
le mode d'élection, les résultats ne
changeraient guère. A cause de la
loneue durée du mandat, nous pou-
vions, jusqu'à ces derniers temps,
gagner du terrain au Sénat en évin-
çant encore quelques-uns des réac-
tionnaires élus à l'époque où la Ré-
publique n'avait pas encore l'habi-
tude de vaincre partout, et nous n'y
avions pas manqué aux élections de
janvier dernier, dans lesquelles, sur
seize réactionnaires sortants, six seu-
lement ont été réélus. Maintenant,
nous n'avons plus guère qu'à conqué-
rir les sièges occupés par une partie
des inamovibles de la première heure,
et cette conquête s'effectue progres-
sivement.
Nos trois succès d'hier n'avaient
donc rien d'inattendu, et il n'y a pas
lieu de monter au Capitole pour les
célébrer. Il n'est pas inutile cependant
de s'y arrêter, car si, en Seine-et-
Marne, les réactionnaires n'avaient
pas affronté la lutte, ils avaient en-
gagé le combat dans le Calvados et
dans l'Eure, et ces deux départements
étaient de ceux où ils pouvaient se
croire quelques chances de vaincre.
Dans le Calvados, en 1885, c'est-à-
dire avec la loi électorale actuelle,
M. Edouard Bocher, monarchiste
avéré, était élu le premier, suivi de
près par le vicomte de Saint-Pierre,
républicain indiscutable, mais très
modéré, appartenant au centre-gau-
che. Il semblait donc qu'une candida-
ture monarchiste ou républicaine con-
servatrice pût utilement se produire.
Pour mieux mettre les chances de leur
côté, les réactionnaires ont présenté
un monarchiste qui a fait une profes-
sion de foi simplement conservatrice.
C'est la Gazette de France elle-même
qui nous - a garanti les opinions mo-
narchistes de M.Thomine-Desmazures
et l'on sait qu'elle n'accorde sa garan-
tie qu'à bon escient. Mais le conserva-
teur le plus républicain — si cette es-
pèce existe — n'aurait pas hésité à si-
gner des deux mains la circulaire de
ce monarchiste, lequel se bornait à ré-
clamer « un gouvernement fort, qui
sache se faire respecter au dehors et
qui, au dedans, soit ferme, prudent
et honnête », qui voulait" l'ordre dans
les finances et la vraie liberté politi-
que et religieuse, en un mot, une
France grande, prospère et libre »,
toutes choses dont les unes existent
sous la République et dont aucune
n'est incompatible avec la forme répu-
blicaine. Malgré ce langage, fait pour
rallier les modérés sans éloigner les
monarchistes, M. Thomine-Desmazu-
res a eu trois cents voix de moins que
M. Bocher en 1885, et le candidat ré-
publicain le bat à quatre cents voix
de majorité.
Dans l'Eure, le résultat de la lutte
pouvait paraître incertain. C'est ce
département qui, jadis, envoyait au
Sénat M. le duc de Broglie, et si, en
1885, il lui avait donné pour rempla-
; çant le général Lecointe, l'écart n'a-
vait été que de dix voix. Aux derniè-
res élections législatives, ce départe-
ment avait encore nommé deux mo-
narchistes. Les réactionnaires avaient
choisi pour candidatM. Pouyer-Quer-
tier, battu au renouvellement partiel
de janvier dernier dans la &iile-Infé-
rieure, et ce choix était assez habile,
- car 1\1. Pouyer-Q'jertier a été ministre
de la République sous le gouverne-
ment de M. Thiers ; en politique, ce
n'est pas un fanatique et, dans un mo-
ment où les questions économiques
prennent jepas sur les autres, les pro-
tectionnistes étaient sûrs d'avoir en
hlinin infatigable champion. Cepen-
dant, là aussi, c'est le candidat répu-
blicain qui est élu, non plus à dix
voix, mais à soixante voix de majo-
rité.
L'intérêt de ces constatations ne ré-
side pas seulement dans le résultat des
élections. Il est bien plutôt dans ce
fait que, par suite de la constitution
du collège électoral sénatorial, ces
élections doivent être considérées com-
me la résultante du mouvement poli-
tique qui s'accomplit incessamment
dans le pays. Pour que la majorité qui
vient de nommer les nouveaux séna-
teurs ait grossi dans d'aussi fortes
proportions depuis six ans, il a fallu
que la République ait fait dans les
conseils municipaux et dans les con-
seils généraux de larges conquêtes, et
que le pays se soit progressivement,
et sans relâche, éloigné des monar-
chistes avérés aussi bien que de ceux
qui cherchent à dissimuler leur quali-
té et à se présenter en simples con-
servateurs. Ce n'est peut-être pas très
encourageant pour ceux qui caressent
la chimère de la République conser-
vatrice, et cela doit nous rassurer sur
les chances de succès de leur tenta-
tive.
.L:e .A..Á.À t.: olxjUJuJLi puUiierti demain ia
le Chronique n, par M. Paul Ginisty.
LES SCRUTINS D'HIER
CALVADOS
Inscrits : 1,179. - Votants: 1,161.
MM. Turgis, conseiller général,
républicain. 788 Elu.
Thomine Desmazures, maire
de Mouen, réactionnaire.. 370
[11 s'agissait de remplacer le vicomte de
Saint-Pierre, républicain, décédé. Aux élec-
tions de janvier 1885, MM. Edouard Bocher,
monarchiste, et le vicomte de Saint-Pierre,
républicain, tous deux sénateurs sortants, fu-
rent élus au premier tour de scrutin par 665
et 635 suffrages. Au troisième tour; M. Laval-
ley, républicain, était élu par 589 voix contre
556 à M. Paulmier, réactionnaire, sénateur sor-
tant.]
EURE
MM. le docteur Guindey, conseil-
ler général républicain. 558 Elu.
Pouyer- Quartier, président
du conseil général del'Eure
ancien sénateur de la Seine-
Inférieure, réactionnaire.. L97
[Il s'agissait de remplacer le général Le-
cointe, républicain, décédé. Le général Le-
cointe avait été élu, au renouvellement de
janvier 1885, par 533 voix contre 523 au duc de
Broglie, sénateur sortant.]
SEINE-ET-MARNE
MM. Chazal, ancien payeur du
Trésor, républicain radi-
cal JiOO
Benoist, cons. génér., rép. 367
Gastelier, député, rép. rad.. 1A9
(Ballottage.)
Deuxième tour de scrutin
MM. Benoist, jép 513 Elu.
Çhazal A08
[Il s'agissait de remplacer M. Foucher de
Careil, républicain, qui est décédé au mois de
janvier dernier, peu de jours après avoir été
réélu sénateur de Seine-et-Marne, par 569 voix,
au premier tour de scrutin.]
La mort d'un candidat
(D'UN CORRESPONDANT)
Melun, 15 mars.
Hier soir, dans une réunion, à Melun, M.
Dethomas, candidat à l'élection sénato-
riale de Seine-et-Marne, s'est affaissé subi-
tement tandis qu'il développait son pro-
gramme. Plusieurs médecins présents lui
ont donné leurs soins, mais M. Dethomas
avait succombé à la rupture d'un ané-
vrisme.
M. Dethomas était né à Paris, en 18A2.
Conseiller général pour le canton de Crécy,
il fut élu député en avril 1881 par l'arron-
dissement de Meaux, en remplacement de
M. Menier, décédé. Aux élections générales
de la même année, il fut élu au second tour
de scrutin. Aux élections générales de 1885,
M. Dethomas échoua avec la liste républi-
caine contre la liste radicale.
M. Dethomas était fils de l'un des deux
chefs de la maison de banque Béchet, De-
thomas et Ce. Pendant son court passage à
la Chambre, il avait recueilli l'estime et la
sympathie de ses collègues.
M. VERGOIN A PARIS
Un sauf-conduit. — Visite au Moulin-
Rouge.
Hier soir, à six heures, on pouvait re-
marquer, sur la terrassa du café Riche,
prenant un verre de madère en compagnie
de deux amis, M. Maurice Vergoin, — oui !
M. Maurice Vergoin lui-même, — l'ancien
député boulangiste en exil volontaire à
Bruxelles.
Nous avons pensé tout d'abord que nous
étions victime d'un cas de ressemblance ex-
traordinaire. M. Vergoin, en effet, ne peut
rentrer en France qu'à la condition d'y
purger une condamnation à huit mois de
prison dont il fut frappé par la police cor-
rectionnelle en juillet 1889, étant alors ré-
dacteur en chef de la République, pour
diffamation envers M. Quesnay de Beaure-
paire, procureur général. On se rappelle
qu'il protesta contre cette condamnation et
qu'il alla se réfugier à Bruxelles. Il de-
manda son inscription au barreau de cette
ville.
— Mais oui, c'est bien moi, nous dit M.
Vergoin. Je suis arrivé de Bruxelles tout
à l'heure.
— Comment êtes-vous à Paris? Vous al-
lez vous faire arrêter.
- Il n'y a aucun danger! J'ai un sauf-
çit dO cinq jours signé du ministre
de l'intérieur, s'il vous plaît.
M. Vergoin est venu régler certaines af-
faires personnelles qui rendent sa présence
indispensable. Son voyage n'a pas d'autre
but. Il est descendu chez des amis.
Ajoutons que l'ancien député de Seine-
et-Oise n'a pas changé; un peu engraissé,
peut-être; sa santé est aujourd'hui excel-
lente.
Dans la soirée, il a passé quelques ins-
tants au Moulin-Rouse) et il ne cachait pas
son plaisir de passer quelques heures à
Paris.
LES HERBORISTES f
CHEZ M. DUCELIER
Le commerce des herboristes. — Leur
suppression. — Une réponse de
M. Lockroy.
Grande émotion dans le camp des herbo-
ristes. La Chambre va bientôt être appelée
à discuter un projet de loi sur l'exercice de
la pharmacie, déposé par M. Edouard Loc-
kroy et d'après lequel les herboristes se-
raient à peu près complètement suppri-
més.
L'article 1 h de ce projet est, en effet, ainsi
conçu :
Nul autre que les pharmaciens ne peut tenir
en dépôt, vendre ou distribuer au détail, pour
l'usage de la médecine humaine ou vétéri-
naire, aucune substance simple ou prépara-
tion à laquelle sont attribuées des propriétés
médicinales ou curatives, sauf les exceptions
inscrites aux articles 11 et 15.
L'article Il autorise les vétérinaires à
vendre les médicaments destinés exclu-si-
ment aux animaux confiés à leurs soins.
Et, aux termes de l'article 15 :
Peuvent être librement vendus par des per-
sonnes non pourvues du diplôme de pharma-
cien certains médicaments simples, d'un
usage courant, ainsi que les plantes médici-
nales fraîches ou sèches dont la liste sera in-
sérée au Codex.
Un second paragraphe déclare en outre
qu'il ne sera plus délivré de certificat d'her-
boriste.
Au premier abord, ces diverses disposi-
tions paraissent assezcontradictoires.Aussi,
nous n'avons cru pouvoir mieux faire, pour
éclairer notre religion, que de nous adres-
ser à M. Ducelier, vice-président de la
chambre syndicale des herboristes de la
Seine.
Le métier d'herboriste
—•En général, nous dit M. Ducelier, on se
fait une idée fausse du métier d'herboriste.
Nos boutiques sont modestes; les gens ai-
sés les aperçoivent à peine, et l'on nous
croit aussi inutiles que peu nombreux.
Or, nous sommes 700 à Paris et 800 en
province. Et l'on nous appelle avec raison
les pharmaciens du pauvre.
L'ouvrier qui est enrhumé et qui veut
s'offrir pour deux sous de tisane viendra
toujours chez nous plutôt que d'aller chez
le pharmacien, dont l'officine l'effraye. Car
il connaît ses prix, et il craint toujours de
se voir colloquer une potion de vingt ou
trente sous.
Avec cela, nos plantes sont généralement
mieux préparées, car nous les séchons
nous-mêmes, tandis que les pharmaciens
les achètent à des droguistes en gros qui se
les procurent eux-mêmes, prêtes à être
vendues, chez le cultivateur. L'absence
d'intermédiaires nous permet en outre de
les livrer à un prix moins élevé. -
Le comité d'hygiène
Vous voyez donc ce qu'il faut penser de
l'avis de M. Brouardel, déclarant au nom
du comité d'hygiène que nous devons être
supprimés parce que nous sommes inutiles.
Puisque nous trouvons moyen de vivre,
c'est que nous servons à quelque chose. En
tout cas, du moment où l'on ne nous repro-
che pas d'être nuisibles, et on ne l'a pas
fait, il n'y a aucune raison pour nous sup-
primer.
La vérité est que le conseil d'hygiène se
compose exclusivement de médecins et de
professeurs à l'Ecole de pharmacie. Et les
pharmaciens trouveraient très avantageux
d'élargir un privilège leur permettant d'ac-
caparer notre clientète.
On peut admettre pour chacun de nous
une moyenne d'affaires de 20,000 fr. Pour
1,500 herboristes, c'est 30 m illions que les
pharmaciens seraient heureux de voir pas-
ser dans leurs poches, cela se comprend.
Il y a quelques mois, ils avaient bien es-
sayé, par l'intermédiaire du même comité
d'hygiène, de monopoliser la vente des
eaux minérales.
Au fond de tout cela, il n'y a donc, à mon
avis,qu'une vulgaire question de boutique.
Un piège
L'article 15 dit bien que le premier venu
pourra vendre certains médicaments sim-
ples et certaines plantes médicinales dont
la liste sera insérée au Codex.
Je suis convaincu que cette disposition
cache un piège.
Les plantes les plus simples et les plus
courantes sont précisément celles qu'il est
le plus facile de confondre avec des plantes
dangereuses.
Ainsi on peut confondre la belladone et
la chicorée, la grande ciguë avec le cer-
feuil, la petite avec le persil, la digitale
avec la bourrache, le datura avec l'erysi-
mum ou herbe aux chantres, etc.
Le tribunal de Lille vient même de con-
damner un pharmacien qui avait commis
cette dernière erreur au préjudice de Mlle
Vallier. »
Actuellement, nul ne peut s'établir her-
boriste s'il n'a obtenu un certificat délivré
par l'Ecole de pharmacie à la suite d'un
examen très sérieux sur l'art de distinguer
les plantes.
Ce diplôme supprimé, le dernier des épi-
ciers vendra les plantes autorisées. Il se
produira forcément des erreurs et des ac-
cidents, et les pharmaciens en profiteront
pour faire rapporter la disposition transi-
toire de l'article 15 du projet Lockroy.
Comme vous voyez, c'est très habile.
Un fait, du reste, vous édifiera sur les
conditions dans lesquelles ce fameux pro-
jet de loi a été inspiré à son auteur.
Il y a quelques jours, nous sommes allés
exposer nos doléances à M. Lockroy, qui a
paru fort étonné et nous a dit textuelle-
ment : « Mais, messieurs, je vous croyais
d'accord avec ces messieurs de l'Ecole de
pharmacie. »
Non, nous ne sommes pas d'accord avec
l'Ecole de pharmacie. Au contraire, nous
demandons qu'on nous laisse vivre tran-
quillement; nous ne portons préjudice à
personne et nous espérons que la Chambre,
mieux éclairée, nous donnera la satisfac-
tion que nous attendons, en s'opposant à
une suppression que rien ne justifie.
MYSTÉRIEUSES PROMENADES
DE PIONNIERS ALLEMANDS
(DB NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Mulhouse, 15 mars.
Depuis quelques jours de nombreux dé-
tachements de pionniers allemands, com-
mandés par des officiers supérieurs, sil-
lonnent en tous sens les campagnes et les
montagnes des environs de Ouebwiller,
Thann et Munster.
Ces promenades mystérieuses ont éveillé
la curiosité publique et n'ont pas été sans
I causer quelque étonnement. «
Malgré .les mesures prises par les autori-
tés militaires pour cacher le but de ces ex-
cursions, je crois qu'il s'agit de relever
tous les chemins construits nouvellement
par le club des Vosges et d'en apprécier la
valeur et l'importance stratégiques.
Des reconnaissances de ce genre ont déjà
été poussées avant-hier jusqu'à la frontière.
Les pionners ont même suivi la ligne de
démarcation sur un parcours de plusieurs
kilomètres sans avoir été aperçus par les
Français.
Dans deux jours, les mêmes excursions
seront entreprises par Munster jusqu'à la
frontière.
LE SUCCESSEUR
DE M. D'AUBIGNY
Un décret publié à l'Officiel d'hier diman-
che charge M. de Reversaux, ministre plé-
nipotentiaire en disponibilité, de l'agence
et du consulat général de France au Caire,
en remplacement de M. d'Aubigny, qui est
mis à la disposition du ministre des affai-
res étrangères.
M. Ribot aurait tenu la gageure de choisir,
pour nous représenter au Caire, le diplo-
mate français connaissant le moins les af-
faires d'Egypte, qu'il n'eût certainement
pas agi autrement.
Il semble que ce soit un parti pris au mi-
nistère des affaires étrangères de se pré-
munir contre les difficultés par l'insuffisance
de ses représentants.
Ce système nous a procuré jusqu'ici d'as-
sez tristes résultats pour qu'on puisse sans
témérité en essayer un autre.
M. Ribot, qui s'était donné la peine de
chercher un homme énergique pour dé-
fendre auprès du gouvernement du Chili
les intérêts particuliers de M. Dreyfus, au-
rait pu facilement trouver un diplomate
plus autorisé que M. de Reverseaux pour
aller défendre les intérêts de la France
contre les intrigues de l'Angleterre et les
menées du juge Scott.
Et les raisons d'un tel choix nous parais-
sent aussi inexplicables que la précipita-
tion inusitée avec laquelle il a été fait.
LE PRINCE NAPOLEON
Un commencement de retour à la vie.
— Rechute à craindre.
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Rome, 15 mars.
Au moment où les journaux du monde
entier con acrentdes articles nécrologiques
au prince Napoléon, celui-ci revient tout
simplement à la vie.
La nuit a été bonne. A deux heures, ce
matin, le prince s'est réveillé et a dit à sa
sœur, la princesse Mathilde, qui veillait :
« Je me sens mieux, je ne suis plus le
même qu'hier. »
Puis le malade continua à dormir tran-
quillement. Ce matin, l'amélioration per-
siste. La respiration est devenue absolu-
ment normale. La matinée a été très
calme.
Le docteur Bacelli a dit, à onze heures,
au roi :
— Je suis plein d'espoir. Les injections
d'éther, de chloroforme et de strychnine
ont causé un grand bien au malade.
Lorsque le docteur Bacelli a dit à la prin-
cesse Clotilde que l'amélioration sensible
qui s'était produite modifiait absolument
les prévisions pessimistes des jours précé-
dents et permettait de nouveau de croire à
un miracle possible, la princesse s'est jetée
dans les bras du prince Victor.
La scène était emouvante. Tous les mem-
bres de la famille présents, y compris le roi,
ne pouvaient cacher leur émotion.
Cependant, les docteurs reconnaissent
que, après toutes les phases par lesquelles
a passe le malade, la moindre complication
pourrait amener une catastrophe subite.
Le malade se reprend à boire du bouil-
lon. Hier et aujourd'hui il a demandé à
manger, disant à son valet de chambre
Edouard : — Je veux du solide. Mais il lui
est impossible d'avaler.
Les douleurs atroces que le prince en-
durait ces derniers jours sont bien moins
vives ce matin.. Il causé d'une voix très
claire avec le roi, et aussi avec M. Hébert,
membre de l'Académie de France, et le
comte Joseph Primoli.
Le prince et le roi Humbert
En souhaitant sa fête au roi, le prince Na-
poléon a trouvé des paroles émues pour le
remercier des témoignages d'affection qu'il
lui a donnés.
« Je suis heureux,a-t-il ajouté,de vous ex-
primer tous mes souhaits, mais je sens que
ce sont mes derniers vœux."
Tout le monde admire l'empressement
affectueux du roi. C'est lui qui donne du
courage aux princesses.
La princesse Clotilde
La conduite de la princesse Clotilde est
vraiment admirable. Depuis le commence-
ment de la maladie, elle a passé presque
toutes les nuits. On raconte que, en rece-
vant, à Moncalieri, la dépêche de son frère
disant que l'état du prince Napoléon était
grave, elle se rendit aussitôt chez le cardi-
nal Alimonda, disant qu'elle avait fait vœu
de ne jamais aller à Rome, mais que ses
devoirs (l'épouse l'obligeaient à manquer
à sa promesse. Le cardinal l'approuva, en
disant que ce n'était pas faillir à ses pro-
messes que d'aller seulement au chevet de
son mari, et il l'obligea à partir immédia-
tement.
Le roi a pris à sa charge tous les frais de
séjour du malade et de sa famille à Rome.
Aggravation de l'état du malade
Rome, 5 heures, soir.
Les battements de cœur ont repris. Les
médecins viennent d'accourir ; ils sont au-
près du malade. Toute la famille, réunie à
l'hôtel de Russie, attend avec anxiété la fin
de la consultation.
7 heures soir.
Les pulsations, de 86 sont arrivées à 108.
Les forces diminuent. Le malade est très
agité.
Le chanoine Puyol vient d'être introduit
auprès du malade.
DERNIÈRE HEURE
En présence des altérations cardiaques
que l'on constate, les médecins considèrent
l'imminence du danger comme ayant re-
paru.
Le prince a profité d'un moment de trêve
dans ses souffrance pour recevoir le baron
Brunet.
Le roi fera une nouvelle visite à son beau-
frère ce soir.
CHRONIQUE
II paraît que les garçons de café vien-
nent d'adresser au comité de la chambre
syndicale des restaurateurs et limona-
diers du département de la Seine une
pétition dans laquelle ils demandent
qu'on leur permette de porter toute leur
barbe et même, si tel est leur bon plaisir,
la moustache.
Ils appuient leur demande d'arguments
présentés sous une forme terriblement
solennelle : « La moustache, disent-ils,
n'est plus, comme dans la première moi-
tié de ce siècle, le signe d'un caractère
belliqueux, et le manque de soins est ré-
pugnant avec une barbe quelconque.
L'habitude seule nous condamne aux fa-
voris, et personne ne soutiendra qu'une
habitude qui pèse fâcheusement sur des
milliers d'hommes doive être à jamais
conservée : le soutenir serait nier le pro-
grès. »
Je n'ai pu lire cette pétition sans me
rappeler un des incidents de ma stu-
dieuse jeunesse qui ont eu le plus d'in-
flence sur ma vie. C'était en 1852 ou 1853,
je ne me rappelle plus au juste. M. For-
toul était alors ministre de l'instruction
publique et ne savait qu'imaginer pour
tracasser les pauvres professeurs, qui
étaient tous affreusement suspects de
libéralisme et de voltairianisme. C'était
chaque jour quelque nouvelle circulaire
où l'on nous chargeait de quelque en-
nuyeuse besogne.
Voilà qu'un jour il en arrive une où
l'on nous dit que la barbe est un insigne
essentiellement démagogique, qu'un
professeur ne saurait enseigner les bons
principes avec une barbe et que nous
eussions tous à la raser, sans miséricorde.
On nous accordait huit jours pour accom-
plir ce sacrifice. -
Je n'étais pas déjà, avec ma barbe, ce
qu'on appelle joli, joli; mais sans barbe,
je n'ose pas dire à quoi mon visage res-
semblait. La maligne nature avait de plus
creusé dans mon menton une fossette, ou
plutôt un énorme fossé, dont la significa-
tion était, d'après Lavater, des plus folâ-
tres et des plus compromettantes.
Et puis, que voulez-vous? en ce temps-
là, j'étais animé de l'esprit de contradic-
tion. Il suffisait que le ministre m'ordon-
nât de me couper la barbe pour que j'y
tinsse cent fois davantage. Je ne puis
m'empêcher de rire aujourd'hui, en son-
geant à la colère dont je fus saisi quand
j'appris que ma barbe devrait, par ordre,
tomber sous le rasoir.
Je devins sombre et roulai dans ma
jeune cervelle de furieux projets de ré-
bellion. Comme, au fond, je suis très gai,
le naturel reprit le dessus, et je me con-
tentai d'écrire au recteur une supplique
à l'effet d'obtenir la permission de garder
sur mon visage l'ornement dont la na-
ture m'avait gratifié. Je dois avouer que
la supplique était quelque peu tournée à
la blague et d'un style charivarique. Elle
amusa beaucoup mes collègues, qui pouf-
fèrent de rire ; elle est depuis passée dans
l'Université à l'état de légende. Mais le
recteur prit fort mal la chose : il adressa
un rapport foudroyant au ministre, qui
me révoqua net. Je fus envoyé en dis-
grâce au collège de Lesneven, où j'eus du
moins cet avantage, c'est que les prêtres
qui le gouvernaient ne s'inquiétèrent
point de ma barbe, et je pus la garder en
dépit des circulaires ministérielles que
ces messieurs affectaient d'ignorer. C'est
de ce jour que commencèrent mes que-
relles avec l'Université, qui devaient abou-
tir plus tard à une rupture définitive.
Il en fut du reste de cette. prescription
du ministre comme de tant d'autres : au
bout de six mois, on n'y pensa plus, elle
tomba en désuétude; chacun se reprit à
porter la barbe comme il l'entendait, à
l'accommoder de son mieux au tour de
son visage, et les classes n'en furent ni
plus mal ni mieux faites.
Je n'ai jamais bien compris quel inté-
rêt il pouvait y avoir à imposer une
obligation de ce genre à un corps de mé-
tier quelconque. Pourquoi exige-t-on que
les magistrats et les avocats n'aient que
des favoris en côtelettes? Je devrais dire:
pourquoi exigeait-on ? Car le règlement
s'est sur ce point beaucoup relâché de sa
rigueur. Une partie du jeune barreau
porte aujourd'hui la barbe ou la mous-
tache, et les présidents ferment les yeux.
On m'assure même que certains juges
n'apportent plus à l'audience un menton
glabre, et la justice n'en est pas plus mal
rendue. On ne voit pas en effet ce qu'un
menton glabre peut ajouter de lumière ou
d'esprit d'équité à un magistrat sur son
siège. On ne voit pas davantage ce qu'une
barbe ou une moustache pourrait lui en-
lever d'intelligence ou de force d'atten-
tion.
C'est un simple préjugé et qui va, ce
semble, contre la nature des choses. Car
la barbe étant par tout pays le signe de la
virilité, il est tout naturel que des hom-
mes, dans les fonctions où ils ont à faire
preuve des qualités particulières à leur
sexe, la déploient et l'étalent. Est-ce
qu'un magistrat orné d'une belle barbe
blanche n'impose pas plus de respect et
n'a pas plus de prestige qu'avec le
menton rasé, qui est l'apanage des fem-
mes?
J'en dirai autant des prêtres. Ceux
d'Orient ont gardé le port de la barbe.
Est-ce qu'ils n'ont pas l'air plus vénéra-
ble que leurs collègues d'Europe ? J'ai eu
l'honneur de causer avec le coadjuteur
de Mgr de Lavigerie, l'abbé Charmottau ;
je vous assure que sa superbe barbe noire
ne déparait point sa figure, qu'elle don-
nait même plus d'autorité à sa parole.
Je ne vois guère que l'acteur pour qui
le menton rasé soit une nécessité de pro-
fession.Comme il doit tous les soirs revêtir
un nouveau personnage, il est bien obligé
de garder son menton prêt à s'affubler
de la barbe postiche qu'exigera son rôle.
Mais les garçons de café et même les
domestiques, pourquoi les condamner à
cet uniforme du menton rasé, qui sou-
vent ne va pas du tout à leur physiono-
mie. Il y a quelques années, j'ai eu pour
domestique un grand diable, ancien sol-
dat, qui avait gardé une énorme barbe
de sapeur.
Il n'eût consenti à la couper ni pour or
ni pour argent ; elfcî lui encadrait admi-
rablement isT figure, qu'il avait très éner-
gique. Cette barbe était un sujet perpé-
tuel de plaisanteries. On s'étonnait que je
ne la fisse pas tomber :
— Mais, disais-je, voilà un garçon qui
me sert très bien ; il n'a qu'un plaisir au
monde, c'est sa barbe. Pourquoi voulez-
vous que je l'en prive? Il sera de mau-
vaise humeur, il fera mal le ménage ; la
belle avance pour moi !
— Mais il n'a pas l'air d'un domesti-
que.
— Eh mais, répondais-je, c'est peut-
être pour n'avoir pas l'air d'un domesti-
que qu'il tient à sa barbe.
Tenez! je retrouve ce sentiment expri-
mé dans la pétition des garçons de café :
« Nous sommes poussés, disent-ils, par
le souci de notre dignité. Quel que soit
l'échelon de la pyramide sociale où l'hom-
me est placé, il doit avoir le sentiment
de sa dignité de citoyen, et ce sentiment
est au plus haut degré respectable, car il
est la source la plus féconde de probité,
d'honneur et de patriotisme. Or, la digni-
té du citoyen repousse avec horreur le
joug du caprice et de l'arbitraire. »
Ce sont peut-êtrelà de bien grands mots;
mais au fond ces braves gens ont raison.
et vous je assure que je m'habituerais à
voir, sans en être scandalisé, ma tasse de
café apportée et servie par un bipède orné
de toute sa barbe.
Francisque Sarcey.
CIRCAUD-PELLORCE
Nous apprenons qu'une information a été
ouverte il y a quelque temps déjà par la
parquet sur les agissements de Pellorce, loi
filou bien connu.
Le juge chargé de l'instruction est M.
Privet, qui a déjà fait citer plusieurs té-,
moins.
On nous assure d'autre part que plu-
sieurs plaintes ont été déposées, au sujet
des Placers de la Haute-Italie, contre M.
Edgar Circaud qui, il y a un mois à peine,,
dans sa circulaire, recommandait l'achat
de cette valeur à 630 francs en annonçant
le cours prochain de 900 francs.
Les Plaoers de la Haute-Italie sont au-
jourd'hui cotés 130 francsquand ils le sont.
LES MEFAITS
DU « PETIT JOURNAL D
RENDEZ L'ARGENT!
L'opinion d'un homme du peuple. — Les
lecteurs sont des amis..
Jamais dans aucune campagne un jour-
nal n'a été encouragé, soutenu, aidé comma
l'est le XIXe Siècle dans sa campagne con-
tre les méfaits du Petit Journal.
Dans cette campagne, nous ne sommes
que les porte-voix du public, les interprè-
tes de son indignation contre le journal qui
l'a trompé et qui le trompe encore chaque
jour.
Parmi les nombreuses lettres qui nous
arrivent chaque jour et qui, pour la plu-
part, contiennent des observations d'un ad-
mirable bon sens, nous en avons reçu une,
il y a quelques jours, que nous croyons de-
voir publier aujourd'hui parce qu'elle nous
paraît très bien résumer la question brû-
lante de la publicité par la presse, qui a été
discutée avant-hier à la Chambre et qui l'é-
tait hier dans plusieurs journaux.
La question des annonces
Voici cette lettre, qui nous a été écrite à
propos d'un article dans lequel le Petit.
Journal essayait de se dégager de toute res-
ponsabilité dans les affaires Berneau-Macé ;
Monsieur le rédacteur en chef,
Voulez-vous permettre à un homme du
peuple, lecteur assidu de votre excellent jour-
nal, de vous adresser l'article du Petit Journal
du 19 février 1891, intitulé : Les Berneau, et de
vous présenter à ce sujet quelques observa-
tions dont vous ferez tel usage qu'il vous
plaira ?
Dans cet article, M. Jean-sans-Terre dit, en
substance, que « Berneau a berné ses clients
et qu'ils n'ont rien à dire », que les prêteurs
de Berneau sont ses complices, et enfin que les
annonces des journaux ne sont pour rien dans
ces sortes de choses.
Sans plaindre toutes les victimes de Berneau
dit Macé, en dehors de certaines considéra-
tions, n'existe-t-il pas dans ces sortes de si-
tuations un contrat passé entre deux person-
nes, l'une déposante, l'autre dépositaire -
conditions à remplir de part et d'autre — con-
ventions et engagements signés par les deux
parties — contrat réel — donc contrat qui
doit être observé ?
Parmi les déposants, il s'est trouvé certai-
nement (et j'en connais) de très honnêtes tra-
vailleurs qui ont confié leurs petites écono-
mies péniblement amassées, parce qu'on leur
promettait un intérêt séduisant — intérêt qui
devait adoucir les difficultés de leur vie et de
leur petite famille. Ces braves gens ont agi
de bonne foi, ignorants qu'ils sont des choses
de la finance: c'est d'ailleurs à ceux-là que
les Berneau s adressent de préférence.
En vérité, ces prêteurs-là ne sont pas com-
plices, et ils ont le droit de se plaindre !
Ils ont le droit de se plaindre des Berneau
et des annonces.
Qu'est-ce qui a invité nos travailleurs à cetta
opération ? Quel a été le phare séducteur et
indicateur? C'est l'annonce du journal. Quel
pavillon a couvert ce phare et a inspiré con-
fiance en lui? C'est le titre du journal qui
présentait l'annonce à ses lecteurs.
Il faut ouvrir l'œil pour ces annonces, nous
dit M. Jean-saiis-Terre; mais s'il faut se défiée
des annonces, pourquoi croire le reste?
Il y aurait donc dans le journal trois pages
vraies et une quatrième fausse ?
Ceci est inacceptable; le faux ne doit pas
paraître à côté du vrai.
Que le journal l'indique alors en gros carac-
tères : Choies vraies — Choses fausses ! Les
unes feront tort aux autres, et le journal sa.
discréditera.
L'affichage par la presse est très grave. H
faut considérer que les lecteurs d'un journat
ont confiance dans leur journal. 1
Evidemment, comme le dit encore M. Jean-
sans-Terre, ni les porteurs ni les vendeurs
d'un journal ne sauraient être responsables
de ce que comporte le journal.
Mais le journal lui-même, c'est autre clioce;
JOURNAL RÉPUBLICAIN
RÉDACTION
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DIRECTEUR POLITIQUE
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Adresse télégraphique : XIX- sIÈCLE — PARIS
Téléphone : 20.289 bit.
itejpriis
Les électeurs sénatoriaux étaient
rconvoqués hier dans trois départe-
ments. Il s'agissait de remplacer trois
'$énateurs républicains. Ce sont trois
candidats républicains qui ont été
élus. De même, il y a huit jours, le
Suffrage universel, ayant à combler
quelques vides au Palais-Bourbon,
avait remplacé des républicains par
des républicains. Que ce soit le suf-
frage à plusieurs degrés ou le suffrage
Tiniversel direct qui ait la parole, le
langage est le même, ce qui prouve
dans quelle erreur étaient tombés les
réactionnaires lorsque, en 1875, ils
prétendaient établir le système des
deux Chambres sur la théorie du con-
flit, conflit entre les collèges électo-
raux tout d'abord, conflit ensuite en-
tre les élus, avec cette espérance que
la machine compliquée qu'ils cons-
truisaient ne pourrait pas fonction-
ner et que, bientôt fatigué d'agita-
tions stériles, le pays casserait la ma-
chine et rejetterait la République
pour revenir à la monarchie qu'on
lui présentait comme le port de
£ alut.
Le pays a eu la sagesse de rempla-
cer les conflits espérés par l'harmo-
nie. Il n'avait pas attendu la modifi-
cation de la loi électorale du Sénat
pour remplacer une bonne partie des
monarchistes nommés tout d'abord
par des républicains. Il a continué
avec la loi nouvelle, et, quel que fût
le mode d'élection, les résultats ne
changeraient guère. A cause de la
loneue durée du mandat, nous pou-
vions, jusqu'à ces derniers temps,
gagner du terrain au Sénat en évin-
çant encore quelques-uns des réac-
tionnaires élus à l'époque où la Ré-
publique n'avait pas encore l'habi-
tude de vaincre partout, et nous n'y
avions pas manqué aux élections de
janvier dernier, dans lesquelles, sur
seize réactionnaires sortants, six seu-
lement ont été réélus. Maintenant,
nous n'avons plus guère qu'à conqué-
rir les sièges occupés par une partie
des inamovibles de la première heure,
et cette conquête s'effectue progres-
sivement.
Nos trois succès d'hier n'avaient
donc rien d'inattendu, et il n'y a pas
lieu de monter au Capitole pour les
célébrer. Il n'est pas inutile cependant
de s'y arrêter, car si, en Seine-et-
Marne, les réactionnaires n'avaient
pas affronté la lutte, ils avaient en-
gagé le combat dans le Calvados et
dans l'Eure, et ces deux départements
étaient de ceux où ils pouvaient se
croire quelques chances de vaincre.
Dans le Calvados, en 1885, c'est-à-
dire avec la loi électorale actuelle,
M. Edouard Bocher, monarchiste
avéré, était élu le premier, suivi de
près par le vicomte de Saint-Pierre,
républicain indiscutable, mais très
modéré, appartenant au centre-gau-
che. Il semblait donc qu'une candida-
ture monarchiste ou républicaine con-
servatrice pût utilement se produire.
Pour mieux mettre les chances de leur
côté, les réactionnaires ont présenté
un monarchiste qui a fait une profes-
sion de foi simplement conservatrice.
C'est la Gazette de France elle-même
qui nous - a garanti les opinions mo-
narchistes de M.Thomine-Desmazures
et l'on sait qu'elle n'accorde sa garan-
tie qu'à bon escient. Mais le conserva-
teur le plus républicain — si cette es-
pèce existe — n'aurait pas hésité à si-
gner des deux mains la circulaire de
ce monarchiste, lequel se bornait à ré-
clamer « un gouvernement fort, qui
sache se faire respecter au dehors et
qui, au dedans, soit ferme, prudent
et honnête », qui voulait" l'ordre dans
les finances et la vraie liberté politi-
que et religieuse, en un mot, une
France grande, prospère et libre »,
toutes choses dont les unes existent
sous la République et dont aucune
n'est incompatible avec la forme répu-
blicaine. Malgré ce langage, fait pour
rallier les modérés sans éloigner les
monarchistes, M. Thomine-Desmazu-
res a eu trois cents voix de moins que
M. Bocher en 1885, et le candidat ré-
publicain le bat à quatre cents voix
de majorité.
Dans l'Eure, le résultat de la lutte
pouvait paraître incertain. C'est ce
département qui, jadis, envoyait au
Sénat M. le duc de Broglie, et si, en
1885, il lui avait donné pour rempla-
; çant le général Lecointe, l'écart n'a-
vait été que de dix voix. Aux derniè-
res élections législatives, ce départe-
ment avait encore nommé deux mo-
narchistes. Les réactionnaires avaient
choisi pour candidatM. Pouyer-Quer-
tier, battu au renouvellement partiel
de janvier dernier dans la &iile-Infé-
rieure, et ce choix était assez habile,
- car 1\1. Pouyer-Q'jertier a été ministre
de la République sous le gouverne-
ment de M. Thiers ; en politique, ce
n'est pas un fanatique et, dans un mo-
ment où les questions économiques
prennent jepas sur les autres, les pro-
tectionnistes étaient sûrs d'avoir en
hlinin infatigable champion. Cepen-
dant, là aussi, c'est le candidat répu-
blicain qui est élu, non plus à dix
voix, mais à soixante voix de majo-
rité.
L'intérêt de ces constatations ne ré-
side pas seulement dans le résultat des
élections. Il est bien plutôt dans ce
fait que, par suite de la constitution
du collège électoral sénatorial, ces
élections doivent être considérées com-
me la résultante du mouvement poli-
tique qui s'accomplit incessamment
dans le pays. Pour que la majorité qui
vient de nommer les nouveaux séna-
teurs ait grossi dans d'aussi fortes
proportions depuis six ans, il a fallu
que la République ait fait dans les
conseils municipaux et dans les con-
seils généraux de larges conquêtes, et
que le pays se soit progressivement,
et sans relâche, éloigné des monar-
chistes avérés aussi bien que de ceux
qui cherchent à dissimuler leur quali-
té et à se présenter en simples con-
servateurs. Ce n'est peut-être pas très
encourageant pour ceux qui caressent
la chimère de la République conser-
vatrice, et cela doit nous rassurer sur
les chances de succès de leur tenta-
tive.
.L:e .A..Á.À t.: olxjUJuJLi puUiierti demain ia
le Chronique n, par M. Paul Ginisty.
LES SCRUTINS D'HIER
CALVADOS
Inscrits : 1,179. - Votants: 1,161.
MM. Turgis, conseiller général,
républicain. 788 Elu.
Thomine Desmazures, maire
de Mouen, réactionnaire.. 370
[11 s'agissait de remplacer le vicomte de
Saint-Pierre, républicain, décédé. Aux élec-
tions de janvier 1885, MM. Edouard Bocher,
monarchiste, et le vicomte de Saint-Pierre,
républicain, tous deux sénateurs sortants, fu-
rent élus au premier tour de scrutin par 665
et 635 suffrages. Au troisième tour; M. Laval-
ley, républicain, était élu par 589 voix contre
556 à M. Paulmier, réactionnaire, sénateur sor-
tant.]
EURE
MM. le docteur Guindey, conseil-
ler général républicain. 558 Elu.
Pouyer- Quartier, président
du conseil général del'Eure
ancien sénateur de la Seine-
Inférieure, réactionnaire.. L97
[Il s'agissait de remplacer le général Le-
cointe, républicain, décédé. Le général Le-
cointe avait été élu, au renouvellement de
janvier 1885, par 533 voix contre 523 au duc de
Broglie, sénateur sortant.]
SEINE-ET-MARNE
MM. Chazal, ancien payeur du
Trésor, républicain radi-
cal JiOO
Benoist, cons. génér., rép. 367
Gastelier, député, rép. rad.. 1A9
(Ballottage.)
Deuxième tour de scrutin
MM. Benoist, jép 513 Elu.
Çhazal A08
[Il s'agissait de remplacer M. Foucher de
Careil, républicain, qui est décédé au mois de
janvier dernier, peu de jours après avoir été
réélu sénateur de Seine-et-Marne, par 569 voix,
au premier tour de scrutin.]
La mort d'un candidat
(D'UN CORRESPONDANT)
Melun, 15 mars.
Hier soir, dans une réunion, à Melun, M.
Dethomas, candidat à l'élection sénato-
riale de Seine-et-Marne, s'est affaissé subi-
tement tandis qu'il développait son pro-
gramme. Plusieurs médecins présents lui
ont donné leurs soins, mais M. Dethomas
avait succombé à la rupture d'un ané-
vrisme.
M. Dethomas était né à Paris, en 18A2.
Conseiller général pour le canton de Crécy,
il fut élu député en avril 1881 par l'arron-
dissement de Meaux, en remplacement de
M. Menier, décédé. Aux élections générales
de la même année, il fut élu au second tour
de scrutin. Aux élections générales de 1885,
M. Dethomas échoua avec la liste républi-
caine contre la liste radicale.
M. Dethomas était fils de l'un des deux
chefs de la maison de banque Béchet, De-
thomas et Ce. Pendant son court passage à
la Chambre, il avait recueilli l'estime et la
sympathie de ses collègues.
M. VERGOIN A PARIS
Un sauf-conduit. — Visite au Moulin-
Rouge.
Hier soir, à six heures, on pouvait re-
marquer, sur la terrassa du café Riche,
prenant un verre de madère en compagnie
de deux amis, M. Maurice Vergoin, — oui !
M. Maurice Vergoin lui-même, — l'ancien
député boulangiste en exil volontaire à
Bruxelles.
Nous avons pensé tout d'abord que nous
étions victime d'un cas de ressemblance ex-
traordinaire. M. Vergoin, en effet, ne peut
rentrer en France qu'à la condition d'y
purger une condamnation à huit mois de
prison dont il fut frappé par la police cor-
rectionnelle en juillet 1889, étant alors ré-
dacteur en chef de la République, pour
diffamation envers M. Quesnay de Beaure-
paire, procureur général. On se rappelle
qu'il protesta contre cette condamnation et
qu'il alla se réfugier à Bruxelles. Il de-
manda son inscription au barreau de cette
ville.
— Mais oui, c'est bien moi, nous dit M.
Vergoin. Je suis arrivé de Bruxelles tout
à l'heure.
— Comment êtes-vous à Paris? Vous al-
lez vous faire arrêter.
- Il n'y a aucun danger! J'ai un sauf-
çit dO cinq jours signé du ministre
de l'intérieur, s'il vous plaît.
M. Vergoin est venu régler certaines af-
faires personnelles qui rendent sa présence
indispensable. Son voyage n'a pas d'autre
but. Il est descendu chez des amis.
Ajoutons que l'ancien député de Seine-
et-Oise n'a pas changé; un peu engraissé,
peut-être; sa santé est aujourd'hui excel-
lente.
Dans la soirée, il a passé quelques ins-
tants au Moulin-Rouse) et il ne cachait pas
son plaisir de passer quelques heures à
Paris.
LES HERBORISTES f
CHEZ M. DUCELIER
Le commerce des herboristes. — Leur
suppression. — Une réponse de
M. Lockroy.
Grande émotion dans le camp des herbo-
ristes. La Chambre va bientôt être appelée
à discuter un projet de loi sur l'exercice de
la pharmacie, déposé par M. Edouard Loc-
kroy et d'après lequel les herboristes se-
raient à peu près complètement suppri-
més.
L'article 1 h de ce projet est, en effet, ainsi
conçu :
Nul autre que les pharmaciens ne peut tenir
en dépôt, vendre ou distribuer au détail, pour
l'usage de la médecine humaine ou vétéri-
naire, aucune substance simple ou prépara-
tion à laquelle sont attribuées des propriétés
médicinales ou curatives, sauf les exceptions
inscrites aux articles 11 et 15.
L'article Il autorise les vétérinaires à
vendre les médicaments destinés exclu-si-
ment aux animaux confiés à leurs soins.
Et, aux termes de l'article 15 :
Peuvent être librement vendus par des per-
sonnes non pourvues du diplôme de pharma-
cien certains médicaments simples, d'un
usage courant, ainsi que les plantes médici-
nales fraîches ou sèches dont la liste sera in-
sérée au Codex.
Un second paragraphe déclare en outre
qu'il ne sera plus délivré de certificat d'her-
boriste.
Au premier abord, ces diverses disposi-
tions paraissent assezcontradictoires.Aussi,
nous n'avons cru pouvoir mieux faire, pour
éclairer notre religion, que de nous adres-
ser à M. Ducelier, vice-président de la
chambre syndicale des herboristes de la
Seine.
Le métier d'herboriste
—•En général, nous dit M. Ducelier, on se
fait une idée fausse du métier d'herboriste.
Nos boutiques sont modestes; les gens ai-
sés les aperçoivent à peine, et l'on nous
croit aussi inutiles que peu nombreux.
Or, nous sommes 700 à Paris et 800 en
province. Et l'on nous appelle avec raison
les pharmaciens du pauvre.
L'ouvrier qui est enrhumé et qui veut
s'offrir pour deux sous de tisane viendra
toujours chez nous plutôt que d'aller chez
le pharmacien, dont l'officine l'effraye. Car
il connaît ses prix, et il craint toujours de
se voir colloquer une potion de vingt ou
trente sous.
Avec cela, nos plantes sont généralement
mieux préparées, car nous les séchons
nous-mêmes, tandis que les pharmaciens
les achètent à des droguistes en gros qui se
les procurent eux-mêmes, prêtes à être
vendues, chez le cultivateur. L'absence
d'intermédiaires nous permet en outre de
les livrer à un prix moins élevé. -
Le comité d'hygiène
Vous voyez donc ce qu'il faut penser de
l'avis de M. Brouardel, déclarant au nom
du comité d'hygiène que nous devons être
supprimés parce que nous sommes inutiles.
Puisque nous trouvons moyen de vivre,
c'est que nous servons à quelque chose. En
tout cas, du moment où l'on ne nous repro-
che pas d'être nuisibles, et on ne l'a pas
fait, il n'y a aucune raison pour nous sup-
primer.
La vérité est que le conseil d'hygiène se
compose exclusivement de médecins et de
professeurs à l'Ecole de pharmacie. Et les
pharmaciens trouveraient très avantageux
d'élargir un privilège leur permettant d'ac-
caparer notre clientète.
On peut admettre pour chacun de nous
une moyenne d'affaires de 20,000 fr. Pour
1,500 herboristes, c'est 30 m illions que les
pharmaciens seraient heureux de voir pas-
ser dans leurs poches, cela se comprend.
Il y a quelques mois, ils avaient bien es-
sayé, par l'intermédiaire du même comité
d'hygiène, de monopoliser la vente des
eaux minérales.
Au fond de tout cela, il n'y a donc, à mon
avis,qu'une vulgaire question de boutique.
Un piège
L'article 15 dit bien que le premier venu
pourra vendre certains médicaments sim-
ples et certaines plantes médicinales dont
la liste sera insérée au Codex.
Je suis convaincu que cette disposition
cache un piège.
Les plantes les plus simples et les plus
courantes sont précisément celles qu'il est
le plus facile de confondre avec des plantes
dangereuses.
Ainsi on peut confondre la belladone et
la chicorée, la grande ciguë avec le cer-
feuil, la petite avec le persil, la digitale
avec la bourrache, le datura avec l'erysi-
mum ou herbe aux chantres, etc.
Le tribunal de Lille vient même de con-
damner un pharmacien qui avait commis
cette dernière erreur au préjudice de Mlle
Vallier. »
Actuellement, nul ne peut s'établir her-
boriste s'il n'a obtenu un certificat délivré
par l'Ecole de pharmacie à la suite d'un
examen très sérieux sur l'art de distinguer
les plantes.
Ce diplôme supprimé, le dernier des épi-
ciers vendra les plantes autorisées. Il se
produira forcément des erreurs et des ac-
cidents, et les pharmaciens en profiteront
pour faire rapporter la disposition transi-
toire de l'article 15 du projet Lockroy.
Comme vous voyez, c'est très habile.
Un fait, du reste, vous édifiera sur les
conditions dans lesquelles ce fameux pro-
jet de loi a été inspiré à son auteur.
Il y a quelques jours, nous sommes allés
exposer nos doléances à M. Lockroy, qui a
paru fort étonné et nous a dit textuelle-
ment : « Mais, messieurs, je vous croyais
d'accord avec ces messieurs de l'Ecole de
pharmacie. »
Non, nous ne sommes pas d'accord avec
l'Ecole de pharmacie. Au contraire, nous
demandons qu'on nous laisse vivre tran-
quillement; nous ne portons préjudice à
personne et nous espérons que la Chambre,
mieux éclairée, nous donnera la satisfac-
tion que nous attendons, en s'opposant à
une suppression que rien ne justifie.
MYSTÉRIEUSES PROMENADES
DE PIONNIERS ALLEMANDS
(DB NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Mulhouse, 15 mars.
Depuis quelques jours de nombreux dé-
tachements de pionniers allemands, com-
mandés par des officiers supérieurs, sil-
lonnent en tous sens les campagnes et les
montagnes des environs de Ouebwiller,
Thann et Munster.
Ces promenades mystérieuses ont éveillé
la curiosité publique et n'ont pas été sans
I causer quelque étonnement. «
Malgré .les mesures prises par les autori-
tés militaires pour cacher le but de ces ex-
cursions, je crois qu'il s'agit de relever
tous les chemins construits nouvellement
par le club des Vosges et d'en apprécier la
valeur et l'importance stratégiques.
Des reconnaissances de ce genre ont déjà
été poussées avant-hier jusqu'à la frontière.
Les pionners ont même suivi la ligne de
démarcation sur un parcours de plusieurs
kilomètres sans avoir été aperçus par les
Français.
Dans deux jours, les mêmes excursions
seront entreprises par Munster jusqu'à la
frontière.
LE SUCCESSEUR
DE M. D'AUBIGNY
Un décret publié à l'Officiel d'hier diman-
che charge M. de Reversaux, ministre plé-
nipotentiaire en disponibilité, de l'agence
et du consulat général de France au Caire,
en remplacement de M. d'Aubigny, qui est
mis à la disposition du ministre des affai-
res étrangères.
M. Ribot aurait tenu la gageure de choisir,
pour nous représenter au Caire, le diplo-
mate français connaissant le moins les af-
faires d'Egypte, qu'il n'eût certainement
pas agi autrement.
Il semble que ce soit un parti pris au mi-
nistère des affaires étrangères de se pré-
munir contre les difficultés par l'insuffisance
de ses représentants.
Ce système nous a procuré jusqu'ici d'as-
sez tristes résultats pour qu'on puisse sans
témérité en essayer un autre.
M. Ribot, qui s'était donné la peine de
chercher un homme énergique pour dé-
fendre auprès du gouvernement du Chili
les intérêts particuliers de M. Dreyfus, au-
rait pu facilement trouver un diplomate
plus autorisé que M. de Reverseaux pour
aller défendre les intérêts de la France
contre les intrigues de l'Angleterre et les
menées du juge Scott.
Et les raisons d'un tel choix nous parais-
sent aussi inexplicables que la précipita-
tion inusitée avec laquelle il a été fait.
LE PRINCE NAPOLEON
Un commencement de retour à la vie.
— Rechute à craindre.
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Rome, 15 mars.
Au moment où les journaux du monde
entier con acrentdes articles nécrologiques
au prince Napoléon, celui-ci revient tout
simplement à la vie.
La nuit a été bonne. A deux heures, ce
matin, le prince s'est réveillé et a dit à sa
sœur, la princesse Mathilde, qui veillait :
« Je me sens mieux, je ne suis plus le
même qu'hier. »
Puis le malade continua à dormir tran-
quillement. Ce matin, l'amélioration per-
siste. La respiration est devenue absolu-
ment normale. La matinée a été très
calme.
Le docteur Bacelli a dit, à onze heures,
au roi :
— Je suis plein d'espoir. Les injections
d'éther, de chloroforme et de strychnine
ont causé un grand bien au malade.
Lorsque le docteur Bacelli a dit à la prin-
cesse Clotilde que l'amélioration sensible
qui s'était produite modifiait absolument
les prévisions pessimistes des jours précé-
dents et permettait de nouveau de croire à
un miracle possible, la princesse s'est jetée
dans les bras du prince Victor.
La scène était emouvante. Tous les mem-
bres de la famille présents, y compris le roi,
ne pouvaient cacher leur émotion.
Cependant, les docteurs reconnaissent
que, après toutes les phases par lesquelles
a passe le malade, la moindre complication
pourrait amener une catastrophe subite.
Le malade se reprend à boire du bouil-
lon. Hier et aujourd'hui il a demandé à
manger, disant à son valet de chambre
Edouard : — Je veux du solide. Mais il lui
est impossible d'avaler.
Les douleurs atroces que le prince en-
durait ces derniers jours sont bien moins
vives ce matin.. Il causé d'une voix très
claire avec le roi, et aussi avec M. Hébert,
membre de l'Académie de France, et le
comte Joseph Primoli.
Le prince et le roi Humbert
En souhaitant sa fête au roi, le prince Na-
poléon a trouvé des paroles émues pour le
remercier des témoignages d'affection qu'il
lui a donnés.
« Je suis heureux,a-t-il ajouté,de vous ex-
primer tous mes souhaits, mais je sens que
ce sont mes derniers vœux."
Tout le monde admire l'empressement
affectueux du roi. C'est lui qui donne du
courage aux princesses.
La princesse Clotilde
La conduite de la princesse Clotilde est
vraiment admirable. Depuis le commence-
ment de la maladie, elle a passé presque
toutes les nuits. On raconte que, en rece-
vant, à Moncalieri, la dépêche de son frère
disant que l'état du prince Napoléon était
grave, elle se rendit aussitôt chez le cardi-
nal Alimonda, disant qu'elle avait fait vœu
de ne jamais aller à Rome, mais que ses
devoirs (l'épouse l'obligeaient à manquer
à sa promesse. Le cardinal l'approuva, en
disant que ce n'était pas faillir à ses pro-
messes que d'aller seulement au chevet de
son mari, et il l'obligea à partir immédia-
tement.
Le roi a pris à sa charge tous les frais de
séjour du malade et de sa famille à Rome.
Aggravation de l'état du malade
Rome, 5 heures, soir.
Les battements de cœur ont repris. Les
médecins viennent d'accourir ; ils sont au-
près du malade. Toute la famille, réunie à
l'hôtel de Russie, attend avec anxiété la fin
de la consultation.
7 heures soir.
Les pulsations, de 86 sont arrivées à 108.
Les forces diminuent. Le malade est très
agité.
Le chanoine Puyol vient d'être introduit
auprès du malade.
DERNIÈRE HEURE
En présence des altérations cardiaques
que l'on constate, les médecins considèrent
l'imminence du danger comme ayant re-
paru.
Le prince a profité d'un moment de trêve
dans ses souffrance pour recevoir le baron
Brunet.
Le roi fera une nouvelle visite à son beau-
frère ce soir.
CHRONIQUE
II paraît que les garçons de café vien-
nent d'adresser au comité de la chambre
syndicale des restaurateurs et limona-
diers du département de la Seine une
pétition dans laquelle ils demandent
qu'on leur permette de porter toute leur
barbe et même, si tel est leur bon plaisir,
la moustache.
Ils appuient leur demande d'arguments
présentés sous une forme terriblement
solennelle : « La moustache, disent-ils,
n'est plus, comme dans la première moi-
tié de ce siècle, le signe d'un caractère
belliqueux, et le manque de soins est ré-
pugnant avec une barbe quelconque.
L'habitude seule nous condamne aux fa-
voris, et personne ne soutiendra qu'une
habitude qui pèse fâcheusement sur des
milliers d'hommes doive être à jamais
conservée : le soutenir serait nier le pro-
grès. »
Je n'ai pu lire cette pétition sans me
rappeler un des incidents de ma stu-
dieuse jeunesse qui ont eu le plus d'in-
flence sur ma vie. C'était en 1852 ou 1853,
je ne me rappelle plus au juste. M. For-
toul était alors ministre de l'instruction
publique et ne savait qu'imaginer pour
tracasser les pauvres professeurs, qui
étaient tous affreusement suspects de
libéralisme et de voltairianisme. C'était
chaque jour quelque nouvelle circulaire
où l'on nous chargeait de quelque en-
nuyeuse besogne.
Voilà qu'un jour il en arrive une où
l'on nous dit que la barbe est un insigne
essentiellement démagogique, qu'un
professeur ne saurait enseigner les bons
principes avec une barbe et que nous
eussions tous à la raser, sans miséricorde.
On nous accordait huit jours pour accom-
plir ce sacrifice. -
Je n'étais pas déjà, avec ma barbe, ce
qu'on appelle joli, joli; mais sans barbe,
je n'ose pas dire à quoi mon visage res-
semblait. La maligne nature avait de plus
creusé dans mon menton une fossette, ou
plutôt un énorme fossé, dont la significa-
tion était, d'après Lavater, des plus folâ-
tres et des plus compromettantes.
Et puis, que voulez-vous? en ce temps-
là, j'étais animé de l'esprit de contradic-
tion. Il suffisait que le ministre m'ordon-
nât de me couper la barbe pour que j'y
tinsse cent fois davantage. Je ne puis
m'empêcher de rire aujourd'hui, en son-
geant à la colère dont je fus saisi quand
j'appris que ma barbe devrait, par ordre,
tomber sous le rasoir.
Je devins sombre et roulai dans ma
jeune cervelle de furieux projets de ré-
bellion. Comme, au fond, je suis très gai,
le naturel reprit le dessus, et je me con-
tentai d'écrire au recteur une supplique
à l'effet d'obtenir la permission de garder
sur mon visage l'ornement dont la na-
ture m'avait gratifié. Je dois avouer que
la supplique était quelque peu tournée à
la blague et d'un style charivarique. Elle
amusa beaucoup mes collègues, qui pouf-
fèrent de rire ; elle est depuis passée dans
l'Université à l'état de légende. Mais le
recteur prit fort mal la chose : il adressa
un rapport foudroyant au ministre, qui
me révoqua net. Je fus envoyé en dis-
grâce au collège de Lesneven, où j'eus du
moins cet avantage, c'est que les prêtres
qui le gouvernaient ne s'inquiétèrent
point de ma barbe, et je pus la garder en
dépit des circulaires ministérielles que
ces messieurs affectaient d'ignorer. C'est
de ce jour que commencèrent mes que-
relles avec l'Université, qui devaient abou-
tir plus tard à une rupture définitive.
Il en fut du reste de cette. prescription
du ministre comme de tant d'autres : au
bout de six mois, on n'y pensa plus, elle
tomba en désuétude; chacun se reprit à
porter la barbe comme il l'entendait, à
l'accommoder de son mieux au tour de
son visage, et les classes n'en furent ni
plus mal ni mieux faites.
Je n'ai jamais bien compris quel inté-
rêt il pouvait y avoir à imposer une
obligation de ce genre à un corps de mé-
tier quelconque. Pourquoi exige-t-on que
les magistrats et les avocats n'aient que
des favoris en côtelettes? Je devrais dire:
pourquoi exigeait-on ? Car le règlement
s'est sur ce point beaucoup relâché de sa
rigueur. Une partie du jeune barreau
porte aujourd'hui la barbe ou la mous-
tache, et les présidents ferment les yeux.
On m'assure même que certains juges
n'apportent plus à l'audience un menton
glabre, et la justice n'en est pas plus mal
rendue. On ne voit pas en effet ce qu'un
menton glabre peut ajouter de lumière ou
d'esprit d'équité à un magistrat sur son
siège. On ne voit pas davantage ce qu'une
barbe ou une moustache pourrait lui en-
lever d'intelligence ou de force d'atten-
tion.
C'est un simple préjugé et qui va, ce
semble, contre la nature des choses. Car
la barbe étant par tout pays le signe de la
virilité, il est tout naturel que des hom-
mes, dans les fonctions où ils ont à faire
preuve des qualités particulières à leur
sexe, la déploient et l'étalent. Est-ce
qu'un magistrat orné d'une belle barbe
blanche n'impose pas plus de respect et
n'a pas plus de prestige qu'avec le
menton rasé, qui est l'apanage des fem-
mes?
J'en dirai autant des prêtres. Ceux
d'Orient ont gardé le port de la barbe.
Est-ce qu'ils n'ont pas l'air plus vénéra-
ble que leurs collègues d'Europe ? J'ai eu
l'honneur de causer avec le coadjuteur
de Mgr de Lavigerie, l'abbé Charmottau ;
je vous assure que sa superbe barbe noire
ne déparait point sa figure, qu'elle don-
nait même plus d'autorité à sa parole.
Je ne vois guère que l'acteur pour qui
le menton rasé soit une nécessité de pro-
fession.Comme il doit tous les soirs revêtir
un nouveau personnage, il est bien obligé
de garder son menton prêt à s'affubler
de la barbe postiche qu'exigera son rôle.
Mais les garçons de café et même les
domestiques, pourquoi les condamner à
cet uniforme du menton rasé, qui sou-
vent ne va pas du tout à leur physiono-
mie. Il y a quelques années, j'ai eu pour
domestique un grand diable, ancien sol-
dat, qui avait gardé une énorme barbe
de sapeur.
Il n'eût consenti à la couper ni pour or
ni pour argent ; elfcî lui encadrait admi-
rablement isT figure, qu'il avait très éner-
gique. Cette barbe était un sujet perpé-
tuel de plaisanteries. On s'étonnait que je
ne la fisse pas tomber :
— Mais, disais-je, voilà un garçon qui
me sert très bien ; il n'a qu'un plaisir au
monde, c'est sa barbe. Pourquoi voulez-
vous que je l'en prive? Il sera de mau-
vaise humeur, il fera mal le ménage ; la
belle avance pour moi !
— Mais il n'a pas l'air d'un domesti-
que.
— Eh mais, répondais-je, c'est peut-
être pour n'avoir pas l'air d'un domesti-
que qu'il tient à sa barbe.
Tenez! je retrouve ce sentiment expri-
mé dans la pétition des garçons de café :
« Nous sommes poussés, disent-ils, par
le souci de notre dignité. Quel que soit
l'échelon de la pyramide sociale où l'hom-
me est placé, il doit avoir le sentiment
de sa dignité de citoyen, et ce sentiment
est au plus haut degré respectable, car il
est la source la plus féconde de probité,
d'honneur et de patriotisme. Or, la digni-
té du citoyen repousse avec horreur le
joug du caprice et de l'arbitraire. »
Ce sont peut-êtrelà de bien grands mots;
mais au fond ces braves gens ont raison.
et vous je assure que je m'habituerais à
voir, sans en être scandalisé, ma tasse de
café apportée et servie par un bipède orné
de toute sa barbe.
Francisque Sarcey.
CIRCAUD-PELLORCE
Nous apprenons qu'une information a été
ouverte il y a quelque temps déjà par la
parquet sur les agissements de Pellorce, loi
filou bien connu.
Le juge chargé de l'instruction est M.
Privet, qui a déjà fait citer plusieurs té-,
moins.
On nous assure d'autre part que plu-
sieurs plaintes ont été déposées, au sujet
des Placers de la Haute-Italie, contre M.
Edgar Circaud qui, il y a un mois à peine,,
dans sa circulaire, recommandait l'achat
de cette valeur à 630 francs en annonçant
le cours prochain de 900 francs.
Les Plaoers de la Haute-Italie sont au-
jourd'hui cotés 130 francsquand ils le sont.
LES MEFAITS
DU « PETIT JOURNAL D
RENDEZ L'ARGENT!
L'opinion d'un homme du peuple. — Les
lecteurs sont des amis..
Jamais dans aucune campagne un jour-
nal n'a été encouragé, soutenu, aidé comma
l'est le XIXe Siècle dans sa campagne con-
tre les méfaits du Petit Journal.
Dans cette campagne, nous ne sommes
que les porte-voix du public, les interprè-
tes de son indignation contre le journal qui
l'a trompé et qui le trompe encore chaque
jour.
Parmi les nombreuses lettres qui nous
arrivent chaque jour et qui, pour la plu-
part, contiennent des observations d'un ad-
mirable bon sens, nous en avons reçu une,
il y a quelques jours, que nous croyons de-
voir publier aujourd'hui parce qu'elle nous
paraît très bien résumer la question brû-
lante de la publicité par la presse, qui a été
discutée avant-hier à la Chambre et qui l'é-
tait hier dans plusieurs journaux.
La question des annonces
Voici cette lettre, qui nous a été écrite à
propos d'un article dans lequel le Petit.
Journal essayait de se dégager de toute res-
ponsabilité dans les affaires Berneau-Macé ;
Monsieur le rédacteur en chef,
Voulez-vous permettre à un homme du
peuple, lecteur assidu de votre excellent jour-
nal, de vous adresser l'article du Petit Journal
du 19 février 1891, intitulé : Les Berneau, et de
vous présenter à ce sujet quelques observa-
tions dont vous ferez tel usage qu'il vous
plaira ?
Dans cet article, M. Jean-sans-Terre dit, en
substance, que « Berneau a berné ses clients
et qu'ils n'ont rien à dire », que les prêteurs
de Berneau sont ses complices, et enfin que les
annonces des journaux ne sont pour rien dans
ces sortes de choses.
Sans plaindre toutes les victimes de Berneau
dit Macé, en dehors de certaines considéra-
tions, n'existe-t-il pas dans ces sortes de si-
tuations un contrat passé entre deux person-
nes, l'une déposante, l'autre dépositaire -
conditions à remplir de part et d'autre — con-
ventions et engagements signés par les deux
parties — contrat réel — donc contrat qui
doit être observé ?
Parmi les déposants, il s'est trouvé certai-
nement (et j'en connais) de très honnêtes tra-
vailleurs qui ont confié leurs petites écono-
mies péniblement amassées, parce qu'on leur
promettait un intérêt séduisant — intérêt qui
devait adoucir les difficultés de leur vie et de
leur petite famille. Ces braves gens ont agi
de bonne foi, ignorants qu'ils sont des choses
de la finance: c'est d'ailleurs à ceux-là que
les Berneau s adressent de préférence.
En vérité, ces prêteurs-là ne sont pas com-
plices, et ils ont le droit de se plaindre !
Ils ont le droit de se plaindre des Berneau
et des annonces.
Qu'est-ce qui a invité nos travailleurs à cetta
opération ? Quel a été le phare séducteur et
indicateur? C'est l'annonce du journal. Quel
pavillon a couvert ce phare et a inspiré con-
fiance en lui? C'est le titre du journal qui
présentait l'annonce à ses lecteurs.
Il faut ouvrir l'œil pour ces annonces, nous
dit M. Jean-saiis-Terre; mais s'il faut se défiée
des annonces, pourquoi croire le reste?
Il y aurait donc dans le journal trois pages
vraies et une quatrième fausse ?
Ceci est inacceptable; le faux ne doit pas
paraître à côté du vrai.
Que le journal l'indique alors en gros carac-
tères : Choies vraies — Choses fausses ! Les
unes feront tort aux autres, et le journal sa.
discréditera.
L'affichage par la presse est très grave. H
faut considérer que les lecteurs d'un journat
ont confiance dans leur journal. 1
Evidemment, comme le dit encore M. Jean-
sans-Terre, ni les porteurs ni les vendeurs
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