Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1891-03-14
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 14 mars 1891 14 mars 1891
Description : 1891/03/14 (A21,N6998). 1891/03/14 (A21,N6998).
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 29/04/2013
Vingt-et-imiémë ahcféeT — N* 6,968 CINQ Centimes - Paris et Départements — C&l&Q CeHtilD.eS SAMEDI 1JI MARS 1891 ;
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JOURNAL RÉPUBLICAIN
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LA QUESTION
ÉCONOIIIOUE
Sur la demande de la commission
des douanes, la Chambre a décidé à
une forte majorité de commencer de-
main la discussion de notre régime
économique, bien que beaucoup de
rapports spéciaux ne soient pas en-
core déposés et que l'on n'ait, par
conséquent, qu'une partie des élé-
ments d'information dans cette grave
affaire. La majorité a suivi M. Mé-
line, qui paraît avoir autant d'auto-
rité sur ses collègues comme écono-
miste qu'il en avait peu comme pré-
sident. M. Méline a déclaré que les
rapports spéciaux déjà distribués suf-
fisaient pour que la discussion géné-
rale pût s'engager. Et puis, la Cham-
bre n'est-elle pas en possession du
rapport général, qui est l'oeuvre de
M. Méline lui-même et où les doctri-
nes de la majorité de la commission
sont exposées ?
La Chambre s'est déclarée convain-
cue, et l'empressement avec lequel elle
a voté suivant les désirs de M. Méline
est bien fait pour inspirer quelque
inquiétude. L'accord qui s'est établi
sur cette question d'ordre du jour
entre une majorité dans la Chambre
et la majorité de la commission se
maintiendra-t-il jusqu'au bout? La
majorité de la Chambre acceptera-t-
elle docilement les surprenantes affir-
mations du rapport de M. Méline et
ne se laissera-t-tlle pas troubler par
les contradictions dont il est éniaiilé ?
M. Méline prend soin de nous dire
qu'il n'est par un doctrinaire. Soin
Superflu ! Il suffit de lire son œuvre
pour s'en apercevoir. Il n'est pas une
de ses assertions qu'il n'ait lui-même
réfutée deux lignes plus loin. Cepen-
dant son intention évidente a été de
démontrer que la France a été ruinée
par les traités de commerce et que la
Situation brillant e .dans laquelle nous
nous trouvions en 1859, avant les
traités, a fait place à une situation de
plus en plus difficile. C'est en vain
que tous les indices de la situation
économique du pays s'accordent à
prouver le développement de notre
fortune publique, que nous voyons
notre industrie se développer, notre
chiffre d'affaires avec l'étranger s'ac-
croître, notre créd t s'affirmer, notre
prépondérance industrielle recevoir
une consécration nouvelle de tous les
concours internationaux. Vain mi-
rage que tout cela 1 Le régime de li-
berté commerciale n'a, nous assure-
t-on, produit que des désastres, en-
tassé que des ruines, et il faut se hâ-
ter de revenir à une autre méthode."
Cette autre méthode, c'est la pro-
tection. La commission n'a pas pu
l'appliquer dans toute sa rigueur. Elle
a dû faire violence à ses sentiments
pour ménager, dans une mesure bien
imparfaite, les divers intérêts en pré-
sence, et c'est par là que le manque
de doctrine s'affirme. Mais une théo-
rie nouvelle se produit, celle quç la
protection industrielle et agricole
aboutira à l'abaissement du prix des
produits et au soulagement du con-
sommateur. Il faut citer textuelle-
ment : « Le mouvement, dit M. Mé-
line, ne se fera pas seulement au pro-
fit des producteurs ; il se fera aussi
au profit des consommateurs, et c'est
ainsi que les deux intérêts arriveront
à se concilier. Le développement de
la production, activant le jeu naturel
de la concurrence intérieure, tendra
sans cesse à abaisser le prix des pro-
duits et à le maintenir à un niveau
raisonnable. »
- En toute humilité, nous avouons
que nous ne comprenons pas. Si le
producteur est protégé par les droits
de douane contre la concurrence
étrangère, il nous paraît évident qu'il
élèvera ses prix. S'il se considère com-
me incapable de rivaliser de bon mar-
ché avec la concurrence étrangère, ce
n'est sans doute pas pour se ruiner
lui-même, en abaissant ses prix, lors-
qu'il sera débarrassé de cette concur-
rence, et le consommateur fera bien
de ne pas accepter sans réserve les
assertions optinlistes de M. Méline,
lequel est vraiment trop conciliant.
Ce n'est pas seulement le raisonne-
ment qui proteste contre cette alléga-
tion. Est-ce que nous ne savons pas
que les traités de 1860 ont fait bais-
ser le prix d'une quantité de mar-
chandises ? Est-ce que nous ne voyons
pas, à l'heure actuelle, que le droit
de 5 francs sur les céréales a pour
effet de provoquer une différence
constante de 5 francs entre les cours
de Paris et ceux de Londres, ce qui,
pour une famille normale, constitue
"wie surcharge annuelle de AO à 50
francs?
Les affirmations de M. Méline se
trouvent contredites encore par un
document officiel. Le projet de budget
pour 189^ augmente de plus de cinq
1 millions les crédits destinés aux
achats de viande fraîche et de diver-
ses denrées pour le ministère de la
rre, et l'exposé des motifs expli-
que cette augmentation est due
*i au^renchérissement que peut susci-
ter, dans une certaine mesure, le relè-
vement des droits de douane. » C'est
une dizaine de francs d'augmentation
de dépenses par tête de soldat. Multi-
pliez par cinq pour la famille nor-
male, voilà encore cinquante francs
de surcharge pour le consommateur.
On nous dit que le relèvement des
droits de douane aura pour effet d'al-
léger les charges financières qui pè-
sent sur nous, et cette assertion paraît
avoir tout juste autant de valeur que
les autres. Nous voyons bien la sur-
charge que le tarif défendu par M.
Méline va imposer au consommateur,
c'est-à-dire à l'immense majorité des
Français. Nous voyons bien l'avan-
tage que le producteur en retirera sur
les produits qu'il fabrique, sauf à le
reperdre, et bien au-delà, sur ceux qu'il
consomme; mais nous ne parvenons
pas à voir quel allégèment il nous pro-
curera, car, en admettant que la plus-
value des droits de douane permît de
dégrever d'autres impôts, ce ne serait
qu'un déplacement, comme celui qui
va se produire par la suppression de
l'impôt sur la grande vitesse dont le
relèvement escompté des droits de
douane fait les frais.
On ne veut plus de traités de com-
merce, et il paraît presque impossible,
pour le moment, de ne pas modifier
notre régime économique. Mais on
voit, par ces quelques observations,
combien il serait imprudent d'accep-
ter sans examen les assertions du rap-
porteur général de la commission, et la
Chambre a une grande tâche à accom-
plir pour ménager les divers intérêts
en présence. Puisse-t-elle ne pas être
trop inférieure à cette tâche et ne pas
compromettre, par excès de zèle, une
situation qui, malgré les affirmations
de M. Méline, persiste à avoir toutes
les apparences de la prospérité,,--=_
Le XIX" SliiGLE publiera demain la
a Chroniaue », par Francisque Sarcey.
LA MALADIE DU PRINCE NAPOLÉON
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Rome, 12 mars.
Ce soir, la maladie suit son cours. Des or-
dres sévères sont donnés pour empêcher
toute indiscrétion sur ce qui se passe à l'hô-
tel de Russie. On n'y recevra plus de visites
autres que celles de la famille.
Quelques démentis
Je vous autorise, cependant, à démentir
la nouvelle donnée par le Fanfulla que la
princesse Clotilde aurait été reçue mardi
en audience privée par le pape, ainsi que
toutes les histoires relatives au testament
du prince Napoléon, qui débuterait ainsi :
« Je meurs en libre-penseur. » Personne ne
connaît le contenu de ce document.
On m'assure que le prince Victor est en-
tré aujourd'hui dans la Chambre de son
père avec le prince Gabrielli.Ils y sont restés
seulement quelques minutes. On a fait cette
remarque que, depuis mardi soir, où il a
vu son père pour la première fois, le prince
Victor ne s'est pas retrouvé seul avec lui.
Le prince Napoléon se fait communiquer
les dépêches de son fils Louis, qui est at-
tendu aujourd'hui.
Une nouvelle phase du mal
7 heures du soir.
Les médecins ont été mandés subite-
ment, en raison de symptômes qui faisaient
croire à une aggravation.
Pendant la consultation, le roi, la reine,
le prince Victor, la princesse Mathilde sont
accourus à l'hôtel.
Le docteur Bacelli vient de dire que les
forces diminuaient, mais qu'il n'y avait
pas péril immédiat. Il laisse néanmoins
entrevoir que l'espoir qu'il avait mardi de
sauver le malade est bien amoindri;
Dernière heure
L'état du prince Napoléon a empiré. Il est
survenu des complications intestinales, ce
qui, dans son état, est grave.
La consultation des médecins ne laisse
plus guère d'espoir.
DISPARITION D'UN BANQUIER
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Bordeaux, 12 mars.
Il n'est bruit que de la disparition du
directeur d'une maison de banque qui avait
la spécialité des prêts sur titres. Il est in-
trouvable depuis dimanche. Il aurait filé en
Espagne en emportant un paquet respecta-
ble de valeurs.
Le disparu était en constantes relations
d'affaire- avec une maison située rue de
Port-Mahon, à Paris.
LE CHATEAU DE MARY-RAYNAUD
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Versailles, 12 mars.
Le château de Mary-Raynaud, sis à Biè-
vres, canton de Palaiseau, dont la mise à
prix était de A0,000 francs, a été adjugé au-
jourd'hui à M. Loyer, aatiquaire à Paris,
boulevard Saint-Germain, pour la somme
de 80,300 francs, par l'intermédiaire de Me
Pellerin, avoué.
ATTENTATS AUX MŒURS
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Libourne, la mars.
Le parquet de Libourne s'est transporté
hier à l'orphelinat de Coubeyrac. Des at-
tentats à la pudeur auraient été commis
sur des enfants par les frères de la société
de Marie qui dirigent l'établissement.
L'instruction, qui sera longue, se conti-
nuera demain et les jours suivants. Cette
affaire a causé un grand émoi dans la con-
trée,
HISTOIRE D'UN KRACH
LE SAUVETAGE DE LA « SOCIETE
DE DÉPOTS»
Les hésitations du Crédit lyonnais. —
Les arguments de M. Rouvier. — Un
bon mot de M. Magnin.
La journée d'hier a pleinement confirmé
les renseignements que nous avions don-
nés sur la situation de la Société de dépôts
et de comptes courants et sur les efforts
tentés pour la sauver.
Ces efforts, disons-le tout de suite, ont eu
pour résultat d'assurer le remboursement
intégral des dépôts, qui n'atteignent pas, on
le sait, 80 millions.
Si le chiffre des dépôts avait été plus
élevé, le résultat eût-il été-le même? Il est
permis d'en douter.
Quoi qu'il en soit, nous croyons que les
lecteurs du XIxe Siècle nous sauront gré
de mettre sous leurs yeux le récit des con-
ditions dans lesquelles le sauvetage de la
plus ancienne de nos sociétés de dépôts a
pu être opéré.
Premières inquiétudes
Il y a huit jours, à la suite de retraits de
dépôts assez importants, le conseil d'ad-
ministration prit peur, et décida, pour hâter
les projets de reconstitution qui depuis
longtemps déjà étaient à l'étude, de s'a-
dresser à un ou deux établissements de
crédit susceptibles d'apporter l'aide dont
la Société de dépôts et comptes courants
avait le plus urgent besoin.
Ses membres se partagèrent cette tâche
ingrate :
Le baron Poisson alla trouver M. de Sou-
beyran ; un autre, la Société Marseillaise.
M. Maurice Aubry se rendit près de M. Ber-
ger, vice-président du Comptoir national
d'escompte. Un quatrième pria le Crédit
lyonnais d'intervenir. M. Delahante vit M.
Sautter, de la Banque de Paris et des Pays-
Bas. Bref, chacun donna de sa personne.
Tous rencontrèrent des bonnes volontés la-
tentes, mais impuissantes à secourir effica-
cement, faute d être groupées, l'établisse-
ment en péril.
Il y a quatre jours, on crut un instant
qu'une fusion avec la Société marseillaise
avait quelque chance d'aboutir. M. Rey, di-
recteur de cette Société, serait devenu dans
ce cas président de la Société de dépôts et
de comptes courants reconstituée. Maison
revint vite de cette illusion. Un examen
attentif de la situation fit renoncer à cette
combinaison, qui fournit à M. de Soubey-
ran, auteur du projet, l'occasion de faire
un joli mot, très approprié à la Banque
d'escompte :
— Je prendrais bien les dépôts, dit-il,
mais pas les comptes courants.
Intervention du ministre des finances
A partir de ce moment, les événements
se précipitèrent.
M. Rouvier fut mis au courant de la ca-
tastropne qui allait survenir. Il appela près
de lui deux ou trois banquiers avec les-
quels il est intime, et il leur demanda
ce que chacun d'eux voulait faire pour ten-
ter de sauver la Société de dépôts et de
comptes courants, dont le krach eût inévi-
tablement entraîné celui d'autres établisse-
ments de dépôts.
Il fut résolu qu'une avance serait faite sur
les meilleures valeurs de son actif. Une en-
trevue hâtive eut lieu. Le Crédit lyonnais
et le Comptoir national d'escompte avan-
cèrent 1.500.000 francs dans la journée de
mercredi, et, le soir, une réunion de ban-
quiers eut lieu au ministère des finances.
Il n'y fut rien décidé de précis.
Hier matin, laSociété de dépôts et de comp-
tes courants ouvrait ses guichets avec qua-
tre millions en caisse, et il fallait faire face
à 76 millions de dépôts exigibles sur
l'heure !
Il y avait, dès dix heures du matin, 300
personnes environ dans le grand hall, ve-
nant retirer leurs dépôts.
A la même heure, deux banquiers très
connus, M. Denormandie et M. Mazerat, di-
recteur du Crédit lyonnais, se rendaient
chez M. Magnin, gouverneur de la Banque
de France, pour lui dire que, sans le secours
de celle-ci, la place de Paris était menacée
d'un krach épouvantable.
M. Magnin répondit qu'il ne pouvait
prendre sur lui d'apporter un concours
qu'il n'appartenait qu'au conseil des régents
de donner, mais il promit de se rendre à
onze heures et demie au ministère des fi-
nances où M. Rouvier avait convoqué tous
les chefs des grandes institution de cré-
dit.
Là, il fut décidé, après de nombreuses
tergiversations et quelques hésitations dont
il serait facile d'expliquerles motifs, qu'une
avance de 60 millions serait consentie par
la Banque de France et le Crédit foncier, à
la condition que les établissements finan-
ciers représentés à la conférence garanti-
raient la Banque de France et le Crédit fon-
cier, jusqu'à concurrence de quinze mil-
lions, soit 25 0/0 de la somme à avancer,
contre toute perte possible.
Quelques banquiers présents objectèrent
qu'ils ne pouvaient sans autorisation de
leur conseil d'administration accepter une
pareille responsabilité, entre autres M.
Mazerat qui fit observer que M. Germain
était à Nice.
« — Je me moque bien que M. Germain
soit à Nice, dit M. Rouvier. Le Crédit lyon-
nais n'est pas à Nice, il est à Paris, et vous
en êtes le directeur. Ne voyez-vous pas que
si demain les portes de la Société de dépôts
et de comptes courants restent fermées,
votre établissement sera le premier at-
teint ? -
» Le soir, ce sera 50 millions de moins
dans vos caisses, et le surlendemain ce sera
une catastrophe qui atteindra tous les éta-
blissements. Lisez donc, lisez le XI Xe Siècle
de ce matin (textuel), et vous verrez que le
Crédit lyonnais devrait être le premier à
donner la garantie qu'on lui demande, car
il est celui dont la situation inspire le plus
d'inquiétudes. Donnez donc cette garantie,
monsieur Mazerat, vos actionnaires vous
en sauront gré. n-
M. Rouvier fut très entraînant, il parvint
à déterminer l'accord sur les quinze mil-
lions de garantie, qui furent répartis de la
façon suivante :
Les administrateurs de la Société de dé-
pôts : 1,500,000 fr.;
Crédit foncier : 2,000,0000 fr.;
Comptoir national d'escompte : 2,500,000
francs;
Crédit lyonnais : 2,000,000 fr.;
Banque d'escompte : 1,500,000 fr.;
Banque de Paris : 1,500,000 fi'.;
Société générale : 1,000,000 fr.;
Société marseillaise de crédit: 1,000,000
francs;
Crédit mobilier : 1,000,000 fr.;
Crédit industriel : 500,000fr.
Total : 15,000,000 fr.
En sortant, M. Magnin eut un bon mot :
— Au revoir, messieurs, dit-il aux chefs
des établissements présents, au revoir,
mais pas, j'espère, avant deux ans !
On se rappelle que c'est il y a deux ans,
à cette époque de l'année, que les chefs des
établissements se réunissaient comme
hier au ministère des finances avec le
gouverneur de la Banque de France, pour
procéder au sauvetage de l'ancien Comp-
toir d'escompte.
A une heure, les régents se sont réunis;
ils ont ratifié ce qu'avait consenti M. Ma-
gnin, à la condition que la garantie donnée
par les banques réunies soit effective immé-
diatement, sous la forme d'un nantissement
à constituer.
Cela va donner lieu à de nouvelle diffi-
cultés qui ne sont pas encore aplanies.
Les causes du krach
Les causes de la chute de la Société de
dépôts ét de comptes courants sont nom-
breuses.
La créance Blondel (Bourse du Com-
merce) s'élève à 16 millions, dont 30 0/0
seront difficilement recouvrables.
L'affaire du Crédit viager fait perdre à la
Société 12 millions.
Bref, comme actif à mettre en regard du
passif, il ne reste que l'immeuble évalué
6 millions et les 375 francs à appeler par
action. Mais combien de porteurs ne ré-
pondront pas au premier appel de IZ fr.
qui va être adressé sous cinq jours ? Les
actionnaires sont au nombre de 3,700.
Près d'un tiers, et ce ne seront pas les
petits porteurs, se déclareront insolvables
et ne répondront pas aux appels de fonds
du liquidateur judiciairequi va êtrenommé.
La Banque de France et le Crédit foncier
l'ont si bien jugé ainsi, qu'en avançant
60 millions à la Société de dépôts et
de * comptes courants, ils se sont constitués
créanciers gagistes :
1° De tout le portefeuille ;
2° Des immeubles ;
30 Des sommes à verser sur les actions
nominatives.
Et ils n'ont pas jugé cette garantie suffi-
sante, puisqu'ils ont exigé celle des dix
grands établissements financiers parisiens.
Les membres du conseil d'administration
de la Société de dépôts et de comptes cou-
rants sont: MM. Donon, président; Ed.
Gauthier, Boittelle, ancien préfet de po-
lice de l'empire, baron de Busssière, Pierre
Donon, Gustave Delahante, Achille Fould,
Ed. Gros-Hartmann, Gomot, ancien minis-
tre, de GuerIe, Charles de Lesseps, Maurice
Aubry, Ad. Peghoux et baron Poisson. Leur
responsabilité subsiste entière, et il leur
sera demandé compte de leur mauvaise
gestion.
On n'a pas cessé de faire queue pendant
toute la journée d'hier, aux portes des Dé-
pôts et comptes courants, pour retirer les
titres et l'argent déposés.
De nombreux sergents de ville conte-
naient la foule.
SUICIDE D'UN RECEVEUR
MUNICIPAL
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER}
Libourne, 12 mars. — M. Couderc, receveur
municipal de Libourne, vient de se brûler la
cervelle.
Dans une lettre, il avoue avoir commis des
détournements pour une somme de quarante
mille francs.
LA VÉRITÉ
SUR LE « COLOMBO »
Après la tempête. — Nombreux décès.
— Les malades.
[Les nouvelles les plus contradictoires ont
couru sur divers .décès qui se sont produits à
bord du Colombo. Pour savoir la vérité, nous
avons demandé à notre correspondant parti-
culier d'Alger de se livrer à une enquête, et
voici la dépêche qu'il nous adresse :]
Alger, 12 mars.
Le transport Colombo, venant du Tonkin,
quittait Haïphong le 25 janvier, rapatriant
69A passagers appartenant aux troupes co-
loniales.
Pendant la première période, la traversée
a été assez heureuse; mais en quittant
Port-Saïd, une tempête épouvantable, cou-
pée de rafales de neige, a assailli le trans-
port. Durant trois jours, le Colombo dut
courir des bordées, ne sachant où se réfu-
gier.
Beaucoup de malades sont morts pendant
la traversée : un indigène, sept soldats de
l'infanterie de marine et de la légion étran-
gère, trois sous-officiers.
En outre, le capitaine Alexandre Nègre,
du 3e d'infanterie de marine, s'est suicidé,
la nuit, en vue d'Obock, en se tranchant la
gorge d'un coup de rasoir. Ce sont ses gé-
missements qui ont donné l'éveil à ses ca-
marades, dans la même cabine que lui. La
veille, il s'était montré très gai. On ne sait à
quoi attribuer ce suicide.
Enfin, d'autres passagers sont morts de
la dyssenterie et de la fièvre jaune.
Un cas de choléra sporadique a été cons-
taté.
Le Colombo, à son arrivée à Alger, a été
envoyé en quarantaine au cap Matifou, où
il est resté quatre jours. Tous les passagers
ont été fumigés; le navire a été sommaire-
ment désinfecté. Après quoi a eu lieu le
débarquement des nombreux malades et
des troupes, qui paraissaient exténuées.
Parmi les malades, l'un d'eux est mort, à
peine débarqué, c'est M. Bordenave, adju-
daut d'infanterie de marine. Deux autres
sont à la dernière extrémité.
Le Çolombo est parti hier d'Alger pour
Toulon, où sa prochaine arrivée produit
une mauvaise impression.
Le préfet maritime de Toulon a trouvé
imprudent de laisser entrer le transport au
milieu de l'escadre, et il a demandé au mi-
nistre de la marine que le Colombo fût en-
voyé en observation aux îles d'Hyères.
DE PARIS A MOSCOU A PIED
Nous avons reçu hier do Cologne des nou-
velles de MM. Louis Peyramont et Gustave Ma-
rait, partis le M février à destination de Mos-
cou.
Les vaillants marcheurs nous télégraphiaient
qu'ils se portaient à merveille et qu'ils par-
taient de Cologne pour Vipperfiirth.
Wfft W1 BU—M—>
ÉCOLE SUPÉRIEURE DE MARINE
M. Chautemps vient de déposer une propo-
sition de loi tendant à la création à Paris
d'une école supérieure de la marine, ouverte
par voie de concours aux enseignes de vais-
seau âgés de vingt-six ans au moins, ayant
quatre ans de grade, dont trois d'embarque-
ment, ainsi qu'aux lieutenants de vaisseau
asea de moins de trente-trois ans.
L p.ole s'ouvrirait le 1" octobre 1892. -'
LA VIEDEP ARIS
Un certain nombre de personnes et, en
particulier, des journalistes, ont reçu
hier une lettre de faire part de mariage
des plus singulières. M. Paul Masson, an-
cien magistrat, commandeur du Nicham-
Iftikar, avait l'honneur de faire part
de son mariage avec Mlle Tittée. Et,
selon la formule ordinaire, sur l'autre
côté du « faire-part e), qui avait fort
bonne tournure et portait un nom d'im-
primeur, M. Goomah, préfet militaire de
Kotonou, et Mme Halpha, son épouse,
nous annonçaient l'union de leur fille,
Mlle Tittée, avec M. Masson. On ajoutait
que le mariage aurait lieu au temple
bouddhique du musée Guimet et que M.
Maurice Barrès y prononcerait une allo-
cution.
Enfin, on donnait l'adresse de M. Mas-
son, boulevard Saint-Michel, et celle de
M. Goomah, « au Jardin zoologique ».
Quelques-uns de nos confrères, inatten-
tifs sans doute, ont pris la chose au sé-
rieux et l'ont annoncée. Il n'était pas dif-
ficile, cependant, de flairer la mystifica-
tion. Qu'un ancien magistrat épouse une
Dahoméenne, cela est possible, surtout
pour un magistrat colonial, que pouvait
être M. Masson Qu'il la prenne au Jardin
d'acclimatation et que son père s'y exhibe,
tout en étant « préfet militaire » de Koto-
nou, ceci devenait un peu plus invrai-
semblable encore. De plus, les Daho-
méens sont fétichistes. Pour que le ma-
riage eùt lieu au temple bouddhique, il
eût fallu queM.Masson fût un bouddhiste
pratiquant, ce qui est rare. Enfin, la bé-
nédiction donnée par M. Maurice Barrès
dénonçait en plein la fumisterie.
A tout prendre, la fumisterie est assez
innocente et gaie. Je ne connais pas M.
Masson. Je sais seulement qu'il existe à
l'adresse indiquée. S'il est homme d'es-
prit et s'il n'y a pas, dans cette farce, des
dessous que j'ignore et qui la feraient
malfaisante, il pourra la prendre en
bonne humeur. Son énormité même lui
enlève toute nuisance. L'accumulation
des circonstances étranges empêche qu'on
ait pu y croire. Ce n'est pas que l'union
de Français avec des femmes de race
noire soit bien extraordinaire. Il y en a
de nombreux exemples, et tous les gens
qui s'occupent des questions coloniales
regrettent fort que ces mariages ne soient
pas plus fréquents encore dans les colo-
nies. Ils avaient été assez répandus au
siècle dernier parmi les colons du Ca-
nada.
A dire le vrai, ces colons étaient souvent
bigames ou à peu près. Ils avaient une
famille à Montréal ou à Québec, et une
autre, constituée devant le « Grand-Es-
prit »,dans-les tribus où ils allaient chas-
ser et acheter des pelleteries pendant une
partie de l'année. Cette façon d'agir n'é-
tait pas précisément très régulière. Mais
en épousant les Peaux-Rouges, qui pas-
sent pourtant être moins jolies que les
négresses, nos colons créaient une race
de métis parlant notre langue, acceptant
une partie de nos mœurs tout en conser-
vant quelques-unes des qualités de leur
race propre. Il est certain que de tels
croisements doivent donner de bons ré-
sultats et qu'un peuple qui colonise par
le mariage, — fût-il unpeu cousin de l'u-
nion libre — avance plus vite en besogne
qu'un autre. A ce point de vue, il ne me
déplairait pas d'apprendre qu'un magis-
trat français épousait une guerrière du
Dahomey.
Quant à l'hypothèse du bouddhiste pra-
tiquant, domicilié boulevard Saint-Mi-
chel, elle n'était pas si invraisemblable.
J'ai connu, à Paris, un excellent homme,
très instruit, très boulevardier même,
employé dans un ministère, mais très
répandu dans le monde des lettrés, qui
pratiquait en chambre une religion à lui,
faite de brahmanisme et de bouddhisme.
Il s'appelait Fioupou. Peut-être ce nom lui
faisait-il croire qu'il descendait d'un an-
cêtre de l'Extrême-Orient? C'est possible.
Mais, en réalité, il était de Toulon. Il
mourut en philosophe, invoquant Brahma,
entouré de roses offertes aux Esprits du
bien et regrettant de n'avoir pas à sa dis-
position une vache pour expirer en la
tenant par la queue, comme font les dé-
vots hindous.
-
11 est a remarquer d'ailleurs que cer-
taines croyances et certaines cérémonies
surtout du culte bouddhique sont tout à
fait les mêmes que les croyances et les
cérémonies du culte catholique. J'avais
lu ces étranges similitudes dans les récits
des voyageurs, et particulièrement dan s
les lettres d'un missionnaire au Thibet,
le père Hue. Ce jésuite, bien naïf du
reste, avait vécu longtemps dans les la-
maseries qui sont les couvents du Thibet,
et il avouait avec bonne foi qu'il ne
voyait pas de différence entre les prêtres
bouddhistes et les nôtres. Il croyait même
aux miracles du grand Lama. Seule-
ment, il les attribuait au diable qui, pa-
raît-il, avait choisi la Chine et le Thibet
pour y faire une parodie du catholicis-
me sans Jésus. Car le père Hue retrou-
vait là la mitre pastorale des évêques, les
rites de la messe, les offices. Et ces
similitudes, nous avons tous pu les cons-
tater quand des bonzes ont, ces jours-
ci, célébré leur office dans le temple
bouddhique du musée Quinet. Un enfant
n'eût pas hésité un moment à se croire
à un office catholique.
Peut-être le mystificateur a-t-il pris là
l'idée de la farce qu'il a imaginée et à la-
quelle il a mêlé M. Maurice Barrés, non
sans une certaine drôlerie? Mais les far-
ces ne sont pas toujours aussi innocentes
et ir en est — on en a vu récemment de
semblables — qui sont de véritables
mauvaises actions. Il ne faut pas en abu-
ser. Elles sont souvent d'un esprit trop
facile et ^ïûssier. Ce qui m'étonne par
dessus tout, c'est qu'il se trouve des gens
pour avoir le temps de les combiner, d<
les préparer, de les exécuter? Comman-
der des lettres, les mettre dans des en-
veloppes, les envoyer, faire des adresses,
voilà bien des affaires et je sais que, pour
ma part, quand une obligation sociale ——
le jour de l'an, par exemple - me con-
traint à une semblable besogne, j'en sui9
excédé. Il faut donc qu'il y ait dans la
mystification une bien grande joie, pour
qu'on puisse y donner de tels soins et y
perdre son temps?
Henry Fouquier.
LA DÉCONFITURE DU « PAVAGE EN BOIS';
UNE FAILLITE DE 3 MILLIONS
La Société industrielle et commerciale de
bois et pavage en bois, au capital de 3mil-
lions, a été déclarée en faillite hier par le
tribunal de commerce de la Seine, avec M.
Roucher pour syndic.
Indépendamment de son capital social,
cette société avait émis, au commencement
de 1888, 3,600 obligations de 500 francs
au prix de MO fr. entièrement libérées et
au porteur.
Le conseil d'administration se composait
de MM. H. Goulley, président et fondateur ;
Sazerac de Forge, L. Louis et Levy.
Enfin hier également, dans la matinée,
sur une commission rogatoire de M. Bou-
tet, juge d'instruction, saisi d'une plainte
contre M. Goulley et les autres membres dut
conseil en constitution irrégulière de la
société, inventaire frauduleux, distribution
de dividendes fictifs, M. Lalmand, com-
missaire aux délégations judiciaires, as-
sisté de M. Flory, expert-comptable, a pra-
tiqué une perquisition au siège de la so-
ciété, 39, boulevard Haussmann. -
Le passif est évalué à plus de 3 million?.
Tous les livres et la corre pondance ont
été saisis.
Jusqu'à présent aucune arrestation ne
paraît probable.
LES MEFAITS
DU « PETIT JOURNAL a
ESCROQUERIES SUR ESCROQUERIES
La faillite du Pavage en bois. - Instruo
tion judiciaire. — Une nouvelle
roulette. — Gare à vos poches !
Le Pavage en bois, nous l'avons dit, a été
une des valeurs les plus chaudement re-
commandées parle Petit Journal. C'est une
de celles pour lesquelles M. Marinoni a le
plus battu la grosse caisse. Il promettait?
jusqu'à A0 et 50 0/0 de bénéfices.
Beaucoup de braves gens se sont laissé
prendre au boniment de M. Marinoni.
Cette affaire vient devoir son dénoue-
ment, et ce dénouement est le même que
celui de la plupart des affaires les plus
chaudement recommandées par le Petit
Journal.
Comme on l'a vu plus haut, la Société in-
dustrielle et commerciale de bois et de pa-
vage en bois a été déclarée hier en faillite.
Une instruction judiciaire est ouverte.
Mais cela n'empêchera pas M. Marinoni de
garder la grasse commission qu'il s'est fait
payer pour le placement des actions du Pa-
vage en bois!
Le pain de M. Marinoni
On aurait pu croire qu'après de pareilles
leçons le Petit Journal aurait modifié sa
manière de faire.
C'est tout le contraire. Plus il accumule
de ruines sur sa route, plus il paraît s'a-
charner à la ruine de ses lecteurs, plus il'
se montre dépourvu de scrupules.
Nous en trouvons la preuve précisément
dans le Petit Journal d'hier matin.
Dans notre dernier numéro nous avons
dit ce qu'il fallait penser de l'émission ac-*
tuellement en cours des obligations du
Crédit foncier de Tunisie.
Les garanties n'existent pas et la société
elle-même pourrait bien avoir été consti;
tuée frauduleusement.
Cette émission est donc un nouveau
piège tendu à l'épargne par d'audacieux
faiseurs. Les malheureux qui s'y laisseront
prendre peuvent considérer leur argent
comme perdu d'avance.
Nous qui sommes infiniment moins ri-
che que le Petit Journal, nous n'avons
voulu ni publier l'annonce de cette affaire
véreuse ni, à plus forte raison, la recom-
mander dans notre bulletin financier. Au
XIXe Siècle, nous ne mangeons pas de ce
pain-là.
Mais M. Marinoni en mange : c'est le pain
dont il se nourrit, dont il s'engraisse. Aussi
le Petit Journal ne s'est-il pas contenté de
mettre son « mur » à la disposition du
Crédit foncier de Tunisie et d'insérer ses
annonces comme il insère celles de tous les
escrocs qui vivent de l'exploitation des
gogos; il lui prête, en outre, le concours
de sa « chronique financière ».
Le jour où le Crédit foncier de Tunisie
sera en déconfiture, le Petit Journal ren«
dra-t-il l'argent? Non, il le gardera, comm(l'
il a gardé l'argent qu'il a touché pour la
Pavage en bois, pour i anama, pour l'Assuc
rance financière, etc.
Concurrence à Monaco
Le Petit Journal, dans son numéro dzt
mercredi Il mars, a publié, en première
page, un article sur la minuscule Républi-
que d'Andorre.
On s'est demandé à propos de quoi la
Petit Journal publiait cet article qu'aucun
lien ne semblait rattacher à l'actualité. Il
devait y avoir une raison. Laquelle ?
'Cette raison, on la trouve dans la Gazettè
du Palais du 17 février dernier, qui con-:
tient la publication des statuts d'une so-
ciété ayant pour titre la Nouvelle Andor-
rane, et pour but l'établissement d'un ça-*
sino et d'une roulette à Andorre.
M. Marinoni, qui a toutes les ambitions,
rêve de faire concurrence à Monaco, dont?
il reçoit cependant annuellement 25,000 fr.t
Quant au fondateur de la Nouvelle Ane*
dorrane, il s'appelle Lauze.
Ce Lauze est-il le même que celui qui^
après avoir été condamné une première
fois à cinq années de réclusion pour délit
de droit commun, le fut une seconde foisr
pour le journal financier l'Epargne ?
Nous serions curieux de le savoir.
(A suivre.)
LA RÉVOLUTION AU CHILI
Buenos-Ayres, 12 mars. — Les nouvelles dit
Chili signalent un combat désespéré dont le
parti insurrectionnel serait sorti 'Vlcorle
Y craguav virait offert sa médiation.
¥ W YTYE ) W
JOURNAL RÉPUBLICAIN
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Pl" - ~!!.N.H .H .,
LA QUESTION
ÉCONOIIIOUE
Sur la demande de la commission
des douanes, la Chambre a décidé à
une forte majorité de commencer de-
main la discussion de notre régime
économique, bien que beaucoup de
rapports spéciaux ne soient pas en-
core déposés et que l'on n'ait, par
conséquent, qu'une partie des élé-
ments d'information dans cette grave
affaire. La majorité a suivi M. Mé-
line, qui paraît avoir autant d'auto-
rité sur ses collègues comme écono-
miste qu'il en avait peu comme pré-
sident. M. Méline a déclaré que les
rapports spéciaux déjà distribués suf-
fisaient pour que la discussion géné-
rale pût s'engager. Et puis, la Cham-
bre n'est-elle pas en possession du
rapport général, qui est l'oeuvre de
M. Méline lui-même et où les doctri-
nes de la majorité de la commission
sont exposées ?
La Chambre s'est déclarée convain-
cue, et l'empressement avec lequel elle
a voté suivant les désirs de M. Méline
est bien fait pour inspirer quelque
inquiétude. L'accord qui s'est établi
sur cette question d'ordre du jour
entre une majorité dans la Chambre
et la majorité de la commission se
maintiendra-t-il jusqu'au bout? La
majorité de la Chambre acceptera-t-
elle docilement les surprenantes affir-
mations du rapport de M. Méline et
ne se laissera-t-tlle pas troubler par
les contradictions dont il est éniaiilé ?
M. Méline prend soin de nous dire
qu'il n'est par un doctrinaire. Soin
Superflu ! Il suffit de lire son œuvre
pour s'en apercevoir. Il n'est pas une
de ses assertions qu'il n'ait lui-même
réfutée deux lignes plus loin. Cepen-
dant son intention évidente a été de
démontrer que la France a été ruinée
par les traités de commerce et que la
Situation brillant e .dans laquelle nous
nous trouvions en 1859, avant les
traités, a fait place à une situation de
plus en plus difficile. C'est en vain
que tous les indices de la situation
économique du pays s'accordent à
prouver le développement de notre
fortune publique, que nous voyons
notre industrie se développer, notre
chiffre d'affaires avec l'étranger s'ac-
croître, notre créd t s'affirmer, notre
prépondérance industrielle recevoir
une consécration nouvelle de tous les
concours internationaux. Vain mi-
rage que tout cela 1 Le régime de li-
berté commerciale n'a, nous assure-
t-on, produit que des désastres, en-
tassé que des ruines, et il faut se hâ-
ter de revenir à une autre méthode."
Cette autre méthode, c'est la pro-
tection. La commission n'a pas pu
l'appliquer dans toute sa rigueur. Elle
a dû faire violence à ses sentiments
pour ménager, dans une mesure bien
imparfaite, les divers intérêts en pré-
sence, et c'est par là que le manque
de doctrine s'affirme. Mais une théo-
rie nouvelle se produit, celle quç la
protection industrielle et agricole
aboutira à l'abaissement du prix des
produits et au soulagement du con-
sommateur. Il faut citer textuelle-
ment : « Le mouvement, dit M. Mé-
line, ne se fera pas seulement au pro-
fit des producteurs ; il se fera aussi
au profit des consommateurs, et c'est
ainsi que les deux intérêts arriveront
à se concilier. Le développement de
la production, activant le jeu naturel
de la concurrence intérieure, tendra
sans cesse à abaisser le prix des pro-
duits et à le maintenir à un niveau
raisonnable. »
- En toute humilité, nous avouons
que nous ne comprenons pas. Si le
producteur est protégé par les droits
de douane contre la concurrence
étrangère, il nous paraît évident qu'il
élèvera ses prix. S'il se considère com-
me incapable de rivaliser de bon mar-
ché avec la concurrence étrangère, ce
n'est sans doute pas pour se ruiner
lui-même, en abaissant ses prix, lors-
qu'il sera débarrassé de cette concur-
rence, et le consommateur fera bien
de ne pas accepter sans réserve les
assertions optinlistes de M. Méline,
lequel est vraiment trop conciliant.
Ce n'est pas seulement le raisonne-
ment qui proteste contre cette alléga-
tion. Est-ce que nous ne savons pas
que les traités de 1860 ont fait bais-
ser le prix d'une quantité de mar-
chandises ? Est-ce que nous ne voyons
pas, à l'heure actuelle, que le droit
de 5 francs sur les céréales a pour
effet de provoquer une différence
constante de 5 francs entre les cours
de Paris et ceux de Londres, ce qui,
pour une famille normale, constitue
"wie surcharge annuelle de AO à 50
francs?
Les affirmations de M. Méline se
trouvent contredites encore par un
document officiel. Le projet de budget
pour 189^ augmente de plus de cinq
1 millions les crédits destinés aux
achats de viande fraîche et de diver-
ses denrées pour le ministère de la
rre, et l'exposé des motifs expli-
que cette augmentation est due
*i au^renchérissement que peut susci-
ter, dans une certaine mesure, le relè-
vement des droits de douane. » C'est
une dizaine de francs d'augmentation
de dépenses par tête de soldat. Multi-
pliez par cinq pour la famille nor-
male, voilà encore cinquante francs
de surcharge pour le consommateur.
On nous dit que le relèvement des
droits de douane aura pour effet d'al-
léger les charges financières qui pè-
sent sur nous, et cette assertion paraît
avoir tout juste autant de valeur que
les autres. Nous voyons bien la sur-
charge que le tarif défendu par M.
Méline va imposer au consommateur,
c'est-à-dire à l'immense majorité des
Français. Nous voyons bien l'avan-
tage que le producteur en retirera sur
les produits qu'il fabrique, sauf à le
reperdre, et bien au-delà, sur ceux qu'il
consomme; mais nous ne parvenons
pas à voir quel allégèment il nous pro-
curera, car, en admettant que la plus-
value des droits de douane permît de
dégrever d'autres impôts, ce ne serait
qu'un déplacement, comme celui qui
va se produire par la suppression de
l'impôt sur la grande vitesse dont le
relèvement escompté des droits de
douane fait les frais.
On ne veut plus de traités de com-
merce, et il paraît presque impossible,
pour le moment, de ne pas modifier
notre régime économique. Mais on
voit, par ces quelques observations,
combien il serait imprudent d'accep-
ter sans examen les assertions du rap-
porteur général de la commission, et la
Chambre a une grande tâche à accom-
plir pour ménager les divers intérêts
en présence. Puisse-t-elle ne pas être
trop inférieure à cette tâche et ne pas
compromettre, par excès de zèle, une
situation qui, malgré les affirmations
de M. Méline, persiste à avoir toutes
les apparences de la prospérité,,--=_
Le XIX" SliiGLE publiera demain la
a Chroniaue », par Francisque Sarcey.
LA MALADIE DU PRINCE NAPOLÉON
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Rome, 12 mars.
Ce soir, la maladie suit son cours. Des or-
dres sévères sont donnés pour empêcher
toute indiscrétion sur ce qui se passe à l'hô-
tel de Russie. On n'y recevra plus de visites
autres que celles de la famille.
Quelques démentis
Je vous autorise, cependant, à démentir
la nouvelle donnée par le Fanfulla que la
princesse Clotilde aurait été reçue mardi
en audience privée par le pape, ainsi que
toutes les histoires relatives au testament
du prince Napoléon, qui débuterait ainsi :
« Je meurs en libre-penseur. » Personne ne
connaît le contenu de ce document.
On m'assure que le prince Victor est en-
tré aujourd'hui dans la Chambre de son
père avec le prince Gabrielli.Ils y sont restés
seulement quelques minutes. On a fait cette
remarque que, depuis mardi soir, où il a
vu son père pour la première fois, le prince
Victor ne s'est pas retrouvé seul avec lui.
Le prince Napoléon se fait communiquer
les dépêches de son fils Louis, qui est at-
tendu aujourd'hui.
Une nouvelle phase du mal
7 heures du soir.
Les médecins ont été mandés subite-
ment, en raison de symptômes qui faisaient
croire à une aggravation.
Pendant la consultation, le roi, la reine,
le prince Victor, la princesse Mathilde sont
accourus à l'hôtel.
Le docteur Bacelli vient de dire que les
forces diminuaient, mais qu'il n'y avait
pas péril immédiat. Il laisse néanmoins
entrevoir que l'espoir qu'il avait mardi de
sauver le malade est bien amoindri;
Dernière heure
L'état du prince Napoléon a empiré. Il est
survenu des complications intestinales, ce
qui, dans son état, est grave.
La consultation des médecins ne laisse
plus guère d'espoir.
DISPARITION D'UN BANQUIER
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Bordeaux, 12 mars.
Il n'est bruit que de la disparition du
directeur d'une maison de banque qui avait
la spécialité des prêts sur titres. Il est in-
trouvable depuis dimanche. Il aurait filé en
Espagne en emportant un paquet respecta-
ble de valeurs.
Le disparu était en constantes relations
d'affaire- avec une maison située rue de
Port-Mahon, à Paris.
LE CHATEAU DE MARY-RAYNAUD
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Versailles, 12 mars.
Le château de Mary-Raynaud, sis à Biè-
vres, canton de Palaiseau, dont la mise à
prix était de A0,000 francs, a été adjugé au-
jourd'hui à M. Loyer, aatiquaire à Paris,
boulevard Saint-Germain, pour la somme
de 80,300 francs, par l'intermédiaire de Me
Pellerin, avoué.
ATTENTATS AUX MŒURS
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Libourne, la mars.
Le parquet de Libourne s'est transporté
hier à l'orphelinat de Coubeyrac. Des at-
tentats à la pudeur auraient été commis
sur des enfants par les frères de la société
de Marie qui dirigent l'établissement.
L'instruction, qui sera longue, se conti-
nuera demain et les jours suivants. Cette
affaire a causé un grand émoi dans la con-
trée,
HISTOIRE D'UN KRACH
LE SAUVETAGE DE LA « SOCIETE
DE DÉPOTS»
Les hésitations du Crédit lyonnais. —
Les arguments de M. Rouvier. — Un
bon mot de M. Magnin.
La journée d'hier a pleinement confirmé
les renseignements que nous avions don-
nés sur la situation de la Société de dépôts
et de comptes courants et sur les efforts
tentés pour la sauver.
Ces efforts, disons-le tout de suite, ont eu
pour résultat d'assurer le remboursement
intégral des dépôts, qui n'atteignent pas, on
le sait, 80 millions.
Si le chiffre des dépôts avait été plus
élevé, le résultat eût-il été-le même? Il est
permis d'en douter.
Quoi qu'il en soit, nous croyons que les
lecteurs du XIxe Siècle nous sauront gré
de mettre sous leurs yeux le récit des con-
ditions dans lesquelles le sauvetage de la
plus ancienne de nos sociétés de dépôts a
pu être opéré.
Premières inquiétudes
Il y a huit jours, à la suite de retraits de
dépôts assez importants, le conseil d'ad-
ministration prit peur, et décida, pour hâter
les projets de reconstitution qui depuis
longtemps déjà étaient à l'étude, de s'a-
dresser à un ou deux établissements de
crédit susceptibles d'apporter l'aide dont
la Société de dépôts et comptes courants
avait le plus urgent besoin.
Ses membres se partagèrent cette tâche
ingrate :
Le baron Poisson alla trouver M. de Sou-
beyran ; un autre, la Société Marseillaise.
M. Maurice Aubry se rendit près de M. Ber-
ger, vice-président du Comptoir national
d'escompte. Un quatrième pria le Crédit
lyonnais d'intervenir. M. Delahante vit M.
Sautter, de la Banque de Paris et des Pays-
Bas. Bref, chacun donna de sa personne.
Tous rencontrèrent des bonnes volontés la-
tentes, mais impuissantes à secourir effica-
cement, faute d être groupées, l'établisse-
ment en péril.
Il y a quatre jours, on crut un instant
qu'une fusion avec la Société marseillaise
avait quelque chance d'aboutir. M. Rey, di-
recteur de cette Société, serait devenu dans
ce cas président de la Société de dépôts et
de comptes courants reconstituée. Maison
revint vite de cette illusion. Un examen
attentif de la situation fit renoncer à cette
combinaison, qui fournit à M. de Soubey-
ran, auteur du projet, l'occasion de faire
un joli mot, très approprié à la Banque
d'escompte :
— Je prendrais bien les dépôts, dit-il,
mais pas les comptes courants.
Intervention du ministre des finances
A partir de ce moment, les événements
se précipitèrent.
M. Rouvier fut mis au courant de la ca-
tastropne qui allait survenir. Il appela près
de lui deux ou trois banquiers avec les-
quels il est intime, et il leur demanda
ce que chacun d'eux voulait faire pour ten-
ter de sauver la Société de dépôts et de
comptes courants, dont le krach eût inévi-
tablement entraîné celui d'autres établisse-
ments de dépôts.
Il fut résolu qu'une avance serait faite sur
les meilleures valeurs de son actif. Une en-
trevue hâtive eut lieu. Le Crédit lyonnais
et le Comptoir national d'escompte avan-
cèrent 1.500.000 francs dans la journée de
mercredi, et, le soir, une réunion de ban-
quiers eut lieu au ministère des finances.
Il n'y fut rien décidé de précis.
Hier matin, laSociété de dépôts et de comp-
tes courants ouvrait ses guichets avec qua-
tre millions en caisse, et il fallait faire face
à 76 millions de dépôts exigibles sur
l'heure !
Il y avait, dès dix heures du matin, 300
personnes environ dans le grand hall, ve-
nant retirer leurs dépôts.
A la même heure, deux banquiers très
connus, M. Denormandie et M. Mazerat, di-
recteur du Crédit lyonnais, se rendaient
chez M. Magnin, gouverneur de la Banque
de France, pour lui dire que, sans le secours
de celle-ci, la place de Paris était menacée
d'un krach épouvantable.
M. Magnin répondit qu'il ne pouvait
prendre sur lui d'apporter un concours
qu'il n'appartenait qu'au conseil des régents
de donner, mais il promit de se rendre à
onze heures et demie au ministère des fi-
nances où M. Rouvier avait convoqué tous
les chefs des grandes institution de cré-
dit.
Là, il fut décidé, après de nombreuses
tergiversations et quelques hésitations dont
il serait facile d'expliquerles motifs, qu'une
avance de 60 millions serait consentie par
la Banque de France et le Crédit foncier, à
la condition que les établissements finan-
ciers représentés à la conférence garanti-
raient la Banque de France et le Crédit fon-
cier, jusqu'à concurrence de quinze mil-
lions, soit 25 0/0 de la somme à avancer,
contre toute perte possible.
Quelques banquiers présents objectèrent
qu'ils ne pouvaient sans autorisation de
leur conseil d'administration accepter une
pareille responsabilité, entre autres M.
Mazerat qui fit observer que M. Germain
était à Nice.
« — Je me moque bien que M. Germain
soit à Nice, dit M. Rouvier. Le Crédit lyon-
nais n'est pas à Nice, il est à Paris, et vous
en êtes le directeur. Ne voyez-vous pas que
si demain les portes de la Société de dépôts
et de comptes courants restent fermées,
votre établissement sera le premier at-
teint ? -
» Le soir, ce sera 50 millions de moins
dans vos caisses, et le surlendemain ce sera
une catastrophe qui atteindra tous les éta-
blissements. Lisez donc, lisez le XI Xe Siècle
de ce matin (textuel), et vous verrez que le
Crédit lyonnais devrait être le premier à
donner la garantie qu'on lui demande, car
il est celui dont la situation inspire le plus
d'inquiétudes. Donnez donc cette garantie,
monsieur Mazerat, vos actionnaires vous
en sauront gré. n-
M. Rouvier fut très entraînant, il parvint
à déterminer l'accord sur les quinze mil-
lions de garantie, qui furent répartis de la
façon suivante :
Les administrateurs de la Société de dé-
pôts : 1,500,000 fr.;
Crédit foncier : 2,000,0000 fr.;
Comptoir national d'escompte : 2,500,000
francs;
Crédit lyonnais : 2,000,000 fr.;
Banque d'escompte : 1,500,000 fr.;
Banque de Paris : 1,500,000 fi'.;
Société générale : 1,000,000 fr.;
Société marseillaise de crédit: 1,000,000
francs;
Crédit mobilier : 1,000,000 fr.;
Crédit industriel : 500,000fr.
Total : 15,000,000 fr.
En sortant, M. Magnin eut un bon mot :
— Au revoir, messieurs, dit-il aux chefs
des établissements présents, au revoir,
mais pas, j'espère, avant deux ans !
On se rappelle que c'est il y a deux ans,
à cette époque de l'année, que les chefs des
établissements se réunissaient comme
hier au ministère des finances avec le
gouverneur de la Banque de France, pour
procéder au sauvetage de l'ancien Comp-
toir d'escompte.
A une heure, les régents se sont réunis;
ils ont ratifié ce qu'avait consenti M. Ma-
gnin, à la condition que la garantie donnée
par les banques réunies soit effective immé-
diatement, sous la forme d'un nantissement
à constituer.
Cela va donner lieu à de nouvelle diffi-
cultés qui ne sont pas encore aplanies.
Les causes du krach
Les causes de la chute de la Société de
dépôts ét de comptes courants sont nom-
breuses.
La créance Blondel (Bourse du Com-
merce) s'élève à 16 millions, dont 30 0/0
seront difficilement recouvrables.
L'affaire du Crédit viager fait perdre à la
Société 12 millions.
Bref, comme actif à mettre en regard du
passif, il ne reste que l'immeuble évalué
6 millions et les 375 francs à appeler par
action. Mais combien de porteurs ne ré-
pondront pas au premier appel de IZ fr.
qui va être adressé sous cinq jours ? Les
actionnaires sont au nombre de 3,700.
Près d'un tiers, et ce ne seront pas les
petits porteurs, se déclareront insolvables
et ne répondront pas aux appels de fonds
du liquidateur judiciairequi va êtrenommé.
La Banque de France et le Crédit foncier
l'ont si bien jugé ainsi, qu'en avançant
60 millions à la Société de dépôts et
de * comptes courants, ils se sont constitués
créanciers gagistes :
1° De tout le portefeuille ;
2° Des immeubles ;
30 Des sommes à verser sur les actions
nominatives.
Et ils n'ont pas jugé cette garantie suffi-
sante, puisqu'ils ont exigé celle des dix
grands établissements financiers parisiens.
Les membres du conseil d'administration
de la Société de dépôts et de comptes cou-
rants sont: MM. Donon, président; Ed.
Gauthier, Boittelle, ancien préfet de po-
lice de l'empire, baron de Busssière, Pierre
Donon, Gustave Delahante, Achille Fould,
Ed. Gros-Hartmann, Gomot, ancien minis-
tre, de GuerIe, Charles de Lesseps, Maurice
Aubry, Ad. Peghoux et baron Poisson. Leur
responsabilité subsiste entière, et il leur
sera demandé compte de leur mauvaise
gestion.
On n'a pas cessé de faire queue pendant
toute la journée d'hier, aux portes des Dé-
pôts et comptes courants, pour retirer les
titres et l'argent déposés.
De nombreux sergents de ville conte-
naient la foule.
SUICIDE D'UN RECEVEUR
MUNICIPAL
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER}
Libourne, 12 mars. — M. Couderc, receveur
municipal de Libourne, vient de se brûler la
cervelle.
Dans une lettre, il avoue avoir commis des
détournements pour une somme de quarante
mille francs.
LA VÉRITÉ
SUR LE « COLOMBO »
Après la tempête. — Nombreux décès.
— Les malades.
[Les nouvelles les plus contradictoires ont
couru sur divers .décès qui se sont produits à
bord du Colombo. Pour savoir la vérité, nous
avons demandé à notre correspondant parti-
culier d'Alger de se livrer à une enquête, et
voici la dépêche qu'il nous adresse :]
Alger, 12 mars.
Le transport Colombo, venant du Tonkin,
quittait Haïphong le 25 janvier, rapatriant
69A passagers appartenant aux troupes co-
loniales.
Pendant la première période, la traversée
a été assez heureuse; mais en quittant
Port-Saïd, une tempête épouvantable, cou-
pée de rafales de neige, a assailli le trans-
port. Durant trois jours, le Colombo dut
courir des bordées, ne sachant où se réfu-
gier.
Beaucoup de malades sont morts pendant
la traversée : un indigène, sept soldats de
l'infanterie de marine et de la légion étran-
gère, trois sous-officiers.
En outre, le capitaine Alexandre Nègre,
du 3e d'infanterie de marine, s'est suicidé,
la nuit, en vue d'Obock, en se tranchant la
gorge d'un coup de rasoir. Ce sont ses gé-
missements qui ont donné l'éveil à ses ca-
marades, dans la même cabine que lui. La
veille, il s'était montré très gai. On ne sait à
quoi attribuer ce suicide.
Enfin, d'autres passagers sont morts de
la dyssenterie et de la fièvre jaune.
Un cas de choléra sporadique a été cons-
taté.
Le Colombo, à son arrivée à Alger, a été
envoyé en quarantaine au cap Matifou, où
il est resté quatre jours. Tous les passagers
ont été fumigés; le navire a été sommaire-
ment désinfecté. Après quoi a eu lieu le
débarquement des nombreux malades et
des troupes, qui paraissaient exténuées.
Parmi les malades, l'un d'eux est mort, à
peine débarqué, c'est M. Bordenave, adju-
daut d'infanterie de marine. Deux autres
sont à la dernière extrémité.
Le Çolombo est parti hier d'Alger pour
Toulon, où sa prochaine arrivée produit
une mauvaise impression.
Le préfet maritime de Toulon a trouvé
imprudent de laisser entrer le transport au
milieu de l'escadre, et il a demandé au mi-
nistre de la marine que le Colombo fût en-
voyé en observation aux îles d'Hyères.
DE PARIS A MOSCOU A PIED
Nous avons reçu hier do Cologne des nou-
velles de MM. Louis Peyramont et Gustave Ma-
rait, partis le M février à destination de Mos-
cou.
Les vaillants marcheurs nous télégraphiaient
qu'ils se portaient à merveille et qu'ils par-
taient de Cologne pour Vipperfiirth.
Wfft W1 BU—M—>
ÉCOLE SUPÉRIEURE DE MARINE
M. Chautemps vient de déposer une propo-
sition de loi tendant à la création à Paris
d'une école supérieure de la marine, ouverte
par voie de concours aux enseignes de vais-
seau âgés de vingt-six ans au moins, ayant
quatre ans de grade, dont trois d'embarque-
ment, ainsi qu'aux lieutenants de vaisseau
asea de moins de trente-trois ans.
L p.ole s'ouvrirait le 1" octobre 1892. -'
LA VIEDEP ARIS
Un certain nombre de personnes et, en
particulier, des journalistes, ont reçu
hier une lettre de faire part de mariage
des plus singulières. M. Paul Masson, an-
cien magistrat, commandeur du Nicham-
Iftikar, avait l'honneur de faire part
de son mariage avec Mlle Tittée. Et,
selon la formule ordinaire, sur l'autre
côté du « faire-part e), qui avait fort
bonne tournure et portait un nom d'im-
primeur, M. Goomah, préfet militaire de
Kotonou, et Mme Halpha, son épouse,
nous annonçaient l'union de leur fille,
Mlle Tittée, avec M. Masson. On ajoutait
que le mariage aurait lieu au temple
bouddhique du musée Guimet et que M.
Maurice Barrès y prononcerait une allo-
cution.
Enfin, on donnait l'adresse de M. Mas-
son, boulevard Saint-Michel, et celle de
M. Goomah, « au Jardin zoologique ».
Quelques-uns de nos confrères, inatten-
tifs sans doute, ont pris la chose au sé-
rieux et l'ont annoncée. Il n'était pas dif-
ficile, cependant, de flairer la mystifica-
tion. Qu'un ancien magistrat épouse une
Dahoméenne, cela est possible, surtout
pour un magistrat colonial, que pouvait
être M. Masson Qu'il la prenne au Jardin
d'acclimatation et que son père s'y exhibe,
tout en étant « préfet militaire » de Koto-
nou, ceci devenait un peu plus invrai-
semblable encore. De plus, les Daho-
méens sont fétichistes. Pour que le ma-
riage eùt lieu au temple bouddhique, il
eût fallu queM.Masson fût un bouddhiste
pratiquant, ce qui est rare. Enfin, la bé-
nédiction donnée par M. Maurice Barrès
dénonçait en plein la fumisterie.
A tout prendre, la fumisterie est assez
innocente et gaie. Je ne connais pas M.
Masson. Je sais seulement qu'il existe à
l'adresse indiquée. S'il est homme d'es-
prit et s'il n'y a pas, dans cette farce, des
dessous que j'ignore et qui la feraient
malfaisante, il pourra la prendre en
bonne humeur. Son énormité même lui
enlève toute nuisance. L'accumulation
des circonstances étranges empêche qu'on
ait pu y croire. Ce n'est pas que l'union
de Français avec des femmes de race
noire soit bien extraordinaire. Il y en a
de nombreux exemples, et tous les gens
qui s'occupent des questions coloniales
regrettent fort que ces mariages ne soient
pas plus fréquents encore dans les colo-
nies. Ils avaient été assez répandus au
siècle dernier parmi les colons du Ca-
nada.
A dire le vrai, ces colons étaient souvent
bigames ou à peu près. Ils avaient une
famille à Montréal ou à Québec, et une
autre, constituée devant le « Grand-Es-
prit »,dans-les tribus où ils allaient chas-
ser et acheter des pelleteries pendant une
partie de l'année. Cette façon d'agir n'é-
tait pas précisément très régulière. Mais
en épousant les Peaux-Rouges, qui pas-
sent pourtant être moins jolies que les
négresses, nos colons créaient une race
de métis parlant notre langue, acceptant
une partie de nos mœurs tout en conser-
vant quelques-unes des qualités de leur
race propre. Il est certain que de tels
croisements doivent donner de bons ré-
sultats et qu'un peuple qui colonise par
le mariage, — fût-il unpeu cousin de l'u-
nion libre — avance plus vite en besogne
qu'un autre. A ce point de vue, il ne me
déplairait pas d'apprendre qu'un magis-
trat français épousait une guerrière du
Dahomey.
Quant à l'hypothèse du bouddhiste pra-
tiquant, domicilié boulevard Saint-Mi-
chel, elle n'était pas si invraisemblable.
J'ai connu, à Paris, un excellent homme,
très instruit, très boulevardier même,
employé dans un ministère, mais très
répandu dans le monde des lettrés, qui
pratiquait en chambre une religion à lui,
faite de brahmanisme et de bouddhisme.
Il s'appelait Fioupou. Peut-être ce nom lui
faisait-il croire qu'il descendait d'un an-
cêtre de l'Extrême-Orient? C'est possible.
Mais, en réalité, il était de Toulon. Il
mourut en philosophe, invoquant Brahma,
entouré de roses offertes aux Esprits du
bien et regrettant de n'avoir pas à sa dis-
position une vache pour expirer en la
tenant par la queue, comme font les dé-
vots hindous.
-
11 est a remarquer d'ailleurs que cer-
taines croyances et certaines cérémonies
surtout du culte bouddhique sont tout à
fait les mêmes que les croyances et les
cérémonies du culte catholique. J'avais
lu ces étranges similitudes dans les récits
des voyageurs, et particulièrement dan s
les lettres d'un missionnaire au Thibet,
le père Hue. Ce jésuite, bien naïf du
reste, avait vécu longtemps dans les la-
maseries qui sont les couvents du Thibet,
et il avouait avec bonne foi qu'il ne
voyait pas de différence entre les prêtres
bouddhistes et les nôtres. Il croyait même
aux miracles du grand Lama. Seule-
ment, il les attribuait au diable qui, pa-
raît-il, avait choisi la Chine et le Thibet
pour y faire une parodie du catholicis-
me sans Jésus. Car le père Hue retrou-
vait là la mitre pastorale des évêques, les
rites de la messe, les offices. Et ces
similitudes, nous avons tous pu les cons-
tater quand des bonzes ont, ces jours-
ci, célébré leur office dans le temple
bouddhique du musée Quinet. Un enfant
n'eût pas hésité un moment à se croire
à un office catholique.
Peut-être le mystificateur a-t-il pris là
l'idée de la farce qu'il a imaginée et à la-
quelle il a mêlé M. Maurice Barrés, non
sans une certaine drôlerie? Mais les far-
ces ne sont pas toujours aussi innocentes
et ir en est — on en a vu récemment de
semblables — qui sont de véritables
mauvaises actions. Il ne faut pas en abu-
ser. Elles sont souvent d'un esprit trop
facile et ^ïûssier. Ce qui m'étonne par
dessus tout, c'est qu'il se trouve des gens
pour avoir le temps de les combiner, d<
les préparer, de les exécuter? Comman-
der des lettres, les mettre dans des en-
veloppes, les envoyer, faire des adresses,
voilà bien des affaires et je sais que, pour
ma part, quand une obligation sociale ——
le jour de l'an, par exemple - me con-
traint à une semblable besogne, j'en sui9
excédé. Il faut donc qu'il y ait dans la
mystification une bien grande joie, pour
qu'on puisse y donner de tels soins et y
perdre son temps?
Henry Fouquier.
LA DÉCONFITURE DU « PAVAGE EN BOIS';
UNE FAILLITE DE 3 MILLIONS
La Société industrielle et commerciale de
bois et pavage en bois, au capital de 3mil-
lions, a été déclarée en faillite hier par le
tribunal de commerce de la Seine, avec M.
Roucher pour syndic.
Indépendamment de son capital social,
cette société avait émis, au commencement
de 1888, 3,600 obligations de 500 francs
au prix de MO fr. entièrement libérées et
au porteur.
Le conseil d'administration se composait
de MM. H. Goulley, président et fondateur ;
Sazerac de Forge, L. Louis et Levy.
Enfin hier également, dans la matinée,
sur une commission rogatoire de M. Bou-
tet, juge d'instruction, saisi d'une plainte
contre M. Goulley et les autres membres dut
conseil en constitution irrégulière de la
société, inventaire frauduleux, distribution
de dividendes fictifs, M. Lalmand, com-
missaire aux délégations judiciaires, as-
sisté de M. Flory, expert-comptable, a pra-
tiqué une perquisition au siège de la so-
ciété, 39, boulevard Haussmann. -
Le passif est évalué à plus de 3 million?.
Tous les livres et la corre pondance ont
été saisis.
Jusqu'à présent aucune arrestation ne
paraît probable.
LES MEFAITS
DU « PETIT JOURNAL a
ESCROQUERIES SUR ESCROQUERIES
La faillite du Pavage en bois. - Instruo
tion judiciaire. — Une nouvelle
roulette. — Gare à vos poches !
Le Pavage en bois, nous l'avons dit, a été
une des valeurs les plus chaudement re-
commandées parle Petit Journal. C'est une
de celles pour lesquelles M. Marinoni a le
plus battu la grosse caisse. Il promettait?
jusqu'à A0 et 50 0/0 de bénéfices.
Beaucoup de braves gens se sont laissé
prendre au boniment de M. Marinoni.
Cette affaire vient devoir son dénoue-
ment, et ce dénouement est le même que
celui de la plupart des affaires les plus
chaudement recommandées par le Petit
Journal.
Comme on l'a vu plus haut, la Société in-
dustrielle et commerciale de bois et de pa-
vage en bois a été déclarée hier en faillite.
Une instruction judiciaire est ouverte.
Mais cela n'empêchera pas M. Marinoni de
garder la grasse commission qu'il s'est fait
payer pour le placement des actions du Pa-
vage en bois!
Le pain de M. Marinoni
On aurait pu croire qu'après de pareilles
leçons le Petit Journal aurait modifié sa
manière de faire.
C'est tout le contraire. Plus il accumule
de ruines sur sa route, plus il paraît s'a-
charner à la ruine de ses lecteurs, plus il'
se montre dépourvu de scrupules.
Nous en trouvons la preuve précisément
dans le Petit Journal d'hier matin.
Dans notre dernier numéro nous avons
dit ce qu'il fallait penser de l'émission ac-*
tuellement en cours des obligations du
Crédit foncier de Tunisie.
Les garanties n'existent pas et la société
elle-même pourrait bien avoir été consti;
tuée frauduleusement.
Cette émission est donc un nouveau
piège tendu à l'épargne par d'audacieux
faiseurs. Les malheureux qui s'y laisseront
prendre peuvent considérer leur argent
comme perdu d'avance.
Nous qui sommes infiniment moins ri-
che que le Petit Journal, nous n'avons
voulu ni publier l'annonce de cette affaire
véreuse ni, à plus forte raison, la recom-
mander dans notre bulletin financier. Au
XIXe Siècle, nous ne mangeons pas de ce
pain-là.
Mais M. Marinoni en mange : c'est le pain
dont il se nourrit, dont il s'engraisse. Aussi
le Petit Journal ne s'est-il pas contenté de
mettre son « mur » à la disposition du
Crédit foncier de Tunisie et d'insérer ses
annonces comme il insère celles de tous les
escrocs qui vivent de l'exploitation des
gogos; il lui prête, en outre, le concours
de sa « chronique financière ».
Le jour où le Crédit foncier de Tunisie
sera en déconfiture, le Petit Journal ren«
dra-t-il l'argent? Non, il le gardera, comm(l'
il a gardé l'argent qu'il a touché pour la
Pavage en bois, pour i anama, pour l'Assuc
rance financière, etc.
Concurrence à Monaco
Le Petit Journal, dans son numéro dzt
mercredi Il mars, a publié, en première
page, un article sur la minuscule Républi-
que d'Andorre.
On s'est demandé à propos de quoi la
Petit Journal publiait cet article qu'aucun
lien ne semblait rattacher à l'actualité. Il
devait y avoir une raison. Laquelle ?
'Cette raison, on la trouve dans la Gazettè
du Palais du 17 février dernier, qui con-:
tient la publication des statuts d'une so-
ciété ayant pour titre la Nouvelle Andor-
rane, et pour but l'établissement d'un ça-*
sino et d'une roulette à Andorre.
M. Marinoni, qui a toutes les ambitions,
rêve de faire concurrence à Monaco, dont?
il reçoit cependant annuellement 25,000 fr.t
Quant au fondateur de la Nouvelle Ane*
dorrane, il s'appelle Lauze.
Ce Lauze est-il le même que celui qui^
après avoir été condamné une première
fois à cinq années de réclusion pour délit
de droit commun, le fut une seconde foisr
pour le journal financier l'Epargne ?
Nous serions curieux de le savoir.
(A suivre.)
LA RÉVOLUTION AU CHILI
Buenos-Ayres, 12 mars. — Les nouvelles dit
Chili signalent un combat désespéré dont le
parti insurrectionnel serait sorti 'Vlcorle
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