Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1891-02-22
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32757974m
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 68249 Nombre total de vues : 68249
Description : 22 février 1891 22 février 1891
Description : 1891/02/22 (A21,N6978). 1891/02/22 (A21,N6978).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k75656991
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 29/04/2013
Ylnet-et-uoièmè année. — N*WG8 CINQ Centimes — Paris et Départementà*'-- CINQ Centimes DBfANCTIS 9S FÉVRIER 189Ï -
JOURNAL RÉPUBLICAIN
RÉDACTION
fll42. Rue Mo --a, tre
PARIS
DIRECTEUR POLITIQUE
ïft., - EDOUARD PORTALIS
PRIX DE L'ABONNEMENT:
TParis. ,. Trtii noit, 6 f.; Six mois, f. f. t; BaM, 20 1
Départements - 7 J.; - 12 f.; — 24 i.
"'Union Postale — 91.; - 161.; — 32 f.
JA$abonnements partent des 1" et 15 de chaque mois.
Adresse télégraphique : XIXe SIÈCLE — PARIS
Téléphone : 20.289 bis.
ADMINISTRATION
142, Rue Moirtiriartrar -
PARIS
RÉGISSEURS D'ANNONCES
MM. LAG RANGE, CERF e, C*
6, place de la Bourse, 6 'i -
PRIX DE L'ABONNEMENT :
Paris.. Trois mou, 6 f.; Six MU, lit; (tan, 20 f/
Départements — 71.; — 121.; — 24 L
Union Postale - 9L; — 16f.; — 32 fi
Les abonnements partent des 1" et 15 de chaque moit
Adresse télégraphique : XIX* SIÈCLE — PARIS
Téléphone : 20.289 bit.
L'ALGÉRIE
L'interpellation de M. le sénateur
Dicte et la présence à Paris de M.Tir-
inan, dans les conditions spéciales que
l'on sait, soulèvent une grosse ques-
tion qu'il est nécessaire de résoudre à
bref délai.
Il s'agit de savoir si l'Algérie sera
définitivement et complètement assi-
milée à la métropole, si elle ne sera
plus qu'une réunion de départements
français, semblables à tous les autres,
avec la même organisation adminis-
trative et financière ; ou si, au con-
traire, entrant dans une voie nou-
velle, on lui donnera une large auto-
nomie administrative, avec un bud-
get spécial dont les recettes et les dé-
penses seraient réglées par les pou-
voirs locaux.
, Les intéressés ont été, tour à tour,
partisans des deux systèmes. Il y a
quelques années seulement, tous les
Algériens étaient pour l'assimilation
de notre grande colonie africaine aux
départements français. Depuis quel-
que temps, ils ont adopté l'opinion
contl'aire. L'expérience qu'ils ont
faite pendant une quinzaine d'années
.du régime du « rattachement M, qu'ils
avaient eux-mêmes sollicité, les a con-
vaincus de ses défauts. Elle a produit
Qe même effet sur la plupart des per-
sonnes qui connaissent la question al-
gérienne.
Le régime du « rattachement » n'a
îpas produit, en effet, les résultats
qu'en attendaient ses partisans. Ils
pensaient qu'il serait plus favorable
que tout autre au développement de
la colonisation en Algérie. Ils y
voyaient un moyen de procurer à la
colonie des ressources pécuniaires
qu'elle n'aurait pas pu trouver dans
son propre budget.
Ces prévisions ont d'abord été con-
firmées par les faits. Pendant quel-
ques années, l'Algérie a trouvé dans
le rattachement le moyen de faire
faire des travaux publics dont elle se-
rait encore dépourvue si elle n'avait
eu, pour y procéder, que les recettes
locales. C'était l'ère des vaches gras-
ses. Les Algériens doivent avouer
qu'ils en ont quelque peu abusé. Ce
n'est pas seulement des travaux utiles
qu'ils ont faits avec l'argent de la mé-
tropole, ce sont aussi des créations
innombrables de fonctionnaires dont
beaucoup auraient pu être économi-
sées sans inconvénient.
La période des vaches maigres est
ensuite venue. La métropole a serré
les cordons de sa bourse,en partie par
nécessité, en partie pour mettre un
terme à des abus indéniables. Dès
lors, l'Algérie a vu s'arrêter le déve-
loppement de son outillage industriel
et commercial, tandis que ses recettes
augmentaient par suite du progrès de
la colonisation.
Il y a dans ce fait un premier mo-
tif pour que les Algériens renoncent
au système du rattachement. C'est
celui qui leur tient le plus à cœur et
c'est pour cela qu'ils réclament avant
tout le droit de disposer à leur gré
des recettes de la colonie.
Les plus clairvoyants ont reconnu
aussi les inconvénients politiques et
moraux qui résultaient de la pratique
du système du rattachement. Plus on
a voulu assimiler l'Algérie à la France
et plus on a rencontre de difficultés.
Ce ne sont pas seulement les indigè-
nes qui se sont montrés rebelles à nos
lois et à nos mœurs administratives :
les colons eux-mêmes ont protesté,
non sans raison, contre les charges et
les obligations auxquelles on voulait
les soumettre sous prétexte de les as-
similer aux autres citoyens français.
Il est bien certain que si nos com-
patriotes ne devaient pas trouver au-
delà de la Méditerranée des avanta-
ges particuliers, ils n'auraient aucune
raison de s'expatrier.
- On a trouvé très étrange, par exem-
ple, que les colons algériens ne
payent pas les mêmes impôts que les
Français de la métropole. On ne ré-
fléchit pas qu'ils ne jouissent pas non
plus des mêmes avantages que nous.
En Algérie, les routes et les chemins
de fer sont encore rares ; la sécurité
n'est que relative, surtout dans les
centres agricoles où les vols sont plus
nombreux qu'en France; les approvi-
sionnements de toutes sortes sont ra-
res et beaucoup d'objets doivent être
importés de France à grands frais ;
l'argent est beaucoup plus cher que
dans la métropole, etc. En un mot, le
colon algérien manque d'une grande
partie des avantages que procure aux
citoyens de la métropole l'état si
avancé de notre Civilisation. N'est-ii
pas naturel que ses charges soient
moins lourdes?
Les raisons morales et matérielles
ne manquent donc pas pour éloigner
les Algériens du système du rattache-
ment, dont ils se montraient si parti-
sans avant d'en avoir fait l'épreuve.
r Pour moi qui ai toujours été hos-
tile à ce système, je vois avec plaisir
le revirement d'opinion qui s'est pro-
duit dans notre colonie, et je suis d'a-
vis qu'on ne pourrait retarder sans
péril l'heure où l'on - dotera l'Algérie
d'un régime plus conforme aux con-
ditions économiques qui dominent
son évolution.
J.-L. de Lanessan.
LA FIN D'UN VIEILLARD
Ce qu'on appelle l'Assistance publique
Nous dédions ce fait-divers, navrant
dans sa simplicité, à l'administration de
l'Assistance publique.
Hier matin, un vieillard se soutenant à
peine se présentait au poste de police de
Notre-Dame et disait aux gardiens : « Je
viens de l'asile des Arts libéraux. Me sen-
tant bien faible, bien malade, j'ai voulu me
faire admettre dans un hospice et je me
suis présenté à l'Hôtel-Dieu. Vous le voyez,
je puis à peine marcher ; cependant, on
on a refusé de me prendre à l'Hôtel-Dieu. Je
vous demande en grâce de m'envoyer au
Dépôt de la préfecture ; ce n'est cependant
pas là que j'espérais finir mes vieux
jours. »
Très ému, le brigadier commanda à un
agent, pris de pitié comme lui, de con-
duire de nouveau le vieillard à l'Hôtel-
Dieu.
— Peut-être, lui dit-il, la vue de l'uni-
forme décidera-t-elle l'interne de service à
recevoir ce pauvre homme.
Vaine démarche. Le vieillard fut écon-
duit. Les règlements s'opposaient à le re-
cevoir.
L'agent revint au poste à petits pas,
donnant le bras au malheureux ; mais à
peine celui-ci avait-il franchi le seuil, qu'il
s'affaissait lourdement en poussant une
plainte, inanimé.
Qui était ce vieillard? On n'a rien trouvé
sur lui, aucun papier. Sa chemise blanche
est marquée A. H. Il pouvait avoir soixante-
dix ans.
Son corps a été transporté à la Morgue ;
ce sont les dalles du funèbre monument
qui ont servi de dernier refuge à ce vieil-
lard qui s'adressait à la charité officielle.
Nous avons peut-être l'esprit mal fait au
XIX" Siècle, mais, franchement, nous ne
pouvons nous empêcher de protester con-
tre le fonctionnement de notre Assistance
publique. A quoi sert-elle donc, si elle ne
peut même donner asile à un vieillard qui
va frapper à sa porte ?
Ce n'est pas seulement pour que, cent
ans plus tard, M. Yves Guyotsoit ministre,
que nos ancêtres ont fait la Révolution !
LE CONDAMNÉ WLADIMIROFF
En attendant l'arrêt de la cour de cas-
sation. — Une crise. - La camisole
de force.
(DB NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Versailles, 90 février.
Dans la cellule n° h, qu'il occupe à la
maison d'arrêt de la rue Saint-Pierre,
Pierre de Wladimiroff, le meurtrier de
Mme Dida, se laisse aller de plus en plus à
l'abattement.
Depuis sa condamnation il ne lui est plus
permis de faire apporter ses repas du de-
hors, et il est obligé de subir le régime de
la prison, qui, à son gré, est d'une sévérité
exceptionnelle.
Aussi se plaint-il amèrement. Parfois
aussi il s'emporte.
Il a été pris avant-hier d'une crise due
autant à une petite révolte qu'à son état
maladif.
Le gardien chef de la maison d'arrêt a été
obligé de lui imposer la camisole de force,
qu'il a gardée pendant vingt-quatre heu-
res.
Depuis, il paraît plus calme.
Informé de ce fait, M. Chrétien, procu-
reur de la République, est venu le visiter.
Les conseils qu'il lui a adressés ont paru
l'émouvoir.
Mme et Mlle de Wladimiroff et Mme de
Martiny viennent voir le condamné très
fréquemment.
Le dossier de l'affaire a été transmis à
la cour de cassation il y a environ dix
jours.
On ne connaîtra sans doute pas avant
trois semaines la décision suprême.
LA PUBLICATION DU TRAITÉ
DE LA TRIPLE ALLIANCE
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Rome, 20 février.
On assure que, dans le dernier conseil
des ministres, M. Nicotera a demandé la
publication du traité d'alliance qui lie l'Ita-
lie à l'Allemagne et à l'Autriche.
On sait que le traité entre les deux der-
nières puissances a déjà été livré à la pu-
blicité il y a trois ans. M. Nicotera, arguant
de ce précédent, voudrait qu'il en soit de
même pour les clauses concernant l'I-
talie.
On dit que le marquis di Rudini n'est pas
opposé à cette publication, mais il reste à
prendre l'avis du roi et des puissances con-
tractantes.
On assure, en tout cas, que plusieurs dé-
putés ont l'intention de porter la question
devant la Chambre, en invoquant un point
de droit constitutionnel.
UN DRAME SUR UNE LOCOMOTIVE
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Mulhouse, M février.
Le personnel et les voyageurs qui se
trouvaient hier soir sur le perron de la
gare de Cernay, attendant le train express
de neuf heures, furent très étonnés de
voir ce train passer la station sans s'ar-
rêter.
Ce n'est qu'un quart d'heure après qu'on
eut l'explication de ce fait anormal.
Le mécanicien, frappé d'une attaque d'a-
poplexie foudroyante quelques instants
avant d'arriver à Thann, était tombé de la
locomotive, tandis que le train, lancé à
toute vitesse, continuait sa route, malgré
les efforts desespérés du chauffeur pour
arrêter.
Il était enfin parvenu à faire machine
en arrière et à rentrer à Cernay, où cet
événement causa une émotion facile à
comprendre.
Un autre mécanicien fut alors chargé de
conduire le train à Mulhouse.
Guerre m yoleurs !
PELLORCE ET CIRCAUD
Comment le banquier Edgard Circaud
choisit ses mandataires. — Les
souliers de Mary-Raynaud. —
Un mandataire convaincu
de vol et de fraude. —
Les terrains du quar-
tier des Maures.
Les flibustiers qui, en grugeant Paris et la
province, sont le principal obstacle à toute
reprise sérieuse des affaires, ont cru, paraît-
il, nous intimider en nous assignant de-
vant la neuvième chambre pour diffama-
tion et en nous réclamant un franc de
dommages et intérêts.
S'ils ont cru cela, nous les avertissons
charitablement qu'ils se sont trompés.
On ne se laisse pas si facilement intimi-
der au XIXc Siècle.
Nous ne nous sommes pas laissé intimi-
der par unendre de président de Répu-
blique, et le jour où il nous a été prouvé
que le beau-père favorisait les tripotages
du gendre, c'est le président de la Républi-
que lui-même que nous avons pris au col-
let, et que nous avons forcé à descendre
de son fauteuil présidentiel.
Si nous rappelons ce précédent, c'est
uniquement pour montrer combien il faut
que les flibustiers dénoncés par nous soient
affolés pour s'imaginer qu'ils pourront
nous intimider en nous faisant assigner par
un de leurs chefs devant M. Toutée.
M. Edgard Circaud, l'auteur de l'assigna-
tion dont nous avons parlé hier, n'est, en
effet, pas seulement un flibustier : c'est un
chef dans l'innombrable armée de la fli-
buste financière.
C'est surtout en matière financiére qu'é-
clate la vérité du proverbe : Dis-moi qui
tu hantes et je te dirai qui tu es. Or M. Ed-
gard Circaud ne fréquente pas seulement
les flibustiers, il les emploie de préférence.
L'autre jour avait lieu l'assemblée d'une
affaire qu'il a plus chaudement recomman-
dée qu'aucune autre dans son journal, dans
sa circulaire, dans ses bulletins financier,
et dans le bureau de cette assemblée, aux
places d'honneur, on a vu figurer deux re-
pris de justice.
Où Pellorce montre le nez
Nous avons dit d'autre part que M. Ed-
gard Circaud avait chaussé les souliers de
M. Mary-Raynaud, dans l'intention mal dis-
simulée de continuer son honnête com-
merce. M. Mary-Raynaud avait acquis, on
le sait, le droit d'exploiter la partie finan-
cière du journal monarchiste le Gaulois et
de l'utiliser sans contrôle pour les besoins
de ses combinaisons. M. Circaud a sollicité
l'honneur de succéder dans ce journal a
M. Mary-Raynaud.
Cet honneur, il l'a obtenu, et afin de
mieux marquer, sans doute, que son inten-
tion était bien de se conformer aux erre-
ments de son prédécesseur, il a désigné
comme son mandataire pour le représen-
ter au Gaulois un homme de sa bande, un
flibustier dont il nous suffira de citer les
exploits les plus récents pour que le public,
dont nous défendons les intérêts, soit com-
plètement édifié sur son compte.
Beaucoup de nos lecteurs se rappellent
certainement avoir lu pendant longtemps,
à la quatrième page du Petit Journal et de
quelques autres journaux, une annonce
ainsi conçue :
e millions à placer par fractions avec hy-
pothèques, avances sur biens et titres dotaux.
Prêts et achats en nues-propriétés, usufruits.
Avances avant formalités. Discrétion.
Un grand nombre d'époux gênés et ma-
riés sous le régime dotal se laissaient pren-
dre à cette amorce. Ils se rendaient à l'a-
dresse indiquée par l'annonce. Aussitôt ils
étaient mis en rapport avec un certain Pel-
lorce, bien connu dans le monde financier
par ses opérations louches, et notamment
par l'émjssion bruyante qu'il fit, il y a une
dizaine d'années, des bons de VAssurance
financière.
La combinaison de Pellorce reposait sur
une hypothèse malheureusement trop sou-
vent fondée. Il s'était dit que les trois quarts
du temps, les parents ne marient leurs
filles sous le régime dotal que parce qu'ils
se méfient de la prodigalité du mari. Il
avait dès lors pensé qu'il devait se trouver
un certain nombre d'époux prodigues que
le régime dotal mettait dans l'impossibilité
de dissiper leur patrimoine et qui cepen-
dant, lorsqu'ils avaient à payer certaines
dettes, celles, par exemple, qu'il est con-
venu d'appeler des dettes d'honneur, de-
vaient être disposés à consentir n'importe
quels sacrifices pour se procurer de l'ar-
gent.
Lorsque ses annonces et ses rabatteurs
lui amenaient des époux dont le contrat de
mariage stipulait que les immeubles ou les
biens dotaux devaient être remployés en
achat d'immeubles, voici comment Pellorce
tournait et tourne probablement encore la
difficulté :
Il achetait ou faisait acheter par un com-
père l'immeuble dotal, et avec, l'aide d'un
notaire complaisant il vendait aux époux,
en guise de remploi, à raison de 10 francs
le mètre et même davantage, des terrains
absolument incultes qu'il avait achetés pré-
cédemment ou fait acheter à raison de 20
ou 25 centimes le mètre.
Le remploi ainsi effectué, il remettait aux
époux une soulte minime en argent, plus
quelques lézards empaillés et le tour était
joué.
Cette escroquerie au bien dotal a, dit-on,
rapporté au nommé Pellorce beaucoup
d'argent.
Malheureusement pour lui, quelques-
unes de ses dupes s'étant aperçues que les
terrains qu'il leur avait vendus 10 francs le
mètre ne valaient rien et ne représentaient
même pas la millième partie de la soulte
qui leur avait été remise, y compris les lé-
zards empaillés, s'adressèrent aux tribu-
naux, et les tribunaux, toutes les fois qu'ils
furent saisis, annulèrent l'opération, non
toutefois sans qualifier comme ils le mé-
ritaient les procédés du sieur Pellorce.
Pellorce condamné
C'est ainsi que la deuxième chambre du
tribunal'civil vient, dans son audience du
23 janvier 1891, d'établir que Pellorce se
rendait habituellement coupable, grâce à
Ses annonces dans le Petit Journal et ail-
leurs, de « vol et de fraude. »
Voici dans quelles circonstances ce juge-
ment caractéristique.a été rendu :
Mme Odilon Barrot, épouse de M. Odilon
Barrot, conseiller général de l'Ardèche, qui
/a été plusieurs fois candidats à la députa-
tiOL, était créancière de Mme Adolphe Bar-
rot, sa belle-mère, de la somme de
108,798 fr. 10, garantie par une inscription
hypothécaire sur une maison sise à Paris,
boulevard de Strasbourg, nO U6, laquelle
créance était frappée de dotalité et devait
être remployée en acquisition d'immeubles
situés en France ou aux Etats-Unis.
Sur cette créance de 108,798 francs, Pel-
lorce fit transporter à un de ses compères
83,798 francs pour paiement, à raison de
10 francs le mètre, de 8,000 mètres de ter-
rains situés dans les Alpes-Maritimes qu'il
avait précédemment achetés 20 centimes le
mètre.
En outre de ces terrains, Pellorce remit à
M. Odilon Barrot quelques lézards empail-
lés dont le produit devait servir à payer les
frais de sa dernière campagne électorale.
Mais M. Odilon Barrot s'étant aperçu que
les lézards de Pellorce ne valaient pas
grand chose et que ses terrains de Mande-
lieu (quartier des Maures, Alpes-Mariti-
mes) ne valaient rien du tout, introduisit,
d'accord avec Mme Odilon Barrot, devant
le tribunal civil de la Seine, une demande
en résiliation de son contrat avec Pellorce.
La demande des époux Odilon Barrot a
été éloquemment soutenue par Me Sandri-
que, ancien député de l'Aisne.
Texte du jugement
La deuxième chambre du tribunal civil
de la Seine, présidée par M. Gillet, a rendu
un jugement qui annule le contrat et dont
le public nous saura gré de lui signaler les
passages ci-après :
Attendu que Pellorce est spécialement connu
pour se livrer a ce genre de spéculations ; que.
ses agissements, destructif du régime dotal,
ont été sévèrement appréciés par maintes dé-
cisions de justice ; qu'ils constituent des ma-
nœuvres frauduleuses combinées pour faire
échec à la loi et provoquer la ruine des époux
que ce régime devait protéger;
Attendu que Pellorce est le maître de l'a-
gence dite de placements sur fonds dotaux,
qu'il a installée à Paris pour opérer des rem-
plois fictifs et illusoires ; qu'il a été l'instiga-
teur des opérations ci-dessus analysées;
Qu'il est constant que les négociations qui
ont précédé lesdites opérations sont l'œuvre
de Pellorce ;
Que les précédents jugements rendus contre
lui, à raison des manœuvres frauduleuses
employées dans des opérations de même na-
ture, viendraient au besoin confirmer cette
appréciation ;
Attendu qu'il convient d'observer que, com-
me dans les causes auxquelles se réfèrent les-
dits jugements, le terrain servant au rem-
ploi dotal fait partie des terrains incultes de
Mandelieu, quartier des Maures (Alpes-Ma-
ritimes), et que ces terrains sont la pro-
priété de Pellorce et de ses associés ;
Attendu, en ce qui touche le notaire Lutrat,
qu'il n'a pu se méprendre sur le caractère
illicite des opérations combinées par Pellorce;
qu'il a concouru successivement dans de nom-
breux actes de son ministère concernant des
femmes dotales à la fraude organisée par Pel-
lorce pour éluder les prescriptions de la loi
qu'il était tenu d'observer ;
Qu'il s'est fait sciemment le complice des
sus-nommés ;
Attendu que Pellorce et Lutrat, ayant ainsi
participé au vol et à ia fraude ci-dessus carac-
térisés, sont obligés au même titre envers la
demanderesse ;
Que leur responsabilité étant née d'un délit
civil, il y a lieu de les déclarer solidaires dans
la réparation qu'il comporte.
Par ces motifs,
Dit nulle et de nul effet la vente susénoncée;
en conséquence prononce la nullité du rem-
ploi dotal qu'elle avait pour but d'opérer.
Déclare Pellorce responsable envers la dame
Odilon Barrot de la fraude ci-dessus rele-
vée.
Le condamne, etc.
Au voleur I
Tels sont les hommes, tels sont les amis,
les mandataires des hommes qui se pré-
tendent diffamés quand nous les prenons
la main dans le sac et qui oseni nous ap-
peler devant cette police correctionnelle
par laquelle ils auraient dû depuis long-
temps être condamnés comme escrocs, si
le parquet avait fait son devoir.
Mais, malheureux, ce n'est pas nous seu-
lement, vous le voyez bien : ce sont aussi
les juges du tribunal civil qui vous repro-
chent vos fraudes et vos vols.
Que ne les accusez-vous aussi de vous
diffamer?
Nous avons eu l'autre jour le spectacle de
gendarmes se portant caution pour des
filous; nous verrions des filous poursui-
vant des juges.
Ce serait tout à fait fin de siècle!
,-. LES ANNONCES
DU « PETIT JOURNAL »
Nouvelles escroqueries. — Les écu-
meurs de krachs.
Le Petit Journal continue imperturbable-
ment son œuvre de dévastation de la petite
épargne.
Dans son dernier numéro,il publiait deux
des annonces que nous avons reproduites
hier, l'une promettant 5,350 francs et plus
à gagner en cinq jours avec 50 francs avec
capital garanti, l'autre promettant seule-
ment 5,000 francs à gagner avec 50 francs,
mais avec un remboursement de 100 francs
garanti en cas d'insuccès.
Il publiait en outre l'annonce suivante.
qui doit, elle aussi, cacher quelque jolie
escroquerie :
ATI AU NOUVELLE et UNIQUE.
SnrrtpUiUll LAMUH Fortune rapide sans
risques ni aléa avec très petit capital tou-
jours disponible. Bénéfices énormes payés
chaque mois.
Il parait se confirmer d'ailleurs que Macé
se servait presque exclusivement pour ses
escroqueries des annonces du Petit Jour-
nal.
Aussi la quatrième page du Petit Journal
est-elle remplie d'annonces dans le goût de
celle-ci :
FAILLITE MACÉ
M. X. s'occupe de grouper tous les créan-
ciers. — Renseignements importants.
Si l'on se rend à l'adresse indiquée, on
vous demande un versement préalable de
5 à 20 francs.
Il est bien entendu, d'ailleurs, que l'in-
tervention de ces industriels ne peut abou-
tir qu'à augmenter un peu la perte des
créanciers de la faillite Macé. Tout ce qu'ils
peuvent faire, en effet, c'est de produire à
la faillite, mais ils ne lui feront pas pro-
duire davantage.
Après les fauteurs de krachs, les écu-
meurs de krachs. M. Marinoni ouvre com-
plaisamment aux uns et aux autres les co-
onnes du Petit Journal.
l
UN NOUVEL EMPRUxm I ITALIEN
Rome, 20 février.
On déclare très sérieuse la nouvelle donnée
par le Capiton Fracassa, d'après laquelle le
ministre des finances serait en négociations
avec une grande banque de Paris pour une
[ avance de 30 millions de francs en or.
[ CHRONIQUE
Nous venons d'accompagner à sa der-
nière demeure Gustave Merlet, qui est
mort avant-hier, professeur de rhétorique
au lycée Louis-le-Grand, membre du con-
seil de l'instruction publique, officier de
la Légion d'honneur. Depuis longtemps
il souhaitait le poste d'inspecteur géné-
ral ; le décret qui l'élevait à cette dignité
ne fut signé que la veille de sa mort et
ne parut à l'Officiel que le lendemain.
Gustave Merlet était entré à l'Ecole
normale en 18A8, avec Taine, About, Al-
bert et quelques autres de nos anciens
camarades, qui depuis ont fait un assez
bon chemin dans le monde. C'est là que
je l'ai connu et aimé. De nous tous, c'est
Merlet qui est demeuré le plus obstiné-
ment fidèle à l'Université, et peut-être
serait-il permis de le donner comme le
type le plus achevé du professeur con-
temporain.
C'est une remarque curieuse à faire :
nos jeunes camarades de l'Ecole nor-
male y entrent aujourd'hui avec une se-
crète arrière-pensée de pousser leur
pointe ailleurs que dans le professorat.
Ils n'y viennent chercher qu'un sup-
plément d'éducation, trois années de
hautes études, qui leur ouvriront plus
tard un plus facile accès soit à l'instruc-
tion supérieure, soit à la haute adminis-
tration, soit aux lettres ou aux travaux
académiques.
A Dieu ne plaise que je blâme ces jeu-
nes ambitions! mais nous n'en étions
pas travaillés en notre temps. Quand
nous sommes entrés à l'Ecole normale,
en 18^8, c'était avec l'intention loyale
d'en sortir professeurs, et nous ne trou-
vions rien de plus beau et de plus noble
au monde que l'enseignement. About lui-
même, qui était à coup sûr un des hom-
mes les moins faits qu'il y eût au monde
pour occuper une chaire, et surtout une
chaire de province, About n'a longtemps
visé, dans ses plus beaux rêves d'avenir,
qu'une nomination à la Sorbonne.
Il est vrai de dire qu'en ce temps-là
l'enseignement menait à tout. Au temps
où nous étions élèves, sous Louis-Phi-
lippe, nous avions vu nos maîtres rappe-
lés tout jeunes à Paris, tandis que les an-
ciens occupaient dans l'Etat des postes
importants : l'exemple de Cousin et Ville-
main tournait toutes les têtes. On pou-
vait donc, en suivant la filière de l'Uni-
versité, arriver aux plus hautes places
et tenir attachés sur soi les yeux de la
foule.
Nous avons tous été férus de pédago-
gie, bien que le mot ne fût pas encore à
la mode. Ce goût ne résista point chez la
plupart d'entre nous à la persécution
qu'on nous fit subir après 1852. Quand
nous vîmes que toutes les routes étaient
bouchées pour nous à l'avancement, qu'il
nous faudrait moisir en province, à la
merci de chefs hiérarchiques acharnés à
nous tracasser, nous jetâmes le froc aux
orties. Nous avions la vocation ; elle -n'é-
tait pas assez tenace. Vous vous rappelez
le mot d'une des comédies de Labiche :
— Quand j'épousai ma femme, elle res-
pirait la vertu. Seulement elle avait l'ha-
leine courte.
Nous aussi, nous avons manqué d'ha-
leine. Nous avons jeté notre démission
au nez des ministres, et nous sommes
venus courir à Paris les aventures d'une
vie hasardeuse.
Merlet avait eu plus de bon sens que
nous. Pénétré de cette idée qu'il était pro-
fesseur et que c'était par conséquent
dans le professorat qu'il devait faire son
chemin, il avait subordonné ses senti-
ments et sa vie tout entière à son métier;
je ne veux point dire par là qu'il donna
aucun gage particulier de soumission à
l'empire ; il en était bien incapable : c'était
l'homme le plus désintéressé qu'il y eût
au monde, et il tenait la politique en
mince estime. Il n'en faisait pas.
Il n'aimait, il ne vivait que pour sa
classe. Il fut très rapidement distingué
par les inspecteurs généraux, et,après un
court stage en province, il fut rappelé à
Paris, où il exerça d'abord à Charlemagne ;
puis enfin il entra en possession de la
chaire de rhétorique à Louis-le-Grand et
s'y assit pour le reste de ses jours.
Vous ne pouvez vous figurer ce qu'é-
tait en ce temps-là la superstition de la
rhétorique. Je vois à présent de jeunes
professeurs me dire qu'ils préfèrent de
beaucoup la seconde, une classe intermé-
diaire, qui est toujours peu nombreuse et
qui ne donne pas grand mal, tandis que
la rhétorique impose un travail considé-
rable et de redoutables responsabilités.
Mais à l'époque de ma jeunesse, la classe
de seconde n'était qu'un stage où il était
presque honteux de s'attarder. On aspi-
rait à la rhétorique, qui exerçait sur les
imaginations un prestige énorme. On sa-
vait que la besogne serait doublée et que
les appointements resteraient à peu près
les mêmes, mais être le professeur de
rhétorique, c'était posséder le plus beau
des - titres. -- Songez que des trois prix
d honneur au concours général, celui de
rhétorique était de beaucoup le plus
estimé, le plus glorieux même. Songez
qu'après avoir achevé leur classe de phi-
losophie, les meilleurs élèves, à Paris,
revenaient parfois faire une nouvelle
année de rhétorique pour s'y préparer
à l'Ecole normale.
Personne n'eut de l'enseignement de la
rhétorique une idée plus haute que Mer-
let ; personne ne s'y consacra avec plus
de passion, personne n'y porta plus de
conscience et de soin. C'est grâce à lui
que le lycée Louis-le-Grand devint, pour
ainsi dire, la pépinière de l'Ecole nor-
male. Tous ceux qui avaient formé le
projet de s'y présenter comme candidats
venaient s'y préparer avec lui. Il avait
des classes qui ne comptaient pas moins
de quatre-vingts élèves ; et sur ces qua-
tre-vingts élever îl y en avait au moins
r trente qui étaient ce que nous appelions
au lycée des forts et dont il fallait suivre
avec attention les progrès et les devoirs.
Jamais Merlet n'a plié sous cette tâche
écrasante; jamais il n'en a répudié la -
moindre partie. Il lisait avec une assi-
duité extraordinaire toutes les copies des -
élèves et les rendait annotées de sa mai®/'
ir était le professeur modèle. Et il l'éitt
non par un certain respect de son devoir -
professionnel, ce qui eût déjà été très-
louable, mais par une passion sincère ; il
aimait son métier, il adorait ses élèves.
Je le rencontrais parfois aux représen-
tations que donnent les théâtres de la rive
gauche, qu'il habitait. Il n'avait d'autre
conversation que de parler de sa classe,
des espérances qu'elle lui donnait, des
jeunes talents qu'il croyait avoir décou-
verts, des futurs professeurs qu'il ména-
geait à notre Université. Là-dessus, il était
intarissable. On sentait qu'il causait d'a,.<
bondance de cœur. ;
Et cependant il s'était attelé à beaucoup
d'autres travaux. Il a publié un nombre
considérable d'ouvrages, dont le plus im-
portant a mérité un prix de l'Académie
française : c'est le Tableau de la littéral
ture française de 1800 à 1875, dans lequel
il s'était proposé d'embrasser l'ensemble
des métamorphoses traversées par notre
génie littéraire depuis les origines du dix..-
neuvième siècle jusqu'à nos jours.
Plusieurs de ses volumes jouissent d'unis
grand crédit dans l'enseignement secon.
daire des filles et des garçons; car ce sont
des ouvrages très utiles, faits par une
homme du métier, qui n'avait pas misl
sur ses yeux les œillères de l'Ecole. Il
s'était laissé pénétrer au souffle des idées
nouvelles ; il- se piquait d'être, en mêma
temps que le professeur le plus attacha
à sa classe, un homme du monde aiX
courant de toute la littérature contena-o
poraine.
Il y a une chose dont je lui savais unfc
gré infini. Jamais, bien que nous fussionaf
de vieux camarades, il ne me demandar
pour un de ses livres une ligne de ré-,
clame ; il était aussi fier que modeste, et
j'eus le plaisir de pouvoir ne dire de se*
ouvrages que le bien que j'en pensais
sincèrement.
En ces dernières années, sa vue avait
sensiblement'baissé; il avait toujours eut
les yeux délicats. Il ne s'en plaignait que!
pour regretter de ne plus pouvoir se li-
vrer avec le même acharnement à la lec-
ture et à la correction des copies de ses
élèves. C'est cette infirmité, toujours crois
santé, qui lui avait fait désirer un poste
d'inspecteur général.
Il est mort juste à l'heure où il allait
l'obtenir.
Voilà que nous ne restons plus guère;
hélas! de ces trois fournées de 18A7,
18.48 et 18A9, qui sont restées légendaires
dans les annales de l'Ecole normale. -'
Serrons les rangs !
Francisque Sarcey.
TOUS BOUDDHISTES
UNE CÉRÉMONIE
COMME ON N'EN VOIT QU'A PARIle
Au musée Guimet, dans la salle boud;
dhiste. — Chez M. Léon de Rosny. -
Le bouddhisme à Paris. — Il
n'y a que Bouddha.
Une cérémonie unique, comme les Pari
siens n'en verront pas de longtemps, seras
offerte ce matin à quelques privilégiés dans;
la salle consacrée au bouddhisme du musées
Guimet. C'est d'une cérémonie bouddhist
qu'il s'agit, avec deux bonzes officiants, eai
rite solennel, autel paré, encensoirs fu..;
mants, cierges allumés, en plein Paris, ft
une époque où les religions, comme lest
dieux, s'en vont. Avouez que la chose n
manque pas de piquant. Les deux prêtre
qui officieront sont deux Japonais donC
l'aventure mérite d'être rapportée. -'
C'est M. Guimet qui nous en a donné le3r
détails.
Nos lecteurs n'ont pas oublié le souveniez
du naufrage de VErtogrult vaisseau sur le-;
quel le sultan de Turquie, désireux d'être
agréable à l'empereur du Japon, avait em
barqué un ambassadeur porteur de déc
rations pour le mikado et la famille royale:;
On sait encore que VErtogruX fut perdu eï
que peu de passagers purent échapper à las
tempête. Mais le mikado, touché de l'atten-
tion du sultan, rapatria les quelques sur
vivants à ses frais et lui envoya deux na..
vires.
En passant à Ceylan, les navires japonais
prirent deux chapelains qui étudiaient le
sanscrit. Ces deux prêtres bouddhistes arrw
vèrent à Constantinople, puis,pensant qu'il!
était bon de profiter^'une si belle occa
sion, ils résolurent de visiter l'Europe.
Ils sont actuellement à Paris et ils n'onfr
pas manqué, ces lettrés japonais, de ren-
dre visite à M. Guimet, qui jouit parmi les
membre de leur secte d'une grande répu
tation.
M. Guimet leur a fait visiter son muséet
et, surtout, la salle bouddhiste où sont en-
tassés les images sacrées, les vêtements et
les objets servant à la célébration de leur
culte et que M. Guimet a rapportés de son
voyage en 1876. Ils se crurent transportés
dans quelque temple de leur pays. Ils de*,
mandèrent à célébrer leurs offices avec so-
lennité. Comment ce désir n'aurait-il pasr
été exaucé? Ce matin même, ils pourron t
officier tout à leur aise.
Nous allions oublier de donner leura
noms: les deux Japonnais s'appellent Ko-,
Idguni-Rio-Tee et Voshitsura-Kogu.
Les bouddhistes de Paris
Si tous les bouddhistes de Paris sont invi";
tés à cette curieuse cérémonie, la salle dQ
M. Guimet sera trop petite; on a prétendu.
et, parait-il, c'est la vérité, que les parti-
sans de Bouddha à Paris étaient au nombre
de trente mille. Parmi ses plus fervents
adeptes, on compterait les descendants et.
les descendantes de ceux qui, jadis, versè-
rent leur sang pour la défense du tombeam
du Christ. 0 tempora !
A coup sûr, il y a à Paris un bouddhiste-a'
M. de Rosny, le très savant professeur de 1%
Sorbonne. Il nous a paru opportun de lu
rendre visite, avenue Duquesne, dans un-
l hôtel encadré à droite par l'église Saint
[ François-Xavier et à srauche cay )ak *****
JOURNAL RÉPUBLICAIN
RÉDACTION
fll42. Rue Mo --a, tre
PARIS
DIRECTEUR POLITIQUE
ïft., - EDOUARD PORTALIS
PRIX DE L'ABONNEMENT:
TParis. ,. Trtii noit, 6 f.; Six mois, f. f. t; BaM, 20 1
Départements - 7 J.; - 12 f.; — 24 i.
"'Union Postale — 91.; - 161.; — 32 f.
JA$abonnements partent des 1" et 15 de chaque mois.
Adresse télégraphique : XIXe SIÈCLE — PARIS
Téléphone : 20.289 bis.
ADMINISTRATION
142, Rue Moirtiriartrar -
PARIS
RÉGISSEURS D'ANNONCES
MM. LAG RANGE, CERF e, C*
6, place de la Bourse, 6 'i -
PRIX DE L'ABONNEMENT :
Paris.. Trois mou, 6 f.; Six MU, lit; (tan, 20 f/
Départements — 71.; — 121.; — 24 L
Union Postale - 9L; — 16f.; — 32 fi
Les abonnements partent des 1" et 15 de chaque moit
Adresse télégraphique : XIX* SIÈCLE — PARIS
Téléphone : 20.289 bit.
L'ALGÉRIE
L'interpellation de M. le sénateur
Dicte et la présence à Paris de M.Tir-
inan, dans les conditions spéciales que
l'on sait, soulèvent une grosse ques-
tion qu'il est nécessaire de résoudre à
bref délai.
Il s'agit de savoir si l'Algérie sera
définitivement et complètement assi-
milée à la métropole, si elle ne sera
plus qu'une réunion de départements
français, semblables à tous les autres,
avec la même organisation adminis-
trative et financière ; ou si, au con-
traire, entrant dans une voie nou-
velle, on lui donnera une large auto-
nomie administrative, avec un bud-
get spécial dont les recettes et les dé-
penses seraient réglées par les pou-
voirs locaux.
, Les intéressés ont été, tour à tour,
partisans des deux systèmes. Il y a
quelques années seulement, tous les
Algériens étaient pour l'assimilation
de notre grande colonie africaine aux
départements français. Depuis quel-
que temps, ils ont adopté l'opinion
contl'aire. L'expérience qu'ils ont
faite pendant une quinzaine d'années
.du régime du « rattachement M, qu'ils
avaient eux-mêmes sollicité, les a con-
vaincus de ses défauts. Elle a produit
Qe même effet sur la plupart des per-
sonnes qui connaissent la question al-
gérienne.
Le régime du « rattachement » n'a
îpas produit, en effet, les résultats
qu'en attendaient ses partisans. Ils
pensaient qu'il serait plus favorable
que tout autre au développement de
la colonisation en Algérie. Ils y
voyaient un moyen de procurer à la
colonie des ressources pécuniaires
qu'elle n'aurait pas pu trouver dans
son propre budget.
Ces prévisions ont d'abord été con-
firmées par les faits. Pendant quel-
ques années, l'Algérie a trouvé dans
le rattachement le moyen de faire
faire des travaux publics dont elle se-
rait encore dépourvue si elle n'avait
eu, pour y procéder, que les recettes
locales. C'était l'ère des vaches gras-
ses. Les Algériens doivent avouer
qu'ils en ont quelque peu abusé. Ce
n'est pas seulement des travaux utiles
qu'ils ont faits avec l'argent de la mé-
tropole, ce sont aussi des créations
innombrables de fonctionnaires dont
beaucoup auraient pu être économi-
sées sans inconvénient.
La période des vaches maigres est
ensuite venue. La métropole a serré
les cordons de sa bourse,en partie par
nécessité, en partie pour mettre un
terme à des abus indéniables. Dès
lors, l'Algérie a vu s'arrêter le déve-
loppement de son outillage industriel
et commercial, tandis que ses recettes
augmentaient par suite du progrès de
la colonisation.
Il y a dans ce fait un premier mo-
tif pour que les Algériens renoncent
au système du rattachement. C'est
celui qui leur tient le plus à cœur et
c'est pour cela qu'ils réclament avant
tout le droit de disposer à leur gré
des recettes de la colonie.
Les plus clairvoyants ont reconnu
aussi les inconvénients politiques et
moraux qui résultaient de la pratique
du système du rattachement. Plus on
a voulu assimiler l'Algérie à la France
et plus on a rencontre de difficultés.
Ce ne sont pas seulement les indigè-
nes qui se sont montrés rebelles à nos
lois et à nos mœurs administratives :
les colons eux-mêmes ont protesté,
non sans raison, contre les charges et
les obligations auxquelles on voulait
les soumettre sous prétexte de les as-
similer aux autres citoyens français.
Il est bien certain que si nos com-
patriotes ne devaient pas trouver au-
delà de la Méditerranée des avanta-
ges particuliers, ils n'auraient aucune
raison de s'expatrier.
- On a trouvé très étrange, par exem-
ple, que les colons algériens ne
payent pas les mêmes impôts que les
Français de la métropole. On ne ré-
fléchit pas qu'ils ne jouissent pas non
plus des mêmes avantages que nous.
En Algérie, les routes et les chemins
de fer sont encore rares ; la sécurité
n'est que relative, surtout dans les
centres agricoles où les vols sont plus
nombreux qu'en France; les approvi-
sionnements de toutes sortes sont ra-
res et beaucoup d'objets doivent être
importés de France à grands frais ;
l'argent est beaucoup plus cher que
dans la métropole, etc. En un mot, le
colon algérien manque d'une grande
partie des avantages que procure aux
citoyens de la métropole l'état si
avancé de notre Civilisation. N'est-ii
pas naturel que ses charges soient
moins lourdes?
Les raisons morales et matérielles
ne manquent donc pas pour éloigner
les Algériens du système du rattache-
ment, dont ils se montraient si parti-
sans avant d'en avoir fait l'épreuve.
r Pour moi qui ai toujours été hos-
tile à ce système, je vois avec plaisir
le revirement d'opinion qui s'est pro-
duit dans notre colonie, et je suis d'a-
vis qu'on ne pourrait retarder sans
péril l'heure où l'on - dotera l'Algérie
d'un régime plus conforme aux con-
ditions économiques qui dominent
son évolution.
J.-L. de Lanessan.
LA FIN D'UN VIEILLARD
Ce qu'on appelle l'Assistance publique
Nous dédions ce fait-divers, navrant
dans sa simplicité, à l'administration de
l'Assistance publique.
Hier matin, un vieillard se soutenant à
peine se présentait au poste de police de
Notre-Dame et disait aux gardiens : « Je
viens de l'asile des Arts libéraux. Me sen-
tant bien faible, bien malade, j'ai voulu me
faire admettre dans un hospice et je me
suis présenté à l'Hôtel-Dieu. Vous le voyez,
je puis à peine marcher ; cependant, on
on a refusé de me prendre à l'Hôtel-Dieu. Je
vous demande en grâce de m'envoyer au
Dépôt de la préfecture ; ce n'est cependant
pas là que j'espérais finir mes vieux
jours. »
Très ému, le brigadier commanda à un
agent, pris de pitié comme lui, de con-
duire de nouveau le vieillard à l'Hôtel-
Dieu.
— Peut-être, lui dit-il, la vue de l'uni-
forme décidera-t-elle l'interne de service à
recevoir ce pauvre homme.
Vaine démarche. Le vieillard fut écon-
duit. Les règlements s'opposaient à le re-
cevoir.
L'agent revint au poste à petits pas,
donnant le bras au malheureux ; mais à
peine celui-ci avait-il franchi le seuil, qu'il
s'affaissait lourdement en poussant une
plainte, inanimé.
Qui était ce vieillard? On n'a rien trouvé
sur lui, aucun papier. Sa chemise blanche
est marquée A. H. Il pouvait avoir soixante-
dix ans.
Son corps a été transporté à la Morgue ;
ce sont les dalles du funèbre monument
qui ont servi de dernier refuge à ce vieil-
lard qui s'adressait à la charité officielle.
Nous avons peut-être l'esprit mal fait au
XIX" Siècle, mais, franchement, nous ne
pouvons nous empêcher de protester con-
tre le fonctionnement de notre Assistance
publique. A quoi sert-elle donc, si elle ne
peut même donner asile à un vieillard qui
va frapper à sa porte ?
Ce n'est pas seulement pour que, cent
ans plus tard, M. Yves Guyotsoit ministre,
que nos ancêtres ont fait la Révolution !
LE CONDAMNÉ WLADIMIROFF
En attendant l'arrêt de la cour de cas-
sation. — Une crise. - La camisole
de force.
(DB NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Versailles, 90 février.
Dans la cellule n° h, qu'il occupe à la
maison d'arrêt de la rue Saint-Pierre,
Pierre de Wladimiroff, le meurtrier de
Mme Dida, se laisse aller de plus en plus à
l'abattement.
Depuis sa condamnation il ne lui est plus
permis de faire apporter ses repas du de-
hors, et il est obligé de subir le régime de
la prison, qui, à son gré, est d'une sévérité
exceptionnelle.
Aussi se plaint-il amèrement. Parfois
aussi il s'emporte.
Il a été pris avant-hier d'une crise due
autant à une petite révolte qu'à son état
maladif.
Le gardien chef de la maison d'arrêt a été
obligé de lui imposer la camisole de force,
qu'il a gardée pendant vingt-quatre heu-
res.
Depuis, il paraît plus calme.
Informé de ce fait, M. Chrétien, procu-
reur de la République, est venu le visiter.
Les conseils qu'il lui a adressés ont paru
l'émouvoir.
Mme et Mlle de Wladimiroff et Mme de
Martiny viennent voir le condamné très
fréquemment.
Le dossier de l'affaire a été transmis à
la cour de cassation il y a environ dix
jours.
On ne connaîtra sans doute pas avant
trois semaines la décision suprême.
LA PUBLICATION DU TRAITÉ
DE LA TRIPLE ALLIANCE
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Rome, 20 février.
On assure que, dans le dernier conseil
des ministres, M. Nicotera a demandé la
publication du traité d'alliance qui lie l'Ita-
lie à l'Allemagne et à l'Autriche.
On sait que le traité entre les deux der-
nières puissances a déjà été livré à la pu-
blicité il y a trois ans. M. Nicotera, arguant
de ce précédent, voudrait qu'il en soit de
même pour les clauses concernant l'I-
talie.
On dit que le marquis di Rudini n'est pas
opposé à cette publication, mais il reste à
prendre l'avis du roi et des puissances con-
tractantes.
On assure, en tout cas, que plusieurs dé-
putés ont l'intention de porter la question
devant la Chambre, en invoquant un point
de droit constitutionnel.
UN DRAME SUR UNE LOCOMOTIVE
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Mulhouse, M février.
Le personnel et les voyageurs qui se
trouvaient hier soir sur le perron de la
gare de Cernay, attendant le train express
de neuf heures, furent très étonnés de
voir ce train passer la station sans s'ar-
rêter.
Ce n'est qu'un quart d'heure après qu'on
eut l'explication de ce fait anormal.
Le mécanicien, frappé d'une attaque d'a-
poplexie foudroyante quelques instants
avant d'arriver à Thann, était tombé de la
locomotive, tandis que le train, lancé à
toute vitesse, continuait sa route, malgré
les efforts desespérés du chauffeur pour
arrêter.
Il était enfin parvenu à faire machine
en arrière et à rentrer à Cernay, où cet
événement causa une émotion facile à
comprendre.
Un autre mécanicien fut alors chargé de
conduire le train à Mulhouse.
Guerre m yoleurs !
PELLORCE ET CIRCAUD
Comment le banquier Edgard Circaud
choisit ses mandataires. — Les
souliers de Mary-Raynaud. —
Un mandataire convaincu
de vol et de fraude. —
Les terrains du quar-
tier des Maures.
Les flibustiers qui, en grugeant Paris et la
province, sont le principal obstacle à toute
reprise sérieuse des affaires, ont cru, paraît-
il, nous intimider en nous assignant de-
vant la neuvième chambre pour diffama-
tion et en nous réclamant un franc de
dommages et intérêts.
S'ils ont cru cela, nous les avertissons
charitablement qu'ils se sont trompés.
On ne se laisse pas si facilement intimi-
der au XIXc Siècle.
Nous ne nous sommes pas laissé intimi-
der par unendre de président de Répu-
blique, et le jour où il nous a été prouvé
que le beau-père favorisait les tripotages
du gendre, c'est le président de la Républi-
que lui-même que nous avons pris au col-
let, et que nous avons forcé à descendre
de son fauteuil présidentiel.
Si nous rappelons ce précédent, c'est
uniquement pour montrer combien il faut
que les flibustiers dénoncés par nous soient
affolés pour s'imaginer qu'ils pourront
nous intimider en nous faisant assigner par
un de leurs chefs devant M. Toutée.
M. Edgard Circaud, l'auteur de l'assigna-
tion dont nous avons parlé hier, n'est, en
effet, pas seulement un flibustier : c'est un
chef dans l'innombrable armée de la fli-
buste financière.
C'est surtout en matière financiére qu'é-
clate la vérité du proverbe : Dis-moi qui
tu hantes et je te dirai qui tu es. Or M. Ed-
gard Circaud ne fréquente pas seulement
les flibustiers, il les emploie de préférence.
L'autre jour avait lieu l'assemblée d'une
affaire qu'il a plus chaudement recomman-
dée qu'aucune autre dans son journal, dans
sa circulaire, dans ses bulletins financier,
et dans le bureau de cette assemblée, aux
places d'honneur, on a vu figurer deux re-
pris de justice.
Où Pellorce montre le nez
Nous avons dit d'autre part que M. Ed-
gard Circaud avait chaussé les souliers de
M. Mary-Raynaud, dans l'intention mal dis-
simulée de continuer son honnête com-
merce. M. Mary-Raynaud avait acquis, on
le sait, le droit d'exploiter la partie finan-
cière du journal monarchiste le Gaulois et
de l'utiliser sans contrôle pour les besoins
de ses combinaisons. M. Circaud a sollicité
l'honneur de succéder dans ce journal a
M. Mary-Raynaud.
Cet honneur, il l'a obtenu, et afin de
mieux marquer, sans doute, que son inten-
tion était bien de se conformer aux erre-
ments de son prédécesseur, il a désigné
comme son mandataire pour le représen-
ter au Gaulois un homme de sa bande, un
flibustier dont il nous suffira de citer les
exploits les plus récents pour que le public,
dont nous défendons les intérêts, soit com-
plètement édifié sur son compte.
Beaucoup de nos lecteurs se rappellent
certainement avoir lu pendant longtemps,
à la quatrième page du Petit Journal et de
quelques autres journaux, une annonce
ainsi conçue :
e millions à placer par fractions avec hy-
pothèques, avances sur biens et titres dotaux.
Prêts et achats en nues-propriétés, usufruits.
Avances avant formalités. Discrétion.
Un grand nombre d'époux gênés et ma-
riés sous le régime dotal se laissaient pren-
dre à cette amorce. Ils se rendaient à l'a-
dresse indiquée par l'annonce. Aussitôt ils
étaient mis en rapport avec un certain Pel-
lorce, bien connu dans le monde financier
par ses opérations louches, et notamment
par l'émjssion bruyante qu'il fit, il y a une
dizaine d'années, des bons de VAssurance
financière.
La combinaison de Pellorce reposait sur
une hypothèse malheureusement trop sou-
vent fondée. Il s'était dit que les trois quarts
du temps, les parents ne marient leurs
filles sous le régime dotal que parce qu'ils
se méfient de la prodigalité du mari. Il
avait dès lors pensé qu'il devait se trouver
un certain nombre d'époux prodigues que
le régime dotal mettait dans l'impossibilité
de dissiper leur patrimoine et qui cepen-
dant, lorsqu'ils avaient à payer certaines
dettes, celles, par exemple, qu'il est con-
venu d'appeler des dettes d'honneur, de-
vaient être disposés à consentir n'importe
quels sacrifices pour se procurer de l'ar-
gent.
Lorsque ses annonces et ses rabatteurs
lui amenaient des époux dont le contrat de
mariage stipulait que les immeubles ou les
biens dotaux devaient être remployés en
achat d'immeubles, voici comment Pellorce
tournait et tourne probablement encore la
difficulté :
Il achetait ou faisait acheter par un com-
père l'immeuble dotal, et avec, l'aide d'un
notaire complaisant il vendait aux époux,
en guise de remploi, à raison de 10 francs
le mètre et même davantage, des terrains
absolument incultes qu'il avait achetés pré-
cédemment ou fait acheter à raison de 20
ou 25 centimes le mètre.
Le remploi ainsi effectué, il remettait aux
époux une soulte minime en argent, plus
quelques lézards empaillés et le tour était
joué.
Cette escroquerie au bien dotal a, dit-on,
rapporté au nommé Pellorce beaucoup
d'argent.
Malheureusement pour lui, quelques-
unes de ses dupes s'étant aperçues que les
terrains qu'il leur avait vendus 10 francs le
mètre ne valaient rien et ne représentaient
même pas la millième partie de la soulte
qui leur avait été remise, y compris les lé-
zards empaillés, s'adressèrent aux tribu-
naux, et les tribunaux, toutes les fois qu'ils
furent saisis, annulèrent l'opération, non
toutefois sans qualifier comme ils le mé-
ritaient les procédés du sieur Pellorce.
Pellorce condamné
C'est ainsi que la deuxième chambre du
tribunal'civil vient, dans son audience du
23 janvier 1891, d'établir que Pellorce se
rendait habituellement coupable, grâce à
Ses annonces dans le Petit Journal et ail-
leurs, de « vol et de fraude. »
Voici dans quelles circonstances ce juge-
ment caractéristique.a été rendu :
Mme Odilon Barrot, épouse de M. Odilon
Barrot, conseiller général de l'Ardèche, qui
/a été plusieurs fois candidats à la députa-
tiOL, était créancière de Mme Adolphe Bar-
rot, sa belle-mère, de la somme de
108,798 fr. 10, garantie par une inscription
hypothécaire sur une maison sise à Paris,
boulevard de Strasbourg, nO U6, laquelle
créance était frappée de dotalité et devait
être remployée en acquisition d'immeubles
situés en France ou aux Etats-Unis.
Sur cette créance de 108,798 francs, Pel-
lorce fit transporter à un de ses compères
83,798 francs pour paiement, à raison de
10 francs le mètre, de 8,000 mètres de ter-
rains situés dans les Alpes-Maritimes qu'il
avait précédemment achetés 20 centimes le
mètre.
En outre de ces terrains, Pellorce remit à
M. Odilon Barrot quelques lézards empail-
lés dont le produit devait servir à payer les
frais de sa dernière campagne électorale.
Mais M. Odilon Barrot s'étant aperçu que
les lézards de Pellorce ne valaient pas
grand chose et que ses terrains de Mande-
lieu (quartier des Maures, Alpes-Mariti-
mes) ne valaient rien du tout, introduisit,
d'accord avec Mme Odilon Barrot, devant
le tribunal civil de la Seine, une demande
en résiliation de son contrat avec Pellorce.
La demande des époux Odilon Barrot a
été éloquemment soutenue par Me Sandri-
que, ancien député de l'Aisne.
Texte du jugement
La deuxième chambre du tribunal civil
de la Seine, présidée par M. Gillet, a rendu
un jugement qui annule le contrat et dont
le public nous saura gré de lui signaler les
passages ci-après :
Attendu que Pellorce est spécialement connu
pour se livrer a ce genre de spéculations ; que.
ses agissements, destructif du régime dotal,
ont été sévèrement appréciés par maintes dé-
cisions de justice ; qu'ils constituent des ma-
nœuvres frauduleuses combinées pour faire
échec à la loi et provoquer la ruine des époux
que ce régime devait protéger;
Attendu que Pellorce est le maître de l'a-
gence dite de placements sur fonds dotaux,
qu'il a installée à Paris pour opérer des rem-
plois fictifs et illusoires ; qu'il a été l'instiga-
teur des opérations ci-dessus analysées;
Qu'il est constant que les négociations qui
ont précédé lesdites opérations sont l'œuvre
de Pellorce ;
Que les précédents jugements rendus contre
lui, à raison des manœuvres frauduleuses
employées dans des opérations de même na-
ture, viendraient au besoin confirmer cette
appréciation ;
Attendu qu'il convient d'observer que, com-
me dans les causes auxquelles se réfèrent les-
dits jugements, le terrain servant au rem-
ploi dotal fait partie des terrains incultes de
Mandelieu, quartier des Maures (Alpes-Ma-
ritimes), et que ces terrains sont la pro-
priété de Pellorce et de ses associés ;
Attendu, en ce qui touche le notaire Lutrat,
qu'il n'a pu se méprendre sur le caractère
illicite des opérations combinées par Pellorce;
qu'il a concouru successivement dans de nom-
breux actes de son ministère concernant des
femmes dotales à la fraude organisée par Pel-
lorce pour éluder les prescriptions de la loi
qu'il était tenu d'observer ;
Qu'il s'est fait sciemment le complice des
sus-nommés ;
Attendu que Pellorce et Lutrat, ayant ainsi
participé au vol et à ia fraude ci-dessus carac-
térisés, sont obligés au même titre envers la
demanderesse ;
Que leur responsabilité étant née d'un délit
civil, il y a lieu de les déclarer solidaires dans
la réparation qu'il comporte.
Par ces motifs,
Dit nulle et de nul effet la vente susénoncée;
en conséquence prononce la nullité du rem-
ploi dotal qu'elle avait pour but d'opérer.
Déclare Pellorce responsable envers la dame
Odilon Barrot de la fraude ci-dessus rele-
vée.
Le condamne, etc.
Au voleur I
Tels sont les hommes, tels sont les amis,
les mandataires des hommes qui se pré-
tendent diffamés quand nous les prenons
la main dans le sac et qui oseni nous ap-
peler devant cette police correctionnelle
par laquelle ils auraient dû depuis long-
temps être condamnés comme escrocs, si
le parquet avait fait son devoir.
Mais, malheureux, ce n'est pas nous seu-
lement, vous le voyez bien : ce sont aussi
les juges du tribunal civil qui vous repro-
chent vos fraudes et vos vols.
Que ne les accusez-vous aussi de vous
diffamer?
Nous avons eu l'autre jour le spectacle de
gendarmes se portant caution pour des
filous; nous verrions des filous poursui-
vant des juges.
Ce serait tout à fait fin de siècle!
,-. LES ANNONCES
DU « PETIT JOURNAL »
Nouvelles escroqueries. — Les écu-
meurs de krachs.
Le Petit Journal continue imperturbable-
ment son œuvre de dévastation de la petite
épargne.
Dans son dernier numéro,il publiait deux
des annonces que nous avons reproduites
hier, l'une promettant 5,350 francs et plus
à gagner en cinq jours avec 50 francs avec
capital garanti, l'autre promettant seule-
ment 5,000 francs à gagner avec 50 francs,
mais avec un remboursement de 100 francs
garanti en cas d'insuccès.
Il publiait en outre l'annonce suivante.
qui doit, elle aussi, cacher quelque jolie
escroquerie :
ATI AU NOUVELLE et UNIQUE.
SnrrtpUiUll LAMUH Fortune rapide sans
risques ni aléa avec très petit capital tou-
jours disponible. Bénéfices énormes payés
chaque mois.
Il parait se confirmer d'ailleurs que Macé
se servait presque exclusivement pour ses
escroqueries des annonces du Petit Jour-
nal.
Aussi la quatrième page du Petit Journal
est-elle remplie d'annonces dans le goût de
celle-ci :
FAILLITE MACÉ
M. X. s'occupe de grouper tous les créan-
ciers. — Renseignements importants.
Si l'on se rend à l'adresse indiquée, on
vous demande un versement préalable de
5 à 20 francs.
Il est bien entendu, d'ailleurs, que l'in-
tervention de ces industriels ne peut abou-
tir qu'à augmenter un peu la perte des
créanciers de la faillite Macé. Tout ce qu'ils
peuvent faire, en effet, c'est de produire à
la faillite, mais ils ne lui feront pas pro-
duire davantage.
Après les fauteurs de krachs, les écu-
meurs de krachs. M. Marinoni ouvre com-
plaisamment aux uns et aux autres les co-
onnes du Petit Journal.
l
UN NOUVEL EMPRUxm I ITALIEN
Rome, 20 février.
On déclare très sérieuse la nouvelle donnée
par le Capiton Fracassa, d'après laquelle le
ministre des finances serait en négociations
avec une grande banque de Paris pour une
[ avance de 30 millions de francs en or.
[ CHRONIQUE
Nous venons d'accompagner à sa der-
nière demeure Gustave Merlet, qui est
mort avant-hier, professeur de rhétorique
au lycée Louis-le-Grand, membre du con-
seil de l'instruction publique, officier de
la Légion d'honneur. Depuis longtemps
il souhaitait le poste d'inspecteur géné-
ral ; le décret qui l'élevait à cette dignité
ne fut signé que la veille de sa mort et
ne parut à l'Officiel que le lendemain.
Gustave Merlet était entré à l'Ecole
normale en 18A8, avec Taine, About, Al-
bert et quelques autres de nos anciens
camarades, qui depuis ont fait un assez
bon chemin dans le monde. C'est là que
je l'ai connu et aimé. De nous tous, c'est
Merlet qui est demeuré le plus obstiné-
ment fidèle à l'Université, et peut-être
serait-il permis de le donner comme le
type le plus achevé du professeur con-
temporain.
C'est une remarque curieuse à faire :
nos jeunes camarades de l'Ecole nor-
male y entrent aujourd'hui avec une se-
crète arrière-pensée de pousser leur
pointe ailleurs que dans le professorat.
Ils n'y viennent chercher qu'un sup-
plément d'éducation, trois années de
hautes études, qui leur ouvriront plus
tard un plus facile accès soit à l'instruc-
tion supérieure, soit à la haute adminis-
tration, soit aux lettres ou aux travaux
académiques.
A Dieu ne plaise que je blâme ces jeu-
nes ambitions! mais nous n'en étions
pas travaillés en notre temps. Quand
nous sommes entrés à l'Ecole normale,
en 18^8, c'était avec l'intention loyale
d'en sortir professeurs, et nous ne trou-
vions rien de plus beau et de plus noble
au monde que l'enseignement. About lui-
même, qui était à coup sûr un des hom-
mes les moins faits qu'il y eût au monde
pour occuper une chaire, et surtout une
chaire de province, About n'a longtemps
visé, dans ses plus beaux rêves d'avenir,
qu'une nomination à la Sorbonne.
Il est vrai de dire qu'en ce temps-là
l'enseignement menait à tout. Au temps
où nous étions élèves, sous Louis-Phi-
lippe, nous avions vu nos maîtres rappe-
lés tout jeunes à Paris, tandis que les an-
ciens occupaient dans l'Etat des postes
importants : l'exemple de Cousin et Ville-
main tournait toutes les têtes. On pou-
vait donc, en suivant la filière de l'Uni-
versité, arriver aux plus hautes places
et tenir attachés sur soi les yeux de la
foule.
Nous avons tous été férus de pédago-
gie, bien que le mot ne fût pas encore à
la mode. Ce goût ne résista point chez la
plupart d'entre nous à la persécution
qu'on nous fit subir après 1852. Quand
nous vîmes que toutes les routes étaient
bouchées pour nous à l'avancement, qu'il
nous faudrait moisir en province, à la
merci de chefs hiérarchiques acharnés à
nous tracasser, nous jetâmes le froc aux
orties. Nous avions la vocation ; elle -n'é-
tait pas assez tenace. Vous vous rappelez
le mot d'une des comédies de Labiche :
— Quand j'épousai ma femme, elle res-
pirait la vertu. Seulement elle avait l'ha-
leine courte.
Nous aussi, nous avons manqué d'ha-
leine. Nous avons jeté notre démission
au nez des ministres, et nous sommes
venus courir à Paris les aventures d'une
vie hasardeuse.
Merlet avait eu plus de bon sens que
nous. Pénétré de cette idée qu'il était pro-
fesseur et que c'était par conséquent
dans le professorat qu'il devait faire son
chemin, il avait subordonné ses senti-
ments et sa vie tout entière à son métier;
je ne veux point dire par là qu'il donna
aucun gage particulier de soumission à
l'empire ; il en était bien incapable : c'était
l'homme le plus désintéressé qu'il y eût
au monde, et il tenait la politique en
mince estime. Il n'en faisait pas.
Il n'aimait, il ne vivait que pour sa
classe. Il fut très rapidement distingué
par les inspecteurs généraux, et,après un
court stage en province, il fut rappelé à
Paris, où il exerça d'abord à Charlemagne ;
puis enfin il entra en possession de la
chaire de rhétorique à Louis-le-Grand et
s'y assit pour le reste de ses jours.
Vous ne pouvez vous figurer ce qu'é-
tait en ce temps-là la superstition de la
rhétorique. Je vois à présent de jeunes
professeurs me dire qu'ils préfèrent de
beaucoup la seconde, une classe intermé-
diaire, qui est toujours peu nombreuse et
qui ne donne pas grand mal, tandis que
la rhétorique impose un travail considé-
rable et de redoutables responsabilités.
Mais à l'époque de ma jeunesse, la classe
de seconde n'était qu'un stage où il était
presque honteux de s'attarder. On aspi-
rait à la rhétorique, qui exerçait sur les
imaginations un prestige énorme. On sa-
vait que la besogne serait doublée et que
les appointements resteraient à peu près
les mêmes, mais être le professeur de
rhétorique, c'était posséder le plus beau
des - titres. -- Songez que des trois prix
d honneur au concours général, celui de
rhétorique était de beaucoup le plus
estimé, le plus glorieux même. Songez
qu'après avoir achevé leur classe de phi-
losophie, les meilleurs élèves, à Paris,
revenaient parfois faire une nouvelle
année de rhétorique pour s'y préparer
à l'Ecole normale.
Personne n'eut de l'enseignement de la
rhétorique une idée plus haute que Mer-
let ; personne ne s'y consacra avec plus
de passion, personne n'y porta plus de
conscience et de soin. C'est grâce à lui
que le lycée Louis-le-Grand devint, pour
ainsi dire, la pépinière de l'Ecole nor-
male. Tous ceux qui avaient formé le
projet de s'y présenter comme candidats
venaient s'y préparer avec lui. Il avait
des classes qui ne comptaient pas moins
de quatre-vingts élèves ; et sur ces qua-
tre-vingts élever îl y en avait au moins
r trente qui étaient ce que nous appelions
au lycée des forts et dont il fallait suivre
avec attention les progrès et les devoirs.
Jamais Merlet n'a plié sous cette tâche
écrasante; jamais il n'en a répudié la -
moindre partie. Il lisait avec une assi-
duité extraordinaire toutes les copies des -
élèves et les rendait annotées de sa mai®/'
ir était le professeur modèle. Et il l'éitt
non par un certain respect de son devoir -
professionnel, ce qui eût déjà été très-
louable, mais par une passion sincère ; il
aimait son métier, il adorait ses élèves.
Je le rencontrais parfois aux représen-
tations que donnent les théâtres de la rive
gauche, qu'il habitait. Il n'avait d'autre
conversation que de parler de sa classe,
des espérances qu'elle lui donnait, des
jeunes talents qu'il croyait avoir décou-
verts, des futurs professeurs qu'il ména-
geait à notre Université. Là-dessus, il était
intarissable. On sentait qu'il causait d'a,.<
bondance de cœur. ;
Et cependant il s'était attelé à beaucoup
d'autres travaux. Il a publié un nombre
considérable d'ouvrages, dont le plus im-
portant a mérité un prix de l'Académie
française : c'est le Tableau de la littéral
ture française de 1800 à 1875, dans lequel
il s'était proposé d'embrasser l'ensemble
des métamorphoses traversées par notre
génie littéraire depuis les origines du dix..-
neuvième siècle jusqu'à nos jours.
Plusieurs de ses volumes jouissent d'unis
grand crédit dans l'enseignement secon.
daire des filles et des garçons; car ce sont
des ouvrages très utiles, faits par une
homme du métier, qui n'avait pas misl
sur ses yeux les œillères de l'Ecole. Il
s'était laissé pénétrer au souffle des idées
nouvelles ; il- se piquait d'être, en mêma
temps que le professeur le plus attacha
à sa classe, un homme du monde aiX
courant de toute la littérature contena-o
poraine.
Il y a une chose dont je lui savais unfc
gré infini. Jamais, bien que nous fussionaf
de vieux camarades, il ne me demandar
pour un de ses livres une ligne de ré-,
clame ; il était aussi fier que modeste, et
j'eus le plaisir de pouvoir ne dire de se*
ouvrages que le bien que j'en pensais
sincèrement.
En ces dernières années, sa vue avait
sensiblement'baissé; il avait toujours eut
les yeux délicats. Il ne s'en plaignait que!
pour regretter de ne plus pouvoir se li-
vrer avec le même acharnement à la lec-
ture et à la correction des copies de ses
élèves. C'est cette infirmité, toujours crois
santé, qui lui avait fait désirer un poste
d'inspecteur général.
Il est mort juste à l'heure où il allait
l'obtenir.
Voilà que nous ne restons plus guère;
hélas! de ces trois fournées de 18A7,
18.48 et 18A9, qui sont restées légendaires
dans les annales de l'Ecole normale. -'
Serrons les rangs !
Francisque Sarcey.
TOUS BOUDDHISTES
UNE CÉRÉMONIE
COMME ON N'EN VOIT QU'A PARIle
Au musée Guimet, dans la salle boud;
dhiste. — Chez M. Léon de Rosny. -
Le bouddhisme à Paris. — Il
n'y a que Bouddha.
Une cérémonie unique, comme les Pari
siens n'en verront pas de longtemps, seras
offerte ce matin à quelques privilégiés dans;
la salle consacrée au bouddhisme du musées
Guimet. C'est d'une cérémonie bouddhist
qu'il s'agit, avec deux bonzes officiants, eai
rite solennel, autel paré, encensoirs fu..;
mants, cierges allumés, en plein Paris, ft
une époque où les religions, comme lest
dieux, s'en vont. Avouez que la chose n
manque pas de piquant. Les deux prêtre
qui officieront sont deux Japonais donC
l'aventure mérite d'être rapportée. -'
C'est M. Guimet qui nous en a donné le3r
détails.
Nos lecteurs n'ont pas oublié le souveniez
du naufrage de VErtogrult vaisseau sur le-;
quel le sultan de Turquie, désireux d'être
agréable à l'empereur du Japon, avait em
barqué un ambassadeur porteur de déc
rations pour le mikado et la famille royale:;
On sait encore que VErtogruX fut perdu eï
que peu de passagers purent échapper à las
tempête. Mais le mikado, touché de l'atten-
tion du sultan, rapatria les quelques sur
vivants à ses frais et lui envoya deux na..
vires.
En passant à Ceylan, les navires japonais
prirent deux chapelains qui étudiaient le
sanscrit. Ces deux prêtres bouddhistes arrw
vèrent à Constantinople, puis,pensant qu'il!
était bon de profiter^'une si belle occa
sion, ils résolurent de visiter l'Europe.
Ils sont actuellement à Paris et ils n'onfr
pas manqué, ces lettrés japonais, de ren-
dre visite à M. Guimet, qui jouit parmi les
membre de leur secte d'une grande répu
tation.
M. Guimet leur a fait visiter son muséet
et, surtout, la salle bouddhiste où sont en-
tassés les images sacrées, les vêtements et
les objets servant à la célébration de leur
culte et que M. Guimet a rapportés de son
voyage en 1876. Ils se crurent transportés
dans quelque temple de leur pays. Ils de*,
mandèrent à célébrer leurs offices avec so-
lennité. Comment ce désir n'aurait-il pasr
été exaucé? Ce matin même, ils pourron t
officier tout à leur aise.
Nous allions oublier de donner leura
noms: les deux Japonnais s'appellent Ko-,
Idguni-Rio-Tee et Voshitsura-Kogu.
Les bouddhistes de Paris
Si tous les bouddhistes de Paris sont invi";
tés à cette curieuse cérémonie, la salle dQ
M. Guimet sera trop petite; on a prétendu.
et, parait-il, c'est la vérité, que les parti-
sans de Bouddha à Paris étaient au nombre
de trente mille. Parmi ses plus fervents
adeptes, on compterait les descendants et.
les descendantes de ceux qui, jadis, versè-
rent leur sang pour la défense du tombeam
du Christ. 0 tempora !
A coup sûr, il y a à Paris un bouddhiste-a'
M. de Rosny, le très savant professeur de 1%
Sorbonne. Il nous a paru opportun de lu
rendre visite, avenue Duquesne, dans un-
l hôtel encadré à droite par l'église Saint
[ François-Xavier et à srauche cay )ak *****
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.87%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.87%.
- Auteurs similaires Dusaulchoy de Bergemont Joseph François Nicolas Dusaulchoy de Bergemont Joseph François Nicolas /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Dusaulchoy de Bergemont Joseph François Nicolas" or dc.contributor adj "Dusaulchoy de Bergemont Joseph François Nicolas")Colnet du Ravel Charles Joseph Colnet du Ravel Charles Joseph /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Colnet du Ravel Charles Joseph" or dc.contributor adj "Colnet du Ravel Charles Joseph") Porthmann Jules Louis Melchior Porthmann Jules Louis Melchior /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Porthmann Jules Louis Melchior" or dc.contributor adj "Porthmann Jules Louis Melchior")
-
-
Page
chiffre de pagination vue 1/4
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k75656991/f1.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k75656991/f1.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k75656991/f1.image
- Mise en scène Mise en scène ×
Mise en scène
Créer facilement :
- Marque-page Marque-page https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/bookmark/ark:/12148/bpt6k75656991/f1.image ×
Gérer son espace personnel
Ajouter ce document
Ajouter/Voir ses marque-pages
Mes sélections ()Titre - Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k75656991
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k75656991
- Signalement d'anomalie Signalement d'anomalie https://sindbadbnf.libanswers.com/widget_standalone.php?la_widget_id=7142
- Aide Aide https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/aide/ark:/12148/bpt6k75656991/f1.image × Aide
Facebook
Twitter
Pinterest