Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1891-02-17
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32757974m
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 17 février 1891 17 février 1891
Description : 1891/02/17 (A21,N6973). 1891/02/17 (A21,N6973).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7565694z
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 29/04/2013
Vingf-efc-imïême annéeT — Ne 6,973
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MARDI 17 FEVRIER 1891
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PARIS
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LE XIX' SIÈCLE
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TRES PROCHAINEMENT
Le XIX. SIÈCLE
^Commencera la publication de
L'ŒIL DE CHIVA
"Grand roman inédit, par G. - H. VILLE-
LONGUE et Paul FÉVAL fils, écrit spéciale-
ment pour nos lecteurs.
Nous n'avons pas à rappeler ici quelle fut
la faveur immense dont jouit auprès du pu-
blic l'œuvre entier de Paul féval, - quels
héros devenus légendaires engendra la fé-
conde et pittoresque imagination de ce ro-
mancier.
C'est pour ainsi dire une continuation de
Cet œuvre que le XIXe SIECLE ogre aujour-
d'hui à ses lecteurs avec
L'ŒIL DE CHIVA
né de la collaboration de G.-H. Villelongue
et Paul Féval fils.
Est-ce des notes laissées par Paul Féval ou
de leur propre imagination que les auteurs de
L'ŒIL DE CHIVA
ont tiré l'idée de ce roman?. Ce que nous
pouvons affirmer, c'est que l'ombre du grand
romancier a présidé, comme un troisième
collaborateur, à la conception et à l'exécution
de ce roman, et que certains types dessinés
avec la même verve et le même brio ont
chance d'en devenir légendaires, comme le
furent et le sont encore certains héros du
possu, des Mystères de Londres, etc.
Pour ne pas déflorer Pœuvre que nous
donnerons très prochainement, disons seule-
ment que
L'ŒIL DE CHIVA
't?st essentiellement un roman (l'aventures
modrne, dont l'action, tantôt héroïque ou
comique, tourne autour d'une anecdote his-
torique, et dont l'intrigue, soutenue par un
$tyle vivant, spirituel et coloré, empoignera
le lecteur.
Caisse île Retraites
Des patrons — simples particuliers
ou grandes sociétés — créent en fa-
veur de leurs ouvriers des caisses de
retraites. Les travailleurs de l'atelier
ou de l'usine y ont versé sou à sou
les prélèvements qui, le jour venu où
il faudra renoncer à manier l'outil,
leur assureront la subsistance pour
leur vieillesse.
Subitement une catastrophe éclate :
la société a fait de mauvaises affai-
res; le directeur s'est livré à des spé-
culations hasardeuses; la faillite est
déclarée. Employés, ouvriers se pré-
cipitent aux guichets pour réclamer
la restitution des versements qu'ils
ont avec tant de peine et d'efforts-
opérés des années durant.
Le syndic leur répond : « Mes amis,
je ne vous connais pas. Vous préten-
dez qu'il vous est dû telle somme.
Produisez votre créance. Vous vien-
drez en concours pour être payés
avec tous les autres créanciers. » Or,
comme neuf fois sur dix il n'y a plus
un sou dans les coffres-forts, les tra-
vailleurs se trouvent dépouillés en un
tour de main de leurs économies si
laborieusement amassées. Il ne leur
reste plus que la ressource de crier
au vo!eur, sans espoir d'être enten-
dus.
Ceci n'est pas un conte. C'est la
simple et implacable réalité. On l'a
bien vu lors de la faillite de Terre-
Noire et du krach du Comptoir d'es-
compte. En vain les spoliés ont gémi,
crié, porté plainte: si justes que fus-
sent leurs réclamations, la loi ne per-
mettait pas de les accueillir.
Cette double expérience a donné à
penser qu'il y avait peut-être lieu de
changer la loi; de cette idée est né le
projet que, dans une de ses dernières
séances, la Chambre a examiné et
voté. Il se propose d'empêcher le re-
tour de scandales pareils à ceux dont
nous venons de rappeler le souvenir.
Il espère y parvenir par un double
procédé.
Les patrons peuvent déposer à la
Caisse des dépôts et consignations les
sommes et valeurs appartenant ou af-
fectées aux institutions de prévoyance
fondées en faveur de leurs employés.
De ce seul fait, les bénéficiaires des
caisses de retraite, ou de prévoyance
sont investis sur la somme déposée
d'un droit de gage qu'ils exerceront
dans les conditions ordinaires du droit
civil.
C'est le premier moyen. Il est juste,
de noter que certains patrons récla-
maient depuis longtemps qu'il leur
fût permis d'y recourir. Les promo-
teurs de la participation aux béné-
fices ont été des premiers à le de-
mander. -"
Le second moyen consiste à attri-
buer aux employés et ouvriers parti-
cipant a une de ces caisses un privi-
lège légal qui leur garantisse la resti-
tution des sommes versées non utili-
sées conformément aux statuts, ainsi
que des intérêts. Ils seront ainsi assu-
rés d'un droit de préférence sur la
masse des créanciers.
Une difficulté sérieuse s'était pré-
sentée au moment des affaires de Ter-
re-Noire et du Comptoir d'escompte.
Les travailleurs intéressés ne pou-
vaient pas avoir de représentant juri-
dique capable d'ester pour eux tous
en justice.
Le projet comble cette lacune. Il
accorde aux ouvriers et employés la
faculté de charger à la majorité un
mandataire d'ester pour eux.
Ces dispositions constituent, à n'en
pas douter, un progrès sur l'état de
choses actuel. Elles ne protègent pas
contre tout risque les travailleurs dont
les chefs d'industrie viendraient à être
déclarés en faillite. Elles garantissent
du moins, dans une mesure sérieuse,
leurs droits et leurs intérêts.
Le projet de loi, néanmoins, n'é-
chappe pas aux critiques. Et M. de
Ramel lui en a adressé quelques-unes
qui, de l'aveu même du rapporteur,
M. Paul Guieysse, ne sont pas sans
fondement.
Ainsi, la créance des employés et
ouvriers qui se trouve privilégiée en
vertu des dispositions nouvelles est,
par nature, indéterminée. Elle peut
être considérable. Les réclamations
de cet ordre atteignaient, dans la ca-
tastrophe de Terre-Noire, le chiffre de
1,700,000 francs, et dans celle du Com-
ptoir d'escompte,le chiffre de 1,A00,000
francs.
Supposez un créancier sur hypothè-
que qui apprend, au moment de la ré-
partition, qu'il est primé par cette
grosse créance privilégiée, jusque-là
inconnue. La surprise ne laisserait
pas que d'être désagréable. Les em-
prunts hypothécaires deviendraient,
dans ces conditions, bien difficiles
pour les grands industriels.
Les auteurs du projet l'ont si bien
compris, qu'ils ont remis à un règle-
ment d'administration publique le
soin de prescrire les mesures de pu-
blicité nécessaires pour porter à la
connaissance des tiers le chiffre dont
est créancière à la caisse de retraite ou
de prévoyance. C'est tourner la diffi-
culté, mais c'est aussi la reconnaître.
Dans un autre ordre d'idées, la loi
est insuffisante, en n'ordonnant pas
la liquidation de la caisse de retraites
en cas de cessation volontaire de l'in-
dustrie tout aussi bien qu'en cas de
fail ite. Dans l'un comm3 dans l'autre
cas, en effet, les travailleurs ont droit
qu'on remette entre leurs mains leur
créance liquide.
Ces lacunes pourront sans doute
être comblées d'ici la seconde délibé-
ration. Telle quelle, la loi que la
Chambre a adoptée en première lec-
ture mérite à coup sûr l'approbation
publique.
A. Millerand
CE QUI SE PASSE AU SÉNÉGAL
Nos lecteurs savent ce qui se passe depuis
quelque temps au Sénégal; ils connaissent
la situation de notre malheureuse colonie
depuis l'affaire dite des décapitations de
Podor; c'est le régime de la terreur qui
pèse sur ce pays.
M. de Lamothe, l'invraisemblable gouver-
neur, vient encore de se signaler par un
nouvel acte d'arbitraire.
Une dépêche de notre correspondant par-
ticulier de Saint-Louis, arrivée hier soir au
journal, nous annonce que, sans motif au-
cun, M. de Lamothe vient, de sa propre
autorité, de nommer une délégation muni-
pale spéciale, dépassant ainsi l'arrêt du
conseil d'Etat annulant les opérations élec-
torales qui ont nommé la municipalité
républicaine actuelle de Saint-Louis.
C'est une violation flagrante de l'article
81 de la loi municipale, et nous demandons
à M. Etienne, sous-secrétaire d'Etat aux co-
lonies, s'il est complice ou dupe de son
gouverneur.
Cette mesure d'intimidation vis-à-vis des
électeurs est en même temps un acte illé-
gal, dont la conséquence sera d'annuler une
seconde fois les élections futures et de per-
mettre à M. de Lamothe de nommer une dé-
légation municipale absolument sous sa dé.
pendance.
Les électeurs républicains de Saint-Louis
protestent contre un pareil excès de pou-
voir et demandent justice.
UN DIRECTEUR DE THÉATRE
QUI LÈVE LE PIEd
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Reims, 15 février.
M. Vilanou, directeur du théâtre, vient
de prendre la fuite. Par ordre de l'admi-
nistration municipale, les représentations
ont lieu au bénéfice des artistes. Il est pro-
bable que le directeur en fuite va être dé-
claré en faillite.
M. Vilanou est un ancien employé de la
mairie qui avait toute la confiance de l'ad-
ministration municipale.
RÉUNION AGRICOLE
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Toulouse, 15 février.
La conférence provoquée par le syndicat
agricole de la Haute-Garonne a eu lieu au-
jourd'hui, à deux heures.
Deux nrl'/ie personnes environ, parmi les-
quelles le préfet du département, le secré-
taire général de la préfecture, le président
de la cour et le procureur général, ont ap-
plaudi les discours prononcés par les ora-
teurs sur la défense de l'agriculture en
France.
Les présidents et membres des syndicats
des sept départements assistaient le bu-
reau.
CHRONIQUE
Mon Dieu, non! je n'ai point de parti
pris contre l'interview ni contre les in-
terviewers. Mai& je l'ai dit souvent, il
faut s'en défier: l'interview le plus exact
est rarement vrai ; je viens d'en faire l'é-
preuve moi-même.
Un jeune homme se présente l'autre
jour chez moi ; il s'annonce comme le se-
crétaire d'un de ceux qui dans notre pro-
fession pratiquent l'interview avec le plus
de succès, de M. Fernand Xau. Il est en-
voyé par M. Xau pour m'interroger sur
une petite aventure où je suis mêlé. Il
est bien élevé, de manières aimables,
s'exprime avec beaucoup de bonne grâce,
et me voilà causant avec lui.
Le fait sur lequel il venait m'intervie-
wer ne valait pas trop, à mon gré, la
peine qu'on s'y intéressât et qu'on en par-
lât au public. Mais du moment que Xau
en avait autrement jugé, c'était son af-
faire.
Il paraît qu'un certain nombre de jeu-
nes poètes avaient eu l'idée d'exhumer
un vieux vaudeville en un acte, Risette,
qui date déjà de trente-deux ans, et de le
jouer en le faisant précéder d'un prolo-
gue où l'un d'eux me dirait mon fait en
vers. Risette est signée d'About ; mais ces
jeunes gens m'en attribuaient la pater-
nité, et leur intention était de renouve-
ler sur moi la raillerie dont on a scié toute
sa vie l'éminent critique musical Scudo,
qui n'avait jamais composé qu'une mince
romance : Le fil de la Vierge.
— Je viens de la part de M. Xau, me
dit ce jeune homme, vous demander ce
que vous pensez de tout cela.
Vous connaissez ma bonhomie :
— Ma foi, lui dis-je en riant, je n'en
pense rien du tout. Il faut bien que les
jeunes gens s'amusent, et je n'irai pas
gâter le plaisir que ceux-là se promettent
de leur petite farce. Elle est bien inno-
cente.
Risette, à vrai dire, n'est pas de moi ;
elle a été signée par About; la vérité est
que je n'y ai point nui. A l'époque où
elle a été écrite, en une heure de délasse-
ment, entre deux articles, je vivais avec
About ; chez About, cherchant ma voie,
entassant études sur projets, articles sur
romans, et faisant de tout, sans savoir à
quoi je m'attacherais. J'ai donc travaillé
peu ou prou à ce petit acte, que je n'a-
vais pas à signer puisqu'il était d'un au-
tre, et vous pensez bien qu'une fois ins-
tallé dans un feuilleton du lundi, je n'en
ai pas revendiqué la paternité.
Mais, si vous le voulez, mettons les
choses au pis : supposons que je sois
l'auteur de Risette. La preuve que je suis
moins bête que ne disent ces jeunes gens,
c'est que je n'en ai pas fait d'autres ; je
me suis arrêté, et eux, ils continuent.
L'entretien se poursuivit sur ce ton de
gaieté bon enfant. Mon interviewer me
demanda si je ne m'opposerais point à
ce que mon nom parût sur l'affiche, si je
ne répondrais point au prologue qui de-
vait, me disait-il, être écrit par M. René
Ghil :
— Moi, m'écriai-je, répondre à René
Ghil! allons donc! ce serait grêler sur le
persil. Je veux bien croiser la plume avec
Emile Zola, avec Daudet, avec Henri Bec-
que ! Mais là, vraiment, perdre mon encre
à des polémiques avec d'illustres incon-
nus, pas si sot. Et puis, je ne leur en
veux pas du tout; je vous avouerai même
que c'est toujours un plaisir nouveau
pour moi, quand j'ouvre une de leurs re-
vues, de m'y voir traité de vieux crétin
ou de triple idiot. C'est une politesse à
laquelle ils ne manquent guère. Quand je
les vois si enragés, je me dis avec une
joie intime : Allons! petit bonhomme
n'est pas mort! Le jour où ils cesseraient
de m'injurier, le jour où je passerais
Bouddha, ce jour-là, ce me serait un
avertissement de faire mes paquets ; je
ferai tout mon possible pour les enterrer,
ce sera bien plus drôle.
Je lui dis tout cela et beaucoup d'au-
tres choses encore, mais toujours riant,
blaguant, avec cette robustesse de bonne
humeur dont m'a gratifié l'indulgente
nature.
Le lendemain, on m'apporte l'interview
qui avait paru dans le journal où écrit
M. Fernand Xau.
Que voulez-vous? C'était cela, et ce
n'était pas cela. J'avais dit, ou à peu prés,
tout ce que M. Xau me mettait dans la
bouche; mais l'accent n'y était plus. J'a-
vais l'air, dans ce compte rendu, d'un
auteur piqué et furieux, qui piétinait
rageusement ses ennemis. Exact, si vous
y tenez; mais vrai, non pas.
Je ne retrouvais dans cette conversa-
tion ni mon tour d'esprit, ni mes formes
de phrases, ni ma gaieté, ni surtout mon
indifférence.
Et je pensais en moi-même :
— Ce n'est pas chose facile que l'inter-
view. Peut-être même n'y aurait-il pas,
dans le journalisme, d'art plus malaisé et
plus délicat. Songez donc! vous allez chez
un homme que vous ne connaissez pas, le
plus souvent; s'il ne s'agissait que de lui
demander un renseignement et de le trans-
mettre, ce ne serait rien. Mais vous avez
à démêler à travers ce qu'il vous dit, et
souvent même en se composant, le fond
de son caractère, la tournure ne son es-
prit, les accidents de sa physionomie et
ce qu'ils vous révèlent de l'homme. Et il
faut qu'en reproduisant l'entretien, vous
donniez au lecteur une idée vivante de
tout cela. Il faut que vous fassiez voir
l'homme derrière l'interview.
Tenez ! C'est quelque chose comme
l'embarras où serait un peintre à qui
l'homme qui passe viendrait demander
son portrait :
— Non, lui dirait le peintre ; je vois
bien votre visage, mais il faut que je vous
étudie, il faut que dans ce visage, que je
vais transoorter sur la toile ie montre
les idées, les sentiments, les habitudes,
le fond et le tout du modèle. Je ne le
peux qu'après avoir fait avec lui une am-
ple connaissance.
Eh bien ! l'interviewer aurait besoin,
pour donner un compte rendu fidèle,
animé, vivant, d'avoir pratiqué longue-
mènt celui qu'il interroge, de le connaî-
tre à fond. Et pas du tout, il arrive, il
dresse son appareil photographique : ne
bougeons plus ! et il rapporte, tout fier,
une photographie qui est très exacte,
mais où personne ne reconnaît le mo-
dèle.
Les vrais interviews, ce sont ceux d'un
Saint-Simon, parce qu'ils font parler ceux
avec qui ils ont vécu et que l'âme même
est visible dans les discours qu'ils leurs
prêtent. Ils font plus vrai que nature.
Francisque Srcey. -
ASPHYXIE DE 40 CHEVAU-LÉGERS
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
• H
Dieuze (Alsace-Lorraine), 15 février.
Toute une compagnie du régiment de
chevau-légers bavarois garnisonné à Dieuze,
dans l'ancien couvent de l'Hôlel-Dieu, vient
d'échapper comme par miracle à une mort
certaine.
Pendant la nuit, un tuyau du gaz s'étant
rompu, l'hydrogène se répandit dans les
salles et provoqua l'asphyxie partielle de
tous les hommes.
Le matin, au rappel, personne ne s'étant
présenté à l'heure accoutumée, on recher-
cha les causes de ce fait anormal, et l'on
arriva encore à temps pour tirer quarante
soldats d'un profond évanouissement.
Trois d'entre eux ont déjà succombé, et
l'état d'une dizaine d'autres est très grave.
Sur les quarante hommes atteints,pas un
seul n'a pu encore reprendre son service.
M. YVES GUYOT
ET LE PRIVILÈGE DE LA BANQUE
AU CONSEIL DES MINISTRES
Entre M. Rouvier et M. Yves Guyot. —
Un livre compromettant.—L'avenir
du projet.
A propos des déclarations de M. Yves
Guyot sur le privilège de la Banque de
France publiées avant-hier par le X/Xe
Siècle, il s'est passé au conseil des ministres
de samedi une petite scène bien amusante.
En voici le récit, dont nous pouvons ga-
rantir l'exactitude :
Du plus loin que M. Rouvier aperçut son
collègue M. Yves Guyot, il l'interpella.
— Eh bien ! lui cria-t-il, vous en faites de
belles ! Si c'est ainsi que vous comprenez
la solidarité ministérielle, vous auriez dû
prévenir au moment de la formation du
cabinet.
— Que voulez-vous dire? répondit le mi-
nistre des travaux publics, d'abord inter-
loqué.
— Ce que je veux dire, reprit M. Rouvier
tout à fait furieux, c'est que la publication
dans le XIXe Siècle de vos déclarations re-
latives au privilège de la Banque constitue
une véritable trahison.
— Et que voulez-vous que j'y fasse ? dit à
son tour M. Yves Guyot en reprenant son
assiette. Ces déclarations, je ne puis ni les
modifier ni les retirer. Avant d'être pu-
bliées par le XIXe Siècle, elles l'ont été
dans un livre que j'ai fait paraître il y a
un peu plus de trois ans, en 1887, chez
Reinwald, alors que j'étais non seulement
député, mais rapporteur général du bud-
get. Ce livre a pour titre la Science écono-
mique et pour dédicace : A M. Ménier! Il
fait partie de la « Bibliothèque des sciences
contemporaines ", il ne dépend pas de moi
de l'en retirer.
Quiconque voudra connaître mes opi-
nions sur le privilège de la Banque de
France n'a qu'à l'ouvrir à la page .4O et à
lire le chapitre IV du cinquième livre, cha-
pitre intitulé : les Banques. On y trouvera
aux pages U31, A32, A35 et suivantes le texte
des déclarations reproduites, je dois le re-
connaître, par le XIXo Siècle avec la plus
scrupuleuse exactitude. Je puis d'autant
moins me démentir aujourd'hui que les
conditions économiques sont exactement
ce qu'elles étaient il y a trois ans,et que dans
ce même livre je disais, page 433 : « Il est
probable que dans cinq ou six ans, la Ban-
que va proposer une nouvelle prorogation
de son privilège. Il faudra alors traiter
cette question d'une manière complète. »
La Banque n'a pas attendu aussi long-
temps que je l'avais supposé, mais ce n'est
pas une raison pour que j'aie changé de
manière de voir à son sujet.
— Allez au diable ! conclut M. Rouvier
en tournant les talons à son collègue ;
quand on veut devenir ministre on n'écrit
pas des choses pareilles, surtout sur le
privilège de la Banque.
Les cnoses en sont là pour l'instant.
Plus d'illusions !
puisque nous parlons du privilège de la
Banque, ajoutons qu'en présence des amen-
dements dont le nombre croît chaque jour,
personne ne suppose plus que le projet du
gouvernement puisse être voté sans subir
des modifications qui pourraient bien aller
jusqu'à le rendre entièrement méconnais-
sable.
M. Rouvier est le premier à ne se faire à
cet égard aucune illusion, et déjà il s'ap-
prête à lâcher consciencieusement son pro-
pre projet. Mieux que personne il sait que
la Chambre a l'habitude de prendre ordi-
nairement le contre-pied de ses proposi-
tions. Si le projet que votera la Chambre
— à supposer qu'elle doive en voter un, ce
qui reste plus que douteux — ressemble au
projet déposé par M. Rouvier autant que
le dernier budget ressemble à celui que
M. Rouvier avait originairement proposé,
avouons, en effet, qu'il ne lui ressemblera
guère.
LES ÉLECTIONS SÉNATORIALES
ESPAGNOLES
(D'UN CORRESPONDANT)
Madrid, 15 février,
Les élections générales par les corpora-
tions de l'Etat et les citoyens les plus im-
posés pour le renouvellement de la moitié
élective du Sénat (laquelle compte 180
membres)* ont donné ies résultats suivants :
Ministériels, 130; libéraux, 19; réformis-
tes, 7; démocrates, 2; carlistes, 2; républi-
cain, 1.
19 résultats manquent : ceux de Cuba et
de Porto-Rico,
LES RÉFÉRENCES
DE LA CAISSE SYNDICALE DE L'UNION
GENDARMES ET FILOUS
La découverte du pot-aux-roses. —
Une histoire bien fin de siècle. —
Le vol à l'amitié.- Les culbutes
d'un « honnête homme J). —
Les frères Gastaldi.
Il nous faut revenir sur cette affaire de
la Caisse syndicale de l'Union, car elle est
à la fois prodigieuse et instructive.
On se rappelle que cette caisse, vraiment
merveilleuse, promet, par des brochures
dans le genre des circulaires Macé, de 30 à
50 0/0 de revenu sans spéculation et sans
risque à ceux qui lui confient leurs capi-
taux.
On sait aussi que ces brochures con-
tiennent un papier imprimé sur lequel on
lit :
RÉFÉRENCES
MM. A. Maréchal, député de la Dordogne,
21, rue de Balzac, Paris.
Le colonel (de gendarmerie) Ellie, ex-com-
mandant militaire de la Chambre des députés,
32, avenue Rapp, Paris ;
J. de Francisco Martin, attaché d'ambassade,
6, rue de la Pépinière, Paris ;
W. Gastaldi, associé d'agent de change,
33, Faubourg-Poissonnière, Paris;
G. Lenoir, rédacteur au ministère de la jus-
tice, 1, rue Puteaux, Paris ;
J. Menu, chef d'escadron, commandant la
gendarmerie de la Nièvre, Nevers.
Dès que le XIXe Siècle eut publié cet
étonnant document, ceux qui y sont
nommés s'empressèrent de protester avec
une extrême énergie et une violente indi-
gnation contre l'abus révoltant que la
Caisse de l'Union syndicale avait osé faire
de leurs noms.
Un seul a jusqu'ici gardé le silence, le
défenseur de la propriété J. Menu, chef
d'escadron, commandant la gendarmerie
de la Nièvre.
Mais les autres, à les entendre, ils n'a-
vaient jamais fait d'affaires, ils ne voulaient
pas en faire, surtout des affaires pareilles.
Prétendre le contraire était une calomnie
infâme !
C'est M. Maréchal, député de la Dordogne,
qui a ouvert la marche des protestations.
Les affaires financières, il les abomine, il n'a
ni le temps ni le goût de s'en occuper.
(Voir les interviews de M. Maréchal publiés
par certains journaux.)
Ensuite est venu le colonel Ellie. Il pro-
teste contre l'abus qu'on a fait de son nom,
le bon gendarme ; il proteste, il ne connaît
rien aux affaires, financières et n'y veut
rien connaître.
Ensuite est venu M. Lenoir, rédacteur au
ministère de la justice. Lui, faire des affai-
res, participer à des manœuvres qui géné-
ralement mènent leurs auteurs en police
correctionnelle, quelle atroce calomnie !
Enfin M. William Gastaldi, associé d'a-
gent de change, ferme la marche. Voici la
lettre qu'il nous adresse :
Paris, le 12 février 1891.
Monsieur le rédacteur en chef du XIX0 Siècle,
J'ai l'honneur de vous informer que je pro-
teste contre l'indication de mon nom comme
référence à la Caisse de l'Union syndicale, 52,
rue du Faubourg-Montmartre, à laquelle je
suis étranger.
Je n'ai autorisé personne à donner mon
nom pour renseignement ou référence.
Vous m'obligerez infiniment, monsieur le
rédacteur en chef, en inscrivant la présente
lettre dans votre prochain numéro, ne con-
naissant rien de cette affaire (sic).
Veuillez agréer, etc.
W. GASTALDI.
Ainsi, de tous ces messieurs, pas un qui
eût jamais fait d'affaires, pas un qui connût
la Caisse syndicale de l'Union, pas un qui
ne fût victime.
Or, c'est ici que l'histoire devient tout-à-
fait drôle et essentiellement fin de siècle :
de tout ce qu'ont dit ces messieurs et de
tout ce qu'ils ont écrit, il n'y a pas un mot
de vrai. Ils ont tous fricoté, tripoté, non
seulement avec le directeur actuel de la
Caisse syndicale de l'Union, M. Deligny,
qu'ils désavouent aujourd'hui, mais encore
avec son prédécesseur, M. Mulot, dont M.
Deligny paraît n'être que le prête-nom ; de
telle sorte que tous ces messieurs qui se
posent en hermines immaculées seraient
plutôt, au point de vue des affaires, depuis
le député Maréchal jusqu'au rédacteur au
ministère de la justice M. Lenoir, et y
compris les bons gendarmes, d'anciens ré-
cidivistes ou, si l'on préfère, de vieux che-
vaux de retour.
En voici la preuve:
A tout seigneur.
D'abord, le député Maréchal qui « ne fait
jamais d'affaires » est, nous dit-on, un
ancien président du conseil d'administra-
tion d'une certaine « Caisse centrale de
crédit » dont la liquidation fut des plus
laborieuses, et un ancien membre du con-
seil d'administration du« Crédit de Paris",
qui avait pour .directeur effectif le fameux
Lepelletier, lequel est en train de prescrire à
l'étranger des condamnations à un nombre
incalculable de mois de prison.
Voilà pour le premier protestataire; pas-
sons aux autres.
On a pu se demander comment le brave
colonel Ellie se trouvait embarqué dans
cette galère. On va le comprendre.
M. Menu, chef d'escadron de gendarmerie
à Nevers, est le fils d'un brave homme de
concierge qui habitait au numéro 11, rue
Montalivet, et qui avait trois filles, dont
l'une a épousé M. Mulot, le véritable direc-
teur, l'âme de la Caisse syndicale de l'U-
nion.
Quant au commandant Menu, il a épousé
la fille du colonel Ellie. Il est donc à la fois
le gendre du colonel et le beau-frère de
M. Mulot.
On va voir que ce dernier n'en est pas à
son coup d'essai.
Les culbutes de M. Mulot
En 1882, M. Edouard Mulot fonda, rue
Notre-Dame-des-Victoires, 26, une société
financière en commandite sous la raison
sociale « Edouard Mulot et C10 ».
Il avait pour principal commanditaire
M. Pierre-Eugène Gastaldi, propriétaire à
Abbeville et frère de M. William Gastaldi,
associé d'agent de change, déjà nommé.
Trois ans après, c'est-à-dire en 1885, cette
société tombait en déconfiture.
immédiatement, M. Mulot en fonde une
seconde. Nous n'avons pas eu le temps d'en
rechercher la date exacte, mais nous savons
que M. Archigna en fut nommé le liquida-
teur. Il est évident d'ailleurs qu'elle dura
peu, puisqu'en 1889 M. Mulot édifiait une
troisième combinaison.
la C'est ici qu'apparaît M. Lenoir, rédacteur
[ au ministère de la justice.
Le berceau de la Caisse syndicale
Par acte sous signatures privées en date
du 9 février 1889, une société en comman-
dite au capital de 900,000 francs, avec sièga
22, rue Richer, fut formée pour cinq aoa.
entre les personnes suivantes : -
M. Edouard Mulot, banquier;
M. Pierre-Eugène Gastaldi ; -
M. Gustave Lenoir, rédacteur au minisi
tére de la justice;
M. Charles Bricogne, ingénieur, attaché A
la compagnie du Nord ;
M. Maupin, rentier.
M. Mulot apportait :
Ses capacités, ressortant des deux cul-
butes précédentes, évaluées à 20,000 francs,
plus une somme de 30,000 francs.
M. Gastaldi versait 60,000 francs, chacun
des trois autres associés 30,000 francs.
Aux termes de l'article 2 de l'acte de so-
ciété, cette entreprise avait pour objet
« l'exploitation d'une maison de commis-
sion pour la négociation des rentes fran-
çaises. »
L'article 5 interdisait d'une manière ab-
solue l'acceptation ou la négociation des
lettres de change, et toutes opérations de
jeu sur quelque valeur que ce fût.
M. Mulot, nommé gérant, s'adjoignit
comme premier employé le fils de M. Wil-
liam Gastaldi.
Notre police nous ayant appris que, sur
ces cinq personnes il s'en trouvait au
moins deux d'une honorabilité indiscuta-
ble, MM. Maupin et Bricogne, nous sommes
allés les interviewer.
Les frères Gastaldi
M. Maupin est un ancien notaire. Age
d'une soixantaine d'années, il a pris sa re-
traite il y a quelques mois.
— Jamais, nous dit-il, je ne me suis oc-
cupé d'affaires de Bourse. Il y a deux ans,
un de mes amis intimes, aussi ignorant qua
moi de ces questions, vit arriver chez lui à
peu près toute la dynastie des Gastaldi :
William Gastaldi, l'associé d'agent de
change, son frère Eugène et son fils, depuis
employé de Mulot.
Mon ami était lié depuis longtemps avec
cette famille. MM. Gastaldi lui proposèrent
d'entrer dans la société que vous connais-
sez, présentant l'affaire comme excellente,
et répondant de l'habileté et de l'honora-
bilité de Mulot.
Mon ami refusa. Pendant plus de quinze
jours MM. Gastaldi et Mulot lui-même re-
vinrent à la charge.
Cet ami avait peu de fonds disponibles.
Avec son horreur instinctive de toute spé-
culation, il déclara qu'à la rigueur il con-
sentirait à prêter de l'argent à 5 0/0, mais
ne demandait-pas davantage.
- Vous plaisantez, répondit M. William
Gastaldi. C'est une affaire merveilleuse,
aussi honorable que productive, et dont je
me garde bien de parler à tout le monde.
Je vous l'ai réservée à vous, mon ami d'en-
fance. Vous ne pouvez refuser.
Mon ami, finalement convaincu, consi-
déra à son tour comme un devoir de me
faire profiter d'une aussi brillante affaire.
Comme lui je crus à la bonne foi, de Gas-
taldi; l'honorabilité de M. Bricogne,qui était
dans l'affaire, leva mes derniers scrupules,
et je donnai mes 30,000 francs.
On m'avait affirmé qu'il n'y avait aucun
risque, puisque tout le rôle de Mulot con-
sisterait à exécuter des ordres sur la rente
française. L'importance de sa clientèle, di-
sait-on, assurait un revenu de 6 ou 7 0/0
à notre capital, qui ne serait jamais en-
gagé et servirait uniquement à former son
cautionnement au syndicat des coulissiers
et à lui constituer un petit fonds de roule-
ment. -
Un an après
Au bout de six mois on nous distribua un
acompte qui faisait ressortir le dividende
de l'année à peu près à 7 0/0.
Six mois plus tard, c'est-à-dire en février.
1890, le premier exercice était clos. Aux
termes de l'acte de société, à défaut de di-,
vidende, on nous devait des comptes.
Nous ne vîmes rien venir. A cette époque;
un de mes amis ayant chargé Mulot de lui
vendre un titre se présenta au siège social
22, rue Richer.
Pour toute banque, il trouva une plaqœ
gravée : « Mulot et Ce », et un concierge qu,
l'envoya 52, faubourg Montmartre, au siège.
social de la Caisse syndicale, où trônait
Mulot, dont Deligny paraît n'avoir jamais
été que le prête-nom.
Un truc de M. Mulot
Pris de soupçon, j'insistai aussitôt pour
avoir des comptes. On me répondit que
tout le capital était' perdu.
— Cela n'empêche pas de présenter des
comptes. Au contraire, dis-je à Mulot.
— Des comptes! me répondit-il, il n'y en,
a pas.
Et il m'avoua alors que, sortant du cadra
prévu par la société, il avait engagé notre.
capital dans les opérations de la Caisse
syndicale.
— C'est un essai que je voulais faire, me
dit-il. Si j'avais réussi, j'aurais proposé àf
mes commanditaires de se lancer dans cç
genre de spéculation.
Alors seulement, continue M. Maupin,
je compris de quelle machination j'a-
vais été victime. Ne voulant pas rester un
instant de plus exposé à voir mon nom
mêlé à une affaire véreuse, je demandai la
dissolution de la société.
Les larmes d'un Gastaldi
M. Bricogne, qui avait été trompé comme
moi et ne demandait qu'à ne plus entendre
parler de l'affaire, circonvenu sans douta
par M. Gastaldi, crut inutile de se joindre
à moi.
M. Gastaldi d'Abbeville me dit qu'il était.
navré. Dans une réunion de sociétaires qui
eut lieu à cette époque, il refusa de donner
la main à Mulot, s'écriant avec un geste
théâtral : « Je ne donne pas la main à un
homme que je n'estime point. »
Il m'affirma en outre que si jamais il
avait pu considérer Mulot comme sujet à
caution, il se serait bien gardé de me le
recommander. Il en pleurait !
Or, il le connaissait de longue date, puis-
qu'il avait commandité les deux précé-
dentes sociétés que Mulot avait conduites irt.
la ruine.
En outre, quelques jours plus tard, il écri-
vait une lettre, actuellement déposée chez
Me Carraby, avocat, dans laquelle il dé-
clare qu'il ne peut rien faire contre la vo-
lonté de son frère (l'associé d'agent de
change), seul intéressé dans l'affaire et dont
il est le prête-nom.
Vous entendez bien, le prête-nom !
De plus en plus fort
Le tribunal de commerce, faisant droit à
ma demande, a prononcé, pour absence de
comptes et d'inventaire, la dissolution de
la société Qui, d'iulleursa ua plus de raison.
CINQ Centimes- Paris et Départements — CîX1?Q Centimes
MARDI 17 FEVRIER 1891
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LE XIX' SIÈCLE
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TRES PROCHAINEMENT
Le XIX. SIÈCLE
^Commencera la publication de
L'ŒIL DE CHIVA
"Grand roman inédit, par G. - H. VILLE-
LONGUE et Paul FÉVAL fils, écrit spéciale-
ment pour nos lecteurs.
Nous n'avons pas à rappeler ici quelle fut
la faveur immense dont jouit auprès du pu-
blic l'œuvre entier de Paul féval, - quels
héros devenus légendaires engendra la fé-
conde et pittoresque imagination de ce ro-
mancier.
C'est pour ainsi dire une continuation de
Cet œuvre que le XIXe SIECLE ogre aujour-
d'hui à ses lecteurs avec
L'ŒIL DE CHIVA
né de la collaboration de G.-H. Villelongue
et Paul Féval fils.
Est-ce des notes laissées par Paul Féval ou
de leur propre imagination que les auteurs de
L'ŒIL DE CHIVA
ont tiré l'idée de ce roman?. Ce que nous
pouvons affirmer, c'est que l'ombre du grand
romancier a présidé, comme un troisième
collaborateur, à la conception et à l'exécution
de ce roman, et que certains types dessinés
avec la même verve et le même brio ont
chance d'en devenir légendaires, comme le
furent et le sont encore certains héros du
possu, des Mystères de Londres, etc.
Pour ne pas déflorer Pœuvre que nous
donnerons très prochainement, disons seule-
ment que
L'ŒIL DE CHIVA
't?st essentiellement un roman (l'aventures
modrne, dont l'action, tantôt héroïque ou
comique, tourne autour d'une anecdote his-
torique, et dont l'intrigue, soutenue par un
$tyle vivant, spirituel et coloré, empoignera
le lecteur.
Caisse île Retraites
Des patrons — simples particuliers
ou grandes sociétés — créent en fa-
veur de leurs ouvriers des caisses de
retraites. Les travailleurs de l'atelier
ou de l'usine y ont versé sou à sou
les prélèvements qui, le jour venu où
il faudra renoncer à manier l'outil,
leur assureront la subsistance pour
leur vieillesse.
Subitement une catastrophe éclate :
la société a fait de mauvaises affai-
res; le directeur s'est livré à des spé-
culations hasardeuses; la faillite est
déclarée. Employés, ouvriers se pré-
cipitent aux guichets pour réclamer
la restitution des versements qu'ils
ont avec tant de peine et d'efforts-
opérés des années durant.
Le syndic leur répond : « Mes amis,
je ne vous connais pas. Vous préten-
dez qu'il vous est dû telle somme.
Produisez votre créance. Vous vien-
drez en concours pour être payés
avec tous les autres créanciers. » Or,
comme neuf fois sur dix il n'y a plus
un sou dans les coffres-forts, les tra-
vailleurs se trouvent dépouillés en un
tour de main de leurs économies si
laborieusement amassées. Il ne leur
reste plus que la ressource de crier
au vo!eur, sans espoir d'être enten-
dus.
Ceci n'est pas un conte. C'est la
simple et implacable réalité. On l'a
bien vu lors de la faillite de Terre-
Noire et du krach du Comptoir d'es-
compte. En vain les spoliés ont gémi,
crié, porté plainte: si justes que fus-
sent leurs réclamations, la loi ne per-
mettait pas de les accueillir.
Cette double expérience a donné à
penser qu'il y avait peut-être lieu de
changer la loi; de cette idée est né le
projet que, dans une de ses dernières
séances, la Chambre a examiné et
voté. Il se propose d'empêcher le re-
tour de scandales pareils à ceux dont
nous venons de rappeler le souvenir.
Il espère y parvenir par un double
procédé.
Les patrons peuvent déposer à la
Caisse des dépôts et consignations les
sommes et valeurs appartenant ou af-
fectées aux institutions de prévoyance
fondées en faveur de leurs employés.
De ce seul fait, les bénéficiaires des
caisses de retraite, ou de prévoyance
sont investis sur la somme déposée
d'un droit de gage qu'ils exerceront
dans les conditions ordinaires du droit
civil.
C'est le premier moyen. Il est juste,
de noter que certains patrons récla-
maient depuis longtemps qu'il leur
fût permis d'y recourir. Les promo-
teurs de la participation aux béné-
fices ont été des premiers à le de-
mander. -"
Le second moyen consiste à attri-
buer aux employés et ouvriers parti-
cipant a une de ces caisses un privi-
lège légal qui leur garantisse la resti-
tution des sommes versées non utili-
sées conformément aux statuts, ainsi
que des intérêts. Ils seront ainsi assu-
rés d'un droit de préférence sur la
masse des créanciers.
Une difficulté sérieuse s'était pré-
sentée au moment des affaires de Ter-
re-Noire et du Comptoir d'escompte.
Les travailleurs intéressés ne pou-
vaient pas avoir de représentant juri-
dique capable d'ester pour eux tous
en justice.
Le projet comble cette lacune. Il
accorde aux ouvriers et employés la
faculté de charger à la majorité un
mandataire d'ester pour eux.
Ces dispositions constituent, à n'en
pas douter, un progrès sur l'état de
choses actuel. Elles ne protègent pas
contre tout risque les travailleurs dont
les chefs d'industrie viendraient à être
déclarés en faillite. Elles garantissent
du moins, dans une mesure sérieuse,
leurs droits et leurs intérêts.
Le projet de loi, néanmoins, n'é-
chappe pas aux critiques. Et M. de
Ramel lui en a adressé quelques-unes
qui, de l'aveu même du rapporteur,
M. Paul Guieysse, ne sont pas sans
fondement.
Ainsi, la créance des employés et
ouvriers qui se trouve privilégiée en
vertu des dispositions nouvelles est,
par nature, indéterminée. Elle peut
être considérable. Les réclamations
de cet ordre atteignaient, dans la ca-
tastrophe de Terre-Noire, le chiffre de
1,700,000 francs, et dans celle du Com-
ptoir d'escompte,le chiffre de 1,A00,000
francs.
Supposez un créancier sur hypothè-
que qui apprend, au moment de la ré-
partition, qu'il est primé par cette
grosse créance privilégiée, jusque-là
inconnue. La surprise ne laisserait
pas que d'être désagréable. Les em-
prunts hypothécaires deviendraient,
dans ces conditions, bien difficiles
pour les grands industriels.
Les auteurs du projet l'ont si bien
compris, qu'ils ont remis à un règle-
ment d'administration publique le
soin de prescrire les mesures de pu-
blicité nécessaires pour porter à la
connaissance des tiers le chiffre dont
est créancière à la caisse de retraite ou
de prévoyance. C'est tourner la diffi-
culté, mais c'est aussi la reconnaître.
Dans un autre ordre d'idées, la loi
est insuffisante, en n'ordonnant pas
la liquidation de la caisse de retraites
en cas de cessation volontaire de l'in-
dustrie tout aussi bien qu'en cas de
fail ite. Dans l'un comm3 dans l'autre
cas, en effet, les travailleurs ont droit
qu'on remette entre leurs mains leur
créance liquide.
Ces lacunes pourront sans doute
être comblées d'ici la seconde délibé-
ration. Telle quelle, la loi que la
Chambre a adoptée en première lec-
ture mérite à coup sûr l'approbation
publique.
A. Millerand
CE QUI SE PASSE AU SÉNÉGAL
Nos lecteurs savent ce qui se passe depuis
quelque temps au Sénégal; ils connaissent
la situation de notre malheureuse colonie
depuis l'affaire dite des décapitations de
Podor; c'est le régime de la terreur qui
pèse sur ce pays.
M. de Lamothe, l'invraisemblable gouver-
neur, vient encore de se signaler par un
nouvel acte d'arbitraire.
Une dépêche de notre correspondant par-
ticulier de Saint-Louis, arrivée hier soir au
journal, nous annonce que, sans motif au-
cun, M. de Lamothe vient, de sa propre
autorité, de nommer une délégation muni-
pale spéciale, dépassant ainsi l'arrêt du
conseil d'Etat annulant les opérations élec-
torales qui ont nommé la municipalité
républicaine actuelle de Saint-Louis.
C'est une violation flagrante de l'article
81 de la loi municipale, et nous demandons
à M. Etienne, sous-secrétaire d'Etat aux co-
lonies, s'il est complice ou dupe de son
gouverneur.
Cette mesure d'intimidation vis-à-vis des
électeurs est en même temps un acte illé-
gal, dont la conséquence sera d'annuler une
seconde fois les élections futures et de per-
mettre à M. de Lamothe de nommer une dé-
légation municipale absolument sous sa dé.
pendance.
Les électeurs républicains de Saint-Louis
protestent contre un pareil excès de pou-
voir et demandent justice.
UN DIRECTEUR DE THÉATRE
QUI LÈVE LE PIEd
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Reims, 15 février.
M. Vilanou, directeur du théâtre, vient
de prendre la fuite. Par ordre de l'admi-
nistration municipale, les représentations
ont lieu au bénéfice des artistes. Il est pro-
bable que le directeur en fuite va être dé-
claré en faillite.
M. Vilanou est un ancien employé de la
mairie qui avait toute la confiance de l'ad-
ministration municipale.
RÉUNION AGRICOLE
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Toulouse, 15 février.
La conférence provoquée par le syndicat
agricole de la Haute-Garonne a eu lieu au-
jourd'hui, à deux heures.
Deux nrl'/ie personnes environ, parmi les-
quelles le préfet du département, le secré-
taire général de la préfecture, le président
de la cour et le procureur général, ont ap-
plaudi les discours prononcés par les ora-
teurs sur la défense de l'agriculture en
France.
Les présidents et membres des syndicats
des sept départements assistaient le bu-
reau.
CHRONIQUE
Mon Dieu, non! je n'ai point de parti
pris contre l'interview ni contre les in-
terviewers. Mai& je l'ai dit souvent, il
faut s'en défier: l'interview le plus exact
est rarement vrai ; je viens d'en faire l'é-
preuve moi-même.
Un jeune homme se présente l'autre
jour chez moi ; il s'annonce comme le se-
crétaire d'un de ceux qui dans notre pro-
fession pratiquent l'interview avec le plus
de succès, de M. Fernand Xau. Il est en-
voyé par M. Xau pour m'interroger sur
une petite aventure où je suis mêlé. Il
est bien élevé, de manières aimables,
s'exprime avec beaucoup de bonne grâce,
et me voilà causant avec lui.
Le fait sur lequel il venait m'intervie-
wer ne valait pas trop, à mon gré, la
peine qu'on s'y intéressât et qu'on en par-
lât au public. Mais du moment que Xau
en avait autrement jugé, c'était son af-
faire.
Il paraît qu'un certain nombre de jeu-
nes poètes avaient eu l'idée d'exhumer
un vieux vaudeville en un acte, Risette,
qui date déjà de trente-deux ans, et de le
jouer en le faisant précéder d'un prolo-
gue où l'un d'eux me dirait mon fait en
vers. Risette est signée d'About ; mais ces
jeunes gens m'en attribuaient la pater-
nité, et leur intention était de renouve-
ler sur moi la raillerie dont on a scié toute
sa vie l'éminent critique musical Scudo,
qui n'avait jamais composé qu'une mince
romance : Le fil de la Vierge.
— Je viens de la part de M. Xau, me
dit ce jeune homme, vous demander ce
que vous pensez de tout cela.
Vous connaissez ma bonhomie :
— Ma foi, lui dis-je en riant, je n'en
pense rien du tout. Il faut bien que les
jeunes gens s'amusent, et je n'irai pas
gâter le plaisir que ceux-là se promettent
de leur petite farce. Elle est bien inno-
cente.
Risette, à vrai dire, n'est pas de moi ;
elle a été signée par About; la vérité est
que je n'y ai point nui. A l'époque où
elle a été écrite, en une heure de délasse-
ment, entre deux articles, je vivais avec
About ; chez About, cherchant ma voie,
entassant études sur projets, articles sur
romans, et faisant de tout, sans savoir à
quoi je m'attacherais. J'ai donc travaillé
peu ou prou à ce petit acte, que je n'a-
vais pas à signer puisqu'il était d'un au-
tre, et vous pensez bien qu'une fois ins-
tallé dans un feuilleton du lundi, je n'en
ai pas revendiqué la paternité.
Mais, si vous le voulez, mettons les
choses au pis : supposons que je sois
l'auteur de Risette. La preuve que je suis
moins bête que ne disent ces jeunes gens,
c'est que je n'en ai pas fait d'autres ; je
me suis arrêté, et eux, ils continuent.
L'entretien se poursuivit sur ce ton de
gaieté bon enfant. Mon interviewer me
demanda si je ne m'opposerais point à
ce que mon nom parût sur l'affiche, si je
ne répondrais point au prologue qui de-
vait, me disait-il, être écrit par M. René
Ghil :
— Moi, m'écriai-je, répondre à René
Ghil! allons donc! ce serait grêler sur le
persil. Je veux bien croiser la plume avec
Emile Zola, avec Daudet, avec Henri Bec-
que ! Mais là, vraiment, perdre mon encre
à des polémiques avec d'illustres incon-
nus, pas si sot. Et puis, je ne leur en
veux pas du tout; je vous avouerai même
que c'est toujours un plaisir nouveau
pour moi, quand j'ouvre une de leurs re-
vues, de m'y voir traité de vieux crétin
ou de triple idiot. C'est une politesse à
laquelle ils ne manquent guère. Quand je
les vois si enragés, je me dis avec une
joie intime : Allons! petit bonhomme
n'est pas mort! Le jour où ils cesseraient
de m'injurier, le jour où je passerais
Bouddha, ce jour-là, ce me serait un
avertissement de faire mes paquets ; je
ferai tout mon possible pour les enterrer,
ce sera bien plus drôle.
Je lui dis tout cela et beaucoup d'au-
tres choses encore, mais toujours riant,
blaguant, avec cette robustesse de bonne
humeur dont m'a gratifié l'indulgente
nature.
Le lendemain, on m'apporte l'interview
qui avait paru dans le journal où écrit
M. Fernand Xau.
Que voulez-vous? C'était cela, et ce
n'était pas cela. J'avais dit, ou à peu prés,
tout ce que M. Xau me mettait dans la
bouche; mais l'accent n'y était plus. J'a-
vais l'air, dans ce compte rendu, d'un
auteur piqué et furieux, qui piétinait
rageusement ses ennemis. Exact, si vous
y tenez; mais vrai, non pas.
Je ne retrouvais dans cette conversa-
tion ni mon tour d'esprit, ni mes formes
de phrases, ni ma gaieté, ni surtout mon
indifférence.
Et je pensais en moi-même :
— Ce n'est pas chose facile que l'inter-
view. Peut-être même n'y aurait-il pas,
dans le journalisme, d'art plus malaisé et
plus délicat. Songez donc! vous allez chez
un homme que vous ne connaissez pas, le
plus souvent; s'il ne s'agissait que de lui
demander un renseignement et de le trans-
mettre, ce ne serait rien. Mais vous avez
à démêler à travers ce qu'il vous dit, et
souvent même en se composant, le fond
de son caractère, la tournure ne son es-
prit, les accidents de sa physionomie et
ce qu'ils vous révèlent de l'homme. Et il
faut qu'en reproduisant l'entretien, vous
donniez au lecteur une idée vivante de
tout cela. Il faut que vous fassiez voir
l'homme derrière l'interview.
Tenez ! C'est quelque chose comme
l'embarras où serait un peintre à qui
l'homme qui passe viendrait demander
son portrait :
— Non, lui dirait le peintre ; je vois
bien votre visage, mais il faut que je vous
étudie, il faut que dans ce visage, que je
vais transoorter sur la toile ie montre
les idées, les sentiments, les habitudes,
le fond et le tout du modèle. Je ne le
peux qu'après avoir fait avec lui une am-
ple connaissance.
Eh bien ! l'interviewer aurait besoin,
pour donner un compte rendu fidèle,
animé, vivant, d'avoir pratiqué longue-
mènt celui qu'il interroge, de le connaî-
tre à fond. Et pas du tout, il arrive, il
dresse son appareil photographique : ne
bougeons plus ! et il rapporte, tout fier,
une photographie qui est très exacte,
mais où personne ne reconnaît le mo-
dèle.
Les vrais interviews, ce sont ceux d'un
Saint-Simon, parce qu'ils font parler ceux
avec qui ils ont vécu et que l'âme même
est visible dans les discours qu'ils leurs
prêtent. Ils font plus vrai que nature.
Francisque Srcey. -
ASPHYXIE DE 40 CHEVAU-LÉGERS
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
• H
Dieuze (Alsace-Lorraine), 15 février.
Toute une compagnie du régiment de
chevau-légers bavarois garnisonné à Dieuze,
dans l'ancien couvent de l'Hôlel-Dieu, vient
d'échapper comme par miracle à une mort
certaine.
Pendant la nuit, un tuyau du gaz s'étant
rompu, l'hydrogène se répandit dans les
salles et provoqua l'asphyxie partielle de
tous les hommes.
Le matin, au rappel, personne ne s'étant
présenté à l'heure accoutumée, on recher-
cha les causes de ce fait anormal, et l'on
arriva encore à temps pour tirer quarante
soldats d'un profond évanouissement.
Trois d'entre eux ont déjà succombé, et
l'état d'une dizaine d'autres est très grave.
Sur les quarante hommes atteints,pas un
seul n'a pu encore reprendre son service.
M. YVES GUYOT
ET LE PRIVILÈGE DE LA BANQUE
AU CONSEIL DES MINISTRES
Entre M. Rouvier et M. Yves Guyot. —
Un livre compromettant.—L'avenir
du projet.
A propos des déclarations de M. Yves
Guyot sur le privilège de la Banque de
France publiées avant-hier par le X/Xe
Siècle, il s'est passé au conseil des ministres
de samedi une petite scène bien amusante.
En voici le récit, dont nous pouvons ga-
rantir l'exactitude :
Du plus loin que M. Rouvier aperçut son
collègue M. Yves Guyot, il l'interpella.
— Eh bien ! lui cria-t-il, vous en faites de
belles ! Si c'est ainsi que vous comprenez
la solidarité ministérielle, vous auriez dû
prévenir au moment de la formation du
cabinet.
— Que voulez-vous dire? répondit le mi-
nistre des travaux publics, d'abord inter-
loqué.
— Ce que je veux dire, reprit M. Rouvier
tout à fait furieux, c'est que la publication
dans le XIXe Siècle de vos déclarations re-
latives au privilège de la Banque constitue
une véritable trahison.
— Et que voulez-vous que j'y fasse ? dit à
son tour M. Yves Guyot en reprenant son
assiette. Ces déclarations, je ne puis ni les
modifier ni les retirer. Avant d'être pu-
bliées par le XIXe Siècle, elles l'ont été
dans un livre que j'ai fait paraître il y a
un peu plus de trois ans, en 1887, chez
Reinwald, alors que j'étais non seulement
député, mais rapporteur général du bud-
get. Ce livre a pour titre la Science écono-
mique et pour dédicace : A M. Ménier! Il
fait partie de la « Bibliothèque des sciences
contemporaines ", il ne dépend pas de moi
de l'en retirer.
Quiconque voudra connaître mes opi-
nions sur le privilège de la Banque de
France n'a qu'à l'ouvrir à la page .4O et à
lire le chapitre IV du cinquième livre, cha-
pitre intitulé : les Banques. On y trouvera
aux pages U31, A32, A35 et suivantes le texte
des déclarations reproduites, je dois le re-
connaître, par le XIXo Siècle avec la plus
scrupuleuse exactitude. Je puis d'autant
moins me démentir aujourd'hui que les
conditions économiques sont exactement
ce qu'elles étaient il y a trois ans,et que dans
ce même livre je disais, page 433 : « Il est
probable que dans cinq ou six ans, la Ban-
que va proposer une nouvelle prorogation
de son privilège. Il faudra alors traiter
cette question d'une manière complète. »
La Banque n'a pas attendu aussi long-
temps que je l'avais supposé, mais ce n'est
pas une raison pour que j'aie changé de
manière de voir à son sujet.
— Allez au diable ! conclut M. Rouvier
en tournant les talons à son collègue ;
quand on veut devenir ministre on n'écrit
pas des choses pareilles, surtout sur le
privilège de la Banque.
Les cnoses en sont là pour l'instant.
Plus d'illusions !
puisque nous parlons du privilège de la
Banque, ajoutons qu'en présence des amen-
dements dont le nombre croît chaque jour,
personne ne suppose plus que le projet du
gouvernement puisse être voté sans subir
des modifications qui pourraient bien aller
jusqu'à le rendre entièrement méconnais-
sable.
M. Rouvier est le premier à ne se faire à
cet égard aucune illusion, et déjà il s'ap-
prête à lâcher consciencieusement son pro-
pre projet. Mieux que personne il sait que
la Chambre a l'habitude de prendre ordi-
nairement le contre-pied de ses proposi-
tions. Si le projet que votera la Chambre
— à supposer qu'elle doive en voter un, ce
qui reste plus que douteux — ressemble au
projet déposé par M. Rouvier autant que
le dernier budget ressemble à celui que
M. Rouvier avait originairement proposé,
avouons, en effet, qu'il ne lui ressemblera
guère.
LES ÉLECTIONS SÉNATORIALES
ESPAGNOLES
(D'UN CORRESPONDANT)
Madrid, 15 février,
Les élections générales par les corpora-
tions de l'Etat et les citoyens les plus im-
posés pour le renouvellement de la moitié
élective du Sénat (laquelle compte 180
membres)* ont donné ies résultats suivants :
Ministériels, 130; libéraux, 19; réformis-
tes, 7; démocrates, 2; carlistes, 2; républi-
cain, 1.
19 résultats manquent : ceux de Cuba et
de Porto-Rico,
LES RÉFÉRENCES
DE LA CAISSE SYNDICALE DE L'UNION
GENDARMES ET FILOUS
La découverte du pot-aux-roses. —
Une histoire bien fin de siècle. —
Le vol à l'amitié.- Les culbutes
d'un « honnête homme J). —
Les frères Gastaldi.
Il nous faut revenir sur cette affaire de
la Caisse syndicale de l'Union, car elle est
à la fois prodigieuse et instructive.
On se rappelle que cette caisse, vraiment
merveilleuse, promet, par des brochures
dans le genre des circulaires Macé, de 30 à
50 0/0 de revenu sans spéculation et sans
risque à ceux qui lui confient leurs capi-
taux.
On sait aussi que ces brochures con-
tiennent un papier imprimé sur lequel on
lit :
RÉFÉRENCES
MM. A. Maréchal, député de la Dordogne,
21, rue de Balzac, Paris.
Le colonel (de gendarmerie) Ellie, ex-com-
mandant militaire de la Chambre des députés,
32, avenue Rapp, Paris ;
J. de Francisco Martin, attaché d'ambassade,
6, rue de la Pépinière, Paris ;
W. Gastaldi, associé d'agent de change,
33, Faubourg-Poissonnière, Paris;
G. Lenoir, rédacteur au ministère de la jus-
tice, 1, rue Puteaux, Paris ;
J. Menu, chef d'escadron, commandant la
gendarmerie de la Nièvre, Nevers.
Dès que le XIXe Siècle eut publié cet
étonnant document, ceux qui y sont
nommés s'empressèrent de protester avec
une extrême énergie et une violente indi-
gnation contre l'abus révoltant que la
Caisse de l'Union syndicale avait osé faire
de leurs noms.
Un seul a jusqu'ici gardé le silence, le
défenseur de la propriété J. Menu, chef
d'escadron, commandant la gendarmerie
de la Nièvre.
Mais les autres, à les entendre, ils n'a-
vaient jamais fait d'affaires, ils ne voulaient
pas en faire, surtout des affaires pareilles.
Prétendre le contraire était une calomnie
infâme !
C'est M. Maréchal, député de la Dordogne,
qui a ouvert la marche des protestations.
Les affaires financières, il les abomine, il n'a
ni le temps ni le goût de s'en occuper.
(Voir les interviews de M. Maréchal publiés
par certains journaux.)
Ensuite est venu le colonel Ellie. Il pro-
teste contre l'abus qu'on a fait de son nom,
le bon gendarme ; il proteste, il ne connaît
rien aux affaires, financières et n'y veut
rien connaître.
Ensuite est venu M. Lenoir, rédacteur au
ministère de la justice. Lui, faire des affai-
res, participer à des manœuvres qui géné-
ralement mènent leurs auteurs en police
correctionnelle, quelle atroce calomnie !
Enfin M. William Gastaldi, associé d'a-
gent de change, ferme la marche. Voici la
lettre qu'il nous adresse :
Paris, le 12 février 1891.
Monsieur le rédacteur en chef du XIX0 Siècle,
J'ai l'honneur de vous informer que je pro-
teste contre l'indication de mon nom comme
référence à la Caisse de l'Union syndicale, 52,
rue du Faubourg-Montmartre, à laquelle je
suis étranger.
Je n'ai autorisé personne à donner mon
nom pour renseignement ou référence.
Vous m'obligerez infiniment, monsieur le
rédacteur en chef, en inscrivant la présente
lettre dans votre prochain numéro, ne con-
naissant rien de cette affaire (sic).
Veuillez agréer, etc.
W. GASTALDI.
Ainsi, de tous ces messieurs, pas un qui
eût jamais fait d'affaires, pas un qui connût
la Caisse syndicale de l'Union, pas un qui
ne fût victime.
Or, c'est ici que l'histoire devient tout-à-
fait drôle et essentiellement fin de siècle :
de tout ce qu'ont dit ces messieurs et de
tout ce qu'ils ont écrit, il n'y a pas un mot
de vrai. Ils ont tous fricoté, tripoté, non
seulement avec le directeur actuel de la
Caisse syndicale de l'Union, M. Deligny,
qu'ils désavouent aujourd'hui, mais encore
avec son prédécesseur, M. Mulot, dont M.
Deligny paraît n'être que le prête-nom ; de
telle sorte que tous ces messieurs qui se
posent en hermines immaculées seraient
plutôt, au point de vue des affaires, depuis
le député Maréchal jusqu'au rédacteur au
ministère de la justice M. Lenoir, et y
compris les bons gendarmes, d'anciens ré-
cidivistes ou, si l'on préfère, de vieux che-
vaux de retour.
En voici la preuve:
A tout seigneur.
D'abord, le député Maréchal qui « ne fait
jamais d'affaires » est, nous dit-on, un
ancien président du conseil d'administra-
tion d'une certaine « Caisse centrale de
crédit » dont la liquidation fut des plus
laborieuses, et un ancien membre du con-
seil d'administration du« Crédit de Paris",
qui avait pour .directeur effectif le fameux
Lepelletier, lequel est en train de prescrire à
l'étranger des condamnations à un nombre
incalculable de mois de prison.
Voilà pour le premier protestataire; pas-
sons aux autres.
On a pu se demander comment le brave
colonel Ellie se trouvait embarqué dans
cette galère. On va le comprendre.
M. Menu, chef d'escadron de gendarmerie
à Nevers, est le fils d'un brave homme de
concierge qui habitait au numéro 11, rue
Montalivet, et qui avait trois filles, dont
l'une a épousé M. Mulot, le véritable direc-
teur, l'âme de la Caisse syndicale de l'U-
nion.
Quant au commandant Menu, il a épousé
la fille du colonel Ellie. Il est donc à la fois
le gendre du colonel et le beau-frère de
M. Mulot.
On va voir que ce dernier n'en est pas à
son coup d'essai.
Les culbutes de M. Mulot
En 1882, M. Edouard Mulot fonda, rue
Notre-Dame-des-Victoires, 26, une société
financière en commandite sous la raison
sociale « Edouard Mulot et C10 ».
Il avait pour principal commanditaire
M. Pierre-Eugène Gastaldi, propriétaire à
Abbeville et frère de M. William Gastaldi,
associé d'agent de change, déjà nommé.
Trois ans après, c'est-à-dire en 1885, cette
société tombait en déconfiture.
immédiatement, M. Mulot en fonde une
seconde. Nous n'avons pas eu le temps d'en
rechercher la date exacte, mais nous savons
que M. Archigna en fut nommé le liquida-
teur. Il est évident d'ailleurs qu'elle dura
peu, puisqu'en 1889 M. Mulot édifiait une
troisième combinaison.
la C'est ici qu'apparaît M. Lenoir, rédacteur
[ au ministère de la justice.
Le berceau de la Caisse syndicale
Par acte sous signatures privées en date
du 9 février 1889, une société en comman-
dite au capital de 900,000 francs, avec sièga
22, rue Richer, fut formée pour cinq aoa.
entre les personnes suivantes : -
M. Edouard Mulot, banquier;
M. Pierre-Eugène Gastaldi ; -
M. Gustave Lenoir, rédacteur au minisi
tére de la justice;
M. Charles Bricogne, ingénieur, attaché A
la compagnie du Nord ;
M. Maupin, rentier.
M. Mulot apportait :
Ses capacités, ressortant des deux cul-
butes précédentes, évaluées à 20,000 francs,
plus une somme de 30,000 francs.
M. Gastaldi versait 60,000 francs, chacun
des trois autres associés 30,000 francs.
Aux termes de l'article 2 de l'acte de so-
ciété, cette entreprise avait pour objet
« l'exploitation d'une maison de commis-
sion pour la négociation des rentes fran-
çaises. »
L'article 5 interdisait d'une manière ab-
solue l'acceptation ou la négociation des
lettres de change, et toutes opérations de
jeu sur quelque valeur que ce fût.
M. Mulot, nommé gérant, s'adjoignit
comme premier employé le fils de M. Wil-
liam Gastaldi.
Notre police nous ayant appris que, sur
ces cinq personnes il s'en trouvait au
moins deux d'une honorabilité indiscuta-
ble, MM. Maupin et Bricogne, nous sommes
allés les interviewer.
Les frères Gastaldi
M. Maupin est un ancien notaire. Age
d'une soixantaine d'années, il a pris sa re-
traite il y a quelques mois.
— Jamais, nous dit-il, je ne me suis oc-
cupé d'affaires de Bourse. Il y a deux ans,
un de mes amis intimes, aussi ignorant qua
moi de ces questions, vit arriver chez lui à
peu près toute la dynastie des Gastaldi :
William Gastaldi, l'associé d'agent de
change, son frère Eugène et son fils, depuis
employé de Mulot.
Mon ami était lié depuis longtemps avec
cette famille. MM. Gastaldi lui proposèrent
d'entrer dans la société que vous connais-
sez, présentant l'affaire comme excellente,
et répondant de l'habileté et de l'honora-
bilité de Mulot.
Mon ami refusa. Pendant plus de quinze
jours MM. Gastaldi et Mulot lui-même re-
vinrent à la charge.
Cet ami avait peu de fonds disponibles.
Avec son horreur instinctive de toute spé-
culation, il déclara qu'à la rigueur il con-
sentirait à prêter de l'argent à 5 0/0, mais
ne demandait-pas davantage.
- Vous plaisantez, répondit M. William
Gastaldi. C'est une affaire merveilleuse,
aussi honorable que productive, et dont je
me garde bien de parler à tout le monde.
Je vous l'ai réservée à vous, mon ami d'en-
fance. Vous ne pouvez refuser.
Mon ami, finalement convaincu, consi-
déra à son tour comme un devoir de me
faire profiter d'une aussi brillante affaire.
Comme lui je crus à la bonne foi, de Gas-
taldi; l'honorabilité de M. Bricogne,qui était
dans l'affaire, leva mes derniers scrupules,
et je donnai mes 30,000 francs.
On m'avait affirmé qu'il n'y avait aucun
risque, puisque tout le rôle de Mulot con-
sisterait à exécuter des ordres sur la rente
française. L'importance de sa clientèle, di-
sait-on, assurait un revenu de 6 ou 7 0/0
à notre capital, qui ne serait jamais en-
gagé et servirait uniquement à former son
cautionnement au syndicat des coulissiers
et à lui constituer un petit fonds de roule-
ment. -
Un an après
Au bout de six mois on nous distribua un
acompte qui faisait ressortir le dividende
de l'année à peu près à 7 0/0.
Six mois plus tard, c'est-à-dire en février.
1890, le premier exercice était clos. Aux
termes de l'acte de société, à défaut de di-,
vidende, on nous devait des comptes.
Nous ne vîmes rien venir. A cette époque;
un de mes amis ayant chargé Mulot de lui
vendre un titre se présenta au siège social
22, rue Richer.
Pour toute banque, il trouva une plaqœ
gravée : « Mulot et Ce », et un concierge qu,
l'envoya 52, faubourg Montmartre, au siège.
social de la Caisse syndicale, où trônait
Mulot, dont Deligny paraît n'avoir jamais
été que le prête-nom.
Un truc de M. Mulot
Pris de soupçon, j'insistai aussitôt pour
avoir des comptes. On me répondit que
tout le capital était' perdu.
— Cela n'empêche pas de présenter des
comptes. Au contraire, dis-je à Mulot.
— Des comptes! me répondit-il, il n'y en,
a pas.
Et il m'avoua alors que, sortant du cadra
prévu par la société, il avait engagé notre.
capital dans les opérations de la Caisse
syndicale.
— C'est un essai que je voulais faire, me
dit-il. Si j'avais réussi, j'aurais proposé àf
mes commanditaires de se lancer dans cç
genre de spéculation.
Alors seulement, continue M. Maupin,
je compris de quelle machination j'a-
vais été victime. Ne voulant pas rester un
instant de plus exposé à voir mon nom
mêlé à une affaire véreuse, je demandai la
dissolution de la société.
Les larmes d'un Gastaldi
M. Bricogne, qui avait été trompé comme
moi et ne demandait qu'à ne plus entendre
parler de l'affaire, circonvenu sans douta
par M. Gastaldi, crut inutile de se joindre
à moi.
M. Gastaldi d'Abbeville me dit qu'il était.
navré. Dans une réunion de sociétaires qui
eut lieu à cette époque, il refusa de donner
la main à Mulot, s'écriant avec un geste
théâtral : « Je ne donne pas la main à un
homme que je n'estime point. »
Il m'affirma en outre que si jamais il
avait pu considérer Mulot comme sujet à
caution, il se serait bien gardé de me le
recommander. Il en pleurait !
Or, il le connaissait de longue date, puis-
qu'il avait commandité les deux précé-
dentes sociétés que Mulot avait conduites irt.
la ruine.
En outre, quelques jours plus tard, il écri-
vait une lettre, actuellement déposée chez
Me Carraby, avocat, dans laquelle il dé-
clare qu'il ne peut rien faire contre la vo-
lonté de son frère (l'associé d'agent de
change), seul intéressé dans l'affaire et dont
il est le prête-nom.
Vous entendez bien, le prête-nom !
De plus en plus fort
Le tribunal de commerce, faisant droit à
ma demande, a prononcé, pour absence de
comptes et d'inventaire, la dissolution de
la société Qui, d'iulleursa ua plus de raison.
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- Auteurs similaires Deny Martial Deny Martial /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Deny Martial" or dc.contributor adj "Deny Martial")[Recueil de costumes coloriés du temps de Louis XVI et de caricatures] /ark:/12148/btv1b52507760w.highres Expérience du Vaisseau Volant de Monr. Blanchard. Enlevé au Champ de Mars près Paris le 2. Mars 1784. entre Midi et 2 Heures : Sic itur ad astra : [estampe] ([1er état]) / Desrais del. ; Denis sculp. /ark:/12148/btv1b85092580.highres
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