Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1891-02-01
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Description : 01 février 1891 01 février 1891
Description : 1891/02/01 (A21,N6957). 1891/02/01 (A21,N6957).
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 29/04/2013
- Vingt-et^uniême année. — N* 6,957 C1N Q Centimes - Paris et Départements - CINQ Centimes..; ,. DIMANCHE 1M FEVRIER 1891*
- v - C 1
-' -- t., ., t'/
JOURNAL RÉPUBLICAIN
RÉDACTION
JL^fcS, Rue Montmartre
PARIS
PlirCHBR POLITIQUE
A.. EDOUARD PORTALIS
PRII DE lOABONIEIEIT :
Paris Mimb, 8»-; ta**, lit; ho, SOI
Départements — 7L; — 12'.; — 24%
Vnioii Postal» — r.; — 10 L; — 32 fc
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LES BUREAUX
DE BIENFAISANCE
Ce n'est pas une petite affaire que
d'organier la bienfaisance publique.
En théorie, rien de plus facile; en fait,
rien de plus malaisé.
Pour les campagnes, il n'est pas
exagéré de dire que tout reste à faire;
pour les grandes villes et pour Paris,
des réformes profondes s'imposent.
A Paris, le service des secours à do-
micile est largement doté; il dispose
pour 1891 d'un budget de neuf mil-
lions et demi, sur les quarante-deux
millions consacrés à l'Assistance pu-
blique. ,;
Malheureusement,le fonctionnement
des bureaux de bienfaisance laisse à
désirer, en dépit de la bonne volonté
des personnes. Une réglementation
trop étroite et trop rigoureuse pré-
side à la distribution des secours ; la
surcharge de famille n'est pas consi-
dérée comme une cause d'indigence ;
la quotité du secours est trop faible,
à vrai dire inefficace, pour certaines
catégories de secourus, les ménages,
par exemple.
Les pauvres reçoivent plus ou
moins, suivant qu'ils habitent tel ar-
rondissement. En raison du mode de
répartition entre les vingt bureaux
de bienfaisance de la subvention mu-
nicipale, la part de l'unité indigente
se trouve être généralement de
7A francs Al. centimes par an, tandis
qu'elle descend pour le vingtième ar-
rondissement, si populeux et si
éprouvé, à 8 francs 87 centimes.
Rien que cette inégalité de traite-
ment suffirait à faire éclater à tous
les yeux les vices du système.
A l'exception des %383 titulaires du
secours représentatif d'hospice, qui
touchent une allocation mensuelle de
trente francs, les S5,06A indigents in-
scrits sur les contrôles des bureauxde
bienfaisance, c'est-à-dire secourus
d'une manière permanente, ne reçoi-
vent en moyenne que 3, 5, 8 et 10 fr.
par mois. Il est vrai qu'un certain
nombre de ces clients ont découvert
le moyen de vivre d'aumônes et de
subsides, en exploitant la charité pu-
blique et privée; l'abus est inévitable
et il est loin d'être la règle. *
Mais, à côté des mendiants profes-
sionnels, combien de malheureux pour
qui cette assistance est indispensable !
Et pourtant, dans la majorité des cas,
le secours est trop faible, insuffisant,
presque dérisoire. Cela vaut mieux
que rien, assurément, surtout pour les
habitués qui récoltent à droite et à
gauche des suppléments de recettes et
des revenants-bons. - :
Pour beaucoup, surtout pour les
nécessiteux secourus à titre tempo-
raire, --en cas de maladie ou de chô-
mage,— le secours est notoirement
inefficace.
De plus, l'organisation existante ne
permet pas d'aller au-devant des de-
mandes ; le pauvre honteux peut mou-
rir de misère s'il n'a pas fait le sacrifice
de son amour-propre et de sa dignité.
Même ceux qui sollicitent, comme ce
malheureux Manier, risquent de se
voir repoussés ou d'être oubliés.
C'-est qu'en vérité les rouages d'as-
sistance à Paris se superposent et se
contrarient. Tantôt les malheureux
doivent s'adresser à l'administration
centrale de l'Assistance publique, tan-
tôt à la mairie de 'leur arrondisse-
ment; tel secours est départemental,
tel autre municipal.
Au lieu d'être uniforme, le service
des enquêtes est triple. Il n'est pas
rare que trois agents de l'administra-
tion se présentent le même jour, à la
même heure, dans la même maison :
le visiteur du bureau de bienfaisance
vient aux informations pour une de-
mande de secours, un visiteur de l'ad-
ministration centrale s'informe pour
une demande de placement dans les
hospices, un enquêteur est en mou-
vement pour un secours d'allaite-
ment. :
En dehors des visiteurs et des en-
quêteurs administratifs, qui se croi-
sent et se rencontrent, les bureaux de
bienfaisance sont administrés et des-
servis par des auxiliaires bénévoles.
Paris ne compte que 930 commis-
saires pour 89,77A pauvres (indigents
et nécessiteux), tandis qu'à Berlin,
â,S>58 citoyens exercent les fonctions
gratuites de commissaires des pauvres
pour 17,619 indigents InscrIts.
On a beaucoup vanté, dans ces der-
niers temps, ce système connu sous le
nom d'Elberfeld ; un de ses vulgarisa-
teurs, M. Le Roy, a cité l'exemple de
la ville de Friboul'g-en-Brisgau,la der-
nière ville allemande qui se soit ap-
proprié ce mode d'assistance. En
1887, les dépenses y avaient été de
I67,98J» marks; en 1888, de 17,977, et
en 1889, par suite de l'application
complète du nouveau système, de
30,457 marks.
En tout cas, que le système d'El-
berfeld, avec ses commissaires en très
grand nombre, doive être importé, ou
bien que le service des enquêtes soit
renforcé et centralisé d'une autre ma-
nière, il n'importe : l'essentiel est de
substituer une organisation plus ra-
tionnelle et plus méthodique au sys-
tème incohérent et décousu qui fonc-
tionne actuellement à Paris. Voilà qui
presse et sur quoi l'opinion publique
devrait se prononcer avec une force
irrésistible.
Paul Strauss.
Le XIX" SIÈCLE publiera demain la
a Vie de Paris w, par Henry Fouquier.
L'ÉLECTION DE MONTPARNASSE
Le siège de M. Emile Richard sera vive-
ment disputé. Jusqu'ici, nous comptons
parmi les candidats :
MM. Cahen, radical-socialiste; Dugas, ou-
vrier; Bardillon, radical, ouvrier; Lazies,
ancien maire de l'arrondissement, du co-
mité républicain radical; Georges Martin,
ancien sénateur ; de Bouteiller, ancien con-
seiller municipal du quartier des Bassins;
Poinscorme, Picard, Guiraud, Pemjean.
Les boulangistes présenteront peut-être
M. Cordier.
Signalons enfin la candidature de M. Fran-
çois Lecloux, « ancien sequestré, ex sous-
officier "0
Le programme de ce candidat se résume
ainsi : « A bas les voleurs ! A bas les faus-
saires ! A bas la Bastille! » Ce qui prouve
que l'ancien sequestré à d'excellentes in-
tentions.
L'élection, rappelons-le, a lieu le 15 fé-
vrier.
DUEL FRANCO-ITALIEN
A la suite du discours de M. Ribot lors de
l'interpellation sur la Tripolitaine, le Ca-
pitan Fracassa, un officieux italien, appré-
ciant les déclarations du ministre des af-
faires étrangères, a trouvé le moyen de
traiter les Français de chapons" et de
« catins
Venant d'un reptile, ces sifflements n'ont
pas grande importance. Néanmoins, un de
nos confrères, M. P. Duport, directeur de
l'agence télégraphique la Française, vient
d'adresser la lettre suivante au- directeur
de l'organe crispinien :
a Monsieur,
» Votre journal traite les Français de
chapons et de catins.
"La réplique nous serait facile; néan-
moins un Français, celui qui vous écrit la
présente, après avoir combattu pour l'Ita-
lie, consent encore à vous faire l'honneur
de vous traiter comme si vous étiez quel-
que chose d'honorable.
"Veuillez donc vous faire connaître et
me donner un rendez-vous à la frontière;
immédiatement je partirai pour vous mon-
trer qu'en France les chapons ont des er-
gots.
Salutations.
» P. DUPORT. »
CHANGEMENTS MILITAIRES
EN ALLEMAGNE
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTÍcuusa)
Berlin, 30 janvier.
Après la disgrâce des généraux de Lec-
zynski et de Meerscheidt-Hullessen, voici le
tour du général de Waldersee, chef de ilé-
tat-major, élève préféré de Moltke, qui
va être déplacé et ira, au Ier avril, prendre
la succession du général de Leczynski à la
tête du 9" corps d'armée, position très infé-
rieure à la situation prépondérante qu'il
occupe actuellement. Il en coûtera beau-
coup à l'ancien familier de l'empereur de
quitter Berlin, où le salon de la comtesse
de Waldersee était un des plus fréquentés,
pour aller se confiner dans la ville d'Al-
tona.
*° H s'est évidemment passé quelque chose
d'anormal dans les hautes régions mili-
taires. Les racontars les plus incroyables
circulent.
On donne une nouvelle version sur le
motif de la retraite du général de Leczinski :
ce serait l'opinion exprimée par le général,
d'accord avec l'ancien ministre de la guerre,
M. de Verdy du Vernois, en faveur de la
réduction du service militaire à deux
ans.
On désigne, comme successeur de M. de
Waldersee à la tête de l'état-major général,
l'un des quartiers-maîtres supérieurs, le
général Haeseler ou le général de Schlieffen
de llolleben.
M. CRISPI A LA CHAMBRE
(DB NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Rome, 30 janvier.
Hier, à la Chambre, M. Fortis ayant de-
mandé l'ajournement du projet de loi sur
la réorganisation des préfectures, et MM.
Bonghi et Nicotera ayant insisté sur son
retrait, M. Crispi a monté à la tribune et a
déclaré très nettement que si la Chambre
acceptait l'une ou l'autre de ces motions,
il poserait la question de cabinet.
La Chambre a reculé et, par 192 voix con-
tre 112, a donné raison à M. Crispi.
Toute la presse reconnaît que cette ma-
jorité de 80 voix,obtenue à grand'peine, dé-
note que M. Crispi a perdu du terrain de-
puis les dernières élections. Auparavant,
sa majorité était de 200 voix. Son ancien
sous-secrétaire d'Etat, M. Fortis, se pose en
adversaire du président du conseil. L'é-
ventualité d'une crise ministérielle entre
dans l'ordre des probabilités.
LES OBSÈQUES D'UN PHILANTHROPE
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Genève, 30 janvier.
Aujourd'hui ont eu lieu les funérailles
du philanthrope Revilliod, qui laisse cinq
millions à la ville.
Environ six mille personnes et toutes
les autorités y ont prit part.
Le service mortuaire a été célébré par le
pasteur Metzger.
Le dicours funèbre a été prononcé par le
professeur Naville, vieil ami du défunt.
Le corps a été iabuaiô ay. i&vtëÇj? AK
L'ADDITION
DE « THERMIDOR »
LE PRIX D'UN COUP DE SIFFLET
La note à payer.- Costumes et décors.
- 3,000 francs de perruques. —
Les propositions de M. Antoine.
L'incident Thermidor est clos. Il en ré-
sulte que vingt-cinq propriétaires de sif-
flets suffiront désormais pour empêcher la
représentation d'une pièce qui leur déplaît.
C'est, pour les auteurs de la nouvelle école,
un moyen beaucoup plus simple et plus
pratique que le Théâtre-Libre, d'imposer
leurs chefs-d'œuvre.
Mais la question artistique,a pour corol-
laire une question commerciale qui ne nous
paraît pas moins intéressante. Et, bien que
M. Constans ait déclaré n'avoir pas à entrer
dans des considérations dont il a pourtant
tenu compte pour rétablir les paris de cour-
ses, nous allons faire connaître à nos
lecteurs ce que coûte à la Comédie-Fran-
çaise le coup de sifflet de M. Lissagaray.
Deux kilomètres de toile
La Comédie-Française achète elle-même
la toile des décors. Cette toile e;,;t de la
toile à torchons ordinaire, que les peintres
préparent ensuite dans leur atelier. Elle se
vend un franc soixante-dix le mètre.
Pour Thermidor, on a employé 22 pièces
d'environ 100 mètres, ce qui représente
une longueur de plus de 2 kilomètres, et, à
raison de 175 francs la pièce, constitue un
déboursé de.,. Fr. 3.850
Pour monter cette toile il a fallu en-
viron quatre cents planches de quatre
mètres de long, évaluées à un prix moyen
de3fr.50, soit. I.JIOO
Enfin douze ouvriers, menuisiers, tapis-
siers, serruriers, payés 8 francs par jour,
ont travaillé pendant deux mois. Leurs sa-
laires ont donc atteint près de. 5.500
_:.. Les décors
Le prix de la décoration varie avec la
renommée du peintre et le genre du dé-
cor.
Les paysages, les verdures, qui font en
général le plus d'effet, brossés à grands
traits, coûtent moins cher que les salons,
dont les moulures et les arabesques, par-
fois dorées, exigent peut-être moins d'art
mais demandent beaucoup plus de temps.
Pour le drame de M. Sardou,les verdures
ont été payées 6 fr. le mètre carré, les inté-
rieurs 10 fr.
Le décor du premier acte, qui représente
un morceau de rivière vis-à-vis l'île de la
Grande-Jatte, avait une superficie considé-
rable, près de 700 mètres carrés.
Il reviendra environ à h,000
Celui du second acte, l'appartement de
Bérillon, peut être évalué à. 2,000
Le salon du troisième acte, salon aristo-
cratique où l'on a établi le bureau des
dossiers h, 000
Les environs de la Conciergerie, que l'on
voit au quatrième acte 3,000
Le premier est de M. Lemeunier, le se-
cond et le troisième de MM. Rubé et Cha-
peron; le quatrième de MM. Lavastre et
Carpezat.
Les costumes
Le drame ne comportait point de costu-
mes luxueux.
Les plus chers sont ceux des gendarmes
qui formaient la haie au quatrième acte sur
le passage des condamnés. Il y en avait 15,
valant, aiguillettes et bottes comprises,
300 fr., soit h.500
Quant aux autres costumes, au nombre
de 200, on peut les compter à 120 fr. l'un
dans l'autre, total 2A,000
Dans ces chiffres ne sont pas compris
deux cents chapeaux à 20 fr h.000
60 perruques à50fr.,. 3.000
200 paires de bas que l'on peut évaluer à
six francs l'une dans l'autre, car il y a des
bas de soie et des bas de coton, soit 1.200
Les figurants
150 figurants ont suivi les répétitions dès
la fin de novembre. D'ordinaire, on leur
donne un franc cinquante par séance.
Mais les « mouvements" de Thermidor
étaient particulièrement difficiles à régler.
Souvent les figurants restaient quatre heu-
res en fonction, et leur indemnité a été
portée à 2 francs. -
Quelques-uns même, plus intelligents que
les autres, recevaient 2 fr. 50; les chefs de
groupe, 3 francs.
On a donc versé à ces figurants, rien que
pour les répétitions, à peu près 18,000 fr.
Tous les costumes sont rentrés dans le
magasin de la Comédie, d'où ils sortiront
le jour où l'on jouera un Thermidor agréé
par les partisans du « bloc ».
Seuls les bas, qui n'ont guère d'époque,
pourront être utilisés. Quant aux perruques
qui, en dépit du camphre, sont finies au
bout de quatre ans, on ne les reverra pro-
bablement sur aucune des têtes qui les
portèrent.
La location
La salle était louée pour 17 représenta-
tions, ce qui assurait une recette de 135,000
francs.
La soirée du mardi où l'on n'a pu jouer
coûte 8,000 fr.
L'addition
Récapitulons les chiffres ci-dessus :
Toile 3.850 fr.
Bois 1.^00
lontage ., ., 5.500
Décors. 13.000
Gendarmes A.5Q0
Gendarmes :::: M.000
Autres costumes 2A.OOO
Chapeaux, perruques,
bas 8.SOO
Figurants. 18.000
Soirée du 27 janvier. 8.000
Total. 86.A50 fr.
- - - - -
Dans ce chiffre n'est pas comprise la per-
te, difficile à évaluer, du bénéfice assuré
par la location, ni le temps et la peine des
artistes, — chaque sociétaire en est d'une
dizaine de mille francs, — qui ont travaillé
trois mois pour voir en fin de compte
M. Antoine mettre la scène du Théâtre-
Libre à la disposition de M. Sardou,
MANŒUVRES DE GARNISON
Exercices en terrain varié. — Ma-
nœuvres de nuit. — Dégâts aux
propriétés.
On a fini par reconnaître, en France, qu'il
était indispensable d'habituer les différen-
tes armes à manœuvrer ensemble et d'exer-
cer fréquemment les troupes de jour et de
nuit en terrain varié.
Voulant donner uu Jargg déyeloppçiûQflt
aux manœuvres de garnison prescrites par
les notes ministérielles des 2 juin 1886 et
9 février 1887, le ministre de la guerre vient
de recommander aux commandants de
corps d'armée de multiplier ces exercices
le plus possible, pendant tout le cours de
l'année.
Dans chaque région, le commandant de
corps d'armée, tenant compte de la pro-
gression de l'instruction, de la composi-
tion des garnisons, des exigences du ser-
vice, de l'état des cultures, etc., devra ré-
gler la nature et le nombre des manœuvres
a exécuter par les troupes sous ses ordres.
Du reste, des fonds spéciaux sont alloués
pour subvenir à ces déplacements et parer
aux dégâts qui pourraient être commis au
cours des manœuvres.
Ces manœuvres comprendront des exer-
cices pratiques de marche, de service en
campagne et de combat à double action
ou contre un ennemi figuré, et un certain
nombre d'opérations de nuit. Lorsqu'il y
aura lieu, les cantonnements devront être
arrêtés après entente préalable avec les
municipalités intéressées, de façon à ne
provoquer aucune réclamation de leur
part.
Comme pendant les grandes manœuvres,
on devra éviter le plus possible d'occa-
sionner des dégâts aux propriétés privées.
Lorsque des dégâts de cette nature seront
commis.soit sur le terrain de la manœuvre,
soit dans les cantonnement" le comman-
dant de la troupe arrêtera séance tenante,
après débat avec les intéressés, le montant
de l'indemnité à accorder. En cas de refus
pour la partie lésée d'accepter l'indemnité
offerte, la gendarmerie locale sera appelée
à dresser procès-verbal des dégâts causés,et
les contestations seront alors réglées par
une commission spéciale, comme cela a
lieu pendant les grandes manœuvres d'au-
tomne.
Telles sont les principales dispositions
arrêtées par le ministre de la guerre pour
les exercices de garnison, dont l'emploi
bien réglé sera des plus profitables à
l'instruction générale de l'armée.
En effet, malgré la poudre sans fumée et
les armes à trajectoire rasante, il faudra
toujours finir par se joindre ; l'une des
deux troupes devra, à un moment donné,
prendre l'initiative de l'attaque et se porter
vigoureusement sur un point donné. Mais,
pour réussir, il faut que cette troupe ait
reçu une instruction essentiellement pra-
tique et sache utiliser intelligemment le
terrain.
Les manœuvres de garnison sont émi-
nemment propres à donner à tous cette
instruction aujourd'hui indispensable ; elles
habitueront, en outre, nos officiers à ma-
nier des effectifs se rapprochant le plus
possible des effectifs de guerre et les fami-
liariseront avec les difficultéa des nouvelles
méthodes de combat.
Qu'on ne l'oublie pas, la victoire, dans
les combats futurs, appartiendra au plus
vaillant doublé du plus instruit. Nous pou-
vons être facilement l'un et l'autre.
CRISE MINISTÉRIELLE SERBE
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICtJLIBR)
Vienne, 30 janvier.
Une certaine émotion a été causée dans
les cercles politiques et diplomatiques de
notre capitale par l'annonce de la démis-
sion du ministère serbe et la nouvelle que
M. Pasiteh. président de la Skoupchtina,
chef du parti russe, est chargé de former
le nouveau cabinet.
COURRIER DE CALÉDONIE
(D'UN CORRESPONDANT)
Marseille, 30 janvier.
L'Australien, courrier de Calédonie et
d'Australie, est arrivé ce matin à six heu-
res, avec 223 passagers, dont M. Bigat, ca-
pitaine de frégate commandant la frégate
la Saône. 11 officiers et 109 marins rapa-
triés.
Voici les nouvelles que ce navire apporte
d'Australie :
On signale une tempête terrible à Adé-
laïde, à Glenelg et au sémaphore. Les dé-
gâts sont considérables. Le navire français
Noire-Dame-de-la-Garde s'est échoué dans
ces parages. Il venait de l'île Bourbon. Un
grand nombre de bateaux de pêche et de
cotres ont sombré. Un violent incendie a
détruit'l'entrepôt de pétrole du wharf. Les
dégâts s'élèvent à 20,000 livres. L'entrepôt
contenait 35,000 caisses de pétrole. Jamais
les habitants de Sydney n'avaient vu un
spectacle aussi terrible et aussi grandiose.
Aux Nouvelles-Hébrides, la création de
la commune française Port-Vila est dé-
mentie.
Les trois assassins des Délautour père et
fils, massacrés par les indigènes, ont été
exécutés par les marins du croiseur an-
glais Royalist, en présence des tribus d'Aore
et Malo.
AU TONKIN
(D'UN CORRESPONDANT)
Marseille, 30 janvier.
Les journaux de l'Indo-Chine arrivés ce
soir par le paquebot Djemmah, courrier de
l'Extrême-Orient, ne mentionnât rien de
bien intéressant.
L'Avenir du Tonkin annonce qu'une forte
colonne, sous les ordres du commandant
Pretet, chef de la région de Cao-Bang, opère
en ce moment près de Ha-Yang contre trois
bandes de pirates solidement retranchées
dans les massifs montagneux.
M. THIVRIER INTERPELLE
On annonce une interpellation de M. Thi-
vrier. Des conscrits du canton est de Mont-
luçon s'étaient rendus à Commentry, précédés
d'un drapeau tricolore portant cette inscrip-
tion : « A bas les traîtres ! » Leur emblème a
été confisqué par les gendarmes, et procès-
verbal dressé, malgré 1 intervention de M. Thi-
vrier, député de Montluçon.
Tels sont les faits qui motivent cette inter-
pellation. «
ÉLECTIONS DE LA SEINE-INFÉRIEURE
(D'UN CORRESPONDANT)
Rouen, 30 janvier.
Voici les candidatures à la députation
déposées jusqu'à présent à la préfecture de
la Seine-Inférieure :
Pour la 2° circonscription de Rouen, en
remplacement de M. Dautresme, M. David
Dautresme, ancien chef de cabinet au mi-
nistère du commerce, et M. Goujon, avocat.
Pour la 36 circonscription, en remplace-
ment de M. Waddington, M. Lebon, con-
seiller général et ancien juftiro de Rouen,
et M. Merley.
CHRONIQUE
Ces Américaines ne doutent de rien. Je
trouve dans un journal qui s'occupe
spécialement de colonisation, la Géogra-
phicy sous la direction de M. Frichoz, une
annonce bien singulière : il paraît qu'une
jeune fille originaire des Etats-Unis, miss
Sheldon, se propose de partir en février
pour Zanzibar et de traverser de là tout
l'intérieur de l'Afrique. « Elle veut avant
tout, dit le journal, étudier non la géo-
tout, et la flore du pays, mais la vie de
graphie et la flore du pays, mais la vie de
famille des peuplades africaines. Elle
prend un phonographe avec elle, afin de
conserver l'intonation et l'accent des lan-
gues de l'intérieur que l'on ne connaît
pas encore. Elle ne sera accompagnée
que de jeunes Arabes et de négresses.
Peut-être prendra-t-elle une escorte mili-
taire. »
Je copie la note telle que je l'ai trouvée
dans la Géographie et telle que la Géo-
graphie l'avait sans doute rencontrée
dans une revue américaine. Rien ne mon-
tre mieux que ce petit incident la diffé-
rence d'éducation et de mœurs qui sépare
nos filles, dans la vieille Burope, des jeu-
nes misses de la jeune Amérique.
Ainsi, voilà une jeune personne qui an-
nonce l'intention de partir toute seule
pour faire un voyage à travers l'Afrique
centrale. Elle se composera une escorte de
jeunes Arabes, qui sont naturellement
d'un autre sexe que le sien, puisqu'elle se
propose en même temps d'emmener des
négresses pour la servir.
Son intention avouée est d'étudier la
vie de famille des peuplades africaines.
Cette vie de famille est, hélas ! nous le
savons par les récits des grands voya-
geurs et des missionnaires, la vie de fa-
mille des singes, et s'il y a une différence,
elle est toute en faveur des singes, qui ne
sont ni aussi dissolus ni aussi cruels. Il
va sans dire qu'elle aura tous les jours
sous les yeux, sans voile aucun, le spec-
tacle de la démoralisation la plus crue et
la plus profonde. Ces gens-là ne cachent
rien ; ils vont tout nus où les emportent
leurs passions, et le sentiment de la pu-
deur, s'il est né chez eux, ce qui est peu
probable, revêt des formes qui choquent
toutes les susceptibilités de notre civili-
sation européenne.
Cette jeune femme emporte un phono-
graphe. L'idée est assurément ingénieuse.
Le phonographe doit désormais faire,
avec l'appareil photographique, partie
du bagage de tout' explorateur sérieux.
Mais enfin, vous imaginez les conversa-
tions qu'elle enregistrera, et qu'il lui
faudra traduire plus tard a ses compa-
triotes, quand elle reviendra en Amé-
rique. Aoh! sheching, miss, very shoching!
Car j'imagine que bon petit nègre, s'il
consent à parler dans le phonographe,
y criera des horreurs à faire rougir un
carabinier d'Europe. Ces phrases ne se-
ront instructives au retour pour les sa-
vants, que si la jeune voyageusè consent
à les traduire et à les commenter.
Je n'insiste pas ! Il n'y a pas besoin de
m'étendre longuement pour vous former
une image des dangers spéciaux qu'af-
fronte une jeune fille qui consent à courir
ces aventures, seule, en compagnie d'une
soldatesque ramassée parmi les plus
beaux hommes et les moins scrupuleux
gredins qui soient sortis de la race
arabe.
Supposez un peu, pour voir, une jeune
Française entrant un matin chez sa mère
et lui disant : Je m'en vais à Zanzibar, et,
de là, je m'engagerai avec cinquante
Arabes à ma solde et à mes trou sses dans
l'intérieur de l'Afrique centrale. Non,
mais vous voyez d'ici la tête de la mère :
Ma pauvre fille est folle ! et les voisins ré-
péteraient après elle : La pauvre fille est
folle ! et ce ne serait qu'un chœur dans
toute la ville : La pauvre fille est folle !
Et en effet, avec notre éducation et
nos mœurs, pour qu'un semblable pro-
jet poussât dans la cervelle d'une
chaste demoiselle, il faudrait absolument
que cette cervelle eut été irappée d'un
petit coup de marteau.
— Mais, mon enfant, tu n'y penses
pas! t'en aller toute seule, là-bas, chez
les Cafres, dans un pays de tigres et de
serpents ! Les serpents et les tigres, ce ne
serait rien encore : on trouve des vipères
dans la forêt de Fontainebleau. Mais
songe donc, les hommes y vont tout nus!
Tu ne rencontreras sur ton chemin que
des jeunes gens sans chemise et sans pu-
deur, qui n'auront pas même l'attention
de se retourner quand tu passeras près
d'eux. C'est l'abomination de la démora-
lisation. Comment trouveras-tu un mari
aoi retour ? Qui est-ce qui voudra de toi ?
Au reste, je ne sais pas pourquoi je
m'extermine à imaginer le discours de la
mère. Elle ne le ferait pas, par l'excellente
raison qu'il ne tomberait jamais dans- la
tête d'une jeune Française l'idée d'une
expédition aussi étrange, aussi saugre-
nue.
Une jeune fille ne comprend chez nous
un voyage qu'en compagnie de son père
ou au bras de son mari. Pour elle, l'agré-
ment du voyage, c'est le mari. Aussi
toutes les jeunes filles ou la plupart ont-
elles rêvé de faire le voyage de noces, le
voyage de la lune de miel, celui que La-
biche appelle le petit voyage; mais tous
les souvenirs qu'elles y collectionnent
circulent autour du mari qui les pilote.
Point de mari, point de voyage.
En France, deux femmes seules même
ne voyagent pas aisément, à moins de
mener grand train, à moins d'imposer aux
commérages par le nombre des domes-
tiques, par la splendeur de l'installation.
On est toujours porté chez nous à soup-
çonner une famille qui voyage sans mari
ni père. Quant à une jeune fille seule,
il n'en saurait être question. L'idée
en est si contraire à nos mœurs, que s'il
s'en prouve une qui passe une nuit hors
du toit paternel, elle est pour toujours
perdue de réputation.
Eh bien! voilà une jeune fille améri-
caine qui annonce paisiblement, par la
voie du journal, qu'elle prépare l'expédi-
tion que j'ai dite. Personne en son pays
ne fait mine de s'en scandaliser. U sem-
ble qu'elle ait formé le projet le plus sim-
ple du monde : elle en parle comme s'il
s'agissait d'aller à Asniéres ou à Saint..
Uloud. Et encore, j'en reviens là, une
jeune fille de la bourgeoisie ne s'en irait
pas toute seule à Saint-Cloud, à moinar
d'être institutrice ou demoiselle de ma-
gasin. Elle n'éprouve aucune crainte de
pudeur effarouchée à l'idée des scènes
dont elle va affronter le spectacle, des
conversations qu'elle va entendre et em-
magasiner, pour les reproduire plus tard.
Et quand elle reviendra dans son pays,
on lui fera fête ; on trouvera que sa beau-
té, si elle en a, s'est aiguisée d'une poin-
te d'excentricité, qu'elle a donné les
preuves de son esprit d'initiative, de sa
fermeté d'âme; elle n'en trouvera quœ
plus facilement des épouseurs.
Et ce qui est plus singulier, c'est quQ
les femmes anglaises et américaines pas..:
sent chez nous pour être d'une insup-*
portable et ridicule pudibonderie, pouci
rougir à, des mots que chez nous uns
honnête femme entend sans penser à
mal, pour chercher dans les plus lontainesi
allusions un prétexte à s'évanouir.
Comment concilier cet excès de pru-
derie et cette largeur fie conduite ? Quoi l
elles sont secouées d'un haut-le-corps si
on leur parle des jambes d'un piano, ou
d'une culotte, et elles soutiennent sans
pâlir l'idée de voir des multitudes de
jambes d'homme sans ombre de culottes.
Accordez, si vous le pouvez, ces contra-
dictions.
Ce monde n'est qu'un vaste composa
d'inexplicables antinomies. Quelle est dec
deux éducations celle qui vaut le mieux
pour les jeunes filles ? Le plus simple est
de dire que chacune d'elles est appro-
priée à la race qui la reçoit, et qu'une
Anglo-Saxonne n'est pas une Française,
pas plus qu'une Française n'est una
Anglo-Saxonne.
Francisque Sarcey,
LA CENSURE ;--
Comme sanction à l'interpellation sur Ther-
midor, M. Proust avait l'intention de déposer
un projet de résolution tendant à la suppres-
sion de la censure. Il a renoncé à cette ma-
nière de. proceder; il déposera aujourd'hui
une proposition de loi abrogeant la loi dut
30 juillet 1850 qui a institué la censure drama-
tique et il demandera l'urgence..
M. Le Senne, député boulangiste, déposcr
de son côté, une proposition analogue.
LE CONCOURS GÉNÉRAL AGRICOLE
Aujourd'hui samedi, à neuf heures, ou-
verture officielle par M. Develle, ministre
de l'agriculture, du concours agricole. Let
visiteurs seront admis dans toutes les par<
ties de l'exposition jusqu'au h février in.
clus.
Le président de la République visitera Iç
concours lundi, à deux heures.
Les jurys se sont réunis hier matin au
Palais de l'Industrie. Les résultats de leurs
premiers travaux seront connus aujour"
d'hui, vers quatre heures, pour les prix
d'honneur. „
La disposition générale est déjà connue
elle est la même tous les ans.
Au rez-de-chaussée, les animaux gras :
186 sujets de l'espèce bovinej 273 de l'espècek
ovine, 189 de l'espèce porcine, et les ani-
maux reproducteurs : 277 taureaux on
vaches laitières, 116 béliers et 27 verrats.
Les volailles vivantes, au nombre d'en-
viron 3,000, sont dans des volières occu..
pant la galerie du premier étage.
A cet étage sont les volailles mortes, fro-
mages, beurres, produits de l'horticulture
légumes frais et légumes secs, plantes et;
graines potagères et fourragères, fruits frais
et fruits secs, vins, liqueurs, etc.
- Dans le grand salon carré du milieu sont
les produits d'Algérie.
Le salon carré du côté du Panorama est.
transformé en serre chaude, où nos horti.
culteurs en renom présenteront, dès de-
main matin, les merveilles de la flore fran-
çaise, en même temps que des fleurs et des
plantes des pays exotiques.
L'autre extrémité du palais est plus spé.
cialement affectée aux expositions indus-
trielles : couveuses, gaveuses, outils et us-
tensiles de basse-cour, puis les fromages.
Enfin, derrière le palais, en plein air, est;
la troisième section, comprenant les ma-
chines : locomotives, locomobiles, matériel
roulant, chemins de fer, chars, charrueg.
herses, vanniers, semeuses, faucheuses, etc,
Çà et là on a placé des plantes vertes et
des fleurs. La partie centrale de la nef est.
transformée -en un frais parterre décora
d'un taureau en bronze.
ANGLAIS ET ALLEMANDS DANS
L'AFRIQUE DU SUD -
(D'UN CORRESPONDANT)
Berlin, 30 janvier.—La Gazette de la Croix dit
tenir de source sûre que l'AHemagne a dé-
cidé de céderà l'Angleterre ses possessions
dans l'Afrique du sud-ouest (Angra-Pequena),
qui sont les premières ou elle ait mii le pied,
et qui ont été le début dè ls, colonisation
allemande sur le continent noir.
MORT SUBITE D'UN HOMME D'ETAT
(D'UN CORRESPONDANT)
New-York, 30 janvier. — M. Windom, miais-
tre des finances, est mort subitement ce soip
au banquet du bureau commercial de PEtae-
de New-York. Il venait de prononcer un dis-
cours et s'était à peine rassis lorsqu'il est-
tombé de sa chaise et a expiré presque aussi-
tôt.
Il était âgé de soixante-quatre ans.
LA RÉVOLUTION AU CHILI
(D'UN CORRESPONDANT)
Mexico, 30 janvier. — Une dépêche spéciale
du Chili, arrivée hier soir, annonce que le gou-
vernement chilien concentre des troupes à
Santiago et à Valparaiso. Une bataille déci-
sive est attendue d'ici à trois jours.
Les efforts du ministre et consul général
d'Angleterre, M. J.-G. Kennedy, pour rétablir
l'accord ente le président Baluuaceda et le.
Congrès chilien ont échou. -..
- v - C 1
-' -- t., ., t'/
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LES BUREAUX
DE BIENFAISANCE
Ce n'est pas une petite affaire que
d'organier la bienfaisance publique.
En théorie, rien de plus facile; en fait,
rien de plus malaisé.
Pour les campagnes, il n'est pas
exagéré de dire que tout reste à faire;
pour les grandes villes et pour Paris,
des réformes profondes s'imposent.
A Paris, le service des secours à do-
micile est largement doté; il dispose
pour 1891 d'un budget de neuf mil-
lions et demi, sur les quarante-deux
millions consacrés à l'Assistance pu-
blique. ,;
Malheureusement,le fonctionnement
des bureaux de bienfaisance laisse à
désirer, en dépit de la bonne volonté
des personnes. Une réglementation
trop étroite et trop rigoureuse pré-
side à la distribution des secours ; la
surcharge de famille n'est pas consi-
dérée comme une cause d'indigence ;
la quotité du secours est trop faible,
à vrai dire inefficace, pour certaines
catégories de secourus, les ménages,
par exemple.
Les pauvres reçoivent plus ou
moins, suivant qu'ils habitent tel ar-
rondissement. En raison du mode de
répartition entre les vingt bureaux
de bienfaisance de la subvention mu-
nicipale, la part de l'unité indigente
se trouve être généralement de
7A francs Al. centimes par an, tandis
qu'elle descend pour le vingtième ar-
rondissement, si populeux et si
éprouvé, à 8 francs 87 centimes.
Rien que cette inégalité de traite-
ment suffirait à faire éclater à tous
les yeux les vices du système.
A l'exception des %383 titulaires du
secours représentatif d'hospice, qui
touchent une allocation mensuelle de
trente francs, les S5,06A indigents in-
scrits sur les contrôles des bureauxde
bienfaisance, c'est-à-dire secourus
d'une manière permanente, ne reçoi-
vent en moyenne que 3, 5, 8 et 10 fr.
par mois. Il est vrai qu'un certain
nombre de ces clients ont découvert
le moyen de vivre d'aumônes et de
subsides, en exploitant la charité pu-
blique et privée; l'abus est inévitable
et il est loin d'être la règle. *
Mais, à côté des mendiants profes-
sionnels, combien de malheureux pour
qui cette assistance est indispensable !
Et pourtant, dans la majorité des cas,
le secours est trop faible, insuffisant,
presque dérisoire. Cela vaut mieux
que rien, assurément, surtout pour les
habitués qui récoltent à droite et à
gauche des suppléments de recettes et
des revenants-bons. - :
Pour beaucoup, surtout pour les
nécessiteux secourus à titre tempo-
raire, --en cas de maladie ou de chô-
mage,— le secours est notoirement
inefficace.
De plus, l'organisation existante ne
permet pas d'aller au-devant des de-
mandes ; le pauvre honteux peut mou-
rir de misère s'il n'a pas fait le sacrifice
de son amour-propre et de sa dignité.
Même ceux qui sollicitent, comme ce
malheureux Manier, risquent de se
voir repoussés ou d'être oubliés.
C'-est qu'en vérité les rouages d'as-
sistance à Paris se superposent et se
contrarient. Tantôt les malheureux
doivent s'adresser à l'administration
centrale de l'Assistance publique, tan-
tôt à la mairie de 'leur arrondisse-
ment; tel secours est départemental,
tel autre municipal.
Au lieu d'être uniforme, le service
des enquêtes est triple. Il n'est pas
rare que trois agents de l'administra-
tion se présentent le même jour, à la
même heure, dans la même maison :
le visiteur du bureau de bienfaisance
vient aux informations pour une de-
mande de secours, un visiteur de l'ad-
ministration centrale s'informe pour
une demande de placement dans les
hospices, un enquêteur est en mou-
vement pour un secours d'allaite-
ment. :
En dehors des visiteurs et des en-
quêteurs administratifs, qui se croi-
sent et se rencontrent, les bureaux de
bienfaisance sont administrés et des-
servis par des auxiliaires bénévoles.
Paris ne compte que 930 commis-
saires pour 89,77A pauvres (indigents
et nécessiteux), tandis qu'à Berlin,
â,S>58 citoyens exercent les fonctions
gratuites de commissaires des pauvres
pour 17,619 indigents InscrIts.
On a beaucoup vanté, dans ces der-
niers temps, ce système connu sous le
nom d'Elberfeld ; un de ses vulgarisa-
teurs, M. Le Roy, a cité l'exemple de
la ville de Friboul'g-en-Brisgau,la der-
nière ville allemande qui se soit ap-
proprié ce mode d'assistance. En
1887, les dépenses y avaient été de
I67,98J» marks; en 1888, de 17,977, et
en 1889, par suite de l'application
complète du nouveau système, de
30,457 marks.
En tout cas, que le système d'El-
berfeld, avec ses commissaires en très
grand nombre, doive être importé, ou
bien que le service des enquêtes soit
renforcé et centralisé d'une autre ma-
nière, il n'importe : l'essentiel est de
substituer une organisation plus ra-
tionnelle et plus méthodique au sys-
tème incohérent et décousu qui fonc-
tionne actuellement à Paris. Voilà qui
presse et sur quoi l'opinion publique
devrait se prononcer avec une force
irrésistible.
Paul Strauss.
Le XIX" SIÈCLE publiera demain la
a Vie de Paris w, par Henry Fouquier.
L'ÉLECTION DE MONTPARNASSE
Le siège de M. Emile Richard sera vive-
ment disputé. Jusqu'ici, nous comptons
parmi les candidats :
MM. Cahen, radical-socialiste; Dugas, ou-
vrier; Bardillon, radical, ouvrier; Lazies,
ancien maire de l'arrondissement, du co-
mité républicain radical; Georges Martin,
ancien sénateur ; de Bouteiller, ancien con-
seiller municipal du quartier des Bassins;
Poinscorme, Picard, Guiraud, Pemjean.
Les boulangistes présenteront peut-être
M. Cordier.
Signalons enfin la candidature de M. Fran-
çois Lecloux, « ancien sequestré, ex sous-
officier "0
Le programme de ce candidat se résume
ainsi : « A bas les voleurs ! A bas les faus-
saires ! A bas la Bastille! » Ce qui prouve
que l'ancien sequestré à d'excellentes in-
tentions.
L'élection, rappelons-le, a lieu le 15 fé-
vrier.
DUEL FRANCO-ITALIEN
A la suite du discours de M. Ribot lors de
l'interpellation sur la Tripolitaine, le Ca-
pitan Fracassa, un officieux italien, appré-
ciant les déclarations du ministre des af-
faires étrangères, a trouvé le moyen de
traiter les Français de chapons" et de
« catins
Venant d'un reptile, ces sifflements n'ont
pas grande importance. Néanmoins, un de
nos confrères, M. P. Duport, directeur de
l'agence télégraphique la Française, vient
d'adresser la lettre suivante au- directeur
de l'organe crispinien :
a Monsieur,
» Votre journal traite les Français de
chapons et de catins.
"La réplique nous serait facile; néan-
moins un Français, celui qui vous écrit la
présente, après avoir combattu pour l'Ita-
lie, consent encore à vous faire l'honneur
de vous traiter comme si vous étiez quel-
que chose d'honorable.
"Veuillez donc vous faire connaître et
me donner un rendez-vous à la frontière;
immédiatement je partirai pour vous mon-
trer qu'en France les chapons ont des er-
gots.
Salutations.
» P. DUPORT. »
CHANGEMENTS MILITAIRES
EN ALLEMAGNE
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTÍcuusa)
Berlin, 30 janvier.
Après la disgrâce des généraux de Lec-
zynski et de Meerscheidt-Hullessen, voici le
tour du général de Waldersee, chef de ilé-
tat-major, élève préféré de Moltke, qui
va être déplacé et ira, au Ier avril, prendre
la succession du général de Leczynski à la
tête du 9" corps d'armée, position très infé-
rieure à la situation prépondérante qu'il
occupe actuellement. Il en coûtera beau-
coup à l'ancien familier de l'empereur de
quitter Berlin, où le salon de la comtesse
de Waldersee était un des plus fréquentés,
pour aller se confiner dans la ville d'Al-
tona.
*° H s'est évidemment passé quelque chose
d'anormal dans les hautes régions mili-
taires. Les racontars les plus incroyables
circulent.
On donne une nouvelle version sur le
motif de la retraite du général de Leczinski :
ce serait l'opinion exprimée par le général,
d'accord avec l'ancien ministre de la guerre,
M. de Verdy du Vernois, en faveur de la
réduction du service militaire à deux
ans.
On désigne, comme successeur de M. de
Waldersee à la tête de l'état-major général,
l'un des quartiers-maîtres supérieurs, le
général Haeseler ou le général de Schlieffen
de llolleben.
M. CRISPI A LA CHAMBRE
(DB NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Rome, 30 janvier.
Hier, à la Chambre, M. Fortis ayant de-
mandé l'ajournement du projet de loi sur
la réorganisation des préfectures, et MM.
Bonghi et Nicotera ayant insisté sur son
retrait, M. Crispi a monté à la tribune et a
déclaré très nettement que si la Chambre
acceptait l'une ou l'autre de ces motions,
il poserait la question de cabinet.
La Chambre a reculé et, par 192 voix con-
tre 112, a donné raison à M. Crispi.
Toute la presse reconnaît que cette ma-
jorité de 80 voix,obtenue à grand'peine, dé-
note que M. Crispi a perdu du terrain de-
puis les dernières élections. Auparavant,
sa majorité était de 200 voix. Son ancien
sous-secrétaire d'Etat, M. Fortis, se pose en
adversaire du président du conseil. L'é-
ventualité d'une crise ministérielle entre
dans l'ordre des probabilités.
LES OBSÈQUES D'UN PHILANTHROPE
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Genève, 30 janvier.
Aujourd'hui ont eu lieu les funérailles
du philanthrope Revilliod, qui laisse cinq
millions à la ville.
Environ six mille personnes et toutes
les autorités y ont prit part.
Le service mortuaire a été célébré par le
pasteur Metzger.
Le dicours funèbre a été prononcé par le
professeur Naville, vieil ami du défunt.
Le corps a été iabuaiô ay. i&vtëÇj? AK
L'ADDITION
DE « THERMIDOR »
LE PRIX D'UN COUP DE SIFFLET
La note à payer.- Costumes et décors.
- 3,000 francs de perruques. —
Les propositions de M. Antoine.
L'incident Thermidor est clos. Il en ré-
sulte que vingt-cinq propriétaires de sif-
flets suffiront désormais pour empêcher la
représentation d'une pièce qui leur déplaît.
C'est, pour les auteurs de la nouvelle école,
un moyen beaucoup plus simple et plus
pratique que le Théâtre-Libre, d'imposer
leurs chefs-d'œuvre.
Mais la question artistique,a pour corol-
laire une question commerciale qui ne nous
paraît pas moins intéressante. Et, bien que
M. Constans ait déclaré n'avoir pas à entrer
dans des considérations dont il a pourtant
tenu compte pour rétablir les paris de cour-
ses, nous allons faire connaître à nos
lecteurs ce que coûte à la Comédie-Fran-
çaise le coup de sifflet de M. Lissagaray.
Deux kilomètres de toile
La Comédie-Française achète elle-même
la toile des décors. Cette toile e;,;t de la
toile à torchons ordinaire, que les peintres
préparent ensuite dans leur atelier. Elle se
vend un franc soixante-dix le mètre.
Pour Thermidor, on a employé 22 pièces
d'environ 100 mètres, ce qui représente
une longueur de plus de 2 kilomètres, et, à
raison de 175 francs la pièce, constitue un
déboursé de.,. Fr. 3.850
Pour monter cette toile il a fallu en-
viron quatre cents planches de quatre
mètres de long, évaluées à un prix moyen
de3fr.50, soit. I.JIOO
Enfin douze ouvriers, menuisiers, tapis-
siers, serruriers, payés 8 francs par jour,
ont travaillé pendant deux mois. Leurs sa-
laires ont donc atteint près de. 5.500
_:.. Les décors
Le prix de la décoration varie avec la
renommée du peintre et le genre du dé-
cor.
Les paysages, les verdures, qui font en
général le plus d'effet, brossés à grands
traits, coûtent moins cher que les salons,
dont les moulures et les arabesques, par-
fois dorées, exigent peut-être moins d'art
mais demandent beaucoup plus de temps.
Pour le drame de M. Sardou,les verdures
ont été payées 6 fr. le mètre carré, les inté-
rieurs 10 fr.
Le décor du premier acte, qui représente
un morceau de rivière vis-à-vis l'île de la
Grande-Jatte, avait une superficie considé-
rable, près de 700 mètres carrés.
Il reviendra environ à h,000
Celui du second acte, l'appartement de
Bérillon, peut être évalué à. 2,000
Le salon du troisième acte, salon aristo-
cratique où l'on a établi le bureau des
dossiers h, 000
Les environs de la Conciergerie, que l'on
voit au quatrième acte 3,000
Le premier est de M. Lemeunier, le se-
cond et le troisième de MM. Rubé et Cha-
peron; le quatrième de MM. Lavastre et
Carpezat.
Les costumes
Le drame ne comportait point de costu-
mes luxueux.
Les plus chers sont ceux des gendarmes
qui formaient la haie au quatrième acte sur
le passage des condamnés. Il y en avait 15,
valant, aiguillettes et bottes comprises,
300 fr., soit h.500
Quant aux autres costumes, au nombre
de 200, on peut les compter à 120 fr. l'un
dans l'autre, total 2A,000
Dans ces chiffres ne sont pas compris
deux cents chapeaux à 20 fr h.000
60 perruques à50fr.,. 3.000
200 paires de bas que l'on peut évaluer à
six francs l'une dans l'autre, car il y a des
bas de soie et des bas de coton, soit 1.200
Les figurants
150 figurants ont suivi les répétitions dès
la fin de novembre. D'ordinaire, on leur
donne un franc cinquante par séance.
Mais les « mouvements" de Thermidor
étaient particulièrement difficiles à régler.
Souvent les figurants restaient quatre heu-
res en fonction, et leur indemnité a été
portée à 2 francs. -
Quelques-uns même, plus intelligents que
les autres, recevaient 2 fr. 50; les chefs de
groupe, 3 francs.
On a donc versé à ces figurants, rien que
pour les répétitions, à peu près 18,000 fr.
Tous les costumes sont rentrés dans le
magasin de la Comédie, d'où ils sortiront
le jour où l'on jouera un Thermidor agréé
par les partisans du « bloc ».
Seuls les bas, qui n'ont guère d'époque,
pourront être utilisés. Quant aux perruques
qui, en dépit du camphre, sont finies au
bout de quatre ans, on ne les reverra pro-
bablement sur aucune des têtes qui les
portèrent.
La location
La salle était louée pour 17 représenta-
tions, ce qui assurait une recette de 135,000
francs.
La soirée du mardi où l'on n'a pu jouer
coûte 8,000 fr.
L'addition
Récapitulons les chiffres ci-dessus :
Toile 3.850 fr.
Bois 1.^00
lontage ., ., 5.500
Décors. 13.000
Gendarmes A.5Q0
Gendarmes :::: M.000
Autres costumes 2A.OOO
Chapeaux, perruques,
bas 8.SOO
Figurants. 18.000
Soirée du 27 janvier. 8.000
Total. 86.A50 fr.
- - - - -
Dans ce chiffre n'est pas comprise la per-
te, difficile à évaluer, du bénéfice assuré
par la location, ni le temps et la peine des
artistes, — chaque sociétaire en est d'une
dizaine de mille francs, — qui ont travaillé
trois mois pour voir en fin de compte
M. Antoine mettre la scène du Théâtre-
Libre à la disposition de M. Sardou,
MANŒUVRES DE GARNISON
Exercices en terrain varié. — Ma-
nœuvres de nuit. — Dégâts aux
propriétés.
On a fini par reconnaître, en France, qu'il
était indispensable d'habituer les différen-
tes armes à manœuvrer ensemble et d'exer-
cer fréquemment les troupes de jour et de
nuit en terrain varié.
Voulant donner uu Jargg déyeloppçiûQflt
aux manœuvres de garnison prescrites par
les notes ministérielles des 2 juin 1886 et
9 février 1887, le ministre de la guerre vient
de recommander aux commandants de
corps d'armée de multiplier ces exercices
le plus possible, pendant tout le cours de
l'année.
Dans chaque région, le commandant de
corps d'armée, tenant compte de la pro-
gression de l'instruction, de la composi-
tion des garnisons, des exigences du ser-
vice, de l'état des cultures, etc., devra ré-
gler la nature et le nombre des manœuvres
a exécuter par les troupes sous ses ordres.
Du reste, des fonds spéciaux sont alloués
pour subvenir à ces déplacements et parer
aux dégâts qui pourraient être commis au
cours des manœuvres.
Ces manœuvres comprendront des exer-
cices pratiques de marche, de service en
campagne et de combat à double action
ou contre un ennemi figuré, et un certain
nombre d'opérations de nuit. Lorsqu'il y
aura lieu, les cantonnements devront être
arrêtés après entente préalable avec les
municipalités intéressées, de façon à ne
provoquer aucune réclamation de leur
part.
Comme pendant les grandes manœuvres,
on devra éviter le plus possible d'occa-
sionner des dégâts aux propriétés privées.
Lorsque des dégâts de cette nature seront
commis.soit sur le terrain de la manœuvre,
soit dans les cantonnement" le comman-
dant de la troupe arrêtera séance tenante,
après débat avec les intéressés, le montant
de l'indemnité à accorder. En cas de refus
pour la partie lésée d'accepter l'indemnité
offerte, la gendarmerie locale sera appelée
à dresser procès-verbal des dégâts causés,et
les contestations seront alors réglées par
une commission spéciale, comme cela a
lieu pendant les grandes manœuvres d'au-
tomne.
Telles sont les principales dispositions
arrêtées par le ministre de la guerre pour
les exercices de garnison, dont l'emploi
bien réglé sera des plus profitables à
l'instruction générale de l'armée.
En effet, malgré la poudre sans fumée et
les armes à trajectoire rasante, il faudra
toujours finir par se joindre ; l'une des
deux troupes devra, à un moment donné,
prendre l'initiative de l'attaque et se porter
vigoureusement sur un point donné. Mais,
pour réussir, il faut que cette troupe ait
reçu une instruction essentiellement pra-
tique et sache utiliser intelligemment le
terrain.
Les manœuvres de garnison sont émi-
nemment propres à donner à tous cette
instruction aujourd'hui indispensable ; elles
habitueront, en outre, nos officiers à ma-
nier des effectifs se rapprochant le plus
possible des effectifs de guerre et les fami-
liariseront avec les difficultéa des nouvelles
méthodes de combat.
Qu'on ne l'oublie pas, la victoire, dans
les combats futurs, appartiendra au plus
vaillant doublé du plus instruit. Nous pou-
vons être facilement l'un et l'autre.
CRISE MINISTÉRIELLE SERBE
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICtJLIBR)
Vienne, 30 janvier.
Une certaine émotion a été causée dans
les cercles politiques et diplomatiques de
notre capitale par l'annonce de la démis-
sion du ministère serbe et la nouvelle que
M. Pasiteh. président de la Skoupchtina,
chef du parti russe, est chargé de former
le nouveau cabinet.
COURRIER DE CALÉDONIE
(D'UN CORRESPONDANT)
Marseille, 30 janvier.
L'Australien, courrier de Calédonie et
d'Australie, est arrivé ce matin à six heu-
res, avec 223 passagers, dont M. Bigat, ca-
pitaine de frégate commandant la frégate
la Saône. 11 officiers et 109 marins rapa-
triés.
Voici les nouvelles que ce navire apporte
d'Australie :
On signale une tempête terrible à Adé-
laïde, à Glenelg et au sémaphore. Les dé-
gâts sont considérables. Le navire français
Noire-Dame-de-la-Garde s'est échoué dans
ces parages. Il venait de l'île Bourbon. Un
grand nombre de bateaux de pêche et de
cotres ont sombré. Un violent incendie a
détruit'l'entrepôt de pétrole du wharf. Les
dégâts s'élèvent à 20,000 livres. L'entrepôt
contenait 35,000 caisses de pétrole. Jamais
les habitants de Sydney n'avaient vu un
spectacle aussi terrible et aussi grandiose.
Aux Nouvelles-Hébrides, la création de
la commune française Port-Vila est dé-
mentie.
Les trois assassins des Délautour père et
fils, massacrés par les indigènes, ont été
exécutés par les marins du croiseur an-
glais Royalist, en présence des tribus d'Aore
et Malo.
AU TONKIN
(D'UN CORRESPONDANT)
Marseille, 30 janvier.
Les journaux de l'Indo-Chine arrivés ce
soir par le paquebot Djemmah, courrier de
l'Extrême-Orient, ne mentionnât rien de
bien intéressant.
L'Avenir du Tonkin annonce qu'une forte
colonne, sous les ordres du commandant
Pretet, chef de la région de Cao-Bang, opère
en ce moment près de Ha-Yang contre trois
bandes de pirates solidement retranchées
dans les massifs montagneux.
M. THIVRIER INTERPELLE
On annonce une interpellation de M. Thi-
vrier. Des conscrits du canton est de Mont-
luçon s'étaient rendus à Commentry, précédés
d'un drapeau tricolore portant cette inscrip-
tion : « A bas les traîtres ! » Leur emblème a
été confisqué par les gendarmes, et procès-
verbal dressé, malgré 1 intervention de M. Thi-
vrier, député de Montluçon.
Tels sont les faits qui motivent cette inter-
pellation. «
ÉLECTIONS DE LA SEINE-INFÉRIEURE
(D'UN CORRESPONDANT)
Rouen, 30 janvier.
Voici les candidatures à la députation
déposées jusqu'à présent à la préfecture de
la Seine-Inférieure :
Pour la 2° circonscription de Rouen, en
remplacement de M. Dautresme, M. David
Dautresme, ancien chef de cabinet au mi-
nistère du commerce, et M. Goujon, avocat.
Pour la 36 circonscription, en remplace-
ment de M. Waddington, M. Lebon, con-
seiller général et ancien juftiro de Rouen,
et M. Merley.
CHRONIQUE
Ces Américaines ne doutent de rien. Je
trouve dans un journal qui s'occupe
spécialement de colonisation, la Géogra-
phicy sous la direction de M. Frichoz, une
annonce bien singulière : il paraît qu'une
jeune fille originaire des Etats-Unis, miss
Sheldon, se propose de partir en février
pour Zanzibar et de traverser de là tout
l'intérieur de l'Afrique. « Elle veut avant
tout, dit le journal, étudier non la géo-
tout, et la flore du pays, mais la vie de
graphie et la flore du pays, mais la vie de
famille des peuplades africaines. Elle
prend un phonographe avec elle, afin de
conserver l'intonation et l'accent des lan-
gues de l'intérieur que l'on ne connaît
pas encore. Elle ne sera accompagnée
que de jeunes Arabes et de négresses.
Peut-être prendra-t-elle une escorte mili-
taire. »
Je copie la note telle que je l'ai trouvée
dans la Géographie et telle que la Géo-
graphie l'avait sans doute rencontrée
dans une revue américaine. Rien ne mon-
tre mieux que ce petit incident la diffé-
rence d'éducation et de mœurs qui sépare
nos filles, dans la vieille Burope, des jeu-
nes misses de la jeune Amérique.
Ainsi, voilà une jeune personne qui an-
nonce l'intention de partir toute seule
pour faire un voyage à travers l'Afrique
centrale. Elle se composera une escorte de
jeunes Arabes, qui sont naturellement
d'un autre sexe que le sien, puisqu'elle se
propose en même temps d'emmener des
négresses pour la servir.
Son intention avouée est d'étudier la
vie de famille des peuplades africaines.
Cette vie de famille est, hélas ! nous le
savons par les récits des grands voya-
geurs et des missionnaires, la vie de fa-
mille des singes, et s'il y a une différence,
elle est toute en faveur des singes, qui ne
sont ni aussi dissolus ni aussi cruels. Il
va sans dire qu'elle aura tous les jours
sous les yeux, sans voile aucun, le spec-
tacle de la démoralisation la plus crue et
la plus profonde. Ces gens-là ne cachent
rien ; ils vont tout nus où les emportent
leurs passions, et le sentiment de la pu-
deur, s'il est né chez eux, ce qui est peu
probable, revêt des formes qui choquent
toutes les susceptibilités de notre civili-
sation européenne.
Cette jeune femme emporte un phono-
graphe. L'idée est assurément ingénieuse.
Le phonographe doit désormais faire,
avec l'appareil photographique, partie
du bagage de tout' explorateur sérieux.
Mais enfin, vous imaginez les conversa-
tions qu'elle enregistrera, et qu'il lui
faudra traduire plus tard a ses compa-
triotes, quand elle reviendra en Amé-
rique. Aoh! sheching, miss, very shoching!
Car j'imagine que bon petit nègre, s'il
consent à parler dans le phonographe,
y criera des horreurs à faire rougir un
carabinier d'Europe. Ces phrases ne se-
ront instructives au retour pour les sa-
vants, que si la jeune voyageusè consent
à les traduire et à les commenter.
Je n'insiste pas ! Il n'y a pas besoin de
m'étendre longuement pour vous former
une image des dangers spéciaux qu'af-
fronte une jeune fille qui consent à courir
ces aventures, seule, en compagnie d'une
soldatesque ramassée parmi les plus
beaux hommes et les moins scrupuleux
gredins qui soient sortis de la race
arabe.
Supposez un peu, pour voir, une jeune
Française entrant un matin chez sa mère
et lui disant : Je m'en vais à Zanzibar, et,
de là, je m'engagerai avec cinquante
Arabes à ma solde et à mes trou sses dans
l'intérieur de l'Afrique centrale. Non,
mais vous voyez d'ici la tête de la mère :
Ma pauvre fille est folle ! et les voisins ré-
péteraient après elle : La pauvre fille est
folle ! et ce ne serait qu'un chœur dans
toute la ville : La pauvre fille est folle !
Et en effet, avec notre éducation et
nos mœurs, pour qu'un semblable pro-
jet poussât dans la cervelle d'une
chaste demoiselle, il faudrait absolument
que cette cervelle eut été irappée d'un
petit coup de marteau.
— Mais, mon enfant, tu n'y penses
pas! t'en aller toute seule, là-bas, chez
les Cafres, dans un pays de tigres et de
serpents ! Les serpents et les tigres, ce ne
serait rien encore : on trouve des vipères
dans la forêt de Fontainebleau. Mais
songe donc, les hommes y vont tout nus!
Tu ne rencontreras sur ton chemin que
des jeunes gens sans chemise et sans pu-
deur, qui n'auront pas même l'attention
de se retourner quand tu passeras près
d'eux. C'est l'abomination de la démora-
lisation. Comment trouveras-tu un mari
aoi retour ? Qui est-ce qui voudra de toi ?
Au reste, je ne sais pas pourquoi je
m'extermine à imaginer le discours de la
mère. Elle ne le ferait pas, par l'excellente
raison qu'il ne tomberait jamais dans- la
tête d'une jeune Française l'idée d'une
expédition aussi étrange, aussi saugre-
nue.
Une jeune fille ne comprend chez nous
un voyage qu'en compagnie de son père
ou au bras de son mari. Pour elle, l'agré-
ment du voyage, c'est le mari. Aussi
toutes les jeunes filles ou la plupart ont-
elles rêvé de faire le voyage de noces, le
voyage de la lune de miel, celui que La-
biche appelle le petit voyage; mais tous
les souvenirs qu'elles y collectionnent
circulent autour du mari qui les pilote.
Point de mari, point de voyage.
En France, deux femmes seules même
ne voyagent pas aisément, à moins de
mener grand train, à moins d'imposer aux
commérages par le nombre des domes-
tiques, par la splendeur de l'installation.
On est toujours porté chez nous à soup-
çonner une famille qui voyage sans mari
ni père. Quant à une jeune fille seule,
il n'en saurait être question. L'idée
en est si contraire à nos mœurs, que s'il
s'en prouve une qui passe une nuit hors
du toit paternel, elle est pour toujours
perdue de réputation.
Eh bien! voilà une jeune fille améri-
caine qui annonce paisiblement, par la
voie du journal, qu'elle prépare l'expédi-
tion que j'ai dite. Personne en son pays
ne fait mine de s'en scandaliser. U sem-
ble qu'elle ait formé le projet le plus sim-
ple du monde : elle en parle comme s'il
s'agissait d'aller à Asniéres ou à Saint..
Uloud. Et encore, j'en reviens là, une
jeune fille de la bourgeoisie ne s'en irait
pas toute seule à Saint-Cloud, à moinar
d'être institutrice ou demoiselle de ma-
gasin. Elle n'éprouve aucune crainte de
pudeur effarouchée à l'idée des scènes
dont elle va affronter le spectacle, des
conversations qu'elle va entendre et em-
magasiner, pour les reproduire plus tard.
Et quand elle reviendra dans son pays,
on lui fera fête ; on trouvera que sa beau-
té, si elle en a, s'est aiguisée d'une poin-
te d'excentricité, qu'elle a donné les
preuves de son esprit d'initiative, de sa
fermeté d'âme; elle n'en trouvera quœ
plus facilement des épouseurs.
Et ce qui est plus singulier, c'est quQ
les femmes anglaises et américaines pas..:
sent chez nous pour être d'une insup-*
portable et ridicule pudibonderie, pouci
rougir à, des mots que chez nous uns
honnête femme entend sans penser à
mal, pour chercher dans les plus lontainesi
allusions un prétexte à s'évanouir.
Comment concilier cet excès de pru-
derie et cette largeur fie conduite ? Quoi l
elles sont secouées d'un haut-le-corps si
on leur parle des jambes d'un piano, ou
d'une culotte, et elles soutiennent sans
pâlir l'idée de voir des multitudes de
jambes d'homme sans ombre de culottes.
Accordez, si vous le pouvez, ces contra-
dictions.
Ce monde n'est qu'un vaste composa
d'inexplicables antinomies. Quelle est dec
deux éducations celle qui vaut le mieux
pour les jeunes filles ? Le plus simple est
de dire que chacune d'elles est appro-
priée à la race qui la reçoit, et qu'une
Anglo-Saxonne n'est pas une Française,
pas plus qu'une Française n'est una
Anglo-Saxonne.
Francisque Sarcey,
LA CENSURE ;--
Comme sanction à l'interpellation sur Ther-
midor, M. Proust avait l'intention de déposer
un projet de résolution tendant à la suppres-
sion de la censure. Il a renoncé à cette ma-
nière de. proceder; il déposera aujourd'hui
une proposition de loi abrogeant la loi dut
30 juillet 1850 qui a institué la censure drama-
tique et il demandera l'urgence..
M. Le Senne, député boulangiste, déposcr
de son côté, une proposition analogue.
LE CONCOURS GÉNÉRAL AGRICOLE
Aujourd'hui samedi, à neuf heures, ou-
verture officielle par M. Develle, ministre
de l'agriculture, du concours agricole. Let
visiteurs seront admis dans toutes les par<
ties de l'exposition jusqu'au h février in.
clus.
Le président de la République visitera Iç
concours lundi, à deux heures.
Les jurys se sont réunis hier matin au
Palais de l'Industrie. Les résultats de leurs
premiers travaux seront connus aujour"
d'hui, vers quatre heures, pour les prix
d'honneur. „
La disposition générale est déjà connue
elle est la même tous les ans.
Au rez-de-chaussée, les animaux gras :
186 sujets de l'espèce bovinej 273 de l'espècek
ovine, 189 de l'espèce porcine, et les ani-
maux reproducteurs : 277 taureaux on
vaches laitières, 116 béliers et 27 verrats.
Les volailles vivantes, au nombre d'en-
viron 3,000, sont dans des volières occu..
pant la galerie du premier étage.
A cet étage sont les volailles mortes, fro-
mages, beurres, produits de l'horticulture
légumes frais et légumes secs, plantes et;
graines potagères et fourragères, fruits frais
et fruits secs, vins, liqueurs, etc.
- Dans le grand salon carré du milieu sont
les produits d'Algérie.
Le salon carré du côté du Panorama est.
transformé en serre chaude, où nos horti.
culteurs en renom présenteront, dès de-
main matin, les merveilles de la flore fran-
çaise, en même temps que des fleurs et des
plantes des pays exotiques.
L'autre extrémité du palais est plus spé.
cialement affectée aux expositions indus-
trielles : couveuses, gaveuses, outils et us-
tensiles de basse-cour, puis les fromages.
Enfin, derrière le palais, en plein air, est;
la troisième section, comprenant les ma-
chines : locomotives, locomobiles, matériel
roulant, chemins de fer, chars, charrueg.
herses, vanniers, semeuses, faucheuses, etc,
Çà et là on a placé des plantes vertes et
des fleurs. La partie centrale de la nef est.
transformée -en un frais parterre décora
d'un taureau en bronze.
ANGLAIS ET ALLEMANDS DANS
L'AFRIQUE DU SUD -
(D'UN CORRESPONDANT)
Berlin, 30 janvier.—La Gazette de la Croix dit
tenir de source sûre que l'AHemagne a dé-
cidé de céderà l'Angleterre ses possessions
dans l'Afrique du sud-ouest (Angra-Pequena),
qui sont les premières ou elle ait mii le pied,
et qui ont été le début dè ls, colonisation
allemande sur le continent noir.
MORT SUBITE D'UN HOMME D'ETAT
(D'UN CORRESPONDANT)
New-York, 30 janvier. — M. Windom, miais-
tre des finances, est mort subitement ce soip
au banquet du bureau commercial de PEtae-
de New-York. Il venait de prononcer un dis-
cours et s'était à peine rassis lorsqu'il est-
tombé de sa chaise et a expiré presque aussi-
tôt.
Il était âgé de soixante-quatre ans.
LA RÉVOLUTION AU CHILI
(D'UN CORRESPONDANT)
Mexico, 30 janvier. — Une dépêche spéciale
du Chili, arrivée hier soir, annonce que le gou-
vernement chilien concentre des troupes à
Santiago et à Valparaiso. Une bataille déci-
sive est attendue d'ici à trois jours.
Les efforts du ministre et consul général
d'Angleterre, M. J.-G. Kennedy, pour rétablir
l'accord ente le président Baluuaceda et le.
Congrès chilien ont échou. -..
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