Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1891-01-30
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 30 janvier 1891 30 janvier 1891
Description : 1891/01/30 (A21,N6955). 1891/01/30 (A21,N6955).
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 29/04/2013
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CENSEURS
Le métier de censeur n'est pas tou-
jours rose. On y passe de bons mo-
ments et de mauvais quarts d'heure.
Cette semaine, les bons moments ont
été rares.
Il faut avouer aussi qu'il n'y a
guère que le métier de Pandore pour
être aussi difficile que celui des mal-
heureux préposés à la garde de la
moralité publique.
Ce n'est pas une besogne commode
de délimiter les frontières qui sépa-
rent l'œuvre morale de celle qui ne
l'est pas. Les circonstances, le milieu,
l'époque : autant d'éléments d'appré-
ciation qui entrent en ligne de compte.
Les jugements varient avec les indi-
vidus. La moralité, cela ne se pèse ni
ne se mesure.
Il est vrai que ce n'est pas seule-
ment au nom de la morale publique
qu'on réclame le maintien de la cen-
sure. C'est aussi au nom des intérêts
de Ja patrie 1
Une œuvre dramatique ne pourrait-
elle provoquer des complications ex"
térieures, nous brouiller avec quelque
puissance étrangère ? Voyez Mahomet.
Si l'œuvre de M. de Bornier eût paru
sous le lustre de la Comédie-Fran-
çaise, c'en était fait de nos bonnes re-
lations avec la Sublime-Porte.
Que répondre à un argument si dé-
cisif ? Le maintien de la censure ré-
clamé au nom du patriotisme I II faut
s'incliner si l'on ne veut passer pour
un mauvais Français.
Ajoutez que les défenseurs de cette
vénerable institution ne se bornent
pas à ces arguments essentiels. Ils
font remarquer les dangers tout par-
ticuliers que présente une représenta-
tion théâtrale devant une foule dont
les sensations se multiplient et s'exa-
gèrent en raison même du nombre des
spectateurs. Sous l'œil du public, les
paroles de l'acteur, que met en relief
sa mimique, prennent une valeur, une
intensité que n'auront jamais des
mots noirs sur une feuille blanche.
- Nous ne songeons pas à nier le ca-
ractère spécial des œuvres dramati-
ques ni l'effet qu'elles peuvent pro-
duire. M. Berthelot, dans le curieux
discours qu'il prononça, comme mi-
nistre de l'instruction publique, pour
le maintien de la censure, invoquait
le souvenir d'Aristophane livrant dans
ses Nuées Socrate à la raillerie et à
l'indignation publiques, quiful'ent pour
le philosophe le prélude et comme le
présage de la coupe de ciguë. On n'a
pas, croyons-nous, à craindre le re.
tour de si cruels dénouements. Les
comédies de M. Victorien Sardou lui-
même ne sauraient mener personne à
la guillotine.
Aussi bien, si le théâtre a ses périls,
le livre et le journal n'offrent-ils pas
leurs dangers qui,pour être différents,
ne sont pas peut-être moins redouta-
bles ?
Il est mauvais de permettre sur un
théâtre la représentation d'une pièce
qui choque les susceptibilités légiti-
mes du public. Encore les spectateurs
dont la pudeur est froissée ont-ils
quelque reproche à se faire. C'est de
propos délibéré qu'ils se sont rendus
dans une salle où ils savaient que se
jouait une œuvre dont la plupart
avaient lu le compte rendu.
Mais n'est-il pas au moins aussi fâ-
cheux pour la moralité publique que
des enfants de douze ans puissent se
procurer aux vitrines de tous les kios-
ques, pour quelques centimes, des
feuilles qui n'ont de commun avec la
feuille de vigne que le nom ?
Qui cependant proposerait de réta-
blir la censure pour les journaux? La
loi a prévu et puni l'outrage aux
mœurs. C'est affaire aux pouvoirs
compétents J'user, dans la mesure où
ils le jugent utile, des armes que le
législateur leur a mises en main.
Tout journal n'a-t-ii pas la faculté
de critiquer, d'attaquer, d'injurier les
gouvernements étrangers? Mais s'il le
fait, c'est à ses risques et périls. Il y
a dans la Ici sur la presse un article
qui châtie les offenses aux souverains
étrangers. Tant pis pour qui s'expose
à se le voir appliquer.
Comment la société se trouverait-
elle en péril parce que, comme le li-
vre et le journal, le théâtre serait sou-
mis au droit commun? Point de cen-
sure préventive. Répression des délits
qui seraient commis sur la scène,
comme sont réprimées les infractions
dont un ocrivain se rend coupable.
Liberté égale, même responsabilité.
Que la censure soit inutile, nous
Venons d'en avoir un exemple écla-
tant. On n'a pas eu besoin d'elle pour
interdire Thermidor. Il a suffi au mi-
nistre de l'intérieur de prendre pré-
texte de désordres à craindre pour
prononcer une inlerùict'on, d'ailleurs
absolument fâcheuse.
Id censure n'est bonne qu'à créer
au gouvernement lui s'en sert de
ennuis inévitables. Elle donne au pu-
blic le droit de croire que sous cha-
que affiche de théâtre le ministre a
mis son «bon à voir», comme l'au-
teur, sur des épreuves, le « bon à ti-
rer". C'est la théorie. On sait si la
pratique s'en éloigne !
Inutile ou malfaisante : tel est, bref,
mais exact, le bilan de la ridicule ins-
titution qui, depuis qu'elle existe, a
été attaquée de la façon la plus sé-
vère et la plus justifiée par tous les
partis. C'est dire qu'elle n'est pas près
de disparaître.
A. Millerand
Le XIXe SI£CLE publiera demain ia
« Vie de Paris », par Henry Fouquier.
LE « XIX" SIECLE »
DEVANT M. TOUTÉE
500 francs d'amende
M. Toutéc n'a pas perdu sa journée d'hier.
Il a une fois de plus condamné un journal,
et cette condamnation a dû lui être d au-
tant plus douce à prononcer que ce jour-
nal était le XIX0 Siècle.
On aurait pu croire qu'après la publica-
tion faite hier matin par le x/xe Siècle, M.
Toutée aurait été au-devant de notre de-
mande de récusation et se serait récuse lui-
même sous un prétexte quelconque. Il n en
a rien été. M. Toutée n'a pas voulu avoir
l'air de comprendre les raisons qui nous
avaient poussé à demander d'autres juges.
Il a pensé qu'il était assez au-dessus des
passions humaines pour pouvoir juger im-
partialement le XIXe Siècle, même après
les articles publiés dans le même x/xe Sie-
cle sur « La vie privée de M. Toutée », et
sur « M. Toutée magistrat ».
Non seulement la 9* chambre a été prési-
dée hier, comme à l'ordinaire, par M. lou-
tée, mais elle s'est empressée de rejeter nos
conclusions de récusation, conformément
d'ailleurs à l'avis exprimé par M. le substi-
tut Sauvageol..
Cette formalité accomplie, M. Toutée a
donné lecture d'un jugement condamnant
par défaut le gérant du XIX Siècle a 500
francs d'amende pour publication antici-
pée de l'acte d'accusation de l'affaire w ia-
dimiroff.
* Ce n'est pas encore cette sentence qui
pourra rendre à M. Toutée le prestige que
lui a fait perdre son attitude dans 1 affaire
Padlewski, ni faire oublier ses liens de pa-
renté avec Mme Emile.
LE POURVOI DE WLADIMIROFF
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Versailles, 28 janvier.
Le condamné Wladimiroff se pourvoit en
cassation.
L'état de Wladimiroff dans sa cellule est
toujours le même : il est nerveux et re-
pousse tous les moyens de distraction qu'on
lui offre.
Il ne cesse de répéter qu'il trouve sa
peine excessive.
La nuit, il ne dort pas ; ou si, vaincu par
le sommeil, il vient à fermer les yeux, il se
réveille en sursaut, en proie a des cauche-
mars affreux..
Le jour ,il reste accablé, inactif, assis dans
un coin de sa cellule et ne parlant presque
pas. «^
L'INCIDENT PUJOL
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIBR)
Rome, 38 janvier.
Une note a été adressée du Vatican au
nonce apostolique de Paris pour qu'il as-
sure le gouvernement de ses sentiments
pacifiques dans la question de la révoca-
tion du supérieur de Saint-Louis des
Français.
Le nonce a prié les prêtres revêtus d in-
signes honorifiques de se rendre à Paris,
où il leur demandera au nom du pape de
ne pas en porter le titre.
Quant à M. Pujol, il lui sera demande de
ne pas aller à Bayonne comme il en avait
l'intention.
Le nonce doit également prier les jour-
nalistes catholiques de s'abstenir de toute
polémique au sujet de ce conflit.
LES MOUVEMENTS DE LA FLOTTE
ITALIENNE
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Rome, 28 janvier. — Divers journaux confir-
ment les détails donnés par la Gazette de Ve-
nise et disent que toute la flotte italienne sera
concentrée, en février prochain, dans les eaux
de la Sicile, afin d'exécuter des manœuvres tac-
tiques.
on n'aura jamais vu, en Italie, une réunion
aussi considérable de navires de guerre sur un
seul point. ,,,, mmmmmmmmÊummm
LES PÊCHERIES DE LU MER DE BEHRING
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
New-York, 28 janvier.
L'affaire du droit de capture des navires
de pêche anglais en pleine mer de Behring
vient aujourd'hui ou demain devant la cour
suprême des Etats-Unis.
Le représentant du gouvernement amé-
ricain, l'attorney général Miller, a déjà pris
position et présenté à la cour suprême un
mémoire concluant à l'incompétence de ce
tribunal en ce qui concerne la révision du
jugement de la cour du district d'Alaska,
qui a légitimé la saisie du baleinier cana-
ilieu Sayrvard, pris en action de pêche à
A9 milles de la côte.
Selon ces conclusions, la saisie a été lé-
gale et ne peut être annulée par la cour su-
prême : 1° parce que la cour de l'Alaska est
autonome et a agi dans la plénitude de ses
pouvoirs; 2° parce que la question des
droits de juridiction de la cour de l'A-
laska sur la haute mer est subordonnée à
l'étendue des droits de souveraineté des
Etats-Unis dans la mer de Behring, ques-
tion Durement politique, qui est du ressort
des organes politiques de l'Etat.
LA LIMITE D AGE DANS L'ARi«Ég
ITALIENNE
DE NOTRE CORRgSPONDANT PARTICULIER)
-
Rome, Hii janvier. — Le ministre de la guerre
a arrêté le projet de loi sur la limite d'âge pour
lois officiérs, qui sera fixée ainsi : généraux de
division, 80 ans; généraux de brigade, 73 ans;
çolofceis, 63 au s; lieu tenants-colonels, 60 aüs;
_\¡iiu. è5 ans; lieutenants, 53 ns-. >..
LE CINQUIÈME ACTE
DE Ci THERMIDOR »
L'interpellation d'aujourd'hui
Bruits divers. — Les députés et le gou-
vernement. — M. Bourgeois ou
M. Constans. — Le cas de
M. Larroumet.
Le gouvernement arrêtera ce matin, dans
le conseil de cabinet habituel du jeudi,
l'attitude qu'il devra prendre au cours de
la discussion de l'interpellation Fouquier-
Reinach-Charmes sur l'interdiction de
Thermidor.
C'est notre éminent collaborateur M.
Fouquier qui prendra le premier la parole;
il soutiendra cette thèse que, du moment
où M. Bourgeois, ministre de l'instruction
publique, avait autorisé la pièce, il devait
assurer la liberté du spectacle.
Il est difficile, d'ailleurs, de savoir exac-
tement la part de responsabilité qui in-
combe aux ministres intéressés dans cette
affaire. Si nous en croyons les amis de M.
Bourgeois, c'est le ministre de l'intérieur
qui a pris l'initiative de l'interdiction, par
Bourgeois, l'initiative de l'interdiction, par
mesure d'ordre général ; si nous en croyons
les amis de M. Constans, le ministre de l'in-
térieur n'aurait pris l'initiative de l'inter-
diction que sur la demande de M. Bour-
geois.
M. Joseph Heinach, qui soutiendra la
thèse de la liberté absolue, sous réserve de
l'autorisation de la censure, en matière de
représentations théâtrales, a avisé hier
matin, tant en son nom qu'au nom de ses
collègues MM. Fouquier et Charmes, le pré-
sident du conseil de leur intention d'inter-
peller le gouvernement. Mais il est certain
que si M. de Freyçinet intervient, ce sera
pour faire une courte déclaration au mo-
ment du vote de l'ordre du jour.
A côté des interpfcllateurs, sont encore
inscrits pour prendre la parole : MM. Bar-
rès et Leygues. Ce dernier estime que la
censure a fait tout le mal; si elle n'avait
pas autorisé Thermidor, il n'y aurait pas
eu de manifestations, et, partant, le gou-
vernement ne serait pas dans l'embarras.
Dans le même ordre d'idées, M. Antonin
Proust interviendra — peut-être — pour
réclamer la suppression de la censure pré-
ventive.
MM. Arène, Pichon, Déroulède, dit-on,
prendront part aussi à la discussion. On voit
que le débat sera long et compliqué. Qu'en
sortira-t-il 'l
Les avis sont partagés à la Chambre. On
ne va pas, cependant, jusqu'à parler de
« crise", et la situation nous paraît assez
bien résumée dans ce mot d'un député de
la majorité :
— Vous verrez qu'en fin de compte, c'est
M. Larroumet qui paiera les sifflets.
- Ce n'est pas impossible.
LA PROTESTATION DES ÉTUDI ANTS
; Les exploits de la police
Et les manifestations continuaient tou-
jours.
Le Radical, dans son numéro de mer-
credi, s'étant servi des termes les plus vio-
lents pour reprocher à l'Association géné-
rale des étudiants d'avoir protesté contre
la manifestation éclose lundi dernier à la
Comédie-Française, les étudiants se sont
aussitôt réunis pour protester, au nombre
de sept ou huit cents. Le Radical affirmait
notamment que ce n'était pas l'Association
des étudiants qui avait protesté, mais une
poignée de cléricaux et de boudinés.
Après avoir parcouru en bon ordre et en
silence la rue de Rivoli et la rue Montmar-
tre, ils arrivaient vers quatre heures dans
la rue du Croissant.
Là, sous les fenêtres du Radical, les jeu-
nes gens se mirent à chanter en chœur :
« Conspuez Maret ! » tandis qu'une dé-
légation, composée de MM. Prod'hon et Ra-
phaël Raimondi, montait au bureau du
journal pour déposer la protestation sui-
vante :
« Les étudiants, qui ont maintes fois
montré leur libéralisme, protestent tous
énergiquement contre l'article injurieux
et les insultes gratuites parus dans le Radi-
cal du 29 janvier.
» Qu'ils appartiennent ou non à une as-
sociation, ils sont solidaires des calomnies
qui sont adressées à quelques-uns d'entre
eux. »
Nous n'insisterions point outre mesure
sur cet incident, si la police, non contente
d'agir avec une inconséquence fabuleuse,
ne s'était signalée par une brutalité révol-
tante.
Jusqu'à la rue du Croissant, le monôme,
qui ne troublait en aucune façon le fa-
meux ordre public n'avait pas été inquiété.
C'était la période de l'expectative : on était
allé demander des ordres à la préfecture de
police.
Quelles ont été les mesures prescrites
par M. Lozé? Nous l'gnoyons. Mais subite-
ment, sans aucune sommation préalable,
une escouade d'agents s'est ruée sur les
étudiants avec la furia policière.
Au bout de quelques instants, ces « gar-
diens de la paix e, voyant qu'ils n'étaient
pas en force, ont remis les mains dans leurs
poches. Spontanément, les étudiants profi-
tèrent de ce moment de calme pour se ran-
ger dans la rue sur deux files, afin de lais-
ser un passage libre.
Mais à peine l'ordre s'était-il rétabli,
qu'une nouvelle escouade arrivait. Comme
par encli internent, la charge recommence ;
coups de pieds, coups de poing, poussades,
les agents rivalisaient de zèle pour mériter
les bonnes grâces du brigadier, dont la
conduite a été tout simplement révol-
tante.
Enfin l'officier de paix est arrivé. Avec un
tact auquel nous nous plaisons à rendre
hommage, il a suspendu cette scène idiote,
et les étudiants ont attendu la réponse de
leurs délégués pour retourner ensuite au
quartier, dans un ordre qui n'eût pas été
troublé uu instant sans l'intervention des
agents.
Auparavant, au moment de quitter le
Croissant, ils avaient poussé un énorme cri
de: « Vive la Rèpublique! » témoignant
ainsi de leurs sentiments.
Protestation des étudiants
Les délégués ont fait connaître que « le
Radical publierait une rectification rédigée
par eux M. En voici le texte :
« Quelques personnes s'étant émues des
incidents survenus à propos des manifesta-
tions relatives à Thermidor, l'Association
générale des étudiants de Paris a adressé
mardi soir à l'Agence Havas une coxamur
nication qui doit être considérée comme la
seule officielle.
» La note insérée quelques heures aupa-
ravant par le journal le Temps n'avait pas
ce caractère: les polémiques que cette note
a soulevées dans la presse, et particulière-
ment au Radical, ne doivent donc en au-
cune façon atteindre l'Association des étu-
diants,dont le caractère a été complètement
méconnu.
» L'Association s'est toujours tenue à l'é-
cart, par principe et d'après l'article 35 de
ses statuts, de toute manifestation politique
ou religieuse; c'est-à-dire qu'elle n'a par-
ticipé en rien aux manifestations qu'ont
provoquées les représentations de Thermi-
dor.
» Elle compte plus de deux mille cinq
cents membres actifs ; d'autre part, la ma-
nifestation d'étudiants qui s'est produite
mercredi soir devant les bureaux du Radi-
cal, par cela même qu'elle n'émane en au-
cune manière de l'Association, prouve suf-
fisamment que tous les étudiants ont tenu
à se solidariser avec elle. Cette solidarité
s'était déjà manifestée lors des fêtes univer-
sitaires du Centenaire de 89.
» L'Association ne peut donc être consi-
dérée ni comme « une petite chapelle » ni
comme « une poignée de gommeux rétro-
grades ». Elle n'a qu'un souci, celui de la
haute culture intellectuelle et de la solida-
rité entre tous les étudiants, à qui elle ou-
vre sans distinction ses bibliothèques, ses
salles de conversation, ses cours, ses con-
férences, ses réunions fraternelles : elle
n'est donc pas « une jeunesse dorée M.
» L'Association n a jamais eu u auue uiu,
au point de vue matériel comme au point
de vue intellectuel, qu'une union de plus
en plus intime entre tous les étudiants, de
quelque opinion qu'ils soient.
» Le bureau du comité de l'Association
générale des étudiants.,,
A la Comédie-Française
A la Comédie, tout s'est bien passé. On
jouait le Flibustier. Au lever du rideau, le
Baiter, une cinquantaine de spectateurs ont
bien essayé d'une tentative de tapage au
cri de Thermidor ! vite réprimée par les
chut énergiques.
A l'entr'acte, entre le Baiser et le Flibus-
tier, nouvelle tentative de protestation
assez anodine; le public est resté indiffé-
rent, le commissaire de police aussi et, le
rideMl se levant sur le Flibustier, tout le
monde s'est tu.
La représentation s'est terminée sans in-
cident.
ENCORE L'ADMTMSMTHLH MARITIME
Les troupes de la marine. — Encombre-
ment des casernes. — Fièvre ty-
phoïde. — Coupable incurie.
Nous sommes bien résolus à protester
contre les regrettables procédés de l'admi-
nistration maritime à l'égard des malheu-
reux jeunes gens que le tirage au sort lui
confie.
Il y a en ce moment un tel encombre-
ment dans nos ports de guerre, par suite de
l'augmentation du contingent affecté aux
troupes de la marine et de la réduction de
l'effectif des garnisons coloniales, que la
fièvre typhoïde y sévit avec violence.
A Cherbourg, notamment, l'hôpital est
rempli de malades, et l'on compte déjà
plusieurs décès.
L'administration maritime, pour atté-
nuer les effets de l'épidémie, n'a même rien
trouvé de mieux à faire dans ce port que
d'envoyer une compagnie du 1er régiment
d'infanterie de marine et une autre du 5e
régiment dans une caserne que le régi-
ment d'infanterie de ligne en garnison
dans la même ville a évacuée parce qu'elle
était contaminée.
On savait pourtant, dans les bureaux de
la rue Royale, que les troupes de la marine
allaient recevoir plus de recrues qu'à l'or-
dinaire,par suite de l'application de la nou-
velle loi du recrutement.
On savait encore qu'en vertu des réduc-
tions budgétaires votées par la Chambre
des députés, la diminution correspondante
du nombre des hommes envoyés aux colo-
nies augmenterait celui des hommes en
garnison dans les ports.
- Mais l'incurie de l'administration mari-
time est si profonde,qu'aucune mesure effi-
cace n'a été prise pour remédier aux con-
séquences de cette nouvelle situation, et
les jeunes soldats des troupes de la marine
sont entassés dans des casernes trop étroi-
tes, où la maladie et la mort sont à redou-
ter pour eux tout autant que s'ils rési-
daient dans les plus malsaines de nos pos-
sessions d'outre-mer.
Il est inadmissible que l'on tolère plus
longtemps une aussi coupable négligence.
Aussi, comme nous le disions plus haut,
ne cesserons-nous d'en signaler les effets
jusqu'à ce que nous ayons enfin obtenu de
cette administration qu'elle veille avec sol-
licitude à la santé des jeunes gens affectés
aux régiments de l'infanterie de marine.
AFFAIRE BOYER-PERAGALLO
On sait que M. Antide Boyer, député des
Bouches-du-Rhône, a adressé au parquet
de la Seine une plainte contre M. Pera-
gallo, en prétendant que celui-ci lui avait
présenté un billet qui avait déjà été payé
et dont la date était changée.
M. Atthalin, juge, a été chargé de l'ins-
truction de cette affaire.
LE « HOCHE a
(D'UN CORRESPONDANT)
Toulon, 38 janvier. — Le Hoche, cuirassé de
premier rang, qui vient renforcer l'escadre de
la Méditerranée, est arrivé de Brest ce matin.
Son armement est formidable, et c'est un des
plus beaux types de cuirassés que possède
notre flotte.
C'est probablement à bord du Hoche que le
contre-amiral Parrayou, qui doit remplacer
prochainement le contre-amiral O'Neil dans
le commandement d'une division de l'escadre,
arborera son pavillon.
Pourvu que la. machine fonctionnel
LA RETRAITE DE M. GLADSTONE
(D'UN CORRESPONDANT)
Londres, 28 janvier — Les cercles politiques
sont en fumeur sur la nouvelle de la retraite
de M. Gladstone.
Le Grand old itfan, en effet, à la suite d'une
correspondance active avec ses amis politi-
ques, aurait pris la décision de se retirer de
la vie politique, par suite des différends sur-
venus dans les rangs gladstoniens au sujet de
la conduite à tenir dorénavant dans la ques-
tion irlandaise, et il laisserait la direction du
parti libéral à un de ses lieuteuajHs.
TABLETTES nu PROGRÈS
LA MORPHINE
Savez-vous bien que le véritable meur-
trier de la pauvre Ali-ne Dida, ce n'est pas
cet indéchiffrable Wladimiroff auquel la
cour d'assises de Seine-et-Oise vient d'oc-
troyer ses H vingt berges de dur"? Le
véritable assassin n'est pas un Russe:
c'est un Anglais, et un Anglais défunt
encore, mais dont on ne peut malheureu-
sement pas dire : « Morte la bête, mort le
venin." C'est feu le docteur Wood,
l'homme néfaste qui, en instituant l'u-
sage de la morphine en injections sous-
cutanées, a été le fondateur de la morphi-
nomanie.
Si la morphine, en effet, avait dû s'ab-
sorber par la bouche, jamais elle n'eût
fait les terribles ravages que vous savez,
la malheureuse fille du notaire Magois
vivrait encore, et Wladimiroff ne serait
pas en route pour le bagne. C'est que, à
la différence des poisons alcooliques, la
morphine se défend par sa saveur amère
et nauséabonde. Ajoutons que son action,
lente mais puissante sur l'estomac, dé-
termine de l'angoisse épigastrique, des
crampes, des nausées, parfois même des
vomisS«Jr»finta ineeî, fnn* /pi'na rxa )n;
a connu d'autre voie de. pénétration que
ce qu'on appelle en argot « la rue de
l'Avale M, la morphine n'a pas constitué
le moindre péril social.
Mais lorsque Wood eut démontré que
la drogue maudite, administrée en pi-
qûres hypodermiques, calmait comme
par enchantement les douleurs les plus
aiguës, en engendrant cette ineffable sen-
sation de bien-être qu'on a baptisée
il « euphorie », ce fut une frénésie, une
rage. Mme Dida est morte de ce délire.
Ce n'est pas le revolver à cinq ou six
coups de son mystagogue d'amant qui l'a
tuée, c'est la seringue de Pravaz.
Il est évident, en effet, que, sans la
morphine, sans Wood, — ce malfaiteur
involontaire, — cette femme jeune, jolie,
bien élevée, riche, adulée, ne se fût pas li-
vrée à un rastaquouère indiscret, encom-
brant, brutal et « tapeur » (dans toutes
les acceptions du mot), qui la compro-
mettait, la grugeait et lui faisait des
bleus, après l'avoir « ramassée » en che-
min de fer, dans un coup d'œil donjua-
nesque souligné d'une carte de visite à
couronne comtale. Mais, saturée de poi-
son, la pauvre poupée - automate ne s'ap-
partenait plus : elle était à qui voulait la
prendre.
La morphine a, en effet, ceci de carac-
téristique qu'elle paralyse la volonté, en
même temps qu'elle obnubile le sens mo-
ral.
L'état normal du morphinomane, c'est
l'engourdissement du moi. Il semble que
le poison s'est substitué à la force vitale
et que c'est lui qui agite et mène ses vic-
times, passives, résignées et aussi inca-
pables de réagir contre cette fermenta-
tion morbide qu'un liquide nourricier
contre l'action de la levure dont on l'a
ensemencé. Tout morphinomane est un
détraqué, un impulsif, hors d'état de
comprendre et de vouloir.
L'un des cas les plus remarquables est
celui du docteur Lamson, exécuté il y a
quelques années en Angleterre, pour avoir
empoisonné son beau-frère. Lamson était
un excentrique, qui traitait tous ses ma-
lades par les alcaloïdes végétaux adminis-
trés par les voies sous-cutanées. L'étran-
geté de sa conduite avait fini par faire le
vide autour de lui, et il était tombé dans
une gêne voisine de la misère. Or il avait
épousé une femme dont le frère était très
riche. Un jour, il vient trouver son beau-
frère, lui présente des pilules médicamen-
teuses, lui persuade d'en avaler une, et
disparaît immédiatement après. Dix mi-
nutes plus tard, le jeune homme était
mort, et l'autopsie médicale n'eut pas de
peine à constatér un-empoisonnement par
l'aconit.
Pendant ce temps-là, Lamson était parti
pour Paris. Quand il apprit qu'on le cher-
chait, il fit comme Gabrielle Bompard : il
vint se livrer lui-même. On le mit en pri-
son, et, tout de suite, il confessa son crime.
Seulement, il allégua que, ayant l'habitude
de prendre de la morphine, le poison avait
fait dévier son axe moral. On ne l'écouta
pas et il fut pendu.
Mais voyez la façon d'agir de ce singulier
coupable :
Non seulement il n'avait pris aucune
précaution pour dissimuler son crime, non
seulement il avait administré devant té-
moins une substance toxique dont l'effet
devait immédiatement se manifester, mais
encore, au moment où il se trouvait à peu
près en sûreté, il était revenuproprio motu
se jeter exprès dans la gueule du loup.
N'est-ce pas là le propre d'un aliéné, et la
morphine n'a-t-elle pas été réellement, en
l'espèce, la cause efficiente et l'agent res-
ponsable du crime coiiiniis ? (Docteur Bail.)
Eh bien ! il semble qu'il en a été abso-
lument de même de Mme Dida, à cette
différence près qu'au lieu de commettre
le crime, elle en a été le sujet et la victi-
me. Mais c'est évidemment la morphine
qui l'a jetée, inconsciente, hallucinée,
dans les bras d'abord, et enfin sous les
balles de Wladimiroff. Comme dans le
cas de Lamson, c'est la morphine qui est
coupable, parce que c'est la morphine
qui, après avoir amorcé l'idylle, l'a fait
dégénérer en drame naturaliste et en
tragédie.
Pour les morphinomanes, en effet, la
morphine est tôt devenue l'unique res-
sort de la pensée, de la conscience et de
la volonté, mens agitons molem. Ce poi-
son, qui vieillit si rapidement le corps
(retenez bien ceci, mesdames!), éteignant
et vitrifiant le regard, jaunissant le teint,
ridant la peau, vieillit également l'âme,
— si j'ose m'exprimer ainsi, — qu'il flé-
trit et ratatine. Il ne tarde guève à s'im-
poser comme un besoin essentiel, indis-
pensable à la vie intellectuelle et morale
comme à la vie physique. L'intoxiqué ne
peut plus se passer de ce oui le tue* !
, Privé de son stimulant habituel, il
s'affaisse, il croule dans la prostration
et le marasme, ses facultés s'émoussent
tout effort cérébral lui devient imposé
sible ; sans. 1 injection galvanisTante - il'
serait incapable d'assembler deux idées-"
voire même d>rtiedler une phrase sen
sée. Je ne sais rien de plus significatif à
cet égard que l'histoire de cet homme
d Etat fameux (dont on me pardonnera
de ne pas citer le nom) qui, tant qu'il
resta sur la brèche de la politique mili-
tante, n alla jamais à la Chambre ni au
conseil des ministres sans emporter sa
seringue, sans laquelle il eût été nul.
Le malheureux se piquait sous la table !
Son esprit, son taleht, son génie, sa
science, tout cela tenait dans une misé-
rable fiole !
L influence de la morphine est si in-
tense et si profonde, que sa suppression
brusque risquerait de tuer le malade,
qu'on ne réussit ordinairement à guérir
(à peu près) qu'à la condition de dimi-
nuer progressivement la dose quoti-
dienne absorbée. Souvent même il faut
remplacer le stimulant par un autre sti-
mulant aussi dangereux — la cocaïne, (
le chloral, la caféine, voire même lanitro-i
glycérine, — et inoculer au patient, souarj
une forme quelconque, une vie factice.
Assurément, la morphine a du bon, e&
Ci jorrto;0 1.1",,-4._--. '11; ",,,.1 é-
sous 1 inculpation d'homicide par impru-)
dence, devant le tribunal de la postérités
il sera difficile de lui refuser les circons-
tances atténuantes. Toute l'histoire de"
l'humanité n'étant guère,en fin décompte,
qu'une longue lutte, inégale et mouve-
mentée, contre la douleur, la découvertes
d'un procédé permettant de faire entrer
la morphine aisément et sans répugnance
dans la peau du bonhomme a pu et a dà'
être considérée comme un inestimable
bienfait. Non seulement, en effet, la mor-
phine apaise les douleurs physiques, maisJ
aussi les souffrances psychologiques, leff.
névralgies morales.
Aussitôt après l'inoculation, les piret¡¡'
chagrins s'envolent pour faire place à ui*
calme plein de douceur. On connait le1
fameux monologue de Hamlet : « Sans lar
crainte de l'inconnu, personne n'hésite-j(
rait à se soustraire aux chagrins de Iafl
vie, quand il suffit, pour entrer dans loi
repos, d'une pointe d'acier bien affilée. ni
Eh bien ! cette cc pointe affilée Y) dont parlai
Shakespeare, cette aiguille libératrice
nous la possédons : c'est l'aiguille creusé
de la seringue de Pravaz, qui efface eitf
un clin d'œil les souffrances du corps e6
les souffrances de l'esprit, les injustices.
de la nature, celles des hommes et celles
de la fortune.
Malheureusement, avec elle comme avetf
l'aiguille fatale dont parle HawJet, oui
n'entre dans le repos qu'en entrant daugf
la mort, ou — ce qui est pire que la mor&"
— dans la folie, l'égarement et le crime.
On ne saura jamais ce que ce Wood,
auquel les névropathes finiront peu
être par élever une statue, aura déchaîna
de catastrophes. Car, pour un drame
morphinique se dénouantcoinine le dra"',
me de Ville-d'Avray, au grand jour de le
publicité judiciaire, combien de drames
inconnus, de hontes et de misères in-
soupçonnées qui relèvent de la mênl,
cause !
Il y aurait de quoi frémir si l'on con-,
naissait exactement le nombre des gens
qui se morphinisent aujourd'hui à jeCi
continu, surtout dans les classes diri-
geantes, et en particulier dans le monda:
des savants, des hommes de lettres et des
politiciens. C'est à ce point qu'on peut,
presque dire que c'est la fée Morphine i
qui mène les sociétés névrosées, et que
c'est ainsi que s'expliquent tant de foliea;
dont le mot échappe aux foules sages qUI
en sont encore à croire que les piqûresi,
d'aiguille ne font bien qu'à titre de stig-
mates du travail au bout des doigts de.
couturières.
Casse-cou ! Casse-cou !
Le progrès coûte parfois fort cher, en-
vérité, et ces ci Tablettes » sont comme l(
maris et les amants, comme les Wladuul",
roffs et les Omessas : elles ne font pas tou-
jours rire 1
Raoul Lucet.
MŒURS MILITAIRES BIEN ALLEMANDES
Le conseil de guerre de Potsdam vient
d'être convoqué pour juger un maréchal.
des logis du 36 régiment de uhlans de la
garde, qui avait inventé un mauvais traite-
ment particulièrement injurieux qu'il infli-
geait aux hommes surpris en faute.
Vers le ffl décembre, il avait ordonné à
tous les hommes placés sous ses ordres da;
défiler devant un uhlan qui était entré un
peu en retard à l'écurie, où il était de ser-
vice, et de lui cracher au visage.
Les cavaliers avaient tous obéi à cet or-
dre, à l'exception d'un seul, qui avait dé-
claré qu'il ne se croyait pas autorisé à trai-
ter ainsi son camarade.
Le maréchal des logis avait alors ordonné
un second défilé et une seconde exécution :
tous les hommes avaient dû passer devant
le uhlan récalcitrant et lui cracher au visage
à son tour.
La scène avait fait sensation dans le régi-
ment, et un uhlan s'était décidé à en envoyer,
sous le voile de l'anonyme, le récit aux:
Nouvelles de Potsdam. Le directeur de ce
journal ayant adressé une copie de ce récit,
au colonel du régiment, celui-ci avait or-
donné une enquête, et c'est à la suite de
cette enquête que le conseil de guerre de
Potsdam vient de se réunir.
Le maréchal des logis Wodtke a été con-
damné à subir, dans une forteresse, une
détention dont la durée n'est pas indiquée
par la Germania, à laquelle nous emprun-
tons ce compte rendu. Il a été interné à
Spandau.
ASSASSINAT ET SUICIDE
.(D'°^ CORRESPONDANT)
Tulle,$3 jautiôr. — On annonce que M. Dit-
pinet, brigadier-ebe £ du haras de Pompadour,
a 4U N¡é par un nommé Lofôeiat, paw,
iroatait çévoauér«uj^ s'est eaaiûte
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éârmm MUgr «pUlinie : xzx* SIÉC&B — FAIM
nUphSM : 30.380 bit.
CENSEURS
Le métier de censeur n'est pas tou-
jours rose. On y passe de bons mo-
ments et de mauvais quarts d'heure.
Cette semaine, les bons moments ont
été rares.
Il faut avouer aussi qu'il n'y a
guère que le métier de Pandore pour
être aussi difficile que celui des mal-
heureux préposés à la garde de la
moralité publique.
Ce n'est pas une besogne commode
de délimiter les frontières qui sépa-
rent l'œuvre morale de celle qui ne
l'est pas. Les circonstances, le milieu,
l'époque : autant d'éléments d'appré-
ciation qui entrent en ligne de compte.
Les jugements varient avec les indi-
vidus. La moralité, cela ne se pèse ni
ne se mesure.
Il est vrai que ce n'est pas seule-
ment au nom de la morale publique
qu'on réclame le maintien de la cen-
sure. C'est aussi au nom des intérêts
de Ja patrie 1
Une œuvre dramatique ne pourrait-
elle provoquer des complications ex"
térieures, nous brouiller avec quelque
puissance étrangère ? Voyez Mahomet.
Si l'œuvre de M. de Bornier eût paru
sous le lustre de la Comédie-Fran-
çaise, c'en était fait de nos bonnes re-
lations avec la Sublime-Porte.
Que répondre à un argument si dé-
cisif ? Le maintien de la censure ré-
clamé au nom du patriotisme I II faut
s'incliner si l'on ne veut passer pour
un mauvais Français.
Ajoutez que les défenseurs de cette
vénerable institution ne se bornent
pas à ces arguments essentiels. Ils
font remarquer les dangers tout par-
ticuliers que présente une représenta-
tion théâtrale devant une foule dont
les sensations se multiplient et s'exa-
gèrent en raison même du nombre des
spectateurs. Sous l'œil du public, les
paroles de l'acteur, que met en relief
sa mimique, prennent une valeur, une
intensité que n'auront jamais des
mots noirs sur une feuille blanche.
- Nous ne songeons pas à nier le ca-
ractère spécial des œuvres dramati-
ques ni l'effet qu'elles peuvent pro-
duire. M. Berthelot, dans le curieux
discours qu'il prononça, comme mi-
nistre de l'instruction publique, pour
le maintien de la censure, invoquait
le souvenir d'Aristophane livrant dans
ses Nuées Socrate à la raillerie et à
l'indignation publiques, quiful'ent pour
le philosophe le prélude et comme le
présage de la coupe de ciguë. On n'a
pas, croyons-nous, à craindre le re.
tour de si cruels dénouements. Les
comédies de M. Victorien Sardou lui-
même ne sauraient mener personne à
la guillotine.
Aussi bien, si le théâtre a ses périls,
le livre et le journal n'offrent-ils pas
leurs dangers qui,pour être différents,
ne sont pas peut-être moins redouta-
bles ?
Il est mauvais de permettre sur un
théâtre la représentation d'une pièce
qui choque les susceptibilités légiti-
mes du public. Encore les spectateurs
dont la pudeur est froissée ont-ils
quelque reproche à se faire. C'est de
propos délibéré qu'ils se sont rendus
dans une salle où ils savaient que se
jouait une œuvre dont la plupart
avaient lu le compte rendu.
Mais n'est-il pas au moins aussi fâ-
cheux pour la moralité publique que
des enfants de douze ans puissent se
procurer aux vitrines de tous les kios-
ques, pour quelques centimes, des
feuilles qui n'ont de commun avec la
feuille de vigne que le nom ?
Qui cependant proposerait de réta-
blir la censure pour les journaux? La
loi a prévu et puni l'outrage aux
mœurs. C'est affaire aux pouvoirs
compétents J'user, dans la mesure où
ils le jugent utile, des armes que le
législateur leur a mises en main.
Tout journal n'a-t-ii pas la faculté
de critiquer, d'attaquer, d'injurier les
gouvernements étrangers? Mais s'il le
fait, c'est à ses risques et périls. Il y
a dans la Ici sur la presse un article
qui châtie les offenses aux souverains
étrangers. Tant pis pour qui s'expose
à se le voir appliquer.
Comment la société se trouverait-
elle en péril parce que, comme le li-
vre et le journal, le théâtre serait sou-
mis au droit commun? Point de cen-
sure préventive. Répression des délits
qui seraient commis sur la scène,
comme sont réprimées les infractions
dont un ocrivain se rend coupable.
Liberté égale, même responsabilité.
Que la censure soit inutile, nous
Venons d'en avoir un exemple écla-
tant. On n'a pas eu besoin d'elle pour
interdire Thermidor. Il a suffi au mi-
nistre de l'intérieur de prendre pré-
texte de désordres à craindre pour
prononcer une inlerùict'on, d'ailleurs
absolument fâcheuse.
Id censure n'est bonne qu'à créer
au gouvernement lui s'en sert de
ennuis inévitables. Elle donne au pu-
blic le droit de croire que sous cha-
que affiche de théâtre le ministre a
mis son «bon à voir», comme l'au-
teur, sur des épreuves, le « bon à ti-
rer". C'est la théorie. On sait si la
pratique s'en éloigne !
Inutile ou malfaisante : tel est, bref,
mais exact, le bilan de la ridicule ins-
titution qui, depuis qu'elle existe, a
été attaquée de la façon la plus sé-
vère et la plus justifiée par tous les
partis. C'est dire qu'elle n'est pas près
de disparaître.
A. Millerand
Le XIXe SI£CLE publiera demain ia
« Vie de Paris », par Henry Fouquier.
LE « XIX" SIECLE »
DEVANT M. TOUTÉE
500 francs d'amende
M. Toutéc n'a pas perdu sa journée d'hier.
Il a une fois de plus condamné un journal,
et cette condamnation a dû lui être d au-
tant plus douce à prononcer que ce jour-
nal était le XIX0 Siècle.
On aurait pu croire qu'après la publica-
tion faite hier matin par le x/xe Siècle, M.
Toutée aurait été au-devant de notre de-
mande de récusation et se serait récuse lui-
même sous un prétexte quelconque. Il n en
a rien été. M. Toutée n'a pas voulu avoir
l'air de comprendre les raisons qui nous
avaient poussé à demander d'autres juges.
Il a pensé qu'il était assez au-dessus des
passions humaines pour pouvoir juger im-
partialement le XIXe Siècle, même après
les articles publiés dans le même x/xe Sie-
cle sur « La vie privée de M. Toutée », et
sur « M. Toutée magistrat ».
Non seulement la 9* chambre a été prési-
dée hier, comme à l'ordinaire, par M. lou-
tée, mais elle s'est empressée de rejeter nos
conclusions de récusation, conformément
d'ailleurs à l'avis exprimé par M. le substi-
tut Sauvageol..
Cette formalité accomplie, M. Toutée a
donné lecture d'un jugement condamnant
par défaut le gérant du XIX Siècle a 500
francs d'amende pour publication antici-
pée de l'acte d'accusation de l'affaire w ia-
dimiroff.
* Ce n'est pas encore cette sentence qui
pourra rendre à M. Toutée le prestige que
lui a fait perdre son attitude dans 1 affaire
Padlewski, ni faire oublier ses liens de pa-
renté avec Mme Emile.
LE POURVOI DE WLADIMIROFF
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Versailles, 28 janvier.
Le condamné Wladimiroff se pourvoit en
cassation.
L'état de Wladimiroff dans sa cellule est
toujours le même : il est nerveux et re-
pousse tous les moyens de distraction qu'on
lui offre.
Il ne cesse de répéter qu'il trouve sa
peine excessive.
La nuit, il ne dort pas ; ou si, vaincu par
le sommeil, il vient à fermer les yeux, il se
réveille en sursaut, en proie a des cauche-
mars affreux..
Le jour ,il reste accablé, inactif, assis dans
un coin de sa cellule et ne parlant presque
pas. «^
L'INCIDENT PUJOL
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIBR)
Rome, 38 janvier.
Une note a été adressée du Vatican au
nonce apostolique de Paris pour qu'il as-
sure le gouvernement de ses sentiments
pacifiques dans la question de la révoca-
tion du supérieur de Saint-Louis des
Français.
Le nonce a prié les prêtres revêtus d in-
signes honorifiques de se rendre à Paris,
où il leur demandera au nom du pape de
ne pas en porter le titre.
Quant à M. Pujol, il lui sera demande de
ne pas aller à Bayonne comme il en avait
l'intention.
Le nonce doit également prier les jour-
nalistes catholiques de s'abstenir de toute
polémique au sujet de ce conflit.
LES MOUVEMENTS DE LA FLOTTE
ITALIENNE
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Rome, 28 janvier. — Divers journaux confir-
ment les détails donnés par la Gazette de Ve-
nise et disent que toute la flotte italienne sera
concentrée, en février prochain, dans les eaux
de la Sicile, afin d'exécuter des manœuvres tac-
tiques.
on n'aura jamais vu, en Italie, une réunion
aussi considérable de navires de guerre sur un
seul point. ,,,, mmmmmmmmÊummm
LES PÊCHERIES DE LU MER DE BEHRING
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
New-York, 28 janvier.
L'affaire du droit de capture des navires
de pêche anglais en pleine mer de Behring
vient aujourd'hui ou demain devant la cour
suprême des Etats-Unis.
Le représentant du gouvernement amé-
ricain, l'attorney général Miller, a déjà pris
position et présenté à la cour suprême un
mémoire concluant à l'incompétence de ce
tribunal en ce qui concerne la révision du
jugement de la cour du district d'Alaska,
qui a légitimé la saisie du baleinier cana-
ilieu Sayrvard, pris en action de pêche à
A9 milles de la côte.
Selon ces conclusions, la saisie a été lé-
gale et ne peut être annulée par la cour su-
prême : 1° parce que la cour de l'Alaska est
autonome et a agi dans la plénitude de ses
pouvoirs; 2° parce que la question des
droits de juridiction de la cour de l'A-
laska sur la haute mer est subordonnée à
l'étendue des droits de souveraineté des
Etats-Unis dans la mer de Behring, ques-
tion Durement politique, qui est du ressort
des organes politiques de l'Etat.
LA LIMITE D AGE DANS L'ARi«Ég
ITALIENNE
DE NOTRE CORRgSPONDANT PARTICULIER)
-
Rome, Hii janvier. — Le ministre de la guerre
a arrêté le projet de loi sur la limite d'âge pour
lois officiérs, qui sera fixée ainsi : généraux de
division, 80 ans; généraux de brigade, 73 ans;
çolofceis, 63 au s; lieu tenants-colonels, 60 aüs;
_\¡iiu. è5 ans; lieutenants, 53 ns-. >..
LE CINQUIÈME ACTE
DE Ci THERMIDOR »
L'interpellation d'aujourd'hui
Bruits divers. — Les députés et le gou-
vernement. — M. Bourgeois ou
M. Constans. — Le cas de
M. Larroumet.
Le gouvernement arrêtera ce matin, dans
le conseil de cabinet habituel du jeudi,
l'attitude qu'il devra prendre au cours de
la discussion de l'interpellation Fouquier-
Reinach-Charmes sur l'interdiction de
Thermidor.
C'est notre éminent collaborateur M.
Fouquier qui prendra le premier la parole;
il soutiendra cette thèse que, du moment
où M. Bourgeois, ministre de l'instruction
publique, avait autorisé la pièce, il devait
assurer la liberté du spectacle.
Il est difficile, d'ailleurs, de savoir exac-
tement la part de responsabilité qui in-
combe aux ministres intéressés dans cette
affaire. Si nous en croyons les amis de M.
Bourgeois, c'est le ministre de l'intérieur
qui a pris l'initiative de l'interdiction, par
Bourgeois, l'initiative de l'interdiction, par
mesure d'ordre général ; si nous en croyons
les amis de M. Constans, le ministre de l'in-
térieur n'aurait pris l'initiative de l'inter-
diction que sur la demande de M. Bour-
geois.
M. Joseph Heinach, qui soutiendra la
thèse de la liberté absolue, sous réserve de
l'autorisation de la censure, en matière de
représentations théâtrales, a avisé hier
matin, tant en son nom qu'au nom de ses
collègues MM. Fouquier et Charmes, le pré-
sident du conseil de leur intention d'inter-
peller le gouvernement. Mais il est certain
que si M. de Freyçinet intervient, ce sera
pour faire une courte déclaration au mo-
ment du vote de l'ordre du jour.
A côté des interpfcllateurs, sont encore
inscrits pour prendre la parole : MM. Bar-
rès et Leygues. Ce dernier estime que la
censure a fait tout le mal; si elle n'avait
pas autorisé Thermidor, il n'y aurait pas
eu de manifestations, et, partant, le gou-
vernement ne serait pas dans l'embarras.
Dans le même ordre d'idées, M. Antonin
Proust interviendra — peut-être — pour
réclamer la suppression de la censure pré-
ventive.
MM. Arène, Pichon, Déroulède, dit-on,
prendront part aussi à la discussion. On voit
que le débat sera long et compliqué. Qu'en
sortira-t-il 'l
Les avis sont partagés à la Chambre. On
ne va pas, cependant, jusqu'à parler de
« crise", et la situation nous paraît assez
bien résumée dans ce mot d'un député de
la majorité :
— Vous verrez qu'en fin de compte, c'est
M. Larroumet qui paiera les sifflets.
- Ce n'est pas impossible.
LA PROTESTATION DES ÉTUDI ANTS
; Les exploits de la police
Et les manifestations continuaient tou-
jours.
Le Radical, dans son numéro de mer-
credi, s'étant servi des termes les plus vio-
lents pour reprocher à l'Association géné-
rale des étudiants d'avoir protesté contre
la manifestation éclose lundi dernier à la
Comédie-Française, les étudiants se sont
aussitôt réunis pour protester, au nombre
de sept ou huit cents. Le Radical affirmait
notamment que ce n'était pas l'Association
des étudiants qui avait protesté, mais une
poignée de cléricaux et de boudinés.
Après avoir parcouru en bon ordre et en
silence la rue de Rivoli et la rue Montmar-
tre, ils arrivaient vers quatre heures dans
la rue du Croissant.
Là, sous les fenêtres du Radical, les jeu-
nes gens se mirent à chanter en chœur :
« Conspuez Maret ! » tandis qu'une dé-
légation, composée de MM. Prod'hon et Ra-
phaël Raimondi, montait au bureau du
journal pour déposer la protestation sui-
vante :
« Les étudiants, qui ont maintes fois
montré leur libéralisme, protestent tous
énergiquement contre l'article injurieux
et les insultes gratuites parus dans le Radi-
cal du 29 janvier.
» Qu'ils appartiennent ou non à une as-
sociation, ils sont solidaires des calomnies
qui sont adressées à quelques-uns d'entre
eux. »
Nous n'insisterions point outre mesure
sur cet incident, si la police, non contente
d'agir avec une inconséquence fabuleuse,
ne s'était signalée par une brutalité révol-
tante.
Jusqu'à la rue du Croissant, le monôme,
qui ne troublait en aucune façon le fa-
meux ordre public n'avait pas été inquiété.
C'était la période de l'expectative : on était
allé demander des ordres à la préfecture de
police.
Quelles ont été les mesures prescrites
par M. Lozé? Nous l'gnoyons. Mais subite-
ment, sans aucune sommation préalable,
une escouade d'agents s'est ruée sur les
étudiants avec la furia policière.
Au bout de quelques instants, ces « gar-
diens de la paix e, voyant qu'ils n'étaient
pas en force, ont remis les mains dans leurs
poches. Spontanément, les étudiants profi-
tèrent de ce moment de calme pour se ran-
ger dans la rue sur deux files, afin de lais-
ser un passage libre.
Mais à peine l'ordre s'était-il rétabli,
qu'une nouvelle escouade arrivait. Comme
par encli internent, la charge recommence ;
coups de pieds, coups de poing, poussades,
les agents rivalisaient de zèle pour mériter
les bonnes grâces du brigadier, dont la
conduite a été tout simplement révol-
tante.
Enfin l'officier de paix est arrivé. Avec un
tact auquel nous nous plaisons à rendre
hommage, il a suspendu cette scène idiote,
et les étudiants ont attendu la réponse de
leurs délégués pour retourner ensuite au
quartier, dans un ordre qui n'eût pas été
troublé uu instant sans l'intervention des
agents.
Auparavant, au moment de quitter le
Croissant, ils avaient poussé un énorme cri
de: « Vive la Rèpublique! » témoignant
ainsi de leurs sentiments.
Protestation des étudiants
Les délégués ont fait connaître que « le
Radical publierait une rectification rédigée
par eux M. En voici le texte :
« Quelques personnes s'étant émues des
incidents survenus à propos des manifesta-
tions relatives à Thermidor, l'Association
générale des étudiants de Paris a adressé
mardi soir à l'Agence Havas une coxamur
nication qui doit être considérée comme la
seule officielle.
» La note insérée quelques heures aupa-
ravant par le journal le Temps n'avait pas
ce caractère: les polémiques que cette note
a soulevées dans la presse, et particulière-
ment au Radical, ne doivent donc en au-
cune façon atteindre l'Association des étu-
diants,dont le caractère a été complètement
méconnu.
» L'Association s'est toujours tenue à l'é-
cart, par principe et d'après l'article 35 de
ses statuts, de toute manifestation politique
ou religieuse; c'est-à-dire qu'elle n'a par-
ticipé en rien aux manifestations qu'ont
provoquées les représentations de Thermi-
dor.
» Elle compte plus de deux mille cinq
cents membres actifs ; d'autre part, la ma-
nifestation d'étudiants qui s'est produite
mercredi soir devant les bureaux du Radi-
cal, par cela même qu'elle n'émane en au-
cune manière de l'Association, prouve suf-
fisamment que tous les étudiants ont tenu
à se solidariser avec elle. Cette solidarité
s'était déjà manifestée lors des fêtes univer-
sitaires du Centenaire de 89.
» L'Association ne peut donc être consi-
dérée ni comme « une petite chapelle » ni
comme « une poignée de gommeux rétro-
grades ». Elle n'a qu'un souci, celui de la
haute culture intellectuelle et de la solida-
rité entre tous les étudiants, à qui elle ou-
vre sans distinction ses bibliothèques, ses
salles de conversation, ses cours, ses con-
férences, ses réunions fraternelles : elle
n'est donc pas « une jeunesse dorée M.
» L'Association n a jamais eu u auue uiu,
au point de vue matériel comme au point
de vue intellectuel, qu'une union de plus
en plus intime entre tous les étudiants, de
quelque opinion qu'ils soient.
» Le bureau du comité de l'Association
générale des étudiants.,,
A la Comédie-Française
A la Comédie, tout s'est bien passé. On
jouait le Flibustier. Au lever du rideau, le
Baiter, une cinquantaine de spectateurs ont
bien essayé d'une tentative de tapage au
cri de Thermidor ! vite réprimée par les
chut énergiques.
A l'entr'acte, entre le Baiser et le Flibus-
tier, nouvelle tentative de protestation
assez anodine; le public est resté indiffé-
rent, le commissaire de police aussi et, le
rideMl se levant sur le Flibustier, tout le
monde s'est tu.
La représentation s'est terminée sans in-
cident.
ENCORE L'ADMTMSMTHLH MARITIME
Les troupes de la marine. — Encombre-
ment des casernes. — Fièvre ty-
phoïde. — Coupable incurie.
Nous sommes bien résolus à protester
contre les regrettables procédés de l'admi-
nistration maritime à l'égard des malheu-
reux jeunes gens que le tirage au sort lui
confie.
Il y a en ce moment un tel encombre-
ment dans nos ports de guerre, par suite de
l'augmentation du contingent affecté aux
troupes de la marine et de la réduction de
l'effectif des garnisons coloniales, que la
fièvre typhoïde y sévit avec violence.
A Cherbourg, notamment, l'hôpital est
rempli de malades, et l'on compte déjà
plusieurs décès.
L'administration maritime, pour atté-
nuer les effets de l'épidémie, n'a même rien
trouvé de mieux à faire dans ce port que
d'envoyer une compagnie du 1er régiment
d'infanterie de marine et une autre du 5e
régiment dans une caserne que le régi-
ment d'infanterie de ligne en garnison
dans la même ville a évacuée parce qu'elle
était contaminée.
On savait pourtant, dans les bureaux de
la rue Royale, que les troupes de la marine
allaient recevoir plus de recrues qu'à l'or-
dinaire,par suite de l'application de la nou-
velle loi du recrutement.
On savait encore qu'en vertu des réduc-
tions budgétaires votées par la Chambre
des députés, la diminution correspondante
du nombre des hommes envoyés aux colo-
nies augmenterait celui des hommes en
garnison dans les ports.
- Mais l'incurie de l'administration mari-
time est si profonde,qu'aucune mesure effi-
cace n'a été prise pour remédier aux con-
séquences de cette nouvelle situation, et
les jeunes soldats des troupes de la marine
sont entassés dans des casernes trop étroi-
tes, où la maladie et la mort sont à redou-
ter pour eux tout autant que s'ils rési-
daient dans les plus malsaines de nos pos-
sessions d'outre-mer.
Il est inadmissible que l'on tolère plus
longtemps une aussi coupable négligence.
Aussi, comme nous le disions plus haut,
ne cesserons-nous d'en signaler les effets
jusqu'à ce que nous ayons enfin obtenu de
cette administration qu'elle veille avec sol-
licitude à la santé des jeunes gens affectés
aux régiments de l'infanterie de marine.
AFFAIRE BOYER-PERAGALLO
On sait que M. Antide Boyer, député des
Bouches-du-Rhône, a adressé au parquet
de la Seine une plainte contre M. Pera-
gallo, en prétendant que celui-ci lui avait
présenté un billet qui avait déjà été payé
et dont la date était changée.
M. Atthalin, juge, a été chargé de l'ins-
truction de cette affaire.
LE « HOCHE a
(D'UN CORRESPONDANT)
Toulon, 38 janvier. — Le Hoche, cuirassé de
premier rang, qui vient renforcer l'escadre de
la Méditerranée, est arrivé de Brest ce matin.
Son armement est formidable, et c'est un des
plus beaux types de cuirassés que possède
notre flotte.
C'est probablement à bord du Hoche que le
contre-amiral Parrayou, qui doit remplacer
prochainement le contre-amiral O'Neil dans
le commandement d'une division de l'escadre,
arborera son pavillon.
Pourvu que la. machine fonctionnel
LA RETRAITE DE M. GLADSTONE
(D'UN CORRESPONDANT)
Londres, 28 janvier — Les cercles politiques
sont en fumeur sur la nouvelle de la retraite
de M. Gladstone.
Le Grand old itfan, en effet, à la suite d'une
correspondance active avec ses amis politi-
ques, aurait pris la décision de se retirer de
la vie politique, par suite des différends sur-
venus dans les rangs gladstoniens au sujet de
la conduite à tenir dorénavant dans la ques-
tion irlandaise, et il laisserait la direction du
parti libéral à un de ses lieuteuajHs.
TABLETTES nu PROGRÈS
LA MORPHINE
Savez-vous bien que le véritable meur-
trier de la pauvre Ali-ne Dida, ce n'est pas
cet indéchiffrable Wladimiroff auquel la
cour d'assises de Seine-et-Oise vient d'oc-
troyer ses H vingt berges de dur"? Le
véritable assassin n'est pas un Russe:
c'est un Anglais, et un Anglais défunt
encore, mais dont on ne peut malheureu-
sement pas dire : « Morte la bête, mort le
venin." C'est feu le docteur Wood,
l'homme néfaste qui, en instituant l'u-
sage de la morphine en injections sous-
cutanées, a été le fondateur de la morphi-
nomanie.
Si la morphine, en effet, avait dû s'ab-
sorber par la bouche, jamais elle n'eût
fait les terribles ravages que vous savez,
la malheureuse fille du notaire Magois
vivrait encore, et Wladimiroff ne serait
pas en route pour le bagne. C'est que, à
la différence des poisons alcooliques, la
morphine se défend par sa saveur amère
et nauséabonde. Ajoutons que son action,
lente mais puissante sur l'estomac, dé-
termine de l'angoisse épigastrique, des
crampes, des nausées, parfois même des
vomisS«Jr»finta ineeî, fnn* /pi'na rxa )n;
a connu d'autre voie de. pénétration que
ce qu'on appelle en argot « la rue de
l'Avale M, la morphine n'a pas constitué
le moindre péril social.
Mais lorsque Wood eut démontré que
la drogue maudite, administrée en pi-
qûres hypodermiques, calmait comme
par enchantement les douleurs les plus
aiguës, en engendrant cette ineffable sen-
sation de bien-être qu'on a baptisée
il « euphorie », ce fut une frénésie, une
rage. Mme Dida est morte de ce délire.
Ce n'est pas le revolver à cinq ou six
coups de son mystagogue d'amant qui l'a
tuée, c'est la seringue de Pravaz.
Il est évident, en effet, que, sans la
morphine, sans Wood, — ce malfaiteur
involontaire, — cette femme jeune, jolie,
bien élevée, riche, adulée, ne se fût pas li-
vrée à un rastaquouère indiscret, encom-
brant, brutal et « tapeur » (dans toutes
les acceptions du mot), qui la compro-
mettait, la grugeait et lui faisait des
bleus, après l'avoir « ramassée » en che-
min de fer, dans un coup d'œil donjua-
nesque souligné d'une carte de visite à
couronne comtale. Mais, saturée de poi-
son, la pauvre poupée - automate ne s'ap-
partenait plus : elle était à qui voulait la
prendre.
La morphine a, en effet, ceci de carac-
téristique qu'elle paralyse la volonté, en
même temps qu'elle obnubile le sens mo-
ral.
L'état normal du morphinomane, c'est
l'engourdissement du moi. Il semble que
le poison s'est substitué à la force vitale
et que c'est lui qui agite et mène ses vic-
times, passives, résignées et aussi inca-
pables de réagir contre cette fermenta-
tion morbide qu'un liquide nourricier
contre l'action de la levure dont on l'a
ensemencé. Tout morphinomane est un
détraqué, un impulsif, hors d'état de
comprendre et de vouloir.
L'un des cas les plus remarquables est
celui du docteur Lamson, exécuté il y a
quelques années en Angleterre, pour avoir
empoisonné son beau-frère. Lamson était
un excentrique, qui traitait tous ses ma-
lades par les alcaloïdes végétaux adminis-
trés par les voies sous-cutanées. L'étran-
geté de sa conduite avait fini par faire le
vide autour de lui, et il était tombé dans
une gêne voisine de la misère. Or il avait
épousé une femme dont le frère était très
riche. Un jour, il vient trouver son beau-
frère, lui présente des pilules médicamen-
teuses, lui persuade d'en avaler une, et
disparaît immédiatement après. Dix mi-
nutes plus tard, le jeune homme était
mort, et l'autopsie médicale n'eut pas de
peine à constatér un-empoisonnement par
l'aconit.
Pendant ce temps-là, Lamson était parti
pour Paris. Quand il apprit qu'on le cher-
chait, il fit comme Gabrielle Bompard : il
vint se livrer lui-même. On le mit en pri-
son, et, tout de suite, il confessa son crime.
Seulement, il allégua que, ayant l'habitude
de prendre de la morphine, le poison avait
fait dévier son axe moral. On ne l'écouta
pas et il fut pendu.
Mais voyez la façon d'agir de ce singulier
coupable :
Non seulement il n'avait pris aucune
précaution pour dissimuler son crime, non
seulement il avait administré devant té-
moins une substance toxique dont l'effet
devait immédiatement se manifester, mais
encore, au moment où il se trouvait à peu
près en sûreté, il était revenuproprio motu
se jeter exprès dans la gueule du loup.
N'est-ce pas là le propre d'un aliéné, et la
morphine n'a-t-elle pas été réellement, en
l'espèce, la cause efficiente et l'agent res-
ponsable du crime coiiiniis ? (Docteur Bail.)
Eh bien ! il semble qu'il en a été abso-
lument de même de Mme Dida, à cette
différence près qu'au lieu de commettre
le crime, elle en a été le sujet et la victi-
me. Mais c'est évidemment la morphine
qui l'a jetée, inconsciente, hallucinée,
dans les bras d'abord, et enfin sous les
balles de Wladimiroff. Comme dans le
cas de Lamson, c'est la morphine qui est
coupable, parce que c'est la morphine
qui, après avoir amorcé l'idylle, l'a fait
dégénérer en drame naturaliste et en
tragédie.
Pour les morphinomanes, en effet, la
morphine est tôt devenue l'unique res-
sort de la pensée, de la conscience et de
la volonté, mens agitons molem. Ce poi-
son, qui vieillit si rapidement le corps
(retenez bien ceci, mesdames!), éteignant
et vitrifiant le regard, jaunissant le teint,
ridant la peau, vieillit également l'âme,
— si j'ose m'exprimer ainsi, — qu'il flé-
trit et ratatine. Il ne tarde guève à s'im-
poser comme un besoin essentiel, indis-
pensable à la vie intellectuelle et morale
comme à la vie physique. L'intoxiqué ne
peut plus se passer de ce oui le tue* !
, Privé de son stimulant habituel, il
s'affaisse, il croule dans la prostration
et le marasme, ses facultés s'émoussent
tout effort cérébral lui devient imposé
sible ; sans. 1 injection galvanisTante - il'
serait incapable d'assembler deux idées-"
voire même d>rtiedler une phrase sen
sée. Je ne sais rien de plus significatif à
cet égard que l'histoire de cet homme
d Etat fameux (dont on me pardonnera
de ne pas citer le nom) qui, tant qu'il
resta sur la brèche de la politique mili-
tante, n alla jamais à la Chambre ni au
conseil des ministres sans emporter sa
seringue, sans laquelle il eût été nul.
Le malheureux se piquait sous la table !
Son esprit, son taleht, son génie, sa
science, tout cela tenait dans une misé-
rable fiole !
L influence de la morphine est si in-
tense et si profonde, que sa suppression
brusque risquerait de tuer le malade,
qu'on ne réussit ordinairement à guérir
(à peu près) qu'à la condition de dimi-
nuer progressivement la dose quoti-
dienne absorbée. Souvent même il faut
remplacer le stimulant par un autre sti-
mulant aussi dangereux — la cocaïne, (
le chloral, la caféine, voire même lanitro-i
glycérine, — et inoculer au patient, souarj
une forme quelconque, une vie factice.
Assurément, la morphine a du bon, e&
Ci jorrto;0 1.1",,-4._--. '11; ",,,.1 é-
sous 1 inculpation d'homicide par impru-)
dence, devant le tribunal de la postérités
il sera difficile de lui refuser les circons-
tances atténuantes. Toute l'histoire de"
l'humanité n'étant guère,en fin décompte,
qu'une longue lutte, inégale et mouve-
mentée, contre la douleur, la découvertes
d'un procédé permettant de faire entrer
la morphine aisément et sans répugnance
dans la peau du bonhomme a pu et a dà'
être considérée comme un inestimable
bienfait. Non seulement, en effet, la mor-
phine apaise les douleurs physiques, maisJ
aussi les souffrances psychologiques, leff.
névralgies morales.
Aussitôt après l'inoculation, les piret¡¡'
chagrins s'envolent pour faire place à ui*
calme plein de douceur. On connait le1
fameux monologue de Hamlet : « Sans lar
crainte de l'inconnu, personne n'hésite-j(
rait à se soustraire aux chagrins de Iafl
vie, quand il suffit, pour entrer dans loi
repos, d'une pointe d'acier bien affilée. ni
Eh bien ! cette cc pointe affilée Y) dont parlai
Shakespeare, cette aiguille libératrice
nous la possédons : c'est l'aiguille creusé
de la seringue de Pravaz, qui efface eitf
un clin d'œil les souffrances du corps e6
les souffrances de l'esprit, les injustices.
de la nature, celles des hommes et celles
de la fortune.
Malheureusement, avec elle comme avetf
l'aiguille fatale dont parle HawJet, oui
n'entre dans le repos qu'en entrant daugf
la mort, ou — ce qui est pire que la mor&"
— dans la folie, l'égarement et le crime.
On ne saura jamais ce que ce Wood,
auquel les névropathes finiront peu
être par élever une statue, aura déchaîna
de catastrophes. Car, pour un drame
morphinique se dénouantcoinine le dra"',
me de Ville-d'Avray, au grand jour de le
publicité judiciaire, combien de drames
inconnus, de hontes et de misères in-
soupçonnées qui relèvent de la mênl,
cause !
Il y aurait de quoi frémir si l'on con-,
naissait exactement le nombre des gens
qui se morphinisent aujourd'hui à jeCi
continu, surtout dans les classes diri-
geantes, et en particulier dans le monda:
des savants, des hommes de lettres et des
politiciens. C'est à ce point qu'on peut,
presque dire que c'est la fée Morphine i
qui mène les sociétés névrosées, et que
c'est ainsi que s'expliquent tant de foliea;
dont le mot échappe aux foules sages qUI
en sont encore à croire que les piqûresi,
d'aiguille ne font bien qu'à titre de stig-
mates du travail au bout des doigts de.
couturières.
Casse-cou ! Casse-cou !
Le progrès coûte parfois fort cher, en-
vérité, et ces ci Tablettes » sont comme l(
maris et les amants, comme les Wladuul",
roffs et les Omessas : elles ne font pas tou-
jours rire 1
Raoul Lucet.
MŒURS MILITAIRES BIEN ALLEMANDES
Le conseil de guerre de Potsdam vient
d'être convoqué pour juger un maréchal.
des logis du 36 régiment de uhlans de la
garde, qui avait inventé un mauvais traite-
ment particulièrement injurieux qu'il infli-
geait aux hommes surpris en faute.
Vers le ffl décembre, il avait ordonné à
tous les hommes placés sous ses ordres da;
défiler devant un uhlan qui était entré un
peu en retard à l'écurie, où il était de ser-
vice, et de lui cracher au visage.
Les cavaliers avaient tous obéi à cet or-
dre, à l'exception d'un seul, qui avait dé-
claré qu'il ne se croyait pas autorisé à trai-
ter ainsi son camarade.
Le maréchal des logis avait alors ordonné
un second défilé et une seconde exécution :
tous les hommes avaient dû passer devant
le uhlan récalcitrant et lui cracher au visage
à son tour.
La scène avait fait sensation dans le régi-
ment, et un uhlan s'était décidé à en envoyer,
sous le voile de l'anonyme, le récit aux:
Nouvelles de Potsdam. Le directeur de ce
journal ayant adressé une copie de ce récit,
au colonel du régiment, celui-ci avait or-
donné une enquête, et c'est à la suite de
cette enquête que le conseil de guerre de
Potsdam vient de se réunir.
Le maréchal des logis Wodtke a été con-
damné à subir, dans une forteresse, une
détention dont la durée n'est pas indiquée
par la Germania, à laquelle nous emprun-
tons ce compte rendu. Il a été interné à
Spandau.
ASSASSINAT ET SUICIDE
.(D'°^ CORRESPONDANT)
Tulle,$3 jautiôr. — On annonce que M. Dit-
pinet, brigadier-ebe £ du haras de Pompadour,
a 4U N¡é par un nommé Lofôeiat, paw,
iroatait çévoauér«uj^ s'est eaaiûte
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