Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1891-01-29
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32757974m
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 68249 Nombre total de vues : 68249
Description : 29 janvier 1891 29 janvier 1891
Description : 1891/01/29 (A21,N6954). 1891/01/29 (A21,N6954).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7565675m
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 29/04/2013
Vingt-et-unième année. N® 8,96.5 CINQ Centimes -;;;. Pv & - CINQ Centimes - - JEUDI 99 JANVIER 1891
JOURNAL RÉPUBLICAIN
RÉDACTION
f
e4E3p Rue Montmartre
PARIS
I Ff»mS0R POLITIQUE
A. - EDOUARD PORTALIS
m DE L'ABONNE SERT :
'arla. TN»mm, 61.: fan*, 11L; Boa, 301,
Départements — 71.; — 12 r.; — 24 C
tokion Postale — 9 f.; — 16 L; — 321
AN abonnement» partent deal-et 15 de ehoqoe mtoitk
AdrMM télégraphique : XIX* SIÈCLE — PilB
Téléphone : 20.389 bis.
ADMINISTRATION
£ 43, Rue Moixtmsirtr9
PARIS
IIIIISEURS D'ANNONCES
HM. LAGRANGE, CERF et O*
0» pktOê é$ta Bomrto, 9 t
Pli et L'ABONNEHERT :
Paris MiMII, 6I4 lit; SOL
Départements — 7L; — 121; — 24 L
Uaion Postale — 9 t.; — 16 L; — S2U
Lm abonnemeni» pariant de» 110 et 15 de chaque moto
âiwwi téMgnphiqgt : XTX« auatLE « F ASUS
Téléphone : ao.289 bit. *
« THERMIDOR »
feux qui, après réflexion, sur l'ob-
jurgation de certains journaux, se
sont mis à la deuxième représentation
à siffler Thermidor, ont obtenu par
leurs sifflets que les représentations
de la pièce de M. Sardou soient sus-
pendues. Ils doivent être satisfaits.
Ceux qui avaient le désir d'entendre
M. Coquelin dans le rôle de Labus-
sière le seront évidemment beaucoup
moins.
Quand j'ai assisté à la première
représentation de ce drame, j'étais
loin de m'attendre à tout ce bruit.
Contrairement à l'opinion de mon
collaborateur Henry Fouquier, cette
pièce m'avait paru surtout ennuyeuse.
C'est une série de tirades renouvelées
de Taine et aussi de Camille Des-
moulins qu'on n'éprouvait guère le
besoin d'entendre réciter sur la scène
de la Comédie-Française. L'interpré-
tation elle-même m'a paru terne.
Comme l'a très bien dit Sarcey, dans
le Temps, Coquelin, malgré tout son
talent, n'a pas créé un type en créant
le rôle de Labussière.
A cette première représentation,
j'ai bien vu qu'on applaudissait à des
intervalles éloignés après de longues
périodes d'inattention, mais je n'ai vu
personne rire et personne pleurer. Or,
une pièce où on ne rit ni ne pleure et
qui dure depuis huit heures un quart
jusqu'à près de minuit n'a jamais,
que je sache, attiré beaucoup la
foule.
Je suis donc persuadé que si on
avait laissé Thermidor tranquille, l'in-
succès se serait dessiné dès la troi-
sième ou la quatrième représentation,
c'est-à-dire dès le jour où les acteurs
se seraient trouvés en face du vrai pu-
blic, et la pièce n'aurait pas tardé à
disparaître d'elle même de Vafliche
sans l'intervention des ministres.
Mais les siffleurs ne l'entendaient
pas ainsi. Ils voulaient que Thermidor
cessât immédiatement d'être repré-
senté au Théâtre - Français, théâtre
subventionné, non parce qu'ils trou-
vaient la pièce mauvaise, mais parce
qu'elle scandalisait leur foi révolu-
tionnaire.
Pour cette école, il n'est pas permis
de distinguer entre la Révolution et
certains révolutionnaires. Il faut tout
admirer, hommes et choses, dans cette
période de notre histoire. C'est en
vertu de cette théorie, qui nous parais-
sait avoir fait son temps, qu'on de-
mandait autrefois non seulement
l'interdiction du Vieux Cordelier,
comme on demande aujourd'hui
l'interdiction de Thermidor, mais aussi
la suppression de son auteur, le héros
du 1A Juillet, Camille Desmoulins, qui
— c'est une justice à lui rendre — en
a dit bien plus que n'en dira jamais M.
Sardou sur le Comité de salut pub icet
sur les pourvoyeurs de la justice ré-
volutionnaire. Il faut voir comme il
traite cet Héron dont il est si souvent
question dans Thermidor.
Il l'accuse de « faire avec la Terreur
ce que Cartouche faisait sur les grands
chemins avec un bon pistolet. » Il le
traite de « ci-devant corsaire et écu-
meur de mer, devenu écumeur de pa-
vés et grand entrepreneur d'arresta-
tions et d'élargissements à prix d'ar-
gent. » Il affirme « qu'il a gagné en
six mois plu» d'un million en désignant
et montrant au doigt les suspects. »
Et Hébert ! n'est-il pas accusé éga-
lement par Camille Desmoulins, dans
le même Vieux Cordelier, d'avoir volé
la nation en se faisant remettre, pour
l'impression de son Père Duchesne,
60,000 livres, ce qu'il appelait « la
braise nécessaire pour chauffer son
fourneau ! »
Comment, d'ailleurs, parler de la
Terreur sans mentionner les abomi-
nables accusations que les terroristes
ont successivement portées les uns
contre les autres avant de s'envoyer
réciproquement « éternuer dans le
panier », selon l'affreuse expression
qu'Hébert avait inventée et que le
peuple avait faite sienne?
Il est une autre école qui a toujours
soutenu qu'on pouvait être un pur ré-
publicain et glorifier la Révolution
sans se pâmer d'admiration devant la
Terreur. Tous les grands résultats
de la Révolution, disent-ils, l'égalité
devant l'impôt ou du moins ce qu'on
appelait ainsi, l'accession de tous aux
emplois publics, la propriété de plus
en plus divisée, la noblesse réduite à
des privilèges honorifiques, la liberté
de conscience, étaient obtenus avant la
Terreur. A quoi donc a-t-elle servi,
sinon à préparer la réaction de Ther-
midor qui, elle-même, devait être le
prélude de la dictature du Directoire
et de celle de Bonaparte?
A cela, on répond que sans la Ter-
reur la République ne serait venue à
bout ni des conspirations royalistes
ni de la coalition étrangère.
Cette question divise depuis un
siècle le uarti républicain*
Nous n'avons pas la prétention de
la trancher. Mais ce que nous affir-
mons, c'est que les hommes mis en
scène par M. Sardou ne sont pas plus
la Révolution que les ministres de la
République ne sont la République, et
qu'on peut fort bien tolérer les criti-
ques, plus ou moins fondées, contre
les uns et contre les autres, sans ces-
ser pour cela d'admirer la Révolutiou
et d'aimer la République.
A.-EDOUARD PORTALIS.
Le XIX" SIECLE publiera demain la
a Chronique », par Francisque Sarcey.
MOUVEMENTS
DE LA FLOTTE ITALIENNE
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULlBR)
Rome, 27 janvier.
On est très impressionné par les infor-
mations de la Gazette de Venise, — qui est
considérée comme l'organe du ministère de
la marine, — au sujet des armements ex-
traordinaires et des mouvements insolites
de la flotte italienne.
Ce journal dit que l'Italie se tient aujour-
d'hui plus que jamais sur le qui-vive. L'hi-
vernement imprévu de son escadre à Agosta
(Sicile) le démontre. C'est la première fois
que l'escadre italienne passe un hiver tout
entier loin des arsenaux maritimes.
Cependant cette année, après une très
longue période d'exercices d'été, tous les
navires de l'escadre auraient eu besoin des
modifications et réparations ordinaires. Or,
au contraire, il se trouve déjà dans les
eaux de la Sicile les cuirassés Dandolo, le
Casielfidardo, plusieurs croiseurs et torpil-
leurs dont la Gazette donne la liste.
Les autres navires de l'escadre perma-
nente sont déjà partis ou partiront pour se
réunir, à Agosta, aux navires ancrés
dans ce port. Plusieurs navires et torpil-
leurs sont partis avant-hier de Naples pour
cette destination.
La Gazette de Venise fait remarquer éga-
lement que le Vesuvio, qui désarme à cause
d'avaries, a été immédiatement remplacé
par le Bousan, et que l'ordre vient d'être
transmis par le ministre de la marine d'ar-
mer les deux cuirassés Maria-Pia et Affon-
datore, le bélier-torpilleur Etna et deux
canonnières. Le cuirassé Morosini, à peine
armé, a reçu l'ordre de partir pour
Agosta.
Des ordres sont donnés à l'arsenal de la
Spezzia pour que les navires qui s'y trou-
vent en réserve soient prêts à partir dans
vingt-quatre heures, et parmi eux les fa-
meux cuirassés Italia, Lépante, Duilio,
Ruggero.
Le préfet maritime a reçu l'ordre de te-
nir prêts huit torpilleurs de haute mer.
Le journal termine en disant que la proba-
bilité d'événements a motivé la constitution
d'une feemblable flotte, dans laquelle se-
raient encadrés plus de vingt navires, ce
qui laisserait supposer que leur comman-
dement ne pourra être donné qu'à l'amiral
Saint-Bon.
Qu'est-ce que cela veut dire?
SUSPICION LEGITIME
On sait la campagne vigoureuse, mais
pleine de correction, que le XIX0 Siècle,
avec tous ses confrères de la presse pari-
sienne, a menée dernièrement, non sans
succès, contre M. Touvée et contre la 9e cham-
bre correctionnelle, transformée en ma-
chine à condamner les journalistes.
On sait également que le Parlement lui-
même s'est ému des façons de faire de M.
le président de la 9e chambre et que le mi-
nistre de la justice, contrairement à tous
les précédents en la matière, s'est vu obligé,
pour donner satisfaction à la conscience
publique justement alarmée, de désavouer
à la tribune de la Chambre les magistrats
trop « fin de siècle ».
M. Toutée et les juges de la 96 chambre
ont dû, à la lecture du compte rendu des
débats du Palais-Bourbon, sentir la rou-
geur de l'humiliation leur monter au vi-
sago. Et cependant c'est devant ces ma-
gistrats, qui ont encore sur la joue le souf-
flet tout chaud de M. le garde des sceaux,
que le parquet poursuit aujourd'hui le
XIXe Siècle, sous l'inculpation de publica-
tion anticipée d'un acte d'accusation!
Est-ce vraiment à des juges que le XIXe Siè-
cle va être livré? Et peut-il attendre de M.
Toutée une justice équitable et impartiale?
Poser la question, comme on aime à dire
au Palais, c'est la résoudre.
C'est pourquoi le XIXe Siècle déposera
aujourd'hui, très respectueusement, —
comme on le fait toujours en justice, —
les conclusions suivantes sur le bureau du
tribunal :
« Plaise au tribunal :
» Attendu que l'article 378 du Code de
procédure civile, applicable, suivant une
jurisprudence constante, à la procédure
correctionnelle et criminelle, donne à tout
prévenu le droit de récuser un juge pour
l'un des motifs y énumérés;
» Que le soussigné se croit en droit d'user
de cette faculté vis-à-vis de M. Toutée,
vice-président de la 9° chambre, devant la-
quelle il est assigné;
» Qu'en effet, ainsi que l'indique M. Al-
bisson dans son exposé des motifs sur l'ar-
ticle 5A2 du code d'instruction criminelle ;
« Quelque confiance que la loi professe
» pour les tribunaux, elle doit prévoir que,
» composés d'hommes sujets à toutes les
» passions de l'humanité, ils peuvent se
» trouver dans des circonstances capables
» d'inspirer quelque défiance de l'impar-
» tialité de leurs décisions. »
» Par ces motifs,
» Dire que, pour cause de récusation lé-
gitime, M. Toutée ne siégera pas dans l'af-
faire pendante entre le parquet et M. Gueit,
gérant du XIXe Siècle. »
L'exemple du XIXe Siècle sera, nous en
sommes convaincus, suivi par nos confrères
de la presse parisienne que la malechance
conduira devant la 9e chambre de police
correctionnelle.
On évitera ainsi a M. le président Toutée
l'ennui d'être accnsé par l'opinion publique
— qui a toutes les audaces — de rendre des
sentences dictées plus par esprit de ran-
cune que par esprit d'équité, sentences que
la chambre des appels de police correction-
nelle se verrait, en fin de compte, dans
l'obligation d'infirmer. Le prestige de IR
justice pourrait avoir à souffrir d'mfirma-
tion £ trop rcpM»u*-
CHEZ M. SARDOU
LA SUSPENSION DE « THERMIDOR »
Le rôle de M. Deibler. — Les regrets de
M. Clémenceau. — Les siffleurs et
l'histoire. — L'éreintement de la
Terreur.
Nous faisons connaitre d'autre part l'état
de la question Thermidor. Il nous parait
intéressant d'indiquer l'état d'âme de M.
Sardou, que nous avons eu la bonne for-
tune de rencontrer peu d'instants après
qu'il avait appris la décision du gouverne-
ment.
Nous nous attendions à trouver un aca-
démicien nerveux, nous voyons un homme
presque calme.
— Vous venez m'interviewer sur Thermi-
dor, nous dit-il ; je n'en sais pas plus long
que vous, je n'ai vu aucun personnage of-
ficiel, et je viens d'être mis au courant de
la mesure notifiée à Claretie, verbalement
si je ne me trompe : « Les représentations
de Thermidor sont suspendues par mesure
d'ordre public, en dehors de toute autre
considération. »
L'ordre public ! c'est exquis, alors que la
tranquillité de la rue n'a pas été troublée
un instant et que le public, sans aucune
intervention de l'autorité, a fait lui-même
la police de la salle en jetant à la porte une
quinzaine de siffleurs.
Puisque vous avez assisté à la représen-
tation, vous avez pu constater que la saile
était réellement pour moi. M. Clémenceau,
d'ailleurs, qui sifflait avec une maestria
favorisée, sinon inspirée par « l'inexpulsa-
bilité » parlementaire, l'a lui-même re-
connu en s'écriant à l'orchestre : « Ce soir,
nous ne sommes pas en nombre,mais nous
reviendrons. »
Quant aux étudiants, on avait annoncé
leur manifestation, tout bonnement pour
leur donner l'idée d'en faire une. Leur
lettre à Claretie le prouve d'une façon pé-
remptoire.
cc L'Association générale des étudiants,
dit cette lettre, assure la Comédie-Fran-
çaise qu'elle n'est pour rien dans la mani-
festation regrettable d'hier soir. »
L'esprit de la pièce
Du reste, continue notre interlocuteur,
laissons de côté la représentation d'hier et
ne nous occupons que de la pièce.
On la prétend réactionnaire; on m'accuse
d'avoir conspué la Révolution et bavé sur
la République. Quelle insanité !
Ma pièce est foncièrement républicaine.
C'est une protestation en faveur de 89
contre 93; elle peut se résumer en deux
mots : Vive la République ! A bas la Ter-
reur!
J'avais cru rendre ua service aux répu-
blicains en les dégageant du cauchemar de
la Terreur, car j'estime que si les gens
qui invoquent chaque jour 89 et les im-
mortels principes avaient eu l'esprit de
répudier toute solidarité avec les fous de
93, la France entière serait aujourd'hui ré-
publicaine.
Il paraît que j'ai eu tort et que j'aurais
dû crier : Vive la Terreur! Eh bien, cela,
jamais."
Peu à peu, le dramaturge s'est animé. Il
se promène à grands pas; la voix devient
mordante, et sa tonalité forme un con-
traste amusant avec la silhouette moyen-
âgeuse de ce petit homme coiffé d'une toque
de velours qui, au milieu d'un cabinet ten-
du de tapisseries sévères et où il y a plus
de rideaux que de fenêtres, évoque en nous
la figure de Louis XI.
Les passages sifflé s
— Comment expliquez-vous ce qui ar-
rive ?
— La bêtise ne s'explique pas. Un auteur
dramatique doit toujours hésiter à pronon-
cer le mot de cabale lorsqu'il se trouve
personnellement en cause : je me bornerai
donc à vous donner un ou deux exemples
de la bonne foi de mes adversaires.
Un journal de ce matin raconte qu'on a
sifflé lorsque Coquelin dit : «Tous les répu-
blicains ont les mains sales. » Or, aucune
phrase semblable n'existe et ne pouvait
exister dans ma pièce.
Par contre, M. Lissagaray a sifflé, sans le
savoir, je l'espère pour lui, des phrases
textuelles de Camille Desmoulins. Et d'au-
tres ont vociféré en entendant cette phrase:
« La Convention se bat contre la guillo-
tine ». Je m'attendais bien à ce que cette
bataille ne fût pas absolument du goût de
tout le monde. Un homme, en effet, avait
le droit de la trouver mauvaise : M. Dei-
bler. Mais ce n'est pas lui qui a protesté.
Enfin, -on me reproche d'attaquer le Co-
mité de salut public. C'est un comble ! Je
soutiens ce comité dans sa lutte contre Ro-
bespierre ; impossible de prétendre le con-
traire. Et les personnages sympathiques de
ma pièce, Labussière et Martial, sont es-
sentiellement dantonistes.On voudrait donc
que je donne r. ison à Robespierre et à ses
cinqacolytes.Conséquence : du moment que
Robespierre passe pour une victime, tous
les membres de la Convention qui ont lutté
contre lui doivent être considérés comme
d'affreux coquins. Que voulez-vous répon-
dre à de pareilles folies !
- Que comptez-vous faire?
- Rien pour le moment.Ce n'est pas à moi
de protester et je vois avec plaisir que M.
Henry Fouquier doit interpeller le gouver-
nement qui, pour éviter ce débat, rappor-
tera peut-être une décision qu'il avait prise
pour s'épargner l'interpellation, en sens
contraire, de M. Pichon. La politique est si
drôle.
En attendant, je laisse les honnêtes gens
juges de la question. L'empire a laissé
jouer Patrie, qui n'avait rien d'agréable
pour les Tuileries, puisque je mettais en
scène le duc d'Albe, dont le descendant
était beau-frère de l'impératrice. Il a éga-
lement autorisé Séraphme. J'ai pu alors
crier sur la scène : « Vive la Convention ! »
Aujourd'hui, la République me le défend,
c'.est triste à constater.Tous les journalistes
anglais ou américains que j'ai vus ce matin
me l'ont dit.
— Est-il vrai que vous songiez à émigrer
à la Porte-Saint-Martin ?
— Nullement. Ma pièce a été acceptée par
M. Claretie, par Coquelin, deux hommes
dont les sentiments républicains ne sau-
raient être mis en doute. Elle a été trouvée
républicaine par le ministre, qui l'a lue
lui-même avant la mise en répétition, elle
a été jouée à la Comédie-Française, je ne
la porterai pas ailleurs.
L'avis de M. Alexandre Dumas
Au moment où nous quittons M. Sardou,
1 nous nous croisons avec M. le baron Lc-
couteux et M. Alexandre Dumas. 'ne vient
Le premier nous- assure CUL'À* ne vient
pas pour réclamer contre l'usage qui a été
fait de son nom en faveur de l'héroïne de
Thermidor. Le second, pressé de nous dire
son opinion, nous répond en souriant :
— Ça me rajeunit. Je vais rêver cette
nuit que nous sommes en 1851.
C'est l'année où M. Dumas 'eut maille à
partir avec le gouvernement existant pour
la représentation de la Dame aux Camé-
lias, qui fut autorisée seulement en 1852,
après avoir été d'abord interdite.
Comme on voit, c'est le contraire de ce
qui arrive pour Thermidor, approuvé
avant d'avoir été suspendu.
THERMIDOR,, A LA CHAMBRE
La journée d'hier a été toute à Thermi-
dor.
A la Chambre, on ne s'occupait que des
incidents de la veille. On savait que M. Pi-
chon allait déposer une demande d'inter-
pellation, et l'animation était des plus vives
dans les couloirs.
A deux heures, M. Pichon entra dans le
salon de la Paix. « Parfaitement, répond-il
aux nombreux amis qui l'entourent, j'inter-
pelle, c'est décidé. Auparavant, je tiens à
causer avec M. Bourgeois. »
— Eh bien, moi, réplique M. Reinach, je
suis décidé à porter à la tribune la thèse
contraire, et je défendrai la théorie de la
liberté absolue en matière de représenta-
tions dramatiques.
Le bruit se répand tout à coup que le
gouvernement venait de suspendre, par
mesure d'ordre public, les représentations
de Thermidor.
Cette nouvelle était confirmée quelques
instants après.
En effet, M. Constans faisait venir auprès
de lui M. Lozé pour se renseigner sur les
incidents de lundi. A deux heures, une
conférence eut lieu au ministère de l'inté-
rieur à laquelle assistaient MM. de Freyci-
net, Constans, Bourgeois, Lozé et Larrou-
met. A la suite de cette conférence, les re-
présentations de Thermidor étaient sus-
pendues.
Par suite, M. Pichon, recevant satisfac-
tion, abandonnait son idée d'interpella-
tion.
Mais alors M. Reinach annnonçait qu'il in-
terpellait, et voici la formule qu'il a si-
gnée, d'accord avec MM. Henry Fouquier
et Francis Charmes :
« Nous demandons à interpeller le gou-
vernement sur les mesurés qu'il compte
prendre pour assurer à la fois l'ordre pu-
blic et la liberté de l'art dramatique. »
La date du débat de cette interpellation
sera fixée jeudi par la Chambre. On pré-
voit que la discussion immédiate sera or-
donnée.
Prendront part au débat : MM. Fouquier,
Reinach, Emmanuel Arène, Dionys Ordi-
naire, Leygues, Maurice Barrès, Pichon, et
peut-être même M. Clémenceau.
Ajoutons qu'il était question, dans les
couloirs, du remplacementdeM.Larroumet,
dont la responsabilité en cette affaire est
gravement engagée. On parle aussi de la dé-
mission de M. Jules Claretie.
Robespierre ferait-il encore des victimes?
1 AU THÉATRE-FRANÇAIS
M. Bourgeois, ministre de l'instruction
publique et des beaux-arts, est venu lui-
même annoncer à M. Claretie, vers deux
heures, que l'interdiction de Thermidor
venait d'être décidée en conseil des minis-
venait
tres, après que l'avis de M. Lozé eut été
pris.
Il a déclaré à l'administrateur de la Comé-
die que la crainte de troubles dans la rue
était la seule raison de cette interdic-
tion.
M. Sardou était présent à l'entretien ; il
manifesta au ministre tout l'étonnement
que lui causait la décision dont il venait de
faire part.
Aussitôt on a remplacé sur les affiches le
spectacle annoncé par Tartuffe et le Dépit
amoureux.
A huit heures, une forte escouade d'agents
est venue se placer autour du théâtre; déjà,
des groupes nombreux, ignorant la mesure
prise dans l'après-midi, s'apprêtaient à sif-
fler les abonnés du mardi. On les empêche
de stationner plus longtemps. Ils se disper-
sèrent de fort bonne grâce, mais pendant
que le calme renaissait dans la rue, l'orage
éclatait dans la salle.
Dès le lever du rideau, les abonnés se
mirent à siffler avec vigueur, réclamant à
grands cris : Thermidor! Thermidor!.
Coquelin cadet, semainier, vint alors
dire que la pièce était interdite, le
public devrait se contenter des œuvres an-
noncées au nouveau programme, puis il se
retira.
Le tapage reprit alors de plus belle; qua-
tre fois le rideau se releva, quatre fois,
Coquelin, très calme, essaya de se faire
écouter des spectateurs ; à la cinquième,
vers neuf heures, il leur annonça que le
spectacle n'aurait pas lieu, que l'argent al-
lait être rendu, et que le joùr d'abonne-
ment ne serait pas compté aux abonnés.
Le public s'écoula alors avec le plus
grand calme.
Coquelin ainé est furieux de la décision
prise. Il déclarait hier que la pièce de M.
Sardou serait jouée ailleurs et qu'il irait
l'interpréter à l'Ambigu, à la Porte-Saint-
Martin ou aux Bouffes-du-Nord s'il le fal-
lait.
— Je démissionnerai, disait-il, pour sui-
vre Thermidor où il ira.
Les autres interprètes de la pièce ont été
plus réservés.
Nous croyons savoir que, pour le motif
d'ordre indiqué plus haut, la représenta-
tion de Thermidor sera interdite partout à
Paris.
DÉMISSION DES SOCIÉTAIRES
Le bruit court que les sociétaires de la
Comédie-Française ont décidé, hier soir, de
donner leur démission en masse. Cette dé-
mission collective serait envoyée aujour-
d'hui à M. Claretie.
L'AFFAIRE SANTINI
M. Atthaliu, juge d'instruction, a terminé
son enquête au sujet de l'affaire de Lasai-
gne et remis dans l'après-midi d'hier au
parquet le dossier établissant la part de
responsabilité de chacun des inculpés, de
l'ancien commissaire de police Santini, du
docteur Bergeron et de la dame Delmont.
C'est M. Grandeau, substitut, qui est
chargé Aie rédiger le rapuort concluant
dans cetfe curlfeuae affaire.' • - ■ - ,-.
| LA VIEDEP ARIS
Voici que Thermidor devient une af-
faire d'Etat. A la fin du compte rendu de
la première, nous avions signalé un peu
de résistance du public, mais seulement
au quatrième acte. Cette résistance pa-
raissait uniquement due à des opinions
artistiques. Quelques-uns estimaient que
la mise en scène était développée au dé-
triment de l'action, et que cette mise en
scène était plutôt l'affaire d'un théâtre
de mélodrame que de la sévère Comédie-
Française, qui n'est pas si sévère que ça
quand elle joue des vaudevilles dignes
du Palais-Royal. On pouvait discuter là-
dessus. Mais voici que la politique s'est
mise de la partie et quand la politique
s'en mêle, on ne discute plus : on mani-
feste. C'est ce qui est arrivé lundi. Il y eut
un beau tapage. Les deux derniers actes
ont été joués au milieu d'un fort tu-
multe. On a jeté des sous sur la scène à
M. Marais, qui les a ramassés et les a mis
dans sa poche, ce qui est d'un philo-
sophe. Tout ceci, parce que Robespierre
est maltraité par M. Sardou, ce qui a fait
penser à quelques-uns que la pièce était
réactionnaire et qu'on y attaquait la Ré-
publique.
Pour moi, je pense tout le contraire.
La liberté de la politique, de la religion
et de l'athéisme sont nécessaires à un
régime républicain. Robespierre tra-
vailla, dictateur à sa façon, à détruire
ces trois libertés. Je ne suis pas fâché
qu'on le dise et je ne trouve pas plus
réactionnaire le Thermidor de M. Sar-
dou que la Charlotte Corday de M. Pon-
sard, écrite dans un esprit très analogue
et qui fut fort applaudie sur ce même
Théâtre-Français en 18A8. Quoi qu'il en
soit, voici que le débat a été porté devant
les Chambres, échappant au chroniqueur.
Ce débat, en tout cas, a ceci de bon qu'il
a mis sur le tapis la question de l'orga-
nisation de la Comédie, qui me paraît
décidément bien contestable.
L'aventure de Thermidor m'a remis en
mémoire les grands tapages parisiens au
théâtre, tapages auxquels j'ai assisté et
dont — je l'avoue avec quelque remords
— je fus, parfois, pars magna. Le pre-
mier en date fut l'affaire de Gaëtana.
Ce pauvre drame de Gaëtana, ceux qui
l'ont vu ne s'en souviennent guère et je
doute qu'on l'ait beaucoup lu et relu.
C'était un assez mauvais mélodrame, entre
nous. About, au théâtre comme parfois
ailleurs, croyait qu'on s'en tire toujours
avec de l'esprit. Ce n'est pas le cas, au
théâtre au moins. Il faut une pièce avant
tout, une action acceptée par le publie,et
la sauce ne fait as toujours passer le
poisson. Mais les défauts ou les faiblesses
de la pièce ne la perdirent pas plus que
ses mérites ne purent la défendre. About,
à cette époque, était dans tout l'éclat de
son talent, étincelant mais fort agressif.
Il publiait les Lettres d'un bon jeune
homme et ce « bon jeune homme » était
délicieusement méchant! En un an, il
s'était collectionné une belle ribambelle
d'ennemis.
De plus About, qui, malgré ses impru-
dences célèbres d'enfant terrible, avait
toujours été très gouvernemental, pas-
sait pour fort bien en cour. Ceci suffit
pour déchaîner « le lion du quartier La-
tin » qui, selon une chanson qui courait
alors, « voulait manger du Bonaparte ».
Le tumulte fut sauvage et commença de-
vant que les chandelles fussent allumées.
About eut beau se rebiffer. Il fallut cé-
der devant l'orage.
Puis vint Henriette Maréchal, à la Co-
médie-Française. Les motifs qui animè-
rent la cabale furent les mêmes que oour
Gaëtana. MM. de Goncourt étaient des fa-
miliers de la princesse Mathilde, des fa-
miliers dont l'un prenait des notes, peut-
être trop. La princesse, qui fut toujours
une bien aimable femme et fort dévouée
à ses amis, — je puis bien le dire, ne lui
ayant jamais parlé, en toute liberté —
avait, disait-on, beaucoup fait pour que
la comédie fût jouée au Théâtre-Français.
Ceci fut encore une raison suffisante
pour que la représentation tournât à la
bataille. Et la bataille fut chaude ! Les
troupes assaillantes étaient menées par ce
pauvre Cavalier, dit Pipe-en-Bois, qui est
devenu une façon de personnage histo-
rique pour avoir été très aimable avec
un ambassadeur, un jour qu'il faisait
chaud et qu'on « crevait de soif". Pipe-
en-Bois, d'ailleurs, était un brave garçon.
Et ce qu'il y eut de piquant dans son
cas, c'est qu'en somme lui et les jeunes
gens qui marchaient avec lui étaient des
avancés en littérature et eussent fort ap-
plaudi, n'était la politique, les hardiesses
réalistes et « théâtre-libre » de la scène
du bal masqué.
J'ai vu encore, au Vaudeville, une au-
tre pièce fort « chahutée". Le titre m'é-
chappe. Mais je me souviens qu'elle était
d'Hugelmann, faisant, à propos de la
campagne d'Italie, un grand éloge de Na-
poléon III et de la politique impériale. Il y
avait un couplet sur les aigles qui fut
interrompu par une voix éclatante. C'é-
tait la voix de Gambetta. Le même Gam-
betta, à la représentation de Rabagas, à
laquelle l'anicroche arrivée à Thermidor
va faire songer, riait à ventre déboutonné
et applaudissait. Car il avait bien de l'es-
prit, et on raconte que, rencontrant Sar-
dou, il ne manqua pas de lui dire : « Ah !
mon cher Sardou, que vous avez donc été
dur pour ce pauvre Olivier.
Maintenant, quoique Thermidor m'é-
chappe en devenant matière à inter-
pellation, je voudrais en dire encore un
mot, pour noter une des curiosités de
l'œuvre et réparer, non pas un oubli,
mais une omission imposée par la hâte
d'un compte rendu fait au sortir du
théâtre. Cette curiosité de la représenta-
tion de Thermidor, c'est te grand nomfcre
d acteurs qu'elle a mis en mouvement et
cette perfection de figuration qui a de-
mandé à des artistes connus un dévoue-
ment dont il faut leur tenir compte. On
ne saurait les citer tous, car ils sont vingt-
huit ou trente. Mais on peut nommer M.
Boucher, qui a accepté un rôle de , dix
lignes, M. Leloir, qui en a fait de même..
M. Coquelin fils, qui n'a qu'une scène,,
Mme Ancel, qui a donné une jolie,
silhouette de femme du peuple, et sur:
tout Mlle Lynnès, charmante en lavan-
dière, ayant une bonne grâce dans lat
violence même qui sauve ce que le perW
sonnage de la tricoteuse a de déplaisant;,
et justifiant par sa beauté l'heureux La-
bussière qui la calme avec un compliment
bien tourné sur ses beaux bras. Tout ceci
a constitué un ensemble très intéressant
pour la pièce, qui sera rejouée ou non —
selon ce que la Chambre en décidera.
Henry Fouquier.
LE GÉNÉRAL FÉVRIER
M. le général Février, grand-chancelier
de la Légion d'honneur, est atteint d'una
bronchite qui l'oblige à garder la cham-
bre.
Il devait assister hier au mariage de Mlla
Gibon, fille adoptive du général Lacre-
telle, avec le lieutenant d'infanterie de ma-.
rine Lacretelle, neveu du général ; il a fait?
savoir la veille qu'il ne pouvait, à songrancT
regret, assister à la cérémonie.
Toutefois, son état de santé n'inspira
aucune inquiétude.
UNE BROCHURE A SENSATION
SUR LA TRIPLE ALLIANCE
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULlsa)
Rome, 97 janvier.
Je viens de lire l'opuscule du marquis
d'Alfieri, L'Italie se ravise, qui est destiné
faire sensation.
L'ancien ministre examine l situatio
actuelle par rapport à la triple alliance et
soutient qu'elle a été le résultat d'une illu-
sion.
La France républicaine n'aurait jamais
songé à répéter l'expédition de Rome.
Il loue Manpini d'avoir maintenu à l'lta-.
lie, dans la triple alliance, une situation,
modérée et pacifique, et d'avoir refusé d'in-
tervenir en Egypte. Il dit que le général de
Robilant eut l'intention de remplacer l'Au-
triche par la Russie et de satisfaire les as-
pirations nationales par ie démembrement
de la monarchie austro-hongroise.
Cette dernière assertion va soulever de
vives discussions et produire une certaine
émotion en Autriche.
LA -
TOUR EIFFEL EN DIAMANTS
Qui se souvient de la tour Eiffel en dia-
mants, qui eut son heure de célébrité il y
a dix-huit mois, mais disparut subitement
de la circulation sans qu'on sût ce qu'elle
était devenue ?
Hélas! elle gît misérablement entre les
mains d'un séquestre judiciaire.
Un sieur Martin Posno avait formé avec
M. Eugène Martin, négociant en dialllants
une société en participation ayant pour
but la reproduction de la tour Eiffel en dia-
mants.
Cette reproduction devait être exposée à
Paris et faire l'objet de tournées tant en
province qu'à l'étranger.
L'entreprise n'a point réussi. La société
en participation a été dissoute, et M. Pa-
rent nommé liquidateur avec mission da
conserver la tour en diamants en qualité
de séquestre.
Puis M. Martin Posno a été déclaré en
faillite, avec M. Bernard pour syndic.
A la suite de ces incidents, divers procès
se sont engagés entre le syndic, les créan-
ciers, M. Eugène Martin et d'autres inté-
ressés.
Ces procès viennent d'être provisoire-
ment terminés par un jugement du tribu
nal de commerce de la Seine qui autorise
M. Bernard, syndic de la faillite Martin
Posno, à prendre possession de la tour en
diamants, même manu militarn, et à la
faire vendre aux enchères publiques, pour
le prix de cette vente, déduction faite
des frais et accessoires, être déposé à la
Caisse des dépôts et consignations au
compte de la faillite Martin Posno et Cie.
Décidément les tours Eiffel n'ont pas de
chance, car il est à craindre que l'original.
absolument délaissé du public, ne subisse
quelque jour un sort pareil.
UN ÉVÊQUE ENNUYÉ
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIBB)
Bayonne, 27 janvier.
La position de M. Jauffret, évêque da,
Bayonne, n'est plus tenable. La résistallc
qu'il a opposée au désir du pape dans l'af-
faire des traitements ecclésiastiques, af-
faire qui a amené la révocation de M. Pujo!
supérieur de Saint-Louis-des-Français, a
déchaîné les haines de son clergé.
Une pétition va circuler pour offrir à
M. Pujol un calice en or.
L'évêque est décidé à interdire les prêtres
qui se livreraient à de semblables mani-
festations contre sa personne ; il ne sup-
portera même pas que M. Piijol, qui a l'in-
tention de séjourner à Bayonne, soutienne
par ses paroles ou ses écrits les prêtres ré-
voltés.
Attendons-nous à voir rééditer à Bayonne
les scènes qui eurent lieu entre M. Bellot
des Minières, évêque de Poitiers, et M. Gay,
ancien coadjuteur de son prédécesseur.
On sait que les pouvoirs épiscopaux furent
retirés à ce dernier dans toute l'étendue du
diocèse.
Un incident plus grave peut arriver. L'é-
vêque de Bayonne, ami de M. Etienne, a la
promesse du premier archevêché vacant,
et nous savons que sa nomination ne sera
jamais ratifiée à Rome.
Plusieurs évêques se trouvent dans la
situation de M. Jauffret par suite de leurs
idées républicaines. Puisque nous parlons
de Poitiers, nous n'aurons qu'à citer l'é-
vêque de cette ville, M. Juteau, qui, mis en
quarantaine par ses curés, ne quitta pas
l'évêché.
Pour peu que cela continue, nous assiste-
rons aux luttes de la Révolution entre un eu
partie du clergé et les évêques asser-
mcDté., .., -. ,-
JOURNAL RÉPUBLICAIN
RÉDACTION
f
e4E3p Rue Montmartre
PARIS
I Ff»mS0R POLITIQUE
A. - EDOUARD PORTALIS
m DE L'ABONNE SERT :
'arla. TN»mm, 61.: fan*, 11L; Boa, 301,
Départements — 71.; — 12 r.; — 24 C
tokion Postale — 9 f.; — 16 L; — 321
AN abonnement» partent deal-et 15 de ehoqoe mtoitk
AdrMM télégraphique : XIX* SIÈCLE — PilB
Téléphone : 20.389 bis.
ADMINISTRATION
£ 43, Rue Moixtmsirtr9
PARIS
IIIIISEURS D'ANNONCES
HM. LAGRANGE, CERF et O*
0» pktOê é$ta Bomrto, 9 t
Pli et L'ABONNEHERT :
Paris MiMII, 6I4 lit; SOL
Départements — 7L; — 121; — 24 L
Uaion Postale — 9 t.; — 16 L; — S2U
Lm abonnemeni» pariant de» 110 et 15 de chaque moto
âiwwi téMgnphiqgt : XTX« auatLE « F ASUS
Téléphone : ao.289 bit. *
« THERMIDOR »
feux qui, après réflexion, sur l'ob-
jurgation de certains journaux, se
sont mis à la deuxième représentation
à siffler Thermidor, ont obtenu par
leurs sifflets que les représentations
de la pièce de M. Sardou soient sus-
pendues. Ils doivent être satisfaits.
Ceux qui avaient le désir d'entendre
M. Coquelin dans le rôle de Labus-
sière le seront évidemment beaucoup
moins.
Quand j'ai assisté à la première
représentation de ce drame, j'étais
loin de m'attendre à tout ce bruit.
Contrairement à l'opinion de mon
collaborateur Henry Fouquier, cette
pièce m'avait paru surtout ennuyeuse.
C'est une série de tirades renouvelées
de Taine et aussi de Camille Des-
moulins qu'on n'éprouvait guère le
besoin d'entendre réciter sur la scène
de la Comédie-Française. L'interpré-
tation elle-même m'a paru terne.
Comme l'a très bien dit Sarcey, dans
le Temps, Coquelin, malgré tout son
talent, n'a pas créé un type en créant
le rôle de Labussière.
A cette première représentation,
j'ai bien vu qu'on applaudissait à des
intervalles éloignés après de longues
périodes d'inattention, mais je n'ai vu
personne rire et personne pleurer. Or,
une pièce où on ne rit ni ne pleure et
qui dure depuis huit heures un quart
jusqu'à près de minuit n'a jamais,
que je sache, attiré beaucoup la
foule.
Je suis donc persuadé que si on
avait laissé Thermidor tranquille, l'in-
succès se serait dessiné dès la troi-
sième ou la quatrième représentation,
c'est-à-dire dès le jour où les acteurs
se seraient trouvés en face du vrai pu-
blic, et la pièce n'aurait pas tardé à
disparaître d'elle même de Vafliche
sans l'intervention des ministres.
Mais les siffleurs ne l'entendaient
pas ainsi. Ils voulaient que Thermidor
cessât immédiatement d'être repré-
senté au Théâtre - Français, théâtre
subventionné, non parce qu'ils trou-
vaient la pièce mauvaise, mais parce
qu'elle scandalisait leur foi révolu-
tionnaire.
Pour cette école, il n'est pas permis
de distinguer entre la Révolution et
certains révolutionnaires. Il faut tout
admirer, hommes et choses, dans cette
période de notre histoire. C'est en
vertu de cette théorie, qui nous parais-
sait avoir fait son temps, qu'on de-
mandait autrefois non seulement
l'interdiction du Vieux Cordelier,
comme on demande aujourd'hui
l'interdiction de Thermidor, mais aussi
la suppression de son auteur, le héros
du 1A Juillet, Camille Desmoulins, qui
— c'est une justice à lui rendre — en
a dit bien plus que n'en dira jamais M.
Sardou sur le Comité de salut pub icet
sur les pourvoyeurs de la justice ré-
volutionnaire. Il faut voir comme il
traite cet Héron dont il est si souvent
question dans Thermidor.
Il l'accuse de « faire avec la Terreur
ce que Cartouche faisait sur les grands
chemins avec un bon pistolet. » Il le
traite de « ci-devant corsaire et écu-
meur de mer, devenu écumeur de pa-
vés et grand entrepreneur d'arresta-
tions et d'élargissements à prix d'ar-
gent. » Il affirme « qu'il a gagné en
six mois plu» d'un million en désignant
et montrant au doigt les suspects. »
Et Hébert ! n'est-il pas accusé éga-
lement par Camille Desmoulins, dans
le même Vieux Cordelier, d'avoir volé
la nation en se faisant remettre, pour
l'impression de son Père Duchesne,
60,000 livres, ce qu'il appelait « la
braise nécessaire pour chauffer son
fourneau ! »
Comment, d'ailleurs, parler de la
Terreur sans mentionner les abomi-
nables accusations que les terroristes
ont successivement portées les uns
contre les autres avant de s'envoyer
réciproquement « éternuer dans le
panier », selon l'affreuse expression
qu'Hébert avait inventée et que le
peuple avait faite sienne?
Il est une autre école qui a toujours
soutenu qu'on pouvait être un pur ré-
publicain et glorifier la Révolution
sans se pâmer d'admiration devant la
Terreur. Tous les grands résultats
de la Révolution, disent-ils, l'égalité
devant l'impôt ou du moins ce qu'on
appelait ainsi, l'accession de tous aux
emplois publics, la propriété de plus
en plus divisée, la noblesse réduite à
des privilèges honorifiques, la liberté
de conscience, étaient obtenus avant la
Terreur. A quoi donc a-t-elle servi,
sinon à préparer la réaction de Ther-
midor qui, elle-même, devait être le
prélude de la dictature du Directoire
et de celle de Bonaparte?
A cela, on répond que sans la Ter-
reur la République ne serait venue à
bout ni des conspirations royalistes
ni de la coalition étrangère.
Cette question divise depuis un
siècle le uarti républicain*
Nous n'avons pas la prétention de
la trancher. Mais ce que nous affir-
mons, c'est que les hommes mis en
scène par M. Sardou ne sont pas plus
la Révolution que les ministres de la
République ne sont la République, et
qu'on peut fort bien tolérer les criti-
ques, plus ou moins fondées, contre
les uns et contre les autres, sans ces-
ser pour cela d'admirer la Révolutiou
et d'aimer la République.
A.-EDOUARD PORTALIS.
Le XIX" SIECLE publiera demain la
a Chronique », par Francisque Sarcey.
MOUVEMENTS
DE LA FLOTTE ITALIENNE
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULlBR)
Rome, 27 janvier.
On est très impressionné par les infor-
mations de la Gazette de Venise, — qui est
considérée comme l'organe du ministère de
la marine, — au sujet des armements ex-
traordinaires et des mouvements insolites
de la flotte italienne.
Ce journal dit que l'Italie se tient aujour-
d'hui plus que jamais sur le qui-vive. L'hi-
vernement imprévu de son escadre à Agosta
(Sicile) le démontre. C'est la première fois
que l'escadre italienne passe un hiver tout
entier loin des arsenaux maritimes.
Cependant cette année, après une très
longue période d'exercices d'été, tous les
navires de l'escadre auraient eu besoin des
modifications et réparations ordinaires. Or,
au contraire, il se trouve déjà dans les
eaux de la Sicile les cuirassés Dandolo, le
Casielfidardo, plusieurs croiseurs et torpil-
leurs dont la Gazette donne la liste.
Les autres navires de l'escadre perma-
nente sont déjà partis ou partiront pour se
réunir, à Agosta, aux navires ancrés
dans ce port. Plusieurs navires et torpil-
leurs sont partis avant-hier de Naples pour
cette destination.
La Gazette de Venise fait remarquer éga-
lement que le Vesuvio, qui désarme à cause
d'avaries, a été immédiatement remplacé
par le Bousan, et que l'ordre vient d'être
transmis par le ministre de la marine d'ar-
mer les deux cuirassés Maria-Pia et Affon-
datore, le bélier-torpilleur Etna et deux
canonnières. Le cuirassé Morosini, à peine
armé, a reçu l'ordre de partir pour
Agosta.
Des ordres sont donnés à l'arsenal de la
Spezzia pour que les navires qui s'y trou-
vent en réserve soient prêts à partir dans
vingt-quatre heures, et parmi eux les fa-
meux cuirassés Italia, Lépante, Duilio,
Ruggero.
Le préfet maritime a reçu l'ordre de te-
nir prêts huit torpilleurs de haute mer.
Le journal termine en disant que la proba-
bilité d'événements a motivé la constitution
d'une feemblable flotte, dans laquelle se-
raient encadrés plus de vingt navires, ce
qui laisserait supposer que leur comman-
dement ne pourra être donné qu'à l'amiral
Saint-Bon.
Qu'est-ce que cela veut dire?
SUSPICION LEGITIME
On sait la campagne vigoureuse, mais
pleine de correction, que le XIX0 Siècle,
avec tous ses confrères de la presse pari-
sienne, a menée dernièrement, non sans
succès, contre M. Touvée et contre la 9e cham-
bre correctionnelle, transformée en ma-
chine à condamner les journalistes.
On sait également que le Parlement lui-
même s'est ému des façons de faire de M.
le président de la 9e chambre et que le mi-
nistre de la justice, contrairement à tous
les précédents en la matière, s'est vu obligé,
pour donner satisfaction à la conscience
publique justement alarmée, de désavouer
à la tribune de la Chambre les magistrats
trop « fin de siècle ».
M. Toutée et les juges de la 96 chambre
ont dû, à la lecture du compte rendu des
débats du Palais-Bourbon, sentir la rou-
geur de l'humiliation leur monter au vi-
sago. Et cependant c'est devant ces ma-
gistrats, qui ont encore sur la joue le souf-
flet tout chaud de M. le garde des sceaux,
que le parquet poursuit aujourd'hui le
XIXe Siècle, sous l'inculpation de publica-
tion anticipée d'un acte d'accusation!
Est-ce vraiment à des juges que le XIXe Siè-
cle va être livré? Et peut-il attendre de M.
Toutée une justice équitable et impartiale?
Poser la question, comme on aime à dire
au Palais, c'est la résoudre.
C'est pourquoi le XIXe Siècle déposera
aujourd'hui, très respectueusement, —
comme on le fait toujours en justice, —
les conclusions suivantes sur le bureau du
tribunal :
« Plaise au tribunal :
» Attendu que l'article 378 du Code de
procédure civile, applicable, suivant une
jurisprudence constante, à la procédure
correctionnelle et criminelle, donne à tout
prévenu le droit de récuser un juge pour
l'un des motifs y énumérés;
» Que le soussigné se croit en droit d'user
de cette faculté vis-à-vis de M. Toutée,
vice-président de la 9° chambre, devant la-
quelle il est assigné;
» Qu'en effet, ainsi que l'indique M. Al-
bisson dans son exposé des motifs sur l'ar-
ticle 5A2 du code d'instruction criminelle ;
« Quelque confiance que la loi professe
» pour les tribunaux, elle doit prévoir que,
» composés d'hommes sujets à toutes les
» passions de l'humanité, ils peuvent se
» trouver dans des circonstances capables
» d'inspirer quelque défiance de l'impar-
» tialité de leurs décisions. »
» Par ces motifs,
» Dire que, pour cause de récusation lé-
gitime, M. Toutée ne siégera pas dans l'af-
faire pendante entre le parquet et M. Gueit,
gérant du XIXe Siècle. »
L'exemple du XIXe Siècle sera, nous en
sommes convaincus, suivi par nos confrères
de la presse parisienne que la malechance
conduira devant la 9e chambre de police
correctionnelle.
On évitera ainsi a M. le président Toutée
l'ennui d'être accnsé par l'opinion publique
— qui a toutes les audaces — de rendre des
sentences dictées plus par esprit de ran-
cune que par esprit d'équité, sentences que
la chambre des appels de police correction-
nelle se verrait, en fin de compte, dans
l'obligation d'infirmer. Le prestige de IR
justice pourrait avoir à souffrir d'mfirma-
tion £ trop rcpM»u*-
CHEZ M. SARDOU
LA SUSPENSION DE « THERMIDOR »
Le rôle de M. Deibler. — Les regrets de
M. Clémenceau. — Les siffleurs et
l'histoire. — L'éreintement de la
Terreur.
Nous faisons connaitre d'autre part l'état
de la question Thermidor. Il nous parait
intéressant d'indiquer l'état d'âme de M.
Sardou, que nous avons eu la bonne for-
tune de rencontrer peu d'instants après
qu'il avait appris la décision du gouverne-
ment.
Nous nous attendions à trouver un aca-
démicien nerveux, nous voyons un homme
presque calme.
— Vous venez m'interviewer sur Thermi-
dor, nous dit-il ; je n'en sais pas plus long
que vous, je n'ai vu aucun personnage of-
ficiel, et je viens d'être mis au courant de
la mesure notifiée à Claretie, verbalement
si je ne me trompe : « Les représentations
de Thermidor sont suspendues par mesure
d'ordre public, en dehors de toute autre
considération. »
L'ordre public ! c'est exquis, alors que la
tranquillité de la rue n'a pas été troublée
un instant et que le public, sans aucune
intervention de l'autorité, a fait lui-même
la police de la salle en jetant à la porte une
quinzaine de siffleurs.
Puisque vous avez assisté à la représen-
tation, vous avez pu constater que la saile
était réellement pour moi. M. Clémenceau,
d'ailleurs, qui sifflait avec une maestria
favorisée, sinon inspirée par « l'inexpulsa-
bilité » parlementaire, l'a lui-même re-
connu en s'écriant à l'orchestre : « Ce soir,
nous ne sommes pas en nombre,mais nous
reviendrons. »
Quant aux étudiants, on avait annoncé
leur manifestation, tout bonnement pour
leur donner l'idée d'en faire une. Leur
lettre à Claretie le prouve d'une façon pé-
remptoire.
cc L'Association générale des étudiants,
dit cette lettre, assure la Comédie-Fran-
çaise qu'elle n'est pour rien dans la mani-
festation regrettable d'hier soir. »
L'esprit de la pièce
Du reste, continue notre interlocuteur,
laissons de côté la représentation d'hier et
ne nous occupons que de la pièce.
On la prétend réactionnaire; on m'accuse
d'avoir conspué la Révolution et bavé sur
la République. Quelle insanité !
Ma pièce est foncièrement républicaine.
C'est une protestation en faveur de 89
contre 93; elle peut se résumer en deux
mots : Vive la République ! A bas la Ter-
reur!
J'avais cru rendre ua service aux répu-
blicains en les dégageant du cauchemar de
la Terreur, car j'estime que si les gens
qui invoquent chaque jour 89 et les im-
mortels principes avaient eu l'esprit de
répudier toute solidarité avec les fous de
93, la France entière serait aujourd'hui ré-
publicaine.
Il paraît que j'ai eu tort et que j'aurais
dû crier : Vive la Terreur! Eh bien, cela,
jamais."
Peu à peu, le dramaturge s'est animé. Il
se promène à grands pas; la voix devient
mordante, et sa tonalité forme un con-
traste amusant avec la silhouette moyen-
âgeuse de ce petit homme coiffé d'une toque
de velours qui, au milieu d'un cabinet ten-
du de tapisseries sévères et où il y a plus
de rideaux que de fenêtres, évoque en nous
la figure de Louis XI.
Les passages sifflé s
— Comment expliquez-vous ce qui ar-
rive ?
— La bêtise ne s'explique pas. Un auteur
dramatique doit toujours hésiter à pronon-
cer le mot de cabale lorsqu'il se trouve
personnellement en cause : je me bornerai
donc à vous donner un ou deux exemples
de la bonne foi de mes adversaires.
Un journal de ce matin raconte qu'on a
sifflé lorsque Coquelin dit : «Tous les répu-
blicains ont les mains sales. » Or, aucune
phrase semblable n'existe et ne pouvait
exister dans ma pièce.
Par contre, M. Lissagaray a sifflé, sans le
savoir, je l'espère pour lui, des phrases
textuelles de Camille Desmoulins. Et d'au-
tres ont vociféré en entendant cette phrase:
« La Convention se bat contre la guillo-
tine ». Je m'attendais bien à ce que cette
bataille ne fût pas absolument du goût de
tout le monde. Un homme, en effet, avait
le droit de la trouver mauvaise : M. Dei-
bler. Mais ce n'est pas lui qui a protesté.
Enfin, -on me reproche d'attaquer le Co-
mité de salut public. C'est un comble ! Je
soutiens ce comité dans sa lutte contre Ro-
bespierre ; impossible de prétendre le con-
traire. Et les personnages sympathiques de
ma pièce, Labussière et Martial, sont es-
sentiellement dantonistes.On voudrait donc
que je donne r. ison à Robespierre et à ses
cinqacolytes.Conséquence : du moment que
Robespierre passe pour une victime, tous
les membres de la Convention qui ont lutté
contre lui doivent être considérés comme
d'affreux coquins. Que voulez-vous répon-
dre à de pareilles folies !
- Que comptez-vous faire?
- Rien pour le moment.Ce n'est pas à moi
de protester et je vois avec plaisir que M.
Henry Fouquier doit interpeller le gouver-
nement qui, pour éviter ce débat, rappor-
tera peut-être une décision qu'il avait prise
pour s'épargner l'interpellation, en sens
contraire, de M. Pichon. La politique est si
drôle.
En attendant, je laisse les honnêtes gens
juges de la question. L'empire a laissé
jouer Patrie, qui n'avait rien d'agréable
pour les Tuileries, puisque je mettais en
scène le duc d'Albe, dont le descendant
était beau-frère de l'impératrice. Il a éga-
lement autorisé Séraphme. J'ai pu alors
crier sur la scène : « Vive la Convention ! »
Aujourd'hui, la République me le défend,
c'.est triste à constater.Tous les journalistes
anglais ou américains que j'ai vus ce matin
me l'ont dit.
— Est-il vrai que vous songiez à émigrer
à la Porte-Saint-Martin ?
— Nullement. Ma pièce a été acceptée par
M. Claretie, par Coquelin, deux hommes
dont les sentiments républicains ne sau-
raient être mis en doute. Elle a été trouvée
républicaine par le ministre, qui l'a lue
lui-même avant la mise en répétition, elle
a été jouée à la Comédie-Française, je ne
la porterai pas ailleurs.
L'avis de M. Alexandre Dumas
Au moment où nous quittons M. Sardou,
1 nous nous croisons avec M. le baron Lc-
couteux et M. Alexandre Dumas. 'ne vient
Le premier nous- assure CUL'À* ne vient
pas pour réclamer contre l'usage qui a été
fait de son nom en faveur de l'héroïne de
Thermidor. Le second, pressé de nous dire
son opinion, nous répond en souriant :
— Ça me rajeunit. Je vais rêver cette
nuit que nous sommes en 1851.
C'est l'année où M. Dumas 'eut maille à
partir avec le gouvernement existant pour
la représentation de la Dame aux Camé-
lias, qui fut autorisée seulement en 1852,
après avoir été d'abord interdite.
Comme on voit, c'est le contraire de ce
qui arrive pour Thermidor, approuvé
avant d'avoir été suspendu.
THERMIDOR,, A LA CHAMBRE
La journée d'hier a été toute à Thermi-
dor.
A la Chambre, on ne s'occupait que des
incidents de la veille. On savait que M. Pi-
chon allait déposer une demande d'inter-
pellation, et l'animation était des plus vives
dans les couloirs.
A deux heures, M. Pichon entra dans le
salon de la Paix. « Parfaitement, répond-il
aux nombreux amis qui l'entourent, j'inter-
pelle, c'est décidé. Auparavant, je tiens à
causer avec M. Bourgeois. »
— Eh bien, moi, réplique M. Reinach, je
suis décidé à porter à la tribune la thèse
contraire, et je défendrai la théorie de la
liberté absolue en matière de représenta-
tions dramatiques.
Le bruit se répand tout à coup que le
gouvernement venait de suspendre, par
mesure d'ordre public, les représentations
de Thermidor.
Cette nouvelle était confirmée quelques
instants après.
En effet, M. Constans faisait venir auprès
de lui M. Lozé pour se renseigner sur les
incidents de lundi. A deux heures, une
conférence eut lieu au ministère de l'inté-
rieur à laquelle assistaient MM. de Freyci-
net, Constans, Bourgeois, Lozé et Larrou-
met. A la suite de cette conférence, les re-
présentations de Thermidor étaient sus-
pendues.
Par suite, M. Pichon, recevant satisfac-
tion, abandonnait son idée d'interpella-
tion.
Mais alors M. Reinach annnonçait qu'il in-
terpellait, et voici la formule qu'il a si-
gnée, d'accord avec MM. Henry Fouquier
et Francis Charmes :
« Nous demandons à interpeller le gou-
vernement sur les mesurés qu'il compte
prendre pour assurer à la fois l'ordre pu-
blic et la liberté de l'art dramatique. »
La date du débat de cette interpellation
sera fixée jeudi par la Chambre. On pré-
voit que la discussion immédiate sera or-
donnée.
Prendront part au débat : MM. Fouquier,
Reinach, Emmanuel Arène, Dionys Ordi-
naire, Leygues, Maurice Barrès, Pichon, et
peut-être même M. Clémenceau.
Ajoutons qu'il était question, dans les
couloirs, du remplacementdeM.Larroumet,
dont la responsabilité en cette affaire est
gravement engagée. On parle aussi de la dé-
mission de M. Jules Claretie.
Robespierre ferait-il encore des victimes?
1 AU THÉATRE-FRANÇAIS
M. Bourgeois, ministre de l'instruction
publique et des beaux-arts, est venu lui-
même annoncer à M. Claretie, vers deux
heures, que l'interdiction de Thermidor
venait d'être décidée en conseil des minis-
venait
tres, après que l'avis de M. Lozé eut été
pris.
Il a déclaré à l'administrateur de la Comé-
die que la crainte de troubles dans la rue
était la seule raison de cette interdic-
tion.
M. Sardou était présent à l'entretien ; il
manifesta au ministre tout l'étonnement
que lui causait la décision dont il venait de
faire part.
Aussitôt on a remplacé sur les affiches le
spectacle annoncé par Tartuffe et le Dépit
amoureux.
A huit heures, une forte escouade d'agents
est venue se placer autour du théâtre; déjà,
des groupes nombreux, ignorant la mesure
prise dans l'après-midi, s'apprêtaient à sif-
fler les abonnés du mardi. On les empêche
de stationner plus longtemps. Ils se disper-
sèrent de fort bonne grâce, mais pendant
que le calme renaissait dans la rue, l'orage
éclatait dans la salle.
Dès le lever du rideau, les abonnés se
mirent à siffler avec vigueur, réclamant à
grands cris : Thermidor! Thermidor!.
Coquelin cadet, semainier, vint alors
dire que la pièce était interdite, le
public devrait se contenter des œuvres an-
noncées au nouveau programme, puis il se
retira.
Le tapage reprit alors de plus belle; qua-
tre fois le rideau se releva, quatre fois,
Coquelin, très calme, essaya de se faire
écouter des spectateurs ; à la cinquième,
vers neuf heures, il leur annonça que le
spectacle n'aurait pas lieu, que l'argent al-
lait être rendu, et que le joùr d'abonne-
ment ne serait pas compté aux abonnés.
Le public s'écoula alors avec le plus
grand calme.
Coquelin ainé est furieux de la décision
prise. Il déclarait hier que la pièce de M.
Sardou serait jouée ailleurs et qu'il irait
l'interpréter à l'Ambigu, à la Porte-Saint-
Martin ou aux Bouffes-du-Nord s'il le fal-
lait.
— Je démissionnerai, disait-il, pour sui-
vre Thermidor où il ira.
Les autres interprètes de la pièce ont été
plus réservés.
Nous croyons savoir que, pour le motif
d'ordre indiqué plus haut, la représenta-
tion de Thermidor sera interdite partout à
Paris.
DÉMISSION DES SOCIÉTAIRES
Le bruit court que les sociétaires de la
Comédie-Française ont décidé, hier soir, de
donner leur démission en masse. Cette dé-
mission collective serait envoyée aujour-
d'hui à M. Claretie.
L'AFFAIRE SANTINI
M. Atthaliu, juge d'instruction, a terminé
son enquête au sujet de l'affaire de Lasai-
gne et remis dans l'après-midi d'hier au
parquet le dossier établissant la part de
responsabilité de chacun des inculpés, de
l'ancien commissaire de police Santini, du
docteur Bergeron et de la dame Delmont.
C'est M. Grandeau, substitut, qui est
chargé Aie rédiger le rapuort concluant
dans cetfe curlfeuae affaire.' • - ■ - ,-.
| LA VIEDEP ARIS
Voici que Thermidor devient une af-
faire d'Etat. A la fin du compte rendu de
la première, nous avions signalé un peu
de résistance du public, mais seulement
au quatrième acte. Cette résistance pa-
raissait uniquement due à des opinions
artistiques. Quelques-uns estimaient que
la mise en scène était développée au dé-
triment de l'action, et que cette mise en
scène était plutôt l'affaire d'un théâtre
de mélodrame que de la sévère Comédie-
Française, qui n'est pas si sévère que ça
quand elle joue des vaudevilles dignes
du Palais-Royal. On pouvait discuter là-
dessus. Mais voici que la politique s'est
mise de la partie et quand la politique
s'en mêle, on ne discute plus : on mani-
feste. C'est ce qui est arrivé lundi. Il y eut
un beau tapage. Les deux derniers actes
ont été joués au milieu d'un fort tu-
multe. On a jeté des sous sur la scène à
M. Marais, qui les a ramassés et les a mis
dans sa poche, ce qui est d'un philo-
sophe. Tout ceci, parce que Robespierre
est maltraité par M. Sardou, ce qui a fait
penser à quelques-uns que la pièce était
réactionnaire et qu'on y attaquait la Ré-
publique.
Pour moi, je pense tout le contraire.
La liberté de la politique, de la religion
et de l'athéisme sont nécessaires à un
régime républicain. Robespierre tra-
vailla, dictateur à sa façon, à détruire
ces trois libertés. Je ne suis pas fâché
qu'on le dise et je ne trouve pas plus
réactionnaire le Thermidor de M. Sar-
dou que la Charlotte Corday de M. Pon-
sard, écrite dans un esprit très analogue
et qui fut fort applaudie sur ce même
Théâtre-Français en 18A8. Quoi qu'il en
soit, voici que le débat a été porté devant
les Chambres, échappant au chroniqueur.
Ce débat, en tout cas, a ceci de bon qu'il
a mis sur le tapis la question de l'orga-
nisation de la Comédie, qui me paraît
décidément bien contestable.
L'aventure de Thermidor m'a remis en
mémoire les grands tapages parisiens au
théâtre, tapages auxquels j'ai assisté et
dont — je l'avoue avec quelque remords
— je fus, parfois, pars magna. Le pre-
mier en date fut l'affaire de Gaëtana.
Ce pauvre drame de Gaëtana, ceux qui
l'ont vu ne s'en souviennent guère et je
doute qu'on l'ait beaucoup lu et relu.
C'était un assez mauvais mélodrame, entre
nous. About, au théâtre comme parfois
ailleurs, croyait qu'on s'en tire toujours
avec de l'esprit. Ce n'est pas le cas, au
théâtre au moins. Il faut une pièce avant
tout, une action acceptée par le publie,et
la sauce ne fait as toujours passer le
poisson. Mais les défauts ou les faiblesses
de la pièce ne la perdirent pas plus que
ses mérites ne purent la défendre. About,
à cette époque, était dans tout l'éclat de
son talent, étincelant mais fort agressif.
Il publiait les Lettres d'un bon jeune
homme et ce « bon jeune homme » était
délicieusement méchant! En un an, il
s'était collectionné une belle ribambelle
d'ennemis.
De plus About, qui, malgré ses impru-
dences célèbres d'enfant terrible, avait
toujours été très gouvernemental, pas-
sait pour fort bien en cour. Ceci suffit
pour déchaîner « le lion du quartier La-
tin » qui, selon une chanson qui courait
alors, « voulait manger du Bonaparte ».
Le tumulte fut sauvage et commença de-
vant que les chandelles fussent allumées.
About eut beau se rebiffer. Il fallut cé-
der devant l'orage.
Puis vint Henriette Maréchal, à la Co-
médie-Française. Les motifs qui animè-
rent la cabale furent les mêmes que oour
Gaëtana. MM. de Goncourt étaient des fa-
miliers de la princesse Mathilde, des fa-
miliers dont l'un prenait des notes, peut-
être trop. La princesse, qui fut toujours
une bien aimable femme et fort dévouée
à ses amis, — je puis bien le dire, ne lui
ayant jamais parlé, en toute liberté —
avait, disait-on, beaucoup fait pour que
la comédie fût jouée au Théâtre-Français.
Ceci fut encore une raison suffisante
pour que la représentation tournât à la
bataille. Et la bataille fut chaude ! Les
troupes assaillantes étaient menées par ce
pauvre Cavalier, dit Pipe-en-Bois, qui est
devenu une façon de personnage histo-
rique pour avoir été très aimable avec
un ambassadeur, un jour qu'il faisait
chaud et qu'on « crevait de soif". Pipe-
en-Bois, d'ailleurs, était un brave garçon.
Et ce qu'il y eut de piquant dans son
cas, c'est qu'en somme lui et les jeunes
gens qui marchaient avec lui étaient des
avancés en littérature et eussent fort ap-
plaudi, n'était la politique, les hardiesses
réalistes et « théâtre-libre » de la scène
du bal masqué.
J'ai vu encore, au Vaudeville, une au-
tre pièce fort « chahutée". Le titre m'é-
chappe. Mais je me souviens qu'elle était
d'Hugelmann, faisant, à propos de la
campagne d'Italie, un grand éloge de Na-
poléon III et de la politique impériale. Il y
avait un couplet sur les aigles qui fut
interrompu par une voix éclatante. C'é-
tait la voix de Gambetta. Le même Gam-
betta, à la représentation de Rabagas, à
laquelle l'anicroche arrivée à Thermidor
va faire songer, riait à ventre déboutonné
et applaudissait. Car il avait bien de l'es-
prit, et on raconte que, rencontrant Sar-
dou, il ne manqua pas de lui dire : « Ah !
mon cher Sardou, que vous avez donc été
dur pour ce pauvre Olivier.
Maintenant, quoique Thermidor m'é-
chappe en devenant matière à inter-
pellation, je voudrais en dire encore un
mot, pour noter une des curiosités de
l'œuvre et réparer, non pas un oubli,
mais une omission imposée par la hâte
d'un compte rendu fait au sortir du
théâtre. Cette curiosité de la représenta-
tion de Thermidor, c'est te grand nomfcre
d acteurs qu'elle a mis en mouvement et
cette perfection de figuration qui a de-
mandé à des artistes connus un dévoue-
ment dont il faut leur tenir compte. On
ne saurait les citer tous, car ils sont vingt-
huit ou trente. Mais on peut nommer M.
Boucher, qui a accepté un rôle de , dix
lignes, M. Leloir, qui en a fait de même..
M. Coquelin fils, qui n'a qu'une scène,,
Mme Ancel, qui a donné une jolie,
silhouette de femme du peuple, et sur:
tout Mlle Lynnès, charmante en lavan-
dière, ayant une bonne grâce dans lat
violence même qui sauve ce que le perW
sonnage de la tricoteuse a de déplaisant;,
et justifiant par sa beauté l'heureux La-
bussière qui la calme avec un compliment
bien tourné sur ses beaux bras. Tout ceci
a constitué un ensemble très intéressant
pour la pièce, qui sera rejouée ou non —
selon ce que la Chambre en décidera.
Henry Fouquier.
LE GÉNÉRAL FÉVRIER
M. le général Février, grand-chancelier
de la Légion d'honneur, est atteint d'una
bronchite qui l'oblige à garder la cham-
bre.
Il devait assister hier au mariage de Mlla
Gibon, fille adoptive du général Lacre-
telle, avec le lieutenant d'infanterie de ma-.
rine Lacretelle, neveu du général ; il a fait?
savoir la veille qu'il ne pouvait, à songrancT
regret, assister à la cérémonie.
Toutefois, son état de santé n'inspira
aucune inquiétude.
UNE BROCHURE A SENSATION
SUR LA TRIPLE ALLIANCE
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULlsa)
Rome, 97 janvier.
Je viens de lire l'opuscule du marquis
d'Alfieri, L'Italie se ravise, qui est destiné
faire sensation.
L'ancien ministre examine l situatio
actuelle par rapport à la triple alliance et
soutient qu'elle a été le résultat d'une illu-
sion.
La France républicaine n'aurait jamais
songé à répéter l'expédition de Rome.
Il loue Manpini d'avoir maintenu à l'lta-.
lie, dans la triple alliance, une situation,
modérée et pacifique, et d'avoir refusé d'in-
tervenir en Egypte. Il dit que le général de
Robilant eut l'intention de remplacer l'Au-
triche par la Russie et de satisfaire les as-
pirations nationales par ie démembrement
de la monarchie austro-hongroise.
Cette dernière assertion va soulever de
vives discussions et produire une certaine
émotion en Autriche.
LA -
TOUR EIFFEL EN DIAMANTS
Qui se souvient de la tour Eiffel en dia-
mants, qui eut son heure de célébrité il y
a dix-huit mois, mais disparut subitement
de la circulation sans qu'on sût ce qu'elle
était devenue ?
Hélas! elle gît misérablement entre les
mains d'un séquestre judiciaire.
Un sieur Martin Posno avait formé avec
M. Eugène Martin, négociant en dialllants
une société en participation ayant pour
but la reproduction de la tour Eiffel en dia-
mants.
Cette reproduction devait être exposée à
Paris et faire l'objet de tournées tant en
province qu'à l'étranger.
L'entreprise n'a point réussi. La société
en participation a été dissoute, et M. Pa-
rent nommé liquidateur avec mission da
conserver la tour en diamants en qualité
de séquestre.
Puis M. Martin Posno a été déclaré en
faillite, avec M. Bernard pour syndic.
A la suite de ces incidents, divers procès
se sont engagés entre le syndic, les créan-
ciers, M. Eugène Martin et d'autres inté-
ressés.
Ces procès viennent d'être provisoire-
ment terminés par un jugement du tribu
nal de commerce de la Seine qui autorise
M. Bernard, syndic de la faillite Martin
Posno, à prendre possession de la tour en
diamants, même manu militarn, et à la
faire vendre aux enchères publiques, pour
le prix de cette vente, déduction faite
des frais et accessoires, être déposé à la
Caisse des dépôts et consignations au
compte de la faillite Martin Posno et Cie.
Décidément les tours Eiffel n'ont pas de
chance, car il est à craindre que l'original.
absolument délaissé du public, ne subisse
quelque jour un sort pareil.
UN ÉVÊQUE ENNUYÉ
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIBB)
Bayonne, 27 janvier.
La position de M. Jauffret, évêque da,
Bayonne, n'est plus tenable. La résistallc
qu'il a opposée au désir du pape dans l'af-
faire des traitements ecclésiastiques, af-
faire qui a amené la révocation de M. Pujo!
supérieur de Saint-Louis-des-Français, a
déchaîné les haines de son clergé.
Une pétition va circuler pour offrir à
M. Pujol un calice en or.
L'évêque est décidé à interdire les prêtres
qui se livreraient à de semblables mani-
festations contre sa personne ; il ne sup-
portera même pas que M. Piijol, qui a l'in-
tention de séjourner à Bayonne, soutienne
par ses paroles ou ses écrits les prêtres ré-
voltés.
Attendons-nous à voir rééditer à Bayonne
les scènes qui eurent lieu entre M. Bellot
des Minières, évêque de Poitiers, et M. Gay,
ancien coadjuteur de son prédécesseur.
On sait que les pouvoirs épiscopaux furent
retirés à ce dernier dans toute l'étendue du
diocèse.
Un incident plus grave peut arriver. L'é-
vêque de Bayonne, ami de M. Etienne, a la
promesse du premier archevêché vacant,
et nous savons que sa nomination ne sera
jamais ratifiée à Rome.
Plusieurs évêques se trouvent dans la
situation de M. Jauffret par suite de leurs
idées républicaines. Puisque nous parlons
de Poitiers, nous n'aurons qu'à citer l'é-
vêque de cette ville, M. Juteau, qui, mis en
quarantaine par ses curés, ne quitta pas
l'évêché.
Pour peu que cela continue, nous assiste-
rons aux luttes de la Révolution entre un eu
partie du clergé et les évêques asser-
mcDté., .., -. ,-
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.68%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.68%.
- Auteurs similaires France Assemblée nationale constituante Constitution civile du clergé France Assemblée nationale constituante Constitution civile du clergé /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=dc.subject adj "France Assemblée nationale constituante Constitution civile du clergé"
-
-
Page
chiffre de pagination vue 1/4
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k7565675m/f1.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k7565675m/f1.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k7565675m/f1.image
- Mise en scène Mise en scène ×
Mise en scène
Créer facilement :
- Marque-page Marque-page https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/bookmark/ark:/12148/bpt6k7565675m/f1.image ×
Gérer son espace personnel
Ajouter ce document
Ajouter/Voir ses marque-pages
Mes sélections ()Titre - Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k7565675m
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k7565675m
- Signalement d'anomalie Signalement d'anomalie https://sindbadbnf.libanswers.com/widget_standalone.php?la_widget_id=7142
- Aide Aide https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/aide/ark:/12148/bpt6k7565675m/f1.image × Aide
Facebook
Twitter
Pinterest