Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1891-01-27
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Description : 27 janvier 1891 27 janvier 1891
Description : 1891/01/27 (A21,N6952). 1891/01/27 (A21,N6952).
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 29/04/2013
Vingt-et-uniime ana": - N- 6,95t CINQ CôIltUIlôS - Paris et Département» - ClïTQ CentiD:J:es'" MARDI a? JANVIER 1891
JOURNAL RÉPUBLICAIN
1 RÉDACTION
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fWfCVKBR POLITIQUE
41. m EDOUARD PORTALIS
PRIX DE L'ABQNREBEIIT :
Paris. IMinh» 61.; SàM», lit; 9em, 3D\
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A L'AUDIENCE
Tout finit par des chansons, disait
Figaro au siècle dernier, — ou par
des circulaires, pourrait-on aj outer à
notre époque où le rond-de-cuir est
roi.
On n'a pas perdu le souvenir de la
campagne de presse provoquée par
certains incidents judiciaires dont la
cour d'assises, puis le tribunal correc-
tionnel avaient été le théâtre. Ses der-
niers échos sont venus expirer à la
tribune de la Chambre où, à deux re-
prises, le ministre de la justice a été
appelé à s'expliquer sur la question.
Il l'a fait en termes généralement
approuvés. Qui ne l'aurait applaudi
lorsqu'il disait ,
« La franchise et la loyauté doivent
avant tout présider à la discussion
judiciaire, en matière correctionnelle
ou criminélle.
M Personne n'a le droit d'oublier
que jusqu'au moment de la condam-
nation une présomption couvre la
personne accusée ou prévenue : c'est
la présomption d'innocence.
» Le magistrat qui ne respecterait
pas ces principes d'ordre naturel et
non pas simplement d'ordre positif
manquerait au premier, au plus élé-
mentaire de tous les devoirs de sa
profession. »
Ou encore lorsqu'il affirmait que
o-i l'enceinte de la justice ne doit avoir
à aucun degré les apparences d'une
salle où se donne un spectacle pu-
blic M, et qu'en conséquence de ce
sage principe l'entrée de l'enceinte
privilégiée de la cour d'assises serait
dorénavant refusée à quiconque n'y
serait point appelé par ses fonc-
tions.
Nous sommes bien persuadé que ces
déclarations ne sont pas de simples
propos de circonstance. Des instruc-
tions en ce sens, n'en doutez pas, se-
ront, si ce n'est déjà fait, adressées
aux chefs des parquets.
MM. les procureurs généraux et de
la République recevront, avec le res-
pect qu'elle mérite, la circulaire
n° 999,998. Et tout rentrera dans le
calme et la paix qui doivent entou-
rer les asiles où dame Justice rend ses
arrêts, jusqu'au jour, dont la date
seule reste incertaine; où un nouvel
incident provoquera une nouvelle
campagne qui aboutira à une nou-
velle circulaire.
Un député, M. Martineau, a pensé
qu'il vaudrait mieux peut-être essayer
de guérir par l'application d'un re-
mède radical un mal toujours renais-
sant, que de poursuivre plus long-
temps cette ridicule promenade en
rond autour des circulaires ministé-
rielles. Il s'est préoccupé du danger
qu'offrent pour l'inculpé les disposi-
tions du Code d'instruction crimi-
nelle qui, tant aux assises qu'au tri-
bunal correctionnel, contient au pré-
sident le soin de l'interroger. Aussi
propose-t-il, s'inspirant de la législa-
tion anglaise, de ne laisser à ce ma-
gistrat que la direction des débats.
Les questions seront, sous son con-
trôle, posées directement par le re-
présentant du ministère public et par
le défenseur, tant au prévenu ou à
l'accusé qu'aux témoins. La proposi-
tion de loi est hardie. Elle est, à coup
sûr, intéressante.
On a bien souvent dénoncé, pour la
réprouver, la partialité flagrante des
présidents de cour d'assises qui se
font les auxiliaires de l'accusation
contre la défense qu'ils entravent.
C'est dans le but de modérer des excès
bien souvent signalés qu'on a sup-
primé le résumé du président. Ré-
forme excellente, insuffisante pour-
tant : on a pu dans plus d'une cir-
constance s'en apercevoir.
Notez que l'abus, ici comme en
beaucoup d'autres cas, est imputable
bien moins aux hommes qu'aux insti-
tutions. Le président d'assises ne peut
pas, comme les membres du jury,
former sa conviction d'après les seuls
débats de l'audience, aux lumières
qu'y apportent l'accusation et la dé-
fense. Précisément parce que la loi le
charge de mener l'interrogatoire de
l'accusé qui eSt, si l'on excepte la lec-
ture de l'acte d'accusation, le premier
et à coup sûr le plus grave élément
de la procédure publique, il faut qu'il
ait d'avance étudié le dossier. Il se
sera formé une conviction. Quelque
volonté d'impartialité qu'il apporte à
l'audience, il sera bien fort s'il ne
laisse transparaître son opinion.
Ainsi l'accusé se trouve avoir contre
lui deux adversaires au lieu d'un.
Il est vrai qu'en cour d'assises ce
magistrat n'est appelé qu'à se pro-
noncer sur l'étendue de la peine qu'il
convient d'appliquer. Le jury est maî-
tre souverain de déclarer l'innocence
Ou la culpabilité.
Mais au tribunal correctionnel, le
président est appelé a trancher toutes
les digestions. S'il monte à son siège
avec une conviction déjà faite, l'in-
terrogatoire s'en ressentira forcément
et les débats publics perdent dès lors
beaucoup de leur utilité au point de
vue de la démonstration de la vé-
rité.
N'est-il pas plus simple, plus logi-
que, plus juste, de laisser le président
comme ses deux assesseurs en dehors
du combat qui s'engage sous leurs
yeux, dont la liberté et l'honneur d'un
homme sont le prix? Les juges n'en
seront que plus à l'aise pour se dé-
cider en toute sécurité de cons -
cience.
Que le système anglais offre des
inconvénients, nous n'en doutons pas.
Mais nous croyons que, tout compte
fait, il offre plus de garanties que le
nôtre à l'équitable administration de
la justice.
A. Millerand
Le XIXe SISCLS publiera demain la
« Chronique *, par M. Paul Ginisty.
ÉLECTIONS SÉMATORIALES
Les collèges sénatoriaux du Calvados, de
l'Eure et de Seine-et-Marne sont convoqués
pour le 15 mars prochain à l'effet d'élire
chacun un sénateur : le premier, en rem-
placement de M. de Saint-Pierre, décédé;
le second, en remplacement de M. le géné-
ral Lecointe, décédé ; le troisième en rem-
placement de M. Foucher de Careil, dé-
cédé.
DÉLÉGATION RÉPUBLICAINE
CHEZ M. GOBLET
La réunion des Gobelins
Une délégation des comités républicains
socialistes du 136 arrondissement, lre cir-
conscription, s'est présentée hier matin
chez M. René Goblet ; elle s'était fait précé-
der de cette lettre t,
Paris, le SA janvier 1891.
A M. René Goblet, à Paris.
Monsieur,
j'ai l'honneur de vous informer, comme j'en
ai été chargé, qu'une délégation se rendra chez
vous demain dimanche dans la matinée, pour
vous présenter les excuses qui vous sont dues
par suite de la conduite scandaleuse d'une
centaine de mauvais citoyens à la réunion que
nous vous avions prié de présider au théâtre
des Gobelins, le 16 janvier dernier, nous fai-
sant en outre, en cela, l'écho de la réproba-
tion générale soulevée par des faits ne pou-
vant être prévus et aui sont un outrage à la
dignité de la République.
Vous n'en restez pas moins pour nous et
pour une notable partie des Français le cham-
pion sympathique et autorisé de la Répu-
blique libérale et progressive — que nous n'a-
vons pas, quoi qu'en puissent penser et dire
vos adversaires systématiques ou autres.
Je vous présente, Monsieur, avec mes civi-
lités les plus empressées, l'assurance de mon
dévouement.
L. MALLEBAV,
123, Boulevard de l'Hôpital.
M. Goblet a remercié les délégués de
leur démarche. Ce qui a fait surtout la
gravité de l'incident, a-t-il fait remarquer,
c'est qu'il s'agissait d'une réunion organi-
sée avec le concours du député de la cir-
conscription, de plus de quarante de ses
collègues et d'un grand nombre de conseil-
lers généraux et municipaux. Il semblait
que dans ces circonstances la violation du
droit de réunion dût soulever une répro-
bation unanime.
Quant à lui personnellement, M. Goblet
a ajouté qu'il ne se sentait nullement at-
teint et qu'il n'en restait pas moins entière-
ment dévoué à la démocratie et à la li-
berté.
PROCLAMATION A Ui1 RÉGIMENT
ALLEMAND
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Mayence, 25 janvier.
Le grand duc de Hesse-Darmstardt a
adressé au 118° régiment d'infanterie, qui
est en garnison ici, à l'occasion du centième
anniversaire de la création de ce corps de
troupes, un ordre du jour qui se termine
ainsi :
« En mémoire du grand et glorieux
passé du régiment, j'adjure, en ce jour,
chacun de vous, lorsque l'empereur, votre
chef de guerre, l'appellera à imiter nos pa-
res, les héros d'Espagne et de la Loire, d'é-
voir toujours devant les yeux la vieille da-
vise hessoise de nos drapeaux ;'i"-Dieu,
Honneur, Patrie ! >?
LE TESTAMENT DE LÉON XIII
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Rome 25 janvier. — On dit que le pape a
confié son testament au cardinal de Ruggiero,
qui est un de ses deux exécuteurs testamen-
taires.
Léon XIII viendrait d'y ajouter un codicile
destiné à être communiqué au Sacré-Collège
avnt le conclave.
LA DERNIÈRE EXCURSION
DE GUILLAUME II
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIla)
Berlin, 1) janvier.
Dans les cercles militaires on confirme la
disgrâce du général Leckzinsky, comman-
dant en chef du 9e corps d'armée, avec
lequel l'empereur aurait eu, à son passage
à Cuxhaven, un vif entretien au sujet de
l'invitation à dîner qu'il avait adressée à
M. de Bismarck. Le général aurait vaine-
ment cherché à rassurer le souverain sur
les intentions de l'ex-chancelier.
On raconte les circonstances de l'arrivée
inopinée de l'empereur à Hanovre, où il
voulait surprendre le général Bronsart de
Schellendorf.
Alors qu'on l'attendait dans la soirée,
Guillaume II est arrivé inopinément le
matin; il était monté en wagon au sortir de
la représentation de l'Opéra de Berlin.
L'empereur a raconté combien il avait été
diverti par la mine effarée du chef de gare,
qui attendait bien les chevaux de l'empe-
reur, mais qui ne pensait pas voir arriver
le souverain par ce train. L'empereur se
transporta aussitôt au quartier général, où
il fit donner l'alarme à la garnison.
On n'en revenait pas à Hanovre, où au-
cun des journaux du matin ne publiait de
dépêches de Berlin annonçant le départ de
l'empereur. - -
CONDAMNATION
DE PIERRE DE WLADIMIROFF
VINGT ANS DE TRAVAUX FORCÉS
Dernière audience. — Réquisitoire et
plaidoirie. — Un accusé atterré.
Versailles était, hier, sorti de sa torpeur.
Devant le palais de justice une foule impa-
tiente a attendu, depuis midi jusqu'à six
heures du soir, le prononcé du verdict.
A- l'intérieur, le public qui avait pu pé-
nétrer dans la salle témoignait une curiosité
non moins vive. Dans les couloirs et aux
portes il y a eu des poussées, des bouscu-
lades, chacun voulant avoir sa part du
spectacle final.
Cette curiosité a été, d'ailleurs, plus
promptement satisfaite qu'on ne pensait.
La raison en a été que M. le procureur de
la République Chrétien, aussi bien que le
défenseur, Me Demange, avaient conscience
de l'inutilité de longs développements.
L'un et l'autre ont accompli leur tâche
avec une brièveté relative, mais tous deux
aussi ont droit à un éloge qui ne leur sera
pas ménagé.
M. le procureur de la République Chré-
tien sacrifie à l'éloquence imagée, genre
périlleux pour le bon goût : c'est la nature
de son talent* qui le veut, et comme ce ta-
lent est réel, par surcroît honnête et franc,
on l'accepte tel quel.
a Si je ne puis, et je le regrette, a dit le
magistrat, présenter Mme Dida comme une
Agnès, il sera difficile à la défense de trans-
former Wladimiroff en un Eliacin de l'a-
mour. »
Tel a été le thème de l'accusation. Son
représentant s'est attaché surtout à établir
que le crime avait été prémédité et à con-
tester que l'accusé ait eu un seul instant
l'Intention de se suicider.
Pierre de Wladimiroff a été non un dé-
sespéré de l'amour, mais un « désespéré de
la finance ».
» Quant aux circonstances atténuantes,
dit en forme de péroraison M. le procureur
de la République Chrétien, j'hésite, consi-
dérant la jeunesse de l'accusé, à vous de-
mander de les repousser. L'émotion qui me
saisit arrête la parole sur mes lèvres, je
m'en rapporte à vos consciences. »
La défense
Il a semblé que, devant la difficulté, MO
Démangé s'était piqué pour ainsi dire au
jeu; depuis longtemps il n'avait eu la pa-
role aussi heureusement inspirée. Cela a
été un plaisir délicat pour l'assistance d'é-
couter cette plaidoirie chaleureuse, habile ;
on a admiré l'art de l'orateur, mais on sen-
tait que ces îiriirants elTorts seraienrvainsr
a Wladimiroff, a dit Me Demange, est-il
un escroc, un voleur ? A-t-il été un vil
calculateur épris de gain, esclave de son
intérêt ? Est-il vrai qu'il ait tué parce qu'il
avait savamment machiné une entreprise
matrimoniale qui lui a échappé ? Si oui,
messieurs les jurés, c'est un lâche meurtrier
qu'il faut condamner. Mais s'il a été un fou
d'amour, entraîné jusqu'ici par une effroya-
ble jalousie, je réclame son absolution au
nom de la justice et de l'humanité. n
Courte délibération
Ni la partie civile ni le ministère publ ic
ne manifestant l'intention de répliquer,
Me Haussmann n'a pas eu à prendre la pa-
role, et exactement à cinq heures, le j ury
entrait dans la salle des délibérations.
A ce moment quelques vides se produi-
sant dans la salle, il y a une prise d'assaut
générale de la part de ceux qui attendaieut
cette circonstance pour grossir la foule.
Nous sortons un instant, et au pied d'un
escalier, dans la pénombre, nous distin-
guons deux corps de femme prostrés dans
l'attitude de la prière. Mme de Wladimi-
roff et Mme de Martini, la mère et la tante
de l'accusé, sont tombées à genoux et mur-
murent de suprêmes adjurations.
A cinq heures et demie les jurés ren-
traient en séance : ils avaient répondu af-
firmativement aux deux questions posées :
l'homicide volontaire, la préméditation.
C'eût été la peine capitale sans les cir-
constances atténuanses. Celles-ci ont été
accordées à l'accusé par le jury.
Le condamné
On introduit Wladimiroff, devant qui, le
greffier donne une seconde lecture du ver-
dict.
Le sens en échappe à l'accusé qui, éloi-
gné de ses défenseurs, ne peut rien leur
demander ; il interroge les gendarmes qui
l'encadrent et qui restent muets par igno-
rance ou discipline. Un de nos confrères
lui dit alors : « Vous avez les circonstances
atténuantes. - Et la préméditât.on, de-
mande Wladimiroff, l'ont-ils reconnue ? »
A cette seconde question notre confrère
ne croit pas devoir répondre. Mais Me
Haussmann s'est rapproché : « Le mini-
mum est de cinq ans, dit-il au condamné. »
La cour, à son tour, se retire un instant
pour délibérer. On se pose la question :
Appliquera-t-elle les travaux forcés à per-
pétuité ou les travaux forcés à temps qui
vont, on le sait, de cinq à vingt ans ? Le ver-
dict lui laisse l'alternative.
Les magistrats n'ont pas hésité long-
temps. C'est le maximum de la peine des
travaux forcés à temps, soit vingt ans,
qu'ils prononcent contre l'accusé.
Pendant la lecture des articles du Code à
laquelle est obligé de se livrer le président,
M. le conseiller Faynot, nous considérons
Wladimiroff qui est à trois pas de nous.
Nous le voyons de profil : la tête est
droite, les pieds immobiles ; mais le corps
s'agite, vibrant comme une corde sous un
invisible archet.
Le supplice doit être atroce, en tout cas il
est effrayant à voir. La figure de Wladimiroff
s'inonde de sueur ; le malheureux se mord
les lèvres jusqu'au sang pour éviter de
pleurer. Quand le mot de « vingt ans » ré-
sonne, Pierre de Wladimiroff jette un re-
gard éperdu vers le ciel et lève les bras
dans un geste d'indicible désespoir. Son
chapeau, qu'il écrase presque, d'un mou-
vement nerveux, donne comme un bruit
de gong. Ce n'est pas ridicule, c'est fu-
nèbre.
Par un effort surhumain, le condamné re-
prend possession de lui et suit d'un pas
ferme les gendarmes qui l'entraînent. Mais,
une fois dans sa cellule, il tombe dans une
efroyable crise de nerfs à laquelle succède
un profond abattement. Wladimiroff se la-
mente et se plaint de la sévérité de ses ju-
ges. Il esoère en la clémence du chef de
l'Etat et compte peut-être que son temps
de bagne sera transformé en une villégia-
ture à Lambessa. Les miséricordes mal ve-
nues ne se renouvellent pas indéfiniment.
Me Gervasy.
A MADAGASCAR
LA POLITIQUE FRANÇAISE
A TANANARIVE
Le drapeau de la résidence à Tama-
tave. — Une souscription. — Ordre
du jour de blâme.
Le premier dans la presse, le x/xe Siècle
a dénoncé la situation lamentable dans la-
quelle nous nous trouvons à Madagascar.
Nous avons dit que notre autorité y était
plus précaire qu'au lendemain du traité,
que depuis cette époque nous y avons vécu
au jour le jour, sans plan, sans méthode,
que nous n'avons su ni commander ni faire
sentir notre influence.
Nous avons montré les alarmes de la po-
pulation française devant les attaques à
main armée de bandes de pillards comman-
dées par le fils même du premier ministre,
et l'abandon dont sont l'objet, en dépit du
traité du 17 décembre 1885, nos fidèles
alliés les Sakalaves et les Antankares.
Les événements qui se passent à Mada-
gascar prouvent que nous avions trop rai-
son.
Meeting de protestation
Le dernier courrier de Tamatave, qui
vient d'arriver par l'Amazone, nous ap-
porte des lettres de notre correspondant
faisant connaître que les colons et les né-
gociants français sont très mécontents de
l'apathie avec laquelle le département des
affaires étrangères traite toutes les affaires
qui les intéressent.
A Tamatave, l'exaspération est telle, mal-
gré la réserve que nos nationaux s'impo-
sent à l'étranger quand il s'agit de la France
et de ses représentants, que les colons ont
tenu une assemblée générale, dans laquelle
ils ont pris tour à tour la parole pour dé-
plorer le manque d'initiative et d'énergie
des représentants officiels de la France à
Madagascar.
Ils sont allés plus loin : un ordre du
jour de blâme au gouvernement a été voté
à l'unanimité.
Un dernier détail en dit long sur l'état
d'esprit de nos nationaux. Il paraît que le
drapeau français hissé quotidiennement sur
la résidence à Tamatave, n'est qu'une vul-
gaire loque en calicot sale qui provoque la
risée bien plus que le respect.
Les Français de Tamatave ont fait au ré-
sident général la plaisanterie d'ouvrir dans
tous les journaux une souscription pour
lui permettre d'acheter un drapeau conve-
- importe nécessairement de faire cesser
de semblables démonstrations. On nous
permettra d'ajouter qu'il est regrettable
qu'elles aient pu se produire pour le bon
renom de la France..
Le département des affaires étrangères
aurait pu tout empêcher. Il y a beau temps,
pour notre compte, que nous avons été
avisé de ce qui se passait. Par un sentiment
que nos lecteurs comprendront, nous nous
étions tu, espérant contre tout espoir que
les dissentiments finiraient par disparaître
et qu'un jour ou l'autre une politique d'ac-
tion, succédant à la politique de recueille-
ment qui a été suivie, éteindrait les que-
relles. Nous nous étions trompé, et les faits
graves que nous avons révélés vont se pour-
suivre si une solution n'intervient pas rapi-
dement.
Les dépenses
Nous avons démontré que nous étions
plus faibles et moins respectés à l'heure
actuelle à Madagascar qu'au lendemain de
la conquête. Cependant si nous nous som-
mes emparés de la « Grande Terre", c'est
pour que nos nationaux puissent y exploi-
ter librement et en toute sécurité les pro-
duits de son sol, de ses mines, de ses forêts.
Or, cette sécurité n'existe pas.
L'acquisition de Madagascar n'a eu qu'un
résultat jusqu'à ce jour, celui d'accroître
de deux millions trois cent mille francs les
dépenses de la métropole. En effet, les cré-
dits demandés pour Diégo-Suarez en 1891
s'élèvent à 1,817,892 francs et ceux pour les
résidences de Madagascar à AM,000 francs.-
Nous ne pouvons pas jeter à perpétuité
l'argent par les fenêtres, et il serait utile de
forcer le gouvernement à s'expliquer sur
une politique dont les résultats sont dé-
sastre ux,
M. YVES GUYOT
ET LES GRANDES COMPAGNIES
L'interpellation d'aujourd'hui
Une question bien autrement intéres-
sante que celle des bouillottes viendra au-
jourd'hui à la Chambre. M. Baïhaut, an-
cien ministre des travaux publics, doit in-
terpeller M. Yves Guyot sur l'application de
l'article 16 de la convention du 26 mai 1883
avec la Compagnie P.-L.-M. Voici, en deux
mots, quel sera le terrain du débat.
L'article 16 a créé ce que l'on appelle le
« Compte d'exploitation partielle ». Or, il
existe une corrélation directe entre la ma-
nière dont ce compte est établi et le comp-
te des bénéfices de la Compagnie, d'où dé-
pend le chiffre d'intérêts de garantie dus
par l'Etat.
Le compte de l'exercice 188J», le premier
auquel les conventions fussent applicables,
a été présenté au gouvernement en 1888.
M. Loubet, alors ministre des travaux pu-
blics, trouva l'interprétation de la Compa-
gnie abusive et refusa de l'approuver, con-
seillant à M. Noblemaire de porter ses pré-
tentions devant le conseil d'Etat.
La Compagnie P.-L.-M. s'est bien gardée
de suivre ce conseil. Elle s'est bornée à at-
tendre l'avènement de M. Yves Guyot, qui
aurait consenti à sanctionner ce que son
prédécesseur avait refusé d'approuver.
-L'acceptation du compte de 188h entraîne
celle des comptes suivants, présentés dans
les mêmes formes, ce qui représenterait,
pour les sept exercices écoulés, une somme
approximative de 70 millions encaissée par
la Compagnie au préjudice de l'Etat.
Circonstance aggravante : la théorie de
Compagnie P.-L.-M. serait si fragile que,
sauf la Compagnie d'Orléans, elle serait
seule à la soutenir.
L'Est, l'Ouest, le Midi, la Compagnie du
Nord, elle-même, auraient renoncé à l'in-
voquer.
Notons, en terminant, que c'est la pre-
mière fois que M. Baïhaut, député depuis
quatorze ans, prend l'initiative d'une in-
terpellationt "-
TABLETTES DU PROGRÈS
HYGIÈNE DE SAISON -- ------
Nous disions donc que pour lutter vic-
torieusement contre le froid, l'important
n'est pas d'introduire artificiellement de
la chaleur dans la circulation, mais bien
plutôt d'empêcher la chaleur naturelle
d'en sortir. Ce qu'il faut chauffer, en
d'autres termes, ce n'est pas tant le
dehors que le dedans. - - -
La cnaieur, en enet, vient de l'intérieur,
de cette fournaise ambulante qui est l'or-
ganisme. Entretenir cette flambée intime,
l'alimenter et la préserver par une sorte
de protectionnisme thermique contre un
rayonnement abusif, tel est le problème.
La vie, en effet, n'est au fond qu'une
fonction chimique. Elle se résume en un
certain nombre de phénomènes chimi-
ques qui,comme tous les phénomènes chi-
miques,s'accompagnent d'un dégagement
de chaleur, c'est-à-dire, en fin de compte,
de véritables combustions. Et comme les
contractions musculaires activent ces
combinaisons chimiques interstitielles,
il s'ensuit que la gymnastique, le sport,
l'exercice, n'importe quel effort physi-
que, en ira mot, ongonefro, llnp JO.a.Jéft'-
tion.
D'autre part, qui dit combustion, dit
proportionnelle consommation de com-
bustible. Si donc les phénomènes chimi-
ques sont très intenses, il faudra mettre
— sous forme d'aliments — plus de char-
bon dans la machine. Autrement la com-
bustion s'accomplirait aux dépens des pa-
rois de la chaudière, et, une fois épuisées
les réserves de l'organisme, les tissus eux-
mêmes y passeraient. Ce serait de l' « au-
tophagie M.
Voilà pourquoi les gens qui travaillent
beaucoup, qui dépensent par conséquent
beaucoup de force et de chaleur,ont droità
une plus copieuse pitance. Voilà pourquoi,
après une journée de dur labeur muscu-
laire ou même cérébral, après un bain de
vapeur,après une nuit passée au jeu,après
un fort coup de collier quelconque, vos
urines — sauf votre respect — sont si
« chargées M, saturées qu'elles sont et
troublées par les excreta, les cendres de
la vie.
Ceci posé, la thèse devient excessive-
ment simple :
Quand il fait très froid, l'être vi-
vant, qui perd par rayonnement beau-
coup gechaleur test obligé, pour faire face
à ses dépenses extraordinaires, d'en pro-
duire davantage en stimulant les com-
bustions interstitielles. Force lui est donc,
pour activer les réactions chimiques de
ses intimités, de se remuer beaucoup, de
faire fonctionner ses muscles, de travail-
ler mécaniquement, d'agir. Et comme cela
ne se peut faire sans augmenter la con-
sommation de combustible, il s'ensuit
qu'il lui faudra manger beaucoup, et
manger surtout des choses qui brûlent
vite et bien, c'est-à-dire des aliments ri-
ches en hydrogèile et en carbone.
J'ajouterai ceci, c'est que plus l'être vi-
vant est de petite taille, plus il devra s'a-
giter, plus il devra s'ingurgiter de nour-
riture, plus il devra attiser le foyer, plus
il devra jeter d'huile sur le feu. Possible
que cette assertion ait l'air d'une fumis-
terie : elle n'en est pas moins la stricte
expression de la vérité :
Si nous prenons un animal de très petit
volume, un moineau par exemple, sa sur-
face est énorme relativement à son volume
ou à son poids, c'est-à-dire à la somme de
ses tissus combustibles, tandis que les gros
animaux, tels que les chevaux et les bœufs,
ont une petite surface relativement à leur
volume. Il s'ensuit que, pour un même
poids de matière vivante, un petit animal a
besoin, pour braver le froid extérieur, de
produire beaucoup de calorique, et beau-
coup plus qu'une grosse hete.
Aussi voit-on ce phénomène surprenant
- qui constitue l'une des lois les plus im-
portantes et les plus imprévues de la phy-
siologie — qu'un kilogramme vif de moi-
neau produit quarante fois plus de chaleur
qu'un kilogramme de cheval.
Je le répète, c'est un fait étonnant que de
voir chez des êtres différents, les souris et
les bœufs, par exemple, des muscles et des
glandes, dont la structure est cependant
identique en apparence, présenter des
combustions chimiques qui diffèrent dans
la proportion de hO à 1, et cela, en vertu
d'une relation qui paraît d'abord bien in-
signifiante, à savoir le développement plus
ou moins grand de la surface extérieure de
l'animal tout entier. (La Chaleur animale,
par Charles Richet, p. 306.)
Ce qui revient à dire que, pendant
l'hiver, les enfants et les femmes de-
vraient faire plus d'exercice et manger
plus que les adultes et les hommes, et les
chasseurs à pied plus que les cuiras-
siers !
.Mais il ne suffit pas de produire de la
chaleur, il faut encore, une fois pro-
duite, ne pas la laisser se perdre, d'où la
nécessité de porter des vêtements mau-
vais conducteurs.
Si les renards, les loups, les ours, les oi-
seaux palmipèdes, tous les animaux qui
vivent dans les régions polaires peuvent
supporter impunément des différences de
température qui vont jusqu'à 70 et 80 de-
grés, c'est parce qu'ils sont protégés contre
la déperdition par leur fourrure ou leur
pelage. On a constaté, en revanche, que la
température des lapins rasés est inférieure
à celle des lapins ayant gardé leur poil, et
que, malgré cette température plus basse,
leur rayonnement calorifique est plus élevé.
(Charles Richet.)
Les étoffes dont nous nous enveloppons
doivent précisément jouer à notre profit
le même rôle tutélaire que jouent le poil
ou la plume au profit des animaux. Elles
doivent, en conséquence, en raison de
leur constitution moléculaire et de leur
contexture mécanique, conduire aussi
mal la chaleur qu'un épais duvet ou
qu'un pelage touffu.
Qu'est-ce que la chaleur? C'est un
mouvement vibratoire des dernières par-
ticules des corps, mouvement qui Sé
transmet à travers l'espace, sous forme,
d'ondulations invisibles,de la même façon
que l'ébranlement causé par la chute d'ung
pierre se transmet, en vagues coneen:",
triques, dans toute l'étendue d'une masses
d'eau. Si l'on met au-devant de ces on du";
lations-un tissu floconneux, enchevêtr;
inextricable — une fourrure par exem—
ple- elles s'y briseront, elles s'y absor-
beront et finiront par s'y perdre : elles fi'"
pourront pas passer, et toute la chaleun
intérieure se fixera dans ou sur le corpsv
qui ne se refroidira pas.
C'est exclusivement à cette raison d'or-
dre matériel que la laine doit d'être l'étof
fe-type des vêtements d'hiver. La disposi-
tion « en chicane » de ses fibres embrous-
saillées et pelucheuses lui permet d'ar-
rêter et de retenir mécaniquement les
vibrations thermiques, absolument com-
me un tampon d'ouate arrête et retient;
les microbes, comme un tamis arrête et
retient les ordures de la farine; comma
un fagot d'épines arrête et retient les
animaux en maraude.
Il en serait tout différemment d'un
tissu à trame lâche et poreuse — de lai
toile, par exemple — dont les interstices
laissent fluer la chaleur comme à travers
les trous d'une écumoire. f
La chaleur étant un mouvement, tout cé
qui dérange la continuité de la chaine mo-f
léculaire le long de laquelle le mouvement
est conduit doit affecter sa transmission, e
laquelle l'état d'extrême division de lsf
substance oppose un obstacle presque in-
surmontable. (John Tyndall, La Chaleur-
mode de mouvement, p. 215.)
C'est ainsi qu'on a vu des laves bouil-
lantes couler sur une couche de cendres
recouvrant un lit de glace sans faire fon-
dre celle-ci.
C'est ainsi que le papier, qui n'esta
qu'un tissu fin à mailles extrêmement
serrées, est un des corps les plus mauvais*
conducteurs qu'on connaisse. Une cou
verture doublée de papier vaut presque
un édredon. Les pauvres roughs de Lon.
dres, qui couchent à la vilaine étoile;
sous les ponts ou dans les squares, s,
font des plaids et des draps de lit avec
de vieux numéros du Times ou du Daily,
Telegraphy dont le format colossal ef*
l'envergure géante se prêtent aisément
cette adaptation : c'est même unique-
ment à ce « truc » qu'ils doivent d.
mettre plus de temps à mourir de faim,
de froid et de misère. Les Russes, de
leur côté, ont l'habitude, pour se pré-
server des engelures, de s'envelopper les
pieds de papier, par-dessus les bas ou les
chaussettes, et l'on est à peu près sûrj
à cette époque, de trouver un fragment
de journal dans les bottines fourrées de
la première venue des élégantes promer
neuses de la Perspective Newsky.
On pourrait aussi bien, pour le mêmâ
usage, prendre du taffetas gommé, qu'o
moulerait exactement sur le bas et quf
aurait l'avantage de ne point se échirer,
comme le papier, sans tenir plus de placer
et en conservant également l'intégralité
de la chaleur animale développée.
Ce qu'il y a de plus curieux, c'est que,
comparables au sabre légendaire de Jo-
seph Prudhomme, les meilleures étoffes-
d'hiver sont aussi les meilleures étoffesJ
d'été. Quand il fait froid, en effet, elles
empêchent les vibrations thermiques da
s'épancher du dedans au dehors ; quaD il fait chaud, au contraire, elles les em
pèchent de s'épancher du dehors au de4
dans. Elles constituent ainsi une sortas
d'échelle mobile enrayant tantôt les im<
portations, tantôt les exportations.
Voilà pourquoi un bloc de glace entor-
tillé dans un morceau de flanelle a tant
de peine à fondre. Voilà pourquoi le cos:
tume des Arabes est si bien compris.
Toute la philosophie du chauffage et
du vêtement est là-dedans, et vous en
savez assez maintenant pour pouvoir
faire — hygienico more — la nique aux
frimas et à la bise ! >
Raoul Lucet.
A la seconde page : L'acte d'accu
sation de l'affaire Omessa.
LE DÉFICIT ITALIEN
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Rome, 25 janvier.
M. Grimaldi, ministre des finances, a, sur
les observations de la commission du budget»,
diminué de vingt millions les prévisions da
recettes du budget de 1891-92. Par suite, le dé*
ficit est porté de vingt-cinq millions à qu
rante-cinq.
BRUXELLES INONDÉ
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTZCULMBI
Bruxelles, 25 janvier.
La fonte des neiges a occasionné de gl'a
ves dégâts dans la ville. Dans plusieursr
faubourgs, les sous-sols des maisons son
inondés. Tout le long des bords de la Senne,
les campagnes sont couvertes d'eau.
, La circulation des tramways est complè-
tement interrompue dans les faubourgS1
d'Anderlecht et de Laeken. Les eaux conti-
nuent à monter et ont atteint en certains*'
endroits 1 mètre 50. Des barques portent
des vivres aux habitants, qui ont dû se ré-
fugier aux étages supérieurs de leurs habi-
tations. 1
Les dégâts sont considérables. r"
Les nouvelles des provinces. sont déSQ £
iantes. T
Partout Finondation fait des ravages.
LES NIHILISTES EN BULGARIE??
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER^ *
Vienne, 85 janvier. — On assure que le iOU"
vernement autrichien, d'accord en cela ave
le gouvernement allemaud, a fait conseiller »
M. Stambouloff d'expulser de Bulgarie, pour-
donner satisfaction à la Russie, les sujets rUfi":
ses convaincus de mêlées nihilistes. :
LA DÉFENSE DE L'ITALIE
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Rôme, 25 janvier. — Les journaux disent!
que, dans sa dernière réunion, le comité su-:
périeur de défense a adopté le plan du ilné4'
rai Ricci pour la défense de la vallée du Pô, etî
le nouveau système de fortifications alpines »
il complète™ Salement les fortifications desft
côtes. -' *
JOURNAL RÉPUBLICAIN
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A L'AUDIENCE
Tout finit par des chansons, disait
Figaro au siècle dernier, — ou par
des circulaires, pourrait-on aj outer à
notre époque où le rond-de-cuir est
roi.
On n'a pas perdu le souvenir de la
campagne de presse provoquée par
certains incidents judiciaires dont la
cour d'assises, puis le tribunal correc-
tionnel avaient été le théâtre. Ses der-
niers échos sont venus expirer à la
tribune de la Chambre où, à deux re-
prises, le ministre de la justice a été
appelé à s'expliquer sur la question.
Il l'a fait en termes généralement
approuvés. Qui ne l'aurait applaudi
lorsqu'il disait ,
« La franchise et la loyauté doivent
avant tout présider à la discussion
judiciaire, en matière correctionnelle
ou criminélle.
M Personne n'a le droit d'oublier
que jusqu'au moment de la condam-
nation une présomption couvre la
personne accusée ou prévenue : c'est
la présomption d'innocence.
» Le magistrat qui ne respecterait
pas ces principes d'ordre naturel et
non pas simplement d'ordre positif
manquerait au premier, au plus élé-
mentaire de tous les devoirs de sa
profession. »
Ou encore lorsqu'il affirmait que
o-i l'enceinte de la justice ne doit avoir
à aucun degré les apparences d'une
salle où se donne un spectacle pu-
blic M, et qu'en conséquence de ce
sage principe l'entrée de l'enceinte
privilégiée de la cour d'assises serait
dorénavant refusée à quiconque n'y
serait point appelé par ses fonc-
tions.
Nous sommes bien persuadé que ces
déclarations ne sont pas de simples
propos de circonstance. Des instruc-
tions en ce sens, n'en doutez pas, se-
ront, si ce n'est déjà fait, adressées
aux chefs des parquets.
MM. les procureurs généraux et de
la République recevront, avec le res-
pect qu'elle mérite, la circulaire
n° 999,998. Et tout rentrera dans le
calme et la paix qui doivent entou-
rer les asiles où dame Justice rend ses
arrêts, jusqu'au jour, dont la date
seule reste incertaine; où un nouvel
incident provoquera une nouvelle
campagne qui aboutira à une nou-
velle circulaire.
Un député, M. Martineau, a pensé
qu'il vaudrait mieux peut-être essayer
de guérir par l'application d'un re-
mède radical un mal toujours renais-
sant, que de poursuivre plus long-
temps cette ridicule promenade en
rond autour des circulaires ministé-
rielles. Il s'est préoccupé du danger
qu'offrent pour l'inculpé les disposi-
tions du Code d'instruction crimi-
nelle qui, tant aux assises qu'au tri-
bunal correctionnel, contient au pré-
sident le soin de l'interroger. Aussi
propose-t-il, s'inspirant de la législa-
tion anglaise, de ne laisser à ce ma-
gistrat que la direction des débats.
Les questions seront, sous son con-
trôle, posées directement par le re-
présentant du ministère public et par
le défenseur, tant au prévenu ou à
l'accusé qu'aux témoins. La proposi-
tion de loi est hardie. Elle est, à coup
sûr, intéressante.
On a bien souvent dénoncé, pour la
réprouver, la partialité flagrante des
présidents de cour d'assises qui se
font les auxiliaires de l'accusation
contre la défense qu'ils entravent.
C'est dans le but de modérer des excès
bien souvent signalés qu'on a sup-
primé le résumé du président. Ré-
forme excellente, insuffisante pour-
tant : on a pu dans plus d'une cir-
constance s'en apercevoir.
Notez que l'abus, ici comme en
beaucoup d'autres cas, est imputable
bien moins aux hommes qu'aux insti-
tutions. Le président d'assises ne peut
pas, comme les membres du jury,
former sa conviction d'après les seuls
débats de l'audience, aux lumières
qu'y apportent l'accusation et la dé-
fense. Précisément parce que la loi le
charge de mener l'interrogatoire de
l'accusé qui eSt, si l'on excepte la lec-
ture de l'acte d'accusation, le premier
et à coup sûr le plus grave élément
de la procédure publique, il faut qu'il
ait d'avance étudié le dossier. Il se
sera formé une conviction. Quelque
volonté d'impartialité qu'il apporte à
l'audience, il sera bien fort s'il ne
laisse transparaître son opinion.
Ainsi l'accusé se trouve avoir contre
lui deux adversaires au lieu d'un.
Il est vrai qu'en cour d'assises ce
magistrat n'est appelé qu'à se pro-
noncer sur l'étendue de la peine qu'il
convient d'appliquer. Le jury est maî-
tre souverain de déclarer l'innocence
Ou la culpabilité.
Mais au tribunal correctionnel, le
président est appelé a trancher toutes
les digestions. S'il monte à son siège
avec une conviction déjà faite, l'in-
terrogatoire s'en ressentira forcément
et les débats publics perdent dès lors
beaucoup de leur utilité au point de
vue de la démonstration de la vé-
rité.
N'est-il pas plus simple, plus logi-
que, plus juste, de laisser le président
comme ses deux assesseurs en dehors
du combat qui s'engage sous leurs
yeux, dont la liberté et l'honneur d'un
homme sont le prix? Les juges n'en
seront que plus à l'aise pour se dé-
cider en toute sécurité de cons -
cience.
Que le système anglais offre des
inconvénients, nous n'en doutons pas.
Mais nous croyons que, tout compte
fait, il offre plus de garanties que le
nôtre à l'équitable administration de
la justice.
A. Millerand
Le XIXe SISCLS publiera demain la
« Chronique *, par M. Paul Ginisty.
ÉLECTIONS SÉMATORIALES
Les collèges sénatoriaux du Calvados, de
l'Eure et de Seine-et-Marne sont convoqués
pour le 15 mars prochain à l'effet d'élire
chacun un sénateur : le premier, en rem-
placement de M. de Saint-Pierre, décédé;
le second, en remplacement de M. le géné-
ral Lecointe, décédé ; le troisième en rem-
placement de M. Foucher de Careil, dé-
cédé.
DÉLÉGATION RÉPUBLICAINE
CHEZ M. GOBLET
La réunion des Gobelins
Une délégation des comités républicains
socialistes du 136 arrondissement, lre cir-
conscription, s'est présentée hier matin
chez M. René Goblet ; elle s'était fait précé-
der de cette lettre t,
Paris, le SA janvier 1891.
A M. René Goblet, à Paris.
Monsieur,
j'ai l'honneur de vous informer, comme j'en
ai été chargé, qu'une délégation se rendra chez
vous demain dimanche dans la matinée, pour
vous présenter les excuses qui vous sont dues
par suite de la conduite scandaleuse d'une
centaine de mauvais citoyens à la réunion que
nous vous avions prié de présider au théâtre
des Gobelins, le 16 janvier dernier, nous fai-
sant en outre, en cela, l'écho de la réproba-
tion générale soulevée par des faits ne pou-
vant être prévus et aui sont un outrage à la
dignité de la République.
Vous n'en restez pas moins pour nous et
pour une notable partie des Français le cham-
pion sympathique et autorisé de la Répu-
blique libérale et progressive — que nous n'a-
vons pas, quoi qu'en puissent penser et dire
vos adversaires systématiques ou autres.
Je vous présente, Monsieur, avec mes civi-
lités les plus empressées, l'assurance de mon
dévouement.
L. MALLEBAV,
123, Boulevard de l'Hôpital.
M. Goblet a remercié les délégués de
leur démarche. Ce qui a fait surtout la
gravité de l'incident, a-t-il fait remarquer,
c'est qu'il s'agissait d'une réunion organi-
sée avec le concours du député de la cir-
conscription, de plus de quarante de ses
collègues et d'un grand nombre de conseil-
lers généraux et municipaux. Il semblait
que dans ces circonstances la violation du
droit de réunion dût soulever une répro-
bation unanime.
Quant à lui personnellement, M. Goblet
a ajouté qu'il ne se sentait nullement at-
teint et qu'il n'en restait pas moins entière-
ment dévoué à la démocratie et à la li-
berté.
PROCLAMATION A Ui1 RÉGIMENT
ALLEMAND
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Mayence, 25 janvier.
Le grand duc de Hesse-Darmstardt a
adressé au 118° régiment d'infanterie, qui
est en garnison ici, à l'occasion du centième
anniversaire de la création de ce corps de
troupes, un ordre du jour qui se termine
ainsi :
« En mémoire du grand et glorieux
passé du régiment, j'adjure, en ce jour,
chacun de vous, lorsque l'empereur, votre
chef de guerre, l'appellera à imiter nos pa-
res, les héros d'Espagne et de la Loire, d'é-
voir toujours devant les yeux la vieille da-
vise hessoise de nos drapeaux ;'i"-Dieu,
Honneur, Patrie ! >?
LE TESTAMENT DE LÉON XIII
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Rome 25 janvier. — On dit que le pape a
confié son testament au cardinal de Ruggiero,
qui est un de ses deux exécuteurs testamen-
taires.
Léon XIII viendrait d'y ajouter un codicile
destiné à être communiqué au Sacré-Collège
avnt le conclave.
LA DERNIÈRE EXCURSION
DE GUILLAUME II
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIla)
Berlin, 1) janvier.
Dans les cercles militaires on confirme la
disgrâce du général Leckzinsky, comman-
dant en chef du 9e corps d'armée, avec
lequel l'empereur aurait eu, à son passage
à Cuxhaven, un vif entretien au sujet de
l'invitation à dîner qu'il avait adressée à
M. de Bismarck. Le général aurait vaine-
ment cherché à rassurer le souverain sur
les intentions de l'ex-chancelier.
On raconte les circonstances de l'arrivée
inopinée de l'empereur à Hanovre, où il
voulait surprendre le général Bronsart de
Schellendorf.
Alors qu'on l'attendait dans la soirée,
Guillaume II est arrivé inopinément le
matin; il était monté en wagon au sortir de
la représentation de l'Opéra de Berlin.
L'empereur a raconté combien il avait été
diverti par la mine effarée du chef de gare,
qui attendait bien les chevaux de l'empe-
reur, mais qui ne pensait pas voir arriver
le souverain par ce train. L'empereur se
transporta aussitôt au quartier général, où
il fit donner l'alarme à la garnison.
On n'en revenait pas à Hanovre, où au-
cun des journaux du matin ne publiait de
dépêches de Berlin annonçant le départ de
l'empereur. - -
CONDAMNATION
DE PIERRE DE WLADIMIROFF
VINGT ANS DE TRAVAUX FORCÉS
Dernière audience. — Réquisitoire et
plaidoirie. — Un accusé atterré.
Versailles était, hier, sorti de sa torpeur.
Devant le palais de justice une foule impa-
tiente a attendu, depuis midi jusqu'à six
heures du soir, le prononcé du verdict.
A- l'intérieur, le public qui avait pu pé-
nétrer dans la salle témoignait une curiosité
non moins vive. Dans les couloirs et aux
portes il y a eu des poussées, des bouscu-
lades, chacun voulant avoir sa part du
spectacle final.
Cette curiosité a été, d'ailleurs, plus
promptement satisfaite qu'on ne pensait.
La raison en a été que M. le procureur de
la République Chrétien, aussi bien que le
défenseur, Me Demange, avaient conscience
de l'inutilité de longs développements.
L'un et l'autre ont accompli leur tâche
avec une brièveté relative, mais tous deux
aussi ont droit à un éloge qui ne leur sera
pas ménagé.
M. le procureur de la République Chré-
tien sacrifie à l'éloquence imagée, genre
périlleux pour le bon goût : c'est la nature
de son talent* qui le veut, et comme ce ta-
lent est réel, par surcroît honnête et franc,
on l'accepte tel quel.
a Si je ne puis, et je le regrette, a dit le
magistrat, présenter Mme Dida comme une
Agnès, il sera difficile à la défense de trans-
former Wladimiroff en un Eliacin de l'a-
mour. »
Tel a été le thème de l'accusation. Son
représentant s'est attaché surtout à établir
que le crime avait été prémédité et à con-
tester que l'accusé ait eu un seul instant
l'Intention de se suicider.
Pierre de Wladimiroff a été non un dé-
sespéré de l'amour, mais un « désespéré de
la finance ».
» Quant aux circonstances atténuantes,
dit en forme de péroraison M. le procureur
de la République Chrétien, j'hésite, consi-
dérant la jeunesse de l'accusé, à vous de-
mander de les repousser. L'émotion qui me
saisit arrête la parole sur mes lèvres, je
m'en rapporte à vos consciences. »
La défense
Il a semblé que, devant la difficulté, MO
Démangé s'était piqué pour ainsi dire au
jeu; depuis longtemps il n'avait eu la pa-
role aussi heureusement inspirée. Cela a
été un plaisir délicat pour l'assistance d'é-
couter cette plaidoirie chaleureuse, habile ;
on a admiré l'art de l'orateur, mais on sen-
tait que ces îiriirants elTorts seraienrvainsr
a Wladimiroff, a dit Me Demange, est-il
un escroc, un voleur ? A-t-il été un vil
calculateur épris de gain, esclave de son
intérêt ? Est-il vrai qu'il ait tué parce qu'il
avait savamment machiné une entreprise
matrimoniale qui lui a échappé ? Si oui,
messieurs les jurés, c'est un lâche meurtrier
qu'il faut condamner. Mais s'il a été un fou
d'amour, entraîné jusqu'ici par une effroya-
ble jalousie, je réclame son absolution au
nom de la justice et de l'humanité. n
Courte délibération
Ni la partie civile ni le ministère publ ic
ne manifestant l'intention de répliquer,
Me Haussmann n'a pas eu à prendre la pa-
role, et exactement à cinq heures, le j ury
entrait dans la salle des délibérations.
A ce moment quelques vides se produi-
sant dans la salle, il y a une prise d'assaut
générale de la part de ceux qui attendaieut
cette circonstance pour grossir la foule.
Nous sortons un instant, et au pied d'un
escalier, dans la pénombre, nous distin-
guons deux corps de femme prostrés dans
l'attitude de la prière. Mme de Wladimi-
roff et Mme de Martini, la mère et la tante
de l'accusé, sont tombées à genoux et mur-
murent de suprêmes adjurations.
A cinq heures et demie les jurés ren-
traient en séance : ils avaient répondu af-
firmativement aux deux questions posées :
l'homicide volontaire, la préméditation.
C'eût été la peine capitale sans les cir-
constances atténuanses. Celles-ci ont été
accordées à l'accusé par le jury.
Le condamné
On introduit Wladimiroff, devant qui, le
greffier donne une seconde lecture du ver-
dict.
Le sens en échappe à l'accusé qui, éloi-
gné de ses défenseurs, ne peut rien leur
demander ; il interroge les gendarmes qui
l'encadrent et qui restent muets par igno-
rance ou discipline. Un de nos confrères
lui dit alors : « Vous avez les circonstances
atténuantes. - Et la préméditât.on, de-
mande Wladimiroff, l'ont-ils reconnue ? »
A cette seconde question notre confrère
ne croit pas devoir répondre. Mais Me
Haussmann s'est rapproché : « Le mini-
mum est de cinq ans, dit-il au condamné. »
La cour, à son tour, se retire un instant
pour délibérer. On se pose la question :
Appliquera-t-elle les travaux forcés à per-
pétuité ou les travaux forcés à temps qui
vont, on le sait, de cinq à vingt ans ? Le ver-
dict lui laisse l'alternative.
Les magistrats n'ont pas hésité long-
temps. C'est le maximum de la peine des
travaux forcés à temps, soit vingt ans,
qu'ils prononcent contre l'accusé.
Pendant la lecture des articles du Code à
laquelle est obligé de se livrer le président,
M. le conseiller Faynot, nous considérons
Wladimiroff qui est à trois pas de nous.
Nous le voyons de profil : la tête est
droite, les pieds immobiles ; mais le corps
s'agite, vibrant comme une corde sous un
invisible archet.
Le supplice doit être atroce, en tout cas il
est effrayant à voir. La figure de Wladimiroff
s'inonde de sueur ; le malheureux se mord
les lèvres jusqu'au sang pour éviter de
pleurer. Quand le mot de « vingt ans » ré-
sonne, Pierre de Wladimiroff jette un re-
gard éperdu vers le ciel et lève les bras
dans un geste d'indicible désespoir. Son
chapeau, qu'il écrase presque, d'un mou-
vement nerveux, donne comme un bruit
de gong. Ce n'est pas ridicule, c'est fu-
nèbre.
Par un effort surhumain, le condamné re-
prend possession de lui et suit d'un pas
ferme les gendarmes qui l'entraînent. Mais,
une fois dans sa cellule, il tombe dans une
efroyable crise de nerfs à laquelle succède
un profond abattement. Wladimiroff se la-
mente et se plaint de la sévérité de ses ju-
ges. Il esoère en la clémence du chef de
l'Etat et compte peut-être que son temps
de bagne sera transformé en une villégia-
ture à Lambessa. Les miséricordes mal ve-
nues ne se renouvellent pas indéfiniment.
Me Gervasy.
A MADAGASCAR
LA POLITIQUE FRANÇAISE
A TANANARIVE
Le drapeau de la résidence à Tama-
tave. — Une souscription. — Ordre
du jour de blâme.
Le premier dans la presse, le x/xe Siècle
a dénoncé la situation lamentable dans la-
quelle nous nous trouvons à Madagascar.
Nous avons dit que notre autorité y était
plus précaire qu'au lendemain du traité,
que depuis cette époque nous y avons vécu
au jour le jour, sans plan, sans méthode,
que nous n'avons su ni commander ni faire
sentir notre influence.
Nous avons montré les alarmes de la po-
pulation française devant les attaques à
main armée de bandes de pillards comman-
dées par le fils même du premier ministre,
et l'abandon dont sont l'objet, en dépit du
traité du 17 décembre 1885, nos fidèles
alliés les Sakalaves et les Antankares.
Les événements qui se passent à Mada-
gascar prouvent que nous avions trop rai-
son.
Meeting de protestation
Le dernier courrier de Tamatave, qui
vient d'arriver par l'Amazone, nous ap-
porte des lettres de notre correspondant
faisant connaître que les colons et les né-
gociants français sont très mécontents de
l'apathie avec laquelle le département des
affaires étrangères traite toutes les affaires
qui les intéressent.
A Tamatave, l'exaspération est telle, mal-
gré la réserve que nos nationaux s'impo-
sent à l'étranger quand il s'agit de la France
et de ses représentants, que les colons ont
tenu une assemblée générale, dans laquelle
ils ont pris tour à tour la parole pour dé-
plorer le manque d'initiative et d'énergie
des représentants officiels de la France à
Madagascar.
Ils sont allés plus loin : un ordre du
jour de blâme au gouvernement a été voté
à l'unanimité.
Un dernier détail en dit long sur l'état
d'esprit de nos nationaux. Il paraît que le
drapeau français hissé quotidiennement sur
la résidence à Tamatave, n'est qu'une vul-
gaire loque en calicot sale qui provoque la
risée bien plus que le respect.
Les Français de Tamatave ont fait au ré-
sident général la plaisanterie d'ouvrir dans
tous les journaux une souscription pour
lui permettre d'acheter un drapeau conve-
- importe nécessairement de faire cesser
de semblables démonstrations. On nous
permettra d'ajouter qu'il est regrettable
qu'elles aient pu se produire pour le bon
renom de la France..
Le département des affaires étrangères
aurait pu tout empêcher. Il y a beau temps,
pour notre compte, que nous avons été
avisé de ce qui se passait. Par un sentiment
que nos lecteurs comprendront, nous nous
étions tu, espérant contre tout espoir que
les dissentiments finiraient par disparaître
et qu'un jour ou l'autre une politique d'ac-
tion, succédant à la politique de recueille-
ment qui a été suivie, éteindrait les que-
relles. Nous nous étions trompé, et les faits
graves que nous avons révélés vont se pour-
suivre si une solution n'intervient pas rapi-
dement.
Les dépenses
Nous avons démontré que nous étions
plus faibles et moins respectés à l'heure
actuelle à Madagascar qu'au lendemain de
la conquête. Cependant si nous nous som-
mes emparés de la « Grande Terre", c'est
pour que nos nationaux puissent y exploi-
ter librement et en toute sécurité les pro-
duits de son sol, de ses mines, de ses forêts.
Or, cette sécurité n'existe pas.
L'acquisition de Madagascar n'a eu qu'un
résultat jusqu'à ce jour, celui d'accroître
de deux millions trois cent mille francs les
dépenses de la métropole. En effet, les cré-
dits demandés pour Diégo-Suarez en 1891
s'élèvent à 1,817,892 francs et ceux pour les
résidences de Madagascar à AM,000 francs.-
Nous ne pouvons pas jeter à perpétuité
l'argent par les fenêtres, et il serait utile de
forcer le gouvernement à s'expliquer sur
une politique dont les résultats sont dé-
sastre ux,
M. YVES GUYOT
ET LES GRANDES COMPAGNIES
L'interpellation d'aujourd'hui
Une question bien autrement intéres-
sante que celle des bouillottes viendra au-
jourd'hui à la Chambre. M. Baïhaut, an-
cien ministre des travaux publics, doit in-
terpeller M. Yves Guyot sur l'application de
l'article 16 de la convention du 26 mai 1883
avec la Compagnie P.-L.-M. Voici, en deux
mots, quel sera le terrain du débat.
L'article 16 a créé ce que l'on appelle le
« Compte d'exploitation partielle ». Or, il
existe une corrélation directe entre la ma-
nière dont ce compte est établi et le comp-
te des bénéfices de la Compagnie, d'où dé-
pend le chiffre d'intérêts de garantie dus
par l'Etat.
Le compte de l'exercice 188J», le premier
auquel les conventions fussent applicables,
a été présenté au gouvernement en 1888.
M. Loubet, alors ministre des travaux pu-
blics, trouva l'interprétation de la Compa-
gnie abusive et refusa de l'approuver, con-
seillant à M. Noblemaire de porter ses pré-
tentions devant le conseil d'Etat.
La Compagnie P.-L.-M. s'est bien gardée
de suivre ce conseil. Elle s'est bornée à at-
tendre l'avènement de M. Yves Guyot, qui
aurait consenti à sanctionner ce que son
prédécesseur avait refusé d'approuver.
-L'acceptation du compte de 188h entraîne
celle des comptes suivants, présentés dans
les mêmes formes, ce qui représenterait,
pour les sept exercices écoulés, une somme
approximative de 70 millions encaissée par
la Compagnie au préjudice de l'Etat.
Circonstance aggravante : la théorie de
Compagnie P.-L.-M. serait si fragile que,
sauf la Compagnie d'Orléans, elle serait
seule à la soutenir.
L'Est, l'Ouest, le Midi, la Compagnie du
Nord, elle-même, auraient renoncé à l'in-
voquer.
Notons, en terminant, que c'est la pre-
mière fois que M. Baïhaut, député depuis
quatorze ans, prend l'initiative d'une in-
terpellationt "-
TABLETTES DU PROGRÈS
HYGIÈNE DE SAISON -- ------
Nous disions donc que pour lutter vic-
torieusement contre le froid, l'important
n'est pas d'introduire artificiellement de
la chaleur dans la circulation, mais bien
plutôt d'empêcher la chaleur naturelle
d'en sortir. Ce qu'il faut chauffer, en
d'autres termes, ce n'est pas tant le
dehors que le dedans. - - -
La cnaieur, en enet, vient de l'intérieur,
de cette fournaise ambulante qui est l'or-
ganisme. Entretenir cette flambée intime,
l'alimenter et la préserver par une sorte
de protectionnisme thermique contre un
rayonnement abusif, tel est le problème.
La vie, en effet, n'est au fond qu'une
fonction chimique. Elle se résume en un
certain nombre de phénomènes chimi-
ques qui,comme tous les phénomènes chi-
miques,s'accompagnent d'un dégagement
de chaleur, c'est-à-dire, en fin de compte,
de véritables combustions. Et comme les
contractions musculaires activent ces
combinaisons chimiques interstitielles,
il s'ensuit que la gymnastique, le sport,
l'exercice, n'importe quel effort physi-
que, en ira mot, ongonefro, llnp JO.a.Jéft'-
tion.
D'autre part, qui dit combustion, dit
proportionnelle consommation de com-
bustible. Si donc les phénomènes chimi-
ques sont très intenses, il faudra mettre
— sous forme d'aliments — plus de char-
bon dans la machine. Autrement la com-
bustion s'accomplirait aux dépens des pa-
rois de la chaudière, et, une fois épuisées
les réserves de l'organisme, les tissus eux-
mêmes y passeraient. Ce serait de l' « au-
tophagie M.
Voilà pourquoi les gens qui travaillent
beaucoup, qui dépensent par conséquent
beaucoup de force et de chaleur,ont droità
une plus copieuse pitance. Voilà pourquoi,
après une journée de dur labeur muscu-
laire ou même cérébral, après un bain de
vapeur,après une nuit passée au jeu,après
un fort coup de collier quelconque, vos
urines — sauf votre respect — sont si
« chargées M, saturées qu'elles sont et
troublées par les excreta, les cendres de
la vie.
Ceci posé, la thèse devient excessive-
ment simple :
Quand il fait très froid, l'être vi-
vant, qui perd par rayonnement beau-
coup gechaleur test obligé, pour faire face
à ses dépenses extraordinaires, d'en pro-
duire davantage en stimulant les com-
bustions interstitielles. Force lui est donc,
pour activer les réactions chimiques de
ses intimités, de se remuer beaucoup, de
faire fonctionner ses muscles, de travail-
ler mécaniquement, d'agir. Et comme cela
ne se peut faire sans augmenter la con-
sommation de combustible, il s'ensuit
qu'il lui faudra manger beaucoup, et
manger surtout des choses qui brûlent
vite et bien, c'est-à-dire des aliments ri-
ches en hydrogèile et en carbone.
J'ajouterai ceci, c'est que plus l'être vi-
vant est de petite taille, plus il devra s'a-
giter, plus il devra s'ingurgiter de nour-
riture, plus il devra attiser le foyer, plus
il devra jeter d'huile sur le feu. Possible
que cette assertion ait l'air d'une fumis-
terie : elle n'en est pas moins la stricte
expression de la vérité :
Si nous prenons un animal de très petit
volume, un moineau par exemple, sa sur-
face est énorme relativement à son volume
ou à son poids, c'est-à-dire à la somme de
ses tissus combustibles, tandis que les gros
animaux, tels que les chevaux et les bœufs,
ont une petite surface relativement à leur
volume. Il s'ensuit que, pour un même
poids de matière vivante, un petit animal a
besoin, pour braver le froid extérieur, de
produire beaucoup de calorique, et beau-
coup plus qu'une grosse hete.
Aussi voit-on ce phénomène surprenant
- qui constitue l'une des lois les plus im-
portantes et les plus imprévues de la phy-
siologie — qu'un kilogramme vif de moi-
neau produit quarante fois plus de chaleur
qu'un kilogramme de cheval.
Je le répète, c'est un fait étonnant que de
voir chez des êtres différents, les souris et
les bœufs, par exemple, des muscles et des
glandes, dont la structure est cependant
identique en apparence, présenter des
combustions chimiques qui diffèrent dans
la proportion de hO à 1, et cela, en vertu
d'une relation qui paraît d'abord bien in-
signifiante, à savoir le développement plus
ou moins grand de la surface extérieure de
l'animal tout entier. (La Chaleur animale,
par Charles Richet, p. 306.)
Ce qui revient à dire que, pendant
l'hiver, les enfants et les femmes de-
vraient faire plus d'exercice et manger
plus que les adultes et les hommes, et les
chasseurs à pied plus que les cuiras-
siers !
.Mais il ne suffit pas de produire de la
chaleur, il faut encore, une fois pro-
duite, ne pas la laisser se perdre, d'où la
nécessité de porter des vêtements mau-
vais conducteurs.
Si les renards, les loups, les ours, les oi-
seaux palmipèdes, tous les animaux qui
vivent dans les régions polaires peuvent
supporter impunément des différences de
température qui vont jusqu'à 70 et 80 de-
grés, c'est parce qu'ils sont protégés contre
la déperdition par leur fourrure ou leur
pelage. On a constaté, en revanche, que la
température des lapins rasés est inférieure
à celle des lapins ayant gardé leur poil, et
que, malgré cette température plus basse,
leur rayonnement calorifique est plus élevé.
(Charles Richet.)
Les étoffes dont nous nous enveloppons
doivent précisément jouer à notre profit
le même rôle tutélaire que jouent le poil
ou la plume au profit des animaux. Elles
doivent, en conséquence, en raison de
leur constitution moléculaire et de leur
contexture mécanique, conduire aussi
mal la chaleur qu'un épais duvet ou
qu'un pelage touffu.
Qu'est-ce que la chaleur? C'est un
mouvement vibratoire des dernières par-
ticules des corps, mouvement qui Sé
transmet à travers l'espace, sous forme,
d'ondulations invisibles,de la même façon
que l'ébranlement causé par la chute d'ung
pierre se transmet, en vagues coneen:",
triques, dans toute l'étendue d'une masses
d'eau. Si l'on met au-devant de ces on du";
lations-un tissu floconneux, enchevêtr;
inextricable — une fourrure par exem—
ple- elles s'y briseront, elles s'y absor-
beront et finiront par s'y perdre : elles fi'"
pourront pas passer, et toute la chaleun
intérieure se fixera dans ou sur le corpsv
qui ne se refroidira pas.
C'est exclusivement à cette raison d'or-
dre matériel que la laine doit d'être l'étof
fe-type des vêtements d'hiver. La disposi-
tion « en chicane » de ses fibres embrous-
saillées et pelucheuses lui permet d'ar-
rêter et de retenir mécaniquement les
vibrations thermiques, absolument com-
me un tampon d'ouate arrête et retient;
les microbes, comme un tamis arrête et
retient les ordures de la farine; comma
un fagot d'épines arrête et retient les
animaux en maraude.
Il en serait tout différemment d'un
tissu à trame lâche et poreuse — de lai
toile, par exemple — dont les interstices
laissent fluer la chaleur comme à travers
les trous d'une écumoire. f
La chaleur étant un mouvement, tout cé
qui dérange la continuité de la chaine mo-f
léculaire le long de laquelle le mouvement
est conduit doit affecter sa transmission, e
laquelle l'état d'extrême division de lsf
substance oppose un obstacle presque in-
surmontable. (John Tyndall, La Chaleur-
mode de mouvement, p. 215.)
C'est ainsi qu'on a vu des laves bouil-
lantes couler sur une couche de cendres
recouvrant un lit de glace sans faire fon-
dre celle-ci.
C'est ainsi que le papier, qui n'esta
qu'un tissu fin à mailles extrêmement
serrées, est un des corps les plus mauvais*
conducteurs qu'on connaisse. Une cou
verture doublée de papier vaut presque
un édredon. Les pauvres roughs de Lon.
dres, qui couchent à la vilaine étoile;
sous les ponts ou dans les squares, s,
font des plaids et des draps de lit avec
de vieux numéros du Times ou du Daily,
Telegraphy dont le format colossal ef*
l'envergure géante se prêtent aisément
cette adaptation : c'est même unique-
ment à ce « truc » qu'ils doivent d.
mettre plus de temps à mourir de faim,
de froid et de misère. Les Russes, de
leur côté, ont l'habitude, pour se pré-
server des engelures, de s'envelopper les
pieds de papier, par-dessus les bas ou les
chaussettes, et l'on est à peu près sûrj
à cette époque, de trouver un fragment
de journal dans les bottines fourrées de
la première venue des élégantes promer
neuses de la Perspective Newsky.
On pourrait aussi bien, pour le mêmâ
usage, prendre du taffetas gommé, qu'o
moulerait exactement sur le bas et quf
aurait l'avantage de ne point se échirer,
comme le papier, sans tenir plus de placer
et en conservant également l'intégralité
de la chaleur animale développée.
Ce qu'il y a de plus curieux, c'est que,
comparables au sabre légendaire de Jo-
seph Prudhomme, les meilleures étoffes-
d'hiver sont aussi les meilleures étoffesJ
d'été. Quand il fait froid, en effet, elles
empêchent les vibrations thermiques da
s'épancher du dedans au dehors ; quaD
pèchent de s'épancher du dehors au de4
dans. Elles constituent ainsi une sortas
d'échelle mobile enrayant tantôt les im<
portations, tantôt les exportations.
Voilà pourquoi un bloc de glace entor-
tillé dans un morceau de flanelle a tant
de peine à fondre. Voilà pourquoi le cos:
tume des Arabes est si bien compris.
Toute la philosophie du chauffage et
du vêtement est là-dedans, et vous en
savez assez maintenant pour pouvoir
faire — hygienico more — la nique aux
frimas et à la bise ! >
Raoul Lucet.
A la seconde page : L'acte d'accu
sation de l'affaire Omessa.
LE DÉFICIT ITALIEN
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Rome, 25 janvier.
M. Grimaldi, ministre des finances, a, sur
les observations de la commission du budget»,
diminué de vingt millions les prévisions da
recettes du budget de 1891-92. Par suite, le dé*
ficit est porté de vingt-cinq millions à qu
rante-cinq.
BRUXELLES INONDÉ
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTZCULMBI
Bruxelles, 25 janvier.
La fonte des neiges a occasionné de gl'a
ves dégâts dans la ville. Dans plusieursr
faubourgs, les sous-sols des maisons son
inondés. Tout le long des bords de la Senne,
les campagnes sont couvertes d'eau.
, La circulation des tramways est complè-
tement interrompue dans les faubourgS1
d'Anderlecht et de Laeken. Les eaux conti-
nuent à monter et ont atteint en certains*'
endroits 1 mètre 50. Des barques portent
des vivres aux habitants, qui ont dû se ré-
fugier aux étages supérieurs de leurs habi-
tations. 1
Les dégâts sont considérables. r"
Les nouvelles des provinces. sont déSQ £
iantes. T
Partout Finondation fait des ravages.
LES NIHILISTES EN BULGARIE??
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER^ *
Vienne, 85 janvier. — On assure que le iOU"
vernement autrichien, d'accord en cela ave
le gouvernement allemaud, a fait conseiller »
M. Stambouloff d'expulser de Bulgarie, pour-
donner satisfaction à la Russie, les sujets rUfi":
ses convaincus de mêlées nihilistes. :
LA DÉFENSE DE L'ITALIE
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Rôme, 25 janvier. — Les journaux disent!
que, dans sa dernière réunion, le comité su-:
périeur de défense a adopté le plan du ilné4'
rai Ricci pour la défense de la vallée du Pô, etî
le nouveau système de fortifications alpines »
il complète™ Salement les fortifications desft
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