Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1891-01-25
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Description : 25 janvier 1891 25 janvier 1891
Description : 1891/01/25 (A21,N6950). 1891/01/25 (A21,N6950).
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 29/04/2013
Vinat-et-uniême anaie. — N* 6,950 CINQ CdltilïlôS Paira et Départements GllfO-Centimes DIMANCHE tr) JANVIER 1850" -
LE Xir SIÈCLE
JOURNAL RÉPUBLICAIN
RÉDACTION.
|48. Rue Montmaxtro
- PARIS
; iitrefSVR POLITIQUE
A* • EDOUARD PORTALIS"
PRIX DE l'ABOMEHERT :
'arta. Mi M», 61.; SixM*« IIL; bat
Départements — 7 L; — 12 L; — ait
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142, Rue Montmartre
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Le Conseil siijttiii
- DES COLONIES
« C'est un bien gros couteau pour
ouvrir une petite noix », me disait un
membre du conseil, pendant que le
sous-secrétaire d'Etat aux colonies
lisait son discours d'ouverture.
C'est, en effet, un très gros instru-
ment et difficile à manier. Il y faudra
beaucoup d'habileté et de prudence ;
sans quoi, gare aux doigts.
Mais si le couteau est gros, la noix
l'est aussi beaucoup plus que ne pa-
raissait le croire mon spirituel et
sceptique voisin. Depuis dix ans no-
tre domaine colonial s'est étendu dans
d'énormes proportions. Nous avons
dépensé près d'un milliard et sacrifié
des milliers de vies humaines pour y
ajouter la Tunisie, l'Annam, le Ton-
kin, Madagascar, le Congo, le Sou-
dan occidental, c'est-à-dire des ter-
ritoires immenses et plus de trente
millions d'hommes.
Cependant, nous n'avons encore
adopté aucun prinéipe défini de co-
lonisation, d'organisation politique et
d'administration. Pour continuer la
métaphore de mon collègue, la noix
que nous avons cueillie avec tant de
dépenses en hommes et en argent est
encore fermée; notre administration
coloniale la tourne et retourne entre
ses doigts inexpérimentés sans trop
savoir comment elle pourra l'ouvrir.
En désespoir de cause, pressée par
la nécessité beaucoup plus que par la
bonne volonté, elle s'est décidée,
après de trop longues hésitations, à
consulter les personnes compétentes;
nous aurions d'autant plus de mau-
vaise grâce à la railler pour cela, que
nous avons nous-mêmes puissamment
contribué à la convocation du conseil
supérieur des colonies.
Les lecteurs du XIXe Siècle n'ont
pas oublié les motifs que je faisais
valoir à l'appui de Cette thèse. Le
principal était que le Parlement se
soucie peu de s'occuper des affaires
coloniales, auxquelles il n'entend rien
et qui, par suite, sont abandonnées
à peu près sans contrôle à une ad-
ministration secondaire.
Quelques faits apportés dès le pre-
mier jour à la connaissance du con-
seil supérieur des colonies prouvent,
si minimes qu'ils soient, à quelles
conséquences un pareil abandon nous
a conduits.
Avant-hier matin, dans une com-
mission dont je fais partie, le délégué
de Mayotte signalait la présence, dans
cette- pauvre petite île, de trente fonc-
tionnaires pour cent électeurs. Il rap-
pelait que les frais de voyage d'un
employé à 1,800 fr. s'élèvent parfois
à 6 ou 7,000 fr. que la colonie est
obligée de payer sur ses maigres res-
sources. Comme le fait se renouvelle
à chaque instant, tout le budget du
pays y passe. Il y a quelque temps,
un.fonctionnaire pourvu de sept en-
fants donnait sa démission aussitôt
après son arrivée, laissant à la colo-
nie les frais énormes occasionnés par
le voyage de toute sa famille et lui
imposant l'obligation de payer encore
pour faire venir son successeur. Les
finances de l'île sont à ce point épui-
sées par de telles erreurs administra-
tives et économiques, qu'on a dû re-
noncer aux travaux publics, c'est-à-
dire aux dépenses productives. Tout
fargent passe en payement de fonc-
tionnaires et en construction de mai-
sons pour les loger.
Le délégué de Taïti faisait enten-
dre les mêmes plaintes, en insistant
sur ce détail que, comme Taïti est au
bout du monde, les voyages du moia-
dre fonctionnaire coûtent extrême-
ment cher. Là aussi, les travaux pu-
blics sont rendus impossibles par le
trop grand nombre des employés.
Un autre membre de la commission
comparait les dépenses de deux pe-
tits établissements dont la population
est à peu près la même et dont les
ressources budgétaires sont sembla-
bles : Nossi-Bé et Sainte-Marie-de-Ma-
dagascar. Dans le second, les dépen-
ses de l'administration locale ne dé-
passent pas une vingtaine de mille
francs, tandis que dans le premier
ils en atteignent soixante-dix ou qua-
tre-vingt.
J'aurais pu,de mon côte,signaler ce
qui se passe en Nouvelle-Calédonie.
Tant que le conseil colonial a réglé li-
brement les dépenses de son adminis-
tration, on s'est contenté d'un très
petit nombre d'administrateurs et les
choses n'en allaient pas plus mal.
Depuis crue ces dépenses sont deve-
nues obligatoires, l'adnnnistration
centrale a augmenté le nombre des
agents dans des proportions telles
que le budget e;iL est fortement at-
teint.
PaIcout il en est ainsi. Partout la
Centralisation à outrance et les solli-
citations dont le sons-secrétaire d'Etat
ne peut que bien difficilement se dé-
gager ont multiplié le nombre des
fonctionnaires coloniaux, à tel point
qu'ils absorbent les ressources dont
nos colonies auraient le plus grand
besoin pour créer ou développer leur
outillage agricole, industriel et com-
mercial.
Plus indépendant que l'administra-
tion, le conseil supérieur des colonies
pourra prendre contre ces abus des
mesures qu'il est impossible d'atten-
dre d'el'e. C'est dans une sage décen-
tralisation qu'il en trouvera le prin-
cipe directeur.
Il devra aussi se préoccuper de faire
substituer un petit nombre de lois pré-
cises aux innombrables décrets et ar-
rêtés que la fantaisie des sous-secré-
taires d'Etat a greffés les uns sur les
autres. Il sont si nombreux et si con-
tradictoires, que la vie d'un bénédic-
tin se passerait à les compiler, et que
la sagacité du jurisconsulte le plus
retors serait incapable de les débrouil-
ler. Tout ce fatras doit disparaître de-
vant quelques lois inspirées par des
principes généraux nettement défi-
nis.
Nos colonies meurent de fonction-
narisme et d'anarchie. Si le conseil
supérieur parvient à les sauver, il
méritera la reconnaissance des colons
et des indigènes, et il rendra service
à la métropole elle-même en fertili-
sant les domaines encore insuffisam-
ment exploités et en faisant disparaî-
tre l'une des causes principales de nos
discordes civiles.
J.-L. de Lanessan.
Le XIX* SIÈCLE publiera demain la
« ChroDique". par M. Paul Ginisty.
NOTE POUR LES DÉPUTÉS
Le sectionnement de M. Marinoni
Nous avons déjà signalé aux députés les
menées de M. Marinoni qui, sous le couvert
d'un projet d'intérêt local, fait demander
par les amis qu'il possède en haut lieu la
séparation du hameau de Beaulieu d'avec
la commune de Villefranche-sur-Mer, afin
d'en orner le château qu'il possède dans
ces régions.
M. Marinoni est comme Louis XIV : il
n'aime pas attendre.
La semaine dernière, le bruit courait
dans les couloirs de la Chambre que le di-
recteur du Petit Journal exigeait la discus-
sion immédiate du projet de loi en
question. M. Marinoni alléguait qu'il était
pressé de partir pour le Midi et, d'autre
part, il avait juré d'emporter la commune
promise au fond de sa malle. On a passé
outre à ces prétentions par trop auda-
cieuses,et l'affaire en question a été,d'accord
avec M. Floquet et M. Chaulin-Servinière
qui combattra le sectionnement Marinoni,
inscrite en tête de l'ordre du jour de mardi
prochain.
C'est donc mardi que la Chambre dira
par son vote si elle permettra qu'on dé-
coupe une portion du territoire français
pour l'offrir sur un plateau d'argent à
M. Marinoni, ou bien si, fidèle à la justice
républicaine égale pour tous, elle repous-
sera un sectionnement contre lequel le
conseil d'Etat s'est déjà unanimement pro-
noncé et dont la réalisation serait, comme
nous l'avons dit, une victoire pour le
cléricalisme.
—p———i
UN MOINE QUI LACHE
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULlBaJ
Rome, S3 janvier.
Un moine, le Père Pio da Castiglione Fio-
rentino vient de quitter solennllement l'E-
glise catholique.
Il a, à Pistoie, déclaré, devant plus de
deux mille auditeurs, que ses dix-sept an-
nées de vie monacale ont été pour lui dix-
sept années de superstition dont le joug
pesait sur ses épaules.
PRÉCIEUSES RELlaUES
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Metz, 23 janvier.
On vient de découvrir dans un champ
près de Thionville une grande caisse ren-
fermant plusieurs uniformes d'officier
français, une demi-douzaine d'épées et plu-
sieurs écrins contenant des décorations
françaises, entre autres trois croix de la Lé-
gion d'honneur.
A ces effets militaires était jointe une pe-
tite cassette en ébêne, remplie de papiers
et de pièces de monnaie d'or et d'argent.
Une superbe petite montre de dame, or-
née de rubis et de perles, au couvercle
garni d'une miniature, portrait de femme
sur émail, occupait un compartiment se-
cret de cette cassette.
A quel officier français, tué sans doute
pendant la dernière guerre, appartenaient
ces souvenirs ?
LES ALLEMANDS A LESBOS
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Constantinople, 23 janvier.
Des renseignements d'une haute portée
nous arrivent à Constantinople. La mis-
sion du général baron de Hülsen, envoyé
extraordinaire de l'empereur Guillaume
auprès du Sultan, aurait pour objet de pré-
parer la cession, plus ou moins déguisée,
de l'île de Lesbos à l'empire d'Allemagne.
Le récent échouement du cuirassé le
Friedrich-Karl à l'entrée du golfe de Mete-
lin a-t-il été calculé pour permettre aux
officiers de la flotte allemande de pratiquer
des sondages dans les diverses parties du
port?
Ce qui est certain, c'est que la flotte alle-
mande compte maintenant cinq cuirassés
et d'autres navires en rade de Metelin. Ce
qui est certain encore, c'est que les Alle-
mands se disposent à faire sauter les ro-
chers qui embarrassent l'entrée du port,
afin de le rendre accessible à Aeurs yais-
t sea\\x%
MORT DE L'HERITIER
DU TRONE DE BELGIQUE
LE PRINCE BAUDOUIN DE FLANDRE
Maladie foudroyante. - Les derniers
moments. — Un mort et une malade.
Le prince Baudouin (Léopold-Philippe-
Marie-Charles-Antoine-Joseph-Louis), fils
aîné du comte de Flandre et héritier du
trône de Belgique, est mort la nuit dernière,
à deux heures du matin.
Rien ne faisait prévoir cette catastrophe.
Le public n'avait appris que le prince était
sérieusement souffrant que par le bulletin
suivant que publiait le Moniteur belge jeudi
matin, à six heures :
« S. A. R. le prince Baudouin garde le lit
depuis quelques jours, à la suite d'un re-
froidissement. Son état s'est aggravé hier
après-midi. »
Ce bulletin était signé par les deux doc-
teurs Malis et Mullier.
Le prince avait pris un refroidissement
il y a une huitaine de jours. On n'y attacha
tout d'abord aucune importance. C'est en
souriant que le comte et la comtesse de
Flandre en parlaient. Mercredi, cependant,
le prince fut forcé de s'aliter.
Jeudi matin, les médecins le trouvèrent
moins bien. La situation s'aggravait rapi-
dement, et on dut lui administrer les der-
niers sacrements. Dans la soirée, une forte
fièvre s'empara du malade et le mal fit de
rapides progrès.
Le roi et la reine sont allés visiter leur
neveu et l'ont consolé de leur mieux. Le
comte et la comtesse de Flandre versaient
d'abondantes larmes.
On a prévenu M. Beernaert, qui est ac-
couru à la hâte, suivi d'autres ministres.
Tous les grands dignitaires et la maison du
comte et de la comtesse de Flandre étaient
présents au palais.
Le prince a demandé à voir le général
Burneil, pour lequel il avait une vénération
particulière.
Vers onze heures du soir, on posa des
ventouses au prince, mais elles ne produi-
sirent pas l'effet attendu.
A une heure, le prince allait plus mal ; il
ne tarda pas à entrer en agonie,
Le comte et la comtesse de Flandre, leurs
enfants et les hauts dignitaires étaient age-
nouillés dans la chambre mortuaire.
Le prince a rendu le dernier soupir à une
heure quarante-cinq du matin..
Avant de mourir, le jeune prince a re-
mercié tous les assistants des soins qui lui
ont été prodigués.
La mort foudroyante du prince héritier
de Belgique est due à une bronchite qui
s'est brusquement transformée en pleuro-
pneumonie, compliquée d'hémorrhagie vei-
neuse et de violents crachements de sang.
La famille du comte avait toute confiance
dans les médecins homéopathes qui trai-
taient le prince.
Les médecins ont fait l'autopsie cette
après-midi, puis ils ont procédé à l'embau-
mement.
Des milliers de télégrammes de condo-
léances arrivent de partout au roi et au
comte de Flandre.
Le deuil populaire
Le matin, une foule considérable et con-
sternée stationnait autour du palais du
comte de Flandre. Un grand nombre de
personnes de marque, notamment des offi-
ciers supérieurs, viennent s'inscrire. Les
agents de police veillent à ce qu'on ne fasse
pas le moindre bruit, car la princesse Hen-
riette, autre enfant du comte de Flandre,
est encore sérieusement malade, et on est
forcé de lui cacher la mort de son frère. On
dit que l'état de la princesse est moins fa-
vorable depuis ce matin.
Le prince est couché sur son lit de mort
en grande tenue de carabinier; une main
repose sur son sabre, l'autre tient un cha-
pelet.
Les traits du prince ne sont nullement
altérés. On raconte que le prince avait in-
terrompu son service aux carabiniers de-
puis quinze jours, à la suite de fatigues que
lui avaient causées plusieurs veilles pas-
sées au chevet de la princesse Henriette, sa
sœur.
L'acte de décès
Tous les ministres, le gouverneur du
Brabant et les bourgmestres se sont réunis
iau palais du comte de Flandre, dressant
'acte de décès.
Les causes de la mort
Voici le bulletin officiel du décès du
prince Baudouin qui a été communiqué
au gouvernement :
Causes de la mort de S. A. R. le prince
Baudouin :
Pleuro-pneumonie avec néphrite aiguë
hémorragique et endocardite.
Durée de la première maladie : quatre
jours.
Durée de la seconde maladie: quelques
heures.
Séance de la Chambre
Au nom du gouvernement, M. Beernaert,
chef du cabinet, dit que la Chambre prend
part au nouveau coup qui frappe le roi
bien-aimé, ainsi que la famille royale. Le
prince Baudouin, qui vient de nous être
enlevé, était la gloire de sa famille. La Pro-
vidence n'a pas voulu que son royaume fût
de ce monde.
M. de Lantsheere, au nom du bureau de
la Chambre s'associe au deuil national do nt
le pays vient d'être frappé.
M. Frère-Orban, au nom de la gauche,
dans une allocution très éloquente, s'asso-
cier également aux paroles du chef du ca-
binet.
M. Nothomb, au nom de la droite, dit
qu'il faudrait pour traduire ses sentiments
de tristesse et de deuil posséder les accents
d'un Bossuet.
M. de Mérode, au nom de la députation de
Bruxelles, exprime les sentiments de pro-
fonde douleur éprouvés par le pays.
La séance est ensuite levée en signe de
deuil.
A l'occasion de la mort du prince Bau-
douin, la Bourse sera fermée demain sa-
medi. Les théâtres feront relâche ce soir.
Les cours et tribunaux ont levé leurs au-
diences en signe de deuil.
Les enfants du comte de Flandre
Leprince Baudouin, fils de Philippe, comte
de Flandre, et de Marie de Hohenzollern-
Sigmaringen (de la ligne princière non
régnante des Hohenzollern), était né à
Bruxelles le 3 juin 1869. Capitaine d'infan-
terie belge, il avait en même temps le grade
de capitaine de cavalerie prussien, à la
suite du 2e régiment de dragons hano-
vriens 11916.
Les autres enfants d~ COUlÇ et de l
comtesse de Flandre sont : la princesse
Henriette, âgée de vingt et un ans, qui est
encore gravement malade ; la princesse
Joséphine, âgée de dix-neuf ans, et le
prince Albert, qui aura bientôt seize ans
et qui devient, par la mort de son frère
aîné, l'héritier présomptif de la couronne
belge.
Couronne en danger
Le roi Léopold II n'a que trois filles :
l'aînée, la princesse Louise, est mariée au
prince Philippe de Saxe-Cobourg-Gotha,
frère ainé de Ferdinand de Bulgarie; la
seconde, l'archiduchesse Stéphanie, est
veuve du prince impérial Rodolphe d'Au-
triche; la princesse Clémentine, la troi-
sième, qui est encore auprès de ses parents,
est âgée de dix-neuf ans.
La succession au trône de Belgique n'est
plus assurée que sur la tête du jeune prince
Albert, né le 8 avril 1875. L'article 60 de la
constitution belge exclut expressément et
à perpétuité les femmes et leur descen-
dance.
Le roi étant majeur à dix-huit ans,d'après
la constitution, il n'y a guère qu'un délai
de deux ans avant la majorité du suc-
cesseur éventuel de Léopold II.
Si ce dernier rameau de la descendance
masculine de Léopold Ier venait à faire dé-
faut, le roi serait autorisé, par l'article 61
de la constitution, à nommer son succes-
seur avec l'assentiment des deux Cham-
bres. Aucune des deux Chambres ne peut
délibérer sur cet objet si deux tiers au
moins des membres qui la composent ne
sont présents, et leur résolution, pour être
adoptée, doit réunir au moins les deux
tiers des suffrages. Il faut également l'as-
sentiment des Chambres pour que le roi
puisse être en même temps chef d'un autre
Etat.
La constitution ne dit rien quant au cer-
cle de successeurs possibles parmi lesquels
le roi peut faire un choix.
Les parents les plus proches des Cobourg
de Belgique sont, à un degré égal, leur
cousin de Saxe-Cobourg-Gotha, qui n'a pas
d'enfants, et leurs cousins de Saxe-Co-
bourg-Gotha-Cohan, les princes Philippe
et Auguste, neveux de Léopold 1er et frères
de Ferdinand de Bulgarie, qui est déjà
pourvu.
Dans le cas où le roi n'aurait pas fait
choix de son successeur avec l'assenti-
ment des Chambres et mourrait sans laisser
d'héritier dans la descendance masculine
de Léopold Ier, le trône serait vacant.
C'est une hypothèse dont l'éventualité
mérite dès aujourd'hui d'être envisagée
sérieusement.
A l'ambassade
La nouvelle de la mort du prince est par-
venue à Paris à neuf heures du matia. Le
président de la République, aussitôt pré-
venu, s'est fait inscrire chez M. de Beyens,
ministre de Belgique. En même temps il
adressait au roi Léopold un télégramme de
condoléances.
M. Ribot s'est également rendu chez le
baron de Beyens. Après lui,sont venus s'in-
crire un grand nombre de notabilités mon-
daines ou politiques. Nous citerons M. Le
Royer, président du Sénat, M. Constans et
son chef de cabinet, le nonce, lord et lady
Lytton, le comte de Munster, venu un des
premiers, la comtesse Hoyos, M. et Mme
Furtado-Heine, le duc de Chartres, M. et
Mme Latruffe, etc.
Nous nous sommes croisé avec le major
Ch. Stevens, du 3° lanciers, qui avait pris
part aux grandes manœuvres de l'automne
dernier, à côté du jeune prince, lui-même
capitaine de carabiniers.
Il nous rappelle avec émotion l'effet pro-
duit sur les troupes en voyant l'héritier du
trône faire toutes ses étapes à pied sac au
dos.
Rien n'est encore décidé au sujet des fu-
nérailles ni du service à Paris. Le baron
de Beyens est d'ailleurs fortement grippé,
et l'on ne sait pas encore s'il pourra se ren-
dre à Bruxelles.
L'INFLUENCE DU MOIS DE JANVIER
SUR LA FAMILLE ROYALE
DE BELGIQUE
L'année dernière, lorsque le 1er janvier
on annonça à la reine des Belges que le
château royal de Laeken était en flammes,
elle s'écria :
« Ah ! le mois de janvier porte malheur
à notre famille ! »
En effet, c'est en janvier que devint folle
l'impératrice Charlotte, sœur du roi des
Belges; c'est le S2 janvier 1869 que mourut
le duc de Brabant, son fils et héritier de la
couronne.
En janvier aussi, en 1881, le château où
habitait l'impératrice Charlotte fut détruit
entièrement par un incendié.
Ce fut en janvier 1889, que l'archiduc
Rodolphe, gendre du roi Léopold, se sui-
cida à Meyerling.
Le 1er janvier 1890, le château de Laeken,
dans lequel se trouvait une riche collec-
tion d'objets d'arts, tous les souvenirs de
famille du roi, et parmi ceux-là le seul
portrait qu'il eût de son fils, prit feu et fut
anéanti complètement.
Enfin, le 23 janvier 1891, meurt le prince
Baudouin.
CANDIDATURE GOBLET
(D'UN CORRESPONDANT)
Perpignan, 33 janvier.
Le journal VEclaireur, ayant pour direc-
teurs politiques MM. Vilar, sénateur, et
Brousse, député, pose la candidature de M.
René Goblet, ancien président du conseil
des ministres, au siège de l'arrondissement
de Prades, laissé vacant par l'élection de
M. Vilar, député, comme sénateur.
Un comité s'organise pour soutenir cette
candidature.
[Nous ferons remarquer que ce qui a pu
donner lieu à cette nouvelle, c'est un article
paru dans l'Eclaireur, qui s'étonne qu'un
homme de la valeur de M. Goblet ne soit pas
à la Chambre. Un collège électoral s'honore-
rait, dit l'article, en faisant appel à l'union
rait, électeurs républicains sur le nom de l'an-
des
cien président du conseil. Mais nous devons
ajouter que M. Goblet n'est pas candidat.]
UNE VOITURE DANS UN CANAL
(D'UN CORRESPONDANT)
- Dunkerque, 23 janvier. — Une voiture conte-
nant trois personnes, Mme Bertram, de Dun-
kerque, et ses deux pertes filles, âgées de
sept et neuf ans, est tombée jeudi soir dans
le canal de Bour_JUrg, à Coppenaxfort, pen-
dant que M. Ber ^jn était au cabaret voisin.
Lune des enfants a été sauvée, l'autre
5 Qst tl1: Uç - U4r.S.
CHRONIQUE
M. Louis Henrique, qui est le secrétaire
général de la Société. française de coloni-
sation, conte dans VAvenir des coloniesy
qui est le bulletin officiel de la société,
une histoire bien significative.
C'est l'histoire d'une famille de braves
gens, composée de dix personnes : le père
âgé de hh ans, la mère de 38, et huit en-
fants de ââ à h ans.
Cette famille habitait la Loire-Infé-
rieure. Le père était un honnête ouvrier
de la campagne ; il avait longtemps trouvé
du travail et gagné de quoi suffire à peu
près aux besoins de la maisonnée ; les en-
fants, de leur côté, travaillaient comme
et où ils pouvaient, s'occupant à des be-
sognes appropriées à leur âge. Vint sep-
tembre et le commencement de l'hiver.
Plus d'ouvrage nulle part, plus de pain,
bientôt plus de gîte, et pas un sou pour
gagner la ville la plus voisine. C'était le
chomage dans toute son horreur.
Vous savez quelle a été la rigueur de
cet hiver. La misère de ces pauvres gens
devient effroyable. Les voisins s'émeu-
vent, se concertent, se cotisent; l'un
donne du pain, l'autre un vieil habit,
l'autre un coin de grange. On pare aux
besoins les plus pressants; mais on n'est
pas riche dans ce coin de la Bretagne où
chacun peine pour manger chichement.
La charité ne tarda pas à se lasser. Le
maire, par bonheur, lisait les journaux.
Il avait appris, en lisant nos articles,
qu'on envoyait des émigrants dans nos
colonies et que l'Etat leur accordait des
concessions de terres. Si on les envoyait
là-bas, n'importe où ? Si on faisait de ces
pauvres diables sans sou ni maille des
propriétaires? M. Henrique ne nous donne
pas le nom de ce maire, et j'en suis fâché;
j'aurais eu plaisir à lui adresser publi-
quement, pour sa généreuse initiative,
les remerciements et les éloges qu'il mé-
rite.
Il intéresse à ses protégés et le préfet et
les députés du département. On simplifie
pour eux les formalités préliminaires;
l'administration des colonies, avec le plus
louable empressement, accorde le passage
gratuit ; la Société française de colonisa-
tion obtient demi-place sur les voies fer-
rées; le préfet du département fait allouer
par le conseil général l'argent du voyage,
et maintenant, dit M. Henrique, nos pau-
vres Bretons, qui se sont embarqués à
Marseille dans les derniers jours de dé-
cembre, sont en route pour le pays où ils
ne connaîtront plus ni la faim ni le
froid.
Voilà une famille sauvée de l'extrême
misère et qui va s'enrichir (vivre tout au
moins) en fécondant le sol d'une terre où
flotte le drapeau français. Mais combien
d'autres auraient besoin qu'on leur ren-
dît le même service ! M. Louis Henrique
nous conte qu'il reçoit par dizaines des
lettres ainsi conçues :
« Je manque d'ouvrage, et l'hiver
est dur aux pauvres. Envoyez-moi où
vous voudrez, où vous pourrez ; je suis
solide, j'ai trente ans, je ne boude pas à
la besogïie Y.,
« L'Etat, dit un autre, l'Etat qui dé-
pense tant d'argent pour les malfaiteurs,
ne fait-il rien pour les honnêtes gens? La
Nouvelle-Calédonie est, dit-on, le pays
des criminels. Que faut-il faire pour aller
en Calédonie, sans passer par la cour
d'assises ?.»
Je ne suis pas, comme M. Ileni-ique, secré-
taire d'une société de colonisation. Mais
il a suffi que je touche à diverses reprises
la question dans les journaux où j'écris,
pour que moi aussi je reçoive chaque
semaine au moins une de ces lettres dé-
sespérées et suppliantes. Je ne puis mal-
heureusement témoigner à ceux qui me
les écrivent qu'une bonne volonté inutile.
Je n'ai point d'argent à leur donner ;
je n'ai pas même le plus souvent d'indi-
cation utile à leur fournir.
Ce ne sont pas les émigrants de bonne
volonté qui manquent pour s'en aller
peupler et fertiliser nos colonies. Mais ils
ne savent. où aller, et au cas même où ils
auraient choisi de préférence une terre
J^ançaise par-delà l'Océan, ils ne sau-
raient comment s'y rendre. Quand on
songe à quitter son pays, c'est qu'on y
vit très mal, c'est qu'on n'y a pas le sou,
et alors on voit se dresser le terrible
point d'interrogation : Comment paierai-
je le passage ?
A qui demander des ressources ? A
l'Etat ? Mais à l'heure actuelle, l'adminis-
tration des colonies dispose en bloc de
cinquante mille francs pour faire de la
colonisation par l'envoi d'émigrants. A
trois cents francs par passage, il est facile
de calculer combien elle enverra d'émi-
grants en 1891 : cent soixante en chiffres
ronds, c'est-à-dire quarante familles en-
viron, à condition que ces familles de mi-
sérables ne s'avisent pas de mettre huit
enfants en ligne.
Cinquante mille francs ! s'écrie M.Hen-
rique. N'est-ce pas une dérision ? Vaut-il
vraiment la peine d'avoir des colonies qui
coûtent si cher à acquérir et à garder
pour les peupler de fonctionnaires seule-
ment? En Nouvelle-Calédonie, il n'y a que
huit mille Français; il n'y en pas dix mille
en Tunisie ; il n'y en a pas cent à Mada-
gascar; on n'en compte que trois cent
mille en Algérie. - _n-
Et il y a en France des milliers de tra-
vailleurs qui chôment ! S'imagine-t-on
que l'Australie s'est peuplée toute seule
et sans le secours de personne? L'Irlande a
fourni un large contingent d'émigrants
pauvres qui ont fait souche dans ce pays
neuf, et qui tous y ont vécu, s'ils n'y ont
pas prospéré tous. C'est qu'en Angleterre
on a compris qu'en favorisant l'envoi
d'émigrants on faisait à la fois une œuvre
! charitable et une économie.
M. Henrique pense que de toutes les
I aumônes ce serait la plus efficace et la
plus profitable. Jl propose è, tous les pré-
fets l'exemple de leur collègue de la Loire-
Inférieure, qui a sauvé une famille de 13
misère en donnant d'utiles citoyens à
l'une de nos colonies. Qu'a-t-il fallu pour
cela ? une allocation sur le budget dépar-
temental, une somme insignifiante.
Pourquoi n'y aurait-il pas dans chaque
budget départemental un fpnds de. se-
cours, petit ou grand, spécialement affec-
té aux dépenses de voyage des émigrants?
Les préfets sont, dans chaque départe-
ment, mieux placés que le ministre pour
savoir, grâce aux rapports qu'ils entre-
tiennent avec les maires, quelles sont les
familles, et au besoin même, quels sont
les célibataires qui, repoussés de tout
travail en France, apporteraient à quel..
qu'une de nos colonies une force nouvelle,
Nous sommes trop serrés sur notre vieille
terre de Gaule ; la ruche est devenue trop
petite : il faut essaimer.
M. Henrique émet encore l'avis que le
ministre de l'intérieur pourrait, sur le
produit du pari mutuel, prélever une
somme quelconque pour alimenter une
caisse d'émigration et subventionner les
sociétés qui s'occupent, à un point de vue
tout philanthropique, de favoriser l'oeu-
vre de la colonisation. Il subventionne
bien les sociétés de patronage des crimi-
nels libérés : ces gredins sont-ils donc
plus intéressants que les honnêtes paysans
ou que les ouvriers des villes qui n'ont
jamais failli?
J'ajouterai à ces réflexions qu'un grand
résultat pourrait déjà s'obtenir si la So-
ciété de colonisation comptait un plus
grand nombre d'adhérents. Elle a son
siège 1, rue de la Néva. Les membres
souscripteurs versent cinq francs par an,
et les membres donateurs en donnent
vingt ; pour être fondateur, il faut d'un
coup s'inscrire pour cent francs ; on n'est
pas bienfaiteur (saluez!) à moins de
mille.
C'est de l'argent bien placé.
Francisque Sarcey. -
L'AVOCAT D'EYRAUD
A L'ELYSÉE
Nous avons dit avant-hier que Me Félix
Decori, l'avocat d'Eyraud, avait adressé à
M. Carnot une demande d'audience, afin
de remettre en personne au président de la
République le recours en grâce signé par
l'unanimité du jury qui a condamné Michel
Eyraud à la peine de mort.
Me Decori a été reçu hier matin, à onze
heures, par M. Carnot, auquel il a remis le
recours en grâce signé des douze-jurés.
Ce recours sera envoyé par les soins du
président à la commission des grâces, qui
n'a pas encore donné son avis.
D'un autre côté, Mlle Renée Eyraud avait
sollicité de Mme Carnot l'honneur d'une
audience. Cette audience n'a pas été accor-
dée à la fille du condamné. Il paraît que
cela « eût été contraire aux précédents ».
— C'est mauvais signe pour Eyraud, di-
sait-on hier. Le président peut bien gracier
un huissier, Bousquet, qui a assassiné un
avocat et la bonne de cet avocat, mais gra-
cier un particulier qui assassine un huis-
sier !
Aire Wlaimiroff
LE DRAME DE VILLE-D'AVRAI
La troisième audience. — Dépositione
accablantes pour l'accusé. — Le
témoignage d'un mort.
Dès que l'intérêt se soutient, on ne sau-
rait guère se plaindre de la prolongation
des débats, mais si ceux-ci se terminent
demain dimanche, c'est tout ce qu'on peut
se promettre.
La journée d'hier a été terrible pour l'ac
cusé. Wladimiroff d'ailleurs est arrivé un
peu plus abattu: il est pâle et sent qu'il
n'est pas dans une atmosphère sympa-
thique. Me Demange tient vaillamment le
drapeau ige la défense ; avons-nous dit qu&,
le défenseur avait à son côté Me Hauss-
mann du barreau de Versailles ? La dé-
fense est comme ces étoiles qui sont dou-
bles ; mais ce sera une plaidoirie de plus.
Les témoignages entendus à l'audience
d'hier ont été accablants pour le meurtrier
de Mme Dida. Nous allons les analyser de
notre mieux, ensuivant l'ordre dans le-
quel ils ont été recueillis, nous devrions
plutôt dire le rang, parce que le lien entrer
ces dépositions s'est bien souvent brisé.
Mme Boldemar, la directrice de l'établis.'
sement hydrothérapiquedu docteur Keller.
n'apporte aucun fait nouveau. Elle a miar
des ménagements dans le renvoi de la mai-
son de ses pensionnaires à cause de l'ho-
norabilité reconnue, de. la famille MagoiS',:
mais leur maintién étair'impossible à cause
de la conduite de l'accusé. -
— Mme Dida/ du, ce'témoin, était très aiméa'
dans l'établissement; elle était bien' éIevêe, dEs-
caractère enjoué. Elle parlait facilement da
son prochain mariage, qui, disait-elle, devait
avoir lieu à la Nonciature.
: Mme veuve Théodore Bontemps, gérante
de l'hôtel de la rue de Balzac, a eu un rôle
plus actif. Chacun reconnaîtra, du restet
qu'elle s'est conduite en femme de cœur.
Sur le séjour dans l'hôtel des protag'.
nistes du drame dont se joue à Versaillesf
l'avant-dernier tableau, rien à dire qui ne
soit déià connu.
Le témoin refusa, on le sait, de remettre
à Mme Dida la lettre que la veille du crime-
Wladimiroff voulait faire parvenir à celle-
ci. L'accusé insista beaucoup, suppliant
Mme Bontemps de glisser son épitre sousf
l'oreiller de la jeune femme, de la placer
même au fond du vase renfermé dans la
table de nuit.
— Cachez-moi dans les cabinets, ajoutait-
il, je glisserai au garçon une pièce de dix
francs.
Mme Bontemps resta inflexible. Cette let..
tre, Clary venait le lendemain la réclamer,
et, accomplissant cette mission, répétait au
témoin les dernières paroles de la victime :
« Je veux remettre M. Pierre à sa mère ; il
est agité, il a un revolver; je ne le quitterai
pas de la journée. »
Triste voyage
, Vers l'heure du dîner, Mme Bontemps; - >
[ reçoit ce télégramme daté deVille-d'Avray :
« Prévenir Mjue de Wl¡wlUU'Q.U q&ç gfta.il*
LE Xir SIÈCLE
JOURNAL RÉPUBLICAIN
RÉDACTION.
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A* • EDOUARD PORTALIS"
PRIX DE l'ABOMEHERT :
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Adrm tttégnphlqae : XIX. SIÈCLE — PAMS /^r •
TittptflM ; ao.ass M*.
Le Conseil siijttiii
- DES COLONIES
« C'est un bien gros couteau pour
ouvrir une petite noix », me disait un
membre du conseil, pendant que le
sous-secrétaire d'Etat aux colonies
lisait son discours d'ouverture.
C'est, en effet, un très gros instru-
ment et difficile à manier. Il y faudra
beaucoup d'habileté et de prudence ;
sans quoi, gare aux doigts.
Mais si le couteau est gros, la noix
l'est aussi beaucoup plus que ne pa-
raissait le croire mon spirituel et
sceptique voisin. Depuis dix ans no-
tre domaine colonial s'est étendu dans
d'énormes proportions. Nous avons
dépensé près d'un milliard et sacrifié
des milliers de vies humaines pour y
ajouter la Tunisie, l'Annam, le Ton-
kin, Madagascar, le Congo, le Sou-
dan occidental, c'est-à-dire des ter-
ritoires immenses et plus de trente
millions d'hommes.
Cependant, nous n'avons encore
adopté aucun prinéipe défini de co-
lonisation, d'organisation politique et
d'administration. Pour continuer la
métaphore de mon collègue, la noix
que nous avons cueillie avec tant de
dépenses en hommes et en argent est
encore fermée; notre administration
coloniale la tourne et retourne entre
ses doigts inexpérimentés sans trop
savoir comment elle pourra l'ouvrir.
En désespoir de cause, pressée par
la nécessité beaucoup plus que par la
bonne volonté, elle s'est décidée,
après de trop longues hésitations, à
consulter les personnes compétentes;
nous aurions d'autant plus de mau-
vaise grâce à la railler pour cela, que
nous avons nous-mêmes puissamment
contribué à la convocation du conseil
supérieur des colonies.
Les lecteurs du XIXe Siècle n'ont
pas oublié les motifs que je faisais
valoir à l'appui de Cette thèse. Le
principal était que le Parlement se
soucie peu de s'occuper des affaires
coloniales, auxquelles il n'entend rien
et qui, par suite, sont abandonnées
à peu près sans contrôle à une ad-
ministration secondaire.
Quelques faits apportés dès le pre-
mier jour à la connaissance du con-
seil supérieur des colonies prouvent,
si minimes qu'ils soient, à quelles
conséquences un pareil abandon nous
a conduits.
Avant-hier matin, dans une com-
mission dont je fais partie, le délégué
de Mayotte signalait la présence, dans
cette- pauvre petite île, de trente fonc-
tionnaires pour cent électeurs. Il rap-
pelait que les frais de voyage d'un
employé à 1,800 fr. s'élèvent parfois
à 6 ou 7,000 fr. que la colonie est
obligée de payer sur ses maigres res-
sources. Comme le fait se renouvelle
à chaque instant, tout le budget du
pays y passe. Il y a quelque temps,
un.fonctionnaire pourvu de sept en-
fants donnait sa démission aussitôt
après son arrivée, laissant à la colo-
nie les frais énormes occasionnés par
le voyage de toute sa famille et lui
imposant l'obligation de payer encore
pour faire venir son successeur. Les
finances de l'île sont à ce point épui-
sées par de telles erreurs administra-
tives et économiques, qu'on a dû re-
noncer aux travaux publics, c'est-à-
dire aux dépenses productives. Tout
fargent passe en payement de fonc-
tionnaires et en construction de mai-
sons pour les loger.
Le délégué de Taïti faisait enten-
dre les mêmes plaintes, en insistant
sur ce détail que, comme Taïti est au
bout du monde, les voyages du moia-
dre fonctionnaire coûtent extrême-
ment cher. Là aussi, les travaux pu-
blics sont rendus impossibles par le
trop grand nombre des employés.
Un autre membre de la commission
comparait les dépenses de deux pe-
tits établissements dont la population
est à peu près la même et dont les
ressources budgétaires sont sembla-
bles : Nossi-Bé et Sainte-Marie-de-Ma-
dagascar. Dans le second, les dépen-
ses de l'administration locale ne dé-
passent pas une vingtaine de mille
francs, tandis que dans le premier
ils en atteignent soixante-dix ou qua-
tre-vingt.
J'aurais pu,de mon côte,signaler ce
qui se passe en Nouvelle-Calédonie.
Tant que le conseil colonial a réglé li-
brement les dépenses de son adminis-
tration, on s'est contenté d'un très
petit nombre d'administrateurs et les
choses n'en allaient pas plus mal.
Depuis crue ces dépenses sont deve-
nues obligatoires, l'adnnnistration
centrale a augmenté le nombre des
agents dans des proportions telles
que le budget e;iL est fortement at-
teint.
PaIcout il en est ainsi. Partout la
Centralisation à outrance et les solli-
citations dont le sons-secrétaire d'Etat
ne peut que bien difficilement se dé-
gager ont multiplié le nombre des
fonctionnaires coloniaux, à tel point
qu'ils absorbent les ressources dont
nos colonies auraient le plus grand
besoin pour créer ou développer leur
outillage agricole, industriel et com-
mercial.
Plus indépendant que l'administra-
tion, le conseil supérieur des colonies
pourra prendre contre ces abus des
mesures qu'il est impossible d'atten-
dre d'el'e. C'est dans une sage décen-
tralisation qu'il en trouvera le prin-
cipe directeur.
Il devra aussi se préoccuper de faire
substituer un petit nombre de lois pré-
cises aux innombrables décrets et ar-
rêtés que la fantaisie des sous-secré-
taires d'Etat a greffés les uns sur les
autres. Il sont si nombreux et si con-
tradictoires, que la vie d'un bénédic-
tin se passerait à les compiler, et que
la sagacité du jurisconsulte le plus
retors serait incapable de les débrouil-
ler. Tout ce fatras doit disparaître de-
vant quelques lois inspirées par des
principes généraux nettement défi-
nis.
Nos colonies meurent de fonction-
narisme et d'anarchie. Si le conseil
supérieur parvient à les sauver, il
méritera la reconnaissance des colons
et des indigènes, et il rendra service
à la métropole elle-même en fertili-
sant les domaines encore insuffisam-
ment exploités et en faisant disparaî-
tre l'une des causes principales de nos
discordes civiles.
J.-L. de Lanessan.
Le XIX* SIÈCLE publiera demain la
« ChroDique". par M. Paul Ginisty.
NOTE POUR LES DÉPUTÉS
Le sectionnement de M. Marinoni
Nous avons déjà signalé aux députés les
menées de M. Marinoni qui, sous le couvert
d'un projet d'intérêt local, fait demander
par les amis qu'il possède en haut lieu la
séparation du hameau de Beaulieu d'avec
la commune de Villefranche-sur-Mer, afin
d'en orner le château qu'il possède dans
ces régions.
M. Marinoni est comme Louis XIV : il
n'aime pas attendre.
La semaine dernière, le bruit courait
dans les couloirs de la Chambre que le di-
recteur du Petit Journal exigeait la discus-
sion immédiate du projet de loi en
question. M. Marinoni alléguait qu'il était
pressé de partir pour le Midi et, d'autre
part, il avait juré d'emporter la commune
promise au fond de sa malle. On a passé
outre à ces prétentions par trop auda-
cieuses,et l'affaire en question a été,d'accord
avec M. Floquet et M. Chaulin-Servinière
qui combattra le sectionnement Marinoni,
inscrite en tête de l'ordre du jour de mardi
prochain.
C'est donc mardi que la Chambre dira
par son vote si elle permettra qu'on dé-
coupe une portion du territoire français
pour l'offrir sur un plateau d'argent à
M. Marinoni, ou bien si, fidèle à la justice
républicaine égale pour tous, elle repous-
sera un sectionnement contre lequel le
conseil d'Etat s'est déjà unanimement pro-
noncé et dont la réalisation serait, comme
nous l'avons dit, une victoire pour le
cléricalisme.
—p———i
UN MOINE QUI LACHE
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULlBaJ
Rome, S3 janvier.
Un moine, le Père Pio da Castiglione Fio-
rentino vient de quitter solennllement l'E-
glise catholique.
Il a, à Pistoie, déclaré, devant plus de
deux mille auditeurs, que ses dix-sept an-
nées de vie monacale ont été pour lui dix-
sept années de superstition dont le joug
pesait sur ses épaules.
PRÉCIEUSES RELlaUES
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Metz, 23 janvier.
On vient de découvrir dans un champ
près de Thionville une grande caisse ren-
fermant plusieurs uniformes d'officier
français, une demi-douzaine d'épées et plu-
sieurs écrins contenant des décorations
françaises, entre autres trois croix de la Lé-
gion d'honneur.
A ces effets militaires était jointe une pe-
tite cassette en ébêne, remplie de papiers
et de pièces de monnaie d'or et d'argent.
Une superbe petite montre de dame, or-
née de rubis et de perles, au couvercle
garni d'une miniature, portrait de femme
sur émail, occupait un compartiment se-
cret de cette cassette.
A quel officier français, tué sans doute
pendant la dernière guerre, appartenaient
ces souvenirs ?
LES ALLEMANDS A LESBOS
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Constantinople, 23 janvier.
Des renseignements d'une haute portée
nous arrivent à Constantinople. La mis-
sion du général baron de Hülsen, envoyé
extraordinaire de l'empereur Guillaume
auprès du Sultan, aurait pour objet de pré-
parer la cession, plus ou moins déguisée,
de l'île de Lesbos à l'empire d'Allemagne.
Le récent échouement du cuirassé le
Friedrich-Karl à l'entrée du golfe de Mete-
lin a-t-il été calculé pour permettre aux
officiers de la flotte allemande de pratiquer
des sondages dans les diverses parties du
port?
Ce qui est certain, c'est que la flotte alle-
mande compte maintenant cinq cuirassés
et d'autres navires en rade de Metelin. Ce
qui est certain encore, c'est que les Alle-
mands se disposent à faire sauter les ro-
chers qui embarrassent l'entrée du port,
afin de le rendre accessible à Aeurs yais-
t sea\\x%
MORT DE L'HERITIER
DU TRONE DE BELGIQUE
LE PRINCE BAUDOUIN DE FLANDRE
Maladie foudroyante. - Les derniers
moments. — Un mort et une malade.
Le prince Baudouin (Léopold-Philippe-
Marie-Charles-Antoine-Joseph-Louis), fils
aîné du comte de Flandre et héritier du
trône de Belgique, est mort la nuit dernière,
à deux heures du matin.
Rien ne faisait prévoir cette catastrophe.
Le public n'avait appris que le prince était
sérieusement souffrant que par le bulletin
suivant que publiait le Moniteur belge jeudi
matin, à six heures :
« S. A. R. le prince Baudouin garde le lit
depuis quelques jours, à la suite d'un re-
froidissement. Son état s'est aggravé hier
après-midi. »
Ce bulletin était signé par les deux doc-
teurs Malis et Mullier.
Le prince avait pris un refroidissement
il y a une huitaine de jours. On n'y attacha
tout d'abord aucune importance. C'est en
souriant que le comte et la comtesse de
Flandre en parlaient. Mercredi, cependant,
le prince fut forcé de s'aliter.
Jeudi matin, les médecins le trouvèrent
moins bien. La situation s'aggravait rapi-
dement, et on dut lui administrer les der-
niers sacrements. Dans la soirée, une forte
fièvre s'empara du malade et le mal fit de
rapides progrès.
Le roi et la reine sont allés visiter leur
neveu et l'ont consolé de leur mieux. Le
comte et la comtesse de Flandre versaient
d'abondantes larmes.
On a prévenu M. Beernaert, qui est ac-
couru à la hâte, suivi d'autres ministres.
Tous les grands dignitaires et la maison du
comte et de la comtesse de Flandre étaient
présents au palais.
Le prince a demandé à voir le général
Burneil, pour lequel il avait une vénération
particulière.
Vers onze heures du soir, on posa des
ventouses au prince, mais elles ne produi-
sirent pas l'effet attendu.
A une heure, le prince allait plus mal ; il
ne tarda pas à entrer en agonie,
Le comte et la comtesse de Flandre, leurs
enfants et les hauts dignitaires étaient age-
nouillés dans la chambre mortuaire.
Le prince a rendu le dernier soupir à une
heure quarante-cinq du matin..
Avant de mourir, le jeune prince a re-
mercié tous les assistants des soins qui lui
ont été prodigués.
La mort foudroyante du prince héritier
de Belgique est due à une bronchite qui
s'est brusquement transformée en pleuro-
pneumonie, compliquée d'hémorrhagie vei-
neuse et de violents crachements de sang.
La famille du comte avait toute confiance
dans les médecins homéopathes qui trai-
taient le prince.
Les médecins ont fait l'autopsie cette
après-midi, puis ils ont procédé à l'embau-
mement.
Des milliers de télégrammes de condo-
léances arrivent de partout au roi et au
comte de Flandre.
Le deuil populaire
Le matin, une foule considérable et con-
sternée stationnait autour du palais du
comte de Flandre. Un grand nombre de
personnes de marque, notamment des offi-
ciers supérieurs, viennent s'inscrire. Les
agents de police veillent à ce qu'on ne fasse
pas le moindre bruit, car la princesse Hen-
riette, autre enfant du comte de Flandre,
est encore sérieusement malade, et on est
forcé de lui cacher la mort de son frère. On
dit que l'état de la princesse est moins fa-
vorable depuis ce matin.
Le prince est couché sur son lit de mort
en grande tenue de carabinier; une main
repose sur son sabre, l'autre tient un cha-
pelet.
Les traits du prince ne sont nullement
altérés. On raconte que le prince avait in-
terrompu son service aux carabiniers de-
puis quinze jours, à la suite de fatigues que
lui avaient causées plusieurs veilles pas-
sées au chevet de la princesse Henriette, sa
sœur.
L'acte de décès
Tous les ministres, le gouverneur du
Brabant et les bourgmestres se sont réunis
iau palais du comte de Flandre, dressant
'acte de décès.
Les causes de la mort
Voici le bulletin officiel du décès du
prince Baudouin qui a été communiqué
au gouvernement :
Causes de la mort de S. A. R. le prince
Baudouin :
Pleuro-pneumonie avec néphrite aiguë
hémorragique et endocardite.
Durée de la première maladie : quatre
jours.
Durée de la seconde maladie: quelques
heures.
Séance de la Chambre
Au nom du gouvernement, M. Beernaert,
chef du cabinet, dit que la Chambre prend
part au nouveau coup qui frappe le roi
bien-aimé, ainsi que la famille royale. Le
prince Baudouin, qui vient de nous être
enlevé, était la gloire de sa famille. La Pro-
vidence n'a pas voulu que son royaume fût
de ce monde.
M. de Lantsheere, au nom du bureau de
la Chambre s'associe au deuil national do nt
le pays vient d'être frappé.
M. Frère-Orban, au nom de la gauche,
dans une allocution très éloquente, s'asso-
cier également aux paroles du chef du ca-
binet.
M. Nothomb, au nom de la droite, dit
qu'il faudrait pour traduire ses sentiments
de tristesse et de deuil posséder les accents
d'un Bossuet.
M. de Mérode, au nom de la députation de
Bruxelles, exprime les sentiments de pro-
fonde douleur éprouvés par le pays.
La séance est ensuite levée en signe de
deuil.
A l'occasion de la mort du prince Bau-
douin, la Bourse sera fermée demain sa-
medi. Les théâtres feront relâche ce soir.
Les cours et tribunaux ont levé leurs au-
diences en signe de deuil.
Les enfants du comte de Flandre
Leprince Baudouin, fils de Philippe, comte
de Flandre, et de Marie de Hohenzollern-
Sigmaringen (de la ligne princière non
régnante des Hohenzollern), était né à
Bruxelles le 3 juin 1869. Capitaine d'infan-
terie belge, il avait en même temps le grade
de capitaine de cavalerie prussien, à la
suite du 2e régiment de dragons hano-
vriens 11916.
Les autres enfants d~ COUlÇ et de l
comtesse de Flandre sont : la princesse
Henriette, âgée de vingt et un ans, qui est
encore gravement malade ; la princesse
Joséphine, âgée de dix-neuf ans, et le
prince Albert, qui aura bientôt seize ans
et qui devient, par la mort de son frère
aîné, l'héritier présomptif de la couronne
belge.
Couronne en danger
Le roi Léopold II n'a que trois filles :
l'aînée, la princesse Louise, est mariée au
prince Philippe de Saxe-Cobourg-Gotha,
frère ainé de Ferdinand de Bulgarie; la
seconde, l'archiduchesse Stéphanie, est
veuve du prince impérial Rodolphe d'Au-
triche; la princesse Clémentine, la troi-
sième, qui est encore auprès de ses parents,
est âgée de dix-neuf ans.
La succession au trône de Belgique n'est
plus assurée que sur la tête du jeune prince
Albert, né le 8 avril 1875. L'article 60 de la
constitution belge exclut expressément et
à perpétuité les femmes et leur descen-
dance.
Le roi étant majeur à dix-huit ans,d'après
la constitution, il n'y a guère qu'un délai
de deux ans avant la majorité du suc-
cesseur éventuel de Léopold II.
Si ce dernier rameau de la descendance
masculine de Léopold Ier venait à faire dé-
faut, le roi serait autorisé, par l'article 61
de la constitution, à nommer son succes-
seur avec l'assentiment des deux Cham-
bres. Aucune des deux Chambres ne peut
délibérer sur cet objet si deux tiers au
moins des membres qui la composent ne
sont présents, et leur résolution, pour être
adoptée, doit réunir au moins les deux
tiers des suffrages. Il faut également l'as-
sentiment des Chambres pour que le roi
puisse être en même temps chef d'un autre
Etat.
La constitution ne dit rien quant au cer-
cle de successeurs possibles parmi lesquels
le roi peut faire un choix.
Les parents les plus proches des Cobourg
de Belgique sont, à un degré égal, leur
cousin de Saxe-Cobourg-Gotha, qui n'a pas
d'enfants, et leurs cousins de Saxe-Co-
bourg-Gotha-Cohan, les princes Philippe
et Auguste, neveux de Léopold 1er et frères
de Ferdinand de Bulgarie, qui est déjà
pourvu.
Dans le cas où le roi n'aurait pas fait
choix de son successeur avec l'assenti-
ment des Chambres et mourrait sans laisser
d'héritier dans la descendance masculine
de Léopold Ier, le trône serait vacant.
C'est une hypothèse dont l'éventualité
mérite dès aujourd'hui d'être envisagée
sérieusement.
A l'ambassade
La nouvelle de la mort du prince est par-
venue à Paris à neuf heures du matia. Le
président de la République, aussitôt pré-
venu, s'est fait inscrire chez M. de Beyens,
ministre de Belgique. En même temps il
adressait au roi Léopold un télégramme de
condoléances.
M. Ribot s'est également rendu chez le
baron de Beyens. Après lui,sont venus s'in-
crire un grand nombre de notabilités mon-
daines ou politiques. Nous citerons M. Le
Royer, président du Sénat, M. Constans et
son chef de cabinet, le nonce, lord et lady
Lytton, le comte de Munster, venu un des
premiers, la comtesse Hoyos, M. et Mme
Furtado-Heine, le duc de Chartres, M. et
Mme Latruffe, etc.
Nous nous sommes croisé avec le major
Ch. Stevens, du 3° lanciers, qui avait pris
part aux grandes manœuvres de l'automne
dernier, à côté du jeune prince, lui-même
capitaine de carabiniers.
Il nous rappelle avec émotion l'effet pro-
duit sur les troupes en voyant l'héritier du
trône faire toutes ses étapes à pied sac au
dos.
Rien n'est encore décidé au sujet des fu-
nérailles ni du service à Paris. Le baron
de Beyens est d'ailleurs fortement grippé,
et l'on ne sait pas encore s'il pourra se ren-
dre à Bruxelles.
L'INFLUENCE DU MOIS DE JANVIER
SUR LA FAMILLE ROYALE
DE BELGIQUE
L'année dernière, lorsque le 1er janvier
on annonça à la reine des Belges que le
château royal de Laeken était en flammes,
elle s'écria :
« Ah ! le mois de janvier porte malheur
à notre famille ! »
En effet, c'est en janvier que devint folle
l'impératrice Charlotte, sœur du roi des
Belges; c'est le S2 janvier 1869 que mourut
le duc de Brabant, son fils et héritier de la
couronne.
En janvier aussi, en 1881, le château où
habitait l'impératrice Charlotte fut détruit
entièrement par un incendié.
Ce fut en janvier 1889, que l'archiduc
Rodolphe, gendre du roi Léopold, se sui-
cida à Meyerling.
Le 1er janvier 1890, le château de Laeken,
dans lequel se trouvait une riche collec-
tion d'objets d'arts, tous les souvenirs de
famille du roi, et parmi ceux-là le seul
portrait qu'il eût de son fils, prit feu et fut
anéanti complètement.
Enfin, le 23 janvier 1891, meurt le prince
Baudouin.
CANDIDATURE GOBLET
(D'UN CORRESPONDANT)
Perpignan, 33 janvier.
Le journal VEclaireur, ayant pour direc-
teurs politiques MM. Vilar, sénateur, et
Brousse, député, pose la candidature de M.
René Goblet, ancien président du conseil
des ministres, au siège de l'arrondissement
de Prades, laissé vacant par l'élection de
M. Vilar, député, comme sénateur.
Un comité s'organise pour soutenir cette
candidature.
[Nous ferons remarquer que ce qui a pu
donner lieu à cette nouvelle, c'est un article
paru dans l'Eclaireur, qui s'étonne qu'un
homme de la valeur de M. Goblet ne soit pas
à la Chambre. Un collège électoral s'honore-
rait, dit l'article, en faisant appel à l'union
rait, électeurs républicains sur le nom de l'an-
des
cien président du conseil. Mais nous devons
ajouter que M. Goblet n'est pas candidat.]
UNE VOITURE DANS UN CANAL
(D'UN CORRESPONDANT)
- Dunkerque, 23 janvier. — Une voiture conte-
nant trois personnes, Mme Bertram, de Dun-
kerque, et ses deux pertes filles, âgées de
sept et neuf ans, est tombée jeudi soir dans
le canal de Bour_JUrg, à Coppenaxfort, pen-
dant que M. Ber ^jn était au cabaret voisin.
Lune des enfants a été sauvée, l'autre
5 Qst tl1: Uç - U4r.S.
CHRONIQUE
M. Louis Henrique, qui est le secrétaire
général de la Société. française de coloni-
sation, conte dans VAvenir des coloniesy
qui est le bulletin officiel de la société,
une histoire bien significative.
C'est l'histoire d'une famille de braves
gens, composée de dix personnes : le père
âgé de hh ans, la mère de 38, et huit en-
fants de ââ à h ans.
Cette famille habitait la Loire-Infé-
rieure. Le père était un honnête ouvrier
de la campagne ; il avait longtemps trouvé
du travail et gagné de quoi suffire à peu
près aux besoins de la maisonnée ; les en-
fants, de leur côté, travaillaient comme
et où ils pouvaient, s'occupant à des be-
sognes appropriées à leur âge. Vint sep-
tembre et le commencement de l'hiver.
Plus d'ouvrage nulle part, plus de pain,
bientôt plus de gîte, et pas un sou pour
gagner la ville la plus voisine. C'était le
chomage dans toute son horreur.
Vous savez quelle a été la rigueur de
cet hiver. La misère de ces pauvres gens
devient effroyable. Les voisins s'émeu-
vent, se concertent, se cotisent; l'un
donne du pain, l'autre un vieil habit,
l'autre un coin de grange. On pare aux
besoins les plus pressants; mais on n'est
pas riche dans ce coin de la Bretagne où
chacun peine pour manger chichement.
La charité ne tarda pas à se lasser. Le
maire, par bonheur, lisait les journaux.
Il avait appris, en lisant nos articles,
qu'on envoyait des émigrants dans nos
colonies et que l'Etat leur accordait des
concessions de terres. Si on les envoyait
là-bas, n'importe où ? Si on faisait de ces
pauvres diables sans sou ni maille des
propriétaires? M. Henrique ne nous donne
pas le nom de ce maire, et j'en suis fâché;
j'aurais eu plaisir à lui adresser publi-
quement, pour sa généreuse initiative,
les remerciements et les éloges qu'il mé-
rite.
Il intéresse à ses protégés et le préfet et
les députés du département. On simplifie
pour eux les formalités préliminaires;
l'administration des colonies, avec le plus
louable empressement, accorde le passage
gratuit ; la Société française de colonisa-
tion obtient demi-place sur les voies fer-
rées; le préfet du département fait allouer
par le conseil général l'argent du voyage,
et maintenant, dit M. Henrique, nos pau-
vres Bretons, qui se sont embarqués à
Marseille dans les derniers jours de dé-
cembre, sont en route pour le pays où ils
ne connaîtront plus ni la faim ni le
froid.
Voilà une famille sauvée de l'extrême
misère et qui va s'enrichir (vivre tout au
moins) en fécondant le sol d'une terre où
flotte le drapeau français. Mais combien
d'autres auraient besoin qu'on leur ren-
dît le même service ! M. Louis Henrique
nous conte qu'il reçoit par dizaines des
lettres ainsi conçues :
« Je manque d'ouvrage, et l'hiver
est dur aux pauvres. Envoyez-moi où
vous voudrez, où vous pourrez ; je suis
solide, j'ai trente ans, je ne boude pas à
la besogïie Y.,
« L'Etat, dit un autre, l'Etat qui dé-
pense tant d'argent pour les malfaiteurs,
ne fait-il rien pour les honnêtes gens? La
Nouvelle-Calédonie est, dit-on, le pays
des criminels. Que faut-il faire pour aller
en Calédonie, sans passer par la cour
d'assises ?.»
Je ne suis pas, comme M. Ileni-ique, secré-
taire d'une société de colonisation. Mais
il a suffi que je touche à diverses reprises
la question dans les journaux où j'écris,
pour que moi aussi je reçoive chaque
semaine au moins une de ces lettres dé-
sespérées et suppliantes. Je ne puis mal-
heureusement témoigner à ceux qui me
les écrivent qu'une bonne volonté inutile.
Je n'ai point d'argent à leur donner ;
je n'ai pas même le plus souvent d'indi-
cation utile à leur fournir.
Ce ne sont pas les émigrants de bonne
volonté qui manquent pour s'en aller
peupler et fertiliser nos colonies. Mais ils
ne savent. où aller, et au cas même où ils
auraient choisi de préférence une terre
J^ançaise par-delà l'Océan, ils ne sau-
raient comment s'y rendre. Quand on
songe à quitter son pays, c'est qu'on y
vit très mal, c'est qu'on n'y a pas le sou,
et alors on voit se dresser le terrible
point d'interrogation : Comment paierai-
je le passage ?
A qui demander des ressources ? A
l'Etat ? Mais à l'heure actuelle, l'adminis-
tration des colonies dispose en bloc de
cinquante mille francs pour faire de la
colonisation par l'envoi d'émigrants. A
trois cents francs par passage, il est facile
de calculer combien elle enverra d'émi-
grants en 1891 : cent soixante en chiffres
ronds, c'est-à-dire quarante familles en-
viron, à condition que ces familles de mi-
sérables ne s'avisent pas de mettre huit
enfants en ligne.
Cinquante mille francs ! s'écrie M.Hen-
rique. N'est-ce pas une dérision ? Vaut-il
vraiment la peine d'avoir des colonies qui
coûtent si cher à acquérir et à garder
pour les peupler de fonctionnaires seule-
ment? En Nouvelle-Calédonie, il n'y a que
huit mille Français; il n'y en pas dix mille
en Tunisie ; il n'y en a pas cent à Mada-
gascar; on n'en compte que trois cent
mille en Algérie. - _n-
Et il y a en France des milliers de tra-
vailleurs qui chôment ! S'imagine-t-on
que l'Australie s'est peuplée toute seule
et sans le secours de personne? L'Irlande a
fourni un large contingent d'émigrants
pauvres qui ont fait souche dans ce pays
neuf, et qui tous y ont vécu, s'ils n'y ont
pas prospéré tous. C'est qu'en Angleterre
on a compris qu'en favorisant l'envoi
d'émigrants on faisait à la fois une œuvre
! charitable et une économie.
M. Henrique pense que de toutes les
I aumônes ce serait la plus efficace et la
plus profitable. Jl propose è, tous les pré-
fets l'exemple de leur collègue de la Loire-
Inférieure, qui a sauvé une famille de 13
misère en donnant d'utiles citoyens à
l'une de nos colonies. Qu'a-t-il fallu pour
cela ? une allocation sur le budget dépar-
temental, une somme insignifiante.
Pourquoi n'y aurait-il pas dans chaque
budget départemental un fpnds de. se-
cours, petit ou grand, spécialement affec-
té aux dépenses de voyage des émigrants?
Les préfets sont, dans chaque départe-
ment, mieux placés que le ministre pour
savoir, grâce aux rapports qu'ils entre-
tiennent avec les maires, quelles sont les
familles, et au besoin même, quels sont
les célibataires qui, repoussés de tout
travail en France, apporteraient à quel..
qu'une de nos colonies une force nouvelle,
Nous sommes trop serrés sur notre vieille
terre de Gaule ; la ruche est devenue trop
petite : il faut essaimer.
M. Henrique émet encore l'avis que le
ministre de l'intérieur pourrait, sur le
produit du pari mutuel, prélever une
somme quelconque pour alimenter une
caisse d'émigration et subventionner les
sociétés qui s'occupent, à un point de vue
tout philanthropique, de favoriser l'oeu-
vre de la colonisation. Il subventionne
bien les sociétés de patronage des crimi-
nels libérés : ces gredins sont-ils donc
plus intéressants que les honnêtes paysans
ou que les ouvriers des villes qui n'ont
jamais failli?
J'ajouterai à ces réflexions qu'un grand
résultat pourrait déjà s'obtenir si la So-
ciété de colonisation comptait un plus
grand nombre d'adhérents. Elle a son
siège 1, rue de la Néva. Les membres
souscripteurs versent cinq francs par an,
et les membres donateurs en donnent
vingt ; pour être fondateur, il faut d'un
coup s'inscrire pour cent francs ; on n'est
pas bienfaiteur (saluez!) à moins de
mille.
C'est de l'argent bien placé.
Francisque Sarcey. -
L'AVOCAT D'EYRAUD
A L'ELYSÉE
Nous avons dit avant-hier que Me Félix
Decori, l'avocat d'Eyraud, avait adressé à
M. Carnot une demande d'audience, afin
de remettre en personne au président de la
République le recours en grâce signé par
l'unanimité du jury qui a condamné Michel
Eyraud à la peine de mort.
Me Decori a été reçu hier matin, à onze
heures, par M. Carnot, auquel il a remis le
recours en grâce signé des douze-jurés.
Ce recours sera envoyé par les soins du
président à la commission des grâces, qui
n'a pas encore donné son avis.
D'un autre côté, Mlle Renée Eyraud avait
sollicité de Mme Carnot l'honneur d'une
audience. Cette audience n'a pas été accor-
dée à la fille du condamné. Il paraît que
cela « eût été contraire aux précédents ».
— C'est mauvais signe pour Eyraud, di-
sait-on hier. Le président peut bien gracier
un huissier, Bousquet, qui a assassiné un
avocat et la bonne de cet avocat, mais gra-
cier un particulier qui assassine un huis-
sier !
Aire Wlaimiroff
LE DRAME DE VILLE-D'AVRAI
La troisième audience. — Dépositione
accablantes pour l'accusé. — Le
témoignage d'un mort.
Dès que l'intérêt se soutient, on ne sau-
rait guère se plaindre de la prolongation
des débats, mais si ceux-ci se terminent
demain dimanche, c'est tout ce qu'on peut
se promettre.
La journée d'hier a été terrible pour l'ac
cusé. Wladimiroff d'ailleurs est arrivé un
peu plus abattu: il est pâle et sent qu'il
n'est pas dans une atmosphère sympa-
thique. Me Demange tient vaillamment le
drapeau ige la défense ; avons-nous dit qu&,
le défenseur avait à son côté Me Hauss-
mann du barreau de Versailles ? La dé-
fense est comme ces étoiles qui sont dou-
bles ; mais ce sera une plaidoirie de plus.
Les témoignages entendus à l'audience
d'hier ont été accablants pour le meurtrier
de Mme Dida. Nous allons les analyser de
notre mieux, ensuivant l'ordre dans le-
quel ils ont été recueillis, nous devrions
plutôt dire le rang, parce que le lien entrer
ces dépositions s'est bien souvent brisé.
Mme Boldemar, la directrice de l'établis.'
sement hydrothérapiquedu docteur Keller.
n'apporte aucun fait nouveau. Elle a miar
des ménagements dans le renvoi de la mai-
son de ses pensionnaires à cause de l'ho-
norabilité reconnue, de. la famille MagoiS',:
mais leur maintién étair'impossible à cause
de la conduite de l'accusé. -
— Mme Dida/ du, ce'témoin, était très aiméa'
dans l'établissement; elle était bien' éIevêe, dEs-
caractère enjoué. Elle parlait facilement da
son prochain mariage, qui, disait-elle, devait
avoir lieu à la Nonciature.
: Mme veuve Théodore Bontemps, gérante
de l'hôtel de la rue de Balzac, a eu un rôle
plus actif. Chacun reconnaîtra, du restet
qu'elle s'est conduite en femme de cœur.
Sur le séjour dans l'hôtel des protag'.
nistes du drame dont se joue à Versaillesf
l'avant-dernier tableau, rien à dire qui ne
soit déià connu.
Le témoin refusa, on le sait, de remettre
à Mme Dida la lettre que la veille du crime-
Wladimiroff voulait faire parvenir à celle-
ci. L'accusé insista beaucoup, suppliant
Mme Bontemps de glisser son épitre sousf
l'oreiller de la jeune femme, de la placer
même au fond du vase renfermé dans la
table de nuit.
— Cachez-moi dans les cabinets, ajoutait-
il, je glisserai au garçon une pièce de dix
francs.
Mme Bontemps resta inflexible. Cette let..
tre, Clary venait le lendemain la réclamer,
et, accomplissant cette mission, répétait au
témoin les dernières paroles de la victime :
« Je veux remettre M. Pierre à sa mère ; il
est agité, il a un revolver; je ne le quitterai
pas de la journée. »
Triste voyage
, Vers l'heure du dîner, Mme Bontemps; - >
[ reçoit ce télégramme daté deVille-d'Avray :
« Prévenir Mjue de Wl¡wlUU'Q.U q&ç gfta.il*
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