Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1898-01-05
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 05 janvier 1898 05 janvier 1898
Description : 1898/01/05 (N10162). 1898/01/05 (N10162).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k75653248
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/05/2013
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N° 10162S. — Mercredi 5 Janvier 1898
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Adresser lettres et mandats àl'Administrateur
NOS LEADERS
tonragee rHonOOM
Je lisais ces jours derniers dans
l'Echo de Paris un article fort touchant,
que notre confrère M. Lucien Descaves
y a écrit sur la mort d'Alphonse Daudet.
Il y conte quelques anecdotes qui sont
toutes à l'honneur du brillant romancier
et termine son article en disant qu'après
l'ouverture du testament de Goncourt,
il s'abstint d'aller voir son ami; il avait
peur qu'on ne le soupçonnât d'intriguer
près de lui pour être choisi comme
candidat à l'académie future.
« Que voulez-vous? dit-il, la ridicule
posture de candidat à n'importe quoi
répugne à mon humeur indépendante.
Je savais bien, parbleu ! que Daudet ne
me taxerait jamais de calcul mes visi-
tes ; mais d'autres que lui, d'aimables
confrères, pouvaient les juger intéres-
sées ; j'aimai mieux ne pas donner lieu à
cette interprétation.
» Aujourd'hui que Daudet n'est plus ;
en pensant aux heures d'apaisement et
de bon conseil dont je me suis privé,
je regrette mes scrupules. »
Oh ! que vous avez raison, mon cher
confrère, de les regretter 1 ils étaient
délicats et nobles, mais vous auriez dû,
fort de votre conscience et de votre
honnêteté vous mettre au-dessus de
ces considérations mesquines, et ne pas
leur sacrifier une vieille et charmante
intimité.
Les intrigants et les coquins se mo-
quent du qu'en dira-t-on ; que leur im-
porte ce que l'on peut penser d'eux? Il
serait temps que les honnêtes gens eus-
sent la même hardiesse tranquille, et
fissent ce qu'ils croient être bon et
juste, sans se soucier des interpréta-
tions intéressées et malignes.
Combien de fois dans la vie, quand
on a le cœur un peu bien situé, n'est-on
pas victime de ces délicatesses subtiles.
On rougit d'une bonne pensée comme
d'une faute; d'une action méritoire
comme d'une vilenie.
C'est bien ennuyeux de prendre de
l'âge ; je l'éprouve tous les jours ; mais
la vieillesse a pourtant un bon côté,
c'est que l'on arrive à être si sûr de
Boi-même et des autres,qu'on ne se sent
plus arrêté par ces timidités sottes. On
a été si longtemps en butte à la malveil-
lance et à la sottise des jugements hu-
mains, on a si souvent servi de cible à
la calomnie bête, qu'on finit par n'y plus
prendre garde, et qu'on recouvre la
parfaite indépendance de son esprit et
de son cœur.
Si vous aviez eu vingt ans de plus,
vous seriez, après la mort de Goncourt
retourné paisiblement chez Alphonse
naudet, qui eût trouvé tout naturel que
vous veniez lui serrer la main, comme
à l'ordinaire, sans vous occuper de sa-
voir s'il y avait ou non quelque chose
dedans.
.*.
On a un ami; on le tutoie, on passe
des soirées avec lui; on est, comme dit
le peuple en son langage pittoresque,
deux têtes dans un même bonnet. L'ami
devient ministre. La foule de ceux qui
la veille, le connaissaient à peine s'en
vient chez lui faire antichambre, l'acca-
ble de protestations et de placets, et
s'en va répétant partout : Mon vieux ca-
marade, le ministre. le cher maître.
set excellent bon, le ministre. ils en
ont plein la bouche. Vous vous tenez à
l'écart. S'il allait croire que je suis de
cette race de quémandeurs ! et sur ce
beau raisonnement, vous demeurez sur
la réserve; vous vous applaudissez
même, bien qu'en souffrant tout bas, de
votre fierté.
Et lui, qui n'y comprend rien, s'en
étonne, et il finit par en être navré :
— Pourquoi ne vient-il plus? Qu'y
t-il? Que lui ai-je fait? Est-ce que, sans
le vouloir, à travers tous mes tracas,
j'ai un jour avec lui manqué d'égards?
Il écrit gentiment une première fois :
— Mais reviens donc? Pourquoi ne te
voit-on plus? Ton couvert est toujours
mis chez moi, tu le sais bien. Ne sois
pas si sot.
Vous y retournez, mais vous surveil-
lant avec inquiétude. Ce n'est plus la
même ouverture de cœur. On vous sait
l'ami du ministre ; on vous a remis une
pétition, que vous avez dans votre poche
et qui vous la brûle, vous vous êtes dé-
battu ; vous ne vouliez pas la recevoir ;
vous aviez allégué que c'est précisé-
ment cette vieille amitié dont vous êtes
iré avec le ministre qui vous défend de
l'importuner et de le mettre au pied du
mur ; on vous a forcé dans vos derniers
retranchements ; vous avez promis de
mauvaise grâce, mais vous avez promis.
Tout en causant avec le ministre,
vous la tirez, tout honteux, de votre
portefeuille :
— Ah ! ah ! toi aussi, vous dit gaie-
ment le ministre, par forme de badi-
nage.
- Ce n'est pas pour moi, balbutiez-
vous, horriblement confus.
— Parbleu ! je le sais bien ; mais
crois que je le regrette ; allons, donne !
Ce toi aussi a été comme un coup de
poignard porté au cœur. Vous êtes mal
à l'aise, vous vous dites à part vous : il
me méprise à cette heure, me voilà
comme les autres ! quel rôle est-ce que
je joue devant lui? décidément je ne
remettrai plus les pieds au ministère.
J'attendrai pour le revoir qu*il ait été
rendu par la Chambre à ses chères
études et à ses vieilles amitiés.
Un jour arrive où il tombe. Vous lui
rendez visite. Mais ce n'est plus cela.
Le goût de l'intimité a disparu; un
je ne sais quel froid s'est répandu
sur votre cœur à l'un et à l'autre. Vous
êtes surpris de n'avoir plus rien à vous
dire, et de n'échanger que les propos
d'une conversation banale.
.*.
Vous pensez bien, mon cher confrère,
que c'est une histoire que je conte là.
Et que de fois, y repensant depuis, je
me suis dit :
« Faut-il que j'aie été sot avec mes
fiertés et mes délicatesses ? Est-ce qu'il
n'aurait pas mieux valu ne point faire
attention à son changement de fortune,
qui n'avait changé ni l'un ni l'autre de
son cœur ! Comme il eût été plus spiri-
tuel d'aller franchement à lui, la main
tendue, et de lui dire :
» Mon vieil ami, tu es ministre, cela
est fâcheux. Mais cela ne peut altérer en
rien nos relations. Si j'ai besoin de toi
pour quelque chose de juste, je m'a-
dresserai à toi et tu m'accorderas tout
de suite ce que je t'aurai demandé, d'a-
bord parce que ce sera juste et ensuite
parce que ce sera moi qui aurai fait la
demande. C'est entendu, n'est-ce pas ?
et maintenant mettons-no us à table, com-
me autrefois. »
Mais j'étais en ce temps là timide et
fier; vous savez, vous qui êtes psycho-
logues, que ces deux mots vont presque
toujours de pair. Il n'en serait plus de
même, à présent. Le long usage de la
vie m'a rejeté dans le goût du simple
et m'a rendu à la bonhomie, qui était le
fond de ma nature primitive. Parmi mes
amis, quelques-uns sont devenus mil-
lionnaires, d'autres ont occupé ou oc-
cupent des positions importantes, je
n'ai plus aucun embarras à frayer avec
eux, ne me souciant pas qu'on puisse
supposer que je vais les voir pour leur
argent ou pour leur influence. Je n'ai
plus aucun souci de ces misères, et je
m'en trouve bien. ,
*%
Je vous dis tout cela, et cependant -
voyez comme nous sommes tous pétris
de contradictions — oui, cependant je
n'aurais qu'une estime mêlée de défiance
pour un jeune homme qui ne connaîtrait
pas ces tristes et charmants scrupules,
qui n'en souffrirait pas lui-même, au
risque d'en faire souffrir un ami.
Votre conduite a été absurde, et je
serais presque fâché pour notre corpo-
ration, que vous en eussiez tenu une
autre.
FRANCISQUE SARCEY.
Nous publierons demain un article
de M. Lucien Victor-Meunier.
LES ON-DIT
CHEZ NOúS
—— L'année 1898 ne se passesa pas sans
journées critiques. Le professeur Falb nous
désigne comme telles : le 22 janvier, le
20 février, le 8 mars, le 22 mars, le 6'avril,
le 6 mai, le 3 juillet, le 2 août, le 31 août,
le 30 septembre et le 15 octobre.
Nous voilà avertis.
- Au cours de sa séance d'hier, l'A-
cadémie des sciences a désigné pour occu-
per le siège de vice-président, en rempla-
cement de M. Wolf, devenu de droit pré-
sident pour l'année 1898, M. Van Tie-
ghem.
Dans la même réunion l'Académie a en-
core désigné les deux membres qu'elle doit
présenter au choix du ministre pour la
chaire de chimie minérale vacante au Col-
lège de France, par suite du décès de M.
Schutzenberger.
Ont été désignés en première ligne, M.
Le Châtelier; en seconde ligne, M. Jean-
nin.
NVVVV\I La grâce de Cyvoct.
M. Ranc, qui a fait campagne dans la
presse pour obtenir la grâce de Cyvoct,
annonce en ces termes dans le Radical,
que cette grâce est accordée :
Ce m'est une grande joie de pouvoir annon-
cer, en toute certitude, qu'au dernier conseil
des ministres, sur l'initiative de M. le prési-
dent de la République, la grâce de Cyvoct a
été accordée. La grâce est pleine et entière,
c'est-à-dire que Cyvoct ne sera pas soumis à
l'obligation de résidence à la Nouvelle-Calédo-
nie et reviendra en France.
M. le président de la République a accompli
là un acte d'humanité et de justice dont tous
les gens de cœur lui seront reconnaissants.
Mieux vaut tard que jamais.
-" Une innovation pratique.
A partir du 1er janvier les cours des ren-
tes françaises seront transmis pour être
publiés à tous les bureaux télégraphiques
principaux et municipaux.
Les receveurs ou gérants sans exception
devront afficher le bulletin quotidien à
l'extérieur du bureau dans un endroit où le
public pourra le consulter commodément,
même lorsque la municipalité n'aura pas
fourni et fait poser un cadre d'affichage.
Chaque bulletin sera conservé pendant
deux jours, de telle sorte que le public ait
constamment sous les yeux les cours des
deux marchés consécutifs.
.,.,.,.,., On annonce la mort :
De M. Charles-Louis Livet, un des plus
érudits critiques et historiographes du
dix-septième siècle, molièriste militant, et
l'auteur, entre autres ouvrages d'un Lexi-
que de la langue de Molière,. dont le der-
nier volume a paru l'an dernier et qui a
été imprimé aux frais de l'Etat. M.Charles-
Louis Livet était âgé de soixante - dix
ans ;
De M. Louis Gérard, recteur de l'Uni-
versité de Montpellier.
De M. Lamar, chef-adjoint archiviste du
Palais-Bourbon, qui a succombé subite-
ment hier matin, dans la salle des Pas-
perdus, au moment où il causait avec un
huissier de la Chambre.
EN PASSANT
Légumes et fruits.
L'Assistance publique, vieille ménagère
aux comptes embrouillés, vient de faire ses
provisions pour l'année 1898, et daus son
cabas officiel elle a entassé les denrées né-
cessaires àJla consommation de ses hôpitaux,
de ses hospices et de ses asiles.
Un million de kilos de patates(la pomme
de terre! la pomme de terre!) 125,000 kilos
d'oignons, poireaux et carottes (oignons en
bottes ! oignons nouveaux l) 425,000 kilos de
haricots (haricots écossés ; haricots 1),
90,000 kilos de lentilles; 50,000 kilos de
pruneaux; 22,000 kilos de gelée de groseille
et 20,000 kilos de marmelade d'abricots et
de prunes, sans oublier les pois (pois vertsl
pois verts 1) ni le cresson de fontaine (la
santé du corps]) ni les orangeç (la belle
Valence 1) Pour un marché « conséquent »,
voilà un marché conséquent. Il y a du bon 1
la croustille est accordée !.
Hum ! peut-être que oui. Peut-être que
non. Le Parisien, informé, devient Nor-
mand, et pour cause, quand il s'agit des
bienfaits de l'administration. Voilà en effet
beaucoup de bonnes choses emmagasinées
dans le garde-manger des pauvres ; mais,
qui sait, qui peut dire comment elles en
sortiront et si au lieu d'alimenter les misé-
reux et les malades tous ces fruits, tous ces
légumes et toutes ces confitures ne se gâte-
ront et ne se moisiront pas sans profit pour
personne de par la toute puissante Ga-
begie, reine et maîtresse de nos institutions
d'Etat?
LOUIS MARSOLLEAU.
- A l'Elysée.
Le président de la République a reçu
hier matin le vice-amiral Regnault de Pré-
mesnil, M. Marcellin Pellet, ministre plé-
nipotentiaire de France au Guatemala, M.
Guimbert, président de la fédération des
mécaniciens et chauffeurs de chemins de
fer.
M. Tissier, président, et le bureau de
l'Association des étudiants de Paris ont in-
vité M. Félix Faure au bal annuel que
donnera l'Association le 26 février pro-
chain.
M. Félix Faure a accepté l'invitation.
ovvvvvo. M. Le Gall, directeur du cabinet du
Président de la République, a quitté Paris
hier soir pour se rendre dans le Midi pour
une huitaine de jours.
NVVVV'- M. Georges Cochery, ministre des
finances, a reçu hier dans l'après-midi le
personnel de l'administration des finan-
ces.
Les directeurs généraux des contribu-
tions directes et des contributions indirec-
tes se trouvant indisposés, la réception du
personnel de ces deux services a été remise
à mercredi prochain.
- Parmi les nominations dans la Lé-
gion d'honneur, à l'occasion de l'Exposi-
tion de Bruxelles, nous relevons celle de
l'ingénieur André Michelin, dont le nom
était déjà bien connu de ceux qui s'inté-
ressent à la vélocipédie et à l'automobi-
lisme. En effet la maison Michelin est la
première qui ait inventé le pneumatique
démontable qu'on adapte aujourd'hui aussi
bien aux bicyclettes légères qu'aux auto-
.mobiles poids lourds.
Hier, lundi, a été célébré à Aix-en-
Provence, le mariage de notre confrère Eu-
gène Rouzier, rédacteur à l'Eclair, avec
Mlle Adély Puget, fille de M. Puget, avo-
cat, chef de bureau au contentieux des che-
mins de fer P.-L.-M. Les témoins étaient,
pour le marié : MM. le docteur A.Bernard,
directeur de la santé publique, et Si-
bourd, notaire honoraire ; pour la mariée :
MM. Louis Daime et Louis Crouzet, ingé-
nieurs des ponts et chaussées.
- Les dates du tirage au sort dans le
département de la Seine, viennent d'être
fixées par le préfet, après entente avec le
général de Pellieux, chargé de ce service.
Dans les arrondissements de Paris, ces
opérations auront lieu du 10 janvier au 10
février.
Dans l'arrondissement de Saint-Denis,
du 17 janvier au 31 du même mois.
Enfin, dans l'arrondissement de Sceaux,
le tirage au sort se fera du 1er au 10 février.
Nous devons ajouter que les opérations
n'ont pas lieu tous les jours entre les dates
que nous donnons ; les jours et heures sont
indiqués par des affiches spéciales.
A Paris, ces opérations auront lieu à la
mairie de chaque arrondissement, sauf
pour les premier, huitième, seizième, dix-
septième arrondissements, qui n'ont pas de
locaux suffisamment grands.
NoNVVV Le cocher polyglotte.
Paris possède un cocher de fiacre qui,
sur les lanternes de son sapin a inscrit le
traditionnel : « English spoken. »
La mention est trop modeste, car il
paraît que le savant automédon parle,
en même temps que l'anglais, l'allemand,
l'italien, voire l'arabe.
Décidément l'instruction mène à tout.
A L'ETRANGER
- On vient d'ouvrir le testament de
la princesse de Hohenhe femme du
çh ancelier allemand*
Mme de Hohenlohe a 1 légué à ses fils les
immenses propriétés qu'elle possédait en
Russie et qu'elle tenait de la succession
Sayn Wittgenstein.
ir est probable qu'un des fils de Hohen-
lohe va renouveler sa demande de natura-
lisation russe, demande qui avait été refu-
sée sous Alexandre III.
- A la cour de Copenhague on se li-
vre ardemment au sport de « la boxe ». Le
prince Waldemar de Danemark est de
première force dans cet exercice.
Il a même réussi à tenir tête au tsar
Alexandre III,qui cependant joignait à son
habileté une force physique extraordi-
naire.
Le tsar Nicolas II, du temps qu'il était
encore prince hérédilaire, faisait chaque
jour un assaut avec son frère le grand-duc
Georges.
La cour de Saint-Pétersbourg a adopté
la mode de la cour de Danemark et le
nombre des boxeurs s'y multiplie de plus
en plus.
- Le plus grand soldat de l'armée al-
lemande est le nommé Konrad, qui fait
actuellement son service militaire au troi-
sième escadron du régiment des gardes du
corps.
Le pauvre homme est affligé d'une taille
de deux mètres quatre centimètres.
- On télégraphie de Friedrichsruhe
que l'état de santé du prince de Bismarck
est toujours le même, c'est-à-dire mau-
vais.
Ça fait toujours plaisir I
Le Passant.
LA SUPPRESSION DE L'OCTROI
Ce que fera Paris
Aujourd'hui se réunira la commission spé-
ciale du conseil municipal chargée d'étudier les
taxes de remplacement devant permettre à la
ville de Paris de recouvrer d'autre part ce que
la loi sur les boissons hygiéniques lui fera
perdre.
Cette commission est ainsi composée : MM.
Astier et Veber, Achille et John Labusquière,
Thuillier et Caron, Hattat et Baudin, Ranson et
Paul Brousse, Landrin et Ambroise Rendu.
La loi fixant la perception pour Paris, au
bénéfice de son budget, à 4 francs par hecto-
litre de vin et 1 fr. 50 par hectolitre de cidre,
poirés: hydromels, voici quelle devient la si-
tuation des recettes de ces octrois, en se ba-
sant sur les années 1895 et 1896.
En 1895 :
Vins. 5.012.266 hl. X4 »= 20.049.000 »
Cidres. 156.557 - Xi 50= 234.835 50
Bières.. 258.705 - X5 »= 1.294.000 »
Ensemble. 21.577.835 50
En 1896 :
Vins. 4.839.656 hl. X )= 19.358.624 »
Cidres.. 177.515 — XI 50= 266.272 50
Bières.. 248.2i5 - x 5 »= 1.241.075 »
Ensemble. 20.865 971 50'
En retranchant ces totaux des recettes ac-
quises en 1895 et en 1896, on a le montant du
dégrèvement suivant :
En i895 :
57.737.000 — 21.577.835 50 = 36.159.165 50
En 1896 :
55.835.373 — 20.865.971 50 = 34.969.402 50
Les chiffres du dégrèvement total et du dé-
grèvement partiel étant connus, voyons main-
tenant les taxes auxquelles la loi permet de
recourir pour remplacer les droits supprimés
ou abaissés, d'après les chiffres approximatifs
du rapporteur du budget de l'octroi.
1° Elévation du droit sur l'alcool.
Pour la ville de Paris le droit pourrait être,
en addition du droit actuel de 24 francs, aug-
menté au maximum de 85 fr. 20.
Les quantités d alcools imposées en 1896
s'élevant à 182,481 hectolitres, il en résulterait
une augmentation de recettes
de. 15.547.381 »
2° Etablissement de licences
municipales. Elles seraient
composées d'un droit fixe et
d'un droit proportionnel. Un
règlement d'administration pu-
blique déterminera les condi-
tions dans lesquelles ladite
taxe sera assise et perçue. Le
projet Bar doux, modifié sur ce
point, évaluait à 5 millions le
rendement de cette licence. Il
semble prudent de le réduire à 4.000.000 »
3° Perception d'une taxe ma-
xima de 0 fr. 30 sur tous les
vins en bouteilles.
Fixons-la pour mémoire à.. 500,C00 »
4° Un produit dans certaines
taxes directes assimilées.
Les communes pourraient
créer des taxes égales, au ma-
ximum, aux taxes en principal
établies : sur les chevaux et
voitures, sur les billards, sur
les cercles, sociétés et lieux de
réunion, sur les chiens. — Le
projet Bardoux y ajoulait les
vélocipèdes et évaluait la re-
cette totale à 2,725,000 francs.
Ramenons-la à. 2.000.000 »
Enfin les communes pour-
raient établir des centimes ad-
ditionnels dont le chiffre ne
devrait pas dépasser vingt. Le
centime à Paris valant 610,000
francs, ces vingt centimesdon-
neraient. 12.200.000 »
Ensemble. 34.247.381 »
Ainsi, toutes les taxes que pourrait établir
la ville de son plein pouvoir n'arriveraient pas
seulement à couvrir le déficit résultant d'un
dégrèvement partiel.
Le conseil municipal de Paris va donc cher-
cher des taxes de remplacement autres que
celles imposées par l'Etat.
Il ne lui sera pas difficile d'en trouver, mais
comme les taxes frappent toujours des contri-
buables, on peut dire d'avance que ceux qui
seront frappés déclareront toujours que c'est
à tort. — Emile Willème.
LES PETITES REFORMES
Rivalités d'armes
Quelques-uns de nos lecteurs nous prient
d'appeler la bienveillante attention de M. le
ministre de la guerre sur le fâcheux état d'es-
prit qui divise trop souvent les militaires de
différentes armes.
L'un d'eux nous demande notamment s'il
ne serait pas possible d'inviter les sous-offi-
Ciers qui sont chargés, à tour de rôle, de sur-
veiller les hommes en congé à leur arrivée
dans les gares de Paria, de montrer un Deu
d'équité vis-à-vis des soldats qui n'ont pas
l'honneur de porter le même uniforme
qu'eux.
« Passez à la gare Saint-Lazare ou à IA gare
de Lyon, nous dit-il, et bientôt tous consta-
terez l'animosité qui règne entre l'infanterie et
la cavalerie.
» Est-ce un adjudant d'infanterie qui est de
garde ? Un fantassin en tenue de fantaisie pas-
sera sans être in
sera sans être inquiété, mais les jours de con-
signe pleuvront dru sur le malheureux cavalier
qui aura commis la plus petite infraction au
règlement.
» Est-ce au contraire un sous-officier de ca-
valerie à qui incombe le service ? Les cavaliers
peuvent être tranquilles ; qu'ils soient en règ'e
ou non, on ne les punira pas. Mais qu'un fan-
tassin ait un képi trop haut ou tienne à la
main une paire de gants, il se verra menacé
aussitôt d'être conduit à la place. »
Notre correspondant ajoute:
« Je ne sais pas si les grands chefs approu-
vent cette étrange façon de comprendre la dis-
cipline. Mais je doute qu'elle développe chez
les hommes le sens du respect de la hiérarchie
et de la solidarité militaire. »
Voilà qui est tout à fait exact et qui mérite,
en effet, de retenir l'attention.
Malheureusement, ou nous nous trompons
fort, ou nous ne sommes pas encore près de
voir disparaître de l'armée ce déplorable es-
prit de caste qui fomente tant de jalousies en-
tre militaires.
Nous voulons cependant espérer que M. le
ministre de la guerre prendra en considéra-
tion les trop justes observations que nous pre-
nons la liberté de lui transmettre et qu'il s ef-
forcera de faire cesser, dans le cas présent
comme dans tout autre, l'animosité qui existe
entre les différentes armes et qui trop souvent
fait du régiment autre chose que l'école de fra-
ternité nationale qu'il devrait être. — André
Honnorat.
————————————— » ————————————.
L'Angleterre et la Chine
A Londres et à Tokio. — La Grande-Bre-
tagne reste l'arme au bras. — L'hos-
tilité contre la Russie.
Notre correspondant de Londres nous envoie
l'intéressante lettre qui suit, et qui donnera
une impression exacte des sentiments de nos
voisins d'outre-Manche sur les événements
d'Extrême-Orient.
Londres, le 2 janvier 1898.
Il s'agit, m'avez-vous demandé, de sa-
voir ce que la Grande-Bretagne pense de
toute cette affaire de l'Extrême-Orient, et
s'il est vrai qu'une alliance anglo-japo-
naise est sur le tapis.
A en juger par certaines conversations,
l'Angleterre peut contempler d'un œil in-
différent l'occupation de Port-Arthur par
la Russie et de Kiao-Tchéou par l'Allema-
gne. La Chine n'offre aux Anglais qu'un
intérêt commercial ; or, dans l'onsemble
des exportations et importations britanni-
ques qui en 1895 s'élevaient à 640 millions
sterling, l'intercourse avec la Chine ne
figure que pour un peu plus de 10 millions
sterling — une bagatelle. Quant au Japon
— toujours d'après certaines personnali-
tés londoniennes qui passent pour avoir
des relations suivies avec le Foreign-
Office — le Mikado a eu le tort de négli-
ger la Grande-Bretagne pour se jeter
aveuglément dans les bras de l'Allema-
gnequi lui a tout enseigné : l'art de la
guerre comme la construction des cuiras-
sés.
La politique japonaise
Qu'est-il résulté de cette politique ?
C'est que l'Empire allemand a conclu
avec la Russie un arrangement au préju-
dice du Japon auquel ces deuxpnissances
ont enlevé les fruits de ses victoires rem..
portées sur la Chine, tandis que la seule
nation qui pouvait protéger efficacement
le Japon contre les Russes n'a pas été
convenablement sollicitée par les Japo-
nais trop enivrés par leurs succès. Au-
jourd'hui le Japon malgré tout son atti-
rail militaire et naval se trouve en face
d'une coalition formée par la France,
l'Allemagne et la Russie en Chine et ce
n'est pas le Mikado qui peut sérieusement
songer à entreprendre une lutte armée
contre ces trois colosses. Par conséquent
les organes du parti tory lâchent tout sim-
plement le Japon; on dirait même qu'ils ne
sont pas fâchés du rôle secondaire qui va
nécessairement être imposé au Japon en
Orient, car cet empire menaçait de deve-
nir un concurrent redoutable pour les né-
gociants et industriels anglais. Il est en
outre évident que l'Angleterre doit rester
spectatrice des audaces européennes en
Chine et à part la prise de possession de
quelques points qui lui assureront cer-
tains avantages sur le golfe de Pechili, se
contenter de son influence au Siam, de la
possession de Hongkong et de sa prépon-
dérance à Shanghaï.
La guerre évitée
De tout ce qui précède il appert qu'à
moins que les Japonais ne soient fous ou
que le gouvernement britannique ne ca-
che la vérité sous une fausse modération,
la guerre dans l'Extrême-Orient n'est
ponit probable et que le gant de fer du
prince Henri de Prusse sera inoffensif. Il
y a même tout lieu d'espérer que cette
fois la Chine sera mâtée et que les chré-
tiens dans le Céleste Empire ne seront
plus exposés à subir les plus épouvanta-
bles supplices. L'ère des martyrs estclose;
celle de la civilisation commence. Ce
n'est pas le gouvernement britannique,
toujours obséquieux envers ses mission-
naires qui peut y trouver à redire. Sans
doute le prestige anglais a du plomb dans
l'aile ; mais si la prépondérance anglaise
pâtit et pâlit, les unionistes d'Albion en
rejettent la faute sur les Rosebery, les
William Harcourt, les Morley et les La-
bouchère qui ont tenu la main haute aux
Japonais et ont essayé de les bafouer. Il
est vrai que les politiciens radicaux ré-
torquant ou alléguant que {les casse-cous
des tories et .les hardiesses des jingoes
les ont réduits à un piteux état aux In-
des et en Afrique. La politique de l'en-
avant est devenue par suite de désastres
diplomatiques et militaires une politique
de reculade et les chefs de l'ancien parti
gladstonien ne ménagent ni leurs criti-
ques ni leurs sarcasmes au gouvernement
actuel.
Contre la Russie
L'opinion publique anglaise ne s'attarde
pas à ces polémiques, qu'inspire non pas
le patriotisme, mais l'esprit de parti, ett
comme il faut qu'elle s'en prenne à quel-
qu'un, elle daube la Russie, dont elle dé-
nonce ce qu'elle appelle les extravagan-'
ces ambitieuses. Il y a deux anglais sur-
tout, qui voudraient constamment jeter
les Russes aux gémonies britanniques ;
l'un est sir Ellis Ashmead Bartlett, l'au-
tre est le directeur de la Sainte James's
Gazette. Pour eux, la Russie est une enne-
mie acharnée contre laquelle les hommes
d Etat anglais ne savent pas se prémunir.
Elle s avance à pas de loups — de loups
gigantesques; ellejconstruit unevoieferrée
de Merv à Khushk, dans la direction do
l'Afghanistan ; elle pousse, avec une ac-
tivité fébrile, son chemin de fer trans-
sibérien. Elle augmente son prestige à la*
vapeur en Asie, tandis que la richissime'
Angleterre reste les bras croisés dans la;
vallée de l'Euphrate et sur tout le littoral)
du golfe Persique, sans parler ni deHérat
ni de Candahar. Ce n'est pas tout : Ce;
sont les ingénieurs russes qui vont établir
des chemins de fer en Chine et ce sont;
des russes qui vont les garder.
Quel crime abominable hein ! et le pu-
blic anglais hoche la tête et il fume sa
pipe en songeant à l'Egypte et au Sou-
dan, à cette Afrique qui lui donne tant de
mal et dont les habitants ne lui achète-
ront jamais autant de calicot et de J)aco.
tille que pourraient faire les Chinois qui
sont 400 millions et dont les marchés
vont être bondés d'articles fabriqués ea
Allemagne! C'est dur.
Le bruit court à Londres que l'Italie a
conclu une entente avec la Grande-Breta-
gne relativement à la question de lat
Chine. D'autre part on affirme dans les;
clubs tories que lord Salisbury fera ap-\
pel au concert européen pour régler le-\
sphères d'influence dans le Céleste Emsi
pire et faciliter à toutes les puissance
les moyens d'y répandre les bienfaits e
les avantages de la civilisation et du
commerce. -
^■—■— f.
Demain, les Tablettes du Progrès
par M. Georges Vitoux.
AUGUSTE BURDEAU
MM. Armand Ruiz et Adolphe Coste tuteur et
subrogé-tuteur des enfants Burdeau, nous
adressent la communication suivante ;
Tous les anciens confrères d'Auguste Bu
deau, dans la presse, ont reproduit ily a quel-?
ques mois le document d'une haute valeur
morale que nous versions à l'instruction pou
la défense de la mémoire de notre ami. ;
Nous comptons sur la même sympathie oou
la même impartialité des journaux françai
pour qu'il soit constaté par tous, au sortir dq
procès de Panama, que le fragile échafaudage
des abominables calomnies portées contre
Burdeau s'est misérablement effondré.
Le 28 mars 1897, M. le juge d'instruction L
Poittevin, invoquant « la parole d'honneur
d'Arton, en laquelle il avait « la plus grand ?
confiance », a déclaré à la commission de
poursuites que Burdeau avait été payé par Ar
ton pour avoir rédigé le rapport de M. Henrg
Maret et pour avoir réuni chez lui une sorte'
de comité parlementaire de corruption.
Or, il n'était pas vrai que le prétendu cor
rupteur Arton eût été en relations avec BUl',
deau.
Il n'était pas vrai que des conciliabules d(
députés eussent été tenus chez Burdeau.
Il n'était pas vrai que Burdeau eût rédigé l
rapport de M. Henry Maret. <
11 a été reconnu enfin, en pleine audjence
que, sur le carnet d'Arton, le nom de Bur-\
deau a été inscrit sur un grattage. :
De telles constatations auraient été faciles âl
établir pour un esprit non prévenu, obéissant
aux règles les plus élémentaires de la jusLice.J
Et alors, surtout qu'aucun témoignage ne ve-<
nait appuyer l'accusation d'un condamné de*
droit commun, on reste confondu de l'étrange
précipitation avec laquelle un juge n'a pas
craint, en violant lui-même le secret de sog
instruction, de s'attaquer à toute une vie de
dévouement patriotique et d'honneur..
Dans ce pays de liberté et de justice, on a
pu porter ouvertement contre Auguste Bur-J
deau mort, les accusations les plus odieuse
sans qu'il y eût pour ses enfants de moyen lé-j
gai d'intervenir au procès et de défendre cettof
mémoire qui est la part la plus précieuse d
leur patrimoine. j
Nous avons le devoir de protester énergie
quement contre de pareils procédés judiciai-
res, et nous comptons sur l'indignation d
tous les honnêtes gens, sur le concours de
toute la presse pour les flétrir avec nous.
* 1
Chasseurs contre Forestiers
A propos de prochaines adjudications. —|
Locations à trop court terme.- Fores- j
tiers-chasseurs. — La lapin persé- *
cuté. — Une administration
tracassière. -_.
La clôture de la chasse est proche. L'admi t
nistration forestière va procéder à l'adjudication
de la chasse à tir et à courre dans certains
domaines de l'Etat et à propos de cette nou-i
velle mise aux enchères, les chasseurs fon
entendre un concert de plaintes amères. 1
Les adjudicataires des lots des splendide/
forêts de Compiègne et de l'Aiguë, presque
tous des Parisiens que la proximité de ces fUj
taies superbes incite aux hécatombesrappelésà
renouveler leur privilège seraient assez dispos
ses cette année à se mettre en grève. L'aa«
» 1
cien cahier des charges dont ils trouvaient déjàf
les conditions onéreuses et draconiennes se^
rait renforcé, dit-on, de clauses plus dures eW
core. !
En leur doléances, Hs se plaignent de la d
rée trop courte des baux, dont il faut poiufj
ainsi dire sacrifier la première et la dernière
année. Selon eux, ces baux de cinq ans amè
neront la disparition complète du gibier en u
avenir prochain. J
L'adjudication des chasses de l'Etat est unof
ressource budgétaire qui n'est pas à dédaigner
et elle pourrait devenir une source de traasH
action commerciale importante si l'on se sou:
ciait un peu plus de sauvegarder le gibier pac
les mesures si utilement appliquées dans lea
pays voisins et notamment en Allemagne. Norf
marchés sont aujourn'hui envahis par le lièvre
germanique. ]
C'est que dans ces pays, le personnel forea*
tier aime el connaît le gibier, c'est qu'il ne ,i,
pas en mauvaise iDtelbgeIlCe avec les c
PARIS & DEPARTEMENTS
y3U© TTumëro. ^CINTT ^CENTIMTï!«
——..—— —.—. - yBSŒk
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W4à 8 heures du soir et de 10 heures du soir à 1 heure du matin
N° 10162S. — Mercredi 5 Janvier 1898
16 NIVOSE AN 106
ADMINISTRATION: 131, rue Montmartre, .?qœl:
Adresser lettres et mandats àl'Administrateur
NOS LEADERS
tonragee rHonOOM
Je lisais ces jours derniers dans
l'Echo de Paris un article fort touchant,
que notre confrère M. Lucien Descaves
y a écrit sur la mort d'Alphonse Daudet.
Il y conte quelques anecdotes qui sont
toutes à l'honneur du brillant romancier
et termine son article en disant qu'après
l'ouverture du testament de Goncourt,
il s'abstint d'aller voir son ami; il avait
peur qu'on ne le soupçonnât d'intriguer
près de lui pour être choisi comme
candidat à l'académie future.
« Que voulez-vous? dit-il, la ridicule
posture de candidat à n'importe quoi
répugne à mon humeur indépendante.
Je savais bien, parbleu ! que Daudet ne
me taxerait jamais de calcul mes visi-
tes ; mais d'autres que lui, d'aimables
confrères, pouvaient les juger intéres-
sées ; j'aimai mieux ne pas donner lieu à
cette interprétation.
» Aujourd'hui que Daudet n'est plus ;
en pensant aux heures d'apaisement et
de bon conseil dont je me suis privé,
je regrette mes scrupules. »
Oh ! que vous avez raison, mon cher
confrère, de les regretter 1 ils étaient
délicats et nobles, mais vous auriez dû,
fort de votre conscience et de votre
honnêteté vous mettre au-dessus de
ces considérations mesquines, et ne pas
leur sacrifier une vieille et charmante
intimité.
Les intrigants et les coquins se mo-
quent du qu'en dira-t-on ; que leur im-
porte ce que l'on peut penser d'eux? Il
serait temps que les honnêtes gens eus-
sent la même hardiesse tranquille, et
fissent ce qu'ils croient être bon et
juste, sans se soucier des interpréta-
tions intéressées et malignes.
Combien de fois dans la vie, quand
on a le cœur un peu bien situé, n'est-on
pas victime de ces délicatesses subtiles.
On rougit d'une bonne pensée comme
d'une faute; d'une action méritoire
comme d'une vilenie.
C'est bien ennuyeux de prendre de
l'âge ; je l'éprouve tous les jours ; mais
la vieillesse a pourtant un bon côté,
c'est que l'on arrive à être si sûr de
Boi-même et des autres,qu'on ne se sent
plus arrêté par ces timidités sottes. On
a été si longtemps en butte à la malveil-
lance et à la sottise des jugements hu-
mains, on a si souvent servi de cible à
la calomnie bête, qu'on finit par n'y plus
prendre garde, et qu'on recouvre la
parfaite indépendance de son esprit et
de son cœur.
Si vous aviez eu vingt ans de plus,
vous seriez, après la mort de Goncourt
retourné paisiblement chez Alphonse
naudet, qui eût trouvé tout naturel que
vous veniez lui serrer la main, comme
à l'ordinaire, sans vous occuper de sa-
voir s'il y avait ou non quelque chose
dedans.
.*.
On a un ami; on le tutoie, on passe
des soirées avec lui; on est, comme dit
le peuple en son langage pittoresque,
deux têtes dans un même bonnet. L'ami
devient ministre. La foule de ceux qui
la veille, le connaissaient à peine s'en
vient chez lui faire antichambre, l'acca-
ble de protestations et de placets, et
s'en va répétant partout : Mon vieux ca-
marade, le ministre. le cher maître.
set excellent bon, le ministre. ils en
ont plein la bouche. Vous vous tenez à
l'écart. S'il allait croire que je suis de
cette race de quémandeurs ! et sur ce
beau raisonnement, vous demeurez sur
la réserve; vous vous applaudissez
même, bien qu'en souffrant tout bas, de
votre fierté.
Et lui, qui n'y comprend rien, s'en
étonne, et il finit par en être navré :
— Pourquoi ne vient-il plus? Qu'y
t-il? Que lui ai-je fait? Est-ce que, sans
le vouloir, à travers tous mes tracas,
j'ai un jour avec lui manqué d'égards?
Il écrit gentiment une première fois :
— Mais reviens donc? Pourquoi ne te
voit-on plus? Ton couvert est toujours
mis chez moi, tu le sais bien. Ne sois
pas si sot.
Vous y retournez, mais vous surveil-
lant avec inquiétude. Ce n'est plus la
même ouverture de cœur. On vous sait
l'ami du ministre ; on vous a remis une
pétition, que vous avez dans votre poche
et qui vous la brûle, vous vous êtes dé-
battu ; vous ne vouliez pas la recevoir ;
vous aviez allégué que c'est précisé-
ment cette vieille amitié dont vous êtes
iré avec le ministre qui vous défend de
l'importuner et de le mettre au pied du
mur ; on vous a forcé dans vos derniers
retranchements ; vous avez promis de
mauvaise grâce, mais vous avez promis.
Tout en causant avec le ministre,
vous la tirez, tout honteux, de votre
portefeuille :
— Ah ! ah ! toi aussi, vous dit gaie-
ment le ministre, par forme de badi-
nage.
- Ce n'est pas pour moi, balbutiez-
vous, horriblement confus.
— Parbleu ! je le sais bien ; mais
crois que je le regrette ; allons, donne !
Ce toi aussi a été comme un coup de
poignard porté au cœur. Vous êtes mal
à l'aise, vous vous dites à part vous : il
me méprise à cette heure, me voilà
comme les autres ! quel rôle est-ce que
je joue devant lui? décidément je ne
remettrai plus les pieds au ministère.
J'attendrai pour le revoir qu*il ait été
rendu par la Chambre à ses chères
études et à ses vieilles amitiés.
Un jour arrive où il tombe. Vous lui
rendez visite. Mais ce n'est plus cela.
Le goût de l'intimité a disparu; un
je ne sais quel froid s'est répandu
sur votre cœur à l'un et à l'autre. Vous
êtes surpris de n'avoir plus rien à vous
dire, et de n'échanger que les propos
d'une conversation banale.
.*.
Vous pensez bien, mon cher confrère,
que c'est une histoire que je conte là.
Et que de fois, y repensant depuis, je
me suis dit :
« Faut-il que j'aie été sot avec mes
fiertés et mes délicatesses ? Est-ce qu'il
n'aurait pas mieux valu ne point faire
attention à son changement de fortune,
qui n'avait changé ni l'un ni l'autre de
son cœur ! Comme il eût été plus spiri-
tuel d'aller franchement à lui, la main
tendue, et de lui dire :
» Mon vieil ami, tu es ministre, cela
est fâcheux. Mais cela ne peut altérer en
rien nos relations. Si j'ai besoin de toi
pour quelque chose de juste, je m'a-
dresserai à toi et tu m'accorderas tout
de suite ce que je t'aurai demandé, d'a-
bord parce que ce sera juste et ensuite
parce que ce sera moi qui aurai fait la
demande. C'est entendu, n'est-ce pas ?
et maintenant mettons-no us à table, com-
me autrefois. »
Mais j'étais en ce temps là timide et
fier; vous savez, vous qui êtes psycho-
logues, que ces deux mots vont presque
toujours de pair. Il n'en serait plus de
même, à présent. Le long usage de la
vie m'a rejeté dans le goût du simple
et m'a rendu à la bonhomie, qui était le
fond de ma nature primitive. Parmi mes
amis, quelques-uns sont devenus mil-
lionnaires, d'autres ont occupé ou oc-
cupent des positions importantes, je
n'ai plus aucun embarras à frayer avec
eux, ne me souciant pas qu'on puisse
supposer que je vais les voir pour leur
argent ou pour leur influence. Je n'ai
plus aucun souci de ces misères, et je
m'en trouve bien. ,
*%
Je vous dis tout cela, et cependant -
voyez comme nous sommes tous pétris
de contradictions — oui, cependant je
n'aurais qu'une estime mêlée de défiance
pour un jeune homme qui ne connaîtrait
pas ces tristes et charmants scrupules,
qui n'en souffrirait pas lui-même, au
risque d'en faire souffrir un ami.
Votre conduite a été absurde, et je
serais presque fâché pour notre corpo-
ration, que vous en eussiez tenu une
autre.
FRANCISQUE SARCEY.
Nous publierons demain un article
de M. Lucien Victor-Meunier.
LES ON-DIT
CHEZ NOúS
—— L'année 1898 ne se passesa pas sans
journées critiques. Le professeur Falb nous
désigne comme telles : le 22 janvier, le
20 février, le 8 mars, le 22 mars, le 6'avril,
le 6 mai, le 3 juillet, le 2 août, le 31 août,
le 30 septembre et le 15 octobre.
Nous voilà avertis.
- Au cours de sa séance d'hier, l'A-
cadémie des sciences a désigné pour occu-
per le siège de vice-président, en rempla-
cement de M. Wolf, devenu de droit pré-
sident pour l'année 1898, M. Van Tie-
ghem.
Dans la même réunion l'Académie a en-
core désigné les deux membres qu'elle doit
présenter au choix du ministre pour la
chaire de chimie minérale vacante au Col-
lège de France, par suite du décès de M.
Schutzenberger.
Ont été désignés en première ligne, M.
Le Châtelier; en seconde ligne, M. Jean-
nin.
NVVVV\I La grâce de Cyvoct.
M. Ranc, qui a fait campagne dans la
presse pour obtenir la grâce de Cyvoct,
annonce en ces termes dans le Radical,
que cette grâce est accordée :
Ce m'est une grande joie de pouvoir annon-
cer, en toute certitude, qu'au dernier conseil
des ministres, sur l'initiative de M. le prési-
dent de la République, la grâce de Cyvoct a
été accordée. La grâce est pleine et entière,
c'est-à-dire que Cyvoct ne sera pas soumis à
l'obligation de résidence à la Nouvelle-Calédo-
nie et reviendra en France.
M. le président de la République a accompli
là un acte d'humanité et de justice dont tous
les gens de cœur lui seront reconnaissants.
Mieux vaut tard que jamais.
-" Une innovation pratique.
A partir du 1er janvier les cours des ren-
tes françaises seront transmis pour être
publiés à tous les bureaux télégraphiques
principaux et municipaux.
Les receveurs ou gérants sans exception
devront afficher le bulletin quotidien à
l'extérieur du bureau dans un endroit où le
public pourra le consulter commodément,
même lorsque la municipalité n'aura pas
fourni et fait poser un cadre d'affichage.
Chaque bulletin sera conservé pendant
deux jours, de telle sorte que le public ait
constamment sous les yeux les cours des
deux marchés consécutifs.
.,.,.,.,., On annonce la mort :
De M. Charles-Louis Livet, un des plus
érudits critiques et historiographes du
dix-septième siècle, molièriste militant, et
l'auteur, entre autres ouvrages d'un Lexi-
que de la langue de Molière,. dont le der-
nier volume a paru l'an dernier et qui a
été imprimé aux frais de l'Etat. M.Charles-
Louis Livet était âgé de soixante - dix
ans ;
De M. Louis Gérard, recteur de l'Uni-
versité de Montpellier.
De M. Lamar, chef-adjoint archiviste du
Palais-Bourbon, qui a succombé subite-
ment hier matin, dans la salle des Pas-
perdus, au moment où il causait avec un
huissier de la Chambre.
EN PASSANT
Légumes et fruits.
L'Assistance publique, vieille ménagère
aux comptes embrouillés, vient de faire ses
provisions pour l'année 1898, et daus son
cabas officiel elle a entassé les denrées né-
cessaires àJla consommation de ses hôpitaux,
de ses hospices et de ses asiles.
Un million de kilos de patates(la pomme
de terre! la pomme de terre!) 125,000 kilos
d'oignons, poireaux et carottes (oignons en
bottes ! oignons nouveaux l) 425,000 kilos de
haricots (haricots écossés ; haricots 1),
90,000 kilos de lentilles; 50,000 kilos de
pruneaux; 22,000 kilos de gelée de groseille
et 20,000 kilos de marmelade d'abricots et
de prunes, sans oublier les pois (pois vertsl
pois verts 1) ni le cresson de fontaine (la
santé du corps]) ni les orangeç (la belle
Valence 1) Pour un marché « conséquent »,
voilà un marché conséquent. Il y a du bon 1
la croustille est accordée !.
Hum ! peut-être que oui. Peut-être que
non. Le Parisien, informé, devient Nor-
mand, et pour cause, quand il s'agit des
bienfaits de l'administration. Voilà en effet
beaucoup de bonnes choses emmagasinées
dans le garde-manger des pauvres ; mais,
qui sait, qui peut dire comment elles en
sortiront et si au lieu d'alimenter les misé-
reux et les malades tous ces fruits, tous ces
légumes et toutes ces confitures ne se gâte-
ront et ne se moisiront pas sans profit pour
personne de par la toute puissante Ga-
begie, reine et maîtresse de nos institutions
d'Etat?
LOUIS MARSOLLEAU.
- A l'Elysée.
Le président de la République a reçu
hier matin le vice-amiral Regnault de Pré-
mesnil, M. Marcellin Pellet, ministre plé-
nipotentiaire de France au Guatemala, M.
Guimbert, président de la fédération des
mécaniciens et chauffeurs de chemins de
fer.
M. Tissier, président, et le bureau de
l'Association des étudiants de Paris ont in-
vité M. Félix Faure au bal annuel que
donnera l'Association le 26 février pro-
chain.
M. Félix Faure a accepté l'invitation.
ovvvvvo. M. Le Gall, directeur du cabinet du
Président de la République, a quitté Paris
hier soir pour se rendre dans le Midi pour
une huitaine de jours.
NVVVV'- M. Georges Cochery, ministre des
finances, a reçu hier dans l'après-midi le
personnel de l'administration des finan-
ces.
Les directeurs généraux des contribu-
tions directes et des contributions indirec-
tes se trouvant indisposés, la réception du
personnel de ces deux services a été remise
à mercredi prochain.
- Parmi les nominations dans la Lé-
gion d'honneur, à l'occasion de l'Exposi-
tion de Bruxelles, nous relevons celle de
l'ingénieur André Michelin, dont le nom
était déjà bien connu de ceux qui s'inté-
ressent à la vélocipédie et à l'automobi-
lisme. En effet la maison Michelin est la
première qui ait inventé le pneumatique
démontable qu'on adapte aujourd'hui aussi
bien aux bicyclettes légères qu'aux auto-
.mobiles poids lourds.
Hier, lundi, a été célébré à Aix-en-
Provence, le mariage de notre confrère Eu-
gène Rouzier, rédacteur à l'Eclair, avec
Mlle Adély Puget, fille de M. Puget, avo-
cat, chef de bureau au contentieux des che-
mins de fer P.-L.-M. Les témoins étaient,
pour le marié : MM. le docteur A.Bernard,
directeur de la santé publique, et Si-
bourd, notaire honoraire ; pour la mariée :
MM. Louis Daime et Louis Crouzet, ingé-
nieurs des ponts et chaussées.
- Les dates du tirage au sort dans le
département de la Seine, viennent d'être
fixées par le préfet, après entente avec le
général de Pellieux, chargé de ce service.
Dans les arrondissements de Paris, ces
opérations auront lieu du 10 janvier au 10
février.
Dans l'arrondissement de Saint-Denis,
du 17 janvier au 31 du même mois.
Enfin, dans l'arrondissement de Sceaux,
le tirage au sort se fera du 1er au 10 février.
Nous devons ajouter que les opérations
n'ont pas lieu tous les jours entre les dates
que nous donnons ; les jours et heures sont
indiqués par des affiches spéciales.
A Paris, ces opérations auront lieu à la
mairie de chaque arrondissement, sauf
pour les premier, huitième, seizième, dix-
septième arrondissements, qui n'ont pas de
locaux suffisamment grands.
NoNVVV Le cocher polyglotte.
Paris possède un cocher de fiacre qui,
sur les lanternes de son sapin a inscrit le
traditionnel : « English spoken. »
La mention est trop modeste, car il
paraît que le savant automédon parle,
en même temps que l'anglais, l'allemand,
l'italien, voire l'arabe.
Décidément l'instruction mène à tout.
A L'ETRANGER
- On vient d'ouvrir le testament de
la princesse de Hohenhe femme du
çh ancelier allemand*
Mme de Hohenlohe a 1 légué à ses fils les
immenses propriétés qu'elle possédait en
Russie et qu'elle tenait de la succession
Sayn Wittgenstein.
ir est probable qu'un des fils de Hohen-
lohe va renouveler sa demande de natura-
lisation russe, demande qui avait été refu-
sée sous Alexandre III.
- A la cour de Copenhague on se li-
vre ardemment au sport de « la boxe ». Le
prince Waldemar de Danemark est de
première force dans cet exercice.
Il a même réussi à tenir tête au tsar
Alexandre III,qui cependant joignait à son
habileté une force physique extraordi-
naire.
Le tsar Nicolas II, du temps qu'il était
encore prince hérédilaire, faisait chaque
jour un assaut avec son frère le grand-duc
Georges.
La cour de Saint-Pétersbourg a adopté
la mode de la cour de Danemark et le
nombre des boxeurs s'y multiplie de plus
en plus.
- Le plus grand soldat de l'armée al-
lemande est le nommé Konrad, qui fait
actuellement son service militaire au troi-
sième escadron du régiment des gardes du
corps.
Le pauvre homme est affligé d'une taille
de deux mètres quatre centimètres.
- On télégraphie de Friedrichsruhe
que l'état de santé du prince de Bismarck
est toujours le même, c'est-à-dire mau-
vais.
Ça fait toujours plaisir I
Le Passant.
LA SUPPRESSION DE L'OCTROI
Ce que fera Paris
Aujourd'hui se réunira la commission spé-
ciale du conseil municipal chargée d'étudier les
taxes de remplacement devant permettre à la
ville de Paris de recouvrer d'autre part ce que
la loi sur les boissons hygiéniques lui fera
perdre.
Cette commission est ainsi composée : MM.
Astier et Veber, Achille et John Labusquière,
Thuillier et Caron, Hattat et Baudin, Ranson et
Paul Brousse, Landrin et Ambroise Rendu.
La loi fixant la perception pour Paris, au
bénéfice de son budget, à 4 francs par hecto-
litre de vin et 1 fr. 50 par hectolitre de cidre,
poirés: hydromels, voici quelle devient la si-
tuation des recettes de ces octrois, en se ba-
sant sur les années 1895 et 1896.
En 1895 :
Vins. 5.012.266 hl. X4 »= 20.049.000 »
Cidres. 156.557 - Xi 50= 234.835 50
Bières.. 258.705 - X5 »= 1.294.000 »
Ensemble. 21.577.835 50
En 1896 :
Vins. 4.839.656 hl. X )= 19.358.624 »
Cidres.. 177.515 — XI 50= 266.272 50
Bières.. 248.2i5 - x 5 »= 1.241.075 »
Ensemble. 20.865 971 50'
En retranchant ces totaux des recettes ac-
quises en 1895 et en 1896, on a le montant du
dégrèvement suivant :
En i895 :
57.737.000 — 21.577.835 50 = 36.159.165 50
En 1896 :
55.835.373 — 20.865.971 50 = 34.969.402 50
Les chiffres du dégrèvement total et du dé-
grèvement partiel étant connus, voyons main-
tenant les taxes auxquelles la loi permet de
recourir pour remplacer les droits supprimés
ou abaissés, d'après les chiffres approximatifs
du rapporteur du budget de l'octroi.
1° Elévation du droit sur l'alcool.
Pour la ville de Paris le droit pourrait être,
en addition du droit actuel de 24 francs, aug-
menté au maximum de 85 fr. 20.
Les quantités d alcools imposées en 1896
s'élevant à 182,481 hectolitres, il en résulterait
une augmentation de recettes
de. 15.547.381 »
2° Etablissement de licences
municipales. Elles seraient
composées d'un droit fixe et
d'un droit proportionnel. Un
règlement d'administration pu-
blique déterminera les condi-
tions dans lesquelles ladite
taxe sera assise et perçue. Le
projet Bar doux, modifié sur ce
point, évaluait à 5 millions le
rendement de cette licence. Il
semble prudent de le réduire à 4.000.000 »
3° Perception d'une taxe ma-
xima de 0 fr. 30 sur tous les
vins en bouteilles.
Fixons-la pour mémoire à.. 500,C00 »
4° Un produit dans certaines
taxes directes assimilées.
Les communes pourraient
créer des taxes égales, au ma-
ximum, aux taxes en principal
établies : sur les chevaux et
voitures, sur les billards, sur
les cercles, sociétés et lieux de
réunion, sur les chiens. — Le
projet Bardoux y ajoulait les
vélocipèdes et évaluait la re-
cette totale à 2,725,000 francs.
Ramenons-la à. 2.000.000 »
Enfin les communes pour-
raient établir des centimes ad-
ditionnels dont le chiffre ne
devrait pas dépasser vingt. Le
centime à Paris valant 610,000
francs, ces vingt centimesdon-
neraient. 12.200.000 »
Ensemble. 34.247.381 »
Ainsi, toutes les taxes que pourrait établir
la ville de son plein pouvoir n'arriveraient pas
seulement à couvrir le déficit résultant d'un
dégrèvement partiel.
Le conseil municipal de Paris va donc cher-
cher des taxes de remplacement autres que
celles imposées par l'Etat.
Il ne lui sera pas difficile d'en trouver, mais
comme les taxes frappent toujours des contri-
buables, on peut dire d'avance que ceux qui
seront frappés déclareront toujours que c'est
à tort. — Emile Willème.
LES PETITES REFORMES
Rivalités d'armes
Quelques-uns de nos lecteurs nous prient
d'appeler la bienveillante attention de M. le
ministre de la guerre sur le fâcheux état d'es-
prit qui divise trop souvent les militaires de
différentes armes.
L'un d'eux nous demande notamment s'il
ne serait pas possible d'inviter les sous-offi-
Ciers qui sont chargés, à tour de rôle, de sur-
veiller les hommes en congé à leur arrivée
dans les gares de Paria, de montrer un Deu
d'équité vis-à-vis des soldats qui n'ont pas
l'honneur de porter le même uniforme
qu'eux.
« Passez à la gare Saint-Lazare ou à IA gare
de Lyon, nous dit-il, et bientôt tous consta-
terez l'animosité qui règne entre l'infanterie et
la cavalerie.
» Est-ce un adjudant d'infanterie qui est de
garde ? Un fantassin en tenue de fantaisie pas-
sera sans être in
sera sans être inquiété, mais les jours de con-
signe pleuvront dru sur le malheureux cavalier
qui aura commis la plus petite infraction au
règlement.
» Est-ce au contraire un sous-officier de ca-
valerie à qui incombe le service ? Les cavaliers
peuvent être tranquilles ; qu'ils soient en règ'e
ou non, on ne les punira pas. Mais qu'un fan-
tassin ait un képi trop haut ou tienne à la
main une paire de gants, il se verra menacé
aussitôt d'être conduit à la place. »
Notre correspondant ajoute:
« Je ne sais pas si les grands chefs approu-
vent cette étrange façon de comprendre la dis-
cipline. Mais je doute qu'elle développe chez
les hommes le sens du respect de la hiérarchie
et de la solidarité militaire. »
Voilà qui est tout à fait exact et qui mérite,
en effet, de retenir l'attention.
Malheureusement, ou nous nous trompons
fort, ou nous ne sommes pas encore près de
voir disparaître de l'armée ce déplorable es-
prit de caste qui fomente tant de jalousies en-
tre militaires.
Nous voulons cependant espérer que M. le
ministre de la guerre prendra en considéra-
tion les trop justes observations que nous pre-
nons la liberté de lui transmettre et qu'il s ef-
forcera de faire cesser, dans le cas présent
comme dans tout autre, l'animosité qui existe
entre les différentes armes et qui trop souvent
fait du régiment autre chose que l'école de fra-
ternité nationale qu'il devrait être. — André
Honnorat.
————————————— » ————————————.
L'Angleterre et la Chine
A Londres et à Tokio. — La Grande-Bre-
tagne reste l'arme au bras. — L'hos-
tilité contre la Russie.
Notre correspondant de Londres nous envoie
l'intéressante lettre qui suit, et qui donnera
une impression exacte des sentiments de nos
voisins d'outre-Manche sur les événements
d'Extrême-Orient.
Londres, le 2 janvier 1898.
Il s'agit, m'avez-vous demandé, de sa-
voir ce que la Grande-Bretagne pense de
toute cette affaire de l'Extrême-Orient, et
s'il est vrai qu'une alliance anglo-japo-
naise est sur le tapis.
A en juger par certaines conversations,
l'Angleterre peut contempler d'un œil in-
différent l'occupation de Port-Arthur par
la Russie et de Kiao-Tchéou par l'Allema-
gne. La Chine n'offre aux Anglais qu'un
intérêt commercial ; or, dans l'onsemble
des exportations et importations britanni-
ques qui en 1895 s'élevaient à 640 millions
sterling, l'intercourse avec la Chine ne
figure que pour un peu plus de 10 millions
sterling — une bagatelle. Quant au Japon
— toujours d'après certaines personnali-
tés londoniennes qui passent pour avoir
des relations suivies avec le Foreign-
Office — le Mikado a eu le tort de négli-
ger la Grande-Bretagne pour se jeter
aveuglément dans les bras de l'Allema-
gnequi lui a tout enseigné : l'art de la
guerre comme la construction des cuiras-
sés.
La politique japonaise
Qu'est-il résulté de cette politique ?
C'est que l'Empire allemand a conclu
avec la Russie un arrangement au préju-
dice du Japon auquel ces deuxpnissances
ont enlevé les fruits de ses victoires rem..
portées sur la Chine, tandis que la seule
nation qui pouvait protéger efficacement
le Japon contre les Russes n'a pas été
convenablement sollicitée par les Japo-
nais trop enivrés par leurs succès. Au-
jourd'hui le Japon malgré tout son atti-
rail militaire et naval se trouve en face
d'une coalition formée par la France,
l'Allemagne et la Russie en Chine et ce
n'est pas le Mikado qui peut sérieusement
songer à entreprendre une lutte armée
contre ces trois colosses. Par conséquent
les organes du parti tory lâchent tout sim-
plement le Japon; on dirait même qu'ils ne
sont pas fâchés du rôle secondaire qui va
nécessairement être imposé au Japon en
Orient, car cet empire menaçait de deve-
nir un concurrent redoutable pour les né-
gociants et industriels anglais. Il est en
outre évident que l'Angleterre doit rester
spectatrice des audaces européennes en
Chine et à part la prise de possession de
quelques points qui lui assureront cer-
tains avantages sur le golfe de Pechili, se
contenter de son influence au Siam, de la
possession de Hongkong et de sa prépon-
dérance à Shanghaï.
La guerre évitée
De tout ce qui précède il appert qu'à
moins que les Japonais ne soient fous ou
que le gouvernement britannique ne ca-
che la vérité sous une fausse modération,
la guerre dans l'Extrême-Orient n'est
ponit probable et que le gant de fer du
prince Henri de Prusse sera inoffensif. Il
y a même tout lieu d'espérer que cette
fois la Chine sera mâtée et que les chré-
tiens dans le Céleste Empire ne seront
plus exposés à subir les plus épouvanta-
bles supplices. L'ère des martyrs estclose;
celle de la civilisation commence. Ce
n'est pas le gouvernement britannique,
toujours obséquieux envers ses mission-
naires qui peut y trouver à redire. Sans
doute le prestige anglais a du plomb dans
l'aile ; mais si la prépondérance anglaise
pâtit et pâlit, les unionistes d'Albion en
rejettent la faute sur les Rosebery, les
William Harcourt, les Morley et les La-
bouchère qui ont tenu la main haute aux
Japonais et ont essayé de les bafouer. Il
est vrai que les politiciens radicaux ré-
torquant ou alléguant que {les casse-cous
des tories et .les hardiesses des jingoes
les ont réduits à un piteux état aux In-
des et en Afrique. La politique de l'en-
avant est devenue par suite de désastres
diplomatiques et militaires une politique
de reculade et les chefs de l'ancien parti
gladstonien ne ménagent ni leurs criti-
ques ni leurs sarcasmes au gouvernement
actuel.
Contre la Russie
L'opinion publique anglaise ne s'attarde
pas à ces polémiques, qu'inspire non pas
le patriotisme, mais l'esprit de parti, ett
comme il faut qu'elle s'en prenne à quel-
qu'un, elle daube la Russie, dont elle dé-
nonce ce qu'elle appelle les extravagan-'
ces ambitieuses. Il y a deux anglais sur-
tout, qui voudraient constamment jeter
les Russes aux gémonies britanniques ;
l'un est sir Ellis Ashmead Bartlett, l'au-
tre est le directeur de la Sainte James's
Gazette. Pour eux, la Russie est une enne-
mie acharnée contre laquelle les hommes
d Etat anglais ne savent pas se prémunir.
Elle s avance à pas de loups — de loups
gigantesques; ellejconstruit unevoieferrée
de Merv à Khushk, dans la direction do
l'Afghanistan ; elle pousse, avec une ac-
tivité fébrile, son chemin de fer trans-
sibérien. Elle augmente son prestige à la*
vapeur en Asie, tandis que la richissime'
Angleterre reste les bras croisés dans la;
vallée de l'Euphrate et sur tout le littoral)
du golfe Persique, sans parler ni deHérat
ni de Candahar. Ce n'est pas tout : Ce;
sont les ingénieurs russes qui vont établir
des chemins de fer en Chine et ce sont;
des russes qui vont les garder.
Quel crime abominable hein ! et le pu-
blic anglais hoche la tête et il fume sa
pipe en songeant à l'Egypte et au Sou-
dan, à cette Afrique qui lui donne tant de
mal et dont les habitants ne lui achète-
ront jamais autant de calicot et de J)aco.
tille que pourraient faire les Chinois qui
sont 400 millions et dont les marchés
vont être bondés d'articles fabriqués ea
Allemagne! C'est dur.
Le bruit court à Londres que l'Italie a
conclu une entente avec la Grande-Breta-
gne relativement à la question de lat
Chine. D'autre part on affirme dans les;
clubs tories que lord Salisbury fera ap-\
pel au concert européen pour régler le-\
sphères d'influence dans le Céleste Emsi
pire et faciliter à toutes les puissance
les moyens d'y répandre les bienfaits e
les avantages de la civilisation et du
commerce. -
^■—■— f.
Demain, les Tablettes du Progrès
par M. Georges Vitoux.
AUGUSTE BURDEAU
MM. Armand Ruiz et Adolphe Coste tuteur et
subrogé-tuteur des enfants Burdeau, nous
adressent la communication suivante ;
Tous les anciens confrères d'Auguste Bu
deau, dans la presse, ont reproduit ily a quel-?
ques mois le document d'une haute valeur
morale que nous versions à l'instruction pou
la défense de la mémoire de notre ami. ;
Nous comptons sur la même sympathie oou
la même impartialité des journaux françai
pour qu'il soit constaté par tous, au sortir dq
procès de Panama, que le fragile échafaudage
des abominables calomnies portées contre
Burdeau s'est misérablement effondré.
Le 28 mars 1897, M. le juge d'instruction L
Poittevin, invoquant « la parole d'honneur
d'Arton, en laquelle il avait « la plus grand ?
confiance », a déclaré à la commission de
poursuites que Burdeau avait été payé par Ar
ton pour avoir rédigé le rapport de M. Henrg
Maret et pour avoir réuni chez lui une sorte'
de comité parlementaire de corruption.
Or, il n'était pas vrai que le prétendu cor
rupteur Arton eût été en relations avec BUl',
deau.
Il n'était pas vrai que des conciliabules d(
députés eussent été tenus chez Burdeau.
Il n'était pas vrai que Burdeau eût rédigé l
rapport de M. Henry Maret. <
11 a été reconnu enfin, en pleine audjence
que, sur le carnet d'Arton, le nom de Bur-\
deau a été inscrit sur un grattage. :
De telles constatations auraient été faciles âl
établir pour un esprit non prévenu, obéissant
aux règles les plus élémentaires de la jusLice.J
Et alors, surtout qu'aucun témoignage ne ve-<
nait appuyer l'accusation d'un condamné de*
droit commun, on reste confondu de l'étrange
précipitation avec laquelle un juge n'a pas
craint, en violant lui-même le secret de sog
instruction, de s'attaquer à toute une vie de
dévouement patriotique et d'honneur..
Dans ce pays de liberté et de justice, on a
pu porter ouvertement contre Auguste Bur-J
deau mort, les accusations les plus odieuse
sans qu'il y eût pour ses enfants de moyen lé-j
gai d'intervenir au procès et de défendre cettof
mémoire qui est la part la plus précieuse d
leur patrimoine. j
Nous avons le devoir de protester énergie
quement contre de pareils procédés judiciai-
res, et nous comptons sur l'indignation d
tous les honnêtes gens, sur le concours de
toute la presse pour les flétrir avec nous.
* 1
Chasseurs contre Forestiers
A propos de prochaines adjudications. —|
Locations à trop court terme.- Fores- j
tiers-chasseurs. — La lapin persé- *
cuté. — Une administration
tracassière. -_.
La clôture de la chasse est proche. L'admi t
nistration forestière va procéder à l'adjudication
de la chasse à tir et à courre dans certains
domaines de l'Etat et à propos de cette nou-i
velle mise aux enchères, les chasseurs fon
entendre un concert de plaintes amères. 1
Les adjudicataires des lots des splendide/
forêts de Compiègne et de l'Aiguë, presque
tous des Parisiens que la proximité de ces fUj
taies superbes incite aux hécatombesrappelésà
renouveler leur privilège seraient assez dispos
ses cette année à se mettre en grève. L'aa«
» 1
cien cahier des charges dont ils trouvaient déjàf
les conditions onéreuses et draconiennes se^
rait renforcé, dit-on, de clauses plus dures eW
core. !
En leur doléances, Hs se plaignent de la d
rée trop courte des baux, dont il faut poiufj
ainsi dire sacrifier la première et la dernière
année. Selon eux, ces baux de cinq ans amè
neront la disparition complète du gibier en u
avenir prochain. J
L'adjudication des chasses de l'Etat est unof
ressource budgétaire qui n'est pas à dédaigner
et elle pourrait devenir une source de traasH
action commerciale importante si l'on se sou:
ciait un peu plus de sauvegarder le gibier pac
les mesures si utilement appliquées dans lea
pays voisins et notamment en Allemagne. Norf
marchés sont aujourn'hui envahis par le lièvre
germanique. ]
C'est que dans ces pays, le personnel forea*
tier aime el connaît le gibier, c'est qu'il ne ,i,
pas en mauvaise iDtelbgeIlCe avec les c
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