Titre : Le Rappel / directeur gérant Albert Barbieux
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1919-10-04
Contributeur : Barbieux, Albert. Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 04 octobre 1919 04 octobre 1919
Description : 1919/10/04 (N17851). 1919/10/04 (N17851).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-43
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 09/04/2013
-
n VENDEMÎAÏRIS. M ta. — H* 17.851. ,'- '-- _"C<' le numéro : DIX CENTIMES - , -:.,.- - - SAMEDI « OCTOBRE IMS. — H* 17.SS1.
AUGUSTE VACQUERIR
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TRIBUNB LIBRE
Sir Robert Horne
'- MINISTRE DU TRAVAIL EN ANGLETERRE
- - > ( ,"
Voilà on homme qui ne doit
pas être sans travail.Les grèves
FassaiHent de toutes parts. Et,
pendant que les ouvriers, qui
sont pourvus d'un emploi, dé-
cident de se croiser les bras,
les chômeurs, qui sont innombrables,
espèrent le travail du ministre chargé
d'en surveiller la discipline et les res-
sources. Au milieu des plus turbulents
temous de cette fin d'une guerre, qui
semble ne pas vouloir que l'arbre de
la paix refleurisse sous le soleil, ce mi-
nistre, heureusement pour lui, ne se
trouble pas. Il ne rit jamais. Il sait, en
sa froideur britannique, que la terre
ne sera jamais un paradis, et il admet
avec un tranquille courage que les
hommes sont parfois des fous qui ont
besoin de secouer leurs folies. Seule-
ment, par les moyens de son ministère,
il s'efforce sans bruit de les mettre à
la raison. "',
Sir Robert Stevenson Horne, fils ca-
det d'un pasteur, est né en 1871 dans
le ., sud de l'Ecosse. Parmi tous ces gou-
vernants de l'Angleterre et des Etats-
Unis, il y a beaucoup de pasteurs ou
d'héritiers de pasteurs.Aussi, attendent-
ils, avec une sorte de fatalisme, en
faveur de l'humanise, des services de la
Providence. Horne 'fit ses études au col-
lège d'Edimbourg, ensuite à l'Univer-
sité de Glasgow, d'une façon brillante.
En 1896, il se fit inscrire au barreau
écossais, ce qui ne l'empêcha pas d'être
nommé examinateur en philosophie à
l'Université d'Aberdeen. Mais l'ambition
:¡(Je Horne n'était pas de s'amuser avec
des mots
Lorsque, en décembre 1918, Lloyd
George décida les élections générales, il
baptisa de l'investiture offkielle, par
une lettre signée de lui et de Bonar
Law, qui est connue sous le nom de
« coupon », tout candidat acceptant 1
l'avance d'appuyer la politique du mi-
nistère.
Sir Horne, son coupon en poche, bat-
tit à Glasgow, par 8,000 voix de majo-
rité, un candidat travailliste. Il n'atten-
dit guère dans l'antichambre des dieux,
car en janvier 1919, il était nommé mi-
nistre du Travail. ,
Tout de suite, le travail, en effet, l'en-
vahit de tous côtés, sans l'importuner
d'ailleurs. II dut procéder à la démobi-
lisation de plus de 3 millions d'ouvriers,
dont 1 million -de femmes, occupés à
fabriquer des munitions dans des manu-
factures soit nationales, soit privées.
Vous voyez cette énorme armée de la fa-
brique et de l'atelier, que l'armistice
avait surprise et qu'il fallait protéger
de la panique. Sir Home garda un cer-
tain contingent dans les arsenaux. Vers
l'industrie privée il dirigea quelques-
unes de ses troupes ; pas beaucoup, car
l'industrie privée manquait de matières
.premières. Aux autres, en plus grand
nombre, il assura un secours, pour une
durée de six mois. t"
Les « sans-travail » avaient donc six
mois pour trouver du travail. Mais la
plupart n'en trouvèrent pas. et c'est
parce qu'ils n'en cherchaient pas du
tout. La « donation » leur était une
rente ; ils étaient « payés pour ne rien
faire ». Ces salaires de chômage impo-
saient à l'Etat, c'est-à-dire aux contri-
buables, une charge énorme ajoutée à
tant d'autres qui sont écrasantes. Mais
tout le monde, et sir Horne aussi, se
consolait de cet ennui passager en affir-
mant que « l'Allemagne paierait jus-
qu'au dernier penny Il.
Hélas !. quand est-ce que l'Allema-
gne paiera le premier centime à ses
créanciers ? En attendant, sir Horne
essaie de caser dans les manufactures
de l'Etat ainsi que dans l'industrie pri-
vée les chômeurs trop volontaires.
Aux ouvriers, il parvint aisément à
prouver la nécessité du travail. Aux ou-
vrières, ce fut plus difficile. Les servan-
tes surtout, et leur classe avait été la
plus nombreuse dans les usines de guer-
re. ne voulaient rien entendre. Regret-
tant encore leurs salaires très élevés et
puis l'extrême liberté de leur temps de
service munitionnaire, elles ne considé-
raient plus qu'avec dédain le service
domestique. Vingt-deux mille femmes
refusèrent de redevenir servantes. Elles
préféraient toucher l'allocation et ne
rien faire de leurs doigts. Alors, sir Hor-
ne leur appliqua le seul remède possi-
ble. Il réduisit d'abord le taux de l'allo-
cation, et il annonça que tous et toutes
les coupables de chômage volontaire se-
raient poursuivis.
il a. en outre, constitué une commis-
sion chargée d'une enquête sur la ma-
nière dont avait été administré ce ré-
gime de donation. Il sera curieux de sa-
voir comment, six mois après l'armisti-
ce, près d'un million de personnes tou-
chaient encore cette donation et com-
ment le total des sommes, ainsi payées
avait atteint le chiffre formidable de
22 millions de livres sterling (550 mil-
lions de francs au cours normal du
change). 0
Ensuite, sir Horne n'a pas eu le temps
de s'ennuyer. Les grèves ont éclaté sans
cesse dans tout le royaume, quelques-
unes compliquées, comme à Liverpool,
d'émeutes et de pillages, que facilitait,
chose extraordinaire dans ce pays soi-
disant pratique, la complicité de la po-
lice inerte. Sir Horne conciliait les par-
tis tant qu'il pouvait. Quand il ne pou-
vait plus, il allait doucement vers les
ouvriers, et au lieu de leur jeter des
menaces, il leur disait de sa voix élo-
quente les intérêts de la communauté.
Vous avez pu remarquer, au cours de
cet article, que bien des circonstances
de l'après-guerre britannique se répè-
tent en France. Souhaitons que, grâce
au bon sens de nos ouvriers, les souf-
frances de notre voisine nous soient
épargnées. Nous n'aurions peut-être
pas, pour les guérir suffisamment, un
Robert Horne, philosophe au visage tout
rasé, aux cheveux rares, que nous trou-
verions trop triste.
CEORCES BEAUME
EDITORIAL
Le dernier acte
Voilà le traité ratifié, La
Chambre a épousé l'enfant de
M. Clemenceau.
Mariage de raison ; pis en.
core, de contrainte. Morne cé-
rémonie, sans éclat et sans allé-
gresse où se distille l'amertume des ran-
cœurs.
La Chambre n'aime pas M Clemen-
ceau qui l'a bafouée aux yeux du pays.
M. Clemenceau hait la Chambre qui,
en le discutante a attenté à son orgueil.
Ces deux débris s'étreignent comme
des noyés entre deux eaux. Et Von ne
sait plus s'ils s'accrochent l'un à Vautre
pour se sauver ou pour se perdre.
C'est un spectacle attristant, où domi-
lzent des êgoïsmes qui prétendent se sur-
*
L'intérêt national occupe une part vrai-
ment trop petite dans ces projets où l'mi
songe à sa réélection et l'autre à - son as-
cension.
Pourtant, notre cher grand pays nimbé
d'une auréole de gloire et de martyre,
mérite mieux que ces luttes de termites
impuissants,
Saigné à blanc, couvert de ruines, char-
gé de dettesy le voilà nanti d'un traité de
paix, imprécis, incertain, qui ne termine
même pas les guerres, et qui laisse flotter
dans les airs des relents de famine et de
banqueroute,
Cette mauvaise ébauche n'est, selon le
mot de M. Clemenceau lui-même, « que
le commencement d'un commencement ».
Mauvais commencement, en vérité, qui
n'incite guere à confier la suite à ces arti-
sans inhabiles et malheureux.
Non seulement le traité de paix exige
des retouches incessantes, une vigilance
ininterrompue, une artivité clairvoyante,
une énergie inlassable, mais la situation
financière, économique, sociale, de la
France et du monde appelle une « équi-
pen de travailleurs jeune, vigoureuse,
compétente, pour réparer les fautes d'un
empirisme désastreux.
La Chambre pourrait encore racheter
ses erreurs, avant de se séparer, en pla-
faut les destins de la France dans des
mains plus habiles aux grandes réorga-
nisations de la paix.
EDMOND DU MESNIL.
La santé de M. Wilson
Les dernières nouvelles sur l'état de santé
du président Wilson ne sont pas des plus
satisfaisantes. Le président est resté cou chu
tente la journée.
Apres. la consultation, les docteur Dercum,
n'ud'iiu et Still ont déclaré que l'état du pré-
sident était moins favorable et ont décidé de
prescrire un repos absolu pendant quelque
temps.
D'après les informations particulières, le
président souffrirait de dépression nerveuse
el un spécialiste aurait été mandé en toute
hâte. Il a abandonné l'examen des affaires
courantes et aucun document n'est plus re-
mis à sa signature. Nul n'est admis auprès
de lui et Mme Wilson ne quitte plus on ins-
tant le chevet du malade dont l'état aurait
empiré au point d'inspirer de sérieuses in-
quiétudes à son entourage. Affection en som-
me morale et attribuable en grande partie
au surmenage.
Par su-ite de l'état de M. Wilson. la l'éccp
tion des souverains belges n'a du avoir lieu
dans les conditions qui avaient été établies.
Ils ont débarqué à New-York où ils sont les
hôtes du vice-président Marshall. Le roi et la
reine des Belges vont entreprendre le torar
dès Etats-Unis pour finir au lieu de com-
mencer par Washington,.. •
On dit.
En Passant
Les pastels de La Tour
La Renaissance de l'Art' Français est coutu*
mière d'initiatives heureuses, inspirées par un
culte fervent du Beau.
Cette fois elle ipubliè un admirable oqvrage
.ur Les Pastels de La Tour à Saint-Quentin, dû
à la plume experte et délicate de notre aima-
ble confrère Henry Lapauze, et auquel le maître
imprimeur de Malherbe a donné tous ses soins.
Ilënry Lapauze, qui a eu ce rare mérite
d'éclairer les horreurs même de la guerre par
des rayonnement d'art pur, et d'organiser sous
les raids bouches des expositions oit la Beauté
définit la Camarde, a prodigué son esprit et
son goût dans ce remarquable volume où figu-
rent 87 reproductions des pastels de La Tour.
Tous ceux qui savent trouver dans la con-
templation des trésors artistiques la sérénité
lumineuse qui adoucit les laideurs de la vie,
voudront se procurer ce beau livre, où ils trou-
veront l'histoire des pastels de La Tour peu.
dant la guerre ; une biographie de La Tour,
une note sur l'école de dessin et le musée de
Saint-Quentin, et un commentaire concis, ner-
veux, saisissant de chaque pastel reproduit ;
par quoi Henry Lapauze nous offre une fois de
plus le régal de sa critique élégante et avertie.
Jean d'Aigremont.
Autrefois
Un ministre spirituel
M. de Corbières, un ancien minisire de la
Restauration, avait la réputation d'être un
des hommes les plus spirituels de son temps-
Un jour que le Conseil des ministres dé-
libérait sous la présidence du roi, M. de
Corbières mit pur- inadvertance sa tabatière
sur la table. Louis XV111, choqué de cette
infraction aux lois de l'étiquette, fronça Je
sourcil pour manifester son mécontente-
ment.
Non seulement M. de Corbières ne s'aper-
çut pas de Vétourderie qu'il venait de com-
mettre, mais à côté de sa tabalièret il plaça
son mouchoir.
Le roi perdit patience et lui dit d'un ton
sévère ;
— Je crois, monsieur, que vous allez vider
vos poches ?
- Sire, pour un ministre, cela vaut mieux
que de les emplir.
Ce mot désarma, le monarque qui se pi-
quait, lui aussi, d'être un bel esprit.
Sur les bancs du collège
Le duc d'Aumal, tt Fils de France », fn.
quenta le collège en sa jeunesse, confondu
avec les enfants de la bourgeoisie, simple
écolier comme les autres. Il eut quelque
temps pour camarade un garçon turbulent
qu'on avait nommé Pif fard, à cause de son
nez, qui s'est fait mieux connaître depuis
sous le nom d'Emile Augier. C'était une
paire' d'amis que Piffard et d'Aumale. On
les surprenait sans cesse bavardant ensem-
ble, mèmeen classe. Un matin, IÇÏJJ loqua-
cité lassa la patkncr ftu maître.
- Savez-vous, messieurs, leur dit-il, où
mène votre vilain défaut Rappelez-vous
Falret, un bon petit élève cependant, mais
un bavard incorrigible. Vous tournerez'
comme lui ! Or, savez-vous ce qu'il est de-
venu ?..
Ni le duc d'Aumalc, ni Augier s'osèrent
élever la voix.
- Eh bien, reprit le maître, terrible, il est
devenu deuxième piston à la Porte-Saint-
furUn. -
sous le coup de cette mCHilCC, le fils de
Louis-Philippe courba la tête. Et, sans
doute, il s'assagit par là suite, ainsi qu'Au-
gier, car ils « tournèrent » mieux, l'un et
l'autre, que l'infortuné Falret.
fib
Aujourd'hui
Après le discours de Clemenceau
Tout a été dit sur la détresse physique
dont M. Clemenceau donna le cruel spec-
tacle au cours de son intervention sur le
traité de paix. Pourtant la salle avait été
attentive et plutôt révérencieuse. Depuis,
le mardi, en effet, le bruit courait que M.
Clemenceau était sur les boulets, et ne pour-
rait peut-être pas prononcer, le discours
attendu. C'est peut-être pour- cette raison
que, dès le mercredi, M. Barthou se fen-
dait à fond;
Quoi qu'il en soit, à l'issue de la séance,
personne ne dissimulait la déception qui
avait en quelque sorte paralysé de stupeur
tout l'auditotre, et aussi l'inquiétude rétros-
pective qui en résultait.
Un député d'esprit indépendant -- de for-
tune aussi, - qui siège aux confins dlJ la
droite et du centre et fut l'un des artisans
de la combinaison Clemenceau, - disait :
-- Il faut qu'il se retire aussitôt après le
vote du traité. Au fond, je suis convaincu
qu'il ne demande pas mieux. Il sent bien sa
fatigue, fi il a prononcé son discours
comme on avale une médecine. Mais il y a
son entourage. Je ne parle pas seulement
de Mandel, mais aussi de sa famille. Eh
bien ! il n'y a pas à hésiter, il serait indé-
cent que l'artisan de la victoire fût réduit
sur ses vieux jours à éplucher des comptes
de ménage et sa famille pareillement. Je
suis, pour ma part, tout prêt à proposer
qu'on lui vote; sa vie durant, une pension
de cent mille francs, ou bien une dotation
honorable, comme en AngleterN. Y a-t-il
quelqu'un de vous qui y ferait opposition ?
Nul, en effet, ne protesta, pas même un
farouche socialiste.
(Aux Ecoutes.)
Prestige
La discussion du traité de paix a fuit
beaucoup baisser le prestige de M. Clemen-
ceau dans les campagnes:
Sameifi dernier, un député, qui faisait
une tournée d'élection dn.ns un département
du l'entre, fut frappé des inquiétudes que
lui exprimèrent ses éhcteitrs ruraux et dé-
mobilisés au sujet de fa paix.,
— Alors, lui dit un maire, parait que,.
l'ica ne nous garantit que les Boches paie-
ront ?
El un autre :
— Tout de le Vieux ne s'est pas
arrangé pour que les Boches ne recommen-
cent pas à nous faire la gucrre.
C'fsl, en deux phrases, toute la conclu-
sion qu'on peut tirer du traité de paix. H
faut le signer cependccnU
(Le Cri de Paris.
- -,"" te Tapin
Le règne du désordre
—— » ,
Les avatars de M. Noulens
t -.. WV-
Ce pauvre M. Noulens n'a vraiment pas de
chancte. Voici que te Temps, iui-cnômr, lui
chante pouiilc au sujet de sesi fameux « prix
normaux » !
Des protestations s'élèvent' de toutes parts
contre les « prix normaux I)htant donné le
résultat négatif obtenu depuis plus de deux
mois que tonctionne ce système, la deuxième
commission du Conseil municipal estime qu'il
est à la fois inutile et dangereux : elle a chargé
deux de ses membres d'en demander la sup-
pression au ministre du ravitaillement. Une
démarche identique vient d'être laite auprès
de M. Noulens par les expéditeurs du nora-
ouest et de l'ouest. On lira plus loin une pro.,
testation des agriculteurs de l'Aube, qui dé-
noncent à leur tour les effets désastreux du
régime des cours normaux. Et ce ne sont là
que quelques exemples choisis au hasard.
Cette faillitte n'étonnera point nos lecteurs.
Les nôtres non plus
Mais ce pauvre M. Noulens n'en revient
pas. IL en perd le boire, le manger, le som-
meil, la tète et le reste.
Ain point qu'il ne sait plus ce qu'il dit et
encore moins ce qu'il écrit.
Exemple : le 28 août 1919, le Journal offi-
ciel publie un décret, signé Noulens, qui
prohibe la sortie des. riz.
Très bien.
Le 30 août 1919, le Journal officiel publie
un décret, signé Noulens. qui prohibe la sor-
tie des riz.
Bis !
Deux décrets en deux jours pour le même
objet, c'est peut-être beaucoup.
M. Noulens devrait bien lire les décrets
qu'il sâgne. Il "est vrai .que s'il les lisait, il ne
lis signerait peut-être pas !
- -————— .--tf..
Vous. aurez' du charbon!
M. Loucheur avait dit : « yous aurez du,
cliuilxx-i - 1 » Et de donner des statistiques
impressionnantes. Mais M. Louchcur n'avait
pas prévu la grève des transports anglais.
Les grands de ce mondie ne sauraient tout
prévoir.
Aussi le charbon est-il rare et l'inquiétude
générale.
Les maires des communes de la Seine me-
nacent de démissionner en bloc.
Ils ont adressé à la presse la communica-
tion suivante :
Les membres de l'Union amicale des maires
des communes de la Seine, réunis en assem-
blée générale le 29 septembre lHI, au nombre
de 51 ;
Considérant que, depuis plusieurs mois, Ja
plupart des communes de la Seine ne reçoi-
vent presque pas de charbon ;
Qu'il en résulte des mécontentements tout à
fait justifiés de la part de leurs administrés ;
Que les maires.ne.cessent do réclamer, niais
généralement en. vain ;
Que la situation, bien que légèrement amé-
liorée depuis quelques jours, n'en - reste lias
moins angoissante ;
: - Protestent irès énèrgiquement contre cette
situation dont ils ne sont pas responsables ;
Décident à l'unanimité qu'à défaut d'un
approvisionnement -en charbon pour les foyers
domestiques de leu^jeximijiun^s. et tela pour
: une durée JTm mois, à partir du. T5 octobre,
ils se verront dans l'nnpossibilité de continuer
leur mandat et remettront leur démission col-
lective ; ■
Us décident aussi qu'une copie de cette déci-
sion sella au. président du, Conseil des
mjnistres, au ministPe de la reconstitution,
industrielle, au ministre de l'intérieur, au pré-
fet de la Seine.
Là-dessus, le bureau du Conseil municipal
de Paris est allé trouver M. Clemenceau en
personne. Il voulait entendre-le chant du
Tigre, à défaut du chant du coke.
M. Clemenceau s'est expliqué très ronde-
ment sur la situation.
- Parfaitement, m's amis, charbon rnre_
Très difficile à trouver. Plus difficile à amc-
ner. Grève transports Angleterre. Sacré
Lioyd George bien embêté. N'a pas de Man-
dcl. Bien embêté. Aussi, comprenez, impos-
sible constituer stocks. Tâchera suffire jour
le jour.
Serviteur. Au revoir. Salut. Merci.
Les délégués du Conseil municipal de Pa-
ris auraient pu faire observer respectueuse-
ment a notre seigneur et maître, que la crise
des transports anglais ne dure que depuis
quatre jours. Or, si l'on avait pris la pré-
caution de constituer des stocks avant oc-
tobre, la disette de charbon eût été évitée.
Mais que voulez-vous ? Prévoir, prévenir.
c'est vraiment trop demander à nos maîtres
d'empirisme !
!1Iltllllll1!..IIIItIJIJ'!IfIlIlIlIlI\fI!I!I!IiJlI!1iIIll:IIIlI\IJIIIIIiI
C'est la Paix
-..-
EN RUSSIE
Le général Rodzianko et le-baron d'e Wolff,
dans un ordre de. jour adressé à l'armée
russe du nord-oucxt, déclarent avoir reçu de
grandes quantités d'approvisionnements de
guerre : l'Amérique a envoyé du pain et
l'Anglelerre des hollcs., des canons, des fu-
sils, des aéroplanes et des tanks. L'ennemi
a été repoussé dans les rérfo-ns marécageu-
ses. où il lui faudra périr ou se rendre.
On s'attend à ce que Pctrogt'ad, Gatchina
et Tsurskoié-Séfo soient bientôt libérées ;
après quelques préparatifs l'avance générale
va commencer.
EN UKRAINE
Lo Times publie une dépêche de Varso-
vie, dui 30 septembre, disunt qu'une grando
anxiété règne sur le sort du général amé-
ricain Jadwin, que la délégation de paix-
américaine a envoyé à Kiev et qui est parti
le 14 septembre de Loutsk avec un lieutenant
anglais
- Le gouvernement ukranien déclare qu'a-
près avoir vu le général Pctliura, tous deux
sont partis à destination de Pasloff, sur la
roule de Kiev. Pastoiï a été pris par les bol-
chevistes vers cette date, et selon les décla-
rations de paysans de la région Il deux gé-
néraux de l'Entente » aidaient été capturés
et fusiUéa par les bolchevistes,
En UTHUAWE
Communiqué polonais :
A l'est de Dzwinsk, près de Kiaslawka,
l'ennemi, avec do grandes forces, a tenté de
forcer la ligne de la rivière Dzwina. Ses at-
taques ont été repoussées. En même temps,
fortes attaques ennemies sur la tête de
pont de Bobrujsk et de Borysow ont été
repoussées avec de grandes pertes pour l'en-
nemi. x
Au. sud de Polojk, nos troupes, par une
attaque brusque, ont dispersé l'ennemi près
du village do Kainiop, fait 200 prisonniers et
pris 2 mitrailleuses.
Sur le secteur, au nord et au sud du Pry-
pec, l'ennemi, renforcé, a attaqué avec vio-
lençe nos position^, -'
A LA CHAMBRE
Les amendements au Traité
1
L'unanimité de la Chambre vote la motion
relative au désarmement de l'Allemagne
- -
La répartition des charges entre lés Alliés
»
La Chambre, tout en s'égarant parfois,
comme hier matin, vers d'autres hewizons;
mène de front deux problèmes qui, si une
solution heureuse leur était donnée, suffi-
raient pour immortaliser une législature.
Elle tente - ou affecte de tenter - d'ap-
porter au traité de Versailles sinon d'im-
possibles aJnc.ndcments, tout au moins des
modalités de mise à exécution qui seraient
précieuses pour l'avenir du pays. Elle éla-
bore - ou tente d'élaborer - ui-e système^
électoral susceptible de donner à la France
un organisme législatif meilleur que celui
dont elle dispose.
Pour aboutir à ce dernier résultat, point
né serait besoin d'un grand effort. Mm s en-
core faudrait-il- tendre avec sincérité vers
l'amélioration. Je puis affirmer que c'est là
le moindre des soucis de la commission du
suffrage universel.
Alternant ses recherches du « mieux »,
consacrant ses matinées aux questions élec-
torales et ses après-midi à la discussion du
traité, ou des' motions consécutives au'
traité, la Chambre va, d'un moueemellt
hæolt'o('H",. vers les pires solutions.
Le gouvernement porte les plus lourdes'
responsabilités dans cet étal de choses..
Plutôt que d'envisager l'avenir* avec te
calme et- la maîtrise de soi qui sont l'apa-
nage des hommes forts et indépendants,
plutôt que de créer autour des législateurs
chargés de responsabilités une atmosphère
de confiance, le gouvernement a voulu ter-
roriser les âmes faibles. C'est un jeu. dan-
gereux pour les hommes politiques et plus
encore, malheureusement, pour le pays.
Ayant pris huit longs mois pour édifier
le traité franco-allemand, M. Clemenceau
commit une faute quand, ayant enfin jeté
ce texte formidable sur le bureau de la
Chambre, il dit ou lit dire aux députés :
il Hâtez vous, messieurs, on va fermer! »
Depuis ce moment, la Chambre n'est plus
maîtresse de ses sen; ni de ses nerfs. Qui
• doit-elle ^servir ? Le président du Co;u.eil
ou la France ? Si elle se consacre à Fidéal
national, qui la comprendra, puisque le
gouvernement a déchaîné déjà toute la
presse familière contre les « périmés » ?
Si elle dessert le président du Conseil pour
/lad.ollncr à de sévères et nécessaires tra-
vaux, comment pourra-t-elle échapper à la
tyrannie préfectorale, esclave de l'absolu-
tisme du Maître ?
C-n que voulait - M. CUinenceau,, c'itait:
d'abord la ratification. pure et simple du
traité, tel qu'il l'a signé,. sans commen-
taire ; c'était ensuite la consuîtiùn .électo?
rale, même dans les conditions les plus dé-
testables.
Ce qu'il fallait, c'était de tabler sur leS:
réalités, d'examiner la besogne législative
restant à accomplir et de fixer à une date
raisonmble l'ouverture des périodes élec-
torales.
On a polémiqué autour de la date du
26 octobre. On se rabat sur celle du 9 no-
vemb-re. On agile ainsi le collège électoral
dans la mare aux incohérences.
Hypothèses sur hypothèses, mensonges
sur mensonges, erreurs sur erreurs, voilà
avec quoi l'on aborde les plus grandes des
consultions pojlU/aires.
Pauvre pays !
Camille DEVILAR.
SEANCE DE L'APRÈS-MIDI
Les suites du traité
La séance de l'après-midi a été consacrée
à la discussion (h la proposition de résolu-
tion de M. André Lefèvre (Bouches-du-Rhô-
ne) tendant à l'ouverture de négociations di-
plomatiques en vue d'assurer le désarmement
de l'Allemagne.
La situation est celle-ci.
Au cours du débat sur le traité, M. André
Lefèvre avait déposé une motion, dont voici
les termes ;
La Chambre invite le gouvernement à enga-
ger -des négociations avec les signataires du
traité de Versailles pour l'adoption d'un are.
nant au traité rendent eJltet., te désarmement
de. l'Allemagne et de ses alliés par l'inteivlictiori
dç certaines fabrications de guerre tt par toule- -
autres dispositions jugées nécessaires. ,-
Le gouvernement a refusé de s'associer$
ce texte, tout en en adoptant le principe. MJ
Clemenceau a déclaré q-ue la motion, votée
comme amendement au traité, el au cours
de la discussion de ce dernier. impliquerait
une manifestation de défiance envers Je golz%
vernement qui, en ce cas, se retirerait. f
Par contre, M. Ciemenceau acceptait de sè
rallier aux vues de M.- André lklevi-t ap" rèsi
la ratification dta traité. û
Appelée cependant & se prononcer, JO:
Chambre rejeta la discussion immédiate, çl'
ta Commission de la paix, ajwit entendu M.,
André Lefèvre, fit sienne une motion pres-
que identique et dont voici le texte :
La Chambre incite le gouvernement à s'm.
tendre avec lés puissances alliées et associées
en vue de l'exécution de toutes mesures rendant
effectif le désar mement de VAUemagae et de ses
alliés par l'interdiction de certaines fabrication
de guerre et par toutes autres itisposUtons iu-'
gées nécessaires..
Enfin, hier, en cours de séance, la Cham-
bre fut saisie d'un texte additionnel p* £ scn £ ô'
par MM. Renauded et Albert Thomas: et quès -
voieî : ,' - - - -
La Chambre invite en outre le gouvernement
de la France : r à provoquer, en accord avec
M. te président Wilson, el dès que les lats-,
Unis auront ratifié le traité, la réunion immé-
diate de la Société des Nations ; 2' à mandater,
en vue de cette réunion, les délégués de le
France pour proposer l'examen des mesure"
qui, par !a voie de la réduction progressive déX
armements, prét-ue par l'article 8 du pacte de
la Société des Nations, permettront d'aboutir
au désarmement général.
M. André Lefèvre défend sa motion
M. André Lefèvre a îksnç, pris la paroi*
dès le début de la séance.
L'orateur se défie dé l'Allemagne, et M.
Franklin-Bouillon rappelle avec document à
l'anpui, que le général Blin, représentant les
Etala-Unis à Versailles avait proposé le dé-
sarmement de l'Ailemagne tel que le propose
M. André Lefèvre. Celui-ci affirme que l'Al.
teiH&gnç. arme encore : -
Du 11 novembre à fin décembre, elle à teferfc
que 15 millions de coups de canon et 2.500 ?*€-'
ces neu\'es d'artillerie. Mon impression pU
nette, et je ne Jtre contredit. ;
M. Marcel Cachin. — ï/ttel est ramsmr gtni»**1
rnemem 1 ,
M. Franklin-Bouillon. - Le journal Freihm
constate qu'il y a des envois presque quobàieBsi
d'artillerie lourde entre les ponts allemands e,
l'armée de voit der ovitz. - ,
M. André Lefèvre. - Le monde restera-t il,
impassible devant la préparation d'un nouveau
désastre* que l'on peut- éviter, cependant, en
interdisant à l'Allemagne la fabrication du ma*
téricl de guerre 1
Examinant la. situation de l'Allemagne,
M. André Lefèvre estime que sa politique
n'est pas rassurante et qu'un certain nombre
dA mauvais coups se préparent en Siiésie.
M. Longuet. - Les Alliés soutiennent von dei
Goltz.
M. André Lefèvre. - Si vous en êtes sûr, je
vous demanderai de me fournir des indications
à ùtt, égard, car pour moi, rien De me pes-mei
de l'aftirmer.
M. Jean Longuet. - Les représentants de lai
RepuMique lettonne actuellement à Paris affir4
mcim que tendis que les Alliés rappellent von
ffi:r Goltz, ils soutiennent les opérations de vont
der Goltz. contre la République russe.
M. Cachin. - Nous enregistrons ; ïilcncc d.
gouvernement.
M. Lefèvre ayant dit que pour obtenir 16
désarmement universel il est nécessaire de
désarmer d'abord la nation la plus dange-
reuse. c'est-à-dire l'Allemagne, de vives prq-
testations s'élèvent sur le banc de l'extrême-
gauche. ■
M. Viviani, président de la Commission des
traités de paix. - Ces messieurs de l extrême-|
gauche ont voté notre motion. Qu'et-ce, qu'iisi
ont donc à vous dire ? (Applaudissements sur
un grand nombre de bancs. Exclamations ài
l'extréme-gaucbe.)
( Voir la suite èn deuxième page.)
Le Gouvernement veut
brusquer les Elections
——————
Les Elections législatives auraient lieu le 9 novembre.
La nouvelle Chambre siégera le 1er décembre.
———— < • *
Le gouvernement déposera, mardi prochain
ou peut-être onjouhrIwi, le projet de loi con-
cernant l'expiration des pouvoirs de la Cham-
bre.
Ce projet sera renvoyé à la Commission du
suffrage universel qui l'examinera sans délai
el le rapportera dans une prochaine séance.
D'après les renseignements recueillis, le
gouvernement, aurait l'intention de fiïxer la
date d'expiration des pouvoirs de la Chambre
au 30 novembre, et, comme il ne peut y avoir
d'interruption, dans l'exercice dUi, mandat lè.
^slatif, la nouvelle Chambre, convoquée par
décret eu session extraordinaire, entrerait en
fonctions le l'r décembre 1919.
En ce qui concerne l'ordre des élections, le
gouvernement demanderait que la priorité
soit donnée aux élections législatives ; tout
au plus accepterait-il que la consultation du
corps électoral commençât par les élections
municipales, à la condition toutefois que les
élections législatives vinssent immédiate-
ment. après les municipales. Mais il est un,
point sur lequel le gouvernement se montrè-
rait intransigeant : c'est, le ', renvoi des élec-
tions législatives à la suite de toutes les au-
tres. Si cette proposition de renvoi était pré-
sente, le président du Conseil s'y opposerait
et poserait la question de confiance.
Quant 4 la date, le gouvernement serait
décidé à fixer au 9-novembre prochain la
date des élections législatives. Si, par suite
de circonstances imprévues ou en raison le
la prolonj-fiikm des débats park-mcmairean
les électeurs ne pouvaient être cún\'üqut
utilement pour la date du 9 novembre, ccflt
date serait reportée au ni novembre.
Donc, dans le projet du gouvernement
trois points seraient (rrt's et déjà arrêtés ;
expiration des pouvoirs tk la Chambre, -
30 novembre ; élections législatives en pre-
mier lieu ; date des élections législati .ca ta
9 novembre.
On annonçait dans les couloirs que lûTi-
que la question des élections aurait clé tran-
chée par les Chambres, M. Clemenceau terkit
on exposé de politique générale, vérilab.'ei
programme électoral, dans un ^ra.id dis-
cours qu'il prononcerait probabtement à uni
banquet du comité républicain ?u ccxmtrcei
et de l'industrie.
Ce qu'on dit au Parlement
Les députés, en majorité, ne sont pa^ en-
chantés. 11 ont peine à croire qu'ils .•j'ont plut
que quelques jours à siéger.
Le débat qui s'engai}:ra à la £h,Ufllll'C SUII
la date des élections sera certes tuniiVAuevur.
d'autant plus qu'un grand nombre de no«
honorables veulent à-lotit prix que les élcqq
lions municipales aient Keui les premières.
Dans on grand nombre de communes., diti
sent-ilsj il n'y a plus ni maires, ni adjoint
le» corisea. ouiftictpaux ne iooedonnent ph
n VENDEMÎAÏRIS. M ta. — H* 17.851. ,'- '-- _"C<' le numéro : DIX CENTIMES - , -:.,.- - - SAMEDI « OCTOBRE IMS. — H* 17.SS1.
AUGUSTE VACQUERIR
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38, Boulevard de Strasbourg. - PARIS.
TRIBUNB LIBRE
Sir Robert Horne
'- MINISTRE DU TRAVAIL EN ANGLETERRE
- - > ( ,"
Voilà on homme qui ne doit
pas être sans travail.Les grèves
FassaiHent de toutes parts. Et,
pendant que les ouvriers, qui
sont pourvus d'un emploi, dé-
cident de se croiser les bras,
les chômeurs, qui sont innombrables,
espèrent le travail du ministre chargé
d'en surveiller la discipline et les res-
sources. Au milieu des plus turbulents
temous de cette fin d'une guerre, qui
semble ne pas vouloir que l'arbre de
la paix refleurisse sous le soleil, ce mi-
nistre, heureusement pour lui, ne se
trouble pas. Il ne rit jamais. Il sait, en
sa froideur britannique, que la terre
ne sera jamais un paradis, et il admet
avec un tranquille courage que les
hommes sont parfois des fous qui ont
besoin de secouer leurs folies. Seule-
ment, par les moyens de son ministère,
il s'efforce sans bruit de les mettre à
la raison. "',
Sir Robert Stevenson Horne, fils ca-
det d'un pasteur, est né en 1871 dans
le ., sud de l'Ecosse. Parmi tous ces gou-
vernants de l'Angleterre et des Etats-
Unis, il y a beaucoup de pasteurs ou
d'héritiers de pasteurs.Aussi, attendent-
ils, avec une sorte de fatalisme, en
faveur de l'humanise, des services de la
Providence. Horne 'fit ses études au col-
lège d'Edimbourg, ensuite à l'Univer-
sité de Glasgow, d'une façon brillante.
En 1896, il se fit inscrire au barreau
écossais, ce qui ne l'empêcha pas d'être
nommé examinateur en philosophie à
l'Université d'Aberdeen. Mais l'ambition
:¡(Je Horne n'était pas de s'amuser avec
des mots
Lorsque, en décembre 1918, Lloyd
George décida les élections générales, il
baptisa de l'investiture offkielle, par
une lettre signée de lui et de Bonar
Law, qui est connue sous le nom de
« coupon », tout candidat acceptant 1
l'avance d'appuyer la politique du mi-
nistère.
Sir Horne, son coupon en poche, bat-
tit à Glasgow, par 8,000 voix de majo-
rité, un candidat travailliste. Il n'atten-
dit guère dans l'antichambre des dieux,
car en janvier 1919, il était nommé mi-
nistre du Travail. ,
Tout de suite, le travail, en effet, l'en-
vahit de tous côtés, sans l'importuner
d'ailleurs. II dut procéder à la démobi-
lisation de plus de 3 millions d'ouvriers,
dont 1 million -de femmes, occupés à
fabriquer des munitions dans des manu-
factures soit nationales, soit privées.
Vous voyez cette énorme armée de la fa-
brique et de l'atelier, que l'armistice
avait surprise et qu'il fallait protéger
de la panique. Sir Home garda un cer-
tain contingent dans les arsenaux. Vers
l'industrie privée il dirigea quelques-
unes de ses troupes ; pas beaucoup, car
l'industrie privée manquait de matières
.premières. Aux autres, en plus grand
nombre, il assura un secours, pour une
durée de six mois. t"
Les « sans-travail » avaient donc six
mois pour trouver du travail. Mais la
plupart n'en trouvèrent pas. et c'est
parce qu'ils n'en cherchaient pas du
tout. La « donation » leur était une
rente ; ils étaient « payés pour ne rien
faire ». Ces salaires de chômage impo-
saient à l'Etat, c'est-à-dire aux contri-
buables, une charge énorme ajoutée à
tant d'autres qui sont écrasantes. Mais
tout le monde, et sir Horne aussi, se
consolait de cet ennui passager en affir-
mant que « l'Allemagne paierait jus-
qu'au dernier penny Il.
Hélas !. quand est-ce que l'Allema-
gne paiera le premier centime à ses
créanciers ? En attendant, sir Horne
essaie de caser dans les manufactures
de l'Etat ainsi que dans l'industrie pri-
vée les chômeurs trop volontaires.
Aux ouvriers, il parvint aisément à
prouver la nécessité du travail. Aux ou-
vrières, ce fut plus difficile. Les servan-
tes surtout, et leur classe avait été la
plus nombreuse dans les usines de guer-
re. ne voulaient rien entendre. Regret-
tant encore leurs salaires très élevés et
puis l'extrême liberté de leur temps de
service munitionnaire, elles ne considé-
raient plus qu'avec dédain le service
domestique. Vingt-deux mille femmes
refusèrent de redevenir servantes. Elles
préféraient toucher l'allocation et ne
rien faire de leurs doigts. Alors, sir Hor-
ne leur appliqua le seul remède possi-
ble. Il réduisit d'abord le taux de l'allo-
cation, et il annonça que tous et toutes
les coupables de chômage volontaire se-
raient poursuivis.
il a. en outre, constitué une commis-
sion chargée d'une enquête sur la ma-
nière dont avait été administré ce ré-
gime de donation. Il sera curieux de sa-
voir comment, six mois après l'armisti-
ce, près d'un million de personnes tou-
chaient encore cette donation et com-
ment le total des sommes, ainsi payées
avait atteint le chiffre formidable de
22 millions de livres sterling (550 mil-
lions de francs au cours normal du
change). 0
Ensuite, sir Horne n'a pas eu le temps
de s'ennuyer. Les grèves ont éclaté sans
cesse dans tout le royaume, quelques-
unes compliquées, comme à Liverpool,
d'émeutes et de pillages, que facilitait,
chose extraordinaire dans ce pays soi-
disant pratique, la complicité de la po-
lice inerte. Sir Horne conciliait les par-
tis tant qu'il pouvait. Quand il ne pou-
vait plus, il allait doucement vers les
ouvriers, et au lieu de leur jeter des
menaces, il leur disait de sa voix élo-
quente les intérêts de la communauté.
Vous avez pu remarquer, au cours de
cet article, que bien des circonstances
de l'après-guerre britannique se répè-
tent en France. Souhaitons que, grâce
au bon sens de nos ouvriers, les souf-
frances de notre voisine nous soient
épargnées. Nous n'aurions peut-être
pas, pour les guérir suffisamment, un
Robert Horne, philosophe au visage tout
rasé, aux cheveux rares, que nous trou-
verions trop triste.
CEORCES BEAUME
EDITORIAL
Le dernier acte
Voilà le traité ratifié, La
Chambre a épousé l'enfant de
M. Clemenceau.
Mariage de raison ; pis en.
core, de contrainte. Morne cé-
rémonie, sans éclat et sans allé-
gresse où se distille l'amertume des ran-
cœurs.
La Chambre n'aime pas M Clemen-
ceau qui l'a bafouée aux yeux du pays.
M. Clemenceau hait la Chambre qui,
en le discutante a attenté à son orgueil.
Ces deux débris s'étreignent comme
des noyés entre deux eaux. Et Von ne
sait plus s'ils s'accrochent l'un à Vautre
pour se sauver ou pour se perdre.
C'est un spectacle attristant, où domi-
lzent des êgoïsmes qui prétendent se sur-
*
L'intérêt national occupe une part vrai-
ment trop petite dans ces projets où l'mi
songe à sa réélection et l'autre à - son as-
cension.
Pourtant, notre cher grand pays nimbé
d'une auréole de gloire et de martyre,
mérite mieux que ces luttes de termites
impuissants,
Saigné à blanc, couvert de ruines, char-
gé de dettesy le voilà nanti d'un traité de
paix, imprécis, incertain, qui ne termine
même pas les guerres, et qui laisse flotter
dans les airs des relents de famine et de
banqueroute,
Cette mauvaise ébauche n'est, selon le
mot de M. Clemenceau lui-même, « que
le commencement d'un commencement ».
Mauvais commencement, en vérité, qui
n'incite guere à confier la suite à ces arti-
sans inhabiles et malheureux.
Non seulement le traité de paix exige
des retouches incessantes, une vigilance
ininterrompue, une artivité clairvoyante,
une énergie inlassable, mais la situation
financière, économique, sociale, de la
France et du monde appelle une « équi-
pen de travailleurs jeune, vigoureuse,
compétente, pour réparer les fautes d'un
empirisme désastreux.
La Chambre pourrait encore racheter
ses erreurs, avant de se séparer, en pla-
faut les destins de la France dans des
mains plus habiles aux grandes réorga-
nisations de la paix.
EDMOND DU MESNIL.
La santé de M. Wilson
Les dernières nouvelles sur l'état de santé
du président Wilson ne sont pas des plus
satisfaisantes. Le président est resté cou chu
tente la journée.
Apres. la consultation, les docteur Dercum,
n'ud'iiu et Still ont déclaré que l'état du pré-
sident était moins favorable et ont décidé de
prescrire un repos absolu pendant quelque
temps.
D'après les informations particulières, le
président souffrirait de dépression nerveuse
el un spécialiste aurait été mandé en toute
hâte. Il a abandonné l'examen des affaires
courantes et aucun document n'est plus re-
mis à sa signature. Nul n'est admis auprès
de lui et Mme Wilson ne quitte plus on ins-
tant le chevet du malade dont l'état aurait
empiré au point d'inspirer de sérieuses in-
quiétudes à son entourage. Affection en som-
me morale et attribuable en grande partie
au surmenage.
Par su-ite de l'état de M. Wilson. la l'éccp
tion des souverains belges n'a du avoir lieu
dans les conditions qui avaient été établies.
Ils ont débarqué à New-York où ils sont les
hôtes du vice-président Marshall. Le roi et la
reine des Belges vont entreprendre le torar
dès Etats-Unis pour finir au lieu de com-
mencer par Washington,.. •
On dit.
En Passant
Les pastels de La Tour
La Renaissance de l'Art' Français est coutu*
mière d'initiatives heureuses, inspirées par un
culte fervent du Beau.
Cette fois elle ipubliè un admirable oqvrage
.ur Les Pastels de La Tour à Saint-Quentin, dû
à la plume experte et délicate de notre aima-
ble confrère Henry Lapauze, et auquel le maître
imprimeur de Malherbe a donné tous ses soins.
Ilënry Lapauze, qui a eu ce rare mérite
d'éclairer les horreurs même de la guerre par
des rayonnement d'art pur, et d'organiser sous
les raids bouches des expositions oit la Beauté
définit la Camarde, a prodigué son esprit et
son goût dans ce remarquable volume où figu-
rent 87 reproductions des pastels de La Tour.
Tous ceux qui savent trouver dans la con-
templation des trésors artistiques la sérénité
lumineuse qui adoucit les laideurs de la vie,
voudront se procurer ce beau livre, où ils trou-
veront l'histoire des pastels de La Tour peu.
dant la guerre ; une biographie de La Tour,
une note sur l'école de dessin et le musée de
Saint-Quentin, et un commentaire concis, ner-
veux, saisissant de chaque pastel reproduit ;
par quoi Henry Lapauze nous offre une fois de
plus le régal de sa critique élégante et avertie.
Jean d'Aigremont.
Autrefois
Un ministre spirituel
M. de Corbières, un ancien minisire de la
Restauration, avait la réputation d'être un
des hommes les plus spirituels de son temps-
Un jour que le Conseil des ministres dé-
libérait sous la présidence du roi, M. de
Corbières mit pur- inadvertance sa tabatière
sur la table. Louis XV111, choqué de cette
infraction aux lois de l'étiquette, fronça Je
sourcil pour manifester son mécontente-
ment.
Non seulement M. de Corbières ne s'aper-
çut pas de Vétourderie qu'il venait de com-
mettre, mais à côté de sa tabalièret il plaça
son mouchoir.
Le roi perdit patience et lui dit d'un ton
sévère ;
— Je crois, monsieur, que vous allez vider
vos poches ?
- Sire, pour un ministre, cela vaut mieux
que de les emplir.
Ce mot désarma, le monarque qui se pi-
quait, lui aussi, d'être un bel esprit.
Sur les bancs du collège
Le duc d'Aumal, tt Fils de France », fn.
quenta le collège en sa jeunesse, confondu
avec les enfants de la bourgeoisie, simple
écolier comme les autres. Il eut quelque
temps pour camarade un garçon turbulent
qu'on avait nommé Pif fard, à cause de son
nez, qui s'est fait mieux connaître depuis
sous le nom d'Emile Augier. C'était une
paire' d'amis que Piffard et d'Aumale. On
les surprenait sans cesse bavardant ensem-
ble, mèmeen classe. Un matin, IÇÏJJ loqua-
cité lassa la patkncr ftu maître.
- Savez-vous, messieurs, leur dit-il, où
mène votre vilain défaut Rappelez-vous
Falret, un bon petit élève cependant, mais
un bavard incorrigible. Vous tournerez'
comme lui ! Or, savez-vous ce qu'il est de-
venu ?..
Ni le duc d'Aumalc, ni Augier s'osèrent
élever la voix.
- Eh bien, reprit le maître, terrible, il est
devenu deuxième piston à la Porte-Saint-
furUn. -
sous le coup de cette mCHilCC, le fils de
Louis-Philippe courba la tête. Et, sans
doute, il s'assagit par là suite, ainsi qu'Au-
gier, car ils « tournèrent » mieux, l'un et
l'autre, que l'infortuné Falret.
fib
Aujourd'hui
Après le discours de Clemenceau
Tout a été dit sur la détresse physique
dont M. Clemenceau donna le cruel spec-
tacle au cours de son intervention sur le
traité de paix. Pourtant la salle avait été
attentive et plutôt révérencieuse. Depuis,
le mardi, en effet, le bruit courait que M.
Clemenceau était sur les boulets, et ne pour-
rait peut-être pas prononcer, le discours
attendu. C'est peut-être pour- cette raison
que, dès le mercredi, M. Barthou se fen-
dait à fond;
Quoi qu'il en soit, à l'issue de la séance,
personne ne dissimulait la déception qui
avait en quelque sorte paralysé de stupeur
tout l'auditotre, et aussi l'inquiétude rétros-
pective qui en résultait.
Un député d'esprit indépendant -- de for-
tune aussi, - qui siège aux confins dlJ la
droite et du centre et fut l'un des artisans
de la combinaison Clemenceau, - disait :
-- Il faut qu'il se retire aussitôt après le
vote du traité. Au fond, je suis convaincu
qu'il ne demande pas mieux. Il sent bien sa
fatigue, fi il a prononcé son discours
comme on avale une médecine. Mais il y a
son entourage. Je ne parle pas seulement
de Mandel, mais aussi de sa famille. Eh
bien ! il n'y a pas à hésiter, il serait indé-
cent que l'artisan de la victoire fût réduit
sur ses vieux jours à éplucher des comptes
de ménage et sa famille pareillement. Je
suis, pour ma part, tout prêt à proposer
qu'on lui vote; sa vie durant, une pension
de cent mille francs, ou bien une dotation
honorable, comme en AngleterN. Y a-t-il
quelqu'un de vous qui y ferait opposition ?
Nul, en effet, ne protesta, pas même un
farouche socialiste.
(Aux Ecoutes.)
Prestige
La discussion du traité de paix a fuit
beaucoup baisser le prestige de M. Clemen-
ceau dans les campagnes:
Sameifi dernier, un député, qui faisait
une tournée d'élection dn.ns un département
du l'entre, fut frappé des inquiétudes que
lui exprimèrent ses éhcteitrs ruraux et dé-
mobilisés au sujet de fa paix.,
— Alors, lui dit un maire, parait que,.
l'ica ne nous garantit que les Boches paie-
ront ?
El un autre :
— Tout de le Vieux ne s'est pas
arrangé pour que les Boches ne recommen-
cent pas à nous faire la gucrre.
C'fsl, en deux phrases, toute la conclu-
sion qu'on peut tirer du traité de paix. H
faut le signer cependccnU
(Le Cri de Paris.
- -,"" te Tapin
Le règne du désordre
—— » ,
Les avatars de M. Noulens
t -.. WV-
Ce pauvre M. Noulens n'a vraiment pas de
chancte. Voici que te Temps, iui-cnômr, lui
chante pouiilc au sujet de sesi fameux « prix
normaux » !
Des protestations s'élèvent' de toutes parts
contre les « prix normaux I)htant donné le
résultat négatif obtenu depuis plus de deux
mois que tonctionne ce système, la deuxième
commission du Conseil municipal estime qu'il
est à la fois inutile et dangereux : elle a chargé
deux de ses membres d'en demander la sup-
pression au ministre du ravitaillement. Une
démarche identique vient d'être laite auprès
de M. Noulens par les expéditeurs du nora-
ouest et de l'ouest. On lira plus loin une pro.,
testation des agriculteurs de l'Aube, qui dé-
noncent à leur tour les effets désastreux du
régime des cours normaux. Et ce ne sont là
que quelques exemples choisis au hasard.
Cette faillitte n'étonnera point nos lecteurs.
Les nôtres non plus
Mais ce pauvre M. Noulens n'en revient
pas. IL en perd le boire, le manger, le som-
meil, la tète et le reste.
Ain point qu'il ne sait plus ce qu'il dit et
encore moins ce qu'il écrit.
Exemple : le 28 août 1919, le Journal offi-
ciel publie un décret, signé Noulens, qui
prohibe la sortie des. riz.
Très bien.
Le 30 août 1919, le Journal officiel publie
un décret, signé Noulens. qui prohibe la sor-
tie des riz.
Bis !
Deux décrets en deux jours pour le même
objet, c'est peut-être beaucoup.
M. Noulens devrait bien lire les décrets
qu'il sâgne. Il "est vrai .que s'il les lisait, il ne
lis signerait peut-être pas !
- -————— .--tf..
Vous. aurez' du charbon!
M. Loucheur avait dit : « yous aurez du,
cliuilxx-i - 1 » Et de donner des statistiques
impressionnantes. Mais M. Louchcur n'avait
pas prévu la grève des transports anglais.
Les grands de ce mondie ne sauraient tout
prévoir.
Aussi le charbon est-il rare et l'inquiétude
générale.
Les maires des communes de la Seine me-
nacent de démissionner en bloc.
Ils ont adressé à la presse la communica-
tion suivante :
Les membres de l'Union amicale des maires
des communes de la Seine, réunis en assem-
blée générale le 29 septembre lHI, au nombre
de 51 ;
Considérant que, depuis plusieurs mois, Ja
plupart des communes de la Seine ne reçoi-
vent presque pas de charbon ;
Qu'il en résulte des mécontentements tout à
fait justifiés de la part de leurs administrés ;
Que les maires.ne.cessent do réclamer, niais
généralement en. vain ;
Que la situation, bien que légèrement amé-
liorée depuis quelques jours, n'en - reste lias
moins angoissante ;
: - Protestent irès énèrgiquement contre cette
situation dont ils ne sont pas responsables ;
Décident à l'unanimité qu'à défaut d'un
approvisionnement -en charbon pour les foyers
domestiques de leu^jeximijiun^s. et tela pour
: une durée JTm mois, à partir du. T5 octobre,
ils se verront dans l'nnpossibilité de continuer
leur mandat et remettront leur démission col-
lective ; ■
Us décident aussi qu'une copie de cette déci-
sion sella au. président du, Conseil des
mjnistres, au ministPe de la reconstitution,
industrielle, au ministre de l'intérieur, au pré-
fet de la Seine.
Là-dessus, le bureau du Conseil municipal
de Paris est allé trouver M. Clemenceau en
personne. Il voulait entendre-le chant du
Tigre, à défaut du chant du coke.
M. Clemenceau s'est expliqué très ronde-
ment sur la situation.
- Parfaitement, m's amis, charbon rnre_
Très difficile à trouver. Plus difficile à amc-
ner. Grève transports Angleterre. Sacré
Lioyd George bien embêté. N'a pas de Man-
dcl. Bien embêté. Aussi, comprenez, impos-
sible constituer stocks. Tâchera suffire jour
le jour.
Serviteur. Au revoir. Salut. Merci.
Les délégués du Conseil municipal de Pa-
ris auraient pu faire observer respectueuse-
ment a notre seigneur et maître, que la crise
des transports anglais ne dure que depuis
quatre jours. Or, si l'on avait pris la pré-
caution de constituer des stocks avant oc-
tobre, la disette de charbon eût été évitée.
Mais que voulez-vous ? Prévoir, prévenir.
c'est vraiment trop demander à nos maîtres
d'empirisme !
!1Iltllllll1!..IIIItIJIJ'!IfIlIlIlIlI\fI!I!I!IiJlI!1iIIll:IIIlI\IJIIIIIiI
C'est la Paix
-..-
EN RUSSIE
Le général Rodzianko et le-baron d'e Wolff,
dans un ordre de. jour adressé à l'armée
russe du nord-oucxt, déclarent avoir reçu de
grandes quantités d'approvisionnements de
guerre : l'Amérique a envoyé du pain et
l'Anglelerre des hollcs., des canons, des fu-
sils, des aéroplanes et des tanks. L'ennemi
a été repoussé dans les rérfo-ns marécageu-
ses. où il lui faudra périr ou se rendre.
On s'attend à ce que Pctrogt'ad, Gatchina
et Tsurskoié-Séfo soient bientôt libérées ;
après quelques préparatifs l'avance générale
va commencer.
EN UKRAINE
Lo Times publie une dépêche de Varso-
vie, dui 30 septembre, disunt qu'une grando
anxiété règne sur le sort du général amé-
ricain Jadwin, que la délégation de paix-
américaine a envoyé à Kiev et qui est parti
le 14 septembre de Loutsk avec un lieutenant
anglais
- Le gouvernement ukranien déclare qu'a-
près avoir vu le général Pctliura, tous deux
sont partis à destination de Pasloff, sur la
roule de Kiev. Pastoiï a été pris par les bol-
chevistes vers cette date, et selon les décla-
rations de paysans de la région Il deux gé-
néraux de l'Entente » aidaient été capturés
et fusiUéa par les bolchevistes,
En UTHUAWE
Communiqué polonais :
A l'est de Dzwinsk, près de Kiaslawka,
l'ennemi, avec do grandes forces, a tenté de
forcer la ligne de la rivière Dzwina. Ses at-
taques ont été repoussées. En même temps,
fortes attaques ennemies sur la tête de
pont de Bobrujsk et de Borysow ont été
repoussées avec de grandes pertes pour l'en-
nemi. x
Au. sud de Polojk, nos troupes, par une
attaque brusque, ont dispersé l'ennemi près
du village do Kainiop, fait 200 prisonniers et
pris 2 mitrailleuses.
Sur le secteur, au nord et au sud du Pry-
pec, l'ennemi, renforcé, a attaqué avec vio-
lençe nos position^, -'
A LA CHAMBRE
Les amendements au Traité
1
L'unanimité de la Chambre vote la motion
relative au désarmement de l'Allemagne
- -
La répartition des charges entre lés Alliés
»
La Chambre, tout en s'égarant parfois,
comme hier matin, vers d'autres hewizons;
mène de front deux problèmes qui, si une
solution heureuse leur était donnée, suffi-
raient pour immortaliser une législature.
Elle tente - ou affecte de tenter - d'ap-
porter au traité de Versailles sinon d'im-
possibles aJnc.ndcments, tout au moins des
modalités de mise à exécution qui seraient
précieuses pour l'avenir du pays. Elle éla-
bore - ou tente d'élaborer - ui-e système^
électoral susceptible de donner à la France
un organisme législatif meilleur que celui
dont elle dispose.
Pour aboutir à ce dernier résultat, point
né serait besoin d'un grand effort. Mm s en-
core faudrait-il- tendre avec sincérité vers
l'amélioration. Je puis affirmer que c'est là
le moindre des soucis de la commission du
suffrage universel.
Alternant ses recherches du « mieux »,
consacrant ses matinées aux questions élec-
torales et ses après-midi à la discussion du
traité, ou des' motions consécutives au'
traité, la Chambre va, d'un moueemellt
hæolt'o('H",. vers les pires solutions.
Le gouvernement porte les plus lourdes'
responsabilités dans cet étal de choses..
Plutôt que d'envisager l'avenir* avec te
calme et- la maîtrise de soi qui sont l'apa-
nage des hommes forts et indépendants,
plutôt que de créer autour des législateurs
chargés de responsabilités une atmosphère
de confiance, le gouvernement a voulu ter-
roriser les âmes faibles. C'est un jeu. dan-
gereux pour les hommes politiques et plus
encore, malheureusement, pour le pays.
Ayant pris huit longs mois pour édifier
le traité franco-allemand, M. Clemenceau
commit une faute quand, ayant enfin jeté
ce texte formidable sur le bureau de la
Chambre, il dit ou lit dire aux députés :
il Hâtez vous, messieurs, on va fermer! »
Depuis ce moment, la Chambre n'est plus
maîtresse de ses sen; ni de ses nerfs. Qui
• doit-elle ^servir ? Le président du Co;u.eil
ou la France ? Si elle se consacre à Fidéal
national, qui la comprendra, puisque le
gouvernement a déchaîné déjà toute la
presse familière contre les « périmés » ?
Si elle dessert le président du Conseil pour
/lad.ollncr à de sévères et nécessaires tra-
vaux, comment pourra-t-elle échapper à la
tyrannie préfectorale, esclave de l'absolu-
tisme du Maître ?
C-n que voulait - M. CUinenceau,, c'itait:
d'abord la ratification. pure et simple du
traité, tel qu'il l'a signé,. sans commen-
taire ; c'était ensuite la consuîtiùn .électo?
rale, même dans les conditions les plus dé-
testables.
Ce qu'il fallait, c'était de tabler sur leS:
réalités, d'examiner la besogne législative
restant à accomplir et de fixer à une date
raisonmble l'ouverture des périodes élec-
torales.
On a polémiqué autour de la date du
26 octobre. On se rabat sur celle du 9 no-
vemb-re. On agile ainsi le collège électoral
dans la mare aux incohérences.
Hypothèses sur hypothèses, mensonges
sur mensonges, erreurs sur erreurs, voilà
avec quoi l'on aborde les plus grandes des
consultions pojlU/aires.
Pauvre pays !
Camille DEVILAR.
SEANCE DE L'APRÈS-MIDI
Les suites du traité
La séance de l'après-midi a été consacrée
à la discussion (h la proposition de résolu-
tion de M. André Lefèvre (Bouches-du-Rhô-
ne) tendant à l'ouverture de négociations di-
plomatiques en vue d'assurer le désarmement
de l'Allemagne.
La situation est celle-ci.
Au cours du débat sur le traité, M. André
Lefèvre avait déposé une motion, dont voici
les termes ;
La Chambre invite le gouvernement à enga-
ger -des négociations avec les signataires du
traité de Versailles pour l'adoption d'un are.
nant au traité rendent eJltet., te désarmement
de. l'Allemagne et de ses alliés par l'inteivlictiori
dç certaines fabrications de guerre tt par toule- -
autres dispositions jugées nécessaires. ,-
Le gouvernement a refusé de s'associer$
ce texte, tout en en adoptant le principe. MJ
Clemenceau a déclaré q-ue la motion, votée
comme amendement au traité, el au cours
de la discussion de ce dernier. impliquerait
une manifestation de défiance envers Je golz%
vernement qui, en ce cas, se retirerait. f
Par contre, M. Ciemenceau acceptait de sè
rallier aux vues de M.- André lklevi-t ap" rèsi
la ratification dta traité. û
Appelée cependant & se prononcer, JO:
Chambre rejeta la discussion immédiate, çl'
ta Commission de la paix, ajwit entendu M.,
André Lefèvre, fit sienne une motion pres-
que identique et dont voici le texte :
La Chambre incite le gouvernement à s'm.
tendre avec lés puissances alliées et associées
en vue de l'exécution de toutes mesures rendant
effectif le désar mement de VAUemagae et de ses
alliés par l'interdiction de certaines fabrication
de guerre et par toutes autres itisposUtons iu-'
gées nécessaires..
Enfin, hier, en cours de séance, la Cham-
bre fut saisie d'un texte additionnel p* £ scn £ ô'
par MM. Renauded et Albert Thomas: et quès -
voieî : ,' - - - -
La Chambre invite en outre le gouvernement
de la France : r à provoquer, en accord avec
M. te président Wilson, el dès que les lats-,
Unis auront ratifié le traité, la réunion immé-
diate de la Société des Nations ; 2' à mandater,
en vue de cette réunion, les délégués de le
France pour proposer l'examen des mesure"
qui, par !a voie de la réduction progressive déX
armements, prét-ue par l'article 8 du pacte de
la Société des Nations, permettront d'aboutir
au désarmement général.
M. André Lefèvre défend sa motion
M. André Lefèvre a îksnç, pris la paroi*
dès le début de la séance.
L'orateur se défie dé l'Allemagne, et M.
Franklin-Bouillon rappelle avec document à
l'anpui, que le général Blin, représentant les
Etala-Unis à Versailles avait proposé le dé-
sarmement de l'Ailemagne tel que le propose
M. André Lefèvre. Celui-ci affirme que l'Al.
teiH&gnç. arme encore : -
Du 11 novembre à fin décembre, elle à teferfc
que 15 millions de coups de canon et 2.500 ?*€-'
ces neu\'es d'artillerie. Mon impression pU
nette, et je ne Jtre contredit. ;
M. Marcel Cachin. — ï/ttel est ramsmr gtni»**1
rnemem 1 ,
M. Franklin-Bouillon. - Le journal Freihm
constate qu'il y a des envois presque quobàieBsi
d'artillerie lourde entre les ponts allemands e,
l'armée de voit der ovitz. - ,
M. André Lefèvre. - Le monde restera-t il,
impassible devant la préparation d'un nouveau
désastre* que l'on peut- éviter, cependant, en
interdisant à l'Allemagne la fabrication du ma*
téricl de guerre 1
Examinant la. situation de l'Allemagne,
M. André Lefèvre estime que sa politique
n'est pas rassurante et qu'un certain nombre
dA mauvais coups se préparent en Siiésie.
M. Longuet. - Les Alliés soutiennent von dei
Goltz.
M. André Lefèvre. - Si vous en êtes sûr, je
vous demanderai de me fournir des indications
à ùtt, égard, car pour moi, rien De me pes-mei
de l'aftirmer.
M. Jean Longuet. - Les représentants de lai
RepuMique lettonne actuellement à Paris affir4
mcim que tendis que les Alliés rappellent von
ffi:r Goltz, ils soutiennent les opérations de vont
der Goltz. contre la République russe.
M. Cachin. - Nous enregistrons ; ïilcncc d.
gouvernement.
M. Lefèvre ayant dit que pour obtenir 16
désarmement universel il est nécessaire de
désarmer d'abord la nation la plus dange-
reuse. c'est-à-dire l'Allemagne, de vives prq-
testations s'élèvent sur le banc de l'extrême-
gauche. ■
M. Viviani, président de la Commission des
traités de paix. - Ces messieurs de l extrême-|
gauche ont voté notre motion. Qu'et-ce, qu'iisi
ont donc à vous dire ? (Applaudissements sur
un grand nombre de bancs. Exclamations ài
l'extréme-gaucbe.)
( Voir la suite èn deuxième page.)
Le Gouvernement veut
brusquer les Elections
——————
Les Elections législatives auraient lieu le 9 novembre.
La nouvelle Chambre siégera le 1er décembre.
———— < • *
Le gouvernement déposera, mardi prochain
ou peut-être onjouhrIwi, le projet de loi con-
cernant l'expiration des pouvoirs de la Cham-
bre.
Ce projet sera renvoyé à la Commission du
suffrage universel qui l'examinera sans délai
el le rapportera dans une prochaine séance.
D'après les renseignements recueillis, le
gouvernement, aurait l'intention de fiïxer la
date d'expiration des pouvoirs de la Chambre
au 30 novembre, et, comme il ne peut y avoir
d'interruption, dans l'exercice dUi, mandat lè.
^slatif, la nouvelle Chambre, convoquée par
décret eu session extraordinaire, entrerait en
fonctions le l'r décembre 1919.
En ce qui concerne l'ordre des élections, le
gouvernement demanderait que la priorité
soit donnée aux élections législatives ; tout
au plus accepterait-il que la consultation du
corps électoral commençât par les élections
municipales, à la condition toutefois que les
élections législatives vinssent immédiate-
ment. après les municipales. Mais il est un,
point sur lequel le gouvernement se montrè-
rait intransigeant : c'est, le ', renvoi des élec-
tions législatives à la suite de toutes les au-
tres. Si cette proposition de renvoi était pré-
sente, le président du Conseil s'y opposerait
et poserait la question de confiance.
Quant 4 la date, le gouvernement serait
décidé à fixer au 9-novembre prochain la
date des élections législatives. Si, par suite
de circonstances imprévues ou en raison le
la prolonj-fiikm des débats park-mcmairean
les électeurs ne pouvaient être cún\'üqut
utilement pour la date du 9 novembre, ccflt
date serait reportée au ni novembre.
Donc, dans le projet du gouvernement
trois points seraient (rrt's et déjà arrêtés ;
expiration des pouvoirs tk la Chambre, -
30 novembre ; élections législatives en pre-
mier lieu ; date des élections législati .ca ta
9 novembre.
On annonçait dans les couloirs que lûTi-
que la question des élections aurait clé tran-
chée par les Chambres, M. Clemenceau terkit
on exposé de politique générale, vérilab.'ei
programme électoral, dans un ^ra.id dis-
cours qu'il prononcerait probabtement à uni
banquet du comité républicain ?u ccxmtrcei
et de l'industrie.
Ce qu'on dit au Parlement
Les députés, en majorité, ne sont pa^ en-
chantés. 11 ont peine à croire qu'ils .•j'ont plut
que quelques jours à siéger.
Le débat qui s'engai}:ra à la £h,Ufllll'C SUII
la date des élections sera certes tuniiVAuevur.
d'autant plus qu'un grand nombre de no«
honorables veulent à-lotit prix que les élcqq
lions municipales aient Keui les premières.
Dans on grand nombre de communes., diti
sent-ilsj il n'y a plus ni maires, ni adjoint
le» corisea. ouiftictpaux ne iooedonnent ph
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