Titre : Le Rappel / directeur gérant Albert Barbieux
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1919-07-26
Contributeur : Barbieux, Albert. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328479063
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 26 juillet 1919 26 juillet 1919
Description : 1919/07/26 (N17781). 1919/07/26 (N17781).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k75648201
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-43
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 09/04/2013
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4 * THERMIDOR, AN 127. - rP- 17.78t. *« : MDTX « R«EE»M"™UA*I - - SAMEDI 26 JUILLET ISIS. - Ir
AUGUSTE VACQUERIE !
Fondateur - (1869)
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REDACTION ET ADMINISTRATION
38, Boulevard de Strasbourg. — PARla.
TRIBUNE LIBRE
- ;
a a
Républicains, sachons fouir
) .t. C — — .45
Tant du côté des socialistes
bolchevisants que de celui des
réactionnaires, on s'efforce
systématiquement de jeter le
discrédit sur le parti radical-
socialiste. -
Sans doute, notre parti entend ap-
puyer sa politique sur la légalité et sur
l'action parlementaire. Il reste donc
l'adversaire de toute action violente qui
ne serait pas justifiée par une atteinte
grave à nos chères libertés et à nos
principes républicains.
Les partisans des moyens subversifs
sont donc nos adversaires et cela nous
fait honneur.
Mais à Nancy, en 1907, notre con-
grès déclarait explicitement : « Que
l'idéal du - parti n'a pas plus de bornes
que n'en a l'horizon qui s'étend au
fur et à mesure que l'on s'élève. Que
Sa doctrine n'est point enclose dans des
formules absolues- ln
On conçoit sans peine que ceux qui
souhaitent associer la sainte Eglise à la
dictature d'un empereur ou au droit
divin d'un monarque ne puissent ad-
mettre notre conception si peu dogma-
tique de l'évolution sociale.
De même, les outranciers du parti so-
cialiste unifié, qui aujourd'hui s'incli-
ucnt remplis d'admiration devant la
trop apparente anarchie bolcheviste, ne
peuvent s'accommoder de notre amour
do l'ordre légal.
Evidemment, l'indécision si prolon-
gée des actuels représentants de notre
parti au Parlement pourrait faire dou-
ier, tout autre que nos militants, de
l'action énergique dont est encore ca-
pable notre parti.
Il y a longtemps déjà que nos meil-
leurs partisans ont dénoncé le lent, et
subtil empoisonnement de notre activité
par l'intrusion, au sein même de notre
parti, d'éléments disparates, arrivistes
ou rétrogrades qui n'ont de radical que
l'étiquette.
On peut même supposer que les ac-
tes de nos mandataires ont pu ressentir
les; effets de cette intoxication due au
poison formé d'un esprit de conserva-
tisme égoïste et étroit.
Mais les hommes ne comptent que
fort peu dans un grand parti pour le-
quel les principes directeurs restent
intangibles. Nous aurons simplement à
désavouer et à remplacer les plus con-
taminés. - Mais que tous les républicains
prennent garde au danger que pourrait
courir demain la République, si tous
les démocrates sincères ne songeaient
pas à la nécessité impérieuse de faire
renaître un bloc solide des partis de
gauche.
La reconstitution de ce bloc républi-
cain est inéluctable si nous voulons réa-
liser promptement toutes les réformes
administratives, économiques et socia-
les qui sont indispensables à la renais-
sance du pays.
La doctrine, qui demain sera celle de
tous les démocrates assoiffés de justice
et d'équité, sera faite d'une volonté
d'action opérante contre toutes les oli-
garchies d'où qu'elles viennent.
Pour ce faire, nous n'exclurons pas
de la grande famille du travail les sa-
vants, les professeurs, les ingénieurs,
les artistes. En un mot, tous les édu-
cateurs intellectuels si nécessaires au
développement normal d'une société mo-
derne.
Nous grouperons aussi la petite et la
moyenne bourgeoisie française si hon-
nête et si courageuse.
Car tous ces travailleurs de la ville
et des champs ne redoutent pas tant que
l'on voudrait le faire croire une évolu-
tion économique préparée avec ordre,
méthode et décision. -
Tout en désirant la plus complète li-
berté d'action pour chacun, ils aspirent
à voir s'instaurer un efficace régula-
teur par l'intervention de l'Etat s'op-
posant à toute nuisible licence dans
l'exercice de cette liberté indispensable
à notre esprit d'initiative.
Car autant que les socialistes, ils ré-
prouvent les résultats scandaleux et
néfastes des consortiums qui se sont
révélés tout puissants durant la guerre
et cela sous l'égide de nos gouvernants
de toutes nuances politiques.
Pour excuser l'inexplicable complai-
sance de nos dirigeants à l'égard des
grosses firmes financières, industrielles
nt commerciales, il ne suffira pas d'in-
voquer l'obligation d'une production
rapide et intensive nécessitée par les
opérations de guerre. 1
Républicains, nous atteindrons plus
Sûrement et plus vite notre idéal par
l'organisation rationnelle de la produc-
tion, la juste répartition des produits
par une méthodique réglementation des
rapports entre le producteur et le con-
sommateur, par l'association équitable
du travail et du capital, du salarié et
tlu patron. Mais aussi par une lutte
inlassable et tenace contre tous les
spéculateurs, les accapareurs et les in-
termédiaires inutiles dont l'oligarchie
verrait sa puissance nuisible s'accroître
si on ne lui opposait pas des sanctions
opérantes et énergiquement appliquées.
Nous voulons la complète pénétration
des classes dont les limites arbitraires
paraissent impossibles à préciser.
Nous ne voulons plus de cette classi-
fication arbitraire et occasionnelle sui-1
vant les passions du moment et qui a
exclu si longtemps du prolétariat ceux-
là mêmes qui ont pour mission de l'ins-
truire et de l'aider à s'élever dans le
domaine social.
Une véritable et vivante démocratie
ne doit comprendre qu'une grande ca-
tégorie : celle qui se compose de tous
ceux qui travaillent, produisent, font
effort utile de réalisation et sont en
droit de librement jouir des fruits de
leur labeur, que celui-ci soit intellectuel
ou manuel.
Doctrine, semble-t-il, qui doit facile-
ment réunir sur le terrain pratique des
immédiates- réalisations tous les démo-
crates honnêtes, quelle que soit leurs
conceptions hypothétiques d'une idéale
et future société.
La démocratie républicaine, nous la
ferons demain plus forte et plus vivan-
te. Elle continuera alors sans troubles
sa marche vers son idéal de perfection
sociale.
Aux sincères républicains de gauche
à savoir le vouloir.
GRANDIGNEAUX.
Président de la Fédération rattiemlt
et raaicale-sociaJ.iste du 10' arr. de Parin,
EDITORIAL
Tohu-Va-Bohu -
le n'étais pas allé a la
Chambre des députés depuis
la guerre. J'y suis retourné
cette semaine. Mal m'en a
pris. Les oreilles me tintent
encore de cel inexprimable
brouhaha.
M. Mandel, qui assiste aux séances,
plaqué comme un cloporte sur une boi.
serie, doit être satisfait.
C'est le régime du tohu-va-bohu ins-
tauré en ce Parlement, que nos maîtres
s'efforcent de discréditer de leur mieux.
Ils n'y ont d'ailleurs pas grand ml.
rite, car jamais je n'ai vu collectivité
plus pusillanime se jeter plus étourdi-
ment sur tous les appeaux.
M. le président du Conseil a reproché
aux députés d'être dans « l'illégalité »
pour s'être « prorogés eux-mêmes n.
Personne n'a fait observer à M. Cle-
menceau, sénateur, qu'il était lui-même
un « périmé », et que le pouvoir qu'il
tenait de mandataires sans mandat,
n'était pas davantage d'une légalité
très orthodoxe.
Illégalité, empririsme, illusionnisme
sont les formules magiques du régime
de ce temps.
Etonnez-vous que nous en venions,
après la plus radieuse des victoires, à
Vimpuissance d'organiser la paix.
J'ai entendu les discours — hélas! —
de ces « hommes éminents » que lg rail-
lerie de M. Clemenceau maintient — au
dam de la Francef — au faite des mi-
nistères les plus importants.
J'ai retenu leurs aveux, plus ou moins
explicites,
La situation économique de la Fran-
ce, qui est grave, ne Peut être allégée
que par l'aide de nos alliés.
Ni M. Boret, ni M. Clémentel, ni M.
Loucheur, ni M. Klotz n'ont su profiter
des huit, mois d'armistice et de confé-
rence pour nouer les liens indispensa-
bles à notre salut.
La Presse, qui n'est pas d'esprit sub-
versif, en faisait hier, sous la signature
d'Alceste, une démonstration décisive.
Les députés sont, en immense majorité
pénétrés de ces vérités redoutables.
Dans les couloirs, ils se prodiguent
en malédictions; en séance, ils accla-
ment les (jratturs de l'opposition. Puis
ils votent, dociles ek résignés, pour le
gouvernement.
Aux abattoirs de la Villette, j'ai vu
des troupeaux inconscients qui mar-
chaient de cette allure aux. élections!
EDMOND DU MESNIL.
■ : ♦ :
La Pensée des Autres
*■ •**4ii •" 1 **
Les sols devraient avoir pour les gens d'es-
prit une méfiance égale au mépris que
ceux-ci ont pour eux. "-RIVAROL.,
RIVAROL
On dit.
Autrefois
Le Rappel il y a 50 ans (26 juillet 1869) :
— Le Rappel, a vécu deux mois à peine,
et déjà Vexpression de sa pensée lui coûte
douze mille francs et sept mois de prisan.
En vingt-quatre jours, du 7 juin au 2 fuulet
(nous en avons fait ici môme le calcul), la
magistrature a distribué entre vingt-cinq
iournaux indépendants plus de 73.000 francs
d'amende et plus de 42 mois de prison !
Nous ne discutons pas ces arrêts indiscu-
tables. Nous ne contestons pas le zèle dont
le pouvoir judiciaire se lait gloire. Nous
avom seulement tenté de démontrer que,
pour être inamovibles, nos juges ne sont
pas immuables. » (François-Victor Hugo.)
— La Belgique vient de voter un million
500.000 ivaiws pour les forteresses d'Anvers.
Miracle
En racontant devant Mme du Deffand le
miracle de Saint-Denis, qui après avoir été
décapitéK se promena en portant sa tête :
« Eh ! oui, fit-elle, il n'y a décidément, que
le premier pas qui coûte. »
Les bons comptes.
Un matin M. de Mirabeau s'en vint trou-
ver Beaumarchais.
— Cher ami, un service. Il faut que vous
me prêtiez dix mille livres, que je vous rem-
bourserai dans deux mois.
-' Cllet; amI, dans deux mois vous ne me
rembourserez pas. Alors nous nous brouil-
lcrons. Il vaut mieux nous brouiller tout de
suite.
©
Aujourd'hui
Paresse
Cet homme politique, avocat notoire, est
d'une paresse légendaire. L'autre matin un
collègue se rend chez lui vers dix heures du
matin. Il le trouve au Ut.
— Je ne me suis pas levé, mais je pense
à mon discours. Je travaille.
A une heure; le collègue uvient. Il trouve
notre homme encore couché.
— Dites donc, cher ami, vous pourries
peut-être vous lever. Vous vous surmenez !
M. Jean Bon
M. Jean Bon est le plus aimable et spiri-
tuel des députés. Il est des jours où sa verve
malicieuse rend seule le Parlement suppor-
table. --
L'autre jour il se trouvait à la buvette. Il
demande un calé-crème. On le lui sert avec
une grosse mouche, qui nageait désespéré-
ment dans le lait.
— Dites donc, mon ami, dit gentiment
M. Jean Bon, la prochaine fois vous nie
servirez les mouchts à part.
Le Tigre et l'Argentier
Avant-hier, après la séance de la Cham-
bre, où Mi, Clemenceau, par sa présence,
sauva M. Klotz du sort de M. Boret, notre
petit Argentier remercia le Tigre arec effu-
sion.
— Comme je vous remercie, M. le Prési-
dent, de m'avoir compris et assisté.
— Mon garçon, grogna le Tigre, je vous
ai assisté, c'est entendu. mais quant à
vous avoir compris, il aurait fallu que je
vous écoute. et encore 1
Le Tapin.
Le règne du désordre
Un mot, s'il vous plaît.
M. le ministre de l'instruction publique!
On sait que les professeurs des écoles
primaires Soupérieurt's de la ville de Paris
sont nommés par le ministre de l'instruction
publique, sur. la proposition du comité con-
sultatif dç ces écoles.
I.e ministre a le droit de choisir, pour les
hommes, tout candidat proposé, quel que
soit son classement, C'est un fait. -
Mais, quand il se présentera un candidat
qu'on tiendra pour persona grata, par la
raison qu'une recommandation politique si-
gnale particulièrement sa candidature à
ceux des membres du comité consultatif qui
ne sont pas insensibles a.ux influences poli-
tiques, est-il juste — disons juste, pour
n'employer que des expressions modérées —
que d'autres candidats mieux qualifiés
voient s'effacer leurs titres et doivent quit-
ter la place devant l'heureux compétiteur,
favorisé du bienfait de l'amitié d'un quel
conque grand homme de l'une ou de l'autre
des deux Chambres ? Nous posons la ques-
tion à M. le ministre de l'instruction publi-
que.
Si. d'aventure, M. le ministre ignorait de
quoi on veut lui parler ici, naus nous fai-
sons un plaisir d'éclairer, comme on dit. sa
religion.
A la dernière réunion du comité consulta-
tif des écoles primaires supérieures de la
"me de Plaris, de nombreuses candidatures
étaient en présence. Mais entre les candi-
dats appartenant au personnel enseignant
Avant la guerre et qui ont eue monnises et
dtes candidats étrangers au personnel avant
la guerre et non mobilisés, il semble bien
que le bon sens ni l'équité ne laissent do.u-
ter que. les premiers devaient être nommés
de préférence aux seconds.
Pourtant, deux nominations sont précisé-
ment proposées à la signature du ministre
qui relèvent de la seconde catégorie. A cette
,,'heue mème, peut-être sont-elles déjà offi-
cielles. Il est vrai que les heureux candi.jf.Ρ;
.qui ont bénéficié du choix du comité se ré-
danhacnt de deux hauts seigneurs parle-
mentaires. '-
S'il ne s'agissait pas de mobilisés, dont
on a ainsi lésé les droits dignes e.'itre î«»us
d'intérêt il n'y aurait, une rois de plus,
qu'à passer condamnation. Mais la faveur.
dans la circonstance, a un caractère spé-
cialement déplaisant qu'il convient de re-
lever. -
Nous signalons donc le fait à M. le mi-
nistre de l'instruction publique, bien placé
pour savoir quel mécontentement des écarts
si fâcheux peuvent susciter dans le person-
nel enseignement.
Affaires. diverses
Les affaires des mistelles. des su^re?, des
rhums, des"faux vins portugais. sommeil-
lent du sommeil de l'injuste.
Quelques petites instructions sont ouver-
tes pour la forme. Des commissaires voya-
gent. Ils sont bons enfants. Il ne faut pas
troubler la saison des gros mercantis, en
villégiature à Deauville et autres lieux.
Cependant, nous avons vu ce matin con-
duire au poste de police quatre marchands
des quatre-saisons.
Tandis que les gïos spéculateurs se pré-
lassent c'est toujours Crainquebille qui a
tort. Naturellement.
1 LE PARTI RADICAL
, - > .t.
A la Chambre
+
Intervention de M. Franklin-Bouillon
—. » ■»«<»-«—
La question des élections soulevée par le
président du Conseil fait l'objet .de toutes
ks conversations dans les couloirs du Pa-
lais-Bourbon.
La politique de M. Clemenceau est jugée
sévèrement par de nombreux députés- Voi-
ci l'opinion d'un député radical :
u Le président du Conseil considère les
élections comme une anne politique.
» Il ne reconnaît pas le droit à qui que
ce soit de lui faire opposition. A l'heure pré-
sente, certains de nos collègues sont aveu-
gles et ne veulent pas voir les résultats
désastreux que M. Clemenceau a obtenus
depuis la formation de sjii cabinet. Ils sont
nuisibles au pays et à tous les républicains.
Si M. Clemenceau fait les élections, le pays
tout entier en souffrira. »
Envisageant cette question. le groupe ra
ilieal et radical-socialiste a tenu dans la
journée d'hier une importante réunion.
M. Franklin-Bouillon demanda au groupe
'je faire connaître son sentiment sur la poli-
tique du cabinet.
Il lui proposa de déiposer une demande
d'interpellation pour obtenir du gouverne-
ment qu'il fasse connaître ses intentions en
ce qui concerne les élections.
Le président du groupe, M. René Re-
noult, déclara alors que le groupe radical
devait conserver sa confiance à M. Clemen-
ceau. M. Dalbiez s'opposa à cette proposi-
tion et ajouta que des motions seraient dé-
posées au cours du Congrès radical qui doit
se tenir aujourd'hui et demain dans les
quelles on demanderait aux membres du
Congrès de se prononcer à ce sujet.
M. Franklin-Bouillon annonça en fin do
séance à ses collègues que si le Congrès ne
se prononçait pas pour une interpellation, il
cal déjposerait une en son nom personnel.
Bravo f Bravo!
Pas de doute. No-us avons le plus pressant
besoin de blé, de viande, de. charbon.
Pour le blé et la viande, il est nécsïairô
de s'entendre avec l'Amérique ; pour le
cbarbon, avec l'Angleterre et l'Allemagne.
MM. feu Boret, Clémentel et Loucheur y
oint songé; entre .df:uX bridges. Mais ourune
convention n'a été passée, avec .nos alliés,
aucune condition précise imposée aux bo-
ches.
On ne saurait penser à tout. Amsi ei^l-it
plus commode de ne songer à riejï.
Là-dessus, M. Loucheur. qui < une 1 ttic
audace, a dit : « La vie restera chère. »>
«Bravo ! bravo ! » a crié 1<10 m-tjoriié.
Dès qu'un ministre proclamera la disette :
on affichera son discours.
Mi 1 mais.
Le Congrès 1
La tactique du Parti
-+---+---
Ce malin, au Café du Globe, réunion plé-
nière du Comité exécutif du Parti radical et
radical-socialiste. Les délégués de province
seromt presque tous présente. Déjà, hier, un
grand nombre d'entre eux sont arrivés à
Faris. Beauoup ont bien voulu faire visite
au Rappel, dont ils sont les abonnés, ils
nous ont dit leurs espoirs et ce qu'ils comp-
lent faire aux prochaines élections législa-
tives-
Les militants sont "un peu découragés par
let événements actuels ; mais, au fond, ils
ont gardé intacte la flamme républicaine.
ti Notre parti, nous ont-ils dit, doit rester
un parti d'avant-garde. Nouts regrettons, que
dans un grand nombre de départements,
on ait abandonné l'idée du bloc de gauche.
tt Il est vrai que les socialistes unifiés, en
volant la motion Bracke, ont déclaré qu'ils
no voulaient pas faire alliance avec les ra-
dicaux, mais peut-ètne n'ont-ils pas dit leur
dernier mot.
Il En tous cas, nous restons les adversai-
res résolus des conservateurs de toute nuan-
ce. »
L'oPinion dominante des délégués est qu'il
faut arriver à faire le cartel de toutes les
forces républicaines : Alliance républicaine
démocratique. Parti radical et radical-socia-
liste, Parti sociadiste indèpendant, depuis
M Chaumet jusqu'à MM. J.-L. Breton el
Painlcvé..
Dans un grand nombre de départements,
les radicaux étaient divisés. 11 faut, avant
()ut. que ces radicaux oublient leurs diffé.
rends personnels et qu'ils fassent l'union,
non pas une union précaire, mails une union
Of.mplète. absolue aui nous donnera la vic-
loftre.
Il est l'heutre d'oublier les vieilles querel-
l&i *
Bi la désunion persiste, l'émiettement se
fera et nous aurons alors dans un même
département, plusieurs listes qui se récla-
meront d'un même idéal. Ces listes n'arri-
veront pas au quotient, elles n'obtiendront
pas la plus forte moyenne, elles se feront
bitUre. A l'heure actuelle, les républicains
qïii ne veulent pas de l'union républicaine
sont des hommes dangereux.
Le dirigeants du Parti radical ont l'inten-
tion de faire le cartel de toutes les farces
'démocratiques avec tous ceux qui1 accep-
tent « finta-nigibilité des lois laïques » et qui
m 'oumACRfiioq oi- vu fJi^wpT! uraptoA au
1t' dictature du prolétariat.
M. Pa.ul Dounler, siéna.twr, ancien prési-
dent de la Chambre, est depuis un an déj;\
membre du Parti radioal. il avait demandé
son admission alors que M. tWwrrc• était
f>Fésklent du Comité exécutif. Tant mieux
pour ootr Parli.
Léon ARCHAIMBAUD.
L'ACTUALITE
Le ministre de la jiislicu sub 1 b
.———— ) «i» < ——
M. Clemenceau n'était pas en séance hier matin.
La Chambre en a profité pour renverser. le
projet de loi sur la Légion d'honneur. - M. Naïl,
garde des sceaux, n'en revient pas.
■ MlWlilTM II
Le ministère Clemenceau a décidément du
plomb dans l'aile. 1
Ce n'est pas le fait d'avoir vu la chambre
conduite a relire une seconde Jais, à force
de l'avoir modifié, le projet de loi présente
par le gouvernement en vue d'une promo-
tion exceptionnelle dans la Légion d hon-
neur qui me conduit à une dure conclusion
sur la situatiun du cabtnet. ûton impression
est faite de l'état. d'esprit même de la ma-
jorité des députes. Ceux qui ont conscience
de leurs responsabilités devant le pays sont
à juste titre inquiets. Ils saveni que si les
élections pouvaient avoir lieu en ce mo-
ment, les trois quarts des parlementaires
seraient balayés de la Chambre et du Sénat.
Inutile de songer à troquer un siège pour
un autre. Rares seraient ceux qui échappe.
raient aux rigueurs du suffrage universel
pesant., cette fois, et lourdement, sur le suf-
frage restreint.
Pourquoi?
Alais M. André Lefèvre l'a dit fort élo-
quernment hier. Parce que ce pays court à
l'abîme et que les fruits de sa splendide
victoire s'égrènent à tous les vents, sans
profit - pour - la - nation.
A défaut d'une action très vive sur la po-
litique intérieure, le débat sur le traité re-
mettra fatalement en coUse lu politique exté-
rieure et la politique financière. La .Cham.
bre ne siégera pas alors en comité secret ;
des délibérations de comités secrets anciens
y pourront même être rendues publiques.
On verra que si M. Clemenceau a fait tout
ce qu'il a pu, et personne n'en doute, il n'a
fait ni politiquement, ni financièrement ce
qui devait être lait.
La France, malgré le vote de mardi, reste
le pays où la vie est plus chère qu'ailleurs.
C'est en France que les répercussions de la
guerre seront les plus lourdes pour tous :
pour le paysan dont les beaux jours sont
finis, pour l'ouvrier qui doit maintenant me.
surer sévèrement sa dépense, pour la ri-
gueur des obligations militaires imposées
aux citoyens.
Quantl du haut de la tribune, on aura
dissipé cette illusion que M. Clemenceau
seul est en état de tenir tête au bolchevisme
et de le dominer, quand des hommes comme
M. André Lefèvre auront. apporté, avec
leurs puissantes critiques, les preuves qu'un
programme national peut donner à la
France les garanties qu'ellc a droit d'exiger
pour vivre et pour se développer, le glas du
cabinet sonnera.
Il ne s'agit. pas de vaines compétitiofllS
ministérielles et d'ambitions personnelles ;
tous les hommes placés au pouvoir n'ont
pas démérité, au contraire. Mais il faut, au
gouvernement de guerre, faire succéder un
gouvernement d'ordre, de confiance et de
méthode,
M. Clemenceau incarr:c-t-il ces vertus po-
litiques ? N'a-t-il pas déjà jeté le désordre
dans la loi électorale, née d'hier, et qu'il ne
contribua guère à enfanter ? Tout est à
l'avenant.
Camille DEVILAR.
■ - — >
LA SEANCE
Un projet de loi à terre
Après iLxation des contingents de déco-
rations attribuées à divers ministères, le
projet du gouvernement heurte un premier
écueil. C'est un article additionnel de M.
Louis Marin, ainsi conçu :
« Aucun citoyen français d'àge mobilisa-
ble pendant la guerre ne peut être compris
dans le contingent actuel accordé à titre ex-
ceptionnel. »
M. Nail, garde des sceaux. — D'accord.
M. Louis Marin. — J'estime, que nous
donnons satisfaction à l'opinion publique en
acceptant l'amendement.
Cet amendement est sage. Il y fut dérogé,
hélas ! durand la guerre même.
Des articles additionnels renforçant le
contrôle et déposés également par M. Louis
Marin sont adoptés. On en .arrive à une très
(.arte disposition proposée par M. Bousse-
not :
« Nul ne pourra être nommé ou promu
dans l'ordre national de la Légion d'hon-
neur s'il ne figure sur un tableau spécial
dressé par le ministre compétent et publié
au Journal officiel trois mois au moins
avant la date des nominations ou promo-
tions.
« Toute nomination ou promotion à titre
exceptionnel devra être précédée d'une ins-
cription motivée au tableau imdiqué ci-des-
sus et qui sera faite quinze jours an moins
avant la date des promotions ou nomina-
tions. »
M. Boussenot. — Mon article empêchera
certains scandales et évitera q-ue la bonne
foi des ministres puisse être surprise.
Il prévoit, au-dessus du contrôle du Par-
lement et des ministres, le contrôle de l'opi-
nion.
Un de nos collègues a cité ici la décora-
tion d'un homme qui avait exercé les fonc-
tions de sous-préfet allemand. Il convient
d'éviter le retour de fhL analogues.
M Outrey. — J'appuie les observations
de M. Boussenot et je demande à la Cham-
bre de voter son amendement. Le délai est
chose secondaire, mais il faut absolument
organiser le contrôle de l'opinion..
M. Louis Marin. — J'appuie énergique-
ment l'amendement..
En dépit d'une vive opposition de M- Nail
que tous ces contrôles commencent visible-
ment ù agacer, car il estime (lue l'on bAiI-
lonne un peu trop l'arbitraire ministériel.
l'amendement est adopté.
La suppression des croix
La croix des dépotés
Et nous voici au moment le plus curieux
de cette discussion. M. Albert Thiéry pro-
pose l'amendement suivant :
ii Lé nombre - des croix supplémentaires
accordé par la présente loi sera remplacé
par un - nombre égal de médailles de la re-
connaissance française. La médaille d'or
remplaçant la croix de commandeur, ta
médaille d'argent celle d'officier, la médaille
de bronze celle de chevalier. J)
-- M. le Président - Je fais remarquer que
cet amendement est irrecevable, car il est
en contradiction avec l'article premier adop-
té par la Chambre.
M. Ernest Lafont. — Je trouve très grave
qu'on veuille nous interdire de voter un
texte sous prétexte qu'il est - em désaccord
avec un article déjà voté.
11 y aurait là une violation de nos préro-
gatives parlementaires.
M. le Président. — Mon droit absolu se.
rait de ne pas mettre l'amendement aux
voix puisqu'il est en contradiction formelle
avec l'article premier de la loi, mais je tiens
à faire la Chambre juge de la recevabilité.
La recevabilité de l'amendement, mis aiut
voix. est adoptée.
L'amendement de M. Albert Thiéry est
adopté.
La Chambre aurait pu, dès ce moment
abandonner la suite de la discussion et tout '<-
renvoyer à la commission. Elle ne l'a pai
fait.
Ayant rejeté un amendement de M. Chaiv
les Bernard, elle adopte celui de M. Bara-
bant imposant la revision des décorations
attribuées à des députés au cours de la
guerre.
M. Nail va-t-il être Borétisé "?
Avant le vote sur l'ensemble, M. Louit
Marin a fait sagement observer que le pro-
jet de loi primitif n'existant plus, uaie se-
conde lecture s'imposait.
Cette proposition donne naissance à un
incident qui a mis un instant en posture
délicate le vice-président du Conseil. M.
Nail s'en est tiré en abandonnant son projet
et en acceptant une seconde lecture. Cette
décision lui parut plus sage que l'abandon
de son portefeuille. s ..-'*'
Voici l'incident :
M. Louis Marin. — Je n'étonnerai pas le.. 1
Chambre on soutenant devant elle la né-
cessité d'une seconde lecture, ne serait-ce
qu'à raison des contradictions flagrantes qui
existent entre les articles votés.
M. Je Rapporteur.— L'amendement de M.
Thiéry a détruit la loi ; il n'y a donc pas
lieu, à mon sens, de procéder à une seconde
lecture.
M. Jean Bon. — N'oubliez pas qu'il s'agit
d'un projet de loi déposé, par le gouverne-
ment et au'en le repoussant, vous allez met-
tre nettement en cause la responsabilité gou-
vernementale !
M. Renaudèl. — Quelle est la portée de
la déclaration de M. le rapporteur ?
M. Aldy, président de la législation civile
et criminelle. — Le gouvernement n'est pas
opposé à la seconde lecture. La commission
Paccepte.
M. le Garde des Sceaux- - La Chambre
a consacré quatre séances à la discussion du
projet. Un amendement de M. Thiéry est
venu tout à coup substituer aux croix de la
Légion d'honneur des médailles de la Re-
connaissance nationale.
Je ne reprends pas, pour mon compte, la
parole de M. le rapporteur.
Mais deux dispositions contradictoires
ayant été votées, il y a évidemment sur-
prise, et il faut procéder à une seconde lec-
ture.
M. Ernest Lafont. — Toujours la tactique
de la surprise ! Après M. Boret, M. Nail !.
Eh bien, pas du tout 1 Nous avons voté sa-
chant ce que nous votions ; la Chambre est.
excédée par un jeu dont seul est responsa-
ble le gouvernement qui veut avoir son
stock de croix pour les élections. Elle a
éprouvé un dégoût croissant qui s'est tra-
duit finalement par le texte de M. Albert
Thiéry. Elle entend ne pas confondre les
individus dont on veut rougir maintenant
la boutonnière avec les décorés actuels.
Le passage à une seconde lecture est or-
donné et la séance levée.
LES QUARANTE
Le groupe majoritaire socialiste dit «. des
quarante » a tenu une réunion, hier, à la
Chambre, dans laquelle il a examiné la
situation créée au sein du groupe par l'ex-
clusion de la fédération socialiste de la Sei-
ne de MM. Nectoux. Dejeante et Rozier.
On sait que la Fédération de la Seine re-
proche à ces derniers d'avoir voté les cré-
dits militaires.
Après un échange de vues, le groupe a
décidé de se solidariser pour leurs collègues
exclus.
¿ .----
LE TROISIÈME TRAITÉ
"-
Les délégués bulgares
arrivent aujourd'hui
» ■!>«■!
Les Bulgares arrivent. Haro sur les Bui
gares ! Le fait est qu'ils ont mal, choisi leu
moment et qu'ils ne peuvent pas se flatte
d'avoir une bonne presse. A-t-olt idée auss
de venir dans le même instant ou le téM
graphe annonce une bagarre sllnglant.
entre soldats français et bulgares. L'mci
dent a,petit-êti-e. été grossi s'il n'est pas de
menti. Il est en tout cas extrêmement fd
cheux pour la délégation bulgare qui a Satla
doute été bien inspirée en retardant, ne fut-
ce que de 24 heures, son arrivée au cJidteau
de Afàdrid.
C'est un début de mauvais augure pour-
des gens qui reviennent avec le désir d'elft.
cer l'impression qu'ils avaient laissée e,
partant. Ce passé est encore trop prèq de
nous pour que nous ayons eu le tcmp., d'oit.
blier.. !
La Bulgarie a eu beau devenir la ctienU,
de l'Italie et de l'Amérique, ce qu'on ne lui
pardonne pas aisément, ce n'est pas seule-
ment son roi, ce sont ses hommes politiques,
hirde l'opposition et qui, bien que dan»,
l'opposition et se parant du masque franco-
phiky ont approuvé la guerre aux côtés &
l'Allemagne.
- Puisque. de toutes parts, on parle a*
droit des nationalités, puisqu'on. le reffl-
4 * THERMIDOR, AN 127. - rP- 17.78t. *« : MDTX « R«EE»M"™UA*I - - SAMEDI 26 JUILLET ISIS. - Ir
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TRIBUNE LIBRE
- ;
a a
Républicains, sachons fouir
) .t. C — — .45
Tant du côté des socialistes
bolchevisants que de celui des
réactionnaires, on s'efforce
systématiquement de jeter le
discrédit sur le parti radical-
socialiste. -
Sans doute, notre parti entend ap-
puyer sa politique sur la légalité et sur
l'action parlementaire. Il reste donc
l'adversaire de toute action violente qui
ne serait pas justifiée par une atteinte
grave à nos chères libertés et à nos
principes républicains.
Les partisans des moyens subversifs
sont donc nos adversaires et cela nous
fait honneur.
Mais à Nancy, en 1907, notre con-
grès déclarait explicitement : « Que
l'idéal du - parti n'a pas plus de bornes
que n'en a l'horizon qui s'étend au
fur et à mesure que l'on s'élève. Que
Sa doctrine n'est point enclose dans des
formules absolues- ln
On conçoit sans peine que ceux qui
souhaitent associer la sainte Eglise à la
dictature d'un empereur ou au droit
divin d'un monarque ne puissent ad-
mettre notre conception si peu dogma-
tique de l'évolution sociale.
De même, les outranciers du parti so-
cialiste unifié, qui aujourd'hui s'incli-
ucnt remplis d'admiration devant la
trop apparente anarchie bolcheviste, ne
peuvent s'accommoder de notre amour
do l'ordre légal.
Evidemment, l'indécision si prolon-
gée des actuels représentants de notre
parti au Parlement pourrait faire dou-
ier, tout autre que nos militants, de
l'action énergique dont est encore ca-
pable notre parti.
Il y a longtemps déjà que nos meil-
leurs partisans ont dénoncé le lent, et
subtil empoisonnement de notre activité
par l'intrusion, au sein même de notre
parti, d'éléments disparates, arrivistes
ou rétrogrades qui n'ont de radical que
l'étiquette.
On peut même supposer que les ac-
tes de nos mandataires ont pu ressentir
les; effets de cette intoxication due au
poison formé d'un esprit de conserva-
tisme égoïste et étroit.
Mais les hommes ne comptent que
fort peu dans un grand parti pour le-
quel les principes directeurs restent
intangibles. Nous aurons simplement à
désavouer et à remplacer les plus con-
taminés. - Mais que tous les républicains
prennent garde au danger que pourrait
courir demain la République, si tous
les démocrates sincères ne songeaient
pas à la nécessité impérieuse de faire
renaître un bloc solide des partis de
gauche.
La reconstitution de ce bloc républi-
cain est inéluctable si nous voulons réa-
liser promptement toutes les réformes
administratives, économiques et socia-
les qui sont indispensables à la renais-
sance du pays.
La doctrine, qui demain sera celle de
tous les démocrates assoiffés de justice
et d'équité, sera faite d'une volonté
d'action opérante contre toutes les oli-
garchies d'où qu'elles viennent.
Pour ce faire, nous n'exclurons pas
de la grande famille du travail les sa-
vants, les professeurs, les ingénieurs,
les artistes. En un mot, tous les édu-
cateurs intellectuels si nécessaires au
développement normal d'une société mo-
derne.
Nous grouperons aussi la petite et la
moyenne bourgeoisie française si hon-
nête et si courageuse.
Car tous ces travailleurs de la ville
et des champs ne redoutent pas tant que
l'on voudrait le faire croire une évolu-
tion économique préparée avec ordre,
méthode et décision. -
Tout en désirant la plus complète li-
berté d'action pour chacun, ils aspirent
à voir s'instaurer un efficace régula-
teur par l'intervention de l'Etat s'op-
posant à toute nuisible licence dans
l'exercice de cette liberté indispensable
à notre esprit d'initiative.
Car autant que les socialistes, ils ré-
prouvent les résultats scandaleux et
néfastes des consortiums qui se sont
révélés tout puissants durant la guerre
et cela sous l'égide de nos gouvernants
de toutes nuances politiques.
Pour excuser l'inexplicable complai-
sance de nos dirigeants à l'égard des
grosses firmes financières, industrielles
nt commerciales, il ne suffira pas d'in-
voquer l'obligation d'une production
rapide et intensive nécessitée par les
opérations de guerre. 1
Républicains, nous atteindrons plus
Sûrement et plus vite notre idéal par
l'organisation rationnelle de la produc-
tion, la juste répartition des produits
par une méthodique réglementation des
rapports entre le producteur et le con-
sommateur, par l'association équitable
du travail et du capital, du salarié et
tlu patron. Mais aussi par une lutte
inlassable et tenace contre tous les
spéculateurs, les accapareurs et les in-
termédiaires inutiles dont l'oligarchie
verrait sa puissance nuisible s'accroître
si on ne lui opposait pas des sanctions
opérantes et énergiquement appliquées.
Nous voulons la complète pénétration
des classes dont les limites arbitraires
paraissent impossibles à préciser.
Nous ne voulons plus de cette classi-
fication arbitraire et occasionnelle sui-1
vant les passions du moment et qui a
exclu si longtemps du prolétariat ceux-
là mêmes qui ont pour mission de l'ins-
truire et de l'aider à s'élever dans le
domaine social.
Une véritable et vivante démocratie
ne doit comprendre qu'une grande ca-
tégorie : celle qui se compose de tous
ceux qui travaillent, produisent, font
effort utile de réalisation et sont en
droit de librement jouir des fruits de
leur labeur, que celui-ci soit intellectuel
ou manuel.
Doctrine, semble-t-il, qui doit facile-
ment réunir sur le terrain pratique des
immédiates- réalisations tous les démo-
crates honnêtes, quelle que soit leurs
conceptions hypothétiques d'une idéale
et future société.
La démocratie républicaine, nous la
ferons demain plus forte et plus vivan-
te. Elle continuera alors sans troubles
sa marche vers son idéal de perfection
sociale.
Aux sincères républicains de gauche
à savoir le vouloir.
GRANDIGNEAUX.
Président de la Fédération rattiemlt
et raaicale-sociaJ.iste du 10' arr. de Parin,
EDITORIAL
Tohu-Va-Bohu -
le n'étais pas allé a la
Chambre des députés depuis
la guerre. J'y suis retourné
cette semaine. Mal m'en a
pris. Les oreilles me tintent
encore de cel inexprimable
brouhaha.
M. Mandel, qui assiste aux séances,
plaqué comme un cloporte sur une boi.
serie, doit être satisfait.
C'est le régime du tohu-va-bohu ins-
tauré en ce Parlement, que nos maîtres
s'efforcent de discréditer de leur mieux.
Ils n'y ont d'ailleurs pas grand ml.
rite, car jamais je n'ai vu collectivité
plus pusillanime se jeter plus étourdi-
ment sur tous les appeaux.
M. le président du Conseil a reproché
aux députés d'être dans « l'illégalité »
pour s'être « prorogés eux-mêmes n.
Personne n'a fait observer à M. Cle-
menceau, sénateur, qu'il était lui-même
un « périmé », et que le pouvoir qu'il
tenait de mandataires sans mandat,
n'était pas davantage d'une légalité
très orthodoxe.
Illégalité, empririsme, illusionnisme
sont les formules magiques du régime
de ce temps.
Etonnez-vous que nous en venions,
après la plus radieuse des victoires, à
Vimpuissance d'organiser la paix.
J'ai entendu les discours — hélas! —
de ces « hommes éminents » que lg rail-
lerie de M. Clemenceau maintient — au
dam de la Francef — au faite des mi-
nistères les plus importants.
J'ai retenu leurs aveux, plus ou moins
explicites,
La situation économique de la Fran-
ce, qui est grave, ne Peut être allégée
que par l'aide de nos alliés.
Ni M. Boret, ni M. Clémentel, ni M.
Loucheur, ni M. Klotz n'ont su profiter
des huit, mois d'armistice et de confé-
rence pour nouer les liens indispensa-
bles à notre salut.
La Presse, qui n'est pas d'esprit sub-
versif, en faisait hier, sous la signature
d'Alceste, une démonstration décisive.
Les députés sont, en immense majorité
pénétrés de ces vérités redoutables.
Dans les couloirs, ils se prodiguent
en malédictions; en séance, ils accla-
ment les (jratturs de l'opposition. Puis
ils votent, dociles ek résignés, pour le
gouvernement.
Aux abattoirs de la Villette, j'ai vu
des troupeaux inconscients qui mar-
chaient de cette allure aux. élections!
EDMOND DU MESNIL.
■ : ♦ :
La Pensée des Autres
*■ •**4ii •" 1 **
Les sols devraient avoir pour les gens d'es-
prit une méfiance égale au mépris que
ceux-ci ont pour eux. "-RIVAROL.,
RIVAROL
On dit.
Autrefois
Le Rappel il y a 50 ans (26 juillet 1869) :
— Le Rappel, a vécu deux mois à peine,
et déjà Vexpression de sa pensée lui coûte
douze mille francs et sept mois de prisan.
En vingt-quatre jours, du 7 juin au 2 fuulet
(nous en avons fait ici môme le calcul), la
magistrature a distribué entre vingt-cinq
iournaux indépendants plus de 73.000 francs
d'amende et plus de 42 mois de prison !
Nous ne discutons pas ces arrêts indiscu-
tables. Nous ne contestons pas le zèle dont
le pouvoir judiciaire se lait gloire. Nous
avom seulement tenté de démontrer que,
pour être inamovibles, nos juges ne sont
pas immuables. » (François-Victor Hugo.)
— La Belgique vient de voter un million
500.000 ivaiws pour les forteresses d'Anvers.
Miracle
En racontant devant Mme du Deffand le
miracle de Saint-Denis, qui après avoir été
décapitéK se promena en portant sa tête :
« Eh ! oui, fit-elle, il n'y a décidément, que
le premier pas qui coûte. »
Les bons comptes.
Un matin M. de Mirabeau s'en vint trou-
ver Beaumarchais.
— Cher ami, un service. Il faut que vous
me prêtiez dix mille livres, que je vous rem-
bourserai dans deux mois.
-' Cllet; amI, dans deux mois vous ne me
rembourserez pas. Alors nous nous brouil-
lcrons. Il vaut mieux nous brouiller tout de
suite.
©
Aujourd'hui
Paresse
Cet homme politique, avocat notoire, est
d'une paresse légendaire. L'autre matin un
collègue se rend chez lui vers dix heures du
matin. Il le trouve au Ut.
— Je ne me suis pas levé, mais je pense
à mon discours. Je travaille.
A une heure; le collègue uvient. Il trouve
notre homme encore couché.
— Dites donc, cher ami, vous pourries
peut-être vous lever. Vous vous surmenez !
M. Jean Bon
M. Jean Bon est le plus aimable et spiri-
tuel des députés. Il est des jours où sa verve
malicieuse rend seule le Parlement suppor-
table. --
L'autre jour il se trouvait à la buvette. Il
demande un calé-crème. On le lui sert avec
une grosse mouche, qui nageait désespéré-
ment dans le lait.
— Dites donc, mon ami, dit gentiment
M. Jean Bon, la prochaine fois vous nie
servirez les mouchts à part.
Le Tigre et l'Argentier
Avant-hier, après la séance de la Cham-
bre, où Mi, Clemenceau, par sa présence,
sauva M. Klotz du sort de M. Boret, notre
petit Argentier remercia le Tigre arec effu-
sion.
— Comme je vous remercie, M. le Prési-
dent, de m'avoir compris et assisté.
— Mon garçon, grogna le Tigre, je vous
ai assisté, c'est entendu. mais quant à
vous avoir compris, il aurait fallu que je
vous écoute. et encore 1
Le Tapin.
Le règne du désordre
Un mot, s'il vous plaît.
M. le ministre de l'instruction publique!
On sait que les professeurs des écoles
primaires Soupérieurt's de la ville de Paris
sont nommés par le ministre de l'instruction
publique, sur. la proposition du comité con-
sultatif dç ces écoles.
I.e ministre a le droit de choisir, pour les
hommes, tout candidat proposé, quel que
soit son classement, C'est un fait. -
Mais, quand il se présentera un candidat
qu'on tiendra pour persona grata, par la
raison qu'une recommandation politique si-
gnale particulièrement sa candidature à
ceux des membres du comité consultatif qui
ne sont pas insensibles a.ux influences poli-
tiques, est-il juste — disons juste, pour
n'employer que des expressions modérées —
que d'autres candidats mieux qualifiés
voient s'effacer leurs titres et doivent quit-
ter la place devant l'heureux compétiteur,
favorisé du bienfait de l'amitié d'un quel
conque grand homme de l'une ou de l'autre
des deux Chambres ? Nous posons la ques-
tion à M. le ministre de l'instruction publi-
que.
Si. d'aventure, M. le ministre ignorait de
quoi on veut lui parler ici, naus nous fai-
sons un plaisir d'éclairer, comme on dit. sa
religion.
A la dernière réunion du comité consulta-
tif des écoles primaires supérieures de la
"me de Plaris, de nombreuses candidatures
étaient en présence. Mais entre les candi-
dats appartenant au personnel enseignant
Avant la guerre et qui ont eue monnises et
dtes candidats étrangers au personnel avant
la guerre et non mobilisés, il semble bien
que le bon sens ni l'équité ne laissent do.u-
ter que. les premiers devaient être nommés
de préférence aux seconds.
Pourtant, deux nominations sont précisé-
ment proposées à la signature du ministre
qui relèvent de la seconde catégorie. A cette
,,'heue mème, peut-être sont-elles déjà offi-
cielles. Il est vrai que les heureux candi.jf.Ρ;
.qui ont bénéficié du choix du comité se ré-
danhacnt de deux hauts seigneurs parle-
mentaires. '-
S'il ne s'agissait pas de mobilisés, dont
on a ainsi lésé les droits dignes e.'itre î«»us
d'intérêt il n'y aurait, une rois de plus,
qu'à passer condamnation. Mais la faveur.
dans la circonstance, a un caractère spé-
cialement déplaisant qu'il convient de re-
lever. -
Nous signalons donc le fait à M. le mi-
nistre de l'instruction publique, bien placé
pour savoir quel mécontentement des écarts
si fâcheux peuvent susciter dans le person-
nel enseignement.
Affaires. diverses
Les affaires des mistelles. des su^re?, des
rhums, des"faux vins portugais. sommeil-
lent du sommeil de l'injuste.
Quelques petites instructions sont ouver-
tes pour la forme. Des commissaires voya-
gent. Ils sont bons enfants. Il ne faut pas
troubler la saison des gros mercantis, en
villégiature à Deauville et autres lieux.
Cependant, nous avons vu ce matin con-
duire au poste de police quatre marchands
des quatre-saisons.
Tandis que les gïos spéculateurs se pré-
lassent c'est toujours Crainquebille qui a
tort. Naturellement.
1 LE PARTI RADICAL
, - > .t.
A la Chambre
+
Intervention de M. Franklin-Bouillon
—. » ■»«<»-«—
La question des élections soulevée par le
président du Conseil fait l'objet .de toutes
ks conversations dans les couloirs du Pa-
lais-Bourbon.
La politique de M. Clemenceau est jugée
sévèrement par de nombreux députés- Voi-
ci l'opinion d'un député radical :
u Le président du Conseil considère les
élections comme une anne politique.
» Il ne reconnaît pas le droit à qui que
ce soit de lui faire opposition. A l'heure pré-
sente, certains de nos collègues sont aveu-
gles et ne veulent pas voir les résultats
désastreux que M. Clemenceau a obtenus
depuis la formation de sjii cabinet. Ils sont
nuisibles au pays et à tous les républicains.
Si M. Clemenceau fait les élections, le pays
tout entier en souffrira. »
Envisageant cette question. le groupe ra
ilieal et radical-socialiste a tenu dans la
journée d'hier une importante réunion.
M. Franklin-Bouillon demanda au groupe
'je faire connaître son sentiment sur la poli-
tique du cabinet.
Il lui proposa de déiposer une demande
d'interpellation pour obtenir du gouverne-
ment qu'il fasse connaître ses intentions en
ce qui concerne les élections.
Le président du groupe, M. René Re-
noult, déclara alors que le groupe radical
devait conserver sa confiance à M. Clemen-
ceau. M. Dalbiez s'opposa à cette proposi-
tion et ajouta que des motions seraient dé-
posées au cours du Congrès radical qui doit
se tenir aujourd'hui et demain dans les
quelles on demanderait aux membres du
Congrès de se prononcer à ce sujet.
M. Franklin-Bouillon annonça en fin do
séance à ses collègues que si le Congrès ne
se prononçait pas pour une interpellation, il
cal déjposerait une en son nom personnel.
Bravo f Bravo!
Pas de doute. No-us avons le plus pressant
besoin de blé, de viande, de. charbon.
Pour le blé et la viande, il est nécsïairô
de s'entendre avec l'Amérique ; pour le
cbarbon, avec l'Angleterre et l'Allemagne.
MM. feu Boret, Clémentel et Loucheur y
oint songé; entre .df:uX bridges. Mais ourune
convention n'a été passée, avec .nos alliés,
aucune condition précise imposée aux bo-
ches.
On ne saurait penser à tout. Amsi ei^l-it
plus commode de ne songer à riejï.
Là-dessus, M. Loucheur. qui < une 1 ttic
audace, a dit : « La vie restera chère. »>
«Bravo ! bravo ! » a crié 1<10 m-tjoriié.
Dès qu'un ministre proclamera la disette :
on affichera son discours.
Mi 1 mais.
Le Congrès 1
La tactique du Parti
-+---+---
Ce malin, au Café du Globe, réunion plé-
nière du Comité exécutif du Parti radical et
radical-socialiste. Les délégués de province
seromt presque tous présente. Déjà, hier, un
grand nombre d'entre eux sont arrivés à
Faris. Beauoup ont bien voulu faire visite
au Rappel, dont ils sont les abonnés, ils
nous ont dit leurs espoirs et ce qu'ils comp-
lent faire aux prochaines élections législa-
tives-
Les militants sont "un peu découragés par
let événements actuels ; mais, au fond, ils
ont gardé intacte la flamme républicaine.
ti Notre parti, nous ont-ils dit, doit rester
un parti d'avant-garde. Nouts regrettons, que
dans un grand nombre de départements,
on ait abandonné l'idée du bloc de gauche.
tt Il est vrai que les socialistes unifiés, en
volant la motion Bracke, ont déclaré qu'ils
no voulaient pas faire alliance avec les ra-
dicaux, mais peut-ètne n'ont-ils pas dit leur
dernier mot.
Il En tous cas, nous restons les adversai-
res résolus des conservateurs de toute nuan-
ce. »
L'oPinion dominante des délégués est qu'il
faut arriver à faire le cartel de toutes les
forces républicaines : Alliance républicaine
démocratique. Parti radical et radical-socia-
liste, Parti sociadiste indèpendant, depuis
M Chaumet jusqu'à MM. J.-L. Breton el
Painlcvé..
Dans un grand nombre de départements,
les radicaux étaient divisés. 11 faut, avant
()ut. que ces radicaux oublient leurs diffé.
rends personnels et qu'ils fassent l'union,
non pas une union précaire, mails une union
Of.mplète. absolue aui nous donnera la vic-
loftre.
Il est l'heutre d'oublier les vieilles querel-
l&i *
Bi la désunion persiste, l'émiettement se
fera et nous aurons alors dans un même
département, plusieurs listes qui se récla-
meront d'un même idéal. Ces listes n'arri-
veront pas au quotient, elles n'obtiendront
pas la plus forte moyenne, elles se feront
bitUre. A l'heure actuelle, les républicains
qïii ne veulent pas de l'union républicaine
sont des hommes dangereux.
Le dirigeants du Parti radical ont l'inten-
tion de faire le cartel de toutes les farces
'démocratiques avec tous ceux qui1 accep-
tent « finta-nigibilité des lois laïques » et qui
m 'oumACRfiioq oi- vu fJi^wpT! uraptoA au
1t' dictature du prolétariat.
M. Pa.ul Dounler, siéna.twr, ancien prési-
dent de la Chambre, est depuis un an déj;\
membre du Parti radioal. il avait demandé
son admission alors que M. tWwrrc• était
f>Fésklent du Comité exécutif. Tant mieux
pour ootr Parli.
Léon ARCHAIMBAUD.
L'ACTUALITE
Le ministre de la jiislicu sub 1 b
.———— ) «i» < ——
M. Clemenceau n'était pas en séance hier matin.
La Chambre en a profité pour renverser. le
projet de loi sur la Légion d'honneur. - M. Naïl,
garde des sceaux, n'en revient pas.
■ MlWlilTM II
Le ministère Clemenceau a décidément du
plomb dans l'aile. 1
Ce n'est pas le fait d'avoir vu la chambre
conduite a relire une seconde Jais, à force
de l'avoir modifié, le projet de loi présente
par le gouvernement en vue d'une promo-
tion exceptionnelle dans la Légion d hon-
neur qui me conduit à une dure conclusion
sur la situatiun du cabtnet. ûton impression
est faite de l'état. d'esprit même de la ma-
jorité des députes. Ceux qui ont conscience
de leurs responsabilités devant le pays sont
à juste titre inquiets. Ils saveni que si les
élections pouvaient avoir lieu en ce mo-
ment, les trois quarts des parlementaires
seraient balayés de la Chambre et du Sénat.
Inutile de songer à troquer un siège pour
un autre. Rares seraient ceux qui échappe.
raient aux rigueurs du suffrage universel
pesant., cette fois, et lourdement, sur le suf-
frage restreint.
Pourquoi?
Alais M. André Lefèvre l'a dit fort élo-
quernment hier. Parce que ce pays court à
l'abîme et que les fruits de sa splendide
victoire s'égrènent à tous les vents, sans
profit - pour - la - nation.
A défaut d'une action très vive sur la po-
litique intérieure, le débat sur le traité re-
mettra fatalement en coUse lu politique exté-
rieure et la politique financière. La .Cham.
bre ne siégera pas alors en comité secret ;
des délibérations de comités secrets anciens
y pourront même être rendues publiques.
On verra que si M. Clemenceau a fait tout
ce qu'il a pu, et personne n'en doute, il n'a
fait ni politiquement, ni financièrement ce
qui devait être lait.
La France, malgré le vote de mardi, reste
le pays où la vie est plus chère qu'ailleurs.
C'est en France que les répercussions de la
guerre seront les plus lourdes pour tous :
pour le paysan dont les beaux jours sont
finis, pour l'ouvrier qui doit maintenant me.
surer sévèrement sa dépense, pour la ri-
gueur des obligations militaires imposées
aux citoyens.
Quantl du haut de la tribune, on aura
dissipé cette illusion que M. Clemenceau
seul est en état de tenir tête au bolchevisme
et de le dominer, quand des hommes comme
M. André Lefèvre auront. apporté, avec
leurs puissantes critiques, les preuves qu'un
programme national peut donner à la
France les garanties qu'ellc a droit d'exiger
pour vivre et pour se développer, le glas du
cabinet sonnera.
Il ne s'agit. pas de vaines compétitiofllS
ministérielles et d'ambitions personnelles ;
tous les hommes placés au pouvoir n'ont
pas démérité, au contraire. Mais il faut, au
gouvernement de guerre, faire succéder un
gouvernement d'ordre, de confiance et de
méthode,
M. Clemenceau incarr:c-t-il ces vertus po-
litiques ? N'a-t-il pas déjà jeté le désordre
dans la loi électorale, née d'hier, et qu'il ne
contribua guère à enfanter ? Tout est à
l'avenant.
Camille DEVILAR.
■ - — >
LA SEANCE
Un projet de loi à terre
Après iLxation des contingents de déco-
rations attribuées à divers ministères, le
projet du gouvernement heurte un premier
écueil. C'est un article additionnel de M.
Louis Marin, ainsi conçu :
« Aucun citoyen français d'àge mobilisa-
ble pendant la guerre ne peut être compris
dans le contingent actuel accordé à titre ex-
ceptionnel. »
M. Nail, garde des sceaux. — D'accord.
M. Louis Marin. — J'estime, que nous
donnons satisfaction à l'opinion publique en
acceptant l'amendement.
Cet amendement est sage. Il y fut dérogé,
hélas ! durand la guerre même.
Des articles additionnels renforçant le
contrôle et déposés également par M. Louis
Marin sont adoptés. On en .arrive à une très
(.arte disposition proposée par M. Bousse-
not :
« Nul ne pourra être nommé ou promu
dans l'ordre national de la Légion d'hon-
neur s'il ne figure sur un tableau spécial
dressé par le ministre compétent et publié
au Journal officiel trois mois au moins
avant la date des nominations ou promo-
tions.
« Toute nomination ou promotion à titre
exceptionnel devra être précédée d'une ins-
cription motivée au tableau imdiqué ci-des-
sus et qui sera faite quinze jours an moins
avant la date des promotions ou nomina-
tions. »
M. Boussenot. — Mon article empêchera
certains scandales et évitera q-ue la bonne
foi des ministres puisse être surprise.
Il prévoit, au-dessus du contrôle du Par-
lement et des ministres, le contrôle de l'opi-
nion.
Un de nos collègues a cité ici la décora-
tion d'un homme qui avait exercé les fonc-
tions de sous-préfet allemand. Il convient
d'éviter le retour de fhL analogues.
M Outrey. — J'appuie les observations
de M. Boussenot et je demande à la Cham-
bre de voter son amendement. Le délai est
chose secondaire, mais il faut absolument
organiser le contrôle de l'opinion..
M. Louis Marin. — J'appuie énergique-
ment l'amendement..
En dépit d'une vive opposition de M- Nail
que tous ces contrôles commencent visible-
ment ù agacer, car il estime (lue l'on bAiI-
lonne un peu trop l'arbitraire ministériel.
l'amendement est adopté.
La suppression des croix
La croix des dépotés
Et nous voici au moment le plus curieux
de cette discussion. M. Albert Thiéry pro-
pose l'amendement suivant :
ii Lé nombre - des croix supplémentaires
accordé par la présente loi sera remplacé
par un - nombre égal de médailles de la re-
connaissance française. La médaille d'or
remplaçant la croix de commandeur, ta
médaille d'argent celle d'officier, la médaille
de bronze celle de chevalier. J)
-- M. le Président - Je fais remarquer que
cet amendement est irrecevable, car il est
en contradiction avec l'article premier adop-
té par la Chambre.
M. Ernest Lafont. — Je trouve très grave
qu'on veuille nous interdire de voter un
texte sous prétexte qu'il est - em désaccord
avec un article déjà voté.
11 y aurait là une violation de nos préro-
gatives parlementaires.
M. le Président. — Mon droit absolu se.
rait de ne pas mettre l'amendement aux
voix puisqu'il est en contradiction formelle
avec l'article premier de la loi, mais je tiens
à faire la Chambre juge de la recevabilité.
La recevabilité de l'amendement, mis aiut
voix. est adoptée.
L'amendement de M. Albert Thiéry est
adopté.
La Chambre aurait pu, dès ce moment
abandonner la suite de la discussion et tout '<-
renvoyer à la commission. Elle ne l'a pai
fait.
Ayant rejeté un amendement de M. Chaiv
les Bernard, elle adopte celui de M. Bara-
bant imposant la revision des décorations
attribuées à des députés au cours de la
guerre.
M. Nail va-t-il être Borétisé "?
Avant le vote sur l'ensemble, M. Louit
Marin a fait sagement observer que le pro-
jet de loi primitif n'existant plus, uaie se-
conde lecture s'imposait.
Cette proposition donne naissance à un
incident qui a mis un instant en posture
délicate le vice-président du Conseil. M.
Nail s'en est tiré en abandonnant son projet
et en acceptant une seconde lecture. Cette
décision lui parut plus sage que l'abandon
de son portefeuille. s ..-'*'
Voici l'incident :
M. Louis Marin. — Je n'étonnerai pas le.. 1
Chambre on soutenant devant elle la né-
cessité d'une seconde lecture, ne serait-ce
qu'à raison des contradictions flagrantes qui
existent entre les articles votés.
M. Je Rapporteur.— L'amendement de M.
Thiéry a détruit la loi ; il n'y a donc pas
lieu, à mon sens, de procéder à une seconde
lecture.
M. Jean Bon. — N'oubliez pas qu'il s'agit
d'un projet de loi déposé, par le gouverne-
ment et au'en le repoussant, vous allez met-
tre nettement en cause la responsabilité gou-
vernementale !
M. Renaudèl. — Quelle est la portée de
la déclaration de M. le rapporteur ?
M. Aldy, président de la législation civile
et criminelle. — Le gouvernement n'est pas
opposé à la seconde lecture. La commission
Paccepte.
M. le Garde des Sceaux- - La Chambre
a consacré quatre séances à la discussion du
projet. Un amendement de M. Thiéry est
venu tout à coup substituer aux croix de la
Légion d'honneur des médailles de la Re-
connaissance nationale.
Je ne reprends pas, pour mon compte, la
parole de M. le rapporteur.
Mais deux dispositions contradictoires
ayant été votées, il y a évidemment sur-
prise, et il faut procéder à une seconde lec-
ture.
M. Ernest Lafont. — Toujours la tactique
de la surprise ! Après M. Boret, M. Nail !.
Eh bien, pas du tout 1 Nous avons voté sa-
chant ce que nous votions ; la Chambre est.
excédée par un jeu dont seul est responsa-
ble le gouvernement qui veut avoir son
stock de croix pour les élections. Elle a
éprouvé un dégoût croissant qui s'est tra-
duit finalement par le texte de M. Albert
Thiéry. Elle entend ne pas confondre les
individus dont on veut rougir maintenant
la boutonnière avec les décorés actuels.
Le passage à une seconde lecture est or-
donné et la séance levée.
LES QUARANTE
Le groupe majoritaire socialiste dit «. des
quarante » a tenu une réunion, hier, à la
Chambre, dans laquelle il a examiné la
situation créée au sein du groupe par l'ex-
clusion de la fédération socialiste de la Sei-
ne de MM. Nectoux. Dejeante et Rozier.
On sait que la Fédération de la Seine re-
proche à ces derniers d'avoir voté les cré-
dits militaires.
Après un échange de vues, le groupe a
décidé de se solidariser pour leurs collègues
exclus.
¿ .----
LE TROISIÈME TRAITÉ
"-
Les délégués bulgares
arrivent aujourd'hui
» ■!>«■!
Les Bulgares arrivent. Haro sur les Bui
gares ! Le fait est qu'ils ont mal, choisi leu
moment et qu'ils ne peuvent pas se flatte
d'avoir une bonne presse. A-t-olt idée auss
de venir dans le même instant ou le téM
graphe annonce une bagarre sllnglant.
entre soldats français et bulgares. L'mci
dent a,petit-êti-e. été grossi s'il n'est pas de
menti. Il est en tout cas extrêmement fd
cheux pour la délégation bulgare qui a Satla
doute été bien inspirée en retardant, ne fut-
ce que de 24 heures, son arrivée au cJidteau
de Afàdrid.
C'est un début de mauvais augure pour-
des gens qui reviennent avec le désir d'elft.
cer l'impression qu'ils avaient laissée e,
partant. Ce passé est encore trop prèq de
nous pour que nous ayons eu le tcmp., d'oit.
blier.. !
La Bulgarie a eu beau devenir la ctienU,
de l'Italie et de l'Amérique, ce qu'on ne lui
pardonne pas aisément, ce n'est pas seule-
ment son roi, ce sont ses hommes politiques,
hirde l'opposition et qui, bien que dan»,
l'opposition et se parant du masque franco-
phiky ont approuvé la guerre aux côtés &
l'Allemagne.
- Puisque. de toutes parts, on parle a*
droit des nationalités, puisqu'on. le reffl-
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