Titre : Le Rappel / directeur gérant Albert Barbieux
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1919-03-04
Contributeur : Barbieux, Albert. Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 04 mars 1919 04 mars 1919
Description : 1919/03/04 (N17638). 1919/03/04 (N17638).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-43
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 09/04/2013
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13 VENTOSE, AN 121. - *Nr0 ° 17.63S L■* t Knft*rô"*w ro : Dm GENTHBB8 ,, MARDI 4 MARS 1919. - M9 17.G33
ISVE~KMŒ.ANl~.-I~l~M~ ---- t WMtMo DIX C E N T M E a _--_. _-;"--;-"*
AUGUSTE VACQUamœ
Fondateur (1869)
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TRIBUNE LIBRE
.J,:.. '.,- 'r .d-' ..,.-",,-..-:' ,. 18;: ".;,¡:; - : ','
Méthodes américaines
————— ) <
Les Américains, ayant fran-
chi l'Océan, ont dissipé quel-
ques-unes de nos illusions ; ils
nous ont mis en contact avec
des réalités dont nous avons à
tenir compte.
Je ne veux point entrer dans le détail
des exemples de décision et de rapidité
dans l'exécution qui nous viennent d'eux
et qui vont laisser, sur un certain nom-
bre de points de notre territoire, de re-
marquables vestiges de leur passage
parmi nous.
Saurons-nous utiliser et développer ce
qu'ils ont créé ? C'est le secret de de-
main.
Mais il faut insister sur la valeur de
leur effort, sur la compréhension puis-
sante, presque naturelle chez leurs hom-
mes de progrès, des moyens par lesquels
on peut parvenir à intéresser les peu-
ples, à les grouper, à les faire mouvoir
et agir autour d'une idée.
":. Dans un dîner de plus de deux cents
couverts, invités par M. Henry P. Davi-
son, les représentants des puissances al-
liées participent aux travaux de la Con-
férence de la Paix et les journalistes des
nations ententistes se sont trouvés réu-
nis, le vendredi 24 février, dans les sa-
lons du Palais d'Orsay.
Qui est M. Henry P. Davison ?
Rien moins qu'un penseur doublé d'un
homme d'action, ayant le titre de « Pré-
sident d'un Comité des Sociétés de la
Croix-Rouge, composé des représentants
des Sociétés de la Croix-Rouge de Fran-
ce, d'Angleterre, d'Italie, du Japon et
des Etats-Unis ».
M. Henry P. Davison, membre de la
Croix-Rouge américaine, a été conduit,
comme l'ont été beaucoup de ses collè-
gues de toutes nationalités, à tirer de la
guerre, parmi les multiples- enseigne-
ments qu'elle comporte, de suggestives
leçons sur la solidarité humaine.
Mais, en excellent Américain, M. Da-
.:. rison, à qui jaqps avons rendu un hom-
mage mérité, s'est fait homme d'action
dans un domaine où ses collègues pa-
raissaient vouloir rester des méditatifs.
Dès cet instant, les programmes anciens
de la Croix-Rouge entraient dans une
.voie de transformations considérables.
Nul n'a donné une définition aussi hu-
maine de la paix que celle recueillie de
la bouche de M. Henry P. Davison, ven-
dredi dernier, par la presse du monde
entier :
« Qu'est-ce que la paix ? Je suis de
ceux qui croient que quatre-vingt-dix-
neuf personnes sur cent, en ce monde,
ne s'intéressent pas foncièrement aux
questions de frontières, aux questions
de traités économiques ou financiers;
aux questions de gouvernements et de
relations internationales. La paix pour
eux signifie la paix de l'esprit et du
corps. Ils désirent vivre une v\e normale
avec loisir de poursuivre leurs occupa-
tions sans qu'on leur apporte aucune en-
trave illégale ou déraisonnable. »
Ce juste principe ayant été posé, son
auteur en arrive à cette constatation
aussi douloureuse que rigoureusement
exacte :
« La situation dans le monde aujour-
d'hui est tragique au-delà de tout ce
qu'on peut imaginer. »
Peut-être les méditatifs, les sociolo-
gues, les philosophes auxquels je fais
allusion plus haut se seraient-ils limités
au charme d'avoir, par le verbe, par
l'écrit, proclamé les vérités essentielles
Que je viens de citer.
Mais la méthode et l'esprit américains
se révèlent précisément dans la suite
donnée par M. Henry P. Davison aux
pensées qui ont assailli son cerveau.
Il s'est rendu à Cannes où, précisé-
ment, M. Ador, président de la Croix-
Rouge Internationale et président de la
Confédération helvétique, avait souhaité
recevoir des Associations de la Croix-
Rouge des propositions pour le temps de
paix. Il a exposé ses vues propres et, les
ayant entendu approuver, il s'est mis
résolument à l'œuvre. Dès la fin de la
Conférence de Cannes, le « Comité des
Sociétés de Croix-Rouge » était fondé. Il
prenait pour but de proposer aux Socié-
tés de la Croix-Rouge du monde entier
un programme étendu de travail pour le
bien de l'humanité.
Ainsi,la Croix-Rouge va monter vers de
nouveaux sommets. Elle ne sera plus ex-
• clusivement une école préparatoire à la
guerre, uniquement faite pour panser
les blessures causées par la guerre. Elle
va jouer un grand rôle dans l'humanité.
Les hommes, à travers les temps, ont
voulu conquérir la puissance ou s'élever
vers la gloire. Les grands conquérants :
Alexandre, César, Napoléon sont des as-
tres que l'on ne peut fixer qu'en laissant
filtrer le regard au-delà des vapeurs
sanglantes s'élevant des champs de ba-
Laille sur lesquels brilla leur génie guer-
rier ; un Krupp a une grandeur tragique
faite du désespoir des mères, des veuves,
des orphelins, faite des hurlements de
douleur arrachés aux hommes meurtris
par le fer brutal qui les déchire et dis-
'perse leurs membres.
Au-dessus de ces gloires tragiaues
brillent des noms moins populaires peut-
être dans la foule, mais combien plus
grands devant l'humanité : Jenner avec
la vaccine, Pelletier et Caventou avec la
quinine, Pasteur et Roux vainqueurs de
la sinistre diphtérie et de l'horrible
rage.
C'est aux côtés de ces derniers noms
que veut prendre place M. Henry P. Da-
vison. Son ambition est-elle légitime ?
Ecoutez-le :
« Nous comptons faire porter nos pre-
miers efforts contre les hideuses plaies
sociales que sont la tuberculose, les ma-
ladies vénériennes, la malaria. Nous
établirons l'Hygiène, nous organiserons
la Santé publique ; nous veillerons sur
les soins donnés aux malades. »
Et le vaste programme se résume tout
naturellement en trois points essen-
tiels :
1° Eveiller dans tous les pays du mon-
de le sentiment de la solidarité humaine,
d'où conscience plus vive des besoins,
dans chaque pays, et résolution d'y fai-
re face ;
2° Etendre au monde entier la vulgari-
sation des études et de l'expérience dans
le traitement et la prophylaxie des mala-
dies ;
3° Rendre possible la coopération im- !
médiate des organisations diverses pour
prêter l'aide nécessaire en cas de grand
désastre. Exemple : l'aide efficace don-
née par la Croix-Rouge américaine au
cours des catastrophes, inondations,
etc., dont la France a été victime au
cours de ces derniers mois et plus par-
ticulièrement dans les secours intensifs
apportés par elle dans nos régions libé-
rées.
Nous adressons donc à la Croix-Rouge
nouvelle et à son éminent inspirateur
l'hommage ému de notre confiance.
CAMILLE QEVILAR.
EDITORIAL
■ >»
Le principe des nationalités
L'Etat juif est reconstitué.
Du moins, M. Silvain Lévi,
professeur au Collège de Fran-
ce, vient de l'affirmer à M.
.de Maizière, rédacteur au Pe-
tit Parisien.
— « Crollez-vou. commp.
témoin au Comité des Dix, à la consti-
tution d'un Etat juif séant en Pales-
tine ? »
- cc C'est fait. »
Tant mieux. Et le Peuple juif, journal
officiel du Sionisme, de proclamer que le
rétablissement du « foyer national juif »
rendra possible un « Commonwealth »
autonome.
Je vous en demande bien pardon, mais
je ne sais pas très exactement ce que si-
gnifie ce « commonwealth » autonome.
Ce doit être quelque chose de très
bien, puisque le peuple juif le désire,
Aussi, je n'y contredirai pas.
Il me suffit d'observer que M. Silvain
Lévi, délégué du Sionisme à la Conféren-
ce de la Paix, s'exprime aujourd'hui,
comme naguère Edouard Drumont, délé-
gué de l'antisémitisme à la Libre Pa-
role.
Etrange rapprochement 1
M. Silvain Lévi dit en effet :
a Le judaïsme est une nation et non
pas une croyance. Le juif, trop long-
temps sans patrie, n'a eu lue celle des
autres et réclame la sienne, la Palestine,
son berceau, qui lui revient de droit.
Tous doivent avoir un home dans le
monde ; qu'on nous rende celui que —,
jusqu'à présent — les siècles nous ont
refusé. C'est la justice. »
Accordé.
Mais jugez des conséquences.
Le peuple d'Israël ayant retrouvé sa
patrie, quelle sera la situation des
Juifs dans la patrie des autres peuples ?
Il é là 1 ils ne vont pas s'aviser de
nous quitter tous, comme dans la com-
plainte du Juif-Errant :
Messieurs, le temps me presse 1
Adieu 1 la compagnie ;
Grâce à vos politesses,
Je vous en remercié.
Il n'y a pas de quoi.
Mais voyons, Rein'ach, ne partez pas
comme ça, tout de suite 1
Un instant, que diable 1 La mer Rouge
n'est pas ouverte.
Et Abrami ? et Ignace ?
Tonnerre de Jéhovah 1 j'espère bien
qu'ils nous restent.
Sans eux, comment gouverner ce pau-
vre peuple de France. Je vous le de-
mande.
Quant à M. Mandel, oh 1 je préfère n'y
pas penser. C'est affreux. On m'assure
qu'il songerait à se présenter aux élec-
tions à Jéricho (sans tambour ni trom-
pette), en remplacement de Roboam.
Après ça, vous comprendrez que j'ai-
me mieux me suicider.
Au revoir.
qg MESNIL.
On dit.
En passant
LE POILU; DIT.
A Maurice Rostand
Je vous ai vu pour la dernière lojs un soir .!e
juillet 1914. C'était rue Drouot. Vous étiez entre
deux agents. Tapage injurieux : Vous aviez me-
me, je crois, abîmé quelque peu le visage d'un
Français qui n'avait pas — sur un verdict du
jury — la même opinion que vous.
— Il va bien, le fils du poète, pensoi-je. Nous
aurons besoin de ces bras-là dans quelques
jours.
La mobilisation 1 Vous n'êtes pas parti. Le
jeune, le turbulent propagandiste de la loi le
trois ans a fait la guerre. à la manière de M.
Choufleuri. Oui, je sais, vous êtes faible.
D'autres, qui étaient malades, qui étaient âgés,
sont allés se battre. C'est le radical sexagénaire
Collignon. Un Allemand: l'a tué. C'est l'anarchis-
te Makito. Et combien, combien, qui ont fait
obscurément « plus que leur devoir a.
Vous. Monsieur, vous consentez seulement à
casser de votre poing mignon la figure d'un ré-
publicain parisien. Mais les Boches ! !!. Ils ont
des canons, des mitrailleuses. C'est trop — ou
trop peu — pour un poète. La guerre est sale.
Il y a de la boue. Le soldai don Uaais sa capota
humide. Pouah IL. Maurice, les poilus, à l'au-
tomne, vous jetteront des pommes cuites.
Et vous faites représenter Casanova ! Vous
appelez ça servir.
Le plus triste est que de bons confrères, con-
nus pour leur intransigeance en matière de pa
triotisme, aient accepté votre invitation et assis-
té à la répétition générale de votre « Œuvre le
guerre ». Ils ont feint de vous prendre au sé
rieux. Petite capitulation ! C'était pour faire
plaisir au public qui croit que le génie est héré-
ditaire.
Un seul homme vous trouvera provisoirement
du talent et vous enverra du monde. C'est en
chemisier de l'avenue de l'Opéra. On vend des
pyjamas rose tendre et vert pâle. On dit qu'il
vous a fait parvenir, avec ses compliments,
un grand pâpier portant l'en-tête de sa maison.
C'est une facture datée de 1917. Poète paie ton
luxe. Au prix oii est le veau, la eloire du client
ne nourrit pas le négociant. — R. E.
9b
Aujourd'hui
Les fêtes de la Victoire.
On n'en parlait plus depuis quelques se-
maines, et déjà les entrepreneurs qui
avaient loué à prix d'or les balcons sur l'a-
venue des Champs-Elysées, se demandaient
avec anxiété s'ils n'avaiftnt pas fait une
mauvaise opération. Qu'ils se rassurent et
que tout le monde se rassure : Paris célé-
brera, par de grandes réjouissances, le re-
tour des Poilus.
Le Comité, chargé de l'élaboration du
programme, a déjà reçu et examiné un cer-
tain nombre de projets dus à l initiative
privée. On nous dit qu'il poursuivra son
étude jusqu'au S mars, après quoi il arrê-
tera les grandes lignes des fêtes futures.
Tout va donc bien de ce côté, mais nous ai-
merions à apprendre que la Conférence,
elle aussi, active ses travaux dans le but
de lutter le retour triomphal.
A la Comédie-Française.
Une certaine animation continue de ré-
gner à la Comédie-Française entre les co-
médiens de la veille et ceux du lendemain.
Un de derniers Sociétaires a été surnommé
par une des meilleures actrices de la Mai-
son de Molière, « l'Imposé de la Comédie-
Française », ce à quoi le jeune homme, qui
doit ses parts à l'intervention ministérielle,
aurait répondu : « Je connais le procédé,
c'est celui d'une bonne camarade promue
comédienne de talent à l'ancienneté ».
Le Tapin.
Reprise des hostilités
entre Polonais et Ukrainiens
*
On mande de Varsovie 1er mars. au Ti-
mes :
« Les délégués alliés à Lemberg ont con-
féré avec le général Petliura pour essayer
d'obtenir un armisticie permanent entre les
gouvernement ukrainien et polonais. Un
accord semblait probable, mais, cet après-
midi, le comandant en chef ukrainien dé-
clara que la trêve était terminée et que les
hostilités reprendraient à 6 heures, le len-
demain matin.
A moins que les Ukrainiens n'aient retiré
à minuit leur dénonciation de la trêve, la
mission alliée entière partira demain.
Huit Jours
Anastasie récidive.. Pour avoir voulo être
trop bien informé, notre -confrère l'Infor-
mation est suspendu huit jours tout
simplement. Notez que depuis longtemps1 la
Censure n'existe plus. On nous le répète sur.
tous les tons. notre président du conseil,
après s'être élevé, dans le temps, tout-le
premier, contre ses abus, a confinné, à
maintes reprises depuis, sa suppression. Il
faut croipe qu'elle existe toujours à en ju-
ger par les nombreux blancs dont bénéfi-
cie l,a presse française.
Doux régime qui réserve toutes ses sévé-
rités pour nos journaux ; mais pour être
juste, en admettant, un instant la légitimité
de l'institution de la Censure, les mêmes me-
sures ne devmient-elles pas être égales pour
tous, Français et étrangers ?
Car s'il y a abus, et c'en est uni, il con-
sisie à laisser publier à l'étrangler les nou-
velles interdites en France seulement.
Un grand débat
à la Chambre
La situation financière fait l'objet de
toutes les conversations dans les couloirs
du Palais-Bourbon.
Les déclarations récentes de 'M. Klotz,
ministre des Finances, à la Commission
du Budget, suscitent des discussions nom-
breuses et passionnées, d'autant, rappe-
lons-le, que Ja Commission a fait d'impor-
tantes réserves sur ces déclarations.
Un débat orageux est prévu à la fin de la
séance de cet après-midi, la Commission
du Budget ayant décidé, dans sa réunion
d'hier, de demander à la Chambre, par l'or-
gane de son président, M. Raoul Péret, la
mise à l'ordre du jour du projet portant
de 33 à 36 milliards le chiffre des avances
que la Banque de France peut consentir à
l'Etat. MM. Vincent Auriol et Ernest La-
font, qui ont déposé une interpellation sur
la situation financière,dont lad iseussion doit
venir vendredi, ont l'intention de deman-
der à la Chambre l'examen de leur inter-
pellation avant le vote sur les avances de
lA Banque de France.
Les interpellateurs désirent que rassem-
blée manifeste par un ordre du jour mo-
tivé son sentiment à l'égard de la politi-
que financière suivie par le gouvernement.
Toujours le Plébiscite
-
Les Allemands ne se découragent pas.
C'est aujourd'hui leur presse, après leurs
hommes politiques, qui enfourche le dadia
du plébiscite à propos de l'Alsace-Lorraine.
Cette dernière manifestation, comme les
précédentes, n'est pas pour nous émouvoir,
aussi ne la signalons-nous que pour mar-
quer l'état d'esprit qui règne en Bochie.
Voici le texte du, document reproduit par
la plupart des organes d'outre-Rhin, sur l'ini-
tiative de l'association d!e la presse alleman-
de :
U - « Nous demandons solennellement que le
droit de libre disposition reconnu par l'uni-
vers entier comme loi fondamentale de la
future communauté des peuples soit égale-
ment reconnu en faveur des Alsaciens-Lor-
rains. D'accord 81Vlec la presse allemandie
tout entière, nous voulons que la popula-
tion de l'Alsace-Lorraine soit laissée entiè-
rement libre de prendre une décision défini-
tive au sujet de son avenir politique. Nous
élevons notre voix en faveur de cette libre
disposition devant laquelle doivent s'incli-
ner toutes les nations M.
Les Boches oublient que cette voix s'est
fait entendre dès après nos désastres de
1870, à l'Assemlblée nationale de Bordeaux
et que depuis elle n'a cessé de crier son
ardent amour pour la France.
Selon, les journaux de Londres, M. Nan-
sen, l'explorateur norvégien bien connu, qui
est récemment arrivé à Londres, a fait hier
une visite au Foreign Office et va bientôt
repartir pour Paris. M. Nansen est chargé
par le gouvernement norvégien d'une mis-
sion spéciale.
Les Menées auslro-allemands
en Bohême
■ tT
Le gouvernement tchéco-slovaque publie
des documents authentiques sur la con-
nexion entre l'affaire d'espionnage du. consu-
lat allemand et la chancellerie d'Etat, ainsi
que le bureau d'Etat des affaires militaires
à Vienne.
En étudiant les documents saisis, on a
constaté une organisation particulière des
troupes allemandes de Bohême et de Mora-
vie par l'administration militaire viennoise.
Ces troupes sont pourvues de colonnes d'as-
saut et de mitrailleuses. Le point de rallie-
ment est principalement en Saxe, d'où elles
devaient être transortées par Passau, en
Autriche allemande.
Une attaque militaire sur Znaim était pré-
parée.
Le Bureau militaire viennois travaille avec
activité au perfectionnement du service d'es-
pionnage dans la République tchéco-slova-
que.
- Les centres principaux sont : Prague,
Brunn, Budweis, Pressbourg, Maehrischos-
trau, Teschen.
Journellement arrivent dans les villes
tchèques des espions allemands dont une
partie a déjà été arrêtée.
D'autres font une propagande hostile à
l'Etat parmi la population allemande en
Bohême.
Un bureau d'espionnage de Vienne a en-
voyé en Slovaquie huit espions.
En Bohême et en Moravie sont arrivés ré-
cemment quinze espions viennois, parmi
lesquels des officiers.
A Prague, dans le même hôtel que le
vice-consul allemand, on a arrêté aussi l'es-
pion viennois Spannbauer qui était en rela-
tions avec deux frères, un professeur et un
directeur de banque, dont le troisième frère,
en sa qualité de colonel, dirige le bureau
d'espionnage viennois.
Les autorités militaires de Vienne atta-
chent une importance particulière aux vil-
les allemandes de Rcichenherg, Leitmeritz,
BIHlb: et Trautenau en Bohême.
A Trauteuau, où se trouve un foyer d'a-
gitation contre la République tchêco-slova.
que, il y a beaucoup d'armes cachées.
Anloissanle veillée es armes
en Allemagne
On télégraphie de Berlin :
De grandes manifestations sont projetées
à Berlin pour les premiers jours de la se-
maine. On s'attend à une grève générale ;
l'étectricité manquera probablement demain.
Le colonel Reinhardt, gouverneur de la
ville, a déclaré qu'il réprimerait le mouve-
ment gréviste par tous les moyens. Hier et
aujourd'hui, par suite d'une grève des com-
positeurs, aucun journal n'est paru.
Des centaines d'agitateurs parcourent l'Al-
lemagne, voyageant dans des trains spé-
ciaux ou dans des automobiles armées,
prononçant des discours violents et exhor-
tant la population à déclarer la grève géné-
rale.
La situation est de nouveau sérieusement
agitée. Quoique les hostilités entre sparta-
ciens et majoritaires ne soient pas nette-
ment ouvertes, on n'en redoute pas moins
à tout instant dans les sphères gouverne-
mentales, un coup des successeurs de Liebk-
necht. Les troupes fidélités au gouvernement
ne quittent point leurs casernes et sont prê-
tes à marcher au premier avertissement.
Il en est de même dans toute l'Allemagne.
L'apathie et le découragement font place au
désespoir. A tout moment on entend expri-
mer ouvertement l'opinion que seule une in-
vasion totale de l'Allemagne par les sol-
dats de l'Entente pourrait mettre fin au
ahiaos. -1
Le mécontentement augmente parmi les
socialistes majoritaires qui estiment n'avoir
pas retiré de la révolution les résultats es-
comptés et, comme le gouvernement Scdiei-
demann paraît absolument impuissant à
donner satisfaction aux exigences des ou-
vriers, une crise sérieuse menace le parti
et la démission du gouvernement actuel est
attendue à bref délai.
Dans un leader article, le Vorwaerts
demande que le gouvernement ait le cou-
rage de démissionner s'il ne peut pas obtenir
de l'Assemblée de Weimar qu'elle fusse
droit aux exigences justifiées des travail-
leurs.
LA CONFERENCE DE PARIS
Le désarmement de l'Allemagne
) ..a <
AUCUN ACCORD N'A PU ENCORE SE FAIRE
SUR LES PREMIERES CONCLUSIONS PRESENTEES
♦
Les petites puissances récriminent
■ I I CP—■
Le Conseil supérieur de Guerre, que pré-
sidait M. Clemenceau, a discuté les rap-
ports des experts militaires, navals et aé-
riens concernant plus particulièrement le
désarmement de l'Allemagne. La discus-
sion a été fort brève. On s'est aperçu que
ces divers rapports avaient encore besoin
d'une mise au point et leur renvoi aux
conseillers techniques a été décidé pour y
mettre un peu plus de coordination. Ils se-
ront de nouveau soumis au Conseil dans sa
prochaine réunion qui aura lieu sans doute
jeudi. On espère que M. Lloyd George,
dont l'arrivée a subi un nouveau retard,
sera à Paris ce jour-là et pourra ainsi pren-
dre part à la discussion.
Le Conseil des Dix doit tenir une séance
demain, chômant aujourd'hui pour le Mar-
di gras. Il sera vraisemblablement ques-
tion, dans cette réunion. de la Montagne
Noire.
ED
Lorsqu'elle s'est occupée, la dernière
fois, de la procédure, on sait que la Con-
férence avait pris la décision de donner
une plus grande extension aux .Commis-
sions économique et financière et de poTter
en même temps le nombre de leurs mem-
bres à dix dans chacune des Commissions
pour les puissances directrices ou à intérêt
général et à cinq pour celles à intérêt par-
ticulier. Ces dernières devaient désigner
leurs représentants dans la réunion qu'el-
les ont tenu hier après-midi.
Une discussion des plus mouvementée
s'est produite, les délégués des petites puis-
sances trouvant insuffisant le nombre de
mandats qui leur étaient attribués par rap-
port aux grandes. --
Le même jait avait occasionné d'égales
contestations presqu'au début de la Confé-
rence. On se rappelle que devant l'émotion
causée par les réclamations de plusieurs
de ces puissances, quant à la représenta-
tion à la Conférence, le Conseil des Dix
avait fini par tenir compte, dans une cer-
taine mesure, de leurs desiderata en leur
accordant un plus grand nombre de voix.
Une semblable tactique semble avoir été
employée hier pour la représentation aux
deux Commissions. Un point de vue iden-
tique a été défendu avec une vivacité pres-
que agressive. C'est l'Amérique du Sud qui
se plaignait le plus hautement alors que
ceux qui ont pris une part plus active à la
guerre, comme les Belges, les Serbes ou les
Grecs, faisaient plutôt montre d'un grand
esprit de conciliation.
llP
La -Commission des Affaires roumaines
s'est occupée de la question de la Dobroud-
ja au point de vue de la fixation de la fron-
tière roumano-bulgare. Elle s'est occupée
également de délimiter celle entre la Serbie
et la Bulgarie.
Lorsqiïaprès la guerre turco-russe de
1877, au cours de laquelle l'armée roumai-
ne prit une part glorieuse aux côtés de l'ar-
rnée russe, la Bessarabie lut enlevée à la
Roumanie pour être donnée à la Russie, la
Dobroudja fut détachée de la Turquie et
accordée aux Roumains en guise de com-
pensation.
La population en est très mélangée. Les
Turcs y avaient établi des Circassiens 'mu-
sulmans fuyant la domination russe, des
Tarlares et jusqu'à des paysans d'Anatoiie.
De nombreux colons bulgares y avaient
créé des villages agricoles. Enfin, les Rou.
mains colonisèrent à leur tour le pays avec
notamment un grand nombre de leurs com-
patriotes quittant la Bessarabie. C'est en
Dobroudja que se trouve l'unique grand
port de la Roumanie, Constantza, construit
par des ingénieurs français.
Après la guerre de 1913, la Roumanie
avait obtenu la cession, par la Bulgarie,
de la partie de la Dobroudja restée bulga-
re, c'est-à-dire la ligne Turtucoi, Dobritch,
Balcik, avec le port de Kavarna et le fa-
meux quadrilatère dont Silistrie.
Les Empires Centraux s'attribuèrent,
dans le traité de Bucarest, toute la Do-
broudja, la laissant indivise. Elle est reven-
diquée aujourd'hui par les Roumains et les
Bulgares et elle a été occupée provisoire-
ment en attendant qu'il fut statué sur son
sort par les armées alliées.
6D
La sous-commission des Affaires polo-
naises a examiné" de son côté, au point de
vue territorial, les questions de Teschen et
de Ratibor.
La cojnmission des Allaires tchéco-slo-
vaques a arrêté une ligne de démarcaiion
entre la Slovaquie et le pays magyar.
Louis BRESSE
COMMUNIQUE OFFICIEL
Le conseil supérieur de guerre s'est réuni
hier à 3 heures.
La discussion a porté sur le rapport des
experts militaires, navals et aériens, relatif
au désarmement de l'ennemi.
La prochaine séance aura lieu mercredi,
à 3 heures.
Les petites puissances
Les puissances à intérêt particulier se
sont réunies cet après-midi à 3 h. 30, et ont
étudié la question de leur participation aux
commissions économique et financière.
Les préliminaires de la paix
Le Daily Mail donne les renseignements
suivants sur ce que contient le rapport du
maréchal Foch :
« Le rapport présenté par le maréchal'
Foch samedi et dont on commence la dis-
cussion aujourd'hui, ne contient pas néces-
sairement les conditions qui dtoivent figurer
finalement d'ans le traité préliminaire de
paix. Celui-ci comprendra « certaines clau-
ses politiques, territoriales et économiques
dépendant plus ou moins de la partie mili-
taire de la convention ».
CI Sans entrer dans des détails qui pour-
raient être prématurés, on peut toutefois
dire q.ue le traité préliminaire de la paix
assurera le « désarmement absolu de l'Alle-
magne », dons les limites toutefois, qui ne
laissent pas le ouvrnemnt. allemand sans
défense devant les désordres inférieurs.
« U n'y sera point seulement question de
la limitation des hommes que l AUcmagne
pourra conserver sous les armes, mais aus-
si de ses cadres et du nombre des officiera
formés dans ses écoles de guerre. Des me-
sures seront également prises au sujet des ;
stocks importants d'armement aue l'Alle-
magne a toujours à sa disposition, et un
contrôle s'exercera sur ses fabrications de
guerre.
« Les délégués ont actuellement à régler
c_es quatre grands points :
« 1. Les conditions militaires, navales et
aériennes qui doivent être imposées à l'Al-
lemagne ;
« 2. La fixation des frontières occidenta-
les et orientales de l'Allemagne ;
« 3. La question de réparation ;
« 4. L'attitude à adopter par les Alliés en
ce qui concerne l'avenir éconue de l'Al. ——
lemagne.
« En ce qui concerne la fixation des fron-
tières de l'Allemagne, il y a surtout la ques-
tion de la « rive gauctie du Rihin » qui figu-
rera dans le traité préliminaire de la paix.
Comparer à toute invasion allemande future
en Belgique et en France, l'idée de la for-
mation d'une répiublique allemande indépen-
dante sur la rive gauche du Rhin pourrait
être adoptée.
« Les Alliés continueraient à occuper les
têtes de pont du Rhin avec des dépôts dans
le voisinage jusqu'au payement par Les Al-
lemands de la somme totale à eux impo-
sée. »
L'ARMISTICE
4-
MISSION FRANÇAISE A BERLIN
On mande de Berlin : -
Le général Nudant a communiqué à la
commission allemande d'armistice que le
gouvernement français a décidé d'envoyer
à Berlin une mission de quatre ou cinq
membres dans le but d'élludier le problème
dlu ravitaillement de l'Allemagne.
DANS L'ALLEMAGNE OCCUPEE
-Une note Wolff dit :
En réponse à uine question de la commis-
sion allem-ande. d'armistice, à Spa. je général
Nudant a fait savoir que le retrait des trou-
pes françaises de Mannheim et la suspen-
sion des communications entre Mannheim et
Ludwigshafen ont été motivés nar les dé-
sordres survenus à Mannheim. Trois ba-
taillons allemands éLant arrivés dans cette
ville pour y rétablir l'ordre, les troupes
françaises ont été retirées, afin d'empêcher
qu'eues n'entrent en contact avec les trou-
pes allemandes. Dès que le calme sera ré-
tabli à Mannheim et que les troupes alle-
mandes n'y seront plus nécessaires, l'ancien
état de choses sera rétabli.
fflo
Le désaccord tcliéco-polonais
L'émotion et les protestations provoquées
par l'affaire de Teschen vont en augmen-
tant. A Prague, de grands meetings ont été
tenus, accompagnés de démonstrations con-
tre les Polonais.
Tous les bals sont interdits par le gou-
vernement pour trois journées en signe de
deuil.
Le parti politique de droit public et la
société scolaire Metice Skopska publient
des appels contenant des reproches au gou-
vernement et formulant l'espoir que le point
de vue tchéco-slovaque soit admis définiti-
vement à la Conférence de la Paix.
Les agents des S. P.
font entendre leurs doléances
+
Les fonc-tionnakes de moyenne et de mo-
deste conditions sont mécontents ; il y a une
certaine effervescence parmi eux. Pourquoi?
Parce que leurs traitements, déjà insuffi.
sants ou dérisoires avant la guerre de 1914,
sont restés au même taux, alors que les
salaires des travailleurs manuels ont subi
une évolution, une majoration en rapport
avec les nécessités créées par les circonstan-
ces.
Désireux de faire connaître les doléances
de certaines corporations, nous avons de-
mandé à M. Blin, le si actif et dévoué secré-
taire général de l'Association du personnel
de surveillance pénitentiaire, de nous dé-
peindre la situation de ses camarades. Il a
tout d'abord vivement remercié le Rappel
pour les Il bonnes dispositions qu'il mani-
feste à l'égard du prolétariat administratif x,
puis il a ajouté :
« Nous sommes des méconnus ; beaucoup
de Ins, quantité de citoyens semblent avoi*
quelques préventions injustifiées à notre en.
contre, parce qu'ils ignorent totalement ce
que nous faisons. Nous remplissons pour-
tant un rôley obscur il est vrai. mais qui,
au point, de vue social, ne manque pas de
quelque eur.
Notre service est extrêmement pénible,
démoralisant, débilitant. Nous sommes consi
tamment exposés à des risques et périls de
la part de oeux que nous surveillons. Dans
les lieux où nous accomplissons notre de-
voir, l'air, généralement trop- rare, est vi-
cié, corrompu à tel point que les constitu-
tions les plus robustes n'y résistent pu
longtemps, ne tardent pas à devenir mé-
diocres.
En considérant que ce service est d'une
durée qui va jusqu'à 13 et 14 heures dans
certains établissements ; qu'il est aggravé
par des piquets et des gardes de nuit, on
peut bien affirmer que lorsqu'on en compte
25 ans, il en a été fait en réalité pour 90
ans.
C'est surtout depuis la guerre que no.
affaires vont mal, très mal. Quelques cen-
taines de jeunes et vigoureux camarades
furent mobilisés et ne furent pas remplacés,
car il est A peine besoin de dire que, en
règle générale, des soldats de l'auxiliaire ou
(e la R. A. T. ne se sont pas souciés de
les suppléer uniquement avec leur solde mi-
13 VENTOSE, AN 121. - *Nr0 ° 17.63S L■* t Knft*rô"*w ro : Dm GENTHBB8 ,, MARDI 4 MARS 1919. - M9 17.G33
ISVE~KMŒ.ANl~.-I~l~M~ ---- t WMtMo DIX C E N T M E a _--_. _-;"--;-"*
AUGUSTE VACQUamœ
Fondateur (1869)
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Non! : 24-90, 24-91
Après; 10 h. du soir : GUTENRERG 00-70
POUR LA PUBLICITE
S'adresser au RAPPEL-PVBUCITB
38, M de Strasbourg. — PAIÎB
Les manuscrits non insérés ne sont pas reaàus
EDMOND DU MESNIL
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FRANCS & COLONIES.. 20 a 11 » 6 »
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REDACTLBN ET ADMINISTRATION
38. Boulevard de Strasbourg. — PARIS.
TRIBUNE LIBRE
.J,:.. '.,- 'r .d-' ..,.-",,-..-:' ,. 18;: ".;,¡:; - : ','
Méthodes américaines
————— ) <
Les Américains, ayant fran-
chi l'Océan, ont dissipé quel-
ques-unes de nos illusions ; ils
nous ont mis en contact avec
des réalités dont nous avons à
tenir compte.
Je ne veux point entrer dans le détail
des exemples de décision et de rapidité
dans l'exécution qui nous viennent d'eux
et qui vont laisser, sur un certain nom-
bre de points de notre territoire, de re-
marquables vestiges de leur passage
parmi nous.
Saurons-nous utiliser et développer ce
qu'ils ont créé ? C'est le secret de de-
main.
Mais il faut insister sur la valeur de
leur effort, sur la compréhension puis-
sante, presque naturelle chez leurs hom-
mes de progrès, des moyens par lesquels
on peut parvenir à intéresser les peu-
ples, à les grouper, à les faire mouvoir
et agir autour d'une idée.
":. Dans un dîner de plus de deux cents
couverts, invités par M. Henry P. Davi-
son, les représentants des puissances al-
liées participent aux travaux de la Con-
férence de la Paix et les journalistes des
nations ententistes se sont trouvés réu-
nis, le vendredi 24 février, dans les sa-
lons du Palais d'Orsay.
Qui est M. Henry P. Davison ?
Rien moins qu'un penseur doublé d'un
homme d'action, ayant le titre de « Pré-
sident d'un Comité des Sociétés de la
Croix-Rouge, composé des représentants
des Sociétés de la Croix-Rouge de Fran-
ce, d'Angleterre, d'Italie, du Japon et
des Etats-Unis ».
M. Henry P. Davison, membre de la
Croix-Rouge américaine, a été conduit,
comme l'ont été beaucoup de ses collè-
gues de toutes nationalités, à tirer de la
guerre, parmi les multiples- enseigne-
ments qu'elle comporte, de suggestives
leçons sur la solidarité humaine.
Mais, en excellent Américain, M. Da-
.:. rison, à qui jaqps avons rendu un hom-
mage mérité, s'est fait homme d'action
dans un domaine où ses collègues pa-
raissaient vouloir rester des méditatifs.
Dès cet instant, les programmes anciens
de la Croix-Rouge entraient dans une
.voie de transformations considérables.
Nul n'a donné une définition aussi hu-
maine de la paix que celle recueillie de
la bouche de M. Henry P. Davison, ven-
dredi dernier, par la presse du monde
entier :
« Qu'est-ce que la paix ? Je suis de
ceux qui croient que quatre-vingt-dix-
neuf personnes sur cent, en ce monde,
ne s'intéressent pas foncièrement aux
questions de frontières, aux questions
de traités économiques ou financiers;
aux questions de gouvernements et de
relations internationales. La paix pour
eux signifie la paix de l'esprit et du
corps. Ils désirent vivre une v\e normale
avec loisir de poursuivre leurs occupa-
tions sans qu'on leur apporte aucune en-
trave illégale ou déraisonnable. »
Ce juste principe ayant été posé, son
auteur en arrive à cette constatation
aussi douloureuse que rigoureusement
exacte :
« La situation dans le monde aujour-
d'hui est tragique au-delà de tout ce
qu'on peut imaginer. »
Peut-être les méditatifs, les sociolo-
gues, les philosophes auxquels je fais
allusion plus haut se seraient-ils limités
au charme d'avoir, par le verbe, par
l'écrit, proclamé les vérités essentielles
Que je viens de citer.
Mais la méthode et l'esprit américains
se révèlent précisément dans la suite
donnée par M. Henry P. Davison aux
pensées qui ont assailli son cerveau.
Il s'est rendu à Cannes où, précisé-
ment, M. Ador, président de la Croix-
Rouge Internationale et président de la
Confédération helvétique, avait souhaité
recevoir des Associations de la Croix-
Rouge des propositions pour le temps de
paix. Il a exposé ses vues propres et, les
ayant entendu approuver, il s'est mis
résolument à l'œuvre. Dès la fin de la
Conférence de Cannes, le « Comité des
Sociétés de Croix-Rouge » était fondé. Il
prenait pour but de proposer aux Socié-
tés de la Croix-Rouge du monde entier
un programme étendu de travail pour le
bien de l'humanité.
Ainsi,la Croix-Rouge va monter vers de
nouveaux sommets. Elle ne sera plus ex-
• clusivement une école préparatoire à la
guerre, uniquement faite pour panser
les blessures causées par la guerre. Elle
va jouer un grand rôle dans l'humanité.
Les hommes, à travers les temps, ont
voulu conquérir la puissance ou s'élever
vers la gloire. Les grands conquérants :
Alexandre, César, Napoléon sont des as-
tres que l'on ne peut fixer qu'en laissant
filtrer le regard au-delà des vapeurs
sanglantes s'élevant des champs de ba-
Laille sur lesquels brilla leur génie guer-
rier ; un Krupp a une grandeur tragique
faite du désespoir des mères, des veuves,
des orphelins, faite des hurlements de
douleur arrachés aux hommes meurtris
par le fer brutal qui les déchire et dis-
'perse leurs membres.
Au-dessus de ces gloires tragiaues
brillent des noms moins populaires peut-
être dans la foule, mais combien plus
grands devant l'humanité : Jenner avec
la vaccine, Pelletier et Caventou avec la
quinine, Pasteur et Roux vainqueurs de
la sinistre diphtérie et de l'horrible
rage.
C'est aux côtés de ces derniers noms
que veut prendre place M. Henry P. Da-
vison. Son ambition est-elle légitime ?
Ecoutez-le :
« Nous comptons faire porter nos pre-
miers efforts contre les hideuses plaies
sociales que sont la tuberculose, les ma-
ladies vénériennes, la malaria. Nous
établirons l'Hygiène, nous organiserons
la Santé publique ; nous veillerons sur
les soins donnés aux malades. »
Et le vaste programme se résume tout
naturellement en trois points essen-
tiels :
1° Eveiller dans tous les pays du mon-
de le sentiment de la solidarité humaine,
d'où conscience plus vive des besoins,
dans chaque pays, et résolution d'y fai-
re face ;
2° Etendre au monde entier la vulgari-
sation des études et de l'expérience dans
le traitement et la prophylaxie des mala-
dies ;
3° Rendre possible la coopération im- !
médiate des organisations diverses pour
prêter l'aide nécessaire en cas de grand
désastre. Exemple : l'aide efficace don-
née par la Croix-Rouge américaine au
cours des catastrophes, inondations,
etc., dont la France a été victime au
cours de ces derniers mois et plus par-
ticulièrement dans les secours intensifs
apportés par elle dans nos régions libé-
rées.
Nous adressons donc à la Croix-Rouge
nouvelle et à son éminent inspirateur
l'hommage ému de notre confiance.
CAMILLE QEVILAR.
EDITORIAL
■ >»
Le principe des nationalités
L'Etat juif est reconstitué.
Du moins, M. Silvain Lévi,
professeur au Collège de Fran-
ce, vient de l'affirmer à M.
.de Maizière, rédacteur au Pe-
tit Parisien.
— « Crollez-vou. commp.
témoin au Comité des Dix, à la consti-
tution d'un Etat juif séant en Pales-
tine ? »
- cc C'est fait. »
Tant mieux. Et le Peuple juif, journal
officiel du Sionisme, de proclamer que le
rétablissement du « foyer national juif »
rendra possible un « Commonwealth »
autonome.
Je vous en demande bien pardon, mais
je ne sais pas très exactement ce que si-
gnifie ce « commonwealth » autonome.
Ce doit être quelque chose de très
bien, puisque le peuple juif le désire,
Aussi, je n'y contredirai pas.
Il me suffit d'observer que M. Silvain
Lévi, délégué du Sionisme à la Conféren-
ce de la Paix, s'exprime aujourd'hui,
comme naguère Edouard Drumont, délé-
gué de l'antisémitisme à la Libre Pa-
role.
Etrange rapprochement 1
M. Silvain Lévi dit en effet :
a Le judaïsme est une nation et non
pas une croyance. Le juif, trop long-
temps sans patrie, n'a eu lue celle des
autres et réclame la sienne, la Palestine,
son berceau, qui lui revient de droit.
Tous doivent avoir un home dans le
monde ; qu'on nous rende celui que —,
jusqu'à présent — les siècles nous ont
refusé. C'est la justice. »
Accordé.
Mais jugez des conséquences.
Le peuple d'Israël ayant retrouvé sa
patrie, quelle sera la situation des
Juifs dans la patrie des autres peuples ?
Il é là 1 ils ne vont pas s'aviser de
nous quitter tous, comme dans la com-
plainte du Juif-Errant :
Messieurs, le temps me presse 1
Adieu 1 la compagnie ;
Grâce à vos politesses,
Je vous en remercié.
Il n'y a pas de quoi.
Mais voyons, Rein'ach, ne partez pas
comme ça, tout de suite 1
Un instant, que diable 1 La mer Rouge
n'est pas ouverte.
Et Abrami ? et Ignace ?
Tonnerre de Jéhovah 1 j'espère bien
qu'ils nous restent.
Sans eux, comment gouverner ce pau-
vre peuple de France. Je vous le de-
mande.
Quant à M. Mandel, oh 1 je préfère n'y
pas penser. C'est affreux. On m'assure
qu'il songerait à se présenter aux élec-
tions à Jéricho (sans tambour ni trom-
pette), en remplacement de Roboam.
Après ça, vous comprendrez que j'ai-
me mieux me suicider.
Au revoir.
qg MESNIL.
On dit.
En passant
LE POILU; DIT.
A Maurice Rostand
Je vous ai vu pour la dernière lojs un soir .!e
juillet 1914. C'était rue Drouot. Vous étiez entre
deux agents. Tapage injurieux : Vous aviez me-
me, je crois, abîmé quelque peu le visage d'un
Français qui n'avait pas — sur un verdict du
jury — la même opinion que vous.
— Il va bien, le fils du poète, pensoi-je. Nous
aurons besoin de ces bras-là dans quelques
jours.
La mobilisation 1 Vous n'êtes pas parti. Le
jeune, le turbulent propagandiste de la loi le
trois ans a fait la guerre. à la manière de M.
Choufleuri. Oui, je sais, vous êtes faible.
D'autres, qui étaient malades, qui étaient âgés,
sont allés se battre. C'est le radical sexagénaire
Collignon. Un Allemand: l'a tué. C'est l'anarchis-
te Makito. Et combien, combien, qui ont fait
obscurément « plus que leur devoir a.
Vous. Monsieur, vous consentez seulement à
casser de votre poing mignon la figure d'un ré-
publicain parisien. Mais les Boches ! !!. Ils ont
des canons, des mitrailleuses. C'est trop — ou
trop peu — pour un poète. La guerre est sale.
Il y a de la boue. Le soldai don Uaais sa capota
humide. Pouah IL. Maurice, les poilus, à l'au-
tomne, vous jetteront des pommes cuites.
Et vous faites représenter Casanova ! Vous
appelez ça servir.
Le plus triste est que de bons confrères, con-
nus pour leur intransigeance en matière de pa
triotisme, aient accepté votre invitation et assis-
té à la répétition générale de votre « Œuvre le
guerre ». Ils ont feint de vous prendre au sé
rieux. Petite capitulation ! C'était pour faire
plaisir au public qui croit que le génie est héré-
ditaire.
Un seul homme vous trouvera provisoirement
du talent et vous enverra du monde. C'est en
chemisier de l'avenue de l'Opéra. On vend des
pyjamas rose tendre et vert pâle. On dit qu'il
vous a fait parvenir, avec ses compliments,
un grand pâpier portant l'en-tête de sa maison.
C'est une facture datée de 1917. Poète paie ton
luxe. Au prix oii est le veau, la eloire du client
ne nourrit pas le négociant. — R. E.
9b
Aujourd'hui
Les fêtes de la Victoire.
On n'en parlait plus depuis quelques se-
maines, et déjà les entrepreneurs qui
avaient loué à prix d'or les balcons sur l'a-
venue des Champs-Elysées, se demandaient
avec anxiété s'ils n'avaiftnt pas fait une
mauvaise opération. Qu'ils se rassurent et
que tout le monde se rassure : Paris célé-
brera, par de grandes réjouissances, le re-
tour des Poilus.
Le Comité, chargé de l'élaboration du
programme, a déjà reçu et examiné un cer-
tain nombre de projets dus à l initiative
privée. On nous dit qu'il poursuivra son
étude jusqu'au S mars, après quoi il arrê-
tera les grandes lignes des fêtes futures.
Tout va donc bien de ce côté, mais nous ai-
merions à apprendre que la Conférence,
elle aussi, active ses travaux dans le but
de lutter le retour triomphal.
A la Comédie-Française.
Une certaine animation continue de ré-
gner à la Comédie-Française entre les co-
médiens de la veille et ceux du lendemain.
Un de derniers Sociétaires a été surnommé
par une des meilleures actrices de la Mai-
son de Molière, « l'Imposé de la Comédie-
Française », ce à quoi le jeune homme, qui
doit ses parts à l'intervention ministérielle,
aurait répondu : « Je connais le procédé,
c'est celui d'une bonne camarade promue
comédienne de talent à l'ancienneté ».
Le Tapin.
Reprise des hostilités
entre Polonais et Ukrainiens
*
On mande de Varsovie 1er mars. au Ti-
mes :
« Les délégués alliés à Lemberg ont con-
féré avec le général Petliura pour essayer
d'obtenir un armisticie permanent entre les
gouvernement ukrainien et polonais. Un
accord semblait probable, mais, cet après-
midi, le comandant en chef ukrainien dé-
clara que la trêve était terminée et que les
hostilités reprendraient à 6 heures, le len-
demain matin.
A moins que les Ukrainiens n'aient retiré
à minuit leur dénonciation de la trêve, la
mission alliée entière partira demain.
Huit Jours
Anastasie récidive.. Pour avoir voulo être
trop bien informé, notre -confrère l'Infor-
mation est suspendu huit jours tout
simplement. Notez que depuis longtemps1 la
Censure n'existe plus. On nous le répète sur.
tous les tons. notre président du conseil,
après s'être élevé, dans le temps, tout-le
premier, contre ses abus, a confinné, à
maintes reprises depuis, sa suppression. Il
faut croipe qu'elle existe toujours à en ju-
ger par les nombreux blancs dont bénéfi-
cie l,a presse française.
Doux régime qui réserve toutes ses sévé-
rités pour nos journaux ; mais pour être
juste, en admettant, un instant la légitimité
de l'institution de la Censure, les mêmes me-
sures ne devmient-elles pas être égales pour
tous, Français et étrangers ?
Car s'il y a abus, et c'en est uni, il con-
sisie à laisser publier à l'étrangler les nou-
velles interdites en France seulement.
Un grand débat
à la Chambre
La situation financière fait l'objet de
toutes les conversations dans les couloirs
du Palais-Bourbon.
Les déclarations récentes de 'M. Klotz,
ministre des Finances, à la Commission
du Budget, suscitent des discussions nom-
breuses et passionnées, d'autant, rappe-
lons-le, que Ja Commission a fait d'impor-
tantes réserves sur ces déclarations.
Un débat orageux est prévu à la fin de la
séance de cet après-midi, la Commission
du Budget ayant décidé, dans sa réunion
d'hier, de demander à la Chambre, par l'or-
gane de son président, M. Raoul Péret, la
mise à l'ordre du jour du projet portant
de 33 à 36 milliards le chiffre des avances
que la Banque de France peut consentir à
l'Etat. MM. Vincent Auriol et Ernest La-
font, qui ont déposé une interpellation sur
la situation financière,dont lad iseussion doit
venir vendredi, ont l'intention de deman-
der à la Chambre l'examen de leur inter-
pellation avant le vote sur les avances de
lA Banque de France.
Les interpellateurs désirent que rassem-
blée manifeste par un ordre du jour mo-
tivé son sentiment à l'égard de la politi-
que financière suivie par le gouvernement.
Toujours le Plébiscite
-
Les Allemands ne se découragent pas.
C'est aujourd'hui leur presse, après leurs
hommes politiques, qui enfourche le dadia
du plébiscite à propos de l'Alsace-Lorraine.
Cette dernière manifestation, comme les
précédentes, n'est pas pour nous émouvoir,
aussi ne la signalons-nous que pour mar-
quer l'état d'esprit qui règne en Bochie.
Voici le texte du, document reproduit par
la plupart des organes d'outre-Rhin, sur l'ini-
tiative de l'association d!e la presse alleman-
de :
U - « Nous demandons solennellement que le
droit de libre disposition reconnu par l'uni-
vers entier comme loi fondamentale de la
future communauté des peuples soit égale-
ment reconnu en faveur des Alsaciens-Lor-
rains. D'accord 81Vlec la presse allemandie
tout entière, nous voulons que la popula-
tion de l'Alsace-Lorraine soit laissée entiè-
rement libre de prendre une décision défini-
tive au sujet de son avenir politique. Nous
élevons notre voix en faveur de cette libre
disposition devant laquelle doivent s'incli-
ner toutes les nations M.
Les Boches oublient que cette voix s'est
fait entendre dès après nos désastres de
1870, à l'Assemlblée nationale de Bordeaux
et que depuis elle n'a cessé de crier son
ardent amour pour la France.
Selon, les journaux de Londres, M. Nan-
sen, l'explorateur norvégien bien connu, qui
est récemment arrivé à Londres, a fait hier
une visite au Foreign Office et va bientôt
repartir pour Paris. M. Nansen est chargé
par le gouvernement norvégien d'une mis-
sion spéciale.
Les Menées auslro-allemands
en Bohême
■ tT
Le gouvernement tchéco-slovaque publie
des documents authentiques sur la con-
nexion entre l'affaire d'espionnage du. consu-
lat allemand et la chancellerie d'Etat, ainsi
que le bureau d'Etat des affaires militaires
à Vienne.
En étudiant les documents saisis, on a
constaté une organisation particulière des
troupes allemandes de Bohême et de Mora-
vie par l'administration militaire viennoise.
Ces troupes sont pourvues de colonnes d'as-
saut et de mitrailleuses. Le point de rallie-
ment est principalement en Saxe, d'où elles
devaient être transortées par Passau, en
Autriche allemande.
Une attaque militaire sur Znaim était pré-
parée.
Le Bureau militaire viennois travaille avec
activité au perfectionnement du service d'es-
pionnage dans la République tchéco-slova-
que.
- Les centres principaux sont : Prague,
Brunn, Budweis, Pressbourg, Maehrischos-
trau, Teschen.
Journellement arrivent dans les villes
tchèques des espions allemands dont une
partie a déjà été arrêtée.
D'autres font une propagande hostile à
l'Etat parmi la population allemande en
Bohême.
Un bureau d'espionnage de Vienne a en-
voyé en Slovaquie huit espions.
En Bohême et en Moravie sont arrivés ré-
cemment quinze espions viennois, parmi
lesquels des officiers.
A Prague, dans le même hôtel que le
vice-consul allemand, on a arrêté aussi l'es-
pion viennois Spannbauer qui était en rela-
tions avec deux frères, un professeur et un
directeur de banque, dont le troisième frère,
en sa qualité de colonel, dirige le bureau
d'espionnage viennois.
Les autorités militaires de Vienne atta-
chent une importance particulière aux vil-
les allemandes de Rcichenherg, Leitmeritz,
BIHlb: et Trautenau en Bohême.
A Trauteuau, où se trouve un foyer d'a-
gitation contre la République tchêco-slova.
que, il y a beaucoup d'armes cachées.
Anloissanle veillée es armes
en Allemagne
On télégraphie de Berlin :
De grandes manifestations sont projetées
à Berlin pour les premiers jours de la se-
maine. On s'attend à une grève générale ;
l'étectricité manquera probablement demain.
Le colonel Reinhardt, gouverneur de la
ville, a déclaré qu'il réprimerait le mouve-
ment gréviste par tous les moyens. Hier et
aujourd'hui, par suite d'une grève des com-
positeurs, aucun journal n'est paru.
Des centaines d'agitateurs parcourent l'Al-
lemagne, voyageant dans des trains spé-
ciaux ou dans des automobiles armées,
prononçant des discours violents et exhor-
tant la population à déclarer la grève géné-
rale.
La situation est de nouveau sérieusement
agitée. Quoique les hostilités entre sparta-
ciens et majoritaires ne soient pas nette-
ment ouvertes, on n'en redoute pas moins
à tout instant dans les sphères gouverne-
mentales, un coup des successeurs de Liebk-
necht. Les troupes fidélités au gouvernement
ne quittent point leurs casernes et sont prê-
tes à marcher au premier avertissement.
Il en est de même dans toute l'Allemagne.
L'apathie et le découragement font place au
désespoir. A tout moment on entend expri-
mer ouvertement l'opinion que seule une in-
vasion totale de l'Allemagne par les sol-
dats de l'Entente pourrait mettre fin au
ahiaos. -1
Le mécontentement augmente parmi les
socialistes majoritaires qui estiment n'avoir
pas retiré de la révolution les résultats es-
comptés et, comme le gouvernement Scdiei-
demann paraît absolument impuissant à
donner satisfaction aux exigences des ou-
vriers, une crise sérieuse menace le parti
et la démission du gouvernement actuel est
attendue à bref délai.
Dans un leader article, le Vorwaerts
demande que le gouvernement ait le cou-
rage de démissionner s'il ne peut pas obtenir
de l'Assemblée de Weimar qu'elle fusse
droit aux exigences justifiées des travail-
leurs.
LA CONFERENCE DE PARIS
Le désarmement de l'Allemagne
) ..a <
AUCUN ACCORD N'A PU ENCORE SE FAIRE
SUR LES PREMIERES CONCLUSIONS PRESENTEES
♦
Les petites puissances récriminent
■ I I CP—■
Le Conseil supérieur de Guerre, que pré-
sidait M. Clemenceau, a discuté les rap-
ports des experts militaires, navals et aé-
riens concernant plus particulièrement le
désarmement de l'Allemagne. La discus-
sion a été fort brève. On s'est aperçu que
ces divers rapports avaient encore besoin
d'une mise au point et leur renvoi aux
conseillers techniques a été décidé pour y
mettre un peu plus de coordination. Ils se-
ront de nouveau soumis au Conseil dans sa
prochaine réunion qui aura lieu sans doute
jeudi. On espère que M. Lloyd George,
dont l'arrivée a subi un nouveau retard,
sera à Paris ce jour-là et pourra ainsi pren-
dre part à la discussion.
Le Conseil des Dix doit tenir une séance
demain, chômant aujourd'hui pour le Mar-
di gras. Il sera vraisemblablement ques-
tion, dans cette réunion. de la Montagne
Noire.
ED
Lorsqu'elle s'est occupée, la dernière
fois, de la procédure, on sait que la Con-
férence avait pris la décision de donner
une plus grande extension aux .Commis-
sions économique et financière et de poTter
en même temps le nombre de leurs mem-
bres à dix dans chacune des Commissions
pour les puissances directrices ou à intérêt
général et à cinq pour celles à intérêt par-
ticulier. Ces dernières devaient désigner
leurs représentants dans la réunion qu'el-
les ont tenu hier après-midi.
Une discussion des plus mouvementée
s'est produite, les délégués des petites puis-
sances trouvant insuffisant le nombre de
mandats qui leur étaient attribués par rap-
port aux grandes. --
Le même jait avait occasionné d'égales
contestations presqu'au début de la Confé-
rence. On se rappelle que devant l'émotion
causée par les réclamations de plusieurs
de ces puissances, quant à la représenta-
tion à la Conférence, le Conseil des Dix
avait fini par tenir compte, dans une cer-
taine mesure, de leurs desiderata en leur
accordant un plus grand nombre de voix.
Une semblable tactique semble avoir été
employée hier pour la représentation aux
deux Commissions. Un point de vue iden-
tique a été défendu avec une vivacité pres-
que agressive. C'est l'Amérique du Sud qui
se plaignait le plus hautement alors que
ceux qui ont pris une part plus active à la
guerre, comme les Belges, les Serbes ou les
Grecs, faisaient plutôt montre d'un grand
esprit de conciliation.
llP
La -Commission des Affaires roumaines
s'est occupée de la question de la Dobroud-
ja au point de vue de la fixation de la fron-
tière roumano-bulgare. Elle s'est occupée
également de délimiter celle entre la Serbie
et la Bulgarie.
Lorsqiïaprès la guerre turco-russe de
1877, au cours de laquelle l'armée roumai-
ne prit une part glorieuse aux côtés de l'ar-
rnée russe, la Bessarabie lut enlevée à la
Roumanie pour être donnée à la Russie, la
Dobroudja fut détachée de la Turquie et
accordée aux Roumains en guise de com-
pensation.
La population en est très mélangée. Les
Turcs y avaient établi des Circassiens 'mu-
sulmans fuyant la domination russe, des
Tarlares et jusqu'à des paysans d'Anatoiie.
De nombreux colons bulgares y avaient
créé des villages agricoles. Enfin, les Rou.
mains colonisèrent à leur tour le pays avec
notamment un grand nombre de leurs com-
patriotes quittant la Bessarabie. C'est en
Dobroudja que se trouve l'unique grand
port de la Roumanie, Constantza, construit
par des ingénieurs français.
Après la guerre de 1913, la Roumanie
avait obtenu la cession, par la Bulgarie,
de la partie de la Dobroudja restée bulga-
re, c'est-à-dire la ligne Turtucoi, Dobritch,
Balcik, avec le port de Kavarna et le fa-
meux quadrilatère dont Silistrie.
Les Empires Centraux s'attribuèrent,
dans le traité de Bucarest, toute la Do-
broudja, la laissant indivise. Elle est reven-
diquée aujourd'hui par les Roumains et les
Bulgares et elle a été occupée provisoire-
ment en attendant qu'il fut statué sur son
sort par les armées alliées.
6D
La sous-commission des Affaires polo-
naises a examiné" de son côté, au point de
vue territorial, les questions de Teschen et
de Ratibor.
La cojnmission des Allaires tchéco-slo-
vaques a arrêté une ligne de démarcaiion
entre la Slovaquie et le pays magyar.
Louis BRESSE
COMMUNIQUE OFFICIEL
Le conseil supérieur de guerre s'est réuni
hier à 3 heures.
La discussion a porté sur le rapport des
experts militaires, navals et aériens, relatif
au désarmement de l'ennemi.
La prochaine séance aura lieu mercredi,
à 3 heures.
Les petites puissances
Les puissances à intérêt particulier se
sont réunies cet après-midi à 3 h. 30, et ont
étudié la question de leur participation aux
commissions économique et financière.
Les préliminaires de la paix
Le Daily Mail donne les renseignements
suivants sur ce que contient le rapport du
maréchal Foch :
« Le rapport présenté par le maréchal'
Foch samedi et dont on commence la dis-
cussion aujourd'hui, ne contient pas néces-
sairement les conditions qui dtoivent figurer
finalement d'ans le traité préliminaire de
paix. Celui-ci comprendra « certaines clau-
ses politiques, territoriales et économiques
dépendant plus ou moins de la partie mili-
taire de la convention ».
CI Sans entrer dans des détails qui pour-
raient être prématurés, on peut toutefois
dire q.ue le traité préliminaire de la paix
assurera le « désarmement absolu de l'Alle-
magne », dons les limites toutefois, qui ne
laissent pas le ouvrnemnt. allemand sans
défense devant les désordres inférieurs.
« U n'y sera point seulement question de
la limitation des hommes que l AUcmagne
pourra conserver sous les armes, mais aus-
si de ses cadres et du nombre des officiera
formés dans ses écoles de guerre. Des me-
sures seront également prises au sujet des ;
stocks importants d'armement aue l'Alle-
magne a toujours à sa disposition, et un
contrôle s'exercera sur ses fabrications de
guerre.
« Les délégués ont actuellement à régler
c_es quatre grands points :
« 1. Les conditions militaires, navales et
aériennes qui doivent être imposées à l'Al-
lemagne ;
« 2. La fixation des frontières occidenta-
les et orientales de l'Allemagne ;
« 3. La question de réparation ;
« 4. L'attitude à adopter par les Alliés en
ce qui concerne l'avenir éconue de l'Al. ——
lemagne.
« En ce qui concerne la fixation des fron-
tières de l'Allemagne, il y a surtout la ques-
tion de la « rive gauctie du Rihin » qui figu-
rera dans le traité préliminaire de la paix.
Comparer à toute invasion allemande future
en Belgique et en France, l'idée de la for-
mation d'une répiublique allemande indépen-
dante sur la rive gauche du Rhin pourrait
être adoptée.
« Les Alliés continueraient à occuper les
têtes de pont du Rhin avec des dépôts dans
le voisinage jusqu'au payement par Les Al-
lemands de la somme totale à eux impo-
sée. »
L'ARMISTICE
4-
MISSION FRANÇAISE A BERLIN
On mande de Berlin : -
Le général Nudant a communiqué à la
commission allemande d'armistice que le
gouvernement français a décidé d'envoyer
à Berlin une mission de quatre ou cinq
membres dans le but d'élludier le problème
dlu ravitaillement de l'Allemagne.
DANS L'ALLEMAGNE OCCUPEE
-Une note Wolff dit :
En réponse à uine question de la commis-
sion allem-ande. d'armistice, à Spa. je général
Nudant a fait savoir que le retrait des trou-
pes françaises de Mannheim et la suspen-
sion des communications entre Mannheim et
Ludwigshafen ont été motivés nar les dé-
sordres survenus à Mannheim. Trois ba-
taillons allemands éLant arrivés dans cette
ville pour y rétablir l'ordre, les troupes
françaises ont été retirées, afin d'empêcher
qu'eues n'entrent en contact avec les trou-
pes allemandes. Dès que le calme sera ré-
tabli à Mannheim et que les troupes alle-
mandes n'y seront plus nécessaires, l'ancien
état de choses sera rétabli.
fflo
Le désaccord tcliéco-polonais
L'émotion et les protestations provoquées
par l'affaire de Teschen vont en augmen-
tant. A Prague, de grands meetings ont été
tenus, accompagnés de démonstrations con-
tre les Polonais.
Tous les bals sont interdits par le gou-
vernement pour trois journées en signe de
deuil.
Le parti politique de droit public et la
société scolaire Metice Skopska publient
des appels contenant des reproches au gou-
vernement et formulant l'espoir que le point
de vue tchéco-slovaque soit admis définiti-
vement à la Conférence de la Paix.
Les agents des S. P.
font entendre leurs doléances
+
Les fonc-tionnakes de moyenne et de mo-
deste conditions sont mécontents ; il y a une
certaine effervescence parmi eux. Pourquoi?
Parce que leurs traitements, déjà insuffi.
sants ou dérisoires avant la guerre de 1914,
sont restés au même taux, alors que les
salaires des travailleurs manuels ont subi
une évolution, une majoration en rapport
avec les nécessités créées par les circonstan-
ces.
Désireux de faire connaître les doléances
de certaines corporations, nous avons de-
mandé à M. Blin, le si actif et dévoué secré-
taire général de l'Association du personnel
de surveillance pénitentiaire, de nous dé-
peindre la situation de ses camarades. Il a
tout d'abord vivement remercié le Rappel
pour les Il bonnes dispositions qu'il mani-
feste à l'égard du prolétariat administratif x,
puis il a ajouté :
« Nous sommes des méconnus ; beaucoup
de Ins, quantité de citoyens semblent avoi*
quelques préventions injustifiées à notre en.
contre, parce qu'ils ignorent totalement ce
que nous faisons. Nous remplissons pour-
tant un rôley obscur il est vrai. mais qui,
au point, de vue social, ne manque pas de
quelque eur.
Notre service est extrêmement pénible,
démoralisant, débilitant. Nous sommes consi
tamment exposés à des risques et périls de
la part de oeux que nous surveillons. Dans
les lieux où nous accomplissons notre de-
voir, l'air, généralement trop- rare, est vi-
cié, corrompu à tel point que les constitu-
tions les plus robustes n'y résistent pu
longtemps, ne tardent pas à devenir mé-
diocres.
En considérant que ce service est d'une
durée qui va jusqu'à 13 et 14 heures dans
certains établissements ; qu'il est aggravé
par des piquets et des gardes de nuit, on
peut bien affirmer que lorsqu'on en compte
25 ans, il en a été fait en réalité pour 90
ans.
C'est surtout depuis la guerre que no.
affaires vont mal, très mal. Quelques cen-
taines de jeunes et vigoureux camarades
furent mobilisés et ne furent pas remplacés,
car il est A peine besoin de dire que, en
règle générale, des soldats de l'auxiliaire ou
(e la R. A. T. ne se sont pas souciés de
les suppléer uniquement avec leur solde mi-
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