Titre : Le Rappel / directeur gérant Albert Barbieux
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1919-03-03
Contributeur : Barbieux, Albert. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328479063
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 03 mars 1919 03 mars 1919
Description : 1919/03/03 (N17637). 1919/03/03 (N17637).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7564676q
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-43
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 09/04/2013
12 VENTOSE AN 127. - N° 17.637 1 Numéro : DIX CENTIMES LUNDI 3 MARS 1919. - Nu '¡.liJ'r
AUGUSTE VACQUERIE
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REDACTION ET ADMINISTRATION
38, Boulevard de Strasbourg. - PARIa.
TRIBUNE LIBRE
L'INDEMNITÉ
DE DÉMOBILISATION -
4
Je crains que le système
adopté par la Chambre ne sa-
tisfasse guère personne dans
le monde de nos héroïques poi-
lus, qu'on s'est ingénié, après
force palabres, à diviser en
deux catégories, d'ailleurs assez diffici-
les à déterminer : les combattants et les
Mon-combattants.
Les uns ont, en sus de l'indemnité
fixe de 250 francs, une prime mensuelle
de 20 francs ; les autres, de 15 francs.
C'est l'épaisseur d'une pièce de cent
sous qui forme la ligne de démarcation.
On aurait pu souligner d'une façon
plus généreuse cette maigre différence
entre des hommes qui, à des titres di-
vers, dans un même élan de foi et
d'énergie, ont assuré le salut du pays.
Le moyen choisi, il faut le reconnaîtr
publiquement, est loin de répondre à lai
hauteur et à la noblesse de leur acte. !
Pour réduire le chiffre des indemnités,
on a invoqué des arguments de différen-
te nature, mais tous puisés aux sources
spécieuses d'une dialectique de circons-
tances
On a d'abord invoqué l'état pléthori-
que de nos défenses, on a disserté sur le
caractère des primes à allouer, l'impor-
tance de ces primes devant évoluer se-
lon leur signification : prime au poilu
sans distinction, prime au combat-
tant, prime au non-combattant, prime
au foyer, prime à la reprise de la vie.
Qu'importe l'appellation, qu'importe
le sens donné à la prime. Ce n'est pas
une terminologie plus ou moins savante
qui peut résoudre le problème et rtem-
plir les coffres de l'Etat. Il s'agit d'un
fait pur et simple, de l'attribution d'une
indemnité raisonnable à nos poilus.
Est-elle raisonnable ? -
Toute la question est là.
Cllb
On a ensuite examiné comment on
pourrait diminuer le nombre des alloca-
taires. On a réussi.
De la présence effective des hommes
sous les drapeaux, sur laquelle se cal-
cule la prime mensuelle, on déduit le
temps de service actif pour ceux qui ont
accompli ce service depuis la guerre ; en
d'autres termes, on ne fait entrer en
compte que les mois « excédant pour
chaque mobKisé le temps où sa classe
est entrée dans la réserve de l'armée
active ».
Cette grave restriction frappe bruta-
lement les huit plus jeunes classes, elle
enlève aux classes 1912 et 1913 une par-
tie des allocations mensuelles, et aux
classes 1914, 1915, 1916, 1917, 1918,
1919, la totalité, soit, pour certaines
d'entre elles, 720 francs.
Alors que les jeunes poilus sont ainsi
'es victimes d'une telle fantaisie, les
dix-classes d'exemptés et de réformés
récupérés en vertu du décret du 9 sep-
tembre 1914 et des lois du 30 mars 1915
et du 20 février 1917, dont cependant la
presque totalité n'a pas fait de service
fcetif, vont toucher les primes mensuel-
les ! Je ne proteste pas contre l'alloca-
tion à leur profit de ces primes.
Fort des principes d'égalité et de jus-
tice, fort de ce fait que tous nos soldats,
bleuets, réservistes ou territoriaux, ont
les mêmes droits, je proteste ici, comme
je l'ai fait à la Chambre, et je m'élève
contre l'injustifiable exclusion qui frap-
pe toute une catégorie de combattants.
LAURENT CAZASSUS,
Député de la Haute-Garonne.
- »
Le projet de Ligue des Nations
attaqué en Amérique
Washington, 2 aiars. - Au Sénat, M.
Knox. un des leaaers républicains, attaque
la Société des nations qui contrevient, dit-il,
aux principes de la constitution américaine
et propose une coalition internationale qui
respecterait la doctrine de Monroe et épar-
gnerait aux Etats-Unis les chances d'être les
victimes des intrigues ou d'une agression de
l'Europe. Cette coalition déclarerait que la
guerre est un crime international et que
toute nation qui, hors le cas de légitime dé-
fense, ferait la guerre, serait châtiée com-
me un criminel international.
La coalition établirait un tribunal interna-
tional et un code international définissant la
guerre, stipulant que la juridiction du tri-
bunal ne s'étendra pas aux affaires de po-
litique gouvernementale, que les pays, des
deux hémisphères ne seront pas appelés à
imposer par la force des décisions du tri-
bunal dans l'!hém:)s'pbèœ qui n'est pas le
leur.
Quant au projet de ligue soumis à Paris,
il repousse Les puissances centrales et ce
faisant amène ces puissances à constituer
une ligue rivale pour leur protection mu-
tuelle. Ce projet-là contient des articles va-
gues d'où il résulte que la guerre est In-
lisée dans sept cas et rendue obligatoire
dans trois. Puis cette ligue enlève aux cou-
grès des Etats-Unis le droit de déclarer la
guerre, de lever des armées, d'entretenir
une flotte, enfin elle laisse les Etats-Unis
sans défense.
Wilson stigmatisera ses ennemis
On télégraphie de Washington au Daily
Mail que parmi les confidences faites par
le président Wilson à ses amis depuis son
retour en Amérique, une des plus inté t' es-
santes est qu'il se propose, quand il quit-
tera la présidence, d'écrire une histoire de
son temps dans laquelle il marquera au
fer rouge ses antagonistes d'aujourd'hui
(c pygmées de la pensée ».
Incidemment, il dit qu'il recherchera
dans le dictionnaire les mots qui convien-
nent pour stigmatiser les ennemis de la
Ligue des Nations.
La patience du président Wilson a été
sérieusement soumise à l'épreuve durant
ces derniers jours. Rarement, en effet, les
pressions politiques atteignirent à Wa-
shington un degré aussi élevé qu'au cours
d.e cette semaine.
EDITORIAL
Vandalisme
Bon, voilà nos amis et alliés
tVAngleterre pris à leur tour
de la folie destructive ! Si on
les écoutait, la flotte alleman-
de ne resterait pas aux mains
des Alliés, mais elle irait re-
joindre au fond de l'eau tous
les pauvres bateaux coulés au cours de
cette guerre par les sous-marins boches.
Et c'est principalement pour soutenir
une idée aussi saugrenue que M. Lloyd
George assisterait à la discussion des
préliminaires été paix !
Que l'on introduise une telle clause
dans un traité de paix, nous avons peine
à le croire. D'abord, parce que ce serait
s'inspirer là de procédés qui ne s'éloi.
gneraient pas beaucoup de ceux aux-
quels nous avait habitués la piraterie
boche, ensuite parce qu'en ce temps de
manque de fret on doit y regarder à
deux fois avant de détruire ce qui pour-
rait encore servir.
Faut-il croire avec l'Amirauté que les
vaisseaux allemands ne valent rienjen
tant qu'unités de combat et que désar-
més, ils deviendraient tout à fait im-
propre à suppléer aux grands transports
de la marine marchande qui nous font
tant défaut à présent?
En se rangeant à la thèse anglaise du
coulage, la France en serait la victime,
la France dont la flotte a subi des pertes
hors de proportions avec celles des au-
tres marines et qui est bien empêchée
de les réparer tout de suite en présence
de la pénurie de matériaux et de main.
d'œuvre, la France qui a à utiliser en
premier lieu ceux dont elle dispose à tout
autre chose qu'à la réfection de sa flotte.
Pour toutes ces raisons, la proposition
suggérée outre-Manche, nous paraît
manquer a priori de bon sens et ne pas
-assez tenir compte de la situation spé-
ciale qui nous serait faite par son adop-
tion. En un mot, elle est inadmissible.
Aucun plénipotentiaire français ne
saurait envisager un instant la possibi-
lité de consentir à un nouveau et pareil
sacrifice.
Libre à d'autres de se montrer dispo-
sés à ne pas revendiquer leurs droits.
Ce n'est pas le parti que nous avons à
prendre en face (['1.me Allemagne qui
sera peut-être en fin de compte insol-
vable.
Donc pas de fausse sensiblerie, pas
de coulage ! Le coulage ne serait que
du pur bolchevisme. Faisons valoir nos
droits sans restriction et prenons ce qui
nous revient ; au nom du peuple fran-
çais, prenons. 1
■»
La question des Colonies
DISCUTÉE A WEIMAR
On mande de Weimar :
Le ministre des colonies, M. Bell, déclare :
« Je puis signaler comme un rayon de
lumière dans un temps obscur le fait que
dans la. question coloniale un parfait accord
règne entre le gouvernement, le parlement
et le peuple. La patrie salue les Allemands
qui, dans l'Afrique Orientale, Par des sa-
crifices sans exemple, ont défendu chaque
pied de terre allemande contre un ennemi
fortement supérieur. Ils témoignent des ca-
pacités coloniales de l'Allemagne.
« Aussi, ce fut une arrière déception de
constater que le projet de Ligue des peu-
ples contenait, à son article premier, des
prescriptions sur les colonies allemandes
qui, sous les apparences d'une paix du
droit, représente des annexions voilées.
« Nous en appelons au sentiment de jus-
tice du président Wilson et nous espérons
que son jugement ne s'appuie pas partia-
lement sur les plaintes de nos adversaires
intéressés à l'acquisition des colonies alle-
mandes.
« Nous sommes prêts à paraître devant
un tribunal impartial pour répondre de no-
tre activité coloniale.
« Les revendications de l'Allemagne pour
la récupération de ses colonies sont incon-
testables et elle ne ipeut y renoncer. C'est
rne nécessité vitale pour un peuple de 70
millions;
« Si un organisme international comme la
Ligue des peuples doit avoir une influence
sur la répartition des colonies, cette idée
ne doit pas être limitée au peuple allemand
irais doit être appliquée à tous les peuples. »
LA CONFERENCE DE PARIS
LES QRANDES DÊLIBERATIONS
——————————— ———————————
On prévoit que les plénipotentiaires allemands
pourront être convoqués en avril
+.—-—
Ainsi que nous l'avons indiqué, le conseil
supérieur de guerre se réunira cet après-
midi, à 3 heures, au ministère des affaires
étrangères.
Le maréchal Foch et les experts militii-
res et navals alliés assisteront à la séance,
qui confortera la discussion des conditions
à imposer à l'Allemagne.
Déclarations de M. Balfour
M. Balfour a reçu les représentants de la
presse. Il leur a déclaré que la conclusion
de la paix avec l'Allemagne est le premier
pas le plus importait à faire pour assurer
la paix du monde, et cependant c'est l'opé-
ration la plus facile, car l'AHemagne n'est
pas morcelée comme l'Autriche,. et elle n'a
pas à être morcelée comme la Turquie.
AV>ant la fin du mois actuel, a dit M. Bal-
four, on pourra entrevoir cette jaix Il'éli-
minaire qui constituera un pas en avant si
important vers 'l'établissement de ia j.aix dé-
finitive.
En ce qui concerne les Etats-Unis, M Bal-
four a ajouté que leur intervention dans
la guerre a eu une importance' considérable,
mais q.ue le service rendu par eux à l'huma-
nité ne produira son plein effet qoiie si les
Américains consentent à prendre leur part
des grandes responsabilités que leur impo-
sera la paix. Le Nouveau-Monde dbit "lip.r
dans la nouvelle organisation un rôle aussi
important que celui joué dans le passé par
les nations européennes dans l'Orient moyen.
La signature du traité
On assure que les préliminaires de paix
pourront être signés entre te 14 et le 25
mars. A cette date, M. Lloyd George de-
vra retourner en Angleterre pour des rai-
sons politiques.
En raison du départ, du Premier britan-
nique, il est vraisemblable qu'une réunion
plénicre aura lieu le 25 pour lecture et rati-
fication des décisions de la Conférence
A ce moment il se passera ceci :
Les Allemands seront convoqués et on
leur montrera l'endroit où ils auront à ap-
poser leur signature. Cet événement sensa-
tionnel peut être situé aux environs du 1er
avril si tout va bien, et c'est alors seule-
ment. que s'ouvrira réellement la Confé-
rence de la paix. Tous les problèmes mon-
diaux seront passés en revue et on repar-
lera de la Ligue des Nations.
C'est dans l'intervalle qui séparera 1a
session plénière de ratification dtes déci-
sions prises par la Conférence et la séance
de signature par les Allemands que le pré-
sident Wilson se rendra en Belgique.
L'intersession sera mise à profit par les
délégations restées 1t Paris pour examiner
et trancher les problèmes de paix afférant
à l'Autriche, la Bulgarie et la Turquie.
Réunion de Commissions
Hier matin, à 10 heures, la commission
des affaires roumaines a tenu séance, sous
la présidence de M. André Tardieu.
Q
Cet après-midi, à 3 heures, les représen-
tants des puissances à intérêt particulier se
réuniront au quai d'Orsay pour prooéidier à
la désignation des cinq membres qui leur
sooL dévolus dans clmcune des commissions
économique et financière.
M. Sergent, sous-directeur de la Banque
de France, et M. J. Morel ont été désignés
comme ncond délégués die La France, le
premier à la commission financière, le se-
cond à la commission économique. On
sait que MM. Klotz et Clémente! tout partie
de ces commissions qu'Us président.
La sous-commission de la commission du
régime international des ports, voies d'eau et
voies ferrées s'est réunie au ministère des
travaux publics. Elle a discuté en seconde
lecture le projet sur la liberté du transit.
Les Roumains de Serbie
Nous recevons la lettre suivante :
L'existence dans le nord-est de la Serbie
de 350.000 Roumains, habitant en masse
compacte un territoire de plus d'e 12.000 ki-
lomètres carrés, situé entre la vallée du Ti-
mok et celle de la Morava, sur la frontière
même de la Roumanie et du Baiiat de Te-
mesivar, constitue l'un de ces problèmes qui
doivent être examinés et résolus .Dar la con-
férence de la paix. C'est au nom de ces Rou-
mains que je m'adresse à l'opinion publique
française. Fils de cette contrée roumaine,
je sollicite le concours die la presse fran-
çaise en faveur de mes frères.
Aujourd'hui que les principe® du prési-
dent Wilson ont été acceptés par tout le
monde et plus particulièrement par le peu-
ple serbe, grâce auxquels principes les You-
goslaves demandent à se réunir tous tant
qu'ils sont, en un seul EtaIt, et que les dif-
férentes fractions de la nation roumaine ont
obtenu le droit d'être rattachées à la mère-
patrie, la Roumanie, nous demandbns qu'on
applique à notre cas les mêmes principes et
que, par conséquent, nous soyons rattachés
à la Roumanie comme les autres groupes
de Roumains vivant auparavant sous la do-
mination russe ou autre-hongroise. Le peu-
pie serbe pour être conséquent à lui-même
ne pourra pas nous refuser cela.
Df ATANASIE POPOVICI,
Président du Comité Natiofïti des
Roumains de Serbie.
On dit.
--.--
En passant
Le Casque
0 casque du Poilu ! modeste casque d'acier
terne, casque petit, sans ornements.
Tu n'es pas, comme au lier temps de la chc-
valerie, te heaume où tleurit un blason sous in
panache de plumes blanches ;
Tu n'es pas surmonté d'ailes d'oiseaux de
proie ainsi que le casque de Yereingétorix et
des Sabinus, nos ancêtres ;
Un cimier d'or ou d'airain ne te rends :'as
redoutable ;
Et près des casques d'Achille et d'Agamem-
non, tu es si petit, si petit !.
Et pourtant, ô casque de gloire 1 tu es plus
grand que tous ceux-là !
Et dans les âges futurs, tu éveilleras toujours
une admiration sans borne par ta stupéfiante
simplicité même !,
Casque simple comme le héros qui t'adopta !
Héros surhumainement modeste ! qui accom-
plit tant d'actions stoïques, et nui confondit tou-
jours son nom avec celui de son frère d'armes
sous un seul terme éternellement mémorable :
« le Poilu ! »
0 petit casque d'azur gris !
C'est toi qu'on vit, en foule innombrabl.
monter à l'assaut des formidables remparts de
la barbare Tyrannie ! sous les obus, et dans l''
flammes, et dans l'atmosphère irrespirable de
cette guerre savante - et pourtant inhu-
maine !.
0 casque ! tu bravas tout H
Et les douze travaux d'Hercule sont peu M
chose auprès des mille périls affrontés par le
Poilu !.
Tout simple que tu sois, ô casque ! les yeux
admiratifs et les cœurs reconnaissants te ver-
ront toujours dans un nimbe éclatant près du-
quel pâliront les gloires les plus brillantes !
Et les palmes que nous t'offrons dans la gra-
titude infinie de notre âme te couronnent et te
parent bien plus triomphalement que ne rP.
raient les plus splendides ciselures que le génie
où l'orgueil des hommes eussent pu concevoir 1
0 casque du Poilu 1 le plus petit et le plus
grand des casques Il Gab.
?
Aujourd'hui
Jours de fête et dimanche
Une petite histoire qui lait le tour de Pa-
ris et que rapporte la Renaissance :
Une jeune Parisienne se laissait faire la
cour par un de nos amis d'Amérique. Elle
l'invite à venir la voir et les voilà tous
deux à la recherche d'un iour.
- Et dimanche ? demande l'Américain.
Que laites-vous le dimanche ?
Alors la jeune lemme, regardant posé-
ment son interlocuteur dans le blanc des
yeux :
- Le dimanche ? Jour bien i.nsupporta-
ble ! Il n'y a vraiment que deux choses à
faire et. je ne sais pas jouer au bridge,
«
Dimanche Gras
Peut-être l'animation sur les boulevards
a-t-elle été un peu plus grande que de cou-
tume ? Mais sans masques, sans confettis,
sâns cavalcades bruyantes, ce dimanche a
ressemblé étrangement aux autres diman-
ches, depuis l'armistice. En vérité, nous
sommes trop près encore des jours où le
plus beau sang de France coulait sur les
champs de bataille, pour nous livrer aux
folies du Carnaval.
Laissons donc gémir ceux qui trouvent
que Paris n'est pas d'une gaieté folle. C'est
qu'il a ses raisons que la raison com-
prend.
Le Tapin.
La vie moins chère
Les projets de M. Vilgrain ont du bon.
Mercantis et spéculateurs commencent à
prendre peur. Hier, ils ont jeté sur le mar-
ché parisien leurs réserves de lait concen-
tré et de salaison. Les prix ont immédia-
tement baissé.
Aux Halles centrales, le poisson est bon
marché. Dans nos ports, les navires char-
gés de viande frigorifiée arrivent de plus en
plus nombreux. Des dizaines de trains
transportent chaque jour à Bercy le vin du
Languedoc. C'est donc la baisse certaine,
inéluctable.
Les intermédiaires ne sont pas contents
et certains restaurateurs parisiens annon-
cent déjà qu'ils ne diminueront pas leurs
additions.
C'est ce que nous verrons.
LES INSTITUTEURS
—- -
Après les agents des P. T. T., les insti-
tuteurs vont pouvoir se syndiquer.
Le 21 février dernier, la Chambre a déci-
dé de rédiger ainsi le nouvel article 5 de la
loi de 1884.
« La présente loi est applicable aux pro-
fessions libérales, ainsi qu'aux fonctionnai-
res, employés et ouvriers de l'Etat, des dé-
partements, des communes et des services
publics, à l'exception des militaires des ar-
mées de terre et de mer, des fonctionnaires
de la police, des magistrats de l'ordre ju-
diciaire, des préfets et sous-préfets. »
Cet article aertt certainement voté par ie
Sénat puisque le ministre du Travail ira le
défendre devant la Haute : Assemblée.
Les instituteurs français en grande ma-
jorité sont partisans du syndicat. Ils trou-
vent qu,e cette forme d'association leur don-
ne plus de liberté, plus de garantie. Ils es..
pèrent voir disparaître définitivement l'ar-
bitraire. Bonne chance aux syndicats d'ins-
tituteurs.
r. EN. DEUXIEME P-4GE :
LA VIE LITTERAIRE
1. par HENRIETTE CHARASSON
Réouverture des Facultés
-.-
Tout finit par arriver, même les choses
les plus logiques. On s'étonnait jusqu'ici
que Je gouvernement n'avait pris aucune
mesure, depuis l'armistice, pour faciliter
aux jeunes mobilisés la reprise de leurs
études. Mais voici un commencement : les
Facultés de sciences, de lettres et de droit
vôixt s'ouvrir aux candidats à l'agrégation
et tous les étudiants mobilisés, quelle que
soit leur classe, à l'exception de ceux ap-
partenant , à l'armée active, pourront sui-
vre les cours'qui commenceront le 17 mars.
Ces hommes seront placés en sursis s'ils
sont hommes de troupe ou en cortgé illimité
s'ils sont officiers.
Les étudiants mobilisés remplissant les
conditions requises seront dirigés, pour le
1'5 mars, sur la ville de Faculté qu'ils dési-
gneront, sur demande écrite adressée par
eux à leurs chefs de corps ou de service,
dans laquelle ils certifieront qu'ils rem-
plissent les conditions voulues et, s'il y a
lieu, qu'ils contracteront rengagement de
servir pendant cinq ans dans l'enseigne-
ment public.
A leur arrivée à destination, ils se ren-
dront à la Faculté où il leur sera délivré,
par le doyen ou son délégué, un certificat
constatant qu'ils remplissent effectivement
toutes les conditions d'ordre universitaire
(y compris l'engagement de servir pendant
cinq ans dans l'enseignement public).
Munis de ce certificat et de leur ordre
de transport, ils se présenteront ensuite à
la place où sera réglée leur situation mili-
taire.
Les facilités qu'on vient d'accorder aux
candidats à l'agrégation, doivent être
maintenant étendues, sans retard, à tous
les autres étudiants. Si la reprise de la vie
économique est un important problème
d'après-guerre, auquel on ne saurait trop
s'intéresser, notre vie universitaire doit
aussi appeler l'aitention et la sollicitude
du gouvernement.
—: ♦ ————————————
L'attentat contre M. Clemenceau
Le capitaine .Bouohardon a entendu hier
matin le frère de Cofetin, âgé de 17 ans, qui
exeroe la profession de tourneur sur bois
et habite chez ses parents, rue de lia Con-
vention.
Le témoin a déclaré que son frère le con-
duisait fréquemment à la librairie de la
cc Plèbe » ; il a ajouté qu'il achetait beau-
coup d'e livres, et répétait souvent que le
saint social ne pourrait venir que de la Ré.
volution.
■
La question du Slesvig
»♦« ■
La délégation choisie par le Rigsdag da-
nois, composée de MM. Nerrgoord, et
Munch, membres du Folketing et une délé-
gation de Slesviicois, composée die MM. H.
P. Hanss-en, Nis Nissen, KloppenÉongj,
Skrumsagetr et Andreas Gra, sont parties
jeudi à bord du vaipeur « Fionia », pour être
à Paris pendant que se discutera la ques-
tion d.u Slesvig. Les conseillers d'Etat N. H.
Anderson et Emile Gluckstadt accompa-
gnent ces délégations pour les assister.
METZ REÇOIT
UNE DÉLÉGATION DU SÉNAT
La commission sénatoriale pour les ques-
tions d'Alsace et de Lorraine, composée de
MM. Léon Bourgeois, Bienvenu-Martin, Las
Cases, Ordinaire et Couyba, arrivée samedi
à Metz, a reçu hier après-midi à deux heu-
res à la Préfecture, une importante déléga-
tion du conseil municipal, 50SU la condtuite
de M. Pretvel, maire, puis ane députation de
la Chambre de commerce de - Metz, sous la
présidence de M. Humbert de Wendel.
Les délégations ont été présentées par M.
- Mirman. commissaire die - la République :
elles ont exposé une série de vœux conicer-
nant l'administration des services publics,
là question du Change, les relations avec la
France, le futur régime des chemins de fer
d'Alsace et de Lorraine et la canalisation de
la Moselle.
Au nom de la commission sénatoriale et
du Parlement, M. Bourgeois a donné l'assu-
rance que ces différents vœux seraient exa-
minés avec la plus grande bienveillance par
les pouvoirs publics.
« La France, a-t-il dit, connaît tout le
prix qu'il convient d'accorder aux provinces
reconquises et "a le très vif désir de leur
conserver les institutions auxquelles leurs
populations sont attachées. »
Les délégations ont acquis l'imipression
que cet échange de vues contribuera à hâ-
ter les améliorations attendues, au point dte
vue administratif et économique.
EN ALLEMAGNE
MrtNIIFÈSTE
DD GOUVERNEMENT
♦ :
Le gouvernement d'empire vient d'adres-
ser à la classe ouvrière allemande un appet
dont voici les passages essentiels :
u L'anarchie économique et l'anarchie
politique menacent de détruire l'empire. Les
terroristes veulent supprimer par tous les
moyens l'Assemblée nationale issue du peu-
ple, d'après le plus libre système électoral
qui soit. Ils veulent couper Weimar du reste
de l'empdre et frapper défininitivement l'As-
semblée nationale et le gouvernement d'em-
pire.
(c Nous déclarons que l'Assemblée natio-
nale doit poursuivre à tous prix ses tra-
vaux afin de dominer la situation économi-
que et politique dans laquelle se débat l'em-
pire. C'est un mensonge de prétendre que
l'Assemblée nationale et le gouvernement
d'empire veulent frustrer le prolétariat des
fruits de la révolution. Nous restons iné-
branlablement attachés aux principes de la
démocratie. Nous voulons assurer au peu-
ple allemand le droit de disposer de lui-mê-
me, à l'intérieur cpmme à l'extérieur.
« Les dangers économiques sont encore
plus pressants que les dangers politiques'.
Nos stocks ne nous permettent pas d'ali-
menter l'empire jusqu'à la prochaine récol-
te. Le blocus ronge nos moëlles. Des mil-
liers d'Allemands meurent de sous-alimen-
tation. D'innombrables fabriques sont arrê-
tées et le nombre des chômeurs s'accroit.
Le travail seul peut nous sauver : toutes les
grèves nous rapprochent de l'abîme.
cc Dans l'Allemagne nouvelle, le travail est
Ln devoir social: nous réprimerons l'oisi-
veté et les vices qu'elle engendre. Nous com-
battrons sans pitié toute contrainte et toute
terreur, toutes les vies humaines nous sont
sacrées. La révolution' n'autorise pas les
faits de violence et de meurtre. Après quel-
ques années d'une .guerre affreuse qui a
anéanti tant de valeurs et qui a fait couler
une mer de sang, nous ne voulons pas que
la guerre civile vienne dévaster notre pa-
trie. Une majorité de 22 millions d'élec-
teurs a convoqué le gouvernement d'empire.
Que le peuple tout entier s'allie avec nous
contre la violence ! »
La situation politique
D'après les dernières dépêches, le gouver-
nement cherche toujours un compromis rpii
permette de donner dans la constitution 'I,
place aux conseils d'ouvriers. La sohi" n
proposée serait de fonder des chambrc de
travail à côté des-administrations des com-
munes, des Etats et die l'Empiré. Les Cham-
bres auraient le droit de veto sur toutes les
mesures prises par les autorités et, de même
que l'Assemblée nationale, pourraient ré-
clamer le referendum. Par ces questions,
dont on ne saurait méconnaître la portée, le
gouvernement espère éviter la grève géné-
rale préparée à Berlin pour le 5 mars.
<4
Berne, 2 mars. - On apprend que la re-
prise du travail a commencé dans le bas-
sin de la Ruhr et le calme relatif qui sem.
ble devoir se rétablir en Bavière et en AUe-
magme centrale constitue un apaisement pour
la population.
En même temps, on prévoit un crédit de
deux millions de marks dans le budget de
guerre pour remédier à la crise des loge-
ments.
On annonce que tous les conseils de sol-
dats de l'Empire, qui devaient se réunir à
Berlin fin mars, se réurniront dans le com-
mencement du mois.
En l'honneur de Victor Hugo
UNE IMPOSANTE CÉRÉMONIE SE DÉROULE A LA SORBONNE
I L'ŒUVRB PATRIOTIQUE DU POÈTE
- 0 0
Victor Hugo, l'apôtre de la paix et le
chanteur de l'espérance, Victor Hugo, le
prophète de la victoire, Victor Hugo que
le Rappel s'honore enfin de compter parmi
ses fondateurs, a eu sa fête, hier, à la
Sorbonne. La manifestation qui avait été
organisée à l'occasion du 117e anniversai-
re dée la naissance du grand poète, fut
présidée par M. Lafferre. ministre de l'Ins-
truction publique, entouré de MM. Maurice
Barrès, député : Chassaigne-Goyon, - vice-
président du Conseil municipal de Paris ;
Aulard, professeur à la Sorbonne : Léon
Bobelin, secrétaire général de la Ligue de
l'Enseignement; Mme Amédée Mesureur,
cice-présidente de la Société Victor-Hugo,
etc., etc.
Après le dévoilement du buste du poète,
œuvre de Lucien Pallez, auteur du monu-
ment de Victor Hugo à Rome, M. Léon Ro-
belin, dans un discours très écouté, a évo-
qué ces paroles prophétiques prononcées le
1er mars 1871, à l'Assemblée nationale de
Bordeaux, par Victor Hugo, alors député
de la Seine :
a Oh ! une heure sonnera. Nous la sen-
tons venir, cette revanche prodigieuse.
Nous entendons dès à présent notre triom-
phant avenir marcher à grands pas dans
l'Histoire. Oui, dès demain, la France n'au-
ra plus qu'une pensée : se recueillir, se re-
poser dans la rêverie redoutable du déses-
poir ; reprendre des forces ; élever ses en-
fants. nourrir de saintes colères ces petits
qui deviendront grands ; forger ces canons
et former des citoyens ; créer une armée
qui soit un peuple' ; appeler la science au
secours de la guerre ; se fortifier, s'affer-
mir, se régénérer redevenir la grande
France de 92, la France de l'idée et La Fran-
ce de l'épée.
« Puis tout à coup, un jour, elle se redres-
sera; ! Oh ! elle sera formidable ; on la
'\1 erra, d'un bond, ressaisir la Lorraine, res-
saisir l'Alsace ! Est-ce tout ? Non ! non !
saisir - écoutez-moi - saisir Trêves,
Mayence, Cologne, Coblentz. toute la rive
gauche du Rhin. Et on entendua la France
C'riw : [c C'est mon tou'r ! Allemagne, me
voilà ! M
L'orateur a montré ainsi Pourquoi la Li-
gue française de l'enseignement, « fille de
l'Alsace, Jean Macé lui ayant donné le jour
dans ce petit village de Beblenheim qui son-
ne au oreilles comme le nom de Bethléem »,
et La Société Victor Hugo ont organisé cette
manifestation pour célébrer la mémoire du
poète de la patrie, le grand visionnaire de
génie qui prédit la vengeance et La justice
aux faibles, aux peuples opprimés, à l'Al-
sace-Lorraine, à la Pologne, à la Serbie, et
qui annonça même la future Société des
Nations.
DISCOURS DB M. BARRES
Prenant la parole à son touT M. Maurice
Barrés a exalté le génie du « grand hom-
me de lettres autour de qui peut se consti-
tuer l'union sacrée ». Mais Victor Hugo
était d'une famille lorraine. Son père défen-
dit Thionville, et lui-même défendit la Lor-
raine et l'Alsace à l'Assemblée de Bor-
deaux : « J'ai tâché de faire avec la parole
ce que mon père faisait avec l'épée. o
« Il n'y a pas de visionnaire plus intense
que Victor Hugo dans toute notre littératu-
re, dit ensuite l'orateur. Il fut toute sa vie
l'homme d'une marche, le défenseur de la
France de l'est contre l'invasion germani-
que. Il a protesté jusqu'à sa mort contre te
traité de 1871. Il avait protesté contre les
traités de 1815.
(t La Prusse a poursuivi l'annexion de la
France de l'est en trois temps. Si elle s'est
jetée sur nous en 1914, c'était pour parache-
ver son œuvre de 1871 et de 1815. Dès 1815,
en s'installant sur la rive gauche du Rhin
et en nous prenant Sarrelouis et Landau,
elle commençait l'exécution du plan qui
réussit en 1871 et que nos armées viennent
miraculeusement de ruiner. Nous n'allons
tout de même pas courir de nouveau la
chance des batailles de la Marne ? Il nous
faut la barrière du: Rhin. Là-dessus, les
textes de Hugo sont formels.
« Et les paroles que le député à l'Assem-
Méee nationale prononçait le 1er mars 1871i
s'accordent avec ces lignes que l'auteur dut
Rhin écrivait en juillet 1838 : « La situation
(de nos anciens départements rhénans) est
évidemment factice, violente, contre nature
et par conséquent momentanée. La Fran-
ce reviendra à sa forme normale et à sew
proportions nécessaires. Dans un temps
donné, la France aura sa part du Rhin et
ses flrofntièresi naturelles. Cette solution
constituera l'Europe, sauvera la sociabili-
té humaine et fondera la paix définitive. »
« Une tâche nouvelle nous est assignée,
maintenant que Metz et Strasbourg sont
restitués à leur véritable destin. Cette tA-
AUGUSTE VACQUERIE
Fondateur (1869)
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Nord : 24-90, 24-91
Après 10 h. du soir : GUTENBERG O®-70
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S'adresser au RA PPEL-PVBLICITE
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FRANCE & Colonies.. 20 » 11 » 6 à
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REDACTION ET ADMINISTRATION
38, Boulevard de Strasbourg. - PARIa.
TRIBUNE LIBRE
L'INDEMNITÉ
DE DÉMOBILISATION -
4
Je crains que le système
adopté par la Chambre ne sa-
tisfasse guère personne dans
le monde de nos héroïques poi-
lus, qu'on s'est ingénié, après
force palabres, à diviser en
deux catégories, d'ailleurs assez diffici-
les à déterminer : les combattants et les
Mon-combattants.
Les uns ont, en sus de l'indemnité
fixe de 250 francs, une prime mensuelle
de 20 francs ; les autres, de 15 francs.
C'est l'épaisseur d'une pièce de cent
sous qui forme la ligne de démarcation.
On aurait pu souligner d'une façon
plus généreuse cette maigre différence
entre des hommes qui, à des titres di-
vers, dans un même élan de foi et
d'énergie, ont assuré le salut du pays.
Le moyen choisi, il faut le reconnaîtr
publiquement, est loin de répondre à lai
hauteur et à la noblesse de leur acte. !
Pour réduire le chiffre des indemnités,
on a invoqué des arguments de différen-
te nature, mais tous puisés aux sources
spécieuses d'une dialectique de circons-
tances
On a d'abord invoqué l'état pléthori-
que de nos défenses, on a disserté sur le
caractère des primes à allouer, l'impor-
tance de ces primes devant évoluer se-
lon leur signification : prime au poilu
sans distinction, prime au combat-
tant, prime au non-combattant, prime
au foyer, prime à la reprise de la vie.
Qu'importe l'appellation, qu'importe
le sens donné à la prime. Ce n'est pas
une terminologie plus ou moins savante
qui peut résoudre le problème et rtem-
plir les coffres de l'Etat. Il s'agit d'un
fait pur et simple, de l'attribution d'une
indemnité raisonnable à nos poilus.
Est-elle raisonnable ? -
Toute la question est là.
Cllb
On a ensuite examiné comment on
pourrait diminuer le nombre des alloca-
taires. On a réussi.
De la présence effective des hommes
sous les drapeaux, sur laquelle se cal-
cule la prime mensuelle, on déduit le
temps de service actif pour ceux qui ont
accompli ce service depuis la guerre ; en
d'autres termes, on ne fait entrer en
compte que les mois « excédant pour
chaque mobKisé le temps où sa classe
est entrée dans la réserve de l'armée
active ».
Cette grave restriction frappe bruta-
lement les huit plus jeunes classes, elle
enlève aux classes 1912 et 1913 une par-
tie des allocations mensuelles, et aux
classes 1914, 1915, 1916, 1917, 1918,
1919, la totalité, soit, pour certaines
d'entre elles, 720 francs.
Alors que les jeunes poilus sont ainsi
'es victimes d'une telle fantaisie, les
dix-classes d'exemptés et de réformés
récupérés en vertu du décret du 9 sep-
tembre 1914 et des lois du 30 mars 1915
et du 20 février 1917, dont cependant la
presque totalité n'a pas fait de service
fcetif, vont toucher les primes mensuel-
les ! Je ne proteste pas contre l'alloca-
tion à leur profit de ces primes.
Fort des principes d'égalité et de jus-
tice, fort de ce fait que tous nos soldats,
bleuets, réservistes ou territoriaux, ont
les mêmes droits, je proteste ici, comme
je l'ai fait à la Chambre, et je m'élève
contre l'injustifiable exclusion qui frap-
pe toute une catégorie de combattants.
LAURENT CAZASSUS,
Député de la Haute-Garonne.
- »
Le projet de Ligue des Nations
attaqué en Amérique
Washington, 2 aiars. - Au Sénat, M.
Knox. un des leaaers républicains, attaque
la Société des nations qui contrevient, dit-il,
aux principes de la constitution américaine
et propose une coalition internationale qui
respecterait la doctrine de Monroe et épar-
gnerait aux Etats-Unis les chances d'être les
victimes des intrigues ou d'une agression de
l'Europe. Cette coalition déclarerait que la
guerre est un crime international et que
toute nation qui, hors le cas de légitime dé-
fense, ferait la guerre, serait châtiée com-
me un criminel international.
La coalition établirait un tribunal interna-
tional et un code international définissant la
guerre, stipulant que la juridiction du tri-
bunal ne s'étendra pas aux affaires de po-
litique gouvernementale, que les pays, des
deux hémisphères ne seront pas appelés à
imposer par la force des décisions du tri-
bunal dans l'!hém:)s'pbèœ qui n'est pas le
leur.
Quant au projet de ligue soumis à Paris,
il repousse Les puissances centrales et ce
faisant amène ces puissances à constituer
une ligue rivale pour leur protection mu-
tuelle. Ce projet-là contient des articles va-
gues d'où il résulte que la guerre est In-
lisée dans sept cas et rendue obligatoire
dans trois. Puis cette ligue enlève aux cou-
grès des Etats-Unis le droit de déclarer la
guerre, de lever des armées, d'entretenir
une flotte, enfin elle laisse les Etats-Unis
sans défense.
Wilson stigmatisera ses ennemis
On télégraphie de Washington au Daily
Mail que parmi les confidences faites par
le président Wilson à ses amis depuis son
retour en Amérique, une des plus inté t' es-
santes est qu'il se propose, quand il quit-
tera la présidence, d'écrire une histoire de
son temps dans laquelle il marquera au
fer rouge ses antagonistes d'aujourd'hui
(c pygmées de la pensée ».
Incidemment, il dit qu'il recherchera
dans le dictionnaire les mots qui convien-
nent pour stigmatiser les ennemis de la
Ligue des Nations.
La patience du président Wilson a été
sérieusement soumise à l'épreuve durant
ces derniers jours. Rarement, en effet, les
pressions politiques atteignirent à Wa-
shington un degré aussi élevé qu'au cours
d.e cette semaine.
EDITORIAL
Vandalisme
Bon, voilà nos amis et alliés
tVAngleterre pris à leur tour
de la folie destructive ! Si on
les écoutait, la flotte alleman-
de ne resterait pas aux mains
des Alliés, mais elle irait re-
joindre au fond de l'eau tous
les pauvres bateaux coulés au cours de
cette guerre par les sous-marins boches.
Et c'est principalement pour soutenir
une idée aussi saugrenue que M. Lloyd
George assisterait à la discussion des
préliminaires été paix !
Que l'on introduise une telle clause
dans un traité de paix, nous avons peine
à le croire. D'abord, parce que ce serait
s'inspirer là de procédés qui ne s'éloi.
gneraient pas beaucoup de ceux aux-
quels nous avait habitués la piraterie
boche, ensuite parce qu'en ce temps de
manque de fret on doit y regarder à
deux fois avant de détruire ce qui pour-
rait encore servir.
Faut-il croire avec l'Amirauté que les
vaisseaux allemands ne valent rienjen
tant qu'unités de combat et que désar-
més, ils deviendraient tout à fait im-
propre à suppléer aux grands transports
de la marine marchande qui nous font
tant défaut à présent?
En se rangeant à la thèse anglaise du
coulage, la France en serait la victime,
la France dont la flotte a subi des pertes
hors de proportions avec celles des au-
tres marines et qui est bien empêchée
de les réparer tout de suite en présence
de la pénurie de matériaux et de main.
d'œuvre, la France qui a à utiliser en
premier lieu ceux dont elle dispose à tout
autre chose qu'à la réfection de sa flotte.
Pour toutes ces raisons, la proposition
suggérée outre-Manche, nous paraît
manquer a priori de bon sens et ne pas
-assez tenir compte de la situation spé-
ciale qui nous serait faite par son adop-
tion. En un mot, elle est inadmissible.
Aucun plénipotentiaire français ne
saurait envisager un instant la possibi-
lité de consentir à un nouveau et pareil
sacrifice.
Libre à d'autres de se montrer dispo-
sés à ne pas revendiquer leurs droits.
Ce n'est pas le parti que nous avons à
prendre en face (['1.me Allemagne qui
sera peut-être en fin de compte insol-
vable.
Donc pas de fausse sensiblerie, pas
de coulage ! Le coulage ne serait que
du pur bolchevisme. Faisons valoir nos
droits sans restriction et prenons ce qui
nous revient ; au nom du peuple fran-
çais, prenons. 1
■»
La question des Colonies
DISCUTÉE A WEIMAR
On mande de Weimar :
Le ministre des colonies, M. Bell, déclare :
« Je puis signaler comme un rayon de
lumière dans un temps obscur le fait que
dans la. question coloniale un parfait accord
règne entre le gouvernement, le parlement
et le peuple. La patrie salue les Allemands
qui, dans l'Afrique Orientale, Par des sa-
crifices sans exemple, ont défendu chaque
pied de terre allemande contre un ennemi
fortement supérieur. Ils témoignent des ca-
pacités coloniales de l'Allemagne.
« Aussi, ce fut une arrière déception de
constater que le projet de Ligue des peu-
ples contenait, à son article premier, des
prescriptions sur les colonies allemandes
qui, sous les apparences d'une paix du
droit, représente des annexions voilées.
« Nous en appelons au sentiment de jus-
tice du président Wilson et nous espérons
que son jugement ne s'appuie pas partia-
lement sur les plaintes de nos adversaires
intéressés à l'acquisition des colonies alle-
mandes.
« Nous sommes prêts à paraître devant
un tribunal impartial pour répondre de no-
tre activité coloniale.
« Les revendications de l'Allemagne pour
la récupération de ses colonies sont incon-
testables et elle ne ipeut y renoncer. C'est
rne nécessité vitale pour un peuple de 70
millions;
« Si un organisme international comme la
Ligue des peuples doit avoir une influence
sur la répartition des colonies, cette idée
ne doit pas être limitée au peuple allemand
irais doit être appliquée à tous les peuples. »
LA CONFERENCE DE PARIS
LES QRANDES DÊLIBERATIONS
——————————— ———————————
On prévoit que les plénipotentiaires allemands
pourront être convoqués en avril
+.—-—
Ainsi que nous l'avons indiqué, le conseil
supérieur de guerre se réunira cet après-
midi, à 3 heures, au ministère des affaires
étrangères.
Le maréchal Foch et les experts militii-
res et navals alliés assisteront à la séance,
qui confortera la discussion des conditions
à imposer à l'Allemagne.
Déclarations de M. Balfour
M. Balfour a reçu les représentants de la
presse. Il leur a déclaré que la conclusion
de la paix avec l'Allemagne est le premier
pas le plus importait à faire pour assurer
la paix du monde, et cependant c'est l'opé-
ration la plus facile, car l'AHemagne n'est
pas morcelée comme l'Autriche,. et elle n'a
pas à être morcelée comme la Turquie.
AV>ant la fin du mois actuel, a dit M. Bal-
four, on pourra entrevoir cette jaix Il'éli-
minaire qui constituera un pas en avant si
important vers 'l'établissement de ia j.aix dé-
finitive.
En ce qui concerne les Etats-Unis, M Bal-
four a ajouté que leur intervention dans
la guerre a eu une importance' considérable,
mais q.ue le service rendu par eux à l'huma-
nité ne produira son plein effet qoiie si les
Américains consentent à prendre leur part
des grandes responsabilités que leur impo-
sera la paix. Le Nouveau-Monde dbit "lip.r
dans la nouvelle organisation un rôle aussi
important que celui joué dans le passé par
les nations européennes dans l'Orient moyen.
La signature du traité
On assure que les préliminaires de paix
pourront être signés entre te 14 et le 25
mars. A cette date, M. Lloyd George de-
vra retourner en Angleterre pour des rai-
sons politiques.
En raison du départ, du Premier britan-
nique, il est vraisemblable qu'une réunion
plénicre aura lieu le 25 pour lecture et rati-
fication des décisions de la Conférence
A ce moment il se passera ceci :
Les Allemands seront convoqués et on
leur montrera l'endroit où ils auront à ap-
poser leur signature. Cet événement sensa-
tionnel peut être situé aux environs du 1er
avril si tout va bien, et c'est alors seule-
ment. que s'ouvrira réellement la Confé-
rence de la paix. Tous les problèmes mon-
diaux seront passés en revue et on repar-
lera de la Ligue des Nations.
C'est dans l'intervalle qui séparera 1a
session plénière de ratification dtes déci-
sions prises par la Conférence et la séance
de signature par les Allemands que le pré-
sident Wilson se rendra en Belgique.
L'intersession sera mise à profit par les
délégations restées 1t Paris pour examiner
et trancher les problèmes de paix afférant
à l'Autriche, la Bulgarie et la Turquie.
Réunion de Commissions
Hier matin, à 10 heures, la commission
des affaires roumaines a tenu séance, sous
la présidence de M. André Tardieu.
Q
Cet après-midi, à 3 heures, les représen-
tants des puissances à intérêt particulier se
réuniront au quai d'Orsay pour prooéidier à
la désignation des cinq membres qui leur
sooL dévolus dans clmcune des commissions
économique et financière.
M. Sergent, sous-directeur de la Banque
de France, et M. J. Morel ont été désignés
comme ncond délégués die La France, le
premier à la commission financière, le se-
cond à la commission économique. On
sait que MM. Klotz et Clémente! tout partie
de ces commissions qu'Us président.
La sous-commission de la commission du
régime international des ports, voies d'eau et
voies ferrées s'est réunie au ministère des
travaux publics. Elle a discuté en seconde
lecture le projet sur la liberté du transit.
Les Roumains de Serbie
Nous recevons la lettre suivante :
L'existence dans le nord-est de la Serbie
de 350.000 Roumains, habitant en masse
compacte un territoire de plus d'e 12.000 ki-
lomètres carrés, situé entre la vallée du Ti-
mok et celle de la Morava, sur la frontière
même de la Roumanie et du Baiiat de Te-
mesivar, constitue l'un de ces problèmes qui
doivent être examinés et résolus .Dar la con-
férence de la paix. C'est au nom de ces Rou-
mains que je m'adresse à l'opinion publique
française. Fils de cette contrée roumaine,
je sollicite le concours die la presse fran-
çaise en faveur de mes frères.
Aujourd'hui que les principe® du prési-
dent Wilson ont été acceptés par tout le
monde et plus particulièrement par le peu-
ple serbe, grâce auxquels principes les You-
goslaves demandent à se réunir tous tant
qu'ils sont, en un seul EtaIt, et que les dif-
férentes fractions de la nation roumaine ont
obtenu le droit d'être rattachées à la mère-
patrie, la Roumanie, nous demandbns qu'on
applique à notre cas les mêmes principes et
que, par conséquent, nous soyons rattachés
à la Roumanie comme les autres groupes
de Roumains vivant auparavant sous la do-
mination russe ou autre-hongroise. Le peu-
pie serbe pour être conséquent à lui-même
ne pourra pas nous refuser cela.
Df ATANASIE POPOVICI,
Président du Comité Natiofïti des
Roumains de Serbie.
On dit.
--.--
En passant
Le Casque
0 casque du Poilu ! modeste casque d'acier
terne, casque petit, sans ornements.
Tu n'es pas, comme au lier temps de la chc-
valerie, te heaume où tleurit un blason sous in
panache de plumes blanches ;
Tu n'es pas surmonté d'ailes d'oiseaux de
proie ainsi que le casque de Yereingétorix et
des Sabinus, nos ancêtres ;
Un cimier d'or ou d'airain ne te rends :'as
redoutable ;
Et près des casques d'Achille et d'Agamem-
non, tu es si petit, si petit !.
Et pourtant, ô casque de gloire 1 tu es plus
grand que tous ceux-là !
Et dans les âges futurs, tu éveilleras toujours
une admiration sans borne par ta stupéfiante
simplicité même !,
Casque simple comme le héros qui t'adopta !
Héros surhumainement modeste ! qui accom-
plit tant d'actions stoïques, et nui confondit tou-
jours son nom avec celui de son frère d'armes
sous un seul terme éternellement mémorable :
« le Poilu ! »
0 petit casque d'azur gris !
C'est toi qu'on vit, en foule innombrabl.
monter à l'assaut des formidables remparts de
la barbare Tyrannie ! sous les obus, et dans l''
flammes, et dans l'atmosphère irrespirable de
cette guerre savante - et pourtant inhu-
maine !.
0 casque ! tu bravas tout H
Et les douze travaux d'Hercule sont peu M
chose auprès des mille périls affrontés par le
Poilu !.
Tout simple que tu sois, ô casque ! les yeux
admiratifs et les cœurs reconnaissants te ver-
ront toujours dans un nimbe éclatant près du-
quel pâliront les gloires les plus brillantes !
Et les palmes que nous t'offrons dans la gra-
titude infinie de notre âme te couronnent et te
parent bien plus triomphalement que ne rP.
raient les plus splendides ciselures que le génie
où l'orgueil des hommes eussent pu concevoir 1
0 casque du Poilu 1 le plus petit et le plus
grand des casques Il Gab.
?
Aujourd'hui
Jours de fête et dimanche
Une petite histoire qui lait le tour de Pa-
ris et que rapporte la Renaissance :
Une jeune Parisienne se laissait faire la
cour par un de nos amis d'Amérique. Elle
l'invite à venir la voir et les voilà tous
deux à la recherche d'un iour.
- Et dimanche ? demande l'Américain.
Que laites-vous le dimanche ?
Alors la jeune lemme, regardant posé-
ment son interlocuteur dans le blanc des
yeux :
- Le dimanche ? Jour bien i.nsupporta-
ble ! Il n'y a vraiment que deux choses à
faire et. je ne sais pas jouer au bridge,
«
Dimanche Gras
Peut-être l'animation sur les boulevards
a-t-elle été un peu plus grande que de cou-
tume ? Mais sans masques, sans confettis,
sâns cavalcades bruyantes, ce dimanche a
ressemblé étrangement aux autres diman-
ches, depuis l'armistice. En vérité, nous
sommes trop près encore des jours où le
plus beau sang de France coulait sur les
champs de bataille, pour nous livrer aux
folies du Carnaval.
Laissons donc gémir ceux qui trouvent
que Paris n'est pas d'une gaieté folle. C'est
qu'il a ses raisons que la raison com-
prend.
Le Tapin.
La vie moins chère
Les projets de M. Vilgrain ont du bon.
Mercantis et spéculateurs commencent à
prendre peur. Hier, ils ont jeté sur le mar-
ché parisien leurs réserves de lait concen-
tré et de salaison. Les prix ont immédia-
tement baissé.
Aux Halles centrales, le poisson est bon
marché. Dans nos ports, les navires char-
gés de viande frigorifiée arrivent de plus en
plus nombreux. Des dizaines de trains
transportent chaque jour à Bercy le vin du
Languedoc. C'est donc la baisse certaine,
inéluctable.
Les intermédiaires ne sont pas contents
et certains restaurateurs parisiens annon-
cent déjà qu'ils ne diminueront pas leurs
additions.
C'est ce que nous verrons.
LES INSTITUTEURS
—- -
Après les agents des P. T. T., les insti-
tuteurs vont pouvoir se syndiquer.
Le 21 février dernier, la Chambre a déci-
dé de rédiger ainsi le nouvel article 5 de la
loi de 1884.
« La présente loi est applicable aux pro-
fessions libérales, ainsi qu'aux fonctionnai-
res, employés et ouvriers de l'Etat, des dé-
partements, des communes et des services
publics, à l'exception des militaires des ar-
mées de terre et de mer, des fonctionnaires
de la police, des magistrats de l'ordre ju-
diciaire, des préfets et sous-préfets. »
Cet article aertt certainement voté par ie
Sénat puisque le ministre du Travail ira le
défendre devant la Haute : Assemblée.
Les instituteurs français en grande ma-
jorité sont partisans du syndicat. Ils trou-
vent qu,e cette forme d'association leur don-
ne plus de liberté, plus de garantie. Ils es..
pèrent voir disparaître définitivement l'ar-
bitraire. Bonne chance aux syndicats d'ins-
tituteurs.
r. EN. DEUXIEME P-4GE :
LA VIE LITTERAIRE
1. par HENRIETTE CHARASSON
Réouverture des Facultés
-.-
Tout finit par arriver, même les choses
les plus logiques. On s'étonnait jusqu'ici
que Je gouvernement n'avait pris aucune
mesure, depuis l'armistice, pour faciliter
aux jeunes mobilisés la reprise de leurs
études. Mais voici un commencement : les
Facultés de sciences, de lettres et de droit
vôixt s'ouvrir aux candidats à l'agrégation
et tous les étudiants mobilisés, quelle que
soit leur classe, à l'exception de ceux ap-
partenant , à l'armée active, pourront sui-
vre les cours'qui commenceront le 17 mars.
Ces hommes seront placés en sursis s'ils
sont hommes de troupe ou en cortgé illimité
s'ils sont officiers.
Les étudiants mobilisés remplissant les
conditions requises seront dirigés, pour le
1'5 mars, sur la ville de Faculté qu'ils dési-
gneront, sur demande écrite adressée par
eux à leurs chefs de corps ou de service,
dans laquelle ils certifieront qu'ils rem-
plissent les conditions voulues et, s'il y a
lieu, qu'ils contracteront rengagement de
servir pendant cinq ans dans l'enseigne-
ment public.
A leur arrivée à destination, ils se ren-
dront à la Faculté où il leur sera délivré,
par le doyen ou son délégué, un certificat
constatant qu'ils remplissent effectivement
toutes les conditions d'ordre universitaire
(y compris l'engagement de servir pendant
cinq ans dans l'enseignement public).
Munis de ce certificat et de leur ordre
de transport, ils se présenteront ensuite à
la place où sera réglée leur situation mili-
taire.
Les facilités qu'on vient d'accorder aux
candidats à l'agrégation, doivent être
maintenant étendues, sans retard, à tous
les autres étudiants. Si la reprise de la vie
économique est un important problème
d'après-guerre, auquel on ne saurait trop
s'intéresser, notre vie universitaire doit
aussi appeler l'aitention et la sollicitude
du gouvernement.
—: ♦ ————————————
L'attentat contre M. Clemenceau
Le capitaine .Bouohardon a entendu hier
matin le frère de Cofetin, âgé de 17 ans, qui
exeroe la profession de tourneur sur bois
et habite chez ses parents, rue de lia Con-
vention.
Le témoin a déclaré que son frère le con-
duisait fréquemment à la librairie de la
cc Plèbe » ; il a ajouté qu'il achetait beau-
coup d'e livres, et répétait souvent que le
saint social ne pourrait venir que de la Ré.
volution.
■
La question du Slesvig
»♦« ■
La délégation choisie par le Rigsdag da-
nois, composée de MM. Nerrgoord, et
Munch, membres du Folketing et une délé-
gation de Slesviicois, composée die MM. H.
P. Hanss-en, Nis Nissen, KloppenÉongj,
Skrumsagetr et Andreas Gra, sont parties
jeudi à bord du vaipeur « Fionia », pour être
à Paris pendant que se discutera la ques-
tion d.u Slesvig. Les conseillers d'Etat N. H.
Anderson et Emile Gluckstadt accompa-
gnent ces délégations pour les assister.
METZ REÇOIT
UNE DÉLÉGATION DU SÉNAT
La commission sénatoriale pour les ques-
tions d'Alsace et de Lorraine, composée de
MM. Léon Bourgeois, Bienvenu-Martin, Las
Cases, Ordinaire et Couyba, arrivée samedi
à Metz, a reçu hier après-midi à deux heu-
res à la Préfecture, une importante déléga-
tion du conseil municipal, 50SU la condtuite
de M. Pretvel, maire, puis ane députation de
la Chambre de commerce de - Metz, sous la
présidence de M. Humbert de Wendel.
Les délégations ont été présentées par M.
- Mirman. commissaire die - la République :
elles ont exposé une série de vœux conicer-
nant l'administration des services publics,
là question du Change, les relations avec la
France, le futur régime des chemins de fer
d'Alsace et de Lorraine et la canalisation de
la Moselle.
Au nom de la commission sénatoriale et
du Parlement, M. Bourgeois a donné l'assu-
rance que ces différents vœux seraient exa-
minés avec la plus grande bienveillance par
les pouvoirs publics.
« La France, a-t-il dit, connaît tout le
prix qu'il convient d'accorder aux provinces
reconquises et "a le très vif désir de leur
conserver les institutions auxquelles leurs
populations sont attachées. »
Les délégations ont acquis l'imipression
que cet échange de vues contribuera à hâ-
ter les améliorations attendues, au point dte
vue administratif et économique.
EN ALLEMAGNE
MrtNIIFÈSTE
DD GOUVERNEMENT
♦ :
Le gouvernement d'empire vient d'adres-
ser à la classe ouvrière allemande un appet
dont voici les passages essentiels :
u L'anarchie économique et l'anarchie
politique menacent de détruire l'empire. Les
terroristes veulent supprimer par tous les
moyens l'Assemblée nationale issue du peu-
ple, d'après le plus libre système électoral
qui soit. Ils veulent couper Weimar du reste
de l'empdre et frapper défininitivement l'As-
semblée nationale et le gouvernement d'em-
pire.
(c Nous déclarons que l'Assemblée natio-
nale doit poursuivre à tous prix ses tra-
vaux afin de dominer la situation économi-
que et politique dans laquelle se débat l'em-
pire. C'est un mensonge de prétendre que
l'Assemblée nationale et le gouvernement
d'empire veulent frustrer le prolétariat des
fruits de la révolution. Nous restons iné-
branlablement attachés aux principes de la
démocratie. Nous voulons assurer au peu-
ple allemand le droit de disposer de lui-mê-
me, à l'intérieur cpmme à l'extérieur.
« Les dangers économiques sont encore
plus pressants que les dangers politiques'.
Nos stocks ne nous permettent pas d'ali-
menter l'empire jusqu'à la prochaine récol-
te. Le blocus ronge nos moëlles. Des mil-
liers d'Allemands meurent de sous-alimen-
tation. D'innombrables fabriques sont arrê-
tées et le nombre des chômeurs s'accroit.
Le travail seul peut nous sauver : toutes les
grèves nous rapprochent de l'abîme.
cc Dans l'Allemagne nouvelle, le travail est
Ln devoir social: nous réprimerons l'oisi-
veté et les vices qu'elle engendre. Nous com-
battrons sans pitié toute contrainte et toute
terreur, toutes les vies humaines nous sont
sacrées. La révolution' n'autorise pas les
faits de violence et de meurtre. Après quel-
ques années d'une .guerre affreuse qui a
anéanti tant de valeurs et qui a fait couler
une mer de sang, nous ne voulons pas que
la guerre civile vienne dévaster notre pa-
trie. Une majorité de 22 millions d'élec-
teurs a convoqué le gouvernement d'empire.
Que le peuple tout entier s'allie avec nous
contre la violence ! »
La situation politique
D'après les dernières dépêches, le gouver-
nement cherche toujours un compromis rpii
permette de donner dans la constitution 'I,
place aux conseils d'ouvriers. La sohi" n
proposée serait de fonder des chambrc de
travail à côté des-administrations des com-
munes, des Etats et die l'Empiré. Les Cham-
bres auraient le droit de veto sur toutes les
mesures prises par les autorités et, de même
que l'Assemblée nationale, pourraient ré-
clamer le referendum. Par ces questions,
dont on ne saurait méconnaître la portée, le
gouvernement espère éviter la grève géné-
rale préparée à Berlin pour le 5 mars.
<4
Berne, 2 mars. - On apprend que la re-
prise du travail a commencé dans le bas-
sin de la Ruhr et le calme relatif qui sem.
ble devoir se rétablir en Bavière et en AUe-
magme centrale constitue un apaisement pour
la population.
En même temps, on prévoit un crédit de
deux millions de marks dans le budget de
guerre pour remédier à la crise des loge-
ments.
On annonce que tous les conseils de sol-
dats de l'Empire, qui devaient se réunir à
Berlin fin mars, se réurniront dans le com-
mencement du mois.
En l'honneur de Victor Hugo
UNE IMPOSANTE CÉRÉMONIE SE DÉROULE A LA SORBONNE
I L'ŒUVRB PATRIOTIQUE DU POÈTE
- 0 0
Victor Hugo, l'apôtre de la paix et le
chanteur de l'espérance, Victor Hugo, le
prophète de la victoire, Victor Hugo que
le Rappel s'honore enfin de compter parmi
ses fondateurs, a eu sa fête, hier, à la
Sorbonne. La manifestation qui avait été
organisée à l'occasion du 117e anniversai-
re dée la naissance du grand poète, fut
présidée par M. Lafferre. ministre de l'Ins-
truction publique, entouré de MM. Maurice
Barrès, député : Chassaigne-Goyon, - vice-
président du Conseil municipal de Paris ;
Aulard, professeur à la Sorbonne : Léon
Bobelin, secrétaire général de la Ligue de
l'Enseignement; Mme Amédée Mesureur,
cice-présidente de la Société Victor-Hugo,
etc., etc.
Après le dévoilement du buste du poète,
œuvre de Lucien Pallez, auteur du monu-
ment de Victor Hugo à Rome, M. Léon Ro-
belin, dans un discours très écouté, a évo-
qué ces paroles prophétiques prononcées le
1er mars 1871, à l'Assemblée nationale de
Bordeaux, par Victor Hugo, alors député
de la Seine :
a Oh ! une heure sonnera. Nous la sen-
tons venir, cette revanche prodigieuse.
Nous entendons dès à présent notre triom-
phant avenir marcher à grands pas dans
l'Histoire. Oui, dès demain, la France n'au-
ra plus qu'une pensée : se recueillir, se re-
poser dans la rêverie redoutable du déses-
poir ; reprendre des forces ; élever ses en-
fants. nourrir de saintes colères ces petits
qui deviendront grands ; forger ces canons
et former des citoyens ; créer une armée
qui soit un peuple' ; appeler la science au
secours de la guerre ; se fortifier, s'affer-
mir, se régénérer redevenir la grande
France de 92, la France de l'idée et La Fran-
ce de l'épée.
« Puis tout à coup, un jour, elle se redres-
sera; ! Oh ! elle sera formidable ; on la
'\1 erra, d'un bond, ressaisir la Lorraine, res-
saisir l'Alsace ! Est-ce tout ? Non ! non !
saisir - écoutez-moi - saisir Trêves,
Mayence, Cologne, Coblentz. toute la rive
gauche du Rhin. Et on entendua la France
C'riw : [c C'est mon tou'r ! Allemagne, me
voilà ! M
L'orateur a montré ainsi Pourquoi la Li-
gue française de l'enseignement, « fille de
l'Alsace, Jean Macé lui ayant donné le jour
dans ce petit village de Beblenheim qui son-
ne au oreilles comme le nom de Bethléem »,
et La Société Victor Hugo ont organisé cette
manifestation pour célébrer la mémoire du
poète de la patrie, le grand visionnaire de
génie qui prédit la vengeance et La justice
aux faibles, aux peuples opprimés, à l'Al-
sace-Lorraine, à la Pologne, à la Serbie, et
qui annonça même la future Société des
Nations.
DISCOURS DB M. BARRES
Prenant la parole à son touT M. Maurice
Barrés a exalté le génie du « grand hom-
me de lettres autour de qui peut se consti-
tuer l'union sacrée ». Mais Victor Hugo
était d'une famille lorraine. Son père défen-
dit Thionville, et lui-même défendit la Lor-
raine et l'Alsace à l'Assemblée de Bor-
deaux : « J'ai tâché de faire avec la parole
ce que mon père faisait avec l'épée. o
« Il n'y a pas de visionnaire plus intense
que Victor Hugo dans toute notre littératu-
re, dit ensuite l'orateur. Il fut toute sa vie
l'homme d'une marche, le défenseur de la
France de l'est contre l'invasion germani-
que. Il a protesté jusqu'à sa mort contre te
traité de 1871. Il avait protesté contre les
traités de 1815.
(t La Prusse a poursuivi l'annexion de la
France de l'est en trois temps. Si elle s'est
jetée sur nous en 1914, c'était pour parache-
ver son œuvre de 1871 et de 1815. Dès 1815,
en s'installant sur la rive gauche du Rhin
et en nous prenant Sarrelouis et Landau,
elle commençait l'exécution du plan qui
réussit en 1871 et que nos armées viennent
miraculeusement de ruiner. Nous n'allons
tout de même pas courir de nouveau la
chance des batailles de la Marne ? Il nous
faut la barrière du: Rhin. Là-dessus, les
textes de Hugo sont formels.
« Et les paroles que le député à l'Assem-
Méee nationale prononçait le 1er mars 1871i
s'accordent avec ces lignes que l'auteur dut
Rhin écrivait en juillet 1838 : « La situation
(de nos anciens départements rhénans) est
évidemment factice, violente, contre nature
et par conséquent momentanée. La Fran-
ce reviendra à sa forme normale et à sew
proportions nécessaires. Dans un temps
donné, la France aura sa part du Rhin et
ses flrofntièresi naturelles. Cette solution
constituera l'Europe, sauvera la sociabili-
té humaine et fondera la paix définitive. »
« Une tâche nouvelle nous est assignée,
maintenant que Metz et Strasbourg sont
restitués à leur véritable destin. Cette tA-
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