Titre : Le Rappel / directeur gérant Albert Barbieux
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1919-02-05
Contributeur : Barbieux, Albert. Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 05 février 1919 05 février 1919
Description : 1919/02/05 (N17611). 1919/02/05 (N17611).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-43
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 09/04/2013
16 PLUVIOSE, AN 127. — N° 17.611
Le Numéro : DIX MNTMU
MERCltEDI 5 FEVRIER 1919. — N° 17.611
AUGUSTE VACQUERIE
Fondateur (1869)
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Nonl : 24-90, 24-91
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Les manuscrits non insérés ne sont pas rendus
EDMOND DU MESNIL
DIrecteur
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France & Colonies.. 20 « 11 » 6 »
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REDACTION ET ADMINISTRATION
38, Boulevard de SIrCllbourg. — PARIS.
r TRIBUNE LIBRE
Le colonel House
«——————— ——————
C'est un colonel, qui n'est
pas colonel, pas même soldat.
Vous voyez que ce n'est pas
seulement en France que 1/on
constate des choses extraordi-
naires.
Edward-Mandell House est né en 1858
à Houston, dans le Texas, qui venait
d'être enlevé au Mexique, non sans vio-
lence. C'est donc dans une atmosphère
de bataille, et qui persista longtemps,
que House est né Américain, et c'est à
cause des horreurs de cette guerre de
frontière qu'il a connu tout jeune le
goût passionné de la paix.
Son père s'était fixé au Texas en
1840. Il était banquier. Il s'était égale-
ment adonné à l'agriculture. En 1882,
il laissa trois lils qui se partagèrent ses
biens : l'aîné prit la banque, le cadet
les plantations de sucre, notre colonel
les terres incultes. Celui-ci, d'esprit cal-
me et pratique, épousa Miss Loulic
Hunter, d'Austin, la capitale du Texas ;
elle aimait, comme lui, la campagne ;
ils se consacrèrent ensemble à la cultu-
re dn fntnn
Une occasion s'offrit à lui de défen-
dre le sort des terres neuves, dans le
Texas, contre les convoitises des com-
pagnies de chemins de fer. assez dé-
pourvues de scrupules. Ainsi, dans l'in-
térêt de tous, il s'occupa de politique.
Parce que cette politique honnête était
celle de James Hogg, House soutint sa
candidature au poste de gouverneur, et
après l'élection de Hogg, House devint
son ami de chaque jour. Par son influen-
ce encore, trois gouverneurs, après Hogg,
furent « nommés ». Dans la fréquenta-
tion de leur pensée et de leur labeur,
il apprit insensiblement, et à son insu,
à jouer le rôle étrange et puissant de
conseiller privé, qu'il remplit aujour-
d'hui au bénéfice de Wilson.
C'est par gratitude que Calberson tint
absolument, après son élection de gou-
verneur, à nommer le généreux patron
ée Ml candidature colonel de son état-
major, House n'a jamais, pris au sé-
rieux ce titre. Le jour où un tailleur
inattendu lui apporta son uniforme cha-
marré d'or, il eut un geste d'étonne-
ment, presque de mauvaise humeur, et
à son cocher nègre il commanda : « Ote
ça de cocher nèm (rre ilcommanda Ote
En lUil, pendant que les deux partis,
démocrate et républicain, se prépa-
raient à la lutte électorale pour la pré-
sidence des Etats-Unis, House et Wilson
se rencontrèrent dans un dîner. Au cours
d'« leur entretien, qui n'aborda que des
questions générales, ils se trouvèrent
d'accord sur tous les points. Ce fut le
coup de foudre de l'amitié. La sensi-
bilité, l'intelligence, chez l'un et chez
l'autre, vibraient de même. Les deux
caractères se ressemblaient comme deux
images, éclairées par les couleurs d'un
commun idéal. Wilson avait alors
55 ans. Le colonel House, qui lisait au
collège déjà des livres de philosophie
politique, et qui dans le cours de sa vie
au grand air avait toujours appuyé sa
raison sur des certitudes terrestres, fut
heureusement ému d'observer chez son
nouvel ami un professeur capable, cho-
se rare, de se dégager du génie parfois
nuageux des bibliothèques et d'établir
ses croyances, sa religion d'homme
d'Etat, sur les fortes réalités humaines.
Quelle vertu de domination chez un
homme, qui n'attend pour lui-même au-
cune récompense et que n'inspire uni-
quement que le souci du bien des hom-
mes Il exerça tout de suite sur la pen-
sée du président Wilson une autorité
fraternelle. Grâce à lui, MM. Burleson
et Gregory, ses compatriotes du Texas,
entrèrent dans le cabinet du Président,
ainsi que M. Lane, que M. Wilson n'a-
vait jamais vu. Il joue de la politique
parce qu'il aime la politique : en ama-
teur, dirions-nous en France. Mais ne
savons-nous pas que ce sont surtout les
amateurs qui, dans les divers domaines
de l'art, produisent des chefs-d'œuvre ?
Trois mois avant la guerre, le colonel
House vint en Europe, avec l'autorisa-
tion du Président, pour essayer de con-
vaincre les gouvernements d'Allemagne,
de France et de Grande-Bretagne du
danger de la situation. En affaires, on
l'appelait un sorcier. Pendant la guer-
re, au début de la furieuse bataille sous-
marine du Boche, il revint en Europe,
avec l'intention de conjurer le danger
barbare. Dans une réception, à Ber-
lin, la femme d'un haut personnage
s'approcha de Mme House, qui est jyine
grande dame de beaucoup d'esprit et
d'une remarquable beauté ; elle entre-
prit de la convaincre que l'Allemagne
serait victorieuse et qu'il fallait en per-
suader l'Amérique. — « Nous emploie-
rons nos sous-marins, nos zeppelins,
nos soldats, principalement notre per-
sévérance. La persévérance, Madame,
finit toujours par atteindre son but. »
— « Pas toujours, répliqua Mme House
J'ai eu une poule-qui s'entêtait à cou-
ver un œuf de porcelaine !. »
Au milieu des circonstances les plus
graves, le colonel House, comme sa fem-
me, garda la meilleure humeur du mon-
de. Mais à peine avait-il quitté l'Alle-
magne que, malgré ses récentes protes-
tations de loyauté, elle commit le crime
du Lusitania. Alors, perdant toute illu-
sion, il ne vit plus en cette nation four-
be et cruelle rien d'humain. Les Etats-
Unis s'employèrent désormais à la com-
battre par les armes. House ne douta
jamais de sa défaite. C'est pourquoi,
dès septembre 1917, il se chargea de
centraliser tous les documents utiles à
la Conférence de la Paix, qu'il savait
pourtant lointaine. Le colonel n'est pas
un improvisateur. Il tient du paysan,
qui a vécu ses plus belles années en con-
tact avec la terre exigeante et capri-
cieuse, l'habitude de la prudence et de
la ténacité ; il tient de l'homme d'affai-
res le goût de l'exactitude et de la mé-
thode patiente. Les discours ne lui di-
sent rieih mais les faits. En quoi il dif-
fère peut-être du président Wilson. qui
le reconnaît lui-même, puisqu'il décla-
re : « House ne parle pas. C'est une
supériorité sur moi !. »
House ne sera jamais un prédicant.
Peu lui importe que des foules accla-
ment son nom, saluent sa personne !
Sa joie profonde, qui participe de la
dignité et aussi de l'orgueil, c'est, en
voilant de discrétion son plaisir de di-
lettante, de traduire dans les choses pu-
bliques, par l'action d'un esprit voisin
et ami, la conception de sagesse et de
justice que, depuis l'éveil de son intelli-
gence, il désire imposer aux peuples
du monde. Il y a vraiment du roma-
nesque dans la destinée de ce paysan
du Texas, qui est à la fois un philoso-
phe doux et un réaliste puissant.
GEORGES BEAUME.
r ♦
L'ACTUALITÉ
La Paix universelle
Deux discours admirables
Ont marqué la réception du
président Wilson par la
Chambre des députés fran-
çais.
Il est devenu banal de louer
la haute tenue morale et la
forme classique des harangues de
M. Paul Deschanel.
Ses manifestations oratoires sont tou-
jours illuminées par la clarté de la pen-
sée française et servies par un verbe
dont l'élégance enveloppe la force.
Cette fois, M. Paul Deschanel, porté
par un sujet incomparable — l'action
française dans le monde et dans l'his-
toire — s'est élevé au premier riwg des
hommes d'Etat.
ll. a vraiment exprimé en ces heures
solennelles le langage de la France.
Aussi a-t-il prononcé, à mon sens, l'un
des plus « grands » discours de sa car-
rière.
! C'est dans cette mesure exacte que
l'idéalisme du penseur doit épouser les
contours du réalisme politique.
Le président Wilson s'est montré égal
à lui-même. Il a prononcé un admiTa-
ble sermon sur la montagne, où nous
avons retrouvé toute la beauté de son
âme et la bonté de son cœur.
M. Wilson n'a pas seulement l'esprit
évangélique. A l'égal de nos Consti-
tuants, il est tout imprégné de « l'amour
du genre humain ».
Il est remarquable que l'idée et le vo-
cabulaire de la Révolution française
nous reviennent d'Amérique sous les esc.
pèces du président Wilson.
Comme lui, la Constituante voulut dé-
clarer la paix au monde. Le mot de
Société des Nations n'existait sans dou-
te pas.
Mais l'idée hantait les rêves généreux
des Constituants qui se croyaient « les
ouvriers de Dieu, appelés à restaurer
la raison sociale de l'humanité et à ras-
seoir le droit de la justice dans l'uni-
vers, ».
« La Déclaration des Droits de l'Horri'
me et du Citoyen, disait plus tard La-
martine, est « le décalogue du genre hu-
main dans toutes les langues. »
Malheureusement, depuis la tour de
Babel, il est toujours des peuples pour
ne pas entendre la langue d'amour uni-
verselle. Témoins nos Boches 1
C'est à eux que ce discours Wilson
s'adresse. C'est eux que le président
Wilson doit convaincre ou contra-indre.
Hélas ! la contrainte aura sans doute
sa place dans le cortège de la justice
des peuples, comme dans celui de la
justice des hommes.
Le Droit n'absorbera jamais la Force.
Le mieux qu'il puisse faire est de l'en-
rôler au' service de sa juste cause.
La Société des Nations ne vaudra que
par son pouvoir de sanction.
Et le président Wilson, qui a sans
doute lu Proudhon, se rappellera que
le grand philosophe socialiste déplorait
gue le « Nazaréen dont la parole entrqî-
nait la multitude, n'ait pu donner à son
Evangile la sanction de la force ».
EDMOND DU MESNIL.
On Dit.
i
Aujourd'hui
L'éloquence des chiffres
Pour ceux qui trouveraient trop dures
les conditions imposées à l'Allemagne par
les Alliés :
Dans sept cent cinquante-quatre com-
munes envahies par les Allemands, qua-
rante-six mille édifices ont été endomma-
gés ef près de dix-sept mille entièrement
détruits. Dans le Nord, les soldats alle-
mands ont volé cinq cent cinquante mil-
lions de laine. En septembre et octobre
1917, ils se sont emparés des dépôts alliés
dans les banques belges, soit six cents mil-
lions.
Cela vaut déjà quelques petites compen-
sations.
&
Le Tigre.
Qui reut cru ? La feuille d'informations
du Ministère de l'Agriculture réserve à ses
lecteurs de fortes émotions. C'est ainsi que
dans le fascicule du 23 janvier, on lit que
l'Académie d'Agriculture, à l'instigation de
M, Albert Lécaillon, entreprend la lutte
contre le Tiare.
Où la politique va-t-elle se. nicher, pen-
sent les amis de M. Clemenceau ?
Cependant que les chasseurs de grands
fauves reniflent la bataille:
Mais le Tigre n'est qu'un insecte qui fait
mourir les poires. N'ayons pas peur.
çw
f' Autrefois
Mystification. ■
Le docteur Ilill, piqué de ce que la So-
ciété royale de Londres avait refusé de l'ad-
mettre comme membre. lui adressa un mé-
moire dans lequel il décrivait la guérison
de la jambe d'un matelot, et le pansement
composé de ficelle et de goudron. La Société
discuta longuement sur le cas. Le lende-
main, le docteur Ilill lui écrivit qu'il avait
oublié de mentionner qu'il s'agissait d'une
jambe de bois.
£
L'autre conférence,
A la Conférence de Vienne, Napoléon dit,
en présence de plusieurs souverains :
« Quand j'étais lieutenant d'artillerie » ;
comme on marquait de l'étonnement, il re-
prit ; ce Quand j'avai$ l'honneur d'être lieu-
tenant d'artillerie. » Le Tapin.
O
Tout augmente
Les députés suisses du Grand Conseil ont,
en raison de l'augmentation du prix de la
vie, voté récemment une augmentation de
leur indemnité.
Il n'est pas encore question d-o faire bé-
néficier nos parlementaires français d'une
semblable mesure. Cela viendra peut-être.
D'ailleurs, nous ne verrions que des avan-
tages à payer beaucoup plus cher les séna-
teurs et les députés, à la seule condition
que leur rétribution s'opérât par le même
moyen que celle des membres du Grand
.Conseil suisse : les jetons die .présence. -
Le jour où les parlementaires seraient
indemnisés par des jetons de présence, nous
ne connaîtrions plus les banquettes vides.
Et puis, appréciable avantage, de gran-
des lois d'intérêt national ne seraient plus
votées par cinq cents voix avec douze vo-
tants.
Bonnot vit encore
En deux coups de filet, la police de Nice
(vient d'opérer quatre-vingt-dix-sept arres-
tations : quatorze l'après-midi dans un grand
café, quatre-vingt-trois la nuit dans les jar-
dins Albert-Ier.
Et il ne s'agissait pas de vagues indésira-
bles : des interdits d'e séjour, des vaga-
bonds spéciaux, des déserteurs, des aigre-
fins de toutes les races, le recrutement de
l'armée du crime, qui ne démobilise pas.
Ce qu'on fait à Nice, on peut le faire à
Paris. L'audace des bandits y redouble.
Une bande de dix rôdeurs vient d'assas-
siner un consommateur dans un café de la
rue Clignancourt. On ne s'est emparé jus-
qu'ici que du cadavre, qui a été transporté
ù, la Morgue.
Rue des Tourelles, quatre hommes mas-
qués cambriolent une épicerie après avoir,
bâillonné l'épicier et sa femme. On n'a en-
core retrouvé que les masques.
Il n'est peut-être pas impossible de sa-
voir dans quels hôtels borgnes gîtent ces
séduisants jeunes hommes, dans quels bars
ils se retrouvent.
Tous les Parisiens ne peuvent passer 1 hi-
ver sur la Côte d'Azur enfin nettoyée.
Ou'on nettoie Paris bien vile.
- M. Raux, qui dirige les services de Ma
Préfecture de police üvectalnt d'autorité,
s'est ému de cette situation. Que les pou-
voirs publics lui donnent les moyens d'y
remédier.
»
LA m TOUJOUS CaEE
..----
Le préfet, d'Ille-et-Vilaine vient de don-
ner .à tous Les préfets de France. un exem-
ple qui pourra èlro utilement suivi.
Il a réquisitionné le beurre dans les ga-
res, sur les marchés, dans leî magasins,
partout où il est impossible de le dissimu-
1er..
Naturellement les marchands ne recevront
que le prix de la taxe.
Ce procédé énergique est vraisemblable-
ment plus efficace que le renforcement des
lois envisagé par le gouvernement.
Il est, ,en effet, avéré que, si la 'menace
du conseil de guerre a provoqué depuis
quarante-huit heures une baisse théorique
assez sensible S'l1.r le beurre, ce produit est
devenu pratiquement introuvable
Pour le beurre comme pour les autres
produits de première nécessité, il existe des
marchands en gros qui ont des magasins,
des entrepôts. Ces marchandises, d'ailleurs,
ne sont pas toujours enfermées. II. faut bien
qu'elles voyagent pour arriver du centre de
production. .,"
Là où le consommateur ne peut aller les
chercher, l'administration les trouverait
sans doute. L?s accapareurs foraient triste
figure, mais ils ont. assez fait jpleurer pour
faire rire un peu.
■■ M M 'ML
La pensée des antres
-
« L'oubli n'est pas seulement une in-
sulte au passé, mais une menace à l'ave-
nir. C'est une immoralité et une dépra-
vation. »
PAUL DESCHANEL.
-- -.-.A
L'INTERNATIONALE A BERNE
La Question des Responsabilités
■ ■ t.» •
Les AUémands plaident non-coupables
M. Renaudel appuie la motion d'Albert Thomas
Nous avons laissé hier la conférence de
Berne en présence de deux ordres du jour,
l'un du bureau socialiste qui voudrait qu'on
procédât sans retard à 1& discussion de la
Société des Nations, l'autre de M. Albert
Thomas, au nom des ex-majoritaires fran.
çais, demandant que toute discussion sur
le fond soit précédée par la discussion de
la question des responsabilités.
Les socialistes allemands
Le socialiste allemand Wells a la parole.
Contrairement à l'attente de bon nombre
dë délégués, Wells plaide non coupable et
ressort tout l'arsenal des arguments déjà
connus de la social-démocratie majoriTaire.
Il déclare que M. Albert Thomas a parlé
sagement lorsqu'il a demandé la reconstitu
tion internationale ; mais il contredit sa pro-
pre proposition en exigeant la mise en ac-
cusation de la social-démocratie.,
« L'heure est venue de regarder en avant.
La démocratie allemande, s'écrie-t-il, a chas-
sé en quelques semaines vingt dynasties.
Pourquoi donc vouloir la' mettra en accu.
sation ? )
iPuis Wells déclare que les socialistes al-
lemands sont opposés à la dictature du pro-
létariat et il demande à la conférence de
leur faire confiance comme mandataires
de la nouvelle République qui a déjà fait
ses preuves en instituant en Allemagne la
vote proportionnel et le suffrage féminin.
Quant à la responsabilité de Ja social-démo-
cratie dans la guerre, elle ne saurait être
affirmée puisqu'aucun socialiste ne faisait
partie du gouvernement lorsque la guerre a
éclaté.
L'Allemagne a fait la guerre, parce qu elle
tait menacée par le péril russe. Le con-
grès socialiste qui devait se réunir à Vien-
ne en 1914, ne devait-il pas iraiter à fond
du péril tsariste ? Avant la guerre, la so-
cial-démocratie avait combattu la politique
guerrière ainsi que l'ultimatum à la Ser-
bie dans de nombreuses manifestations ora-
toires. Les Allemands devaient-ils décréter
une grève qui n'aurait pas été comprise des
masses russes, lesquelles auraient envahi
la Prusse ? C'était impossible
Ensuite, Wells soulève la protestation ides
minoritaires allemands en affirmant que les
majoritaires n'approuvèrent pas e métho-
des de guerre allemandes.
- N'approuvèrent pas, lui cne-t-on, mais
tolérèrent.
Quant à lA Belgique, le rojo.t¡ea Q.I.
lemands n'ont-ils pas déclaré qu'ils s'enga-
geaient à aider à sa reconstitution ?
Pas de haine contre les Français
Ensuite, Wells joue de la corde sentimen-
tale ; il affirme : « Dans nos cœurs n'existe
aucune baille contre les Français et nous
désirons tous voir tomber le mur d'airain,
qtlti nous sépare. » Il rend hommage à la
culture française et a la culture allemande
et sa voix tremble lorsqu'il parle des deuils
accumulés par la guerre, mais aussitôt suit
la menace. Si une paix brutale est imposée
à l'Allemagne, dit-il, il naitra en Allemagne
un désir de vengeance.,
La réaction renaîtra et la réaction ne
dt>Ït pas être favorisée par la conférence
de Berne. Nous désirons le bonheur du
monde et une place pour le peuple allemand
dans l'œuvre de culture qui commence. Si-
non, ce sera un nouveau fleuve de haine
qui traversera l'Europe avec tous les périls
d'une nouvelle guerre. Wells conclut en d e-
mandant à la Conférence de rejeter la pro
position Albert Thomas.
DISCOURS DE RENAUDEL
M Renaudel succède à Wells à la tribu-
ne. Il vient lire le compte rendu de l'en-
trevue qui a eu lieu à Paris fin juillet 1914
entre l'envoyé des majoritaires allemands
Muller et les chefs socialistes français d'où
ressort avec évidence la duplicité de la
social-démocratie au début de la guerre.
Vous n'avez pas ignoré les crimes des
Allemands, déclare-t-il, puisque Bethmann-
Hollweg les avoua en plein Reichstag par la
formule « Nécessité ne connaît .pas de loi ».
Cependant vous avez donné pendant quatre
ans votre appui à votre gouvernement.
M. - Renaudel déclare ensuite :
« L'internationale doit choisir, non pas
entre les-socialistes français et allemands,
mais seulement entre les majoritaires et mi-
noritaires allemands. Si l'internalionale veut
s'occuper de l'avenir, elle doit liquider son
passé. Liebknecht est devenu boloheviste e.
M. Renaudel le réprouve.
Mais pourquoi ÈÎBbkneclu'~s'e3t-il trom-
pé ? Paroe qu'il n'avait. plus aucune con
fiance dans la social-démocratie qui, par
son attitude, est responsable de sa fin. C'est
sur vous, s'écrie M. Renaudel, aue retombe
son sa.ng I Cela aussi, l'Internationale doit
l'examiner et M. Renaudel termine, en qe-
mandant que * l'internationale choisisse en-
tre les majoritaires et les minoritaires alle-
mands.
La séance est levée.
iUre U sxiie Q deuxième page)
LES ASSISES DE LA PAIX
La Cause de l'Hellénisme entendue
■■■■ ■ ? mtm c ■■■ 1 ■
M. Venizelos est couvert de ûêurs,
mais la solution renvoyée « ad calendes græcas»
t *A/W
La Conférence est en train de procéder à
une révision des anciens traités secrets.
Chose promise, chose duc, dit un pro-
verbe. Il ne vient à l'idée de personne de
considérer les conventions au bas desquel-
les les Alliés apposèrent leurs signatures
comme des chiffons de papier. On se con-
tente de revenir dessus lorsqu'elles offrent
matière à discussion comme c'est le cas
avec le Japon pour les possessions alleman-
des du Pacifique, avec la Roumanie pour le
Banat de Témesvar, avec l'Italie pour les
articles V7, VIII et IX qui intéressent la
Grèce, XII et XIII, le domaine colonial de
la France et de l'Angleterre en Afrique, du
traité de Londres du 20 avril 1915.
Pu fait que le peuple hellène resta, com-
me le peuple serbe, pendant toute la durée
des hostilités avec les Alliés, il/. Venizelos
a. beaikieit pour contester, à Victor de M.
Pachitch, la parfaite validité d'un traité né-
gocié et signé à l'insu du gouvernement
hellénique. Il n'y a pas d'ailleurs matière à
un malentendu, l'adhésion aux principes dit
président Wilson impliquant l'annulation
des engagements passés.
Aussi les principales difficultés contre
lesquelles l'illustre Crétois a eu à lutter ne
viennent-elles pas de là, mais du désir des
hautes Puissances de n'accorder à la Grèce
que ce qui lui revient légitimement.
Du reste, les Alliés s'étaient montrés fa-
vorables à une partie des revendications
helléniques lors des pourparlers qui avaient
trait à une participation éventuelle de la
Grèce à l'expédition des Dardanelles. Com-
ment contesteraient-ils aujourd'hui les
droits de la Grèce sur le Dodécanèse par
exemple dont la population est exclusive-
ment grecque ?
Pour Constantinople, M. Venizelos récla-
mait l'internationalisation ainsi que celle
des Détroits sous l'égide de la Société des
Nations. Il a demandé enfin que l'Entente
tienne compte des offres qu'elle avait faites
au gouvernement d'Athènes, en 1915, au su-
jet de l'Asie-Mineure.
La fin de l'exposé de M. Venizelos a pris
toute la séance. Après lui, M. Orlanda a
pris encore la parole pour le remercier de
la modération dont il avait fait preuve et
exprimer l'espoir que les questions qui sg
posent entre l'Italie et la Grèce se résou-
draient à leur satisfaction commune.
Comme pour les revendications roumai-
nes, la Conférence Q décidé de renvoyer 4
une Commission d'études l'examen des de-
siderata helléniques.
Louis BRESSE,
—»
COMMUNIQUE OFFICIEL
Le président t'es Etats-unis d'Amérique,
les premiers ministres et ministres des af-
faires étrangères des Etats-Unis d'Améri-
que, de l'empire britannique, de la France,
de l'Italie Í; les représentants du Japon se
sont réunis hier matin, à 11 heures, au mi-
nistère des affaires étrangères.
M. Venizelos a continué et terminé son
exposé sur les revendications de la Grèce.
Il a été décidé de constituer une commis-
sion de deux délégués par gran.?.3 puissance
pour étudier les questions relatives à la
Grèce.
La prochaine réunion aura lieu cet après-
midi, à trois heures.
-
La Commission des Réparations
La commission des réparations s'est réu-
pe hier, à 15 heures, au ministère des Fi-
nances, sous la présidence de M. Rlotz.
Elle a décidé la création d'un secrétariat
général composé de 4 membres : MM. le
colonel Peel (Empire britannique), Green
(Etats-Unis), le commandant Foberti (Italie),
°A le Lasteyrie (France).
Elle a -approuvé la création de trois sous-
commissions chargées de l'évaluation des
dommages, de l'étude de la capacité finan-
cière des Etats ennemis et des moyens de
paiement, des mesures de contrôle et garan-
ties.
Dès la prochaine séance, qui aura lieu le
5 février, à 11 heures, la commission abor-
dera l'étude dts principes qui dominent les
questions ci-dessu! ¡.'
M. Balfour et la Presse
M. Balfour a tenu à recevoir, hier soir,
un certain nombre de journalistes français
et alliés pour entrer en contact direct avec
la presse. Le chef du Foreign Office s'est
mis à leur disposition dans iUn des salons
de l'hôtel Astoria, siège de la délégation bri-
tannique et, pendant cinq quarts d'heure,
leur a fourni force explications sur la So-
ciété des Nations et l'application de ses
principes au problème colonial.
Selon ses vues, le système des mandats
pourra être appliqué aux unes pendant que
les autres colonies continueront d'être sou-
mises au régime actuel. M. Balfour pense
que le résultat obtenu pourra déterminer un
progrès car si le système des mandats est
dans la pratique couronné de succès. il au-
ra pour effet d'amener l'opinion publique à
exiger que l'on adopte les réformes qui dé-
couleront de l'application du système des
mandats.
Dans le 'cas contraire, c'est le nouveau
système qui devra être corrigé en résultat
de la comparaison. Loin d'être une cause
de recul la coexistence des deux systèmes
poura avoir d'excellents résultats.
Dans les territoires détenus en "vertu d'un
mandat, le régime devra être cvelui de la
porte ouverte, mais la Ligue des Nations ne
saurait faire abstraction des traditions exis-
tant dans les diverses parties du monde.
A un interpellateur qui demandait s'il ne
conviendrait pas de reléguer l'organisation
de la Société; des Nations au second plan
pour débattre d'abord la question plus spé-
ciale de la paix avec l'Allemagne, M. Bal-
four est d'avis que la méthode adoptée d'étu-
dier parallèlement les deux questions n'em-
pêchera pas d'arriver aussi vite à la paix
générale. *
Enfin l'homme d'Etat anglais qui s'était
refusé à s'exprimer sur plusieurs points
non encore traités par la Conférence, a dé-
claré que l'existence dé la Ligue des Na-
tions ne changerait rien aux traités exis-
tant antérieurement. Ceux-ci ne sauraient
être abrogés. - - h"
Les paroles de M. Bauour étaient tradui-
tes au fur. et à mesure en français. Son
discours respire la bcfihomie, l'œil est vif.
On se croit plutôt en présence d'un sayant
sociologue au milieu de ses élèves que de-
vant le successeur des Pitt, des Palmerslon
et des Beaconsfield à l'une des pîus grandes
heures dë lhistoire de l'Angleterre.
Le voyage de lord Hardinge
Le bruit a couru que lord Hardinge avaif
renoncé à ses fonctions de conseiller tech-
nique de la délégation anglaise et était re-
venu en Angleterre.
Nous sommes autorisés à' déclarer que
lord Bardinge s'est rendu à Londres pour,
traiter quelques questions urgentes rele-
vant de son ministère et exigeant son inter-
vention personnelle, mais on l'attend de
nouveau à Paris au cours de cette semaine.
A LA CHAMBRE
Les ., grands débats sociaux
—
ON CONTINUE LE VOTE DE LA LOI DES PENSIONS
DANS LES COULOIRS,ON PARLE AUSSI DE L'AFFAIRE CAILLAUX
—
La Chambre a repris sa physionomie or-
dinaire ; la journée de gala d'hier n'est
plus qu'une phase historique entrée dans
les annales de la grande guerre. Le 'travail
parlementaire reprend son cours par la
continuation de la discussion de la loi sur
les pensions militairest impatiemment at-
tendue, elle aussi.
De fort bonnes interventions ont marqué
la volonté avtc laquelle çertains législa-
teurs s'attachent à faire passer dans les
faits et à traduire en articles de lois les
hommages rendus à l'héroïsme des lus » par lesquels la République fut sauvée
dit désastre. Citons tout particulièrement
l'âpreté avec laquelle le Dr Chqssaing, dé-
puté du Puy-de-Dôme, défendit les droits
des blessés atteints d'infirmité multiples,
puis aussji les chauds plaidoyers de MM.
Ernest Lafont çt Betoulle en faveur des en-
fants naturels dont le sort ne sera fixé
qu'au cours de .prochains débats quand la
Chambre abordera Varticlg 20 de la loi en
discussion.
Le chroniqueur impartial ne peut man-
quer de retenir les propos assez graves qui
couraient les couloirs au sujet de l'affaire
Caillaux. Le rapporteur de la IIaulè-Coer,
M. Pérès, aurait manifesté l'intention dé
mettre en jeu la politique extérieure prati-
quée en 1911 par l'ancien président du Con-
seil. Les amis de celui-ci affirment que le
prévenu serait enchanté dé cette occasion
inattendue par laquelle le procès devien-
drait si nettement politique et l'on prétend
aussi que l'affaire deviendrait dès lors fort
mauvaise pour M. de Selves, ce qui n'entre
certainement pas dans les intentions de M..
Pérès, Enregistrons et attendons.
Ne manquons pas non plus d'attirer l'at-
tention publique sur une déclaration laite
en cours de séance par M. Lugol disant que
les hommes classés dans le servive auxi-
liaire par suite de blessures da guerre ne
sont nullement privés du droit de réclamer.
Ils doivent, au contraire, adresser à l'Etat
une demande de pension. Des instructions
ont nLé £ <\r>j-ic £ ?. /), fin? tes .d^.réfo^
me pour qu'ils s'ouvrent largement il cette
catégorie de blessés et de malades.
Et nous aurons complété ce qui concerné
le bon travail parlementaire d'hier quand
nous aurons dit que 1M. Vincent Auriol a
déposé un rapport concluant à l'exonération
d'impôt des contribuables mobilisés, ceci
selon des règles qu'il sera intéressant de
consulter, d'autre part.
Camille DEVILAR.
LA SÉANCE
Apres adoption de la proposition de loi
de M. Paul Bénazet tendant à modifier cer-
tains articles de lois sur les associatio
pour déterminer la nationalité des action-
naires et des administrateurs de sociétés eti
des dirigeants d'associations la Chambre re-
prend l'examen de la loi des pensions et
décide tout d'abord d'augmenter Jj'incE&m««
nité accordée aux grands mutilés.
LES CAS D'INFIRMITES MULTIPLES
M. Chassaing a proposé de modifier ainsi
le premier paragraphe de l'article 10.
« Dans le cas d'infirmités multiples, 14
taux d'invalidité est considéré intégrale-
mont pour chacune des infirmités ei réglé
suivant les tableaux annexés à la présenta
RQi. » - ---
Le député dtu "Fuy-ïïe-uome défend yigou.
reusement son amendement
M. Chassaing. — La Chambre a décidé
que le taux des pensions devait être exac-
tement proportionnel au degré d'invalidité..
Do-ns ces conditions, l'article 10 constituerait
tel qu'il est actuellement rédigé une injustice
à rencontre de ceux qui sont atteints d'in-
firmités multiples, Plus graves sont ses
blessures, 1 plus grande devrait être notre
reconnaissance envers les mutilés. Or, jl
p'en est pas ainsi.
, Le mode d'évaluation des infirmités est-
singulièrement confus et obscur. Mais le ré-
sultat surtout est injuste. Voici, par exemp-
ple, un mutilé qui a subi une amputation;
-;le £ Uis.se, JJïw amputation Cie la eaill droi-
Le Numéro : DIX MNTMU
MERCltEDI 5 FEVRIER 1919. — N° 17.611
AUGUSTE VACQUERIE
Fondateur (1869)
TELEPHONE
Nonl : 24-90, 24-91
Vpcfe§ 10 h. du soir : GUTENBERG 06-7®
POUR LA PUBLIClTE
S'adresser au RAPPEL-PUBLICITE
88, M de Strasbourg. — PARIS
Les manuscrits non insérés ne sont pas rendus
EDMOND DU MESNIL
DIrecteur
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Ub aa Six mois Trois mois
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France & Colonies.. 20 « 11 » 6 »
ErB.utGBR r..-. 32 a 11 » 9 1
REDACTION ET ADMINISTRATION
38, Boulevard de SIrCllbourg. — PARIS.
r TRIBUNE LIBRE
Le colonel House
«——————— ——————
C'est un colonel, qui n'est
pas colonel, pas même soldat.
Vous voyez que ce n'est pas
seulement en France que 1/on
constate des choses extraordi-
naires.
Edward-Mandell House est né en 1858
à Houston, dans le Texas, qui venait
d'être enlevé au Mexique, non sans vio-
lence. C'est donc dans une atmosphère
de bataille, et qui persista longtemps,
que House est né Américain, et c'est à
cause des horreurs de cette guerre de
frontière qu'il a connu tout jeune le
goût passionné de la paix.
Son père s'était fixé au Texas en
1840. Il était banquier. Il s'était égale-
ment adonné à l'agriculture. En 1882,
il laissa trois lils qui se partagèrent ses
biens : l'aîné prit la banque, le cadet
les plantations de sucre, notre colonel
les terres incultes. Celui-ci, d'esprit cal-
me et pratique, épousa Miss Loulic
Hunter, d'Austin, la capitale du Texas ;
elle aimait, comme lui, la campagne ;
ils se consacrèrent ensemble à la cultu-
re dn fntnn
Une occasion s'offrit à lui de défen-
dre le sort des terres neuves, dans le
Texas, contre les convoitises des com-
pagnies de chemins de fer. assez dé-
pourvues de scrupules. Ainsi, dans l'in-
térêt de tous, il s'occupa de politique.
Parce que cette politique honnête était
celle de James Hogg, House soutint sa
candidature au poste de gouverneur, et
après l'élection de Hogg, House devint
son ami de chaque jour. Par son influen-
ce encore, trois gouverneurs, après Hogg,
furent « nommés ». Dans la fréquenta-
tion de leur pensée et de leur labeur,
il apprit insensiblement, et à son insu,
à jouer le rôle étrange et puissant de
conseiller privé, qu'il remplit aujour-
d'hui au bénéfice de Wilson.
C'est par gratitude que Calberson tint
absolument, après son élection de gou-
verneur, à nommer le généreux patron
ée Ml candidature colonel de son état-
major, House n'a jamais, pris au sé-
rieux ce titre. Le jour où un tailleur
inattendu lui apporta son uniforme cha-
marré d'or, il eut un geste d'étonne-
ment, presque de mauvaise humeur, et
à son cocher nègre il commanda : « Ote
ça de cocher nèm (rre ilcommanda Ote
En lUil, pendant que les deux partis,
démocrate et républicain, se prépa-
raient à la lutte électorale pour la pré-
sidence des Etats-Unis, House et Wilson
se rencontrèrent dans un dîner. Au cours
d'« leur entretien, qui n'aborda que des
questions générales, ils se trouvèrent
d'accord sur tous les points. Ce fut le
coup de foudre de l'amitié. La sensi-
bilité, l'intelligence, chez l'un et chez
l'autre, vibraient de même. Les deux
caractères se ressemblaient comme deux
images, éclairées par les couleurs d'un
commun idéal. Wilson avait alors
55 ans. Le colonel House, qui lisait au
collège déjà des livres de philosophie
politique, et qui dans le cours de sa vie
au grand air avait toujours appuyé sa
raison sur des certitudes terrestres, fut
heureusement ému d'observer chez son
nouvel ami un professeur capable, cho-
se rare, de se dégager du génie parfois
nuageux des bibliothèques et d'établir
ses croyances, sa religion d'homme
d'Etat, sur les fortes réalités humaines.
Quelle vertu de domination chez un
homme, qui n'attend pour lui-même au-
cune récompense et que n'inspire uni-
quement que le souci du bien des hom-
mes Il exerça tout de suite sur la pen-
sée du président Wilson une autorité
fraternelle. Grâce à lui, MM. Burleson
et Gregory, ses compatriotes du Texas,
entrèrent dans le cabinet du Président,
ainsi que M. Lane, que M. Wilson n'a-
vait jamais vu. Il joue de la politique
parce qu'il aime la politique : en ama-
teur, dirions-nous en France. Mais ne
savons-nous pas que ce sont surtout les
amateurs qui, dans les divers domaines
de l'art, produisent des chefs-d'œuvre ?
Trois mois avant la guerre, le colonel
House vint en Europe, avec l'autorisa-
tion du Président, pour essayer de con-
vaincre les gouvernements d'Allemagne,
de France et de Grande-Bretagne du
danger de la situation. En affaires, on
l'appelait un sorcier. Pendant la guer-
re, au début de la furieuse bataille sous-
marine du Boche, il revint en Europe,
avec l'intention de conjurer le danger
barbare. Dans une réception, à Ber-
lin, la femme d'un haut personnage
s'approcha de Mme House, qui est jyine
grande dame de beaucoup d'esprit et
d'une remarquable beauté ; elle entre-
prit de la convaincre que l'Allemagne
serait victorieuse et qu'il fallait en per-
suader l'Amérique. — « Nous emploie-
rons nos sous-marins, nos zeppelins,
nos soldats, principalement notre per-
sévérance. La persévérance, Madame,
finit toujours par atteindre son but. »
— « Pas toujours, répliqua Mme House
J'ai eu une poule-qui s'entêtait à cou-
ver un œuf de porcelaine !. »
Au milieu des circonstances les plus
graves, le colonel House, comme sa fem-
me, garda la meilleure humeur du mon-
de. Mais à peine avait-il quitté l'Alle-
magne que, malgré ses récentes protes-
tations de loyauté, elle commit le crime
du Lusitania. Alors, perdant toute illu-
sion, il ne vit plus en cette nation four-
be et cruelle rien d'humain. Les Etats-
Unis s'employèrent désormais à la com-
battre par les armes. House ne douta
jamais de sa défaite. C'est pourquoi,
dès septembre 1917, il se chargea de
centraliser tous les documents utiles à
la Conférence de la Paix, qu'il savait
pourtant lointaine. Le colonel n'est pas
un improvisateur. Il tient du paysan,
qui a vécu ses plus belles années en con-
tact avec la terre exigeante et capri-
cieuse, l'habitude de la prudence et de
la ténacité ; il tient de l'homme d'affai-
res le goût de l'exactitude et de la mé-
thode patiente. Les discours ne lui di-
sent rieih mais les faits. En quoi il dif-
fère peut-être du président Wilson. qui
le reconnaît lui-même, puisqu'il décla-
re : « House ne parle pas. C'est une
supériorité sur moi !. »
House ne sera jamais un prédicant.
Peu lui importe que des foules accla-
ment son nom, saluent sa personne !
Sa joie profonde, qui participe de la
dignité et aussi de l'orgueil, c'est, en
voilant de discrétion son plaisir de di-
lettante, de traduire dans les choses pu-
bliques, par l'action d'un esprit voisin
et ami, la conception de sagesse et de
justice que, depuis l'éveil de son intelli-
gence, il désire imposer aux peuples
du monde. Il y a vraiment du roma-
nesque dans la destinée de ce paysan
du Texas, qui est à la fois un philoso-
phe doux et un réaliste puissant.
GEORGES BEAUME.
r ♦
L'ACTUALITÉ
La Paix universelle
Deux discours admirables
Ont marqué la réception du
président Wilson par la
Chambre des députés fran-
çais.
Il est devenu banal de louer
la haute tenue morale et la
forme classique des harangues de
M. Paul Deschanel.
Ses manifestations oratoires sont tou-
jours illuminées par la clarté de la pen-
sée française et servies par un verbe
dont l'élégance enveloppe la force.
Cette fois, M. Paul Deschanel, porté
par un sujet incomparable — l'action
française dans le monde et dans l'his-
toire — s'est élevé au premier riwg des
hommes d'Etat.
ll. a vraiment exprimé en ces heures
solennelles le langage de la France.
Aussi a-t-il prononcé, à mon sens, l'un
des plus « grands » discours de sa car-
rière.
! C'est dans cette mesure exacte que
l'idéalisme du penseur doit épouser les
contours du réalisme politique.
Le président Wilson s'est montré égal
à lui-même. Il a prononcé un admiTa-
ble sermon sur la montagne, où nous
avons retrouvé toute la beauté de son
âme et la bonté de son cœur.
M. Wilson n'a pas seulement l'esprit
évangélique. A l'égal de nos Consti-
tuants, il est tout imprégné de « l'amour
du genre humain ».
Il est remarquable que l'idée et le vo-
cabulaire de la Révolution française
nous reviennent d'Amérique sous les esc.
pèces du président Wilson.
Comme lui, la Constituante voulut dé-
clarer la paix au monde. Le mot de
Société des Nations n'existait sans dou-
te pas.
Mais l'idée hantait les rêves généreux
des Constituants qui se croyaient « les
ouvriers de Dieu, appelés à restaurer
la raison sociale de l'humanité et à ras-
seoir le droit de la justice dans l'uni-
vers, ».
« La Déclaration des Droits de l'Horri'
me et du Citoyen, disait plus tard La-
martine, est « le décalogue du genre hu-
main dans toutes les langues. »
Malheureusement, depuis la tour de
Babel, il est toujours des peuples pour
ne pas entendre la langue d'amour uni-
verselle. Témoins nos Boches 1
C'est à eux que ce discours Wilson
s'adresse. C'est eux que le président
Wilson doit convaincre ou contra-indre.
Hélas ! la contrainte aura sans doute
sa place dans le cortège de la justice
des peuples, comme dans celui de la
justice des hommes.
Le Droit n'absorbera jamais la Force.
Le mieux qu'il puisse faire est de l'en-
rôler au' service de sa juste cause.
La Société des Nations ne vaudra que
par son pouvoir de sanction.
Et le président Wilson, qui a sans
doute lu Proudhon, se rappellera que
le grand philosophe socialiste déplorait
gue le « Nazaréen dont la parole entrqî-
nait la multitude, n'ait pu donner à son
Evangile la sanction de la force ».
EDMOND DU MESNIL.
On Dit.
i
Aujourd'hui
L'éloquence des chiffres
Pour ceux qui trouveraient trop dures
les conditions imposées à l'Allemagne par
les Alliés :
Dans sept cent cinquante-quatre com-
munes envahies par les Allemands, qua-
rante-six mille édifices ont été endomma-
gés ef près de dix-sept mille entièrement
détruits. Dans le Nord, les soldats alle-
mands ont volé cinq cent cinquante mil-
lions de laine. En septembre et octobre
1917, ils se sont emparés des dépôts alliés
dans les banques belges, soit six cents mil-
lions.
Cela vaut déjà quelques petites compen-
sations.
&
Le Tigre.
Qui reut cru ? La feuille d'informations
du Ministère de l'Agriculture réserve à ses
lecteurs de fortes émotions. C'est ainsi que
dans le fascicule du 23 janvier, on lit que
l'Académie d'Agriculture, à l'instigation de
M, Albert Lécaillon, entreprend la lutte
contre le Tiare.
Où la politique va-t-elle se. nicher, pen-
sent les amis de M. Clemenceau ?
Cependant que les chasseurs de grands
fauves reniflent la bataille:
Mais le Tigre n'est qu'un insecte qui fait
mourir les poires. N'ayons pas peur.
çw
f' Autrefois
Mystification. ■
Le docteur Ilill, piqué de ce que la So-
ciété royale de Londres avait refusé de l'ad-
mettre comme membre. lui adressa un mé-
moire dans lequel il décrivait la guérison
de la jambe d'un matelot, et le pansement
composé de ficelle et de goudron. La Société
discuta longuement sur le cas. Le lende-
main, le docteur Ilill lui écrivit qu'il avait
oublié de mentionner qu'il s'agissait d'une
jambe de bois.
£
L'autre conférence,
A la Conférence de Vienne, Napoléon dit,
en présence de plusieurs souverains :
« Quand j'étais lieutenant d'artillerie » ;
comme on marquait de l'étonnement, il re-
prit ; ce Quand j'avai$ l'honneur d'être lieu-
tenant d'artillerie. » Le Tapin.
O
Tout augmente
Les députés suisses du Grand Conseil ont,
en raison de l'augmentation du prix de la
vie, voté récemment une augmentation de
leur indemnité.
Il n'est pas encore question d-o faire bé-
néficier nos parlementaires français d'une
semblable mesure. Cela viendra peut-être.
D'ailleurs, nous ne verrions que des avan-
tages à payer beaucoup plus cher les séna-
teurs et les députés, à la seule condition
que leur rétribution s'opérât par le même
moyen que celle des membres du Grand
.Conseil suisse : les jetons die .présence. -
Le jour où les parlementaires seraient
indemnisés par des jetons de présence, nous
ne connaîtrions plus les banquettes vides.
Et puis, appréciable avantage, de gran-
des lois d'intérêt national ne seraient plus
votées par cinq cents voix avec douze vo-
tants.
Bonnot vit encore
En deux coups de filet, la police de Nice
(vient d'opérer quatre-vingt-dix-sept arres-
tations : quatorze l'après-midi dans un grand
café, quatre-vingt-trois la nuit dans les jar-
dins Albert-Ier.
Et il ne s'agissait pas de vagues indésira-
bles : des interdits d'e séjour, des vaga-
bonds spéciaux, des déserteurs, des aigre-
fins de toutes les races, le recrutement de
l'armée du crime, qui ne démobilise pas.
Ce qu'on fait à Nice, on peut le faire à
Paris. L'audace des bandits y redouble.
Une bande de dix rôdeurs vient d'assas-
siner un consommateur dans un café de la
rue Clignancourt. On ne s'est emparé jus-
qu'ici que du cadavre, qui a été transporté
ù, la Morgue.
Rue des Tourelles, quatre hommes mas-
qués cambriolent une épicerie après avoir,
bâillonné l'épicier et sa femme. On n'a en-
core retrouvé que les masques.
Il n'est peut-être pas impossible de sa-
voir dans quels hôtels borgnes gîtent ces
séduisants jeunes hommes, dans quels bars
ils se retrouvent.
Tous les Parisiens ne peuvent passer 1 hi-
ver sur la Côte d'Azur enfin nettoyée.
Ou'on nettoie Paris bien vile.
- M. Raux, qui dirige les services de Ma
Préfecture de police üvectalnt d'autorité,
s'est ému de cette situation. Que les pou-
voirs publics lui donnent les moyens d'y
remédier.
»
LA m TOUJOUS CaEE
..----
Le préfet, d'Ille-et-Vilaine vient de don-
ner .à tous Les préfets de France. un exem-
ple qui pourra èlro utilement suivi.
Il a réquisitionné le beurre dans les ga-
res, sur les marchés, dans leî magasins,
partout où il est impossible de le dissimu-
1er..
Naturellement les marchands ne recevront
que le prix de la taxe.
Ce procédé énergique est vraisemblable-
ment plus efficace que le renforcement des
lois envisagé par le gouvernement.
Il est, ,en effet, avéré que, si la 'menace
du conseil de guerre a provoqué depuis
quarante-huit heures une baisse théorique
assez sensible S'l1.r le beurre, ce produit est
devenu pratiquement introuvable
Pour le beurre comme pour les autres
produits de première nécessité, il existe des
marchands en gros qui ont des magasins,
des entrepôts. Ces marchandises, d'ailleurs,
ne sont pas toujours enfermées. II. faut bien
qu'elles voyagent pour arriver du centre de
production. .,"
Là où le consommateur ne peut aller les
chercher, l'administration les trouverait
sans doute. L?s accapareurs foraient triste
figure, mais ils ont. assez fait jpleurer pour
faire rire un peu.
■■ M M 'ML
La pensée des antres
-
« L'oubli n'est pas seulement une in-
sulte au passé, mais une menace à l'ave-
nir. C'est une immoralité et une dépra-
vation. »
PAUL DESCHANEL.
-- -.-.A
L'INTERNATIONALE A BERNE
La Question des Responsabilités
■ ■ t.» •
Les AUémands plaident non-coupables
M. Renaudel appuie la motion d'Albert Thomas
Nous avons laissé hier la conférence de
Berne en présence de deux ordres du jour,
l'un du bureau socialiste qui voudrait qu'on
procédât sans retard à 1& discussion de la
Société des Nations, l'autre de M. Albert
Thomas, au nom des ex-majoritaires fran.
çais, demandant que toute discussion sur
le fond soit précédée par la discussion de
la question des responsabilités.
Les socialistes allemands
Le socialiste allemand Wells a la parole.
Contrairement à l'attente de bon nombre
dë délégués, Wells plaide non coupable et
ressort tout l'arsenal des arguments déjà
connus de la social-démocratie majoriTaire.
Il déclare que M. Albert Thomas a parlé
sagement lorsqu'il a demandé la reconstitu
tion internationale ; mais il contredit sa pro-
pre proposition en exigeant la mise en ac-
cusation de la social-démocratie.,
« L'heure est venue de regarder en avant.
La démocratie allemande, s'écrie-t-il, a chas-
sé en quelques semaines vingt dynasties.
Pourquoi donc vouloir la' mettra en accu.
sation ? )
iPuis Wells déclare que les socialistes al-
lemands sont opposés à la dictature du pro-
létariat et il demande à la conférence de
leur faire confiance comme mandataires
de la nouvelle République qui a déjà fait
ses preuves en instituant en Allemagne la
vote proportionnel et le suffrage féminin.
Quant à la responsabilité de Ja social-démo-
cratie dans la guerre, elle ne saurait être
affirmée puisqu'aucun socialiste ne faisait
partie du gouvernement lorsque la guerre a
éclaté.
L'Allemagne a fait la guerre, parce qu elle
tait menacée par le péril russe. Le con-
grès socialiste qui devait se réunir à Vien-
ne en 1914, ne devait-il pas iraiter à fond
du péril tsariste ? Avant la guerre, la so-
cial-démocratie avait combattu la politique
guerrière ainsi que l'ultimatum à la Ser-
bie dans de nombreuses manifestations ora-
toires. Les Allemands devaient-ils décréter
une grève qui n'aurait pas été comprise des
masses russes, lesquelles auraient envahi
la Prusse ? C'était impossible
Ensuite, Wells soulève la protestation ides
minoritaires allemands en affirmant que les
majoritaires n'approuvèrent pas e métho-
des de guerre allemandes.
- N'approuvèrent pas, lui cne-t-on, mais
tolérèrent.
Quant à lA Belgique, le rojo.t¡ea Q.I.
lemands n'ont-ils pas déclaré qu'ils s'enga-
geaient à aider à sa reconstitution ?
Pas de haine contre les Français
Ensuite, Wells joue de la corde sentimen-
tale ; il affirme : « Dans nos cœurs n'existe
aucune baille contre les Français et nous
désirons tous voir tomber le mur d'airain,
qtlti nous sépare. » Il rend hommage à la
culture française et a la culture allemande
et sa voix tremble lorsqu'il parle des deuils
accumulés par la guerre, mais aussitôt suit
la menace. Si une paix brutale est imposée
à l'Allemagne, dit-il, il naitra en Allemagne
un désir de vengeance.,
La réaction renaîtra et la réaction ne
dt>Ït pas être favorisée par la conférence
de Berne. Nous désirons le bonheur du
monde et une place pour le peuple allemand
dans l'œuvre de culture qui commence. Si-
non, ce sera un nouveau fleuve de haine
qui traversera l'Europe avec tous les périls
d'une nouvelle guerre. Wells conclut en d e-
mandant à la Conférence de rejeter la pro
position Albert Thomas.
DISCOURS DE RENAUDEL
M Renaudel succède à Wells à la tribu-
ne. Il vient lire le compte rendu de l'en-
trevue qui a eu lieu à Paris fin juillet 1914
entre l'envoyé des majoritaires allemands
Muller et les chefs socialistes français d'où
ressort avec évidence la duplicité de la
social-démocratie au début de la guerre.
Vous n'avez pas ignoré les crimes des
Allemands, déclare-t-il, puisque Bethmann-
Hollweg les avoua en plein Reichstag par la
formule « Nécessité ne connaît .pas de loi ».
Cependant vous avez donné pendant quatre
ans votre appui à votre gouvernement.
M. - Renaudel déclare ensuite :
« L'internationale doit choisir, non pas
entre les-socialistes français et allemands,
mais seulement entre les majoritaires et mi-
noritaires allemands. Si l'internalionale veut
s'occuper de l'avenir, elle doit liquider son
passé. Liebknecht est devenu boloheviste e.
M. Renaudel le réprouve.
Mais pourquoi ÈÎBbkneclu'~s'e3t-il trom-
pé ? Paroe qu'il n'avait. plus aucune con
fiance dans la social-démocratie qui, par
son attitude, est responsable de sa fin. C'est
sur vous, s'écrie M. Renaudel, aue retombe
son sa.ng I Cela aussi, l'Internationale doit
l'examiner et M. Renaudel termine, en qe-
mandant que * l'internationale choisisse en-
tre les majoritaires et les minoritaires alle-
mands.
La séance est levée.
iUre U sxiie Q deuxième page)
LES ASSISES DE LA PAIX
La Cause de l'Hellénisme entendue
■■■■ ■ ? mtm c ■■■ 1 ■
M. Venizelos est couvert de ûêurs,
mais la solution renvoyée « ad calendes græcas»
t *A/W
La Conférence est en train de procéder à
une révision des anciens traités secrets.
Chose promise, chose duc, dit un pro-
verbe. Il ne vient à l'idée de personne de
considérer les conventions au bas desquel-
les les Alliés apposèrent leurs signatures
comme des chiffons de papier. On se con-
tente de revenir dessus lorsqu'elles offrent
matière à discussion comme c'est le cas
avec le Japon pour les possessions alleman-
des du Pacifique, avec la Roumanie pour le
Banat de Témesvar, avec l'Italie pour les
articles V7, VIII et IX qui intéressent la
Grèce, XII et XIII, le domaine colonial de
la France et de l'Angleterre en Afrique, du
traité de Londres du 20 avril 1915.
Pu fait que le peuple hellène resta, com-
me le peuple serbe, pendant toute la durée
des hostilités avec les Alliés, il/. Venizelos
a. beaikieit pour contester, à Victor de M.
Pachitch, la parfaite validité d'un traité né-
gocié et signé à l'insu du gouvernement
hellénique. Il n'y a pas d'ailleurs matière à
un malentendu, l'adhésion aux principes dit
président Wilson impliquant l'annulation
des engagements passés.
Aussi les principales difficultés contre
lesquelles l'illustre Crétois a eu à lutter ne
viennent-elles pas de là, mais du désir des
hautes Puissances de n'accorder à la Grèce
que ce qui lui revient légitimement.
Du reste, les Alliés s'étaient montrés fa-
vorables à une partie des revendications
helléniques lors des pourparlers qui avaient
trait à une participation éventuelle de la
Grèce à l'expédition des Dardanelles. Com-
ment contesteraient-ils aujourd'hui les
droits de la Grèce sur le Dodécanèse par
exemple dont la population est exclusive-
ment grecque ?
Pour Constantinople, M. Venizelos récla-
mait l'internationalisation ainsi que celle
des Détroits sous l'égide de la Société des
Nations. Il a demandé enfin que l'Entente
tienne compte des offres qu'elle avait faites
au gouvernement d'Athènes, en 1915, au su-
jet de l'Asie-Mineure.
La fin de l'exposé de M. Venizelos a pris
toute la séance. Après lui, M. Orlanda a
pris encore la parole pour le remercier de
la modération dont il avait fait preuve et
exprimer l'espoir que les questions qui sg
posent entre l'Italie et la Grèce se résou-
draient à leur satisfaction commune.
Comme pour les revendications roumai-
nes, la Conférence Q décidé de renvoyer 4
une Commission d'études l'examen des de-
siderata helléniques.
Louis BRESSE,
—»
COMMUNIQUE OFFICIEL
Le président t'es Etats-unis d'Amérique,
les premiers ministres et ministres des af-
faires étrangères des Etats-Unis d'Améri-
que, de l'empire britannique, de la France,
de l'Italie Í; les représentants du Japon se
sont réunis hier matin, à 11 heures, au mi-
nistère des affaires étrangères.
M. Venizelos a continué et terminé son
exposé sur les revendications de la Grèce.
Il a été décidé de constituer une commis-
sion de deux délégués par gran.?.3 puissance
pour étudier les questions relatives à la
Grèce.
La prochaine réunion aura lieu cet après-
midi, à trois heures.
-
La Commission des Réparations
La commission des réparations s'est réu-
pe hier, à 15 heures, au ministère des Fi-
nances, sous la présidence de M. Rlotz.
Elle a décidé la création d'un secrétariat
général composé de 4 membres : MM. le
colonel Peel (Empire britannique), Green
(Etats-Unis), le commandant Foberti (Italie),
°A le Lasteyrie (France).
Elle a -approuvé la création de trois sous-
commissions chargées de l'évaluation des
dommages, de l'étude de la capacité finan-
cière des Etats ennemis et des moyens de
paiement, des mesures de contrôle et garan-
ties.
Dès la prochaine séance, qui aura lieu le
5 février, à 11 heures, la commission abor-
dera l'étude dts principes qui dominent les
questions ci-dessu! ¡.'
M. Balfour et la Presse
M. Balfour a tenu à recevoir, hier soir,
un certain nombre de journalistes français
et alliés pour entrer en contact direct avec
la presse. Le chef du Foreign Office s'est
mis à leur disposition dans iUn des salons
de l'hôtel Astoria, siège de la délégation bri-
tannique et, pendant cinq quarts d'heure,
leur a fourni force explications sur la So-
ciété des Nations et l'application de ses
principes au problème colonial.
Selon ses vues, le système des mandats
pourra être appliqué aux unes pendant que
les autres colonies continueront d'être sou-
mises au régime actuel. M. Balfour pense
que le résultat obtenu pourra déterminer un
progrès car si le système des mandats est
dans la pratique couronné de succès. il au-
ra pour effet d'amener l'opinion publique à
exiger que l'on adopte les réformes qui dé-
couleront de l'application du système des
mandats.
Dans le 'cas contraire, c'est le nouveau
système qui devra être corrigé en résultat
de la comparaison. Loin d'être une cause
de recul la coexistence des deux systèmes
poura avoir d'excellents résultats.
Dans les territoires détenus en "vertu d'un
mandat, le régime devra être cvelui de la
porte ouverte, mais la Ligue des Nations ne
saurait faire abstraction des traditions exis-
tant dans les diverses parties du monde.
A un interpellateur qui demandait s'il ne
conviendrait pas de reléguer l'organisation
de la Société; des Nations au second plan
pour débattre d'abord la question plus spé-
ciale de la paix avec l'Allemagne, M. Bal-
four est d'avis que la méthode adoptée d'étu-
dier parallèlement les deux questions n'em-
pêchera pas d'arriver aussi vite à la paix
générale. *
Enfin l'homme d'Etat anglais qui s'était
refusé à s'exprimer sur plusieurs points
non encore traités par la Conférence, a dé-
claré que l'existence dé la Ligue des Na-
tions ne changerait rien aux traités exis-
tant antérieurement. Ceux-ci ne sauraient
être abrogés. - - h"
Les paroles de M. Bauour étaient tradui-
tes au fur. et à mesure en français. Son
discours respire la bcfihomie, l'œil est vif.
On se croit plutôt en présence d'un sayant
sociologue au milieu de ses élèves que de-
vant le successeur des Pitt, des Palmerslon
et des Beaconsfield à l'une des pîus grandes
heures dë lhistoire de l'Angleterre.
Le voyage de lord Hardinge
Le bruit a couru que lord Hardinge avaif
renoncé à ses fonctions de conseiller tech-
nique de la délégation anglaise et était re-
venu en Angleterre.
Nous sommes autorisés à' déclarer que
lord Bardinge s'est rendu à Londres pour,
traiter quelques questions urgentes rele-
vant de son ministère et exigeant son inter-
vention personnelle, mais on l'attend de
nouveau à Paris au cours de cette semaine.
A LA CHAMBRE
Les ., grands débats sociaux
—
ON CONTINUE LE VOTE DE LA LOI DES PENSIONS
DANS LES COULOIRS,ON PARLE AUSSI DE L'AFFAIRE CAILLAUX
—
La Chambre a repris sa physionomie or-
dinaire ; la journée de gala d'hier n'est
plus qu'une phase historique entrée dans
les annales de la grande guerre. Le 'travail
parlementaire reprend son cours par la
continuation de la discussion de la loi sur
les pensions militairest impatiemment at-
tendue, elle aussi.
De fort bonnes interventions ont marqué
la volonté avtc laquelle çertains législa-
teurs s'attachent à faire passer dans les
faits et à traduire en articles de lois les
hommages rendus à l'héroïsme des
dit désastre. Citons tout particulièrement
l'âpreté avec laquelle le Dr Chqssaing, dé-
puté du Puy-de-Dôme, défendit les droits
des blessés atteints d'infirmité multiples,
puis aussji les chauds plaidoyers de MM.
Ernest Lafont çt Betoulle en faveur des en-
fants naturels dont le sort ne sera fixé
qu'au cours de .prochains débats quand la
Chambre abordera Varticlg 20 de la loi en
discussion.
Le chroniqueur impartial ne peut man-
quer de retenir les propos assez graves qui
couraient les couloirs au sujet de l'affaire
Caillaux. Le rapporteur de la IIaulè-Coer,
M. Pérès, aurait manifesté l'intention dé
mettre en jeu la politique extérieure prati-
quée en 1911 par l'ancien président du Con-
seil. Les amis de celui-ci affirment que le
prévenu serait enchanté dé cette occasion
inattendue par laquelle le procès devien-
drait si nettement politique et l'on prétend
aussi que l'affaire deviendrait dès lors fort
mauvaise pour M. de Selves, ce qui n'entre
certainement pas dans les intentions de M..
Pérès, Enregistrons et attendons.
Ne manquons pas non plus d'attirer l'at-
tention publique sur une déclaration laite
en cours de séance par M. Lugol disant que
les hommes classés dans le servive auxi-
liaire par suite de blessures da guerre ne
sont nullement privés du droit de réclamer.
Ils doivent, au contraire, adresser à l'Etat
une demande de pension. Des instructions
ont nLé £ <\r>j-ic £ ?. /), fin? tes .d^.réfo^
me pour qu'ils s'ouvrent largement il cette
catégorie de blessés et de malades.
Et nous aurons complété ce qui concerné
le bon travail parlementaire d'hier quand
nous aurons dit que 1M. Vincent Auriol a
déposé un rapport concluant à l'exonération
d'impôt des contribuables mobilisés, ceci
selon des règles qu'il sera intéressant de
consulter, d'autre part.
Camille DEVILAR.
LA SÉANCE
Apres adoption de la proposition de loi
de M. Paul Bénazet tendant à modifier cer-
tains articles de lois sur les associatio
pour déterminer la nationalité des action-
naires et des administrateurs de sociétés eti
des dirigeants d'associations la Chambre re-
prend l'examen de la loi des pensions et
décide tout d'abord d'augmenter Jj'incE&m««
nité accordée aux grands mutilés.
LES CAS D'INFIRMITES MULTIPLES
M. Chassaing a proposé de modifier ainsi
le premier paragraphe de l'article 10.
« Dans le cas d'infirmités multiples, 14
taux d'invalidité est considéré intégrale-
mont pour chacune des infirmités ei réglé
suivant les tableaux annexés à la présenta
RQi. » - ---
Le député dtu "Fuy-ïïe-uome défend yigou.
reusement son amendement
M. Chassaing. — La Chambre a décidé
que le taux des pensions devait être exac-
tement proportionnel au degré d'invalidité..
Do-ns ces conditions, l'article 10 constituerait
tel qu'il est actuellement rédigé une injustice
à rencontre de ceux qui sont atteints d'in-
firmités multiples, Plus graves sont ses
blessures, 1 plus grande devrait être notre
reconnaissance envers les mutilés. Or, jl
p'en est pas ainsi.
, Le mode d'évaluation des infirmités est-
singulièrement confus et obscur. Mais le ré-
sultat surtout est injuste. Voici, par exemp-
ple, un mutilé qui a subi une amputation;
-;le £ Uis.se, JJïw amputation Cie la eaill droi-
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