Titre : Le Rappel / directeur gérant Albert Barbieux
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1919-01-13
Contributeur : Barbieux, Albert. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328479063
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 13 janvier 1919 13 janvier 1919
Description : 1919/01/13 (N17588). 1919/01/13 (N17588).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k75646277
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-43
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 09/04/2013
23 NIVOSE, AN N°17.588
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LUNDI 13 JANVIÉR 1111. — No 17.6U
AUGUSTE VACQUBRIE
Fondateur (1869)
TELEPHONE
Nord : 24-90, 24-91
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REDACTION ET AOMINISTItÉCTON
SSL "varli Stra.,.. -
TRIBUNE LIBRE r
L'Education Française
— 1 ) <
r
Les préjugés qui dominent
l'enseignement public datent
de l'antiquité.
Dans les lycées et dans les
collèges: l'enseignement secon-
daire est resté le même qu'a-
vant la Révolution, malgré les quelques
bribes d'histoire et de sciences qu'on a
tenté d'y ajouter, et malgré la suppres-
sion de certains exercices surannés, tels
que le discours et les vers latins.
Comme méthode et comme doctrine,
c'est encore, au fond, l'enseignement
des Jésuites.
Les élèves qui sortent des lycées ou des
, collèges sont impropres à l'action, non
seulement parce qu'ils y sont inhabiles,
mais encore parce qu'ils la dédaignent
et la méprisent comme une œuvre basse
et servile. w
A part ceux qui suivent la carrière
militaire, tout le reste recherche les pro-
fessions dites libérales, et principale-
ment les fonctions publiques.
Tous fonctionnaires, tel est l'idéal du
lycée ou du moins celui de la plupart
des bons élèves !
Les Facultés, qui distribuent l'ensei-
gnement supérieur, ne forment que des
1 avocats, des médecins et des profes-
seurs.
Une société ainsi composée ne saurait
ni subsister ni même exister ; elle ne
serait pas viable.
« Toute société, a dit Littré, progres-
se lorsque la somme de ce qui doit être
appris augmente ; décline, lorsque cette
somme diminue ; demeure stationnaire,
lorsque cette somme reste la même. »
Nous sommes stationnaires, en Fran-
fce, malgré la République, parce que
l'instruction est restée la même que sous
l'Empire. On l'a étendue à un plus
grand nombre, mais sans profit. Loin
de Jà : on a grossi le flot des aspirants
aux fonctions publiques, et détourné
beaucoup d'esprits actifs de la produc-
Í ion et du travail individuels, qui seuls
I I peuvent donner la richesse et l'indépen-
dance. On a augmenté le nombre des
improductifs, des gens impropres à l'ac-
tion.
t Impropres à l'action! Voyez plutôt
bos hommes politiques. Je n'incrimine
ni les institutions ni les personnes ; j'ap-
précie seulement les résultats.
« Mais quoi ! me dira-t-on, vous con-
flamnez notre système d'éducation, et
vous lui attribuez notre situation ac-
tuelle. C'est pourtant cette éducation
'libérale, fondée sur la culture des An-
ciens et du XVII" siècle, qui a produit
lce XVIII* siècle, que vous devez ad-
{tnirer,puisqu'on lui doit la science mo-
piderne et la Révolution française, »
Sans doute, l'éducation libérale a
Joué un beau rôle dans l'histoire ; je
lui rends volontiers justice ; elle a été
'-l'un des facteurs de la Révolution.
Cependant, outre la formation d'une
Site, on a raison d'attendre une grande
transformation sociale de la diffusion
de l'instruction à tous les degrés. L'ins-
truction en elle-même, et abstraction
faite des résultats qu'elle peut produire,
st un effet, et non une cause. Elle est
aujourd'hui ce qu'elle était autrefois,
I'est-à-dire l'émanation d'une société
ifférente de la nôtre. Ce n'est pas de
fcette instruction-là, ni de sa diffusion,
ue nous pouvons espérer le progrès.
Il faut favoriser l'essor d'une instruc-
tion nouvelle, qui soit en harmonie avec
tootre état social.
Malheureusement les tentatives de ce
genre sont tenues en suspicion par les
pouvoirs publics, qui devraient au con-
traire les encourager.
L'œuvre de la Révolution, dont nous
"evons célébré le centenaire, est loin
'ij'être complète. L'ancien monde conti-
nuera à renaître et à menacer le monde
moderne, tant qu'on se bornera à dé-
truire au lieu d'édifier.
Quel que soit le point où l'on porte
- Iloeuvre de destruction, les besoins inhé-
rents à toute société feront maintenir
les organes existants, jusqu'à ce qu'il se
erée des organes nouveaux, donnant à
ees besoins une meilleure et une plus
Complète satisfaction. fi
'Ce sont des œuvres de création et de
Construction sociales qu'il faut entre-
prendre.
Ici, deux solutions se présentent : les
Uns, persuadés qu'on doit procéder de
l'ensemble aux détails, imaginent un
progrès général, dont tous les progrès
particuliers seraient une simple consé-
quence. C'est d'un meilleur gouverne-
ment et d'une constitution moins im-
parfaite qu'ils attendent l'amélioration
de la société.
D'autre, au contraire, et je suis de
'ée nombre, estiment que le progrès gé-
néral n'est que la somme des progrès
particuliers ; que la constitution et le
gouvernement ne sont qu'une résultante,
idont les composantes sont toutes les for-
tes vives du pays ; qu'au lieu d'inju-
rier, de gémir, ou d'attendre, les bras
teroisés. la venue d'un sauveur, chacun
k-
de nous doit se mettre résolument à l'ou-
vrage et faire connaître l'exposé ou
l'application de ses idées.
C'est à peine si la disposition actuelle
des esprits permet d'entrevoir l'œuvre
pédagogique qu'il est urgent d'accom-
plir. Les novateurs en pareille matière
doivent s'attendre à être traités d'uto-
pistes ou de rêveurs. Il faut qu'ils en
prennent leur parti, et qu'ils se rappel-
lent qu'en mainte autre circonstance le
rêve d'hier est devenu la réalité d'au-
jourd'hui.
JULES-EMILE RIIOLACE.
L'ACTUALITÉ
«i ■ ,i
ON RENTRE
Demain, rentrée parlemen-
taire. Le Parlement pensera-
t-il à sa sortie ?
On a pu médire de lui, il a
pu mériter bien des blâmes :
il a ce mérite qu'il est au ter-
me de son numdnf.
Les longs desseins lui sont interdits,
mais on sait qu'il ne s'en souciait guère.
Le courage lui devient facile: se sou-
ciera-t-il d'en témoigner ?
Si nous avions l'honneur de siéger au
Palais-Bourbon, voici le discours que
nous prononcerions face à cette horloge
dont d'irrévérencieux journalistes par-
lementaires ont toujours envie d'avan-
cer les aiguilles et qui a marqué tant
d'heures perdues pour le pays.
« Mevieurs et chers co-périmés,
« Nous avons beaucoup parlé, parle-
menté, discuté, questionné, interpellé;
maintenant, il faut agir. Il faut agit
d'autant plus vite que nous allons mou-
rir et que le Jugement dernier peut être,
pour nous, la résurrection, c'est-à-dire
la réélection.
« Il y a une question qui prime toutes
les autres : c'est celle de la restauration
des régions ravagées par la Barbarie
scientifique des Bocites. Si nous tar-
dions une heure, une minute de plus à
la résoudre, nous serions dignes non pas
de .la haine, mais du mépris de la Pa-
trie.
« En second lieu, nous qui avons si
souvent commis le péché de démagogie,
jouons notre chance suprême qui çst
aussi la chance suprême de la Républi-
que : assurons enfin à ce pays ensan-
glanté par la guerre, les bienfaits de la
paix. L'Allemagne est vaincue. mais
non point l'égoïsme, la cupidité, l'or-
gueil, l'insolence et la' sottise des
castes possédantes. Tels sont les plus
grands ennemis de l'ordre car ils auto-
risent la convoitise, l'envie et la colère
des classes dépossédées.
« La guerre aura eu ce mérite qu'elle
nous a révélé ce que peut obtenir des
uns et des autres la dictature de l'intérêt
public. Continuons de soumettre à cette
dictature tous les intérêts particuliers.
Demandons-lui la solution de ces problè-
mes sociaux qui dérivent du problème de
la démobilisation.
« Enfin, surtout si nous voulons re-
naître, proposons aux électeurs une
image du Parlement où ils ne nous re-
connaissent pas. Nous sommes nés au
scrutin d'arrondissement : qu'il meure
avec nous.
« Cinq cent vingt d'entre nous ont été
élus qui «vaient fait campagne pour la
réforme électorale. Il n'est donc pas de
réforme sur laquelle le suffrage univer-
sel se soit plus nettement prononcé.
N'ayant pas su la réaliser, comme nous
le devions, au lendemain de notre élec-
tion., réalisons-la, puisque nous le pou-
vons, à la veille de notre dissolution.
« Grâce à elle, grâce à elle seulement,
la Chambre nouvelle pourra faire ou-
blier la Chambre actuelle. Et c'est la
grâce que je vous souhaite.
- « Amen. »
4>
Le Luxembourg en République
La République a été proclamée hier dans
le Luxembourg. La grande.duchesse se se-
rait retirée dans son château aux environs
de la ville.
La Chambre a tenu une séance mouve-
mentée. Les cléricaux ont quitté la salle.
Des. troubles avaient éclaté il y a quel-
ques jours, qui avaient eu un écho à la
Chambre. La grande-duchesse s'était con-
finée dans son château, ne prenant plus au-
cune part aux affaires de l'Etat depuis une
première manifestation anti-dynastique qui.
s'était produite en novembre dernier.
Aimsi que le relate une dépêche de Mttz,
la Chambre luxembourgeoise a proclamé la
République par les libéraux et les socialis-
tes, qui comptaient les premiers 10 députés,
les seconds 12. Le parti clérical, représenté
par 27 députés et le parti populiste (égale-
ment clérical) par 5, qui disposait de la
majorité, avaient essayé d'empêcher le vote
de cette résolution en s'éloignant de la salle
des séances.
La grande-duchesse avait succédé à son
père, le duc Adolphe de Nassau, le 25 fé-
vrier 1912, -
'On Da h..
-.-
En passant
Livres célèbres ?
Notre excellent confrère Excelsior .ouvre !e
concours des « Livres célèbres » et propose, tout
de go, à l'admiration des foules : Un Chapeau
de paille d'Italie, d'Eugène Labiclie ; Le Comte
K Qtia, de Victor CriJulil et les œuvres ccm-
plètes de Mme Marcelle Tinayre.
Encore Mme Marcelle Tinayre a-l-elle eu le
mérite, en ces derniers temps, de mêler des re-
cettes culinaires à sa littérature. Mais vous ai-je
dit qu'Excelsior impose, par surcroît, à ses con-
currents, la lecture de Maman Colibri ?
La voilà bien, la « puissance de rénovation »
de la grande guerre !
Ces erreurs, qui ne sont pas sans conséquen-
ce. procèdent évidemment de la même errrur
initiale ; il ne fallait pas laisser le choix entre
cent livres « célèbres », mais en imposer dix qui
hissent, dignes de l'être.
Dix livres ? Oui, pas davantage, mais.si riches
de substance et si représentatifs, qu'ils puissent
constituer, à eux seuls, toute la bibliothèque de
tout un peuple — le nôtre, bien entendu — dix
livres si nécessaires, qu'il soit considéré comme
un crime honteux de ne pas les avoir lus ; dix
livres qu'il faudrait avoir lus, pour avoir le droit
de manger au restaurant, de se promener dans
un square, de circuler en chemin de fer, d'ache-
ter, de vendre, de donner, de recevoir, d'ester,
de tester, de se ;r.:lal'ier et de divorcer.
Il ne serait, d'ailleurs, pas .défendu de les
avoir Jus, pour devenir député, sénateur et. mi-
nistre.
- Vous paraissez ignorer qu'il y a eu, déjà,
bien des tentatives de dresser cette liste de - ic
livres 7.
— Non. je ne l'ignoce pas. Je n'ignore pas
qu'elle mit aux prises M. Louis Dimier, de lMo-
tion Française, et le Manuel Général de l'Ensei-
gnement primaire ; mais je voudrais que la
mienne mît d'accord Marcel Sembat et Paul
Bourget. l'abbé Lantaigne et iM. Bergeret, Oron
et Brotteaux.
-- Et vous pensez y réussir ?
- J'ai osé l'essayer.
— Voyons ?"
- Voici. D'abord les trois livres cardinaux et
qui, au besoin, dispenseraient de tous les autres
et dont tous les autres ne dispenseraient pas,
les trois livres qui ne doivent jamais nous quit-
ter une heure, même en voyage : la Bible. le
Code civil et le Théâtre de Jean Racine. ,
- Le Code Napoléon avec Bérénice et le Ser-
rnon sur la Montagne ?
— Oui, jamais erreurs plus mortelles ne fuient
déduites avec plus de rigueur logique dans un
style plus sobre.
— Et après ?
- Après : Pantagruel, le Discours de la Mé-
thode. les Fables, les Pensées, l'Introduction .i
l'Histoire de la Littérature anglaise, le Rouge et
le A'oir.
— C'est tout ?
- — C'est tout.
- Vous n'y avçz pas mis Candide !
- Non, de même que je n'y ai pas mis le Dis-
ciple, ni l'Avenir de l'Intelligence.
— Pourquoi ?
- Parce que j'avais dit « dix » et nen pas
treize.
— Croyez-vous que ces dix-là soient jamais
très populaires ?
— Je crois, en tout cas, que nous avons ie
droit de dire à quiconque ne les a pas lus et
Mus — mt-il tiomrrif de lettres —; « Monsie 11"
vous n'êtes qu'un illettré ».
Charles Briand.
m
Aujourd'hui
Les trônes qui croulent.
Encore un Empereur qui ne régnera plus
sur ses Etats. Ce n'est pas par une fuite
honteuse dans un pays voisin, après avoir
déchaîné sur le monde le plus épouvanta-
ble cataclysme, que se termine la carrière
de ce souverain. Une balle de revolver, ti-
rée par une femme — la sienne — l'a pré-
cipité d'un trône, qui lui toujours fictif,
d'ailleurs, au tombeau. Ainsi vient de fi-
nir tragiquement, aux Etats-Unis, Jacques
Lebaudy, empereur du Sahara par la grâce
des millions dont un héritage l'avait ren-
du possesseur.
Après les folles équipées que l'on sait,
Jacques Lebaudy avait quitté la France
inhospitalière avec une demi-mondaine
lyonnaise, Mlle-P., plus connue du public
des calés de Lyon sous le sobriquet de
« Peau de Saucisson ».
Ils émiqrèrent. On les vtt dans lAméri-
que du sud lancés dans de grandes affai-
res, qui tournèrent mal, puis ils s'installè-
rent aux Etats-Unis.
Jacques Lebaudy, revenu des grandeurs
de ce monde, menait une vie assez retirée.
£1b'
Autrefois
Déception royale.
L'usage à la Cour était de désigner des
noms de nombres ordinaux les filles dit
roi non encore baptisées et, par consé-
quent. non encore nommées. Ainsi Mme
Première (Elisabeth), née en 1727, ne fut
baptisée, ainsi que Mmes Seconde et Troi-
sième, qu'en 1737.
Quand on vint annoncer à Louis XV la
naissance d'une nouvelle fille au lieu d'un
duc d'Anjou qu'il attendait, on lui deman-
da si on l'appellerait Mme Septième -? —
<( Madame Dernière, répondit-il brusque-
ment. »
Le Tapin.
Nous garderons nos Colonies
Samedi dernier, les coloniaux français se
sont réunis en un déjeuner confraternel or-
ganisé par les siins du syndicat'de la
Presse Coloniale.
M. PauJ Bluysen, député de l'Inde, pré-
sidait, assisté de M. Ernest Outrey, dépu-
té de la Cochinchine et de M. Paul Vivien,
président du Syndicat de la Presse Colo-
niale v
Journalistes, industriels, commerçants,
colons, représentant une élite du monde co-
lonial, ont pu se convaincre de la nécessité
de s'unir qui s'impose à tous ceux que pas-
sionne l'avenir colonial de la France.
Au-dessus des petites querelles de per-
sonnalités, de partis politiques ou de con-
fessions religieuses plane un devoir sacré :
celui de mettre au contact des blocs colo-
niaux très solidement constitués chez nos
Àniés et même chez nos ennemis, le solide
bloc français, dur comme un granit d'Au-
vergne
Une heureuse parole a circulé au cours
de cette réunion, le gouvernement fran-
çais se serait virtueUement engaxié à ne cé-
der et à n'échanger aucune parcelle des ter-
ritoires sur lesquels flottaient en JUlllet1914..
les trois couleurs de la République.
Un Revenant
l ■
Ce revenant, c'est le Réveil Pénitentiai-
re, organe corporatif de l'Association Gé-
nérale des agents dos services péniten-
tiaires.
Obligé de suspendre sa pnblicntion le 1er
août 1914, il « revient » aujourd'hui, plus
vigoureux, plus alerte que jamais. A tous
ses collaborateurs, qui étaient Jadis parmi
les meilleurs collaborateurs de notre « Tri-
bune Corporative », qu'il nous soit permis
d'adresser nos plus vives félicitation,
Après un article aussi juste dans le fond
que sage dans la: forme sur la suspension
pendant la pierre des conseils de disci-
pline et l'application dp décret du 3 juin
1913 sur les punitions disciplinaires, nous
avons particulièrement remarqué une étude
vraiment navrante, dans sa sincérité, de la.
condition des surveillantes de maisons d'ar-
rêt.
Saviez-vous qu'encore aujourd'hui, ces
surveillantes débitent a 500 francs par an,
pour arriver, après quatre, cina oui dix ans
de service, à 600 francs ? -
Saviez-vous, < en outre, que lorsqu'elles
tombent malades, elles sont obligées de se
(faire remplacer à leurs frais .?
M. Grillon, député de Nancy, avant dé-
noncé ce scandale dès 1910, Io garde des
sceaux alors lui.répondit : « Permettez-moi,
.monsieur Grillon, de vous dire qu'avant
d'énoncer publiquement un fait de ce genre
devant la Chambre, il y auirait lieu de le
contrôler ». Et le rapporteur Général du
budget s'exclama, indigné :
« Ce serait de la barbarie, si c'était
vrai ! »
Or, la barbarie continue.'
L'excuse aggravante
Un bizarre communiqué, d'allure officieu-
se, nous apprend que « pendant les hosti-
lités, le Parlement n'a voulu 'entreprendre
aucune réfprme d'ensemble qui modifierait
les traitements des fonctionnaires ou agents
de l'Etat. » :
Voilà, précisément, ce que nous repro-
chons au Parlement.
De même que c'est durant la paix qu'il
devait préparer la guerre, c'est pendant la
guerre qu'il devait préparer les recons-
tructions de la paix.
Mais, d'ailleurs, est-ce que la crise des
fonctions publiques- est postérieure au 1"
août 1914 ? Est-ce qu'il n'y a pas plus de
vingt ans qu'elle préoccupe non seulement
les tonctionnaires, mais le public ?
Est-ce que les Chambres n'ont pas été
saisies d'une vingtaine de « projets » ou de
« contre-projets » destinés à y remédier ?
Est-ce que les quatre années d'une guerre
que le Parlement n'a su ni prévoir, ni pré-
venir, vont servir d'excuses à toutes les
fautes qu'elles ne l'ont pas ernpêc-hé de com-
mettre ?
En vérité, c'est la trop bafouer l'opinion
publique.
Députés et Sénateurs n'avaient qu'un
moyen de regagner la confiance nationale,
c'était d'éviter de nouvelles épreuves à la
Nation.
Il fallait, pendant la durée des lws,
voter les lois relatives à la restauration < s
régions envahies, à la démobilisation et h
l'utilisation de la main-d'œuvre libérée et
aux grands travaux d'intérêt public. Il fal-
lait donner un statut aux fonctionnaires et
la capacité civile aux syndicats.
Il fallait donner à tous les hommes et à
toutes les femmes de toute la France une
large réforme électorale, préface et condi-
tion de la ,réforme constitutionnelle.
« Nous n'avons rien voulu faire pendant
la guerre ». disent-ils.
Mais, au reste, qu'est-ce qu'ils avaient
donc fait auparavant ?
Droits de l'Homme
■
La Ligue des Droits de l'Homme a tenu
hier, au Grand-Orient, une importante réu-
nion motivée par le désir naturel qu'éprou.
ve le comité central de protester contre les
agissements d'une fraction des membres de
la Ligue.
Il est bien inutile de prendre ici parti
pour l'un ou l'autre des camps adverses.
Constatons simplement que samedi der-
nier, dans le Journal du Peuple, la frac-
tion de la Ligue qui s'intitule minoritaire,
se vantaient d'avoir, au cours d'une précé-
dente réunion, rendu l'exercice de la parole
impossible à ceux des orateurs que la mi-
norité ne voulait pas entendre. -
Et ceci dit, nous serons en plein accord
avec nos amis F. Buisson, président de. la
Ligue et H. Guernut, son distingué secré-
taire général, quand nous aurons rappelé
que cette Ligue tire son nom - qui est un
programme — de son adhésion pleine et
entière à la Déclaration des Droits de l'Hom-
me (24 juin 1793). "Elle s'est même donné
(pour tâche d'en rappeler les principes aux
républicains susceptibles de les méconnut-
tre.
Que les « minoritaires » nous permettent
donc de dire qu'ils se condamnent eux-mê.
mes.
Librement venus à la Ligue, ils ont ac-
cepté l'awticle 7, que les Bolchevistes et eux
entendent fouler aux pieds, et dans lequel
il est dit :
« Le droit de manifester sa pensée et ses
opinions, soit par la voie de la presse, soit
de toute autre manière, le droit de s'assem-
bler paisiblement. ne peuvent être inter-
dits. n
La Déclaration est l'acte jusqu'ici inégalé
de la Révolution française. Elle contient di-
vers articles qui devraient donner fort à ré-
fléchir aux Bolcheviks de Russie, d'Alle-
magne. et d'ailleurs.
Citons les articles 2. 8, ,16 et 18, sur la li-
berté, la sûreté, la « propriété » : les arti-
cles 4 et 24, sur la loi ; l'article 6, sur l'exer-
cice de la liberté ; les articles 10 et 11, sur
la tyrannie ; les articles 33 et 34 sur l'op-
pression. -
Les articles 28, sur la Constitution, et 35,
sur le droit à .l'insurrection, condamnent
Lénine, Liebknecht et ceux qui pourraient
avoir tendance à les imiter. Et l'on pourrait
parodier le mot de Mme Roland :« 0 grande
RévotnUoo que de crimes l'on commet en
itoitt nom In
AUTOUR DE LA CONFÉRENCE
Premiers Débats
- > - (
Nouvelles garanties exigées par les Alliés
pour le renouvellement de l'armistice
La réunion à laquelle ont pris part, dans
l'ancien hôtel de M. de Yergennes, MM.
Clemenceau, Pichon. Wilson et Lansiug,
Llogd George et Balfour, Orlando et Son-
nino, sert en quelque sorte d'introduction
aux délibérations de la Conférence. Il y a
juste deux mois que le premier armistice a
été conclu, armistice qui équivalait non fi
ime suspension d'armes, mais à une véri-
table capitulation de l'Allemagne. S'il ne
s'était agi que d'une guerre entre deux na-
tions, les négociations de paix auraient
vraisemblablement commencé plus tôt.
Qu'on réfléchisse à tous les problèmes
qu'embrasse cette fois le rétablissement
de la paix — et quelques-uns sont sinon
insolubles, du moins des plus complexes —
que l'on songe au nombre de peuples dont
les intérêts sont en jeu, et l'on se convain-
ci-a que, quelle que soit l'impatience bien
légitime des intéressés, les préparatifs né-
cessités par l'organisation de la Conféren-
ce n'ont pas pris trop de temps.
Bien que la séance d'hier ait dû ne com-
porter que des questions protocolaires et
de procédure en vue des réunions ultérieu-
res de la Conférence proprement dite, elle
a eu à s'occuper tout d'abord de la prolon-
(latian lit l'armistice et des conditions dont
les il lliésfont dépendre cette prolongation.
Ces conditions impliquent naturellement
de nouvelles garanties.
'.Conjointcmcnl aux questions relatives au
renouvellement de l'armistice les métho-
des et, la procédure des préliminaires de
paix ont été l'objet d'un premier examen.
Le maréchal Foch a assisté jusqu'à 17
heures 30 à la première partie de la séan-
ce. Celle-ci s'est poursuivie jusqu'à 18 heu-
res 45. Plusieurs membres du eahinet, en-
tre autres MM. Klotz et Clémentel, ont été
appelés. sans doute pour fournir certains
renseignements concernant la question des
garanties qui est encore à t'élude.
A la date du S janvier dernier, il r estait
28.000 prisonniers français en Allemagne.
Ceux qui sont rentrés ont eu. à se plaindre
de 'graves sévices dont ils auraient été l'ob-
jet.
Les autres clauses de l armistice avaient
été exécutées à l'avenant, ainsi en ce qui a
rapport aux mines et canons lourds à
livrer ou au matériel de chemins de fer.
Lé 9 janvier, l'Allemagne n avait restitué
eue 1.967 locomotives au lieu de 5.000 sti-
pulées. Il en est de même pour les wagons
fit les camions.
Des décisions ont été prises à ce sujet,
l'Allemagne semblant disposée à éluder les
conséquences de sa capitulation.
Quant à la procédure et aux méthodes
des préliminaires de paix, il en sera de
nouveau nuestion dans la réunion de cet
après-midi.
Louis BRESSE
- M.
LA CONFERENCE D'HIER
On nous communique la note suivante :
Le conseil de guerre supérieur interallié
s'est réuni à trois heures, au ministère des
affaires étrangères ; étaient présents :
Pour la France : MM. Clempnceau. Pi-
chon, Leygues, Clémentel, Loucheur, ainsi
que le maréchal Foch ;
Pour la Grande-Bretagne : MM. Lloyd
George et Balfour :
Pour les Etats-Unis : M. le président Wil-
son et M. Lansing ;
Pour l'Italie : MM. Orlando et Sonnino.
Auprès une réunion du conseil supérieur
de la guerre, qui a examiné les questions re-
latives au renouvellement de l'armistice, les
premiers ministres des affaires étrangères
des grandes puissances alliées et associées
ont abordé l'examen des méthodes et de la
procédure des préliminaires de paix.
Cet examen sara continué aujourd'hui
après-midi.
ASSISTANCE A LA POLOGNE
Le problème de l'assistance militaire que
les puissances. alliées et associées devront
prêter à la Pologne a été agité au cours
de ces premiers pourparlers.
Suivant le Temps, le haut commande.
ment interallié estime indispensable que les
deux divisions polonaises qui seront trans-
portées en Pologne soient appuiyées d'un
certain nombre de détadhements alliés, qui
leur permettent d'occuper militairement le
chemin de fer de Dantzig à Thorn et de
maintenir ainsi les communications avec
l'Occident.
Comité consultatif juridique
de la Conférence de la Paix
Par arrêté du président du Conseil, mi-
nistre de la Guerre, il est institué à la pré-
sidence du Conseil un Comité consultatif
juridique qui a pour mission de donner
son avis sur toutes les questions qui lui
seront soumises par le président du. Con-
seil, ministre de la GUerre. et relatives aux
travaux de la Conférence de la Paix.
Ce Comité est composé de dix membres.
Sont nommés : Président, M. F. Larnau-
de. doyen de la Faculté de droit de Paris,
professeur de droit public général.
Membres : MM. Romieu, président de la
section du contonticttix du Conseil d'Etat ;
Colson, conseiller d'Etat, membre de l'Ins-
titut ; Falcimaigne, président de la Cham-
bre civile de la Cour de cassation ; A. Le
Poittevin, professeur de légisilation et pro-
cédure criminelle à la Faculté de droit de
Paris ; A. de La,pradelle, professeur de
droit des gens à la Faculté de droit de Pa-
ris ; Cabouat, professeur de droit interna-
tional public à la Faculté de droit de
Caen : Mérignac. professeur de droit inter-
national public à la Faculté de droit de
Toulouse ; Rousset Raoul, ancien bâton-
nier de l'ordre des avocats à la Cour d'ap-
pel de Paris ; Labbé Jean, avocat au Con-
seil d'Etat et à la Cour de cassation.
L'exécution de l'Armistice
On communique les renseignements sui-
vants de l'état-major général de l'armée
relativement à l'exécution des clauses de
l'armistice avec l'Allemagne, conclu par J.
maréchal Foch le 11 novembre 1918, re.
noûveîé le 13 décembre et qui expire le lf
janvier :
Le nombre des prisonniers français ec*
très en France à la date du 12 janvier, es*
de -158.455 hommes.
Il restait à cette date, dans les camps
de l'intérieur de l'Allemagne 28.000 ihom-
m<»s environ.
En ce qui concerne le matériel de guerre.
il ne reste aux Allemands à restituer que,
quelques centaines de canons lourds et 300
minenwerfers environ.
Le matériel de chemin de fer livré au
9 janvier s'élevait à ll)67 locomotives sur.
5.000 (dont 500 au cours (le la première pé-
riode mensuelle et 1.500 dans la seconde) ;
01.650 wagons sur 150.000 et 4.422 camions
sur 5.0OU.
Il v a lieu de remarquer que des obser-
vations ont été présentées par la France
sur l'état lamentable dans lequel nos pri-
sonniers sont revenus et les mauvais trai-
tements don* ils ont été victimes, sans
pouvoir obtenir encore que les coupables
aient été punis.
M. Bratiano part pour Paris
M. Bratiano, président du conseil, a quit-
té Bucarest, samedi pour sf rendre à- Pn-
ris. viiI. Belgrade. Fiume, Venise. Il pren-
dra part au congrès de la naix comme chef
de la délégation roumaine.
M. Bratiano. est accompagné par !e co-
lonel C. Demetresco et par son secrétaire,
M. Plesca.
Départ de M. Orlando
M. Orlimdo, président du conseil des ml.
nistres d'Italie, qui aivait assisté à la séance
du Comité supérieur de guerre interallié, 81
quitté Paris, hier soir, à 20 h. 25, se ren-
dant à Rome.
Il sera de retour à Paris jeudi ou v6
dredi prochain.
LA REVOLUTION ALLEMANDE
La liste des tués s'allonge
- -- -.,.,
On mande de Hambourg^ Il janvier :
Hier soir, à 7 heures, une foulé nom-
breuse s'est massée de nouveau dans les
rues. Des hommes armés ont pénétré dans
l'Hôtel, de Ville et ont arrêté le président
du C. O. S. Xaufenberg, qui appartient au
parti soci'aliste indépendant. Il a été im.
posible d'établir qui avait organisé le coup
de main. Le C. O. S. supérieur des soldats
de Hambourg, d'Altona a déclaré qu'il pre-
nait Laufcnberg sous sa protection. Celui-ci
a été relâché- dans la soirée. Le journal
ft Freilieit », de Kiel, annonce qu'un déta-
chement de 2.000 spldats et sous-officiers
rengagés de la marine est parti vendredi
pour Berlin, afin de se mettre à la disposi-
tion du gouvernement. Des troupes venues
de Posen renforcent également les gouver-
nementaux. Une dépêche de Munich annon-
ce qu'une foule nombreuse était rassemblée
(hier, à la gare. Une courte et violente fu.
sillade se produisit vers 11 heures du ma-
tin. Le poste de la gare tira. Il y eut 5
tués et 72 personnes blessées grièvement.
• Une dépêche de Stuttgart, 11 janvier, dit
que les locaux du « Tageblatt » ont été
repris d'assaut par les volontaires gouver-
nementaux. Les Spartacieps ont essayé,
après-midi, de s'emparer de la « Gazette de
\VurtembCrgt », mais ils ont été reçus par
le feu des mitrailleuses. Ils ont perdu du
monde sans résultats. Lé gouvernement
provisoire, soutenu par la troupe, est mal-
Lr de la situation. Il a %Geé une p~aa~
tion déclarant qu'il était obligé d'intervenu
avec la dernière énergie, par suite des coups
de main spartaciens et demandant à la po-
pulation de le soutenir contre les auteurs de
désordre,.
Les troubles de Ratisbonne
t)e graves désordres se sont produite
hier après-midi ; plusieurs quartiers de la
ville ont été pillés. Le calme a été rétabli
grâce à l'intervention de 500 employés des
chemins de fer de l'Etat: L'état de siège a
été proclamé. II y a des morts et des bles-
sés.
Réponse du gouvernement de periin
à Bisner
On mande de Berlin :
Le gouvernement de recoure a répondu
au télégramme d'Eisner par une déclara-
tion affirmant qu'il veut, lui aussi, l'ordre
et le calme. Il est tout prêt à négocier avec
ses adversaires s'ils sont assez raisonna-
bles, mais il ne peut pas admettre une col-
laboration avec des éléments loucàes ott
communistes, a/vec des Spartaciens qui
veulent empêcher la liberté de la presse et
des élections à l'Assemblée nationale. Le
gouvernement ajoute qu'il est certain d'a-
voir derrière lui l'énorme majorité du peu-
ple allemand. Celui-ci condamne la guerre
civile et ne veut pas être exposé à la fa-
mine.
La situation à Spandau
C'est avec deux pièces d'artilerie de siégé
que les gouvernementaux se sont emparés
, 4& 1'Uôwj è .,g yiu4 4k Spandau. Il y avait
; ;;'
tm nm*f i mkoofrmm
LUNDI 13 JANVIÉR 1111. — No 17.6U
AUGUSTE VACQUBRIE
Fondateur (1869)
TELEPHONE
Nord : 24-90, 24-91
Upftf 90 h. du soir : GUTENBERG IM
fOua M pvsucns
Wmèmetr au RAPPEL-PUBUCtTB
SiMè Svasbourg. — P.
&« mm fin itvltit Ma insérés ne sont pOl rmju
EDMOND DU MBSNIL
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REDACTION ET AOMINISTItÉCTON
SSL "varli Stra.,.. -
TRIBUNE LIBRE r
L'Education Française
— 1 ) <
r
Les préjugés qui dominent
l'enseignement public datent
de l'antiquité.
Dans les lycées et dans les
collèges: l'enseignement secon-
daire est resté le même qu'a-
vant la Révolution, malgré les quelques
bribes d'histoire et de sciences qu'on a
tenté d'y ajouter, et malgré la suppres-
sion de certains exercices surannés, tels
que le discours et les vers latins.
Comme méthode et comme doctrine,
c'est encore, au fond, l'enseignement
des Jésuites.
Les élèves qui sortent des lycées ou des
, collèges sont impropres à l'action, non
seulement parce qu'ils y sont inhabiles,
mais encore parce qu'ils la dédaignent
et la méprisent comme une œuvre basse
et servile. w
A part ceux qui suivent la carrière
militaire, tout le reste recherche les pro-
fessions dites libérales, et principale-
ment les fonctions publiques.
Tous fonctionnaires, tel est l'idéal du
lycée ou du moins celui de la plupart
des bons élèves !
Les Facultés, qui distribuent l'ensei-
gnement supérieur, ne forment que des
1 avocats, des médecins et des profes-
seurs.
Une société ainsi composée ne saurait
ni subsister ni même exister ; elle ne
serait pas viable.
« Toute société, a dit Littré, progres-
se lorsque la somme de ce qui doit être
appris augmente ; décline, lorsque cette
somme diminue ; demeure stationnaire,
lorsque cette somme reste la même. »
Nous sommes stationnaires, en Fran-
fce, malgré la République, parce que
l'instruction est restée la même que sous
l'Empire. On l'a étendue à un plus
grand nombre, mais sans profit. Loin
de Jà : on a grossi le flot des aspirants
aux fonctions publiques, et détourné
beaucoup d'esprits actifs de la produc-
Í ion et du travail individuels, qui seuls
I I peuvent donner la richesse et l'indépen-
dance. On a augmenté le nombre des
improductifs, des gens impropres à l'ac-
tion.
t Impropres à l'action! Voyez plutôt
bos hommes politiques. Je n'incrimine
ni les institutions ni les personnes ; j'ap-
précie seulement les résultats.
« Mais quoi ! me dira-t-on, vous con-
flamnez notre système d'éducation, et
vous lui attribuez notre situation ac-
tuelle. C'est pourtant cette éducation
'libérale, fondée sur la culture des An-
ciens et du XVII" siècle, qui a produit
lce XVIII* siècle, que vous devez ad-
{tnirer,puisqu'on lui doit la science mo-
piderne et la Révolution française, »
Sans doute, l'éducation libérale a
Joué un beau rôle dans l'histoire ; je
lui rends volontiers justice ; elle a été
'-l'un des facteurs de la Révolution.
Cependant, outre la formation d'une
Site, on a raison d'attendre une grande
transformation sociale de la diffusion
de l'instruction à tous les degrés. L'ins-
truction en elle-même, et abstraction
faite des résultats qu'elle peut produire,
st un effet, et non une cause. Elle est
aujourd'hui ce qu'elle était autrefois,
I'est-à-dire l'émanation d'une société
ifférente de la nôtre. Ce n'est pas de
fcette instruction-là, ni de sa diffusion,
ue nous pouvons espérer le progrès.
Il faut favoriser l'essor d'une instruc-
tion nouvelle, qui soit en harmonie avec
tootre état social.
Malheureusement les tentatives de ce
genre sont tenues en suspicion par les
pouvoirs publics, qui devraient au con-
traire les encourager.
L'œuvre de la Révolution, dont nous
"evons célébré le centenaire, est loin
'ij'être complète. L'ancien monde conti-
nuera à renaître et à menacer le monde
moderne, tant qu'on se bornera à dé-
truire au lieu d'édifier.
Quel que soit le point où l'on porte
- Iloeuvre de destruction, les besoins inhé-
rents à toute société feront maintenir
les organes existants, jusqu'à ce qu'il se
erée des organes nouveaux, donnant à
ees besoins une meilleure et une plus
Complète satisfaction. fi
'Ce sont des œuvres de création et de
Construction sociales qu'il faut entre-
prendre.
Ici, deux solutions se présentent : les
Uns, persuadés qu'on doit procéder de
l'ensemble aux détails, imaginent un
progrès général, dont tous les progrès
particuliers seraient une simple consé-
quence. C'est d'un meilleur gouverne-
ment et d'une constitution moins im-
parfaite qu'ils attendent l'amélioration
de la société.
D'autre, au contraire, et je suis de
'ée nombre, estiment que le progrès gé-
néral n'est que la somme des progrès
particuliers ; que la constitution et le
gouvernement ne sont qu'une résultante,
idont les composantes sont toutes les for-
tes vives du pays ; qu'au lieu d'inju-
rier, de gémir, ou d'attendre, les bras
teroisés. la venue d'un sauveur, chacun
k-
de nous doit se mettre résolument à l'ou-
vrage et faire connaître l'exposé ou
l'application de ses idées.
C'est à peine si la disposition actuelle
des esprits permet d'entrevoir l'œuvre
pédagogique qu'il est urgent d'accom-
plir. Les novateurs en pareille matière
doivent s'attendre à être traités d'uto-
pistes ou de rêveurs. Il faut qu'ils en
prennent leur parti, et qu'ils se rappel-
lent qu'en mainte autre circonstance le
rêve d'hier est devenu la réalité d'au-
jourd'hui.
JULES-EMILE RIIOLACE.
L'ACTUALITÉ
«i ■ ,i
ON RENTRE
Demain, rentrée parlemen-
taire. Le Parlement pensera-
t-il à sa sortie ?
On a pu médire de lui, il a
pu mériter bien des blâmes :
il a ce mérite qu'il est au ter-
me de son numdnf.
Les longs desseins lui sont interdits,
mais on sait qu'il ne s'en souciait guère.
Le courage lui devient facile: se sou-
ciera-t-il d'en témoigner ?
Si nous avions l'honneur de siéger au
Palais-Bourbon, voici le discours que
nous prononcerions face à cette horloge
dont d'irrévérencieux journalistes par-
lementaires ont toujours envie d'avan-
cer les aiguilles et qui a marqué tant
d'heures perdues pour le pays.
« Mevieurs et chers co-périmés,
« Nous avons beaucoup parlé, parle-
menté, discuté, questionné, interpellé;
maintenant, il faut agir. Il faut agit
d'autant plus vite que nous allons mou-
rir et que le Jugement dernier peut être,
pour nous, la résurrection, c'est-à-dire
la réélection.
« Il y a une question qui prime toutes
les autres : c'est celle de la restauration
des régions ravagées par la Barbarie
scientifique des Bocites. Si nous tar-
dions une heure, une minute de plus à
la résoudre, nous serions dignes non pas
de .la haine, mais du mépris de la Pa-
trie.
« En second lieu, nous qui avons si
souvent commis le péché de démagogie,
jouons notre chance suprême qui çst
aussi la chance suprême de la Républi-
que : assurons enfin à ce pays ensan-
glanté par la guerre, les bienfaits de la
paix. L'Allemagne est vaincue. mais
non point l'égoïsme, la cupidité, l'or-
gueil, l'insolence et la' sottise des
castes possédantes. Tels sont les plus
grands ennemis de l'ordre car ils auto-
risent la convoitise, l'envie et la colère
des classes dépossédées.
« La guerre aura eu ce mérite qu'elle
nous a révélé ce que peut obtenir des
uns et des autres la dictature de l'intérêt
public. Continuons de soumettre à cette
dictature tous les intérêts particuliers.
Demandons-lui la solution de ces problè-
mes sociaux qui dérivent du problème de
la démobilisation.
« Enfin, surtout si nous voulons re-
naître, proposons aux électeurs une
image du Parlement où ils ne nous re-
connaissent pas. Nous sommes nés au
scrutin d'arrondissement : qu'il meure
avec nous.
« Cinq cent vingt d'entre nous ont été
élus qui «vaient fait campagne pour la
réforme électorale. Il n'est donc pas de
réforme sur laquelle le suffrage univer-
sel se soit plus nettement prononcé.
N'ayant pas su la réaliser, comme nous
le devions, au lendemain de notre élec-
tion., réalisons-la, puisque nous le pou-
vons, à la veille de notre dissolution.
« Grâce à elle, grâce à elle seulement,
la Chambre nouvelle pourra faire ou-
blier la Chambre actuelle. Et c'est la
grâce que je vous souhaite.
- « Amen. »
4>
Le Luxembourg en République
La République a été proclamée hier dans
le Luxembourg. La grande.duchesse se se-
rait retirée dans son château aux environs
de la ville.
La Chambre a tenu une séance mouve-
mentée. Les cléricaux ont quitté la salle.
Des. troubles avaient éclaté il y a quel-
ques jours, qui avaient eu un écho à la
Chambre. La grande-duchesse s'était con-
finée dans son château, ne prenant plus au-
cune part aux affaires de l'Etat depuis une
première manifestation anti-dynastique qui.
s'était produite en novembre dernier.
Aimsi que le relate une dépêche de Mttz,
la Chambre luxembourgeoise a proclamé la
République par les libéraux et les socialis-
tes, qui comptaient les premiers 10 députés,
les seconds 12. Le parti clérical, représenté
par 27 députés et le parti populiste (égale-
ment clérical) par 5, qui disposait de la
majorité, avaient essayé d'empêcher le vote
de cette résolution en s'éloignant de la salle
des séances.
La grande-duchesse avait succédé à son
père, le duc Adolphe de Nassau, le 25 fé-
vrier 1912, -
'On Da h..
-.-
En passant
Livres célèbres ?
Notre excellent confrère Excelsior .ouvre !e
concours des « Livres célèbres » et propose, tout
de go, à l'admiration des foules : Un Chapeau
de paille d'Italie, d'Eugène Labiclie ; Le Comte
K Qtia, de Victor CriJulil et les œuvres ccm-
plètes de Mme Marcelle Tinayre.
Encore Mme Marcelle Tinayre a-l-elle eu le
mérite, en ces derniers temps, de mêler des re-
cettes culinaires à sa littérature. Mais vous ai-je
dit qu'Excelsior impose, par surcroît, à ses con-
currents, la lecture de Maman Colibri ?
La voilà bien, la « puissance de rénovation »
de la grande guerre !
Ces erreurs, qui ne sont pas sans conséquen-
ce. procèdent évidemment de la même errrur
initiale ; il ne fallait pas laisser le choix entre
cent livres « célèbres », mais en imposer dix qui
hissent, dignes de l'être.
Dix livres ? Oui, pas davantage, mais.si riches
de substance et si représentatifs, qu'ils puissent
constituer, à eux seuls, toute la bibliothèque de
tout un peuple — le nôtre, bien entendu — dix
livres si nécessaires, qu'il soit considéré comme
un crime honteux de ne pas les avoir lus ; dix
livres qu'il faudrait avoir lus, pour avoir le droit
de manger au restaurant, de se promener dans
un square, de circuler en chemin de fer, d'ache-
ter, de vendre, de donner, de recevoir, d'ester,
de tester, de se ;r.:lal'ier et de divorcer.
Il ne serait, d'ailleurs, pas .défendu de les
avoir Jus, pour devenir député, sénateur et. mi-
nistre.
- Vous paraissez ignorer qu'il y a eu, déjà,
bien des tentatives de dresser cette liste de - ic
livres 7.
— Non. je ne l'ignoce pas. Je n'ignore pas
qu'elle mit aux prises M. Louis Dimier, de lMo-
tion Française, et le Manuel Général de l'Ensei-
gnement primaire ; mais je voudrais que la
mienne mît d'accord Marcel Sembat et Paul
Bourget. l'abbé Lantaigne et iM. Bergeret, Oron
et Brotteaux.
-- Et vous pensez y réussir ?
- J'ai osé l'essayer.
— Voyons ?"
- Voici. D'abord les trois livres cardinaux et
qui, au besoin, dispenseraient de tous les autres
et dont tous les autres ne dispenseraient pas,
les trois livres qui ne doivent jamais nous quit-
ter une heure, même en voyage : la Bible. le
Code civil et le Théâtre de Jean Racine. ,
- Le Code Napoléon avec Bérénice et le Ser-
rnon sur la Montagne ?
— Oui, jamais erreurs plus mortelles ne fuient
déduites avec plus de rigueur logique dans un
style plus sobre.
— Et après ?
- Après : Pantagruel, le Discours de la Mé-
thode. les Fables, les Pensées, l'Introduction .i
l'Histoire de la Littérature anglaise, le Rouge et
le A'oir.
— C'est tout ?
- — C'est tout.
- Vous n'y avçz pas mis Candide !
- Non, de même que je n'y ai pas mis le Dis-
ciple, ni l'Avenir de l'Intelligence.
— Pourquoi ?
- Parce que j'avais dit « dix » et nen pas
treize.
— Croyez-vous que ces dix-là soient jamais
très populaires ?
— Je crois, en tout cas, que nous avons ie
droit de dire à quiconque ne les a pas lus et
Mus — mt-il tiomrrif de lettres —; « Monsie 11"
vous n'êtes qu'un illettré ».
Charles Briand.
m
Aujourd'hui
Les trônes qui croulent.
Encore un Empereur qui ne régnera plus
sur ses Etats. Ce n'est pas par une fuite
honteuse dans un pays voisin, après avoir
déchaîné sur le monde le plus épouvanta-
ble cataclysme, que se termine la carrière
de ce souverain. Une balle de revolver, ti-
rée par une femme — la sienne — l'a pré-
cipité d'un trône, qui lui toujours fictif,
d'ailleurs, au tombeau. Ainsi vient de fi-
nir tragiquement, aux Etats-Unis, Jacques
Lebaudy, empereur du Sahara par la grâce
des millions dont un héritage l'avait ren-
du possesseur.
Après les folles équipées que l'on sait,
Jacques Lebaudy avait quitté la France
inhospitalière avec une demi-mondaine
lyonnaise, Mlle-P., plus connue du public
des calés de Lyon sous le sobriquet de
« Peau de Saucisson ».
Ils émiqrèrent. On les vtt dans lAméri-
que du sud lancés dans de grandes affai-
res, qui tournèrent mal, puis ils s'installè-
rent aux Etats-Unis.
Jacques Lebaudy, revenu des grandeurs
de ce monde, menait une vie assez retirée.
£1b'
Autrefois
Déception royale.
L'usage à la Cour était de désigner des
noms de nombres ordinaux les filles dit
roi non encore baptisées et, par consé-
quent. non encore nommées. Ainsi Mme
Première (Elisabeth), née en 1727, ne fut
baptisée, ainsi que Mmes Seconde et Troi-
sième, qu'en 1737.
Quand on vint annoncer à Louis XV la
naissance d'une nouvelle fille au lieu d'un
duc d'Anjou qu'il attendait, on lui deman-
da si on l'appellerait Mme Septième -? —
<( Madame Dernière, répondit-il brusque-
ment. »
Le Tapin.
Nous garderons nos Colonies
Samedi dernier, les coloniaux français se
sont réunis en un déjeuner confraternel or-
ganisé par les siins du syndicat'de la
Presse Coloniale.
M. PauJ Bluysen, député de l'Inde, pré-
sidait, assisté de M. Ernest Outrey, dépu-
té de la Cochinchine et de M. Paul Vivien,
président du Syndicat de la Presse Colo-
niale v
Journalistes, industriels, commerçants,
colons, représentant une élite du monde co-
lonial, ont pu se convaincre de la nécessité
de s'unir qui s'impose à tous ceux que pas-
sionne l'avenir colonial de la France.
Au-dessus des petites querelles de per-
sonnalités, de partis politiques ou de con-
fessions religieuses plane un devoir sacré :
celui de mettre au contact des blocs colo-
niaux très solidement constitués chez nos
Àniés et même chez nos ennemis, le solide
bloc français, dur comme un granit d'Au-
vergne
Une heureuse parole a circulé au cours
de cette réunion, le gouvernement fran-
çais se serait virtueUement engaxié à ne cé-
der et à n'échanger aucune parcelle des ter-
ritoires sur lesquels flottaient en JUlllet1914..
les trois couleurs de la République.
Un Revenant
l ■
Ce revenant, c'est le Réveil Pénitentiai-
re, organe corporatif de l'Association Gé-
nérale des agents dos services péniten-
tiaires.
Obligé de suspendre sa pnblicntion le 1er
août 1914, il « revient » aujourd'hui, plus
vigoureux, plus alerte que jamais. A tous
ses collaborateurs, qui étaient Jadis parmi
les meilleurs collaborateurs de notre « Tri-
bune Corporative », qu'il nous soit permis
d'adresser nos plus vives félicitation,
Après un article aussi juste dans le fond
que sage dans la: forme sur la suspension
pendant la pierre des conseils de disci-
pline et l'application dp décret du 3 juin
1913 sur les punitions disciplinaires, nous
avons particulièrement remarqué une étude
vraiment navrante, dans sa sincérité, de la.
condition des surveillantes de maisons d'ar-
rêt.
Saviez-vous qu'encore aujourd'hui, ces
surveillantes débitent a 500 francs par an,
pour arriver, après quatre, cina oui dix ans
de service, à 600 francs ? -
Saviez-vous, < en outre, que lorsqu'elles
tombent malades, elles sont obligées de se
(faire remplacer à leurs frais .?
M. Grillon, député de Nancy, avant dé-
noncé ce scandale dès 1910, Io garde des
sceaux alors lui.répondit : « Permettez-moi,
.monsieur Grillon, de vous dire qu'avant
d'énoncer publiquement un fait de ce genre
devant la Chambre, il y auirait lieu de le
contrôler ». Et le rapporteur Général du
budget s'exclama, indigné :
« Ce serait de la barbarie, si c'était
vrai ! »
Or, la barbarie continue.'
L'excuse aggravante
Un bizarre communiqué, d'allure officieu-
se, nous apprend que « pendant les hosti-
lités, le Parlement n'a voulu 'entreprendre
aucune réfprme d'ensemble qui modifierait
les traitements des fonctionnaires ou agents
de l'Etat. » :
Voilà, précisément, ce que nous repro-
chons au Parlement.
De même que c'est durant la paix qu'il
devait préparer la guerre, c'est pendant la
guerre qu'il devait préparer les recons-
tructions de la paix.
Mais, d'ailleurs, est-ce que la crise des
fonctions publiques- est postérieure au 1"
août 1914 ? Est-ce qu'il n'y a pas plus de
vingt ans qu'elle préoccupe non seulement
les tonctionnaires, mais le public ?
Est-ce que les Chambres n'ont pas été
saisies d'une vingtaine de « projets » ou de
« contre-projets » destinés à y remédier ?
Est-ce que les quatre années d'une guerre
que le Parlement n'a su ni prévoir, ni pré-
venir, vont servir d'excuses à toutes les
fautes qu'elles ne l'ont pas ernpêc-hé de com-
mettre ?
En vérité, c'est la trop bafouer l'opinion
publique.
Députés et Sénateurs n'avaient qu'un
moyen de regagner la confiance nationale,
c'était d'éviter de nouvelles épreuves à la
Nation.
Il fallait, pendant la durée des lws,
voter les lois relatives à la restauration < s
régions envahies, à la démobilisation et h
l'utilisation de la main-d'œuvre libérée et
aux grands travaux d'intérêt public. Il fal-
lait donner un statut aux fonctionnaires et
la capacité civile aux syndicats.
Il fallait donner à tous les hommes et à
toutes les femmes de toute la France une
large réforme électorale, préface et condi-
tion de la ,réforme constitutionnelle.
« Nous n'avons rien voulu faire pendant
la guerre ». disent-ils.
Mais, au reste, qu'est-ce qu'ils avaient
donc fait auparavant ?
Droits de l'Homme
■
La Ligue des Droits de l'Homme a tenu
hier, au Grand-Orient, une importante réu-
nion motivée par le désir naturel qu'éprou.
ve le comité central de protester contre les
agissements d'une fraction des membres de
la Ligue.
Il est bien inutile de prendre ici parti
pour l'un ou l'autre des camps adverses.
Constatons simplement que samedi der-
nier, dans le Journal du Peuple, la frac-
tion de la Ligue qui s'intitule minoritaire,
se vantaient d'avoir, au cours d'une précé-
dente réunion, rendu l'exercice de la parole
impossible à ceux des orateurs que la mi-
norité ne voulait pas entendre. -
Et ceci dit, nous serons en plein accord
avec nos amis F. Buisson, président de. la
Ligue et H. Guernut, son distingué secré-
taire général, quand nous aurons rappelé
que cette Ligue tire son nom - qui est un
programme — de son adhésion pleine et
entière à la Déclaration des Droits de l'Hom-
me (24 juin 1793). "Elle s'est même donné
(pour tâche d'en rappeler les principes aux
républicains susceptibles de les méconnut-
tre.
Que les « minoritaires » nous permettent
donc de dire qu'ils se condamnent eux-mê.
mes.
Librement venus à la Ligue, ils ont ac-
cepté l'awticle 7, que les Bolchevistes et eux
entendent fouler aux pieds, et dans lequel
il est dit :
« Le droit de manifester sa pensée et ses
opinions, soit par la voie de la presse, soit
de toute autre manière, le droit de s'assem-
bler paisiblement. ne peuvent être inter-
dits. n
La Déclaration est l'acte jusqu'ici inégalé
de la Révolution française. Elle contient di-
vers articles qui devraient donner fort à ré-
fléchir aux Bolcheviks de Russie, d'Alle-
magne. et d'ailleurs.
Citons les articles 2. 8, ,16 et 18, sur la li-
berté, la sûreté, la « propriété » : les arti-
cles 4 et 24, sur la loi ; l'article 6, sur l'exer-
cice de la liberté ; les articles 10 et 11, sur
la tyrannie ; les articles 33 et 34 sur l'op-
pression. -
Les articles 28, sur la Constitution, et 35,
sur le droit à .l'insurrection, condamnent
Lénine, Liebknecht et ceux qui pourraient
avoir tendance à les imiter. Et l'on pourrait
parodier le mot de Mme Roland :« 0 grande
RévotnUoo que de crimes l'on commet en
itoitt nom In
AUTOUR DE LA CONFÉRENCE
Premiers Débats
- > - (
Nouvelles garanties exigées par les Alliés
pour le renouvellement de l'armistice
La réunion à laquelle ont pris part, dans
l'ancien hôtel de M. de Yergennes, MM.
Clemenceau, Pichon. Wilson et Lansiug,
Llogd George et Balfour, Orlando et Son-
nino, sert en quelque sorte d'introduction
aux délibérations de la Conférence. Il y a
juste deux mois que le premier armistice a
été conclu, armistice qui équivalait non fi
ime suspension d'armes, mais à une véri-
table capitulation de l'Allemagne. S'il ne
s'était agi que d'une guerre entre deux na-
tions, les négociations de paix auraient
vraisemblablement commencé plus tôt.
Qu'on réfléchisse à tous les problèmes
qu'embrasse cette fois le rétablissement
de la paix — et quelques-uns sont sinon
insolubles, du moins des plus complexes —
que l'on songe au nombre de peuples dont
les intérêts sont en jeu, et l'on se convain-
ci-a que, quelle que soit l'impatience bien
légitime des intéressés, les préparatifs né-
cessités par l'organisation de la Conféren-
ce n'ont pas pris trop de temps.
Bien que la séance d'hier ait dû ne com-
porter que des questions protocolaires et
de procédure en vue des réunions ultérieu-
res de la Conférence proprement dite, elle
a eu à s'occuper tout d'abord de la prolon-
(latian lit l'armistice et des conditions dont
les il lliésfont dépendre cette prolongation.
Ces conditions impliquent naturellement
de nouvelles garanties.
'.Conjointcmcnl aux questions relatives au
renouvellement de l'armistice les métho-
des et, la procédure des préliminaires de
paix ont été l'objet d'un premier examen.
Le maréchal Foch a assisté jusqu'à 17
heures 30 à la première partie de la séan-
ce. Celle-ci s'est poursuivie jusqu'à 18 heu-
res 45. Plusieurs membres du eahinet, en-
tre autres MM. Klotz et Clémentel, ont été
appelés. sans doute pour fournir certains
renseignements concernant la question des
garanties qui est encore à t'élude.
A la date du S janvier dernier, il r estait
28.000 prisonniers français en Allemagne.
Ceux qui sont rentrés ont eu. à se plaindre
de 'graves sévices dont ils auraient été l'ob-
jet.
Les autres clauses de l armistice avaient
été exécutées à l'avenant, ainsi en ce qui a
rapport aux mines et canons lourds à
livrer ou au matériel de chemins de fer.
Lé 9 janvier, l'Allemagne n avait restitué
eue 1.967 locomotives au lieu de 5.000 sti-
pulées. Il en est de même pour les wagons
fit les camions.
Des décisions ont été prises à ce sujet,
l'Allemagne semblant disposée à éluder les
conséquences de sa capitulation.
Quant à la procédure et aux méthodes
des préliminaires de paix, il en sera de
nouveau nuestion dans la réunion de cet
après-midi.
Louis BRESSE
- M.
LA CONFERENCE D'HIER
On nous communique la note suivante :
Le conseil de guerre supérieur interallié
s'est réuni à trois heures, au ministère des
affaires étrangères ; étaient présents :
Pour la France : MM. Clempnceau. Pi-
chon, Leygues, Clémentel, Loucheur, ainsi
que le maréchal Foch ;
Pour la Grande-Bretagne : MM. Lloyd
George et Balfour :
Pour les Etats-Unis : M. le président Wil-
son et M. Lansing ;
Pour l'Italie : MM. Orlando et Sonnino.
Auprès une réunion du conseil supérieur
de la guerre, qui a examiné les questions re-
latives au renouvellement de l'armistice, les
premiers ministres des affaires étrangères
des grandes puissances alliées et associées
ont abordé l'examen des méthodes et de la
procédure des préliminaires de paix.
Cet examen sara continué aujourd'hui
après-midi.
ASSISTANCE A LA POLOGNE
Le problème de l'assistance militaire que
les puissances. alliées et associées devront
prêter à la Pologne a été agité au cours
de ces premiers pourparlers.
Suivant le Temps, le haut commande.
ment interallié estime indispensable que les
deux divisions polonaises qui seront trans-
portées en Pologne soient appuiyées d'un
certain nombre de détadhements alliés, qui
leur permettent d'occuper militairement le
chemin de fer de Dantzig à Thorn et de
maintenir ainsi les communications avec
l'Occident.
Comité consultatif juridique
de la Conférence de la Paix
Par arrêté du président du Conseil, mi-
nistre de la Guerre, il est institué à la pré-
sidence du Conseil un Comité consultatif
juridique qui a pour mission de donner
son avis sur toutes les questions qui lui
seront soumises par le président du. Con-
seil, ministre de la GUerre. et relatives aux
travaux de la Conférence de la Paix.
Ce Comité est composé de dix membres.
Sont nommés : Président, M. F. Larnau-
de. doyen de la Faculté de droit de Paris,
professeur de droit public général.
Membres : MM. Romieu, président de la
section du contonticttix du Conseil d'Etat ;
Colson, conseiller d'Etat, membre de l'Ins-
titut ; Falcimaigne, président de la Cham-
bre civile de la Cour de cassation ; A. Le
Poittevin, professeur de légisilation et pro-
cédure criminelle à la Faculté de droit de
Paris ; A. de La,pradelle, professeur de
droit des gens à la Faculté de droit de Pa-
ris ; Cabouat, professeur de droit interna-
tional public à la Faculté de droit de
Caen : Mérignac. professeur de droit inter-
national public à la Faculté de droit de
Toulouse ; Rousset Raoul, ancien bâton-
nier de l'ordre des avocats à la Cour d'ap-
pel de Paris ; Labbé Jean, avocat au Con-
seil d'Etat et à la Cour de cassation.
L'exécution de l'Armistice
On communique les renseignements sui-
vants de l'état-major général de l'armée
relativement à l'exécution des clauses de
l'armistice avec l'Allemagne, conclu par J.
maréchal Foch le 11 novembre 1918, re.
noûveîé le 13 décembre et qui expire le lf
janvier :
Le nombre des prisonniers français ec*
très en France à la date du 12 janvier, es*
de -158.455 hommes.
Il restait à cette date, dans les camps
de l'intérieur de l'Allemagne 28.000 ihom-
m<»s environ.
En ce qui concerne le matériel de guerre.
il ne reste aux Allemands à restituer que,
quelques centaines de canons lourds et 300
minenwerfers environ.
Le matériel de chemin de fer livré au
9 janvier s'élevait à ll)67 locomotives sur.
5.000 (dont 500 au cours (le la première pé-
riode mensuelle et 1.500 dans la seconde) ;
01.650 wagons sur 150.000 et 4.422 camions
sur 5.0OU.
Il v a lieu de remarquer que des obser-
vations ont été présentées par la France
sur l'état lamentable dans lequel nos pri-
sonniers sont revenus et les mauvais trai-
tements don* ils ont été victimes, sans
pouvoir obtenir encore que les coupables
aient été punis.
M. Bratiano part pour Paris
M. Bratiano, président du conseil, a quit-
té Bucarest, samedi pour sf rendre à- Pn-
ris. viiI. Belgrade. Fiume, Venise. Il pren-
dra part au congrès de la naix comme chef
de la délégation roumaine.
M. Bratiano. est accompagné par !e co-
lonel C. Demetresco et par son secrétaire,
M. Plesca.
Départ de M. Orlando
M. Orlimdo, président du conseil des ml.
nistres d'Italie, qui aivait assisté à la séance
du Comité supérieur de guerre interallié, 81
quitté Paris, hier soir, à 20 h. 25, se ren-
dant à Rome.
Il sera de retour à Paris jeudi ou v6
dredi prochain.
LA REVOLUTION ALLEMANDE
La liste des tués s'allonge
- -- -.,.,
On mande de Hambourg^ Il janvier :
Hier soir, à 7 heures, une foulé nom-
breuse s'est massée de nouveau dans les
rues. Des hommes armés ont pénétré dans
l'Hôtel, de Ville et ont arrêté le président
du C. O. S. Xaufenberg, qui appartient au
parti soci'aliste indépendant. Il a été im.
posible d'établir qui avait organisé le coup
de main. Le C. O. S. supérieur des soldats
de Hambourg, d'Altona a déclaré qu'il pre-
nait Laufcnberg sous sa protection. Celui-ci
a été relâché- dans la soirée. Le journal
ft Freilieit », de Kiel, annonce qu'un déta-
chement de 2.000 spldats et sous-officiers
rengagés de la marine est parti vendredi
pour Berlin, afin de se mettre à la disposi-
tion du gouvernement. Des troupes venues
de Posen renforcent également les gouver-
nementaux. Une dépêche de Munich annon-
ce qu'une foule nombreuse était rassemblée
(hier, à la gare. Une courte et violente fu.
sillade se produisit vers 11 heures du ma-
tin. Le poste de la gare tira. Il y eut 5
tués et 72 personnes blessées grièvement.
• Une dépêche de Stuttgart, 11 janvier, dit
que les locaux du « Tageblatt » ont été
repris d'assaut par les volontaires gouver-
nementaux. Les Spartacieps ont essayé,
après-midi, de s'emparer de la « Gazette de
\VurtembCrgt », mais ils ont été reçus par
le feu des mitrailleuses. Ils ont perdu du
monde sans résultats. Lé gouvernement
provisoire, soutenu par la troupe, est mal-
Lr de la situation. Il a %Geé une p~aa~
tion déclarant qu'il était obligé d'intervenu
avec la dernière énergie, par suite des coups
de main spartaciens et demandant à la po-
pulation de le soutenir contre les auteurs de
désordre,.
Les troubles de Ratisbonne
t)e graves désordres se sont produite
hier après-midi ; plusieurs quartiers de la
ville ont été pillés. Le calme a été rétabli
grâce à l'intervention de 500 employés des
chemins de fer de l'Etat: L'état de siège a
été proclamé. II y a des morts et des bles-
sés.
Réponse du gouvernement de periin
à Bisner
On mande de Berlin :
Le gouvernement de recoure a répondu
au télégramme d'Eisner par une déclara-
tion affirmant qu'il veut, lui aussi, l'ordre
et le calme. Il est tout prêt à négocier avec
ses adversaires s'ils sont assez raisonna-
bles, mais il ne peut pas admettre une col-
laboration avec des éléments loucàes ott
communistes, a/vec des Spartaciens qui
veulent empêcher la liberté de la presse et
des élections à l'Assemblée nationale. Le
gouvernement ajoute qu'il est certain d'a-
voir derrière lui l'énorme majorité du peu-
ple allemand. Celui-ci condamne la guerre
civile et ne veut pas être exposé à la fa-
mine.
La situation à Spandau
C'est avec deux pièces d'artilerie de siégé
que les gouvernementaux se sont emparés
, 4& 1'Uôwj è .,g yiu4 4k Spandau. Il y avait
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