Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1896-10-26
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 26 octobre 1896 26 octobre 1896
Description : 1896/10/26 (N9726). 1896/10/26 (N9726).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7564549g
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/05/2013
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A.ONCES
4JJX BUEEAUX DU JOURNAL
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W 9726. — Lundi 26 Octobre t.sa
5 BRUMAIRE AN t05
ADMINISTRATION t IBI, me Montmartre, f 3)
AértsMr imrt» * mandat* à VAdawmtraUm
NOS LEADERS
Les uS IUjuiiuiUi t
Le cinquième volume des Aventures
ne ma vie vient de paraître. C'est le
dernier de la série. — Hélas !
Oui, hélas î , car Rochefort comme
conteur est aussi prodigieux que
comme journaliste etcomme pamphlé-
taire. Et il aurait pu dire aux lecteurs
du Jour, qui, tous les soirs, attendaient
mpatiemment leur feuilleton, bien
des choses encore. Il aurait pu, par
exemple, leur rappeler les nombreux
incidents dé son retour triomphal à
Paris que modestement il a trop
tlbrégé. Il leur devait également le ré-
cit du rôle important qu'il a joué dans
la politique depuis qu'il est revenu
4exil. Il y avait là la matière d'un
sixième livre. Mais Rochefort n'a pas
voulu l'écrire. Je n'insiste donc pas.
Dans ce cinquième volume, Roche-
fort retrace l'histoire du mouvement
boulàngiste, auquel il a pris la part
enprme que l'on sait.
Que pouvait-il dire du boulangisme?
L , excuser? Le donner comme une agi-
tation républicaine? Essayer de dé-
montrer que les vieux républicains,
déçus dans leurs espérances, s'atta-
chaient à quelqu'un qu'ils croyaient
décidé à tout pour faire triompher les
revendications du pays? Sans doute,
il était impossible que Rochefort agît
Autrement. Mais cette apologie du
-boulangisme, il l'a faite de telle façon
que le général Boulanger paraît avoir
été une victime et que ceux qui ont
défendu contre lui la République sem-
blent avoir eu tort de ne pas le suivre.
Lorsqu'on a autant de talent que
Rochefort, on opère de pareils tours
de force.
:}t.--.
Quant à la bonne foi de Rochefort,
elle est évidente et si l'on se refuse à
partager ses idées on est bien forcé
d'admettre que celles-ci ne pouvaient
trouver un défenseur à la fois plus
éloquent et plus loyalement con-
vaincu.
Rochefort a vu en Boulanger l'hom-
me providentiel qui était appelé à
donner à la France la vraie Répu-
blique, la République rêvée par tous
les vrais républicains, l'homme qui
devait débarrasser la scène politique
des comédiens et des tripoteurs,
l'homme enfin qui pouvait faire revivre
les traditions de 1789.
Il s'est trompé. Et malheureusement
combien d'autres avec lui qui n'avaient
pas l'excuse de sa sincérité ?
"*: *
Rochefort est à Londres, en exil.
Les brouillards de la Tamise n'ont pas
raison de sa verve, n'obscurcissent pas
cet esprit si clair, si brillant, si fran-
çais.
Le proscrit continue la lutte contre
ceux qui l'ont chassé du sol natal, et
pour venir de loin les coups qu'il leur
porte n'en sont pas moins sûrs.
En ses heures de loisirs, il promène
.a rêverie à travers les musées de
Londres, visite les collections particu-
lières, explore les magasins des mar-
chands de tableaux et de curiosités, et
tel artiste, qui la veille était inconnu,
lui doit le lendemain sa notoriété.
A nous, ce séjour forcé de Rochefort
à Londres nous vaut des pages exquises
eur l'art anglais, sur les usages et les
mœurs d'outre-Manche, sur l'éduca-
tions de nos voisins.
.'*'.
Telle est trop rapidement résumée
la matière du cinquième volume des
Aventures de ma vie.
Je puis donc maintenant jeter un
coup d'œil d'ensemble sur les mémoi-
res de Rochefort.
C'est un ouvrage des plus attrayants
et des plus intéressants, richement
documenté, dans lequel les historiens
4e l'avenir puiseront à pleines mains.
Ils y trouveront des renseignements
d'autant plus précieux que Rochefort
a vécu et souffert toutes les pages
qu'ils auront sous les yeux.
CHARLES BOS.
lVous publierons demain un article
---- de M. J.-L. de Lanessan
tA RENTRÉE DES CHAMBRES
û budget n'est pas prêt - Lois d'affaires
L'Algérie—Discours franco-russes
Cest mardi prochain que les Chambres
reprennent leurs travaux. Comme nous l'a-
vions prévu, la commission du budget ne
péta pas prête à ouvrir immédiatement la
iliscussion du budget de 1897. Le rapport
général de M. Krantz n'est pas encore ter-
miaé et ne pourra pas être distribué avant
mie huitaine de jours. Et encore faudra-t-il
laisser quelques jours aux membres du Par-
lement pour en prendre connaissance.
Le gouvernement a discuté hier l'attitude
qall avait à prendre en vue de la reprise des
travaux parlementaires. Comme bien on
se, la tactique du cabinet n'aura qu'un
iurîqae objet, retarder le plus possible la
discussion des interpellations oui offrent
ffosique danger*
Les demandes concernant Madagascar et
l'interpellation de M. Mirman sur l'interdic-
tion faite aux .maîtres répétiteurs de former
une association, alors que les membres du
clergé ont pu tenir plusieurs congrès à
Reims, sont de ce nombre.
Pour justifier cet ajournement, le gou-
vernement a décidé de demander à la Cham-
bre de mettre à son ordre du jour deux pro-
jets de loi, qu'en langage parlementaire on
appelle des luis d'affaires : 1° le projet ayant
pour objet de mettre en mesure l'industrie
sucrière contre la concurrence allemande;
2° le projet de loi ayant pour but de mettre
de nouvelles entraves à la fabrication des
vins de raisins sec.
Ce dernier projet avait pour auteur primi-
tif M. Turrel, qui en a fait accepter la pa-
ternité par le ministère Méline.
A côté de ces projets, le gouvernement
accept ra la discussion de l'interpellaion de
M. Fleury-Ravarin sur la situation inté-
rieure de l'Algérie. Ce Lté interpellation est
en suspens depuis plus d'une année; mais
son auteur est, parait-il, décidé à 1 heure ac-
tuelle, à demander à exercer son droit.
Le gouvernement ne semble avoir aucune
crainte sur 1 issue de ce débat sur l'Algérie,
auquel il ne doit prendre qu'une très petite
part. C'est, en effet, M. Jules Cambon, gou-
verneur général de l'Algérie qui, comme
commissaire du" gouvernement, supportera
la plus grosse part de la discussion.
Si son administration estdirec,, ement mise
en cause, comme on l'a annoncé, M. Cam-
bon est décidé, nous assure-t-on, à être aussi
précis que possible et à soumettre à la
Chambre tous les éléments d'appréciation
pour qu'elle puisse juger en connaissance
de cause. Reste à savoir si les dépu.és de
l'Algérie voudront un dcbat aussi complet.
Avec ces trois discussions on e père oc-
cuper l'attention de la Chambre pendant
une dizaine de jours. Après on verra.
La première séance
Nous pouvons ajouter que l'ordre du jour
de la première séance ne porte que : tirage
au sort des bureaux et fixation de l'ordre du
jour.
Mais, avant cette double opération, M.
Brisson doit prononcer un discours pour
signaler à la Chambre l'évènement qui s'est
produit en France pendant les vacances, par
suite du voyage des souverains russes. Après
le séjour des marins russes, le président de
la Chambre fit semblable communication.
Au Sénat, M. Loubet procédera comme
M. Henri Brisson. C'est même d'un commun
accord que les deux présidents ont décidé
d'ouvrir ainsi la session des Chambres.
Enfin, puisque nous parlons des fêtes
franco-russes, nous pouvons annoncer que
le projet de loi qui réglera les dépenses de
ces fêtes n'est pas encore élaboré, mais, aux
termes mêmes du règlement, il est certain
qu'il wra discuté dans la quinzaine qui sui-
vra l'ouverture de la session extraordi-
naire.
,
LES ON-DIT
CARNET QUO nUIliN :
Les courses : A Chantilly.
— Fête des cordonniers.
— Manifestation à Dijon et au Bcurget pour
l'anniversaire des combats du 28 octobre 70.
— Fête foraine, boulevard Rochechouart et de
La Chapelle.
- Durée du jour : II h. 20 m.
CHEZ NOUS
r- La reine Amélie de Portugal est
arrivée hier matin à Paris. Elle était ac-
compagnée du comte de Ficalho, de M. et
Mme de Vascpncellos et de son médecin,
le docteur Lencastre.
Le comte d'Ormesson, ministre de France
à Lisbonne, et M. Crozier, directeur du
protocole, l'ont saluée à sa descente du
train, au nom du gouvernement français.
Plusieurs princes de la famille d'Or-
léans, le ministre du Portugal, les secré-
taires de la légation se trouvaient égale-
ment à la gare de Lyon.
La reine prendra ce matin le train à la
gare du Nord : elle déjeunera chez le duc
de Chartres et dînera le soir à Chantilly,
chez le duc d'Aumale.
- Les facultés font rouvrir leurs por-
tes. Voici les dates arrêtées : la faculté de
théologie protestante, le 2 novembre ;
l'Ecole libre des sciences politiques, le 9 ;
le Collège libre des sciences sociales, le 9 ;
l'Ecole des Chartes, le 3 ; l'Ecole supé-
rieure de pharmacie, le3; l'Ecole des hautes
études (section des sciences philologiques
et historiques), le 3 ; la faculté de droit,
le 9 ; la faculté de médecine, le 3 ; la
faculté des lettres, le 9 ; l'Ecole d'anthro-
pologie, le 9 ; l'Ecole coloniale, le 9.
L'Ecole des hautes études liitéraires et
scientifiques rouvrira lundi prochain.
La maladie de M. Challemel-La-
cour.
L'état de M. Challemel-Lacour est tou-
jours grave. Trois consultations ont eu
lieu hier; les médecins n'ont pu constater
aucune amélioration.
- Hier soir a eu lieu dans la salle des
fêtes du Grand-Hôtel, le banquet du qua-
trième congrès national des chambres syn-
dicales de France.
Le président de la République s'était
fait représenter par le commandanr Mo-
reau.
Le ministre du commerce a pris place à
la table d'honneur, ayant à ses côtés MM.
Picard, commissaire général de l'Exposi-
tion de 1900; Mesureur, Gerville-Réache,
Rameau, députés ; Derville, président du
tribunal de commerce ; Delaunay-Belle-
ville, président de la chambre de com-
merce ; Bourée , ministre de France à
Athènes; Godin, sénateur; Lépine, préfet
de police ; Puech et Vibert, conseillers
municipaux; Valère-Mabille, président de
la chambre de commerce de Charleroi;
Gondrant, président de la chambre de
commerce de Milan ; Benassy, président de
la chambre de commerce de Genève ;
Azema, président de la chambre de com-
merce de Barcelone, etc.
- Après le départ des souverains
russes, l'ambassadeur de Russie et Mme de
-HpfeKftfegim oml «via JKitâs. 4e réuair
en un banquet tous les ouvriers qui ont été
employés à la décoration et à l'aménage-
ment intérieurs de l'ambassade, en vue du
séjour des souverains.
M. Béranger a été chargé de ce soin.
Les invités ont été répartis, suivant le
corps d'état auquel ils appartenaient, en
trois séries de cinquante convives Les
charpentiers et menuisiers ont banqueté
samedi dernier; lundi, sont venus les élec-
triciens; mardi, les peintres.
De nombreux toasts ont été portés au
tsar et à la tsarine, au baron et à la ba-
ronne de Mohrenheim, à l'issue de chacun
de ces banquets.
-— On annonce la mort de M. Charles
Lefebvrp de Bécourt, ancien ministre plé-
nipotentiaire, décédé, hier, à. Versailles,
dans sa quatrevingt-sixième année.
Attaché de légation à Buenos-Ayres lors
des événements de 1840, il reçut, bien qu'il
n'eût que trente ans, la mission de signer
la paix entre la France et la République
argentine. Il fut longtemps un des collabo-
rateurs de la Revue des Deux Mondes.
—— Nous apprenons la mort de Mme
Simmonds, femme de M. Emile Simmonds,
consul général d'Haïti, et mère de Mme
Le Roux , femme du préfet d'Ille-et-Vi-
laine.
—— Le général Billot, ministre de la,
guerre, accompagné du commandant Pes-
lin, un de ses officiers d'ordonnance, a
quitté Paris hier à une heure, se rendant à
Lille, où il doit présider aujourd'hui, à
deux heures, l'inauguration du fionument
élevé à la mémoire du général Faidherbe.
Hier soir les fêtes ont commencé à Lille.
Une salve de vingt et une bombes d'artifice
a annoncé le départ de la retraite aux flam-
beaux, qui a parcouru les rues. Les troupes
de la garnison et les pompiers prêtaient
leur concours.
La ville était brillamment illuminée en
l'honneur du fier soldat qui, en 1871, fut
un des plus admirables défenseurs de la
patrie.
- M. de Selves, préfet de la Seine,
s'est rendu, hier matin, aux Halles cen-
trales, en compagnie de M. Menaut, direc-
teur des affaires municipales.
Tenant à connaître par lui-même leur
complexe organisation, il a visité en détail
chacun des pavillons.
- Le père et le fils Berlingot :
Le 18 octobre 1851 décédaità soixante-dix
ans, à Strasbourg, en sa modeste propriété
7, rue des Chandelles, Claude Séguin, le
fabricant et marchand de berlingots qui
avait fait la joie de plusieurs générations de
collégiens. Le 18 de ce mois,— à quarante-
cinq ans de distance-le fils et le successeur
de Claude Séguin, vient de mourir à l'hôpital
de Saverne., Un maigre cortège a suivi le
cercueil en sapin du pauvre homme, qui
laisse pour tout bien sa boîte a berlingots
et une petite baraque en toile, campée sur
la place de la foire, percée par la pluie et
le froid. Sa veuve, qui a soixante-dix ans,
ne veut pas quitter ce primitif abri pour
entrer à l'hospice où on lui oflre un lit.
Elle veut continuer jusqu'au bout à lancer
le cri si connu des écoliers qui se sont
succédé depuis 1837, à Strasbourg d'abord,
puis à Saverne et aux environs « A deux
liards le berlingot l Il n'y a rien au-dessus
pour le rhume, l'estomac et la poitrine. »
-- Jamais le célèbre romancier, Pierre
Maël, n'a été mieux inspiré que dans son
nouveau roman : le Drame de Rosmeur,
qu'il publie aujourd'hui chez Ollendorff.
C'est une histoire d'un intérêt saisissant
qui captive le lecteur de la première page
à la dernière. Le Drame de Rosmeur s'an-
nonce comme un gros succès de librairie.
- A l'Ecole des beaux-arts:
Le jugement du concours J. d'Attain-
ville vient d'être prononcé : ce concours
comprend deux parties : la peinture histo-
que et le paysage.
Peinture historique. — Prix et première
médaille : M. Dumas.
Mentions : MM. d'Eaubonne, Janne et
Benoît-Baruel.
Paysage. — Prix et deuxième médaille :
M. Rapin.
Mentions : MM. Mouthou, Boisson et
Gibert.
,,-"-'-, M. Brard, conseiller municipal du
Pont-de-Flandre, vient d'avoir l'originalité
de donner une leçon à l'administration des
écoles municipales.
A l'école de la rue Barbanègre, il n'y a
pas de maîtres en ce moment. La direction
de l'enseignement n'ayant pas, paraît-il,
le crédit nécessaire, M. Brard s'est donc
institué maître d'école.
Voici d'ailleurs comment s'est exprimé,
vis à vis d'un confrère, l'honorable con-
seiller municipal du quartier :
« C'est honteux ! à l'école de la rue Bar-
banègre, il n'y a pas de maîtres. Le direc-
teur ne peut suffire pour toute l'école. Il
y a une classe de t quatrevingt-seize en-
fants. Hier, pendant deux heures, j'ai été
obligé de leur faire la classe. »
A l'école des filles, c'est la même chose,
et Mme Brard a dû s'improviser institu-
trice.
« Nous demandons des maîtres ; on nous
renvoie toujours au lendemain », ajoute
l'honorable conseiller. « Ils disent qu'ils
n'ont pas de crédit. Ce n'est pas ma faute
s'ils ont boulotté le pognon. »
L'initiative de M. Brard est très louable.
A L'ETRANGER
Les forçats innocents :
Le correspondant du Standard à Vienne
rapporte, d'après l'Illustrirtes Wiener
Extrablatt, le fait d'un homme qui a été
dix-neuf ans en prison, en commutation
d'une sentence de mort pour l'assassinat
d'une femme, et dont l'innocence est au-
jourd'hui prouvée. Le meurtrier véritable,
en ce moment au Texas avec sa femme,
a avoué dans une lettre écrite au président
ii çpur dg Kqrnenbout&v due c'était lui
l'auteur du crime. Il avait, dit-il, dérobé à
la femme, une petite boutiquière dans un
village de la Basse-Autriche, sa fortune se
montant à 12,000 florins et s'était établi
avec cet argent dans la ville de Florido-
dorf où il avait acheté une maison. Il y a
peu de temps, il s'enfuit en Amérique afin
de pouvoir, de là, avouer son crime sans
danger pour lui et faire libérer l'innocent
condamné à sa place.
Le Passant.
UN NOUVEAU MOUVEMENT JUDICIAIRE
Un nouveau mouvement judiciaire va avoir
lieu prochainement, mouvement motivé par
la retraite volontaire de M. Manau, procu-
reur général près la cour de cassation.
M. Bertrand, procureur général prës la
cour d'appel de Paris, remplacera M. Manau
à la cour suprême ; M. Laurent-Atlhalin
procureur de la République, succèdera à M.
Bertrand, à la cour d'appel; et les fonctions
enviées de procureur de la République à
Paris seront dévolues à M. Couturier, direc-
teur depuis quelques jours seulement des
affaires criminelles et des grâces.
LE « PUBLICISIRE » AUBERT
On sait que l'assassin d'Emile Delahaeff
s'est, dans ses interrogatoires à l'instruc-
tion, qualifié tout à la fois de courtier en
vins et de publiciste.
Donnons, à la veille des débats du procès
devant la cour d'assises de la Seine, la liste
des titres des ouvrages d'Aubert, ouvrages
non édités et dont la lecture a scandalisé
l'honorable expert spéc alement chargé de
cette « mission ».
Voici les titres de ces manuscrits :
Les Aventures de Varrière-petit-fils de Gar-
gan/ua. — Arton et sa maîtresse. — Poésies
variées. — Prière des marchands de décora-
tions à leur patronne sainte Galétte. — Les
Chancres rongeurs de la République française.
— Un gouvernement patriote. — Les Bienfaits
de l'opportunisme en France. - M et Pro-
serpine.
Ces « ouvrages », saisis au domicile de
l'assassin d'Emile Delahacf, font partie du
volumineux dossier de l'affaire Aubert-Mar-
guerite Dubois.
LA TAPISSERIE DE BAYEUX
C'est la « Toilette du duc Guillaume »,
la « grande Telle du conquest d'Angle-
terre », qu'on appelle simplement au-
jourd'hui la Tapisserie de la reine Ma-
thilde, ou plus modestement encore, la
Tapisserie de Bayeux. J'avoue tout d'a-
bord ma surprise, ma déception, quand
je me trouvai, Vautre iour, devant cet
ouvrage fameux. Il est vrai que j'arri-
vais la tête un peu montée par ce qu'on
m'en avait dit, par ce que j'en avais lu,
et que je sortais de visiter l' a dnzira b le,
la merveilleuse cathédrale — sa contem-
poraine — dont les deux flèches de pierre
portent si haut dans le ciel, au-dessus
des toits de la ville et des peupliers de la
vallée, la gloire de l'art normand. Ou-
bliant qu'imagiers et peintres se cher-
chaient encore quand la jeune architec-
ture étonnait déjà le monde barbare de
la hardiesse de son vol, je rêvais de
quelque grande composition guerrière,
violemment dessinée et coloriée, avec
des personnages au moins aussi grands
que nature, d'une tapisserie touffue, tu-
multueuse, racontant à beaux traits
l'immortelle aventure du Conquérant.
Artistiquement, il me fallut en rabattre,
mais je trouvai, par ailleurs, ample
matière à défrayer ma curiosité.
Qu'on se figure, non pas une tapisse-
rie, mais une bande de toile brodée
n'ayant guère plus de 50 centimètres
de hauteur. Cette broderie qui, par con-
tre, se déploie sur une longueur de
soixante-dix mètres, est exposée dans
une des salles de la Bibliothèque de la
ville, à hauteur d'homme, derrière le
vitrage d'une double galerie se repliant
sur elle-même, en sorte qu'on peut facile-
ment l'étudier dans tous ses détails. La
toile, d'une extrême finesse, est à peine
jaunie par le temps, et la laine, dont les
fils s'entrecroisent sur le trait du dessin,
a gardé, à peu près partout, sa fraî-
cheur de coloris. Quant au dessin lui-
même, c'est tout ce qu'il y a de plus pri-
mitif. Ni relief ni perspective. L'ensem-
ble ne manque pas toutefois de carac-
tère. On y surprend des recherches
d'expression, des gestes, des fiertés qui
s'i'inposent, malgré leur gaucherie. Cer-
tains types normands — le front bas,
têtu, le visage rasé, la nuque rentrée,
avec des encolures de taureau — s'y font
particulièrement reconnaître. Les che-
vaux également, bien que d'étrange bi-
garrure — verts, bleus, jaunes, rouges
— accusent des profils d'une certaine
correction, d'une certaine fermeté.
Mais si l'art est absent, ou à peu prés,
de ce naïf ouvrage, il n'en constitue pas
moins — outre la curiosité qui s'y atta-
che — une pièce historique du plus haut
intérêt, dont l'authenticité ne saurait
être mise en doute. Il est d'une seule
venue et porte d'un bout à l'autre la
marque indéniable de son opigine. L'his-
toire de la conquête de VAngleterre s'y
déroule en cinquante-huit scènes, en
cinquante-huit tableaux dont chacun est
accompagné d'une inscription latine qui
Vexplique. On y assiste à l'arrivée du duc
Harold en Normandie, à son entrevue
avec Guillaume, au serment que lui fait
prêter celui-ci, dans la cathédrale de
Bayeux, dépouser sa fille et de le recon-
naître, luiy Guillaume, pour roi d'An-
gleterre à la mort d'Edouard, le Confes-
seur. Harold retourne auprès d'Edouard,
dont il est l'héritier présomptif. Edouard
meurt. Harold, reniant son serment, se
fait sacrer roi. Guillaume le déclare
parjure, donne l'ordre de construire
une flotte et débarque en Angleterre
avec soixante mille-hommes. Bataille
d'Hastings où Harold est tué, « et fuga
verterunt Angli », et les Anglais prirent
la fuite : c'est le cinquante huitième et
- dernier tableau,
On sait qu Augustin Thierry a large-
mentpuisé dans. la Tapisserie de Bayeux,
qu'il possédait à fond, qu'il reconnaît
comme « contemporaine du grand évé-
nement qu'elle représente ». A chaque
instant il la cite. Les armes, les ouvrages
d'attaque et de défense, les tours, les
cltâteaux-de-bois, les barques, les navires
qui s'y trouvent grossièrement, mais
fidèlement dessinés, l'ont puissamment
aidé à reconstituer la physionomie d'une
époque qu'il a si bien peinte, à lui donner
la couleur et la vie. C'est ainsi qu'entre
autres motifs, on le voit s'inspirer de la
scène XXXVIII: « Ici le duc Guillaume
avec sa grande flotte (ter mille carinas,
trois mille vaisseaux) traverse la mer et
débarque à Pevensey, » pour nous dé-
crire le vaisseau ducal : « Le vaisseau
que montait le duc Guillaume marchait
en tête, portant au haut de son mât la
bannière envoyée par le pape (Alexan-
dre II) et une croix sur son pavillon.
Ses voiles étaient de diverses couleurs et
l'on y voyait peintes en divers endroits
les trois lions, enseigne de Normandie;
à la proue était sculptée une figure d'en-
fant portant un arc tendu, avec la flèche
prête à partir. »
Comme curiosité, un Anglais, M.
Fowke, auteur d'un minutieux travail
sur la Tapisserie, a compté le nombre
des figures qu'elle renferme: il s'y trouve
49 arbres, 41 bateaux ou barques, 37
maisons, 202 chevaux et rnulets, 55
chiens, 505 animaux de différentes es-
pèces, 623 personnes — en tout 1,512 fi-
gures. Parmi ces figures, il s'en distingue
quelques-unes — non pas, il est vrai,
dans le corps même de l'ouvrage, mais
en marge, dans l'espace resté libre, au-
dessus et au-dessous des scènes histori-
ques — d'une obscénité telle qu'elles ont
pu faire douter que la reine Mathilde y
ait jamais mis la main — comme le veut
la tradition — qu'elle ait laissé l'aiguille
de ses fenunes, de ses ouvrières se pro-
mener sur des fantaisies érotiques aussi
proéminentes. Mais il est facile de faire
observer que ces images monstrueuses
ne choquaient en rien le goût de l'épo-
que, qu'elles s'érigeaient un peu partout,
sur la façade des palais aussi bien que
sur les murs des églises, et que dans la
cathédrale même de Bayeux, bâtie par
l'évêque Odon, frère de Guillaume, sur
une des arcades du côté droit de la nef,
s'étale encore une de ces représentations
lubriques dont le pendant pouvait fort
bien avoir sa place dans l'œU"ore de Ma-
thilde, sans autrement alarmer sa pu-
deur.
La tradition veut donc, et les habitants
de Bayeux l'ont touiours gardée, que-
leur Tapisserie soit l'ouvrage de la
femme de Guillaume. Le plan, les des-
sins en auraient été tracés par quelque
imagier de la localité, probablement sur
les indications fournies par Odon, qui
s'y trouve représenté plusieurs fois. Il
résulte d'un inventaire du trésor de la
cathédrale de Bayeux, dressé en 1476,
qu'elle faisait à cette époque partie du
mobilier du chapitre. A certaines fêtes
de l'année on la suspendait aux piliers de
la nef. Cet usage se conserva jusqu'à la
fin du dix-huitième siècle, jusqu'en 1792,
où elle fut extraite de la sacristie du
chapitre et transportée chez un des mem-
bres de l'administration du district. A
l'époque où Napoléon rêvait d'une des-
cente en Angleterre, il voulut voir cette
page glorieuse de notre histoire et la fit
exposer au Louvre. Rendue quelque
temps après à la municipalité de Bayeux,
elle fut d'abord déposée à la bibliothèque
du Collège, puis à l'Hôtel de Ville et fina-
lement transportée à la bibliothèque
municipale, où elle est encore auiour-
d'hui. « Quelle chose singulière, s'écrie
Théophile Gautier, lorsque tant d'édi-
fices si solides se sont écroulés, que cette
frêle bande de toile soit parvenue à nous
intacte, à travers les siecles, les révolu-
tions, les vicissitudes de toute sorte ! Un
bout de canevas a duré huit cents ans! »
CHARLES FRÉHINE.
SUN-YAT-SEN
Le Chinois Sun-Yat-Sen, après avoir fait
son rapport à la police de Londres, a accom-
pagné le docteur Cauihé chez lui. Il donne
les détails suivants sur sa séquestration.
Durant son incarcération à l'ambassade
chinoise il était tellement émotionné que,
pendant quelques jours, c'est à peine s'il
put manger, car c'était pour lui an cas de
vie ou de mort. Il n'y voyait aucune planche
de salut. On lui avait dit que si on ne par-
venait pas à l'envoyer secrètement en
Chine, on le mettrait à mort à Londres, et
qu'on embaumerait son corps avant de
l'expédier en Chine où les châtiments s'é-
tendent jusqu'aux cadavres.
Sun avait écrit quelques lignes sur un
morceau de papier qu'il avait jeté par la
fenêtre dans l'espoir qu'il serait ramassé et
remis à la police.
Les journaux de Londres confirment que
les amis du médecin chinois Sun-Yat-Sen
auraient pris des mesures pour le délivrer
si le Foreign Office et le Scotland Yard ne
leur avaient donné l'assurance qu'il était en
bonne santé et qu'il ne lui serait fait aucun
mal.
Le Daily Graphie dit qu'on doit savoir gré
à la légation chinoise d'avoir rendu la liberté
à son prisonnier et qu'elle était en droit de
la résistance.
Le Morning Post déclare que l'action éner-
gique de lord Salisbury et la décision du
ministre chinois ont épargné aux deux pays
des complications diplomatiques très désa-
gréables.
Le Times pense que lorl Salisbury saura
faire comprendre aux gouvernants chinois
qu'ils sont allés un peu trop loin et qu'ils ne
oivent plus commettre de telles offenses à
l'avenir.
Le Standard dit à ce sujet : « La personne
et le domicile des ambassadeurs et de leur
suite peuvent être considérés comme sa-
crés; mais nous ne pouvons permettre que
les ambassades soient transformées en pri-
son pour l'incarcération des gens qui nont
commis aucun délit contre la loi anglaise.»
1 LA iautftaj ministériel stieute gne la GU.
tion de droit a déjà été soulevée alors que
Sully représentait Henri IV à Londres.
LES PORTUGAIS A MOZAMBIQUE
Le gouverneur d'Albuquerque est parti
dernièrement avec 300 blancs et 180 indigè-
nes pour le Manikaland.
L'expédition a bivouaqué à Mayengo, où
elle a été attaquée par 2,000 Namarallos.
Les Portugais se défendirent avec bra-
voure; mais après un combat acharné qui a
duré vingt-deux heures, ils ont été forcés de
se retirer par suite du manque d'eau. Ils
avaient 2 tués et 35 blessés. Le gouverneur
se trouve parmi les blessés.
Les pertes de l'ennemi sont considéra-
bles.
L'AFFAIRE DU GAZ
UN LITIGE DE 42 MILLIONS
La presse s'est beaucoup occupée de cette
affaire depuis quelques jours. Mais les ren-
seignements donnés par nos confrères sont
ou notoirement insuffisants ou tout à fait
inexacts. Il nous parait donc utile, puisque
nous sommes en mesure de le faire, d indi-
quer d'uue façon aussi complète que possi-
ble les raisons ou plutôt les arguments sur
lesquels s'appuie la ville pour réclamer les
42 millions en question à la compagnie du
Gaz.
C'est à M. Sauton, ancien président du
conseil municipal et à l'heure actuelle, pré-
sident de la l'a commission que revient
l'honneur d'avoir découvert ce préjudice
aussi considérable c lusé aux finances de
Paris. M. Sauton, personne ne l'ignore, est
un de nos édiles qui possèdent le mieux les
questions municipales. C'est un esprit cu-
rieux, chercheur, méthodique et doué d'une
force de travail considérable. Le dossier
qu'il a constitué pour établir les droks de la
Ville est à la fois, une œuvre de b.'n'dmt:u
et un chef-d'œuvre de patience intelligente.
Donc, il y a quelques mois, M. Sauton lut
frappé de certaines irrégularités.
En 1877, la compagnie d mandait la révi-
sion de ses statuts. Or, de 1873 à 18<7, elle
les avait violés. Pourquoi cette violationï
Y avait-elle un intérêt?
C'est alors que M. Sauton résolut d'étu-
dier l'affaire et voici les admirables résul-
tats auxquels il est parvenu.
Le Mffcé
Le dernier traité qui lie ia Ville et la com-
pagnie du Gaz est du 7 février 1870; il ex-
pire le 31 décembre 1905.
La compagnie a dû mettre ses statuts en
harmonie avec son traité. Ces sta uts furent
rédigés au moment des négociations avec la
Ville, soumis à l'approbation da conseil mu-
nicipal ou, si l'on préfère, communiqués au
conseil avant le vote du trai é. Us ont été
approuvés par décret du 12 mars 1870.
Or, on lit au paragraphe 3 de l'article 40
de ces statuts fIa disposition suivante :
« 2°
Il 30 Une somme pour dividende et intérêts
des actions fixée à 12,400,000 fr. du lor janvier
1869 au 31 décembre 1887,et de 11,S00,000 fr.
du lor janvier 1888 à la fin de la concession.
» Sur cette somme, il sera servi aux ac-
tions amorties c t non amorties un premier
dividende annuel de 12 fr. 50 par action, le
premier dividende afférent aux actions amor
ties devant être affecté au fonds d'amortisse-
ment afin de compléter la somme^iécessairo
pour amortir la totalité des actions dans le
délai prescrit. »
C'est ce paragraphe 3 qui contient toute
la-genèse du litige, ainsi qu'on le verra plus
loin.
Le capital social de la compagnie
Mais avant de reparler dudit paragraphe,
il convient d'aborder la question de l'amor-
tissement:
Le capital social de la compagnie du Gaz
est de 329 millions, se décomposant ainsi
qu'il suit :
Actions. 84 millions
Obligations. 245 —
Total égal. 329 millions.
Tout ce capital, tant en obligations qu'en
actions doit être amorti le 31 décembre 1905
aux termes du trai é de 1870.
Pour le capital obligations, rien à dire;
aucune difficulté ne s'est élevée; l'amortis-
sement se fait régulièrement et suivant les
conventions des deux parties.
Mais pour le capital actions, il est loin d'en
être de même.
L'amortissement des actions
Ici, il faut bien faire remarquer que la
question de l'amortissement tant des obu..
gations que des actions n'est pas une ques-
tion d'interprétation du traité. C'est une
question de fait purement et simplement.
La Ville et la compagnie du Gaz se sont
mises d'accord pour amortir, à frais com-
muns, le capital de l'entreprise.
Nous répétons que pour les obligations, il
n'y a pas de conflit,
Passons maintenant aux actions.
Chacun des partis doit amortir 42 mil-
lions, soit pour les deux 84 millions.
Aucun doute n'est possible.
Le fonds d'amortissement a fonctionné
pour la première fois en 1872. C'est une
somme de 987,000 fr. en chiffres ronds et
fournis à frais communs, par la ville et la
compagnie qui a servi à le constituer.
Et (article 40 des statuts, § 3), ie premier
dividende de 12 fr. 50 par actio. amortie,
aurait dû être ajouté au fonds cf amortisse-
ment tous les ans.
C'est ce que la compagnie n'a pas fait
Comment amortit une compagnie
Quand une compagnie amortit son capital
comment procôde-t-elle ?
Elle rachète ses titres, ses actions. E1,
c'est bien de cette manière que la Compa-
gnie du gaz a agi. Elle ne pouvait trouver
un meilleur placement de ses bénélices,
puisqu'ainsi elle se procurait du 5 0/0.
Mais, en créant son fonds d'amortisse-
ment , que faisait-elle, étant donné son
traité ?
1 Elle créait une sorte de nouvel ebligataire
qui avait droit aux intérêts des fonds qu'il
fournissait, qui devait en toucher comme les
autres. Et ces intérêts, placés également en
achats d'actions, devaient produire d'autres
intérêts réversibles au fonds d'amortisse-
ment.
Or elle s'est gardée de traiter son fonds
d'amortissement comme les autres obliga-
tions. Les intérêts, elle les a distribués à ses
actionnaires, si bien que toutes les sommes
qu'elle aurait dû payer à l'amortissement
atteindront, en 1905, 50,426,150 fr. en capital,
et, en capital et intérêts composés, 84 mU,
lioas* ce qui revient & 411e que l'amortisse-
A.ONCES
4JJX BUEEAUX DU JOURNAL
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AértsMr imrt» * mandat* à VAdawmtraUm
NOS LEADERS
Les uS IUjuiiuiUi t
Le cinquième volume des Aventures
ne ma vie vient de paraître. C'est le
dernier de la série. — Hélas !
Oui, hélas î , car Rochefort comme
conteur est aussi prodigieux que
comme journaliste etcomme pamphlé-
taire. Et il aurait pu dire aux lecteurs
du Jour, qui, tous les soirs, attendaient
mpatiemment leur feuilleton, bien
des choses encore. Il aurait pu, par
exemple, leur rappeler les nombreux
incidents dé son retour triomphal à
Paris que modestement il a trop
tlbrégé. Il leur devait également le ré-
cit du rôle important qu'il a joué dans
la politique depuis qu'il est revenu
4exil. Il y avait là la matière d'un
sixième livre. Mais Rochefort n'a pas
voulu l'écrire. Je n'insiste donc pas.
Dans ce cinquième volume, Roche-
fort retrace l'histoire du mouvement
boulàngiste, auquel il a pris la part
enprme que l'on sait.
Que pouvait-il dire du boulangisme?
L , excuser? Le donner comme une agi-
tation républicaine? Essayer de dé-
montrer que les vieux républicains,
déçus dans leurs espérances, s'atta-
chaient à quelqu'un qu'ils croyaient
décidé à tout pour faire triompher les
revendications du pays? Sans doute,
il était impossible que Rochefort agît
Autrement. Mais cette apologie du
-boulangisme, il l'a faite de telle façon
que le général Boulanger paraît avoir
été une victime et que ceux qui ont
défendu contre lui la République sem-
blent avoir eu tort de ne pas le suivre.
Lorsqu'on a autant de talent que
Rochefort, on opère de pareils tours
de force.
:}t.--.
Quant à la bonne foi de Rochefort,
elle est évidente et si l'on se refuse à
partager ses idées on est bien forcé
d'admettre que celles-ci ne pouvaient
trouver un défenseur à la fois plus
éloquent et plus loyalement con-
vaincu.
Rochefort a vu en Boulanger l'hom-
me providentiel qui était appelé à
donner à la France la vraie Répu-
blique, la République rêvée par tous
les vrais républicains, l'homme qui
devait débarrasser la scène politique
des comédiens et des tripoteurs,
l'homme enfin qui pouvait faire revivre
les traditions de 1789.
Il s'est trompé. Et malheureusement
combien d'autres avec lui qui n'avaient
pas l'excuse de sa sincérité ?
"*: *
Rochefort est à Londres, en exil.
Les brouillards de la Tamise n'ont pas
raison de sa verve, n'obscurcissent pas
cet esprit si clair, si brillant, si fran-
çais.
Le proscrit continue la lutte contre
ceux qui l'ont chassé du sol natal, et
pour venir de loin les coups qu'il leur
porte n'en sont pas moins sûrs.
En ses heures de loisirs, il promène
.a rêverie à travers les musées de
Londres, visite les collections particu-
lières, explore les magasins des mar-
chands de tableaux et de curiosités, et
tel artiste, qui la veille était inconnu,
lui doit le lendemain sa notoriété.
A nous, ce séjour forcé de Rochefort
à Londres nous vaut des pages exquises
eur l'art anglais, sur les usages et les
mœurs d'outre-Manche, sur l'éduca-
tions de nos voisins.
.'*'.
Telle est trop rapidement résumée
la matière du cinquième volume des
Aventures de ma vie.
Je puis donc maintenant jeter un
coup d'œil d'ensemble sur les mémoi-
res de Rochefort.
C'est un ouvrage des plus attrayants
et des plus intéressants, richement
documenté, dans lequel les historiens
4e l'avenir puiseront à pleines mains.
Ils y trouveront des renseignements
d'autant plus précieux que Rochefort
a vécu et souffert toutes les pages
qu'ils auront sous les yeux.
CHARLES BOS.
lVous publierons demain un article
---- de M. J.-L. de Lanessan
tA RENTRÉE DES CHAMBRES
û budget n'est pas prêt - Lois d'affaires
L'Algérie—Discours franco-russes
Cest mardi prochain que les Chambres
reprennent leurs travaux. Comme nous l'a-
vions prévu, la commission du budget ne
péta pas prête à ouvrir immédiatement la
iliscussion du budget de 1897. Le rapport
général de M. Krantz n'est pas encore ter-
miaé et ne pourra pas être distribué avant
mie huitaine de jours. Et encore faudra-t-il
laisser quelques jours aux membres du Par-
lement pour en prendre connaissance.
Le gouvernement a discuté hier l'attitude
qall avait à prendre en vue de la reprise des
travaux parlementaires. Comme bien on
se, la tactique du cabinet n'aura qu'un
iurîqae objet, retarder le plus possible la
discussion des interpellations oui offrent
ffosique danger*
Les demandes concernant Madagascar et
l'interpellation de M. Mirman sur l'interdic-
tion faite aux .maîtres répétiteurs de former
une association, alors que les membres du
clergé ont pu tenir plusieurs congrès à
Reims, sont de ce nombre.
Pour justifier cet ajournement, le gou-
vernement a décidé de demander à la Cham-
bre de mettre à son ordre du jour deux pro-
jets de loi, qu'en langage parlementaire on
appelle des luis d'affaires : 1° le projet ayant
pour objet de mettre en mesure l'industrie
sucrière contre la concurrence allemande;
2° le projet de loi ayant pour but de mettre
de nouvelles entraves à la fabrication des
vins de raisins sec.
Ce dernier projet avait pour auteur primi-
tif M. Turrel, qui en a fait accepter la pa-
ternité par le ministère Méline.
A côté de ces projets, le gouvernement
accept ra la discussion de l'interpellaion de
M. Fleury-Ravarin sur la situation inté-
rieure de l'Algérie. Ce Lté interpellation est
en suspens depuis plus d'une année; mais
son auteur est, parait-il, décidé à 1 heure ac-
tuelle, à demander à exercer son droit.
Le gouvernement ne semble avoir aucune
crainte sur 1 issue de ce débat sur l'Algérie,
auquel il ne doit prendre qu'une très petite
part. C'est, en effet, M. Jules Cambon, gou-
verneur général de l'Algérie qui, comme
commissaire du" gouvernement, supportera
la plus grosse part de la discussion.
Si son administration estdirec,, ement mise
en cause, comme on l'a annoncé, M. Cam-
bon est décidé, nous assure-t-on, à être aussi
précis que possible et à soumettre à la
Chambre tous les éléments d'appréciation
pour qu'elle puisse juger en connaissance
de cause. Reste à savoir si les dépu.és de
l'Algérie voudront un dcbat aussi complet.
Avec ces trois discussions on e père oc-
cuper l'attention de la Chambre pendant
une dizaine de jours. Après on verra.
La première séance
Nous pouvons ajouter que l'ordre du jour
de la première séance ne porte que : tirage
au sort des bureaux et fixation de l'ordre du
jour.
Mais, avant cette double opération, M.
Brisson doit prononcer un discours pour
signaler à la Chambre l'évènement qui s'est
produit en France pendant les vacances, par
suite du voyage des souverains russes. Après
le séjour des marins russes, le président de
la Chambre fit semblable communication.
Au Sénat, M. Loubet procédera comme
M. Henri Brisson. C'est même d'un commun
accord que les deux présidents ont décidé
d'ouvrir ainsi la session des Chambres.
Enfin, puisque nous parlons des fêtes
franco-russes, nous pouvons annoncer que
le projet de loi qui réglera les dépenses de
ces fêtes n'est pas encore élaboré, mais, aux
termes mêmes du règlement, il est certain
qu'il wra discuté dans la quinzaine qui sui-
vra l'ouverture de la session extraordi-
naire.
,
LES ON-DIT
CARNET QUO nUIliN :
Les courses : A Chantilly.
— Fête des cordonniers.
— Manifestation à Dijon et au Bcurget pour
l'anniversaire des combats du 28 octobre 70.
— Fête foraine, boulevard Rochechouart et de
La Chapelle.
- Durée du jour : II h. 20 m.
CHEZ NOUS
r- La reine Amélie de Portugal est
arrivée hier matin à Paris. Elle était ac-
compagnée du comte de Ficalho, de M. et
Mme de Vascpncellos et de son médecin,
le docteur Lencastre.
Le comte d'Ormesson, ministre de France
à Lisbonne, et M. Crozier, directeur du
protocole, l'ont saluée à sa descente du
train, au nom du gouvernement français.
Plusieurs princes de la famille d'Or-
léans, le ministre du Portugal, les secré-
taires de la légation se trouvaient égale-
ment à la gare de Lyon.
La reine prendra ce matin le train à la
gare du Nord : elle déjeunera chez le duc
de Chartres et dînera le soir à Chantilly,
chez le duc d'Aumale.
- Les facultés font rouvrir leurs por-
tes. Voici les dates arrêtées : la faculté de
théologie protestante, le 2 novembre ;
l'Ecole libre des sciences politiques, le 9 ;
le Collège libre des sciences sociales, le 9 ;
l'Ecole des Chartes, le 3 ; l'Ecole supé-
rieure de pharmacie, le3; l'Ecole des hautes
études (section des sciences philologiques
et historiques), le 3 ; la faculté de droit,
le 9 ; la faculté de médecine, le 3 ; la
faculté des lettres, le 9 ; l'Ecole d'anthro-
pologie, le 9 ; l'Ecole coloniale, le 9.
L'Ecole des hautes études liitéraires et
scientifiques rouvrira lundi prochain.
La maladie de M. Challemel-La-
cour.
L'état de M. Challemel-Lacour est tou-
jours grave. Trois consultations ont eu
lieu hier; les médecins n'ont pu constater
aucune amélioration.
- Hier soir a eu lieu dans la salle des
fêtes du Grand-Hôtel, le banquet du qua-
trième congrès national des chambres syn-
dicales de France.
Le président de la République s'était
fait représenter par le commandanr Mo-
reau.
Le ministre du commerce a pris place à
la table d'honneur, ayant à ses côtés MM.
Picard, commissaire général de l'Exposi-
tion de 1900; Mesureur, Gerville-Réache,
Rameau, députés ; Derville, président du
tribunal de commerce ; Delaunay-Belle-
ville, président de la chambre de com-
merce ; Bourée , ministre de France à
Athènes; Godin, sénateur; Lépine, préfet
de police ; Puech et Vibert, conseillers
municipaux; Valère-Mabille, président de
la chambre de commerce de Charleroi;
Gondrant, président de la chambre de
commerce de Milan ; Benassy, président de
la chambre de commerce de Genève ;
Azema, président de la chambre de com-
merce de Barcelone, etc.
- Après le départ des souverains
russes, l'ambassadeur de Russie et Mme de
-HpfeKftfegim oml «via JKitâs. 4e réuair
en un banquet tous les ouvriers qui ont été
employés à la décoration et à l'aménage-
ment intérieurs de l'ambassade, en vue du
séjour des souverains.
M. Béranger a été chargé de ce soin.
Les invités ont été répartis, suivant le
corps d'état auquel ils appartenaient, en
trois séries de cinquante convives Les
charpentiers et menuisiers ont banqueté
samedi dernier; lundi, sont venus les élec-
triciens; mardi, les peintres.
De nombreux toasts ont été portés au
tsar et à la tsarine, au baron et à la ba-
ronne de Mohrenheim, à l'issue de chacun
de ces banquets.
-— On annonce la mort de M. Charles
Lefebvrp de Bécourt, ancien ministre plé-
nipotentiaire, décédé, hier, à. Versailles,
dans sa quatrevingt-sixième année.
Attaché de légation à Buenos-Ayres lors
des événements de 1840, il reçut, bien qu'il
n'eût que trente ans, la mission de signer
la paix entre la France et la République
argentine. Il fut longtemps un des collabo-
rateurs de la Revue des Deux Mondes.
—— Nous apprenons la mort de Mme
Simmonds, femme de M. Emile Simmonds,
consul général d'Haïti, et mère de Mme
Le Roux , femme du préfet d'Ille-et-Vi-
laine.
—— Le général Billot, ministre de la,
guerre, accompagné du commandant Pes-
lin, un de ses officiers d'ordonnance, a
quitté Paris hier à une heure, se rendant à
Lille, où il doit présider aujourd'hui, à
deux heures, l'inauguration du fionument
élevé à la mémoire du général Faidherbe.
Hier soir les fêtes ont commencé à Lille.
Une salve de vingt et une bombes d'artifice
a annoncé le départ de la retraite aux flam-
beaux, qui a parcouru les rues. Les troupes
de la garnison et les pompiers prêtaient
leur concours.
La ville était brillamment illuminée en
l'honneur du fier soldat qui, en 1871, fut
un des plus admirables défenseurs de la
patrie.
- M. de Selves, préfet de la Seine,
s'est rendu, hier matin, aux Halles cen-
trales, en compagnie de M. Menaut, direc-
teur des affaires municipales.
Tenant à connaître par lui-même leur
complexe organisation, il a visité en détail
chacun des pavillons.
- Le père et le fils Berlingot :
Le 18 octobre 1851 décédaità soixante-dix
ans, à Strasbourg, en sa modeste propriété
7, rue des Chandelles, Claude Séguin, le
fabricant et marchand de berlingots qui
avait fait la joie de plusieurs générations de
collégiens. Le 18 de ce mois,— à quarante-
cinq ans de distance-le fils et le successeur
de Claude Séguin, vient de mourir à l'hôpital
de Saverne., Un maigre cortège a suivi le
cercueil en sapin du pauvre homme, qui
laisse pour tout bien sa boîte a berlingots
et une petite baraque en toile, campée sur
la place de la foire, percée par la pluie et
le froid. Sa veuve, qui a soixante-dix ans,
ne veut pas quitter ce primitif abri pour
entrer à l'hospice où on lui oflre un lit.
Elle veut continuer jusqu'au bout à lancer
le cri si connu des écoliers qui se sont
succédé depuis 1837, à Strasbourg d'abord,
puis à Saverne et aux environs « A deux
liards le berlingot l Il n'y a rien au-dessus
pour le rhume, l'estomac et la poitrine. »
-- Jamais le célèbre romancier, Pierre
Maël, n'a été mieux inspiré que dans son
nouveau roman : le Drame de Rosmeur,
qu'il publie aujourd'hui chez Ollendorff.
C'est une histoire d'un intérêt saisissant
qui captive le lecteur de la première page
à la dernière. Le Drame de Rosmeur s'an-
nonce comme un gros succès de librairie.
- A l'Ecole des beaux-arts:
Le jugement du concours J. d'Attain-
ville vient d'être prononcé : ce concours
comprend deux parties : la peinture histo-
que et le paysage.
Peinture historique. — Prix et première
médaille : M. Dumas.
Mentions : MM. d'Eaubonne, Janne et
Benoît-Baruel.
Paysage. — Prix et deuxième médaille :
M. Rapin.
Mentions : MM. Mouthou, Boisson et
Gibert.
,,-"-'-, M. Brard, conseiller municipal du
Pont-de-Flandre, vient d'avoir l'originalité
de donner une leçon à l'administration des
écoles municipales.
A l'école de la rue Barbanègre, il n'y a
pas de maîtres en ce moment. La direction
de l'enseignement n'ayant pas, paraît-il,
le crédit nécessaire, M. Brard s'est donc
institué maître d'école.
Voici d'ailleurs comment s'est exprimé,
vis à vis d'un confrère, l'honorable con-
seiller municipal du quartier :
« C'est honteux ! à l'école de la rue Bar-
banègre, il n'y a pas de maîtres. Le direc-
teur ne peut suffire pour toute l'école. Il
y a une classe de t quatrevingt-seize en-
fants. Hier, pendant deux heures, j'ai été
obligé de leur faire la classe. »
A l'école des filles, c'est la même chose,
et Mme Brard a dû s'improviser institu-
trice.
« Nous demandons des maîtres ; on nous
renvoie toujours au lendemain », ajoute
l'honorable conseiller. « Ils disent qu'ils
n'ont pas de crédit. Ce n'est pas ma faute
s'ils ont boulotté le pognon. »
L'initiative de M. Brard est très louable.
A L'ETRANGER
Les forçats innocents :
Le correspondant du Standard à Vienne
rapporte, d'après l'Illustrirtes Wiener
Extrablatt, le fait d'un homme qui a été
dix-neuf ans en prison, en commutation
d'une sentence de mort pour l'assassinat
d'une femme, et dont l'innocence est au-
jourd'hui prouvée. Le meurtrier véritable,
en ce moment au Texas avec sa femme,
a avoué dans une lettre écrite au président
ii çpur dg Kqrnenbout&v due c'était lui
l'auteur du crime. Il avait, dit-il, dérobé à
la femme, une petite boutiquière dans un
village de la Basse-Autriche, sa fortune se
montant à 12,000 florins et s'était établi
avec cet argent dans la ville de Florido-
dorf où il avait acheté une maison. Il y a
peu de temps, il s'enfuit en Amérique afin
de pouvoir, de là, avouer son crime sans
danger pour lui et faire libérer l'innocent
condamné à sa place.
Le Passant.
UN NOUVEAU MOUVEMENT JUDICIAIRE
Un nouveau mouvement judiciaire va avoir
lieu prochainement, mouvement motivé par
la retraite volontaire de M. Manau, procu-
reur général près la cour de cassation.
M. Bertrand, procureur général prës la
cour d'appel de Paris, remplacera M. Manau
à la cour suprême ; M. Laurent-Atlhalin
procureur de la République, succèdera à M.
Bertrand, à la cour d'appel; et les fonctions
enviées de procureur de la République à
Paris seront dévolues à M. Couturier, direc-
teur depuis quelques jours seulement des
affaires criminelles et des grâces.
LE « PUBLICISIRE » AUBERT
On sait que l'assassin d'Emile Delahaeff
s'est, dans ses interrogatoires à l'instruc-
tion, qualifié tout à la fois de courtier en
vins et de publiciste.
Donnons, à la veille des débats du procès
devant la cour d'assises de la Seine, la liste
des titres des ouvrages d'Aubert, ouvrages
non édités et dont la lecture a scandalisé
l'honorable expert spéc alement chargé de
cette « mission ».
Voici les titres de ces manuscrits :
Les Aventures de Varrière-petit-fils de Gar-
gan/ua. — Arton et sa maîtresse. — Poésies
variées. — Prière des marchands de décora-
tions à leur patronne sainte Galétte. — Les
Chancres rongeurs de la République française.
— Un gouvernement patriote. — Les Bienfaits
de l'opportunisme en France. - M et Pro-
serpine.
Ces « ouvrages », saisis au domicile de
l'assassin d'Emile Delahacf, font partie du
volumineux dossier de l'affaire Aubert-Mar-
guerite Dubois.
LA TAPISSERIE DE BAYEUX
C'est la « Toilette du duc Guillaume »,
la « grande Telle du conquest d'Angle-
terre », qu'on appelle simplement au-
jourd'hui la Tapisserie de la reine Ma-
thilde, ou plus modestement encore, la
Tapisserie de Bayeux. J'avoue tout d'a-
bord ma surprise, ma déception, quand
je me trouvai, Vautre iour, devant cet
ouvrage fameux. Il est vrai que j'arri-
vais la tête un peu montée par ce qu'on
m'en avait dit, par ce que j'en avais lu,
et que je sortais de visiter l' a dnzira b le,
la merveilleuse cathédrale — sa contem-
poraine — dont les deux flèches de pierre
portent si haut dans le ciel, au-dessus
des toits de la ville et des peupliers de la
vallée, la gloire de l'art normand. Ou-
bliant qu'imagiers et peintres se cher-
chaient encore quand la jeune architec-
ture étonnait déjà le monde barbare de
la hardiesse de son vol, je rêvais de
quelque grande composition guerrière,
violemment dessinée et coloriée, avec
des personnages au moins aussi grands
que nature, d'une tapisserie touffue, tu-
multueuse, racontant à beaux traits
l'immortelle aventure du Conquérant.
Artistiquement, il me fallut en rabattre,
mais je trouvai, par ailleurs, ample
matière à défrayer ma curiosité.
Qu'on se figure, non pas une tapisse-
rie, mais une bande de toile brodée
n'ayant guère plus de 50 centimètres
de hauteur. Cette broderie qui, par con-
tre, se déploie sur une longueur de
soixante-dix mètres, est exposée dans
une des salles de la Bibliothèque de la
ville, à hauteur d'homme, derrière le
vitrage d'une double galerie se repliant
sur elle-même, en sorte qu'on peut facile-
ment l'étudier dans tous ses détails. La
toile, d'une extrême finesse, est à peine
jaunie par le temps, et la laine, dont les
fils s'entrecroisent sur le trait du dessin,
a gardé, à peu près partout, sa fraî-
cheur de coloris. Quant au dessin lui-
même, c'est tout ce qu'il y a de plus pri-
mitif. Ni relief ni perspective. L'ensem-
ble ne manque pas toutefois de carac-
tère. On y surprend des recherches
d'expression, des gestes, des fiertés qui
s'i'inposent, malgré leur gaucherie. Cer-
tains types normands — le front bas,
têtu, le visage rasé, la nuque rentrée,
avec des encolures de taureau — s'y font
particulièrement reconnaître. Les che-
vaux également, bien que d'étrange bi-
garrure — verts, bleus, jaunes, rouges
— accusent des profils d'une certaine
correction, d'une certaine fermeté.
Mais si l'art est absent, ou à peu prés,
de ce naïf ouvrage, il n'en constitue pas
moins — outre la curiosité qui s'y atta-
che — une pièce historique du plus haut
intérêt, dont l'authenticité ne saurait
être mise en doute. Il est d'une seule
venue et porte d'un bout à l'autre la
marque indéniable de son opigine. L'his-
toire de la conquête de VAngleterre s'y
déroule en cinquante-huit scènes, en
cinquante-huit tableaux dont chacun est
accompagné d'une inscription latine qui
Vexplique. On y assiste à l'arrivée du duc
Harold en Normandie, à son entrevue
avec Guillaume, au serment que lui fait
prêter celui-ci, dans la cathédrale de
Bayeux, dépouser sa fille et de le recon-
naître, luiy Guillaume, pour roi d'An-
gleterre à la mort d'Edouard, le Confes-
seur. Harold retourne auprès d'Edouard,
dont il est l'héritier présomptif. Edouard
meurt. Harold, reniant son serment, se
fait sacrer roi. Guillaume le déclare
parjure, donne l'ordre de construire
une flotte et débarque en Angleterre
avec soixante mille-hommes. Bataille
d'Hastings où Harold est tué, « et fuga
verterunt Angli », et les Anglais prirent
la fuite : c'est le cinquante huitième et
- dernier tableau,
On sait qu Augustin Thierry a large-
mentpuisé dans. la Tapisserie de Bayeux,
qu'il possédait à fond, qu'il reconnaît
comme « contemporaine du grand évé-
nement qu'elle représente ». A chaque
instant il la cite. Les armes, les ouvrages
d'attaque et de défense, les tours, les
cltâteaux-de-bois, les barques, les navires
qui s'y trouvent grossièrement, mais
fidèlement dessinés, l'ont puissamment
aidé à reconstituer la physionomie d'une
époque qu'il a si bien peinte, à lui donner
la couleur et la vie. C'est ainsi qu'entre
autres motifs, on le voit s'inspirer de la
scène XXXVIII: « Ici le duc Guillaume
avec sa grande flotte (ter mille carinas,
trois mille vaisseaux) traverse la mer et
débarque à Pevensey, » pour nous dé-
crire le vaisseau ducal : « Le vaisseau
que montait le duc Guillaume marchait
en tête, portant au haut de son mât la
bannière envoyée par le pape (Alexan-
dre II) et une croix sur son pavillon.
Ses voiles étaient de diverses couleurs et
l'on y voyait peintes en divers endroits
les trois lions, enseigne de Normandie;
à la proue était sculptée une figure d'en-
fant portant un arc tendu, avec la flèche
prête à partir. »
Comme curiosité, un Anglais, M.
Fowke, auteur d'un minutieux travail
sur la Tapisserie, a compté le nombre
des figures qu'elle renferme: il s'y trouve
49 arbres, 41 bateaux ou barques, 37
maisons, 202 chevaux et rnulets, 55
chiens, 505 animaux de différentes es-
pèces, 623 personnes — en tout 1,512 fi-
gures. Parmi ces figures, il s'en distingue
quelques-unes — non pas, il est vrai,
dans le corps même de l'ouvrage, mais
en marge, dans l'espace resté libre, au-
dessus et au-dessous des scènes histori-
ques — d'une obscénité telle qu'elles ont
pu faire douter que la reine Mathilde y
ait jamais mis la main — comme le veut
la tradition — qu'elle ait laissé l'aiguille
de ses fenunes, de ses ouvrières se pro-
mener sur des fantaisies érotiques aussi
proéminentes. Mais il est facile de faire
observer que ces images monstrueuses
ne choquaient en rien le goût de l'épo-
que, qu'elles s'érigeaient un peu partout,
sur la façade des palais aussi bien que
sur les murs des églises, et que dans la
cathédrale même de Bayeux, bâtie par
l'évêque Odon, frère de Guillaume, sur
une des arcades du côté droit de la nef,
s'étale encore une de ces représentations
lubriques dont le pendant pouvait fort
bien avoir sa place dans l'œU"ore de Ma-
thilde, sans autrement alarmer sa pu-
deur.
La tradition veut donc, et les habitants
de Bayeux l'ont touiours gardée, que-
leur Tapisserie soit l'ouvrage de la
femme de Guillaume. Le plan, les des-
sins en auraient été tracés par quelque
imagier de la localité, probablement sur
les indications fournies par Odon, qui
s'y trouve représenté plusieurs fois. Il
résulte d'un inventaire du trésor de la
cathédrale de Bayeux, dressé en 1476,
qu'elle faisait à cette époque partie du
mobilier du chapitre. A certaines fêtes
de l'année on la suspendait aux piliers de
la nef. Cet usage se conserva jusqu'à la
fin du dix-huitième siècle, jusqu'en 1792,
où elle fut extraite de la sacristie du
chapitre et transportée chez un des mem-
bres de l'administration du district. A
l'époque où Napoléon rêvait d'une des-
cente en Angleterre, il voulut voir cette
page glorieuse de notre histoire et la fit
exposer au Louvre. Rendue quelque
temps après à la municipalité de Bayeux,
elle fut d'abord déposée à la bibliothèque
du Collège, puis à l'Hôtel de Ville et fina-
lement transportée à la bibliothèque
municipale, où elle est encore auiour-
d'hui. « Quelle chose singulière, s'écrie
Théophile Gautier, lorsque tant d'édi-
fices si solides se sont écroulés, que cette
frêle bande de toile soit parvenue à nous
intacte, à travers les siecles, les révolu-
tions, les vicissitudes de toute sorte ! Un
bout de canevas a duré huit cents ans! »
CHARLES FRÉHINE.
SUN-YAT-SEN
Le Chinois Sun-Yat-Sen, après avoir fait
son rapport à la police de Londres, a accom-
pagné le docteur Cauihé chez lui. Il donne
les détails suivants sur sa séquestration.
Durant son incarcération à l'ambassade
chinoise il était tellement émotionné que,
pendant quelques jours, c'est à peine s'il
put manger, car c'était pour lui an cas de
vie ou de mort. Il n'y voyait aucune planche
de salut. On lui avait dit que si on ne par-
venait pas à l'envoyer secrètement en
Chine, on le mettrait à mort à Londres, et
qu'on embaumerait son corps avant de
l'expédier en Chine où les châtiments s'é-
tendent jusqu'aux cadavres.
Sun avait écrit quelques lignes sur un
morceau de papier qu'il avait jeté par la
fenêtre dans l'espoir qu'il serait ramassé et
remis à la police.
Les journaux de Londres confirment que
les amis du médecin chinois Sun-Yat-Sen
auraient pris des mesures pour le délivrer
si le Foreign Office et le Scotland Yard ne
leur avaient donné l'assurance qu'il était en
bonne santé et qu'il ne lui serait fait aucun
mal.
Le Daily Graphie dit qu'on doit savoir gré
à la légation chinoise d'avoir rendu la liberté
à son prisonnier et qu'elle était en droit de
la résistance.
Le Morning Post déclare que l'action éner-
gique de lord Salisbury et la décision du
ministre chinois ont épargné aux deux pays
des complications diplomatiques très désa-
gréables.
Le Times pense que lorl Salisbury saura
faire comprendre aux gouvernants chinois
qu'ils sont allés un peu trop loin et qu'ils ne
oivent plus commettre de telles offenses à
l'avenir.
Le Standard dit à ce sujet : « La personne
et le domicile des ambassadeurs et de leur
suite peuvent être considérés comme sa-
crés; mais nous ne pouvons permettre que
les ambassades soient transformées en pri-
son pour l'incarcération des gens qui nont
commis aucun délit contre la loi anglaise.»
1 LA iautftaj ministériel stieute gne la GU.
tion de droit a déjà été soulevée alors que
Sully représentait Henri IV à Londres.
LES PORTUGAIS A MOZAMBIQUE
Le gouverneur d'Albuquerque est parti
dernièrement avec 300 blancs et 180 indigè-
nes pour le Manikaland.
L'expédition a bivouaqué à Mayengo, où
elle a été attaquée par 2,000 Namarallos.
Les Portugais se défendirent avec bra-
voure; mais après un combat acharné qui a
duré vingt-deux heures, ils ont été forcés de
se retirer par suite du manque d'eau. Ils
avaient 2 tués et 35 blessés. Le gouverneur
se trouve parmi les blessés.
Les pertes de l'ennemi sont considéra-
bles.
L'AFFAIRE DU GAZ
UN LITIGE DE 42 MILLIONS
La presse s'est beaucoup occupée de cette
affaire depuis quelques jours. Mais les ren-
seignements donnés par nos confrères sont
ou notoirement insuffisants ou tout à fait
inexacts. Il nous parait donc utile, puisque
nous sommes en mesure de le faire, d indi-
quer d'uue façon aussi complète que possi-
ble les raisons ou plutôt les arguments sur
lesquels s'appuie la ville pour réclamer les
42 millions en question à la compagnie du
Gaz.
C'est à M. Sauton, ancien président du
conseil municipal et à l'heure actuelle, pré-
sident de la l'a commission que revient
l'honneur d'avoir découvert ce préjudice
aussi considérable c lusé aux finances de
Paris. M. Sauton, personne ne l'ignore, est
un de nos édiles qui possèdent le mieux les
questions municipales. C'est un esprit cu-
rieux, chercheur, méthodique et doué d'une
force de travail considérable. Le dossier
qu'il a constitué pour établir les droks de la
Ville est à la fois, une œuvre de b.'n'dmt:u
et un chef-d'œuvre de patience intelligente.
Donc, il y a quelques mois, M. Sauton lut
frappé de certaines irrégularités.
En 1877, la compagnie d mandait la révi-
sion de ses statuts. Or, de 1873 à 18<7, elle
les avait violés. Pourquoi cette violationï
Y avait-elle un intérêt?
C'est alors que M. Sauton résolut d'étu-
dier l'affaire et voici les admirables résul-
tats auxquels il est parvenu.
Le Mffcé
Le dernier traité qui lie ia Ville et la com-
pagnie du Gaz est du 7 février 1870; il ex-
pire le 31 décembre 1905.
La compagnie a dû mettre ses statuts en
harmonie avec son traité. Ces sta uts furent
rédigés au moment des négociations avec la
Ville, soumis à l'approbation da conseil mu-
nicipal ou, si l'on préfère, communiqués au
conseil avant le vote du trai é. Us ont été
approuvés par décret du 12 mars 1870.
Or, on lit au paragraphe 3 de l'article 40
de ces statuts fIa disposition suivante :
« 2°
Il 30 Une somme pour dividende et intérêts
des actions fixée à 12,400,000 fr. du lor janvier
1869 au 31 décembre 1887,et de 11,S00,000 fr.
du lor janvier 1888 à la fin de la concession.
» Sur cette somme, il sera servi aux ac-
tions amorties c t non amorties un premier
dividende annuel de 12 fr. 50 par action, le
premier dividende afférent aux actions amor
ties devant être affecté au fonds d'amortisse-
ment afin de compléter la somme^iécessairo
pour amortir la totalité des actions dans le
délai prescrit. »
C'est ce paragraphe 3 qui contient toute
la-genèse du litige, ainsi qu'on le verra plus
loin.
Le capital social de la compagnie
Mais avant de reparler dudit paragraphe,
il convient d'aborder la question de l'amor-
tissement:
Le capital social de la compagnie du Gaz
est de 329 millions, se décomposant ainsi
qu'il suit :
Actions. 84 millions
Obligations. 245 —
Total égal. 329 millions.
Tout ce capital, tant en obligations qu'en
actions doit être amorti le 31 décembre 1905
aux termes du trai é de 1870.
Pour le capital obligations, rien à dire;
aucune difficulté ne s'est élevée; l'amortis-
sement se fait régulièrement et suivant les
conventions des deux parties.
Mais pour le capital actions, il est loin d'en
être de même.
L'amortissement des actions
Ici, il faut bien faire remarquer que la
question de l'amortissement tant des obu..
gations que des actions n'est pas une ques-
tion d'interprétation du traité. C'est une
question de fait purement et simplement.
La Ville et la compagnie du Gaz se sont
mises d'accord pour amortir, à frais com-
muns, le capital de l'entreprise.
Nous répétons que pour les obligations, il
n'y a pas de conflit,
Passons maintenant aux actions.
Chacun des partis doit amortir 42 mil-
lions, soit pour les deux 84 millions.
Aucun doute n'est possible.
Le fonds d'amortissement a fonctionné
pour la première fois en 1872. C'est une
somme de 987,000 fr. en chiffres ronds et
fournis à frais communs, par la ville et la
compagnie qui a servi à le constituer.
Et (article 40 des statuts, § 3), ie premier
dividende de 12 fr. 50 par actio. amortie,
aurait dû être ajouté au fonds cf amortisse-
ment tous les ans.
C'est ce que la compagnie n'a pas fait
Comment amortit une compagnie
Quand une compagnie amortit son capital
comment procôde-t-elle ?
Elle rachète ses titres, ses actions. E1,
c'est bien de cette manière que la Compa-
gnie du gaz a agi. Elle ne pouvait trouver
un meilleur placement de ses bénélices,
puisqu'ainsi elle se procurait du 5 0/0.
Mais, en créant son fonds d'amortisse-
ment , que faisait-elle, étant donné son
traité ?
1 Elle créait une sorte de nouvel ebligataire
qui avait droit aux intérêts des fonds qu'il
fournissait, qui devait en toucher comme les
autres. Et ces intérêts, placés également en
achats d'actions, devaient produire d'autres
intérêts réversibles au fonds d'amortisse-
ment.
Or elle s'est gardée de traiter son fonds
d'amortissement comme les autres obliga-
tions. Les intérêts, elle les a distribués à ses
actionnaires, si bien que toutes les sommes
qu'elle aurait dû payer à l'amortissement
atteindront, en 1905, 50,426,150 fr. en capital,
et, en capital et intérêts composés, 84 mU,
lioas* ce qui revient & 411e que l'amortisse-
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