Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1896-10-08
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 08 octobre 1896 08 octobre 1896
Description : 1896/10/08 (N9708). 1896/10/08 (N9708).
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/05/2013
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PARIS ET DEPARTEMENTS
LoWamero, CINQ CENTIMES
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RÉDACTIONS tal. me Montmartre, 181
Dit 4 è I k§mnê du *ir et d§ 10 hmrm du mit * i heure du maiUm
N° 9708. — Jeudi S Octobre 1896
17 VENDÉMIAIRE AN 105
ADMINISTRATION s Mi, nie Montmartre» isi
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LES FÊTES D'AUJOURD'HUI
PROGRAMME ET ITINÉRAIRE
Io Trajet de l'ambassade à Notre-
Dame. — Itinéraire: Rue Saint-Simon,
boulevard Saint-Germain, boulevard
Saint-Michel, quai du Marché-Neuf,
Parvis-Notre-Dame.
3° Traiet de Notre-Dame à la Sainte-
Chapelle. — Itinéraire : Parvis-de-
Notre-Dame, rue de la Cité et rue de
Lutèce.
3° Trajet de la Sainte-Chapelle au
Panthéon. — Itinéraire : Boulevard du
Palais, pont Saint-Michelboulevard
Saint-Michel, rue Soufflot, place du
Panthéon.
4° Trajet du Panthéon aux Inva-
lides. - Itinéraire : Rue Soufflot, bou-
levard Saint-Michel, carrefour de l'Ob-
servatoire, boulevard Montparnasse,
place de Rennes, boulevard Montpar-
nasse, boulevard des Invalides, place
paint-François-Xavier, avenue de Bre-
teuil, place Vauban.
se Trajet des Invalides à l'ambassade.
r- Itinéraire : Place des Invalides, rue
de Çrenelty.
6* Trajet de l'ambassade au Cours-
la-Reine. — Itinéraire : rue Saint-Si-
mon, boulevard Saint-Germain, pont et
place de la Concorde, tours-ta-Reine;
70 Tret du Cours-la-Reine à l'Hô-
tel des Monnaæs. — Itinéraire : Cours-
la-Reine, place de la Concorde, rue de
Rivoli, rué des Tuileries, pont Royal.
quai Malaquais, quai de Conti.
8° Trajet de l'hôtel des Monnaies à
l'Institift. — Itinéraire : quai de Conti.
9° Trajet de l'Institut à l'Hôtel de
Ville. — Itinéraire : quai de Conti,
pont Neuf, quai de la Mégisserie, place
du Châtelet (côté de l'Opéra-Comique),
avenue Victoria, place de l'Hôtel-de-
Ville.
100 Trajet de l'Hôtel de Ville à l'am-
bassade. — Itinéraire: avenue Victoria,
place du Châtelet, pont au Change, bou-
levard du Palais, pont Saint-Michel,
boulevard Saint-Michel, boulevard Sain t-
Germain, rue Saint-Simon.
lie Trajet de l'ambassade au Théâtre-
Françdis. — Itinéraire : rue Saint-Si-
mon, boulevard Saint-Germain, rue de
Solférino, pont de Solférino, quai des
Tuileries, rue des Tuileries, rue de Ri-
voli, place du Palais-Royal, place du
Théâtre-Français.
12° Trajet du Théâtre-Français à
l'ambassade. — Itinéraire : place du
Théâtre-Français, avenue de ï Opéra,
rues de la Paix et Castiglione, rue de
Rivoli, et itinéraire de l'aller.
NOS LEADERS
LA JOURNEE D'HIER
Le tsar est entré hier dans Paris au
milieu d'acclamations d'un enthou-
siasme dont rien ne saurait donner
l'idée.
Depuis le Ranelagh jusqu'à l'am-
bassade de Russie, le long de ces
Immenses avenues du Bois et des
Champs-Elysées, sur la place de la
Concorde et sur le boulevard Saint-
Germain, toute la population était
massée, dans une attitude digne et
respectueuse.
Le service d'ordre a été parfait.
La décoration de la grande ville, due
l'éminent M. Bouvard, a été jugée
comme une merveille par des millions
de spectateurs.
Nulle part le moindre incident, la
municipalité et la préfecture de police
ayant pris des mesures qui échappent
à la critique la plus difficile.
Et au-dessus de ce merveilleux dé-
eor, de cette foule calme et joyeuse,
de ces uniformes chamarrés, de ces
milliers de fantassins et de cavaliers
alignés, un gai soleil, rien n'a donc
,manqué à la fête pour qu'elle fût belle
at imposante.
***
Le tsar a dû être ému de cet accueil
chaleureux. J'ignore comment il a été
reçu à Breslau et à Londres, mais
certainement il a dû trouver une dif-
férence entre Paris et les autres capi-
tales de l'Europe.
Ici, ce n'est pas seulement un gou-
vernement comme en Angleterre et
comme en Allemagne qui lui a mé-
nagé une réception grandiose; c'est
Paris, le cœur de la France et c'est
avec Paris, la France entière, car la
nation a compris à merveille que c'é-
tait à elle que s'adressait la visite de
l'empereur de Russie et les vivats dont
elle l'a salué sur son passage, sont
aussi bien pour le peuple russe que
pour lui-même.
De son côté, le tsar a parfaitement
saisi l'abîme profond qui sépare les
institutions républicaines de la France
d'avec les institutions monarchiques.
Dans son premier toast, celui qu'il a
porté à Cherbourg, il n'a pas bu uni-
quement à M. Félix Faure, chef de
notre gouvernement, mais encore à la
nation française et à sa flotte.
#*#
Je crois aussi que Nicolas a dû éprou-
ver cette impression en voyant ces
centaines de milliers de curieux si
spontanément grisés par la fièvre du
patriotisme et ces beaux soldats à l'al-
ure martiale, à l'allure bien française,
c'est-à-dire bien particulière, que nous
sommes un peuple fort duquel on peut
tout attendre et tout espérer.
**#
En résumé, la population a montré,
hier au Tsar qu'elle connaît les vérita-
bles raisons de l'alliance franco-russe
qui repose sur des sympathies récipro
ques et des intérêts communs. Et ses
manifestations ne peuvent que conso-
lider les fondements mêmes de cette
alliance.
CHARLES BOS.
Nous publierons demain un article
de M. J.-L. de Lanessan
LES TOASTS DE L'ALLIAN CE
Nous détachons du compte rendu des
fêtes d'hier, le texte des toasts prononcés au
diner de gala de l'Elysée par le président de
la République et l'empereur de Russie.
Le toast du président
Voici d'abord le texte du toast de M. Félix
Faure :
L'accueil qui a salué l'entrée de Vo-
tre majesté à Paris, lui a prouvé la
sincérité des sentiments dont j'ai tenu
à ce qu'elle reçut l'expression en tou-
chant le sol de la République.
La présence de Votre Majesté parmi
nous a scellé, aux acclamations de tout
un peuple, les liens qui unissent les
deux pays dans une harmonieuse acti-
vité, et dans une mutuelle confiance
dans leurs destinées.
L'union d'un puissant empire et
d'une République laborieuse a pu déjà
exercer une action bienfaisante sur la
paix du monde. Fortifiée par une fidé-
Iité éprouvée, cette union continuera
à répandre partout son heureuse in-
fluence.
Interprète de la nation toute en-
tière, je renouvelle à Votre Majesté les
souhaits que nous formons pour la
grandeur de son règne pour le bon-
heur de Sa Majesté l'impératrice pour
la prospérité du vaste Empire dont les
destinées reposent entre les mains de
votre Majesté impériale.
Qu'il me soit permis d'ajouter com-
bien la France a été touchée de l'em-
pressement avec lequel Sa Majesté
l'impératrice a bien voulu se rendre à
ses vœux. Son gracieux séjour lais-
sera dans notre pays un ineflaçable
souvenir.
Je lève mon verre en l'honneur de
Sa Majesté l'empereur Nicolas et de Sa
Majesté l'impératrice Alexandra Féo-
dorovna.
Le toast du tsar
Voici en quels termes particulièrement
chaleureux, l'empereur a répondu au prési-
dent de la République :
Je suis profondément touché de l'ac-
cueil qui nous a été fait à lfimpératrice
et à moi, dans cette grande ville de
Paris, source de tant de génie, de tant
de goût et de tant de lumières.
Fidèle à d'inoubliables traditions,
je suis venu en France pour saluer en
vous, Monsieur le président, le chef
d'une nation à laquelle nous unissent
des liens si précieux.
Ainsi que vous l'avez dit, cette ami-
tié ne peut avoir par sa constance que
la plus heureuse influence.
Je vous prie, monsieur le président,
d'être l'interprète de ces sentiments
auprès de la France entière.
En vous remerciant des vœux expri-
més pour l'impératrice et pour moi, je
bois à la France, et je lève mon verre !
en l'honneur de M. le président de la
République française.
Ces paroles iront au cœur de la France.
Elles auront, en même temps, à l'étranger
le retentissement que doit avoir un événe-
ment d'une portée politique aussi considé-
rable.
Toute réflexion serait aujourd'hui super-
flue. -~MN~
L'IMPRESSION DU TSAR
La réception que Paris a faite aux souve-
rains russes les a profondément émus.
A la gare du Ranelagh; l'empereur n'a
pas pu dissimuler l'impression qu'il ressen-
tait en mettant le pied sur le sol de la capi-
tale. Cette impression s'est encore accentuée
lorsqu'il a entendu les acclamations et les
vivats qui l'ont accueilli du Bois de Boulo-
gne à l'ambassade et plus tard pendant qu'il
se rendait à l'église de la rue Darue. Quant
à l'impératrice, elle est encore plus enthou-
siaste que Nicolas II. Elle ne cesse de s'exta-
sier sur les merveilles de la capitale.
A l'Elysée, le tsar, à plusieurs reprises, a
manifesté son émotion au président de la
République et aux personnages politiques
qui lui ont été présentés.
Je n'oublierai jamais cette journée, a-t-il
dit, à plusieurs reprises.
PROLONGATION DE SÉJOUR
On assure que les chefs de service des
grandes administrations (monuments, tra-
vaux publics, navigation, eaux et gaz) ont
été invités à rester à leur poste et à attendre
les ordres qui pourraient leur être donnés en
cas d'une prolongation du séjour à Paris de
l'empereur et l'impératrice de Russie, l'am-
bassade russe devant prévenir aujourd'hui
le président de la République de la décision
prise à ce sujet par le souverain.
La revue de Châlons aurait lieu quand
même à la date fixée, mais le train impérial,
au lieu de se diriger sur Pagny, rentrerait
à Paris. La journée de samedi serait em-
ployée par les souverains à rendre à Paris
des visites qui n'auraient plus alors un
caractère officiel.
——————————— go ———————————
A la suite d'une polémique, M. Lu-
cien Victor-Meunier s'étant jugé of-
fensé par un filet paru dans la Petite
République, du mardi 6 octobre, signé
de M. Albert Goullé, a constitué comme
témoins MM. Pierre Lefèvre, directeur
du Rappel, et Jean Destrem, secrétaire
de la rédaction du Rappel. M. Albert
Goullé a désigné de son côté M. Vau-
ghan, administrateur de ïlntrami-
geant, et M. André Lefèvre, rédacteur
à la Petite République. Les témoins se
sont réunis et, après avoir épuisé tous
les moyens de conciliation, ont jugé
qu'une rencontre était inévitable; elle
aura lieu demain mardi, à deux heures
et demie de l'après-midi, aux environs
de Paris.
L'arme choisie est l'épée de combat,
avec gant de ville à volonté et reprises
de une minute et demie. Les corps-à-
corps et l'emploi de la main gauche
seront interdits.
Ont signé au procès-verbal :
Pour M. Lucien Victor-Meunier :
PIERRE LEFÈVRE
JEAN DESTREM
Pour M. Albert Goullé :
E.VAUGHAN
ANDRE LEFÈVRE
Paris, le 5 octobre 1896.
Conformément au procès-verbal ci-
dessus, la rencontre a eu lieu dans une
propriété des environs de Paris.
A la seconde reprise, M. Lucien Vic-
tor-Meunier ayant été atteint d'un coup
qui a déterminé une plaie pénétrante à
la partie postero-inférieure de l'avant-
bras droit, les témoins, sur l'avis for-
mel des médecins, MM. les docteurs
Antoine Destrem et Paul Cornet, ont
mis fin au combat.
Les adversaires se sont serrér la
main sur le terrain.
Pour M. Albert Goullé :
L. VAUGHAN
ANDRÉ LEFÈLRE
Pour M. Lucien Victor-Meunier :
PIERRE LEFÈVRE
JEAN DESTREM
Paris, le 6 octobre 1896.
-0-
NICOLAS II A PARIS
Une Fête inoubliable
Manifestation sans précédent
Le Tsar et les Parisiens
f Les Parisiens, mis au courant, par les
journaux du matin et de la veille au soir, de
l'admirable accueil fait au Tsar par la popu-
lation de Cherbourg, ont honoré à leur tour
le souverain de la réception enthousiaste
que l'on pouvait espérer : mais on ne sau-
rait assez surtout admirer le tact et la di-
gnité avec laquelle la foule a fait à Nico-
las II les honneurs de la grande ville. Ren-
dons grâces au soleil qui a voulu être de la
partie et auquel on doit une bonne partie du
beau sucoês de la journée. On commençait à
ne plus compter sur l'obligeance du ciel qui
avait arrosé aigrement les trains spéciaux à
leur départ de Cherbourg. Mais il s'est fait
clair et luisant, et pimpant pour l'arrivée à
Paris.
Notre collaborateur et ami Charles Bos,
dit d'autre part quel a été le caractère de la
fête at l'impression que nous devons garder
de cette belle journée. Hâtons-nous, pour
notre part, dé raconter, dans tous ses dé-
tails, cette première partie de la visite du
tsar à Paris.
DE CHERBOURG A PARIS
Les deux trains, impérial et présidentiel,
étaient partis, successivement, comme nous
l'avons dit, de notre grand port de guerre
normand, à huit heures trente et à huit
heures quarante-cinq. Le train réservé à la
presse avait suivi.
Le premier emmenait à Paris le tsar, la
tsarine et la grande-duchesse Olga, accom-
pagnés du général de Boisdeffre et de l'ami-
ral Gervais.
Le train impérial était parti le premier et
il fallait qu'il arrivât le second à Versailles
où le tsar et la tsarine devaient monter
dans le train présidentiel pour gagner la
station de la Muette. Le train impérial a
donc suivi l'itinéraire suivant : Caen, Mézi-
don, Surdon, Saint-Cyr, Versailles-Chan-
tiers, pendant que le train présidentiel sui-
tiers, l'itinéraire : Caen, Mézidon, Mantes,
vait
la Garenne-Bezons, Courbe voie, Viroflay
rive droite, Viroflay rive gauche, Versailles-
Chantiers.
A Bayeux, grande affluence à la gare; de
nombreux cris de « Vive la Russie ! vive la
République! » ont été poussés.
A Caen et à Lisieux, la foule se pressait à
la gare, mais le train présidentiel s'est seul
arrêté quelques minutes dans la première de
ces villes.
A Dreux, le train impérial est arrivé à six
heures trente-huit.
A 7 heures 52, le chef de gare donnait le
signal de départ du train qui sortait de la
gare entre deux haies de curieux qui de loin
agitaient leurs mouchoirs, étant tenus à une
distance de 50 mètres de la voie, par l'in-
fanterie, les dragons et les gendarmes.
A Versailles, les souverains russes aban-
donnaient, on le sait, leur train spécial pour
monter dans le train présidentiel. Celui-ci
est arrivé à 8 heures 32.
La gare de Versailles-Chantiers est en-
tièrement décorée de drapeaux et d'oriflam-
mes français. Tous les quais sont couverts
de tapis.
M. Félix Faure, à sa descente du wagon,
est reçu par les présidents des deux Cham-
bres. MM. de Mohrenheim, de Montebello
et de Giers pénètrent dans le salon.
A 8 h. 50 le train russe entre en gare.
Le Président se lève et comme le wagon-
salon du train impérial n'est pas arrêté juste
en face la gare, M. Félix Faure va à la ren-
contre du Tsar. Celui-ci accompagné de l'Im-
pératrice, du général de Boisdeffre et de
l'amiral Gervais descend du train. Il serre
la main à M. Félix Faure et le Président de
la République baise la main de l'Impéra-
trice.
L'heure du départ approchant, M. Mol-
lard, chef adjoint du protocole, ouvre la
portière du train.
La Tsarine monte la première suivie de
l'Empereur et du Présidant.
A 9 h. 04 le train s'ébranle dans la direc-
tion de Paris.
Une foule considérable est massée près
du passage à niveau de la rue des Chan-
tiers ; elle crie : Vive la Russie ! vive la
France'
Le tsar et M. Félix Fanre répondent à ces
acclamations par des saluts.
A noter deux arrestations; en effet, tout
le long du voyage, la police a été faite avec
la même sévérité, disons la même hostilité
contre la foule, qu'à Cherbourg.
LE REVEIL DE PARIS
Pendant que les souverains et le prési-
dent de la République se dirigeaient ainsi
vers la capitale, les Parisiens en foule com-
pacte encombraient déjà les rues de la
grande ville toute égayée du joyeux papil-
lonnement des oriflammes flottant au so-
leil.
Dès sept heures, en effet, hommes, fem-
mes et enfants, bourgeois et ouvriers, gens
de Paris et de province accourus en masse
depuis deux jours de tous les points du ter-
ritoire, déambulaient le long des boulevards,
de., quaia-et de toutes les grandes avenu s
conduisant au bois de Boulogne. C'était
réellement un spectacle unique en son
genre que l'exode de ceLte foule s'en allant
gaiement au milieu des coups de fouet des
cochers et des appels des loueurs de tapis-
sières, pour manifester au premier rang
l'impression de sa joie et de sa fierté pa-
triotiques. On sentait que toutes les divi-
sions, toutes les rancunes s'étaient enfin
éteintes dans les cœurs fraternellement
unis dans un même sentiment.
Non, jamais au grand jamais, on ne vit
plus beau jour d'automne éclairer plus mer-
veilleux décor. Partout des drapeaux fris-
sonnants sous la caresse du vent, partout
des fleurs épanouies sous de chauds rayons !
Et une foule, une foule comme aucune ville
n'en recela jamais, vraie marée humaine
montant sans cesse et s'accroissant sans
cesse de flots toujours nouveaux !.
Quel empressement de toutes parts ! Mais
surtout aux Champs-Elysées, sur l'avenue
du Bois et dans les principales rues de
Passy. C'est un fourmillement de têtes
inimaginable, un encombrement de voi-
tures, d'omnibus, de tramways tout à fait
fantastique! Aux abords du Ranelagh, les
gardes municipaux ont par trois fois déblayé
les voies qui n'étaient pas encore complète-
ment barrées, et par trois fois les masses
profondes de la foule les ont à nouveau en-
vahies. Et pourtant aucun accident, nul
désarroi. Toute cette foule qui fait frisson-
ner d'émotion la même pensée généreuse,
qui communie en elle-même par l'unanimité
de sa joie est en effet d'un calme, d'une
sagesse et d'une correction exemplaires.
On pourra s'en rendre compte d'ailleurs
par le détail des différentes phases de cette
réception inoubliable.
AU RANELAGH
Pendant toute la nuit qui a précédé l'arri-
vée du tsar et encore pendant quelques
heures, hier matin, on a travaillé a termi-
ner la petite gare du Ranelagh, sous les
yeux de MM. Henry Roujon, Sellier de Gi-
sors et Landrv et on a réussi à édifier un
joli et coquet monument qui a tout l'aspect
d'un solide édifice, bien qu'elle soit un fra-
gile palais de féerie. Dans sa gaine d'éme-
raude, — massifs et pelouses sont encore
verts, en ce coin privilégié, - elle se dresse,
svelte et légère, de style Louis XV, avec sa
marquise de 150 mètres de longueur, cou-
verte de tentures grises retombantes, et
tout enguirlandée de feuillages et de fleurs.
Des fleurs et des plantes, d'ailleurs, il y en
a partout. Le voisin fleuriste de la Ville de
Paris, à la Muette, a été dégarni.
La gare est ouverte sur deux de ses deux
côtés. Sa porte centrale a plus de 8 mètres
de hauteur sur 6 mètres 1/2 de largeur. Elle
est surmontée d'un écusson de 4 mètres,
pesant 600 kilogrammes, ayant la forme du
bouclier antique, figuré par le grand collier
de la Légion d'honneur, supportant la croix,
au-dessous de laquelle deux mains sont en-
trelacées. Au milieu de ce grand collier, un
cartouche avec les lettres R. F. Ecusson
rouge, collier or, lettres argent. L'écusson
est soutenu par deux amours. Ils parais-
sent tels, jouftlus et souriants, à cette hau-
teur, mais ils n'ont pas moins de la taille
d'un homme : 1 mètre 70 exactement ; sous
le bouclier courent, ornements sculptés, sur
l'entablement, des grappes de fruits.
A droite et à gauche de la porte que nous
venons dj décrire, s'élèvent deux portiques
în hémicycle aboutissant au quai. Ils sont
linsi composés : un soubassement ; une sé-
ie de colonnes carrés, que couronne un en-
sablement de stvle grec ; ces colonnes, pro-
ongées au-dessus de l'entablement par un
aylône ; à la base, caisses de fleurs et plan-
tes vertes.
Telle est la façade principale, devant le
Ranelagh. La façade opposée, par laquelle
vont sortir les souverains , regarde la
Muetie ; elle es', en plus petit, la reproduc-
;ion de la première. Le portique en hémicy-
3le est plus ouvert, mais moins étendu ; il
îst fermé par deux pylônes carrés surmon-
tés de drapeaux.
L'INTERIEUR DE LA GARE
Une salle de huit mètres carrés sur la-
quelle est tendu un superbe velum de satin
irgenté. Avec des angles masqués par des
)ans coupés sur lesquels sont fixées des ap-
pliques sculptées telle est la salle de récep-
tion à l'intérieur. Partout, d'exquises guir-
andes de chrysanthèmes, de violettes de
Parme, de roses, d'orchidées parsemées sur
le légères étoffes de satin réséda, mauve,
rême. vieux bleu, héliotrope, etc.
Le salon de la tsarine se trouvait à gau-
che, c'est un petit pavillon, formant saillie
ians le bâtiment général.
Le toit, en forme dé terrasse, est bordé
l'un treillage doré et supporte, au centre, la
pointe et les boules d'un minaret. Tout en
haut, le pavillon spécial du tsar, jaune avec
l'aigle des Romanof.
LE SERVICE D'ORDRE
Dès quatre heures du matin, la préfecture
le police avait commencé à organiser le
service d'ordre au Ranelagh, près de la
g-are provisoire établie pour le débarque-
ment de l'empereur et de l'impératrice de
Russie. 200 agents placés sous les ordres de
MM. Gaillot, chef de la police municipale,
Descaves, officier de paix divisionnaire et
Bacot, commissaire de police du seizième
arrondissement, ont été répartis de la porte
de Passy au carrefour de la Muette,
Le préfet de police en habit noir, la cra-
vate de commandeur au cou, était là de
très bonne heure avec le secrétaire général
de la préfecture, le directeur de la police
municipale et les commissaires division-
naires. Devant la gare, M. Bacot, commis-
saire de police du quartier de la Muette,
l'écharpe passée sous l'habit, et M. Eugène
Descaves, officier de paix du seizième ar-
rondissement, assuraient l'entrée des invi-
tés avec une rare courtoisie.
LES TROUPES
A neuf heures, les têtes de colonnes dé-
bouchaient de toutes parts. D'abord la gen-
darmerie de la Seine, dont l'imposante tenue
est le dernier vestige dans notre armée des
glorieux uniforme d'autrefois. Puis l'esca-
dron mixte de la cavalerie d'Afrique est ve-
nue se former en bataille à gauche du pavil-
lon ; en tête les chasseurs, coiffés du tacon-
net rouge, reconnaissables au collet jon-
quille de leur dolman bleu-céleste ; derrière
eux les spahis, assis dans les selles de ma-
roquin rouge à dossier et à haut pommeau,
à larges étriers d'acier. Les indigènes étaient
coiffés du haïck en corde de chameau, les
Français du turban à cordonnet et glands de
laine verte.
Les cheiks arabes arrivèrent par l'avenue
Raphaël et se postèrent au premier rang
près de la sortie du pavillon, en travers de
l'avenue, formant un groupe superbe, sur
lequel les rayons du soleil semble prendre
plaisir à se jouer, faisant flamber les ors des
armes et du harnachement, et les soies ver-
tes, roses, bleu tendre des habits sous le
voile des amples burnous neigeux.
L'infanterie de la garde républicaine est
arrivée par la porte de Passy et a formé la
haie autour du* pavillon. La, musique et la
compagnie d'honneur qu'elle fournit sont
entrées par le pavillon et se sont rangées
sur le quai de la gare. Au commencement
de l'avenue Raphaël on a placé la musique
de l'Ecole d'artillerie.
AVANT L'ARRIVEE
Tout était près et chacun des nombreux
soldats qui formaient la haie du Ranelagh à
la porte du bois étaient, l'arme au pied, à
neuf heures et demie, mais si du côté offi-
ciel on n'avait pas perdu son temps, le
public, anxieux d'assister a l'arrivée du tsar,
avait pris ses précautions. Toute la nuit de
nombreux curieux avaient attendu sur les
pelouses, sur les bancs, pour être bien
placés. Ceux là occupaient les premiers
rangs, les branches des arbres et tous les
objets élevés desquels on n'avait pu les
déloger.
Mats, dès sept heures, la grande foule
afflue. Les tribunes, élevées par le conseil
municipal, étaient combles à huit heures et
demie et on refusait du monde à neuf heu-
res, heure fixée pour l'entrée.
A neuf heures et demie, au moment où les
premières troupes, gendarmes et gardes
municipaux ont fait leur apparition, les cu-
rieux étaient évalués à plus de 2.000 dans
l'avenue Proudhom.
Jusqu'à neuf heures un quart des milliers
de personnes arrivèrent en vohure : tapis-
sières, breaks de courses, fiacres, coupés de
maîtres, etc., lorsque la circulation de tous
véhicules est suspendue; les piétons sont
déjà maintenus à une distance de cent mè-
tres de la gare.
Dès ce moment, un défilé de personnages
officiels venant assister à l'arrivée du tsar a
lieu. Après les ministres, en landaus, ac-
compagnés de leurs chefs de cabinet et es-
cortés de dragons, arrivèrent en voiture : le
général Davout, duc d'Auerstaëdt, grand
chancelier de la Légion d'honneur; M. de
Seives, préfet de la Seine; M. Bruman, se-
crétaire général de la préfecture; le prince
Orlof, en uniforme d'officier de chevaliers-
gardes; le lieutenant de* vaisseau Martinof,
attaché naval à l'ambassade de Russie; M.
Narichkine, premier secrétaire ; Pierre Bau-
din, président, et les membres du bureau du
conseil municipal, en habit, l'écharpe bleue
et rouge en sautoir; le cardinal-archevêque
de Paris, accompagné de son secrétaire par-
ticulier. Le cardinal, par égard pour son
grand âge, est autorisé à ne descendre de
son coupé que devant l'entrée de la gare ;
les autres invités, même les ministres, ont
quitté leur voiture chaussée de la Muette.
Quelques instants après l'arrivée de la
garde républicaine, les landaus, attelés à la
daumont, qui doivent conduire et le couple
impérial et le président de la République, à
l'hôtel de l'ambassade de Russie, sont venus
s: placer sur le chemin de la Couche.
On remarquait beaucoup Mont jarret avec
sa grande tenue de gala : habit bleu au col
et aux parements de velours bleu, aux bran-
debourgs d'or. le gilet rouge, la culotte de
peau blanche et le chapeau à l'anglaise, ga-
lonné d'or.
L'ARRIVEE DU TSAR
Tout à coup, on entend au loin un coup
sourd et prolongé, il est dix heures exacte-
ment : c'est le premier coup de canon. Le
train présidentiel vient de passer à Auteuil;
il est en vue du Ranelagh, les trompettes
sonnen t , champs. Aussitôt le train arrive
lentem" , majestueusement pourrait-on
dire, ro.;:ant sans bruit et s'arrètant sans
secousse. Le wagon-salon du président,
dans le ^ajl se trouve le tsar et la tsarine, se
trouve exactement alors dans l'axe du salon
de réception.
On place un petit escalier formé de six
marches, recouvertes de velours grenat, de-
vant la porte du wagon présidentiel. La
tsarine descend la première, vêtue d'une
robe blanche très simple; puis Nicolas II.
puis le président de ia République.
Sur le quai se tiennent les ministres, l'ar-
chevêque de Paris, le chef et le chef-adjoint
du protocole, le président du Conseil géné-
ral de la Seine, le président et le syndic du
Conseil municipal, le préfet de la Seine, en
grand uniforme; le préfet de police ; M. J.
Delarbre, président du conseil d'administra-
tion de la Compagnie de l'Ouest ; MM. Ed.
Delessert et le baron Hély d'Oissel, vice-
présidents, et tous les membres du conseil.
Sous le portique, au centre des groupes
officiels, lee ministres se sont rangés en de-
mi-cercle. Les souverains, toujours dans le
même ordre, le président de la République
se dirigent vers eux. M. Félix Faure les pré-
sente un à un aux souverains. L'empereur,
qui jusqu'ici a tenu sa main droite à la hau-
teur du visage, la laisse retomber, adresse
à chacun djs ministres, en souriant, quel-
ques paroles affables, l'impératrice salue
avec grâce. En une minute, la présentation
est achevée. Le couple impérial se dirige
alors, toujours guidé par M. Félix Faure,
vers le salon d'honneur.
Là, de nouvelles présentations se succè-
dent. Les dames de l'ambassade, reçues les
premières, offrent une magnifique gerbe de
roses nouée d'un large ruban de moiri
mauve, à leur impératrice. M. Darlan, garde
des sceaux, présente ensuite à Leurs Ma"
jestés le cardinal archevé iue de Paris, MM
Richard et le général Davout, duc d'Auer,.
staedt, grand chancelier de la Légion d'hoir
neur. Enfin, M. Barthou, ministre de l'intb
rieur, présente aux souverains M. Baudin,
président du conseil municipal de Paris, et
le bureau de cette assemblée.
Le président de la République conduit
î [ alors les souverains devant le tsalon de
l'impératrice. Mme de Mohrenheim s'a*
I vance au-devant de la tsarine, s'incline
profondément et lui offre un splendide bon..
quet d'orchidées. Mme de Sèze, fille de l'arifr
bassadeur, qui est mariée à un officier fran-
çais, est admise aussi à présenter ses hom-
mages aux souverains.
Lç cortège quitte alors le salon pour re-
tourner sur le quai. Sous le portique en
exèdre ont pris place, à gauche, le président
du Sénat, M. Loubet, avec le bureau de l'as-
semblée ; à droite, le président de la Cham-
bre, M. Brisson, avec le bureau de l'Assem-
blée, Derrière eux, parmi les autres notabi-
lités, Conseil d'Etat, etc-. on rèmarque MM.
J. Delarbre, présid nt du conseil d'adminis-
tration des chemins de fer de l'Ouest, Ed.
Delessert et le baron Hély d'Oissel, vice-
présidents, ainsi que tout le conseil.
Après avoir présenté aux souverains, tour
à tour, M. Loubet et le bureau du Sénat,
M. Brisson et le bureau de la Chambre, le
président de la République, se séparant
avec l'empereur et l'impératrice du cortège,
se dirige avec eux vers la garde d'honneur
dont l'empereur, toujours faisant le salut
militaire, passe la revue.
Pendant les présentations, l'empereur et
l'impératrice seront suivis par le personnel
de la cour, dans lequel on remarquera la
princesse Galitzine en toilette blanche et la
première dame d'honneur en robe de soie
mauve; avec tour de cou en soie vert d'eau
et capote blanche avec aigrette. Les mem-
bres de l'ambassade russe à Paris, M. de
Montebello, ambassadeur de France à Saint-
Pétersbourg; le général Tournier et M. Le
Gall font également partie de la suite.
LE TSAR ET LA TSARINE
Pendant les présentations, nous avons pu
contempler de près le tzar et la tzarine.
L'empereur était vêtu de l'uniforme de
colonel du régiment Préobrajensky. Des ai-
guillettes en or en égayaient la note vert
sombre. Le pantalon, vert aussi, à bande
rouge, est enfermé dans les demi-bottes
d'ordonnance. Un bonnet d'astrakan noir
sans garniture aucune, avec le numéro seul
du régiment, coiffait la tète blonde et très
pâle du souverain. 11 portait le grand-cor-
don de la Légion d'honneur.
Son allure nerveuse et fine et son geste
sobre, s'harmonisaient bien avec son visage
extrêmement fin et doux, encadré d'une
barbe soyeuse.
Au contraire de l'empereur, dont la taille
est plutôt au-dessous qu'au-dessus de la
moyenne, l'impératrice est grande, élancée.
Elle portait avec infiniment de dignité et dis
bonne grâce une toil Lte exquise, touty
blanche, robe et collet de satin blanc, garnit
à l'ourlet de trèfles d'or, boa volumineux el
léger de plumes blanches. Sur le chapeau,
de velours blanc, garni en arrière de velours
vert, une aigrette se dressaient, blanch
aussi. Sous la voilette blanche baissée, a
profil, à la fois énergique ot fin, se distini
guait. Ses j.oues empourprées trahissaient
une émotion que partageaient d'ailleurs
l'empereur, mais qui chez lui s'est traduite
par une extraordinaire pâleur.
EN MARCHE
Enfin le tsar apparaît hors de la gare. Un
premier cri de vive le tsar poussé par ufie
femme, qui se trouvait à un balcon d'uipi
maison située derrière la gare, en appeua
des milliers d'au res qui se suivent pendant
dix minutes sans interruption.
La tsarine monte dans une daumont oui
déjà le conseil municipal a fait déposer u
corbeille de roses thé, ornée de rubans da
moire blanc, ornés des armes de la Ville;
Paris, le tsar prend place à ses côtés et ]|i
président de la République s'assied en f
deux.
A gauche de la voiture se trouve le bu-
reau du conseil municipal et le tsar demande
à M. Félix Faure quels sont les personnes'
qui s'y trouvent.
— Le conseil municipal de Paris, répond
le président de la République en saluant l'a
bureau du conseil, que le tsar salue mili-
tairement.
LE CORTÈGE
La daumont se met en marche et le con
tège suit dans l'ordre suivant :
2 hommes d'attelage.
Commandants Chanzy et de la Garenne.
10 pas.
2 garçons d'attelage.
10 pas.
1 escadron do cavalerie d'Afrique.
20 pas.
Les chefs arabes.
10 pas.
1 piqueur.
10 pas. -
lro daumont. — L'Empereur, Mmpera*
trice, le Président de la République.
Les officiers d'ordonnance sur un rang.
10 pas.
1 piqueur.
2e daumont. - MM. le président du Sénat,
le président de la Chambre, le général de
Boisdctrre, le général Tournier.
3e daumont. — La princesse Galitzine,
Mlle Vassiltchikof, la prmcesse Obolensky,
le vire-amiral Gervais.
2 garçons d'attelage.
10 pas.
lre calèche. — Le comte Vorontzof, le pré-
sident' du conseil, l'aide de camp général
Hessé, M. Crozier.
2° calèche. — Le général Richter, MM.
Darlan, Cochery, Le Gall.
3e calèche. - MM. Chichkine, Hanotaux,
Rambaud, l'aide de camp général Dolgo-
rouky. - -
4e calèche. — Le colonel Orlof Davidof,
MM. Barthou, Turrel, l'aide de camp géné-
ral comte Olsouffel.
5° calèche. — MM. le prince A. Dolgo-
rouky, le général Billot, Boucher, h contre-
amiral Lomen.
Ge calèche. — MM. le docteur Hirsch, le
vice-amiral Besnard, Lebon, le comte Bed*
kendorf.
10 pas.
1 peloton de cavalerie.
10 pas,
1er landau. - MM. le comte Hendl'iko{l
Delpcuch, le contre-amiral Roustan, le capte
taine prince Obolensky.
2° landau. — MM. Kopitkine, le vice-ami-
ral Sallandrouze de Lamornaix, le lieutenant
prince Dolgoroukof, Regnault.
3e landau. — MM. Mamantof, Dubreuib
PARIS ET DEPARTEMENTS
LoWamero, CINQ CENTIMES
ANNONCES
Sm BNMMWX DU JOURNAL
131, rue Montmartre, 181
fttehez MM. LAGRANGE, CER-Ff O
r. 6, place de la Bourse, 6,
1UH118 télégraphique : XLS* SIÈCLE - PARIS
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Paris: Tiw lois, e f. SilltiI, 11 f. h ù, 20 f.
Départements — 7f. — ISE. - 24f,
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Les Abonnements sont reçus sans frais
dans tous les Bureaux de Poste.
RÉDACTIONS tal. me Montmartre, 181
Dit 4 è I k§mnê du *ir et d§ 10 hmrm du mit * i heure du maiUm
N° 9708. — Jeudi S Octobre 1896
17 VENDÉMIAIRE AN 105
ADMINISTRATION s Mi, nie Montmartre» isi
Adrtnerkt**«mmmiat9àrA4mims$rMt
LES FÊTES D'AUJOURD'HUI
PROGRAMME ET ITINÉRAIRE
Io Trajet de l'ambassade à Notre-
Dame. — Itinéraire: Rue Saint-Simon,
boulevard Saint-Germain, boulevard
Saint-Michel, quai du Marché-Neuf,
Parvis-Notre-Dame.
3° Traiet de Notre-Dame à la Sainte-
Chapelle. — Itinéraire : Parvis-de-
Notre-Dame, rue de la Cité et rue de
Lutèce.
3° Trajet de la Sainte-Chapelle au
Panthéon. — Itinéraire : Boulevard du
Palais, pont Saint-Michelboulevard
Saint-Michel, rue Soufflot, place du
Panthéon.
4° Trajet du Panthéon aux Inva-
lides. - Itinéraire : Rue Soufflot, bou-
levard Saint-Michel, carrefour de l'Ob-
servatoire, boulevard Montparnasse,
place de Rennes, boulevard Montpar-
nasse, boulevard des Invalides, place
paint-François-Xavier, avenue de Bre-
teuil, place Vauban.
se Trajet des Invalides à l'ambassade.
r- Itinéraire : Place des Invalides, rue
de Çrenelty.
6* Trajet de l'ambassade au Cours-
la-Reine. — Itinéraire : rue Saint-Si-
mon, boulevard Saint-Germain, pont et
place de la Concorde, tours-ta-Reine;
70 Tret du Cours-la-Reine à l'Hô-
tel des Monnaæs. — Itinéraire : Cours-
la-Reine, place de la Concorde, rue de
Rivoli, rué des Tuileries, pont Royal.
quai Malaquais, quai de Conti.
8° Trajet de l'hôtel des Monnaies à
l'Institift. — Itinéraire : quai de Conti.
9° Trajet de l'Institut à l'Hôtel de
Ville. — Itinéraire : quai de Conti,
pont Neuf, quai de la Mégisserie, place
du Châtelet (côté de l'Opéra-Comique),
avenue Victoria, place de l'Hôtel-de-
Ville.
100 Trajet de l'Hôtel de Ville à l'am-
bassade. — Itinéraire: avenue Victoria,
place du Châtelet, pont au Change, bou-
levard du Palais, pont Saint-Michel,
boulevard Saint-Michel, boulevard Sain t-
Germain, rue Saint-Simon.
lie Trajet de l'ambassade au Théâtre-
Françdis. — Itinéraire : rue Saint-Si-
mon, boulevard Saint-Germain, rue de
Solférino, pont de Solférino, quai des
Tuileries, rue des Tuileries, rue de Ri-
voli, place du Palais-Royal, place du
Théâtre-Français.
12° Trajet du Théâtre-Français à
l'ambassade. — Itinéraire : place du
Théâtre-Français, avenue de ï Opéra,
rues de la Paix et Castiglione, rue de
Rivoli, et itinéraire de l'aller.
NOS LEADERS
LA JOURNEE D'HIER
Le tsar est entré hier dans Paris au
milieu d'acclamations d'un enthou-
siasme dont rien ne saurait donner
l'idée.
Depuis le Ranelagh jusqu'à l'am-
bassade de Russie, le long de ces
Immenses avenues du Bois et des
Champs-Elysées, sur la place de la
Concorde et sur le boulevard Saint-
Germain, toute la population était
massée, dans une attitude digne et
respectueuse.
Le service d'ordre a été parfait.
La décoration de la grande ville, due
l'éminent M. Bouvard, a été jugée
comme une merveille par des millions
de spectateurs.
Nulle part le moindre incident, la
municipalité et la préfecture de police
ayant pris des mesures qui échappent
à la critique la plus difficile.
Et au-dessus de ce merveilleux dé-
eor, de cette foule calme et joyeuse,
de ces uniformes chamarrés, de ces
milliers de fantassins et de cavaliers
alignés, un gai soleil, rien n'a donc
,manqué à la fête pour qu'elle fût belle
at imposante.
***
Le tsar a dû être ému de cet accueil
chaleureux. J'ignore comment il a été
reçu à Breslau et à Londres, mais
certainement il a dû trouver une dif-
férence entre Paris et les autres capi-
tales de l'Europe.
Ici, ce n'est pas seulement un gou-
vernement comme en Angleterre et
comme en Allemagne qui lui a mé-
nagé une réception grandiose; c'est
Paris, le cœur de la France et c'est
avec Paris, la France entière, car la
nation a compris à merveille que c'é-
tait à elle que s'adressait la visite de
l'empereur de Russie et les vivats dont
elle l'a salué sur son passage, sont
aussi bien pour le peuple russe que
pour lui-même.
De son côté, le tsar a parfaitement
saisi l'abîme profond qui sépare les
institutions républicaines de la France
d'avec les institutions monarchiques.
Dans son premier toast, celui qu'il a
porté à Cherbourg, il n'a pas bu uni-
quement à M. Félix Faure, chef de
notre gouvernement, mais encore à la
nation française et à sa flotte.
#*#
Je crois aussi que Nicolas a dû éprou-
ver cette impression en voyant ces
centaines de milliers de curieux si
spontanément grisés par la fièvre du
patriotisme et ces beaux soldats à l'al-
ure martiale, à l'allure bien française,
c'est-à-dire bien particulière, que nous
sommes un peuple fort duquel on peut
tout attendre et tout espérer.
**#
En résumé, la population a montré,
hier au Tsar qu'elle connaît les vérita-
bles raisons de l'alliance franco-russe
qui repose sur des sympathies récipro
ques et des intérêts communs. Et ses
manifestations ne peuvent que conso-
lider les fondements mêmes de cette
alliance.
CHARLES BOS.
Nous publierons demain un article
de M. J.-L. de Lanessan
LES TOASTS DE L'ALLIAN CE
Nous détachons du compte rendu des
fêtes d'hier, le texte des toasts prononcés au
diner de gala de l'Elysée par le président de
la République et l'empereur de Russie.
Le toast du président
Voici d'abord le texte du toast de M. Félix
Faure :
L'accueil qui a salué l'entrée de Vo-
tre majesté à Paris, lui a prouvé la
sincérité des sentiments dont j'ai tenu
à ce qu'elle reçut l'expression en tou-
chant le sol de la République.
La présence de Votre Majesté parmi
nous a scellé, aux acclamations de tout
un peuple, les liens qui unissent les
deux pays dans une harmonieuse acti-
vité, et dans une mutuelle confiance
dans leurs destinées.
L'union d'un puissant empire et
d'une République laborieuse a pu déjà
exercer une action bienfaisante sur la
paix du monde. Fortifiée par une fidé-
Iité éprouvée, cette union continuera
à répandre partout son heureuse in-
fluence.
Interprète de la nation toute en-
tière, je renouvelle à Votre Majesté les
souhaits que nous formons pour la
grandeur de son règne pour le bon-
heur de Sa Majesté l'impératrice pour
la prospérité du vaste Empire dont les
destinées reposent entre les mains de
votre Majesté impériale.
Qu'il me soit permis d'ajouter com-
bien la France a été touchée de l'em-
pressement avec lequel Sa Majesté
l'impératrice a bien voulu se rendre à
ses vœux. Son gracieux séjour lais-
sera dans notre pays un ineflaçable
souvenir.
Je lève mon verre en l'honneur de
Sa Majesté l'empereur Nicolas et de Sa
Majesté l'impératrice Alexandra Féo-
dorovna.
Le toast du tsar
Voici en quels termes particulièrement
chaleureux, l'empereur a répondu au prési-
dent de la République :
Je suis profondément touché de l'ac-
cueil qui nous a été fait à lfimpératrice
et à moi, dans cette grande ville de
Paris, source de tant de génie, de tant
de goût et de tant de lumières.
Fidèle à d'inoubliables traditions,
je suis venu en France pour saluer en
vous, Monsieur le président, le chef
d'une nation à laquelle nous unissent
des liens si précieux.
Ainsi que vous l'avez dit, cette ami-
tié ne peut avoir par sa constance que
la plus heureuse influence.
Je vous prie, monsieur le président,
d'être l'interprète de ces sentiments
auprès de la France entière.
En vous remerciant des vœux expri-
més pour l'impératrice et pour moi, je
bois à la France, et je lève mon verre !
en l'honneur de M. le président de la
République française.
Ces paroles iront au cœur de la France.
Elles auront, en même temps, à l'étranger
le retentissement que doit avoir un événe-
ment d'une portée politique aussi considé-
rable.
Toute réflexion serait aujourd'hui super-
flue. -~MN~
L'IMPRESSION DU TSAR
La réception que Paris a faite aux souve-
rains russes les a profondément émus.
A la gare du Ranelagh; l'empereur n'a
pas pu dissimuler l'impression qu'il ressen-
tait en mettant le pied sur le sol de la capi-
tale. Cette impression s'est encore accentuée
lorsqu'il a entendu les acclamations et les
vivats qui l'ont accueilli du Bois de Boulo-
gne à l'ambassade et plus tard pendant qu'il
se rendait à l'église de la rue Darue. Quant
à l'impératrice, elle est encore plus enthou-
siaste que Nicolas II. Elle ne cesse de s'exta-
sier sur les merveilles de la capitale.
A l'Elysée, le tsar, à plusieurs reprises, a
manifesté son émotion au président de la
République et aux personnages politiques
qui lui ont été présentés.
Je n'oublierai jamais cette journée, a-t-il
dit, à plusieurs reprises.
PROLONGATION DE SÉJOUR
On assure que les chefs de service des
grandes administrations (monuments, tra-
vaux publics, navigation, eaux et gaz) ont
été invités à rester à leur poste et à attendre
les ordres qui pourraient leur être donnés en
cas d'une prolongation du séjour à Paris de
l'empereur et l'impératrice de Russie, l'am-
bassade russe devant prévenir aujourd'hui
le président de la République de la décision
prise à ce sujet par le souverain.
La revue de Châlons aurait lieu quand
même à la date fixée, mais le train impérial,
au lieu de se diriger sur Pagny, rentrerait
à Paris. La journée de samedi serait em-
ployée par les souverains à rendre à Paris
des visites qui n'auraient plus alors un
caractère officiel.
——————————— go ———————————
A la suite d'une polémique, M. Lu-
cien Victor-Meunier s'étant jugé of-
fensé par un filet paru dans la Petite
République, du mardi 6 octobre, signé
de M. Albert Goullé, a constitué comme
témoins MM. Pierre Lefèvre, directeur
du Rappel, et Jean Destrem, secrétaire
de la rédaction du Rappel. M. Albert
Goullé a désigné de son côté M. Vau-
ghan, administrateur de ïlntrami-
geant, et M. André Lefèvre, rédacteur
à la Petite République. Les témoins se
sont réunis et, après avoir épuisé tous
les moyens de conciliation, ont jugé
qu'une rencontre était inévitable; elle
aura lieu demain mardi, à deux heures
et demie de l'après-midi, aux environs
de Paris.
L'arme choisie est l'épée de combat,
avec gant de ville à volonté et reprises
de une minute et demie. Les corps-à-
corps et l'emploi de la main gauche
seront interdits.
Ont signé au procès-verbal :
Pour M. Lucien Victor-Meunier :
PIERRE LEFÈVRE
JEAN DESTREM
Pour M. Albert Goullé :
E.VAUGHAN
ANDRE LEFÈVRE
Paris, le 5 octobre 1896.
Conformément au procès-verbal ci-
dessus, la rencontre a eu lieu dans une
propriété des environs de Paris.
A la seconde reprise, M. Lucien Vic-
tor-Meunier ayant été atteint d'un coup
qui a déterminé une plaie pénétrante à
la partie postero-inférieure de l'avant-
bras droit, les témoins, sur l'avis for-
mel des médecins, MM. les docteurs
Antoine Destrem et Paul Cornet, ont
mis fin au combat.
Les adversaires se sont serrér la
main sur le terrain.
Pour M. Albert Goullé :
L. VAUGHAN
ANDRÉ LEFÈLRE
Pour M. Lucien Victor-Meunier :
PIERRE LEFÈVRE
JEAN DESTREM
Paris, le 6 octobre 1896.
-0-
NICOLAS II A PARIS
Une Fête inoubliable
Manifestation sans précédent
Le Tsar et les Parisiens
f Les Parisiens, mis au courant, par les
journaux du matin et de la veille au soir, de
l'admirable accueil fait au Tsar par la popu-
lation de Cherbourg, ont honoré à leur tour
le souverain de la réception enthousiaste
que l'on pouvait espérer : mais on ne sau-
rait assez surtout admirer le tact et la di-
gnité avec laquelle la foule a fait à Nico-
las II les honneurs de la grande ville. Ren-
dons grâces au soleil qui a voulu être de la
partie et auquel on doit une bonne partie du
beau sucoês de la journée. On commençait à
ne plus compter sur l'obligeance du ciel qui
avait arrosé aigrement les trains spéciaux à
leur départ de Cherbourg. Mais il s'est fait
clair et luisant, et pimpant pour l'arrivée à
Paris.
Notre collaborateur et ami Charles Bos,
dit d'autre part quel a été le caractère de la
fête at l'impression que nous devons garder
de cette belle journée. Hâtons-nous, pour
notre part, dé raconter, dans tous ses dé-
tails, cette première partie de la visite du
tsar à Paris.
DE CHERBOURG A PARIS
Les deux trains, impérial et présidentiel,
étaient partis, successivement, comme nous
l'avons dit, de notre grand port de guerre
normand, à huit heures trente et à huit
heures quarante-cinq. Le train réservé à la
presse avait suivi.
Le premier emmenait à Paris le tsar, la
tsarine et la grande-duchesse Olga, accom-
pagnés du général de Boisdeffre et de l'ami-
ral Gervais.
Le train impérial était parti le premier et
il fallait qu'il arrivât le second à Versailles
où le tsar et la tsarine devaient monter
dans le train présidentiel pour gagner la
station de la Muette. Le train impérial a
donc suivi l'itinéraire suivant : Caen, Mézi-
don, Surdon, Saint-Cyr, Versailles-Chan-
tiers, pendant que le train présidentiel sui-
tiers, l'itinéraire : Caen, Mézidon, Mantes,
vait
la Garenne-Bezons, Courbe voie, Viroflay
rive droite, Viroflay rive gauche, Versailles-
Chantiers.
A Bayeux, grande affluence à la gare; de
nombreux cris de « Vive la Russie ! vive la
République! » ont été poussés.
A Caen et à Lisieux, la foule se pressait à
la gare, mais le train présidentiel s'est seul
arrêté quelques minutes dans la première de
ces villes.
A Dreux, le train impérial est arrivé à six
heures trente-huit.
A 7 heures 52, le chef de gare donnait le
signal de départ du train qui sortait de la
gare entre deux haies de curieux qui de loin
agitaient leurs mouchoirs, étant tenus à une
distance de 50 mètres de la voie, par l'in-
fanterie, les dragons et les gendarmes.
A Versailles, les souverains russes aban-
donnaient, on le sait, leur train spécial pour
monter dans le train présidentiel. Celui-ci
est arrivé à 8 heures 32.
La gare de Versailles-Chantiers est en-
tièrement décorée de drapeaux et d'oriflam-
mes français. Tous les quais sont couverts
de tapis.
M. Félix Faure, à sa descente du wagon,
est reçu par les présidents des deux Cham-
bres. MM. de Mohrenheim, de Montebello
et de Giers pénètrent dans le salon.
A 8 h. 50 le train russe entre en gare.
Le Président se lève et comme le wagon-
salon du train impérial n'est pas arrêté juste
en face la gare, M. Félix Faure va à la ren-
contre du Tsar. Celui-ci accompagné de l'Im-
pératrice, du général de Boisdeffre et de
l'amiral Gervais descend du train. Il serre
la main à M. Félix Faure et le Président de
la République baise la main de l'Impéra-
trice.
L'heure du départ approchant, M. Mol-
lard, chef adjoint du protocole, ouvre la
portière du train.
La Tsarine monte la première suivie de
l'Empereur et du Présidant.
A 9 h. 04 le train s'ébranle dans la direc-
tion de Paris.
Une foule considérable est massée près
du passage à niveau de la rue des Chan-
tiers ; elle crie : Vive la Russie ! vive la
France'
Le tsar et M. Félix Fanre répondent à ces
acclamations par des saluts.
A noter deux arrestations; en effet, tout
le long du voyage, la police a été faite avec
la même sévérité, disons la même hostilité
contre la foule, qu'à Cherbourg.
LE REVEIL DE PARIS
Pendant que les souverains et le prési-
dent de la République se dirigeaient ainsi
vers la capitale, les Parisiens en foule com-
pacte encombraient déjà les rues de la
grande ville toute égayée du joyeux papil-
lonnement des oriflammes flottant au so-
leil.
Dès sept heures, en effet, hommes, fem-
mes et enfants, bourgeois et ouvriers, gens
de Paris et de province accourus en masse
depuis deux jours de tous les points du ter-
ritoire, déambulaient le long des boulevards,
de., quaia-et de toutes les grandes avenu s
conduisant au bois de Boulogne. C'était
réellement un spectacle unique en son
genre que l'exode de ceLte foule s'en allant
gaiement au milieu des coups de fouet des
cochers et des appels des loueurs de tapis-
sières, pour manifester au premier rang
l'impression de sa joie et de sa fierté pa-
triotiques. On sentait que toutes les divi-
sions, toutes les rancunes s'étaient enfin
éteintes dans les cœurs fraternellement
unis dans un même sentiment.
Non, jamais au grand jamais, on ne vit
plus beau jour d'automne éclairer plus mer-
veilleux décor. Partout des drapeaux fris-
sonnants sous la caresse du vent, partout
des fleurs épanouies sous de chauds rayons !
Et une foule, une foule comme aucune ville
n'en recela jamais, vraie marée humaine
montant sans cesse et s'accroissant sans
cesse de flots toujours nouveaux !.
Quel empressement de toutes parts ! Mais
surtout aux Champs-Elysées, sur l'avenue
du Bois et dans les principales rues de
Passy. C'est un fourmillement de têtes
inimaginable, un encombrement de voi-
tures, d'omnibus, de tramways tout à fait
fantastique! Aux abords du Ranelagh, les
gardes municipaux ont par trois fois déblayé
les voies qui n'étaient pas encore complète-
ment barrées, et par trois fois les masses
profondes de la foule les ont à nouveau en-
vahies. Et pourtant aucun accident, nul
désarroi. Toute cette foule qui fait frisson-
ner d'émotion la même pensée généreuse,
qui communie en elle-même par l'unanimité
de sa joie est en effet d'un calme, d'une
sagesse et d'une correction exemplaires.
On pourra s'en rendre compte d'ailleurs
par le détail des différentes phases de cette
réception inoubliable.
AU RANELAGH
Pendant toute la nuit qui a précédé l'arri-
vée du tsar et encore pendant quelques
heures, hier matin, on a travaillé a termi-
ner la petite gare du Ranelagh, sous les
yeux de MM. Henry Roujon, Sellier de Gi-
sors et Landrv et on a réussi à édifier un
joli et coquet monument qui a tout l'aspect
d'un solide édifice, bien qu'elle soit un fra-
gile palais de féerie. Dans sa gaine d'éme-
raude, — massifs et pelouses sont encore
verts, en ce coin privilégié, - elle se dresse,
svelte et légère, de style Louis XV, avec sa
marquise de 150 mètres de longueur, cou-
verte de tentures grises retombantes, et
tout enguirlandée de feuillages et de fleurs.
Des fleurs et des plantes, d'ailleurs, il y en
a partout. Le voisin fleuriste de la Ville de
Paris, à la Muette, a été dégarni.
La gare est ouverte sur deux de ses deux
côtés. Sa porte centrale a plus de 8 mètres
de hauteur sur 6 mètres 1/2 de largeur. Elle
est surmontée d'un écusson de 4 mètres,
pesant 600 kilogrammes, ayant la forme du
bouclier antique, figuré par le grand collier
de la Légion d'honneur, supportant la croix,
au-dessous de laquelle deux mains sont en-
trelacées. Au milieu de ce grand collier, un
cartouche avec les lettres R. F. Ecusson
rouge, collier or, lettres argent. L'écusson
est soutenu par deux amours. Ils parais-
sent tels, jouftlus et souriants, à cette hau-
teur, mais ils n'ont pas moins de la taille
d'un homme : 1 mètre 70 exactement ; sous
le bouclier courent, ornements sculptés, sur
l'entablement, des grappes de fruits.
A droite et à gauche de la porte que nous
venons dj décrire, s'élèvent deux portiques
în hémicycle aboutissant au quai. Ils sont
linsi composés : un soubassement ; une sé-
ie de colonnes carrés, que couronne un en-
sablement de stvle grec ; ces colonnes, pro-
ongées au-dessus de l'entablement par un
aylône ; à la base, caisses de fleurs et plan-
tes vertes.
Telle est la façade principale, devant le
Ranelagh. La façade opposée, par laquelle
vont sortir les souverains , regarde la
Muetie ; elle es', en plus petit, la reproduc-
;ion de la première. Le portique en hémicy-
3le est plus ouvert, mais moins étendu ; il
îst fermé par deux pylônes carrés surmon-
tés de drapeaux.
L'INTERIEUR DE LA GARE
Une salle de huit mètres carrés sur la-
quelle est tendu un superbe velum de satin
irgenté. Avec des angles masqués par des
)ans coupés sur lesquels sont fixées des ap-
pliques sculptées telle est la salle de récep-
tion à l'intérieur. Partout, d'exquises guir-
andes de chrysanthèmes, de violettes de
Parme, de roses, d'orchidées parsemées sur
le légères étoffes de satin réséda, mauve,
rême. vieux bleu, héliotrope, etc.
Le salon de la tsarine se trouvait à gau-
che, c'est un petit pavillon, formant saillie
ians le bâtiment général.
Le toit, en forme dé terrasse, est bordé
l'un treillage doré et supporte, au centre, la
pointe et les boules d'un minaret. Tout en
haut, le pavillon spécial du tsar, jaune avec
l'aigle des Romanof.
LE SERVICE D'ORDRE
Dès quatre heures du matin, la préfecture
le police avait commencé à organiser le
service d'ordre au Ranelagh, près de la
g-are provisoire établie pour le débarque-
ment de l'empereur et de l'impératrice de
Russie. 200 agents placés sous les ordres de
MM. Gaillot, chef de la police municipale,
Descaves, officier de paix divisionnaire et
Bacot, commissaire de police du seizième
arrondissement, ont été répartis de la porte
de Passy au carrefour de la Muette,
Le préfet de police en habit noir, la cra-
vate de commandeur au cou, était là de
très bonne heure avec le secrétaire général
de la préfecture, le directeur de la police
municipale et les commissaires division-
naires. Devant la gare, M. Bacot, commis-
saire de police du quartier de la Muette,
l'écharpe passée sous l'habit, et M. Eugène
Descaves, officier de paix du seizième ar-
rondissement, assuraient l'entrée des invi-
tés avec une rare courtoisie.
LES TROUPES
A neuf heures, les têtes de colonnes dé-
bouchaient de toutes parts. D'abord la gen-
darmerie de la Seine, dont l'imposante tenue
est le dernier vestige dans notre armée des
glorieux uniforme d'autrefois. Puis l'esca-
dron mixte de la cavalerie d'Afrique est ve-
nue se former en bataille à gauche du pavil-
lon ; en tête les chasseurs, coiffés du tacon-
net rouge, reconnaissables au collet jon-
quille de leur dolman bleu-céleste ; derrière
eux les spahis, assis dans les selles de ma-
roquin rouge à dossier et à haut pommeau,
à larges étriers d'acier. Les indigènes étaient
coiffés du haïck en corde de chameau, les
Français du turban à cordonnet et glands de
laine verte.
Les cheiks arabes arrivèrent par l'avenue
Raphaël et se postèrent au premier rang
près de la sortie du pavillon, en travers de
l'avenue, formant un groupe superbe, sur
lequel les rayons du soleil semble prendre
plaisir à se jouer, faisant flamber les ors des
armes et du harnachement, et les soies ver-
tes, roses, bleu tendre des habits sous le
voile des amples burnous neigeux.
L'infanterie de la garde républicaine est
arrivée par la porte de Passy et a formé la
haie autour du* pavillon. La, musique et la
compagnie d'honneur qu'elle fournit sont
entrées par le pavillon et se sont rangées
sur le quai de la gare. Au commencement
de l'avenue Raphaël on a placé la musique
de l'Ecole d'artillerie.
AVANT L'ARRIVEE
Tout était près et chacun des nombreux
soldats qui formaient la haie du Ranelagh à
la porte du bois étaient, l'arme au pied, à
neuf heures et demie, mais si du côté offi-
ciel on n'avait pas perdu son temps, le
public, anxieux d'assister a l'arrivée du tsar,
avait pris ses précautions. Toute la nuit de
nombreux curieux avaient attendu sur les
pelouses, sur les bancs, pour être bien
placés. Ceux là occupaient les premiers
rangs, les branches des arbres et tous les
objets élevés desquels on n'avait pu les
déloger.
Mats, dès sept heures, la grande foule
afflue. Les tribunes, élevées par le conseil
municipal, étaient combles à huit heures et
demie et on refusait du monde à neuf heu-
res, heure fixée pour l'entrée.
A neuf heures et demie, au moment où les
premières troupes, gendarmes et gardes
municipaux ont fait leur apparition, les cu-
rieux étaient évalués à plus de 2.000 dans
l'avenue Proudhom.
Jusqu'à neuf heures un quart des milliers
de personnes arrivèrent en vohure : tapis-
sières, breaks de courses, fiacres, coupés de
maîtres, etc., lorsque la circulation de tous
véhicules est suspendue; les piétons sont
déjà maintenus à une distance de cent mè-
tres de la gare.
Dès ce moment, un défilé de personnages
officiels venant assister à l'arrivée du tsar a
lieu. Après les ministres, en landaus, ac-
compagnés de leurs chefs de cabinet et es-
cortés de dragons, arrivèrent en voiture : le
général Davout, duc d'Auerstaëdt, grand
chancelier de la Légion d'honneur; M. de
Seives, préfet de la Seine; M. Bruman, se-
crétaire général de la préfecture; le prince
Orlof, en uniforme d'officier de chevaliers-
gardes; le lieutenant de* vaisseau Martinof,
attaché naval à l'ambassade de Russie; M.
Narichkine, premier secrétaire ; Pierre Bau-
din, président, et les membres du bureau du
conseil municipal, en habit, l'écharpe bleue
et rouge en sautoir; le cardinal-archevêque
de Paris, accompagné de son secrétaire par-
ticulier. Le cardinal, par égard pour son
grand âge, est autorisé à ne descendre de
son coupé que devant l'entrée de la gare ;
les autres invités, même les ministres, ont
quitté leur voiture chaussée de la Muette.
Quelques instants après l'arrivée de la
garde républicaine, les landaus, attelés à la
daumont, qui doivent conduire et le couple
impérial et le président de la République, à
l'hôtel de l'ambassade de Russie, sont venus
s: placer sur le chemin de la Couche.
On remarquait beaucoup Mont jarret avec
sa grande tenue de gala : habit bleu au col
et aux parements de velours bleu, aux bran-
debourgs d'or. le gilet rouge, la culotte de
peau blanche et le chapeau à l'anglaise, ga-
lonné d'or.
L'ARRIVEE DU TSAR
Tout à coup, on entend au loin un coup
sourd et prolongé, il est dix heures exacte-
ment : c'est le premier coup de canon. Le
train présidentiel vient de passer à Auteuil;
il est en vue du Ranelagh, les trompettes
sonnen t , champs. Aussitôt le train arrive
lentem" , majestueusement pourrait-on
dire, ro.;:ant sans bruit et s'arrètant sans
secousse. Le wagon-salon du président,
dans le ^ajl se trouve le tsar et la tsarine, se
trouve exactement alors dans l'axe du salon
de réception.
On place un petit escalier formé de six
marches, recouvertes de velours grenat, de-
vant la porte du wagon présidentiel. La
tsarine descend la première, vêtue d'une
robe blanche très simple; puis Nicolas II.
puis le président de ia République.
Sur le quai se tiennent les ministres, l'ar-
chevêque de Paris, le chef et le chef-adjoint
du protocole, le président du Conseil géné-
ral de la Seine, le président et le syndic du
Conseil municipal, le préfet de la Seine, en
grand uniforme; le préfet de police ; M. J.
Delarbre, président du conseil d'administra-
tion de la Compagnie de l'Ouest ; MM. Ed.
Delessert et le baron Hély d'Oissel, vice-
présidents, et tous les membres du conseil.
Sous le portique, au centre des groupes
officiels, lee ministres se sont rangés en de-
mi-cercle. Les souverains, toujours dans le
même ordre, le président de la République
se dirigent vers eux. M. Félix Faure les pré-
sente un à un aux souverains. L'empereur,
qui jusqu'ici a tenu sa main droite à la hau-
teur du visage, la laisse retomber, adresse
à chacun djs ministres, en souriant, quel-
ques paroles affables, l'impératrice salue
avec grâce. En une minute, la présentation
est achevée. Le couple impérial se dirige
alors, toujours guidé par M. Félix Faure,
vers le salon d'honneur.
Là, de nouvelles présentations se succè-
dent. Les dames de l'ambassade, reçues les
premières, offrent une magnifique gerbe de
roses nouée d'un large ruban de moiri
mauve, à leur impératrice. M. Darlan, garde
des sceaux, présente ensuite à Leurs Ma"
jestés le cardinal archevé iue de Paris, MM
Richard et le général Davout, duc d'Auer,.
staedt, grand chancelier de la Légion d'hoir
neur. Enfin, M. Barthou, ministre de l'intb
rieur, présente aux souverains M. Baudin,
président du conseil municipal de Paris, et
le bureau de cette assemblée.
Le président de la République conduit
î [ alors les souverains devant le tsalon de
l'impératrice. Mme de Mohrenheim s'a*
I vance au-devant de la tsarine, s'incline
profondément et lui offre un splendide bon..
quet d'orchidées. Mme de Sèze, fille de l'arifr
bassadeur, qui est mariée à un officier fran-
çais, est admise aussi à présenter ses hom-
mages aux souverains.
Lç cortège quitte alors le salon pour re-
tourner sur le quai. Sous le portique en
exèdre ont pris place, à gauche, le président
du Sénat, M. Loubet, avec le bureau de l'as-
semblée ; à droite, le président de la Cham-
bre, M. Brisson, avec le bureau de l'Assem-
blée, Derrière eux, parmi les autres notabi-
lités, Conseil d'Etat, etc-. on rèmarque MM.
J. Delarbre, présid nt du conseil d'adminis-
tration des chemins de fer de l'Ouest, Ed.
Delessert et le baron Hély d'Oissel, vice-
présidents, ainsi que tout le conseil.
Après avoir présenté aux souverains, tour
à tour, M. Loubet et le bureau du Sénat,
M. Brisson et le bureau de la Chambre, le
président de la République, se séparant
avec l'empereur et l'impératrice du cortège,
se dirige avec eux vers la garde d'honneur
dont l'empereur, toujours faisant le salut
militaire, passe la revue.
Pendant les présentations, l'empereur et
l'impératrice seront suivis par le personnel
de la cour, dans lequel on remarquera la
princesse Galitzine en toilette blanche et la
première dame d'honneur en robe de soie
mauve; avec tour de cou en soie vert d'eau
et capote blanche avec aigrette. Les mem-
bres de l'ambassade russe à Paris, M. de
Montebello, ambassadeur de France à Saint-
Pétersbourg; le général Tournier et M. Le
Gall font également partie de la suite.
LE TSAR ET LA TSARINE
Pendant les présentations, nous avons pu
contempler de près le tzar et la tzarine.
L'empereur était vêtu de l'uniforme de
colonel du régiment Préobrajensky. Des ai-
guillettes en or en égayaient la note vert
sombre. Le pantalon, vert aussi, à bande
rouge, est enfermé dans les demi-bottes
d'ordonnance. Un bonnet d'astrakan noir
sans garniture aucune, avec le numéro seul
du régiment, coiffait la tète blonde et très
pâle du souverain. 11 portait le grand-cor-
don de la Légion d'honneur.
Son allure nerveuse et fine et son geste
sobre, s'harmonisaient bien avec son visage
extrêmement fin et doux, encadré d'une
barbe soyeuse.
Au contraire de l'empereur, dont la taille
est plutôt au-dessous qu'au-dessus de la
moyenne, l'impératrice est grande, élancée.
Elle portait avec infiniment de dignité et dis
bonne grâce une toil Lte exquise, touty
blanche, robe et collet de satin blanc, garnit
à l'ourlet de trèfles d'or, boa volumineux el
léger de plumes blanches. Sur le chapeau,
de velours blanc, garni en arrière de velours
vert, une aigrette se dressaient, blanch
aussi. Sous la voilette blanche baissée, a
profil, à la fois énergique ot fin, se distini
guait. Ses j.oues empourprées trahissaient
une émotion que partageaient d'ailleurs
l'empereur, mais qui chez lui s'est traduite
par une extraordinaire pâleur.
EN MARCHE
Enfin le tsar apparaît hors de la gare. Un
premier cri de vive le tsar poussé par ufie
femme, qui se trouvait à un balcon d'uipi
maison située derrière la gare, en appeua
des milliers d'au res qui se suivent pendant
dix minutes sans interruption.
La tsarine monte dans une daumont oui
déjà le conseil municipal a fait déposer u
corbeille de roses thé, ornée de rubans da
moire blanc, ornés des armes de la Ville;
Paris, le tsar prend place à ses côtés et ]|i
président de la République s'assied en f
deux.
A gauche de la voiture se trouve le bu-
reau du conseil municipal et le tsar demande
à M. Félix Faure quels sont les personnes'
qui s'y trouvent.
— Le conseil municipal de Paris, répond
le président de la République en saluant l'a
bureau du conseil, que le tsar salue mili-
tairement.
LE CORTÈGE
La daumont se met en marche et le con
tège suit dans l'ordre suivant :
2 hommes d'attelage.
Commandants Chanzy et de la Garenne.
10 pas.
2 garçons d'attelage.
10 pas.
1 escadron do cavalerie d'Afrique.
20 pas.
Les chefs arabes.
10 pas.
1 piqueur.
10 pas. -
lro daumont. — L'Empereur, Mmpera*
trice, le Président de la République.
Les officiers d'ordonnance sur un rang.
10 pas.
1 piqueur.
2e daumont. - MM. le président du Sénat,
le président de la Chambre, le général de
Boisdctrre, le général Tournier.
3e daumont. — La princesse Galitzine,
Mlle Vassiltchikof, la prmcesse Obolensky,
le vire-amiral Gervais.
2 garçons d'attelage.
10 pas.
lre calèche. — Le comte Vorontzof, le pré-
sident' du conseil, l'aide de camp général
Hessé, M. Crozier.
2° calèche. — Le général Richter, MM.
Darlan, Cochery, Le Gall.
3e calèche. - MM. Chichkine, Hanotaux,
Rambaud, l'aide de camp général Dolgo-
rouky. - -
4e calèche. — Le colonel Orlof Davidof,
MM. Barthou, Turrel, l'aide de camp géné-
ral comte Olsouffel.
5° calèche. — MM. le prince A. Dolgo-
rouky, le général Billot, Boucher, h contre-
amiral Lomen.
Ge calèche. — MM. le docteur Hirsch, le
vice-amiral Besnard, Lebon, le comte Bed*
kendorf.
10 pas.
1 peloton de cavalerie.
10 pas,
1er landau. - MM. le comte Hendl'iko{l
Delpcuch, le contre-amiral Roustan, le capte
taine prince Obolensky.
2° landau. — MM. Kopitkine, le vice-ami-
ral Sallandrouze de Lamornaix, le lieutenant
prince Dolgoroukof, Regnault.
3e landau. — MM. Mamantof, Dubreuib
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