Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1896-08-28
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32757974m
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 68249 Nombre total de vues : 68249
Description : 28 août 1896 28 août 1896
Description : 1896/08/28 (N9667). 1896/08/28 (N9667).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k75644909
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/05/2013
r-.::, N Q GETCTIMES le NxLxxï&jr'o:
V- >
'w
1° AR\5^ JET DEPARTEMENTS
-n Le Numéro, C lN Q CENTIMES
LE Xir SIÈCLE
ANNONCES
A-CX BUREA"'X- DU JOURNAL
131, rue Montmartre, 131
Mtphez MM. LAGRANGE, CERF & O
6, place de la Bourse, 6.
dresse télémpkique: XIX- SIÈCLE - PARIS
ABONNEMENTS
Paris mu lois, 6f. Sx leh, lif, Si b, 20 f.
Départements — 7f. — 12f. — 24f,
Union Postale — 9 f. — 16f. — 32
Les Abonnements sont reçus sans frais
dans tous les Bureaux de Poste.
RDACTION: 131, rue Iiontmartre, 131
De 4 àS heures du soir et de 10 heures du soir à 1 heure du matin
N" 3667. -Vendredi 28 Août 1896
12 FRUCTIDOR AN 104
ADMINISTRATION. 131, rue Montmartre, 13) 1
Adresser lettre» et mandats à VA dmintstrateur
NOS LEADERS
LETTRES LIBRES
IE SECRET. DE LI-HUNG-TCHANG
Depuis trois mois la presse euro-
péenne est à la recherche du « secret
4e Li-Hung-Tchang ». On s'est de-
icûandé pourquoi ce grand vieillard
bui, de sa vie, ne mit le pied en dehors
ces frontières de l'Empire du Milieu,
vait, tout à coup, à l'âge de soixante-
ajuinze ans, entrepris un voyage à
travers le monde. Ge n'était pas, évi-
demment, en simple amateur qu'il
avait pris prétexte du couronnement
du tsar pour faire le tour de la terre.
On n'abandonne pas, dans le seul but
de faire un voyage d'agrément, une
situation aussi considérable et des
fonctions aussi importantes que celles
occupées par le vice-roi du Pé-Tchili,
Véritable chef politique de son pays,
conseil suprême du Fils du Ciel, à la
fois commandant des armées et direc-
teur des finances et de la diplomatie
chinoises.
Quelles pensées secrètes pouvait
bien rouler ce Chinois dans son cer-
veau ? Que venait-il faire en Europe ?
fion objectif n'était-il pas d'y acheter
des canons et des fusils, d'y recruter
des inspecteurs militaires, d'y faire
Construire des cuirassés et des torpil-
leurs, afin d'armer son innombrable
peuple pour, ensuite, le jeter sur les
nations occidentales? L'heure du « pé-
ril jaune », depuis si longtemps an-
noncée par les historiens-prophètes
qui ne virent jamais la Chine et peint,
en un tableau allégorique par le jeune
Guillaume, allait-elle sonner? Notre
génération verrait-elle, avant de quit-
ter la surface terrestre, les hordes chi-
noises, armées par la vieille Europe,
traverser le continent asiatique et,
semblables aux bandes d'Attila, mais
combien plus redoutables par le nom-
bre, la bravoure et l'équipement, fon-
dre sur l'Occident, le piller, le dévas-
ter, en renverser les trônes et les ré-
publiques et, sur les débris du passé,
construire l'empire universel de la
race jaune?
! Tout cela était, fort sérieusement,
discuté, chaque matin, dans les jour-
naux de Saint-Pétersbourg, de Berlin
et surtout de Paris — car Paris serait
désolé de ne point tenir la tête de la
badauderie — et il n'était question
dans les cercles et les salons que de la
redoutable énigme posée par le
voyage du mystérieux Li-Hung-
Tchang.
*.
f Pendant ce temps, le vieillard chi-
nois, observateur habile, diplomate
avisé, philosophe métissé de chef de
bandes, prenait directement contact
avec ces puissances occidentales dont
Î1 ne connaissait qu'imparfaitement
les qualités et les défauts, les forces et
Jes faiblesses, les ambitions et les ri-
valités. Il passait en revue les armées
,bt les flottes; il comparait la valeur
des armes et l'instruction des troupes,
l'esprit des nations et celui des gou-
vernements, et il jetait doucement la
sonde dans la profondeur des cons-
ciences des gouvernements et des peu-
ples.
Tandis que la presse européenne
discutait sur l'avènement plus ou
moins prochain du « péril jaune », il
supputait les chances 'qu'a son pays
d'échapper au « péril blanc » ; il ana-
lysait les forces à craindre, il cherchait
les moyens de les contrebalancer les
Unes par les autres et de se soustraire
à l'appétit de celui-ci, en aiguisant la
voracité de celui-là.
Les circonstances, d'àilleurs, étaient
éminemment favorables à de telles
observations et très suggestives de ré-
flexions utiles. Sous les yeux du fin
diplomate chinois, se déroulaient les
drames et les comédies dont l'Arménie
Êiîa Crète sont les sanglants théâtres
et il voyait le Turc se tirer des situa-
tions les plus critiques, grâce aux
compétitions des puissances désireu-
ses de se partager ses dépouilles.
Il ne lui échappa point, notamment,
que deux nations jouaient, dans ce
spectacle, les rôles principaux : d'une
part la Russie, intéressée à protéger
un empire où elle veut étendre son
hégémonie; d'autre part l'Angleterre
qui, après avoir, pendant un siècle,
défendu la Turquie contre les appétits
de ses voisins, ne cache pas aujour-
d'hui son désir de la dépecer. Et le
grand Chinois n'eut qu'à jeter un coup
Wceil sur la carte de l'Asie pour appli-
UQer à-son propre pays les suggestives
censées introduites dans son cerveau
par l'histoire de l'empire ottoman.
;. ; .tc..
r îl vit, dans le nord, la Russie maî-
tresse déjà de territoires immenses,
xà jadis les Mongols faisaient paitre
la toute indépendance leurs immen-
ses troupeaux de juments et de che-
ux velus; il la vit poussant à travers
les plaines fertiles de la Sibérie un
s&emin de fer qui, en quelques jours
pourra, dans cinq ans, mettre aux
portes de Pékin des centaines de mil-
liers de soldats qu'il voyait manœu-
vrer dans la capitale des tsars; et il
était sollicité de donner son assenti-
ment à une prolongation de cette voie
ferrée qui, traversant la Mandchourie
du nord au sud, descendrait jusqu'à
Port-Arthur, dans le golfe même du
Pé-Tchili, au cœur de sa vice-royauté.
Il ne lui échappait pas que le jour où
la Russie serait là, avec ses troupes et
ses marins, ses cuirassés, ses torpil-
leurs, ses canons et ses fusils à tir ra-
pide, il en serait fini avec l'indépen-
dance du gouvernement chinois et de
la Chine. Mais comment s'opposer aux
sollicitations d'un voisin dont le do-
maine est plus grand que tout le reste
de l'Europe et dont le monarque jouit
d'une autocratie telle que sa volonté
seule fait sa loi? Ne serait-il pas plus
sage de demander assistance à cet em-
pire, lui-même autant asiatique qu'eu-
ropéen, plus oriental même qu'occi-
dental, contre ces autres occidentaux
qui, dans le sud, commencent à serrer
la Chine de près?
On ne put se méprendre sur le désir
manifeste qu'avait l'énigmatique Chi-
nois d'être agréable au tsar. On a parlé
même d'un traité dont il aurait posé
les bases et qui lierait la Chine à la
Russie. C'est plus qu'il n'est permis
d'admettre ; car si Li-Hung-Tchang a
manifestément songé que la Russie
pouvait, à une heure donnée, protéger
la Chine, comme elle le fit, l'an der-
nier, contre les ambitions de l'Angle-
terre, il était trop avisé pour ne pas se
dire qu'à un autre moment l'Angle-
terre et la France pourraient bien être
amenées à lui accorder une protection
analogue contre les ambitions de la
Russie. Ces sentiments, il ne les a pas
dissimulés, lorsqu'il disait à Londres,
dans le banquet des négociants qui
trafiquent avec son pays : « La Chine
voudrait pouvoir compter sur l'appui
de toutes les puissances commerciales,
si son indépendance venait à être me-
nacée. »
**
Dans le même banquet, Li-Hung-
Tchang faisait l'aveu de l'impossibilité
où se trouve la Chine de se protéger
elle-même contre les ambitions de
l'Occident. Connaissant mieux que
personne l'aversion de ses compa-
triotes pour le métier des armes, lui
qui depuis cinquante ans a vu toutes
ses tentatives de réformes militaires
et maritimes échouer devant l'indiffé-
rence et l'hostilité de son pays, il sait
que jamais peut-être il ne pourra y
avoir d'armée chinoise digne de ce
nom ; il était sincère lorsqu'il déclarait
que : « la paix est le plus grand désir
de l'empereur de Chine et que le pays
ne demande qu'à se livrer en paix au
commerce et à l'industrie. »
Sous ses yeux réapparaissaient les
bataillons dont, à Saint-Pétersbourg,
à Berlin et à Paris il avait vu le défilé,
lorsqu'il ajoutait, avec cette mélancolie
touchante des disciples de Confucius :
« Si les Chinois ont pu penser que des
sentiments pacifiques pouvaient les
mettre à l'abri d'agressions non pro-
voquées, cette illusion a été chez eux
le résultat d'une longue habitude
nationale. »
**#
Cette illusion, Li-Hung-Tchang ne
l'a plus. Il a vu l'Europe ; il a vu ses
armées formidables et lasses du repos;
il a vu ses états-majors militaires
avides de galons et de croix; il a vu
ses industriels et ses commerçants af-
famés par la concurrence ; il a vu ses
gouvernements en quête de triomphes
pour vivre et ses peuples assez fous
pour préférer la sanglante gloire des
conquêtes au bonheur tranquille de la
paix.
Il rentre chez lui avec un secret ter-
rible et qui ferait tomber sa tête s'il
était assez léger pour en faire part au
Fils du Ciel; il rapporte de son tour du
monde et de son étude attentive de
l'Europe la conviction que tôt ou tard
son pays sera dévoré par ces occiden-
taux qui, sincèrement ou hypocrite-
ment, affectent de croire au « péril
jaune et il n'aura plus qu'une pen-
sée, comme le Turc : faire battre et
s'entre-déchirer les nations de l'Occi-
dent pour retarder l'heure où la Chine
sera battue et déchirée par elles.
J.-L. DE LANESSAN.
Nous publierons demain un article
de M. Lucien Vietor-Meunier
LA DETTE DES ÉGLISES
Eh bien ! quoi donc ? est-ce que ça n'irait
plus, la religion?—A propos de l'avance de
450,000 francs faite par la Ville de Paris, à
la fabrique de Samt-Eustache, on s'est
amusé à faire le compte de ce que les diver-
ses églises de Paris doivent à cette bonne
ville, traitable créancière. Notre-Dame-des-
Champs doit 132,000 fr. qu'elle rembourse,
péniblement, à raison de 11,000 fr. par an.
Saint-Eloi doit 133.008 fr. 05. (Les cinq cen-
time font bien, n'est-ce pas?). Saint-Eugène
ne doit plus que 75,000 Ir.; une misère. La
Trinité est dans une situation encore meil-
leure; elle ne doit plus que 15,000 fr. -,
'-'--"---' ,." ,'--- .-' -- Vt:
Mais c'est Saint-Augustin qui est triste.
Saint-Augustin devait 500,000 fr. qu'elle de-
vait payer par annuités de 25,000 fr. Or, en
1893, 1894, 1895, l'annuité ne fut pas payée.
Le conseil municipal demanda un acompte.
La fabriqua répondit que, loin d'être en me-
sure de donner aucun acompte, elle deman-
dait à réduire de moitié le montant des
annuités. — Que voulez-vous? disait la fa-
brique ; il n'y a plus ni grands mariages, ni
en errements riches. Nous ne faisons plus
nos frais. - Les édiles se sont montrés bons
princes, ont accepté les propositions de
Saint-Augustin. Et il y aura encore des gens,
vous verrez, pour traiter les conseillers
municipaux d'affreux libres-penseurs et
d'horribles anti-cléricaux.
Au total, les églises de Paris doivent à la
Ville une somme de plus d'un million. Il est
certain que la difficulté qu'éprouvent plu-
sieurs d'entre elles à s'acquitter indiquent
dans leurs recettes une baisse dont nous ne
pouvons que nous féliciter. Si décroit le
nombre des mariages et des enterrements
religieux, c'est que s'accroît celui des ma-
riages et des enterrements civils. Petit à
peLit, la religion perd du terrain — n'en dé-
plaise à ceux qui rêvent de placer ou de
replacer la France sous l'égiJe du Sacré-
Cœur.
LUCIEN VICTOR-MEUNIER.
REQUÊTE POUR taOS POTACHES
M. le ministre de l'instruction publique
nous permettra-t-il de lui présenter une
petite requête qui répondra, nous en som-
mes sûrs, aux vœux les plus ardents des
professeurs et des élèves des lycées de
Paris ?
La rentrée des classes est fixée, on le sait,
au vendredi 2 octobre. C'est une date qui
ne semble déjà pas très heureusement choi-
sie, puisque le surleniemain étant un di-
manche, il faudra après deux jours de tra-
vail rendre à la liberté ou pour mieux dire
à leurs familles, les jeunes potaches qu'on
aura fait revenir tout exprès de la campagne
ou des plages de l'Océan quarante-huit
heures auparavant. Mais aujourd'hui que
nous sommes assurés d'être honorés d; la
visite de l'empereur de Russie, elle est de-
venue tout à fait malencontreuse.
C'est, en effet, le lundi 5 octobre que le
tsar débarquera à Cherbourg, et le mardi 6
qu'il arrivera à Paris.
Le congé régulier du dimanche se trou-
vera donc transformé en un congé excep-
tionnel de trois jours, la règle voulant qu'on
ouvre tout s grandes, en ipareille occasion,
les portes de nos lycées pour permettre à la
jeunesse de s'associer à la joie générale.
M. Rambaud croit-il, dans ces conditions,
qu'il soit bien nécessaire de forcer profes-
seurs et élèves à revenir à revenir le 2 oc-
tobre à Paris pour que le 3 au soir on :les
renvoie chez eux jusqu'au 7?
Nous n'avons pas la prétention de donner
des conseils au ministre qui incarne momen-
tanément en sa personne l'Université, mais
il nous semble qu'il serait bien inspiré s'il
transportait la date de rentrée des classes
du vendredi 2 octobre au mercredi 7 octo-
bre.
11 le semblera sans doute bien davantage
encore aux professeurs et aux élèves.
A. H.
LE VOYAGE DU TSAR
A VIENNE
C'est aujourd'hui que le tsar et la tsarine
arriveront à Vienne. -
Ils seront accompagnés dans leur voyage
d'une suite nombreuse. Citons les noms des
personnages : le comte Voronzof-Dachkof,
ministre de la maison impériale, le prince
Lobanof-Rostovsky, ministre des affaires
étrangères, les généraux de Richter et comte
Benkendorf, le comte Hendrikof, grand-
maitre de la cour de la tsarine, le docteur
Hirsch, les chambellans d'Echapport, de Ko-
pytkine et de Mamontof, les adjudants
prince Obolensky et prince Dolgorouky,
ainsi que de la princesse Galitzin, grande-
maîtresse de la cour, et de Mme de Vassiet-
chikof, dame de la cour, soit au total treize
personnes, non compris, bien entendu, les
secrétaires et gens de service.
Le prince Rodolphe Lobkowitz et le prince
Dietrichstein, attachés à la personne du
tsar durant son séjour à Vienne, ainsi que
le prince Nicolas Paltï'y et le comte Charles
Trauttmansdorf, attachés à la personne de
la tsarine, iront à la rencontre du train im-
périal jusqu'à la station de Gaensersdorf.
A la gare, les souverains seront reçus par
l'empereur et l'impératrice d'Autriche, les
archiducs et les archiduchesses qui les ac-
compagneront jusqu'à la Hofburg.
Une véritable voie triomphale a été cons-
truite sur tout le parcours du cortège. Des
deux côtés de la Praterstrasse et du Ridg,
se dressent, de quinze en quinze mètres, de
hauts mâts vénitiens du sommet desquels
flottent de longues flammes aux couleurs
russes et autrichiennes.
Cette double bordure de jalons immenses,
qui a trois kilomètres de développement,
est tendue dans toute sa longueur de guir-
landes de fleurs et de feuillage, et en tra-
vers de la route, sont suspendues alternati-
vement des guirlandes et des chaînes de
petites banderoles aux couleurs des deux
pays.
Le Pratestern — ce rond-point où conver-
gent toutes les avenues du Prater — est
décoré de grands mâts qui sont flanqués à
mi-hauteur de cartouches de verdure enca-
drant un aigle russe en moulure dorée.
Plus loin, à l'entrée du Ring, quatre pié-
destaux, hauts de dix mètres environ et
peints en rouge, supportent d énormes aigles
russes et autrichiens.
Enfin, sur la place de Schwarzenberg, à
deux pas de l'hôtel impérial, ont été édifiés
deux arcs de triompe, dominés chacun de
cinq coupoles de style moscovite, d'assez
mauvais goût. On dirait deux arches de
pont de chemin de fer.
Le tsar et la tsarine feront leur entrée en
ville dans deux superbes équipages attelés
en daumont de six chevaux blancs et escor-
tés de piqueurs portant la livrée jaune et
noire de la maison de Habsbourg, tandis
que toute la garnison, en grande tenue de
parade, fera la haie et que les musiques en-
tonneront l'hymne national russe.
Les curieux ne trouveront que fort peu de
place pour entrevoir le tsar et la tsarine,
par suite du grand déploiement des troupes.
Les souverains se réuniront, sitôt arrivés
à la Hofburg, dans la salle Pietradura pour
les présentations d'usage des grands digni-
taires de la cour, des ministres autrichiens
et hongrois, des hauts fonctionnaires de
l'Etat, etc.
Le tsar et la tsarine se rendront ensuite à
; l'ambassade de Russie, au Reïmweg, où le
----'-'-:--; .y ----,..¡/11"r.d_
comte Kapnitz donnera un déjeuner tout in-
tima m leur honneur.
Il y aura, le soir même, un diner de gala
dans ia salle des cérémonies, et une repré-
sentation de gala à l'Opéra, avec Manon et
Wiener Walzer.
Le lendemain, grande revue sur la
Schmeltz, déjeuner de famille au château
de Lainz, promenade dans le Thiergaten,
et, enfin, concert à la Hofburg, dans la salle
des Redoutes.
Le tsar et la tsarine quitteront Vienne
samedi matin, pour se rendre à Kiev, tan-
dis que le prince Lobanof demeurera encore
quelques jours pour conférer, dit-on, avec
le comte Goluchowski.
Notons que Nicolas II est déjà allé deux
fois à Vienne : la première, à la fin de son
voyage autour du monde, le 6 novembre
1890 et la seconde, à son retour d'Athènes,
le 2 novembre 1892.
A BRESLAU
L'empereur d'Allemagne sera accompagné
à Breslau, lors du voyage du tsar, par M. de
Hohenlohe, les ministres de la guerre, des
affaires étrangères, l'ambassadeur d'Alle-
magne en Russie, le prince Radolin et les
anciens ambassadeurs de Werder et de
Schweinitz.
Les dispositions pour la réception à Goer-
litz ont été modifiées.
Les souverains se rendront directement à
la revu., sans passer par la ville.
Il est probable aussi que le vin d'honneur
à l'hôtel de ville de Breslau sera remplacé
par le coup de l'étrier, que l'empereur accep-
tera sans descendre de cheval.
L'empereur et l'impératrice de Russie arri-
veront à Breslau le 5 septembre, à 8 h. 40
du main. L'ambassadeur de Russie à Berlin
ira au-devant du tsar jusqu'à Oderberg.
L'empereur a fait exprimer à la municipa-
lité de Breslau le désir que toutes les mai-
sons fussent ornées et pavoisées aux cou-
leurs russes en l'honneur de la visite de
Nicolas Il.
Le prince Henri, frère de l'empereur, as-
sistera également à la réception du tsar et
de la tsarine, et le couple impérial russe lui
rendra visite à Kiel avant de se rendre à
Copenhague.
indépendamment des nombreux agents de
la police politique, un détachement de police
à cheval de Berlin viendra renforcer les ser-
gents de ville de Breslau pendant le séjour
du tsar.
A PARIS
Les différents projets de réception et de
fêtes que nous avons analysés ne prendront
corps que dans deux ou trois jours.
C'est aujourd'hui seulement, en effet,
qu'est attendue, au ministère des affaires
étrangères, la réponse de notre ambassa-
deur à Saint-Pétersbourg, laquelle doit por-
ter approbation par le tsar du programme
des fêtes. Il convient, du reste, -de rappeler
que tout est subordonné à l'approbation par
le conseil d'Etat, — pendant l'intersession
parlementaire, des dépenses nécessaires, et
le conseil d'Etat est, lui aussi, en vacances.
Toutefois, on assure que le projet qui a
été adopté dans la conférence qui a eu lieu
récemment au ministère des affaires, n'est
pas celui de Puteaux-Courbevoie.
D'après ce projet, on construirait un dé-
barcadère à la gare de la Porte-Dauphine,
avec escalier monumental donnant accès au
boulevard Lannes. Le cortège monterait
l'avenue du Bois-de-Boulogne et, sans passer
sous l'Arc de Triomphe, traverserait la place
de l'Etoile, suivant la route des voitures au
retour du bois, puis descendrait l'avenue des
Champs-Elysées.
Nous voulons espérer, puisque rien n'est
encore réglé, qu'on reviendra sur ces dispo-
sitions et qu'on comprendra que le seul vrai
lieu de réception c'est le rond-point de la
Défense-Nationale.
En attendant, les directeurs de l'Opéra
s'occupent de soumettre au ministre de
l'instruction publique et des beaux-arts
deux programmes d'une représentation de
gala. L'un serait composé d'œuvres de com-
positeurs décédés, Gounod, Ambroise Tho-
mas, etc, ; d autre, au contraire, d'œuvres
de musiciens vivants : MM. Reyer, Saint-
Saëns, Massenet, etc., qui conduiraient eux-
mêmes l'orchestre. Pour terminer, 1 Hymne
russe, serait chanté par tous les artistes et
les chœurs.
D'autre part, l'Association toulousaine de
Paris et des délégations, convoquées par
elle, des autres sociétés départementales se
sont réunies, mardi soir, au Grand-Véfour,
pour étudier les moyens d'offrir au tsar un
témoignage de sympathie de toutes les con-
trées de la Francc. Vingt-six sociétés étaient
représentées. Une commission de neuf mem-
bres-a été chargée de prendre des indica-
tions à l'ambassade de Russie. Mardi, se
tiendra une nouvelle réunion.
Ajoutons enfin que dès que le gouverne-
ment aura fait savoir qu'il peut lui donner
audience, une délégation de la municipalité
de Cherbourg, accompagnée du préfet de la
Manche et de MM. Le Moign, député, et
Cabart-Danneville, sénateur, se rendra à
Paris en vue de se concerter avec le gou-
vernement sur les dispositions que la ville
prendra pour l'arrivée du tsar.
A ce propos, notons que le croiseur russe
Passadink, accompagné de deux torpilleurs,
a traversé le canal de Kiel et a continué sa
route sur Cherbourg, où il attendra l'arrivée
de Nicolas II.
m^i »
LES ON-DIT
CARNET QUOTIDIEN:
Les courses : A Dieppe.
— Durée du jour : 14 h. 52 m.
CHEZ NOUS
—. M. Turrel, ministre des travaux pu-
blics, qui, ainsi que nous l'avons annoncé,
s'était alité depuis quelques jours à Saint-
Jean d'Angely par suite d'une indisposi-
tion, a quitté Saint-Jean d'Angely hier,
complètement rétabli.
Il s'est rendu dans le département de
l'Aude pour y prendre quelques jours de
repos.
-— M. Hanotaux, ministre des affaires
étrangères, est rentré à Paris hier soir à
onze heures.
----., Le comité des directeurs de l'Expo-
sition universelle de 1900 vient d'approu-
ver le projet définitif dressé par M. Girault,
architecte en chef des deux palais qui
vont être construits aux Champs-Elysées
pour remplacer le palais de l'Industrie.
[ G L'heureux gagnant du gros lot de
500,000 fr. des Bons de l'Exposition de 1900
est, paraît-il.. M. Jonvel, négociant en
chiffons, demeurant rue de la Paix, à Dun-
kerque.
- Deux trains ont amené hier à Paris,
en gare de l'Est, sept cent cinquante pèle-
rins de Chaumont, de Langres et d'Alsace-
Lorraine.
Les plus valides, au nombre de cinq
cents, se sont rendus à l'église du Sacré-
Cœur. Un repas leur a été servi dans les
réfectoires voisins de la basilique.
Les deux cent cinquante plus malades,
placés dans des omnibus du chemin de fer
ou des tapissières, ont été conduits à l'Œu-
vre de l'Hospitalité de nuit, 122, boulevard
de Charonne, où ils ont passé la journée.
A huit heures du soir, tous se sont trou-
vés réunis à la gare d'Orléans et ont pris
des trains à destination de Lourdes.
- Un concours pour l'admission à
soixante emplois de commis expédition-
naire dans les bureaux de la préfecture de
la Seine, de la Caisse municipale et des
mairies aura lieu le 27 octobre prochain.
- Sauf dans le milieu spécial des gens
du métier, on ignore peut-être que c'est la
Grande Distillerie Cusenier qui vend le
plus gros chiffre d'absinthe du monde en-
tier. En France même, la Distillerie Cusenier
vient seconde (comme quantité vendue,
quoique première comme qualité). Mais les
chiffres de ses établissements de Buenos-
Ayres, Mexico, Mulhouse, Bruxelles, lui
font battre le record pour le monde entier.
Ces quantités s'augmentent tous les jours
depuis que la maison Cusenier a créé son
exquise Absinthe blanche oxygénée.
L'Absinthe blanche oxygénée Cusenier
est obligatoirement dans tous les bons
cafés.
-—^ La réunion des publicistes mili-
taires provoquée par l'Echo de VArmée
dans le but de former un syndicat profes-
sionnel a eu lieu hier, à trois heures, dans
les bureaux de ce journal, 12, rue du Crois-
sant.
Quarante-trois journaux quotidiens ou
périodiques étaient représentés.
L'assemblée a voté à l'unanimité le prin-
cipe de l'association, a élu un bureau pro-
visoire, composé de MM. Massard, direc-
teur de l'Echo de l'Armée, Paul Marin,
rédacteur en chef de l'Avenir militaire, et
du Perron, rédacteur au Paris et à la
France militaire.
Elle a donné mandat à son bureau de lui
présenter un projet de statuts définitfs à la
prochaine réunion fixée au 2 septembre.
- On ne parle que de défunts royaux
et de toutes les branches, cette semaine,
dans nos monuments religieux : l'autre
jour, à Saint-Ferdinand des Ternes, c'était
la commémoration de Louis-Philippe ;
hier, à Saint-François-Xavier, ce fut un
service funèbre pour le repos du comte de
Chambord, et dimanche prochain ce sera,
a Saint-Louis en l'Ile, la célébration de la
fête patronale de saint Louis, roi de
France, -
- Dans quelques jours, le mois com-
portera un R. Signalons, dès aujourd'hui,
l'arrivée aux Halles des premières bourri-
ches d'huîtres.
D'après nos renseignements, l'huître
sera, cette année, abondante.
Elle sera donc bon marché et elle se
laissera manger avec plaisir, à la condi-
tion qu'on ne la prive pas d'une petite
douche de citron.
A L'ETRANGER
-— M. Léopold Herz, père de Corné-
lius Herz, arrivé de New-York le 18 cou-
rant, après être allé à Bournemouth voir
son fils, était revenu à Londres où il avait
subi l'opération de la pierre.
Il a succombé à cette opération.
- Le mariage de Mlle Gertrude Van-
derbilt et de M. Whitnet, qui était minis-
tre de la marine sous la présidence de M.
Cleveland, a été célébré hier à New-Port
(Etats-Unis).
-—- Le congrès de la protection artisti-
que et littéraire, dans sa séance d'hier
matin à Berne, a accepté l'invitation que
lui a adressée le prince de Monaco de
tenir le prochain congrès à Monte-Carlo.
Après un rapport de M. Paul Gaye, et
une discussion à laquelle ont pris part
MM. Bataille, Chaumat et Lermina, le
congrès\-s'est déclaré partisan de la protec-
tion illimitée pour tous les articles de
journaux.
La question de la protection des infor-
mations et des articles politiques fera l'ob-
jet d'une étude et sera discutée dans le
prochain congrès.
,.,.,. Le LoJialançeiger publie une dépê-
che racontant une rencontre à Tromsoè de
M. Nansen et de M. Andrée.
En descendant de la Virgo, M. Andrée
se rendit à bord du yacht Otaria, sur le-
quel se trouvait M. Nansen.
M. Nansen, accompagné de M. Chris-
tofrsen, vint ensuite à bord de la Virgo,
sur le pont de laquelle il eut une conver-
sation animée d'une demi-heure avec M.
Andrée.
Celui-ci félicita d'abord M. Nansen et
célébra le succès de son expédition. M.
Nansen, à son tour, reconnut que M. An-
drée avait inventé, avec son ballon, une
méthode toute nouvelle pour la recherche
du pôle et exprima ses souhaits pour que
le nouvel essai de M. Andrée pût être cou-
ronné de succès, succès sur lequel, pour sa
part, il comptait fermement. j
—— Pédalons, mes frères, vers le para-
dis :
Le révérend H. Leeper, curé de Saint-
Peter, à Plymouth, est un fervent de la
pédale.
Il a inauguré dimanche un office spécial
pour les cyclistes. La cérémonie a débuté
par une procession à bicyclette, le pasteur
en tête pédalant ferme jusqu'à rentrée du
temple. Là, on mit pied à terre et le révé-
rend parla ainsi :
« La corporation des cyclistes sera bénie
du Seigneur, si elle pratique l'esprit de
charité. Quant le pneu d'un de vos com-
pagnons est crevé, assistez-le pour réparer
sa machine. Faites ainsi comme le bon
Samaritain t
» Obéissez aux règlements même très
durs, comme ceux, par exemple, qui ordon-
nent d'éclairer vos lanternes quand vous
voyagez la nuit.
» N'écrasez pas les passants, ne les insul-
tez pas, et assistez régulièrement aux Ser-
vices divins, afin de mériter le ciel. »
Le Passant.
Avis à nos abonnés
Nous rappelons à nos abonnés qu'ils
doivent joindre 60 centimes à toutes
leurs demandes de changements d'a-
dresses, ceci pour la confection de nou-
velles bandes.
TABLETTES DU PROGRÈS
Par GEORGES VITOUX
Là Lutte contre la tuberculose
Pour une fois, une fois n'est pas cou-
tume, l'administration de l'Assistance
publique mérite de recevoir un bon
point.
Grâce à son initiative, en effets le
traitement de la tuberculose cJlez tes
indigents parisiens, nous apprend l'ex-
cellent journal spécial, la Presse médi-
cale, dans un de ses derniers numéros,
enfin, « va entrer dans une phase à là
fois scientifique, hygiénique et huma-
nitaire ».
C'est que jusqu'ici, il faut bien le re-
connaître, si lamentable que soit la
chose, la tuberculose « de toutes les
maladies la plus curable », ainsi que le
déclare depuis de longues années M. le
professeur Grancher, n'a guère pu ja-
mais être soignée convenablement dans
nos hôpitaux parisiens, pour l'excel-
lente raison que l'on y a toujours, ou à
peu près, manqué d'installations pro-
pices.
Les phtisiques, dans les salles en-
combrées d'autres malades, sont d'une
façon générale en de fort mauvaises
conditions d'hygiène, si bien que loin
de pouvoir lutter victorieusement con-
tre leur mal — qu'ils risquent sans
cesse de propager farmi leurs compa-
gnons de salles — l'on se trouve réduit
à le laisser évoluer, sans pouvoir
faire mieux qu'adoucir leurs sout-
frances par de « banales médications
calmantes, ces drogues de la dernière
heure, comme on pourrait les appe-
ler B.
Le traitement de la tuberculose, pü«r
être efficace, demande des soins spé-
ciaux, et surtout une hygiène spéciale
que l'hospitalisation ne permet de don-
ner que dans des services spécialement
ménagés à cet effet.
C'est ce que vient justement de déter-
miner avec une précision complète une
commission médicale instituée récem-
ment par l'administration de l'Assis-
tance publique.
La question était d'ailleurs des plus
urgentes, les phtisiques dans les hôpi-
taux parisiens occupant le tiers au
moins des lits réservés à la médecine
générale, soit 1,800 à 2,000 lits sur
5,352.
Eh bien, sans rien désorganiser dans
les services existants, ces deux miiic
lits indispensables, il est facile de les
trouver, a reconnu la commission à la
suite de son enquêtfl.
Les moyens pratiques pour obtenir
un tel résultat sont : 1° de terminer
sans retard le sanatorium d'Angicourt
(Oise), dont les 224 lits peuvent fonc-
tionner dans quelques mois. Pour met-
tre en état de fonctionner ce sanato-
rium modèle et gratuit que la ville do
Paris met à la disposition de ses indi-
gents tuberculeux, il ne manque plu.-3
aujourd'hui qu'une somme de 800,Ou)
francs.
2" La formation de quartiers de tu-
berculeux dans les différents hôpitaux
généraux de Paris.
3° L'étude de la création de services
de réserve suburbains, sortes d'hôp-i-
taux-hospices pour tuberculeux, en
vue d'assurer le désencombrement des
services de Paris.
Le conseil municipal de Paris a du
reste déjà voté une somme de i,600.0LîU
francs pour cette création.
De ces diverses mesures, la plus ur-
gente est celle de la création de quar-
tiers spéciaux dans les hôpitaux exis-
tants.
Ici, de nombreuses difficultés exis-
tent, certains établissements anciens ne
se prêtant pas à de telles Installations,
Cependant, il n'est pas dans l'espèce
d'obstacles insurmontables. Avec dft
l'argent, en effet, l'on triomphe de bien
des choses, et, ici, l'argent peut faire
des merveilles. Puisse-t-il donc être
accordé en quantité suffisante et rapi-
dement.
Mais, ce n'est pas tout que de s'occu-
per des malades, il convient encore de
songer à ceux qui les soignent, surtout
quand ceux-ci sont exposés à tout ins-
tant à contracter eux-mêmes le mal
terrible.
La commission n'a eu garde de man-
quer à ce devoir, et. de même que dans
son rapport elle indique minutieuse-
ment toute la part qui revient aux ma-
lades hospitalisés eux-mêmes dans la
conservation des bonnes condition?
V- >
'w
1° AR\5^ JET DEPARTEMENTS
-n Le Numéro, C lN Q CENTIMES
LE Xir SIÈCLE
ANNONCES
A-CX BUREA"'X- DU JOURNAL
131, rue Montmartre, 131
Mtphez MM. LAGRANGE, CERF & O
6, place de la Bourse, 6.
dresse télémpkique: XIX- SIÈCLE - PARIS
ABONNEMENTS
Paris mu lois, 6f. Sx leh, lif, Si b, 20 f.
Départements — 7f. — 12f. — 24f,
Union Postale — 9 f. — 16f. — 32
Les Abonnements sont reçus sans frais
dans tous les Bureaux de Poste.
RDACTION: 131, rue Iiontmartre, 131
De 4 àS heures du soir et de 10 heures du soir à 1 heure du matin
N" 3667. -Vendredi 28 Août 1896
12 FRUCTIDOR AN 104
ADMINISTRATION. 131, rue Montmartre, 13) 1
Adresser lettre» et mandats à VA dmintstrateur
NOS LEADERS
LETTRES LIBRES
IE SECRET. DE LI-HUNG-TCHANG
Depuis trois mois la presse euro-
péenne est à la recherche du « secret
4e Li-Hung-Tchang ». On s'est de-
icûandé pourquoi ce grand vieillard
bui, de sa vie, ne mit le pied en dehors
ces frontières de l'Empire du Milieu,
vait, tout à coup, à l'âge de soixante-
ajuinze ans, entrepris un voyage à
travers le monde. Ge n'était pas, évi-
demment, en simple amateur qu'il
avait pris prétexte du couronnement
du tsar pour faire le tour de la terre.
On n'abandonne pas, dans le seul but
de faire un voyage d'agrément, une
situation aussi considérable et des
fonctions aussi importantes que celles
occupées par le vice-roi du Pé-Tchili,
Véritable chef politique de son pays,
conseil suprême du Fils du Ciel, à la
fois commandant des armées et direc-
teur des finances et de la diplomatie
chinoises.
Quelles pensées secrètes pouvait
bien rouler ce Chinois dans son cer-
veau ? Que venait-il faire en Europe ?
fion objectif n'était-il pas d'y acheter
des canons et des fusils, d'y recruter
des inspecteurs militaires, d'y faire
Construire des cuirassés et des torpil-
leurs, afin d'armer son innombrable
peuple pour, ensuite, le jeter sur les
nations occidentales? L'heure du « pé-
ril jaune », depuis si longtemps an-
noncée par les historiens-prophètes
qui ne virent jamais la Chine et peint,
en un tableau allégorique par le jeune
Guillaume, allait-elle sonner? Notre
génération verrait-elle, avant de quit-
ter la surface terrestre, les hordes chi-
noises, armées par la vieille Europe,
traverser le continent asiatique et,
semblables aux bandes d'Attila, mais
combien plus redoutables par le nom-
bre, la bravoure et l'équipement, fon-
dre sur l'Occident, le piller, le dévas-
ter, en renverser les trônes et les ré-
publiques et, sur les débris du passé,
construire l'empire universel de la
race jaune?
! Tout cela était, fort sérieusement,
discuté, chaque matin, dans les jour-
naux de Saint-Pétersbourg, de Berlin
et surtout de Paris — car Paris serait
désolé de ne point tenir la tête de la
badauderie — et il n'était question
dans les cercles et les salons que de la
redoutable énigme posée par le
voyage du mystérieux Li-Hung-
Tchang.
*.
f Pendant ce temps, le vieillard chi-
nois, observateur habile, diplomate
avisé, philosophe métissé de chef de
bandes, prenait directement contact
avec ces puissances occidentales dont
Î1 ne connaissait qu'imparfaitement
les qualités et les défauts, les forces et
Jes faiblesses, les ambitions et les ri-
valités. Il passait en revue les armées
,bt les flottes; il comparait la valeur
des armes et l'instruction des troupes,
l'esprit des nations et celui des gou-
vernements, et il jetait doucement la
sonde dans la profondeur des cons-
ciences des gouvernements et des peu-
ples.
Tandis que la presse européenne
discutait sur l'avènement plus ou
moins prochain du « péril jaune », il
supputait les chances 'qu'a son pays
d'échapper au « péril blanc » ; il ana-
lysait les forces à craindre, il cherchait
les moyens de les contrebalancer les
Unes par les autres et de se soustraire
à l'appétit de celui-ci, en aiguisant la
voracité de celui-là.
Les circonstances, d'àilleurs, étaient
éminemment favorables à de telles
observations et très suggestives de ré-
flexions utiles. Sous les yeux du fin
diplomate chinois, se déroulaient les
drames et les comédies dont l'Arménie
Êiîa Crète sont les sanglants théâtres
et il voyait le Turc se tirer des situa-
tions les plus critiques, grâce aux
compétitions des puissances désireu-
ses de se partager ses dépouilles.
Il ne lui échappa point, notamment,
que deux nations jouaient, dans ce
spectacle, les rôles principaux : d'une
part la Russie, intéressée à protéger
un empire où elle veut étendre son
hégémonie; d'autre part l'Angleterre
qui, après avoir, pendant un siècle,
défendu la Turquie contre les appétits
de ses voisins, ne cache pas aujour-
d'hui son désir de la dépecer. Et le
grand Chinois n'eut qu'à jeter un coup
Wceil sur la carte de l'Asie pour appli-
UQer à-son propre pays les suggestives
censées introduites dans son cerveau
par l'histoire de l'empire ottoman.
;. ; .tc..
r îl vit, dans le nord, la Russie maî-
tresse déjà de territoires immenses,
xà jadis les Mongols faisaient paitre
la toute indépendance leurs immen-
ses troupeaux de juments et de che-
ux velus; il la vit poussant à travers
les plaines fertiles de la Sibérie un
s&emin de fer qui, en quelques jours
pourra, dans cinq ans, mettre aux
portes de Pékin des centaines de mil-
liers de soldats qu'il voyait manœu-
vrer dans la capitale des tsars; et il
était sollicité de donner son assenti-
ment à une prolongation de cette voie
ferrée qui, traversant la Mandchourie
du nord au sud, descendrait jusqu'à
Port-Arthur, dans le golfe même du
Pé-Tchili, au cœur de sa vice-royauté.
Il ne lui échappait pas que le jour où
la Russie serait là, avec ses troupes et
ses marins, ses cuirassés, ses torpil-
leurs, ses canons et ses fusils à tir ra-
pide, il en serait fini avec l'indépen-
dance du gouvernement chinois et de
la Chine. Mais comment s'opposer aux
sollicitations d'un voisin dont le do-
maine est plus grand que tout le reste
de l'Europe et dont le monarque jouit
d'une autocratie telle que sa volonté
seule fait sa loi? Ne serait-il pas plus
sage de demander assistance à cet em-
pire, lui-même autant asiatique qu'eu-
ropéen, plus oriental même qu'occi-
dental, contre ces autres occidentaux
qui, dans le sud, commencent à serrer
la Chine de près?
On ne put se méprendre sur le désir
manifeste qu'avait l'énigmatique Chi-
nois d'être agréable au tsar. On a parlé
même d'un traité dont il aurait posé
les bases et qui lierait la Chine à la
Russie. C'est plus qu'il n'est permis
d'admettre ; car si Li-Hung-Tchang a
manifestément songé que la Russie
pouvait, à une heure donnée, protéger
la Chine, comme elle le fit, l'an der-
nier, contre les ambitions de l'Angle-
terre, il était trop avisé pour ne pas se
dire qu'à un autre moment l'Angle-
terre et la France pourraient bien être
amenées à lui accorder une protection
analogue contre les ambitions de la
Russie. Ces sentiments, il ne les a pas
dissimulés, lorsqu'il disait à Londres,
dans le banquet des négociants qui
trafiquent avec son pays : « La Chine
voudrait pouvoir compter sur l'appui
de toutes les puissances commerciales,
si son indépendance venait à être me-
nacée. »
**
Dans le même banquet, Li-Hung-
Tchang faisait l'aveu de l'impossibilité
où se trouve la Chine de se protéger
elle-même contre les ambitions de
l'Occident. Connaissant mieux que
personne l'aversion de ses compa-
triotes pour le métier des armes, lui
qui depuis cinquante ans a vu toutes
ses tentatives de réformes militaires
et maritimes échouer devant l'indiffé-
rence et l'hostilité de son pays, il sait
que jamais peut-être il ne pourra y
avoir d'armée chinoise digne de ce
nom ; il était sincère lorsqu'il déclarait
que : « la paix est le plus grand désir
de l'empereur de Chine et que le pays
ne demande qu'à se livrer en paix au
commerce et à l'industrie. »
Sous ses yeux réapparaissaient les
bataillons dont, à Saint-Pétersbourg,
à Berlin et à Paris il avait vu le défilé,
lorsqu'il ajoutait, avec cette mélancolie
touchante des disciples de Confucius :
« Si les Chinois ont pu penser que des
sentiments pacifiques pouvaient les
mettre à l'abri d'agressions non pro-
voquées, cette illusion a été chez eux
le résultat d'une longue habitude
nationale. »
**#
Cette illusion, Li-Hung-Tchang ne
l'a plus. Il a vu l'Europe ; il a vu ses
armées formidables et lasses du repos;
il a vu ses états-majors militaires
avides de galons et de croix; il a vu
ses industriels et ses commerçants af-
famés par la concurrence ; il a vu ses
gouvernements en quête de triomphes
pour vivre et ses peuples assez fous
pour préférer la sanglante gloire des
conquêtes au bonheur tranquille de la
paix.
Il rentre chez lui avec un secret ter-
rible et qui ferait tomber sa tête s'il
était assez léger pour en faire part au
Fils du Ciel; il rapporte de son tour du
monde et de son étude attentive de
l'Europe la conviction que tôt ou tard
son pays sera dévoré par ces occiden-
taux qui, sincèrement ou hypocrite-
ment, affectent de croire au « péril
jaune et il n'aura plus qu'une pen-
sée, comme le Turc : faire battre et
s'entre-déchirer les nations de l'Occi-
dent pour retarder l'heure où la Chine
sera battue et déchirée par elles.
J.-L. DE LANESSAN.
Nous publierons demain un article
de M. Lucien Vietor-Meunier
LA DETTE DES ÉGLISES
Eh bien ! quoi donc ? est-ce que ça n'irait
plus, la religion?—A propos de l'avance de
450,000 francs faite par la Ville de Paris, à
la fabrique de Samt-Eustache, on s'est
amusé à faire le compte de ce que les diver-
ses églises de Paris doivent à cette bonne
ville, traitable créancière. Notre-Dame-des-
Champs doit 132,000 fr. qu'elle rembourse,
péniblement, à raison de 11,000 fr. par an.
Saint-Eloi doit 133.008 fr. 05. (Les cinq cen-
time font bien, n'est-ce pas?). Saint-Eugène
ne doit plus que 75,000 Ir.; une misère. La
Trinité est dans une situation encore meil-
leure; elle ne doit plus que 15,000 fr. -,
'-'--"---' ,." ,'--- .-' -- Vt:
Mais c'est Saint-Augustin qui est triste.
Saint-Augustin devait 500,000 fr. qu'elle de-
vait payer par annuités de 25,000 fr. Or, en
1893, 1894, 1895, l'annuité ne fut pas payée.
Le conseil municipal demanda un acompte.
La fabriqua répondit que, loin d'être en me-
sure de donner aucun acompte, elle deman-
dait à réduire de moitié le montant des
annuités. — Que voulez-vous? disait la fa-
brique ; il n'y a plus ni grands mariages, ni
en errements riches. Nous ne faisons plus
nos frais. - Les édiles se sont montrés bons
princes, ont accepté les propositions de
Saint-Augustin. Et il y aura encore des gens,
vous verrez, pour traiter les conseillers
municipaux d'affreux libres-penseurs et
d'horribles anti-cléricaux.
Au total, les églises de Paris doivent à la
Ville une somme de plus d'un million. Il est
certain que la difficulté qu'éprouvent plu-
sieurs d'entre elles à s'acquitter indiquent
dans leurs recettes une baisse dont nous ne
pouvons que nous féliciter. Si décroit le
nombre des mariages et des enterrements
religieux, c'est que s'accroît celui des ma-
riages et des enterrements civils. Petit à
peLit, la religion perd du terrain — n'en dé-
plaise à ceux qui rêvent de placer ou de
replacer la France sous l'égiJe du Sacré-
Cœur.
LUCIEN VICTOR-MEUNIER.
REQUÊTE POUR taOS POTACHES
M. le ministre de l'instruction publique
nous permettra-t-il de lui présenter une
petite requête qui répondra, nous en som-
mes sûrs, aux vœux les plus ardents des
professeurs et des élèves des lycées de
Paris ?
La rentrée des classes est fixée, on le sait,
au vendredi 2 octobre. C'est une date qui
ne semble déjà pas très heureusement choi-
sie, puisque le surleniemain étant un di-
manche, il faudra après deux jours de tra-
vail rendre à la liberté ou pour mieux dire
à leurs familles, les jeunes potaches qu'on
aura fait revenir tout exprès de la campagne
ou des plages de l'Océan quarante-huit
heures auparavant. Mais aujourd'hui que
nous sommes assurés d'être honorés d; la
visite de l'empereur de Russie, elle est de-
venue tout à fait malencontreuse.
C'est, en effet, le lundi 5 octobre que le
tsar débarquera à Cherbourg, et le mardi 6
qu'il arrivera à Paris.
Le congé régulier du dimanche se trou-
vera donc transformé en un congé excep-
tionnel de trois jours, la règle voulant qu'on
ouvre tout s grandes, en ipareille occasion,
les portes de nos lycées pour permettre à la
jeunesse de s'associer à la joie générale.
M. Rambaud croit-il, dans ces conditions,
qu'il soit bien nécessaire de forcer profes-
seurs et élèves à revenir à revenir le 2 oc-
tobre à Paris pour que le 3 au soir on :les
renvoie chez eux jusqu'au 7?
Nous n'avons pas la prétention de donner
des conseils au ministre qui incarne momen-
tanément en sa personne l'Université, mais
il nous semble qu'il serait bien inspiré s'il
transportait la date de rentrée des classes
du vendredi 2 octobre au mercredi 7 octo-
bre.
11 le semblera sans doute bien davantage
encore aux professeurs et aux élèves.
A. H.
LE VOYAGE DU TSAR
A VIENNE
C'est aujourd'hui que le tsar et la tsarine
arriveront à Vienne. -
Ils seront accompagnés dans leur voyage
d'une suite nombreuse. Citons les noms des
personnages : le comte Voronzof-Dachkof,
ministre de la maison impériale, le prince
Lobanof-Rostovsky, ministre des affaires
étrangères, les généraux de Richter et comte
Benkendorf, le comte Hendrikof, grand-
maitre de la cour de la tsarine, le docteur
Hirsch, les chambellans d'Echapport, de Ko-
pytkine et de Mamontof, les adjudants
prince Obolensky et prince Dolgorouky,
ainsi que de la princesse Galitzin, grande-
maîtresse de la cour, et de Mme de Vassiet-
chikof, dame de la cour, soit au total treize
personnes, non compris, bien entendu, les
secrétaires et gens de service.
Le prince Rodolphe Lobkowitz et le prince
Dietrichstein, attachés à la personne du
tsar durant son séjour à Vienne, ainsi que
le prince Nicolas Paltï'y et le comte Charles
Trauttmansdorf, attachés à la personne de
la tsarine, iront à la rencontre du train im-
périal jusqu'à la station de Gaensersdorf.
A la gare, les souverains seront reçus par
l'empereur et l'impératrice d'Autriche, les
archiducs et les archiduchesses qui les ac-
compagneront jusqu'à la Hofburg.
Une véritable voie triomphale a été cons-
truite sur tout le parcours du cortège. Des
deux côtés de la Praterstrasse et du Ridg,
se dressent, de quinze en quinze mètres, de
hauts mâts vénitiens du sommet desquels
flottent de longues flammes aux couleurs
russes et autrichiennes.
Cette double bordure de jalons immenses,
qui a trois kilomètres de développement,
est tendue dans toute sa longueur de guir-
landes de fleurs et de feuillage, et en tra-
vers de la route, sont suspendues alternati-
vement des guirlandes et des chaînes de
petites banderoles aux couleurs des deux
pays.
Le Pratestern — ce rond-point où conver-
gent toutes les avenues du Prater — est
décoré de grands mâts qui sont flanqués à
mi-hauteur de cartouches de verdure enca-
drant un aigle russe en moulure dorée.
Plus loin, à l'entrée du Ring, quatre pié-
destaux, hauts de dix mètres environ et
peints en rouge, supportent d énormes aigles
russes et autrichiens.
Enfin, sur la place de Schwarzenberg, à
deux pas de l'hôtel impérial, ont été édifiés
deux arcs de triompe, dominés chacun de
cinq coupoles de style moscovite, d'assez
mauvais goût. On dirait deux arches de
pont de chemin de fer.
Le tsar et la tsarine feront leur entrée en
ville dans deux superbes équipages attelés
en daumont de six chevaux blancs et escor-
tés de piqueurs portant la livrée jaune et
noire de la maison de Habsbourg, tandis
que toute la garnison, en grande tenue de
parade, fera la haie et que les musiques en-
tonneront l'hymne national russe.
Les curieux ne trouveront que fort peu de
place pour entrevoir le tsar et la tsarine,
par suite du grand déploiement des troupes.
Les souverains se réuniront, sitôt arrivés
à la Hofburg, dans la salle Pietradura pour
les présentations d'usage des grands digni-
taires de la cour, des ministres autrichiens
et hongrois, des hauts fonctionnaires de
l'Etat, etc.
Le tsar et la tsarine se rendront ensuite à
; l'ambassade de Russie, au Reïmweg, où le
----'-'-:--; .y ----,..¡/11"r.d_
comte Kapnitz donnera un déjeuner tout in-
tima m leur honneur.
Il y aura, le soir même, un diner de gala
dans ia salle des cérémonies, et une repré-
sentation de gala à l'Opéra, avec Manon et
Wiener Walzer.
Le lendemain, grande revue sur la
Schmeltz, déjeuner de famille au château
de Lainz, promenade dans le Thiergaten,
et, enfin, concert à la Hofburg, dans la salle
des Redoutes.
Le tsar et la tsarine quitteront Vienne
samedi matin, pour se rendre à Kiev, tan-
dis que le prince Lobanof demeurera encore
quelques jours pour conférer, dit-on, avec
le comte Goluchowski.
Notons que Nicolas II est déjà allé deux
fois à Vienne : la première, à la fin de son
voyage autour du monde, le 6 novembre
1890 et la seconde, à son retour d'Athènes,
le 2 novembre 1892.
A BRESLAU
L'empereur d'Allemagne sera accompagné
à Breslau, lors du voyage du tsar, par M. de
Hohenlohe, les ministres de la guerre, des
affaires étrangères, l'ambassadeur d'Alle-
magne en Russie, le prince Radolin et les
anciens ambassadeurs de Werder et de
Schweinitz.
Les dispositions pour la réception à Goer-
litz ont été modifiées.
Les souverains se rendront directement à
la revu., sans passer par la ville.
Il est probable aussi que le vin d'honneur
à l'hôtel de ville de Breslau sera remplacé
par le coup de l'étrier, que l'empereur accep-
tera sans descendre de cheval.
L'empereur et l'impératrice de Russie arri-
veront à Breslau le 5 septembre, à 8 h. 40
du main. L'ambassadeur de Russie à Berlin
ira au-devant du tsar jusqu'à Oderberg.
L'empereur a fait exprimer à la municipa-
lité de Breslau le désir que toutes les mai-
sons fussent ornées et pavoisées aux cou-
leurs russes en l'honneur de la visite de
Nicolas Il.
Le prince Henri, frère de l'empereur, as-
sistera également à la réception du tsar et
de la tsarine, et le couple impérial russe lui
rendra visite à Kiel avant de se rendre à
Copenhague.
indépendamment des nombreux agents de
la police politique, un détachement de police
à cheval de Berlin viendra renforcer les ser-
gents de ville de Breslau pendant le séjour
du tsar.
A PARIS
Les différents projets de réception et de
fêtes que nous avons analysés ne prendront
corps que dans deux ou trois jours.
C'est aujourd'hui seulement, en effet,
qu'est attendue, au ministère des affaires
étrangères, la réponse de notre ambassa-
deur à Saint-Pétersbourg, laquelle doit por-
ter approbation par le tsar du programme
des fêtes. Il convient, du reste, -de rappeler
que tout est subordonné à l'approbation par
le conseil d'Etat, — pendant l'intersession
parlementaire, des dépenses nécessaires, et
le conseil d'Etat est, lui aussi, en vacances.
Toutefois, on assure que le projet qui a
été adopté dans la conférence qui a eu lieu
récemment au ministère des affaires, n'est
pas celui de Puteaux-Courbevoie.
D'après ce projet, on construirait un dé-
barcadère à la gare de la Porte-Dauphine,
avec escalier monumental donnant accès au
boulevard Lannes. Le cortège monterait
l'avenue du Bois-de-Boulogne et, sans passer
sous l'Arc de Triomphe, traverserait la place
de l'Etoile, suivant la route des voitures au
retour du bois, puis descendrait l'avenue des
Champs-Elysées.
Nous voulons espérer, puisque rien n'est
encore réglé, qu'on reviendra sur ces dispo-
sitions et qu'on comprendra que le seul vrai
lieu de réception c'est le rond-point de la
Défense-Nationale.
En attendant, les directeurs de l'Opéra
s'occupent de soumettre au ministre de
l'instruction publique et des beaux-arts
deux programmes d'une représentation de
gala. L'un serait composé d'œuvres de com-
positeurs décédés, Gounod, Ambroise Tho-
mas, etc, ; d autre, au contraire, d'œuvres
de musiciens vivants : MM. Reyer, Saint-
Saëns, Massenet, etc., qui conduiraient eux-
mêmes l'orchestre. Pour terminer, 1 Hymne
russe, serait chanté par tous les artistes et
les chœurs.
D'autre part, l'Association toulousaine de
Paris et des délégations, convoquées par
elle, des autres sociétés départementales se
sont réunies, mardi soir, au Grand-Véfour,
pour étudier les moyens d'offrir au tsar un
témoignage de sympathie de toutes les con-
trées de la Francc. Vingt-six sociétés étaient
représentées. Une commission de neuf mem-
bres-a été chargée de prendre des indica-
tions à l'ambassade de Russie. Mardi, se
tiendra une nouvelle réunion.
Ajoutons enfin que dès que le gouverne-
ment aura fait savoir qu'il peut lui donner
audience, une délégation de la municipalité
de Cherbourg, accompagnée du préfet de la
Manche et de MM. Le Moign, député, et
Cabart-Danneville, sénateur, se rendra à
Paris en vue de se concerter avec le gou-
vernement sur les dispositions que la ville
prendra pour l'arrivée du tsar.
A ce propos, notons que le croiseur russe
Passadink, accompagné de deux torpilleurs,
a traversé le canal de Kiel et a continué sa
route sur Cherbourg, où il attendra l'arrivée
de Nicolas II.
m^i »
LES ON-DIT
CARNET QUOTIDIEN:
Les courses : A Dieppe.
— Durée du jour : 14 h. 52 m.
CHEZ NOUS
—. M. Turrel, ministre des travaux pu-
blics, qui, ainsi que nous l'avons annoncé,
s'était alité depuis quelques jours à Saint-
Jean d'Angely par suite d'une indisposi-
tion, a quitté Saint-Jean d'Angely hier,
complètement rétabli.
Il s'est rendu dans le département de
l'Aude pour y prendre quelques jours de
repos.
-— M. Hanotaux, ministre des affaires
étrangères, est rentré à Paris hier soir à
onze heures.
----., Le comité des directeurs de l'Expo-
sition universelle de 1900 vient d'approu-
ver le projet définitif dressé par M. Girault,
architecte en chef des deux palais qui
vont être construits aux Champs-Elysées
pour remplacer le palais de l'Industrie.
[ G L'heureux gagnant du gros lot de
500,000 fr. des Bons de l'Exposition de 1900
est, paraît-il.. M. Jonvel, négociant en
chiffons, demeurant rue de la Paix, à Dun-
kerque.
- Deux trains ont amené hier à Paris,
en gare de l'Est, sept cent cinquante pèle-
rins de Chaumont, de Langres et d'Alsace-
Lorraine.
Les plus valides, au nombre de cinq
cents, se sont rendus à l'église du Sacré-
Cœur. Un repas leur a été servi dans les
réfectoires voisins de la basilique.
Les deux cent cinquante plus malades,
placés dans des omnibus du chemin de fer
ou des tapissières, ont été conduits à l'Œu-
vre de l'Hospitalité de nuit, 122, boulevard
de Charonne, où ils ont passé la journée.
A huit heures du soir, tous se sont trou-
vés réunis à la gare d'Orléans et ont pris
des trains à destination de Lourdes.
- Un concours pour l'admission à
soixante emplois de commis expédition-
naire dans les bureaux de la préfecture de
la Seine, de la Caisse municipale et des
mairies aura lieu le 27 octobre prochain.
- Sauf dans le milieu spécial des gens
du métier, on ignore peut-être que c'est la
Grande Distillerie Cusenier qui vend le
plus gros chiffre d'absinthe du monde en-
tier. En France même, la Distillerie Cusenier
vient seconde (comme quantité vendue,
quoique première comme qualité). Mais les
chiffres de ses établissements de Buenos-
Ayres, Mexico, Mulhouse, Bruxelles, lui
font battre le record pour le monde entier.
Ces quantités s'augmentent tous les jours
depuis que la maison Cusenier a créé son
exquise Absinthe blanche oxygénée.
L'Absinthe blanche oxygénée Cusenier
est obligatoirement dans tous les bons
cafés.
-—^ La réunion des publicistes mili-
taires provoquée par l'Echo de VArmée
dans le but de former un syndicat profes-
sionnel a eu lieu hier, à trois heures, dans
les bureaux de ce journal, 12, rue du Crois-
sant.
Quarante-trois journaux quotidiens ou
périodiques étaient représentés.
L'assemblée a voté à l'unanimité le prin-
cipe de l'association, a élu un bureau pro-
visoire, composé de MM. Massard, direc-
teur de l'Echo de l'Armée, Paul Marin,
rédacteur en chef de l'Avenir militaire, et
du Perron, rédacteur au Paris et à la
France militaire.
Elle a donné mandat à son bureau de lui
présenter un projet de statuts définitfs à la
prochaine réunion fixée au 2 septembre.
- On ne parle que de défunts royaux
et de toutes les branches, cette semaine,
dans nos monuments religieux : l'autre
jour, à Saint-Ferdinand des Ternes, c'était
la commémoration de Louis-Philippe ;
hier, à Saint-François-Xavier, ce fut un
service funèbre pour le repos du comte de
Chambord, et dimanche prochain ce sera,
a Saint-Louis en l'Ile, la célébration de la
fête patronale de saint Louis, roi de
France, -
- Dans quelques jours, le mois com-
portera un R. Signalons, dès aujourd'hui,
l'arrivée aux Halles des premières bourri-
ches d'huîtres.
D'après nos renseignements, l'huître
sera, cette année, abondante.
Elle sera donc bon marché et elle se
laissera manger avec plaisir, à la condi-
tion qu'on ne la prive pas d'une petite
douche de citron.
A L'ETRANGER
-— M. Léopold Herz, père de Corné-
lius Herz, arrivé de New-York le 18 cou-
rant, après être allé à Bournemouth voir
son fils, était revenu à Londres où il avait
subi l'opération de la pierre.
Il a succombé à cette opération.
- Le mariage de Mlle Gertrude Van-
derbilt et de M. Whitnet, qui était minis-
tre de la marine sous la présidence de M.
Cleveland, a été célébré hier à New-Port
(Etats-Unis).
-—- Le congrès de la protection artisti-
que et littéraire, dans sa séance d'hier
matin à Berne, a accepté l'invitation que
lui a adressée le prince de Monaco de
tenir le prochain congrès à Monte-Carlo.
Après un rapport de M. Paul Gaye, et
une discussion à laquelle ont pris part
MM. Bataille, Chaumat et Lermina, le
congrès\-s'est déclaré partisan de la protec-
tion illimitée pour tous les articles de
journaux.
La question de la protection des infor-
mations et des articles politiques fera l'ob-
jet d'une étude et sera discutée dans le
prochain congrès.
,.,.,. Le LoJialançeiger publie une dépê-
che racontant une rencontre à Tromsoè de
M. Nansen et de M. Andrée.
En descendant de la Virgo, M. Andrée
se rendit à bord du yacht Otaria, sur le-
quel se trouvait M. Nansen.
M. Nansen, accompagné de M. Chris-
tofrsen, vint ensuite à bord de la Virgo,
sur le pont de laquelle il eut une conver-
sation animée d'une demi-heure avec M.
Andrée.
Celui-ci félicita d'abord M. Nansen et
célébra le succès de son expédition. M.
Nansen, à son tour, reconnut que M. An-
drée avait inventé, avec son ballon, une
méthode toute nouvelle pour la recherche
du pôle et exprima ses souhaits pour que
le nouvel essai de M. Andrée pût être cou-
ronné de succès, succès sur lequel, pour sa
part, il comptait fermement. j
—— Pédalons, mes frères, vers le para-
dis :
Le révérend H. Leeper, curé de Saint-
Peter, à Plymouth, est un fervent de la
pédale.
Il a inauguré dimanche un office spécial
pour les cyclistes. La cérémonie a débuté
par une procession à bicyclette, le pasteur
en tête pédalant ferme jusqu'à rentrée du
temple. Là, on mit pied à terre et le révé-
rend parla ainsi :
« La corporation des cyclistes sera bénie
du Seigneur, si elle pratique l'esprit de
charité. Quant le pneu d'un de vos com-
pagnons est crevé, assistez-le pour réparer
sa machine. Faites ainsi comme le bon
Samaritain t
» Obéissez aux règlements même très
durs, comme ceux, par exemple, qui ordon-
nent d'éclairer vos lanternes quand vous
voyagez la nuit.
» N'écrasez pas les passants, ne les insul-
tez pas, et assistez régulièrement aux Ser-
vices divins, afin de mériter le ciel. »
Le Passant.
Avis à nos abonnés
Nous rappelons à nos abonnés qu'ils
doivent joindre 60 centimes à toutes
leurs demandes de changements d'a-
dresses, ceci pour la confection de nou-
velles bandes.
TABLETTES DU PROGRÈS
Par GEORGES VITOUX
Là Lutte contre la tuberculose
Pour une fois, une fois n'est pas cou-
tume, l'administration de l'Assistance
publique mérite de recevoir un bon
point.
Grâce à son initiative, en effets le
traitement de la tuberculose cJlez tes
indigents parisiens, nous apprend l'ex-
cellent journal spécial, la Presse médi-
cale, dans un de ses derniers numéros,
enfin, « va entrer dans une phase à là
fois scientifique, hygiénique et huma-
nitaire ».
C'est que jusqu'ici, il faut bien le re-
connaître, si lamentable que soit la
chose, la tuberculose « de toutes les
maladies la plus curable », ainsi que le
déclare depuis de longues années M. le
professeur Grancher, n'a guère pu ja-
mais être soignée convenablement dans
nos hôpitaux parisiens, pour l'excel-
lente raison que l'on y a toujours, ou à
peu près, manqué d'installations pro-
pices.
Les phtisiques, dans les salles en-
combrées d'autres malades, sont d'une
façon générale en de fort mauvaises
conditions d'hygiène, si bien que loin
de pouvoir lutter victorieusement con-
tre leur mal — qu'ils risquent sans
cesse de propager farmi leurs compa-
gnons de salles — l'on se trouve réduit
à le laisser évoluer, sans pouvoir
faire mieux qu'adoucir leurs sout-
frances par de « banales médications
calmantes, ces drogues de la dernière
heure, comme on pourrait les appe-
ler B.
Le traitement de la tuberculose, pü«r
être efficace, demande des soins spé-
ciaux, et surtout une hygiène spéciale
que l'hospitalisation ne permet de don-
ner que dans des services spécialement
ménagés à cet effet.
C'est ce que vient justement de déter-
miner avec une précision complète une
commission médicale instituée récem-
ment par l'administration de l'Assis-
tance publique.
La question était d'ailleurs des plus
urgentes, les phtisiques dans les hôpi-
taux parisiens occupant le tiers au
moins des lits réservés à la médecine
générale, soit 1,800 à 2,000 lits sur
5,352.
Eh bien, sans rien désorganiser dans
les services existants, ces deux miiic
lits indispensables, il est facile de les
trouver, a reconnu la commission à la
suite de son enquêtfl.
Les moyens pratiques pour obtenir
un tel résultat sont : 1° de terminer
sans retard le sanatorium d'Angicourt
(Oise), dont les 224 lits peuvent fonc-
tionner dans quelques mois. Pour met-
tre en état de fonctionner ce sanato-
rium modèle et gratuit que la ville do
Paris met à la disposition de ses indi-
gents tuberculeux, il ne manque plu.-3
aujourd'hui qu'une somme de 800,Ou)
francs.
2" La formation de quartiers de tu-
berculeux dans les différents hôpitaux
généraux de Paris.
3° L'étude de la création de services
de réserve suburbains, sortes d'hôp-i-
taux-hospices pour tuberculeux, en
vue d'assurer le désencombrement des
services de Paris.
Le conseil municipal de Paris a du
reste déjà voté une somme de i,600.0LîU
francs pour cette création.
De ces diverses mesures, la plus ur-
gente est celle de la création de quar-
tiers spéciaux dans les hôpitaux exis-
tants.
Ici, de nombreuses difficultés exis-
tent, certains établissements anciens ne
se prêtant pas à de telles Installations,
Cependant, il n'est pas dans l'espèce
d'obstacles insurmontables. Avec dft
l'argent, en effet, l'on triomphe de bien
des choses, et, ici, l'argent peut faire
des merveilles. Puisse-t-il donc être
accordé en quantité suffisante et rapi-
dement.
Mais, ce n'est pas tout que de s'occu-
per des malades, il convient encore de
songer à ceux qui les soignent, surtout
quand ceux-ci sont exposés à tout ins-
tant à contracter eux-mêmes le mal
terrible.
La commission n'a eu garde de man-
quer à ce devoir, et. de même que dans
son rapport elle indique minutieuse-
ment toute la part qui revient aux ma-
lades hospitalisés eux-mêmes dans la
conservation des bonnes condition?
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.36%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.36%.
- Auteurs similaires Leclercq Jules Leclercq Jules /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Leclercq Jules" or dc.contributor adj "Leclercq Jules")
-
-
Page
chiffre de pagination vue 1/4
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k75644909/f1.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k75644909/f1.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k75644909/f1.image
- Mise en scène Mise en scène ×
Mise en scène
Créer facilement :
- Marque-page Marque-page https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/bookmark/ark:/12148/bpt6k75644909/f1.image ×
Gérer son espace personnel
Ajouter ce document
Ajouter/Voir ses marque-pages
Mes sélections ()Titre - Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k75644909
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k75644909
- Signalement d'anomalie Signalement d'anomalie https://sindbadbnf.libanswers.com/widget_standalone.php?la_widget_id=7142
- Aide Aide https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/aide/ark:/12148/bpt6k75644909/f1.image × Aide
Facebook
Twitter
Pinterest