Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1896-08-15
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 15 août 1896 15 août 1896
Description : 1896/08/15 (N9654). 1896/08/15 (N9654).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7564477f
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/05/2013
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PARIS ET D£WE"ii'EÑ-T'a'.
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AUX BUREAUX DU JOURNAL
131, rue Montmartre, 131
tchez MM. LAGRANGE, CERF 4 Cm
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De 4 à 8 heures du soir et de 10 heure. du soir à 1 heure du matin
Wo 9654. — Samedi 15 Août 1896
29 THERMIDOR AN 104
ADMINISTRATION: 131» rue Montmartre, 13)
Adresser lettres et mandats à VAdministraXeut
Nous commencerons dimanche pro-
chain, dans. notre feuilleton de la
deuxième page, la publication de
L'AFFAIRE DE LA RUE MARKOS
PAR
ÉDOUARD GACHOT
Dans ce roman parisien, écrit spé-
cialement pour nous, Edouard Ga-
chot, l'auteur de tant d'ouvrages po-
pulaires, nous guide à travers les pé-
ripéties d'une action émouvante, di-
sons même violente. Il nous fait con-
naître les dessous singulièrement
inattendus d'un crime qui fut grande-
ment célèbre et sur lequel, malgré les
efforts de la police, la nuit la plus
épaisse s'est appesantie.
L'AFFAIRE DE LA RUE MARKOS
sera suivie avec passion par tous ceux
qui aiment les émotions fortes.
NOS LEADERS
les DisEOUKju général
Vous êtes assis à la terrasse d'un
café ; c'est l'heure, chantée par les
poètes, où sur Paris flottent les par-
fums verts; le soleil, près de descen-
dre de l'autre côté des maisons, là-bas,
fait flamber le boulevard ; et devant
vos regards paresseux, sur l'asphalte,
au milieu de la cohue allante et
venante, affairée, les camelots, gê-
nants, bousculés et paisibles, traînent
leurs lourdes semelles et glapissent.
L'un, grave, souffle dans un œuf
blanc d'où sort, avec un bruit aigu, un
coq surtout vert; un autre fait évoluer
sous votre nez, d'un pouce agile et sou-
vent humecté, les pages de l'album du
nu au Salon ; un autre vous tend un
bouquet de roses et, de l'autre main,
ramasse le mégot gisant à vos pieds;
an autre offre de la musique ; un autre
exhibe une petite bonne femme en
chemise penchée au-dessus d'un vase
à profil nocturne ; un autre — l'esprit
français a des délicatesses exquises,
vraiment ! — fait tourner et retour-
ner entre ses doigts une petite plan-
chette en carton : « Demandez le mot
le Cambronne à Waterloo!. — Et
ouis, voilà que parmi le brouhaha
ionfus de toutes ces voix plutôt érail-
iées en général qu'harmonieuses, vos
)reilles remarquent un cri dont elles
n'avaient point l'habitude. Hein?
quoi? vous écoutez. Et ce camelot
montrant quelques minces brochures,
répète : — « Demandez les discours
du général Boulanger, dix centimes
au lieu d'un franc! »
***
L'effet produit est singulier. Bou-
langer'? Qui ça, Boulanger? A peine si
an se rappelle. Vous comprenez, c'est
û loin. Dix ans, depuis la fameuse re-
vue - fameuse alors — où le cheval
noir caracola devant la foule massée
à Longchamp. Dix ans ! Grande mor-
talis œvi spatiuml Long espace de vie
humaine ! Oh ! ce n'est pas que de-
puis lors, il se soit passé beaucoup de
choses ; mais enfin on a vécu; et ce
boulangisme, au fond, cela a-t-il été
autre chose qu'un feu de paille, jetant
une très brusque, très vive lueur, tout
de suite dressée, tout de suite éteinte ?
Puis il y a eu un éparpillement d'étin-
celles ; puis le vent a dispersé les cen-
dres refroidies. Puis rien. Qui se sou-
vient aujourd'hui du pauvre homme
que l'on trouva, un beau matin,
tempe trouée, couché sur une tombe?
Un hasard, croyez-Ip) cette appari-
tion en plein boulevard de ces « dis-
cours ». Quelque libraire en aura, en
faisant [déblayer un arrière-magasin,
retrouvé un stock. L'idée lui est venue
de voir s'il n'y aurait pas moyen d'en
écouler un peu ; en baissant fortement
le prix, dix centimes, au lieu de vingt
sous ; ce n'est pas cher.
Dire que cela a été imprimé, broché
pour les besoins de la propagande ; il
fallait envoyer la bonne parole dans
tous les coins de la France ; une partie
des trois millions de la duchesse y a
passé. Maintenant cela se vend pres-
que au poids du papier ; les bouquinis-
tes des quais n'en voudraient pas dans
leurs boîtes; et le monsieur assis à la
terrasse d'un café sur le boulevard et
à qui l'on propose de se rendre acqué-
reur, moyennant la somme de 10 cen-
times, d'un exemplaire des œuvres
oratoires du général Boulanger, se dit
d'abord: « — Tiens! mais il a donc
fait des discours !. »
:4\t..
Ah! la gloire! Ils ont pourtant eu
quelque retentissement ces discours.
Oh! il est permis de croire que le gé-
néral ne les avait point faits lui-même,
pas tout seul , en tout cas ; et la colla-
boration de M. Georges Laguerre,
comme celle de M. Alfred Naquet ont
toujours paru plus que vraisembla-
bles; mais enfin il les lisait, lui, le gé-
néral, à la tribune, à la Chambre, et
ainsi, il les faisait siens.
Voyons, cherchez dans vos souve-
nirs; vous vous tes rappeiez, ces dis-
cours : l'un, sur la revision, auquel
Charles Floquet répondit par la phrase
restée légendaire : « — A votre âge,
Napoléon était mort !. — L'autre, ce-
lui sur la dissolution, à la suite duquel
se produisit le violent incident qui
amena le duel où Boulanger, un peu
plus, était tué par Floquet. Non, cer-
tes, ils ne passèrent pas inaperçus, ces
discours. Peut-être — je n'ai pas eu ta
curiosité d'acheter la brochure cotée
aujourd'hui dix centimes au lieu d'un
franc — peut-être a-t-on ajouté à
cette brochure, pour la corser, d'au-
tres discours; mais ces deux-là valent
seuls d'être cités, étant seuls caracté-
ristiques.
#*#
Et tout à l'heuro, quand je parlais
de l'oubli profond dans lequel est
tombé ce qui fut le boulangisme, cette
phrase est venue sous ma plume : « Ce
c'est pas que depuis il se soit passé
beaucoup de choses!. » Non, assu-
ment; je dirai même qu'il ne s'en est
pas passé suffisamment, que nous
sommes, après ce long espace de dix
ans, restés beaucoup trop semblables
à ce que nous étions alors.
Il est certain que si le général Bou-
langer a joui pendant un instant
d'une immense popularité et recruté
par centaine de milliers les adhérents,
ce n'a point été à cause de sa person-
nalité, des capacités particulières dont
il avait donné la mesure, des services
qu'il avait rendus, des espérances que
l'on pouvait légitimement fonder sur
lui. Au demeurant, c'était le plus or-
dinaire, le plus quelconque des hom-
mes, ce général. Mais il dut aux cir-
constances de pouvoir être le porte-
drapeau des mécontents, et beaucoup
se groupèrent autour de lui de ceux
qui pensent que la République actuelle
n'a pas encore tenu — il s'en faut! —
toutes ses promesses, et qu'il y a en-
core pas mal de choses à faire pour
que cette République-là soit vraiment
la République.
Or, je ne crois pas que le nombre de
ces mécontents, de ces impatients, de
ces désillusionnés, ait beaucoup di-
minué, parce que je ne vois pas ce
qu'on a fait pour amener ce résultat.
Et je dis, constatant que, depuis dix
ans, il n'y n eu, surtout dans l'ordre
économique, dans l'ordre social, au-
cune réforme sérieuse effectuée, au-
cun progrès vrai réalisé, que l'exhu-
mation des discours du général Bou-
langer peut ne pas être inutile. C'est,
ma foi ! réel, nous l'avions tout à fait
oubliée, cette navrante et humiliante
aventure boulangiste dans laquelle
faillit sombrer la République; merci
au camelot qui, en venant nous offrir
à dix centimes au lieu d'un franc la
collection des œuvres oratoires du gé-
néral Boulanger, nous force à nous
demander à nous-mêmes ce qui a été
fait, ce que nous avons fait, pour ren-
dre impossible, en France, le retour
des boulangismes.
LUCIEN VICTOR-MBUNIER
Nous publierons demain un article
de M. Camille Pelletan
Mort de M. de Cazenove de Pradine
M. de Cazenove de Pradine a succombé
hier matin, au Poulinguen, aux suites d'une
cruelle maladie dont il souffrait depuis de
longues années.
Le royalisme intransigeant perd en lui
l'un de ses derniers représentants, la France
un très brave soldat, et les républicains
l'un de leurs adversaires le;s plus loyaux.
Né à Marmandc, le 31 décembre 1838,
d'une vieille famille légitimiste, M. de Caze-
nove de Pradine avait épousé de bonne
heure la cause des siens et n'avait pas tardé
à devenir le secrétaire et l'ami du comte de
Chambord.
En 1870, il prit part avec le corps de Cha-
rette à la lutte inégale entreprise par l'ar-
mée de la Loire contre l'Allemagne victo-
rieuse, et le 2 décembre, au combat de
Villepion, où les petits-fils des émigrés de
1792 surent si bien faire leur devoir à
l'ombre du drapeau tricolore, il reçut une
terrible blessure dont il ne se guérit qu'a-
près avoir été amputé du bras droit.
Envoyé à l'Assemblée nationale par le dé-
partement du Lot-et-Garonne, il s'y fit tout
de suite remarquer par son zèle monarchiste
et sa foi religieuse.
Nul ne réclama avec plus d'insistance
l'érection du Sacré-Cœur, nul ne mit plus
d'ardeur à défendre les droits de son prince.
Mais nul aussi ne fut plus loyal, plus franc,
plus sincère.
Battu à Agen en 1876, M. de Cazenove do
Pradine avait été renvoyé au Parlement, en
1884, par la dernière circonscription d0
Nantes et n'avait cess j depuis d'être réélu à
Nantes et n'avait cess l
tous les scrutins.
Son caractère et son histoire tiennent tout
entiers dans cette brève allocution qu'il pro-
nonça le 29 juin 1889 au cours d'une discus-
sion où M. Pichon venait de demander que
la Chambre livrât au mépris public les pro-
cédés de discussion des adversaires de la
République, qui ne reculaient pas môme
devant la publication de documents faux :
- Je suis, dit-il, un adversaire de la Ré-
publique. Js suis son adversaire déclaré; je
l'étais hier, je le suis aujourd'hui, je le serai
demain; mais je n'ai pas besoin de le dire,
je serai toujours un adversaire loyal, et je
ne la combattrai jamais qu'à ciel ouvert,
loyalement, en royaliste, cIj catholique, au
nom de mes principes et sous mon dra-
peau.
M. de Cazenove de Pradine fut ce jour-là
salué par les applaudissements de tous les
républicains.
Il leur est permis de s'en souvenir et de
saluer aujourd'hui son cercueil.
- — — — '■ ■■ ■ - -■ ■"
LE OAMP D'ELSENBORN
Le correspondant du Petit Bleu, de Bruxel-
les, au camp allemand d'Elsenborn, expose
en ces termes l'impression des officiers
belges arrivés au camp :
Pourquoi, se sont demandés ces officwrs,
ce camp immense, qui peut donner l'hospi-
talité à des centaines de mille hommes, et
qui ne reçoit successivement qu'une brigade
ou une division au plus? Une brigade ou
une division s'en va vite ailleurs pour faire
placf à une autre. Si c'est uniquement un
champ de manœuvres, une écala d'exercices,
c'est bien colossal pour une si modeste des-
tination. -
Le camp d'Elsenborn est relié directement
à Cologne et à Aix-la-Chapelle par un train
qui peut amener à volonté un nombre
énorme de soldats, mais cela s'arrête là
comme au bout d'une impasse. Du côté de
la Belgique, pas de communication, pas de
route suffisante pour de grands passages
d'hommes. La montée des canons serait
presque impraticable sur les routes de Fran-
corchamp et de Stavelot. Quant à l'autre
route à travers les Hautes-Fagnes, les diffi-
cultés seraient plus grandes encore et le tra-
jet encore plus long. 11 est vrai que Bona-
parte a franchi les Alpes et à une époque où
la science militaire n'avait pas fait les pro-
grès d'aujourd'hui.
LES ON-DIT
CARNET QUO riQIEN :
Les courses : A Roy an.
— Pour déménager le 8 octobre prochain,'
donner congé aujourd'hui avant midi.
— Durée du jour : 15 h, 36 m.
CHEZ NOUS
.v.M. Félix Faure, qui rentre à Paris
ce matin, à six heures, en repartira à une
heure quarante-cinq de l'après-midi, après
avoir présidé le conseil des ministres, pour
aller à Rouen, où l'accompagneront MM.
Méline et Barthou.
M. Méline ira ensuite à Remiremont
présider la distribution des récompenses
du comice agricole. Puis il se rendra à
Epinal pour assister aux séances du conseil
général des Vosges. De là il ira prendre
quelques jours de repos à Luxeuil.
M. Barthou rentrera à Paris demain dans
la journée.
L'Académie française, dans sa
séance d'hier, que présidait le célèbre M.
Thureau-Dangin, a accepté le legs Juteau-
Duvigneaux, qui consiste en une somme
de cent mille francs dont les revenus se-
ront employés à récompenser des ouvra-
ges de morale.
-- Le Stamboul, courrier du Dahomey,
est arrivé hier soir, à quatre heures et de-
mie à Marseille. ,
Ce navire ramène les restes mortels du
colonel Bonnier, du commandant Hugueny
des capitaines Regard, Tassard, Sentarric,
des lieutenants Garnier et Bouveret, du
docteur Grall, du vétérinaire Lenoir, des
sous-officiers Etesse et Gabriel, massacrés
à Tacouba par les Touareg, te 15 janvier
1894.
Il apporte également les restes du capi-
taine Lespiau, fils du général de ce nom,
mort à Diebe en 1893.
Les corps des victimes de Tombouctou
seront transportés à la chapelle du Frioul,
en attendant l'inauguration du monument
qui aura lieu au cimetière Saint-Pierre, au
mois d'octobre.
Le château et le parc de la Malmai-
son dont nous annoncions ces jours-ci la
mise en vente aux enchères viennent d'ê-
tre adjugés à M.Osiris, moyennant 132,000
francs.
-—— On annonce la mort de notre con-
frère Achille Oz/nne, rédacteur à la Répu-
blique française. Il avait quarante-neuf ans
à peine ; c'était le neveu de Potel, de la
maison illustre Potel et Chabot.
La cuisine était d'ailleurs une des spécia-
lités d'Achille Ozanne. Il avait publié un
livre de vers, les Poésies Gourmandes, qui
furent très remarquées en leur temps, et
passait à Fontainebleau où il habitait, pour
un des meilleurs chefs de France et de
Navarrel
- M. Louis Montégut, l'érudit peintre-
illustrateur, si apprécié dans le monde ar-
tiste, travaille en ce moment à un grand
ouvrage sur le costume historique qui lui
a été commandé par la direction des beaux-
arts.
Cette œuvre de reconstitution, dont
nous avons pu voir quelques spécimens, va
être appelée à un grand succès, lors de sa
prochaine exposition officielle,
-— Comme tous les ans, à pareille épo-
que, on a fêté hier l'anniversaire du dis-
pensaire Furtado-Heine, à Montrouge,
dans le bel établissement de la rue Delbet.
Il a été distribué aux enfants, par Mlle
Lérouville, la directrice, pour 4,510 fr. de
pièces de cinquante centimes ou d'un franc
toutes neuves sortant de la Monnaie.
Deux pleines voitures de fleurs, achetées
par des groupes d'enfants qui s'étaient co-
tisés, ont été portées au château de Mme
Furtado-Heine, à Roquencourt, le témoi-
gnage embaumé de la reconnaissance de
tout ce petit monde.
A L'ETRANGER
Les expéditions polaires :
Cependant que l'aéronaute Andrée ap-
pareille en ballon vers le pôle Nord, le
navigateur Nansen revient de ce même
pôle qu'il a atteint, paraît-il.
Frisjox Nansen, dont on a tant parlé, on
s'en souvient, voici quelques mois, em-
barqué le 20 juin 1894 sur un navire
construit d'après ses propres plans et nom-
mé le Fram, c'est-à-dire En avant, vient
en eftet de télégraphier de Vardoë au Ver-
densçang de Christiania, qu'il est rentré
dans ses foyers après avoir heureusement
accompli son expédition.
Attendons-nous à un exceptionnel jour-
nal de voyage. ,-
'-' Une bonne leçon :
Le journal italien YOpinione annonce
que le maître d'armes Greco, l'illustris-
sime signor Agesilao Greco, est suspendu
de sa charge auprès de l'école magistrale
d'escrime de Rome, « à cause de l'incorrec-
tion de son attitude dans plusieurs assauts
avec les professeurs français ».
Cette mesure sévère a été provoquée par
le récent échange de lettres entre Agesilao
Greco et notre compatriote, M. Chevillard,
correspondance qui avait beaucoup ému,
ces temps derniers, le monde de l'épée et
du fleuret.
——- Le peintre anglais sir John Millais
est mort, hier, à Londres, dans l'après-
midi.
-.—- L humour anglais :
Hier matin, Li-Hung-Tchang qui fait en
ce moment comme on sait le tour de
Londres comme il a fait celui de Paris, s'é-
tait embarqué sur le quai de Westminster
pour une promenade sur la Tamise.
Par une délicate attention, on lui a fait,
admirer le cuirassé japonais Fuji.
En vérité, on n'est pas plus aimable. Et
la vue d'un cuirassé japonais n'a pu man-
quer d'être fort agréable au cœur patrioti-
que du Chinois voyageur.
Le Passant.
LËBTifiDESÎilLLE COLONNES
Bagarres et bousculades
Le comité de l'Union nationale et les
groupes de la Jeunesse catholique avaient
organisé hier soir un meeting, salle des
Mille Colonnes, pour protester contre la
manifestation de libre pensée organisée à
la statua d'Etienne Dolet.
Les socialistes étaient venus en aussi
grand nombre que les membres du comité
de l'Union Nationale.
Avant le commencement de la réunion
les assistants se montrent séparés en deux
camps, pendant que les uns crient : Vive la
Patrie! Vive la France! les autres chantent
la Carmagnole et crient : Vive la sociale !
Bientôt les socialistes envahissent la tri-
bune du côté droit et les catholiques mon-
tent du côté gauche.
C'est au milieu de cris que l'on constitue
le bureau : M. Delurier prend la présidence,
assisté de MM. Marteiet et iréîaut.
A neuf heures et demie, l'abbé Garnier,
qui entre, est accueilli par une bordée de
coups de sifflets poussés par les socialistes
et acclamé par les catholiques.
Quelques assistants veulent empêcher
l'abbé Garnier d'arriver à la tribune et le
repoussent assez violemment. Une bagarre
se'produit et deux ou trois manifestants
sont blessés peu grièvement d'ailleurs.
L'abbé Garnier fait le tour de la salle et sui-
vant les bas côtés arrive à la tribune. Son
apparition soulève de nouveau des siffleis
et des acclamations. On crie : A bas la ca-
lottel Vive l'abbé Garnier:
Quand il essaie de parler, des cris de :
« Vive Etienne Dolet 1 » se font entendre.
A travers les phrases qu'il lance, on en-
tend ou on croit entendre celle-ci : « ELienne
Dolet était un assassin. »
A ce moment, la tribune du côté droit est
envahie. Mme Paule Minck se place devant
l'abbé Garnier et prononce quelques paro-
les.
Tout à coup une violente mêlée se produit
dans les environs du bureau. La table du
président est renversée ; les verres, les ca-
rafes et les chaises servent de projectiles.
De nombreux coups de canne et de poings
sont échangés. Les tables même sont lan-
cées sur les assistants.
Des membres de la presse qui se trou-
vaient sur l'estrade, sont renversés et foulés
aux pieds.
Dans la salle de nouvelles bagarres ont
lieu, le vacarme continue ainsi pendant au
moins une heure.
L'abbé Garnier est arraché de la tribune.
Accompagné de quelques-uns de ses parti-
sans, il se retire au fond de la salle où il est
accueilli par des cris nombreux de : Cons-
puez Garnier! Conspuez les curés' Il est
fortement bousculé, ainsi que quelques prê-
tres qui l'accompagnent.
L'abbé Garnier s'écrie alors : « Nous pro-
testons contre la manifestation anti-patrio-
tique du 2 août. » Puis il crie : « Vive la
France ! vive la patrie' » Ces cris sont répé-
tés par ses amis.
Au milieu d'une bousculade et d'une ba-
garre violente, l'abbé Garnier et ses amis
sont poussés vers J'escalier.
L'abbé Garnier monte dans un fiacre fermé
et part.
Un service de police important avait été
organisé rue de la Gaité, sous la direction
de M. Bouvier, commissaire divisionnaire.
CONTRE LA VARIOLE
Le docteur Hervieux, directeur du service
de la vaccine et président de l'Académie do
médecine, vient d'adresser au ministre de
l'intérieur un rapport des plus intéressants
sur la variole, signalant les scandaleux dé-
sastres que peut amener en France l'inertie
administrative. Il signale surtout la mauvais
vouloir de la municipalité de Marseille qui
ne veut prendre aucune mesure pour endi-
guer l'épidémie toujours croissante et de
plus en plus mortelle alors que la variole
est maintenant facilement évitable et que
les décès qu'elle occasionne sont exclusive-
ment dus à l'inobservance des lois et des
règlements d'hygiène.
Marseille a pèrdu, de 1872 à 1896, 8,430 de
ses habitants, enlevés par une maladie qui,
depuis 1874, est presque inconnue en Alle-
magne et qui, à Paris même, ne cause plus
qu'un nombre insignifiant de décès.
Citons des chiffres. En 1894. une épidémie
se développe à Paris. Dans le premier se-
mestre, alors que l'on n'avait pu encore in-
tervenir, on compte 155 décès. Aussitôt, on
multiplie les vaccinations et revaccinations;
on rappelle aux médecins l'obligation de
déclarer les cas qui s'offrent à leur observa-
tion; on assure la désinfection des logis et
des hardes, et, dès le 2° semestre de l'année
1894, la mortalité par variole tombe à 11 dé-
cès. Durant toute l'année 1895, on ne compte
à Paris que 16 décès (tandis qu'à Marseille
on en relève 738) et, en 1896, jusqu'à ce
jour, on n'en compte à Paris que 2 ou 3 seu-
lement.
Durantlamôme période,à Marseille, où les
mesures prophylactiques sont insuffisantes
ou tardives, on signale les chiffres suivants :
1er semestre de 18§4, 32 victimes ; 2e semes-
tre, 115 ; année 1895: 1er semestre, 176 décès ;
2e semestre, 562. Total, 738 pour l'année;
année 1896 : 1er trimestre, 358 décès.
Ainsi à Marseille, la variole frappe inces-
samment, avec une intensité déso'ante et
une progression continue, la population tout
entière. En signalant au ministre de l'inté-
rieur ce scandale hygiénique, le docteur
Hervieux demande que l'on contraigne Ja
municipalité de Marseille à appliquer les lois
qui lui imposent l'obligation d'assurer la sa-
lubrité, de prévenir et d'arrêter les épidé-
mies et les maladies contagieuses.
A NOS LECTEURS
Nous rappelons à nos abonnés qu'ils
doivent joindre 60 centimes à toutes
leurs demandes de changements d'a-
dresses, ceci pour la confection de nou-
velles bandes.
CHER. BOURG
N'avait-il pas été question d'un arrêt,
d'une visite de M. Félix Faure à Cher-
bourg? En tout cas, on semble s'être re-
mis vite, ici, de cette alerte, et si la ville
s'est un instant émue à l'espoir d'un
pareil événement, aujourd'hui il ri y pa-
raît plus. La place d'Armes est tranquille
comme la place Divette. Pas une ride sur
la mer. Les mouettes jouent à l'entrée
du port. Quelques voiliers pacifiques
sortent des bassins. Deux petits navires
de guérir e, l'un blanc et l'autre noir,
gardent seuls la rade déserte. Les autres
sont allés faire escorte au président de
la République. Bon vent !
fai donc trouvé Cherbourg à peu près
calme. Dît reste, tout paraît calme à qui
vient de Paris. La tête est pleine de ru-
meurs que l'on écoute encore. Les oreilles
bourdonnent comme ces coquilles où
bruit la mer. Un silence écrasant vous
enveloppe. Le cerveau en est comprimé.
Il y a un temps d'arrêt dans la pensée.
On s'attend a quelque brusque éclat, à
je ne sais quel coup de pouce qui la re-
mette en branle. Soit dit sans vanité, on
se trouve un peu bête. Leconte de Lisle
me disait un jour qu'il n'avait jamais
pu écrire un vers hors de Paris ; en le
quittant il y laissait sa lyre, d'autres
diraient son luth. C'est un état par lequel
chacun de nous a passé, que tout le monde
connaît plus ou moins. Il faut du temps
pour en sortir, pour se secouer, pour se
remettre l'œil au point, pour voir les
objets tels qu'ils sont, sous leur vrai
jour. Tout semble d'abord si petit, si
étroit, si veule, les maisons, les rues! On
ne cause pas, on dnonne, on ne marche
pas, on se traîne.
Ce matin, j'ai parcouru la ville et,
cette après-midi, 'le port militaire. Un
jour suffit pour voir le tout, quand on
n'est pas trop curieux. Au reste, en fait
de curiosités artistiques, Cherbourg est
assez pauvre. Ce n'est pas à lui, assuré-
ment, que pensait Victor Hugo quand sa
plume dessinait cette merveilleuse rêverie
audessous de laquelle il a écrit: Villes nor-
mandes. Rouen, Caen, Bayeux, Cou-
tances, avec leurs pignons aigüs, leurs
toits à girotyettes, leurs clochetons, leurs
flèches, leurs basiliques devaient alors
hanter son œil visionnaire. Ici, rien de
pareil. Cherbourg, bien que trés vieux
— Cœsaris burgus, bourg de César — a
tout l'aspect d'une ville moderne. Aucun
édifice ancien — donjon ou cathédrale
— n'y fait planer au-dessus des toits
uniformes et blafards la grandeur mé-
lancolique du passé. Un buste en bronze,
celui du colonel de Bricqueville, par
David d'Angers; une statue équestre,
celle de Napoléon 1er, par Armand Le
Véel ; un pavillon dans le goût de la Re-
naissance, le théâtre, avec des cariatides
de Gautherin, des figures de Lefèvre et
des peintures de Clairin — plus un mo-
nurnent érigé à la gloire de J.-F. Millet
dans un coin du jardin public, par
Chapu, sont les seuls morceaux d'art qui
décorent la ville. Après cela, on peut
contempler la montagne du Roule ou
déambuler tout à son aise le long des
quais. Les étrangers y sont rares. Cher-
bourg ri est pas une ville d'eaux. Il y a
toutefois un casino. Je n'y suis point
allé, n'ayant aucun goût pour ces sortes
d'établissements. Etpuis, il est au diable,
de l'autre côté du Pont-Tournant, au
bord d'une plage à coups de soleil, et je
tenais à ménager ma tête et mes jambes
pour visiter le Grand-Port.
Je m'y suis rendu pédestrement, après
déjeuner, en suivant, sous une allée d'or-
mes, la longue rue de VAbbaye. Il est
situé à l'ouest delà ville, à la pointe d'un
étroit promontoire, qu'un large fossé, où
monte la marée, isole de la terre ferme.
Des ouvrages de défense, épaulés de for-
tes murailles, le protègent de tous côtés.
C'est une forteresse en même temps
qu'un arsenal. n faut une permission
spéciale pour y pénétrer.
Dès que j'eus la mienne en poche, un
guide se présenta pour m'accompagner
d'office. C'était.un petit soldat d'infante-
rie de marine. Je m'en serris bien passé,
aimant assez, par nature, à aller seul.
Mais je craignais de le blesser en le ren-
voyant et, de fait, ç'eût été dommage,
car il était vraiment gentil, le Képi sur
l'oreille, l'ancre rouge au collet de sa
tunique, la figure ouverte, l'œil vif, la
moustache comme un épi d'orge.
— Que vous désirez visiter l'arsenal ?
me dit-il.
Et tous les deux de compagnie, le chef
du poste consentant, nous entrâmes dans
le Grand-Port.,
Une vaste enceinte pavée, sèvère,
creusée de formes, de bassins, hérissée
de mdts, rayee de vergues. Des ateliers,
des cales, des chantiers en pleine acti-
vité. Un vacarme assourdissant de mail-
lets, de marteaux, de sifflets déchirant
l'air blanchi de jets de vapeur, assombri
de fumées. En face, au-dessus des fortP
fications, s étend la rade qu'une digue-
longue d'une lieue abrite contre les ilôts
du large, et, tout au fond, se hausse la'
citadelle de Vile Pelée dont les lignes
geomêtrales coupent, à - angle droit les
lignes idéales de la mer.
En fait de constructions navales se
trouvent présentement en chantier deu&
contre-torpilleurs, le Dunois et le La-
hire. Deux croiseurs de 2e classe, le Du
Chayla ei le Cassard, récemment mis a,
flot, sont en achévement dans le port,
ainsi que le contre-torpilleur Fleurus et
le navire sous-marin le Morse. D'autres
vaisseaux, le Furieux, garde-côte cui-
rassé, le Cocyte, canonnière cuirassée,
la Mouette, aviso de 21 classe, mis à sec
dans les « f ormes », y subissent d'impor-
tantes. réparations.
Ces navires sont des monstres. Aucune
description ne saurait communiquer l'ef-
fet que produit leur aspect. Ils sont
comme enveloppés d'épouvante. Caché
dans leur carapace, le courage reste
sans objet. Avec ces lourdes machines
de guerre, obéissant à la vapeur, à l'é-
lectricité, d'une complication à ce point
inquiétante que le moindre accident en
arrête le jeu, la science nautique semble
devenue à peu près inutile. Un combat
naval ne peut plus être qu'un foudroyant
duel d'artillerie où l'é le
blessé. La victoire, apparernment, sera
pour les gros projectiles et les cuirasses
les plus épaisses, les plus résistantes.
Encore faudrait-il veiller à la conserva-
tion de ces monstres dont le goût de bri-
ser leur propre mécanisme et de se met-
tre à la côte paraît très accentué.
Comme dernières nouvelles, j'apprends
que le Pothuau, croiseur de 4™ classe, et
le Catinat, croiseur de 2° classe, con-
struits au Havre, doivent venir complè-
ter leur armement à Cherbourg; on at-r
tend le premier de jour en jour. Enfin
- complément de renseignements — on
vient d'adjuger les travaux d'allonge-
ment de la forme n° 6 pour la mettre en
état de recevoir des bâtiments de 180
mètres de longueur et les travaux de
transformation d'une des cales couver-
tes en vue de la mise en chantier d'un
cuirassé garde-côtes. -
CHARLES FRÉMINE.
•—llj "■ -J
LE CRIME DE LA RUE DES ARCHIVES
Hier soir, à neuf heures et demie, M. Ha-
mard, sous-chef de la sûreté a fait procéder
à la vidange de la fo,se d'aisance de la mai-
son, 87, rue des Archives, où le meurtre de
Mme! Vaillant a été perpétré.
Cette mesure a été prise à la suite de dé-
clarations ces locataires, qui ont constaté
que la cuvette des cabinets de l'étage fonc-
tionnait très bien le jour du crime et que le
soir elle ne fonctionnait plus..
On suppose que Pélissier a dû jeter des
linges ensanglantés dans les cabinets.]
Divisions socialistes .;
Le congrès international qui s'est tenu
dernièrement à Londres a amené, on le sait,
une division dans les rang des socialistes
français.
Les uns, comme MM. Millerand, Jaurès,
Jules Guesde, Viviani, Gérault-Richard, etc.,
entendait nt exclure du congrès tous les dé-
légués d'opinion anarchiste qui avaient été
mandatés par des syndicats. Les autres,
comme MM. Vaillant, Sembat, Turot, Gué-
rard, etc., soutenaient, au contraire, qu'on
devait admettre sans distinction tous les
représentants des groupements ouvriers.
La lutte circonscrite entre les collecti
vistes dune part et les blanquistes et les
allemanistes de l'autre, n'a pas encore pris
fin.
Voici, en effet, le manifeste que ces der-
niers, qui formaient la majorité des délé-
gués français, viennent d'adresser aux tra-
vailleurs :
« Camarades,
» La presse ayant parlé à tort et à travers
du congrès de Loudres, la délégation régu<
lière française a jugé nécessaire de rétablii
les faits et de vous rendre un compte exact
des incidents du congrès.
» A cet effet, eile a organisé une réunioi
qui aura lieu vendredi 14 août, à huit heure<
et demie du soir, dans la grande salle de le
Bourse du travail, 3, rue du Château-d'Eait
» Elle a désigné les citoyens suivants poui
prendre la parole en son nom, en leur qua*
lité d'ex-membres des commissions du cô'Îl<
grès :
- » Allemane, question agraire ; VaillanÇ
action politique ; Guérard, Lavaud, actioï
économique ; Boicervoise, guerre et arbl
traga ; Argyriadès, éducation physique f
Kcüfer, organisation du prolétariat interna1-
tional ; Dalle, questions diverses.
» En outre, le citoyen Sembat est chargé
de faire l'historique des faits qui se sont
passés au sein de la délégation française. »
A la suite de l'apparition de ce manifeste,
un de nos confrères du Matin qui avait été
interviewer M. VaIllant, publiait hier la note
suivante :
« Comme première conséquence de la scis-
sion entre sociaiiates, M. Vaillant a cessé
sa collaboration à la Petite République, qui
est dirigée par M. Millerand et administrée
par le parti guesdiste. On prévoit également
que les députés blanquistes, MM. Vaillant,
CLauvière, Bonnard et Marcel Sembat,
quitteront le groupe d'union socialiste de la
Chambre pour former un groupe indépen-
dant, dans lequel viendraient prendre place
les trois députés allemanistes, MM. Faberot,
Renou et Toussaint et les deux députés aile*
manistes dissidents, MM. Groussier et De-
jeante.
» On annonce, enfin, l'apparition pro-
chaine d'un journal socialiste hebdomadaire,
la Carmagnole, qui sera dirigé par M. Henri
Turot. »
Cette nouvelle qui n'avait pas été sans
causer quelque bruit dans les milieux socia-
listes, a été dès hier soii démentie par notre
confrère de la Petite République, M. Lejeune,
dans les termes que voici :
« il est absolument inexact que MM. Vail-
lant, Sembat et Turot, pour sanctionner la
scission de Londres, quittent la Petite Répu-
blique. Ils n'ont jamais eu l'intention dl
cesser leur collaboration.
PARIS ET D£WE"ii'EÑ-T'a'.
Ïï N"um-eo; CTïTO CENf iMEs:
A 'm
WWW W |WW V^lir^ p4V ¥ l0l'l®rti /M-WM S__S_8_®_
- C i tJLI.J» tOtli& i j J ji Ë fi
ANNONCES
AUX BUREAUX DU JOURNAL
131, rue Montmartre, 131
tchez MM. LAGRANGE, CERF 4 Cm
6, place de la Bourse, 6.
adresse télégraphique : XIX' SIÈCL3 - PARIS
ABONNEIMEVTS
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RtDACTION: 131, rue Montmartre, 131
De 4 à 8 heures du soir et de 10 heure. du soir à 1 heure du matin
Wo 9654. — Samedi 15 Août 1896
29 THERMIDOR AN 104
ADMINISTRATION: 131» rue Montmartre, 13)
Adresser lettres et mandats à VAdministraXeut
Nous commencerons dimanche pro-
chain, dans. notre feuilleton de la
deuxième page, la publication de
L'AFFAIRE DE LA RUE MARKOS
PAR
ÉDOUARD GACHOT
Dans ce roman parisien, écrit spé-
cialement pour nous, Edouard Ga-
chot, l'auteur de tant d'ouvrages po-
pulaires, nous guide à travers les pé-
ripéties d'une action émouvante, di-
sons même violente. Il nous fait con-
naître les dessous singulièrement
inattendus d'un crime qui fut grande-
ment célèbre et sur lequel, malgré les
efforts de la police, la nuit la plus
épaisse s'est appesantie.
L'AFFAIRE DE LA RUE MARKOS
sera suivie avec passion par tous ceux
qui aiment les émotions fortes.
NOS LEADERS
les DisEOUKju général
Vous êtes assis à la terrasse d'un
café ; c'est l'heure, chantée par les
poètes, où sur Paris flottent les par-
fums verts; le soleil, près de descen-
dre de l'autre côté des maisons, là-bas,
fait flamber le boulevard ; et devant
vos regards paresseux, sur l'asphalte,
au milieu de la cohue allante et
venante, affairée, les camelots, gê-
nants, bousculés et paisibles, traînent
leurs lourdes semelles et glapissent.
L'un, grave, souffle dans un œuf
blanc d'où sort, avec un bruit aigu, un
coq surtout vert; un autre fait évoluer
sous votre nez, d'un pouce agile et sou-
vent humecté, les pages de l'album du
nu au Salon ; un autre vous tend un
bouquet de roses et, de l'autre main,
ramasse le mégot gisant à vos pieds;
an autre offre de la musique ; un autre
exhibe une petite bonne femme en
chemise penchée au-dessus d'un vase
à profil nocturne ; un autre — l'esprit
français a des délicatesses exquises,
vraiment ! — fait tourner et retour-
ner entre ses doigts une petite plan-
chette en carton : « Demandez le mot
le Cambronne à Waterloo!. — Et
ouis, voilà que parmi le brouhaha
ionfus de toutes ces voix plutôt érail-
iées en général qu'harmonieuses, vos
)reilles remarquent un cri dont elles
n'avaient point l'habitude. Hein?
quoi? vous écoutez. Et ce camelot
montrant quelques minces brochures,
répète : — « Demandez les discours
du général Boulanger, dix centimes
au lieu d'un franc! »
***
L'effet produit est singulier. Bou-
langer'? Qui ça, Boulanger? A peine si
an se rappelle. Vous comprenez, c'est
û loin. Dix ans, depuis la fameuse re-
vue - fameuse alors — où le cheval
noir caracola devant la foule massée
à Longchamp. Dix ans ! Grande mor-
talis œvi spatiuml Long espace de vie
humaine ! Oh ! ce n'est pas que de-
puis lors, il se soit passé beaucoup de
choses ; mais enfin on a vécu; et ce
boulangisme, au fond, cela a-t-il été
autre chose qu'un feu de paille, jetant
une très brusque, très vive lueur, tout
de suite dressée, tout de suite éteinte ?
Puis il y a eu un éparpillement d'étin-
celles ; puis le vent a dispersé les cen-
dres refroidies. Puis rien. Qui se sou-
vient aujourd'hui du pauvre homme
que l'on trouva, un beau matin,
tempe trouée, couché sur une tombe?
Un hasard, croyez-Ip) cette appari-
tion en plein boulevard de ces « dis-
cours ». Quelque libraire en aura, en
faisant [déblayer un arrière-magasin,
retrouvé un stock. L'idée lui est venue
de voir s'il n'y aurait pas moyen d'en
écouler un peu ; en baissant fortement
le prix, dix centimes, au lieu de vingt
sous ; ce n'est pas cher.
Dire que cela a été imprimé, broché
pour les besoins de la propagande ; il
fallait envoyer la bonne parole dans
tous les coins de la France ; une partie
des trois millions de la duchesse y a
passé. Maintenant cela se vend pres-
que au poids du papier ; les bouquinis-
tes des quais n'en voudraient pas dans
leurs boîtes; et le monsieur assis à la
terrasse d'un café sur le boulevard et
à qui l'on propose de se rendre acqué-
reur, moyennant la somme de 10 cen-
times, d'un exemplaire des œuvres
oratoires du général Boulanger, se dit
d'abord: « — Tiens! mais il a donc
fait des discours !. »
:4\t..
Ah! la gloire! Ils ont pourtant eu
quelque retentissement ces discours.
Oh! il est permis de croire que le gé-
néral ne les avait point faits lui-même,
pas tout seul , en tout cas ; et la colla-
boration de M. Georges Laguerre,
comme celle de M. Alfred Naquet ont
toujours paru plus que vraisembla-
bles; mais enfin il les lisait, lui, le gé-
néral, à la tribune, à la Chambre, et
ainsi, il les faisait siens.
Voyons, cherchez dans vos souve-
nirs; vous vous tes rappeiez, ces dis-
cours : l'un, sur la revision, auquel
Charles Floquet répondit par la phrase
restée légendaire : « — A votre âge,
Napoléon était mort !. — L'autre, ce-
lui sur la dissolution, à la suite duquel
se produisit le violent incident qui
amena le duel où Boulanger, un peu
plus, était tué par Floquet. Non, cer-
tes, ils ne passèrent pas inaperçus, ces
discours. Peut-être — je n'ai pas eu ta
curiosité d'acheter la brochure cotée
aujourd'hui dix centimes au lieu d'un
franc — peut-être a-t-on ajouté à
cette brochure, pour la corser, d'au-
tres discours; mais ces deux-là valent
seuls d'être cités, étant seuls caracté-
ristiques.
#*#
Et tout à l'heuro, quand je parlais
de l'oubli profond dans lequel est
tombé ce qui fut le boulangisme, cette
phrase est venue sous ma plume : « Ce
c'est pas que depuis il se soit passé
beaucoup de choses!. » Non, assu-
ment; je dirai même qu'il ne s'en est
pas passé suffisamment, que nous
sommes, après ce long espace de dix
ans, restés beaucoup trop semblables
à ce que nous étions alors.
Il est certain que si le général Bou-
langer a joui pendant un instant
d'une immense popularité et recruté
par centaine de milliers les adhérents,
ce n'a point été à cause de sa person-
nalité, des capacités particulières dont
il avait donné la mesure, des services
qu'il avait rendus, des espérances que
l'on pouvait légitimement fonder sur
lui. Au demeurant, c'était le plus or-
dinaire, le plus quelconque des hom-
mes, ce général. Mais il dut aux cir-
constances de pouvoir être le porte-
drapeau des mécontents, et beaucoup
se groupèrent autour de lui de ceux
qui pensent que la République actuelle
n'a pas encore tenu — il s'en faut! —
toutes ses promesses, et qu'il y a en-
core pas mal de choses à faire pour
que cette République-là soit vraiment
la République.
Or, je ne crois pas que le nombre de
ces mécontents, de ces impatients, de
ces désillusionnés, ait beaucoup di-
minué, parce que je ne vois pas ce
qu'on a fait pour amener ce résultat.
Et je dis, constatant que, depuis dix
ans, il n'y n eu, surtout dans l'ordre
économique, dans l'ordre social, au-
cune réforme sérieuse effectuée, au-
cun progrès vrai réalisé, que l'exhu-
mation des discours du général Bou-
langer peut ne pas être inutile. C'est,
ma foi ! réel, nous l'avions tout à fait
oubliée, cette navrante et humiliante
aventure boulangiste dans laquelle
faillit sombrer la République; merci
au camelot qui, en venant nous offrir
à dix centimes au lieu d'un franc la
collection des œuvres oratoires du gé-
néral Boulanger, nous force à nous
demander à nous-mêmes ce qui a été
fait, ce que nous avons fait, pour ren-
dre impossible, en France, le retour
des boulangismes.
LUCIEN VICTOR-MBUNIER
Nous publierons demain un article
de M. Camille Pelletan
Mort de M. de Cazenove de Pradine
M. de Cazenove de Pradine a succombé
hier matin, au Poulinguen, aux suites d'une
cruelle maladie dont il souffrait depuis de
longues années.
Le royalisme intransigeant perd en lui
l'un de ses derniers représentants, la France
un très brave soldat, et les républicains
l'un de leurs adversaires le;s plus loyaux.
Né à Marmandc, le 31 décembre 1838,
d'une vieille famille légitimiste, M. de Caze-
nove de Pradine avait épousé de bonne
heure la cause des siens et n'avait pas tardé
à devenir le secrétaire et l'ami du comte de
Chambord.
En 1870, il prit part avec le corps de Cha-
rette à la lutte inégale entreprise par l'ar-
mée de la Loire contre l'Allemagne victo-
rieuse, et le 2 décembre, au combat de
Villepion, où les petits-fils des émigrés de
1792 surent si bien faire leur devoir à
l'ombre du drapeau tricolore, il reçut une
terrible blessure dont il ne se guérit qu'a-
près avoir été amputé du bras droit.
Envoyé à l'Assemblée nationale par le dé-
partement du Lot-et-Garonne, il s'y fit tout
de suite remarquer par son zèle monarchiste
et sa foi religieuse.
Nul ne réclama avec plus d'insistance
l'érection du Sacré-Cœur, nul ne mit plus
d'ardeur à défendre les droits de son prince.
Mais nul aussi ne fut plus loyal, plus franc,
plus sincère.
Battu à Agen en 1876, M. de Cazenove do
Pradine avait été renvoyé au Parlement, en
1884, par la dernière circonscription d0
Nantes et n'avait cess j depuis d'être réélu à
Nantes et n'avait cess l
tous les scrutins.
Son caractère et son histoire tiennent tout
entiers dans cette brève allocution qu'il pro-
nonça le 29 juin 1889 au cours d'une discus-
sion où M. Pichon venait de demander que
la Chambre livrât au mépris public les pro-
cédés de discussion des adversaires de la
République, qui ne reculaient pas môme
devant la publication de documents faux :
- Je suis, dit-il, un adversaire de la Ré-
publique. Js suis son adversaire déclaré; je
l'étais hier, je le suis aujourd'hui, je le serai
demain; mais je n'ai pas besoin de le dire,
je serai toujours un adversaire loyal, et je
ne la combattrai jamais qu'à ciel ouvert,
loyalement, en royaliste, cIj catholique, au
nom de mes principes et sous mon dra-
peau.
M. de Cazenove de Pradine fut ce jour-là
salué par les applaudissements de tous les
républicains.
Il leur est permis de s'en souvenir et de
saluer aujourd'hui son cercueil.
- — — — '■ ■■ ■ - -■ ■"
LE OAMP D'ELSENBORN
Le correspondant du Petit Bleu, de Bruxel-
les, au camp allemand d'Elsenborn, expose
en ces termes l'impression des officiers
belges arrivés au camp :
Pourquoi, se sont demandés ces officwrs,
ce camp immense, qui peut donner l'hospi-
talité à des centaines de mille hommes, et
qui ne reçoit successivement qu'une brigade
ou une division au plus? Une brigade ou
une division s'en va vite ailleurs pour faire
placf à une autre. Si c'est uniquement un
champ de manœuvres, une écala d'exercices,
c'est bien colossal pour une si modeste des-
tination. -
Le camp d'Elsenborn est relié directement
à Cologne et à Aix-la-Chapelle par un train
qui peut amener à volonté un nombre
énorme de soldats, mais cela s'arrête là
comme au bout d'une impasse. Du côté de
la Belgique, pas de communication, pas de
route suffisante pour de grands passages
d'hommes. La montée des canons serait
presque impraticable sur les routes de Fran-
corchamp et de Stavelot. Quant à l'autre
route à travers les Hautes-Fagnes, les diffi-
cultés seraient plus grandes encore et le tra-
jet encore plus long. 11 est vrai que Bona-
parte a franchi les Alpes et à une époque où
la science militaire n'avait pas fait les pro-
grès d'aujourd'hui.
LES ON-DIT
CARNET QUO riQIEN :
Les courses : A Roy an.
— Pour déménager le 8 octobre prochain,'
donner congé aujourd'hui avant midi.
— Durée du jour : 15 h, 36 m.
CHEZ NOUS
.v.M. Félix Faure, qui rentre à Paris
ce matin, à six heures, en repartira à une
heure quarante-cinq de l'après-midi, après
avoir présidé le conseil des ministres, pour
aller à Rouen, où l'accompagneront MM.
Méline et Barthou.
M. Méline ira ensuite à Remiremont
présider la distribution des récompenses
du comice agricole. Puis il se rendra à
Epinal pour assister aux séances du conseil
général des Vosges. De là il ira prendre
quelques jours de repos à Luxeuil.
M. Barthou rentrera à Paris demain dans
la journée.
L'Académie française, dans sa
séance d'hier, que présidait le célèbre M.
Thureau-Dangin, a accepté le legs Juteau-
Duvigneaux, qui consiste en une somme
de cent mille francs dont les revenus se-
ront employés à récompenser des ouvra-
ges de morale.
-- Le Stamboul, courrier du Dahomey,
est arrivé hier soir, à quatre heures et de-
mie à Marseille. ,
Ce navire ramène les restes mortels du
colonel Bonnier, du commandant Hugueny
des capitaines Regard, Tassard, Sentarric,
des lieutenants Garnier et Bouveret, du
docteur Grall, du vétérinaire Lenoir, des
sous-officiers Etesse et Gabriel, massacrés
à Tacouba par les Touareg, te 15 janvier
1894.
Il apporte également les restes du capi-
taine Lespiau, fils du général de ce nom,
mort à Diebe en 1893.
Les corps des victimes de Tombouctou
seront transportés à la chapelle du Frioul,
en attendant l'inauguration du monument
qui aura lieu au cimetière Saint-Pierre, au
mois d'octobre.
Le château et le parc de la Malmai-
son dont nous annoncions ces jours-ci la
mise en vente aux enchères viennent d'ê-
tre adjugés à M.Osiris, moyennant 132,000
francs.
-—— On annonce la mort de notre con-
frère Achille Oz/nne, rédacteur à la Répu-
blique française. Il avait quarante-neuf ans
à peine ; c'était le neveu de Potel, de la
maison illustre Potel et Chabot.
La cuisine était d'ailleurs une des spécia-
lités d'Achille Ozanne. Il avait publié un
livre de vers, les Poésies Gourmandes, qui
furent très remarquées en leur temps, et
passait à Fontainebleau où il habitait, pour
un des meilleurs chefs de France et de
Navarrel
- M. Louis Montégut, l'érudit peintre-
illustrateur, si apprécié dans le monde ar-
tiste, travaille en ce moment à un grand
ouvrage sur le costume historique qui lui
a été commandé par la direction des beaux-
arts.
Cette œuvre de reconstitution, dont
nous avons pu voir quelques spécimens, va
être appelée à un grand succès, lors de sa
prochaine exposition officielle,
-— Comme tous les ans, à pareille épo-
que, on a fêté hier l'anniversaire du dis-
pensaire Furtado-Heine, à Montrouge,
dans le bel établissement de la rue Delbet.
Il a été distribué aux enfants, par Mlle
Lérouville, la directrice, pour 4,510 fr. de
pièces de cinquante centimes ou d'un franc
toutes neuves sortant de la Monnaie.
Deux pleines voitures de fleurs, achetées
par des groupes d'enfants qui s'étaient co-
tisés, ont été portées au château de Mme
Furtado-Heine, à Roquencourt, le témoi-
gnage embaumé de la reconnaissance de
tout ce petit monde.
A L'ETRANGER
Les expéditions polaires :
Cependant que l'aéronaute Andrée ap-
pareille en ballon vers le pôle Nord, le
navigateur Nansen revient de ce même
pôle qu'il a atteint, paraît-il.
Frisjox Nansen, dont on a tant parlé, on
s'en souvient, voici quelques mois, em-
barqué le 20 juin 1894 sur un navire
construit d'après ses propres plans et nom-
mé le Fram, c'est-à-dire En avant, vient
en eftet de télégraphier de Vardoë au Ver-
densçang de Christiania, qu'il est rentré
dans ses foyers après avoir heureusement
accompli son expédition.
Attendons-nous à un exceptionnel jour-
nal de voyage. ,-
'-' Une bonne leçon :
Le journal italien YOpinione annonce
que le maître d'armes Greco, l'illustris-
sime signor Agesilao Greco, est suspendu
de sa charge auprès de l'école magistrale
d'escrime de Rome, « à cause de l'incorrec-
tion de son attitude dans plusieurs assauts
avec les professeurs français ».
Cette mesure sévère a été provoquée par
le récent échange de lettres entre Agesilao
Greco et notre compatriote, M. Chevillard,
correspondance qui avait beaucoup ému,
ces temps derniers, le monde de l'épée et
du fleuret.
——- Le peintre anglais sir John Millais
est mort, hier, à Londres, dans l'après-
midi.
-.—- L humour anglais :
Hier matin, Li-Hung-Tchang qui fait en
ce moment comme on sait le tour de
Londres comme il a fait celui de Paris, s'é-
tait embarqué sur le quai de Westminster
pour une promenade sur la Tamise.
Par une délicate attention, on lui a fait,
admirer le cuirassé japonais Fuji.
En vérité, on n'est pas plus aimable. Et
la vue d'un cuirassé japonais n'a pu man-
quer d'être fort agréable au cœur patrioti-
que du Chinois voyageur.
Le Passant.
LËBTifiDESÎilLLE COLONNES
Bagarres et bousculades
Le comité de l'Union nationale et les
groupes de la Jeunesse catholique avaient
organisé hier soir un meeting, salle des
Mille Colonnes, pour protester contre la
manifestation de libre pensée organisée à
la statua d'Etienne Dolet.
Les socialistes étaient venus en aussi
grand nombre que les membres du comité
de l'Union Nationale.
Avant le commencement de la réunion
les assistants se montrent séparés en deux
camps, pendant que les uns crient : Vive la
Patrie! Vive la France! les autres chantent
la Carmagnole et crient : Vive la sociale !
Bientôt les socialistes envahissent la tri-
bune du côté droit et les catholiques mon-
tent du côté gauche.
C'est au milieu de cris que l'on constitue
le bureau : M. Delurier prend la présidence,
assisté de MM. Marteiet et iréîaut.
A neuf heures et demie, l'abbé Garnier,
qui entre, est accueilli par une bordée de
coups de sifflets poussés par les socialistes
et acclamé par les catholiques.
Quelques assistants veulent empêcher
l'abbé Garnier d'arriver à la tribune et le
repoussent assez violemment. Une bagarre
se'produit et deux ou trois manifestants
sont blessés peu grièvement d'ailleurs.
L'abbé Garnier fait le tour de la salle et sui-
vant les bas côtés arrive à la tribune. Son
apparition soulève de nouveau des siffleis
et des acclamations. On crie : A bas la ca-
lottel Vive l'abbé Garnier:
Quand il essaie de parler, des cris de :
« Vive Etienne Dolet 1 » se font entendre.
A travers les phrases qu'il lance, on en-
tend ou on croit entendre celle-ci : « ELienne
Dolet était un assassin. »
A ce moment, la tribune du côté droit est
envahie. Mme Paule Minck se place devant
l'abbé Garnier et prononce quelques paro-
les.
Tout à coup une violente mêlée se produit
dans les environs du bureau. La table du
président est renversée ; les verres, les ca-
rafes et les chaises servent de projectiles.
De nombreux coups de canne et de poings
sont échangés. Les tables même sont lan-
cées sur les assistants.
Des membres de la presse qui se trou-
vaient sur l'estrade, sont renversés et foulés
aux pieds.
Dans la salle de nouvelles bagarres ont
lieu, le vacarme continue ainsi pendant au
moins une heure.
L'abbé Garnier est arraché de la tribune.
Accompagné de quelques-uns de ses parti-
sans, il se retire au fond de la salle où il est
accueilli par des cris nombreux de : Cons-
puez Garnier! Conspuez les curés' Il est
fortement bousculé, ainsi que quelques prê-
tres qui l'accompagnent.
L'abbé Garnier s'écrie alors : « Nous pro-
testons contre la manifestation anti-patrio-
tique du 2 août. » Puis il crie : « Vive la
France ! vive la patrie' » Ces cris sont répé-
tés par ses amis.
Au milieu d'une bousculade et d'une ba-
garre violente, l'abbé Garnier et ses amis
sont poussés vers J'escalier.
L'abbé Garnier monte dans un fiacre fermé
et part.
Un service de police important avait été
organisé rue de la Gaité, sous la direction
de M. Bouvier, commissaire divisionnaire.
CONTRE LA VARIOLE
Le docteur Hervieux, directeur du service
de la vaccine et président de l'Académie do
médecine, vient d'adresser au ministre de
l'intérieur un rapport des plus intéressants
sur la variole, signalant les scandaleux dé-
sastres que peut amener en France l'inertie
administrative. Il signale surtout la mauvais
vouloir de la municipalité de Marseille qui
ne veut prendre aucune mesure pour endi-
guer l'épidémie toujours croissante et de
plus en plus mortelle alors que la variole
est maintenant facilement évitable et que
les décès qu'elle occasionne sont exclusive-
ment dus à l'inobservance des lois et des
règlements d'hygiène.
Marseille a pèrdu, de 1872 à 1896, 8,430 de
ses habitants, enlevés par une maladie qui,
depuis 1874, est presque inconnue en Alle-
magne et qui, à Paris même, ne cause plus
qu'un nombre insignifiant de décès.
Citons des chiffres. En 1894. une épidémie
se développe à Paris. Dans le premier se-
mestre, alors que l'on n'avait pu encore in-
tervenir, on compte 155 décès. Aussitôt, on
multiplie les vaccinations et revaccinations;
on rappelle aux médecins l'obligation de
déclarer les cas qui s'offrent à leur observa-
tion; on assure la désinfection des logis et
des hardes, et, dès le 2° semestre de l'année
1894, la mortalité par variole tombe à 11 dé-
cès. Durant toute l'année 1895, on ne compte
à Paris que 16 décès (tandis qu'à Marseille
on en relève 738) et, en 1896, jusqu'à ce
jour, on n'en compte à Paris que 2 ou 3 seu-
lement.
Durantlamôme période,à Marseille, où les
mesures prophylactiques sont insuffisantes
ou tardives, on signale les chiffres suivants :
1er semestre de 18§4, 32 victimes ; 2e semes-
tre, 115 ; année 1895: 1er semestre, 176 décès ;
2e semestre, 562. Total, 738 pour l'année;
année 1896 : 1er trimestre, 358 décès.
Ainsi à Marseille, la variole frappe inces-
samment, avec une intensité déso'ante et
une progression continue, la population tout
entière. En signalant au ministre de l'inté-
rieur ce scandale hygiénique, le docteur
Hervieux demande que l'on contraigne Ja
municipalité de Marseille à appliquer les lois
qui lui imposent l'obligation d'assurer la sa-
lubrité, de prévenir et d'arrêter les épidé-
mies et les maladies contagieuses.
A NOS LECTEURS
Nous rappelons à nos abonnés qu'ils
doivent joindre 60 centimes à toutes
leurs demandes de changements d'a-
dresses, ceci pour la confection de nou-
velles bandes.
CHER. BOURG
N'avait-il pas été question d'un arrêt,
d'une visite de M. Félix Faure à Cher-
bourg? En tout cas, on semble s'être re-
mis vite, ici, de cette alerte, et si la ville
s'est un instant émue à l'espoir d'un
pareil événement, aujourd'hui il ri y pa-
raît plus. La place d'Armes est tranquille
comme la place Divette. Pas une ride sur
la mer. Les mouettes jouent à l'entrée
du port. Quelques voiliers pacifiques
sortent des bassins. Deux petits navires
de guérir e, l'un blanc et l'autre noir,
gardent seuls la rade déserte. Les autres
sont allés faire escorte au président de
la République. Bon vent !
fai donc trouvé Cherbourg à peu près
calme. Dît reste, tout paraît calme à qui
vient de Paris. La tête est pleine de ru-
meurs que l'on écoute encore. Les oreilles
bourdonnent comme ces coquilles où
bruit la mer. Un silence écrasant vous
enveloppe. Le cerveau en est comprimé.
Il y a un temps d'arrêt dans la pensée.
On s'attend a quelque brusque éclat, à
je ne sais quel coup de pouce qui la re-
mette en branle. Soit dit sans vanité, on
se trouve un peu bête. Leconte de Lisle
me disait un jour qu'il n'avait jamais
pu écrire un vers hors de Paris ; en le
quittant il y laissait sa lyre, d'autres
diraient son luth. C'est un état par lequel
chacun de nous a passé, que tout le monde
connaît plus ou moins. Il faut du temps
pour en sortir, pour se secouer, pour se
remettre l'œil au point, pour voir les
objets tels qu'ils sont, sous leur vrai
jour. Tout semble d'abord si petit, si
étroit, si veule, les maisons, les rues! On
ne cause pas, on dnonne, on ne marche
pas, on se traîne.
Ce matin, j'ai parcouru la ville et,
cette après-midi, 'le port militaire. Un
jour suffit pour voir le tout, quand on
n'est pas trop curieux. Au reste, en fait
de curiosités artistiques, Cherbourg est
assez pauvre. Ce n'est pas à lui, assuré-
ment, que pensait Victor Hugo quand sa
plume dessinait cette merveilleuse rêverie
audessous de laquelle il a écrit: Villes nor-
mandes. Rouen, Caen, Bayeux, Cou-
tances, avec leurs pignons aigüs, leurs
toits à girotyettes, leurs clochetons, leurs
flèches, leurs basiliques devaient alors
hanter son œil visionnaire. Ici, rien de
pareil. Cherbourg, bien que trés vieux
— Cœsaris burgus, bourg de César — a
tout l'aspect d'une ville moderne. Aucun
édifice ancien — donjon ou cathédrale
— n'y fait planer au-dessus des toits
uniformes et blafards la grandeur mé-
lancolique du passé. Un buste en bronze,
celui du colonel de Bricqueville, par
David d'Angers; une statue équestre,
celle de Napoléon 1er, par Armand Le
Véel ; un pavillon dans le goût de la Re-
naissance, le théâtre, avec des cariatides
de Gautherin, des figures de Lefèvre et
des peintures de Clairin — plus un mo-
nurnent érigé à la gloire de J.-F. Millet
dans un coin du jardin public, par
Chapu, sont les seuls morceaux d'art qui
décorent la ville. Après cela, on peut
contempler la montagne du Roule ou
déambuler tout à son aise le long des
quais. Les étrangers y sont rares. Cher-
bourg ri est pas une ville d'eaux. Il y a
toutefois un casino. Je n'y suis point
allé, n'ayant aucun goût pour ces sortes
d'établissements. Etpuis, il est au diable,
de l'autre côté du Pont-Tournant, au
bord d'une plage à coups de soleil, et je
tenais à ménager ma tête et mes jambes
pour visiter le Grand-Port.
Je m'y suis rendu pédestrement, après
déjeuner, en suivant, sous une allée d'or-
mes, la longue rue de VAbbaye. Il est
situé à l'ouest delà ville, à la pointe d'un
étroit promontoire, qu'un large fossé, où
monte la marée, isole de la terre ferme.
Des ouvrages de défense, épaulés de for-
tes murailles, le protègent de tous côtés.
C'est une forteresse en même temps
qu'un arsenal. n faut une permission
spéciale pour y pénétrer.
Dès que j'eus la mienne en poche, un
guide se présenta pour m'accompagner
d'office. C'était.un petit soldat d'infante-
rie de marine. Je m'en serris bien passé,
aimant assez, par nature, à aller seul.
Mais je craignais de le blesser en le ren-
voyant et, de fait, ç'eût été dommage,
car il était vraiment gentil, le Képi sur
l'oreille, l'ancre rouge au collet de sa
tunique, la figure ouverte, l'œil vif, la
moustache comme un épi d'orge.
— Que vous désirez visiter l'arsenal ?
me dit-il.
Et tous les deux de compagnie, le chef
du poste consentant, nous entrâmes dans
le Grand-Port.,
Une vaste enceinte pavée, sèvère,
creusée de formes, de bassins, hérissée
de mdts, rayee de vergues. Des ateliers,
des cales, des chantiers en pleine acti-
vité. Un vacarme assourdissant de mail-
lets, de marteaux, de sifflets déchirant
l'air blanchi de jets de vapeur, assombri
de fumées. En face, au-dessus des fortP
fications, s étend la rade qu'une digue-
longue d'une lieue abrite contre les ilôts
du large, et, tout au fond, se hausse la'
citadelle de Vile Pelée dont les lignes
geomêtrales coupent, à - angle droit les
lignes idéales de la mer.
En fait de constructions navales se
trouvent présentement en chantier deu&
contre-torpilleurs, le Dunois et le La-
hire. Deux croiseurs de 2e classe, le Du
Chayla ei le Cassard, récemment mis a,
flot, sont en achévement dans le port,
ainsi que le contre-torpilleur Fleurus et
le navire sous-marin le Morse. D'autres
vaisseaux, le Furieux, garde-côte cui-
rassé, le Cocyte, canonnière cuirassée,
la Mouette, aviso de 21 classe, mis à sec
dans les « f ormes », y subissent d'impor-
tantes. réparations.
Ces navires sont des monstres. Aucune
description ne saurait communiquer l'ef-
fet que produit leur aspect. Ils sont
comme enveloppés d'épouvante. Caché
dans leur carapace, le courage reste
sans objet. Avec ces lourdes machines
de guerre, obéissant à la vapeur, à l'é-
lectricité, d'une complication à ce point
inquiétante que le moindre accident en
arrête le jeu, la science nautique semble
devenue à peu près inutile. Un combat
naval ne peut plus être qu'un foudroyant
duel d'artillerie où l'é le
blessé. La victoire, apparernment, sera
pour les gros projectiles et les cuirasses
les plus épaisses, les plus résistantes.
Encore faudrait-il veiller à la conserva-
tion de ces monstres dont le goût de bri-
ser leur propre mécanisme et de se met-
tre à la côte paraît très accentué.
Comme dernières nouvelles, j'apprends
que le Pothuau, croiseur de 4™ classe, et
le Catinat, croiseur de 2° classe, con-
struits au Havre, doivent venir complè-
ter leur armement à Cherbourg; on at-r
tend le premier de jour en jour. Enfin
- complément de renseignements — on
vient d'adjuger les travaux d'allonge-
ment de la forme n° 6 pour la mettre en
état de recevoir des bâtiments de 180
mètres de longueur et les travaux de
transformation d'une des cales couver-
tes en vue de la mise en chantier d'un
cuirassé garde-côtes. -
CHARLES FRÉMINE.
•—llj "■ -J
LE CRIME DE LA RUE DES ARCHIVES
Hier soir, à neuf heures et demie, M. Ha-
mard, sous-chef de la sûreté a fait procéder
à la vidange de la fo,se d'aisance de la mai-
son, 87, rue des Archives, où le meurtre de
Mme! Vaillant a été perpétré.
Cette mesure a été prise à la suite de dé-
clarations ces locataires, qui ont constaté
que la cuvette des cabinets de l'étage fonc-
tionnait très bien le jour du crime et que le
soir elle ne fonctionnait plus..
On suppose que Pélissier a dû jeter des
linges ensanglantés dans les cabinets.]
Divisions socialistes .;
Le congrès international qui s'est tenu
dernièrement à Londres a amené, on le sait,
une division dans les rang des socialistes
français.
Les uns, comme MM. Millerand, Jaurès,
Jules Guesde, Viviani, Gérault-Richard, etc.,
entendait nt exclure du congrès tous les dé-
légués d'opinion anarchiste qui avaient été
mandatés par des syndicats. Les autres,
comme MM. Vaillant, Sembat, Turot, Gué-
rard, etc., soutenaient, au contraire, qu'on
devait admettre sans distinction tous les
représentants des groupements ouvriers.
La lutte circonscrite entre les collecti
vistes dune part et les blanquistes et les
allemanistes de l'autre, n'a pas encore pris
fin.
Voici, en effet, le manifeste que ces der-
niers, qui formaient la majorité des délé-
gués français, viennent d'adresser aux tra-
vailleurs :
« Camarades,
» La presse ayant parlé à tort et à travers
du congrès de Loudres, la délégation régu<
lière française a jugé nécessaire de rétablii
les faits et de vous rendre un compte exact
des incidents du congrès.
» A cet effet, eile a organisé une réunioi
qui aura lieu vendredi 14 août, à huit heure<
et demie du soir, dans la grande salle de le
Bourse du travail, 3, rue du Château-d'Eait
» Elle a désigné les citoyens suivants poui
prendre la parole en son nom, en leur qua*
lité d'ex-membres des commissions du cô'Îl<
grès :
- » Allemane, question agraire ; VaillanÇ
action politique ; Guérard, Lavaud, actioï
économique ; Boicervoise, guerre et arbl
traga ; Argyriadès, éducation physique f
Kcüfer, organisation du prolétariat interna1-
tional ; Dalle, questions diverses.
» En outre, le citoyen Sembat est chargé
de faire l'historique des faits qui se sont
passés au sein de la délégation française. »
A la suite de l'apparition de ce manifeste,
un de nos confrères du Matin qui avait été
interviewer M. VaIllant, publiait hier la note
suivante :
« Comme première conséquence de la scis-
sion entre sociaiiates, M. Vaillant a cessé
sa collaboration à la Petite République, qui
est dirigée par M. Millerand et administrée
par le parti guesdiste. On prévoit également
que les députés blanquistes, MM. Vaillant,
CLauvière, Bonnard et Marcel Sembat,
quitteront le groupe d'union socialiste de la
Chambre pour former un groupe indépen-
dant, dans lequel viendraient prendre place
les trois députés allemanistes, MM. Faberot,
Renou et Toussaint et les deux députés aile*
manistes dissidents, MM. Groussier et De-
jeante.
» On annonce, enfin, l'apparition pro-
chaine d'un journal socialiste hebdomadaire,
la Carmagnole, qui sera dirigé par M. Henri
Turot. »
Cette nouvelle qui n'avait pas été sans
causer quelque bruit dans les milieux socia-
listes, a été dès hier soii démentie par notre
confrère de la Petite République, M. Lejeune,
dans les termes que voici :
« il est absolument inexact que MM. Vail-
lant, Sembat et Turot, pour sanctionner la
scission de Londres, quittent la Petite Répu-
blique. Ils n'ont jamais eu l'intention dl
cesser leur collaboration.
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