Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1896-07-24
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 24 juillet 1896 24 juillet 1896
Description : 1896/07/24 (N9632). 1896/07/24 (N9632).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7564455v
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/05/2013
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AR.rs ET DÉWÏRTENIENTS
Le Numéro; CIWQ 'CENT'IMBfll
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Adresser lettres et mandais à l'Administrateur
NOS LEADERS
LETTRES LIBRES
Ni L'UNE NI L'AUTRE
Les collectivistes font de grands ef-
forts depuis quelque temps pour ins-
pirer aux lecteurs de leurs articles et
aux auditeurs de leurs conférences
l'idée que les républicains sont obligés
.e choisir entre le collectivisme révo-
lutionnaire et le réactionnarisme clé-
rical, entre la dictature d'un César et
la « dictature révolutionnaire du pro-
létariat socialiste ».
S'il fallait les en croire, il n'y aurait
en dehors de ces deux camps et de ces
deux dictatures, place pour personne
ni pour rien.
Il a pu se trouver des députés et
même des ministres assez naïfs pour
4e croire; on a vu, par exemple, deux
ministres des finances pris l'un sur les
bancs de la gauche radicale et l'autre
sur ceux du centre gauche, s'inspirer
dans leurs projets de réformes du di-
lemme des collectivistes et se jeter
dans leurs bras, le premier avec un
Impôt global aussi révolutionnaire et
collectiviste que césarien, le second
.avec un impôt sur la rente qui faisait
dire au président du conseil, par l'un
des leaders du collectivisme révolu-
tionnaire : « Je me félicite de vous
avoir pour collaborateur. » On a vu
aussi un cabinet démocratique s'ima-
giner qu'il ne pourrait vivre qu'en se
mettant à la remorque des collecti-
vistes révolutionnaires et des boulan-
gistes les moins repentis. Mais le sort
qu'ont eu les projets et le cabinet aux-
quels je fais allusion, prouvent qu'il
y a beaucoup de gens peu décidés à
accepter le dilemme des collecti-
vistes.
L avenir confirmera le passé. Il
prouvera qu'il y a dans notre pays
une masse considérable d'excellents
républicains aussi hostiles au collecti-
visme révolutionnaire qu'au réaction-
narisme clérical, à la dictature d'un
César qu'à celle d'une révolution, mais
qui désirent des réformes et qui s'ar-
rangeront pour les obtenir, sans ver-
ser ni dans le collectivisme, ni dans le
césarisme.
**
Je pense même que plus les collecti-
vistes donneront de publicité à leurs
dilemnes, plus ils verront s'accroître
le nombre des citoyens désireux d'é-
chapper aux termes extrêmes entre
lesquels ils sont invités à choisir.
Les dangers que les solutions exces-
sives sont susceptibles de faire courir
,à la France et à la République devien-
dront, en effet, d'autant plus évidents
que l'on projettera sur elles plus de lu-
mière et qu'on prétendra les faire con-
sidérer comme inévitables.
Plus les partis extrêmes voudront
s'imposer et plus ils verront se détour-
ner d'eux les gens qui leur auraient,
par faiblesse ou inadvertance, fait
quelques concessions.
**#
J'ai tort même d'appliquer l'expres-
sion de « parti » aux deux groupes ex-
trêmes, dans lesquels le dilemme des
collectivistes prétend parquer le pays
tout entier, car un parti politique n'est
vraiment digne de ce nom que s'il est
capable d'exercer le gouvernement
dans les conditions normales de la vie
d'un peuple. Or, le collectivisme avoue
qu'il en est incapable, lorsqu'il invo-
que à son aide, pour le hisser au pou-
voir, la dictature révolutionnaire;
quant aux réactionnaires cléricaux,
ils font un aveu semblable; quand ils
appellent à leur secours, dans le même
but, les coups d'état et la dictature
césarienne.
Non seulement les groupes extrêmes
reconnaissent ainsi leur impuissance
à exercer le gouvernement et leur non
existence à l'état de partis politiques,
mais encore ils mettent tous les gou-
vernements, quels qu'ils soient, con-
servateurs ou démocratiques, dans
l'impossibilité de s'appuyer sur l'un
ou l'autre d'entre eux. Ils se condam-
nent à vivre dans un état permanent
d'hostilité contre tous les gouverne-
ments réguliers.
Aucun ministère démocratique ne
pourrait plus, en face du dilemne posé
par les collectivistes avec tant d'insis-
tance, ni leur demander aucun con-
cours, ni leur donner aucun appui.
Un ministère conservateur ne pour-
rait pas davantage prendre son point
d'appui sur un groupe dont la réaction
cléricale n'aurait d'autre aboutissant
que la dictature césarienne.
#*#
Les collectivistes qui voudraient
acculer les républicains à choisir entre
la révolution-et le césarisme ne son-
gent pas, sans doute, qu'une autre con-
séquence de leur attitude et de leurs
S retentions est, en diminuant le nom-
re de leurs adeptes, de rendre beau-
coup plus facile la constitution d'un
j
ministère démocratique et progres-
siste, n'ayant aucun besoin de compter
avec eux et pouvant réaliser sans leur
appui les réformes démocratiques et
sociales réclamées par la majorité du
pays.
Nombreuses, en effet, sont les ré-
formes de tous ordres qu'il est facile
d'introduire dans nos mœurs et dans
notre législation sans porter aucune
atteinte ni à la liberté individuelle, ni
à la propriété et sans socialiser quoi que
ce soit, en consolidant, au contraire,
les libertés et les droits individuels,
tout en adaptant mieux leur jouis-
sance aux besoins de notre époque.
Pour opérer la décentralisation po-
litique et administrative du pays, in-
troduire plus d'équité dans la réparti-
tion des impôts, diminuer les dé-
penses publiques, mettre davantage
de justice dans les charges militaires,
concilier les intérêts des ouvriers et
des patrons, distribuer l'instruction
publique avec plus de largesse et une
appréciation plus saine des besoins
des élèves, etc., il n'est besoin ni du
collectivisme, ni de la dictature révo-
lutionnaire du prolétariat socialiste;
il suffit d'une douzaine de ministres
animés de l'esprit démocratique et ré-
solus à ne se laisser entrainer hors de
leur voie ni par les menaces des révo-
lutionnaires ni par celles des fauteurs
de coups d'Etat.
J'ai assez de confiance dans les res-
sources intellectuelles de la France
pour croire qu'il ne sera pas impossi-
ble de trouver tôt ou tard cette dou-
zaine d'hommes imbus à la fois de
l'esprit démocratique et de l'esprit de
gouvernement. Et je suis assuré qu'ils
auraient la masse entière de la nation
laborieuse et tous les républicains avec
eux, car le pays ne veut ni de la réac-
tion ni de la révolution.
Le pays sait, d'ailleurs, que les deux
termes du dilemne posé devant lui par
les collectivistes ne sont pas aussi éloi-
gnés l'un de l'autre qu'on cherche à le
lui faire croire. Il les a vus, dans le
passé, s'engendrer toujours récipro-
quement: il a vu la révolution donner
naissance au césarisme et du césa-
risme sortir la révolution ; c'est un
motif de plus pour qu'il ne veuille ni
de l'un ni de l'autre.
J.-L. DE LANESSAN.
Nous publierons demaira un article
de M. Charles Bos.
RENFLOUNTjjjj
On télégraphie d'Alger que, par suite de
l'allégement considérable de la cale d ar-
rière, le cuirassé Magenta a pu être rentloué
pendant la nuit.
Les dimensions du bassin de radoub d'Al-
ger ne permettant pas de recevoir le Ma-
genta, il est probable que le cuirassé se
rendra à Toulon.
Une décision sera prise à ce sujet quand
on aura vérifié l'importance des dommages
de la coque.
Le Magenta cesse de prendre part aux
manœuvres.
A ce sujet, le ministre de la marine a reçu
la dépêche suivante d'Alger :
« Hier mardi, 21 juillet, à dix heures du
soir, le Magenta a repris son mouillage ha-
bituel dans le port d'Alger.
» La visite n'a rien révélé de particulier.
Il n'y a aucune dénivellation.
» Le commandant Fort a déclaré que son
bâtiment est parfaitement en état de rem-
plir la mission qui lui est tracée par le
thème des manœuvres.
» L'incident est dû à la rupture de la petite
chaîna du corps-mort, qui sert à prendre à
bord la grosse chaîne sur laquelle s'amarre
le bâtiment. -
LA DISCUSSION BUDGÉTAIRE
Dans la séance qu'elle a tenue hier matin,
la commission du budget a examiné, sur
le rapport de M. Emile Constant, le budget
des cultes.
Des réductions s'élevant à 94,000 fr. ont
éLé opérées, notamment une réduction de
50,000 fr. sur les allocations aux desservants
t aux vicaires.
M. Merlou a demandé la suppression des
traitements aaectés aux évéohes non con-
cor aiaires. Cette proposition a été re-
poussée.
La commission a également adopté hier
matin le budget de la Caisse des Invalides
de la marine sur le rapport de M. Plichon.
La commission a également tenu séance
dan s l'après-midi. Elle a entendu MM. Georges
Cochery et Kambaud sur le relèvement des
crédis relatifs aux instituteurs.
Le ministre des finances partage les sym-
pathies de la commission à l'endroit des
instituteurs et il serait très heureux de pou-
voir relever leurs traitements tels qu'ils ont
été é ablis par la loi de 18^3.
Malheureusement les ressources font dé-
faut ; déjà l'équilibre budgétaire arrêté par
le gouvernement se trouve compromis par
suite de l'ajournement de sa réforme fiscale
qui devait procurer au Trésor un complé-
ment de recettes de lf300,000 fr.
Il y a actuellement un déficit d'environ
deux millions. Le gouvernement s'appli-
quera à rechercher d0 nouvelles économies
et il supplie la commission de ne pas relever
les crédits proposés par lui tantqu'elle n'ap-
portera pas des ressources correspondantes
et d ajourner le vote de ce chapitre jusqu'à
la fin de ses travaux.
M. Rambaud, ministre de l'instruction
publique, fournit quelques explications com-
plémentaires.
Répondant à une question de M. Antonin
Dubost, le ministre Je l'instruction publique
a déclaré que les sommes inscritesau bud-
get étaient largement suffisantes pour faire
Cace aux dépenses qu'entraînent les subven-
tions aux communes pour les constructions
des bâtiments scolaires. Il ne pense pas, en
outre, qu'il soit nécessaire de rétablir le cré-
dit de 300,000 fr. inscrit pour indemnités aux
maîtresses des travaux à l'aiguille dans les
écoles mixtes.
Après le départ des ministres, la commis-
sion du budget a ajourné son vote relatif au
traitement des instituteurs jusqu après l'exa-
men des autres budgets. Si des économies
suffisantes étaient réalisées, les crédits
pourraient être relevés au chiffre proposé.
La question de l'indemnité aux maîtresses
de travaux à l'aiguille a été également ré-
servée. La commission a ensuite adopté le
budget des services pénitentiaires.
UN DÉRAILLEMENT
Hier, dans l'après-midi, un train de mar-
chandises qui faisait des manœuvres a dé-
raillé à 500 mètres environ avant la gare de
Arvant (Puy-de-Dôme).
La voie est restée obstruée pendant plu-
sieurs heures.
Il n'y a, heureusement, aucun accident de
personnes à déplorer, mais les dégâts maté-
riels sont importants.
Une enquête est ouverte.
Le Président de la 9° Chambre
Le roulement du tribunal de la Seine pour
l'année judiciaire 1896-1897 n'est pas encore
établi, mais on sait cependant dès aujour-
d'hui que M. Bidault de rIsle, le distingué
président de la ge chambre, qui apportait
dans l'exercice de ses dangereuses fonc-
tions autant de science juridique que d'é-
quité, émigrera à la 4e chambre — la cham-
bre des divorces.
C'est M. Richard qui le remplacera à la
9e chambre, où les présidents vraiment heu-
reux sont ceux qui n'ont pas d'histoire.
-.---
LES ON-DIT
CARMBT QUO ITLH:
Les courses : A Maisons-Laffitte.
— Concours du Conservatoire : harpe, piano
(hommes).
— Durée du jour : 16 h. 48 m.
CHEZ NOUS
—— Tout comme à Londres.
C'est hier que les agents de la brigade
des voitures ont été munis du fameux
baton-signal.
Il m'a été donné d'admirer sur les grands
boulevards ces guerriers pacifiques ma-
niant leur nouvel accessoire. La mesure
paraît devoir donner de bons résultats.
- Li-Hung-Tchang, en France.
Li-Hung-Tchang, dans sa visite d'hier au
ministre des affaires étrangères, était ac-
compagné par M. Lo Fen Lo, son principal
interprète.
M. Hanotaux était assisté de M. Deveria,
premier secrétaire interprète.
Il a été convenu que le ministre aurait
un nouvel entretien avec Li-Hung-Tchang
au retour du voyage que celui-ci va faire à
Lyon et à Saint-Etienne.
Dans l'après-midi d'hier l'ex vice-roi du
Petchili a visité l'établissement horticole
de la porte Daumesnil; puis il s'est rendu à
la manufacture des Gobelins.
Li-Hung-Tchang a ensuite rendu visite
à M. Méline, à l'ambassadeur du Portugal,
au comte de Turenne et à Mme Gérard,
femme du ministre plénipotentiaire de
France à Pékin.
Le soir, Li-Hung-Tchang — tel monsieur
Choufleury — est resté chez lui.
- L'exposition au Muséum des col-
lections Pavie :
M. André Lebon, ministre des colonies,
accompagné de représentants des ministres
de la guerre et des affaires étrangères, a
inauguré hier, au Muséum d'histoire na-
turelle, l'exposition des collections rap-
portées d'Indo-Chine en 1895 par la mis-
sion Pavie.
Le ministre a été reçu par M. Milne-
Edwards, directeur, et par M. Pavie, qui
lui ont présente les collections. Celles-ci
se composent, en grande partie, d'agran-
dissements de vues photographiques prises
surtout dans les régions jusqu'alors incon-
nues du Laos et de l'Annam. Les docu-
ments ethnographiques, armes et costumes,
des mêmes régions, sont également cu-
rieux. On remarque , enfin, d'intéres-
santes collections d'animaux d'espèces
rares et de nombreuses cartes géogra-
phiques du Mékong, du Cambodge et du
Laos établies depuis 1884.
- L'Union de la chambre syndicale
des cochers a fait placarder hier une affi-
che imprimée sur papier blanc, à encadre-
ment tricolore, annonçant aux cochers que
le président de la République a bien voulu
lever les 850 contraventions faites jusqu'au
14 juillet.
- En exécution d'une circulaire du
28 août 1895, les gouverneurs des colonies
ont procédé à la nomination de comités
locaux chargés de préparer la participation
de nos établissements d'outre-mer à l'Ex-
position de 1900.
A l'heure actuelle, les listes de,Ja plu-
part de ces comités sont parvenues au mi-
nistère des colonies.
- Le général Billot s'est rendu hier à
Rouen, afin d'assister au mariage de Mlle
de Montfort, fille du député de la Seine-
Inférieure.
- La Grande distillerie Cusenier vient
de se signaler par une nouvelle création :
l'Absinthe blanche oxygénée. Grâce à de
puissants moyens de rectification, toute
trace d'élément nuisible disparaît. La sa-
veur en est exquise. Demandez l'Absinthe
blanche oxygénée Cusenier dans tous les
bons cafés : la Muse verte légendaire de-
vient la Dame blanche.
- La maladie de M. Spuller.
A la suite d'une aggravation survenue
dans l'état de santé de M. Spuller, ses deux
neveux par alliance, MM. Delpeuch, sous-
secrétaire d'Etat des postes et télégraphes,
et Duflos, directeur de l'administration pé-
nitentiaire, sont partis pour Sombernon
(Côte d'Or), où réside l'ancien ami intime
de Gambetta.
- L'affaire de la porte Limbert, en
Avignon.
La commission des monuments histo-
riques s'est réunie hier matin sous la pré-
sidence de M. Rambaud, ministre des
beaux-arts, pour examiner quelle suite il
convenait de donner à l'affaire de la démo-
lition de cette porte d'où tant de polé-
miques sont sorties. -
Après avoir entendu la lecture du rap-
port de M. Paul Bœswillwald, inspecteur
général des monuments historiques, chargé
de faire sur place une enquête avec son
collègue, M. Selsmersheim, la commission
a émis le vœu que l'administration pour-
suive l'application de la loi du 13 mars
1887.
- La mère Ibrahim, l'ex-glorieuse
cantinière du 2e zouaves vient de mourir
à l'hospice de Vichy des suites de la ma-
maladie qui la minait depuis longtemps.
La vieille héroïne était âgée de soixante-
seize ans et chevalière de la Légion d'hon-
neur. Ses obsèques seront célébrées proba-
blement mercredi. Les honneurs militaires
lui seront rendus.
- Les restes mortels du colonel Bon-
nier et des autres officiers tués à Tacoubas
et à Djenné sont arrivés par ies Message-
ries fluviales, à Saint-Louis du Sénégal —
ou les honneurs leur ont été rendus.
A L'ETRANGER
- Le congrès international des so-
ciétés protectrices des animaux, à Buda-
Pesth, a décidé que le prochain congrès
se réunirait à Paris en 1900.
—~ Dimanche aura lieu, à Lucerne, l'i-
nauguration du monument élevé à Bour-
baki et aux soldats français internés et
morts en Suisse en 1871. Le colonel de
Segesser remettra le monument à la ville.
Il est probable que l'ambassadeur de
France assistera à la cérémonie.
- Le mariage de la princesse Maud et
du prince Charles de Danemark a eu lieu
hier à Londres.
Sur le parcours de Marlborough à Buc-
kingham-Palace, des mâtsvénitiens avaient
été élevés et les couleurs danoises, rouge
et bleu, dominaient.
Des détachements du premier régiment
de Goldstream et du premier écossais de
la garde faisaient la haie. -
Le prince de Galles accompagnait sa
fille.
La chapelle de Buckingham-Palace était
décorée de tentures de soie rouge et de
fleurs.
- On annonce de Londres la mort, à
l'âge de cinquante-neuf ans, de Charles
Dickens, fils ainé de feu Charles Dickens,
le célèbre romancier anglais.
Il s'était occupé pendant longtemps de
poursuivre la publication des œuvres de
son père.
- Le comité directeur du bureau cen-
tral deb ..:>vciations de la presse a tenu
hier à Zurich, une séance constitutive.
Ont été nommés : président, M. Singer
(Vienne).
Vice-présidents : MM. Schwertzer (Ber-
lin), Hébrard (Paris), Torelli (Milan), Be-
raza (Madrid) ;
Secrétaires : MM. Taunay (Paris), Jan-
sen (Suède) ;
Trésorier : M. Canler (Bruxelles).
M. Boissevain (Amsterdam), a été nom-
mé président de la commission d'admis-
sion.
MM. Osterrieth (Berlin), Albert Bataille
(Paris) ont été désignés comme délégués
au congrès de la propriété littéraire et ar-
tistique à Berne.
Le comité a ensuite arrêté l'ordre du
jour du prochain congrès de la presse à
Stockholm. Entre autres questions y figu-
rent celle des droits d'auteur et celle des
droits de la presse au point de vue de la
législation des différents pays.
La prochaine séance du comité directeur
aura lieu au mois de février prochain.
- Nouvelles du tournoi international
d'échecs de Nuremberg. Ont gagné :
M. Tschigorin, contre M. Blackburn;
M. Steinitz, contre M. Teichmann;
M. Ianowsky, contre M. Winawer;
M. Wallbrodt, contre M. Korges ;
M. Lasker, contre M. Schiffers.
Ont fait partie remise : MM. Marco, Al-
bin, Schlechter, Piblsbury, Schowalter et
docteur Tarrasch.
- Samedi prochain se tiendra, à la
Haye (Hollande), le congrès maçonnique
de 1896.
M. Lucipia, président du conseil de
l'ordre du Grand-Orient de France, assis-
tera aux séances.
De nombreuses questions sont à l'ordre
du jour, parmi lesquelles les règles de
l'éducation pour les enfants; les moyens
de venir en aide aux enfants moralement
abandonnés; l'arbitrage pour la paix, etc.
Rappelons que le dernier congrès ma-
çonnique s'est tenu en 1894, à Anvers.
Une curieuse coquille :
Le Daily News constate que les médail-
les de l'exposition de Chicago qui vien-
nent d'être distribuées seulement tout ré-
cemment, c'est à dire après trois ans d'at-
tente portent au verso une curieuse co-
quille puisque l'année 1893 y est mention-
née comme date de la découverte de l'A-
mérique par Christophe Colomb :
MDCCCXCII au lieu de MCCCCXCII.
'--. Au pôle Nord en ballon :
Le bateau à vapeur Lofoten, qui porte
l'explorateur Andrée et sa fortune, a passé
au Spitzberg et y est resté jusqu'au 18 juil-
let. La température y était alors pluvieuse,
nuageuse et orageuse, mais elle n'était pas
froide.
M. Andrée commence aujourd'hui de
gonfler son ballon. Il opérem son ascen-
sion le 37 juillet si les conditions météoro-
logiques le permettent.
Le Passant.
LA StMLTME DE M. DE MORÊS
On nous dit que la famille de M. de
Morès serait aujourd'hui décidée à faire
exhumer le corps du caveau où il a été
déposé au cimetière Montmartre pour le
faire transporter à Cannes, où il serait in-
humé.
L'EAU A PARIS
La question des eaux préoccupe tout le
monde, aussi les ménagères regardent-elles
avec inquiétude le robinet de leur cuisine.
Les chaleurs que nous subissons vont-elles
avoir pour conséquence la pénible séche-
resse et la terrible eau de Seine ? Avant de
la boire, parlons-en.
On peut rapporter toutes les eaux com-
munes à deux types fondamentaux, repré-
sentés à Paris par la Vanne et la Seine. Le
premier type est caractérisé par sa couleur
bleue, il est très précieux pour l'alimenta-
tion ; le second par sa couleur verte et ne
convient qu'aux usages industriels. On ne
peut pas ramener l eau verte à l'état bleu,
mais il y a mille manières de transformer
l'eau bleue en eau verte, les matières orga-
niques en décomposition sont un des agents
les plus actifs - de cette - transformation. - -- --
La berne, bleue a Corneii, est verte a
Paris et res e de cette couleur jusqu'à Cau-
debec, c'est-à-dire jusqu'au point où la mer
agit sur elle. Les sables blancs, les herbes
vertes et les mollusques que l'on observe en
amont du collecteur d'Asnières disparais-
sent en aval, dès que les eaux de la Seine
sont mélangées à des eaux d'égoùt. Los
sables de macadam, entraînés par l'égoùt
dans le lit de la Seine, y occupent une éten-
due de 1,000 à 1,200 mètres.
La vase formée de détritus se trouve au
maximum à l'embouchure du collecteur de
Clichy. De cette eau se dégagent de grosses
bulles de gaz dl's marais, très abondantes
dans les trois premiers kilomètres en aval
du grand collecteur. C'est dans cette partie
infestée de la Seine qu'une grande morta-
lité frappe les poissons et que la vie végé-
tale ou animale est détruite ou descendue
au dernier deré de l'échelle.
Hàtons-nous d ajouter que l'eau distribuée
ddns Paris ne provient pas de cet endroit.
Il résulte de nombreuses expériences que
l'eau de Seine at.aque fortement le plomb
et que le produit de cette action est formée
de sels de plomb et de chaux.
Hippocrat-, dont le génie observateur
avait compris 1 importance de l'eau dans
l'alimentation humaine, a dit dans son
traité :
« d faut avoir beaucoup d'égard à la na-
ture des eaux, examiner si elles sont claires
ou bourbeuses, douces ou dures, c'est un
point d où dépend particulièrement la santé.
due bonne eau potable doit êtra limpide,
légère, aérée, sans odeur ni saveur sensible,
chaude en hiver et froide en été. »
Nous ne pensons pas que l'eau de Seine
réunisse toutes ces belles qualités.
Les précautions-à prendre sont multiples,
lorsquil s'agit de l'eau potable; c est ainsi
que M. Pasteur, en tête des instructions don-
nées à la mission française, chargée d'étu-
dier le choléra en Egypte, prescrivait de
tlamber préalablement les vases destinés à
contenir les eaux alimentaires.
A l'époque ou on se preoccapait peu au
service de l'industrie, de la vuirie et des
égoûts, le chiffre de 20 litres d'eau par ha-
bitant et par 24 heures pouvait suffire aux
usages domestiquas. Cette opinion était ad-
mise, il y a cinquante ans. On a reconnu
depuis longtemps que cetie quantité devait
être considérablement augmentée.
M. Foucher de Careil a dit avec baaucoup
de bon sens : « Il faut qu'il y ait trop d'eau
pour qu'on en ait assez. »
En Amérique, c'est une prodigalité d'eau
dont nous n'avons aucune idée. Mais, il est
vrai de dire que si les Américains ont la
quantité, la qualité leur sembie indifférente.
Dans les petites villes, ils se servent en gé-
néral d'une pompe à feu qui refoule directe-
ment l'eau de la rivièrs. Dans les grandes
cités, il> dérivent des torrents d'eau qu'ils
puisent là où il y en a en abondance.
Le célèbre barrage du Potomac à Washing-
ton est une œuvre gigantesque qui fait i ad-
miration du monde entier, mais cette seule
eau potable est trouble et même sale; et
souven- elle cause des épidémies terribles.
Nous sommes fort heureusement mieux
servis, aussi n'oublions pas que Paris, objet
de l'admiration de tous les étrangers, doit
ajouter à ses merveilles la profusion de
l'eau.
M. FÉLIX FAURE AU HAVRE
RENFLOUEMENT DU « SAINT-MARC »
Le président de la République a reçu à
onze heures la municipalité.
Le maire était accompagné de ses six
adjoints. L'entrevue a été des plus cordia-
les. La conversation a porté sur des faits
locaux : la question du chômage, celle des
hopitaux et celle des prochaines fêtes. La
municipalité a également entretenu M.
Félix Faure des courses de chevaux de di-
manche et enfin des régates du ior août,
auxquelles le président assistera.
On travaille activement au renflouement
du steamer Saint-Marc coulé, comme nous
l'avons dit hier, dans l'avant-port.
M. Pesten vient d'obtenir l'entreprise
du renflouement du steamer Saint-Marc.
La nuit dernière, les bateaux le Grave-
linois et le Rapide, porteurs du matériel
nécessaire, ont été conduits près du vapeur
coulé, et M. Pesten a commencé les tra-
vaux.
L'entrepreneur a constaté que le Saint-
Marc avait actuellement cinq mètres d'eau
dans la cale.
Aussitôt que la déchirure aura été répa-
rée, deux bateaux-pompe de la chambre de
commerce seront appelés près du Saint-
Marc pour procéder à l'épuisement, afin
de permettre la remise à flot.
D'après l'avis de M. Pesten, le Saint-
Marc ne pourra être renfloué que vendredi
prochain.
Ajoutons que la navigation, tant à Ftea
tree qu à la sortie, s'effectue comtn bitude, quoique avec un peu plus de 4ifll
cuIté.
L'échouage n'a occasionné aucun cutftI
accident dans l'avant-port.
LES ABUS DE LA CHIRURGIE
GRAVES ACCUSATIONS
Contre la maternité
Quarante mille opérées inutilement,
Quelques protestations—-Trafics K^i\tOTnt
On a plus d'une fois protesté contre la
superbe désinvolture avec laquelle ocMains
chirurgiens, trop désireux d'attacher leS
nom à quelque belle découverte scientifique,
pratiquent sur les malades confiés à leurs
soins d inutiles et dangereuses opérations.
Un jeune médecin de talent, M. le docteur
Canu, demande aujourd'hui ce que Ton doit
penser de ceux qui n'ont môme pas l'excusa
de la science et qui, pour l'unique amour de
l'art, quand ce n'est pas pour l'amour de
l'argent, risquent d'estropier ou de tuer les
malheureux dont la vie et la santé sont re-
mises entre leurs mains.
Le nombre en est, parait-il, beaucoup ploi
considérable qu on ne croit, et il faut avouer
que si les faits qu il dénonce sont exacts, on
a lieu de réclamer de promptes et énerai-
ques mesures poar rappeler au respect de
la vie humaine ceux qui, ayant mission de
marché en font si volontiers boa
marché.
LES VICTIMES DE LA CHIRURGIE
M. le docteur Canu n'a pas porté ses in-
vestigations sur plusieurs points. Il s'est
borné à étudier un cas qui semble à nre-
mière vue, tout à fait exceptionBel, m-
qui s est, en réalité, étonnamment répanda
depuis quelques années: nous voulons par-
1er de l'ovadotomie et ie l'hystérotomie.
D'après M. Canu, près de quarante mille
femmes auraient subi à Paris cette terrible
opération depuis 1883, et on pourrait estimer
à cinq cent mule environ le chiffre des fran-
çaises que les chirurgiens auraient ainsi
ravies aux joies de la maternité ! *
Dans le seul service de M. Péan, à Saint-
Louis, on a opéré en cinq ans, 777 femmes.
A Broca, le nombre est plus élevé. Dana
presque tous lea hôpitaux de l'Assistance
publique, il en est à peu près de môme.
Bref, chaque année, il y a à Paris de deux à
trois mille femmes condamnées par la chi-
rurgie à la stérilité.
un reste effi-ayé en présence de ces chif-
ir^s. un l'est bien davantage quand o*
examine de près tes résultats qu'a eus,
dans la plupart des cas, cette opération m
délicate, si dangereuse, et à laquelle on ne
devrait se résoudre, semble-t-il, qu'à la
dernière extrémité.
r> JrJnquôîe faite par le docteur Canu ne
nous revele-t-elle pas, en efet, que sur 102
femmes opérées à Saint-Joseph - déduction
laite des décédées - presque toutes sont au-
jourd'hui plus malades qu'avant?
Chez les unes, Il's crises nerveuses réap-
paraissent plus violentes; chez les autres la
vue est atteinte. Presque toutes sont dans
un état de faiblesse telle qu'ellesne peuvent
plus travailler.
Les uérisons totales se comptent sur les
doigts. On n'en trouve pas plus de quatre
ou cinq. Pour les autres, l'opération n a fait
qu accroiire souvent les douleurs abdomi.
nales et leur donner par surcroit de 18
sénilité prématurée, des maladies noires, de
l'insomnie, des nausées, des palpitations de
cueur,des troubles gastriques et mille mauf
plus terribles encore.
Peut-on dire au moins que, sans l'ablation
des organes, il n'y avait pas d'espoir de sau.
ver ces malheureuses ? Nullement, car beau.
coup n étaient que légèrement atteintes et
pouvaient parfaitement se rétablir salU
l'aide du bistouri. Bien mieux, il en est qu'os
a opérées sur de faux diagnostics, trop hàti
vement établis i
OPÉRÉES MALGRÉ ELLES
Mais ce qui est plus révoltant que tout,
c'est que dans la majorité des cas, l'opéra-
tion a été faite sans le consentement de la
malade, quelquefois même contre sa volonté
formellement exprimée.
Nous en laissons juge le lecteur.
— L'opération,dit le mari d'une de ces mal-
heureuses - M. N., rue de la Clef — a été
faite à Necker en 1891 par le docteur X.,
qui n'a informé ni moi ni ma femme, du
genre d'opération qu'il s'était proposé de
faire. Ce n'est que plus tard que nous l'avons
su. Cinq mois après, Mme N. a été obligée
de ren rer à l'hôpital. A la fin de la même
année, elle y rentrée une troisième fois.
J'ai été trompé par le chef de clinique ; il
m'a rendu ma femme dont l'inutilité est ac-
cablante dans mon ménage. Je considère
l'opération comme un grand malheur.
— L'opérateur, écrit un autre — M. G.
dont la femme a été opérée en 18q4. — nous
avait dit simplement qu'une petite interven-
tion chirurgirale était nécessaire, sans indi-
quer le genre de l'opération et ses consé-
quences. Ma femme a demandé cinq ou six
jours après à l'interne ce qu'on lui avait fait.
L interne lui a répondu qu'elle n'avait pas
besoin de le savoir.
— J'ai été opérée à Broca, dit Mme M.,
par le docteur X., qui ne m'a pas fait con-
naitre l'opération qu il voulait me faire, ni
ses conséquences. Je n'ai été fixée que plus
tard, lorsque j'ai demandé la signification
du mot ovariotomie écrit sur ma pan-
carte. - - - - - - -
— On m'a opérée à Beaujon en 1894, dé-
clare Mlle L. J'avais formellement défendu
qu'on me fit cette opération. C'est avec dou-
leur que j'ai appris que j'avais été rendue sté-
rile à mon insu et contre ma volonté par le
docteur X. Je continue toujours à souffrir.
Je suis privée de ne pouvoir plus songer au
mariage. Je ne me considère plus comme
une femme. Je trouve abominable l'inter-
vention qui a eu lieu sur moi sans m aver-
tir, ni prévenir ma famille, car on m'avait
dit qu'on me ferait une petite incision, qu'on
ne me ferait pas autre chose sans me de-
mander mon avis.
Tontes les malades font les mêmes dé-
clarations. Toutes disent que si elles avaient
su le genre d'opération qu'on voulait prati-
quer sur elles, elles s'y seraient opposées.
Toutes accusent d indélicatesse les méde-
cins qui les ont condamnées à la stérilité
sans les guérir et qui ont souvent brisé, du
même coup de bistouri, la paix et la tran-
quillité de leur ménage.
DESSOUS D'OPÉRATIONS
Aussi n'y a-t-il pas lieu de s'étonner cuu
le mari de l'une d'elles, veuf sans réfrv
proteste avec énergie contre l'irresponsab*»
lité dont les chirurgiens jouissent en FranMrî
AR.rs ET DÉWÏRTENIENTS
Le Numéro; CIWQ 'CENT'IMBfll
ANNONCES
AUX BUREAUX DU JOURNAL
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Adresser lettres et mandais à l'Administrateur
NOS LEADERS
LETTRES LIBRES
Ni L'UNE NI L'AUTRE
Les collectivistes font de grands ef-
forts depuis quelque temps pour ins-
pirer aux lecteurs de leurs articles et
aux auditeurs de leurs conférences
l'idée que les républicains sont obligés
.e choisir entre le collectivisme révo-
lutionnaire et le réactionnarisme clé-
rical, entre la dictature d'un César et
la « dictature révolutionnaire du pro-
létariat socialiste ».
S'il fallait les en croire, il n'y aurait
en dehors de ces deux camps et de ces
deux dictatures, place pour personne
ni pour rien.
Il a pu se trouver des députés et
même des ministres assez naïfs pour
4e croire; on a vu, par exemple, deux
ministres des finances pris l'un sur les
bancs de la gauche radicale et l'autre
sur ceux du centre gauche, s'inspirer
dans leurs projets de réformes du di-
lemme des collectivistes et se jeter
dans leurs bras, le premier avec un
Impôt global aussi révolutionnaire et
collectiviste que césarien, le second
.avec un impôt sur la rente qui faisait
dire au président du conseil, par l'un
des leaders du collectivisme révolu-
tionnaire : « Je me félicite de vous
avoir pour collaborateur. » On a vu
aussi un cabinet démocratique s'ima-
giner qu'il ne pourrait vivre qu'en se
mettant à la remorque des collecti-
vistes révolutionnaires et des boulan-
gistes les moins repentis. Mais le sort
qu'ont eu les projets et le cabinet aux-
quels je fais allusion, prouvent qu'il
y a beaucoup de gens peu décidés à
accepter le dilemme des collecti-
vistes.
L avenir confirmera le passé. Il
prouvera qu'il y a dans notre pays
une masse considérable d'excellents
républicains aussi hostiles au collecti-
visme révolutionnaire qu'au réaction-
narisme clérical, à la dictature d'un
César qu'à celle d'une révolution, mais
qui désirent des réformes et qui s'ar-
rangeront pour les obtenir, sans ver-
ser ni dans le collectivisme, ni dans le
césarisme.
**
Je pense même que plus les collecti-
vistes donneront de publicité à leurs
dilemnes, plus ils verront s'accroître
le nombre des citoyens désireux d'é-
chapper aux termes extrêmes entre
lesquels ils sont invités à choisir.
Les dangers que les solutions exces-
sives sont susceptibles de faire courir
,à la France et à la République devien-
dront, en effet, d'autant plus évidents
que l'on projettera sur elles plus de lu-
mière et qu'on prétendra les faire con-
sidérer comme inévitables.
Plus les partis extrêmes voudront
s'imposer et plus ils verront se détour-
ner d'eux les gens qui leur auraient,
par faiblesse ou inadvertance, fait
quelques concessions.
**#
J'ai tort même d'appliquer l'expres-
sion de « parti » aux deux groupes ex-
trêmes, dans lesquels le dilemme des
collectivistes prétend parquer le pays
tout entier, car un parti politique n'est
vraiment digne de ce nom que s'il est
capable d'exercer le gouvernement
dans les conditions normales de la vie
d'un peuple. Or, le collectivisme avoue
qu'il en est incapable, lorsqu'il invo-
que à son aide, pour le hisser au pou-
voir, la dictature révolutionnaire;
quant aux réactionnaires cléricaux,
ils font un aveu semblable; quand ils
appellent à leur secours, dans le même
but, les coups d'état et la dictature
césarienne.
Non seulement les groupes extrêmes
reconnaissent ainsi leur impuissance
à exercer le gouvernement et leur non
existence à l'état de partis politiques,
mais encore ils mettent tous les gou-
vernements, quels qu'ils soient, con-
servateurs ou démocratiques, dans
l'impossibilité de s'appuyer sur l'un
ou l'autre d'entre eux. Ils se condam-
nent à vivre dans un état permanent
d'hostilité contre tous les gouverne-
ments réguliers.
Aucun ministère démocratique ne
pourrait plus, en face du dilemne posé
par les collectivistes avec tant d'insis-
tance, ni leur demander aucun con-
cours, ni leur donner aucun appui.
Un ministère conservateur ne pour-
rait pas davantage prendre son point
d'appui sur un groupe dont la réaction
cléricale n'aurait d'autre aboutissant
que la dictature césarienne.
#*#
Les collectivistes qui voudraient
acculer les républicains à choisir entre
la révolution-et le césarisme ne son-
gent pas, sans doute, qu'une autre con-
séquence de leur attitude et de leurs
S retentions est, en diminuant le nom-
re de leurs adeptes, de rendre beau-
coup plus facile la constitution d'un
j
ministère démocratique et progres-
siste, n'ayant aucun besoin de compter
avec eux et pouvant réaliser sans leur
appui les réformes démocratiques et
sociales réclamées par la majorité du
pays.
Nombreuses, en effet, sont les ré-
formes de tous ordres qu'il est facile
d'introduire dans nos mœurs et dans
notre législation sans porter aucune
atteinte ni à la liberté individuelle, ni
à la propriété et sans socialiser quoi que
ce soit, en consolidant, au contraire,
les libertés et les droits individuels,
tout en adaptant mieux leur jouis-
sance aux besoins de notre époque.
Pour opérer la décentralisation po-
litique et administrative du pays, in-
troduire plus d'équité dans la réparti-
tion des impôts, diminuer les dé-
penses publiques, mettre davantage
de justice dans les charges militaires,
concilier les intérêts des ouvriers et
des patrons, distribuer l'instruction
publique avec plus de largesse et une
appréciation plus saine des besoins
des élèves, etc., il n'est besoin ni du
collectivisme, ni de la dictature révo-
lutionnaire du prolétariat socialiste;
il suffit d'une douzaine de ministres
animés de l'esprit démocratique et ré-
solus à ne se laisser entrainer hors de
leur voie ni par les menaces des révo-
lutionnaires ni par celles des fauteurs
de coups d'Etat.
J'ai assez de confiance dans les res-
sources intellectuelles de la France
pour croire qu'il ne sera pas impossi-
ble de trouver tôt ou tard cette dou-
zaine d'hommes imbus à la fois de
l'esprit démocratique et de l'esprit de
gouvernement. Et je suis assuré qu'ils
auraient la masse entière de la nation
laborieuse et tous les républicains avec
eux, car le pays ne veut ni de la réac-
tion ni de la révolution.
Le pays sait, d'ailleurs, que les deux
termes du dilemne posé devant lui par
les collectivistes ne sont pas aussi éloi-
gnés l'un de l'autre qu'on cherche à le
lui faire croire. Il les a vus, dans le
passé, s'engendrer toujours récipro-
quement: il a vu la révolution donner
naissance au césarisme et du césa-
risme sortir la révolution ; c'est un
motif de plus pour qu'il ne veuille ni
de l'un ni de l'autre.
J.-L. DE LANESSAN.
Nous publierons demaira un article
de M. Charles Bos.
RENFLOUNTjjjj
On télégraphie d'Alger que, par suite de
l'allégement considérable de la cale d ar-
rière, le cuirassé Magenta a pu être rentloué
pendant la nuit.
Les dimensions du bassin de radoub d'Al-
ger ne permettant pas de recevoir le Ma-
genta, il est probable que le cuirassé se
rendra à Toulon.
Une décision sera prise à ce sujet quand
on aura vérifié l'importance des dommages
de la coque.
Le Magenta cesse de prendre part aux
manœuvres.
A ce sujet, le ministre de la marine a reçu
la dépêche suivante d'Alger :
« Hier mardi, 21 juillet, à dix heures du
soir, le Magenta a repris son mouillage ha-
bituel dans le port d'Alger.
» La visite n'a rien révélé de particulier.
Il n'y a aucune dénivellation.
» Le commandant Fort a déclaré que son
bâtiment est parfaitement en état de rem-
plir la mission qui lui est tracée par le
thème des manœuvres.
» L'incident est dû à la rupture de la petite
chaîna du corps-mort, qui sert à prendre à
bord la grosse chaîne sur laquelle s'amarre
le bâtiment. -
LA DISCUSSION BUDGÉTAIRE
Dans la séance qu'elle a tenue hier matin,
la commission du budget a examiné, sur
le rapport de M. Emile Constant, le budget
des cultes.
Des réductions s'élevant à 94,000 fr. ont
éLé opérées, notamment une réduction de
50,000 fr. sur les allocations aux desservants
t aux vicaires.
M. Merlou a demandé la suppression des
traitements aaectés aux évéohes non con-
cor aiaires. Cette proposition a été re-
poussée.
La commission a également adopté hier
matin le budget de la Caisse des Invalides
de la marine sur le rapport de M. Plichon.
La commission a également tenu séance
dan s l'après-midi. Elle a entendu MM. Georges
Cochery et Kambaud sur le relèvement des
crédis relatifs aux instituteurs.
Le ministre des finances partage les sym-
pathies de la commission à l'endroit des
instituteurs et il serait très heureux de pou-
voir relever leurs traitements tels qu'ils ont
été é ablis par la loi de 18^3.
Malheureusement les ressources font dé-
faut ; déjà l'équilibre budgétaire arrêté par
le gouvernement se trouve compromis par
suite de l'ajournement de sa réforme fiscale
qui devait procurer au Trésor un complé-
ment de recettes de lf300,000 fr.
Il y a actuellement un déficit d'environ
deux millions. Le gouvernement s'appli-
quera à rechercher d0 nouvelles économies
et il supplie la commission de ne pas relever
les crédits proposés par lui tantqu'elle n'ap-
portera pas des ressources correspondantes
et d ajourner le vote de ce chapitre jusqu'à
la fin de ses travaux.
M. Rambaud, ministre de l'instruction
publique, fournit quelques explications com-
plémentaires.
Répondant à une question de M. Antonin
Dubost, le ministre Je l'instruction publique
a déclaré que les sommes inscritesau bud-
get étaient largement suffisantes pour faire
Cace aux dépenses qu'entraînent les subven-
tions aux communes pour les constructions
des bâtiments scolaires. Il ne pense pas, en
outre, qu'il soit nécessaire de rétablir le cré-
dit de 300,000 fr. inscrit pour indemnités aux
maîtresses des travaux à l'aiguille dans les
écoles mixtes.
Après le départ des ministres, la commis-
sion du budget a ajourné son vote relatif au
traitement des instituteurs jusqu après l'exa-
men des autres budgets. Si des économies
suffisantes étaient réalisées, les crédits
pourraient être relevés au chiffre proposé.
La question de l'indemnité aux maîtresses
de travaux à l'aiguille a été également ré-
servée. La commission a ensuite adopté le
budget des services pénitentiaires.
UN DÉRAILLEMENT
Hier, dans l'après-midi, un train de mar-
chandises qui faisait des manœuvres a dé-
raillé à 500 mètres environ avant la gare de
Arvant (Puy-de-Dôme).
La voie est restée obstruée pendant plu-
sieurs heures.
Il n'y a, heureusement, aucun accident de
personnes à déplorer, mais les dégâts maté-
riels sont importants.
Une enquête est ouverte.
Le Président de la 9° Chambre
Le roulement du tribunal de la Seine pour
l'année judiciaire 1896-1897 n'est pas encore
établi, mais on sait cependant dès aujour-
d'hui que M. Bidault de rIsle, le distingué
président de la ge chambre, qui apportait
dans l'exercice de ses dangereuses fonc-
tions autant de science juridique que d'é-
quité, émigrera à la 4e chambre — la cham-
bre des divorces.
C'est M. Richard qui le remplacera à la
9e chambre, où les présidents vraiment heu-
reux sont ceux qui n'ont pas d'histoire.
-.---
LES ON-DIT
CARMBT QUO ITLH:
Les courses : A Maisons-Laffitte.
— Concours du Conservatoire : harpe, piano
(hommes).
— Durée du jour : 16 h. 48 m.
CHEZ NOUS
—— Tout comme à Londres.
C'est hier que les agents de la brigade
des voitures ont été munis du fameux
baton-signal.
Il m'a été donné d'admirer sur les grands
boulevards ces guerriers pacifiques ma-
niant leur nouvel accessoire. La mesure
paraît devoir donner de bons résultats.
- Li-Hung-Tchang, en France.
Li-Hung-Tchang, dans sa visite d'hier au
ministre des affaires étrangères, était ac-
compagné par M. Lo Fen Lo, son principal
interprète.
M. Hanotaux était assisté de M. Deveria,
premier secrétaire interprète.
Il a été convenu que le ministre aurait
un nouvel entretien avec Li-Hung-Tchang
au retour du voyage que celui-ci va faire à
Lyon et à Saint-Etienne.
Dans l'après-midi d'hier l'ex vice-roi du
Petchili a visité l'établissement horticole
de la porte Daumesnil; puis il s'est rendu à
la manufacture des Gobelins.
Li-Hung-Tchang a ensuite rendu visite
à M. Méline, à l'ambassadeur du Portugal,
au comte de Turenne et à Mme Gérard,
femme du ministre plénipotentiaire de
France à Pékin.
Le soir, Li-Hung-Tchang — tel monsieur
Choufleury — est resté chez lui.
- L'exposition au Muséum des col-
lections Pavie :
M. André Lebon, ministre des colonies,
accompagné de représentants des ministres
de la guerre et des affaires étrangères, a
inauguré hier, au Muséum d'histoire na-
turelle, l'exposition des collections rap-
portées d'Indo-Chine en 1895 par la mis-
sion Pavie.
Le ministre a été reçu par M. Milne-
Edwards, directeur, et par M. Pavie, qui
lui ont présente les collections. Celles-ci
se composent, en grande partie, d'agran-
dissements de vues photographiques prises
surtout dans les régions jusqu'alors incon-
nues du Laos et de l'Annam. Les docu-
ments ethnographiques, armes et costumes,
des mêmes régions, sont également cu-
rieux. On remarque , enfin, d'intéres-
santes collections d'animaux d'espèces
rares et de nombreuses cartes géogra-
phiques du Mékong, du Cambodge et du
Laos établies depuis 1884.
- L'Union de la chambre syndicale
des cochers a fait placarder hier une affi-
che imprimée sur papier blanc, à encadre-
ment tricolore, annonçant aux cochers que
le président de la République a bien voulu
lever les 850 contraventions faites jusqu'au
14 juillet.
- En exécution d'une circulaire du
28 août 1895, les gouverneurs des colonies
ont procédé à la nomination de comités
locaux chargés de préparer la participation
de nos établissements d'outre-mer à l'Ex-
position de 1900.
A l'heure actuelle, les listes de,Ja plu-
part de ces comités sont parvenues au mi-
nistère des colonies.
- Le général Billot s'est rendu hier à
Rouen, afin d'assister au mariage de Mlle
de Montfort, fille du député de la Seine-
Inférieure.
- La Grande distillerie Cusenier vient
de se signaler par une nouvelle création :
l'Absinthe blanche oxygénée. Grâce à de
puissants moyens de rectification, toute
trace d'élément nuisible disparaît. La sa-
veur en est exquise. Demandez l'Absinthe
blanche oxygénée Cusenier dans tous les
bons cafés : la Muse verte légendaire de-
vient la Dame blanche.
- La maladie de M. Spuller.
A la suite d'une aggravation survenue
dans l'état de santé de M. Spuller, ses deux
neveux par alliance, MM. Delpeuch, sous-
secrétaire d'Etat des postes et télégraphes,
et Duflos, directeur de l'administration pé-
nitentiaire, sont partis pour Sombernon
(Côte d'Or), où réside l'ancien ami intime
de Gambetta.
- L'affaire de la porte Limbert, en
Avignon.
La commission des monuments histo-
riques s'est réunie hier matin sous la pré-
sidence de M. Rambaud, ministre des
beaux-arts, pour examiner quelle suite il
convenait de donner à l'affaire de la démo-
lition de cette porte d'où tant de polé-
miques sont sorties. -
Après avoir entendu la lecture du rap-
port de M. Paul Bœswillwald, inspecteur
général des monuments historiques, chargé
de faire sur place une enquête avec son
collègue, M. Selsmersheim, la commission
a émis le vœu que l'administration pour-
suive l'application de la loi du 13 mars
1887.
- La mère Ibrahim, l'ex-glorieuse
cantinière du 2e zouaves vient de mourir
à l'hospice de Vichy des suites de la ma-
maladie qui la minait depuis longtemps.
La vieille héroïne était âgée de soixante-
seize ans et chevalière de la Légion d'hon-
neur. Ses obsèques seront célébrées proba-
blement mercredi. Les honneurs militaires
lui seront rendus.
- Les restes mortels du colonel Bon-
nier et des autres officiers tués à Tacoubas
et à Djenné sont arrivés par ies Message-
ries fluviales, à Saint-Louis du Sénégal —
ou les honneurs leur ont été rendus.
A L'ETRANGER
- Le congrès international des so-
ciétés protectrices des animaux, à Buda-
Pesth, a décidé que le prochain congrès
se réunirait à Paris en 1900.
—~ Dimanche aura lieu, à Lucerne, l'i-
nauguration du monument élevé à Bour-
baki et aux soldats français internés et
morts en Suisse en 1871. Le colonel de
Segesser remettra le monument à la ville.
Il est probable que l'ambassadeur de
France assistera à la cérémonie.
- Le mariage de la princesse Maud et
du prince Charles de Danemark a eu lieu
hier à Londres.
Sur le parcours de Marlborough à Buc-
kingham-Palace, des mâtsvénitiens avaient
été élevés et les couleurs danoises, rouge
et bleu, dominaient.
Des détachements du premier régiment
de Goldstream et du premier écossais de
la garde faisaient la haie. -
Le prince de Galles accompagnait sa
fille.
La chapelle de Buckingham-Palace était
décorée de tentures de soie rouge et de
fleurs.
- On annonce de Londres la mort, à
l'âge de cinquante-neuf ans, de Charles
Dickens, fils ainé de feu Charles Dickens,
le célèbre romancier anglais.
Il s'était occupé pendant longtemps de
poursuivre la publication des œuvres de
son père.
- Le comité directeur du bureau cen-
tral deb ..:>vciations de la presse a tenu
hier à Zurich, une séance constitutive.
Ont été nommés : président, M. Singer
(Vienne).
Vice-présidents : MM. Schwertzer (Ber-
lin), Hébrard (Paris), Torelli (Milan), Be-
raza (Madrid) ;
Secrétaires : MM. Taunay (Paris), Jan-
sen (Suède) ;
Trésorier : M. Canler (Bruxelles).
M. Boissevain (Amsterdam), a été nom-
mé président de la commission d'admis-
sion.
MM. Osterrieth (Berlin), Albert Bataille
(Paris) ont été désignés comme délégués
au congrès de la propriété littéraire et ar-
tistique à Berne.
Le comité a ensuite arrêté l'ordre du
jour du prochain congrès de la presse à
Stockholm. Entre autres questions y figu-
rent celle des droits d'auteur et celle des
droits de la presse au point de vue de la
législation des différents pays.
La prochaine séance du comité directeur
aura lieu au mois de février prochain.
- Nouvelles du tournoi international
d'échecs de Nuremberg. Ont gagné :
M. Tschigorin, contre M. Blackburn;
M. Steinitz, contre M. Teichmann;
M. Ianowsky, contre M. Winawer;
M. Wallbrodt, contre M. Korges ;
M. Lasker, contre M. Schiffers.
Ont fait partie remise : MM. Marco, Al-
bin, Schlechter, Piblsbury, Schowalter et
docteur Tarrasch.
- Samedi prochain se tiendra, à la
Haye (Hollande), le congrès maçonnique
de 1896.
M. Lucipia, président du conseil de
l'ordre du Grand-Orient de France, assis-
tera aux séances.
De nombreuses questions sont à l'ordre
du jour, parmi lesquelles les règles de
l'éducation pour les enfants; les moyens
de venir en aide aux enfants moralement
abandonnés; l'arbitrage pour la paix, etc.
Rappelons que le dernier congrès ma-
çonnique s'est tenu en 1894, à Anvers.
Une curieuse coquille :
Le Daily News constate que les médail-
les de l'exposition de Chicago qui vien-
nent d'être distribuées seulement tout ré-
cemment, c'est à dire après trois ans d'at-
tente portent au verso une curieuse co-
quille puisque l'année 1893 y est mention-
née comme date de la découverte de l'A-
mérique par Christophe Colomb :
MDCCCXCII au lieu de MCCCCXCII.
'--. Au pôle Nord en ballon :
Le bateau à vapeur Lofoten, qui porte
l'explorateur Andrée et sa fortune, a passé
au Spitzberg et y est resté jusqu'au 18 juil-
let. La température y était alors pluvieuse,
nuageuse et orageuse, mais elle n'était pas
froide.
M. Andrée commence aujourd'hui de
gonfler son ballon. Il opérem son ascen-
sion le 37 juillet si les conditions météoro-
logiques le permettent.
Le Passant.
LA StMLTME DE M. DE MORÊS
On nous dit que la famille de M. de
Morès serait aujourd'hui décidée à faire
exhumer le corps du caveau où il a été
déposé au cimetière Montmartre pour le
faire transporter à Cannes, où il serait in-
humé.
L'EAU A PARIS
La question des eaux préoccupe tout le
monde, aussi les ménagères regardent-elles
avec inquiétude le robinet de leur cuisine.
Les chaleurs que nous subissons vont-elles
avoir pour conséquence la pénible séche-
resse et la terrible eau de Seine ? Avant de
la boire, parlons-en.
On peut rapporter toutes les eaux com-
munes à deux types fondamentaux, repré-
sentés à Paris par la Vanne et la Seine. Le
premier type est caractérisé par sa couleur
bleue, il est très précieux pour l'alimenta-
tion ; le second par sa couleur verte et ne
convient qu'aux usages industriels. On ne
peut pas ramener l eau verte à l'état bleu,
mais il y a mille manières de transformer
l'eau bleue en eau verte, les matières orga-
niques en décomposition sont un des agents
les plus actifs - de cette - transformation. - -- --
La berne, bleue a Corneii, est verte a
Paris et res e de cette couleur jusqu'à Cau-
debec, c'est-à-dire jusqu'au point où la mer
agit sur elle. Les sables blancs, les herbes
vertes et les mollusques que l'on observe en
amont du collecteur d'Asnières disparais-
sent en aval, dès que les eaux de la Seine
sont mélangées à des eaux d'égoùt. Los
sables de macadam, entraînés par l'égoùt
dans le lit de la Seine, y occupent une éten-
due de 1,000 à 1,200 mètres.
La vase formée de détritus se trouve au
maximum à l'embouchure du collecteur de
Clichy. De cette eau se dégagent de grosses
bulles de gaz dl's marais, très abondantes
dans les trois premiers kilomètres en aval
du grand collecteur. C'est dans cette partie
infestée de la Seine qu'une grande morta-
lité frappe les poissons et que la vie végé-
tale ou animale est détruite ou descendue
au dernier deré de l'échelle.
Hàtons-nous d ajouter que l'eau distribuée
ddns Paris ne provient pas de cet endroit.
Il résulte de nombreuses expériences que
l'eau de Seine at.aque fortement le plomb
et que le produit de cette action est formée
de sels de plomb et de chaux.
Hippocrat-, dont le génie observateur
avait compris 1 importance de l'eau dans
l'alimentation humaine, a dit dans son
traité :
« d faut avoir beaucoup d'égard à la na-
ture des eaux, examiner si elles sont claires
ou bourbeuses, douces ou dures, c'est un
point d où dépend particulièrement la santé.
due bonne eau potable doit êtra limpide,
légère, aérée, sans odeur ni saveur sensible,
chaude en hiver et froide en été. »
Nous ne pensons pas que l'eau de Seine
réunisse toutes ces belles qualités.
Les précautions-à prendre sont multiples,
lorsquil s'agit de l'eau potable; c est ainsi
que M. Pasteur, en tête des instructions don-
nées à la mission française, chargée d'étu-
dier le choléra en Egypte, prescrivait de
tlamber préalablement les vases destinés à
contenir les eaux alimentaires.
A l'époque ou on se preoccapait peu au
service de l'industrie, de la vuirie et des
égoûts, le chiffre de 20 litres d'eau par ha-
bitant et par 24 heures pouvait suffire aux
usages domestiquas. Cette opinion était ad-
mise, il y a cinquante ans. On a reconnu
depuis longtemps que cetie quantité devait
être considérablement augmentée.
M. Foucher de Careil a dit avec baaucoup
de bon sens : « Il faut qu'il y ait trop d'eau
pour qu'on en ait assez. »
En Amérique, c'est une prodigalité d'eau
dont nous n'avons aucune idée. Mais, il est
vrai de dire que si les Américains ont la
quantité, la qualité leur sembie indifférente.
Dans les petites villes, ils se servent en gé-
néral d'une pompe à feu qui refoule directe-
ment l'eau de la rivièrs. Dans les grandes
cités, il> dérivent des torrents d'eau qu'ils
puisent là où il y en a en abondance.
Le célèbre barrage du Potomac à Washing-
ton est une œuvre gigantesque qui fait i ad-
miration du monde entier, mais cette seule
eau potable est trouble et même sale; et
souven- elle cause des épidémies terribles.
Nous sommes fort heureusement mieux
servis, aussi n'oublions pas que Paris, objet
de l'admiration de tous les étrangers, doit
ajouter à ses merveilles la profusion de
l'eau.
M. FÉLIX FAURE AU HAVRE
RENFLOUEMENT DU « SAINT-MARC »
Le président de la République a reçu à
onze heures la municipalité.
Le maire était accompagné de ses six
adjoints. L'entrevue a été des plus cordia-
les. La conversation a porté sur des faits
locaux : la question du chômage, celle des
hopitaux et celle des prochaines fêtes. La
municipalité a également entretenu M.
Félix Faure des courses de chevaux de di-
manche et enfin des régates du ior août,
auxquelles le président assistera.
On travaille activement au renflouement
du steamer Saint-Marc coulé, comme nous
l'avons dit hier, dans l'avant-port.
M. Pesten vient d'obtenir l'entreprise
du renflouement du steamer Saint-Marc.
La nuit dernière, les bateaux le Grave-
linois et le Rapide, porteurs du matériel
nécessaire, ont été conduits près du vapeur
coulé, et M. Pesten a commencé les tra-
vaux.
L'entrepreneur a constaté que le Saint-
Marc avait actuellement cinq mètres d'eau
dans la cale.
Aussitôt que la déchirure aura été répa-
rée, deux bateaux-pompe de la chambre de
commerce seront appelés près du Saint-
Marc pour procéder à l'épuisement, afin
de permettre la remise à flot.
D'après l'avis de M. Pesten, le Saint-
Marc ne pourra être renfloué que vendredi
prochain.
Ajoutons que la navigation, tant à Ftea
tree qu à la sortie, s'effectue comtn
cuIté.
L'échouage n'a occasionné aucun cutftI
accident dans l'avant-port.
LES ABUS DE LA CHIRURGIE
GRAVES ACCUSATIONS
Contre la maternité
Quarante mille opérées inutilement,
Quelques protestations—-Trafics K^i\tOTnt
On a plus d'une fois protesté contre la
superbe désinvolture avec laquelle ocMains
chirurgiens, trop désireux d'attacher leS
nom à quelque belle découverte scientifique,
pratiquent sur les malades confiés à leurs
soins d inutiles et dangereuses opérations.
Un jeune médecin de talent, M. le docteur
Canu, demande aujourd'hui ce que Ton doit
penser de ceux qui n'ont môme pas l'excusa
de la science et qui, pour l'unique amour de
l'art, quand ce n'est pas pour l'amour de
l'argent, risquent d'estropier ou de tuer les
malheureux dont la vie et la santé sont re-
mises entre leurs mains.
Le nombre en est, parait-il, beaucoup ploi
considérable qu on ne croit, et il faut avouer
que si les faits qu il dénonce sont exacts, on
a lieu de réclamer de promptes et énerai-
ques mesures poar rappeler au respect de
la vie humaine ceux qui, ayant mission de
marché en font si volontiers boa
marché.
LES VICTIMES DE LA CHIRURGIE
M. le docteur Canu n'a pas porté ses in-
vestigations sur plusieurs points. Il s'est
borné à étudier un cas qui semble à nre-
mière vue, tout à fait exceptionBel, m-
qui s est, en réalité, étonnamment répanda
depuis quelques années: nous voulons par-
1er de l'ovadotomie et ie l'hystérotomie.
D'après M. Canu, près de quarante mille
femmes auraient subi à Paris cette terrible
opération depuis 1883, et on pourrait estimer
à cinq cent mule environ le chiffre des fran-
çaises que les chirurgiens auraient ainsi
ravies aux joies de la maternité ! *
Dans le seul service de M. Péan, à Saint-
Louis, on a opéré en cinq ans, 777 femmes.
A Broca, le nombre est plus élevé. Dana
presque tous lea hôpitaux de l'Assistance
publique, il en est à peu près de môme.
Bref, chaque année, il y a à Paris de deux à
trois mille femmes condamnées par la chi-
rurgie à la stérilité.
un reste effi-ayé en présence de ces chif-
ir^s. un l'est bien davantage quand o*
examine de près tes résultats qu'a eus,
dans la plupart des cas, cette opération m
délicate, si dangereuse, et à laquelle on ne
devrait se résoudre, semble-t-il, qu'à la
dernière extrémité.
r> JrJnquôîe faite par le docteur Canu ne
nous revele-t-elle pas, en efet, que sur 102
femmes opérées à Saint-Joseph - déduction
laite des décédées - presque toutes sont au-
jourd'hui plus malades qu'avant?
Chez les unes, Il's crises nerveuses réap-
paraissent plus violentes; chez les autres la
vue est atteinte. Presque toutes sont dans
un état de faiblesse telle qu'ellesne peuvent
plus travailler.
Les uérisons totales se comptent sur les
doigts. On n'en trouve pas plus de quatre
ou cinq. Pour les autres, l'opération n a fait
qu accroiire souvent les douleurs abdomi.
nales et leur donner par surcroit de 18
sénilité prématurée, des maladies noires, de
l'insomnie, des nausées, des palpitations de
cueur,des troubles gastriques et mille mauf
plus terribles encore.
Peut-on dire au moins que, sans l'ablation
des organes, il n'y avait pas d'espoir de sau.
ver ces malheureuses ? Nullement, car beau.
coup n étaient que légèrement atteintes et
pouvaient parfaitement se rétablir salU
l'aide du bistouri. Bien mieux, il en est qu'os
a opérées sur de faux diagnostics, trop hàti
vement établis i
OPÉRÉES MALGRÉ ELLES
Mais ce qui est plus révoltant que tout,
c'est que dans la majorité des cas, l'opéra-
tion a été faite sans le consentement de la
malade, quelquefois même contre sa volonté
formellement exprimée.
Nous en laissons juge le lecteur.
— L'opération,dit le mari d'une de ces mal-
heureuses - M. N., rue de la Clef — a été
faite à Necker en 1891 par le docteur X.,
qui n'a informé ni moi ni ma femme, du
genre d'opération qu'il s'était proposé de
faire. Ce n'est que plus tard que nous l'avons
su. Cinq mois après, Mme N. a été obligée
de ren rer à l'hôpital. A la fin de la même
année, elle y rentrée une troisième fois.
J'ai été trompé par le chef de clinique ; il
m'a rendu ma femme dont l'inutilité est ac-
cablante dans mon ménage. Je considère
l'opération comme un grand malheur.
— L'opérateur, écrit un autre — M. G.
dont la femme a été opérée en 18q4. — nous
avait dit simplement qu'une petite interven-
tion chirurgirale était nécessaire, sans indi-
quer le genre de l'opération et ses consé-
quences. Ma femme a demandé cinq ou six
jours après à l'interne ce qu'on lui avait fait.
L interne lui a répondu qu'elle n'avait pas
besoin de le savoir.
— J'ai été opérée à Broca, dit Mme M.,
par le docteur X., qui ne m'a pas fait con-
naitre l'opération qu il voulait me faire, ni
ses conséquences. Je n'ai été fixée que plus
tard, lorsque j'ai demandé la signification
du mot ovariotomie écrit sur ma pan-
carte. - - - - - - -
— On m'a opérée à Beaujon en 1894, dé-
clare Mlle L. J'avais formellement défendu
qu'on me fit cette opération. C'est avec dou-
leur que j'ai appris que j'avais été rendue sté-
rile à mon insu et contre ma volonté par le
docteur X. Je continue toujours à souffrir.
Je suis privée de ne pouvoir plus songer au
mariage. Je ne me considère plus comme
une femme. Je trouve abominable l'inter-
vention qui a eu lieu sur moi sans m aver-
tir, ni prévenir ma famille, car on m'avait
dit qu'on me ferait une petite incision, qu'on
ne me ferait pas autre chose sans me de-
mander mon avis.
Tontes les malades font les mêmes dé-
clarations. Toutes disent que si elles avaient
su le genre d'opération qu'on voulait prati-
quer sur elles, elles s'y seraient opposées.
Toutes accusent d indélicatesse les méde-
cins qui les ont condamnées à la stérilité
sans les guérir et qui ont souvent brisé, du
même coup de bistouri, la paix et la tran-
quillité de leur ménage.
DESSOUS D'OPÉRATIONS
Aussi n'y a-t-il pas lieu de s'étonner cuu
le mari de l'une d'elles, veuf sans réfrv
proteste avec énergie contre l'irresponsab*»
lité dont les chirurgiens jouissent en FranMrî
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