Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1896-07-17
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 17 juillet 1896 17 juillet 1896
Description : 1896/07/17 (N9625). 1896/07/17 (N9625).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7564448q
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/05/2013
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ANNONCES
AUX BUREAUX DU JOURNAL
131, rue Montmartre, 131
JÇtûhôa MM. LAGRANGE, CERFI Cu
.l 6, place de la Bourse, 6.
gLdresse téléjrNpMçtue : XIX' SIÈCLE — PARIS
ABG^E&SgSiTS
Paris v Taw Iw, 6 f. Sx MI, XI £ iï, «) £
Départements — 7f. — iaf, $g
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RÉDACTION: 131, rue Montmartre, 131
Ve 4 à 8 heures du soir et de 10 heures du soir à 1 heure du matin
WO 9625. — Vendi^adi 17 Juillet 1896
80 MESSIDOR AN 104
- -
AD-IIINISTRATION: 131, rue Uontmartre. 13t
Adresser lettres et mandats à l'Administrateur
NOS LE A DERS
LETTRES LIBRES
OPPOSITION ET FONCTIONNAIRES
On n'a pas oublié que pendant toute
la durée du ministère Bourgeois, les
journaux radicaux insistaient presque
quotidiennement sur la nécessité d'im-
poser à tous les fonctionnaires le res-
pect de la politique suivie par le cabi-
net. Ils demandaient à M. Bourgeois de
pratiquer dans le personnel des diver-
ses admistrations de rigoureuses « épu-
rations »; ils l'accablaient de très vifs
reproches parce que ses mouvements
administratifs n'allaient pas assez vite
,et qu'il ne mettait pas à la retraite ou
en disponibité les fonctionnaires con-
nus pour avoir joui plus particulière-
ment de la confiance des cabinets con-
servateurs.
En principe, les écrivains radicaux
et socialistes qui tenaient ce langage
avaient raison. Dans la pratique, je
trouvais qu'ils allaient trop loin et que
M. Bourgeois devait se borner à don-
ner des instructions précises à tous
les fonctionnaires, les inviter à servir
la politique du cabinet s'ils apparte-
naient au personnel politique, et à ne
la contrecarrer en aucune circons-
tance s'ils faisaient partie des admi-
nistrations non politiques. On préten-
dait, à cette époque, que M. Bour-
geois n'appliquait ni l'une ni l'autre
des deux méthodes que je viens de
rappeler et qu'il laissait les fonction-
naires aller à leur guise là où leurs
sentiments intimes et leurs intérêts du
,lendemain les poussaient, c'est-à-dire
vers le conservatisme, qui les avait
mis en place et qu'ils espéraient voir
revenir bientôt au pouvoir.
M. Bourgeois a fait lui-même, a Li-
sieux.' l'aveu que sa conduite fut, en
effet, celle que lui reprochaient parfois
très durement les écrivains radicaux
et socialistes. « J'ai connu, moi aussi,
a-t-il dit, pendant que j'avais l'hon-
neur d'être à la tête du gouvernement,
des réunions comme celle-ci, dans les-
quelles de bons républicains croyaient
en conscience devoir combattre cer-
taines de nos idées Eh bien, jamais je
n'ai songé à interdire aux fonction-
naires d'y venir, car j'estimais qu'en
même temps qu'ils sont fonctionnaires
ils sont citoyens. » En d'autres termes,
M. Bourgeois avoue qu'étant président
du conseil des ministres, chef du gou-
vernement qui devait s'exercer au nom
du parti démocratique dont il avait la
confiance, il trouvait naturel que les
fonctionnaires prissent part à des réu-
nions où l'on combattait le gouverne-
ment et le parti démocratiques.
M. Bourgeois, en agissant de la
sorte, ne se doutait certainement
pas qu'il commettait la faute la plus
grave qu'un chef de cabinet puisse
commettre ; il inspirait au personnel
des administrations publiques et au
pays la pensée que son gouvernement
n'avait pas assez d'autorité pour se
faire respecter et que son passage au
pouvoir était purement provisoire.
$-J¡\c*
L'aveu qu'il vient de faire explique
la désinvolture avec laquelle son gou-
vernement fut traité par la plupart
des préfets et sous-préfets et par l'im-
mense majorité des fonctionnaires des
diverses administrations.
Autorisés à prendre part à toutes
les manifestations hostiles au cabinet,
pourquoi se seraient-ils mis en peine
de servir le gouvernement démocra-
tique? Pourquoi auraient-ils apporté
la moindre réserve dans l'expression
de leur hostilité contre la politique du
ministère? Pourquoi se seraient-ils
privés de manifester leurs opinions
conservatrices? Ils n'avaient rien à
redouter du ministère Bourgeois et ils
étaient certains de plaire au cabinet
plus ou moins conservateur qui vien-
drait ensuite.
Aussi les fonctionnaires ne se gê-
naient-ils guère ! Combien de fois dans
ce journal n'a-t-on pas relevé leurs
incartades? Combien de fois nos colla-
borateurs n'ont-ils pas attiré, vaine-
ment d'ailleurs, l'attention de M.
Bourgeois sur la nécessité d'imposer
aux administrations publiques le res-
pect de sa politique?
M. Bourgeois, nous le savons au-
jourd'hui, agissait systématiquement;
il trouvait tout simple que les fonc-
tionnaires prissent part aux réunions
dans lesquelles on attaquait sa politi-
que et son gouvernement. Il croyait
sans doute agir avec un louable libé-
ralisme; c'était de la faiblesse et de
l'anarchie, et rien d'autre. C'était tout
ce qu'il y a de plus contraire à cet
« esprit de gouvernement » sans le-
quel un ministère n'a aucune autorité,
se condamne à l'impuissance et ne
saurait avoir ni force ni durée.
Le parti démocratique se doutait
bien des motifs pour lesquels le cabi-
net auquel il accordait tant de con-
Xiance et un si large crédit, n'avait pas
pu vivre au delà de six mois; il en a
vuinnrd'kui la c&jdiUid&Mtu: les confi-
dences que son chef vient de faire à
Lisieux.
Les ministres actuels ont profité des
leçons contenues dans les fautes de
leurs prédécesseurs. Les amis poli-
tiques de M. Barthou n'ont pas eu be-
soin de le pousser à faire respecter le
gouvernement dont il fait partie. A
peine avait-il pris possession du porte-
feuille de l'intérieur qu'il « épurait »
largement cette administration pré-
fectorale à laquelle M. Bourgeois n'a-
vait pas osé toucher et qu'il faisait
sentir à tous ses subordonnés la né-
cessité de faire, non pas telle ou telle
politique de leur choix, mais celle du
cabinet Méline.. Et ses adversaires
eux-mêmes ne pouvaient que l'ap-
prouver lorsqu'il répondait aux inter-
pellateurs attaquant sa conduite et
blâmant les nominations ou révoca-
tions : « Ce n'est point dans le but de
vous être agréable que j'ai agi, mais
afin d'inspirer à toutes les adminis-
trations le respect du gouvernement
qui détient le pouvoir. » Il aurait pu
ajouter, en se tournant vers M. Bour-
geois : « Vous nous aviez appris que
la faiblesse est un mauvais moyen de
gouvernement, nous profitons de la
lecon. »
M. Barthou profite encore de cette i
leçon quand il interdit à ses préfets et
sous-préfets d'assister aux banquets
organisés par un parti qui le combat et
où doivent parler ceux qui font cam-
pagne pour le renverser et prendre sa
place. Au lieu de s'en étonner, M.
Bourgeois aurait dû reconnaître que
son successeur fait preuve, en agis-
sant de la sorte, de l'esprit de gouver-
nement qui lui a manqué.
**
Le parti démocratique n'a fait que
passer au pouvoir; il n'a pas pu le
garder, malgré les sympathies si vives
et si nombreuses qu'il avait dans le
pays, parce qu'il n'a su ni être lui-
même dans son programme niapporter
dans sa conduite l'autorité sans la-
quelle aucun ministère ne peut vivre.
Son programme fut trop collectiviste
et césarien; sa conduite fut trop anar-
chiste.
Il ne pourra reprendre le pouvoir et
le conserver que le jour où les minis-
tres dans lesquels il mettra sa con-
fiance auront un programme exclusi-
vement démocratique et une attitude
assez énergiquement gouvernemen-
tale pour que ses fonctionnaires ne
soient pas tentés de lui faire opposi-
tion.
J.-L. DE LANESSAN.
Nous publierons demain un article
de M. Lucien Victor-Meunier
pp~~ :
LE FOU DE LA CASCADE
Un registre a été déposé dans la loge du
concierge de l'Elysée. Un certain nombre de
membres du corps diplomatique, entre
autres l'ambassadeur d'Espagne, d'hommes
politiques et d'amis personnels dji président
de la République, s'y sont inscrits.
Dès hier soir, le ministre de Belgique re-
cevait l'ordre de Bruxelles de présenter à
M. Félix Faure les félicitations du roi Léo-
pold. Le ministre s'est aussitôt rendu à l'E-
lysée pour remplir cette mission. La plupart
des ambassadeurs et des ministres accrédi-
tés à Paris ont fait de même.
Quant aux télégrammes, ils affluent de-
puis ce matin à l'Elysée, envoyés de pro-
vince et de l'étranger. L'absence de M. Félix
Faure devant être de courte durée, ce volu-
mineux courrier n'a pas été dépouillé ; mais
nous savons que plusieurs souverains, entre
autres l'empereur Guillaume et le tsar Ni-
colas, ont envoyé leurs félicitations au pré-
sident de la République.
François et Boulant, qui avaient été trans-
férés du Dépôt à Mazas avant-hier soir, ont
été extraits hier matin à neuf heures de
cette prison et ont été conduits à leurs do-
miciles respectifs où, en présence de MM.
Atthalin, procureur de la République, et de
Cosnac, juge d'instruction, M. Cochefert,
chef do la sûreté, après avoir brisé les
scellés qu'il avait apposés hier, a perquisi-
tionné.
Chez François, 46, rue de Cléry, on a
trouvé de nombreuses brochures anar-
chistes, des exemplaires de la pétition au
conseil municipal, de A bas les masques! et
enfin différentes pièces de vers.
Puis d'autres volumes : les Comédies du
jour et les Requins de la mer Rouge.
On a trouvé aussi des cartouches de re-
volver avec et sans balles.
Chez Boulant, 214, rue Saint-Denis, on
n'a rien trouvé. Cet individu, ces temps
derniers, fabriquait des bandes pour une
maison de publicité; après avoir fait des
provisions le matin, il avait resolu de déjeu-
ner sur l'herbe à Longchamps avec sa femme
en attendant la revue. Le soleil et le vin
ayant échauffé la cervelle de Boulant, il
avait, sans trop savoir pourquoi, affirme-t-
il, poussé les cris qu'on lui reproche et qui
ont motivé son arrestation.
Devant cette déclaration, qu'a du reste
corroborée l'enquête, le juge a décidé d'ac-
corder au faiseur de bandes sa liberté.
Quant à François, après la perquisition, il
a été réincarcéré à Mazas, en attendant
l'examen médical qu'il va subir prochaine-
ment.
François s'est servi d'un revolver d'une
longueur de 15 centimètres. Cette arme n'est
pas prohibée. En effet, les revolvers d'une
dimension supérieure à 15 centimètres sont
seuls considérés comme armes prohibées.
Un troisième individu a été arrêté, quel-
ques instants après que le coup de pistolet
fut tiré. Il se nomme L. Il est âgé de
vingt-sept ans. Garçon boucher de profes-
sion, il est sans emploi depuis plusieurs
mois.
L., expliquant à haute voix à ses
"KûiâîM l'attentat». énonçait que la jpoliqe n'y
était pas étrangère. Des agents en bour-
geois, disséminés dans la foule, l'entendi-
rent; il fut pris aussitôt et conduit au bu-
reau de M. Benezech, commissaire de police
de service à Longchamps.
Après l'avoir interrogé, le commissaire a
maintenu son arrestation et, hier matin,
une perquisition, qui n'a donné aucun résul-
tat, a été faite à son domicile.
LES CROIX DE LïN'fÉUIEUR
Les nominations dans l'ordre de la Légion
d'honneur que doit faire à l'occasion du
14 juillet, le ministre de l'intérieur ne pa-
raitront pas avant quelques jours.
Sur les dix-huit croix de chevalier que
M. Barthou a à sa disposition pour cette
promotion, deux — peut-ôtre trois — seront
réservées à la presse, mais le choix des
titulaires n'est pas encore définitif.
On assure que, de son côté, M. Méline,
président du conseil, disposera d'une croix
de son ministère en faveur d'un publiciste.
II-».- —
LES TRAVAUX BUDGÉTAIRES
Malgré la clôture de la session, la commis-
sion du budget doit siéger jusqu'à la fin du
mois pour terminer l'examen des divers
budgets de dépenses. Elle se réunira au-
jourd'hui à cet effet.
Notons qu'il n'est plus question de la ré-
forme fiscale.
M. Cochery aurait-il renoncé à présenter
de nouvelles propositions à la Chambre avec
ou sans l'impôt sur la rente.
»»W.. ■> "••• ■ ■ I. ——I- -
LES ON-DIT
CARNET QUOrkJIBtf:
Les courses : A Enghien.
- Session du brevet supérieur (garçons, dé-
partements).
- Durée du jour : 17 h. 4 m.
CHEZ NOUS
- Nous racontons plus loin le voyage
de M. Félix Faure à Reims et son retour à
Paris à onze heures du soir.
Le président de la République était ac-
compagné par M. Méline, président du
conseil, et par le général Billot, ministre
de la guerre.
A sa rentrée à Paris, il a été reçu sur le
quai de la gare par M. Lépine, préfet de
police ; M. Blanc, directeur de la sûreté
générale au ministère de l'intérieur, et M.
Pujalet, son chef de cabinet.
Après avoir pris congé de M. Barabant,
directeur de la compagnie de l'Est et du
vice-président de cette compagnie, ainsi
que des ministres, le président est monté
en landau avec le général Tournier.
M. Blondel et les officiers d'ordonnance
sont montés dans la seconde voiture. Un
peloton de cuirassiers formait l'escorte.
La foule qui s'était massée dans la cour
de la gare l'a acclamé aux cris de : Vive le
président! vive la République!
——- M. Hanotaux, ministre des affaires
étrangères, accompagné par M. Regnault,
chef adjoint de son cabinet, est allé hier
matin rendre visite à Li Hung-Tchang.
L'entretien, très cordial, a porté princi-
palement sur les diverses solutions diplo-
matiques qui sont intervenues en ces der-
niers temps à la satisfaction des deux pays.
Les deux hommes d'Etat se sont félicités
du concours empressé que les autorités du
Céleste-Empire ont donné pour assurer la
pacification de la frontière d'Indo-Chine.
M. Constans a également rendu visite,
dans la matinée, à l'ambassadeur extraor-
dinaire de Chine.
Dans l'après-midi, Li-Hung-Tchang a
reçu au Grand-Hôtel l'amiral Besnard,
ministre de la marine. Il n'était accompa-
gné que de son officier d'ordonnance, le
lieutenant de vaisseau Caubet.
L'amiral Besnard connaissait déjà le
vice-roi de Petchili. En effet, lorsque l'a-
miral commandait notre escadre en Chine
en 1890-92, il avait eu plusieurs entrevues
des plus courtoises avec Li-Hung-Tchang
à Tien-tsin en août 1890. Là aussi, le mi-
nistre de la marine avait été en relations
avec l'amiral Ting, homme de confiance
de Li-Hung-Tchang, qui se suicida après
la défaite navale de Weya-Wei, lors de la
dernière guerre sino-japonaise.
C'est vendredi à midi que M. Hanotaux
offrira à Li-Hung-Tchang un banquet, au
premier étage de la tour Eiffel.
M. Denys Cochin, qui avait été
souffrant ces jours derniers, est aujour-
d'hui presque absolument rétabli.
- M. Auguste Prost, membre de la
Société des antiquaires de France, bien
connu par ses travaux historiques sur la
ville de Metz, est mort hier soir à Paris,
à la suite d'une longue et douloureuse ma-
ladie.
M. Auguste Prost, patriote ardent, avait
joué un rôle important pendant le siège de
Metz et sa déposition marqua parmi les
incidents émouvants du procès Bazaine.
-- Notre distingué confrère Charles
Formentin devient, à dater de ce jour, col-
laborateur de la Patrie et de la Presse.
- M. André Lebon, ministre des co-
lonies, vient de décider de faire paraître
au Journal officiel, tous les lundis, les di-
vers renseignements reçus au ministère
des colonies durant la semaine précédente
et pouvant intéresser les commerçants et
industriels français.
Le ministre se propose de donner à ce
service de renseignements le plus d'éten-
due possible et de le compléter par diver-
ses mesures qui permettront aux personnes
qui entretiennent ou veulent entretenir
avec nos colonies des relations d'affaires,
de connaître les personnes et de se procu-
rer les documents qui peuvent leur faciliter
ces relations.
'—' L'Exposition de 1900 :
La commission instituée pour étudier.,
l'organisation du service médical à l'Expo-
sition de 1900 vient de remettre son rap-
port au ministre du commerce.
La commission repousse l'idée d'instal-
ler un hôpital central dans l'enceinte
même de l'Exposition et propose la cons-
truction de trois postes au moins, dans
lesquels un service de permanence se tien-
dra prêt à donner les premiers soins aux
personnes blessées ou malades.
Le service des ambulances urbaines de
la ville de Paris sera chargé de transporter
les malades et de les évacuer dans les hô-
pitaux les plus voisins, reliés par le télé-
phone à ces postes de secours. Les chan-
tiers communiqueront avec les postes de
secours au moyen d'avertisseurs spéciaux ;
enfin, on établirait une pharmacie cen-
trale, destinée à desservir les postes de
secours et les chantiers pendant la durée
des travaux de l'Exposition.
Le conseiller de cour Exner est envoyé
à Paris pour s'entendre avec les commis-
saires français chargés d'organiser l'expo-
sition sur la place que demande l'Au-
triche.
—- Dans les nominations dans l'ordre
de la Légion d'honneur décernées à l'occa-
sion du 14 juillet, nous relevons avec
plaisir l'élévation au grade de commandeur
de M. Cahart, colonel d'infanterie en re-
traite, président de la Société de secours
mutuels des anciens militaires de terre et
de mer.
Après une carrière militaire des mieux
remplies, le colonel Cahart s'est adonné
aux œuvres mutualistes. Sous sa direction,
la société qu'il dirige est devenue une des
plus florissantes.
Le colonel Cahart est membre du comité
permanent mutualiste de France.
- A bord du Milan, devant Ajaccio,
hier, une étoupille au mercure a éclaté
dans les mains de l'enseigne de vaisseau
Doué. Celui-ci a reçu une blessure légère
à l'œil et une blessure sérieuse à la main
qui nécessitera probablement l'amputation.
- La Grande distillerie Cusenier vient
de se signaler par une nouvelle création :
l'Absinthe blanche oxygénée. Grâce à de
puissants moyens de rectification, toute
trace d'élément nuisible disparaît. La sa-
veur en est exquise. Demandez l'Absinthe
blanche oxygénée Cusenier dans tous les
bons cafés : la Muse verte légendaire de-
vient la Dame blanche.
- A quoi servent les fontaines de la
place du Théâtre-Français, du Châtelet,
de la place de la Concorde, des Innocents,
etc., etc. Nous avions cru jusqu'à ce jour
qu'en dehors de leur aspect purement ar-
tistique et monumental, ces fontaines
étaient destinées à rafraîchir l'air de nos
places, à purifier au moyen de leurs eaux
jaillissantes l'atmosphère peu embaumée
dont nous sommes gratifiés par ces temps
de chaleur,
Il paraît que non, car depuis longtemps
l'eau ne ruisselle plus dans les vasques,
elle croupit au fond des bassins et se cou-
vre d'une mousse verdâtre, refuge d'une
innombrable quantité de mouches, mous-
tiques, maringouins et autres insectes.
A L'ETRANGER
- On mande de Pesth au Neues Wie-
ner Abendblatt que l'archiduchesse Marie-
Dorothée-Amélie s'est fiancée hier à Alc-
suth, au duc d'Orléans.
- Un prince dans les ordres :
Le dimanche 26 de ce mois aura lieu à
Eischstadt, en Bavière , l'ordination du
prince Maximilien de Saxe, cinquième en-
fant du prince Georges et de l'infante
Marie-Anne de Portugal, neveu du roi Al-
bert.
On sait que le prince qui est docteur en
droit et lieutenant au deuxième régiment
de dragons saxons, avait furtivement quitté
sa famille et s'était enfermé dans un mo-
nastère pour se livrer à l'étude de la théo-
logie.
Le prince Maximilien, qui est âgé de
vingt-cinq ans, dira sa première messe à
Dresde, le ior août prochain.
-- La Nouvelle Presse libre de Vienne
annonce que la commission du service des
chemins de fer autrichiens, présidée par le
chef de section Wittek, a résolu de parti-
ciper à l'Exposition universelle de Paris, en
commun avec la commission de la régula-
risation du Danube.
- M. Balfour, dont nous annonçions
l'état de santé précaire, est aujourd'hui à
peu près rétabli.
D'après les dernières nouvelles de
Londres , il reprendra ses travaux au-
jourd'hui.
-v---/"o./ On annonce de New-York que M.
Cornélius Vanderbilt souffre d'une légère
attaque de paralysie.
- L'ingénieur Leppin, de Berlin, qui
a fait de nombreuses expériences avec les
rayons Rœntjen, constatait ces jours der-
niers, à la suite d'une expérience de pho-
tographie, une forte rougeur à la main
gauche et une ampoule ultérieure sem-
blable aux suites d'une brûlure.
L'inflammation céda au traitement par
l'eau blanche, mais la main conserva une
teinte plus foncée; la peau resta rugueuse.
M. Leppin en a conclu que les rayons
Rœntjen, comme les rayons solaires, brû-
lent la peau.
- La police de Berlin a dû permettre,
aux femmes de monter sur l'impériale des
omnibus ; pendant des années la police
avait résisté ; chaque fois qu'une d ame
voulait monter, le conducteur l'en em-
pêchait. Dernièrement, à l'exposition, où il
y avait foule devant les voitures de trans-
port, les femmes, profitant de l'embarras
des conducteurs, montèrent quand même
et refusèrent de descendre. Le lendemain,
elles répétèrent leur coup d'audace; la J
police prit la résolution de - se -- résigner et:
le jupon est resté maître du champ de
bataille.
- Une forte princesse :
L'archiduchesse Marie-Thérèse d'Au-
triche fait des poids tous les matins, et
malgré son apparence délicate elle pour-
rait soulever un homme à bras tendus.
Beaucoup de jeunes personnes — très
roturières - au Moulin-Kouge et ailleurs,
lèvent leur homme également, chaque
soir, et elles ne le font pas mettre dans
les journaux.
Le Passant.
MORCEAU DE STYLE JUDICIAIRE
Il est d'usage, sinon de bon goût, de railler
l'inélégante sécheresse du style judiciaire.
Les railleurs désarmeront-ils devant cet
attendu authentique que nous cueillons dans
un jugement de M. Alexandre Mathon, juge
de paix du canton de Trelon (Nord) :
.Attendu que si l'on considère que les faits
ci-dessus se passaient dix jours après le rébour
victorieux de la fanfare Trelonnaise, à un mo-
ment où le génie infernal d'une jalousie aveu-
gle, animée par le souffle pernicieux d'une riva-
lité mesquine et aiguillonee par le dard délétère
de l'infâme ealomnie, cherchait par des moyens
peu avouables à ternir l'honorabilité des vain-
queurs sans prendre garde au danger de discré-
diter au loin l'honneur de toute une population
laborieuse et honnête.
Le cliché classique : « Pas de commen-
taires » s'impose i-né-luc-ta-ble-ment.
„ |Q|»
L'INCIDENT CHENU-SILVV
L'incident Chenu-Silvy a des suites.
Les deux honorables avocats se sont en-
voyé des témoins : Mo Georges Delegaud
et Me Michel Pelletier pour Me Chenu, Mo
Ta tin et Me Deloison pour Me Guillaume
Silvy.
Hier, M. le bàtonnier Pouillet a prié Mes
Chenu et Silvy de passer à son cabinet. Les
deux adversaires se sont rendus à cette in-
vitation.
Un rapporteur va être nommé dans l'af-
faire qui viendra mardi prochain devant le
conseil de l'Ordre.
L'État et les Familles nombreuses
Les protestations que nous avons formu-
lées il y a quelques semaines contre la défa-
veur tou e particulière qui s'attache, dans
l'administration des contributions indirec-
tes, à la qualité de père de famille, n'ont
rien changé à la situation des malheureux
employés auxquels l'Etat confie la lourde
tâche de faire rentrer dans ses caisses la
majeure partie des impô s.
Aujourd'hui comme hier, il est interdit
à ces fonctionnaires de résider dans leur
département d'origine, et aujourd'hui comme
hier, on leur refuse toute indemnité de dé-
placement, quel que soit le nombre de leurs
enfants.
A cet égard, par conséquent, nos réclama-
tions ont été vaines et n'ont servi en rien
la cause de ceux dont nous avons pris la
défense.
A un autre point de vue, il n'en a pas été
tout à fait de même, car nombreuses ont été
les lettres que nous avons reçues qui nous
fournissent de nouveaux arguments à l'ap-
pui de notre thèse.
En voici deux notamment qui signalent
des exemples particulièrement topiques des
mille petites injustices dont sont journelle-
ment victimes les chefs de famille :
« M. X. — on nous permettra de taire
son nom — appartient à l'administration des
contributions indirectes depuis de longues
années. 11 y a trois ans, il "adressait à ses
chefs hiérarchiques avec toutes les forma-
lités voulues, une demande de changement
de résidence, et cela non pas pour obtenir
un avancement, mais uniquement pour se
trouver dans une localité où il lui fut pos-
sible de faire élever ses enfants.
» J'ai six fils, disait-il dans sa requête, et
pour les envoyer au lycée le plus proche, il
me faut leur faire faire un voyage de cent
kilomètres, ce qui constitue pour nos mo-
destes ressources une dépense réellement
trop considérable. Ne pourrait-on pas, sans
passe-droits, m'accorder la faveur d'être
nommé dans un poste à proximité d'une
ville de façon à n'êire pas trop éloigné d'un
lycée V Il me semble que ma situation per-
sonnelle de père de six enfants peut me va-
loir quelque bienveillance de la part de l'ad-
ministration. »
« Le pauvre homme ! Il n'a pas tardé à
apprendre que les bureaux professent un
mépris souverain pour ces sortes de consi-
dérations. Jamais, en effet, ils n'ont daigné
lui répondre !
» S'il avait été célibataire et s'il avait
eu de hautes et puissantes protections,
peut-être lui aurait-on accordé de l'avance-
ment. Père ignoré et inconnu, on lui a re-
fusé toutes facilités pour assurer l'éducation
de ses fils et on l'a obligé à s'endetter inu-
tilement chaque année, claLls ce but, d'un
millier de francs.
« Que dites-vous de cette façon d'encou-
rager la natalité ?. »
Notre honorable correspondant sait bien
ce ^Ae nous pensons et ce que tout le mondé
pense avec nous de ces procédés abomi-
nables. 11 nous permettra donc de ne pas ré-
pondre à son inutile question et de signaler
tout de suite, sans aucune digression, les
autres observations qu'on soumet à notre
attention.
Elles ont trait, celles-ci à l'administration
militaire, ou pour mieux dire à la taxe mi-
litaire.
Les voici, telles qu'elles nous sont pré-
sentées :
« Vous n'ignorez pas, monsieur le rédac-
teur, que la loi du 15 juillet 1889 assujettit à
la taxe militaire les individus qui bénéfi-
cient de l'exonération totale ou partielle du
service de l'armée active. Or, les soldats ren-
voyés comme fils ainés d'une famille de sept
enfants doivent acquitter les deux tiers de
cette taxe, la période d'instruction qu'ils
ont faite pendant une année leur va-
lant le dégrèvement d'un tiers de ces
droits. Ne pourrait-on pas les dispenser
totalement de cet impôt ou pour mieux dire
ne pourrait-on pas dispenser leur père de le
payer pour eux ? Je plaide ici un peu pour
moi, je l'avoue, mais il me semble que quand
on a élevé sept enfants, on a bien droit à
quelques petits avantages. »
Rien de plus juste que cette requête. Nous
la soumettons à qui de droit sans trop sa-
voir si l'on daignera en tenir compte, mais
bien résolus à revenir à la charge si l'on
fait la sourde oreille.
À. H.
,
L'ARBRE DESPRÊCHEURS
Une poutre sculptée du 13e siècle
Un arbre de Jessé
Prédicants dans des tulipes
Une relique à conserver
Le conseiller municipal du quartier des.
Halles, M. Lamouroux, a pris initiative de
1 élargissement de toutes les petites voies
qui aboutissent aux Halles centrales. Bientôt
tout ce lacis de petites rues gothiques et
moyenâgeuses, les rues Mondétour, Pi-
rouette, de la Réale, des Petite et Grande-
Truanderie vont disparaître sous la pioche
de Damoclès de l'édilité parisienne.
Il est question de trouer la petite rue des
Prêcheurs qui conduit à la rue Saint-Denis.
La rue en elle-même, petite et étroite, n'a
aucune maison curieuse, aucun souvenir
historique, mais elle possède à un angle
cornier de la rue Saint-Denis un de ces po-
teaux sculptés comme il en existait tant au
moyen âge dans les rues si pittoresques de
notre vieux Paris, dans ces maisons pignon-
nées comme celle du Chat qui pelote. Il y a
quelques années, il y en avait une des plus
curieuses au coin de la rue Sauvai, dans une
maison qui avait appartenu à Carle Vanloo,
le peintre du roi, et où, quoi qu'en die l'ins-
cription de la rue du Pont-Neuf, était né
Molière.
La poutre de la rue Sauvai avait été dépo-
sée au musée des monuments français. La
Restauration en fit faire d. s bûches, ce oui
de sa part était naturel. Emettons le vœu
que nos édiles, plus soucieux des reliques
du vieux Paris sauront sauver de la scie du
démolisseur et abriter à Carnavalet le vieil
arbre de Jessé qui pousse au coin de la rue
des Prêcheurs.
Au treizième siècle s'établirent dans cette
ruelle un couventicule de frères prêcheurs;
dans son Dictionnaire des rues de Paris, ItJ
poète Guillot dit :
« Ving en la rue des Prescheurs, la bus
avec frères meneurs, dont je n'ai pas chière
marie. »
On voit que de tout temps l'exercice de la
parole a asséché les goziers.
La maison, qui a été rehaussée, est du
treizième siècle. L'arbre symbolique monte
du sol. De son tronc émergent douze ra-
meaux, en I honneur des dou¿e apôtres, et,
à 1 extrémité de chaque branche fleurit une
tulipe qui sert de chaire à un frère prêcheur
ou à un bourgeois.
Bien que très frustes, certains des bons-
hommes fichés comme des bougies dans ce
candélabre à douze branches, sont encore
très reconnaissables comme costumes, l'un
surtout, celui du bas, en façade sur la rua
Saint-Denis, est bien un bourgeois du dou-
zième siècle, du tempa de Philippe-Auguste,
avec sa cotte, son aumônière, son pelisso
son chapel fourré.
A. G.
LE PRÉSIDENT A REIMS
LE MONUMENT DE JEANNE DARC
Le président de la République a été inau-
gurer hier à Reims la statue élevée en l'hon-
neur de Jeanne Darc.
Parti de Paris à huit heures un quart avec
MM. Mdine, président du conseil, le géné-
ral Billot, ministre de la guerre, Crozier, in-
troducteur des ambassadeurs, le général
Tournier, les commandants Bourgeois et
Moreau, Blondel, secrétaire particulier du
président, Léon Bourgeois, de Moniebello ci*
Morillot, députés de la Marne, M. Félix
Faure est arrivé à dix heures un quart.
Il a été reçu avec les honneurs accoutu-
més et, sur le quai de la gare, il a remis des
médailles à une trentaine d'employés de la
compagnie de l'Est qui ont plus de trente
ans de service.
Dans la cour de la gare attendaient, placés
sur deux rangs, les officiers de la garni-
son de Reims, décorés à l'occasion du 14
juillet.
M. Félix Faure a attaché solennellement
avec le cérémonial d'usage, la cravate de
commandeur de la Légion d honneur au cou
du général Porcin et de l'intendant militaire
Peron, la croix de chevalier à un major et a
quatre capitaiues, la médaille militaire à
des adjudants ou à des gendarmes. A chacun
il a donné l'accolade.
Puis le cortège s'est formé et s'est dirigé
vers la sous-préfecture. L'escorte était for-
mée par un escadroD du 14® dragons, armi
de la lance. Les honneuis étaient rendus
sur tout le parcours par les pompiers, le
3e bataillon d'artillerie de forteresse, le
18° bataillon de chasseurs, le 132e d'infan-
terie.
Malgré le soleil, une foule compacte dé-
bordait des trottoirs, des fenêtres, des toits
des maisons. Les rues étaient décorées de
nombreux arcs de triomphe. On remar-
quait notamment, rue Thiers, l'arc des gym-
nastes avec groupes d'élèves; rue Colbert
l'arc du bicycle-club rémois, entièrement
formé de bicyclettes e. de tandems; l'arc do
la place Royale, élevé par les soins des offi-
ciers de la réserve et de la territoriale ; l'arc
de la rue Carnot, portant cette inscription
très remarquée : « La rue Carnot à M. Félix
Faure. M
A onze heures, le président de la Répu-
blique est arrivé à la sous-préfecture.
i LES RÉCEPTIONS A LA SOUS-PRÉFECTNRE
Le président de la République, à son arri-
vée, a offert, dans l'hôtel de la sous-préicc.
ture, un déjeuner intime aux principales au-
torités.
Après le déjeuner, ont commencé les ie-
ceptions.
M. Langénieux, archevêque de Reims, a
présenté les membres du chapitre et du
clergé, et a prononcé une allocution, à la-
quelle le président a répondu en ces termes :
« Je suis très touché, monseigneur, des
termes dans lesquels vous voulez bien me
présenter le clergé de votre diocèse ; j'ap-
précie les sentiments patriotiques que vous
m'exprimez. Je sais que dans les enseigne-
ments que vous donnez vous ne séparez pas
les intérêts supérieurs de la France, de la
République et de la religion ; vous en faites
ainsi un sentiment unique devant lequel
tous les Français s'inclinent. »
En présentant les officiers de la garnison,
le général Hervé, commandant le 6e corps
d'armée, tient à affirmer qu'ils sont animés
du meilleur esprit militaire et du plus pur
patriotisme.
« J'ai eu l'occasion, répond le président de
la République, d'apprécier les conditions
dans lesquelles le b* corps d'armée com-
prend sa mission ; je sais combien la tâche
est lourde dans cette grande école dont vous
êtes les maîtres, école de patriotisme et da
devoir où passent ions les enfants de la,
France.
» Je sais aussi ce çuie vue &y«2 teSLRûSMt
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ANNONCES
AUX BUREAUX DU JOURNAL
131, rue Montmartre, 131
JÇtûhôa MM. LAGRANGE, CERFI Cu
.l 6, place de la Bourse, 6.
gLdresse téléjrNpMçtue : XIX' SIÈCLE — PARIS
ABG^E&SgSiTS
Paris v Taw Iw, 6 f. Sx MI, XI £ iï, «) £
Départements — 7f. — iaf, $g
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RÉDACTION: 131, rue Montmartre, 131
Ve 4 à 8 heures du soir et de 10 heures du soir à 1 heure du matin
WO 9625. — Vendi^adi 17 Juillet 1896
80 MESSIDOR AN 104
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AD-IIINISTRATION: 131, rue Uontmartre. 13t
Adresser lettres et mandats à l'Administrateur
NOS LE A DERS
LETTRES LIBRES
OPPOSITION ET FONCTIONNAIRES
On n'a pas oublié que pendant toute
la durée du ministère Bourgeois, les
journaux radicaux insistaient presque
quotidiennement sur la nécessité d'im-
poser à tous les fonctionnaires le res-
pect de la politique suivie par le cabi-
net. Ils demandaient à M. Bourgeois de
pratiquer dans le personnel des diver-
ses admistrations de rigoureuses « épu-
rations »; ils l'accablaient de très vifs
reproches parce que ses mouvements
administratifs n'allaient pas assez vite
,et qu'il ne mettait pas à la retraite ou
en disponibité les fonctionnaires con-
nus pour avoir joui plus particulière-
ment de la confiance des cabinets con-
servateurs.
En principe, les écrivains radicaux
et socialistes qui tenaient ce langage
avaient raison. Dans la pratique, je
trouvais qu'ils allaient trop loin et que
M. Bourgeois devait se borner à don-
ner des instructions précises à tous
les fonctionnaires, les inviter à servir
la politique du cabinet s'ils apparte-
naient au personnel politique, et à ne
la contrecarrer en aucune circons-
tance s'ils faisaient partie des admi-
nistrations non politiques. On préten-
dait, à cette époque, que M. Bour-
geois n'appliquait ni l'une ni l'autre
des deux méthodes que je viens de
rappeler et qu'il laissait les fonction-
naires aller à leur guise là où leurs
sentiments intimes et leurs intérêts du
,lendemain les poussaient, c'est-à-dire
vers le conservatisme, qui les avait
mis en place et qu'ils espéraient voir
revenir bientôt au pouvoir.
M. Bourgeois a fait lui-même, a Li-
sieux.' l'aveu que sa conduite fut, en
effet, celle que lui reprochaient parfois
très durement les écrivains radicaux
et socialistes. « J'ai connu, moi aussi,
a-t-il dit, pendant que j'avais l'hon-
neur d'être à la tête du gouvernement,
des réunions comme celle-ci, dans les-
quelles de bons républicains croyaient
en conscience devoir combattre cer-
taines de nos idées Eh bien, jamais je
n'ai songé à interdire aux fonction-
naires d'y venir, car j'estimais qu'en
même temps qu'ils sont fonctionnaires
ils sont citoyens. » En d'autres termes,
M. Bourgeois avoue qu'étant président
du conseil des ministres, chef du gou-
vernement qui devait s'exercer au nom
du parti démocratique dont il avait la
confiance, il trouvait naturel que les
fonctionnaires prissent part à des réu-
nions où l'on combattait le gouverne-
ment et le parti démocratiques.
M. Bourgeois, en agissant de la
sorte, ne se doutait certainement
pas qu'il commettait la faute la plus
grave qu'un chef de cabinet puisse
commettre ; il inspirait au personnel
des administrations publiques et au
pays la pensée que son gouvernement
n'avait pas assez d'autorité pour se
faire respecter et que son passage au
pouvoir était purement provisoire.
$-J¡\c*
L'aveu qu'il vient de faire explique
la désinvolture avec laquelle son gou-
vernement fut traité par la plupart
des préfets et sous-préfets et par l'im-
mense majorité des fonctionnaires des
diverses administrations.
Autorisés à prendre part à toutes
les manifestations hostiles au cabinet,
pourquoi se seraient-ils mis en peine
de servir le gouvernement démocra-
tique? Pourquoi auraient-ils apporté
la moindre réserve dans l'expression
de leur hostilité contre la politique du
ministère? Pourquoi se seraient-ils
privés de manifester leurs opinions
conservatrices? Ils n'avaient rien à
redouter du ministère Bourgeois et ils
étaient certains de plaire au cabinet
plus ou moins conservateur qui vien-
drait ensuite.
Aussi les fonctionnaires ne se gê-
naient-ils guère ! Combien de fois dans
ce journal n'a-t-on pas relevé leurs
incartades? Combien de fois nos colla-
borateurs n'ont-ils pas attiré, vaine-
ment d'ailleurs, l'attention de M.
Bourgeois sur la nécessité d'imposer
aux administrations publiques le res-
pect de sa politique?
M. Bourgeois, nous le savons au-
jourd'hui, agissait systématiquement;
il trouvait tout simple que les fonc-
tionnaires prissent part aux réunions
dans lesquelles on attaquait sa politi-
que et son gouvernement. Il croyait
sans doute agir avec un louable libé-
ralisme; c'était de la faiblesse et de
l'anarchie, et rien d'autre. C'était tout
ce qu'il y a de plus contraire à cet
« esprit de gouvernement » sans le-
quel un ministère n'a aucune autorité,
se condamne à l'impuissance et ne
saurait avoir ni force ni durée.
Le parti démocratique se doutait
bien des motifs pour lesquels le cabi-
net auquel il accordait tant de con-
Xiance et un si large crédit, n'avait pas
pu vivre au delà de six mois; il en a
vuinnrd'kui la c&jdiUid&Mtu: les confi-
dences que son chef vient de faire à
Lisieux.
Les ministres actuels ont profité des
leçons contenues dans les fautes de
leurs prédécesseurs. Les amis poli-
tiques de M. Barthou n'ont pas eu be-
soin de le pousser à faire respecter le
gouvernement dont il fait partie. A
peine avait-il pris possession du porte-
feuille de l'intérieur qu'il « épurait »
largement cette administration pré-
fectorale à laquelle M. Bourgeois n'a-
vait pas osé toucher et qu'il faisait
sentir à tous ses subordonnés la né-
cessité de faire, non pas telle ou telle
politique de leur choix, mais celle du
cabinet Méline.. Et ses adversaires
eux-mêmes ne pouvaient que l'ap-
prouver lorsqu'il répondait aux inter-
pellateurs attaquant sa conduite et
blâmant les nominations ou révoca-
tions : « Ce n'est point dans le but de
vous être agréable que j'ai agi, mais
afin d'inspirer à toutes les adminis-
trations le respect du gouvernement
qui détient le pouvoir. » Il aurait pu
ajouter, en se tournant vers M. Bour-
geois : « Vous nous aviez appris que
la faiblesse est un mauvais moyen de
gouvernement, nous profitons de la
lecon. »
M. Barthou profite encore de cette i
leçon quand il interdit à ses préfets et
sous-préfets d'assister aux banquets
organisés par un parti qui le combat et
où doivent parler ceux qui font cam-
pagne pour le renverser et prendre sa
place. Au lieu de s'en étonner, M.
Bourgeois aurait dû reconnaître que
son successeur fait preuve, en agis-
sant de la sorte, de l'esprit de gouver-
nement qui lui a manqué.
**
Le parti démocratique n'a fait que
passer au pouvoir; il n'a pas pu le
garder, malgré les sympathies si vives
et si nombreuses qu'il avait dans le
pays, parce qu'il n'a su ni être lui-
même dans son programme niapporter
dans sa conduite l'autorité sans la-
quelle aucun ministère ne peut vivre.
Son programme fut trop collectiviste
et césarien; sa conduite fut trop anar-
chiste.
Il ne pourra reprendre le pouvoir et
le conserver que le jour où les minis-
tres dans lesquels il mettra sa con-
fiance auront un programme exclusi-
vement démocratique et une attitude
assez énergiquement gouvernemen-
tale pour que ses fonctionnaires ne
soient pas tentés de lui faire opposi-
tion.
J.-L. DE LANESSAN.
Nous publierons demain un article
de M. Lucien Victor-Meunier
pp~~ :
LE FOU DE LA CASCADE
Un registre a été déposé dans la loge du
concierge de l'Elysée. Un certain nombre de
membres du corps diplomatique, entre
autres l'ambassadeur d'Espagne, d'hommes
politiques et d'amis personnels dji président
de la République, s'y sont inscrits.
Dès hier soir, le ministre de Belgique re-
cevait l'ordre de Bruxelles de présenter à
M. Félix Faure les félicitations du roi Léo-
pold. Le ministre s'est aussitôt rendu à l'E-
lysée pour remplir cette mission. La plupart
des ambassadeurs et des ministres accrédi-
tés à Paris ont fait de même.
Quant aux télégrammes, ils affluent de-
puis ce matin à l'Elysée, envoyés de pro-
vince et de l'étranger. L'absence de M. Félix
Faure devant être de courte durée, ce volu-
mineux courrier n'a pas été dépouillé ; mais
nous savons que plusieurs souverains, entre
autres l'empereur Guillaume et le tsar Ni-
colas, ont envoyé leurs félicitations au pré-
sident de la République.
François et Boulant, qui avaient été trans-
férés du Dépôt à Mazas avant-hier soir, ont
été extraits hier matin à neuf heures de
cette prison et ont été conduits à leurs do-
miciles respectifs où, en présence de MM.
Atthalin, procureur de la République, et de
Cosnac, juge d'instruction, M. Cochefert,
chef do la sûreté, après avoir brisé les
scellés qu'il avait apposés hier, a perquisi-
tionné.
Chez François, 46, rue de Cléry, on a
trouvé de nombreuses brochures anar-
chistes, des exemplaires de la pétition au
conseil municipal, de A bas les masques! et
enfin différentes pièces de vers.
Puis d'autres volumes : les Comédies du
jour et les Requins de la mer Rouge.
On a trouvé aussi des cartouches de re-
volver avec et sans balles.
Chez Boulant, 214, rue Saint-Denis, on
n'a rien trouvé. Cet individu, ces temps
derniers, fabriquait des bandes pour une
maison de publicité; après avoir fait des
provisions le matin, il avait resolu de déjeu-
ner sur l'herbe à Longchamps avec sa femme
en attendant la revue. Le soleil et le vin
ayant échauffé la cervelle de Boulant, il
avait, sans trop savoir pourquoi, affirme-t-
il, poussé les cris qu'on lui reproche et qui
ont motivé son arrestation.
Devant cette déclaration, qu'a du reste
corroborée l'enquête, le juge a décidé d'ac-
corder au faiseur de bandes sa liberté.
Quant à François, après la perquisition, il
a été réincarcéré à Mazas, en attendant
l'examen médical qu'il va subir prochaine-
ment.
François s'est servi d'un revolver d'une
longueur de 15 centimètres. Cette arme n'est
pas prohibée. En effet, les revolvers d'une
dimension supérieure à 15 centimètres sont
seuls considérés comme armes prohibées.
Un troisième individu a été arrêté, quel-
ques instants après que le coup de pistolet
fut tiré. Il se nomme L. Il est âgé de
vingt-sept ans. Garçon boucher de profes-
sion, il est sans emploi depuis plusieurs
mois.
L., expliquant à haute voix à ses
"KûiâîM l'attentat». énonçait que la jpoliqe n'y
était pas étrangère. Des agents en bour-
geois, disséminés dans la foule, l'entendi-
rent; il fut pris aussitôt et conduit au bu-
reau de M. Benezech, commissaire de police
de service à Longchamps.
Après l'avoir interrogé, le commissaire a
maintenu son arrestation et, hier matin,
une perquisition, qui n'a donné aucun résul-
tat, a été faite à son domicile.
LES CROIX DE LïN'fÉUIEUR
Les nominations dans l'ordre de la Légion
d'honneur que doit faire à l'occasion du
14 juillet, le ministre de l'intérieur ne pa-
raitront pas avant quelques jours.
Sur les dix-huit croix de chevalier que
M. Barthou a à sa disposition pour cette
promotion, deux — peut-ôtre trois — seront
réservées à la presse, mais le choix des
titulaires n'est pas encore définitif.
On assure que, de son côté, M. Méline,
président du conseil, disposera d'une croix
de son ministère en faveur d'un publiciste.
II-».- —
LES TRAVAUX BUDGÉTAIRES
Malgré la clôture de la session, la commis-
sion du budget doit siéger jusqu'à la fin du
mois pour terminer l'examen des divers
budgets de dépenses. Elle se réunira au-
jourd'hui à cet effet.
Notons qu'il n'est plus question de la ré-
forme fiscale.
M. Cochery aurait-il renoncé à présenter
de nouvelles propositions à la Chambre avec
ou sans l'impôt sur la rente.
»»W.. ■> "••• ■ ■ I. ——I- -
LES ON-DIT
CARNET QUOrkJIBtf:
Les courses : A Enghien.
- Session du brevet supérieur (garçons, dé-
partements).
- Durée du jour : 17 h. 4 m.
CHEZ NOUS
- Nous racontons plus loin le voyage
de M. Félix Faure à Reims et son retour à
Paris à onze heures du soir.
Le président de la République était ac-
compagné par M. Méline, président du
conseil, et par le général Billot, ministre
de la guerre.
A sa rentrée à Paris, il a été reçu sur le
quai de la gare par M. Lépine, préfet de
police ; M. Blanc, directeur de la sûreté
générale au ministère de l'intérieur, et M.
Pujalet, son chef de cabinet.
Après avoir pris congé de M. Barabant,
directeur de la compagnie de l'Est et du
vice-président de cette compagnie, ainsi
que des ministres, le président est monté
en landau avec le général Tournier.
M. Blondel et les officiers d'ordonnance
sont montés dans la seconde voiture. Un
peloton de cuirassiers formait l'escorte.
La foule qui s'était massée dans la cour
de la gare l'a acclamé aux cris de : Vive le
président! vive la République!
——- M. Hanotaux, ministre des affaires
étrangères, accompagné par M. Regnault,
chef adjoint de son cabinet, est allé hier
matin rendre visite à Li Hung-Tchang.
L'entretien, très cordial, a porté princi-
palement sur les diverses solutions diplo-
matiques qui sont intervenues en ces der-
niers temps à la satisfaction des deux pays.
Les deux hommes d'Etat se sont félicités
du concours empressé que les autorités du
Céleste-Empire ont donné pour assurer la
pacification de la frontière d'Indo-Chine.
M. Constans a également rendu visite,
dans la matinée, à l'ambassadeur extraor-
dinaire de Chine.
Dans l'après-midi, Li-Hung-Tchang a
reçu au Grand-Hôtel l'amiral Besnard,
ministre de la marine. Il n'était accompa-
gné que de son officier d'ordonnance, le
lieutenant de vaisseau Caubet.
L'amiral Besnard connaissait déjà le
vice-roi de Petchili. En effet, lorsque l'a-
miral commandait notre escadre en Chine
en 1890-92, il avait eu plusieurs entrevues
des plus courtoises avec Li-Hung-Tchang
à Tien-tsin en août 1890. Là aussi, le mi-
nistre de la marine avait été en relations
avec l'amiral Ting, homme de confiance
de Li-Hung-Tchang, qui se suicida après
la défaite navale de Weya-Wei, lors de la
dernière guerre sino-japonaise.
C'est vendredi à midi que M. Hanotaux
offrira à Li-Hung-Tchang un banquet, au
premier étage de la tour Eiffel.
M. Denys Cochin, qui avait été
souffrant ces jours derniers, est aujour-
d'hui presque absolument rétabli.
- M. Auguste Prost, membre de la
Société des antiquaires de France, bien
connu par ses travaux historiques sur la
ville de Metz, est mort hier soir à Paris,
à la suite d'une longue et douloureuse ma-
ladie.
M. Auguste Prost, patriote ardent, avait
joué un rôle important pendant le siège de
Metz et sa déposition marqua parmi les
incidents émouvants du procès Bazaine.
-- Notre distingué confrère Charles
Formentin devient, à dater de ce jour, col-
laborateur de la Patrie et de la Presse.
- M. André Lebon, ministre des co-
lonies, vient de décider de faire paraître
au Journal officiel, tous les lundis, les di-
vers renseignements reçus au ministère
des colonies durant la semaine précédente
et pouvant intéresser les commerçants et
industriels français.
Le ministre se propose de donner à ce
service de renseignements le plus d'éten-
due possible et de le compléter par diver-
ses mesures qui permettront aux personnes
qui entretiennent ou veulent entretenir
avec nos colonies des relations d'affaires,
de connaître les personnes et de se procu-
rer les documents qui peuvent leur faciliter
ces relations.
'—' L'Exposition de 1900 :
La commission instituée pour étudier.,
l'organisation du service médical à l'Expo-
sition de 1900 vient de remettre son rap-
port au ministre du commerce.
La commission repousse l'idée d'instal-
ler un hôpital central dans l'enceinte
même de l'Exposition et propose la cons-
truction de trois postes au moins, dans
lesquels un service de permanence se tien-
dra prêt à donner les premiers soins aux
personnes blessées ou malades.
Le service des ambulances urbaines de
la ville de Paris sera chargé de transporter
les malades et de les évacuer dans les hô-
pitaux les plus voisins, reliés par le télé-
phone à ces postes de secours. Les chan-
tiers communiqueront avec les postes de
secours au moyen d'avertisseurs spéciaux ;
enfin, on établirait une pharmacie cen-
trale, destinée à desservir les postes de
secours et les chantiers pendant la durée
des travaux de l'Exposition.
Le conseiller de cour Exner est envoyé
à Paris pour s'entendre avec les commis-
saires français chargés d'organiser l'expo-
sition sur la place que demande l'Au-
triche.
—- Dans les nominations dans l'ordre
de la Légion d'honneur décernées à l'occa-
sion du 14 juillet, nous relevons avec
plaisir l'élévation au grade de commandeur
de M. Cahart, colonel d'infanterie en re-
traite, président de la Société de secours
mutuels des anciens militaires de terre et
de mer.
Après une carrière militaire des mieux
remplies, le colonel Cahart s'est adonné
aux œuvres mutualistes. Sous sa direction,
la société qu'il dirige est devenue une des
plus florissantes.
Le colonel Cahart est membre du comité
permanent mutualiste de France.
- A bord du Milan, devant Ajaccio,
hier, une étoupille au mercure a éclaté
dans les mains de l'enseigne de vaisseau
Doué. Celui-ci a reçu une blessure légère
à l'œil et une blessure sérieuse à la main
qui nécessitera probablement l'amputation.
- La Grande distillerie Cusenier vient
de se signaler par une nouvelle création :
l'Absinthe blanche oxygénée. Grâce à de
puissants moyens de rectification, toute
trace d'élément nuisible disparaît. La sa-
veur en est exquise. Demandez l'Absinthe
blanche oxygénée Cusenier dans tous les
bons cafés : la Muse verte légendaire de-
vient la Dame blanche.
- A quoi servent les fontaines de la
place du Théâtre-Français, du Châtelet,
de la place de la Concorde, des Innocents,
etc., etc. Nous avions cru jusqu'à ce jour
qu'en dehors de leur aspect purement ar-
tistique et monumental, ces fontaines
étaient destinées à rafraîchir l'air de nos
places, à purifier au moyen de leurs eaux
jaillissantes l'atmosphère peu embaumée
dont nous sommes gratifiés par ces temps
de chaleur,
Il paraît que non, car depuis longtemps
l'eau ne ruisselle plus dans les vasques,
elle croupit au fond des bassins et se cou-
vre d'une mousse verdâtre, refuge d'une
innombrable quantité de mouches, mous-
tiques, maringouins et autres insectes.
A L'ETRANGER
- On mande de Pesth au Neues Wie-
ner Abendblatt que l'archiduchesse Marie-
Dorothée-Amélie s'est fiancée hier à Alc-
suth, au duc d'Orléans.
- Un prince dans les ordres :
Le dimanche 26 de ce mois aura lieu à
Eischstadt, en Bavière , l'ordination du
prince Maximilien de Saxe, cinquième en-
fant du prince Georges et de l'infante
Marie-Anne de Portugal, neveu du roi Al-
bert.
On sait que le prince qui est docteur en
droit et lieutenant au deuxième régiment
de dragons saxons, avait furtivement quitté
sa famille et s'était enfermé dans un mo-
nastère pour se livrer à l'étude de la théo-
logie.
Le prince Maximilien, qui est âgé de
vingt-cinq ans, dira sa première messe à
Dresde, le ior août prochain.
-- La Nouvelle Presse libre de Vienne
annonce que la commission du service des
chemins de fer autrichiens, présidée par le
chef de section Wittek, a résolu de parti-
ciper à l'Exposition universelle de Paris, en
commun avec la commission de la régula-
risation du Danube.
- M. Balfour, dont nous annonçions
l'état de santé précaire, est aujourd'hui à
peu près rétabli.
D'après les dernières nouvelles de
Londres , il reprendra ses travaux au-
jourd'hui.
-v---/"o./ On annonce de New-York que M.
Cornélius Vanderbilt souffre d'une légère
attaque de paralysie.
- L'ingénieur Leppin, de Berlin, qui
a fait de nombreuses expériences avec les
rayons Rœntjen, constatait ces jours der-
niers, à la suite d'une expérience de pho-
tographie, une forte rougeur à la main
gauche et une ampoule ultérieure sem-
blable aux suites d'une brûlure.
L'inflammation céda au traitement par
l'eau blanche, mais la main conserva une
teinte plus foncée; la peau resta rugueuse.
M. Leppin en a conclu que les rayons
Rœntjen, comme les rayons solaires, brû-
lent la peau.
- La police de Berlin a dû permettre,
aux femmes de monter sur l'impériale des
omnibus ; pendant des années la police
avait résisté ; chaque fois qu'une d ame
voulait monter, le conducteur l'en em-
pêchait. Dernièrement, à l'exposition, où il
y avait foule devant les voitures de trans-
port, les femmes, profitant de l'embarras
des conducteurs, montèrent quand même
et refusèrent de descendre. Le lendemain,
elles répétèrent leur coup d'audace; la J
police prit la résolution de - se -- résigner et:
le jupon est resté maître du champ de
bataille.
- Une forte princesse :
L'archiduchesse Marie-Thérèse d'Au-
triche fait des poids tous les matins, et
malgré son apparence délicate elle pour-
rait soulever un homme à bras tendus.
Beaucoup de jeunes personnes — très
roturières - au Moulin-Kouge et ailleurs,
lèvent leur homme également, chaque
soir, et elles ne le font pas mettre dans
les journaux.
Le Passant.
MORCEAU DE STYLE JUDICIAIRE
Il est d'usage, sinon de bon goût, de railler
l'inélégante sécheresse du style judiciaire.
Les railleurs désarmeront-ils devant cet
attendu authentique que nous cueillons dans
un jugement de M. Alexandre Mathon, juge
de paix du canton de Trelon (Nord) :
.Attendu que si l'on considère que les faits
ci-dessus se passaient dix jours après le rébour
victorieux de la fanfare Trelonnaise, à un mo-
ment où le génie infernal d'une jalousie aveu-
gle, animée par le souffle pernicieux d'une riva-
lité mesquine et aiguillonee par le dard délétère
de l'infâme ealomnie, cherchait par des moyens
peu avouables à ternir l'honorabilité des vain-
queurs sans prendre garde au danger de discré-
diter au loin l'honneur de toute une population
laborieuse et honnête.
Le cliché classique : « Pas de commen-
taires » s'impose i-né-luc-ta-ble-ment.
„ |Q|»
L'INCIDENT CHENU-SILVV
L'incident Chenu-Silvy a des suites.
Les deux honorables avocats se sont en-
voyé des témoins : Mo Georges Delegaud
et Me Michel Pelletier pour Me Chenu, Mo
Ta tin et Me Deloison pour Me Guillaume
Silvy.
Hier, M. le bàtonnier Pouillet a prié Mes
Chenu et Silvy de passer à son cabinet. Les
deux adversaires se sont rendus à cette in-
vitation.
Un rapporteur va être nommé dans l'af-
faire qui viendra mardi prochain devant le
conseil de l'Ordre.
L'État et les Familles nombreuses
Les protestations que nous avons formu-
lées il y a quelques semaines contre la défa-
veur tou e particulière qui s'attache, dans
l'administration des contributions indirec-
tes, à la qualité de père de famille, n'ont
rien changé à la situation des malheureux
employés auxquels l'Etat confie la lourde
tâche de faire rentrer dans ses caisses la
majeure partie des impô s.
Aujourd'hui comme hier, il est interdit
à ces fonctionnaires de résider dans leur
département d'origine, et aujourd'hui comme
hier, on leur refuse toute indemnité de dé-
placement, quel que soit le nombre de leurs
enfants.
A cet égard, par conséquent, nos réclama-
tions ont été vaines et n'ont servi en rien
la cause de ceux dont nous avons pris la
défense.
A un autre point de vue, il n'en a pas été
tout à fait de même, car nombreuses ont été
les lettres que nous avons reçues qui nous
fournissent de nouveaux arguments à l'ap-
pui de notre thèse.
En voici deux notamment qui signalent
des exemples particulièrement topiques des
mille petites injustices dont sont journelle-
ment victimes les chefs de famille :
« M. X. — on nous permettra de taire
son nom — appartient à l'administration des
contributions indirectes depuis de longues
années. 11 y a trois ans, il "adressait à ses
chefs hiérarchiques avec toutes les forma-
lités voulues, une demande de changement
de résidence, et cela non pas pour obtenir
un avancement, mais uniquement pour se
trouver dans une localité où il lui fut pos-
sible de faire élever ses enfants.
» J'ai six fils, disait-il dans sa requête, et
pour les envoyer au lycée le plus proche, il
me faut leur faire faire un voyage de cent
kilomètres, ce qui constitue pour nos mo-
destes ressources une dépense réellement
trop considérable. Ne pourrait-on pas, sans
passe-droits, m'accorder la faveur d'être
nommé dans un poste à proximité d'une
ville de façon à n'êire pas trop éloigné d'un
lycée V Il me semble que ma situation per-
sonnelle de père de six enfants peut me va-
loir quelque bienveillance de la part de l'ad-
ministration. »
« Le pauvre homme ! Il n'a pas tardé à
apprendre que les bureaux professent un
mépris souverain pour ces sortes de consi-
dérations. Jamais, en effet, ils n'ont daigné
lui répondre !
» S'il avait été célibataire et s'il avait
eu de hautes et puissantes protections,
peut-être lui aurait-on accordé de l'avance-
ment. Père ignoré et inconnu, on lui a re-
fusé toutes facilités pour assurer l'éducation
de ses fils et on l'a obligé à s'endetter inu-
tilement chaque année, claLls ce but, d'un
millier de francs.
« Que dites-vous de cette façon d'encou-
rager la natalité ?. »
Notre honorable correspondant sait bien
ce ^Ae nous pensons et ce que tout le mondé
pense avec nous de ces procédés abomi-
nables. 11 nous permettra donc de ne pas ré-
pondre à son inutile question et de signaler
tout de suite, sans aucune digression, les
autres observations qu'on soumet à notre
attention.
Elles ont trait, celles-ci à l'administration
militaire, ou pour mieux dire à la taxe mi-
litaire.
Les voici, telles qu'elles nous sont pré-
sentées :
« Vous n'ignorez pas, monsieur le rédac-
teur, que la loi du 15 juillet 1889 assujettit à
la taxe militaire les individus qui bénéfi-
cient de l'exonération totale ou partielle du
service de l'armée active. Or, les soldats ren-
voyés comme fils ainés d'une famille de sept
enfants doivent acquitter les deux tiers de
cette taxe, la période d'instruction qu'ils
ont faite pendant une année leur va-
lant le dégrèvement d'un tiers de ces
droits. Ne pourrait-on pas les dispenser
totalement de cet impôt ou pour mieux dire
ne pourrait-on pas dispenser leur père de le
payer pour eux ? Je plaide ici un peu pour
moi, je l'avoue, mais il me semble que quand
on a élevé sept enfants, on a bien droit à
quelques petits avantages. »
Rien de plus juste que cette requête. Nous
la soumettons à qui de droit sans trop sa-
voir si l'on daignera en tenir compte, mais
bien résolus à revenir à la charge si l'on
fait la sourde oreille.
À. H.
,
L'ARBRE DESPRÊCHEURS
Une poutre sculptée du 13e siècle
Un arbre de Jessé
Prédicants dans des tulipes
Une relique à conserver
Le conseiller municipal du quartier des.
Halles, M. Lamouroux, a pris initiative de
1 élargissement de toutes les petites voies
qui aboutissent aux Halles centrales. Bientôt
tout ce lacis de petites rues gothiques et
moyenâgeuses, les rues Mondétour, Pi-
rouette, de la Réale, des Petite et Grande-
Truanderie vont disparaître sous la pioche
de Damoclès de l'édilité parisienne.
Il est question de trouer la petite rue des
Prêcheurs qui conduit à la rue Saint-Denis.
La rue en elle-même, petite et étroite, n'a
aucune maison curieuse, aucun souvenir
historique, mais elle possède à un angle
cornier de la rue Saint-Denis un de ces po-
teaux sculptés comme il en existait tant au
moyen âge dans les rues si pittoresques de
notre vieux Paris, dans ces maisons pignon-
nées comme celle du Chat qui pelote. Il y a
quelques années, il y en avait une des plus
curieuses au coin de la rue Sauvai, dans une
maison qui avait appartenu à Carle Vanloo,
le peintre du roi, et où, quoi qu'en die l'ins-
cription de la rue du Pont-Neuf, était né
Molière.
La poutre de la rue Sauvai avait été dépo-
sée au musée des monuments français. La
Restauration en fit faire d. s bûches, ce oui
de sa part était naturel. Emettons le vœu
que nos édiles, plus soucieux des reliques
du vieux Paris sauront sauver de la scie du
démolisseur et abriter à Carnavalet le vieil
arbre de Jessé qui pousse au coin de la rue
des Prêcheurs.
Au treizième siècle s'établirent dans cette
ruelle un couventicule de frères prêcheurs;
dans son Dictionnaire des rues de Paris, ItJ
poète Guillot dit :
« Ving en la rue des Prescheurs, la bus
avec frères meneurs, dont je n'ai pas chière
marie. »
On voit que de tout temps l'exercice de la
parole a asséché les goziers.
La maison, qui a été rehaussée, est du
treizième siècle. L'arbre symbolique monte
du sol. De son tronc émergent douze ra-
meaux, en I honneur des dou¿e apôtres, et,
à 1 extrémité de chaque branche fleurit une
tulipe qui sert de chaire à un frère prêcheur
ou à un bourgeois.
Bien que très frustes, certains des bons-
hommes fichés comme des bougies dans ce
candélabre à douze branches, sont encore
très reconnaissables comme costumes, l'un
surtout, celui du bas, en façade sur la rua
Saint-Denis, est bien un bourgeois du dou-
zième siècle, du tempa de Philippe-Auguste,
avec sa cotte, son aumônière, son pelisso
son chapel fourré.
A. G.
LE PRÉSIDENT A REIMS
LE MONUMENT DE JEANNE DARC
Le président de la République a été inau-
gurer hier à Reims la statue élevée en l'hon-
neur de Jeanne Darc.
Parti de Paris à huit heures un quart avec
MM. Mdine, président du conseil, le géné-
ral Billot, ministre de la guerre, Crozier, in-
troducteur des ambassadeurs, le général
Tournier, les commandants Bourgeois et
Moreau, Blondel, secrétaire particulier du
président, Léon Bourgeois, de Moniebello ci*
Morillot, députés de la Marne, M. Félix
Faure est arrivé à dix heures un quart.
Il a été reçu avec les honneurs accoutu-
més et, sur le quai de la gare, il a remis des
médailles à une trentaine d'employés de la
compagnie de l'Est qui ont plus de trente
ans de service.
Dans la cour de la gare attendaient, placés
sur deux rangs, les officiers de la garni-
son de Reims, décorés à l'occasion du 14
juillet.
M. Félix Faure a attaché solennellement
avec le cérémonial d'usage, la cravate de
commandeur de la Légion d honneur au cou
du général Porcin et de l'intendant militaire
Peron, la croix de chevalier à un major et a
quatre capitaiues, la médaille militaire à
des adjudants ou à des gendarmes. A chacun
il a donné l'accolade.
Puis le cortège s'est formé et s'est dirigé
vers la sous-préfecture. L'escorte était for-
mée par un escadroD du 14® dragons, armi
de la lance. Les honneuis étaient rendus
sur tout le parcours par les pompiers, le
3e bataillon d'artillerie de forteresse, le
18° bataillon de chasseurs, le 132e d'infan-
terie.
Malgré le soleil, une foule compacte dé-
bordait des trottoirs, des fenêtres, des toits
des maisons. Les rues étaient décorées de
nombreux arcs de triomphe. On remar-
quait notamment, rue Thiers, l'arc des gym-
nastes avec groupes d'élèves; rue Colbert
l'arc du bicycle-club rémois, entièrement
formé de bicyclettes e. de tandems; l'arc do
la place Royale, élevé par les soins des offi-
ciers de la réserve et de la territoriale ; l'arc
de la rue Carnot, portant cette inscription
très remarquée : « La rue Carnot à M. Félix
Faure. M
A onze heures, le président de la Répu-
blique est arrivé à la sous-préfecture.
i LES RÉCEPTIONS A LA SOUS-PRÉFECTNRE
Le président de la République, à son arri-
vée, a offert, dans l'hôtel de la sous-préicc.
ture, un déjeuner intime aux principales au-
torités.
Après le déjeuner, ont commencé les ie-
ceptions.
M. Langénieux, archevêque de Reims, a
présenté les membres du chapitre et du
clergé, et a prononcé une allocution, à la-
quelle le président a répondu en ces termes :
« Je suis très touché, monseigneur, des
termes dans lesquels vous voulez bien me
présenter le clergé de votre diocèse ; j'ap-
précie les sentiments patriotiques que vous
m'exprimez. Je sais que dans les enseigne-
ments que vous donnez vous ne séparez pas
les intérêts supérieurs de la France, de la
République et de la religion ; vous en faites
ainsi un sentiment unique devant lequel
tous les Français s'inclinent. »
En présentant les officiers de la garnison,
le général Hervé, commandant le 6e corps
d'armée, tient à affirmer qu'ils sont animés
du meilleur esprit militaire et du plus pur
patriotisme.
« J'ai eu l'occasion, répond le président de
la République, d'apprécier les conditions
dans lesquelles le b* corps d'armée com-
prend sa mission ; je sais combien la tâche
est lourde dans cette grande école dont vous
êtes les maîtres, école de patriotisme et da
devoir où passent ions les enfants de la,
France.
» Je sais aussi ce çuie vue &y«2 teSLRûSMt
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