Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1893-07-26
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Description : 26 juillet 1893 26 juillet 1893
Description : 1893/07/26 (A23,N7863). 1893/07/26 (A23,N7863).
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/05/2013
Vingt-troisième année. - NI 7,863 £ INO Centimes - Paris et Départements -:- CINQ Centimes MERCREDI 26 JUILLET 1893
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L'OUVERTURE
Le décret convoquant les électeurs
a paru au Journal officiel, et dès main-
tenant la période électorale est ou-
verte. Pendant cette période, toute
autre préoccupation doit s'effacer de-
vant celle de préparer une Chambre
qui ait certaines des qualités qui ont
manqué à celle qui disparaît, et qui,
élue sur des programmes déterminés
et des idées nettes, se consacre à
l'exécution de ces programmes et à la
réalisation de ces idées.
Nous ne voulons pas nous joindre à
ceux qui se montrent en ce moment
d'une sévérité excessive à l'égard de
la Chambre de 1889; elle a peut-être
mieux valu que la réputation qu'on
lui a faite, et dans l'œuvre financière
qu'elle a accomplie — si incomplète
qu'elle soit — il y a des améliorations
et des réformes dont il serait injuste
de ne pas lui tenir compte. Mais ce
qui lui a manqué, c'est l'homogénéité
sans laquelle le gouvernement n'a que
les apparences parlementaires,et trop
souvent aussi ç'a été la direction suf-
fisamment énergique du gouverne-
ment.
Tout notre effort doit tendre à em-
pêcher que ces défectuosités se repro-
duisent dans la Chambre nouvelle.
Nous n'avons que quatre semaines
pour aviser aux voies et moyens.
Donc il n'y a pas de temps à perdre.
Nous savons bien que de certains
côtés on affecte de regarder les choses
avec queque indifférence. La Républi-
que n'est pas en péril, puisque tout le
monde est devenu républicain et que
les candidats monarchistes s'esqui-
vent les uns après les autres. Aussi,
n'est-ce pas la forme républicaine du
gouvernement qu'il s'agit de défendre,
mais bien la formule de progrès et de
liberté qui pour nous est insépa-
rable de l'idée républicaine.
Or, c'est précisément cela qui, d'a-
près des renseignements que nous
avons toute raison de croire sérieux,
se trouve menacé par l'évolution
républicaine des reactionnaires. On
essaie dans un certain nombre de cir-
conscriptions de renouveler les pro-
cédés boulangistes en les adaptant
aux nécessités de l'heure actuelle. Là
où les ralliés estiment qu'ils n'ont pas
, de chances de faire passer un candi-
dat conservateur, ils imaginent d'op-
poser au candidat républicain parti-
san des idées de progrès et de liberté
un autre candidat s'étant toujours dit
, républicain, connu comme tel, mais
ayant pris plus on moins secrètement
vis-à-vis du parti conservateur des
engagements formels et ne faisant
d'ailleurs personnellement aucune dé-
claration capable d'effaroucher le
réactionnnaire le plus ombrageux.
C'est sur ces candidats que les con-
servateurs de toutes nuances, ralliés,
cléricaux, bonapartistes, royalistes
intransigeants, porteront leurs suffra-
ges, et, pour faire l'appoint de la ma-
jorité, on compte sur les républicains
modérés qu'on sera parvenu à déta-
cher de la concentration républicaine.
Ainsi faisait-on jadis voter les conser-
vateurs pour les « républicains d'ori-
gine » venus au boulangisme et ob-
tenait-on dans quelques circonscrip-
tions les majorités bigarrées qui
envoyaient à la Chambre quelques
douzaines de boulangistes.
En présence de cette tactique qui,
si elle ne met pas immédiatement en
péril la République elle-même, peut
compromettre le maintien et le déve-
loppement du programme que le parti
républicain s'est donné, il importe de
savoir quelle sera l'attitude du gou-
vernement. Nous n'avons pas oublié
que M. Dupuy se propose de « prési-
der » aux élections,sinon de les ci faire".
Mais il faut savoir si cette présidence
va avoir le même caractère que celle
de MM. Brisson et Allain-Targé lors
des élections douloureuses de 1885, si
le gouvernement va assister indifférent
aux nouvelles manœuvres imaginées
par les réactionnaires, et si, enfin, un
ministère dans lequel figurent des ré-
publicains comme MM. Miette, Terrier,
Viger, Peytral, sous la direction d'un
ancien membre de la gauche radicale,
va favoriser par son inaction ceux qui
essaient de confisquer la République
au bénéfice des réactionnaires.
En vain prétendrait-on présenter
comme un résultat satisfaisant cette
évolution nouvelle des conservateurs
affirmant leur adhésion à la Républi-
que par leur vote en faveur de candi-
dats ayant jusqu'ici appartenu au
parti républicain. Ils ne portent leurs
suffrages sur eux que parce qu'ils sup-
posent que c'est le seul moyen à leur
disposition de faire échec au parti ré-
publicain. Mais ils n'en restent pas
moins les réactionnaires que nous
avons connus, dont nous avons, heure
par heure, noté toutes les manœuvres
et toutes les revendications; e(, au mo-
ment où la consultation nationale va
indiquer l'orientation politique du
pays pour la prochaine législature, le
-gouvernement n'a pas le droit de se
désintéresser de la lutte entre ces re-
vendications réactionnaires, même
soutenues par des républicains, et le
vœu du parti républicain demandant
le maintien des progrès accomplis et
l'extension de libertés que ses adver-
saires ne songent qu'à restreindre et
même à supprimer.
LE MENTEUR JUDET
M. Judet a prétendu qu'il n'avait pas pu
lire les faux papiers Ducret-Nordton parce
qu'il ne savait pas l'anglais.
On pourrait répondre qu'il n'avait pas
besoin de savoir l'anglais pour les con-
naître, puisqu'on trouve dans ses articles
toutes les infamies contenues dans ces pa-
piers.
Les papiers Ducret-Nordton-Millevoye ne
sont, en effet, que la traduction en mauvais
anglais des articles écrits en mauvais fran-
çais par M. Judet, rédacteur en chef du
Petit Pickpocket.
Mais, même quand il dit qu'il ne sait pas
assez l'anglais pour avoir pu lire les faux
papiers, M. Judet ne dit pas la vérité.
Une personne bien renseignée nous as-
sure que, de 1881 à 1883, M. Judet était
chargé au National de la politique étran-
gère et que chaque jour il faisait des tra-
ductions des journaux anglais.
M. Judet ment chaque fois qu'il ouvre la
bouche ou prend la plume. 11 ment même
quand il dit qu'il s'appelle Judet.
L'AFFAIRE NORDTOH-DUCRET
Les tergiversations du parquet. - MM.
les conseillera Mersier et Potier.
La date à laquelle viendra devant les ju-
rés parisiens l'affaire Nordton-Ducret est
tout à fait instable. En l'espace d'une jour-
née, cette date subit des variations à ren-
dre jaloux un baromètre.
Hier matin, lundi fih juillet,à neuf heures,
après des tergiversations sans nombre, il
était enfin péremptoirement décidé au
parquet de la cour que l'affaire serait ins-
crite au rôle des assises de la Seine de la
première quinzaine d'août. C'était là une
décision définitive, dont M. le conseiller
Mersier, qui présidera la première session
d'août, était aussitôt informé.
Une heure après, c'est-à-dire à dix heu-
res, changement complet.
L'affaire Nordton-Ducret devait être ins-
crite au rôle de la deuxième quinzaine
d'août, présidée par M. Potier. Cette fois,
c'était une résolution sur laquelle on ne
reviendrait pas.
A midi, cependant, ce projet était aban-
donné et, à nouveau, l'affaire allait être
inscrite, toujours définitivement, au rôle
de la première quinzaine d'août. M. le con-
seiller Mersier, averti, venait prendre com-
munication du dossier de l'affaire, dossier
qu'il emportait à son domicile, 12, rue
d'Aumale, et qu'il s'engageait à rapporter
au parquet de la cour vers trois ou quatre
heures de l'après-midi au plus tard.
A cinq heures, M. Mersier n'était point
encore de retour au parquet où l'on s'im-
patientait et où — chose bizarre — on n'a-
vait pas encore pris une détermination
nouvelle.
Là s'arrêtent nos renseignements. Tou-
tefois, il n'est pas trop hardi de supposer
que, dans la soirée, une quatrième résolu-
tion a pu être prise par le parquet, où, soit
dit en passant, ne se trouve pas actuelle-
ment M. le procureur général Bertrand.
Quand on prend des résolutions définitives,
on n'en saurait trop prendre.
Resumons-nous. On est loin de savoir
exactement, comme on le voit, à quelle
date précise viendra devant la cour d'as-
sises de la Seine l'affaire Nordton-Ducret;
mais cependant on peut presque affirmer
dès maintenant que cette date sera fixée
entre le lâ et le 18 août.
MM. Mersier et Potier, les deux conseil-
lers désignés pour présider les première
et deuxième quinzaines des assises d'août,
luttent courtoisement à qui ne présidera
pas les débats du procès des faux papiers
.Millevoye.
— Je suis assez mal portant, dit M. Mer-
sier, et une affaire de cette envergure né-
cessite, pour être bien conduite, un parfait
état de santé. Et puis, je ne tiens pas à
présider un pareil procès. Il n'y a, en effet,
que des ennuis à y recueillir.
— Quant à moi, riposte M. Potier, je pré-
side actuellement la grosse et laborieuse
affaire des faux poinçons qui va durer
encore six jours. On ne saurait raisonna-
blement m'imposer l'étude du dossier Nord-
ton-Ducret. Je succomberais à la tâche.
Le parquet profite de ce manque d'en-
thousiasme chez les deux présidents pour
faire osciller follement la date des débats
du procès.
Ajoutons que les deux défenseurs des
acccusés, Mes Henri Robert et Demange,
n'ont pas encore eu communication du
dossier de l'affaire, dossier volumineux
d'apparence, mais qui est bourré de jour-
naux — la Cocarde principalement — et
qui ne contient en somme que quatre
cent-soixante-cinq pages.
Nordton reçoit ohaque jour, à la Concier-
gerie, la visite de Me Henri Robert.
Quotidiennement aussi, M. Ducret est vi-
sité au Dépôt, soit par Me Démangé, soit
par le secrétaire de Me Demange, Me Colle-
not.
re CHARLES DE LESSEPS
M. Charles de Lesseps, qui attend tou-
jours sa libération conditionnelle, adres-
sera aujourd'hui au ministre de l'intérieur
une requête tendant à obtenir l'autorisa-
tion de rendre une visite à sa femme, en ce
moment fort gravement malade et des vi-
sites de laquelle il est privé depuis plu-
sieurs jours.
Pendant toute la journée d'hier, le valet
de chambre du prisonnier a fait la navette
entre l'hôpital Saint-Louis et l'avenue Mon-
taigne,pour renseigner M. de Lesseps, dont
les inquiétudes se devinent, sur l'état de
sa femme qui allait empirant.
LE COLONEL ABCHlNflBD
Le Havre, '!>.h juillet.
Le colonel Archinard souffre beaucoup
de sa maladie de foie; on craint un abcès.
L'hématurie est arrêtée, mais la faiblesse
du malade est grande.
Le colonel ne se lève que deux heures
par jour; il ne peut ni lire ni écrire et ne
reçoit personne.
Cette inaction lui pèse beaucoup : il au-
rait voulu rédiger immédiatement son rap-
port sur la dernière campagne et répondre
aux nombreuses lettres qui luiparviennent.
Le docteur Colomb, médecin des colonies,
et le docteur Gibert, médecin des épidé-
mies, entourent de soins le colonel Archi-
nard. Tout danger parait aujourd'hui écar-
té, mais la convalescence sera longue.
LE BLOCUS
LE DROIT INTERNATIONAL
Blocus de guerre et blocus pacifique.
- Le droit des neutres. — Blocus e.
sur le papier.
Le blocus, qui parait une chose toute
simple, très facile d'ailleurs à exécuter
comme à définir, a soulevé de nombreuses
controverses au point de vue des formali-
tés qu'il exige et des conséquences qu'il
entraîne à l'égard des neutres.
Nous connaissons tous, souvent par expé-
rience, les difficultés continuelles auxquel-
les se heurte l'application du droit civil. Le
droit international privé est déjà plus com-
pliqué et donne lieu à des variétés d'inter-
prétation aussi typiques qu'inattendues.
Pour ne citer qu'un exemple, il y a quel-
ques semaines, dans une instance en di-
vorce « diplomatique », un avocat parisien
spécialiste, Me Clunet, plaidait en faveur
du beau sexe une thèse diamétralement
opposée à celle soutenue jusqu'alors dans
la Revue de droit international qu'il dirige
avec tant d'éclectisme.Mais quand on arrive
sur le domaine du droit international pu-
blic, c'est à dire de celui qui entend régle-
menter les rapports de nation à nation, on
se trou/e en présence d'une foule de ques-
tion sur lesquelles on n'a jamais vu s'éta-
blir une j urisprudence universelle.
La question du blocus en particulier est
des plus ardues. Il faudrait un volume
pour en retracer l'histoire et signaler les
espèces nombreuses sous lesquelles elle
s'est présentée. Nous nous contenterons
donc d'en résumer les grandes lignes, en
nous appuyant sur la haute autorité de M.
Louis Renault, professeur de droit inter-
national public à la Faculté deParis.
Blocus de guerre
D'une manière générale et absolue, le
blocus désigne l'investissement d'une ville,
d'un port, d'une position quelconque, dans
le but d'intercepter toute communication
entre le lieu bloqué et le dehors.
Mais on distingue le blocus de guerre et
le blocus dit pacifique, bien qu'il constitue
en lui-même un acte de violence aussi ca-
ractérisé que le premier.
En cas de guerre, le « droit » de l'assié-
geant s'exerce à l'encontre de tout le mon-
de, non seulement des «bouches inutiles M,
mais encore des sujets de puissances neu-
tres comme des suj ets ennemis, et même
des agents diplomatiques. Un sentiment de
courtoisie, seul, peut faire fléchir cette ri-
gueur dans tel ou tel cas particulier. Ainsi,
pendant le siège de Paris, M. de Bismarck
refusa aux agents diplomatiques des puis-
sances neutres enfermés dans la ville le
droit qu'ils réclamaient de faire traverser
les ligues allemandes par leurs courriers. Il
consentit toutefois à laisser passer leurs
dépêches à condition qu'elles fussent ou-
vertes, et ne refusa du reste jamais de sauf-
conduit à ceux des agents diplomatiques
qui désiraient quitter la ville assiégée.
LE BLOCUS MARITIME
Mais c'est surtout au point de vue mari-
time et dans ses conséquences pour les
neutres, que l'application du blocus pré-
sente des cas intéressants.
Il est de règle que les neutres peuvent
continuer leurs relations commerciales avec
les belligérants, à condition de ne point
porter de la contrebande de guerre, c'est-
à-dire des armes et tout ce qui peut servir
à une action militaire. Les navires d'une
puissance peuvent même continuer à cou-
rir les mers sans crainte d'être saisis par
la puissance ennemie, s'ils portent le pa-
villon d'un Etat neutre avec l'autorisation
de ce dernier.
Ces droits cessent d'exister en cas de blo-
eus. L'investissement d'un port par un bel-
ligérant s'impose aux neutres, et les na-
vires qui essayent d'entrer dans le port
bloqué ou d'en sortir sont sujets à saisie
et confiscation.
BLOCUS SUR LE PAPIER
Le blocus est donc une arme terrible,
un belligérant pouvant tuer le com-
merce de son adversaire. Aussi a-t-on vu
l'Angleterre, dès 1639, inventer le blocus
sur papier pour remédier à l'impossibilité
où se trouvait sa marine de bloquer effec-
tivement tous les ports de France. C'est-à-
dire qu'en vertu d'une simple proclamation
d'un blocus fictif, le gouvernement britan-
nique s'arrogeait le droit de saisir tous les
navires neutres se dirigeant vers les ports
inscrits sur son papier ou en sortant.
Ce système fut longtemps en honneur
chez nos voisins, qui l'appliquèrent une
dernière fois en 18vt>, en déclarant en état
de blocus toutes les côtes de l'empire fran-
çais depuis l'Elbe jusqu'à Brest.
Napoléon répondit à cette déclaration
par le décret de Berlin proclamant le fa-
meux blocus continental interdisant tout
commerce et toute correspondance avec
les îles britanniques et faisant défense à
tous les ports du monde d e recevoir les bâ-
timents anglais.
La Déclaration de Paris du 16 avril 1856,
à laquelle ont adhéré presque toutes les
puissances, a proscrit définitivement le
système des blocus sur le papier. Son arti-
cle h est ainsi conçu :
« Les blocus, pour être obligatoires, doi-
vent être effectifs, c'est-à-dire maintenus
par une force suffisante pour interdire
réellement l'accès du littoral ennemi. »
LES NOTIFICATIONS
Ajoutons que pour que le blocus soit op-
posable aux neutres, des notifications sont
nécessaires.
Le commandant des forces navales qui
doivent exécuter l'opération fait part de
son intention aux autorités du port et ac-
corde généralement un délai pour que les
navires neutres puissent effectuer leur sor-
tie. En même temps le gouvernement inté-
ressé avise les puissances par voie diplo-
matique.
Dès lors, tout navire essayant de forcer
un blocus est saisissable et de bonne
prise.
LE BLOCUS PACIFIQUE
Le blocus pacifique, tel que le gouverne-
ment vient de le faire pratiquer sur les
côtes de Siam, est soumis aux mêmes con-
ditions d' « effectivité » et de notifications
que le blocus de guerre. Il a cela de parti-
culier et même d'assez bizarre qu'il s'opère
sans que les deux puissances en cause se
considèrent en état de guerre. C'est un acte
de pression, d'intimidation, que l'on tente
pour obtenir satifaction avant d'en venir
aux mains. Nous avons bloqué certains
ports chinois en 1885; l'année suivante, les
grandes puissances, sauf la France, ont
bloqué les côtes de Grèce pour amener son
gouvernement à désarmer.
C'est, en somme, une. manifestation
destinée à bien faire entrer dans la tête des
gens bloqués qu'on est décidé à remplacer
les arguments diplomatiques par des coups
de caaonj
LE DROIT DES NEUTRES
Un seul point est parfois contesté, c'est
celui de savoir si un pareil blocus donne
le droit de confisquer les navires des sujets
de puissances tierces qui tenteraient de le
violer,
La jurisprudence française soutient la
négative, mais la jurisprudence anglaise
s'est prononcée pour l'affirmative.
Il serait donc étrange de voir nos voisins
se formaliser si nous avions la politesse de
leur appliquer les préceptes de leur pro-
pre code maritime.
Mais il est probable que nous n'irons
point jusque-là, et que nous nous conten-
terons d'empêcher leurs navires de forcer
le blocus. Contre cette mesure, en dépit
de toutes les discussions de professeurs de
droit des autres nations, il serait de leur
part assez outrecuidant de protester.
AU SIAM
Le gouvernement français a notifié hier
matin aux puissances sa résolution d'éta-
blir le blocus sur les côtes du Siam, sans
préjudice des autres mesures qui pourront
ê.re décidées en vue d'assurer à la France
les garanties auxquelles elle a droit.
Le blocus ne sera effectivement réalisé
qu'à partir de jeudi ou de vendredi pro-
chain, en raison des nécessités du droit in-
ternational.
Le conseil des ministres, dans la réunion
qu'il doit tenir ce matin, sous la présidence
de M. Carnot, à Marly-le-Roi, déterminera
les mesures militaires complémentaires.
En attendant, nos nationaux établis à
Bangkok sont placés, comme nous l'avotns
dit, sous la protection du consul général
des Pays-Bas.
M. Pa vie va partir. Il a abaissé le pavillon -
de la légation et a notifié son départ pour
mercredi sur l'Inconstant, demandant des
pilotes pour conduire aujourd'hui ce navire
ainsi que le Lutin et la Comète à l'embou-
chure du Mékong.
A la légation de Siam, on ne fait aucun
préparaiif de départ. Du reste, on y semble
espérer encore que le conflit se résoudra
pJcifiquemcnt.
Il est vrai que le prince Wadhana, minis-
tre à Paris, n'était pas encore avisé par le
ministre des affaires étrangères du départ
de M. Pavie. Aussitôt cette notification faite,
le prince ira à Madrid ou à Lisbonne où
est aussi un ministre accrédité de son pays.
- Londres, 3~ juillet.
Une dépêche de Bangkok, SA juillet,
7 h. 10 soir, inspirée par le gouvernement
siamois, voudrait expliquer pourquoi ce
siamois, n'a fait que la moitié de la conces-
dernier n'a fait que la moitié de la con ces.
sion demandée par la France.
Voici le texte de cette dépêche :
« Les demandes de la France concernant
la rive gauche du Mékong n'étant pas défi-
nitives, le gouvernement siamois a accepté
l'ultimatum français tel qu'il l'a compris,
mais la France a considéré la réponse com-
me équivalant à un refus. N
Shanghaï, 2/i juillet.
Les nouvelles, d'ailleurs rares et contra-
dictoires, sur les affaires du Siam sont
reçues ici avec intérêt, mais n'y suscitent
aucune émotion.
Dans le monde officiel chinois, on esti-
me que le gouvernement impérial n'a à
s'en préoccuper qu'à deux points de vue :
1° assurer la protection de ses nationaux
de Bangkok ; 3° veiller à ce qu'il ne soit
pas por.é atteinte à l'intégrité territoriale
de l'empire sur la frontière voisine des
Etats Shans.
A la Chambre des Communes
Londres, M juillet.
A la Chambre des communes, M. Curzon
demande à sir Edward Grey s'il peut faire
une déclaration quelconque au sujet du
développement qu'ont pris les événements
de Bangkok et sur les négociations con-
duites à Paris par lord Dufferin.
Il demande aussi la si réponse siamoise à
l'ultimatum, publiée par les journaux ce
matin, est correcte.
Sir Edward Grey répond brièvement :
« La réponse siamoise a été correctement
donnée par les journaux. Je n'ai rien à
ajouter aujourd'hui aux nouvelles publiées
dans les journaux, mais j'espère être en
mesure demain de faire une déclaration
additionnelle sur cette question. »
Loadres, SA juillet.
Le baron d'Estournelle de, Constans,
chargé d'affaires de France, a eu aujour-
d'hui un lung entretien avec lord Rose-
bery au Foreign office.
LA REINE VICTORIA MALADE
Londres, 2h juillet. — La Liverpool Post an"
nonce que, par suite des fatigues que le ma-
riage du duc d'York a imposées à la reine, la
santé de Sa Majesté cause une légère anxiété.
Toutefois, cette nouvelle mérite confirmation.
Des renseignements sont pris à Osborne où se
trouve la reine.
LA PAROLE SACRÉE
(DE NOTRE COR «tliSFONDAf'T PARTICULIER)
Dresde, juillet. — Le prédicateur de la
cour, le pasteur Lœber, vient de déclarer pu-
bliquement que l'idéal militaire de l'Allema-
gne est la guerre de Dieu. "Le Seigneur se
sert du peuple allemand, comme Samson d'une
mâchoire de renard (?), pour châtier la France
pécheresse eL corruptrice de l'univers. Ren-
dons grâce au Seigneur ! «
Comme pendant à cette parole sacrée, per-
mettez-moi de vous rappeler le propos tenu
par le pasteur Stockmann à Hanovre : « Le
peuple allemand a-t-il démérité de Dieu, qu'il
soit condamné depuis bientôt vingt-trois ans
à une paix misérable ? »
LES SOCIALISTES EN ALLEMAGNE
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Berlin, 21» juillet. — Pendant la période élec-
torale, les divers tribunaux de l'empire ont
infligé aux journaux socialistes et à leurs ré-
dacteurs, pour délits politiques : 168 mois de
maison de correction, 265 mois de prison et
6,592 marks et 80 pfennig, — 8.2A1 francs
d'amende.
ÉMEUTE A BORD D'UN STEAMER
La Haye, 2A juillet.
(Source officielle)
Une émeute a éclaté le 20 juillet à bord
du steamer Pajah Kongsi, battant pavillon
hollandais, entre Telok-Semwe et Edi, par-
mi les passagers atchinois.
L'équipage a été presque totalement mas-
sacré.
Il y a eu 3.4 tués, parmi lesquels le capi-
taine et le second, tous deux anglais, et 15
blessés. Deux machinistes européens ont
échappé au massacre et sont restés à bord.
Les Atchinois ont quitté le navire avec
quelques prisonniers indigènes.
Trois des prisonniers se sont enfuis à Te-
lok-Semwe.
Le steamer est resté entre les mains des
Hollandais.
CHRONIQUE
Avez-vous remarqué que les centenai-
res (Dieu sait si on en abuse présente-
ment !) servent parfois assez mal la cause
de certains personnages historiques ? On
ne pouvait célébrer que par des articles
de journaux le centenaire de la mort
de Charlotte Corday ; mais la vierge
rouge, la belle et terrible justicière,
l'ange de l'assassinat, a eu, comme
on dit, cc une assez mauvaise presse ».
La légende héroïque a reçu de vives
atteintes, et, du coup, la mémoire de
ce pauvre diable de Marat, qui ne fut
pas, assurément, un charmant homme,
mais qui a toujours eu du mal à se faire
juger impartialement, a été soulagée du
poids de quelques abominations trop ma-
nifestement imaginées.
On s'est avisé que Charlotte Corday,
cachant un couteau de quarante sols
sous son déshabillé moucheté et péné-
trant chez l'Ami du Peuple en feignant
d'implorer sa pitié, manque vraiment de
délicatesse et que,quelle que fût son exal-
tation, il y avait bien de la perfidie fé-
minine dans son cas. Il est certain qu'elle
eût fait plus grande figure devant l'his-
toire, bien qu'il y eût eu crime de toute
façon, si elle avait frappé Marat sans
avoir recours à cette vilaine comédie, en
ennemie ne s'abaissant pas à la ruse. Cent
ans après ce fait-divers sensationnel, le
mieux qu'on a pu faire pour le souvenir
de Charlotte Corday, naguère éperdu-
ment glorifiée (même en un vaudeville
de Dumanoir et Clair ville à qui tout était
bon!), ç'a été d'expliquer son meurtre
par son état mental.
Entre parenthèses, il eut une fin de
bourgeois, ce révolutionnaire Marat. Son
dernier acte, alors qu'il était dans ce bain
qui devait lui être si funeste, avant l'en-
trée de Charlotte Corday, avait été de
discuter des factures que lui présentait
un commis nommé Pillet, pour la four-
niture du papier de son journal, afin
d'obtenir un rabais.
- Il n'y avait que Clairville et Dumanoir
pour prêter cavalièrement un amoureux
à Charlotte Corday. N'avaient-ils pas bra-
vement imaginé qu'elle n'était venue à
Paris que pour tenter de sauver son fian-
cé, M. de Belzunce, et, au besoin, pour le
venger !
Elle en eut un, un amoureux, — mais
ce fut quand elle fut morte, et c'est une
histoire romanesque qui vaut bien la
peine d'être évoquée. Ce sera là encore
un autre centenaire à relever, que celui
du dénouement tragique de cette éton-
nante passion. Peut-on parler de Char-
lotte Corday sans se rappeler cette singu-
lière physionomie, si bien « du temps »,
d'Adam Lux, ce rêveur,cet Allemand sen-
timental qui, après l'exécution de la
meurtrière de Marat, estima que la vie
ne valait plus la peine d'être vécue et ne
souhaita plus que de finir sur cet écha-
faud où cette belle tête était tombée?
Curieuse figure que celle de ce philoso-
phe « sensible M, nourri de la lecture de
Jean-Jacques, prompt aux enthousiasmes,
altéré de sacrifice, enclin à s'éprendre de
chimères I Il personnifie le type de l'Alle-
mand de jadis — si différent de l'Alle-
mand d'aujourd'hui ! — un peu naïf dans
son besoin éperdu de poursuivre son
idéal, très éloigné des moyens pratiques,
cherchant midi à quatorze heures; avec
cela, bon père de famille, époux fidèle,
mêlant le culte de la famille a d'ardentes
passions éthérées. Il avait été député
par la ville de Mayence à Paris, auprès de
la Convention, et il avait été déconcerté
et effaré par les violences auxquelles il
avait assisté. Son historiographe, M.Wels-
chinger, a raconté sur lui des choses fort
bizarres. Le doux philanthrope qu'il était
ne comprit plus rien à ce qui se passait
quand il vit les Girondins, avec lesquels
il sympathisait, décrétés d'accusation.
Il eut alors l'idée « orgueilleuse et ingé-
nue » de se vouloir tuer, pour protester
solennellement « contre le triomphe du
crime M, et il était assurément de bonne
foi quand il écrivait, dans un français
extravagant, plein de tournures germa-
niques, une longue et pompeuse lettre
pour annoncer au monde sa détermina-
tion. Pénétré du souvenir de l'antiquité,
il aspirait à s'offrir en victime pour sau-
ver la chose publique.
Il avait consenti, sur la prière de ses
amis, à différer son suicide. C'est alors
amis, l'exécution de Charlotte Corday vint
que
raviver ses désirs d'holocauste; mais,
puisque « cette fille incomparable" avait
péri de la main du bourreau, c'est ainsi
qu'il voulait mourir maintenant.
Il avait aperçu Charlotte pour la pre-
mière fois alors que, revêtue de la che-
mise rouge imposée aux meurtriers, elle
était conduite à l'échafaud. Avant d'ar-
river à la place de la Révolution, la char-
rette eut un temps d'arrêt. La condam-
née, entourée d'une foule hurlante, lais-
sait aller au hasard ses regards anxieux.
Adam Lux s'imagina tout à coup qu'elle
lui avait adressé un « triste sourire".
Il s'enflamma. Le « pâle fantôme aux
mains sanglantes » devint son idole, et,
dans son mystique égarement, il se per-
suada que cette ombre l'appelait. Désor-
mais il n'eut plus que la pensée de la sui-
vre dans l'éternité. Les heures lui sem-
blèrent longues qui le séparaient du sup-
plice qu'il ambitionnait, semblable à
celui de l'héroïne, comme pour lui faire
par-delà la vie une cour romanesque et
tragique.
Ecoutez-le, parlant de son unique et
suprême rencontre avec Charlotte Corday :
« Quel fut mon étonnement, quand, ou-
tre une intrépidité que j'attendais, je vis
cette douceur inaltérable au milieu de
hurlements barbares. Ce regard si doux
et si pénétrant. Ces étincelles vives qui
éclataient dans ces beaux yeux, yeux
charmants qui auraient dû émouvoir des
rochers ! Souvenir immortel ! Regards
d'un ange qui pénétrèrent dans mon
cœur, qui le remplirent d'émotions vio-
lentes, inconnues jusqu'alors! ». N'est-
ce pas le feu même de l'amour ?
Pour aller « rejoindre sa Charlotte 1 il
s'avisa de répandre dans Paris une apo-
logie passionnée de celle qui avait tué
Marat, pleine d'attaques véhémentes
contre ses juges. Il y parlait déjà de sa
fin, à lui, en s'adressant aux mânes de
Charlotte, comme avec une galanterie
d'amant : « Tu me pardonneras, s'il m'est
impossible de montrer dans mes derniers
moments le courage et la même douceur
qui te distinguaient. Je me réjouis de
ta supériorité, car n'est-il pas juste que
l'objet adoré soit toujours plus élevé et
toujours plus au-dessus de l'adorateur? »
On sent que l'image de Charlotte Cor-
day ne se détachait pas de ses yeux, qu'il
entendait sa voix, et c'était bien de la
passion, car comment qualifier autre-
ment les sentiments qu'il exprimait ?
Par une ironie, il eut du mal à se faire
arrêter ; il le fut cependant, et devant le
tribunal révolutionnaire, il renouvela
lyriquement ses déclarations à l'égard de
la morte.
On hésitait à le condamner, car on
avait des doutes sur sa raison. Ses amis,
d'ailleurs, assuraient que son excessive
continence, avec le tempérament ardent
dont il était doué, l'avaient jeté dans un
état voisin de la folie. Mais Adam Lux
s'attacha à prouver qu'il jouissait bien
de toutes ses facultés et, pour forcer ses
juges à la rigueur, cet illuminé inoffensif
se déchaîna en injures contre la Révolu-
tion elle-même. C'était un temps où l'on
ne badinait point là-dessus. Il réclamait
avec tant d'instances la mort, qu'on la
lui accorda. Condamné, il laissa éclater
sa joie et ce fut avec un sourire extasié
qu'il monta à l'échafaud.
— Je mourrai donc pour Charlotte! dit-
il en se livrant au bourreau.
Ce furent ses dernières paroles, pro-
noncées dans une ferveur mystique. Il
voyait assurément Charlotte à ce mo-
ment, elle lui tendait les bras.
Le hasard, et non la pitié des bour-
reaux, fit qu'il lui fut réuni dans la mort.
Le tombereau qui emportait les guillo-
tinés déposa son corps dans le terrain
(là est maintenant la rue du Rocher) où
avait été inhumé celui de Charlotte Cor-
day, objet de son amour posthume.
Où est-il, le temps de ces Allemands
tourmentés de chimérique idéal, de rêves
troublants, d'aspirations supra-humai-
nes ?. Les Allemands d'aujourd'hui sont
infiniment plus positifs que leurs grands-
pères 1
Paul Ginisty.
LA PLAZA DE TOROS
Les arènes de la rue Pergolése, où tant de
Parisiens allèrent applaudir les toreros, se-
ront vendues le 9 août prochain aux enchères
publiques.
On ne demande que 150,000 francs des arè-
nes couvertes, qui sont une construction er
fer d'une assez jolie hardiesse.
UNE CIRCULAIRE
Les mouvements de troupes
On n'en est pas encore revenu, dans les
bureaux de la rue Saint-Dominique, de la
gaffe phénoménale commise l'autre joui
par le général Loizillon télégraphiant à.
Blois au colonel du 113° qui ne se trouvait
plus dans cette ville !
Le ministre ignorait, disent les officieux,
la présence de ce régiment au camp de
Cercottes. Parbleu! c'est l'évidence même
que le ministre l'ignorait. Et c'est justement
là ce qu'on est en droit de lui reprocher,
tout autant que d'avoir voulu'passer in-
considérément par-dessus la tête du com-
mandement régional.
Si le général de Miribel et son sous-chef
d'état-major le général de Boisdeffre, alors
dans les Alpes, avaient été à Paris, le gé-
néral Loizillon n'aurait sans doute pas sur
le cœur son fameux télégramme. Aussi,
pour éviter toute chance de malencontreuse
récidive — car on ne sait pas ce qui peut
arriver — une circulaire émanant du pre-
mier bureau de l'état-major général vient
d'être adressée à tous les commandants de
corps d'armée, les priant de prévenir, cha-
que fois qu'un corps de troupe fera mou-
vement, de la date du départ de la garni-
son, de la destination de la troupe et de
son retour à la garnison.
La dépêche du général Loizillon au 113
aura au moins servi à quelque chose.
LA - CHASSE
La direction de la sûreté générale a reçu
de la majorité des préfets la proposition
d'adopter, avec trois zones si possible, les
dates habituelles pour l'ouverture de la
chasse.
On a, cette année, demandé officieuse",
ment, il est vrai, aux syndicats les plus im-
portants de chasseurs au bois, s'il fallait ou
non autoriser généralement la « requête à
la bécasse », permise seulement dans quel
ques départements de l'Est.
Ces syndicats se seraient montrés hostie
les à une pareille mesure. D'après eux, la
« requête à la bécasse » exposerait quanti-
té de lièvres aux dents des chiens et aux
balles de chasseurs. inhabiles.
Ils donnent une autre raison inspirée par
des sentiments peu démocratiques : on
craindrait qu'avec une autorisation de ca
genre, les petits propriétaires et les fer-
miers dont les terres se trouvent enclavées
dans de grandes forêts ne vinssent trop g<*
ner les équipages de chasse domaniale t
PERTE D'UN STEAMER
Brest, SA juillet.
Hier soir, par un temps brumeux, le stea
mer français la Guyenne, chargé de IDine,
rai, allant de Bilbao à Cardif, s'est jeté sur
les rochers de l'ile de Sein, aux environs da
phare d'Armen.
A dix heures du soir, le capitaine Goroa
et ses SI hommes d'équipage ont aban-
donné le steamer et se sont réfugiés dans
les canots.
Ce matin à cinq heures, le bateau de pê«
che n° 3 du Conquet a rencontré en mer les
naufragés, les a recueillis et les a amenés à
Brest où ils ont débarqué aujourd'hui.
Le steamer Guyenne est du port de la
Rochelle, il appartient à MM. Delmas. arç
mateurs ; il jauge 980 tonneaux. -j
Le renflouement parait impossible.
QUATRE VICTIMES DU FEU
Bienne, SA juillet.
Un incendie vient de détruire une maisoa*
Quatre personnes sont restées dans les flaffi*
mes. Trois, Ou ss savant* ont été griçYemeaf
Jrtessée* -
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les bareaax de poste.
L'OUVERTURE
Le décret convoquant les électeurs
a paru au Journal officiel, et dès main-
tenant la période électorale est ou-
verte. Pendant cette période, toute
autre préoccupation doit s'effacer de-
vant celle de préparer une Chambre
qui ait certaines des qualités qui ont
manqué à celle qui disparaît, et qui,
élue sur des programmes déterminés
et des idées nettes, se consacre à
l'exécution de ces programmes et à la
réalisation de ces idées.
Nous ne voulons pas nous joindre à
ceux qui se montrent en ce moment
d'une sévérité excessive à l'égard de
la Chambre de 1889; elle a peut-être
mieux valu que la réputation qu'on
lui a faite, et dans l'œuvre financière
qu'elle a accomplie — si incomplète
qu'elle soit — il y a des améliorations
et des réformes dont il serait injuste
de ne pas lui tenir compte. Mais ce
qui lui a manqué, c'est l'homogénéité
sans laquelle le gouvernement n'a que
les apparences parlementaires,et trop
souvent aussi ç'a été la direction suf-
fisamment énergique du gouverne-
ment.
Tout notre effort doit tendre à em-
pêcher que ces défectuosités se repro-
duisent dans la Chambre nouvelle.
Nous n'avons que quatre semaines
pour aviser aux voies et moyens.
Donc il n'y a pas de temps à perdre.
Nous savons bien que de certains
côtés on affecte de regarder les choses
avec queque indifférence. La Républi-
que n'est pas en péril, puisque tout le
monde est devenu républicain et que
les candidats monarchistes s'esqui-
vent les uns après les autres. Aussi,
n'est-ce pas la forme républicaine du
gouvernement qu'il s'agit de défendre,
mais bien la formule de progrès et de
liberté qui pour nous est insépa-
rable de l'idée républicaine.
Or, c'est précisément cela qui, d'a-
près des renseignements que nous
avons toute raison de croire sérieux,
se trouve menacé par l'évolution
républicaine des reactionnaires. On
essaie dans un certain nombre de cir-
conscriptions de renouveler les pro-
cédés boulangistes en les adaptant
aux nécessités de l'heure actuelle. Là
où les ralliés estiment qu'ils n'ont pas
, de chances de faire passer un candi-
dat conservateur, ils imaginent d'op-
poser au candidat républicain parti-
san des idées de progrès et de liberté
un autre candidat s'étant toujours dit
, républicain, connu comme tel, mais
ayant pris plus on moins secrètement
vis-à-vis du parti conservateur des
engagements formels et ne faisant
d'ailleurs personnellement aucune dé-
claration capable d'effaroucher le
réactionnnaire le plus ombrageux.
C'est sur ces candidats que les con-
servateurs de toutes nuances, ralliés,
cléricaux, bonapartistes, royalistes
intransigeants, porteront leurs suffra-
ges, et, pour faire l'appoint de la ma-
jorité, on compte sur les républicains
modérés qu'on sera parvenu à déta-
cher de la concentration républicaine.
Ainsi faisait-on jadis voter les conser-
vateurs pour les « républicains d'ori-
gine » venus au boulangisme et ob-
tenait-on dans quelques circonscrip-
tions les majorités bigarrées qui
envoyaient à la Chambre quelques
douzaines de boulangistes.
En présence de cette tactique qui,
si elle ne met pas immédiatement en
péril la République elle-même, peut
compromettre le maintien et le déve-
loppement du programme que le parti
républicain s'est donné, il importe de
savoir quelle sera l'attitude du gou-
vernement. Nous n'avons pas oublié
que M. Dupuy se propose de « prési-
der » aux élections,sinon de les ci faire".
Mais il faut savoir si cette présidence
va avoir le même caractère que celle
de MM. Brisson et Allain-Targé lors
des élections douloureuses de 1885, si
le gouvernement va assister indifférent
aux nouvelles manœuvres imaginées
par les réactionnaires, et si, enfin, un
ministère dans lequel figurent des ré-
publicains comme MM. Miette, Terrier,
Viger, Peytral, sous la direction d'un
ancien membre de la gauche radicale,
va favoriser par son inaction ceux qui
essaient de confisquer la République
au bénéfice des réactionnaires.
En vain prétendrait-on présenter
comme un résultat satisfaisant cette
évolution nouvelle des conservateurs
affirmant leur adhésion à la Républi-
que par leur vote en faveur de candi-
dats ayant jusqu'ici appartenu au
parti républicain. Ils ne portent leurs
suffrages sur eux que parce qu'ils sup-
posent que c'est le seul moyen à leur
disposition de faire échec au parti ré-
publicain. Mais ils n'en restent pas
moins les réactionnaires que nous
avons connus, dont nous avons, heure
par heure, noté toutes les manœuvres
et toutes les revendications; e(, au mo-
ment où la consultation nationale va
indiquer l'orientation politique du
pays pour la prochaine législature, le
-gouvernement n'a pas le droit de se
désintéresser de la lutte entre ces re-
vendications réactionnaires, même
soutenues par des républicains, et le
vœu du parti républicain demandant
le maintien des progrès accomplis et
l'extension de libertés que ses adver-
saires ne songent qu'à restreindre et
même à supprimer.
LE MENTEUR JUDET
M. Judet a prétendu qu'il n'avait pas pu
lire les faux papiers Ducret-Nordton parce
qu'il ne savait pas l'anglais.
On pourrait répondre qu'il n'avait pas
besoin de savoir l'anglais pour les con-
naître, puisqu'on trouve dans ses articles
toutes les infamies contenues dans ces pa-
piers.
Les papiers Ducret-Nordton-Millevoye ne
sont, en effet, que la traduction en mauvais
anglais des articles écrits en mauvais fran-
çais par M. Judet, rédacteur en chef du
Petit Pickpocket.
Mais, même quand il dit qu'il ne sait pas
assez l'anglais pour avoir pu lire les faux
papiers, M. Judet ne dit pas la vérité.
Une personne bien renseignée nous as-
sure que, de 1881 à 1883, M. Judet était
chargé au National de la politique étran-
gère et que chaque jour il faisait des tra-
ductions des journaux anglais.
M. Judet ment chaque fois qu'il ouvre la
bouche ou prend la plume. 11 ment même
quand il dit qu'il s'appelle Judet.
L'AFFAIRE NORDTOH-DUCRET
Les tergiversations du parquet. - MM.
les conseillera Mersier et Potier.
La date à laquelle viendra devant les ju-
rés parisiens l'affaire Nordton-Ducret est
tout à fait instable. En l'espace d'une jour-
née, cette date subit des variations à ren-
dre jaloux un baromètre.
Hier matin, lundi fih juillet,à neuf heures,
après des tergiversations sans nombre, il
était enfin péremptoirement décidé au
parquet de la cour que l'affaire serait ins-
crite au rôle des assises de la Seine de la
première quinzaine d'août. C'était là une
décision définitive, dont M. le conseiller
Mersier, qui présidera la première session
d'août, était aussitôt informé.
Une heure après, c'est-à-dire à dix heu-
res, changement complet.
L'affaire Nordton-Ducret devait être ins-
crite au rôle de la deuxième quinzaine
d'août, présidée par M. Potier. Cette fois,
c'était une résolution sur laquelle on ne
reviendrait pas.
A midi, cependant, ce projet était aban-
donné et, à nouveau, l'affaire allait être
inscrite, toujours définitivement, au rôle
de la première quinzaine d'août. M. le con-
seiller Mersier, averti, venait prendre com-
munication du dossier de l'affaire, dossier
qu'il emportait à son domicile, 12, rue
d'Aumale, et qu'il s'engageait à rapporter
au parquet de la cour vers trois ou quatre
heures de l'après-midi au plus tard.
A cinq heures, M. Mersier n'était point
encore de retour au parquet où l'on s'im-
patientait et où — chose bizarre — on n'a-
vait pas encore pris une détermination
nouvelle.
Là s'arrêtent nos renseignements. Tou-
tefois, il n'est pas trop hardi de supposer
que, dans la soirée, une quatrième résolu-
tion a pu être prise par le parquet, où, soit
dit en passant, ne se trouve pas actuelle-
ment M. le procureur général Bertrand.
Quand on prend des résolutions définitives,
on n'en saurait trop prendre.
Resumons-nous. On est loin de savoir
exactement, comme on le voit, à quelle
date précise viendra devant la cour d'as-
sises de la Seine l'affaire Nordton-Ducret;
mais cependant on peut presque affirmer
dès maintenant que cette date sera fixée
entre le lâ et le 18 août.
MM. Mersier et Potier, les deux conseil-
lers désignés pour présider les première
et deuxième quinzaines des assises d'août,
luttent courtoisement à qui ne présidera
pas les débats du procès des faux papiers
.Millevoye.
— Je suis assez mal portant, dit M. Mer-
sier, et une affaire de cette envergure né-
cessite, pour être bien conduite, un parfait
état de santé. Et puis, je ne tiens pas à
présider un pareil procès. Il n'y a, en effet,
que des ennuis à y recueillir.
— Quant à moi, riposte M. Potier, je pré-
side actuellement la grosse et laborieuse
affaire des faux poinçons qui va durer
encore six jours. On ne saurait raisonna-
blement m'imposer l'étude du dossier Nord-
ton-Ducret. Je succomberais à la tâche.
Le parquet profite de ce manque d'en-
thousiasme chez les deux présidents pour
faire osciller follement la date des débats
du procès.
Ajoutons que les deux défenseurs des
acccusés, Mes Henri Robert et Demange,
n'ont pas encore eu communication du
dossier de l'affaire, dossier volumineux
d'apparence, mais qui est bourré de jour-
naux — la Cocarde principalement — et
qui ne contient en somme que quatre
cent-soixante-cinq pages.
Nordton reçoit ohaque jour, à la Concier-
gerie, la visite de Me Henri Robert.
Quotidiennement aussi, M. Ducret est vi-
sité au Dépôt, soit par Me Démangé, soit
par le secrétaire de Me Demange, Me Colle-
not.
re CHARLES DE LESSEPS
M. Charles de Lesseps, qui attend tou-
jours sa libération conditionnelle, adres-
sera aujourd'hui au ministre de l'intérieur
une requête tendant à obtenir l'autorisa-
tion de rendre une visite à sa femme, en ce
moment fort gravement malade et des vi-
sites de laquelle il est privé depuis plu-
sieurs jours.
Pendant toute la journée d'hier, le valet
de chambre du prisonnier a fait la navette
entre l'hôpital Saint-Louis et l'avenue Mon-
taigne,pour renseigner M. de Lesseps, dont
les inquiétudes se devinent, sur l'état de
sa femme qui allait empirant.
LE COLONEL ABCHlNflBD
Le Havre, '!>.h juillet.
Le colonel Archinard souffre beaucoup
de sa maladie de foie; on craint un abcès.
L'hématurie est arrêtée, mais la faiblesse
du malade est grande.
Le colonel ne se lève que deux heures
par jour; il ne peut ni lire ni écrire et ne
reçoit personne.
Cette inaction lui pèse beaucoup : il au-
rait voulu rédiger immédiatement son rap-
port sur la dernière campagne et répondre
aux nombreuses lettres qui luiparviennent.
Le docteur Colomb, médecin des colonies,
et le docteur Gibert, médecin des épidé-
mies, entourent de soins le colonel Archi-
nard. Tout danger parait aujourd'hui écar-
té, mais la convalescence sera longue.
LE BLOCUS
LE DROIT INTERNATIONAL
Blocus de guerre et blocus pacifique.
- Le droit des neutres. — Blocus e.
sur le papier.
Le blocus, qui parait une chose toute
simple, très facile d'ailleurs à exécuter
comme à définir, a soulevé de nombreuses
controverses au point de vue des formali-
tés qu'il exige et des conséquences qu'il
entraîne à l'égard des neutres.
Nous connaissons tous, souvent par expé-
rience, les difficultés continuelles auxquel-
les se heurte l'application du droit civil. Le
droit international privé est déjà plus com-
pliqué et donne lieu à des variétés d'inter-
prétation aussi typiques qu'inattendues.
Pour ne citer qu'un exemple, il y a quel-
ques semaines, dans une instance en di-
vorce « diplomatique », un avocat parisien
spécialiste, Me Clunet, plaidait en faveur
du beau sexe une thèse diamétralement
opposée à celle soutenue jusqu'alors dans
la Revue de droit international qu'il dirige
avec tant d'éclectisme.Mais quand on arrive
sur le domaine du droit international pu-
blic, c'est à dire de celui qui entend régle-
menter les rapports de nation à nation, on
se trou/e en présence d'une foule de ques-
tion sur lesquelles on n'a jamais vu s'éta-
blir une j urisprudence universelle.
La question du blocus en particulier est
des plus ardues. Il faudrait un volume
pour en retracer l'histoire et signaler les
espèces nombreuses sous lesquelles elle
s'est présentée. Nous nous contenterons
donc d'en résumer les grandes lignes, en
nous appuyant sur la haute autorité de M.
Louis Renault, professeur de droit inter-
national public à la Faculté deParis.
Blocus de guerre
D'une manière générale et absolue, le
blocus désigne l'investissement d'une ville,
d'un port, d'une position quelconque, dans
le but d'intercepter toute communication
entre le lieu bloqué et le dehors.
Mais on distingue le blocus de guerre et
le blocus dit pacifique, bien qu'il constitue
en lui-même un acte de violence aussi ca-
ractérisé que le premier.
En cas de guerre, le « droit » de l'assié-
geant s'exerce à l'encontre de tout le mon-
de, non seulement des «bouches inutiles M,
mais encore des sujets de puissances neu-
tres comme des suj ets ennemis, et même
des agents diplomatiques. Un sentiment de
courtoisie, seul, peut faire fléchir cette ri-
gueur dans tel ou tel cas particulier. Ainsi,
pendant le siège de Paris, M. de Bismarck
refusa aux agents diplomatiques des puis-
sances neutres enfermés dans la ville le
droit qu'ils réclamaient de faire traverser
les ligues allemandes par leurs courriers. Il
consentit toutefois à laisser passer leurs
dépêches à condition qu'elles fussent ou-
vertes, et ne refusa du reste jamais de sauf-
conduit à ceux des agents diplomatiques
qui désiraient quitter la ville assiégée.
LE BLOCUS MARITIME
Mais c'est surtout au point de vue mari-
time et dans ses conséquences pour les
neutres, que l'application du blocus pré-
sente des cas intéressants.
Il est de règle que les neutres peuvent
continuer leurs relations commerciales avec
les belligérants, à condition de ne point
porter de la contrebande de guerre, c'est-
à-dire des armes et tout ce qui peut servir
à une action militaire. Les navires d'une
puissance peuvent même continuer à cou-
rir les mers sans crainte d'être saisis par
la puissance ennemie, s'ils portent le pa-
villon d'un Etat neutre avec l'autorisation
de ce dernier.
Ces droits cessent d'exister en cas de blo-
eus. L'investissement d'un port par un bel-
ligérant s'impose aux neutres, et les na-
vires qui essayent d'entrer dans le port
bloqué ou d'en sortir sont sujets à saisie
et confiscation.
BLOCUS SUR LE PAPIER
Le blocus est donc une arme terrible,
un belligérant pouvant tuer le com-
merce de son adversaire. Aussi a-t-on vu
l'Angleterre, dès 1639, inventer le blocus
sur papier pour remédier à l'impossibilité
où se trouvait sa marine de bloquer effec-
tivement tous les ports de France. C'est-à-
dire qu'en vertu d'une simple proclamation
d'un blocus fictif, le gouvernement britan-
nique s'arrogeait le droit de saisir tous les
navires neutres se dirigeant vers les ports
inscrits sur son papier ou en sortant.
Ce système fut longtemps en honneur
chez nos voisins, qui l'appliquèrent une
dernière fois en 18vt>, en déclarant en état
de blocus toutes les côtes de l'empire fran-
çais depuis l'Elbe jusqu'à Brest.
Napoléon répondit à cette déclaration
par le décret de Berlin proclamant le fa-
meux blocus continental interdisant tout
commerce et toute correspondance avec
les îles britanniques et faisant défense à
tous les ports du monde d e recevoir les bâ-
timents anglais.
La Déclaration de Paris du 16 avril 1856,
à laquelle ont adhéré presque toutes les
puissances, a proscrit définitivement le
système des blocus sur le papier. Son arti-
cle h est ainsi conçu :
« Les blocus, pour être obligatoires, doi-
vent être effectifs, c'est-à-dire maintenus
par une force suffisante pour interdire
réellement l'accès du littoral ennemi. »
LES NOTIFICATIONS
Ajoutons que pour que le blocus soit op-
posable aux neutres, des notifications sont
nécessaires.
Le commandant des forces navales qui
doivent exécuter l'opération fait part de
son intention aux autorités du port et ac-
corde généralement un délai pour que les
navires neutres puissent effectuer leur sor-
tie. En même temps le gouvernement inté-
ressé avise les puissances par voie diplo-
matique.
Dès lors, tout navire essayant de forcer
un blocus est saisissable et de bonne
prise.
LE BLOCUS PACIFIQUE
Le blocus pacifique, tel que le gouverne-
ment vient de le faire pratiquer sur les
côtes de Siam, est soumis aux mêmes con-
ditions d' « effectivité » et de notifications
que le blocus de guerre. Il a cela de parti-
culier et même d'assez bizarre qu'il s'opère
sans que les deux puissances en cause se
considèrent en état de guerre. C'est un acte
de pression, d'intimidation, que l'on tente
pour obtenir satifaction avant d'en venir
aux mains. Nous avons bloqué certains
ports chinois en 1885; l'année suivante, les
grandes puissances, sauf la France, ont
bloqué les côtes de Grèce pour amener son
gouvernement à désarmer.
C'est, en somme, une. manifestation
destinée à bien faire entrer dans la tête des
gens bloqués qu'on est décidé à remplacer
les arguments diplomatiques par des coups
de caaonj
LE DROIT DES NEUTRES
Un seul point est parfois contesté, c'est
celui de savoir si un pareil blocus donne
le droit de confisquer les navires des sujets
de puissances tierces qui tenteraient de le
violer,
La jurisprudence française soutient la
négative, mais la jurisprudence anglaise
s'est prononcée pour l'affirmative.
Il serait donc étrange de voir nos voisins
se formaliser si nous avions la politesse de
leur appliquer les préceptes de leur pro-
pre code maritime.
Mais il est probable que nous n'irons
point jusque-là, et que nous nous conten-
terons d'empêcher leurs navires de forcer
le blocus. Contre cette mesure, en dépit
de toutes les discussions de professeurs de
droit des autres nations, il serait de leur
part assez outrecuidant de protester.
AU SIAM
Le gouvernement français a notifié hier
matin aux puissances sa résolution d'éta-
blir le blocus sur les côtes du Siam, sans
préjudice des autres mesures qui pourront
ê.re décidées en vue d'assurer à la France
les garanties auxquelles elle a droit.
Le blocus ne sera effectivement réalisé
qu'à partir de jeudi ou de vendredi pro-
chain, en raison des nécessités du droit in-
ternational.
Le conseil des ministres, dans la réunion
qu'il doit tenir ce matin, sous la présidence
de M. Carnot, à Marly-le-Roi, déterminera
les mesures militaires complémentaires.
En attendant, nos nationaux établis à
Bangkok sont placés, comme nous l'avotns
dit, sous la protection du consul général
des Pays-Bas.
M. Pa vie va partir. Il a abaissé le pavillon -
de la légation et a notifié son départ pour
mercredi sur l'Inconstant, demandant des
pilotes pour conduire aujourd'hui ce navire
ainsi que le Lutin et la Comète à l'embou-
chure du Mékong.
A la légation de Siam, on ne fait aucun
préparaiif de départ. Du reste, on y semble
espérer encore que le conflit se résoudra
pJcifiquemcnt.
Il est vrai que le prince Wadhana, minis-
tre à Paris, n'était pas encore avisé par le
ministre des affaires étrangères du départ
de M. Pavie. Aussitôt cette notification faite,
le prince ira à Madrid ou à Lisbonne où
est aussi un ministre accrédité de son pays.
- Londres, 3~ juillet.
Une dépêche de Bangkok, SA juillet,
7 h. 10 soir, inspirée par le gouvernement
siamois, voudrait expliquer pourquoi ce
siamois, n'a fait que la moitié de la conces-
dernier n'a fait que la moitié de la con ces.
sion demandée par la France.
Voici le texte de cette dépêche :
« Les demandes de la France concernant
la rive gauche du Mékong n'étant pas défi-
nitives, le gouvernement siamois a accepté
l'ultimatum français tel qu'il l'a compris,
mais la France a considéré la réponse com-
me équivalant à un refus. N
Shanghaï, 2/i juillet.
Les nouvelles, d'ailleurs rares et contra-
dictoires, sur les affaires du Siam sont
reçues ici avec intérêt, mais n'y suscitent
aucune émotion.
Dans le monde officiel chinois, on esti-
me que le gouvernement impérial n'a à
s'en préoccuper qu'à deux points de vue :
1° assurer la protection de ses nationaux
de Bangkok ; 3° veiller à ce qu'il ne soit
pas por.é atteinte à l'intégrité territoriale
de l'empire sur la frontière voisine des
Etats Shans.
A la Chambre des Communes
Londres, M juillet.
A la Chambre des communes, M. Curzon
demande à sir Edward Grey s'il peut faire
une déclaration quelconque au sujet du
développement qu'ont pris les événements
de Bangkok et sur les négociations con-
duites à Paris par lord Dufferin.
Il demande aussi la si réponse siamoise à
l'ultimatum, publiée par les journaux ce
matin, est correcte.
Sir Edward Grey répond brièvement :
« La réponse siamoise a été correctement
donnée par les journaux. Je n'ai rien à
ajouter aujourd'hui aux nouvelles publiées
dans les journaux, mais j'espère être en
mesure demain de faire une déclaration
additionnelle sur cette question. »
Loadres, SA juillet.
Le baron d'Estournelle de, Constans,
chargé d'affaires de France, a eu aujour-
d'hui un lung entretien avec lord Rose-
bery au Foreign office.
LA REINE VICTORIA MALADE
Londres, 2h juillet. — La Liverpool Post an"
nonce que, par suite des fatigues que le ma-
riage du duc d'York a imposées à la reine, la
santé de Sa Majesté cause une légère anxiété.
Toutefois, cette nouvelle mérite confirmation.
Des renseignements sont pris à Osborne où se
trouve la reine.
LA PAROLE SACRÉE
(DE NOTRE COR «tliSFONDAf'T PARTICULIER)
Dresde, juillet. — Le prédicateur de la
cour, le pasteur Lœber, vient de déclarer pu-
bliquement que l'idéal militaire de l'Allema-
gne est la guerre de Dieu. "Le Seigneur se
sert du peuple allemand, comme Samson d'une
mâchoire de renard (?), pour châtier la France
pécheresse eL corruptrice de l'univers. Ren-
dons grâce au Seigneur ! «
Comme pendant à cette parole sacrée, per-
mettez-moi de vous rappeler le propos tenu
par le pasteur Stockmann à Hanovre : « Le
peuple allemand a-t-il démérité de Dieu, qu'il
soit condamné depuis bientôt vingt-trois ans
à une paix misérable ? »
LES SOCIALISTES EN ALLEMAGNE
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Berlin, 21» juillet. — Pendant la période élec-
torale, les divers tribunaux de l'empire ont
infligé aux journaux socialistes et à leurs ré-
dacteurs, pour délits politiques : 168 mois de
maison de correction, 265 mois de prison et
6,592 marks et 80 pfennig, — 8.2A1 francs
d'amende.
ÉMEUTE A BORD D'UN STEAMER
La Haye, 2A juillet.
(Source officielle)
Une émeute a éclaté le 20 juillet à bord
du steamer Pajah Kongsi, battant pavillon
hollandais, entre Telok-Semwe et Edi, par-
mi les passagers atchinois.
L'équipage a été presque totalement mas-
sacré.
Il y a eu 3.4 tués, parmi lesquels le capi-
taine et le second, tous deux anglais, et 15
blessés. Deux machinistes européens ont
échappé au massacre et sont restés à bord.
Les Atchinois ont quitté le navire avec
quelques prisonniers indigènes.
Trois des prisonniers se sont enfuis à Te-
lok-Semwe.
Le steamer est resté entre les mains des
Hollandais.
CHRONIQUE
Avez-vous remarqué que les centenai-
res (Dieu sait si on en abuse présente-
ment !) servent parfois assez mal la cause
de certains personnages historiques ? On
ne pouvait célébrer que par des articles
de journaux le centenaire de la mort
de Charlotte Corday ; mais la vierge
rouge, la belle et terrible justicière,
l'ange de l'assassinat, a eu, comme
on dit, cc une assez mauvaise presse ».
La légende héroïque a reçu de vives
atteintes, et, du coup, la mémoire de
ce pauvre diable de Marat, qui ne fut
pas, assurément, un charmant homme,
mais qui a toujours eu du mal à se faire
juger impartialement, a été soulagée du
poids de quelques abominations trop ma-
nifestement imaginées.
On s'est avisé que Charlotte Corday,
cachant un couteau de quarante sols
sous son déshabillé moucheté et péné-
trant chez l'Ami du Peuple en feignant
d'implorer sa pitié, manque vraiment de
délicatesse et que,quelle que fût son exal-
tation, il y avait bien de la perfidie fé-
minine dans son cas. Il est certain qu'elle
eût fait plus grande figure devant l'his-
toire, bien qu'il y eût eu crime de toute
façon, si elle avait frappé Marat sans
avoir recours à cette vilaine comédie, en
ennemie ne s'abaissant pas à la ruse. Cent
ans après ce fait-divers sensationnel, le
mieux qu'on a pu faire pour le souvenir
de Charlotte Corday, naguère éperdu-
ment glorifiée (même en un vaudeville
de Dumanoir et Clair ville à qui tout était
bon!), ç'a été d'expliquer son meurtre
par son état mental.
Entre parenthèses, il eut une fin de
bourgeois, ce révolutionnaire Marat. Son
dernier acte, alors qu'il était dans ce bain
qui devait lui être si funeste, avant l'en-
trée de Charlotte Corday, avait été de
discuter des factures que lui présentait
un commis nommé Pillet, pour la four-
niture du papier de son journal, afin
d'obtenir un rabais.
- Il n'y avait que Clairville et Dumanoir
pour prêter cavalièrement un amoureux
à Charlotte Corday. N'avaient-ils pas bra-
vement imaginé qu'elle n'était venue à
Paris que pour tenter de sauver son fian-
cé, M. de Belzunce, et, au besoin, pour le
venger !
Elle en eut un, un amoureux, — mais
ce fut quand elle fut morte, et c'est une
histoire romanesque qui vaut bien la
peine d'être évoquée. Ce sera là encore
un autre centenaire à relever, que celui
du dénouement tragique de cette éton-
nante passion. Peut-on parler de Char-
lotte Corday sans se rappeler cette singu-
lière physionomie, si bien « du temps »,
d'Adam Lux, ce rêveur,cet Allemand sen-
timental qui, après l'exécution de la
meurtrière de Marat, estima que la vie
ne valait plus la peine d'être vécue et ne
souhaita plus que de finir sur cet écha-
faud où cette belle tête était tombée?
Curieuse figure que celle de ce philoso-
phe « sensible M, nourri de la lecture de
Jean-Jacques, prompt aux enthousiasmes,
altéré de sacrifice, enclin à s'éprendre de
chimères I Il personnifie le type de l'Alle-
mand de jadis — si différent de l'Alle-
mand d'aujourd'hui ! — un peu naïf dans
son besoin éperdu de poursuivre son
idéal, très éloigné des moyens pratiques,
cherchant midi à quatorze heures; avec
cela, bon père de famille, époux fidèle,
mêlant le culte de la famille a d'ardentes
passions éthérées. Il avait été député
par la ville de Mayence à Paris, auprès de
la Convention, et il avait été déconcerté
et effaré par les violences auxquelles il
avait assisté. Son historiographe, M.Wels-
chinger, a raconté sur lui des choses fort
bizarres. Le doux philanthrope qu'il était
ne comprit plus rien à ce qui se passait
quand il vit les Girondins, avec lesquels
il sympathisait, décrétés d'accusation.
Il eut alors l'idée « orgueilleuse et ingé-
nue » de se vouloir tuer, pour protester
solennellement « contre le triomphe du
crime M, et il était assurément de bonne
foi quand il écrivait, dans un français
extravagant, plein de tournures germa-
niques, une longue et pompeuse lettre
pour annoncer au monde sa détermina-
tion. Pénétré du souvenir de l'antiquité,
il aspirait à s'offrir en victime pour sau-
ver la chose publique.
Il avait consenti, sur la prière de ses
amis, à différer son suicide. C'est alors
amis, l'exécution de Charlotte Corday vint
que
raviver ses désirs d'holocauste; mais,
puisque « cette fille incomparable" avait
péri de la main du bourreau, c'est ainsi
qu'il voulait mourir maintenant.
Il avait aperçu Charlotte pour la pre-
mière fois alors que, revêtue de la che-
mise rouge imposée aux meurtriers, elle
était conduite à l'échafaud. Avant d'ar-
river à la place de la Révolution, la char-
rette eut un temps d'arrêt. La condam-
née, entourée d'une foule hurlante, lais-
sait aller au hasard ses regards anxieux.
Adam Lux s'imagina tout à coup qu'elle
lui avait adressé un « triste sourire".
Il s'enflamma. Le « pâle fantôme aux
mains sanglantes » devint son idole, et,
dans son mystique égarement, il se per-
suada que cette ombre l'appelait. Désor-
mais il n'eut plus que la pensée de la sui-
vre dans l'éternité. Les heures lui sem-
blèrent longues qui le séparaient du sup-
plice qu'il ambitionnait, semblable à
celui de l'héroïne, comme pour lui faire
par-delà la vie une cour romanesque et
tragique.
Ecoutez-le, parlant de son unique et
suprême rencontre avec Charlotte Corday :
« Quel fut mon étonnement, quand, ou-
tre une intrépidité que j'attendais, je vis
cette douceur inaltérable au milieu de
hurlements barbares. Ce regard si doux
et si pénétrant. Ces étincelles vives qui
éclataient dans ces beaux yeux, yeux
charmants qui auraient dû émouvoir des
rochers ! Souvenir immortel ! Regards
d'un ange qui pénétrèrent dans mon
cœur, qui le remplirent d'émotions vio-
lentes, inconnues jusqu'alors! ». N'est-
ce pas le feu même de l'amour ?
Pour aller « rejoindre sa Charlotte 1 il
s'avisa de répandre dans Paris une apo-
logie passionnée de celle qui avait tué
Marat, pleine d'attaques véhémentes
contre ses juges. Il y parlait déjà de sa
fin, à lui, en s'adressant aux mânes de
Charlotte, comme avec une galanterie
d'amant : « Tu me pardonneras, s'il m'est
impossible de montrer dans mes derniers
moments le courage et la même douceur
qui te distinguaient. Je me réjouis de
ta supériorité, car n'est-il pas juste que
l'objet adoré soit toujours plus élevé et
toujours plus au-dessus de l'adorateur? »
On sent que l'image de Charlotte Cor-
day ne se détachait pas de ses yeux, qu'il
entendait sa voix, et c'était bien de la
passion, car comment qualifier autre-
ment les sentiments qu'il exprimait ?
Par une ironie, il eut du mal à se faire
arrêter ; il le fut cependant, et devant le
tribunal révolutionnaire, il renouvela
lyriquement ses déclarations à l'égard de
la morte.
On hésitait à le condamner, car on
avait des doutes sur sa raison. Ses amis,
d'ailleurs, assuraient que son excessive
continence, avec le tempérament ardent
dont il était doué, l'avaient jeté dans un
état voisin de la folie. Mais Adam Lux
s'attacha à prouver qu'il jouissait bien
de toutes ses facultés et, pour forcer ses
juges à la rigueur, cet illuminé inoffensif
se déchaîna en injures contre la Révolu-
tion elle-même. C'était un temps où l'on
ne badinait point là-dessus. Il réclamait
avec tant d'instances la mort, qu'on la
lui accorda. Condamné, il laissa éclater
sa joie et ce fut avec un sourire extasié
qu'il monta à l'échafaud.
— Je mourrai donc pour Charlotte! dit-
il en se livrant au bourreau.
Ce furent ses dernières paroles, pro-
noncées dans une ferveur mystique. Il
voyait assurément Charlotte à ce mo-
ment, elle lui tendait les bras.
Le hasard, et non la pitié des bour-
reaux, fit qu'il lui fut réuni dans la mort.
Le tombereau qui emportait les guillo-
tinés déposa son corps dans le terrain
(là est maintenant la rue du Rocher) où
avait été inhumé celui de Charlotte Cor-
day, objet de son amour posthume.
Où est-il, le temps de ces Allemands
tourmentés de chimérique idéal, de rêves
troublants, d'aspirations supra-humai-
nes ?. Les Allemands d'aujourd'hui sont
infiniment plus positifs que leurs grands-
pères 1
Paul Ginisty.
LA PLAZA DE TOROS
Les arènes de la rue Pergolése, où tant de
Parisiens allèrent applaudir les toreros, se-
ront vendues le 9 août prochain aux enchères
publiques.
On ne demande que 150,000 francs des arè-
nes couvertes, qui sont une construction er
fer d'une assez jolie hardiesse.
UNE CIRCULAIRE
Les mouvements de troupes
On n'en est pas encore revenu, dans les
bureaux de la rue Saint-Dominique, de la
gaffe phénoménale commise l'autre joui
par le général Loizillon télégraphiant à.
Blois au colonel du 113° qui ne se trouvait
plus dans cette ville !
Le ministre ignorait, disent les officieux,
la présence de ce régiment au camp de
Cercottes. Parbleu! c'est l'évidence même
que le ministre l'ignorait. Et c'est justement
là ce qu'on est en droit de lui reprocher,
tout autant que d'avoir voulu'passer in-
considérément par-dessus la tête du com-
mandement régional.
Si le général de Miribel et son sous-chef
d'état-major le général de Boisdeffre, alors
dans les Alpes, avaient été à Paris, le gé-
néral Loizillon n'aurait sans doute pas sur
le cœur son fameux télégramme. Aussi,
pour éviter toute chance de malencontreuse
récidive — car on ne sait pas ce qui peut
arriver — une circulaire émanant du pre-
mier bureau de l'état-major général vient
d'être adressée à tous les commandants de
corps d'armée, les priant de prévenir, cha-
que fois qu'un corps de troupe fera mou-
vement, de la date du départ de la garni-
son, de la destination de la troupe et de
son retour à la garnison.
La dépêche du général Loizillon au 113
aura au moins servi à quelque chose.
LA - CHASSE
La direction de la sûreté générale a reçu
de la majorité des préfets la proposition
d'adopter, avec trois zones si possible, les
dates habituelles pour l'ouverture de la
chasse.
On a, cette année, demandé officieuse",
ment, il est vrai, aux syndicats les plus im-
portants de chasseurs au bois, s'il fallait ou
non autoriser généralement la « requête à
la bécasse », permise seulement dans quel
ques départements de l'Est.
Ces syndicats se seraient montrés hostie
les à une pareille mesure. D'après eux, la
« requête à la bécasse » exposerait quanti-
té de lièvres aux dents des chiens et aux
balles de chasseurs. inhabiles.
Ils donnent une autre raison inspirée par
des sentiments peu démocratiques : on
craindrait qu'avec une autorisation de ca
genre, les petits propriétaires et les fer-
miers dont les terres se trouvent enclavées
dans de grandes forêts ne vinssent trop g<*
ner les équipages de chasse domaniale t
PERTE D'UN STEAMER
Brest, SA juillet.
Hier soir, par un temps brumeux, le stea
mer français la Guyenne, chargé de IDine,
rai, allant de Bilbao à Cardif, s'est jeté sur
les rochers de l'ile de Sein, aux environs da
phare d'Armen.
A dix heures du soir, le capitaine Goroa
et ses SI hommes d'équipage ont aban-
donné le steamer et se sont réfugiés dans
les canots.
Ce matin à cinq heures, le bateau de pê«
che n° 3 du Conquet a rencontré en mer les
naufragés, les a recueillis et les a amenés à
Brest où ils ont débarqué aujourd'hui.
Le steamer Guyenne est du port de la
Rochelle, il appartient à MM. Delmas. arç
mateurs ; il jauge 980 tonneaux. -j
Le renflouement parait impossible.
QUATRE VICTIMES DU FEU
Bienne, SA juillet.
Un incendie vient de détruire une maisoa*
Quatre personnes sont restées dans les flaffi*
mes. Trois, Ou ss savant* ont été griçYemeaf
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