Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1896-05-04
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 04 mai 1896 04 mai 1896
Description : 1896/05/04 (N9551). 1896/05/04 (N9551).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7564191p
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 29/04/2013
t!Iï;Qî CENTIMES le tsriamêyis.
PARIS ET DEPARTEMENTS
ti& l\T"u'%Dê'o-_Î CINQ; tiENTIMEttr
LE AYtÏA Y" SIECLE
ANNONCES
AUX BUREAUX DU JOURNAL j
131, rue Montmartre, 131
Et chez MM. LAGRANGE, CERF ci O
6. place de la Bourse, 6.
t esBe télégraphique : XIX' SIÈCLE - PARIS
ABONNEMENTS
Paris 7.. V. Trais M, 6 f. & hiI, nf. Vi b, 2on
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.- BtDACTION a 13t sftie Montmartre, 131
Do 4 a 8 heures du soir et de 20 heures du soir la 1 heure du matin
N° 9551. — Lundi 4 Mai 1896
16 FLOREAL AN 104
ADmNlSTRATION. 131, rue Montmartre, In-
Adresser fatresetmandatsli gzdmùgùtratow
NOS LEADERS
LE VOTE B'APJODRD'HDI
Nous ne recommandons pas aux
Parisiens de bien voter aujourd'hui,
leur opinion est formée depuis plu-
sieurs jours déjà sur les candidats qui
pe présentent et ils savent de quel côté
vont leurs préférences. Nous leur re-
commandons simplement de voter.
Jamais il ne fut plus nécessaire que
Paris affirmât une politique.
Le Parisien qui, par paresse, par
désir d'être de bonne heure à la cam-
pagne, négligerait aujourd'hui de por-
ter son bulletin à la section, contri-
buerait à frapper le suffrage universel,
aar il permettrait aux membres du
Nouveau cabinet de tenir ce raisonne-
ment :
— On disait que la Chambre, en
nous adoptant par son vote de jeudi
dernier, avait ratifié sa propre capitu-
lation devant le Sénat, qu'elle inclinait
le suffrage universel devant le suffrage
restreint ; on disait que le pays mani-
festerait à la première occasion sa
réprobation contre une politique qui
abandonne au Sénat le droit de briser
un ministère en possession de la con-
fiance des élus de la nation, le-droit de
gouverner contre le sentiment de la
Chambre; eh bien, cela est faux : les
électeurs, consultés dimanche, ont
montré, par leur abstention, qu'ils se
désintéressaient de la lutte; rien ne
nous empêche désormais de prononcer
le mouvement en arrière, de suppri-
mer les fonctionnaires républicains,
de pencher à droite de plus en plus;
Paris dort : travaillons pour M. de
Mackau qui nous a donné sa voix.
Paris ne laissera pas le cabinet jouir,
dans cette paix, des vingt-huit jours
que la Chambre, dans sa coupable
lassitude, lui a accordés jeudi der-
nier ; Paris, aujourd'hui, votera en
masse.
Il indiquera, par une manifestation
imposante, qu'il a senti le coup porté
par le Sénat aux libertés publiques,
porté par le suffrage restreint aux
droits du suffrage universel; il fera
triompher sur les noms que nous lui
Recommandons une politique de pro-
grès, de marche en avant.
JEAN DESTREM.
g, -
Nous publierons demain an article
de M. J.-L. de Lanessau
ELECTIONS MUNICIPALES
DU 3 MAI
NOS CANDIDATS
Premier arrondissement
Quartier Saint-Germain-VAuxerrois
BOURCERET
Quartier des Halles
PAUL DEGOUY
Quartier du Palais-Royal
Docteur LATASTE
Quartier de la Place-Vendôme
MELIÈS
Deuxième arrondissement
'■ Quartier Gaillon .:
.., BLACHETTE
1 Quartier Vivienne
CARON
Quartier du Mail
BELLAN
Quartier Bonne-Nouvelle
REBEILLARD
Troisième arrondissement
Quartier des Arts-et-Métiers
BLONDEL
Quartier des Enfants-Rouges
LOUIS LUCIPIA
Quartier des Archives
FOUSSIER
Quartier Sainte-Avoye
PUECH
s ■■■ —— ———
Quatrième arrondissement
Quartier Saint-Merri
OPPORTUN
Quartier Saint-Gervais
PIPERAUD
Quartier de l'Arsenal I
CH. VAUDET
Quartier Notre-Dame
BON VALET ;
Cinquième arrondissement
Quartier Saint-Victor
SAUTON
Quartier du Jardin-des-Plantes i'
AZÉMA ou GUILLEMOT 1
Quartier du Val-de-Grâce )
LAMPUÉ ¡
Quartier de la Sorbonne i
DESPLAS 1
■ ■ 1
-..- Sixième arrondissement
Quartier de la Monnaie S
': berthelot -'- : ! J
- _-- --- - -. -
Quartier de VOdéon
H. DEPASSE ou GENESTEIX
Quartier Notre-Dame-des-Champs
BOUGUEREAU
Quartier Saint-Germain-des-Prés
CHARAVAY
Septième arrondissement
Quartier Saint-Thomas-d'Agum
Docteur JAVAL
Quartier de VEcole-Militaire
MACÉ
Quartier du Gros-Caillou
ARSÈNE LOPIN
Huitième arrondissement
Quartier du Faubourg-du-Roule
JULES DEROSTE
Quartier de la Madeleine
L. LALLEMENT
Quartier de l'Europe
MILL
Neuvième arrondissement
Quartier Saint-Georges
SOUVIRON
Quartier de la Chaussée-d'Antin
MAX VINCENT
Quartier du Faubourg-J-lontmartre
'<.': DESTRUELS
Quartier Rochechouart
PAUL STRAUSS
Dixième arrondissement
Quartier Saint- Vincent-de-Paul
VILLAIN
Quartier de la Porte-Saint-Denis
HATTAT
Quartier de la Porte-Saint-Martin
THUILLIER
Quartier de VHâpital-Saznt Louis
PEIFFER
Onzième arrondissement
Quartier de la Folie-AJéricourt
PARISSE ou CARON
Quartier Saint-Ambroise
Docteur LEVRAUD
Quartier de la Roquette
i FOUREST
f Quartier Sainte-Marguerite
DERBECQ
Douzième arrondissement
Quartier du Bel-Air
MARSOULAN
Quartier de Bercy
LYON-ALEMAND
Quartier des Quinze-Vingts
PIERRE BAUDIN
Quartier de Picpus
LENCOU
Treizième arrondissement
Quartier de la Salpêtriêre
: PAUL BERNARD
Quartier de la Gare
Docteur NAVARRE
j Quartier de la Maison-Blanche
i ROUSSELLE
Quatorzième arrondissement
Quartier Montparnasse
RANSON
Quartier de la Santé
Docteur DUBOIS
Quartier du Petit-Montrouge
S CHAMPOUDRV
Quartier de Plaisance
t GIROU
[ Quinzième arrondissement
f Quartier Saint-Lambert
AD. CHÉRIOUX
Quartier Necker
BASSINET
Quartier de Grenelle
DA COSTA
Seizième arrondissement
Quartier d'Auteuil
RENNESSON
ou JULES GERBAUD
Quartier de la Muette.
AMATEUR-MOREL
Quartier de la Porte-Dauphine
COLLET
Quartier des Bassins
ASTIER
Dix-septième arrondissement
Quartier des Ternes
PAUL VIGUIER
Quartier de la Plaine-Monceau
RAOUL BOMPARD
Quartier des Batignolles
CLAIRIN
Dix-huitième arrondissement
Quartier des Grandes-Carrières
GROS
Quartier de Clignancourt
SAINT-LANNE
Quartier de la Chapelle
BUSSAT
BJxrneuvième arrondissement
Quartier tf Amérique
: CHARLES BOS
Quartier du Pont-de-Flandre
MASSONNEAU
[Quartier du Combat
GRÉBAUVAL
Quartier de la Villette
VORBE
Vingtième arrondissement
Quartier du Père-Lachaise
LANDRIN
Quartier Saint-Fargeau
ARCHAIN
Quartier de Charonne
PATENNE
POUR L'IDÉE RÉPUBLICAINE
Paris, qui n'oublie pas ses intérêts, donne
pourtant une place primordiale à l'idée ré-
publicaine dans toutes ses manifestations
municipales. C'est pourquoi le « cœur de la
France » a toujours envoyé à - l'Hôtel de
Ville des combattants, des lutteurs qui,
après avoir pris la défense des droits muni-
cipaux, ont porté haut le drapeau de la Ré-
publique et du suffrage universel, tel M. Me-
sureur.
Ce que Paris veut avant tout, c'est affir-
mer sa voix républicaine et ce envers et
contre toutes les coalitions de partis et les
basses manœuvres de la calomnie.
Il choisit ses porte-parole jeunes, actifs,
dévoués, d'un passé à toute épreuve, parmi
les laborieux et les combattants de toute
heure.
Ceux qu'il vûit sur la brèche défendant
par la parole, par les écrits, par l'exemple
les sentiments qui lui sont chers, sont ac-
clamés par lui, et il en fait ses tirailleurs
d'avant-garde, ses représentants.
- Sur qui Paris pourrait-il mieux affirmer
son amour du progrès, sa foi dans les liber-
tés conquises et son espérance dans l'arme
pour laquelle il a tant combattu et qu'on
tente non pas peut-être de lui ravir, mais
du moins d'émousser entre ses mains, le
suffrage universel, qu'en faisant sortir vic-
torieux des urnes aujourd'hui ces noms de
Charles Bos, Massonneau, Degouy, Bom-
pard, Bourceret, Lencou, qui sont à eux
seuls un programme de bonne foi, de ré-
forme et de fermeté républicaine.
Leur nom ne signitie-t-il pas : travail,
honnêteté, réformes ?
Dans cette profession pénible de journa-
liste qui demande un labeur incessant, une
conviction sincèro, ils n'ont jamais failli un
moment à leur devise républicaine et à la
lutte incessante qu'ils avaient entreprise
contre tout ce qui n'est pas réforme et pro-
grès.
Charles Bos, qui combat ici depuis plu-
sieurs années sans que son talent ait faibli
un instant, ne fléchissant pas devant les
campagnes pénibles, d'autant plus convaincu
qu'il a plus lutté ; Massonneau, dont la pa-
role vibrante et les écrits nombreux n'ont
cessé de fouaillerla réaction; Dcgouy, Bour-
ceret, Lencou, toujours debout, toujours
prêts pour la République, composent une
phalange que Paris placera parmi ses repré-
sentants, étant sûr de trouver en eux des
défenseurs du suffrage universel et des dé-
voués à la chose publique.
EMILE WILLÈME.
LES ON-DIT
AU JOUR LE JOUR
Les journaux monarchistes et cléri-
caux, sur un ton péremptoire qui sent
la menace, réclament déjà au nouveau
cabinet le gage de leur concours; c'est,
vous le devinez, une attitude militante
contre les radicaux, une politique ré-
pressive, avec tout le concours des
mesures de réaction qui sont la politi-
que habituelle des gouvernements de
combat.
C'est évidemment là, nous voulons le
croire du moins, tout le contraire de ce
que rêverait faire M. Méline : ni son
tempérament, ni son passé politique ne
le poussent aux violences. II cherchera
bien plutôt à détacher du parti pro-
gressiste quelques timides qui, ajoutés
aux modérés qui l'appuient dans sa po-
litique, lui formeraient comme un sem-
blant de majorité républicaine homo-
gène.
Une pareille tactique pourrait réussir,
n'était l'acuité de la situation actuelle,
qui ne comporte pas de transaction
possible dans les questions de politique
générale.
M. Méline en sera pour ses frais de
bonne volonté, dont on lui saurait cer-
tainement gré dans toute autre circon-
stance; devant ses efforts inutiles, la
coalition clérico-monarchique lui im-
posera ce qu'elle ne fait que lui récla-
mer aujourd'hui, et le président du
conseil sera obligé de lui obéir, à moins
que, fidèle à sa foi républicaine, il ne
reconnaisse lui-même l'impossibilité de
gouverner avec des alliés aussi com-
promettants que M. de Mackau et M.
d'Hulst.
CHEZ NOUS
L'Académie des beaux-arts a pro-
cédé hier à l'élection d'un membre titu-
laire dans la section de composition musi-
cale, en remplacement de M. Ambroise
Thomas.
Au huitième tour de scrutin, les suf-
frages se sont ainsi répartis: M. Lenepveu,
19; M. Joncières, 16; M. Fauré, 1.
M. Charles Lenepveu a été proclamé
membre de l'Académie.
M. Lenepveu, professeur d'harmonie au
Conservatoire, ancien grand prix de Rome,
est l'auteur du Florentin, opéra-comique
couronné dans le concours institué par le
ministre des beaux-arts en 1868.
Il a donné une «Cantate à Jeanne d'Aro
exécutée à l'inauguration du monument
de Rouen en 1892.
Il a fait un grand opéra : Velleda.
- M. Théodore Pavie, orientaliste
distingué, est mort hier à Angers, à l'âge
de quatrçvingt-cinq ans.
M. Pavie, qui fut longtemps professeur
au Collège de France, était né à Angers le
16 août 1811.
- La Société protectrice des animaux
tiendra sa quarante-quatrième séance an-
nuelle pour la distribution de ses récom-
penses, au Cirque-d'Hiver, le lundi de la
Pentecôte, 27 mai, à une heure, sous la
présidence de M. A. Uhrich.
A l'issue de la séance et après une mati-
née littéraire et musicale, un banquet par
souscription réunira les membres de la so-
ciété au restaurant Marguery : 10 francs
par convive.
On s'inscrit au siège de la société, rue
de Grenelle, 84.
A L'ETRANGER
-—- Le roi des Belges, qui continue à
souffrir de la gorge, n'est pas venu hier de
Laeken à Bruxelles pour présider le con-
seil des ministres.
- Une nouvelle princesse grecque:
La princesse Sophie de Sparte, femme
du prince héritier, est accouchée heureu-
sement d'une fille, hier, à midi.
L'exposition du millénaire a été
ouverte hier, à Budapesth, par l'empereur
et l'impératrice d'Autriche-Hongrie.
L'empereur portait l'uniforme de géné-
ral hongrois; l'impératrice était vêtue
de noir.
M. Daniel, ministre du commerce, a
adressé aux souverain une patriotique al-
locution.
Le Passant.
——————————— ————————————
L'Extradition de Cornélins Herz
Cornélius Herz peut sauter à bas de son
lit, jeter ses emplâtres par la fenêtre et
arrêter sa fabrication de sucre; le juge an-
glais, hier, a refusé au gouvernement fran-
çais l'extradition de ce chef du panamisme.
On trouvera à notre deuxième page les
renseignements que nous transmet le télé-
graphe sur ce dernier acte d'une célèbre
farce-pantomime anglaise.
M. MERBETTE
Hier, au conseil des ministres, M. Hano-
taux a annoncé qu'il allait demander au
conseil de la Légion d'honneur la nomina-
tion de M: Jules Herbette, ambassadeur à
Berlin, à la dignité de grand-croix.
M. Jules Herbette doit, en effet, quitter
prochainement l'ambassade de Berlin. Cette
retraite est absolument volontaire : si l'ho-
norable diplomate quitte le poste qu'il a oc-
cupé si dignement depuis dix ans, c'est pour
des raisons toutes personnelles, qui sont
nées de sa situation de doyen du corps di-
plomatiqué.
On annonce que c'est M. Jules Cambon,
gouverneur général de l'Algérie, qui sera
nommé ambassadeur à Berlin en remplace-
ment de M. Jules Herbette.
«
CHRONIQUE
Par PAUL GïNISTY
Le prophète Tolstoï, de là-bas, de sa
campagne des environs de Moscou —
où, tant qu'il prêche d'exemple la beauté
du travail manuel, il faut bien qu'il dé-
laisse un peu le cuir qu'il travaille de
ses propes mains, savetier héroïque,
car il n'aurait pas le temps d'écrire
aussi abondamment — continue à vati-
ciner. Il dit, toujours magnifiquement,
d'ailleurs, les choses les plus hardies,
voire les plus redoutables pour l'ordre
de choses établi. Et, entre parenthèses,
quelle puissance est celle du génie litté-
raire, puisque, dans le pays le plus des-
potique qui soit, Tolstoï n'est pas in-
quiété pour la témérité philosophique
de ses opinions. Quel autre que lui
pourrait, sans châtiment immédiat, for-
muler de telles doctrines? Leur violence
est, il est vrai, voilée de mysticisme,
mais ces voiles ne sont pas si épais
qu'ils dissimulent leur netteté, et ce fut
sans allégorie et sans symbole qu'il
prescrivit, par exemple, comme un
acte méritoire, la résistance aux obli-
gations militaires, au nom de la fra-
ternité humaine, de la vraie religion du
Christ, supérieure à toutes les lois. Ce-
pendant, sa gloire d'écrivain — fût-elle
considérée, aujourd'hui, comme une
gloire dangereuse — le met au-dessus
des sévérités administratives. On peut,
en passant, constater cette quasi-li-
berté qu'assuré, même en Russie, la
magnificence du Verbe, et, pour dire le
vrai mot, dans un empire où les droits
de lapensée sont encore contestés, cette
impunité. Qui, raisonnablement, pour-
rait toucher à Tolstoï? Et l'autorité
tourne la difficulté des contradictions
impliquées par sa tolérance envers lui
en traitant Tolstoï d' « illuminé ».
Illuminé, soit. Le retour à la vie pri-
mitive, qu'il rêva, est assurément une
utopie, et il en est de même pour nom-
bre d'autres théories qu'il développa
avec une si magnifique éloquence, sou-
vent, que, à travers les illusions du
réformateur, l'artiste, du moins, en lui,
demeura toujours admiré. Au reste,
son idéal, qui consiste, pour les hom-
mes, dans la soumission étroite aux
prescriptions de l'Evangile, avant qu'il
fùt dénaturé par les religions, cet idéal
d'amour, s'il apparaît naïf aux raffinés
modernes, dépourvus de sentimenta-
lité, est au moins d'une sublime naïveté.
Un ne parla point avec une plus tou-
chante émotion des angoisses de bon-
heur qui torturent toute créature.
En beaucoup d'autres points, les pa-
radoxes de Tolstoï ne sont vraiment,
selon le mot célèbre, que des vérités en
avance. Nul n'a maudit plus noblement
que lui la guerre ; nul, fût-ce à un point
de vue pour ainsi dire religieux, n'a
plus défendu les droits de l'individu, sa
légitimité de s'opposer aux compres-
sions que lui font subir les sociétés ac-
tuelles. Là, la voix de Tolstoï est la
voix de J'avenir.
Elle ne laisse pas de troubler, cepen-
dant, les gens bien intentionnés qui
veulent bien que le monde soit las de
tout son vieux passé, mais qui ont
peine à croire, malgré tout, qu'ils se
trompent tout à fait dans l'observation
de vieilles règles de conduite. Tolstoï
vient, ainsi, d'écrire aux rédacteurs de
la Revue blanche une importante lettre
où, clairement cette fois, en déduisant
de rigoureuses conséquences de sa doc-
trine, il nie le patriotisme comme vertu,
le considère comme la source d'où pro-
viennent les innombrables souffrances,
physiques et morales, de l'humanité.
L'anarchisme chrétien de Tolstoï ne fut
jamais plus catégorique. Son raisonne-
ment, en substance, est celui-ci : la
guerre est néfaste ; ce qu'il faut abolir,
c'est ce qui produit la guerre; or ce qui
produit la guerre, c'est le désir exclusif
de la prospérité nationale, c'est ce sen-
timent qu'on nomme patriotisme. Aussi,
pour abolir la guerre, il faut abolir le
patriotisme. Le patriotisme ne peut pas
être bon : ce serait dire que l'égoïsme
peut être bon. L'exaltatiou du patrio-
tisme n'est qu'une forme de l'hypocrb
sic. Si le patriotisme est un bien, alors
le christianisme, en tant que doctrine
de paix, est une chimère ; mais si le
christianisme donne effectivement la
paix, et si nous désirons fermement
cette paix, alors, le patriotisme est un
souvenir de la barbarie, et, au lieu de
le cultiver, il faut le déraciner par tous
les moyens possibles.
C'est cela le fond de l'argumentation
de Tolstoï; mais à la résumer, on ris-
que de la trahir un peu, car tout ce
qu'écrit Tolstoï est baigné de poésie, et
je crois bien qu'on pourrait avancer
que ce qui domine en lui, c'est toujours
le poète. Peut-être, fût-ce contre son
gré, est-ce en l'envisageant ainsi, qu'on
serait le plus près de l'équité.
Quand on discute librement, en de-
meurant dans une atmosphère morale
élevée, faut-il, même quand les senti-
ments intimes sont froissés, tout rejeter
de prime abord ? En des camps extrê-
mes, nous avons vu attaquer le patrio-
tisme, en ces derniers temps, et même
avec beaucoup moins de grandeur que
par un Tolstoï, que la bonté et la pitié
seules mènent aux déductions abso-
lues. Le snobisme de quelques jeunes
écrivains s'est mis de la partie, et ils
ont traité cavalièrement de préjugé ri-
dicule le culte gardé pour la terre na-
tale. Est-ce que les idées ont des fron-
tières, est-çe que parce qu'ils parlent
une autre langue ou qu'ils portent un
autre costume, les hommes se différen-
cient au point qu'ils doivent se former
en clans jaloux? Et ils narguèrent
même un peu, à l'occasion du plus dou-
loureux des anniversaires, les souve-
nirs de ceux dont le cœur se serrait,
en voyant passer devant eux d'affreu-
ses visions. L'excuse de ces jeunes
gens, en ces railleries détachées, par
lesquelles ils prétendaient attester leur
supériorité philosophique, c'est que ces
souvenirs, ils ne les avaient pas par
eux-mêmes.
Cependant, si on parvient à rester
dans le domaine spéculatif, à s'abstraire
des faits, des choses actuelles qui s'op-
posent assez violemment à la sérénité
de nos méditations, la conception d'un
idéal plus large que celui de la division
de l'humanité en patries inquiètes les
unes des autres ne peut pas apparaître
absurde en elle-même; cet idéal semble
même un beau rêve dont on aurait
envie de s'éprendre. Doutes anxieux
pour qui pense! Ce rêve, une raison
supérieure pousse à le former, et il ne
peut pas l'être sans impiété, sans que
protestent tous nos instincts, qui sem-
blent n'être pas pourtant que des ins-
tincts acquis par l'éducation tradition-
nelle.
Si le patriotisme est de « l'égoïsme »,
ce n'est pas du moins de l'égoïsme mes-
quin, puisqu'il incite aux sacrifices in-
dividuels, qui ne peuvent pas sembler
peu nobles, puisqu'il réclame au nom
de croyances généreuses, fussent-elles
étroites, les plus grandes abnégations?
Eurent-ils donc tort ceux qui offrirent
leur vie à ces croyances, qui les forti-
fièrent, chez les autres, par leur
exemple ? Qu'est-ce donc que des ver-
tus, si ce ne sont pas les actes par les-
quels s'attesta leur dévouement complet
envers les autres?
L'enseignement des siècles, hélas, il
est vrai, n'est guère qu'un enseigne-
ment de haine, et l'histoire n'est faite
que de luttes. C'est par là que les des-
tructeurs de notre foi fondamentale
sembleraient avoir quelque apparence
de raison en prêchant son abolition,
puisqu'elle ne fit que mettre le fer aux
mains des hommes. Mais ce n'est qu'une
des faces du tableau.
Qui peut savoir les évolutions que
réserve le mystérieux Futur? Mais com-
bien lointaine encoreest l'heure où se
pourrait, sans sacrilège, discuter l'idée
de patrie 1 Ce n'est pas aux hommes de
notre époque qu'appartient cette dis-
cussion. En ce temps où il y a du
trouble dans les âmes, cette idée-là
apparaît, précisément, comme notre
seul guide, comme notre dernière di-
rection morale, comme la seule qui
puisse fondre en une tendresse com
mune des colères amoncelées. Elle
peut, visiblement, effectivement, ce
que nulle autre ne pourrait. Nos des-
cendants, plus libres, plus éclairés
peut-être, feront ce qu'ils croiront d'ac-
cord avec leur conscience, mais notre
conscience, à nous, si elle se révolte
contre la falalité des inimitiés entre
peuples, nous dit d'aimer passionné-
ment notre pays, et que, parmi toutes
les vérités transitoires, c'est encore la
plus solide !.
PAOX QINISTY.
N'I
LÉGITIME RECLAMATION
M. Maurice Faure, député, nous etp-
voie de Saillans (Drôme), la dépêche
suivante :
Une erreur inexplicable a été commise par.
l'Officiel, alors que, j'ai répondu à l'appel
nominal et que j'ai voté personnellement,
contre la deuxième partie de l'amendement.
Bozérian, je suis porté comme m'étant
abstenu.
abstenu. J'ai protesté immédiatement auprès
de la présidence de la Chambre, et j'ai ré-
clamé une enquête.
Ir#
tï PORTRAIT * DE RICHELIEU
M. Hanotaux a des amis bien indiscrets.
Le plus répandu des journaux réaction-
naires & est fait, nul ne l'ignore, leur organe
attitré. Pendant ces six mois, il ne s'est
guère passé de jour qu'il ne dirigeât quelque
insinuation contre M. Berthelot, puis contre
M. Bourgeois, coupables d'avoir succédé à
notre second Talleyrand. Leur passagère
victoire n'a pas apaisé ce dépit. Et, hier
même, on pouvait lire dans la feuille roya-
liste une anecdote nous contant que le nou-
veau ministre des affaires étrangères ve-
nait, pour premier acte, de réinstaller dans
son bureau le portrait du grand cardinal
que cet athée de M. Berthelot avait eu le
mauvais goût d'en proscrire. Avec une
splendide assurance, le journal ajoutait s
« textuel ». — Or, nous tenons de source
certaine que l'historiette ne renferme pas le
plus petit grain de réalité. Ni M. Berthelot
n'a tenu le propos qu'on lui prête ; ni le por-
trait de Richelieu ne se trouvait dans son
cabinet ; ni, par conséquent, l'image du
grand homme que M. Hanotaux doit, nous
dit-on, laisser loin derrière lui, n'avait à en
être exclue ou à y être replacée. C'est vrai-
ment spéculer un peu trop sur le silence
plein de dignité dont M. Berthelot semble,
résolu à ne se point départir, bien différent
de tel ministre tombé qui naguère encore
fatiguait les revues de ses récriminations.
M. Hanotaux ferait bien de recommander
plus de mesure à ses apologistes.
L'ASSASSINAT DU SHAH DE PERSil
NOUVEAUX DÉTAILS
Comment Nasser-ed-Din a été assassiné
Las causes du crime J
Le successeur du shah — Condoléances
officielles — La Perse d'autrefois
et la Perse d'aujourd'hui
On n'a encore que peu do détails nou-
veaux sur le drame sanglant qui vient da-
faire passer la couronne de Nasser-ed-Din
sur la tête de son fils Mazaffer-ed-Din.
Voici, en effet, la seule dépêche que noua
ayons reçue de Téhéran dans la journée
d'hier :
« Le shah, accompagné du grand-vizir et
de plusieurs personnes de sa suite, avait
déjà traversé la cour extérieure du sanc-,
tuaire de Shah-Abdul-Azim, en donnant un
billet de banque à un Arabe et en adresanti
quelques paroles bienveillantes à un por-
teur d'eau, et il venait de passer la pre-
mière des deux portes qui ferment la cou;
intérieure, lorsque l'assassin s'approcha
lui, un revolver à la main, et tira à une dis-
tance de quelques pieds. Le shah tomba en.
avant sur les genoux, mais il se releva, f!C
quelques pas et tomba de nouveau. , ':
» L'assassin, Molla-Reza, fut aussdM,
jC
xuwu.
» Le shah, sans connaissance, fut pta6~
dans une voiture qui le transporta au palfefô
de Téhéran.
» Les médecins arrivèrent aussitôt, m-
ne purent que constater la mort.
» Le certificat médical qu'ils rédigècent
dit que la mort du shah a été causée paff
une balle qui est entrée dans la région da
péricarde en pénétrant entre la sixième et
à septième côte.
» Les renseignements furent d'abord te-
fusés au palais, parce qu'on espérait que 18(
blessure n'était pas séneuse. » ;
Reste encore a établir, comme on voife
quelles sont les raisons qui ont décidé
Mollah-Reza à commettre son crime.
Le « babysme »
Pour cela, à défaut de renseiç-nemenu-
précis, il faut au moins dire ce qu est cegtf
secte des « babys », dont l'assassin semBïç
bien n'avoir été qu'un instrument.
Les « babys » sont une secte à la fois po-
litique et religieuse qu un jeune prophète de
Chiraz, le madji Ali Mohammed, plus com-,
munément désigné sous le nom de Bab, c'est-
à-dire la Porte — de la Vérité, sous entend..
— fonda il y a un peu plus de cinquante
ans.
D'après les « babys n, Dieu est l'êlre uni-
que, immuable, et le mal dans la créatioU
— qui est une émanation de la divinité — ne
peut-être qu'accidentel.
Reconnaissant une personnalité aux fem-
mes, les disciples de Bab condamnent la po-
lygamie et la répudiation. Ils ont même des
prêtresses et l'une d'elles — Kuret el Ayu £ ©5
Kaswyu — fut l'un de leurs apôtres leff
plus zélés.
Pour eux, l'Etat deurait être à la fois théo-
cratique et social, et les impôts, au lieu;
d'être obligatoires, devraient être alimentés
par des dons libres.
Enfin, leurs institutions sont pour ainsi
dire rythmées par un nombre mysti-
que, — 19.
Cruellement réprimés au début, les « ba-
bys tes », depuis la mort de leur fondateur
— qui fut exécuté à Tauris en 1849 — sa
sont réfugiés en Turquie et aux Indes où ils
ont formé une sorte d'association secrète.
Mollah-Reza a-t-il voulu venger le pro-
phète Bab, dont il était un partisan con-
vaincu ? Ou a-t-il attenté à la vie du shah
parce qu'il croyait atteindre en lui 1 isla-
misme lui-même?
On ne tardera sans doute pas à le savoir.
Mais jusqu'ici on ne peut que s'en tenir aux
liypo;hèses.
Le nouveau a shah en shah »
Le nouveau « shah en shah » ou roi dea
rois, comme s'appellent eux-mêmes les sou-
verains persans, est, avons-nous dit, le fila
cadet de Nasser-ed-Din, le prince Mozaffer-
ed-Din Mirza Valiahd.
Ce prince est né le 25 mars 1853 ou, si l'ori
préfère, 1269 de l'hégire. Il a le type indo
européen le p!us pur et a la réputation d'être
l'un des hommes les plus intelligents et lea
plus instruits de son pays.
Grand chasseur devant l'Eternel, il a U
PARIS ET DEPARTEMENTS
ti& l\T"u'%Dê'o-_Î CINQ; tiENTIMEttr
LE AYtÏA Y" SIECLE
ANNONCES
AUX BUREAUX DU JOURNAL j
131, rue Montmartre, 131
Et chez MM. LAGRANGE, CERF ci O
6. place de la Bourse, 6.
t esBe télégraphique : XIX' SIÈCLE - PARIS
ABONNEMENTS
Paris 7.. V. Trais M, 6 f. & hiI, nf. Vi b, 2on
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.- BtDACTION a 13t sftie Montmartre, 131
Do 4 a 8 heures du soir et de 20 heures du soir la 1 heure du matin
N° 9551. — Lundi 4 Mai 1896
16 FLOREAL AN 104
ADmNlSTRATION. 131, rue Montmartre, In-
Adresser fatresetmandatsli gzdmùgùtratow
NOS LEADERS
LE VOTE B'APJODRD'HDI
Nous ne recommandons pas aux
Parisiens de bien voter aujourd'hui,
leur opinion est formée depuis plu-
sieurs jours déjà sur les candidats qui
pe présentent et ils savent de quel côté
vont leurs préférences. Nous leur re-
commandons simplement de voter.
Jamais il ne fut plus nécessaire que
Paris affirmât une politique.
Le Parisien qui, par paresse, par
désir d'être de bonne heure à la cam-
pagne, négligerait aujourd'hui de por-
ter son bulletin à la section, contri-
buerait à frapper le suffrage universel,
aar il permettrait aux membres du
Nouveau cabinet de tenir ce raisonne-
ment :
— On disait que la Chambre, en
nous adoptant par son vote de jeudi
dernier, avait ratifié sa propre capitu-
lation devant le Sénat, qu'elle inclinait
le suffrage universel devant le suffrage
restreint ; on disait que le pays mani-
festerait à la première occasion sa
réprobation contre une politique qui
abandonne au Sénat le droit de briser
un ministère en possession de la con-
fiance des élus de la nation, le-droit de
gouverner contre le sentiment de la
Chambre; eh bien, cela est faux : les
électeurs, consultés dimanche, ont
montré, par leur abstention, qu'ils se
désintéressaient de la lutte; rien ne
nous empêche désormais de prononcer
le mouvement en arrière, de suppri-
mer les fonctionnaires républicains,
de pencher à droite de plus en plus;
Paris dort : travaillons pour M. de
Mackau qui nous a donné sa voix.
Paris ne laissera pas le cabinet jouir,
dans cette paix, des vingt-huit jours
que la Chambre, dans sa coupable
lassitude, lui a accordés jeudi der-
nier ; Paris, aujourd'hui, votera en
masse.
Il indiquera, par une manifestation
imposante, qu'il a senti le coup porté
par le Sénat aux libertés publiques,
porté par le suffrage restreint aux
droits du suffrage universel; il fera
triompher sur les noms que nous lui
Recommandons une politique de pro-
grès, de marche en avant.
JEAN DESTREM.
g, -
Nous publierons demain an article
de M. J.-L. de Lanessau
ELECTIONS MUNICIPALES
DU 3 MAI
NOS CANDIDATS
Premier arrondissement
Quartier Saint-Germain-VAuxerrois
BOURCERET
Quartier des Halles
PAUL DEGOUY
Quartier du Palais-Royal
Docteur LATASTE
Quartier de la Place-Vendôme
MELIÈS
Deuxième arrondissement
'■ Quartier Gaillon .:
.., BLACHETTE
1 Quartier Vivienne
CARON
Quartier du Mail
BELLAN
Quartier Bonne-Nouvelle
REBEILLARD
Troisième arrondissement
Quartier des Arts-et-Métiers
BLONDEL
Quartier des Enfants-Rouges
LOUIS LUCIPIA
Quartier des Archives
FOUSSIER
Quartier Sainte-Avoye
PUECH
s ■■■ —— ———
Quatrième arrondissement
Quartier Saint-Merri
OPPORTUN
Quartier Saint-Gervais
PIPERAUD
Quartier de l'Arsenal I
CH. VAUDET
Quartier Notre-Dame
BON VALET ;
Cinquième arrondissement
Quartier Saint-Victor
SAUTON
Quartier du Jardin-des-Plantes i'
AZÉMA ou GUILLEMOT 1
Quartier du Val-de-Grâce )
LAMPUÉ ¡
Quartier de la Sorbonne i
DESPLAS 1
■ ■ 1
-..- Sixième arrondissement
Quartier de la Monnaie S
': berthelot -'- : ! J
- _-- --- - -. -
Quartier de VOdéon
H. DEPASSE ou GENESTEIX
Quartier Notre-Dame-des-Champs
BOUGUEREAU
Quartier Saint-Germain-des-Prés
CHARAVAY
Septième arrondissement
Quartier Saint-Thomas-d'Agum
Docteur JAVAL
Quartier de VEcole-Militaire
MACÉ
Quartier du Gros-Caillou
ARSÈNE LOPIN
Huitième arrondissement
Quartier du Faubourg-du-Roule
JULES DEROSTE
Quartier de la Madeleine
L. LALLEMENT
Quartier de l'Europe
MILL
Neuvième arrondissement
Quartier Saint-Georges
SOUVIRON
Quartier de la Chaussée-d'Antin
MAX VINCENT
Quartier du Faubourg-J-lontmartre
'<.': DESTRUELS
Quartier Rochechouart
PAUL STRAUSS
Dixième arrondissement
Quartier Saint- Vincent-de-Paul
VILLAIN
Quartier de la Porte-Saint-Denis
HATTAT
Quartier de la Porte-Saint-Martin
THUILLIER
Quartier de VHâpital-Saznt Louis
PEIFFER
Onzième arrondissement
Quartier de la Folie-AJéricourt
PARISSE ou CARON
Quartier Saint-Ambroise
Docteur LEVRAUD
Quartier de la Roquette
i FOUREST
f Quartier Sainte-Marguerite
DERBECQ
Douzième arrondissement
Quartier du Bel-Air
MARSOULAN
Quartier de Bercy
LYON-ALEMAND
Quartier des Quinze-Vingts
PIERRE BAUDIN
Quartier de Picpus
LENCOU
Treizième arrondissement
Quartier de la Salpêtriêre
: PAUL BERNARD
Quartier de la Gare
Docteur NAVARRE
j Quartier de la Maison-Blanche
i ROUSSELLE
Quatorzième arrondissement
Quartier Montparnasse
RANSON
Quartier de la Santé
Docteur DUBOIS
Quartier du Petit-Montrouge
S CHAMPOUDRV
Quartier de Plaisance
t GIROU
[ Quinzième arrondissement
f Quartier Saint-Lambert
AD. CHÉRIOUX
Quartier Necker
BASSINET
Quartier de Grenelle
DA COSTA
Seizième arrondissement
Quartier d'Auteuil
RENNESSON
ou JULES GERBAUD
Quartier de la Muette.
AMATEUR-MOREL
Quartier de la Porte-Dauphine
COLLET
Quartier des Bassins
ASTIER
Dix-septième arrondissement
Quartier des Ternes
PAUL VIGUIER
Quartier de la Plaine-Monceau
RAOUL BOMPARD
Quartier des Batignolles
CLAIRIN
Dix-huitième arrondissement
Quartier des Grandes-Carrières
GROS
Quartier de Clignancourt
SAINT-LANNE
Quartier de la Chapelle
BUSSAT
BJxrneuvième arrondissement
Quartier tf Amérique
: CHARLES BOS
Quartier du Pont-de-Flandre
MASSONNEAU
[Quartier du Combat
GRÉBAUVAL
Quartier de la Villette
VORBE
Vingtième arrondissement
Quartier du Père-Lachaise
LANDRIN
Quartier Saint-Fargeau
ARCHAIN
Quartier de Charonne
PATENNE
POUR L'IDÉE RÉPUBLICAINE
Paris, qui n'oublie pas ses intérêts, donne
pourtant une place primordiale à l'idée ré-
publicaine dans toutes ses manifestations
municipales. C'est pourquoi le « cœur de la
France » a toujours envoyé à - l'Hôtel de
Ville des combattants, des lutteurs qui,
après avoir pris la défense des droits muni-
cipaux, ont porté haut le drapeau de la Ré-
publique et du suffrage universel, tel M. Me-
sureur.
Ce que Paris veut avant tout, c'est affir-
mer sa voix républicaine et ce envers et
contre toutes les coalitions de partis et les
basses manœuvres de la calomnie.
Il choisit ses porte-parole jeunes, actifs,
dévoués, d'un passé à toute épreuve, parmi
les laborieux et les combattants de toute
heure.
Ceux qu'il vûit sur la brèche défendant
par la parole, par les écrits, par l'exemple
les sentiments qui lui sont chers, sont ac-
clamés par lui, et il en fait ses tirailleurs
d'avant-garde, ses représentants.
- Sur qui Paris pourrait-il mieux affirmer
son amour du progrès, sa foi dans les liber-
tés conquises et son espérance dans l'arme
pour laquelle il a tant combattu et qu'on
tente non pas peut-être de lui ravir, mais
du moins d'émousser entre ses mains, le
suffrage universel, qu'en faisant sortir vic-
torieux des urnes aujourd'hui ces noms de
Charles Bos, Massonneau, Degouy, Bom-
pard, Bourceret, Lencou, qui sont à eux
seuls un programme de bonne foi, de ré-
forme et de fermeté républicaine.
Leur nom ne signitie-t-il pas : travail,
honnêteté, réformes ?
Dans cette profession pénible de journa-
liste qui demande un labeur incessant, une
conviction sincèro, ils n'ont jamais failli un
moment à leur devise républicaine et à la
lutte incessante qu'ils avaient entreprise
contre tout ce qui n'est pas réforme et pro-
grès.
Charles Bos, qui combat ici depuis plu-
sieurs années sans que son talent ait faibli
un instant, ne fléchissant pas devant les
campagnes pénibles, d'autant plus convaincu
qu'il a plus lutté ; Massonneau, dont la pa-
role vibrante et les écrits nombreux n'ont
cessé de fouaillerla réaction; Dcgouy, Bour-
ceret, Lencou, toujours debout, toujours
prêts pour la République, composent une
phalange que Paris placera parmi ses repré-
sentants, étant sûr de trouver en eux des
défenseurs du suffrage universel et des dé-
voués à la chose publique.
EMILE WILLÈME.
LES ON-DIT
AU JOUR LE JOUR
Les journaux monarchistes et cléri-
caux, sur un ton péremptoire qui sent
la menace, réclament déjà au nouveau
cabinet le gage de leur concours; c'est,
vous le devinez, une attitude militante
contre les radicaux, une politique ré-
pressive, avec tout le concours des
mesures de réaction qui sont la politi-
que habituelle des gouvernements de
combat.
C'est évidemment là, nous voulons le
croire du moins, tout le contraire de ce
que rêverait faire M. Méline : ni son
tempérament, ni son passé politique ne
le poussent aux violences. II cherchera
bien plutôt à détacher du parti pro-
gressiste quelques timides qui, ajoutés
aux modérés qui l'appuient dans sa po-
litique, lui formeraient comme un sem-
blant de majorité républicaine homo-
gène.
Une pareille tactique pourrait réussir,
n'était l'acuité de la situation actuelle,
qui ne comporte pas de transaction
possible dans les questions de politique
générale.
M. Méline en sera pour ses frais de
bonne volonté, dont on lui saurait cer-
tainement gré dans toute autre circon-
stance; devant ses efforts inutiles, la
coalition clérico-monarchique lui im-
posera ce qu'elle ne fait que lui récla-
mer aujourd'hui, et le président du
conseil sera obligé de lui obéir, à moins
que, fidèle à sa foi républicaine, il ne
reconnaisse lui-même l'impossibilité de
gouverner avec des alliés aussi com-
promettants que M. de Mackau et M.
d'Hulst.
CHEZ NOUS
L'Académie des beaux-arts a pro-
cédé hier à l'élection d'un membre titu-
laire dans la section de composition musi-
cale, en remplacement de M. Ambroise
Thomas.
Au huitième tour de scrutin, les suf-
frages se sont ainsi répartis: M. Lenepveu,
19; M. Joncières, 16; M. Fauré, 1.
M. Charles Lenepveu a été proclamé
membre de l'Académie.
M. Lenepveu, professeur d'harmonie au
Conservatoire, ancien grand prix de Rome,
est l'auteur du Florentin, opéra-comique
couronné dans le concours institué par le
ministre des beaux-arts en 1868.
Il a donné une «Cantate à Jeanne d'Aro
exécutée à l'inauguration du monument
de Rouen en 1892.
Il a fait un grand opéra : Velleda.
- M. Théodore Pavie, orientaliste
distingué, est mort hier à Angers, à l'âge
de quatrçvingt-cinq ans.
M. Pavie, qui fut longtemps professeur
au Collège de France, était né à Angers le
16 août 1811.
- La Société protectrice des animaux
tiendra sa quarante-quatrième séance an-
nuelle pour la distribution de ses récom-
penses, au Cirque-d'Hiver, le lundi de la
Pentecôte, 27 mai, à une heure, sous la
présidence de M. A. Uhrich.
A l'issue de la séance et après une mati-
née littéraire et musicale, un banquet par
souscription réunira les membres de la so-
ciété au restaurant Marguery : 10 francs
par convive.
On s'inscrit au siège de la société, rue
de Grenelle, 84.
A L'ETRANGER
-—- Le roi des Belges, qui continue à
souffrir de la gorge, n'est pas venu hier de
Laeken à Bruxelles pour présider le con-
seil des ministres.
- Une nouvelle princesse grecque:
La princesse Sophie de Sparte, femme
du prince héritier, est accouchée heureu-
sement d'une fille, hier, à midi.
L'exposition du millénaire a été
ouverte hier, à Budapesth, par l'empereur
et l'impératrice d'Autriche-Hongrie.
L'empereur portait l'uniforme de géné-
ral hongrois; l'impératrice était vêtue
de noir.
M. Daniel, ministre du commerce, a
adressé aux souverain une patriotique al-
locution.
Le Passant.
——————————— ————————————
L'Extradition de Cornélins Herz
Cornélius Herz peut sauter à bas de son
lit, jeter ses emplâtres par la fenêtre et
arrêter sa fabrication de sucre; le juge an-
glais, hier, a refusé au gouvernement fran-
çais l'extradition de ce chef du panamisme.
On trouvera à notre deuxième page les
renseignements que nous transmet le télé-
graphe sur ce dernier acte d'une célèbre
farce-pantomime anglaise.
M. MERBETTE
Hier, au conseil des ministres, M. Hano-
taux a annoncé qu'il allait demander au
conseil de la Légion d'honneur la nomina-
tion de M: Jules Herbette, ambassadeur à
Berlin, à la dignité de grand-croix.
M. Jules Herbette doit, en effet, quitter
prochainement l'ambassade de Berlin. Cette
retraite est absolument volontaire : si l'ho-
norable diplomate quitte le poste qu'il a oc-
cupé si dignement depuis dix ans, c'est pour
des raisons toutes personnelles, qui sont
nées de sa situation de doyen du corps di-
plomatiqué.
On annonce que c'est M. Jules Cambon,
gouverneur général de l'Algérie, qui sera
nommé ambassadeur à Berlin en remplace-
ment de M. Jules Herbette.
«
CHRONIQUE
Par PAUL GïNISTY
Le prophète Tolstoï, de là-bas, de sa
campagne des environs de Moscou —
où, tant qu'il prêche d'exemple la beauté
du travail manuel, il faut bien qu'il dé-
laisse un peu le cuir qu'il travaille de
ses propes mains, savetier héroïque,
car il n'aurait pas le temps d'écrire
aussi abondamment — continue à vati-
ciner. Il dit, toujours magnifiquement,
d'ailleurs, les choses les plus hardies,
voire les plus redoutables pour l'ordre
de choses établi. Et, entre parenthèses,
quelle puissance est celle du génie litté-
raire, puisque, dans le pays le plus des-
potique qui soit, Tolstoï n'est pas in-
quiété pour la témérité philosophique
de ses opinions. Quel autre que lui
pourrait, sans châtiment immédiat, for-
muler de telles doctrines? Leur violence
est, il est vrai, voilée de mysticisme,
mais ces voiles ne sont pas si épais
qu'ils dissimulent leur netteté, et ce fut
sans allégorie et sans symbole qu'il
prescrivit, par exemple, comme un
acte méritoire, la résistance aux obli-
gations militaires, au nom de la fra-
ternité humaine, de la vraie religion du
Christ, supérieure à toutes les lois. Ce-
pendant, sa gloire d'écrivain — fût-elle
considérée, aujourd'hui, comme une
gloire dangereuse — le met au-dessus
des sévérités administratives. On peut,
en passant, constater cette quasi-li-
berté qu'assuré, même en Russie, la
magnificence du Verbe, et, pour dire le
vrai mot, dans un empire où les droits
de lapensée sont encore contestés, cette
impunité. Qui, raisonnablement, pour-
rait toucher à Tolstoï? Et l'autorité
tourne la difficulté des contradictions
impliquées par sa tolérance envers lui
en traitant Tolstoï d' « illuminé ».
Illuminé, soit. Le retour à la vie pri-
mitive, qu'il rêva, est assurément une
utopie, et il en est de même pour nom-
bre d'autres théories qu'il développa
avec une si magnifique éloquence, sou-
vent, que, à travers les illusions du
réformateur, l'artiste, du moins, en lui,
demeura toujours admiré. Au reste,
son idéal, qui consiste, pour les hom-
mes, dans la soumission étroite aux
prescriptions de l'Evangile, avant qu'il
fùt dénaturé par les religions, cet idéal
d'amour, s'il apparaît naïf aux raffinés
modernes, dépourvus de sentimenta-
lité, est au moins d'une sublime naïveté.
Un ne parla point avec une plus tou-
chante émotion des angoisses de bon-
heur qui torturent toute créature.
En beaucoup d'autres points, les pa-
radoxes de Tolstoï ne sont vraiment,
selon le mot célèbre, que des vérités en
avance. Nul n'a maudit plus noblement
que lui la guerre ; nul, fût-ce à un point
de vue pour ainsi dire religieux, n'a
plus défendu les droits de l'individu, sa
légitimité de s'opposer aux compres-
sions que lui font subir les sociétés ac-
tuelles. Là, la voix de Tolstoï est la
voix de J'avenir.
Elle ne laisse pas de troubler, cepen-
dant, les gens bien intentionnés qui
veulent bien que le monde soit las de
tout son vieux passé, mais qui ont
peine à croire, malgré tout, qu'ils se
trompent tout à fait dans l'observation
de vieilles règles de conduite. Tolstoï
vient, ainsi, d'écrire aux rédacteurs de
la Revue blanche une importante lettre
où, clairement cette fois, en déduisant
de rigoureuses conséquences de sa doc-
trine, il nie le patriotisme comme vertu,
le considère comme la source d'où pro-
viennent les innombrables souffrances,
physiques et morales, de l'humanité.
L'anarchisme chrétien de Tolstoï ne fut
jamais plus catégorique. Son raisonne-
ment, en substance, est celui-ci : la
guerre est néfaste ; ce qu'il faut abolir,
c'est ce qui produit la guerre; or ce qui
produit la guerre, c'est le désir exclusif
de la prospérité nationale, c'est ce sen-
timent qu'on nomme patriotisme. Aussi,
pour abolir la guerre, il faut abolir le
patriotisme. Le patriotisme ne peut pas
être bon : ce serait dire que l'égoïsme
peut être bon. L'exaltatiou du patrio-
tisme n'est qu'une forme de l'hypocrb
sic. Si le patriotisme est un bien, alors
le christianisme, en tant que doctrine
de paix, est une chimère ; mais si le
christianisme donne effectivement la
paix, et si nous désirons fermement
cette paix, alors, le patriotisme est un
souvenir de la barbarie, et, au lieu de
le cultiver, il faut le déraciner par tous
les moyens possibles.
C'est cela le fond de l'argumentation
de Tolstoï; mais à la résumer, on ris-
que de la trahir un peu, car tout ce
qu'écrit Tolstoï est baigné de poésie, et
je crois bien qu'on pourrait avancer
que ce qui domine en lui, c'est toujours
le poète. Peut-être, fût-ce contre son
gré, est-ce en l'envisageant ainsi, qu'on
serait le plus près de l'équité.
Quand on discute librement, en de-
meurant dans une atmosphère morale
élevée, faut-il, même quand les senti-
ments intimes sont froissés, tout rejeter
de prime abord ? En des camps extrê-
mes, nous avons vu attaquer le patrio-
tisme, en ces derniers temps, et même
avec beaucoup moins de grandeur que
par un Tolstoï, que la bonté et la pitié
seules mènent aux déductions abso-
lues. Le snobisme de quelques jeunes
écrivains s'est mis de la partie, et ils
ont traité cavalièrement de préjugé ri-
dicule le culte gardé pour la terre na-
tale. Est-ce que les idées ont des fron-
tières, est-çe que parce qu'ils parlent
une autre langue ou qu'ils portent un
autre costume, les hommes se différen-
cient au point qu'ils doivent se former
en clans jaloux? Et ils narguèrent
même un peu, à l'occasion du plus dou-
loureux des anniversaires, les souve-
nirs de ceux dont le cœur se serrait,
en voyant passer devant eux d'affreu-
ses visions. L'excuse de ces jeunes
gens, en ces railleries détachées, par
lesquelles ils prétendaient attester leur
supériorité philosophique, c'est que ces
souvenirs, ils ne les avaient pas par
eux-mêmes.
Cependant, si on parvient à rester
dans le domaine spéculatif, à s'abstraire
des faits, des choses actuelles qui s'op-
posent assez violemment à la sérénité
de nos méditations, la conception d'un
idéal plus large que celui de la division
de l'humanité en patries inquiètes les
unes des autres ne peut pas apparaître
absurde en elle-même; cet idéal semble
même un beau rêve dont on aurait
envie de s'éprendre. Doutes anxieux
pour qui pense! Ce rêve, une raison
supérieure pousse à le former, et il ne
peut pas l'être sans impiété, sans que
protestent tous nos instincts, qui sem-
blent n'être pas pourtant que des ins-
tincts acquis par l'éducation tradition-
nelle.
Si le patriotisme est de « l'égoïsme »,
ce n'est pas du moins de l'égoïsme mes-
quin, puisqu'il incite aux sacrifices in-
dividuels, qui ne peuvent pas sembler
peu nobles, puisqu'il réclame au nom
de croyances généreuses, fussent-elles
étroites, les plus grandes abnégations?
Eurent-ils donc tort ceux qui offrirent
leur vie à ces croyances, qui les forti-
fièrent, chez les autres, par leur
exemple ? Qu'est-ce donc que des ver-
tus, si ce ne sont pas les actes par les-
quels s'attesta leur dévouement complet
envers les autres?
L'enseignement des siècles, hélas, il
est vrai, n'est guère qu'un enseigne-
ment de haine, et l'histoire n'est faite
que de luttes. C'est par là que les des-
tructeurs de notre foi fondamentale
sembleraient avoir quelque apparence
de raison en prêchant son abolition,
puisqu'elle ne fit que mettre le fer aux
mains des hommes. Mais ce n'est qu'une
des faces du tableau.
Qui peut savoir les évolutions que
réserve le mystérieux Futur? Mais com-
bien lointaine encoreest l'heure où se
pourrait, sans sacrilège, discuter l'idée
de patrie 1 Ce n'est pas aux hommes de
notre époque qu'appartient cette dis-
cussion. En ce temps où il y a du
trouble dans les âmes, cette idée-là
apparaît, précisément, comme notre
seul guide, comme notre dernière di-
rection morale, comme la seule qui
puisse fondre en une tendresse com
mune des colères amoncelées. Elle
peut, visiblement, effectivement, ce
que nulle autre ne pourrait. Nos des-
cendants, plus libres, plus éclairés
peut-être, feront ce qu'ils croiront d'ac-
cord avec leur conscience, mais notre
conscience, à nous, si elle se révolte
contre la falalité des inimitiés entre
peuples, nous dit d'aimer passionné-
ment notre pays, et que, parmi toutes
les vérités transitoires, c'est encore la
plus solide !.
PAOX QINISTY.
N'I
LÉGITIME RECLAMATION
M. Maurice Faure, député, nous etp-
voie de Saillans (Drôme), la dépêche
suivante :
Une erreur inexplicable a été commise par.
l'Officiel, alors que, j'ai répondu à l'appel
nominal et que j'ai voté personnellement,
contre la deuxième partie de l'amendement.
Bozérian, je suis porté comme m'étant
abstenu.
abstenu. J'ai protesté immédiatement auprès
de la présidence de la Chambre, et j'ai ré-
clamé une enquête.
Ir#
tï PORTRAIT * DE RICHELIEU
M. Hanotaux a des amis bien indiscrets.
Le plus répandu des journaux réaction-
naires & est fait, nul ne l'ignore, leur organe
attitré. Pendant ces six mois, il ne s'est
guère passé de jour qu'il ne dirigeât quelque
insinuation contre M. Berthelot, puis contre
M. Bourgeois, coupables d'avoir succédé à
notre second Talleyrand. Leur passagère
victoire n'a pas apaisé ce dépit. Et, hier
même, on pouvait lire dans la feuille roya-
liste une anecdote nous contant que le nou-
veau ministre des affaires étrangères ve-
nait, pour premier acte, de réinstaller dans
son bureau le portrait du grand cardinal
que cet athée de M. Berthelot avait eu le
mauvais goût d'en proscrire. Avec une
splendide assurance, le journal ajoutait s
« textuel ». — Or, nous tenons de source
certaine que l'historiette ne renferme pas le
plus petit grain de réalité. Ni M. Berthelot
n'a tenu le propos qu'on lui prête ; ni le por-
trait de Richelieu ne se trouvait dans son
cabinet ; ni, par conséquent, l'image du
grand homme que M. Hanotaux doit, nous
dit-on, laisser loin derrière lui, n'avait à en
être exclue ou à y être replacée. C'est vrai-
ment spéculer un peu trop sur le silence
plein de dignité dont M. Berthelot semble,
résolu à ne se point départir, bien différent
de tel ministre tombé qui naguère encore
fatiguait les revues de ses récriminations.
M. Hanotaux ferait bien de recommander
plus de mesure à ses apologistes.
L'ASSASSINAT DU SHAH DE PERSil
NOUVEAUX DÉTAILS
Comment Nasser-ed-Din a été assassiné
Las causes du crime J
Le successeur du shah — Condoléances
officielles — La Perse d'autrefois
et la Perse d'aujourd'hui
On n'a encore que peu do détails nou-
veaux sur le drame sanglant qui vient da-
faire passer la couronne de Nasser-ed-Din
sur la tête de son fils Mazaffer-ed-Din.
Voici, en effet, la seule dépêche que noua
ayons reçue de Téhéran dans la journée
d'hier :
« Le shah, accompagné du grand-vizir et
de plusieurs personnes de sa suite, avait
déjà traversé la cour extérieure du sanc-,
tuaire de Shah-Abdul-Azim, en donnant un
billet de banque à un Arabe et en adresanti
quelques paroles bienveillantes à un por-
teur d'eau, et il venait de passer la pre-
mière des deux portes qui ferment la cou;
intérieure, lorsque l'assassin s'approcha
lui, un revolver à la main, et tira à une dis-
tance de quelques pieds. Le shah tomba en.
avant sur les genoux, mais il se releva, f!C
quelques pas et tomba de nouveau. , ':
» L'assassin, Molla-Reza, fut aussdM,
jC
xuwu.
» Le shah, sans connaissance, fut pta6~
dans une voiture qui le transporta au palfefô
de Téhéran.
» Les médecins arrivèrent aussitôt, m-
ne purent que constater la mort.
» Le certificat médical qu'ils rédigècent
dit que la mort du shah a été causée paff
une balle qui est entrée dans la région da
péricarde en pénétrant entre la sixième et
à septième côte.
» Les renseignements furent d'abord te-
fusés au palais, parce qu'on espérait que 18(
blessure n'était pas séneuse. » ;
Reste encore a établir, comme on voife
quelles sont les raisons qui ont décidé
Mollah-Reza à commettre son crime.
Le « babysme »
Pour cela, à défaut de renseiç-nemenu-
précis, il faut au moins dire ce qu est cegtf
secte des « babys », dont l'assassin semBïç
bien n'avoir été qu'un instrument.
Les « babys » sont une secte à la fois po-
litique et religieuse qu un jeune prophète de
Chiraz, le madji Ali Mohammed, plus com-,
munément désigné sous le nom de Bab, c'est-
à-dire la Porte — de la Vérité, sous entend..
— fonda il y a un peu plus de cinquante
ans.
D'après les « babys n, Dieu est l'êlre uni-
que, immuable, et le mal dans la créatioU
— qui est une émanation de la divinité — ne
peut-être qu'accidentel.
Reconnaissant une personnalité aux fem-
mes, les disciples de Bab condamnent la po-
lygamie et la répudiation. Ils ont même des
prêtresses et l'une d'elles — Kuret el Ayu £ ©5
Kaswyu — fut l'un de leurs apôtres leff
plus zélés.
Pour eux, l'Etat deurait être à la fois théo-
cratique et social, et les impôts, au lieu;
d'être obligatoires, devraient être alimentés
par des dons libres.
Enfin, leurs institutions sont pour ainsi
dire rythmées par un nombre mysti-
que, — 19.
Cruellement réprimés au début, les « ba-
bys tes », depuis la mort de leur fondateur
— qui fut exécuté à Tauris en 1849 — sa
sont réfugiés en Turquie et aux Indes où ils
ont formé une sorte d'association secrète.
Mollah-Reza a-t-il voulu venger le pro-
phète Bab, dont il était un partisan con-
vaincu ? Ou a-t-il attenté à la vie du shah
parce qu'il croyait atteindre en lui 1 isla-
misme lui-même?
On ne tardera sans doute pas à le savoir.
Mais jusqu'ici on ne peut que s'en tenir aux
liypo;hèses.
Le nouveau a shah en shah »
Le nouveau « shah en shah » ou roi dea
rois, comme s'appellent eux-mêmes les sou-
verains persans, est, avons-nous dit, le fila
cadet de Nasser-ed-Din, le prince Mozaffer-
ed-Din Mirza Valiahd.
Ce prince est né le 25 mars 1853 ou, si l'ori
préfère, 1269 de l'hégire. Il a le type indo
européen le p!us pur et a la réputation d'être
l'un des hommes les plus intelligents et lea
plus instruits de son pays.
Grand chasseur devant l'Eternel, il a U
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