Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1894-04-28
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 28 avril 1894 28 avril 1894
Description : 1894/04/28 (A24,N8139). 1894/04/28 (A24,N8139).
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 29/04/2013
VINGT-QUATRIEME ANNÉE-. - N- 8,139 ',B NUMÉRO CINQ CENTIME SAMEDI 28 AVRIL 1S94
IEIICIIOI ET IDIIIISTRATtOi
142, Rue Montmartre
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91RECTEUR POLITIQUE
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LE RMAI
Nous touchons au 1er mai et les jour-
naux socialistes contiennent un nombre
de communications de plus en plus con-
sidérable concernant l'organisation de
la « fête du travail ». Il ne semble pas
jusqu'ici que l'entente soit bien com-
plète entre les diverses fractions du
parti. Les uns veulent que le 1er mai
soit pour le monde du travail une jour-
née de fête, et d'autres, se rappelant les
événements douloureux qui se sont pro-
duits il y a trois ans à Fourmies, en
veulent faire une journée de deuil.
Certaines fractions considèrent comme
inutile d'aller porter les cahiers des re-
vendications ouvrières aux députés et
ne songent qu'à organiser une confé-
rence à la Maison' du Peuple. D'autres
estiment qu'il convient de porter les
revendications ouvrières non pas à la
Chambre elle-même, mais à la « partie
déjà socialisée des pouvoirs publics »,
c'est-à-dire aux députés du groupe so-
cialiste, et l'on a vu que ce groupe s'est
rétrtii avant-hier pour prendre ses dis-
positions. Une partie de ses membres
prendra part à un grand meeting révo-
lutionnaire. Une autre partie se tien-
dra en permanence à la Chambre pour
le cas, considéré comme assez impro-
bable par les socialistes eux-mêmes, où
les manifestants auraient accès au Pa-
lais-Bourbon.
Le seul point sur lequel l'accord pa-
raisse établi, c'est que cette journée
doit rester calme, et sur ce point il est
fort probable que le programme sera
très fidèlement observé, non seulement
en France, mais dans toute l'Europe.
Le comité directeur socialiste de Berlin
ne veut faire du 1er mai qu'une jour-
née de fête, et les instructions qu'il a
données invitent seulement les socia-
listes à célébrer dignement cette solen-
nité. Ce sont surtout des manifesta-
tions oratoires qu'il se préoccupe d'or-
ganiser, et il a désigné les orateurs qui
doivent prendre la parole dans les
centres principaux. Mais il ne pourra
en envoyer partout et il fait appel aux
hommes de bonne volonté ; ce sont sur-
tout les jeunes compagnons qu'il exhorte
à improviser des discours et à a sauter
sur la brèche ».
En Autriche, en Angleterre, les dis-
positions ne paraissent pas moins paci-
fiques et le vieux monde ne semble pas
s'émouvoir bien profondément de cette
manifestation que les socialistes appel-
lent un peu ambitieusement « la mobili-
sation de l'armée du travail ».
Il n'en est pas tout à fait de même
aux Etats-Unis. Il y a là une masse
considérable d'hommes dont la profes-
sion est plus ou moins d'être sans tra-
vail, qui, sous l'impulsion d'un nom-
mé Coxey, ont résolu de former une
« industrial army » et de venir faire à
Washington, la ville où siègent les pou-
voirs publics, une formidable manifes-
tation. Un détachement de cette armée
s'est mis en route de Chicago. Un autre
s'est formé à Massillon dans l'Ohio,
un autre encore est rassemblé à Co-
ehranes, dans l'Indiana.
D'autres, partis de divers points,
convergent vers Washington. On éva-
lue cette armée à un chiffre considéra-
ble qui se trouverait encore grossi dans
des proportions incalculables si les mi-
neurs qui viennent de se mettre en
grève se joignaient aux « sans travail »
et si les Chevaliers du travail imitaient
partout l'exemple que leur donnent ceux
d'Omaha qui, au nombre de cinquante
mille, sont allés rejoindre l'armée en
marche.
Cette immense manifestation n'ac-
complit pas son chemin sans laisser
derrière elle des traces de son passage
et sans jeter l'émotion dans les régions
qui attendent sa venue. Déguenillée,
sans vivres, elle a commis plus d'un
acte de rapine. Ses chefs répètent que
c'est une armée pacifique et ils as-
surent que ses sentiments pacifiques
ne se démentiront pas si les compagnies
de chemins de fer là transportent gratis à
Washington. Si les compagnies refusent,
il,' menacent de tout ravager sur une
alb¡;ur de vingt-cinq milles.
Jusqu'ici, les compagnies font la
sourde oreille. Des détachements se
sont emparés de quelques trains. Les
mécaniciens ont fait machine en ar-
rière, les autorités locales ont fait
éteindre les chaudières, les compagnies
ont suspendu leur service et l'on cite
notammentCouncil-Bluffs qui, en temps
ordinaire, est servi par sept lignes de
chemins de fer et qui, pour le moment,
est isolé du reste du monde. Ailleurs,
sur les immenses étendues que traver-
sent les lignes américaines, les compa-
gnies ont fait enlever les rails devant
les trains dont les « sans-travail » s'é-
taient emparés et qu'ils avaient la pré-
tention de conduire eux-mêmes jusqu'à
Washington.
Cependant, malgré tout, cette der-
nière avance et le gouvernement a dû
se préoccuper d'elle. M. Coxey voulait
que les pouvoirs publics lui assignas-
sent comme campement de vastes éten-
dues de terrains aux portes de la ville,
où ils pourraient résider pendant leur
séjour et où on les nourrirait. Le gou-
vernement a décidé qu'ils seraient traités
en vagabonds et que la loi interdisant
les rassemblements leur serait appliquée
rigoureusement. Les dernières infor-
mations résument la situation avec une
concision éloquente : « Le gouverne-
ment achète des armes. »
Qu'il en fasse usage le cas échéant,
nous n'en serions pas surpris ; ce ne
sera pas la première fois que la répres-
sion sera plus rigoureuse dans ce pays
de liberté que dans beaucoup d'autres.
Mais ces coups de fusil ne sont pas la
solution définitive des questions sociales
et il faudra bien que l'on s'arrange
pour faire quelque chose en faveur
d'hommes qui n'ont, après tout, pas
moins le droit de vivre que les million-
naires de New-York ou de Chicago, et
dont beaucoup ne le cèdent peut-être
pas énormément à ceux-ci à bien des
égards.
L'ENQUÊTE SUR L'EMPRUNT
Le conseil municipal a chargé la commis-
sion de l'emprunt de procéder à une enquête
sur les irrégularités qui ont pu se produire à
l'occasion de l'émission du 21 avril.
La commission, qui a immédiatement com-
mencé ses travaux, a demandé au préfet de
la Seine et au préfet de police des rapports
détaillés sur la souscription, sur le service
d'ordre, sur les heures d'ouverture et de
fermeture des guichets. Elle a en outre décidé
d'entendre tous ceux des conseillers munici-
paux qui auraient à lui faire connaître une
irrégularité quelconque et elle va recueillir et
examiner toutes les réclamations émanant
des souscripteurs.
L'ÉCLAIRAGE DE LA CHAMBRE
On sait qu'il est question d'éclairer enfin le
Palais-Bourbon par l'électricité et que la
Chambre va être saisie à cet effet par sa com-
mission de comptabilité d'une demande de
crédit de 500,000 francs destinés à l'acquisi-
tion et à l'installation des machines qui pro-
duiraient la lumière nécessaire à l'éclairage
de la salle des séances et de toutes les dé-
pendances du Palais.
La Chambre qui dépense annuellement
122,000 francs pour son éclairage ne dépense-
rait plus, les dépenses de premier établisse-
ment une fois faites, que 72,000 francs.
Or, il se passe à propos de ce projet, excel-
lent en soi, d'éclairage du Palais-Bourbon par
l'électricité un fait curieux qui mérite d'être
signalé.
Il y a un an, la questure de la Chambre
avait élaboré un projet sommaire qu'elle
avait adressé à la plupart des grands indus-
triels s'occupant d'installations électriques,
mais comme d'après ce projet les construc-
teurs devaient s'engager à accepter le paye-
ment de leurs travaux en vingt annuités, une
seule maison fit une proposition, la maison
Bréguet, dont le conseil d'administration a
pour président M. Georges Berger, député du
neuvième arrondissement de Paris.
M. Berger n'eut pas de peine à persuader à
la questure de la Chambre qu'il y avait inté-
rêt à ne pas retarder .pendant vingt années le
payement des travaux puisque l'argent ne
coûtait à l'Etat que 3 0/0, tandis que les in-
dustriels ne pouvaient guère s'en procurer
qu'à 6 0/0.
On se demande à présent s'il est équitable
de maintenir à l'écart les industriels qui ont
dû renoncer à envoyer à la questure leurs
propositions uniquement parce que l'obliga-
tion d'attendre pendant un délai de vingt
années le payement intégral de leurs travaux
leur paraissait trop onéreux.
On se demande aussi si le moment ne se-
rait pas venu de reprendre l'ancienne propo-
sition qui devait interdire aux députés de
faire partie de sociétés industrielles et finan-
cières, ou au moins de sociétés industrielles
et financières ayant des contrats avec l'Etat.
LES MINISTRES A LYON
Il se confirme que, malgré les avances fai-
tes à M. Coullié par le gouvernement qui doit
rapporter prochainement la mesure qui a
supprimé son traitement, les partisans de
l'archevêque n'en continuent pas moins à
organiser une manifestation contre les minis-
tres qui doivent arriver samedi à Lyon pour
inaugurer l'exposition.
Le délégué du président du conseil, qui est
à Lyon depuis mercredi, n'ignore pas cette
situation, qu'il a fait connaître à M. Casimir-
Perier; mais il parait que, sur les sollicitations
de certains amis du concessionnaire de l'ex-
position, le voyage des ministres se fera
quand même.
DEUX INTERPELLATIONS
Deux noux nouvelles interpellations à l'ho-
rizon parlementaire:
M. Michelin a prévenu le ministre de la
justice qu'il se proposait de l'interpeller sur
la mise à la retraite du procureur de la Ré-
publique de Saint-Nazaire, M. Marion de
Procé.
On sait que ce magistrat a eu l'oreille fen-
due parce qu'il n'a pas saisi l'occasion du
flagrant délit contre M. Toussaint, député so-
cialiste.
M. Cunéo d'Ornano veut également inter-
peller le ministre de la justice pour lui de-
mander des explications sur un faux qui au-
rait été commis par le tribunal civil de Co-
gnac.
LE lOOe DE LIGNE
La musique du 100* de ligne, en garnison à Nar-
bonne, a été huée sur une promenade de la ville où
elle s'apprêtait à jouer.
La foule a attaqué les musiciens à coups de pier-
res ; ils ont dû s'enfuir.
Le colonel a immédiatement informé le ministre
de la guerre et deluandé le déplacement de son
rë~meat..
LE BUDGET DE 1895
NOMINATION DE LA COMMISSION
Vue d'ensemble. — Quelques opinions.
La présidence
La commission du budget pour 1895 élue
hier par @ les bureaux de la Chambre est ainsi
composée :
1er bureau. - MM. Rouvier, Lockroy et
Raiberti.
2e bureau. - MM. Guieysse, Doumer,
Pourquery de Bois serin.
3e bureau. — MM. Delombre, Deluns-
Montaud et de Kerjégu.
4e bureau. — MM. Terrier, Cavaignac et
Thomson.
5e bureau. — MM. Cornudet, Bazille, Mon-
tant.
6e bureau. - MM. Poincaré, Pelletan et
Brisson.
7e bureau. — MM. Salis, Leydet et Bas-
tid.
8e bureau. — MM. Mesureur, Maurice
Faure et Siegfried.
ge bureau. — MM. Leygues (Lot-et-Ga-
ronne), Jules Roche et Boucher (Vosges).
10e bureau. — MM. Maurice Lebon, Guille-
met, Charles Ferry.
He bureau. - MM. Félix Faure, Georges
Cochery et Boudenoot. -
STATISTIQUE D'ENSEMBLE
Avant d'indiquer les opinions émises par
les commissaires, constatons que les trente-
trois élus appartiennent tous à l'opinion ré-
publicaine, soit dix-sept modérés et seize
radicaux qui sont MM. Lockroy, Raiberti,
Guieysse, Doumer, Pourquery de Boisserin,
Terrier, Cornudet, Bazille, Montaut, Pelle-
tan, Brisson, Salis, Leydet, Mesureur, Mau-
rice Faure et Guillemet.
On remarquera que les* réactionnaires, les
ralliés et les socialistes n'ont aucun représen-
tant dans la commission.
Sur les 33 commissaires 32 appartiennent
aux anciennes législatures ; un seul est nou-
veau, M. Paul Delombre.
Enfin, il convient de constater un fait assez
rare : MM. Siegfried et Leydet, le premier
modéré, le second radical, ont été élus au
bénéfice de l'âge, M. Siegfried contre M. Ber-
teaux, M. Leydet contre M. Maurice Las-
serre.
L'OPINION GÉNÉRALE
De l'opinion générale qui se dégage du pre-
mier contact du budget avec les députés, il
résulte que le budget de 1895 a de nombreux
adversaires.
Mais la constatation la plus importante à
faire, c'est gue la partie du budget relative
aux garanties d'intérêt des grandes compa-
gnies est repoussée par la majorité des com-
missaires et défendue par MM. Rouvier et
Delombre.
Nous avons indiqué quel était le caractère
de cette opération qui consiste à conclure
avec les compagnies des conventions nou-
velles qui aliènent le droit de l'Etat en ce qui
concerne le rachat des lignes concédées.
Tous les orateurs qui ont pris la parole au
cours de la discussion d'hier, depuis MM.
Cavaignac et Félix Faure jusqu'à MM. Pelle-
tan et Millerand, se sont élevés contre cette
abdication et ont montré très cîairement^ne
la combinaison du projet tendait surtout à
donner aux grandes compagnies le droit de
faire, pour le compte de l'Etat, des emprunts
déguisés.
En ce qui concerne les réformes proposées
sur les contributions directes : taxe d'habita-
tion et taxe sur les domestiques, les avis sont
partagés, et il est douteux que la substitu-
tion d'impôt, aggravée de taxes nouvelles,
soit acceptée par la majorité de la commis-
sion. Cela est tellement vrai que les com-
missaires favorables ont été obligés de faire
de nombreuses réserves.
Mais le fait caractéristique de la journée,
c'est l'opinion qui a semblé se faire au cours
de la discussion que le remède se trouve dans
la création d'un impôt sur le revenu. Nous ne
voulons pas dire qu'une majorité existe pour
cet impôt dans la commission élue, mais il a
des partisans, qui sont MM. Lockroy, Paul
Doumer, Terrier, Bazille, Montaut, Camille
Pelletan, Henri Brisson, Salis, Leydet, Mau-
rice Faure, Mesureur et Guillemet.
L'OPINION DES ELUS
Disons maintenant un mot des observations
présentées par les commissaires élus:
M. Rouvier accepte naturellement le budget
de M. Burdeau, en exprimant cependant l'avis
que la taxe d'habitation devrait se rapprocher
le plus possible de la patente, qui est plus
flexible que l'impôt mobilier. Il accepte en
outre le système imaginé pour solder les ga-
ranties d'intérêt, sous prétexte qu'il ne faut
pas émietter le crédit de l'Etat par des em-
prunts successifs.
M. Lockroy est convaincu que l'on peut
faire de grosses économies. Il discute ensuite
les réformes du budget, qu'il ne trouve pas sa-
tisfaisantes.
M. Jules Roche n'est pas hostile aux idées
générales du projet, mais s'il adopte l'idée de
l'impôt sur certains revenus, il n'admet pas
l'impôt sur le revenu global. Il conclut qu'a-
vant de faire quelque chose il faut établir la
réalité de la situation financière, qui comporte
de réelles difficullés.
M. Poincaré est nettement opposé à l'affaire
des garanties d'intérêt, parce qu'elle engage
l'avenir d'une manière fâcheuse. Pour le sur-
plus, il examinera à fond les propositions du
gouvernement.
M. Camille Pelletan n'a pas ménagé ses
critiques et il les a exprimés dans un langage
assez imagé. Il est d'avis qu'il faut faire une
politique d'économies féroces. Il s'élève contre
les dépenses croissantes de la marine, contre
ce qu'il appelle la « marinomanie » qui grève
le budget de surcharges écrasantes. Enfin il
n'admet pas qu'on fasse des emprunts en pre-
nant les compagnies pour prête-nom.
M. Cavaignac est hostile au projet de bud-
get dans son ensemble.
M. Pourquery de Boisserin se demande si,
après la conversion du 4 112 pour cent en
3 50 pour cent, il n'est pas possible de reve-
nir sur les conventions qui garantissent cinq
pour cent à des détenteurs d'un monopole.
On pourrait ainsi avoir trente millions d éco.
nomies.
M. Georges Cochery et Boudenoot discute-
ront le budget de M. Burdeau, mais ils de-
manderont des économies.
MM. Félix Faure et Charles Ferry combat-
tront les conventions avec les grandes com-
pagnies.
M. Paul Doumer considère que les réformes
apportées dans les contributions directes sont
plutôt des déplacements de taxes et ne cons-
tituent pab la meilleure répartition que le
pays exige.
M. Maurice Fauré est convaincu que l'on
aura fait de grosses économies quand on aura
supprimé tous les emplois inutiles.
M. de Kerjégu voudrait que l'on surveillât
très sérieusement l'utilisation des crédits de
la guerre et de la marine, sans toutefois nuire
OP intérêts de la défense nationale.
M* Raiberti, examinera soigneusement le
budget, mais d'ores et déjà il n'accepte pas le
système imaginé pour les garanties d'intérêt.
MM. Mesureur et Terrier voudraient que
l'on fit l'expérience d'un impôt sur le revenu,
fût-il très léger.
DÉCLARATION DE M. BURDEAU
Dans le sixième bureau, M. Burdeau a fait
une courte déclaration en réponse aux criti-
ques de M. Camille Pelletan.
Il a déclaré qu'il était prêt à chercher, d'ac-
cord avec la commission, si des économies
nouvelles pouvaient aboutir, même par réor-
ganisation de services. Ce qu'il a voulu, c'est
réaliser l'équilibre du budget sans emprunt.
Il n'a pas la prétention, en ce qui concerne
les réformes proposées pour les contributions
directes, d'avoir répondu d'avance à toutes les
objections, mais il insiste sur le principe qui
est d'atteindre le revenu global du contri-
buable par la manifestation extérieure de ses
ressources et non par l'inquisition qui est
vexatoire ou par la déclaration qui est trom-
peuse.
Il n'a pas voulu recourir à # l'impôt pour
faire face aux garanties d'intérêt, ni ouvrir
le Grand-ivredans ce but. Le procédé qu'il a
employé ne diminue en rien d'ailleurs la
force du droit de rachat des chemins de fer
entre les mains de l'Etat.
LA PRÉSIDENCE DE LA COMMISSION
La commission se réunit aujourd'hui pour
se constituer. Quatre candidatures seront en
présence pour le fauteuil présidentiel, celles
de MM. Henri Brisson, Cavaignac, Jules
Roche et Rouvier.
La bataille semble devoir se passer entre
MM. Brisson et Rouvier.
LE VASE DE LIANE DE POUGY
Mlle Liane de Pougy, qui n'a pas toujours
des billèts de 100,000 francs signés Max Le-
baudy et non contestés, ceux-là, vient d'opé-
rer la vente de son mobilier à l'hôtel Drouot.
Meubles, tableaux, bijoux, tout y a passé ;
mais un des objets les plus disputés à été le
vase de cette volage enfant, un vase en argent
très orné.
C'est un Anglais, lord Butterfield, de pas-
sage à Paris, qui en est resté acquéreur.
M. Butterfield est un ami de l'ex-impératrice
Eugénie.
Le vase en argent semble être pour beau-
coup de femmes le comble du bonheur. Il y a
quinze ans, un nommé T'Kind de Rodenbeeck
vola d'un coup 23 millions à la Banque de
Belgique, où il était caissier. Quand il an-
nonça cette bonne nouvelle à sa maîtresse,
Marie Collard, surnommée « Lolo », celle-ci
ne put s'empêcher de s'écrier :
— Tu m'achèterasunvasede nuit en argent,
n'est-ce pas ?
T'Kind s'exécuta sur-le-champ. Ce vase
était à peine acheté qu'on venait l'arrêter.
Vingt-trois millions ne lui avaient servi qu'à
satisfaire le délicat caprice de sa mai-
tresse.
LE LOT D'ARGENTERIE
DE M. MAX LEBAUDY
Hier s'est terminée à l'hôtel Drouot une
vente d'argenterie qui durait depuis cinq
jours et dont la raison est assez piquante.
Un « banquier» anglais nommé SamLevis,
traduction anglaise de Samuel Lévy, avait
vendu à M. Max Lebaudy (encore 1), pour
400,000 francs, un lot d'argenterie qui, sui-
vant la formule ordinaire, fut mis en gage
par son heureux possesseur pour 80,000 francs
chez un autre « banquier » de Paris.
Le gage, n'ayant pu être utilisé pour un au-
tre emprunt, a été vendu. Mais les ama-
teurs, s'étant pour ainsi dire syndiqués afin
d'acheter l'argenterie, bonne pour la fonte, au
moindre prix possible, le lot n'a pas atteint le
prix pour lequel il avait été engagé et le prê-
teur parisien fait une perle de plus de dix
mille francs.
L'ANARCHISTE MEUNIER
Londres, 26 avril.
L'anarchiste Meunier a de nouveau com-
paru à midi et demi, aujourd'hui, devant le
tribunal d'extradition de Bow-street.
Il paraissait un peu fatigué, mais sa figure
n'a rien perdu de son énergie.
Au banc de la défense se trouve M. Burnie,
son avocat. M. Taillefer, assisté de son ad.
joint, M. Astoul, représente le gouverne ment
français.
Le magistrat, sir John Bridge, s'adresse au
défenseur de Meunier et lui offre la commu-
nication, à lui ou à son mandataire, de toutes
les pièces du dossier.
Il l'autorise à prendre ou à faire prendre,
sans aucuns frais pour son client, des copies
de ce dossier.
Bien entendu, ce travail ne pourra être fait
que dans une chambre spéciale du tribunal,
car le dossier ne peut pas être emporté au
dehors.
M. Burnie cause quelques instants à voix
basse avec Meunier.
Il accepte ensuite l'offre du magistrat et le
remercie; puis il lui demande s'il ne serait
pas bon de commencera plaider aujourd'hui.
Il motive son désir sur ce fait que ce sont
les amis de Meunier qui font les frais de la
défense et qu'ils ne sont pas riches.
L'ajournement d'une semaine augmentera
encore les frais. 0
Sir John Bridge répond qu'il vaudrait
mieux remettre l'affaire à vendredi de la
semaine prochaine et y consacrer la journée
entière et, si cela est nécessaire, celle du len-
demain.
Lès choses sont décidées ainsi. Meunier
est ensuite reconduit dans sa cellule.
Il est évident que l'argent n'est pas abon-
dant parmi les amis de Meunier.
Son défenseur paraît très désireux de ne
pas augmenter les frais du procès. Les amis
de l'anarchiste paraissent partager cette opi-
nion.
A la sortie de l'audience, ils ont vivement
discuté avec M. Burnie à ce sujet.
Bon nombre d'anarchistes connus, parmi
lesquels beaucoup de femmes, continuent à
assister à ces différentes comparutions d'a-
narchistes devant le tribunal de Bow-street.
L'agent de la sûreté de Paris Houllier, qui
est à Londres depuis quatre ou cinq jours
pour une autre affaire que celle des anarchis-
tes, assistait également à l'audience.
Diverses notes qui circulent dans la presse
au sujet des projets des anarchistes racon-
tent que c'est tantôt un monument tantôt un
autre que les anarchistes visaient.
Il ne faut pas ajouter foi à ces bruits. D'a-
près la police anglaise, Meunier, quand il a
été arrêté, se rendait en France pour y faire
un petit séjour.
On croit même qu'il voulait tenter de faire
sauter la Bourse.
Cette même police est persuadée que Polti
et Fornaro destinaient leurs bombes à la
France et qu'ils n'avaient parlé du Royal-
Exchange, que Fornaro prenait sans doute
pour le Stock-Exchange ou la Bourse, que
dans le cas où il leur aurait été impossible
d'aller jusqu'en France
LaVIEdePARIS
Tandis que cette horrible affaire Max
Lebaudy et Talleyrand-Périgord - affaire
capitale au point de vue moral et venge-
resse — va faire descendre de leur piédes-
tal, où on les avait imprudemment ju-
chés, pas mal de gens revêtant des mi-
sères morales sans nom, il est question
de rendre définitivement un public hom-
mage à un des plus honnêtes hommes
de notre temps, à Emile Augier. On s'oc-
cupe d'organiser une réprésentation so-
lennelle à l'Odéon, dont le produit per-
mettra d'achever dignement le monument
d'Augier. La statue du poète dramati-
que s'élèvera sur la place de l'Odéon.
C'est dans ce théâtre qu'il eut ses pre-
miers succès. Il ne me déplait pas que
cette image soit placée dans le quartier
Latin, car elle sera bonne conseillère pour
la jeunesse, qu'Augier a aimée et célébrée
et à qui il donnera un exemple d'opti-
misme courageux qui n'est pas à dédai-
gner par notre temps de pessimisme cha-
grin.
Pour beaucoup de gens qui s'arrêtent
aux apparences des choses, Augier fut un
bon bourgeois, un homme de «bon sens»,
écrivant une langue passable, et rien de
plus. Pour moi, ce fut unesprit très large,
très moderne, très audacieux même,
ayant du courage à la fois dans ses
idées- et dans ses actes. Jamais ré-
volté, il est vrai, mais toujours in-
dépendant. Si on va au fond de son
œuvre dramatique, qu'y trouve-t-on?
Avant tout, l'éloge du mérite personnel,
du talent, du travail, et ceci en dehors
de toute convention sociale, de toute
hérédité, avec la raillerie pour les pré-
jugés de la naissance et le mépris
hautain de l'argent. Le mépris de l'ar-
gent devrait être le refrain continuel,
le delenda Carthago de tout démocrate
éclairé, comme le fut Augier. Car le péril
des démocraties, c'est la prédominence
qu'y prend la fortune. L'orgueil et les
privilèges de la race et de la naissance
sont des choses à peu près finies, qui ont
de moins en moins de raison d'être. La
noblesse, hélas ! a tout fait pour précipi-
ter les esprits dans l'égalitarisme. Chaque
jour, moralement, elle se suicide. Mais sa
disparition ne doit pas nous faire oublier
ce qu'elle eut de grandeur et d'utilité so-
ciale. Elle fit longtemps contre-poids à
l'envahissement du monde moderne par
l'argent.
Ce contre-poids disparu, il fallait en
trouver une autre et ce fut la noblesse de
l'œuvre d'Augier d'opposer sans cesse le
mérite à la fortune. Ennemi des révolu-
tions, libéral simplement, s'accommodant
des formes politiques du jour, dont la va-
leur et l'utilité nous apparaissent comme
de plus en plus sans importance foncière,
Augier fut cependant très hardi dans toute
sa longue carrière. Le Fils de Giboyer et
les Effrontés sont deux pièces sociales
où, notamment, le poète dramatique prend
parti pour le mérite contre la naissance
et s'élève contre une tentative de réaction
assez sérieuse qui nous menaça sous
l'empire, quand l'empereur vieillissant
laissa l'impératrice prendre un rôle qu'elle
n'aurait jamais dû avoir.
Dans la Contagion, Augier fit la plus
belle satire du monde d'une société qui
compromit et perdit le régime bonapar-
tiste, auquel, à tout prendre, le pays se
fût très bien fait s'il fùt resté démocrati-
que. Enfin, dans Madame Caverlet, nous
voyons Augier aborder de front cette
grande question du mariage et de l'amour
hors du mariage et la trancher dans
le sens de la liberté humaine. Je sais
bien que la démocratie d'Augier ne
fut pas, peut-être, aussi profonde que
nous la voudrions aujourd'hui. Il était
de son temps, à la tête du progrès,
mais ne le dépassant pas : chef de
soldats, non pas tirailleur ou enfant
perdu. Son socialisme, moins philosophi-
que, mais moins redoutable et peut-être
plus pratique que le nôtre, ne mettait en
question aucun des principes sur lesquels
vit la société bourgeoisement constituée
par la Révolution de 89. Le « droit à la
paresse », sur lequel on discute aujour-
d'hui, lui paraissait, par exemple, une
monstruosité ou une fumisterie. Très phi-
losophe personnellement, il ne se cachait
pas le danger qu'il peut y avoir à laisser
indistinctement tous les êtres humains
sans une règle de morale ayant une sanc-
tion supérieure. Mais, je vous l'assure,
nous serions plus heureux et plus tran-
quilles si toutes les idées qu'Augier a je-
tées dans son œuvre se trouvaient réali-
sées. Son esprit, en se limitant, ignorait
les inquiétudes des nôtres et peut-être,
pour ne pas songer à un avenir trop loin-
tain, pensait-il avec plus de force que
nous, que le rêve égare et endort, à l'ave-
nir réalisable du lendemain.
Et puis Augier, dans toute sa vie, fut
un brave homme. Plus je vieillis, plus
l'honnêteté et la bonté, l'indulgence et la
bienveillance me paraissent être les qua-
lités maîtresses qu'on doit aimer chez les
gens.. Ce n'est pas qu'Augier fût sans
energie, sans vivacité, peut-être même
sans rancune, dans les luttes de la vie. Il
avait un esprit de tous les diables, em-
portant le morceau. Veuillot en sut quel-
que chose et trouva à qui parler. Mais,
dans ses polémiques, Augier, très sensi-
ble, resta toujours d'une admirable
loyauté, combattant à visage découvert,
sans dessous et sans amertume. Il fit
beaucoup de bien, matériellement et mo-
ralement.
De sang gaulois, petit-fils de Pigault-
Lebrun qu'il ne renia pas, même à PAca-
démie, ayant aimé les femmes comme
Henri IV, à qui il ressemblait, il me ré-
jouissait et me réconfortait, quand je le
voyais, par la belle humeur de son dis-
cours et la joyeuse franchise de son ca-
ractère,que n'altéra que passagèrement la
maladie qui l'emporta. C'est justice de
lui élever une statue, et cet hommage qu'on
lui rend peut et doit nous consoler de tant
d'engouements, d'injustices, de niaise-
ries qu'on trouve dans la façon dont on
distribue aujourd'hui la renommée et la
gloire.
Henry Fouquier.
LES ARRESTATIONS ARBITRAIRES
L'affaire Leymarie. — Deux notivellet
erreurs policières.
L'enquête ouverte par la préfecture de po-
lice sur l'arrestation de Mlle Leymarie est
terminée.
Un seul gent revendique la responsabilité
de l'arrestation. Il soutient avoir averti, dès
le 11 avril, Mlle Leymarie de n'avoir pas à
stationner sur le boulevard de la Chapelle.
D'autre part, les filles arrêtées déclarent
n'avoir pas vu Mlle Leymarie racoler les pas.
sants. On estime à la préfecture que si l'a-
gent s'est trompé, c'est de bonne foi.
Tel est le fond des explications que le pré-
fet de police fournira, demain au Conseil mu-
nicipal.
Deux nouvelles arrestations arbitraires
L'émotion causée par l'arrestation de Mlle
Leymarie est à peine calmée, que la police
commet de nouvelles bévues.
Dimanche dernier, Mme veuve Beuret, ou-
vrière en cravates, demeurant 20, rue Albouy,
et Mme Arioli, demeurant 26, rue Montmar-
tre, partaient ensemble pour aller faire quel-
ques emplettes.
Une enfant de Mme Arioli faisait en effet sa
première communion hier et il s'agissait de
lui acheter sa robe de communiante.
En route, vers huit heures du soir, Mme
Beuret fut prise d'un malaise subit sur le
boulevard Saint-Martin. La pauvre femme,
ayant haud, avait pris une glace et cela lui
avait fait mal. Son amie la fit asseoir sur un
banc et pria une des personnes qui s'étaient
assemblées d'aller chercher de l'dther.
Les agents, voyant un rassemblement
s'approchèrent et déclarèrent que Mme Beuret
et son amie étaient ivres.
Ils les emmenèrent au poste situé 60, rue
Notre-Dame-de-Nazareth ; Mme Beuret, très
nerveuse, avait perdu connaissance.
Là le brigadier les interrogea, puis, les en-
ferma au violon.
A minuit seulement elles furent relâchées ;
mais l'affaire, parait-il, n'en restera pas là,
car, sur les instances du beau-frère de Mme
Beuret, une enquête est ouverte contre les
gardiens de la paix et le brigadier, qui ont
négligé de prendre sur ces deux dames des
renseignements qui certainement auraient
démontré leur parfaite honorabilité.
M. Maury, conseiller municipal du
deuxième arrondissement, interpellera le
préfet de police à ce sujet.
PRINCE ROYAL SÉNATEUR
Rome, 26 avril.
Le duc des Abruzzes, majeur maintenant, a
prêté serment aujourd'hui comme sénateur.
Les sénateurs et les ministres étaient debout.
Le président a constaté que c'était la première
fois qu'un prince royal prenait part à une séance
du Sénat.
Le duc des Abruzzes a remercié et a dit qu'il
garderait le Kouvenir de ce jour parmi les plus
chers. Il est heureux de siéger parmi les sénateurs
qu'il salue affectueusement comme des collègues.
la Compagnie Transatlantipe
xxx
L'HOSPICE DES INCURABLES
« Entretien des paquebots désarmés, frais
» d'hôpital, de déplacements, congés, etc.,
» etc.: 629,028 fr. 35 », tel est le libellé de l'ar-
ticle du compte d'exploitation qui a, en troi-
sième lieu, piqué notre curiosité.
Pourquoi conserver des paquebots désar-
més ? Sans doute, quand un armateur n'a pas
de services postaux à desservir exclusive-
ment — et surtout quand, armateur libre, vi-
vant exclusivement de son trafic, il a pour
adversaire la Compagnie transatlantique, —
il peut très bien lui arriver d'avoir des navi-
res désarmés; car en général le système des
armateurs est de ne pas se ruiner. Mais c'est
là une situation fâcheuse, une situation tem-
poraire, exceptionnelle, comme celle en ce
moment des entreprises de Marseille qui des-
servent l'Algérie concuremment avec M. Pe-
reire. Mais avoir, de fondation, un certain
nombre de paquebots désarmés, — inutiles et
coûteux tout à la fois, — voilà ce qui ne se
comprend pas facilement.
Est-ce que la Malle royale a cette maladie-
là ? Voici l'état, avec emploi spécifié de sa
flotte : pas de paquebots désarmés. Et la Com-
pagnie Cunard? Pas do paquebots désarmés
non plus. Mais alors pourquoi M. Pereire,
qui a justement les mêmes navigations à
fournir que la Compagnie Cunard et la Malle
royale, pourquoi a-t-il seul tant de chevaux
à l'écurie ?
C'est très simple ; seulement il nous faut
encore prendre un petit bout de chemin de
traverse pour arriver à notre but. Vous ver-
rez bien que c'est nécessaire, car jamais M.
Pereire ne nous dirait de lui-même la réponse
péremptoire que nous allons trouver tout à
l'heure à notre pourquoi.
L'exécution de tous les services de la Com-
pagnie transatlantique, tels qu'ils existent
actuellement, subventionnés et non subven-
tionnés, productifs et onéreux, utiles ou su-
perflus, comporte le concours de 54 paque-
bots, savoir :
La ligne du Havre à New-Yorli. 5 paquebots
— de St-Nazaire à Colon et
Vera-Cruz. 5 mm
— du Havre à Colon et Haïti.. 5 —
— de Marseille à Colon. 3 —
La station des Antilles. 3 —
Les services d'Algél'ie. 24 —
Les services de cabotage. 9 —
Et il ne faut pas que l'on dise que ce serait
impossible, parce que nous répondrions deux
choses : la première, que ces effectifs, pour
les grandes lignes de New-York et des An-
tilles, sont précisément ceux de la Compa-
gnie Cunard et de la Malle royale, — et la
seconde, que le parcours total des services
postaux et autres de la Compagnie transat-
lantique étant de 761,166 lieues (page 11 de
son rapport du 29 juin 1893), l'utilisation
moyenne de 54 paquebots serait de|J-rl4,09i
lieues par an, et que les Messageries mariti-
mes, qui desservent 822,135 lieues par an
avec 58 paquebots, présentent par conséquent
une utilisation moyenne de 15,058 lieues par
navire, une utilisation moyenne qui est, par
conséquent supérieure de967 lieues par navire
et par an à celle que nous assignons aux pa-
quebots transatlantiques.
Or, la Compagnie transatlantique possède,
avec la Navarre, actuellement en service, 64
paquebots à flot. Elle en a donc 10 de trop,
qui traînent inactifs dans divers coins reti-
rés, aussi loin des regards que possible, et
qui motivent cette dépense annuelle de
600,000 francs, — car l'hôpital, les déplace.
ments, les congés ne sont là que pour allon-
ger l'énoncé ^du compte et le rendre clua digar
de la gtoam somme.
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tous las Bureaux de Poste.
LE RMAI
Nous touchons au 1er mai et les jour-
naux socialistes contiennent un nombre
de communications de plus en plus con-
sidérable concernant l'organisation de
la « fête du travail ». Il ne semble pas
jusqu'ici que l'entente soit bien com-
plète entre les diverses fractions du
parti. Les uns veulent que le 1er mai
soit pour le monde du travail une jour-
née de fête, et d'autres, se rappelant les
événements douloureux qui se sont pro-
duits il y a trois ans à Fourmies, en
veulent faire une journée de deuil.
Certaines fractions considèrent comme
inutile d'aller porter les cahiers des re-
vendications ouvrières aux députés et
ne songent qu'à organiser une confé-
rence à la Maison' du Peuple. D'autres
estiment qu'il convient de porter les
revendications ouvrières non pas à la
Chambre elle-même, mais à la « partie
déjà socialisée des pouvoirs publics »,
c'est-à-dire aux députés du groupe so-
cialiste, et l'on a vu que ce groupe s'est
rétrtii avant-hier pour prendre ses dis-
positions. Une partie de ses membres
prendra part à un grand meeting révo-
lutionnaire. Une autre partie se tien-
dra en permanence à la Chambre pour
le cas, considéré comme assez impro-
bable par les socialistes eux-mêmes, où
les manifestants auraient accès au Pa-
lais-Bourbon.
Le seul point sur lequel l'accord pa-
raisse établi, c'est que cette journée
doit rester calme, et sur ce point il est
fort probable que le programme sera
très fidèlement observé, non seulement
en France, mais dans toute l'Europe.
Le comité directeur socialiste de Berlin
ne veut faire du 1er mai qu'une jour-
née de fête, et les instructions qu'il a
données invitent seulement les socia-
listes à célébrer dignement cette solen-
nité. Ce sont surtout des manifesta-
tions oratoires qu'il se préoccupe d'or-
ganiser, et il a désigné les orateurs qui
doivent prendre la parole dans les
centres principaux. Mais il ne pourra
en envoyer partout et il fait appel aux
hommes de bonne volonté ; ce sont sur-
tout les jeunes compagnons qu'il exhorte
à improviser des discours et à a sauter
sur la brèche ».
En Autriche, en Angleterre, les dis-
positions ne paraissent pas moins paci-
fiques et le vieux monde ne semble pas
s'émouvoir bien profondément de cette
manifestation que les socialistes appel-
lent un peu ambitieusement « la mobili-
sation de l'armée du travail ».
Il n'en est pas tout à fait de même
aux Etats-Unis. Il y a là une masse
considérable d'hommes dont la profes-
sion est plus ou moins d'être sans tra-
vail, qui, sous l'impulsion d'un nom-
mé Coxey, ont résolu de former une
« industrial army » et de venir faire à
Washington, la ville où siègent les pou-
voirs publics, une formidable manifes-
tation. Un détachement de cette armée
s'est mis en route de Chicago. Un autre
s'est formé à Massillon dans l'Ohio,
un autre encore est rassemblé à Co-
ehranes, dans l'Indiana.
D'autres, partis de divers points,
convergent vers Washington. On éva-
lue cette armée à un chiffre considéra-
ble qui se trouverait encore grossi dans
des proportions incalculables si les mi-
neurs qui viennent de se mettre en
grève se joignaient aux « sans travail »
et si les Chevaliers du travail imitaient
partout l'exemple que leur donnent ceux
d'Omaha qui, au nombre de cinquante
mille, sont allés rejoindre l'armée en
marche.
Cette immense manifestation n'ac-
complit pas son chemin sans laisser
derrière elle des traces de son passage
et sans jeter l'émotion dans les régions
qui attendent sa venue. Déguenillée,
sans vivres, elle a commis plus d'un
acte de rapine. Ses chefs répètent que
c'est une armée pacifique et ils as-
surent que ses sentiments pacifiques
ne se démentiront pas si les compagnies
de chemins de fer là transportent gratis à
Washington. Si les compagnies refusent,
il,' menacent de tout ravager sur une
alb¡;ur de vingt-cinq milles.
Jusqu'ici, les compagnies font la
sourde oreille. Des détachements se
sont emparés de quelques trains. Les
mécaniciens ont fait machine en ar-
rière, les autorités locales ont fait
éteindre les chaudières, les compagnies
ont suspendu leur service et l'on cite
notammentCouncil-Bluffs qui, en temps
ordinaire, est servi par sept lignes de
chemins de fer et qui, pour le moment,
est isolé du reste du monde. Ailleurs,
sur les immenses étendues que traver-
sent les lignes américaines, les compa-
gnies ont fait enlever les rails devant
les trains dont les « sans-travail » s'é-
taient emparés et qu'ils avaient la pré-
tention de conduire eux-mêmes jusqu'à
Washington.
Cependant, malgré tout, cette der-
nière avance et le gouvernement a dû
se préoccuper d'elle. M. Coxey voulait
que les pouvoirs publics lui assignas-
sent comme campement de vastes éten-
dues de terrains aux portes de la ville,
où ils pourraient résider pendant leur
séjour et où on les nourrirait. Le gou-
vernement a décidé qu'ils seraient traités
en vagabonds et que la loi interdisant
les rassemblements leur serait appliquée
rigoureusement. Les dernières infor-
mations résument la situation avec une
concision éloquente : « Le gouverne-
ment achète des armes. »
Qu'il en fasse usage le cas échéant,
nous n'en serions pas surpris ; ce ne
sera pas la première fois que la répres-
sion sera plus rigoureuse dans ce pays
de liberté que dans beaucoup d'autres.
Mais ces coups de fusil ne sont pas la
solution définitive des questions sociales
et il faudra bien que l'on s'arrange
pour faire quelque chose en faveur
d'hommes qui n'ont, après tout, pas
moins le droit de vivre que les million-
naires de New-York ou de Chicago, et
dont beaucoup ne le cèdent peut-être
pas énormément à ceux-ci à bien des
égards.
L'ENQUÊTE SUR L'EMPRUNT
Le conseil municipal a chargé la commis-
sion de l'emprunt de procéder à une enquête
sur les irrégularités qui ont pu se produire à
l'occasion de l'émission du 21 avril.
La commission, qui a immédiatement com-
mencé ses travaux, a demandé au préfet de
la Seine et au préfet de police des rapports
détaillés sur la souscription, sur le service
d'ordre, sur les heures d'ouverture et de
fermeture des guichets. Elle a en outre décidé
d'entendre tous ceux des conseillers munici-
paux qui auraient à lui faire connaître une
irrégularité quelconque et elle va recueillir et
examiner toutes les réclamations émanant
des souscripteurs.
L'ÉCLAIRAGE DE LA CHAMBRE
On sait qu'il est question d'éclairer enfin le
Palais-Bourbon par l'électricité et que la
Chambre va être saisie à cet effet par sa com-
mission de comptabilité d'une demande de
crédit de 500,000 francs destinés à l'acquisi-
tion et à l'installation des machines qui pro-
duiraient la lumière nécessaire à l'éclairage
de la salle des séances et de toutes les dé-
pendances du Palais.
La Chambre qui dépense annuellement
122,000 francs pour son éclairage ne dépense-
rait plus, les dépenses de premier établisse-
ment une fois faites, que 72,000 francs.
Or, il se passe à propos de ce projet, excel-
lent en soi, d'éclairage du Palais-Bourbon par
l'électricité un fait curieux qui mérite d'être
signalé.
Il y a un an, la questure de la Chambre
avait élaboré un projet sommaire qu'elle
avait adressé à la plupart des grands indus-
triels s'occupant d'installations électriques,
mais comme d'après ce projet les construc-
teurs devaient s'engager à accepter le paye-
ment de leurs travaux en vingt annuités, une
seule maison fit une proposition, la maison
Bréguet, dont le conseil d'administration a
pour président M. Georges Berger, député du
neuvième arrondissement de Paris.
M. Berger n'eut pas de peine à persuader à
la questure de la Chambre qu'il y avait inté-
rêt à ne pas retarder .pendant vingt années le
payement des travaux puisque l'argent ne
coûtait à l'Etat que 3 0/0, tandis que les in-
dustriels ne pouvaient guère s'en procurer
qu'à 6 0/0.
On se demande à présent s'il est équitable
de maintenir à l'écart les industriels qui ont
dû renoncer à envoyer à la questure leurs
propositions uniquement parce que l'obliga-
tion d'attendre pendant un délai de vingt
années le payement intégral de leurs travaux
leur paraissait trop onéreux.
On se demande aussi si le moment ne se-
rait pas venu de reprendre l'ancienne propo-
sition qui devait interdire aux députés de
faire partie de sociétés industrielles et finan-
cières, ou au moins de sociétés industrielles
et financières ayant des contrats avec l'Etat.
LES MINISTRES A LYON
Il se confirme que, malgré les avances fai-
tes à M. Coullié par le gouvernement qui doit
rapporter prochainement la mesure qui a
supprimé son traitement, les partisans de
l'archevêque n'en continuent pas moins à
organiser une manifestation contre les minis-
tres qui doivent arriver samedi à Lyon pour
inaugurer l'exposition.
Le délégué du président du conseil, qui est
à Lyon depuis mercredi, n'ignore pas cette
situation, qu'il a fait connaître à M. Casimir-
Perier; mais il parait que, sur les sollicitations
de certains amis du concessionnaire de l'ex-
position, le voyage des ministres se fera
quand même.
DEUX INTERPELLATIONS
Deux noux nouvelles interpellations à l'ho-
rizon parlementaire:
M. Michelin a prévenu le ministre de la
justice qu'il se proposait de l'interpeller sur
la mise à la retraite du procureur de la Ré-
publique de Saint-Nazaire, M. Marion de
Procé.
On sait que ce magistrat a eu l'oreille fen-
due parce qu'il n'a pas saisi l'occasion du
flagrant délit contre M. Toussaint, député so-
cialiste.
M. Cunéo d'Ornano veut également inter-
peller le ministre de la justice pour lui de-
mander des explications sur un faux qui au-
rait été commis par le tribunal civil de Co-
gnac.
LE lOOe DE LIGNE
La musique du 100* de ligne, en garnison à Nar-
bonne, a été huée sur une promenade de la ville où
elle s'apprêtait à jouer.
La foule a attaqué les musiciens à coups de pier-
res ; ils ont dû s'enfuir.
Le colonel a immédiatement informé le ministre
de la guerre et deluandé le déplacement de son
rë~meat..
LE BUDGET DE 1895
NOMINATION DE LA COMMISSION
Vue d'ensemble. — Quelques opinions.
La présidence
La commission du budget pour 1895 élue
hier par @ les bureaux de la Chambre est ainsi
composée :
1er bureau. - MM. Rouvier, Lockroy et
Raiberti.
2e bureau. - MM. Guieysse, Doumer,
Pourquery de Bois serin.
3e bureau. — MM. Delombre, Deluns-
Montaud et de Kerjégu.
4e bureau. — MM. Terrier, Cavaignac et
Thomson.
5e bureau. — MM. Cornudet, Bazille, Mon-
tant.
6e bureau. - MM. Poincaré, Pelletan et
Brisson.
7e bureau. — MM. Salis, Leydet et Bas-
tid.
8e bureau. — MM. Mesureur, Maurice
Faure et Siegfried.
ge bureau. — MM. Leygues (Lot-et-Ga-
ronne), Jules Roche et Boucher (Vosges).
10e bureau. — MM. Maurice Lebon, Guille-
met, Charles Ferry.
He bureau. - MM. Félix Faure, Georges
Cochery et Boudenoot. -
STATISTIQUE D'ENSEMBLE
Avant d'indiquer les opinions émises par
les commissaires, constatons que les trente-
trois élus appartiennent tous à l'opinion ré-
publicaine, soit dix-sept modérés et seize
radicaux qui sont MM. Lockroy, Raiberti,
Guieysse, Doumer, Pourquery de Boisserin,
Terrier, Cornudet, Bazille, Montaut, Pelle-
tan, Brisson, Salis, Leydet, Mesureur, Mau-
rice Faure et Guillemet.
On remarquera que les* réactionnaires, les
ralliés et les socialistes n'ont aucun représen-
tant dans la commission.
Sur les 33 commissaires 32 appartiennent
aux anciennes législatures ; un seul est nou-
veau, M. Paul Delombre.
Enfin, il convient de constater un fait assez
rare : MM. Siegfried et Leydet, le premier
modéré, le second radical, ont été élus au
bénéfice de l'âge, M. Siegfried contre M. Ber-
teaux, M. Leydet contre M. Maurice Las-
serre.
L'OPINION GÉNÉRALE
De l'opinion générale qui se dégage du pre-
mier contact du budget avec les députés, il
résulte que le budget de 1895 a de nombreux
adversaires.
Mais la constatation la plus importante à
faire, c'est gue la partie du budget relative
aux garanties d'intérêt des grandes compa-
gnies est repoussée par la majorité des com-
missaires et défendue par MM. Rouvier et
Delombre.
Nous avons indiqué quel était le caractère
de cette opération qui consiste à conclure
avec les compagnies des conventions nou-
velles qui aliènent le droit de l'Etat en ce qui
concerne le rachat des lignes concédées.
Tous les orateurs qui ont pris la parole au
cours de la discussion d'hier, depuis MM.
Cavaignac et Félix Faure jusqu'à MM. Pelle-
tan et Millerand, se sont élevés contre cette
abdication et ont montré très cîairement^ne
la combinaison du projet tendait surtout à
donner aux grandes compagnies le droit de
faire, pour le compte de l'Etat, des emprunts
déguisés.
En ce qui concerne les réformes proposées
sur les contributions directes : taxe d'habita-
tion et taxe sur les domestiques, les avis sont
partagés, et il est douteux que la substitu-
tion d'impôt, aggravée de taxes nouvelles,
soit acceptée par la majorité de la commis-
sion. Cela est tellement vrai que les com-
missaires favorables ont été obligés de faire
de nombreuses réserves.
Mais le fait caractéristique de la journée,
c'est l'opinion qui a semblé se faire au cours
de la discussion que le remède se trouve dans
la création d'un impôt sur le revenu. Nous ne
voulons pas dire qu'une majorité existe pour
cet impôt dans la commission élue, mais il a
des partisans, qui sont MM. Lockroy, Paul
Doumer, Terrier, Bazille, Montaut, Camille
Pelletan, Henri Brisson, Salis, Leydet, Mau-
rice Faure, Mesureur et Guillemet.
L'OPINION DES ELUS
Disons maintenant un mot des observations
présentées par les commissaires élus:
M. Rouvier accepte naturellement le budget
de M. Burdeau, en exprimant cependant l'avis
que la taxe d'habitation devrait se rapprocher
le plus possible de la patente, qui est plus
flexible que l'impôt mobilier. Il accepte en
outre le système imaginé pour solder les ga-
ranties d'intérêt, sous prétexte qu'il ne faut
pas émietter le crédit de l'Etat par des em-
prunts successifs.
M. Lockroy est convaincu que l'on peut
faire de grosses économies. Il discute ensuite
les réformes du budget, qu'il ne trouve pas sa-
tisfaisantes.
M. Jules Roche n'est pas hostile aux idées
générales du projet, mais s'il adopte l'idée de
l'impôt sur certains revenus, il n'admet pas
l'impôt sur le revenu global. Il conclut qu'a-
vant de faire quelque chose il faut établir la
réalité de la situation financière, qui comporte
de réelles difficullés.
M. Poincaré est nettement opposé à l'affaire
des garanties d'intérêt, parce qu'elle engage
l'avenir d'une manière fâcheuse. Pour le sur-
plus, il examinera à fond les propositions du
gouvernement.
M. Camille Pelletan n'a pas ménagé ses
critiques et il les a exprimés dans un langage
assez imagé. Il est d'avis qu'il faut faire une
politique d'économies féroces. Il s'élève contre
les dépenses croissantes de la marine, contre
ce qu'il appelle la « marinomanie » qui grève
le budget de surcharges écrasantes. Enfin il
n'admet pas qu'on fasse des emprunts en pre-
nant les compagnies pour prête-nom.
M. Cavaignac est hostile au projet de bud-
get dans son ensemble.
M. Pourquery de Boisserin se demande si,
après la conversion du 4 112 pour cent en
3 50 pour cent, il n'est pas possible de reve-
nir sur les conventions qui garantissent cinq
pour cent à des détenteurs d'un monopole.
On pourrait ainsi avoir trente millions d éco.
nomies.
M. Georges Cochery et Boudenoot discute-
ront le budget de M. Burdeau, mais ils de-
manderont des économies.
MM. Félix Faure et Charles Ferry combat-
tront les conventions avec les grandes com-
pagnies.
M. Paul Doumer considère que les réformes
apportées dans les contributions directes sont
plutôt des déplacements de taxes et ne cons-
tituent pab la meilleure répartition que le
pays exige.
M. Maurice Fauré est convaincu que l'on
aura fait de grosses économies quand on aura
supprimé tous les emplois inutiles.
M. de Kerjégu voudrait que l'on surveillât
très sérieusement l'utilisation des crédits de
la guerre et de la marine, sans toutefois nuire
OP intérêts de la défense nationale.
M* Raiberti, examinera soigneusement le
budget, mais d'ores et déjà il n'accepte pas le
système imaginé pour les garanties d'intérêt.
MM. Mesureur et Terrier voudraient que
l'on fit l'expérience d'un impôt sur le revenu,
fût-il très léger.
DÉCLARATION DE M. BURDEAU
Dans le sixième bureau, M. Burdeau a fait
une courte déclaration en réponse aux criti-
ques de M. Camille Pelletan.
Il a déclaré qu'il était prêt à chercher, d'ac-
cord avec la commission, si des économies
nouvelles pouvaient aboutir, même par réor-
ganisation de services. Ce qu'il a voulu, c'est
réaliser l'équilibre du budget sans emprunt.
Il n'a pas la prétention, en ce qui concerne
les réformes proposées pour les contributions
directes, d'avoir répondu d'avance à toutes les
objections, mais il insiste sur le principe qui
est d'atteindre le revenu global du contri-
buable par la manifestation extérieure de ses
ressources et non par l'inquisition qui est
vexatoire ou par la déclaration qui est trom-
peuse.
Il n'a pas voulu recourir à # l'impôt pour
faire face aux garanties d'intérêt, ni ouvrir
le Grand-ivredans ce but. Le procédé qu'il a
employé ne diminue en rien d'ailleurs la
force du droit de rachat des chemins de fer
entre les mains de l'Etat.
LA PRÉSIDENCE DE LA COMMISSION
La commission se réunit aujourd'hui pour
se constituer. Quatre candidatures seront en
présence pour le fauteuil présidentiel, celles
de MM. Henri Brisson, Cavaignac, Jules
Roche et Rouvier.
La bataille semble devoir se passer entre
MM. Brisson et Rouvier.
LE VASE DE LIANE DE POUGY
Mlle Liane de Pougy, qui n'a pas toujours
des billèts de 100,000 francs signés Max Le-
baudy et non contestés, ceux-là, vient d'opé-
rer la vente de son mobilier à l'hôtel Drouot.
Meubles, tableaux, bijoux, tout y a passé ;
mais un des objets les plus disputés à été le
vase de cette volage enfant, un vase en argent
très orné.
C'est un Anglais, lord Butterfield, de pas-
sage à Paris, qui en est resté acquéreur.
M. Butterfield est un ami de l'ex-impératrice
Eugénie.
Le vase en argent semble être pour beau-
coup de femmes le comble du bonheur. Il y a
quinze ans, un nommé T'Kind de Rodenbeeck
vola d'un coup 23 millions à la Banque de
Belgique, où il était caissier. Quand il an-
nonça cette bonne nouvelle à sa maîtresse,
Marie Collard, surnommée « Lolo », celle-ci
ne put s'empêcher de s'écrier :
— Tu m'achèterasunvasede nuit en argent,
n'est-ce pas ?
T'Kind s'exécuta sur-le-champ. Ce vase
était à peine acheté qu'on venait l'arrêter.
Vingt-trois millions ne lui avaient servi qu'à
satisfaire le délicat caprice de sa mai-
tresse.
LE LOT D'ARGENTERIE
DE M. MAX LEBAUDY
Hier s'est terminée à l'hôtel Drouot une
vente d'argenterie qui durait depuis cinq
jours et dont la raison est assez piquante.
Un « banquier» anglais nommé SamLevis,
traduction anglaise de Samuel Lévy, avait
vendu à M. Max Lebaudy (encore 1), pour
400,000 francs, un lot d'argenterie qui, sui-
vant la formule ordinaire, fut mis en gage
par son heureux possesseur pour 80,000 francs
chez un autre « banquier » de Paris.
Le gage, n'ayant pu être utilisé pour un au-
tre emprunt, a été vendu. Mais les ama-
teurs, s'étant pour ainsi dire syndiqués afin
d'acheter l'argenterie, bonne pour la fonte, au
moindre prix possible, le lot n'a pas atteint le
prix pour lequel il avait été engagé et le prê-
teur parisien fait une perle de plus de dix
mille francs.
L'ANARCHISTE MEUNIER
Londres, 26 avril.
L'anarchiste Meunier a de nouveau com-
paru à midi et demi, aujourd'hui, devant le
tribunal d'extradition de Bow-street.
Il paraissait un peu fatigué, mais sa figure
n'a rien perdu de son énergie.
Au banc de la défense se trouve M. Burnie,
son avocat. M. Taillefer, assisté de son ad.
joint, M. Astoul, représente le gouverne ment
français.
Le magistrat, sir John Bridge, s'adresse au
défenseur de Meunier et lui offre la commu-
nication, à lui ou à son mandataire, de toutes
les pièces du dossier.
Il l'autorise à prendre ou à faire prendre,
sans aucuns frais pour son client, des copies
de ce dossier.
Bien entendu, ce travail ne pourra être fait
que dans une chambre spéciale du tribunal,
car le dossier ne peut pas être emporté au
dehors.
M. Burnie cause quelques instants à voix
basse avec Meunier.
Il accepte ensuite l'offre du magistrat et le
remercie; puis il lui demande s'il ne serait
pas bon de commencera plaider aujourd'hui.
Il motive son désir sur ce fait que ce sont
les amis de Meunier qui font les frais de la
défense et qu'ils ne sont pas riches.
L'ajournement d'une semaine augmentera
encore les frais. 0
Sir John Bridge répond qu'il vaudrait
mieux remettre l'affaire à vendredi de la
semaine prochaine et y consacrer la journée
entière et, si cela est nécessaire, celle du len-
demain.
Lès choses sont décidées ainsi. Meunier
est ensuite reconduit dans sa cellule.
Il est évident que l'argent n'est pas abon-
dant parmi les amis de Meunier.
Son défenseur paraît très désireux de ne
pas augmenter les frais du procès. Les amis
de l'anarchiste paraissent partager cette opi-
nion.
A la sortie de l'audience, ils ont vivement
discuté avec M. Burnie à ce sujet.
Bon nombre d'anarchistes connus, parmi
lesquels beaucoup de femmes, continuent à
assister à ces différentes comparutions d'a-
narchistes devant le tribunal de Bow-street.
L'agent de la sûreté de Paris Houllier, qui
est à Londres depuis quatre ou cinq jours
pour une autre affaire que celle des anarchis-
tes, assistait également à l'audience.
Diverses notes qui circulent dans la presse
au sujet des projets des anarchistes racon-
tent que c'est tantôt un monument tantôt un
autre que les anarchistes visaient.
Il ne faut pas ajouter foi à ces bruits. D'a-
près la police anglaise, Meunier, quand il a
été arrêté, se rendait en France pour y faire
un petit séjour.
On croit même qu'il voulait tenter de faire
sauter la Bourse.
Cette même police est persuadée que Polti
et Fornaro destinaient leurs bombes à la
France et qu'ils n'avaient parlé du Royal-
Exchange, que Fornaro prenait sans doute
pour le Stock-Exchange ou la Bourse, que
dans le cas où il leur aurait été impossible
d'aller jusqu'en France
LaVIEdePARIS
Tandis que cette horrible affaire Max
Lebaudy et Talleyrand-Périgord - affaire
capitale au point de vue moral et venge-
resse — va faire descendre de leur piédes-
tal, où on les avait imprudemment ju-
chés, pas mal de gens revêtant des mi-
sères morales sans nom, il est question
de rendre définitivement un public hom-
mage à un des plus honnêtes hommes
de notre temps, à Emile Augier. On s'oc-
cupe d'organiser une réprésentation so-
lennelle à l'Odéon, dont le produit per-
mettra d'achever dignement le monument
d'Augier. La statue du poète dramati-
que s'élèvera sur la place de l'Odéon.
C'est dans ce théâtre qu'il eut ses pre-
miers succès. Il ne me déplait pas que
cette image soit placée dans le quartier
Latin, car elle sera bonne conseillère pour
la jeunesse, qu'Augier a aimée et célébrée
et à qui il donnera un exemple d'opti-
misme courageux qui n'est pas à dédai-
gner par notre temps de pessimisme cha-
grin.
Pour beaucoup de gens qui s'arrêtent
aux apparences des choses, Augier fut un
bon bourgeois, un homme de «bon sens»,
écrivant une langue passable, et rien de
plus. Pour moi, ce fut unesprit très large,
très moderne, très audacieux même,
ayant du courage à la fois dans ses
idées- et dans ses actes. Jamais ré-
volté, il est vrai, mais toujours in-
dépendant. Si on va au fond de son
œuvre dramatique, qu'y trouve-t-on?
Avant tout, l'éloge du mérite personnel,
du talent, du travail, et ceci en dehors
de toute convention sociale, de toute
hérédité, avec la raillerie pour les pré-
jugés de la naissance et le mépris
hautain de l'argent. Le mépris de l'ar-
gent devrait être le refrain continuel,
le delenda Carthago de tout démocrate
éclairé, comme le fut Augier. Car le péril
des démocraties, c'est la prédominence
qu'y prend la fortune. L'orgueil et les
privilèges de la race et de la naissance
sont des choses à peu près finies, qui ont
de moins en moins de raison d'être. La
noblesse, hélas ! a tout fait pour précipi-
ter les esprits dans l'égalitarisme. Chaque
jour, moralement, elle se suicide. Mais sa
disparition ne doit pas nous faire oublier
ce qu'elle eut de grandeur et d'utilité so-
ciale. Elle fit longtemps contre-poids à
l'envahissement du monde moderne par
l'argent.
Ce contre-poids disparu, il fallait en
trouver une autre et ce fut la noblesse de
l'œuvre d'Augier d'opposer sans cesse le
mérite à la fortune. Ennemi des révolu-
tions, libéral simplement, s'accommodant
des formes politiques du jour, dont la va-
leur et l'utilité nous apparaissent comme
de plus en plus sans importance foncière,
Augier fut cependant très hardi dans toute
sa longue carrière. Le Fils de Giboyer et
les Effrontés sont deux pièces sociales
où, notamment, le poète dramatique prend
parti pour le mérite contre la naissance
et s'élève contre une tentative de réaction
assez sérieuse qui nous menaça sous
l'empire, quand l'empereur vieillissant
laissa l'impératrice prendre un rôle qu'elle
n'aurait jamais dû avoir.
Dans la Contagion, Augier fit la plus
belle satire du monde d'une société qui
compromit et perdit le régime bonapar-
tiste, auquel, à tout prendre, le pays se
fût très bien fait s'il fùt resté démocrati-
que. Enfin, dans Madame Caverlet, nous
voyons Augier aborder de front cette
grande question du mariage et de l'amour
hors du mariage et la trancher dans
le sens de la liberté humaine. Je sais
bien que la démocratie d'Augier ne
fut pas, peut-être, aussi profonde que
nous la voudrions aujourd'hui. Il était
de son temps, à la tête du progrès,
mais ne le dépassant pas : chef de
soldats, non pas tirailleur ou enfant
perdu. Son socialisme, moins philosophi-
que, mais moins redoutable et peut-être
plus pratique que le nôtre, ne mettait en
question aucun des principes sur lesquels
vit la société bourgeoisement constituée
par la Révolution de 89. Le « droit à la
paresse », sur lequel on discute aujour-
d'hui, lui paraissait, par exemple, une
monstruosité ou une fumisterie. Très phi-
losophe personnellement, il ne se cachait
pas le danger qu'il peut y avoir à laisser
indistinctement tous les êtres humains
sans une règle de morale ayant une sanc-
tion supérieure. Mais, je vous l'assure,
nous serions plus heureux et plus tran-
quilles si toutes les idées qu'Augier a je-
tées dans son œuvre se trouvaient réali-
sées. Son esprit, en se limitant, ignorait
les inquiétudes des nôtres et peut-être,
pour ne pas songer à un avenir trop loin-
tain, pensait-il avec plus de force que
nous, que le rêve égare et endort, à l'ave-
nir réalisable du lendemain.
Et puis Augier, dans toute sa vie, fut
un brave homme. Plus je vieillis, plus
l'honnêteté et la bonté, l'indulgence et la
bienveillance me paraissent être les qua-
lités maîtresses qu'on doit aimer chez les
gens.. Ce n'est pas qu'Augier fût sans
energie, sans vivacité, peut-être même
sans rancune, dans les luttes de la vie. Il
avait un esprit de tous les diables, em-
portant le morceau. Veuillot en sut quel-
que chose et trouva à qui parler. Mais,
dans ses polémiques, Augier, très sensi-
ble, resta toujours d'une admirable
loyauté, combattant à visage découvert,
sans dessous et sans amertume. Il fit
beaucoup de bien, matériellement et mo-
ralement.
De sang gaulois, petit-fils de Pigault-
Lebrun qu'il ne renia pas, même à PAca-
démie, ayant aimé les femmes comme
Henri IV, à qui il ressemblait, il me ré-
jouissait et me réconfortait, quand je le
voyais, par la belle humeur de son dis-
cours et la joyeuse franchise de son ca-
ractère,que n'altéra que passagèrement la
maladie qui l'emporta. C'est justice de
lui élever une statue, et cet hommage qu'on
lui rend peut et doit nous consoler de tant
d'engouements, d'injustices, de niaise-
ries qu'on trouve dans la façon dont on
distribue aujourd'hui la renommée et la
gloire.
Henry Fouquier.
LES ARRESTATIONS ARBITRAIRES
L'affaire Leymarie. — Deux notivellet
erreurs policières.
L'enquête ouverte par la préfecture de po-
lice sur l'arrestation de Mlle Leymarie est
terminée.
Un seul gent revendique la responsabilité
de l'arrestation. Il soutient avoir averti, dès
le 11 avril, Mlle Leymarie de n'avoir pas à
stationner sur le boulevard de la Chapelle.
D'autre part, les filles arrêtées déclarent
n'avoir pas vu Mlle Leymarie racoler les pas.
sants. On estime à la préfecture que si l'a-
gent s'est trompé, c'est de bonne foi.
Tel est le fond des explications que le pré-
fet de police fournira, demain au Conseil mu-
nicipal.
Deux nouvelles arrestations arbitraires
L'émotion causée par l'arrestation de Mlle
Leymarie est à peine calmée, que la police
commet de nouvelles bévues.
Dimanche dernier, Mme veuve Beuret, ou-
vrière en cravates, demeurant 20, rue Albouy,
et Mme Arioli, demeurant 26, rue Montmar-
tre, partaient ensemble pour aller faire quel-
ques emplettes.
Une enfant de Mme Arioli faisait en effet sa
première communion hier et il s'agissait de
lui acheter sa robe de communiante.
En route, vers huit heures du soir, Mme
Beuret fut prise d'un malaise subit sur le
boulevard Saint-Martin. La pauvre femme,
ayant haud, avait pris une glace et cela lui
avait fait mal. Son amie la fit asseoir sur un
banc et pria une des personnes qui s'étaient
assemblées d'aller chercher de l'dther.
Les agents, voyant un rassemblement
s'approchèrent et déclarèrent que Mme Beuret
et son amie étaient ivres.
Ils les emmenèrent au poste situé 60, rue
Notre-Dame-de-Nazareth ; Mme Beuret, très
nerveuse, avait perdu connaissance.
Là le brigadier les interrogea, puis, les en-
ferma au violon.
A minuit seulement elles furent relâchées ;
mais l'affaire, parait-il, n'en restera pas là,
car, sur les instances du beau-frère de Mme
Beuret, une enquête est ouverte contre les
gardiens de la paix et le brigadier, qui ont
négligé de prendre sur ces deux dames des
renseignements qui certainement auraient
démontré leur parfaite honorabilité.
M. Maury, conseiller municipal du
deuxième arrondissement, interpellera le
préfet de police à ce sujet.
PRINCE ROYAL SÉNATEUR
Rome, 26 avril.
Le duc des Abruzzes, majeur maintenant, a
prêté serment aujourd'hui comme sénateur.
Les sénateurs et les ministres étaient debout.
Le président a constaté que c'était la première
fois qu'un prince royal prenait part à une séance
du Sénat.
Le duc des Abruzzes a remercié et a dit qu'il
garderait le Kouvenir de ce jour parmi les plus
chers. Il est heureux de siéger parmi les sénateurs
qu'il salue affectueusement comme des collègues.
la Compagnie Transatlantipe
xxx
L'HOSPICE DES INCURABLES
« Entretien des paquebots désarmés, frais
» d'hôpital, de déplacements, congés, etc.,
» etc.: 629,028 fr. 35 », tel est le libellé de l'ar-
ticle du compte d'exploitation qui a, en troi-
sième lieu, piqué notre curiosité.
Pourquoi conserver des paquebots désar-
més ? Sans doute, quand un armateur n'a pas
de services postaux à desservir exclusive-
ment — et surtout quand, armateur libre, vi-
vant exclusivement de son trafic, il a pour
adversaire la Compagnie transatlantique, —
il peut très bien lui arriver d'avoir des navi-
res désarmés; car en général le système des
armateurs est de ne pas se ruiner. Mais c'est
là une situation fâcheuse, une situation tem-
poraire, exceptionnelle, comme celle en ce
moment des entreprises de Marseille qui des-
servent l'Algérie concuremment avec M. Pe-
reire. Mais avoir, de fondation, un certain
nombre de paquebots désarmés, — inutiles et
coûteux tout à la fois, — voilà ce qui ne se
comprend pas facilement.
Est-ce que la Malle royale a cette maladie-
là ? Voici l'état, avec emploi spécifié de sa
flotte : pas de paquebots désarmés. Et la Com-
pagnie Cunard? Pas do paquebots désarmés
non plus. Mais alors pourquoi M. Pereire,
qui a justement les mêmes navigations à
fournir que la Compagnie Cunard et la Malle
royale, pourquoi a-t-il seul tant de chevaux
à l'écurie ?
C'est très simple ; seulement il nous faut
encore prendre un petit bout de chemin de
traverse pour arriver à notre but. Vous ver-
rez bien que c'est nécessaire, car jamais M.
Pereire ne nous dirait de lui-même la réponse
péremptoire que nous allons trouver tout à
l'heure à notre pourquoi.
L'exécution de tous les services de la Com-
pagnie transatlantique, tels qu'ils existent
actuellement, subventionnés et non subven-
tionnés, productifs et onéreux, utiles ou su-
perflus, comporte le concours de 54 paque-
bots, savoir :
La ligne du Havre à New-Yorli. 5 paquebots
— de St-Nazaire à Colon et
Vera-Cruz. 5 mm
— du Havre à Colon et Haïti.. 5 —
— de Marseille à Colon. 3 —
La station des Antilles. 3 —
Les services d'Algél'ie. 24 —
Les services de cabotage. 9 —
Et il ne faut pas que l'on dise que ce serait
impossible, parce que nous répondrions deux
choses : la première, que ces effectifs, pour
les grandes lignes de New-York et des An-
tilles, sont précisément ceux de la Compa-
gnie Cunard et de la Malle royale, — et la
seconde, que le parcours total des services
postaux et autres de la Compagnie transat-
lantique étant de 761,166 lieues (page 11 de
son rapport du 29 juin 1893), l'utilisation
moyenne de 54 paquebots serait de|J-rl4,09i
lieues par an, et que les Messageries mariti-
mes, qui desservent 822,135 lieues par an
avec 58 paquebots, présentent par conséquent
une utilisation moyenne de 15,058 lieues par
navire, une utilisation moyenne qui est, par
conséquent supérieure de967 lieues par navire
et par an à celle que nous assignons aux pa-
quebots transatlantiques.
Or, la Compagnie transatlantique possède,
avec la Navarre, actuellement en service, 64
paquebots à flot. Elle en a donc 10 de trop,
qui traînent inactifs dans divers coins reti-
rés, aussi loin des regards que possible, et
qui motivent cette dépense annuelle de
600,000 francs, — car l'hôpital, les déplace.
ments, les congés ne sont là que pour allon-
ger l'énoncé ^du compte et le rendre clua digar
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