Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1894-04-21
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Description : 21 avril 1894 21 avril 1894
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Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 29/04/2013
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SAMEDI 21 AVRIL 4S94
BEDâCliOi Eï AifBISISTBATIOR -;
142, Rue Monti|iartrç ;
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BIRECTEOB POLITIQUE
A.-Edouard PORTALIS
Adresse télégraphique : XIX. Uboea - pàffl
Téléphone : £ 0.289 bu.
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LES
Sociétés CoQflftte
Une question qui tient aussi l'ordre du
jour de l'opinion et qui soulève de vives
discussions est la coopération.
Le but de la coopération est de suppri-
mer l'intermédiaire entre le producteur
et le consommateur et, par conséquent,
de faire profiter celui-ci des bénéfices nets
prélevés par le commerçant sur la mar-
chandise qu'il débite.
C'est presque exclusivement sur l'épi-
cerie que se fait la coopération, parce que
la marchandise objet de ce commerce
n'exige aucune façon avant d'être livrée
aux clients; il y a aussi quelques boulan-
geries, très peu de boucheries.
Faut-il croire que la fabrication du
pain ne laissé-pas de grands bénéfices et
que les bouchers ont, pour le détail de la
viande, un tour de main qui leur a per-
mis jusqu'à présent d'avoir raison des so-
ciétés coopératives ayant tenté de leur
faire concurrence?
Les sociétaires des coopératives ne sont
ni les gens riches qui ont leur fournisseur
prenant leurs commandes et livrant à do-
micile, ni les gens pauvre dont l'existence
est un problème.
C'est la population moyenne qui four-
nit aux sociétés coopératives, le monde
d'ouvriers déjà aisés, d'employés et de
petits rentiers.
La coopération, qui est un sujet traité
depuis longtemps avec des exemples
du dehors assez séduisants, devait ar-
river à prendre rang parmi les ques-
tions d'intérêt publics; c'est ce qui a eu
lies.
Le législateur veut réglementer ou plu-
tôt légaliser le fonctionnement des so-
ciétés coopératives qui, cependant, ont
jusqu'ici su vivre sous le régime des lois
existantes et n'ont rencontré, que je sa-
che, aucune entrave. -
Ces sociétés ne payent pas de patente ;
le projet de loi les concernant veut confir-
mer l'exemption de cet impôt.
Elle auront donc cet avantage de plus
sur le commerce qui, on le sait, est grevé
d'une grosse patente surchargée de centi-
mes additionnels.
C'est contre cette exemption d'impôts
que proteste le commerce de détail.
Il n'a pas la prétention de poursuivre
l'interdiction du système coopératif, mais
il demande que le débit des marchandises
commerciales, quel que soit le mode em-
ployé, subisse d'égales charges publiques.
»%
Un de nos lecteurs nous écrit à se su-
jet :
« Personne n'ignore que les sociétés
coopératives, de plus en plus nombreuses,
sont exemptes des droits de patente et des
droits proportionnels que payent tous les
commerçants sans exception. En outre,
ces sociétés n'ayant aflaire qu'à une clien-
tèle assurée et payant comptant, il est
évident qu'elles ont là un avantage excep-
tionnel sur le commerçant.
» Mais ce qui choque, c'est que tout le
monde n'a pas le moyen de payer comp-
tant. Le modeste et honnête ouvrier dont
la situation est précaire, celui qui vit au
jour le jour, celui que ses charges de
famille obligent à acheter parfois à crédit,
celui qui est malade ou qui chôme, où se
fournit-îl ? Chez le petit épicier de son-
quartier, qui fait erédit souvent par com-
misération, sans espoir d'être payé.
» Pensez-vous, nous dit-il, que les ou-
vriers aisés, les gros employés, les re-
traités, les bourgeois, les propriétaires
doivent jouir du privilège réclamé par les
sociétés coopératives?
» Je conclus à la suppression des privi-
lèges, comme l'a voulu la Révolution; ce
que je trouve juste, c'est qu'une société
coopérative paye l'impôt comme tout né-
gociant auquel elle est assimabie. L'Etat
y gagnera et le législateur aura évité la
ruine d'une catégorie nombreuse de Fran-
çais vivant honnêtement du prix d'un
labeur incessant. »
Voilà ce que nous écrit un correspon-
dant des environs de Paris. Ses argu-
ments tiennent debout, il n'y a pas à dire
le contraire, mais ils ne toucheront pas
les coopérateurs qui défendent leur inté-
rêt matériel. En pareil cas, le sentiment
est foulé aux pieds, c'est la loi du chacun
pour soi.
Le consommateur se défend, le négo-
ciant se défend aussi; tous deux ont de
bonnes raisons à faire valoir, et le législa-
teur sera bien embarrassé au moment où
il devra prendre parti par un vote public
dans la question.
La préoccupation électorale aura une
grande influence sur la décision du Parle-
ment.
Je n'ai aucune préoccupation de ce
genre, mais je ne puis traiter ici d'une
manière complète de la coopération.
Ce que je veux dire, c'est que cette
question, qui a fait couler des flots d'en-
cre, n'a pas, quoi qu'on dise, la portée
d'une question sociale.
Le sujet, d'ailleurs, n'intéresse pas la
population rurale, où généralement la
coopération est impraticable; elle ne peut
être établie que dans les grands centres,
et dans quelques-uns déjà elle a fait grand
tort au petit commerce local.
Si le système coopératif progresse dans
de grandes proportions, il ne restera, un
jour, que les grands magasins et les so-
ciétés coopératives.
A
Seulement, la population ouvrière sera-
t-elle plus heureuse parce qu'il n'y aura
plus de petits commerçants ? Hélas t ceux
qui pensent ainsi se font une grande illu-
sion. Il en est de ceci comme de beau-
coup d'autres projets.
On saura dans une trentaine d'années et
même plus tôt que nos contemporains au-
ront trop aimé à se nourrir d'expériences
chimériques* - - .7 1 -
Beaucoup de sociétés qui se fondent
tous les jours et qui poursuivent un but
philanthropique ne quittent pas les sen-
tiers battus de la routine : les unes de-
mandent l'impossibilité au capital, comme
si sa force productive était inépuisable;
d'autres ont également leur défaut parti-
culier.
., Les coopératives n'ont en vue que la
consommation, qui est loin d'être le point
capital dans la question de l'alimenta-
tion.
C'est la production qui est la question
primordiale, et personne ne s'en occupe.
Croit-on que par la coopération on
puisse réaliser l'idéal de la vie à bon
marché ? C'est impossible. .¿
Les sociétés coopératives actuelles don-
nent de 7 à 8 pour cent dé bénéfices à leurs
adhérents, ce qui constitue pour un achat
annuel en épicerie dé mille francs 70 ou
80 francs de bénéfices. Et il est à noter
que certains articles sont vendus plus
cher par les coopératives que chez l'épi-
cier. u
Mais j'admets le bénéfice de 80 francs,
s'ensuivra-t-il une augmentation de bien-
être équivalente ?
Du moment que la production n'aug-
mente pas, tant qu'il n'y a toujours que la
même quantité de produits à consommer
et que la somme en est insuffisante, l'ai-
sance ne peut régner dans la société. Il y
a des , déplacements : l'un consomme plus
que l'autre, mais, le total restailt le même,
s'il y avait pénurie avant, il y aura pénu-
rie après.
Croit-on, par exemple, que si tous ceux
qui ne consomment pas selon leurs besoins
venaient à voir doubler leurs salaires ou
revenus quotidiens, ils verraient enmême
temps leurs besoins satisfaits doublement
par rapport à leur situation antérieure ?
Ils seraient Gros-Jean comme devant.
Les denrées ayant une fois plus de de-
mandes doubleraient de prix, voilà tout.
Il faudrait 10 francs pour se procurer ce
qui coûtait 5 francs auparavant.
Les sociétés coopératives, qui ne produi-
sent rien, ne peuvent donc profiter qu'à
une partie de la population et non à tout
le monde.
Elles favorisent les uns et lèsent les in-
térêts des autres. La proportion est à dé-
terminer; c'est ce que je me propose de
faire un jour.
Thomas Graindorge.
L'EXPOSITION CLARET
On sait que M. Casimir-Perier, ministre des
affaires étrangères: président du conseil, M.
Burdeau, ministre des finances, M. Marty,
ministre du commerce, et M. Jonnart, minis-
tre des travaux publics, doivent assister, le
29 de ce mois, à l'hlauguration de l'Exposi-
tion de Lyon, ou plus exactement de l'Expo-
sition Claret.
L'Exposition de Lyon ne ressemble pas, en
effet, à la plupart des entreprises du même
genre. C'est une entreprise privée, qui a été
concédée à un particulier, entrepreneur de son
état, M. Claret, comme jadis l'Exposition du
cinquantenaire des chemins de fer, qui a si
mal fini, avait été concédée à M. Gabriel
Lévy, directeur de la maison du « Bon Gé-
nie ».
Nous avons dit que M. Claret avait été un
boulangiste enragé et qu'il avait livré au
comte Dillon et à M. Henri Rochefort le jour-
nal le Petit Lyonnais dont il était alors le
fermier. Sa présence aux côtés du président
du conseil dans les fêtes officielles sera même
probablement l'exhibition la plus curieuse de
l'Exposition qui,ainsi que la précédente expo-
sition lyonnaise, s'annonce comme un four
noir.
M. Claret ne compte plus que sur la pré-
sence du président de la République pour
achalander son affaire. « La visite de M. Car-
not me vaudra, dit-il, une recette de 500,000
francs, sans compter la décoration qui ne
saurait échapper à un concessionnaire gé-
néral ayant eu l'honneur de recevoir le chef
de l'Etat. »
M. Carnot rendrait visite à l'exposition Cla-
ret le 17 juin. La chose pourtant n'est pas
encore absolument décidée.
UN PROPOS DE TABLE
Un de nos confrères du soir a relaté hier un
propos tenu par un conseiller général socia-
liste de la Seine — qu'il ne nommait pas —
dans un dîner officiel, propos qui aurait
provoqué une riposte fort vive d'un des con-
vives appartenant à l'armée,
L'incident auquel il est fait allusion re-
monte au jeudi 12 avril. Il s'est produit au
restaurant Sylvain, où s'étaient rendus pour
déjeuner les membres du conseil de revision
qui avaient examiné dans la matinée à la
mairie Drouot les conscrits du neuvième ar-
rondissement.
A ce repas, présidé par M. Laty, conseiller
de préfecture, assistaient M. de Clausonne,
conseiller de préfecture, le colonel Lelong,
l'intendant Brueyre, le maire de l'arrondisse-
ment, MM. Caplain et Renou, conseillers gé-
néraux de la Seine, le commandant de recru-
tement, les deux médecins et les deux fonc-
tionnaires (chef de division et chef de bureau)
du service militaire à la préfecture de la
Seine.
Vers la fin du repas, la conversation, tout
naturellement, roulait sur le métier militaire.
Un des convives ayant émis l'opinion que
les Parisiens étaient généralement mauvais
soldats, M. Renou, conseiller général socia-
liste de Clichy, répliqua assez haut pour que
tout le monde l'entendit
« N'oubliez pas que les mauvais soldats
font les bons citoyens. » >
A ces paroles la plupart des convives se le-
vèrent en protestant. L'attitude de M. Re-
nou fut appréciée d'assez verte façon par
quelques-uns des officiers présents. Il s en
fallut de peu qu'on ne le mit à la porte.
Cependant la querelle s'apaisa. M. l'inteu-
dant Brueyre, désirant la vider complètement,
dit à M. Renou : « Chacun de nous a ses con-
victions politiques et nous les défendons
quelquefois avec une excessive chaleur. Mais
il est un terrain sur lequel, j'en suis sûr, nous
pouvons tous nous rencontrer, c'est celui du
patriotisme. Je bois à l'armée ! »
A quoi le conseiller socialiste répondit, ag-
gravant en quelque sorte sa première parole :
« Je regrette de ne pouvoir m'associer à ce
» toast. Je ne reconnais pas les armées per-
» manentes. »
Tel est, aussi fidèlement rapporté que possi-
ble, cet incident qui n'a paslimportance ni le
earactère qu'on lui avait prêtés.
Le lieu et le moment où fut tenu le propos,
cause de cet incident montrent assez qu'il s'a-
git surtQut,,, :. d'une question de conve-
nances,
RÉBELLION D'ÉVEOUES
L'ESPRIT NOUVEAU
Le gouvernement se décide à agir. — Le
cas de l'archevêque Coullié. —
Appointements supprimés
f Le gouvernement, en décidant hier de sus-
pendre le traitement de l'archevêque de Lyon
et en déférant sa lettre pastorale au conseil
d'Etat pour obtenir la déclaration comme
, d'abus, a pris une résolution qui est manifes-
tement en contradiction avec les tendances
d'« esprit nouveau » apportées à la tribune de
la Chambre par le ministre des cultes, M.
Spuller.
Il semble qu'en prenant cette décision le
gouvernement ait voulu donner satisfaction
aux réclamations de la plupart des députés
républicains, qui ont été â même de constater
dans leurs départe inen ts,peadant les vacances,
combien la direction nouvelle de la politique
était en opposition avec les intérêts de tous
les républicains. <
Nous doutons que ce coup de barre à gau-
che soit de nature à rassurer les républicains;
mais il est certain, par contre qu'il sera con-
damné par tous les réactionnaires, monar-
chistes ou ralliés.
L'ARCHEVÊQUE DE LYON
Donc M. Spuller s'étant assuré, comme
nous l'avions fait prévoir, de l'authenticité de
la lettre pastorale de l'archevêque de Lyon
qui engage son clergé à ne faire aucun cas
de la loi récente qui a modifié les conditions
de comptabilité des fabriques, applicable à
partir de cette année, il a été reconnu après
discussion que M. Coullié, le prélat lyonnais,
devait être privé de ses appointements pen-
dant un temps qui n'a pas été déterminé et
que, de plus, sa circulaire devaitêtre trans-
mise au conseil d'Etat pour en obtenir l'an-
nulation.
En frappant d'abord l'archevêque de Lyon,
— plusieurs prélats, archevêques et évêques,
étant dans le même cah, — le ministère a
voulu indiquer que tous ceux qui ont atta-
qué le pouvoir civil se verraient appliquer des
mesures de rigueur.
UNE CIRCULAIRE MINISTÉRIELLE
Afin de se renseigner exactement sur les
manifestations identiques à celle de l'arche-
vêque de Lyon, M. Spuller a été invité à
adresser une circulaire à tous les archevêques
et évêqnes.
Cette circulaire, envoyée hier soir, est ainsi
conçue :
Monsieur l'évêque,
Depuis la session du 1" avril, j'ai reçu des con-
seils de fabrique de divers diocèses un certain
nombre de délibérations protestant contre la nou-
velle réglementation que la loi du 26 janvier 1892
a imposée aux fabriques et consistoires.
Ce mouvement est assez superficiel et répond
peu aux nombreuses excitations des individualités
politiques qui cherchent dans cette circonstance un
nouveau prétexte à divisions, puisque le nombre
des documents dont il s'agit ne dépasse pas, tout
compte fait, depuis la promulgation de la loi, le
chiffre de 1,230, alors qu'il existe en France près
de 35,000 conseils de fabrique.
Encore convient-il de distinguer parmi les pièces
que j'ai reçues celles qui n'expriment qu'un désir
de modifications, et qui pourront être examinées
après la mise en pratique du nouvenu règlement,
de celles qui s'attaqucnt au principe même de la
loi et constituent dès à présent de véritables refus
d'obéissance.
Ces dernières, dès qae l'existence en aura été
dûment constatée, ne pourront pas rester sans ré-
pression. Il faudra bien que leurs auteurs com-
prennent que la capacité civile reconnue à un éta-
blissement quelconque oblige cet établissement à
une comptabilité régulière dont la forme et le con-
trôle relèvent exclusivement du pouvoir qui a pro-
noncé cette reconnaissance.
Ainsi que je l'ai déclara à la tribune de la
Chambre, il est indispensable ci/ae le règlement
d'administration publique délivré par le conseil
d'Etat, en vertu de la dClégati/légale qu'il avait
reçue, soit partout mis à exéeufton, car personne
ne peut être au-dessus de la Jwi, et le gouverne-
ment, qui a charge de son application, est ferme-
ment résolu à ne pas faillir à son mandat.
Je viens donc vous demander de vouloir bien
me donner connaissance du texte officiel des ins-
tructions que vous avez cru devoir adresser aux
conseils de fabrique, à l'occasion de la mise en
pratique des nouvelles dispositions légales régle-
mentaires, soit que vous ayez fait parvenir ces ins-
tructions par lettres pastorales ou circulaires, soit
que vous les ayez insérées, sous forme de com-
muniqué, dans la Semaine religieuse de votre
diocèse.
Je vous serai obligé de répondre à ma demande
dans la huitaine. Le gouvernement ne saurait se
désin'éresser plus longtemps de l'application d'une
loi votée par les pouvoirs publics et dont l'exécu-
tion doit etre assurée au mème titre que celle des
autres lois. Il pourrait encore moins laisser se
prolonger une agitation qui serait de nature à
mettre en péril le droit souverain de l'Etat en
même temps que les intérêts du culte.
Agréez, Monsieur l'évêque, l'assurance de ma
haute considération.
Le ministre de l'instruction publique,
des beaux arts et des cultes,
E. SPULLER.
LA JURIDICTION APPLICABLE
Il convient d'indiquer maintenant la juri-
diction qui pourra être appliquée aux con-
seils de fabrique — ils sont au nombre de
1,120 — qui se sont mis hors la loi en n'éta-
blissant pas leurs budgets conformément à
la loi nouvelle, mais d'après les règles an-
ciennes.
L'ordonnance du 12 janvier 1825 permet la
révocation d'un conseil de fabrique quand
celui-ci, requis de présenter un budget ou de
rendre ses comptes, aura refusé ou négligé de
le faire. Il pourra être révoqué pour toute
autre cause grave.
Le conseil peut être révoqué par le minis-
tre, quand même l'évêque ne Tapas demandé.
Après la révocation, il est procédé à la réor-
ganisation du conseil par le préfet et par l'é-
vêque, conformément à l'article 6 du décret
du 30 décembre 1809.
Le ministre a le droit de révocation indivi-
duelle (arrêtés de 1825, 1826, 1834, 1837 et
1852), et c'est le conseil de fabrique qui, par
la voie de l'élection, doit remplacer le ou les
membres révoqués.
Il peut donc se produire ce cas que le mi-
nistre révoque les fabriciens désignés par
l'évêque ; ceux désignés lors de la reconstitu-
tion par le préfet ont alors le droit, par voie
d'élection, de remplacer les collègues révo-
qués.
Un arrêt du conseil d'Etat en date du 9
mars 1886 est venu confirmer cet avis et con-
firmer l'interprétation administrative. Le
conseil d'Etat, en effet, a rejeté un pourvoi
contre un arrêté du ministre des cultes pro-
nonçant la révocation du conseil de fabrique
de Joinville-le-Pont, bien qu'elle n'eût pas
été demandée par l'archevêque de Paris.
L'arrêt porte :
Considérant qu'en disposant que le ministre des
cultes pourrait, sur la demande des évêques et
l'avis des préfets, révoquer un conseil de fabrique
pour défaut de présentation du budget ou de red-
dition de comptes ou pour toute autre cause grave,
l'article 5 du 12 janvier 1825 n'a [fait que conférer
aux évêques le droit de prendre l'initiative de ces
mesures toutes les fois qu'elles leur paraltraient
utiles au-point de vue des intérêts du culte, mais
qu'il n'a point enlevé au ministre le droit d'appré-
cier IflS - caules u grana qui, même en l'absence
d'une proposition de l'évêque, pourraient rendre
une révocation nécessaire ; qu'il sort de là que le
ministre des cultes a pu, sans excéder ses pou-
voirs, prononcer, bien qu'elle n'eût pas été deman-
dée par l'archevêque de Paris, la révocation du
conseil de fabrique de Joinville-le-Pont.
CHAPEAU DE CARDINAL
Ajoutons en terminant que M. Coullié, ar-
chevêque de Lyon, était proposé pour rece-
voir un chapeau de cardinal.
LE BUREAU DU CONSEIL GENERAL
Les conseillers généraux socialistes avaient
été convoqués hier pour s'entendre sur l'élec-
tion du bureau du conseil général de la Seine,
qui doit avoir lieu à l'ouverture de la séance
d'aujourd'hui.
11 membres seulement, sur 22 dont se com-
pose le groupement, assistaient à la séance.
Ils ont décidé de voter aujourd'hui en blanc
pour toutes les fonctions afin de témoigner
leur mécontentement de n'avoir pas été con-
sultés par le groupe radical lors de la forma-
tion de la liste des candidats à ces fonctions.
DEMANDE EN DISSOLUTION
DE LA
COMPAGNIE TRANSATLANTIQUE
Le tribunal de commerce vient d'être saisi
d'une demande en dissolution de société de
la Compagnie générale transaHantique.
La demande est basée sur ce fait que les
trois quarts du capital social n'existent plus
et que, le conseil d'administration ne s'étant
pas conformé aux prescriptions de l'article
37 de la loi du 24 juillet 1867 et n'ayant pas
fait statuer l'assemblée générale des action-
naires sur la question de savoir s'il y avait
lieu de prononcer la dissolution de la société,
tout actionnaire a le droit de faire prononcer
là dissolution par les tribunaux.
L'affaire, appelée à l'audience d'hier, a été
remise à quinzaine.
LE DIVORCE
DE M. FÉLICIEN CHAMPSAUR
La quatrième chambre du tribunal civil de la
Seine, présidée par M. Soleau, vient de prononcer
le divorce entre M. et Mme Félicien Champsaur;
Ce divorce a été prononcé au profit de Mme Fé-
licien Champsaur.
POURSUITES
CONTRE LE DÉPUTÉ TOUSSAINT
Ainsi que nous l'avions fait prévoir, le gou-
vernement a décidé hier de demander à la
Chambre, dès la rentrée, d'autoliser des pour-
suites contre M. Toussaint, député socialiste
du onzième arrondissement de Paris.
M. Toussaint est accusé, par le procureur
général de Rennes, d'avoir, ces jours der-
niers à Trignac, où des ouvriers se sont mis
en grève, violemment interpellé les gendar-
mes. Il les aurait traités d'insolents et de ca-
pons.
M. Toussaint, qui représente le onzième ar-
rondissement depuis les dernières élections,
appartient à la fraction socialiste alterna-
niste ; c'est un ancien employé de com-
merce.
Faisons remarquer, en outres, que M. Cou-
tant, député socialiste de la Seine, qui a pro-
noncé à Trignac des discours qui ont provo-
qué un procès-verbal de la part du commis-
saire de police, n'est pas compris dans la de-
mande que fera à la Chambre le procureur
général de Rennes.
L'INTERVIEW DU ROI HUMBERT
Quelles sont les raisons qui ont décidé le roi
Humbert à se faire interviewer et par qui a
été ménagée l'entrevue qu'a eue le souverain
avec notre confrère du Figaro, M. Gaston
Calmette ?
Telle est la question qui occupe en ce mo-
ment certains journaux.
Dans une lettre qu'il adresse au Temps, M.
Calmette déclare qu'il n'a jamais dit, comme
le donnait à entendre un correspondant de
la Tribuna, que l'ambassade de France à
Rome avait ignoré sa visite au Quirinal.
« Ce serait, ajoute-t-il, me montrer bien
oublieux et bien ingrat. Le roi no m'a reçu,
tout au contraire, qu'après avoir très gra-
cieusement annoncé cette visite à M. Billot.
Le représentant du gouvernement de la Ré-
publique française en a donc été le premier
informé. »
Ce passage de la lettre de notre confrère
semble confirmer une note de la Correspon-
dance politique qui assure que c'est par M.
Billot lui-même qu'a été présentée la demande
d'audience du rédacteur du Figaro.
La Correspondance politique, qui dit tenir
le renseignement de l'ambassade d'Italie à
Vienne, affirme en outre que, contrairement
aux usages, ce n'est pas au ministre des af-
faires étrangères, mais au roi directement
que s'est adressé M. Billot.
D'autre part, on écrit de Vienne que M. Bil-
lot aurait agi en cette circonstance à l'insu du
gouvernement et sur l'invitation personnelle
de M. Carnot.
MOUVEMENT DIPLOMATIQUE
Dans l'une des dernières séances du con-
seil des ministres, le président du conseil, mi-
nistre des affaires étrangères, a fait approu-
ver le mouvement diplomatique ci-après :
M. Barrére, ministre à Munich, est nommé am-
bassadeur à Berne, en remplacement de M. Arago
admis à la disponibilité de son grade ;
M. le marquis de Reverseaux, ministre! plénipo-
tentiaire chargé de l'agence et consulat général de
France au Caire, est nommé ambassadeur à Ma-
drid, en remplacement de M. Roustan, admis à
faire valoir ses droits à la retraite ;
M. de Coutouly, ministre à Bucarest, est
nommé à Munich, en remplacement de M. Bar-
rére ;
M. le comte d'Aubigny, ministre à Tanger, est
nommé ministre à Bucarest, en remplacement de
M. de Coutouly ;
M. Cogordan, délégué à la commission euro-
péenne du Danube, est chargé de l'agence et con-
sulat général de France au Caire ;
M. Harmand, ministre plénipotentiaire en mis-
sion, est nommé ministre à Tokio en remplace-
ment de M. Sienkiewicz ;
M. de Monbel, ministre plénipotentiaire en mis-
sion, est nommé ministre à Tanger en remplace-
ment de M. le comte d'Aubigny;
M. Millet, ministre à Stockholm, est promu à la
première classe de son grade.
Le président du conseil, ministre des af-
faires étrangères, compte soumettre prochai-
nement à la signature du président de la
République un décret conférant à M. Rous-
tan la dignité de grand-officier de la Légion
d'honneur.
TROUBLES EN TURQUIE
Constantinople, 19 avril.
Les nouvelles du Yemen signalent une nouvelle
insurrection des tribus du district montagneux
d'Asyr. Les insurgés recevaient des armes de
Souakim.
La Porte a été informée de Vienne que de nom-
breuses caisses d'armes destinées aux révolution-
naires arméniens sont, à Trieste, prêtes à être em-
barquées pour Trébizoade, Samaauo, lPlrAO et
autres points de ,J'Al!. - ,
LAVIEDEPARIS
On sait que M. Alexandre Dumas pu-
blie une édition complète de ses œuvres
dramatiques et qu'en homme pour qui le
théâtre n'est pas une vaine amusette, il
revient volontiers sur ses drames et ses
comédies pour en mettre en saiUie, en
commenter et au besoin en défendre les
idées maîtresses. Rien n'est plus intéres-
sant que ces commentaires et, en dehors
même de toute la valeur qu'ils peuvent
avoir pour les gens du métier et les let-
trés, je dirai que j'ai trouve toujours je
ne sais quel charme et quelle grande
dans cette façon de parler de soi'et de ce
qu'on a voulu faire, chez les hommes de
haute valeur. Le volume nouveau du théâ-
tre de Dumas s'appelle, d'un tour très
spirituel, le Théâtre des autres. C'est dire
qu'il résume les pièces où Dumas a été le
collaborateur d'autres écrivains qui ont
fini, en face du succès, par vouloir lui
nier sa part de paternité. Ce fut le cas
pour Héloïse Paranquet en collaboration
avec M. Durantin, pour le Supplice d'une
femme écrit avec M. de Girardin, aussi,
je crois, pour les Danicheff.
M. Dumas n'a pas été heureux, il le
faut reconnaître, avec ses collaborateurs.
Il le constate. Ce qu'il ne pouvait pas
constater lui-même, mais ce qui est fort
exact et ce qui ne fait doute pour per-
sonne parmi ceux qui savent le vrai des
choses, c'est que oco défooireb no l'ont pao
dégoûté de donner ses conseils à ses amis
qui les réclamaient, de mettre son expé-
rience au service des jeunes gens. Litté-
rairement aussi, il a été le « confesseur
laïque » qu'il a été pour bien des femmes,
et, là comme ici, a apporté cette grande
conscience et cette haute probité intellec-
tuelle qui le rendent si cher à ceux qui le
connaissent vraiment.
Dans les préfaces tlu Théâtre des au-
tres, M. Alexandre Dumas a traité cette
gro se question de l'invention au théâtre,
du plagia, ue ia contrefaçon, de l'assimi-
lation qui, de temps en temps., se retrouve
sur le tapis et a causé de si vives polémi-
ques dans le monde dramatique.
J'ai été bien heureux de voir Dumas,
avec sa haute et légitime autorité, émettre
sur ces matières des opinions qui me sont
bien chères. Il trouve à bon droit qu'on
abuse étrangement de ce reproche de pla-
giat, qu'on a adressé successivement à
presque tous les auteur, dramatiques de
notre temps et qu'on n'adresse pas aux
illustres maîtres de notre scène classique
uniquement parce qu'ils sont morts depuis
longtemps et que les gloires posthumes
ne chagrinent personne. Mais, en vérité,
on a voulu pousser la propriété des idées
jusqu'à des limites qui touchent au ridi-
cule. Il n'est pas de jour où l'on ne trouve
dans les gazettes des réclamations ou des
avertissements qui sont tout ce qu'il y a
de plus étrange.
Je crois bien que si j'annonçais mon
intention de faire représenter une pièce
où le jeune premier, à qui on refusait la
main de la jeune première parce qu'il
n'était pas assez riche, l'épouse à la la fin
de la comédie, ayant hérité d'un oncle, —
je crois bien que je recevrais dix lettres
de braves gens m'écrivant qu'ils ont fait
semblable trouvaille en leur imagination et
qu' « ilsprennent date ! » La vérité, queM.
Dumasa lecourage de dire et qu'il dit d'une
façon exquise,c'est qu'en matière d'art, et
en matière d'art dramatique peut-être plus
qu'ailleurs, il y a peu d'invention, que
rien n'est plus difficile que de faire la
part de l'inventeur, de trouver le point
précis où il cesse d'emprunter pour écrire.
Corneille, Racine, Molière, à tout pren-
dre, sont des plagiaires. Le Voyage de
Monsieur Perrichon, en sa partie essen-
tielle, est contenu dans une phrase des
Maximes de La Rochefoucauld. Le vrai
créateur, au théâtre, est celui qui donne
à une idée venue on ne sait d'où, em-
pruntée à une œuvre manquée souvent,
une forme d'art supérieure qui, sans
même vouloir être définitive, est cepen-
dant assez vivante, assez forte pour frap-
per le public et réussir auprès de lui. Je
tiens pour i contestable que la plupart
dés pièces de théâtre peuvent et doivent
être indéfiniment refaites. Qui voudrait
écrire un Misanthrope contemporain se-
rait un audacieux peut-être, non un pla-
giaire.
La plagiat, c'est simplement la copie
grossière, sans perfectionnement des
moyens. Mais en dehors de cela, en géné-
ralisant le débat, qui pourrait se vanter
d'être l'inventeur des idées auxquelles il
donne une forme? Ces idées que nous
avons ne nous viennent-elles pas de nos
lectures, de notre milieu, des conversa-
tions entendues, des hasards de la vie ?
Mon toujours regretté maître Renan, si ri-
che cependant d'imagination, avait cou-
tume de dire qu'il ne comprenait pas qu'on
se fît payer un travail intellectuel, en
tant qu'invention d'idées. Ce qu'on peut
payer, disait-il, c'estla miseen œuvre,l'art
de l'exposition, lapeine prise à la recherche
de l'expression juste. Mais ce que je pense,
disait Renan, est-il à moi? Et, avec la
bonhomie fine qui était le charme de
sa conversation, il s'amusait à nous
dire les origines et le « pourquoi » des
idées qui, chez lui, passaient pour les
plus originales. « Je dois ceci à ma mère,
ceci au vieux curé de Tréguier, ceci à une
rencontre en mes voyages, ceci à Platon,
ceci à saint Augustin, cela à mon ami
monsieur Berthelot. » Ceux de nous qui
n'ont pas la prétention d'être de grands
penseurs peuvent faire de même cet exa-
men de conscience. Ils verront que leurs
opinions, leurs travaux, leurs articles
sont comme le résultat d'un travail de
chimie, d'une sorte de digestion intellec-
tuelle de toutes sortes de choses vues,
lues, entendues, jetées dans ce creuset
qu'est notre cerveau. Ce qui vaut, encore
une fois, c'est la netteté, la force, le
charme donnés à la pensée. Quand à dire
d'où viçut celle-ci, à qui eUe ç?t, le plyg
sage est de conclure avec l'Eglise : SpIri-
tus flat undè vult 1
Henry Fouquier.
LA BOMBE DU BOULEVARD DIDEROT
On connaît l'auteur (?) de la bombe da
boulevard Diderot. C'est un notable commer-
çant de Paris, M. Houdet, entrepreneur de
transports, demeurant rue de l'Evangile, 10.
Hier il s'est présenté au commissariat de
police de"Ja rue PhïSppe-de-Girard et a dti-
claré au commissaire :
— Monsieur, je suis Panarchiste, bien mafc
gré moi,*qui a déposé la bombe du boulevard
DideroÇ.
, Voici comment : Avant-hier, faisant, comme
à l'ordinaire, ma tournée: chez mes clients,
j'eus l'idée dé relever la capote de mon véhi-
cule, je descendis de ma voiture et, une fois à
terre, constatai qu'on ,.aVait posé dans la dou-
blure de la capote un objet en fonte ressem-
blant à un clysopompe. '.,..,:-
Supposant - fumisterie et désireux de
me débarrasser de l'objet, je le pris et le po-
sai art -pied d'un arbre; puis, pressé de ren-
trer chez moi, je remontai en voilure, fouet.
tant ma bête.
Hier en lisant les journaux j'ai appris ce
qu'était devenu ce malencontreux objet et le
bruit qu'il avait fait. Aussi, croyant devoir
avertir la justice, je suis venu vous raconter
la vérité sur cette bombe, bien ennuyé d'a-
voir été cause, involontairement, du scandale
qui s'est produit.
La déposition de M. Houdet a été consi-
gnée et l'anarchiste sans le savoir a regagné
son domicile.
&..-
PROCÈS
EirTHii LDO OOAÆ:.I\s:a:OD..&Zn:ao raiosvntf
et les courtiers de commerce
La première chambre de la cour d'appel de
Paris est saisie actuellement d'un gros procès
entre les commissaires-priseurs et les cour-
tiers en marchandises. Il n'y a pas moins
qu'une question de principe en jeu.
Les commissaires-priseurs, institués par
une loi du 27 pluviôse an IX, prétendent
avoir le monopole de la vente au détail de
tous les objets mobiliers et marchandises.
Aussi ont-ils fait dresser des constats éta-
blissant que deux courtiers, notamment M.
Ferry et M. Raoux, ont fait des ventes au
détail de -marchandises, après faillites, protêts
de warrants ou gages, et ils demandent ces
courtiers des dommages-intérêts.
Le tribunal de première itanc. les a dé-
boutés de ieur demande.
Devant la première chapabre de la cour
d'appel ils renouvellent leurs prétentions et*
cherchent à établir, à grand renfort de textes, -
que les courtiers ne peuvent vendre qu'en i
gros.
- Les courtiers répondent que si parfois la
loi les a obligés à faire des lots, c'était dans
l'intérêt du petit commerce, pour ne pas lui
faire concurrence et non pour sauvegarder le
monopole des commissaires-priseurs, et qu'en
tout cas c'était en matière de ventes volontai-
res et non pour les autres ventes, qu'ils ont le
droit de faire en détail.
L'affaire occupera encore trois audiences.
Me Menesson se présente pour les commis-
saires priseurs, Me Albert Martin pour la
compagnie des courtiers de commerce, Me Ju-
les tavre pour M. Raoux et Me Duroyaume
pour M. Ferry.
L'ËHOIEWINN
UNE NOUVELLE MADAME LAFARGE
La tragédie d'Anvers. — Une grosse
affaire. — Répercussion à Pa-
ris. — L'instruction
La criminalité en Belgique est généralement
assez terne ; mais quand elle sort des brouil-
lards propres à ce pays, elle en sort lumi-
neuse. Les Belges ont rarement une grosse
affaÜ e criminelle, mais quand ils en tiennent
une, c'est une bonne, et, chose curieuse, Paris
y est toujours mêlé.
Témoin l'affaire Bocarmé, cette ténébreuse
histoire qui conduisit à l'écbafaud le comte
Hippolyte Visard de Bocarmé, convaincu
d'empoisonnement sur la personne de son
beau-frère Gustave Fongnies. If l'avait em-
poisonné en 1855, pour en- hériter, tandis qu'il
dînait avec lui, au moyen de nicotine. A ce
moment ce toxique était assez inconnu, son
réactif n'existait pas et c'était à Paris, près
d'Orfila, que de Bocarmé était venu apprendre
comment on le distillait.
Témoin l'affaire Peltzer, ce crime le plua
curieux du siècle, commis par un homme
qui, pour témoigner sa reconnaissance à son
frère qui lui avait évité une faillite le dé-
barrassait d'un mari qui l'empêchait d'é-
pouser une jolie femme dont le veuvage était
nécessaire. Léon Peltzer, l'assassin, passa six
mois à Paris, pour y acheter les armes chez
Gaupillat et y apprendre chez le coiffeur
Daumouche à se grimer assez parfaitement
pour se rendre méconnaissable à celui dont il
avait résolu la mort, mais duquel, en cas
d'insuccès, il voulait s'éviter une dénoncia-
tion.
Une nouvelle affaire à sensation vient d'é-
clater à Anvers.
Une femme appartenant à la meilleure so.
ciété d'Anvers, une des principales villes du
pays, dont le mari occupe une haute situa-
tion, a été arrêtée avant-hier sous l'inculpa-
tion d'avoir empoisonné sa sœur, son frère et
son oncle pour en hériter, après leur avoir
fait contracter à son profit des assurances sur
la vie.
L'ACCUSÉE
L'inculpée s'appelle Mme Joniaux ; elle est
née Marie Ablay et est fille d'un général
belge. Après avoir été mariée en premières
noces, à Anvers, à un M. Faber, auteur d'un
livre curieux sur le théâtre français en Belgi-
que, elle épousa sept ans plus tard M. Jo-
niaux, directeur de lre classe des ponts et
chaussées, officier de l'ordre de Léopold et
de la Légion d'honneur.
Lesépoux vivaient sur un assez grand pied
à Anvers, rue des Nerviens, donnant des fêtes,
bien que leur état de fortune fût à certains
moments si précaire que l'on devait recourir
à l'emprunt pour faire face à des dettes
criardes en même temps qu'aux besoins du
ménage.
Mme Joniaux avait trois sœurs, dont deux
non mariées. L'une de ces dernières, Léonie
Ablay, un peu simple d'esprit, n'était pas pré-
cisément l'enfant gâtée de la maison.
Il y a trois ans, Mlle Léonie Ablay, revenue
en parfait état de santé d'un voyage en
France, allait passer quelques jours chez
sa sœur, à Anvers. Soudain elle tomba ma*
lade et mourut au bout de quelques jours,
succombant à une fièvre typhoïde diront les
unes, à l'influença affirmèrent les autres. i
Cette mort surprit beauçoup de personnes j.
gavaient va la défunte peu J4t!f'YI\- i
SAMEDI 21 AVRIL 4S94
BEDâCliOi Eï AifBISISTBATIOR -;
142, Rue Monti|iartrç ;
PARU
BIRECTEOB POLITIQUE
A.-Edouard PORTALIS
Adresse télégraphique : XIX. Uboea - pàffl
Téléphone : £ 0.289 bu.
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Cfcflft tôt LAGRAXGB, CIIRJt 08 Ofe'
Il
asesuBwENTS
fWfr 1-1^61; Si 15 U h *2*1
iMportffliwnts — 71; — 12 L; — Mi
Union Postale — tu — 161: — 311
18 AkusMunls soBrt requ nos fra18 dam
Ird las itoBMg de Posta»
LES
Sociétés CoQflftte
Une question qui tient aussi l'ordre du
jour de l'opinion et qui soulève de vives
discussions est la coopération.
Le but de la coopération est de suppri-
mer l'intermédiaire entre le producteur
et le consommateur et, par conséquent,
de faire profiter celui-ci des bénéfices nets
prélevés par le commerçant sur la mar-
chandise qu'il débite.
C'est presque exclusivement sur l'épi-
cerie que se fait la coopération, parce que
la marchandise objet de ce commerce
n'exige aucune façon avant d'être livrée
aux clients; il y a aussi quelques boulan-
geries, très peu de boucheries.
Faut-il croire que la fabrication du
pain ne laissé-pas de grands bénéfices et
que les bouchers ont, pour le détail de la
viande, un tour de main qui leur a per-
mis jusqu'à présent d'avoir raison des so-
ciétés coopératives ayant tenté de leur
faire concurrence?
Les sociétaires des coopératives ne sont
ni les gens riches qui ont leur fournisseur
prenant leurs commandes et livrant à do-
micile, ni les gens pauvre dont l'existence
est un problème.
C'est la population moyenne qui four-
nit aux sociétés coopératives, le monde
d'ouvriers déjà aisés, d'employés et de
petits rentiers.
La coopération, qui est un sujet traité
depuis longtemps avec des exemples
du dehors assez séduisants, devait ar-
river à prendre rang parmi les ques-
tions d'intérêt publics; c'est ce qui a eu
lies.
Le législateur veut réglementer ou plu-
tôt légaliser le fonctionnement des so-
ciétés coopératives qui, cependant, ont
jusqu'ici su vivre sous le régime des lois
existantes et n'ont rencontré, que je sa-
che, aucune entrave. -
Ces sociétés ne payent pas de patente ;
le projet de loi les concernant veut confir-
mer l'exemption de cet impôt.
Elle auront donc cet avantage de plus
sur le commerce qui, on le sait, est grevé
d'une grosse patente surchargée de centi-
mes additionnels.
C'est contre cette exemption d'impôts
que proteste le commerce de détail.
Il n'a pas la prétention de poursuivre
l'interdiction du système coopératif, mais
il demande que le débit des marchandises
commerciales, quel que soit le mode em-
ployé, subisse d'égales charges publiques.
»%
Un de nos lecteurs nous écrit à se su-
jet :
« Personne n'ignore que les sociétés
coopératives, de plus en plus nombreuses,
sont exemptes des droits de patente et des
droits proportionnels que payent tous les
commerçants sans exception. En outre,
ces sociétés n'ayant aflaire qu'à une clien-
tèle assurée et payant comptant, il est
évident qu'elles ont là un avantage excep-
tionnel sur le commerçant.
» Mais ce qui choque, c'est que tout le
monde n'a pas le moyen de payer comp-
tant. Le modeste et honnête ouvrier dont
la situation est précaire, celui qui vit au
jour le jour, celui que ses charges de
famille obligent à acheter parfois à crédit,
celui qui est malade ou qui chôme, où se
fournit-îl ? Chez le petit épicier de son-
quartier, qui fait erédit souvent par com-
misération, sans espoir d'être payé.
» Pensez-vous, nous dit-il, que les ou-
vriers aisés, les gros employés, les re-
traités, les bourgeois, les propriétaires
doivent jouir du privilège réclamé par les
sociétés coopératives?
» Je conclus à la suppression des privi-
lèges, comme l'a voulu la Révolution; ce
que je trouve juste, c'est qu'une société
coopérative paye l'impôt comme tout né-
gociant auquel elle est assimabie. L'Etat
y gagnera et le législateur aura évité la
ruine d'une catégorie nombreuse de Fran-
çais vivant honnêtement du prix d'un
labeur incessant. »
Voilà ce que nous écrit un correspon-
dant des environs de Paris. Ses argu-
ments tiennent debout, il n'y a pas à dire
le contraire, mais ils ne toucheront pas
les coopérateurs qui défendent leur inté-
rêt matériel. En pareil cas, le sentiment
est foulé aux pieds, c'est la loi du chacun
pour soi.
Le consommateur se défend, le négo-
ciant se défend aussi; tous deux ont de
bonnes raisons à faire valoir, et le législa-
teur sera bien embarrassé au moment où
il devra prendre parti par un vote public
dans la question.
La préoccupation électorale aura une
grande influence sur la décision du Parle-
ment.
Je n'ai aucune préoccupation de ce
genre, mais je ne puis traiter ici d'une
manière complète de la coopération.
Ce que je veux dire, c'est que cette
question, qui a fait couler des flots d'en-
cre, n'a pas, quoi qu'on dise, la portée
d'une question sociale.
Le sujet, d'ailleurs, n'intéresse pas la
population rurale, où généralement la
coopération est impraticable; elle ne peut
être établie que dans les grands centres,
et dans quelques-uns déjà elle a fait grand
tort au petit commerce local.
Si le système coopératif progresse dans
de grandes proportions, il ne restera, un
jour, que les grands magasins et les so-
ciétés coopératives.
A
Seulement, la population ouvrière sera-
t-elle plus heureuse parce qu'il n'y aura
plus de petits commerçants ? Hélas t ceux
qui pensent ainsi se font une grande illu-
sion. Il en est de ceci comme de beau-
coup d'autres projets.
On saura dans une trentaine d'années et
même plus tôt que nos contemporains au-
ront trop aimé à se nourrir d'expériences
chimériques* - - .7 1 -
Beaucoup de sociétés qui se fondent
tous les jours et qui poursuivent un but
philanthropique ne quittent pas les sen-
tiers battus de la routine : les unes de-
mandent l'impossibilité au capital, comme
si sa force productive était inépuisable;
d'autres ont également leur défaut parti-
culier.
., Les coopératives n'ont en vue que la
consommation, qui est loin d'être le point
capital dans la question de l'alimenta-
tion.
C'est la production qui est la question
primordiale, et personne ne s'en occupe.
Croit-on que par la coopération on
puisse réaliser l'idéal de la vie à bon
marché ? C'est impossible. .¿
Les sociétés coopératives actuelles don-
nent de 7 à 8 pour cent dé bénéfices à leurs
adhérents, ce qui constitue pour un achat
annuel en épicerie dé mille francs 70 ou
80 francs de bénéfices. Et il est à noter
que certains articles sont vendus plus
cher par les coopératives que chez l'épi-
cier. u
Mais j'admets le bénéfice de 80 francs,
s'ensuivra-t-il une augmentation de bien-
être équivalente ?
Du moment que la production n'aug-
mente pas, tant qu'il n'y a toujours que la
même quantité de produits à consommer
et que la somme en est insuffisante, l'ai-
sance ne peut régner dans la société. Il y
a des , déplacements : l'un consomme plus
que l'autre, mais, le total restailt le même,
s'il y avait pénurie avant, il y aura pénu-
rie après.
Croit-on, par exemple, que si tous ceux
qui ne consomment pas selon leurs besoins
venaient à voir doubler leurs salaires ou
revenus quotidiens, ils verraient enmême
temps leurs besoins satisfaits doublement
par rapport à leur situation antérieure ?
Ils seraient Gros-Jean comme devant.
Les denrées ayant une fois plus de de-
mandes doubleraient de prix, voilà tout.
Il faudrait 10 francs pour se procurer ce
qui coûtait 5 francs auparavant.
Les sociétés coopératives, qui ne produi-
sent rien, ne peuvent donc profiter qu'à
une partie de la population et non à tout
le monde.
Elles favorisent les uns et lèsent les in-
térêts des autres. La proportion est à dé-
terminer; c'est ce que je me propose de
faire un jour.
Thomas Graindorge.
L'EXPOSITION CLARET
On sait que M. Casimir-Perier, ministre des
affaires étrangères: président du conseil, M.
Burdeau, ministre des finances, M. Marty,
ministre du commerce, et M. Jonnart, minis-
tre des travaux publics, doivent assister, le
29 de ce mois, à l'hlauguration de l'Exposi-
tion de Lyon, ou plus exactement de l'Expo-
sition Claret.
L'Exposition de Lyon ne ressemble pas, en
effet, à la plupart des entreprises du même
genre. C'est une entreprise privée, qui a été
concédée à un particulier, entrepreneur de son
état, M. Claret, comme jadis l'Exposition du
cinquantenaire des chemins de fer, qui a si
mal fini, avait été concédée à M. Gabriel
Lévy, directeur de la maison du « Bon Gé-
nie ».
Nous avons dit que M. Claret avait été un
boulangiste enragé et qu'il avait livré au
comte Dillon et à M. Henri Rochefort le jour-
nal le Petit Lyonnais dont il était alors le
fermier. Sa présence aux côtés du président
du conseil dans les fêtes officielles sera même
probablement l'exhibition la plus curieuse de
l'Exposition qui,ainsi que la précédente expo-
sition lyonnaise, s'annonce comme un four
noir.
M. Claret ne compte plus que sur la pré-
sence du président de la République pour
achalander son affaire. « La visite de M. Car-
not me vaudra, dit-il, une recette de 500,000
francs, sans compter la décoration qui ne
saurait échapper à un concessionnaire gé-
néral ayant eu l'honneur de recevoir le chef
de l'Etat. »
M. Carnot rendrait visite à l'exposition Cla-
ret le 17 juin. La chose pourtant n'est pas
encore absolument décidée.
UN PROPOS DE TABLE
Un de nos confrères du soir a relaté hier un
propos tenu par un conseiller général socia-
liste de la Seine — qu'il ne nommait pas —
dans un dîner officiel, propos qui aurait
provoqué une riposte fort vive d'un des con-
vives appartenant à l'armée,
L'incident auquel il est fait allusion re-
monte au jeudi 12 avril. Il s'est produit au
restaurant Sylvain, où s'étaient rendus pour
déjeuner les membres du conseil de revision
qui avaient examiné dans la matinée à la
mairie Drouot les conscrits du neuvième ar-
rondissement.
A ce repas, présidé par M. Laty, conseiller
de préfecture, assistaient M. de Clausonne,
conseiller de préfecture, le colonel Lelong,
l'intendant Brueyre, le maire de l'arrondisse-
ment, MM. Caplain et Renou, conseillers gé-
néraux de la Seine, le commandant de recru-
tement, les deux médecins et les deux fonc-
tionnaires (chef de division et chef de bureau)
du service militaire à la préfecture de la
Seine.
Vers la fin du repas, la conversation, tout
naturellement, roulait sur le métier militaire.
Un des convives ayant émis l'opinion que
les Parisiens étaient généralement mauvais
soldats, M. Renou, conseiller général socia-
liste de Clichy, répliqua assez haut pour que
tout le monde l'entendit
« N'oubliez pas que les mauvais soldats
font les bons citoyens. » >
A ces paroles la plupart des convives se le-
vèrent en protestant. L'attitude de M. Re-
nou fut appréciée d'assez verte façon par
quelques-uns des officiers présents. Il s en
fallut de peu qu'on ne le mit à la porte.
Cependant la querelle s'apaisa. M. l'inteu-
dant Brueyre, désirant la vider complètement,
dit à M. Renou : « Chacun de nous a ses con-
victions politiques et nous les défendons
quelquefois avec une excessive chaleur. Mais
il est un terrain sur lequel, j'en suis sûr, nous
pouvons tous nous rencontrer, c'est celui du
patriotisme. Je bois à l'armée ! »
A quoi le conseiller socialiste répondit, ag-
gravant en quelque sorte sa première parole :
« Je regrette de ne pouvoir m'associer à ce
» toast. Je ne reconnais pas les armées per-
» manentes. »
Tel est, aussi fidèlement rapporté que possi-
ble, cet incident qui n'a paslimportance ni le
earactère qu'on lui avait prêtés.
Le lieu et le moment où fut tenu le propos,
cause de cet incident montrent assez qu'il s'a-
git surtQut,,, :. d'une question de conve-
nances,
RÉBELLION D'ÉVEOUES
L'ESPRIT NOUVEAU
Le gouvernement se décide à agir. — Le
cas de l'archevêque Coullié. —
Appointements supprimés
f Le gouvernement, en décidant hier de sus-
pendre le traitement de l'archevêque de Lyon
et en déférant sa lettre pastorale au conseil
d'Etat pour obtenir la déclaration comme
, d'abus, a pris une résolution qui est manifes-
tement en contradiction avec les tendances
d'« esprit nouveau » apportées à la tribune de
la Chambre par le ministre des cultes, M.
Spuller.
Il semble qu'en prenant cette décision le
gouvernement ait voulu donner satisfaction
aux réclamations de la plupart des députés
républicains, qui ont été â même de constater
dans leurs départe inen ts,peadant les vacances,
combien la direction nouvelle de la politique
était en opposition avec les intérêts de tous
les républicains. <
Nous doutons que ce coup de barre à gau-
che soit de nature à rassurer les républicains;
mais il est certain, par contre qu'il sera con-
damné par tous les réactionnaires, monar-
chistes ou ralliés.
L'ARCHEVÊQUE DE LYON
Donc M. Spuller s'étant assuré, comme
nous l'avions fait prévoir, de l'authenticité de
la lettre pastorale de l'archevêque de Lyon
qui engage son clergé à ne faire aucun cas
de la loi récente qui a modifié les conditions
de comptabilité des fabriques, applicable à
partir de cette année, il a été reconnu après
discussion que M. Coullié, le prélat lyonnais,
devait être privé de ses appointements pen-
dant un temps qui n'a pas été déterminé et
que, de plus, sa circulaire devaitêtre trans-
mise au conseil d'Etat pour en obtenir l'an-
nulation.
En frappant d'abord l'archevêque de Lyon,
— plusieurs prélats, archevêques et évêques,
étant dans le même cah, — le ministère a
voulu indiquer que tous ceux qui ont atta-
qué le pouvoir civil se verraient appliquer des
mesures de rigueur.
UNE CIRCULAIRE MINISTÉRIELLE
Afin de se renseigner exactement sur les
manifestations identiques à celle de l'arche-
vêque de Lyon, M. Spuller a été invité à
adresser une circulaire à tous les archevêques
et évêqnes.
Cette circulaire, envoyée hier soir, est ainsi
conçue :
Monsieur l'évêque,
Depuis la session du 1" avril, j'ai reçu des con-
seils de fabrique de divers diocèses un certain
nombre de délibérations protestant contre la nou-
velle réglementation que la loi du 26 janvier 1892
a imposée aux fabriques et consistoires.
Ce mouvement est assez superficiel et répond
peu aux nombreuses excitations des individualités
politiques qui cherchent dans cette circonstance un
nouveau prétexte à divisions, puisque le nombre
des documents dont il s'agit ne dépasse pas, tout
compte fait, depuis la promulgation de la loi, le
chiffre de 1,230, alors qu'il existe en France près
de 35,000 conseils de fabrique.
Encore convient-il de distinguer parmi les pièces
que j'ai reçues celles qui n'expriment qu'un désir
de modifications, et qui pourront être examinées
après la mise en pratique du nouvenu règlement,
de celles qui s'attaqucnt au principe même de la
loi et constituent dès à présent de véritables refus
d'obéissance.
Ces dernières, dès qae l'existence en aura été
dûment constatée, ne pourront pas rester sans ré-
pression. Il faudra bien que leurs auteurs com-
prennent que la capacité civile reconnue à un éta-
blissement quelconque oblige cet établissement à
une comptabilité régulière dont la forme et le con-
trôle relèvent exclusivement du pouvoir qui a pro-
noncé cette reconnaissance.
Ainsi que je l'ai déclara à la tribune de la
Chambre, il est indispensable ci/ae le règlement
d'administration publique délivré par le conseil
d'Etat, en vertu de la dClégati/légale qu'il avait
reçue, soit partout mis à exéeufton, car personne
ne peut être au-dessus de la Jwi, et le gouverne-
ment, qui a charge de son application, est ferme-
ment résolu à ne pas faillir à son mandat.
Je viens donc vous demander de vouloir bien
me donner connaissance du texte officiel des ins-
tructions que vous avez cru devoir adresser aux
conseils de fabrique, à l'occasion de la mise en
pratique des nouvelles dispositions légales régle-
mentaires, soit que vous ayez fait parvenir ces ins-
tructions par lettres pastorales ou circulaires, soit
que vous les ayez insérées, sous forme de com-
muniqué, dans la Semaine religieuse de votre
diocèse.
Je vous serai obligé de répondre à ma demande
dans la huitaine. Le gouvernement ne saurait se
désin'éresser plus longtemps de l'application d'une
loi votée par les pouvoirs publics et dont l'exécu-
tion doit etre assurée au mème titre que celle des
autres lois. Il pourrait encore moins laisser se
prolonger une agitation qui serait de nature à
mettre en péril le droit souverain de l'Etat en
même temps que les intérêts du culte.
Agréez, Monsieur l'évêque, l'assurance de ma
haute considération.
Le ministre de l'instruction publique,
des beaux arts et des cultes,
E. SPULLER.
LA JURIDICTION APPLICABLE
Il convient d'indiquer maintenant la juri-
diction qui pourra être appliquée aux con-
seils de fabrique — ils sont au nombre de
1,120 — qui se sont mis hors la loi en n'éta-
blissant pas leurs budgets conformément à
la loi nouvelle, mais d'après les règles an-
ciennes.
L'ordonnance du 12 janvier 1825 permet la
révocation d'un conseil de fabrique quand
celui-ci, requis de présenter un budget ou de
rendre ses comptes, aura refusé ou négligé de
le faire. Il pourra être révoqué pour toute
autre cause grave.
Le conseil peut être révoqué par le minis-
tre, quand même l'évêque ne Tapas demandé.
Après la révocation, il est procédé à la réor-
ganisation du conseil par le préfet et par l'é-
vêque, conformément à l'article 6 du décret
du 30 décembre 1809.
Le ministre a le droit de révocation indivi-
duelle (arrêtés de 1825, 1826, 1834, 1837 et
1852), et c'est le conseil de fabrique qui, par
la voie de l'élection, doit remplacer le ou les
membres révoqués.
Il peut donc se produire ce cas que le mi-
nistre révoque les fabriciens désignés par
l'évêque ; ceux désignés lors de la reconstitu-
tion par le préfet ont alors le droit, par voie
d'élection, de remplacer les collègues révo-
qués.
Un arrêt du conseil d'Etat en date du 9
mars 1886 est venu confirmer cet avis et con-
firmer l'interprétation administrative. Le
conseil d'Etat, en effet, a rejeté un pourvoi
contre un arrêté du ministre des cultes pro-
nonçant la révocation du conseil de fabrique
de Joinville-le-Pont, bien qu'elle n'eût pas
été demandée par l'archevêque de Paris.
L'arrêt porte :
Considérant qu'en disposant que le ministre des
cultes pourrait, sur la demande des évêques et
l'avis des préfets, révoquer un conseil de fabrique
pour défaut de présentation du budget ou de red-
dition de comptes ou pour toute autre cause grave,
l'article 5 du 12 janvier 1825 n'a [fait que conférer
aux évêques le droit de prendre l'initiative de ces
mesures toutes les fois qu'elles leur paraltraient
utiles au-point de vue des intérêts du culte, mais
qu'il n'a point enlevé au ministre le droit d'appré-
cier IflS - caules u grana qui, même en l'absence
d'une proposition de l'évêque, pourraient rendre
une révocation nécessaire ; qu'il sort de là que le
ministre des cultes a pu, sans excéder ses pou-
voirs, prononcer, bien qu'elle n'eût pas été deman-
dée par l'archevêque de Paris, la révocation du
conseil de fabrique de Joinville-le-Pont.
CHAPEAU DE CARDINAL
Ajoutons en terminant que M. Coullié, ar-
chevêque de Lyon, était proposé pour rece-
voir un chapeau de cardinal.
LE BUREAU DU CONSEIL GENERAL
Les conseillers généraux socialistes avaient
été convoqués hier pour s'entendre sur l'élec-
tion du bureau du conseil général de la Seine,
qui doit avoir lieu à l'ouverture de la séance
d'aujourd'hui.
11 membres seulement, sur 22 dont se com-
pose le groupement, assistaient à la séance.
Ils ont décidé de voter aujourd'hui en blanc
pour toutes les fonctions afin de témoigner
leur mécontentement de n'avoir pas été con-
sultés par le groupe radical lors de la forma-
tion de la liste des candidats à ces fonctions.
DEMANDE EN DISSOLUTION
DE LA
COMPAGNIE TRANSATLANTIQUE
Le tribunal de commerce vient d'être saisi
d'une demande en dissolution de société de
la Compagnie générale transaHantique.
La demande est basée sur ce fait que les
trois quarts du capital social n'existent plus
et que, le conseil d'administration ne s'étant
pas conformé aux prescriptions de l'article
37 de la loi du 24 juillet 1867 et n'ayant pas
fait statuer l'assemblée générale des action-
naires sur la question de savoir s'il y avait
lieu de prononcer la dissolution de la société,
tout actionnaire a le droit de faire prononcer
là dissolution par les tribunaux.
L'affaire, appelée à l'audience d'hier, a été
remise à quinzaine.
LE DIVORCE
DE M. FÉLICIEN CHAMPSAUR
La quatrième chambre du tribunal civil de la
Seine, présidée par M. Soleau, vient de prononcer
le divorce entre M. et Mme Félicien Champsaur;
Ce divorce a été prononcé au profit de Mme Fé-
licien Champsaur.
POURSUITES
CONTRE LE DÉPUTÉ TOUSSAINT
Ainsi que nous l'avions fait prévoir, le gou-
vernement a décidé hier de demander à la
Chambre, dès la rentrée, d'autoliser des pour-
suites contre M. Toussaint, député socialiste
du onzième arrondissement de Paris.
M. Toussaint est accusé, par le procureur
général de Rennes, d'avoir, ces jours der-
niers à Trignac, où des ouvriers se sont mis
en grève, violemment interpellé les gendar-
mes. Il les aurait traités d'insolents et de ca-
pons.
M. Toussaint, qui représente le onzième ar-
rondissement depuis les dernières élections,
appartient à la fraction socialiste alterna-
niste ; c'est un ancien employé de com-
merce.
Faisons remarquer, en outres, que M. Cou-
tant, député socialiste de la Seine, qui a pro-
noncé à Trignac des discours qui ont provo-
qué un procès-verbal de la part du commis-
saire de police, n'est pas compris dans la de-
mande que fera à la Chambre le procureur
général de Rennes.
L'INTERVIEW DU ROI HUMBERT
Quelles sont les raisons qui ont décidé le roi
Humbert à se faire interviewer et par qui a
été ménagée l'entrevue qu'a eue le souverain
avec notre confrère du Figaro, M. Gaston
Calmette ?
Telle est la question qui occupe en ce mo-
ment certains journaux.
Dans une lettre qu'il adresse au Temps, M.
Calmette déclare qu'il n'a jamais dit, comme
le donnait à entendre un correspondant de
la Tribuna, que l'ambassade de France à
Rome avait ignoré sa visite au Quirinal.
« Ce serait, ajoute-t-il, me montrer bien
oublieux et bien ingrat. Le roi no m'a reçu,
tout au contraire, qu'après avoir très gra-
cieusement annoncé cette visite à M. Billot.
Le représentant du gouvernement de la Ré-
publique française en a donc été le premier
informé. »
Ce passage de la lettre de notre confrère
semble confirmer une note de la Correspon-
dance politique qui assure que c'est par M.
Billot lui-même qu'a été présentée la demande
d'audience du rédacteur du Figaro.
La Correspondance politique, qui dit tenir
le renseignement de l'ambassade d'Italie à
Vienne, affirme en outre que, contrairement
aux usages, ce n'est pas au ministre des af-
faires étrangères, mais au roi directement
que s'est adressé M. Billot.
D'autre part, on écrit de Vienne que M. Bil-
lot aurait agi en cette circonstance à l'insu du
gouvernement et sur l'invitation personnelle
de M. Carnot.
MOUVEMENT DIPLOMATIQUE
Dans l'une des dernières séances du con-
seil des ministres, le président du conseil, mi-
nistre des affaires étrangères, a fait approu-
ver le mouvement diplomatique ci-après :
M. Barrére, ministre à Munich, est nommé am-
bassadeur à Berne, en remplacement de M. Arago
admis à la disponibilité de son grade ;
M. le marquis de Reverseaux, ministre! plénipo-
tentiaire chargé de l'agence et consulat général de
France au Caire, est nommé ambassadeur à Ma-
drid, en remplacement de M. Roustan, admis à
faire valoir ses droits à la retraite ;
M. de Coutouly, ministre à Bucarest, est
nommé à Munich, en remplacement de M. Bar-
rére ;
M. le comte d'Aubigny, ministre à Tanger, est
nommé ministre à Bucarest, en remplacement de
M. de Coutouly ;
M. Cogordan, délégué à la commission euro-
péenne du Danube, est chargé de l'agence et con-
sulat général de France au Caire ;
M. Harmand, ministre plénipotentiaire en mis-
sion, est nommé ministre à Tokio en remplace-
ment de M. Sienkiewicz ;
M. de Monbel, ministre plénipotentiaire en mis-
sion, est nommé ministre à Tanger en remplace-
ment de M. le comte d'Aubigny;
M. Millet, ministre à Stockholm, est promu à la
première classe de son grade.
Le président du conseil, ministre des af-
faires étrangères, compte soumettre prochai-
nement à la signature du président de la
République un décret conférant à M. Rous-
tan la dignité de grand-officier de la Légion
d'honneur.
TROUBLES EN TURQUIE
Constantinople, 19 avril.
Les nouvelles du Yemen signalent une nouvelle
insurrection des tribus du district montagneux
d'Asyr. Les insurgés recevaient des armes de
Souakim.
La Porte a été informée de Vienne que de nom-
breuses caisses d'armes destinées aux révolution-
naires arméniens sont, à Trieste, prêtes à être em-
barquées pour Trébizoade, Samaauo, lPlrAO et
autres points de ,J'Al!. - ,
LAVIEDEPARIS
On sait que M. Alexandre Dumas pu-
blie une édition complète de ses œuvres
dramatiques et qu'en homme pour qui le
théâtre n'est pas une vaine amusette, il
revient volontiers sur ses drames et ses
comédies pour en mettre en saiUie, en
commenter et au besoin en défendre les
idées maîtresses. Rien n'est plus intéres-
sant que ces commentaires et, en dehors
même de toute la valeur qu'ils peuvent
avoir pour les gens du métier et les let-
trés, je dirai que j'ai trouve toujours je
ne sais quel charme et quelle grande
dans cette façon de parler de soi'et de ce
qu'on a voulu faire, chez les hommes de
haute valeur. Le volume nouveau du théâ-
tre de Dumas s'appelle, d'un tour très
spirituel, le Théâtre des autres. C'est dire
qu'il résume les pièces où Dumas a été le
collaborateur d'autres écrivains qui ont
fini, en face du succès, par vouloir lui
nier sa part de paternité. Ce fut le cas
pour Héloïse Paranquet en collaboration
avec M. Durantin, pour le Supplice d'une
femme écrit avec M. de Girardin, aussi,
je crois, pour les Danicheff.
M. Dumas n'a pas été heureux, il le
faut reconnaître, avec ses collaborateurs.
Il le constate. Ce qu'il ne pouvait pas
constater lui-même, mais ce qui est fort
exact et ce qui ne fait doute pour per-
sonne parmi ceux qui savent le vrai des
choses, c'est que oco défooireb no l'ont pao
dégoûté de donner ses conseils à ses amis
qui les réclamaient, de mettre son expé-
rience au service des jeunes gens. Litté-
rairement aussi, il a été le « confesseur
laïque » qu'il a été pour bien des femmes,
et, là comme ici, a apporté cette grande
conscience et cette haute probité intellec-
tuelle qui le rendent si cher à ceux qui le
connaissent vraiment.
Dans les préfaces tlu Théâtre des au-
tres, M. Alexandre Dumas a traité cette
gro se question de l'invention au théâtre,
du plagia, ue ia contrefaçon, de l'assimi-
lation qui, de temps en temps., se retrouve
sur le tapis et a causé de si vives polémi-
ques dans le monde dramatique.
J'ai été bien heureux de voir Dumas,
avec sa haute et légitime autorité, émettre
sur ces matières des opinions qui me sont
bien chères. Il trouve à bon droit qu'on
abuse étrangement de ce reproche de pla-
giat, qu'on a adressé successivement à
presque tous les auteur, dramatiques de
notre temps et qu'on n'adresse pas aux
illustres maîtres de notre scène classique
uniquement parce qu'ils sont morts depuis
longtemps et que les gloires posthumes
ne chagrinent personne. Mais, en vérité,
on a voulu pousser la propriété des idées
jusqu'à des limites qui touchent au ridi-
cule. Il n'est pas de jour où l'on ne trouve
dans les gazettes des réclamations ou des
avertissements qui sont tout ce qu'il y a
de plus étrange.
Je crois bien que si j'annonçais mon
intention de faire représenter une pièce
où le jeune premier, à qui on refusait la
main de la jeune première parce qu'il
n'était pas assez riche, l'épouse à la la fin
de la comédie, ayant hérité d'un oncle, —
je crois bien que je recevrais dix lettres
de braves gens m'écrivant qu'ils ont fait
semblable trouvaille en leur imagination et
qu' « ilsprennent date ! » La vérité, queM.
Dumasa lecourage de dire et qu'il dit d'une
façon exquise,c'est qu'en matière d'art, et
en matière d'art dramatique peut-être plus
qu'ailleurs, il y a peu d'invention, que
rien n'est plus difficile que de faire la
part de l'inventeur, de trouver le point
précis où il cesse d'emprunter pour écrire.
Corneille, Racine, Molière, à tout pren-
dre, sont des plagiaires. Le Voyage de
Monsieur Perrichon, en sa partie essen-
tielle, est contenu dans une phrase des
Maximes de La Rochefoucauld. Le vrai
créateur, au théâtre, est celui qui donne
à une idée venue on ne sait d'où, em-
pruntée à une œuvre manquée souvent,
une forme d'art supérieure qui, sans
même vouloir être définitive, est cepen-
dant assez vivante, assez forte pour frap-
per le public et réussir auprès de lui. Je
tiens pour i contestable que la plupart
dés pièces de théâtre peuvent et doivent
être indéfiniment refaites. Qui voudrait
écrire un Misanthrope contemporain se-
rait un audacieux peut-être, non un pla-
giaire.
La plagiat, c'est simplement la copie
grossière, sans perfectionnement des
moyens. Mais en dehors de cela, en géné-
ralisant le débat, qui pourrait se vanter
d'être l'inventeur des idées auxquelles il
donne une forme? Ces idées que nous
avons ne nous viennent-elles pas de nos
lectures, de notre milieu, des conversa-
tions entendues, des hasards de la vie ?
Mon toujours regretté maître Renan, si ri-
che cependant d'imagination, avait cou-
tume de dire qu'il ne comprenait pas qu'on
se fît payer un travail intellectuel, en
tant qu'invention d'idées. Ce qu'on peut
payer, disait-il, c'estla miseen œuvre,l'art
de l'exposition, lapeine prise à la recherche
de l'expression juste. Mais ce que je pense,
disait Renan, est-il à moi? Et, avec la
bonhomie fine qui était le charme de
sa conversation, il s'amusait à nous
dire les origines et le « pourquoi » des
idées qui, chez lui, passaient pour les
plus originales. « Je dois ceci à ma mère,
ceci au vieux curé de Tréguier, ceci à une
rencontre en mes voyages, ceci à Platon,
ceci à saint Augustin, cela à mon ami
monsieur Berthelot. » Ceux de nous qui
n'ont pas la prétention d'être de grands
penseurs peuvent faire de même cet exa-
men de conscience. Ils verront que leurs
opinions, leurs travaux, leurs articles
sont comme le résultat d'un travail de
chimie, d'une sorte de digestion intellec-
tuelle de toutes sortes de choses vues,
lues, entendues, jetées dans ce creuset
qu'est notre cerveau. Ce qui vaut, encore
une fois, c'est la netteté, la force, le
charme donnés à la pensée. Quand à dire
d'où viçut celle-ci, à qui eUe ç?t, le plyg
sage est de conclure avec l'Eglise : SpIri-
tus flat undè vult 1
Henry Fouquier.
LA BOMBE DU BOULEVARD DIDEROT
On connaît l'auteur (?) de la bombe da
boulevard Diderot. C'est un notable commer-
çant de Paris, M. Houdet, entrepreneur de
transports, demeurant rue de l'Evangile, 10.
Hier il s'est présenté au commissariat de
police de"Ja rue PhïSppe-de-Girard et a dti-
claré au commissaire :
— Monsieur, je suis Panarchiste, bien mafc
gré moi,*qui a déposé la bombe du boulevard
DideroÇ.
, Voici comment : Avant-hier, faisant, comme
à l'ordinaire, ma tournée: chez mes clients,
j'eus l'idée dé relever la capote de mon véhi-
cule, je descendis de ma voiture et, une fois à
terre, constatai qu'on ,.aVait posé dans la dou-
blure de la capote un objet en fonte ressem-
blant à un clysopompe. '.,..,:-
Supposant - fumisterie et désireux de
me débarrasser de l'objet, je le pris et le po-
sai art -pied d'un arbre; puis, pressé de ren-
trer chez moi, je remontai en voilure, fouet.
tant ma bête.
Hier en lisant les journaux j'ai appris ce
qu'était devenu ce malencontreux objet et le
bruit qu'il avait fait. Aussi, croyant devoir
avertir la justice, je suis venu vous raconter
la vérité sur cette bombe, bien ennuyé d'a-
voir été cause, involontairement, du scandale
qui s'est produit.
La déposition de M. Houdet a été consi-
gnée et l'anarchiste sans le savoir a regagné
son domicile.
&..-
PROCÈS
EirTHii LDO OOAÆ:.I\s:a:OD..&Zn:ao raiosvntf
et les courtiers de commerce
La première chambre de la cour d'appel de
Paris est saisie actuellement d'un gros procès
entre les commissaires-priseurs et les cour-
tiers en marchandises. Il n'y a pas moins
qu'une question de principe en jeu.
Les commissaires-priseurs, institués par
une loi du 27 pluviôse an IX, prétendent
avoir le monopole de la vente au détail de
tous les objets mobiliers et marchandises.
Aussi ont-ils fait dresser des constats éta-
blissant que deux courtiers, notamment M.
Ferry et M. Raoux, ont fait des ventes au
détail de -marchandises, après faillites, protêts
de warrants ou gages, et ils demandent ces
courtiers des dommages-intérêts.
Le tribunal de première itanc. les a dé-
boutés de ieur demande.
Devant la première chapabre de la cour
d'appel ils renouvellent leurs prétentions et*
cherchent à établir, à grand renfort de textes, -
que les courtiers ne peuvent vendre qu'en i
gros.
- Les courtiers répondent que si parfois la
loi les a obligés à faire des lots, c'était dans
l'intérêt du petit commerce, pour ne pas lui
faire concurrence et non pour sauvegarder le
monopole des commissaires-priseurs, et qu'en
tout cas c'était en matière de ventes volontai-
res et non pour les autres ventes, qu'ils ont le
droit de faire en détail.
L'affaire occupera encore trois audiences.
Me Menesson se présente pour les commis-
saires priseurs, Me Albert Martin pour la
compagnie des courtiers de commerce, Me Ju-
les tavre pour M. Raoux et Me Duroyaume
pour M. Ferry.
L'ËHOIEWINN
UNE NOUVELLE MADAME LAFARGE
La tragédie d'Anvers. — Une grosse
affaire. — Répercussion à Pa-
ris. — L'instruction
La criminalité en Belgique est généralement
assez terne ; mais quand elle sort des brouil-
lards propres à ce pays, elle en sort lumi-
neuse. Les Belges ont rarement une grosse
affaÜ e criminelle, mais quand ils en tiennent
une, c'est une bonne, et, chose curieuse, Paris
y est toujours mêlé.
Témoin l'affaire Bocarmé, cette ténébreuse
histoire qui conduisit à l'écbafaud le comte
Hippolyte Visard de Bocarmé, convaincu
d'empoisonnement sur la personne de son
beau-frère Gustave Fongnies. If l'avait em-
poisonné en 1855, pour en- hériter, tandis qu'il
dînait avec lui, au moyen de nicotine. A ce
moment ce toxique était assez inconnu, son
réactif n'existait pas et c'était à Paris, près
d'Orfila, que de Bocarmé était venu apprendre
comment on le distillait.
Témoin l'affaire Peltzer, ce crime le plua
curieux du siècle, commis par un homme
qui, pour témoigner sa reconnaissance à son
frère qui lui avait évité une faillite le dé-
barrassait d'un mari qui l'empêchait d'é-
pouser une jolie femme dont le veuvage était
nécessaire. Léon Peltzer, l'assassin, passa six
mois à Paris, pour y acheter les armes chez
Gaupillat et y apprendre chez le coiffeur
Daumouche à se grimer assez parfaitement
pour se rendre méconnaissable à celui dont il
avait résolu la mort, mais duquel, en cas
d'insuccès, il voulait s'éviter une dénoncia-
tion.
Une nouvelle affaire à sensation vient d'é-
clater à Anvers.
Une femme appartenant à la meilleure so.
ciété d'Anvers, une des principales villes du
pays, dont le mari occupe une haute situa-
tion, a été arrêtée avant-hier sous l'inculpa-
tion d'avoir empoisonné sa sœur, son frère et
son oncle pour en hériter, après leur avoir
fait contracter à son profit des assurances sur
la vie.
L'ACCUSÉE
L'inculpée s'appelle Mme Joniaux ; elle est
née Marie Ablay et est fille d'un général
belge. Après avoir été mariée en premières
noces, à Anvers, à un M. Faber, auteur d'un
livre curieux sur le théâtre français en Belgi-
que, elle épousa sept ans plus tard M. Jo-
niaux, directeur de lre classe des ponts et
chaussées, officier de l'ordre de Léopold et
de la Légion d'honneur.
Lesépoux vivaient sur un assez grand pied
à Anvers, rue des Nerviens, donnant des fêtes,
bien que leur état de fortune fût à certains
moments si précaire que l'on devait recourir
à l'emprunt pour faire face à des dettes
criardes en même temps qu'aux besoins du
ménage.
Mme Joniaux avait trois sœurs, dont deux
non mariées. L'une de ces dernières, Léonie
Ablay, un peu simple d'esprit, n'était pas pré-
cisément l'enfant gâtée de la maison.
Il y a trois ans, Mlle Léonie Ablay, revenue
en parfait état de santé d'un voyage en
France, allait passer quelques jours chez
sa sœur, à Anvers. Soudain elle tomba ma*
lade et mourut au bout de quelques jours,
succombant à une fièvre typhoïde diront les
unes, à l'influença affirmèrent les autres. i
Cette mort surprit beauçoup de personnes j.
gavaient va la défunte peu J4t!f'YI\- i
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