Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1894-04-03
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 03 avril 1894 03 avril 1894
Description : 1894/04/03 (A24,N8114). 1894/04/03 (A24,N8114).
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 29/04/2013
VINGT-QUATRIÈME ANNÉE. - N° 8,114 CEîlTIMES
MARDI 3 AVRIL 1S94
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Àdiamb6m o w l!li
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LE XIX1 SIECLE
REOAGTfGtï ET ADBUNISrflA TrOIt
142, Rue Montmartre
PARIS
OIBECTEOR POLITIQUE
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Union Postale - 9 f.; - ig{.; 321
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JLTT J* OXJR_X3'IM;~CJI
nous commencerons la publication d'un
nouveau grand feuilleton dû à la plume
d'un des maîtres du roman contempo-
rain :
LA
FILLE D'UN USURIER
PAR
ODYSSE BAROT
Nous n'avons pas à faire ici l'éloge
de l'auteur. Les lecteurs du XIXe Siècle
n'ont pas oublié LE GOUFFRE qui,
l'année dernière, a eu dans nos colonnes
un si vif succès.
Dans cette œuvre nouvelle, Odysse
Barot, dans le cadre d'une action - tou-
chante et dramatique, fait défiler devant
le lecteur des caractères pris sur le vif,
des types curieux, sympathiques ou gro-
tesques de la vie parisienne, pour ar-
river au plus émouvant, au plus inat-
tendu des dénouements.
LA
FILLE D'UN USURIER
à la fois roman de mœurs et roman
d'amour, n'aura pas moins de retentis-
sement que les nombreux ouvrages qui
ont depuis longtemps établi solidement
la réputation d'ODYSSE BAROT.
PRIME EXCEPTIONNELLE
Bicyclette x/xe SiÈCLE
DERNIER MODÈLE
Voir à la troisième page
~T fT 'i i
L'Impôt silesTraltients
M. Ph. de Grandiieu, dans le Figaro,
s'émeut de la progression constante des
dépenses publiques et de l'accroisse-
ment de nos budgets contre lequel l'é-
conomie des ministres des finances et
la stricte vigilance des Chambres sont
impuissantes. On ne saurait contester
que c'est un phénomène fort inquiétant
pour l'avenir et qui n'est déjà pas sans
créer des embarras chaque fois plus
grands lorsqu'il s'agit d'établir le bud-
get et d'équilibrer les recettes avec les
dépenses, les premières ayant moins de
facilité à s'accroître que les autres.
Il n'est pas juste de dire que cette
situation a été créée par l'incurie des
républicains ou par leur désir de pré-
parer pour eux ou pour leurs amis des
places largement rétribuées, et si l'on
Compare le budget actuel au budget de
1876, que la droite présente toujours
comme le modèle du genre, on voit
que des économies sérieuses ont été
faites sur certains ministères et que les
augmentations sur certains autres sont
à peu près insignifiantes. Par exemple,
la justice a passé de 35 millions à 37,
les beaux-arts de 7 millions à 8, le mi-
nistère de l'intérieur est descendu de
98 millions à 85 et les cultes de 54 à 44.
Si on laisse de côté les augmenta-
tions sur la guerre et la marine, dont
on peut gémir mais que personne ne
saurait songer à considérer comme inu-
tiles, on voit que les principales aug-
mentations ont porté sur l'agriculture,
le commerce, l'instruction publique et
les frais de régie. Ces dépenses sont en
général parfaitement justifiées; elles
p'ont pas été improductives, mais au
contraire elles ont contribué soit à ren-
dre la vie au pays depuis nos désastres,
soit à préparer pour l'avenir des réser-
ves matérielles ou intellectuelles, le
gouvernement ne devant pas se préoc-
cuper moins de doter l'instruction pu-
blique que d'assurer aux marchandises
des routes et des canaux.
On peut remarquer d'ailleurs que si
les augmentations de dépenses sont très
réelles pour certains chapitres, il y en
a d'autres pour lesquels elles ne sont
qu'apparentes. Nous ne songeons pas à
contester que l'instruction publique
coûte plus aujourd'hui qu'il y a vingt
ans. Mais si le budget de ce ministère a
passé de 40 millions à 190, le contri-
buable ne paye cependant pas 150 mil-
lions de plus qu'alors. Par le fait des
lois sur l'enseignement, les dépenses
d'Etat ont augmenté, mais les dépenses
communales ont été allégées dans une
certaine mesure; la rétribution sco-
laire a disparu pour faire place à la
gratuité, et par conséquent ce que l'on
paye en plus d'un côté est compensé, en
partie du moins, parce que l'on paye en
moins de l'autre.
Ces explications n'ont, du reste, pas
pour but de justifier toutes les dépenses
jusqu'au dernier centime et de nous dis-
simuler la gravité de la situation. Nous
la regardons avec moins de quiétude
que M. Poincaré, et quand il nous dil
que les augmentations de dépenses ré-
sultent de la « force des choses », cet ar-
gument qui paraît lui suffire ne nous
satisfait pas entièrement.
Mais ce qui nous paraît encore moins
satisfaisant, c'est le remède que M. Ph.
de GrandIieu propose d'apporter à notre
situation financière. Pour l'écrivain du
Figaro, la cause de notre mal réside
tout entière dans la bureaucratie, à la-
quelle il ne ménage pas les qualifica-
tions désobligeantes et dont, en der-
nière analyse, il propose de frapper le
traitement d'un impôt.
L'idée n'est pas très nouvelle. Quand,
au lendemain de la guerre, on cherchait
de tous côtés des matières imposables,
M. Casimir-Perier, le père du président
du conseil actuel, avait proposé un im-
pôt sur les traitements. Il les englobait
tous dans cette mesure, aussi bien ceux
des agents de l'Etat que ceux des em-
ployés des administrations privées ou
des commis de maernsin.
-
Sous cette forme générale, l'idée pou-
vait jusqu'à un certain point se défen-
dre. C'était un impôt sur une forme
particulière de revenu. Mais on ne voit
pas alors pourquoi le revenu, sous ses
autres formes, la plupart du temps plus
rémunératrices, n'était pas atteint par
la même mesure.
M. de Grandlieu, au contraire, ne
peut songer qu'à atteindre le traitement
des fonctionnaires de l'Etat, puisque
c'est le seul qui ait une répercussion
sur le budget, et la mesure qu'il propose
prend dès lors un caractère purement
vexatoire. Pour parler net, elle n'est
autre chose qu'une réduction sur le
traitement des fonctionnaires.
Or s'il existe encore un certain nom-
bre de gros traitements qui pourraient
avantageusement être réduits et des
sinécures qui pourraient être suppri-
mées, il faut reconnaître que la grande
masse des fonctionnaires de tout ordre,
et parmi eux ceux qui rendent à l'Etat
le plus de services, sont réduits à des
traitements d'une insuffisance ridicule.
Beaucoup même n'ont littéralement pas
le moyen de vivre et si l'on s'occupait
d'eux ce ne saurait être pour leur of-
frir sous une forme déguisée une ré-
duction de traitement, mais bien au
contraire pour leur assurer le moyen de
traîner une existence moins misérable.
On peut se demander d'ailleurs, eu
égard à cette modicité de traitement, ce
que produirait l'impôt imaginé par M.
de Grandlieu. Assurément ce n'est pas
cela qui comblerait les vides du bud-
get. Mais cela aurait un résultat cer-
tain: ce gérait d'irriter l'armée des
fonctionnaires contre la République. Ce
résultat ne serait pas pour déplaire à
M. de Grandiieu. La raison n'est peut
être pas suffisante pour que sa proposi-
tion soit adoptée par des Chambres ré-
publicaines.
ÉLECTIONS SÉNATORIALES
MEUSE
Inscrits : 848. — Votants : 844
MM. Buvignier, député, rép. 451 Elu.
Depautaine, rJp. 216
Thonin , candidat agricole. 171
[Il s'agissait de remplacer M. Schœlcher, séna-
teur inamovible, dont le siège a été attribué à ce
département.]
VAUCLUSE
Inscrits : 442. — Votants : 437
(1er tour)
MM .J. Gaillard, anc. député, rép.. 115 voix
Valayer, rép. 86
Taulier, rad. 76
Capty, maire d'Orange, rép. 71
Poncet, a. maire d'Avignon, r. 44
Guibert, cons. gén. rép 37
Divers 8
(2e tour)
MM. Gaillard. 149 voix
Ta ulier. 110
Valayer. 97
Capty. 80
(3e tour)
MM. Taulier 282 ELU
Gaillard, anc. dép. 151
MM. Valayer et Capty s'étaient désistés
pour M. Taulier.
[Il s'agissait de remplacer M. Gent, républicain,
décédé, qui avait été élu le 4 janvier 1891 par
352 voix, en même temps que M. Guérin qui en
obtenait 417.]
LES PRISONNIERS DE GLATZ
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Breslau, 1er avril.
Les deux officiers français prisonniers
dans la forteresse de Glatz ont eu ces temps
derniers de nombreuses visites.
On attend pour la semaine prochaine l'ar-
rivée de la mère et de la femme de l'un des
officiers.
Le jour de Pâques, le curé Viola a cilébré
au donjon un office en français.
ODIEUX SUPPLICE
New-York, lee avril.
Une scène de lynchage qui rappelle les supplices
carthaginois s'est passée à Ecchio (Texas). Une
négresse, accuséd du meurtre d'un enfant blanc, a
été enfermée dans un tonneau dans lequel on avait
préalablement enfoncé' de longs clous et qu'on a
laissé rouler sur une pente. Le corps décniqueté
de la victime a été ensuite pendu à un arbre et
criblé de balles. Autant qu'on a pu s'en assurer, la
malheureuse était innocente du crime qu'on lui
imputait.
STATISTIQUES MACABRES
CE QUE SERA LA PROCHAINE GUERRE
Les morts dans les batailles passées. —
La boucherie future. — Coups de
canon et coups de fusil.
Il est généralement admis que la prochaine
guerre sera beaucoup plus meurtrière que ne
l'a été jusqu'ici aucune des grandes luttes
que se sont livrées les peuples.
Mais si l'on s'en rapporte aux travaux que'
vient de publier sur la question un savant
économiste russe, il faut convenir que ce sera
réellement « une véritable boucherie ».
A en croire, en effet, des études que M.
J. Bloch a fait paraitre dans la Biblioteha
Warszawsha, 60 à 75 0/0 des combattants
payeraient de leur vie les frais des futures
querelles internationales.
Et M. Bloch ne fixe pas ce chiffre au ha-
sard. Il l'établit d'après les données les plus
récentes de la science militaire et après toute
une série d'inductions dont il n'est peut-être
pas inutile de dire un mot.
- Nous allons donc le suivre dans ses recher-
ches et commencer, comme lui, par examiner
les pertes du passé pour nous rendre compte
de ce que pourront être celles de l'avenir.
Pendant la guerre de 1870, l'armée alle-
mande a perdu en sept mois 33 0/0 de son
effectif. Elle avait au début des opérations
1,113,000 hommes ; elle n'en avait plus, à la
fin, que 829,000.
A Metz, en quatre-vingt-quinze jours — du
26 juillet au 29 octobre — les pertes que nous
avons subies se sont élevées dans la propor-
tion de 318 du nombre total de nos troupes.
Les bataillons allemands, de leur côté, ont
perdu 40010 des leurs.
Les tueries passées
Pendant la guerre russo-turque de 1877-
1878, l'armée russe du Danube, a perdu,
durant huit mois, 154,000 hommes sur les
592,000 dont elle se composait, — c'est-à-dire,
25 0[0 de son effectif.
Ceci n'est rien pourtant à côté de certaines
batailles napoléoniennes, telles que la ba-
taille d'Austerlitz qui a coûté 36 0/0 à l'ar-
mée,ou que la bataille de Leipzig qui a réduit
le corps d'York de 25 0/0 en deux heures.
Il est vrai qu'en revanche les bataillons
pris à part ont beaucoup plus souffert dans
les dernières guerres.
A Saint-Privat, la garde a perdu environ
76 0/0. A Plevna, les Russes ont perdu, le
8 juillet, 36 0/0; le 18, 21 0/0 et le 30, 20 0/0,
soit au total 77 0/0. Le général Kourapat-
kine estime même que les bataillons qui ont
pris part aux attaques de cette dernière jour-
née ont perdu 34 0/0, et que, pour les offi-
ciers, le nombre des morts a atteint jusqu'à
500/0.
IL* fusil
Il faut remarquer aussi que le fusil joue
un rôle de plus en plus grand dans ces ter-
ribles jeux de massacres.
En 1866, lors du conflit austro-prussien,
l'artillerie n'a tué du côté des Autrichiens
que 5010 du total des victimes. L'arme blan-
che en a fait 7 0[0 et les fusils 88 0/0. Quant
aux Prussiens, 16 010 d'entre eux ont été
victimes de l'artillerie, 5 0[0 des armes blan-
ches et 79 OiO des fusils.
En 1870, dans la seule bataille de Grave-
lotte, les pertes des Allemands ont été dues
pour 96, 5 0[0 aux chassepots et pour 2, 7 OIO
seulement aux coups de canon.
En 1878, à Plevna, bien qu'il s'agît de
s emparer d'une forteresse dont le principal
moyen de défense consistait dans ses pièces
d'artillerie, les balles des fusils ont tué 94 0/0
tandis que les canons frappaient 3, 5 0/0 et
les armes blanches 1 0/0 sur le total des tués
et des blessés.
Du reste, la proportion des tués et des
blessés paraît augmenter avec le perfection-
nement des armes. Jadis, la proportion nor-
male était de 1 mort sur 5 blessés ; la guerre
d'Orient a donné 1 mort pour 1 blessé.
Dans la prochaine guerre
Voyons à présent la perspective alléchante
de la guerre prochaine telle que l'envisage M.
Bloch :
« D'après certains écrivains militaires, nous
dit-il, des pertes dans nos guerres futures s'é-
lèveront à 50 0[0 pendant quelques mois.
Dans les sphères militaires françaises, l'opi-
nion prévaut que le front de l'armée atta-
quante perdra plus de 25 0(0. D'après un au-
teur russe, les pertes que subiront les batail-
lons dépendront de leur rôle dans la bataille
et varieront de 10 à 30 0[0 et même plus.
1 Pour moi, il y a un moyen rationnel per-
mettant de définir le chiffre éventuel des ner-
tes dans la prochaine guerre. Admettons que
l'arme à tir rapide et à longue portée, dont le
coup horizontal porte à 700 mètres, avec une
force trois fois aussi intense, ne sera pas plus
meurtrière que l'arme ancienne. Dans ce der-
nier cas, le même nombre de balles tuerait ou
blesserait le même nombre d'hommes. Il
suffirait donc de diviser le nombre des balles
dont dispose l'armée par le nombre moyen
des balles qu'il fallait jusqu'à présent pour
tuer un soldat, afin d'obtenir le chiffre pro-
bable des pertes.
» Or, voici le nombre de balles qu'il fallait
pour provoquer la mort d'un homme dans les
diverses batailles de ce siècle :
Avant 1859,. 143
Enl864. 66
En 1866. 66.38
En 1870 (dans l'armée allemande).. 49
Dans l'armée française, d'après Ri-
vière 49
— d'après Montluisant. 102
» Si différents que soient ces chiffres, ils nous
permettent cependant de conclure qu'il suffit
de 150 projectiles qui se trouvent dans la gi-
berne de chaque soldat pour faire disparaître
des rangs au moins un homme.
» Du reste, les écrivains militaires préten-
daient même jadis, avant l'application des
armes perfectionnées que, s'il n'y avait pas
7 victimes sur 1,000 décharges, c'est-à-dire,
environ une victime sur 143 balles, il fallait
mieux faire cesser le feu.
» En présence de la poudre sans fumée et
du perfectionnement des armes, les pertes
seront indubitablement plus grandes que par
le passé. Pendant la dernière guerre du Chili,
l'armée constitutionnelle se servait des fusils
système Mannlicher. Sur 9,925 combattants,
3,446 avaient été munis de la nouvelle arme.
L'examen des cadavres et des blessés a dé-
montré que sur 100 victimes 560[0 ont été
atteintes par des fusils Mannlicher, quoique
leur nombre ne fût que 1/3 des fusils mis en
mouvement. »
M. Bloch en conclut que les fusils perfec-
tionnés doivent faire deux fois autant de vic-
times que leurs devanciers.
Le rôle du canon
Mais passons à l'artillerie :
Jadis, elle ne pouvait agir qu'à des dis-
tances rapprochées ; son rôle était par consé-
quent moins important et le nombre des pro-
jectiles lancés plus restreint.
r Pendant la campagne de 1859, on a lancé à
Montebello de 56 canons 9 projectiles et à
Solferino de 368 canons 29 projectiles. Pen-
dant la campagne de 1870, on a lancé, à Gra-
velotte, de 654 canons jusqu'à 53, et à Sedan
de 582 canons jusqu'à 57 projectiles par
canon.
Or, d'après les spécialistes, les canons doi-
vent à l'avenir atteindre l'ennemi cinq fois
plus fortement qu'autrefois, et comme ils lan-
cent, à l'heure qu'il est, deux à trois fois plus
de projectiles dans le même laps de temps
qu'en 1870, il est permis d'en déduire que
l' artillerie fera de douze à quinze fois plus de
ravages que par le passé.
Ainsi, on peut juger par là de ce que nous
promet la prochaine guerre.
C'est au point qu'il est permis de se deman-
der si l'on trouvera jamais un homme ou un
gouvernement assez audacieux pour oser la
déclarer.
M. SPULLER A VERSAILLES
M. Spuller, ministre de l'instruction publi-
que, a inauguré hier, à Versailles, le nou-
veau lycée de filles élevé par les soins de la
municipalité.
Arrivé à Versailles à onze heures avec son
chef de cabinet, M. Hector Depasse, et le
vice-recteur de l'académie de Paris, M.
Gréard, le ministre a quitté la préfecture à
deux heures pour se rendre au nouveau ly-
cée où il a été reçu par la directrice de l'éta-
blissement, Mlle Arnaud, entourée de ses pro-
fesseurs.
Après un discours du maire de Versailles,
M. Spuller a pris la parole.
Il a commencé par examiner les modifica-
tions qu'ont subies les programmes d'ensei-
gnement depuis quatorze ans.
« On s'applique, a-t-il dit, à y maintenir les
femmes dans leur rôle d'inspiratrices et bon-
nes conseillères. Ce rôle, la femme française
l'a toujours rempli avec bonheur, déjà au
temps de la Gaule, puis au moyen âge; elle
doit l'amener aujourd'hui à être le meilleur
agent du progrès.
a La femme américaine a dépassé le but et
empiété sur un domaine qui n'est pas le sien.
Je lui préfère la Française qui filait la laine
et gardait le foyer tout en s'intéressant à la
famille. La vérité est dans cette tradition
bien comprise et élargie. »
Puis, M. Spuller insiste de nouveau sur la
nécessité de faire la réconciliation entre tous
les Français. Cette œuvre ne peut avoir de
meilleur auxiliaire que la femme, et c'est en
pensant à elle qu'il a prononcé à la tribune
cette parole qu'on a commentée et qu'il per-
siste à croire l'expression vraie de la si-
tuation : « Il y a un esprit nouveau qui souf-
fle sur la France. »
On a dit que cette parole n'était pas com-
prise. Mais si elle a pu surprendre un instant,
M. Spuller ne croit pas que sa pensée ait pu
être méconnue.
& « En tout cas, a ajouté le ministre, il faut
que les femmes viennent toutes à la Républi-
que et il faut les y appeler par la tolérance. »
M. Spuller a ensuite remis la rosette d'offi-
cier de l'Instruction publique à Mlle Arnaud,
à M. Dufoix, secrétaire général de la préfec-
ture, et à M. Mazinguin, délégué cantonal, et
les palmes d'officier d'académie à Mlle Haury,
professeur au lycée, et à M. Quero. conseiller
municipal.
Enfin, au nom du ministre de l'agriculture,
il a remis la croix du Mérite agricole à M.
Gautier, jardinier en chef du Trianon.
M. Spuller a visité le lycée aussitôt après et
a quitté Versailles à quatre heures pour ren-
trer à Paris.
la Compagnie Transatlantique
XXII [
LA COMPAGNIE TRANSATLANTIQUE
ET LA COMPAGNIE DE LA MALLE
ROYALE ANGLAISE
Voici maintenant les comptes de la Compa-
gnie de la Malle royale anglaise :
Cette société a été fondée en 1839. Elle des-
sert depuis cinquante-cinq ans les lignes pos-
tales anglaises de Southampton aux Antilles
et à Panama et depuis quarante-trois ans la
ligne de Southampton au Brésil et à la Plata.
Elle fournit donc, sous pavillon postal an-
glais, des services dans la mer des Antilles
qui ne le cèdent sous aucun rapport aux ser-
vices identiques de la Compagnie transatlan-
tique. Elle dessert également à destination
du Brésil et de la Plata des lignes de tous
points comparables et au moins égales aux
lignes françaises des Antilles.
La Malle royale et la Compagnie Cunard
remplissent donc en Angleterre les mêmes
fonctions que la Compagnie transatlantique
en France. Seulement, ellss les remplissent
honnêtement.
Au 31 décembre 1890, la Compagnie de la
Malle royale possédait une flotte de 23 pa-
quebots, réunissant 73,216 tonnes de jauge
brute et 80,497 chevaux de force indiquée.
L'âge moyen de cette flotte était, à cette
même époque, 12 ans, c'est-à-dire deux ans
de moins que l'âge moyen de la flotte de la
Compagnie transatlantique — 14 ans.
Les directeurs de la Malle royale n'indi-
quent pas dans leurs comptes publiés la va-
leur initiale de leur flotte. Ils n'inscrivent à
leurs bilans que sa valeur actuelle, c'est-à-
dire déduction faite de tous les amortisse-
ments réalisés. Nous ne pouvons donc com-
parer le prix de revient des paquebots de la
Malle royale avec le prix de revient de M. Pe-
reire — 981 francs par tonne — et cela est
fâcheux, parce que la comparaison serait cer.
tainement un démenti de plus à l'adresse de
l'auteur du « système ».
Mais nous savons au moins la valeur ac-
tuelle des paquebots de la Malle royale : elle
- était au 31 décembre - 1890 - de. Fr. 26.851.325
soit pour les 73,216 tonnes de
jauge une valeur de. 367
par tonne, pour l'âge moyen de
12 ans.
Donc, la Compa gnie transatlan-
tique, estimant que ses paque-
bots valaient par tonne, à 14 ans
d'âge. 704
Tandis que la Malle royale es-
time les siens pour 12 ans d'âge
et par tonneau à. 367
M. Pereire attribue à ses pa-
quebots une valeur par tonneau
de 337
supérieure a l estimation de la compagnie
anglaise, bien que les paquebots français
soient de 2 ans plus vieux que les anglais.
CeU', différence constitue un écart de 92
pour 100 entre l'estimation des valeurs ac-
tuelles accusées par la Malle royale et l'esti-
mation véritablement funambulesque de M.
Pereire : 704 francs.
(A suivre.)
MORT DU PRÉSIDENT DU PÉROU
Lima, 1" avril.
Le général Remigio Morales Bermudez, prési-
dent de la République du Pérou, vient de mourir.
On craint
Mettes du Progrès
« FLATUAT » NEC MERGITUR
Les légendes s'en vont — comme les
dieux, comme les rois, comme le reste.
On avait cru jusqu'ici que de touslesali-
ments généralement quelconques, les lé-
gumes féculents étaient les plus. les
plus. les plus. venteux, et, si j'ose
m'exprimer ainsi, révérence parler, les
plus musicaux. Le haricot, en particulier,
qui passait pour éminemment gazogène et
qu'on n'avait pas craint de surnommer
« le piano du 4 pauvre », jouissait à cet
égard d'une réputation universelle.
Eh bien! si universelle qu'elle pût
être, la réputation des féculents en géné-
ral et du haricot en particulier était — re-
lativement, bien entendu, car tout est
relatif — une réputation usurpée. Si mon
sympathique et rabelaisien confrère
M. Armand Silvestre, qui paraît avoir été
pour beaucoup dans cette'réputation falla-
cieuse, avait lu le procès-verbal del'avant-
dernière séance, présidée par M. de Beau-
vais, de la Société de médecitie et de
chirurgie pratiques, c'eût été pour lui une
déception bien amère, et il aurait été
capable de déverser l'anathème sur le
cassoulet toulousain, d'où il a pourtant
tiré, depuis une douzaine d'années, tant
de superbes effets de style. et d'har-
monie.
D'après M. le docteur Dujardin-Beau-
metz, qui sut mettre, à traiter ce sujet
scabreux, toute la grandiloquence et toute
la solennité dont il est coutumier, ce qui
— sauf le respect que je vous dois —
donne le plus de vents, ce ne sont pas les
féculents, c'est le lait.
On ne s'attendait guère
A voir la crème en cette affaire!
C'est pourtant ainsi que vont les choses
du ventre. Tout individu, en effet, qui
est soumis au régime lacté exclusif — a
dit, eccpressis verbis, M. Dujardin-Beau-
metz, — a son bol alimentaire ipso facto
transformé en un mastic imperméable, à
traverslequel les gaz les plus subtils et les
plus insinuants essayeraient vainement
de passer. Cela forme dans l'intestin une
manière de bouchon mobile qui repousse,
au fur et à mesure qu'il progresse vers
son issue normale, la masse gazeuse si-
tuée au-dessous, tant et si bien que force
est à celle-ci, impuissante à remonter
vers les hauts du tube digestif, de s'écou-
ler, plus ou moins silencieusement, sui-
vant la ligne de moindre résistance. Je
présuppose que je me fais suffisamment
comprendre.
On a fortement discuté là-dessus, au
sein de la docte assemblée, qui semble
finalement s'être arrêtée à la nécessité de
diviser cette question éminemment explo-
sive et de distinguer à priori entre deux
états gazeux irréductibles: le tympanisme
et la flatulence.
Engendrés l'un et l'autre par l'accumu-
lation accidentelle de gaz dans la cavité
stomachale ou dans la cavité intestinale,
la flatulence et le tympanisme ne sau-
raient cependant être confondus. Ainsi
que l'a si élégamment expliqué M. Dujar-
din-Beaumetz, il y a tympanisme lorsque
les gaz se éveloppent; il y a flatulence
lorsquils s'échappent, tantôt à la sour-
dine, tantôt avec fracas. Dans le tympa-
nisme, en un mot, le patient a le ventre
comme un tambour (tympanon); dans la
flatulence, il l'a comme un trombone.
ou comme un soufflet. D'où cette consé-
quence que le tympanisme doit fatale-
ment précéder la flatulence, par cette ex-
cellente raison que, là où il n'y a rien, le
Pétomanelui-même perdrait l'haleine. On
ne joue pas du biniou avec une outre
vide.
D'où provient le tympanisme? Assuré-
ment, dans ce ballonnant phénomène, les
aliments jouent un grand rôle. Tous les
aliments, quels qu'ils soient, fermentent
en chemin : telle est même la condition
sine quâ non d'une digestion régulière.
Il s'ensuit que ceux qui se décomposent
aisément en éléments volatils et aéri-
formes doivent déterminer un gonflement
plus ou moins intense et passager. C'est
le cas du lait, qui, contenant beaucoup
d'eau, doit dégager beaucoup d'hydro-
gène. C'est aussi (mais dans une bien
moindre mesure) le cas des haricots, qui
exhalent assez d'acide sulfhydrique pour
qu'un docteur allemand, dont le nom
m'échappe, ait songé à asphyxier ainsi
jusque dans leurs cavernes, après avoir
pris soin de fermer préalablement toutes
les soupapes, les bacilles de la tubercu-
lose.
Mais il y a autre chose. Il peut arriver
— et il arrive trop souvent — que les pa-
rois de l'estomac et les tuniques de l'intes-
tin aient accidentellement perdu leur élas-
ticité. Il suffit alors d'une très petite
quantité de gaz, dont aucun obstacle sé-
rieux ne vient plus réprimer l'expansion
indéfinie, pour dilater outre mesure le
tube digestif et l'empêcher cfe réagir.
C'est ce qui se produit notamment lors-
qu'il y a paralysie des muscles gastro-
intestinaux, ou à la suite d'une irritation
des nerfs vaso-moteurs qui commandent
les mouvements péristaltiques de l'esto-
mac et les mouvements vermiculaires de
l'intestin. La dyspepsie, le défaut de sé-
crétion biliaire, certaines névroses, l'hys-
térie, le surmenage de l'estomac, la hernie
étranglée, la péritonite, l'obstruction in-
testinale, etc., se traduisent fréquemment
ainsi.
Pas besoin d'être grand clerc en fait de
physiologie pour en induire que le tym-
panisme est, nécessairement, un état
morbide. Tous les organes étant, en effet,
comprimés ou distendus par l'irrégulière
poussée des gaz erratiques, il faut bien
qu'il s'ensuive des troubles fonctionnels.
ombien de malaises inexpliqués qui
n'ont pas d'autre origine 1 Car, de trois
choses l'une : Ou bien les gaz demeurent
emprisonnés à l'intérieur de la cavité, où
ils tendent — cela va de soi — à se déve-
lopper à outrancuisant l'appareil di-
gestif à l'impuissance, affolant le système
nerveux et serrant de plus en plus cruel-
lement, dans leur impalpable et ubiqaiste
étau, le cœur, le foie, la vessie, les pou-
mons et le reste. Ou bien, lorsque la pres-
sion des gaz du sang ne fait plus équili-
bre à la pression intra-intestinale, ils se
résorbent et passent dans le torrent cir-
culatoire — qui n'avait pas besoin de
cette invasion inopportune. Ou bien, en-
fin, ils prennent, par en haut ou par en
bas, la poudre d'escampette : « Fils de
saint Louis, montez au ciel ! »
Au risque de blesser les convenances,
je dois ajouter que cette dernière solution
est ce qui peut arriver de mieux aux gaz
d'abord, ainsi libérés d'une servitude
pour laquelle ils n'étaient pas faits, a~
patient ensuite, qu'ils étaient en train de
métamorphoser en montgoltière. C'est la
flatulence !
Jusqu'au jour où l'on aura trouvé lè
moyen d'absorber, au fur et à mesure de
leur formatiQD-, les gaz intimes-de l'esto-
mac et de l'intestin au moyen d'une subs-
tance chimique appropriée, et de fixer les
sons in petto, à l'état naissant, le plus
expédient et le plus sur sera encore de
leur donner la clef des champs. Mieux
vaut, en d'autres termes, « flatuler » que
« tympaniser ». Il y faut simplement
mettre un brin de discrétion.
Le malheur est que, dans toutes les ca-
vités naturelles, toutes les fois qu'il y a
distension active ou passive, il se produit
une paralysie des parois, avec spasme des
orifices. C'est même de cette façon que,
le plus souvent, le tympanisme est empê-
ché d'engendrer logiquement la flatulence.
Si nous en croyons le proverbe, ce qui
vient de la flûte retourne au tambour, et
il serait naturel que la réciproque fût
vraie. Malheureusement, on le voit, il n'en
est pas toujours ainsi, et, jusqu'à nouvel
ordre, le mal paraît devoir demeurer sans
remède. Si le ventre affamé n'a pas d'oreil.
les, le ventre tympanisé n'a pas de
voix.
M. Dujardin-Beaumetz a donc dû se.
borner à poser le problème, sans le résou-
dre. Pas plus à lui qu'à d'autres, Eole ne
paraît encore d'humeur à révéler le secret
pour ouvrir le coffre-fort où s'emmagasi-
nent les borborygmes et les tempêtes in-
terstitielles. Mais c'est déjà quelque
chose d'avoir osé prendre corps à corps ce
sujet particulièrement fugace : autant —
espérons-le — n'en emportera pas le vent!
Raoul Lucet.
A CHATEAUNEUF-DU-PAPE
Sans que personne ait paru s'en émouvoir
une petite révolution - très significative quoi.
que purement géographique — s'est accomplie
dans un des coins les plus charmants de la
Provence.
Châteauneuf, cette pittoresque localité où le
doux poète des Baisers, Anselme Mathieu,
puisa ses inspirations les plus pures, dont les
coteaux ensoleillés, profilant leur ligne gra-
cieuse près de la vallée du Rhône, entre Avi-
gnon, la ville des papes, et Orange, la ville
des empereurs, servirent de cadre à l'un des
plus attachants romans d'Alphonse Daudet,
et dont les vins fameux jouissaient d'une ré-
putation universelle à une époque où la re-
nommée n'avait point cependant, pour cou-
rir le monde, ces merveilleux facteurs qui
s'appellent la presse, le chemin de fer, le
télégraphe, Châteauneuf reprend orgueilleu-
sement son ancien nom de Châteauneut-du-
Papel
Cela n'a l'air de rien ; c'est pourtant l'affir-
mation d'une résurrection et comme l'évoca-
tion d'un passé dont le fil rompu est aujour-
d'hui retrouvé.
Le bon pape Clément V savait ce qu'il fai-
sait lorsqu'il quittait l'Avignon sur sa mule
paresseuse pour aller visiter sa vigne de Châ-
teauneuf et la soigner lui-même: c'était l'âme
d'un pays qu'il voulait garder là, devant le
Rhône, sous le soleil, en terre ferme.
Un jour, on nous a dit que la vigne du pape
était morte. Elle n'était qu'assoupie. La
voici de nouveau en pleine vie.
Dans l'étonnante reconstitution des vigno-
bles des côtes du Rhône, la ténacité de ° nos
vignerons a fait des merveilles; mais nulle
part l'effort n'a été aussi considérable, les ré-
sultats aussi stupéfiants qu'à Châteauneutf-
du-Pape, dont le plus important vignoble,
celui des Fines-Roches, est aujourd'hui con-
sidéré à juste titre comme un modèle par tous
ceux qui suivent avec intérêt les progrès de
la viticulture française.
Il y a dix-huit mois environ, je me trouvais
à Châteauneuf-du-Pape avec le grand poète
Mistral, le capoulié Félix Gras, l'attachant
conteur Paul Arène et quelques notabilités de
la région, et comme tous nous admirions
les transformations apportées dans ce coirt
de la Provence, le doyen des félibres, An-
selme Mathieu, enfant du pays, nous en conta
la genèse :
Un homme était venu, qui, laissant de côté,
sur le domaine des Fines-Roches, les procé-
dés de culture routiniers, y avait substitué les
procédés nouveaux. Sacrifiant tout à l'avenir
normal de ses vignobles, il avait accompli à
Châteauneuf de véritables prodiges. Durant
plusieurs mois des machines à vapeur avaient
défoncé le sol, creusant profondément la terre
sous les galets ; les terrains se trouvaient ni-
velés comme par enchantement, la sève en-
dormie se réveillait avec une intensité nou-
velle.
Et tandis que renaissaient ainsi les vigno-
bles autrefois célèbres de Châteauneuf, un
imposant château, construit d'après les plans
de l'ancien palais d'été des papes détruit en
1631 par le baron des Adrets, se dressait, ma-
jestneux, sur les Fines-Roches, profilant dans
le ciel bleu ses tours et ses créneaux. Le do-
maine avait sa véritable marque. Le passé
revivait complet.
Lorsqu'on inaugura ce château quasi féo-
dal, une fête populaire inoubliable eut lieu.
Poètes, vignerons, paysans, par centaines,
étaient accourus de tous les points de la ré-
gion et pendant une bonne partie de la nuit,
a la lueur des feux de joie, les brindes, les
discours, les chansons se succédèrent. En une
éloquente improvisation, Mistral, à qui son
génie valut d'être surnommé l'empereur de la
Provence, décréta que les Fines-Roches se-
raient désormais le centre du félibrige et
chanta la gloire du vin de Châteauneuf res-
suscité, « le roi des vins, le vin des rois 1 »
Les efforts du propriétaire des Fines-Ro-
ches, M. Henri Constantin, et les sacrifices
qu'il a faits pour vaincre la routine n'ont pas
été inutiles : les grands cépages de petite
Syrrah ont fait merveille et donnent un vin
couleur de rubis, savoureux et délicat, dont
le fin bouquet, si différent des arQJn. ÀQF.d,-
MARDI 3 AVRIL 1S94
lqitm ——.—
Àdiamb6m o w l!li
jo iu
LE XIX1 SIECLE
REOAGTfGtï ET ADBUNISrflA TrOIt
142, Rue Montmartre
PARIS
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'ari. IJlilltis, 6 f.; là fi f.; h la, ilf.
appartements - 7f. - 12 L; - 24t
Union Postale - 9 f.; - ig{.; 321
(es Abonnements sont reçus sans trait dSBI
tous les Bureaux - de Poste.
JLTT J* OXJR_X3'IM;~CJI
nous commencerons la publication d'un
nouveau grand feuilleton dû à la plume
d'un des maîtres du roman contempo-
rain :
LA
FILLE D'UN USURIER
PAR
ODYSSE BAROT
Nous n'avons pas à faire ici l'éloge
de l'auteur. Les lecteurs du XIXe Siècle
n'ont pas oublié LE GOUFFRE qui,
l'année dernière, a eu dans nos colonnes
un si vif succès.
Dans cette œuvre nouvelle, Odysse
Barot, dans le cadre d'une action - tou-
chante et dramatique, fait défiler devant
le lecteur des caractères pris sur le vif,
des types curieux, sympathiques ou gro-
tesques de la vie parisienne, pour ar-
river au plus émouvant, au plus inat-
tendu des dénouements.
LA
FILLE D'UN USURIER
à la fois roman de mœurs et roman
d'amour, n'aura pas moins de retentis-
sement que les nombreux ouvrages qui
ont depuis longtemps établi solidement
la réputation d'ODYSSE BAROT.
PRIME EXCEPTIONNELLE
Bicyclette x/xe SiÈCLE
DERNIER MODÈLE
Voir à la troisième page
~T fT 'i i
L'Impôt silesTraltients
M. Ph. de Grandiieu, dans le Figaro,
s'émeut de la progression constante des
dépenses publiques et de l'accroisse-
ment de nos budgets contre lequel l'é-
conomie des ministres des finances et
la stricte vigilance des Chambres sont
impuissantes. On ne saurait contester
que c'est un phénomène fort inquiétant
pour l'avenir et qui n'est déjà pas sans
créer des embarras chaque fois plus
grands lorsqu'il s'agit d'établir le bud-
get et d'équilibrer les recettes avec les
dépenses, les premières ayant moins de
facilité à s'accroître que les autres.
Il n'est pas juste de dire que cette
situation a été créée par l'incurie des
républicains ou par leur désir de pré-
parer pour eux ou pour leurs amis des
places largement rétribuées, et si l'on
Compare le budget actuel au budget de
1876, que la droite présente toujours
comme le modèle du genre, on voit
que des économies sérieuses ont été
faites sur certains ministères et que les
augmentations sur certains autres sont
à peu près insignifiantes. Par exemple,
la justice a passé de 35 millions à 37,
les beaux-arts de 7 millions à 8, le mi-
nistère de l'intérieur est descendu de
98 millions à 85 et les cultes de 54 à 44.
Si on laisse de côté les augmenta-
tions sur la guerre et la marine, dont
on peut gémir mais que personne ne
saurait songer à considérer comme inu-
tiles, on voit que les principales aug-
mentations ont porté sur l'agriculture,
le commerce, l'instruction publique et
les frais de régie. Ces dépenses sont en
général parfaitement justifiées; elles
p'ont pas été improductives, mais au
contraire elles ont contribué soit à ren-
dre la vie au pays depuis nos désastres,
soit à préparer pour l'avenir des réser-
ves matérielles ou intellectuelles, le
gouvernement ne devant pas se préoc-
cuper moins de doter l'instruction pu-
blique que d'assurer aux marchandises
des routes et des canaux.
On peut remarquer d'ailleurs que si
les augmentations de dépenses sont très
réelles pour certains chapitres, il y en
a d'autres pour lesquels elles ne sont
qu'apparentes. Nous ne songeons pas à
contester que l'instruction publique
coûte plus aujourd'hui qu'il y a vingt
ans. Mais si le budget de ce ministère a
passé de 40 millions à 190, le contri-
buable ne paye cependant pas 150 mil-
lions de plus qu'alors. Par le fait des
lois sur l'enseignement, les dépenses
d'Etat ont augmenté, mais les dépenses
communales ont été allégées dans une
certaine mesure; la rétribution sco-
laire a disparu pour faire place à la
gratuité, et par conséquent ce que l'on
paye en plus d'un côté est compensé, en
partie du moins, parce que l'on paye en
moins de l'autre.
Ces explications n'ont, du reste, pas
pour but de justifier toutes les dépenses
jusqu'au dernier centime et de nous dis-
simuler la gravité de la situation. Nous
la regardons avec moins de quiétude
que M. Poincaré, et quand il nous dil
que les augmentations de dépenses ré-
sultent de la « force des choses », cet ar-
gument qui paraît lui suffire ne nous
satisfait pas entièrement.
Mais ce qui nous paraît encore moins
satisfaisant, c'est le remède que M. Ph.
de GrandIieu propose d'apporter à notre
situation financière. Pour l'écrivain du
Figaro, la cause de notre mal réside
tout entière dans la bureaucratie, à la-
quelle il ne ménage pas les qualifica-
tions désobligeantes et dont, en der-
nière analyse, il propose de frapper le
traitement d'un impôt.
L'idée n'est pas très nouvelle. Quand,
au lendemain de la guerre, on cherchait
de tous côtés des matières imposables,
M. Casimir-Perier, le père du président
du conseil actuel, avait proposé un im-
pôt sur les traitements. Il les englobait
tous dans cette mesure, aussi bien ceux
des agents de l'Etat que ceux des em-
ployés des administrations privées ou
des commis de maernsin.
-
Sous cette forme générale, l'idée pou-
vait jusqu'à un certain point se défen-
dre. C'était un impôt sur une forme
particulière de revenu. Mais on ne voit
pas alors pourquoi le revenu, sous ses
autres formes, la plupart du temps plus
rémunératrices, n'était pas atteint par
la même mesure.
M. de Grandlieu, au contraire, ne
peut songer qu'à atteindre le traitement
des fonctionnaires de l'Etat, puisque
c'est le seul qui ait une répercussion
sur le budget, et la mesure qu'il propose
prend dès lors un caractère purement
vexatoire. Pour parler net, elle n'est
autre chose qu'une réduction sur le
traitement des fonctionnaires.
Or s'il existe encore un certain nom-
bre de gros traitements qui pourraient
avantageusement être réduits et des
sinécures qui pourraient être suppri-
mées, il faut reconnaître que la grande
masse des fonctionnaires de tout ordre,
et parmi eux ceux qui rendent à l'Etat
le plus de services, sont réduits à des
traitements d'une insuffisance ridicule.
Beaucoup même n'ont littéralement pas
le moyen de vivre et si l'on s'occupait
d'eux ce ne saurait être pour leur of-
frir sous une forme déguisée une ré-
duction de traitement, mais bien au
contraire pour leur assurer le moyen de
traîner une existence moins misérable.
On peut se demander d'ailleurs, eu
égard à cette modicité de traitement, ce
que produirait l'impôt imaginé par M.
de Grandlieu. Assurément ce n'est pas
cela qui comblerait les vides du bud-
get. Mais cela aurait un résultat cer-
tain: ce gérait d'irriter l'armée des
fonctionnaires contre la République. Ce
résultat ne serait pas pour déplaire à
M. de Grandiieu. La raison n'est peut
être pas suffisante pour que sa proposi-
tion soit adoptée par des Chambres ré-
publicaines.
ÉLECTIONS SÉNATORIALES
MEUSE
Inscrits : 848. — Votants : 844
MM. Buvignier, député, rép. 451 Elu.
Depautaine, rJp. 216
Thonin , candidat agricole. 171
[Il s'agissait de remplacer M. Schœlcher, séna-
teur inamovible, dont le siège a été attribué à ce
département.]
VAUCLUSE
Inscrits : 442. — Votants : 437
(1er tour)
MM .J. Gaillard, anc. député, rép.. 115 voix
Valayer, rép. 86
Taulier, rad. 76
Capty, maire d'Orange, rép. 71
Poncet, a. maire d'Avignon, r. 44
Guibert, cons. gén. rép 37
Divers 8
(2e tour)
MM. Gaillard. 149 voix
Ta ulier. 110
Valayer. 97
Capty. 80
(3e tour)
MM. Taulier 282 ELU
Gaillard, anc. dép. 151
MM. Valayer et Capty s'étaient désistés
pour M. Taulier.
[Il s'agissait de remplacer M. Gent, républicain,
décédé, qui avait été élu le 4 janvier 1891 par
352 voix, en même temps que M. Guérin qui en
obtenait 417.]
LES PRISONNIERS DE GLATZ
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Breslau, 1er avril.
Les deux officiers français prisonniers
dans la forteresse de Glatz ont eu ces temps
derniers de nombreuses visites.
On attend pour la semaine prochaine l'ar-
rivée de la mère et de la femme de l'un des
officiers.
Le jour de Pâques, le curé Viola a cilébré
au donjon un office en français.
ODIEUX SUPPLICE
New-York, lee avril.
Une scène de lynchage qui rappelle les supplices
carthaginois s'est passée à Ecchio (Texas). Une
négresse, accuséd du meurtre d'un enfant blanc, a
été enfermée dans un tonneau dans lequel on avait
préalablement enfoncé' de longs clous et qu'on a
laissé rouler sur une pente. Le corps décniqueté
de la victime a été ensuite pendu à un arbre et
criblé de balles. Autant qu'on a pu s'en assurer, la
malheureuse était innocente du crime qu'on lui
imputait.
STATISTIQUES MACABRES
CE QUE SERA LA PROCHAINE GUERRE
Les morts dans les batailles passées. —
La boucherie future. — Coups de
canon et coups de fusil.
Il est généralement admis que la prochaine
guerre sera beaucoup plus meurtrière que ne
l'a été jusqu'ici aucune des grandes luttes
que se sont livrées les peuples.
Mais si l'on s'en rapporte aux travaux que'
vient de publier sur la question un savant
économiste russe, il faut convenir que ce sera
réellement « une véritable boucherie ».
A en croire, en effet, des études que M.
J. Bloch a fait paraitre dans la Biblioteha
Warszawsha, 60 à 75 0/0 des combattants
payeraient de leur vie les frais des futures
querelles internationales.
Et M. Bloch ne fixe pas ce chiffre au ha-
sard. Il l'établit d'après les données les plus
récentes de la science militaire et après toute
une série d'inductions dont il n'est peut-être
pas inutile de dire un mot.
- Nous allons donc le suivre dans ses recher-
ches et commencer, comme lui, par examiner
les pertes du passé pour nous rendre compte
de ce que pourront être celles de l'avenir.
Pendant la guerre de 1870, l'armée alle-
mande a perdu en sept mois 33 0/0 de son
effectif. Elle avait au début des opérations
1,113,000 hommes ; elle n'en avait plus, à la
fin, que 829,000.
A Metz, en quatre-vingt-quinze jours — du
26 juillet au 29 octobre — les pertes que nous
avons subies se sont élevées dans la propor-
tion de 318 du nombre total de nos troupes.
Les bataillons allemands, de leur côté, ont
perdu 40010 des leurs.
Les tueries passées
Pendant la guerre russo-turque de 1877-
1878, l'armée russe du Danube, a perdu,
durant huit mois, 154,000 hommes sur les
592,000 dont elle se composait, — c'est-à-dire,
25 0[0 de son effectif.
Ceci n'est rien pourtant à côté de certaines
batailles napoléoniennes, telles que la ba-
taille d'Austerlitz qui a coûté 36 0/0 à l'ar-
mée,ou que la bataille de Leipzig qui a réduit
le corps d'York de 25 0/0 en deux heures.
Il est vrai qu'en revanche les bataillons
pris à part ont beaucoup plus souffert dans
les dernières guerres.
A Saint-Privat, la garde a perdu environ
76 0/0. A Plevna, les Russes ont perdu, le
8 juillet, 36 0/0; le 18, 21 0/0 et le 30, 20 0/0,
soit au total 77 0/0. Le général Kourapat-
kine estime même que les bataillons qui ont
pris part aux attaques de cette dernière jour-
née ont perdu 34 0/0, et que, pour les offi-
ciers, le nombre des morts a atteint jusqu'à
500/0.
IL* fusil
Il faut remarquer aussi que le fusil joue
un rôle de plus en plus grand dans ces ter-
ribles jeux de massacres.
En 1866, lors du conflit austro-prussien,
l'artillerie n'a tué du côté des Autrichiens
que 5010 du total des victimes. L'arme blan-
che en a fait 7 0[0 et les fusils 88 0/0. Quant
aux Prussiens, 16 010 d'entre eux ont été
victimes de l'artillerie, 5 0[0 des armes blan-
ches et 79 OiO des fusils.
En 1870, dans la seule bataille de Grave-
lotte, les pertes des Allemands ont été dues
pour 96, 5 0[0 aux chassepots et pour 2, 7 OIO
seulement aux coups de canon.
En 1878, à Plevna, bien qu'il s'agît de
s emparer d'une forteresse dont le principal
moyen de défense consistait dans ses pièces
d'artillerie, les balles des fusils ont tué 94 0/0
tandis que les canons frappaient 3, 5 0/0 et
les armes blanches 1 0/0 sur le total des tués
et des blessés.
Du reste, la proportion des tués et des
blessés paraît augmenter avec le perfection-
nement des armes. Jadis, la proportion nor-
male était de 1 mort sur 5 blessés ; la guerre
d'Orient a donné 1 mort pour 1 blessé.
Dans la prochaine guerre
Voyons à présent la perspective alléchante
de la guerre prochaine telle que l'envisage M.
Bloch :
« D'après certains écrivains militaires, nous
dit-il, des pertes dans nos guerres futures s'é-
lèveront à 50 0[0 pendant quelques mois.
Dans les sphères militaires françaises, l'opi-
nion prévaut que le front de l'armée atta-
quante perdra plus de 25 0(0. D'après un au-
teur russe, les pertes que subiront les batail-
lons dépendront de leur rôle dans la bataille
et varieront de 10 à 30 0[0 et même plus.
1 Pour moi, il y a un moyen rationnel per-
mettant de définir le chiffre éventuel des ner-
tes dans la prochaine guerre. Admettons que
l'arme à tir rapide et à longue portée, dont le
coup horizontal porte à 700 mètres, avec une
force trois fois aussi intense, ne sera pas plus
meurtrière que l'arme ancienne. Dans ce der-
nier cas, le même nombre de balles tuerait ou
blesserait le même nombre d'hommes. Il
suffirait donc de diviser le nombre des balles
dont dispose l'armée par le nombre moyen
des balles qu'il fallait jusqu'à présent pour
tuer un soldat, afin d'obtenir le chiffre pro-
bable des pertes.
» Or, voici le nombre de balles qu'il fallait
pour provoquer la mort d'un homme dans les
diverses batailles de ce siècle :
Avant 1859,. 143
Enl864. 66
En 1866. 66.38
En 1870 (dans l'armée allemande).. 49
Dans l'armée française, d'après Ri-
vière 49
— d'après Montluisant. 102
» Si différents que soient ces chiffres, ils nous
permettent cependant de conclure qu'il suffit
de 150 projectiles qui se trouvent dans la gi-
berne de chaque soldat pour faire disparaître
des rangs au moins un homme.
» Du reste, les écrivains militaires préten-
daient même jadis, avant l'application des
armes perfectionnées que, s'il n'y avait pas
7 victimes sur 1,000 décharges, c'est-à-dire,
environ une victime sur 143 balles, il fallait
mieux faire cesser le feu.
» En présence de la poudre sans fumée et
du perfectionnement des armes, les pertes
seront indubitablement plus grandes que par
le passé. Pendant la dernière guerre du Chili,
l'armée constitutionnelle se servait des fusils
système Mannlicher. Sur 9,925 combattants,
3,446 avaient été munis de la nouvelle arme.
L'examen des cadavres et des blessés a dé-
montré que sur 100 victimes 560[0 ont été
atteintes par des fusils Mannlicher, quoique
leur nombre ne fût que 1/3 des fusils mis en
mouvement. »
M. Bloch en conclut que les fusils perfec-
tionnés doivent faire deux fois autant de vic-
times que leurs devanciers.
Le rôle du canon
Mais passons à l'artillerie :
Jadis, elle ne pouvait agir qu'à des dis-
tances rapprochées ; son rôle était par consé-
quent moins important et le nombre des pro-
jectiles lancés plus restreint.
r Pendant la campagne de 1859, on a lancé à
Montebello de 56 canons 9 projectiles et à
Solferino de 368 canons 29 projectiles. Pen-
dant la campagne de 1870, on a lancé, à Gra-
velotte, de 654 canons jusqu'à 53, et à Sedan
de 582 canons jusqu'à 57 projectiles par
canon.
Or, d'après les spécialistes, les canons doi-
vent à l'avenir atteindre l'ennemi cinq fois
plus fortement qu'autrefois, et comme ils lan-
cent, à l'heure qu'il est, deux à trois fois plus
de projectiles dans le même laps de temps
qu'en 1870, il est permis d'en déduire que
l' artillerie fera de douze à quinze fois plus de
ravages que par le passé.
Ainsi, on peut juger par là de ce que nous
promet la prochaine guerre.
C'est au point qu'il est permis de se deman-
der si l'on trouvera jamais un homme ou un
gouvernement assez audacieux pour oser la
déclarer.
M. SPULLER A VERSAILLES
M. Spuller, ministre de l'instruction publi-
que, a inauguré hier, à Versailles, le nou-
veau lycée de filles élevé par les soins de la
municipalité.
Arrivé à Versailles à onze heures avec son
chef de cabinet, M. Hector Depasse, et le
vice-recteur de l'académie de Paris, M.
Gréard, le ministre a quitté la préfecture à
deux heures pour se rendre au nouveau ly-
cée où il a été reçu par la directrice de l'éta-
blissement, Mlle Arnaud, entourée de ses pro-
fesseurs.
Après un discours du maire de Versailles,
M. Spuller a pris la parole.
Il a commencé par examiner les modifica-
tions qu'ont subies les programmes d'ensei-
gnement depuis quatorze ans.
« On s'applique, a-t-il dit, à y maintenir les
femmes dans leur rôle d'inspiratrices et bon-
nes conseillères. Ce rôle, la femme française
l'a toujours rempli avec bonheur, déjà au
temps de la Gaule, puis au moyen âge; elle
doit l'amener aujourd'hui à être le meilleur
agent du progrès.
a La femme américaine a dépassé le but et
empiété sur un domaine qui n'est pas le sien.
Je lui préfère la Française qui filait la laine
et gardait le foyer tout en s'intéressant à la
famille. La vérité est dans cette tradition
bien comprise et élargie. »
Puis, M. Spuller insiste de nouveau sur la
nécessité de faire la réconciliation entre tous
les Français. Cette œuvre ne peut avoir de
meilleur auxiliaire que la femme, et c'est en
pensant à elle qu'il a prononcé à la tribune
cette parole qu'on a commentée et qu'il per-
siste à croire l'expression vraie de la si-
tuation : « Il y a un esprit nouveau qui souf-
fle sur la France. »
On a dit que cette parole n'était pas com-
prise. Mais si elle a pu surprendre un instant,
M. Spuller ne croit pas que sa pensée ait pu
être méconnue.
& « En tout cas, a ajouté le ministre, il faut
que les femmes viennent toutes à la Républi-
que et il faut les y appeler par la tolérance. »
M. Spuller a ensuite remis la rosette d'offi-
cier de l'Instruction publique à Mlle Arnaud,
à M. Dufoix, secrétaire général de la préfec-
ture, et à M. Mazinguin, délégué cantonal, et
les palmes d'officier d'académie à Mlle Haury,
professeur au lycée, et à M. Quero. conseiller
municipal.
Enfin, au nom du ministre de l'agriculture,
il a remis la croix du Mérite agricole à M.
Gautier, jardinier en chef du Trianon.
M. Spuller a visité le lycée aussitôt après et
a quitté Versailles à quatre heures pour ren-
trer à Paris.
la Compagnie Transatlantique
XXII [
LA COMPAGNIE TRANSATLANTIQUE
ET LA COMPAGNIE DE LA MALLE
ROYALE ANGLAISE
Voici maintenant les comptes de la Compa-
gnie de la Malle royale anglaise :
Cette société a été fondée en 1839. Elle des-
sert depuis cinquante-cinq ans les lignes pos-
tales anglaises de Southampton aux Antilles
et à Panama et depuis quarante-trois ans la
ligne de Southampton au Brésil et à la Plata.
Elle fournit donc, sous pavillon postal an-
glais, des services dans la mer des Antilles
qui ne le cèdent sous aucun rapport aux ser-
vices identiques de la Compagnie transatlan-
tique. Elle dessert également à destination
du Brésil et de la Plata des lignes de tous
points comparables et au moins égales aux
lignes françaises des Antilles.
La Malle royale et la Compagnie Cunard
remplissent donc en Angleterre les mêmes
fonctions que la Compagnie transatlantique
en France. Seulement, ellss les remplissent
honnêtement.
Au 31 décembre 1890, la Compagnie de la
Malle royale possédait une flotte de 23 pa-
quebots, réunissant 73,216 tonnes de jauge
brute et 80,497 chevaux de force indiquée.
L'âge moyen de cette flotte était, à cette
même époque, 12 ans, c'est-à-dire deux ans
de moins que l'âge moyen de la flotte de la
Compagnie transatlantique — 14 ans.
Les directeurs de la Malle royale n'indi-
quent pas dans leurs comptes publiés la va-
leur initiale de leur flotte. Ils n'inscrivent à
leurs bilans que sa valeur actuelle, c'est-à-
dire déduction faite de tous les amortisse-
ments réalisés. Nous ne pouvons donc com-
parer le prix de revient des paquebots de la
Malle royale avec le prix de revient de M. Pe-
reire — 981 francs par tonne — et cela est
fâcheux, parce que la comparaison serait cer.
tainement un démenti de plus à l'adresse de
l'auteur du « système ».
Mais nous savons au moins la valeur ac-
tuelle des paquebots de la Malle royale : elle
- était au 31 décembre - 1890 - de. Fr. 26.851.325
soit pour les 73,216 tonnes de
jauge une valeur de. 367
par tonne, pour l'âge moyen de
12 ans.
Donc, la Compa gnie transatlan-
tique, estimant que ses paque-
bots valaient par tonne, à 14 ans
d'âge. 704
Tandis que la Malle royale es-
time les siens pour 12 ans d'âge
et par tonneau à. 367
M. Pereire attribue à ses pa-
quebots une valeur par tonneau
de 337
supérieure a l estimation de la compagnie
anglaise, bien que les paquebots français
soient de 2 ans plus vieux que les anglais.
CeU', différence constitue un écart de 92
pour 100 entre l'estimation des valeurs ac-
tuelles accusées par la Malle royale et l'esti-
mation véritablement funambulesque de M.
Pereire : 704 francs.
(A suivre.)
MORT DU PRÉSIDENT DU PÉROU
Lima, 1" avril.
Le général Remigio Morales Bermudez, prési-
dent de la République du Pérou, vient de mourir.
On craint
Mettes du Progrès
« FLATUAT » NEC MERGITUR
Les légendes s'en vont — comme les
dieux, comme les rois, comme le reste.
On avait cru jusqu'ici que de touslesali-
ments généralement quelconques, les lé-
gumes féculents étaient les plus. les
plus. les plus. venteux, et, si j'ose
m'exprimer ainsi, révérence parler, les
plus musicaux. Le haricot, en particulier,
qui passait pour éminemment gazogène et
qu'on n'avait pas craint de surnommer
« le piano du 4 pauvre », jouissait à cet
égard d'une réputation universelle.
Eh bien! si universelle qu'elle pût
être, la réputation des féculents en géné-
ral et du haricot en particulier était — re-
lativement, bien entendu, car tout est
relatif — une réputation usurpée. Si mon
sympathique et rabelaisien confrère
M. Armand Silvestre, qui paraît avoir été
pour beaucoup dans cette'réputation falla-
cieuse, avait lu le procès-verbal del'avant-
dernière séance, présidée par M. de Beau-
vais, de la Société de médecitie et de
chirurgie pratiques, c'eût été pour lui une
déception bien amère, et il aurait été
capable de déverser l'anathème sur le
cassoulet toulousain, d'où il a pourtant
tiré, depuis une douzaine d'années, tant
de superbes effets de style. et d'har-
monie.
D'après M. le docteur Dujardin-Beau-
metz, qui sut mettre, à traiter ce sujet
scabreux, toute la grandiloquence et toute
la solennité dont il est coutumier, ce qui
— sauf le respect que je vous dois —
donne le plus de vents, ce ne sont pas les
féculents, c'est le lait.
On ne s'attendait guère
A voir la crème en cette affaire!
C'est pourtant ainsi que vont les choses
du ventre. Tout individu, en effet, qui
est soumis au régime lacté exclusif — a
dit, eccpressis verbis, M. Dujardin-Beau-
metz, — a son bol alimentaire ipso facto
transformé en un mastic imperméable, à
traverslequel les gaz les plus subtils et les
plus insinuants essayeraient vainement
de passer. Cela forme dans l'intestin une
manière de bouchon mobile qui repousse,
au fur et à mesure qu'il progresse vers
son issue normale, la masse gazeuse si-
tuée au-dessous, tant et si bien que force
est à celle-ci, impuissante à remonter
vers les hauts du tube digestif, de s'écou-
ler, plus ou moins silencieusement, sui-
vant la ligne de moindre résistance. Je
présuppose que je me fais suffisamment
comprendre.
On a fortement discuté là-dessus, au
sein de la docte assemblée, qui semble
finalement s'être arrêtée à la nécessité de
diviser cette question éminemment explo-
sive et de distinguer à priori entre deux
états gazeux irréductibles: le tympanisme
et la flatulence.
Engendrés l'un et l'autre par l'accumu-
lation accidentelle de gaz dans la cavité
stomachale ou dans la cavité intestinale,
la flatulence et le tympanisme ne sau-
raient cependant être confondus. Ainsi
que l'a si élégamment expliqué M. Dujar-
din-Beaumetz, il y a tympanisme lorsque
les gaz se éveloppent; il y a flatulence
lorsquils s'échappent, tantôt à la sour-
dine, tantôt avec fracas. Dans le tympa-
nisme, en un mot, le patient a le ventre
comme un tambour (tympanon); dans la
flatulence, il l'a comme un trombone.
ou comme un soufflet. D'où cette consé-
quence que le tympanisme doit fatale-
ment précéder la flatulence, par cette ex-
cellente raison que, là où il n'y a rien, le
Pétomanelui-même perdrait l'haleine. On
ne joue pas du biniou avec une outre
vide.
D'où provient le tympanisme? Assuré-
ment, dans ce ballonnant phénomène, les
aliments jouent un grand rôle. Tous les
aliments, quels qu'ils soient, fermentent
en chemin : telle est même la condition
sine quâ non d'une digestion régulière.
Il s'ensuit que ceux qui se décomposent
aisément en éléments volatils et aéri-
formes doivent déterminer un gonflement
plus ou moins intense et passager. C'est
le cas du lait, qui, contenant beaucoup
d'eau, doit dégager beaucoup d'hydro-
gène. C'est aussi (mais dans une bien
moindre mesure) le cas des haricots, qui
exhalent assez d'acide sulfhydrique pour
qu'un docteur allemand, dont le nom
m'échappe, ait songé à asphyxier ainsi
jusque dans leurs cavernes, après avoir
pris soin de fermer préalablement toutes
les soupapes, les bacilles de la tubercu-
lose.
Mais il y a autre chose. Il peut arriver
— et il arrive trop souvent — que les pa-
rois de l'estomac et les tuniques de l'intes-
tin aient accidentellement perdu leur élas-
ticité. Il suffit alors d'une très petite
quantité de gaz, dont aucun obstacle sé-
rieux ne vient plus réprimer l'expansion
indéfinie, pour dilater outre mesure le
tube digestif et l'empêcher cfe réagir.
C'est ce qui se produit notamment lors-
qu'il y a paralysie des muscles gastro-
intestinaux, ou à la suite d'une irritation
des nerfs vaso-moteurs qui commandent
les mouvements péristaltiques de l'esto-
mac et les mouvements vermiculaires de
l'intestin. La dyspepsie, le défaut de sé-
crétion biliaire, certaines névroses, l'hys-
térie, le surmenage de l'estomac, la hernie
étranglée, la péritonite, l'obstruction in-
testinale, etc., se traduisent fréquemment
ainsi.
Pas besoin d'être grand clerc en fait de
physiologie pour en induire que le tym-
panisme est, nécessairement, un état
morbide. Tous les organes étant, en effet,
comprimés ou distendus par l'irrégulière
poussée des gaz erratiques, il faut bien
qu'il s'ensuive des troubles fonctionnels.
ombien de malaises inexpliqués qui
n'ont pas d'autre origine 1 Car, de trois
choses l'une : Ou bien les gaz demeurent
emprisonnés à l'intérieur de la cavité, où
ils tendent — cela va de soi — à se déve-
lopper à outrancuisant l'appareil di-
gestif à l'impuissance, affolant le système
nerveux et serrant de plus en plus cruel-
lement, dans leur impalpable et ubiqaiste
étau, le cœur, le foie, la vessie, les pou-
mons et le reste. Ou bien, lorsque la pres-
sion des gaz du sang ne fait plus équili-
bre à la pression intra-intestinale, ils se
résorbent et passent dans le torrent cir-
culatoire — qui n'avait pas besoin de
cette invasion inopportune. Ou bien, en-
fin, ils prennent, par en haut ou par en
bas, la poudre d'escampette : « Fils de
saint Louis, montez au ciel ! »
Au risque de blesser les convenances,
je dois ajouter que cette dernière solution
est ce qui peut arriver de mieux aux gaz
d'abord, ainsi libérés d'une servitude
pour laquelle ils n'étaient pas faits, a~
patient ensuite, qu'ils étaient en train de
métamorphoser en montgoltière. C'est la
flatulence !
Jusqu'au jour où l'on aura trouvé lè
moyen d'absorber, au fur et à mesure de
leur formatiQD-, les gaz intimes-de l'esto-
mac et de l'intestin au moyen d'une subs-
tance chimique appropriée, et de fixer les
sons in petto, à l'état naissant, le plus
expédient et le plus sur sera encore de
leur donner la clef des champs. Mieux
vaut, en d'autres termes, « flatuler » que
« tympaniser ». Il y faut simplement
mettre un brin de discrétion.
Le malheur est que, dans toutes les ca-
vités naturelles, toutes les fois qu'il y a
distension active ou passive, il se produit
une paralysie des parois, avec spasme des
orifices. C'est même de cette façon que,
le plus souvent, le tympanisme est empê-
ché d'engendrer logiquement la flatulence.
Si nous en croyons le proverbe, ce qui
vient de la flûte retourne au tambour, et
il serait naturel que la réciproque fût
vraie. Malheureusement, on le voit, il n'en
est pas toujours ainsi, et, jusqu'à nouvel
ordre, le mal paraît devoir demeurer sans
remède. Si le ventre affamé n'a pas d'oreil.
les, le ventre tympanisé n'a pas de
voix.
M. Dujardin-Beaumetz a donc dû se.
borner à poser le problème, sans le résou-
dre. Pas plus à lui qu'à d'autres, Eole ne
paraît encore d'humeur à révéler le secret
pour ouvrir le coffre-fort où s'emmagasi-
nent les borborygmes et les tempêtes in-
terstitielles. Mais c'est déjà quelque
chose d'avoir osé prendre corps à corps ce
sujet particulièrement fugace : autant —
espérons-le — n'en emportera pas le vent!
Raoul Lucet.
A CHATEAUNEUF-DU-PAPE
Sans que personne ait paru s'en émouvoir
une petite révolution - très significative quoi.
que purement géographique — s'est accomplie
dans un des coins les plus charmants de la
Provence.
Châteauneuf, cette pittoresque localité où le
doux poète des Baisers, Anselme Mathieu,
puisa ses inspirations les plus pures, dont les
coteaux ensoleillés, profilant leur ligne gra-
cieuse près de la vallée du Rhône, entre Avi-
gnon, la ville des papes, et Orange, la ville
des empereurs, servirent de cadre à l'un des
plus attachants romans d'Alphonse Daudet,
et dont les vins fameux jouissaient d'une ré-
putation universelle à une époque où la re-
nommée n'avait point cependant, pour cou-
rir le monde, ces merveilleux facteurs qui
s'appellent la presse, le chemin de fer, le
télégraphe, Châteauneuf reprend orgueilleu-
sement son ancien nom de Châteauneut-du-
Papel
Cela n'a l'air de rien ; c'est pourtant l'affir-
mation d'une résurrection et comme l'évoca-
tion d'un passé dont le fil rompu est aujour-
d'hui retrouvé.
Le bon pape Clément V savait ce qu'il fai-
sait lorsqu'il quittait l'Avignon sur sa mule
paresseuse pour aller visiter sa vigne de Châ-
teauneuf et la soigner lui-même: c'était l'âme
d'un pays qu'il voulait garder là, devant le
Rhône, sous le soleil, en terre ferme.
Un jour, on nous a dit que la vigne du pape
était morte. Elle n'était qu'assoupie. La
voici de nouveau en pleine vie.
Dans l'étonnante reconstitution des vigno-
bles des côtes du Rhône, la ténacité de ° nos
vignerons a fait des merveilles; mais nulle
part l'effort n'a été aussi considérable, les ré-
sultats aussi stupéfiants qu'à Châteauneutf-
du-Pape, dont le plus important vignoble,
celui des Fines-Roches, est aujourd'hui con-
sidéré à juste titre comme un modèle par tous
ceux qui suivent avec intérêt les progrès de
la viticulture française.
Il y a dix-huit mois environ, je me trouvais
à Châteauneuf-du-Pape avec le grand poète
Mistral, le capoulié Félix Gras, l'attachant
conteur Paul Arène et quelques notabilités de
la région, et comme tous nous admirions
les transformations apportées dans ce coirt
de la Provence, le doyen des félibres, An-
selme Mathieu, enfant du pays, nous en conta
la genèse :
Un homme était venu, qui, laissant de côté,
sur le domaine des Fines-Roches, les procé-
dés de culture routiniers, y avait substitué les
procédés nouveaux. Sacrifiant tout à l'avenir
normal de ses vignobles, il avait accompli à
Châteauneuf de véritables prodiges. Durant
plusieurs mois des machines à vapeur avaient
défoncé le sol, creusant profondément la terre
sous les galets ; les terrains se trouvaient ni-
velés comme par enchantement, la sève en-
dormie se réveillait avec une intensité nou-
velle.
Et tandis que renaissaient ainsi les vigno-
bles autrefois célèbres de Châteauneuf, un
imposant château, construit d'après les plans
de l'ancien palais d'été des papes détruit en
1631 par le baron des Adrets, se dressait, ma-
jestneux, sur les Fines-Roches, profilant dans
le ciel bleu ses tours et ses créneaux. Le do-
maine avait sa véritable marque. Le passé
revivait complet.
Lorsqu'on inaugura ce château quasi féo-
dal, une fête populaire inoubliable eut lieu.
Poètes, vignerons, paysans, par centaines,
étaient accourus de tous les points de la ré-
gion et pendant une bonne partie de la nuit,
a la lueur des feux de joie, les brindes, les
discours, les chansons se succédèrent. En une
éloquente improvisation, Mistral, à qui son
génie valut d'être surnommé l'empereur de la
Provence, décréta que les Fines-Roches se-
raient désormais le centre du félibrige et
chanta la gloire du vin de Châteauneuf res-
suscité, « le roi des vins, le vin des rois 1 »
Les efforts du propriétaire des Fines-Ro-
ches, M. Henri Constantin, et les sacrifices
qu'il a faits pour vaincre la routine n'ont pas
été inutiles : les grands cépages de petite
Syrrah ont fait merveille et donnent un vin
couleur de rubis, savoureux et délicat, dont
le fin bouquet, si différent des arQJn. ÀQF.d,-
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