Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1894-03-31
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 31 mars 1894 31 mars 1894
Description : 1894/03/31 (A24,N8111). 1894/03/31 (A24,N8111).
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 29/04/2013
VINGT-QUATRIÈME ANNÉE. - N° 8,ii LE NUMÉRO CINO CENTIMES
SAMEDI "1 MARS 1S94
LE 1 SIÈCLE
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LES SYNDICATS
ET
LES ANCIENS OUVRIERS
M. André Lebon a déposé son rap-
port, au nom de la commission du tra-
vail, sur la modification de la loi du 21
mars 1884.
On sait de quoi il est question : les
syndicats professionnels peuvent-ils
comprendre parmi leurs membres d'an-
ciens ouvriers ou patrons? A ce point
d'interrogation les réponses les plus di-
verses ont été fournies.
Le Sénat, obéissant à ses traditions,
avait répondu non. La jurisprudence
emboîtait le pas au Sénat.
Mais les faits une fois de plus ne fu-
rent pas d'accord avec la théorie. Quand
le ministre de la justice s'avisa de
vouloir faire respecter l'interprétation
des cours et tribunaux, histoire d'être
agréable au Sénat et désagréable à un
certain nombre de syndicats ouvriers,
il se heurta à un obstacle inattendu.
Tous les syndicats — patronaux
comme ouvriers — violent à qui mieux
mieux la disposition de l'article 2 de la
loi de 1884 qui ne permet, à en croire
la cour de Bordeaux, qu'aux seules
personnes qui exercent actuellement
une profession de faire partie du syn-
dicat correspondant.
Devant cette constatation, il a bien
fallu se rendre à l'évidence : « Pour
mon compte, a dit M. Antonin Dubost
à la commission du travail, je n'hésite
pas à déclarer que quand sur un point une
loi quelconque n'a pas pu, pendant dix
ans, recevoir son application même de
la part de ceux (et c'est de beaucoup le
plus grand nombre) qu'on ne saurait
suspecter d'y apporter un esprit de ré-
bellion, c'est que cette disposition ne
s'adapte pas aux nécessités sociales et
qu'il y a lieu de la modifier ou de l'é-
tendre. C'est pourquoi le gouvernement
est favorable à une modification de la
loi de 1884. »
Cet aveu, arraché par le spectacle
des réalités au garde des sceaux, cons-
titue une première victoire pour les
syndicats, menacés d'être traînés en
masse devant les tribunaux correction-
nels. Le gouvernement, se séparant
nettement de l'opinion jadis exprimée
par le Sénat, opine qu'il faut modifier
la loi sur les syndicats.
Mais comment? Ici s'entremêlent les
solutions.
Dans la solution qu'il indiqua à la
commission comme ayant ses préféren-
ces, le ministre distinguait deux caté-
gories entre les personnes qui ont cessé
d'exercer une profession.
Si, au moment où elles l'ont abandon-
née, elles faisaient partie du syndicat,
elles y pourront rester pendant un cer-
tain délai : cinq ans, proposait M. Bar-
thou, un ministériel.
Si au contraire elles ne faisaient pas
partie du syndicat à l'instant où elles
ont cessé d'exercer la profession, elles
n'y pourront jamais être reçues.
La majorité de la commission a cru
devoir conserver cette distinction, mais
en modifiant le régime proposé par le
gouvernement.
S'agit-il de syndiqués qui abandon-
nent la profession, libre à eux de conti-
nuer, sans limite de temps, à faire par-
tie du syndicat.
Au contraire, les personnes qui ont
cessé d'exercer la profession n'apparte-
naient-elles pas au syndicat avant leur
sortie de la corporation, elles ne pour-
ront entrer dans l'association syndicale
qu'à cette double condition : avoir exercé
!a profession cinq ans au moins, ne
l'avoir pas quittée depuis plus de dix
ans.
Le gouvernement consent, en manière
de concession, à ouvrir à ces condi-
tions la porte des syndicats aux anciens
ouvriers ou patrons, mais il entend fixer
k toutes les personnes qui n'exercent
plus la profession, qu'elles fussent ou
non syndiquées lorsqu'elles l'ont quittée,
an délai passé lequel il leur faudra sor-
tir du syndicat.
La commission maintient ses propo-
rtions..
C'est entre ces deux systèmes, qui ne
brillent pas par la simplicité, que la
Chambre sera appelée à choisir.
Elle serait bien inspirée en déclarant
tout simplement, comme nous l'avons
demandé, que, pour faire partie d'un
syndicat, il est nécessaire et suffisant
d'avoir exercé la profession.
Aux timides à qui la netteté de cette
rédaction ferait entrevoir on ne sait
quels dangers imaginaires, nous re-
commandons de lire et de méditer la
note dont M, Lebon a fait suivre son
rapport sur les Tradés-Unions et les
anciens ouvriers.
Ils y verront que ces grandes et puis-
santes associations n'ont placé à leur
tête que d'anciens ouvriers qui préci-
sément abandonnaient leur profession
pour se consacrer tout entiers à leurs
nouvelles fonctions qui étaient rémuné-
rées.
Il est vrai que demander pour les ou-
vriers de la République française les
mêmes libertés dont jouissent les tra-
vailleurs de la monarchie britannique,
c'est pousser bien loin la hardiesse.
A. Millerand.
DERAILLEMENT
DU TRAIN DE BRUXELLES
Le train de voyageurs venant de Bruxelles
P. Paris a déraillé entre Epinay et Saint-
Denis, à six heures et demie.
Trois voyageurs ont été jetés hors de la
voie; deux personnes ont été légèrement con-
tusionnées.
L'accident est dû au mauvais état de la li-
gne du Nord.
M. CARNOT
GRAND-CROIX DE L'ORDRE DE SAINT-ÉTIENNE
Le président de la République a reçu hier
soir à cinq heures et demie, en audience offi-
cielle, l'ambassadeur d'Autriche-Hongrie qui
lui a remis, au nom de l'empereur Fran-
çois-Joseph, les insignes de l'ordre de Saint-
Etienne.
L'ambassadeur, en s'acquittant de cette
mission, a renouvelé au président l'assurance
de la très vive satisfaction qu'avait causée à
l'empereur son récent séjour au Cap-Martin.
Le président a prié le comte Hoyçs d'être
auprès de l'empereur l'interprète de ses sin-
cères remerciements.
Le président était entouré des officiers de sa
maison militaire en grande tenue.
Le comte Hoyos était accompagné des se-
crétaires de son ambassade, également en
costumes officiels.
Les honneurs militaires ont été rendus à
l'ambassadeur à son arrivée au palais de
l'Elysée et à son départ.
L'ordre de Saint-Etienne
Cet ordre fut fondé par l'impératrice Marie-
Thérèse en 1764; il est exclusivement des-
tiné à récompenser les services civils. Elle le
nomma « Ordre du saint et apostolique roi
Etienne » en l'honneur du premier roi de
Hongrie.
Une des principales conditions pour obtenir
cet ordre est d'être noble ; il n'y a même que
l'ancienne et haute noblesse qui puisse être
nommée dans les deux premières classes, les
grand-croix et les commandeurs. Les preuves
de noblesse doivent remonter jusqu'à la qua-
trième génération.
La décoration consiste en une croix pattée,
émaillée de vert, bordée d'or, avec un écus-
son rouge portant sur an monticule vert la
couronne de Hongrie surmontée d'une croix
patriarcale blanche entourée de cette devise :
Publicum merilorum prœmium (récom-
pense publique des services).
Des deux côtés de la croix sont les initiales
M. T. (Marie-Thérèse), et sur le revers de
l'écusson qui est émaillé de blanc, sont les
syllabes Sto. St. Ri. Ap. qui signiifent Sanclo
Stephano, regi apostolico.
Cette croix est attachée à un ruban rouge,
liséré de vert, que les grand-croix portent en
écharpe, avec plaque sur le côté gauche de
l'habit.
Dans les cérémonies, les grands'croix sont
revêtus d'un costume particulier et portent la
décoration suspendue à un collier en or.
L'ENQUÊTE DE LA VANNE
Une délégation du conseil municipal de
Paris, principalement formée des membres
de la commission des eaux et égouts, a visité
dans la journée d'hier les sources de la
Vanne. Cette délégation a voulu se rendre
compte par elle-même de la situation des
sources basses et hautes et aussi de l'état des
drains; de nouvelles prises d'eau ont été fai-
tes pour le laboratoire de Montsouris.
Jusqu'à prosent, les recherches faites par
les chimistes n'ont pas encore permis de dé-
couvrir le fameux bacille de la fièvre typhoïde
et pourtant l'enquête a établi que cette mala-
die a été importée à Paris par la distribution
d'eaux de la Vanne.
LE COMMISSAIRE DE LA BOURSE
Il y a au palais de la Bourse un commis-
saire de police spécial qui remplit une véri-
table sinécure. Il est chargé de faire la police
de la Bourse pendant la tenue du marché et
de renseigner le gouvernement sur les faus-
ses nouvelles qui peuvent y jeter l'émotion
Jadis, il était chargé de tenir la main à
l'exclusion de tout boursier exécuté.
En fait, la juridiction de ce commissaire ne
dépasse pas l'enceinte de la salle ; elle rap-
pelle la juridiction fort circonscrite du bailli
du palais qui, sous l'ancien régime,, connais-
sait de tous les délits commis dans l'enceinte
du palais de la Bourse.
Il serait question de supprimer ce poste -
établi en vertu d'un arrêté de messidor an VIII
— en général attribué comme une espèce
d'honorariat à de vieux commissaires qui ont
blanchi sous le harnais, et qui n'a plus au-
cune raison d'être. ,-
LES ÉLECTIONS LÉGISLATIVES
Il y a actuellement cinq sièges vacants à la
Chambre. Ceux de MM. Wilson et Edmond Blanc,
invalidés ; Mir et de Ponlevoy, élus sénateurs et
Viette, décédé.
Suivant toutes probabilités, les électeurs seront
convoqués le 6 mai prochain pour les circonscrip-
tions de MM. Wilson (Indre-et-Loire) et Viette
(Doubs) et le 20 mai pour les circonscriptions de
MM. Mir (Aude), de Ponlevoy (Vosges) et Edmond
Blanc (Hautes-Pyrénées).
LE CHOLÉRA DE LA becque
SUPPRESSION DU PÈLERINAGE
- -.,.
A propos de la conférence sani- *
taire. — L'eau bénite du grand
Turc. — L'opinion d'un
théologien O musulman
Depuis plus de vingt ans l'Europe se pré-
occupe des dangers d'importation cholérique
que présente le pèlerinage de la Mecque. Jus-
qu'ici pourtant aucune solution efficace n'a
été proposée, et il est douteux que les résolu-
tions votées par la commission sanitaire in-
ternationale réunie ces jours derniers à Paris
fassent beaucoup avancer la question.
Car tant qu'on se fiera à l'intervention du
sultan pour assurer l'exécution des mesures
prophylactiques qui pourraient être décrétées,
on n'obtiendra rien. -
L'AUTORITÉ DU SULTAN
Les mesures prises par-le gouvernement
ottoman demeureront toujours lettre morte,
le sultan, qui est, malgré la volonté du pro-
phète, à la fois chef spirituel et chef poli-
tique, devant, s'il désire conserver les deux
pouvoirs, ne jamais blesser les susceptibilité
religieuses des musulmans.
C'est même cette opposition perpétuelle de
l'élément civil et de l'élément religieux qui
constitue une des causes principales de la dé-
cadence de l'empire ottoman. Tout décret im-
périal non ratifié par les corps religieux est
en fait nul. Et les immunités accordées au ti-
tre de chef spirituel sont trop alléchantes
pour que les sultans s'exposent à en perdre
une seule.
En ces derniers temps surtout, Abd-ul-Ha-
mid s'est livré corps et âme à un parti de
fanatiques qui déclarent hautement la guerre
au progrés et se rient de leur malheureux
souverain jusque dans les appartements de
son palais.
LE SULTAN ET LA CONFÉRENCE
En prévision de'la conférence sanitaire in-
ternationale. le sultan proclamait bien haut,
dès le mois de décembre dernier, sa résolu-
tion d'assurer aux provinces du Yémen et du
Hedjaz le bénéfice de mesures prophylacti-
ques. Et il chargea de la direction des tra-
vaux de l'nssainissement des villes saintes le
maréchal Assaaf-pacha, membre de la haute
commission d'inspection militaire.
Puis, à la conférence, le délégué de la Su-
blime-Porte promet tout ce que l'on peut exi-
ger d'elle : contrôle sanitaire sur les carava-
nes, installation de lazarets, réseau de sur-
veillance dans la mer Rouge et le golfe Per-
sique, etc.; mais il se garde bien d'autoriser
les infidèles à surveiller dans l'intérieur du
pays l'accomplissement de ces mesures hygié-
niques.
Il ne faut pas oublier, du reste, que le
chérif de la Mecque, descendant direct de
Mahomet, n'attend qu'une occasion pour se-
couer le joug des Osmanlis et s'emparer, sous
la protection d'une puissance européenne, du
califat usurpé par le sultan de Constanti-
nople à la suite de la conquête de l'Egypte en
1512. Et il serait enchanté de faire opposition
au gouvernement impérial, qui ne maintient
sa suzeraineté nominale sur l'Arabie qu'en
lui payant un tribut annuel.
LE CHOLERA EN BOUTEILLE
Veut-on savoir maintenant comment le
choléra nous arrive de la Mecque ?
L'eau, cet élément salutaire par excellence
dans des contrées sans cesse calcinées par un
soléil ardent, manque non seulement aux
usages de la plus sommaire propreté, mais
aussi comnie boisson. A la Mecque des
sources, qui auraient presque suffi à l'alimen-
tation des citadins ont été captées par les
califes au profit du Zemzem, puits sacré où
le prophète venait faire ses ablutions, et de-
venu, depuis longtemps, un véritable dépo-
toir à microbes.
Cette eau est l'objet d'une grande vénéra-
tion. Elle est ordinairement vendue dans
des calices spéciaux et transportée dans tous
les pays musulmans.
Il est de notoriété publique, cela est con-
firmé par l'aveu de médecins distingués, que
le choléra qui s'est déclaré si spontanément à
Gonstatytinople en ces derniers temps avait
eu pour origine l'eau du Zemzem apportée de
la Mecque par des pèlerins.
LA ROUTE DES PÉLËRINS
Le cas n'est pas isolé, et si la Sublime-Porte
n'apportait pas un soin jaloux à étouffer la
vérité, on saurait bien d'où vient le mal. Les
témoignages ne feraient pas défaut et en l'es-
pèce on n'aurait, pour s'édifier, qu'à parcou-
rir les routes suivies ordinairement par les
caravanes. Voici le tableau qui s'offre aux
yeux : Parmi les malheureux pèlerins em-
barqués dans un élan de fanatique ivresse,
sans ressources, confiants en la générosité
tardive de leurs coreligionnaires, beaucoup
viennent disputer leur subsistance aux oiseaux
de proie sur des corps d'animaux en putréfac-
tion.
C'est, pour ces infortunés, le seul moyen
de ne pas mourir d'inanition.
Et, comme si cela ne suffisait pas, chacun
des pèlerins survivants juge à propos, selon
l'usage, d'immoler au moins un mouton,
dont il est méritoire d'abandonner la chair
aux délices des oiseaux carnassiers.
On comprend ce qui advient quand, dans
ce foyer de putréfaction, la fièvre typhoïde et
le choléra éclosent au milieu de fanatiques
ivres de joie en voyant la mort venir à eux et
se préoccupant fort peu de propager le
fléau.
SUPPRESSION DU PÈLERINAGE
La question religieuse, du reste la seule
qui semble faire hésiter les gouvernements,
n'est pus un obstacle, car il serait facile de
trouver dans le Coran des textes susceptibles
d'interprétations contradictoires.
Quand les sultans eurent besoin des ulé-
mas pour faire accepter des réformes, ceux-ci
trouvèrent toujours dans le livie sacré un
verset pour les appuyer. Leur tâche était fa-
cile, du reste, le prophéte ayant dit : « Les
docteurs de la foi musulmane ne sauraient
faillir, leur véto fait loi. »
On pourrait ainsi supprimer purement et
simplement le pèlerinage.
Nous avons d'ailleurs consulté à cet égard
diverses sommités de la théologie mu&ul-
mane.
Voici l'opinion de Son Altesse Ahmet-Djé-
mac bey, cheick-ul-islam actuel, conforme
du reste à tous les avis que nous avons re-
cueillis :
D'après ce personnage autorisé, rien ne
s'oppose à l'abolition du pèlerinage annuel,
créé à la suite d'un usage abusif qui, dès le
principe de la foi musulmane, en dénatura la
forme.
Dans l'esprit de Mahomet, seuls les délé-
gués des tribus devaient se réunir, une fois
l'an, à la Mecque, pour y discuter des affaires
de chacune d'elles. Comme c'est encore le cas
aujourd'hui, les routes étaient à la merci des
brigands; les délégués, pour assurer leur
iharohe, armaient un fort détachement d'in-
dividus qui formaient escorte. La Mecque bé-
néficiait de la sorte des avantages procurés à
son commerce par ce surcroît de bouches.
D'année en année, les rangs des dévots s'en
vont croissant : les uns attirés par une sainte
vénération pour les lieux berceau de leur foi,
les autres par ce simple besoin d'aventures
qui fait que l'Arabe sera toujours réfractaire
aux grandes lignes de la civilisation occiden-
tale. Mais si l'affluence augmente sans cesse
tous les ans, l'assemblée instituée par Maho-
met a perdu bien vite son influence pour
faire place au despotisme absolu des califes.
En effet, trois ans après la mort ae son
fondateur, sous le califat d'Omar, on n'en voit
déjà plus trace.
Pourtant, ce va-et-vient de fidèles avait
créé dans la ville une source de bénéfices aux-
quels les habitants auraient bien difficilement
renoncé. Devant la cause disparue, les cali-
fes, successeurs du prophète, n'osèrent en
arrêter les effets, car mieux valait encore tolé-
rer les caravanes ainsi organisées que de les
contrarier et s'exposer aux protestations des
turbulents Mecquis dont le fait d'être nés à
l'abri des murs de la ville sainte leur assure
le privilège de primer sur les musulmans
qui ont vu le jour sous d'autres cieux.
Le pèlerinage, qui est sans doute un acte de
mérite, n'a donc rien d'obligatoire.
UNE SOLUTION
Si l'on ne veut exiger la suppression des
pèlerinage tels qu'ils se font actuellement.
es délégués chrétiens des puissances doivent
exiger des mesures de restriction sérieuses,
non seulement sur les bords de la mer, mais
aussi dans l'intérieur du pays, sous la sur-
veillance d'agents chrétiens.
Par une ocupation militaire européenne on
assurerait non seulement le blocus des côtes,
mais aussi la tranquillité du Yemen et de
l'Hedjaz. En sa qualité de calife et avec l'as-
sentiment du grand chérif, sans la volonté
duquel le sultan ne peut rien en Arabie, Ab-
d-ul-Hamid, d'accord avec les puissances,
lancerait un zetva, ordre sacré que les ar-
mées d'occupation seraient chargées de faire
resnecter.
Dans de telles conditions la conférence sa-
nitaire aura fait œuvre durable autant que
nécessaire, tout en dispensant l'Europe de
constater, encore une fois. la futilité des en-
gagements pris par le sultan dans la secrète
intention de détourner le danger dont il est
menacé comme calife et souverain, mais se
réservant ultérieurement une foule de
« yarums et de baccaloums dilatoires » dont
les murs de Yildiz ont retenti si souvent.
Dans le cas ou l'Europe sévirait sérieuse-
ment, dix années suffiraient pour refroidir
l'ardeur des plus acharnés disciples des pèle-
rinages et rassurer le monde sur le fléau dont
il est, sans cela, continuellement menacé par
ce centre de contagion.
LA QUESTION POUBELLE
Nomination d'une sous-commission
La commission des Douze s'est réunie dès
hier dans le cabinet du président du conseil
municipal. Dans quel ordre examinerait-on
les propositions formulées à la séance de la
veille et renvoyées à l'étude de la commis-
sion ? Telle est la première question qui a
été posée.
Après un échange de vues, une commission
composée de MM. Champouclry, Maury,
Brousse, Faillet, Lucipia et Baudin, a été
chargée de préparer pour aujourd'hui un
projet de manifeste aux Parisiens.
Voici d'ailleurs le procès - verbal de la
séance :
Dans la séance de ce jour, le bureau du
conseil municipal de Paris et les délégués du
conseil ont décidé :
1° D'adresser aux électeurs parisiens une
communication exposant que la question du
logement du préfet de la Seine à l'Hôtel de
Ville n'est qu'un incident dans le système de
provocation organisé par le gouvernement
contre le conseil municipal élu et qui se rat-
tache directement à la situation créée par
l'ensemble de la législation impériale et mo-
narchique encore imposée à Paris ;
20 De réclamer l'intervention des députés
de Paris pour l'obtention d'une loi munici-
pale républicaine applicable à Paris.
La sous-commission espère pouvoir lire son
projet de déclaration à la commission vers
cinq heures aujourd'hui.
Quand les termes de la déclaration auront
été définitivement arrêtés, la commission
commencera l'étude des propositions dont elle
est saisie : rupture des relations avec la pré-
fecture de la Seine, démission en masse, cons-
truction d'un hôtel de préfecture, etc.
ENCORE UN CROISEUR QUI NE MARCHE PAS
Brest, 29 mars.
Le croiseur Duquesne est rentré sur rade ce
soir à 5 heures, ayant interrompu los essais de 21
heures. Il était sorti de rade à 9 h. 40 ce matin et
avait commencé aussitôt. La vitesse obtenue a été
d'environ 16 nœuds avec 67 tours d'hélice à la
minute. A 2 heures, on s'aperçut que les pompes
d'alimentation ne fonctionnaient pas : il fallut
mettre bas les feux de la chaufferie d'avant pour
éviter une explosion; on vira de bord et à petite
vitesse on fit route sur Brest.
Les appareils dits Thirion vont être visités. Il est
probable que les clapets des pompes sont engor-
gés. Les essais recommenceront sans tarder.
UNE AFFAIRE A SENSATION
EN BELGIQUE
Bruxelles, 29 mars.
Les journaux de Bruxelles et d'Anvers
s'occupent d'une affaire d'empoisonnement
dans laquelle serait impliqué un grand négo-
ciant de la place d'Anvers.
C'est pour toucher des primes d'assurances
sur la vie qu'il aurait empoisonné plusieurs
personnes. Le parquet a fait procéder à l'exa-
men des viscères des personnes qui sont mor-
tes, et les médecins légistes auraient, paraît-
il, découvert des traces de poison.
FRANÇOIS-JOSEPH ET GUILLAUME
Abbazia, 29 mars.
L'empereur d'Autriche est arrivé à Mattu-
glia à neuf heures. L'empereur d'Allemagne
était venu à sa rencontre.
Les empereurs se sont embrassés deux fois
et se sont ensuite rendus à Abbazia.
Ils ont été acclamés par la foule.
L'empereur d'Autriche a fait immédiate-
ment une visite à l'empereur d'Allemagne.
Les édifices et les navires sont pavoisés.
L'empereur François-Joseph a déjeuné avec
l'empereur et l'impératrice d'Allemagne dans
leur villa Amalia.
Il a pris part ensuite avec eux, ainsi que
rarchiduc Joseph et sa famille, à une excur-
sion en mer qui s'est faite à bord du yacht
Christakei,
LVIEDEPARIS
MM. les avoués viennent d'en avoir une
« bien bonne », comme on dit. A la nou-
velle que la Chambre des députés allait
s'occuper un peu -.enfin ! — de l'iniquité
de nos codes de procédure, qu'elle allait
essayer d'y apporter quelques réformes,
anodines et certainement insuffisantes,
car tout est à jeter bas, MM. les avoués se
sont émus. Une assemblée de robins s'est
réunie, un syndicat s'est formé pour dé-
fendre les droits, les coutumes de la cor-
poration et même, a-t-on ajouté d'un trait
qui est bien spirituel s'il n'est pas d'un
inconscient cynisme, « les intérêts des
justiciables ».
Bref, le monde est en émoi de ces « chats
fourrés », comme disait Rabelais, à qui
on peut conserver leur nom du seizième
siècle, car presque rien n'est changé en
eux, ni le langage barbare des grimoires,
ni les mœurs, ni l'âpreté. Ce n'est pas la
Bastille qu'il fallait prendre en 89, ô Pa-
risiens naïfs et sentimentaux: c'est le Pa-
lais de Justice ! C'est la citadelle de l'esprit
juridique qu'il fallait démolir, citadelle
que la Révolution a respectée et qui a une
garnison plus forte que jamais. Car la
procédure est tout aussi sauvage aujour-
d'hui que du temps de nos pères. Le juge,
l'avoué, l'huissier, individuellement, sont
plus honnêtes — encore - qu'en - sait-on?
Ils sont, en tout cas, au-dessus de la cor-
ruption naïve dont parlent les auteurs co-
miques et les faiseurs de fabliaux.
Le juge et les agents de la justice, ac-
cessibles encore en bien des cas à des
considérations d'intérêt, ne se vendent ce-
pendant pas, ne se laissent pas détourner
de leur devoir par des cadeaux. La chose
est au moins très exceptionnelle ; mais
si les hommes valent mieux individuelle-
ment, leurs pratiques restent détestables,
imposées par l'esprit même de nos insti-
tutions juridiques. C'est cet esprit qu'il
faudrait détruire.
De tous les mensonges au milieu des-
quels nous vivons, le plus effronté est
peut-être celui qui dit que la justice en
France est gratuite. On ne paye pas le
juge, il est vrai; il est payé par l'Etat,
assez mal. Mais on paye le jugement, et
toute la procédure, de A jusqu'à Z, est
purement fiscale. Là est la plaie de nos
institutions judiciaires. Tout est calculé
pour frapper d'un impôt effroyable les
malheureux qui sont contraints de s'a-
dresser à la justice civile ou commerciale.
La justice avec ses annexes, les con-
tributions qui vendent le papier timbré
— on le fait vert maintenant, par délicate
attention pour les grossoyeurs qui fati-
guent leurs yeux à copier des actes, par
l'enregistrement et le timbre, est une
source de revenus énormes pour le fisc.
Paperasserie est une des mamelles de la
France, pourrait dire Sully. Mais de cette
mamelle, on trait le lait et le sang des
pauvres gens. Quand on essaye une ré-
forme, il se trouve toujours (on l'a vu à
la dernière Chambre) un ministre pour
dire : « Certes, les réformes proposées
sont justes, équitables, mûres jusqu'à en
être pourries, selon le mot de Gambetta ;
mais il faut «boucler» le budgets. Et
là-dessus, les députés, heureux d'une ma-
nifestation platonique qui arrive tou-
jours à la fin des sessions, abandonnent
leurs proj ets de réformes, pour que le mi-
nistre puisse boucler son budget et, eux-
mêmes, boucler leur valise pour les va-
cances. Et ça dure depuis vingt ans !
Ce n'est pas de la bonne politique répu-
blicaine. Le propre du gouvernement ré-
publicain devrait être de mettre en toutes
choses plus de justice qu'il n'y en a, à
commencer par l'impôt. Et le plus injuste
des impôts, impôt proportionnel à rebours
et progressif à l'envers, est celui qui
frappe les gens qui vont en justice. Quand
un homme ne peut pas payer cent francs
à l'échéance convenue, je comprends qu'on
l'y contraigne dans une certaine mesure,
qu'on ne laisse pas passer un délai de plus
de deux ou trois mois avant de saisir ce
qui est saisissable dans son actif, qu'on
lui fasse payer les frais de son exécution
et l'intérêt du retard. Mais que ces frais
arrivent à quintupler la somme due, que
lorsqu'un homme n'a pu payer cent francs
le 1er janvier on lui en fasse payer cinq
cents le 1er avril, c'est révoltant. Et
c'est à quoi arrivent les avoués et les huis-
siers. Ceci pour deux raisons : la première,
la vente des offices, qui sont homologués
trop cher; la seconde, les exagérations fis-
cales qui, laissant un trop petit bénéfice à
l'avoué ou à l'huissier, l'entraînent à mul-
tiplier, de complicité avec la loi, les actes
de procédure. -
Vous le voyez, je prends presque la dé-
fense des avoués et des huissiers. Le fisc
mange les trois quarts de ce que les actes
coûtent au client, qu'il soit demandeur ou
défendeur. En compensation, on encou-
rage leur multiplicité, on tolère des actes
de procédure qui sont purement un impôt.
Par exemple, vous ne payez pas un billet
protêt est fait. On vous assigne. L'assi-
gnation est faite par un exploit qui, laissé
chez le concierge, atteint moins sûrement
l'intéressé qu'une lettre recommandée.
Mais l'exploit coûte huit ou neuf francs ;
la lettre coûterait dix sous. Le jugement
rendu — gratis 1 — est levé. Il tiendrait
en une feuille de papier timbré : on en
met douze. De la signification du juge-
ment, on passe à la saisie. Elle est faite
par l'huissier escorté de deux escogriffes.
La présence de ces escogriffes, qu'il faut
payer, n'ajoute rien à la validité de l'acte,
l'huissier étant officier ministériel. Ils
sont là, d'après une ordonnance de Col-
bert, pour protéger la personne de l'huis-
sier que les seigneurs rossaient parfois,
et ils devraient avoir des hallebardes.
On a fait dix révolutions : elles ont
amené la suppression des hallebardes, non
des escogriffes, qui n'amusent pas plus
l'huissier que le débiteur. La saisie faite,
une signification de vente la suit, inutile,
le procès-verbal de saisie indiquant le
jour de la vente. Puis c'est la cérémonie
de l'affiche, pure cérémonie, puisqu'on
n'affiche pas, les ventes se faisant à l'hô-
tel Drouot, et que l'affiche est remise au
débiteur. Toute cette procédure, inutile,
scandaleuse, n'a qu'un but : faire payer
des frais.
Les huissiers, à Paris surtout, savent si
bien son caractère fiscal inutile, qu'ils y
apportent toutes sortes de tempéraments.
Généralement ce sont des hommes cour-
tois, de bon sens, souvent de bon cœur,
qui pensent sur la procédure exactement
comme je pense moi-même. Beaucoup sont
des licenciés, des docteurs, qui plaignent
les débiteurs qu'ils poursuivent. Mais il
faut bien qu'ils vivent, il faut qu'ils sui-
vent les errements du métier pour pou-
voir rembourser leurs charges, vivre ho-
norablement, tenir dans la société un rang
qui est de moins en moins humble.
Ils sont très sensibles à leur impopula-
rité. Aussi je crois qu'ils béniraient le ré-
formateur qui enlèverait à la procédure
son caractère odieux de fiscalité, sa scan-
daleuse et inutile publicité, et ferait de
l'huissier à la fois un magistrat procédant
à des constatations, donnant l'authenticité
à la signification des actes nécessaires, et
un agent de recouvrement payé au tan-
tième des sommes recouvrées. Il y gagne-
rait de toutes façons, et on ne serait plus
injuste envers lui, car, tout pesé, c'est à
la loi, à la loi seule qu'il faut s'en pren-
dre. Et les avoués, beaucoup plus redou-
tables que les huissiers parce qu'ils ont
plus d'initiative, seraient bien avisés
d'aider à la réforme d'une loi mauvaise.
Henry Fouquier.
LA ROULETTE EN BELGIQUE
La roulette n'existe pas qu'à Monaco. Elle
fonctionne, paraît-il, avec avantage à Namur,
dans le théâtre municipal.
L'entreprise, serait, dit-on, officieusement
patronnée par le bourgmestre. Quant au pa-
tronage officiel, il a été dévolu à un comité à
la tète duquel a été placé un soi-disant jour-
naliste qui déjà préside un de nos claque-
dents parisiens à raison de 2,000 francs par
mois.
On annonce également la prochaine instal..
lation d'une roulette à Spa.
Cette nouvelle étonnera certainement ceux
qui se rappellent qu'il y a un an, à peu près
à la même époque, le tenancier du « Cercle
des étrangers » de Spa, M. Dhainaut, était
sévèrement condamné par la cour d'appel, de
Bruxelles pour tenue d'une maison de jeu de
hasard.
L'arrêt contenait, entre autres, les attendus
suivants :
Attendu qu'il a été établi devant la cour que l'on
jouait au Cercle des étrangers de Spa différents
jeux de hasard, notamment, le bacara, le trente-et-
quarante et le jeu dit « chemin de fer » ; que le
produit de ces jeux, la canolte qui, pour les années
1891 et 1892, s'est élevee à huit cent seize mille
francs, était encaissé par Dhainaut à son profit.
Que Dhainaut, qui de son propre aveu ne tenait
pas de comptabilité, ne rendait aucun compte
au comité dont le rôle &e bornait à recevoir les de-
mandes d'admission.
Par ces motifs, la cour, faisant application de
l'article 305 du code pénal, condamne Dhai-
naut, etc.
Est-ce que la roulette ne serait pas pour
les autorités et pour la justice belges, un jeu
de hasard?
ÉMILE HENRY
UN OUBLIÉ
Henry à la Conciergerie. — Quelles
nouvelles de l'anarchiste. - -
Ses journées.
Paris oublie vite ceux qui ont le plus con-
tribué dans ces derniers temps à sa célé-
brité.
On ne parle plus d'Henry que vaguement, à
propos de ses supposés complices, pour men-
tionner son nom tout simplement, comme si
on ne se rappelait plus les explosions de la
rue des Bons-Enfants et du café Terminus et
comme si leur auteur ne valait plus qu'on
s'occupât encore de lui.
Le moment de la comparution d'Henry en
cour d'assises ne semble pas très proche, à
voir les tâtonnements de l'instruction à pro-
pos de ses complices. Lui-même s'en plaint.
— Je croyais, disai-il hier à ses gardiens,
que mon affaire allait être bâclée en un clin
d'œil, que mon jugement et mon exécution
prendraient quinze jours tout au plus. Au
lieu de cela, voilà deux mois que je traîne.
Tout ça commence à m'embêter !
Henry pourtant, avec une certaine finesse,
fait une déduction amusante des lenteurs
dont il est l'objet:
— Après l'affaire du Terminus, on me met
sur le dos celle de la rue des Bons-Enfants,
ce que j'accepte volontiers. L'affaire de la rue
Saint-Jacques et celle de la rue Saint-Martin
ont été faites avec mes bombes, soutient-on..
Celle de la Madeleine aussi par Rabardy. Or/
comme Rabardy est Pauwels et que Pauwels
n'a pu agir que grâce à mes engins, sa mort
et la mienne mettent fin à l'anarchie.
Dormez donc en paix, bourgeois de Paris !
s'écrie-t-il alors en riant nerveusement cha-
que fois qu'il tient à haute voix ce petit rai-
sonnement, et cela lui arrive dix fois par
jour.
SES JOURNÉES
Le confort relatif dont il jouit à la Concier-
gerie a rendu Henry paresseux et « flegme »,
pour employer son expression. Avant, il se
levait avec les autres prisonniers; il ne sort
plus de ses draps maintenant que vers huit
heures du matin, comme un rentier, après
dix heures passées à dormir d'un fort bon
sommeil ; toujours il recommando à ses gar-
diens de ne pas le réveiller trop tôt, de ne
pas faire de bruit dans sa cellule par des
al ées et venues.
ous prétexte que d'être tiré brusquement
du sommeil le met de mauvaise humeur,
monsieur aime à se réveiller tout seul, à s'éti-
rer dans son lit, à méditer pendant une
bonne demi-heure avant de passer ses chaus-
settes.
Puis il se coupe une tranche de son pain et
rend ce qui lui en reste pour l'agape d'un au-
tre prisonnier. Le ver tué par un coup de vin,
il passe à sa toilette.
Peur celle-là, rien n'est changé: elle est
toujours aussi longue, Henry n'en finit véri-
tablement pas ; outre que toutes les semaines
il prend un bain chaud, tous les jours il se
lave des pieds à la tête minutieusement.
Coiffé, chaussé, astiqué, il va à la prome-
nade à l'heure où personne n'est dans le
préau.
Midi est arrivé quand la promenade est fi*,
nie ; Henry déjeune alors avec les gardiens.
11 A'a droit qu'aux vivres de la cantine ; de8
SAMEDI "1 MARS 1S94
LE 1 SIÈCLE
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LE XIXe SIÈCLE
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PRIME EXCEPTIONNELLE
Bicyclette XIXe SIÈCLE
DERNIER MODÈLE
Voir à la troisième page
LES SYNDICATS
ET
LES ANCIENS OUVRIERS
M. André Lebon a déposé son rap-
port, au nom de la commission du tra-
vail, sur la modification de la loi du 21
mars 1884.
On sait de quoi il est question : les
syndicats professionnels peuvent-ils
comprendre parmi leurs membres d'an-
ciens ouvriers ou patrons? A ce point
d'interrogation les réponses les plus di-
verses ont été fournies.
Le Sénat, obéissant à ses traditions,
avait répondu non. La jurisprudence
emboîtait le pas au Sénat.
Mais les faits une fois de plus ne fu-
rent pas d'accord avec la théorie. Quand
le ministre de la justice s'avisa de
vouloir faire respecter l'interprétation
des cours et tribunaux, histoire d'être
agréable au Sénat et désagréable à un
certain nombre de syndicats ouvriers,
il se heurta à un obstacle inattendu.
Tous les syndicats — patronaux
comme ouvriers — violent à qui mieux
mieux la disposition de l'article 2 de la
loi de 1884 qui ne permet, à en croire
la cour de Bordeaux, qu'aux seules
personnes qui exercent actuellement
une profession de faire partie du syn-
dicat correspondant.
Devant cette constatation, il a bien
fallu se rendre à l'évidence : « Pour
mon compte, a dit M. Antonin Dubost
à la commission du travail, je n'hésite
pas à déclarer que quand sur un point une
loi quelconque n'a pas pu, pendant dix
ans, recevoir son application même de
la part de ceux (et c'est de beaucoup le
plus grand nombre) qu'on ne saurait
suspecter d'y apporter un esprit de ré-
bellion, c'est que cette disposition ne
s'adapte pas aux nécessités sociales et
qu'il y a lieu de la modifier ou de l'é-
tendre. C'est pourquoi le gouvernement
est favorable à une modification de la
loi de 1884. »
Cet aveu, arraché par le spectacle
des réalités au garde des sceaux, cons-
titue une première victoire pour les
syndicats, menacés d'être traînés en
masse devant les tribunaux correction-
nels. Le gouvernement, se séparant
nettement de l'opinion jadis exprimée
par le Sénat, opine qu'il faut modifier
la loi sur les syndicats.
Mais comment? Ici s'entremêlent les
solutions.
Dans la solution qu'il indiqua à la
commission comme ayant ses préféren-
ces, le ministre distinguait deux caté-
gories entre les personnes qui ont cessé
d'exercer une profession.
Si, au moment où elles l'ont abandon-
née, elles faisaient partie du syndicat,
elles y pourront rester pendant un cer-
tain délai : cinq ans, proposait M. Bar-
thou, un ministériel.
Si au contraire elles ne faisaient pas
partie du syndicat à l'instant où elles
ont cessé d'exercer la profession, elles
n'y pourront jamais être reçues.
La majorité de la commission a cru
devoir conserver cette distinction, mais
en modifiant le régime proposé par le
gouvernement.
S'agit-il de syndiqués qui abandon-
nent la profession, libre à eux de conti-
nuer, sans limite de temps, à faire par-
tie du syndicat.
Au contraire, les personnes qui ont
cessé d'exercer la profession n'apparte-
naient-elles pas au syndicat avant leur
sortie de la corporation, elles ne pour-
ront entrer dans l'association syndicale
qu'à cette double condition : avoir exercé
!a profession cinq ans au moins, ne
l'avoir pas quittée depuis plus de dix
ans.
Le gouvernement consent, en manière
de concession, à ouvrir à ces condi-
tions la porte des syndicats aux anciens
ouvriers ou patrons, mais il entend fixer
k toutes les personnes qui n'exercent
plus la profession, qu'elles fussent ou
non syndiquées lorsqu'elles l'ont quittée,
an délai passé lequel il leur faudra sor-
tir du syndicat.
La commission maintient ses propo-
rtions..
C'est entre ces deux systèmes, qui ne
brillent pas par la simplicité, que la
Chambre sera appelée à choisir.
Elle serait bien inspirée en déclarant
tout simplement, comme nous l'avons
demandé, que, pour faire partie d'un
syndicat, il est nécessaire et suffisant
d'avoir exercé la profession.
Aux timides à qui la netteté de cette
rédaction ferait entrevoir on ne sait
quels dangers imaginaires, nous re-
commandons de lire et de méditer la
note dont M, Lebon a fait suivre son
rapport sur les Tradés-Unions et les
anciens ouvriers.
Ils y verront que ces grandes et puis-
santes associations n'ont placé à leur
tête que d'anciens ouvriers qui préci-
sément abandonnaient leur profession
pour se consacrer tout entiers à leurs
nouvelles fonctions qui étaient rémuné-
rées.
Il est vrai que demander pour les ou-
vriers de la République française les
mêmes libertés dont jouissent les tra-
vailleurs de la monarchie britannique,
c'est pousser bien loin la hardiesse.
A. Millerand.
DERAILLEMENT
DU TRAIN DE BRUXELLES
Le train de voyageurs venant de Bruxelles
P. Paris a déraillé entre Epinay et Saint-
Denis, à six heures et demie.
Trois voyageurs ont été jetés hors de la
voie; deux personnes ont été légèrement con-
tusionnées.
L'accident est dû au mauvais état de la li-
gne du Nord.
M. CARNOT
GRAND-CROIX DE L'ORDRE DE SAINT-ÉTIENNE
Le président de la République a reçu hier
soir à cinq heures et demie, en audience offi-
cielle, l'ambassadeur d'Autriche-Hongrie qui
lui a remis, au nom de l'empereur Fran-
çois-Joseph, les insignes de l'ordre de Saint-
Etienne.
L'ambassadeur, en s'acquittant de cette
mission, a renouvelé au président l'assurance
de la très vive satisfaction qu'avait causée à
l'empereur son récent séjour au Cap-Martin.
Le président a prié le comte Hoyçs d'être
auprès de l'empereur l'interprète de ses sin-
cères remerciements.
Le président était entouré des officiers de sa
maison militaire en grande tenue.
Le comte Hoyos était accompagné des se-
crétaires de son ambassade, également en
costumes officiels.
Les honneurs militaires ont été rendus à
l'ambassadeur à son arrivée au palais de
l'Elysée et à son départ.
L'ordre de Saint-Etienne
Cet ordre fut fondé par l'impératrice Marie-
Thérèse en 1764; il est exclusivement des-
tiné à récompenser les services civils. Elle le
nomma « Ordre du saint et apostolique roi
Etienne » en l'honneur du premier roi de
Hongrie.
Une des principales conditions pour obtenir
cet ordre est d'être noble ; il n'y a même que
l'ancienne et haute noblesse qui puisse être
nommée dans les deux premières classes, les
grand-croix et les commandeurs. Les preuves
de noblesse doivent remonter jusqu'à la qua-
trième génération.
La décoration consiste en une croix pattée,
émaillée de vert, bordée d'or, avec un écus-
son rouge portant sur an monticule vert la
couronne de Hongrie surmontée d'une croix
patriarcale blanche entourée de cette devise :
Publicum merilorum prœmium (récom-
pense publique des services).
Des deux côtés de la croix sont les initiales
M. T. (Marie-Thérèse), et sur le revers de
l'écusson qui est émaillé de blanc, sont les
syllabes Sto. St. Ri. Ap. qui signiifent Sanclo
Stephano, regi apostolico.
Cette croix est attachée à un ruban rouge,
liséré de vert, que les grand-croix portent en
écharpe, avec plaque sur le côté gauche de
l'habit.
Dans les cérémonies, les grands'croix sont
revêtus d'un costume particulier et portent la
décoration suspendue à un collier en or.
L'ENQUÊTE DE LA VANNE
Une délégation du conseil municipal de
Paris, principalement formée des membres
de la commission des eaux et égouts, a visité
dans la journée d'hier les sources de la
Vanne. Cette délégation a voulu se rendre
compte par elle-même de la situation des
sources basses et hautes et aussi de l'état des
drains; de nouvelles prises d'eau ont été fai-
tes pour le laboratoire de Montsouris.
Jusqu'à prosent, les recherches faites par
les chimistes n'ont pas encore permis de dé-
couvrir le fameux bacille de la fièvre typhoïde
et pourtant l'enquête a établi que cette mala-
die a été importée à Paris par la distribution
d'eaux de la Vanne.
LE COMMISSAIRE DE LA BOURSE
Il y a au palais de la Bourse un commis-
saire de police spécial qui remplit une véri-
table sinécure. Il est chargé de faire la police
de la Bourse pendant la tenue du marché et
de renseigner le gouvernement sur les faus-
ses nouvelles qui peuvent y jeter l'émotion
Jadis, il était chargé de tenir la main à
l'exclusion de tout boursier exécuté.
En fait, la juridiction de ce commissaire ne
dépasse pas l'enceinte de la salle ; elle rap-
pelle la juridiction fort circonscrite du bailli
du palais qui, sous l'ancien régime,, connais-
sait de tous les délits commis dans l'enceinte
du palais de la Bourse.
Il serait question de supprimer ce poste -
établi en vertu d'un arrêté de messidor an VIII
— en général attribué comme une espèce
d'honorariat à de vieux commissaires qui ont
blanchi sous le harnais, et qui n'a plus au-
cune raison d'être. ,-
LES ÉLECTIONS LÉGISLATIVES
Il y a actuellement cinq sièges vacants à la
Chambre. Ceux de MM. Wilson et Edmond Blanc,
invalidés ; Mir et de Ponlevoy, élus sénateurs et
Viette, décédé.
Suivant toutes probabilités, les électeurs seront
convoqués le 6 mai prochain pour les circonscrip-
tions de MM. Wilson (Indre-et-Loire) et Viette
(Doubs) et le 20 mai pour les circonscriptions de
MM. Mir (Aude), de Ponlevoy (Vosges) et Edmond
Blanc (Hautes-Pyrénées).
LE CHOLÉRA DE LA becque
SUPPRESSION DU PÈLERINAGE
- -.,.
A propos de la conférence sani- *
taire. — L'eau bénite du grand
Turc. — L'opinion d'un
théologien O musulman
Depuis plus de vingt ans l'Europe se pré-
occupe des dangers d'importation cholérique
que présente le pèlerinage de la Mecque. Jus-
qu'ici pourtant aucune solution efficace n'a
été proposée, et il est douteux que les résolu-
tions votées par la commission sanitaire in-
ternationale réunie ces jours derniers à Paris
fassent beaucoup avancer la question.
Car tant qu'on se fiera à l'intervention du
sultan pour assurer l'exécution des mesures
prophylactiques qui pourraient être décrétées,
on n'obtiendra rien. -
L'AUTORITÉ DU SULTAN
Les mesures prises par-le gouvernement
ottoman demeureront toujours lettre morte,
le sultan, qui est, malgré la volonté du pro-
phète, à la fois chef spirituel et chef poli-
tique, devant, s'il désire conserver les deux
pouvoirs, ne jamais blesser les susceptibilité
religieuses des musulmans.
C'est même cette opposition perpétuelle de
l'élément civil et de l'élément religieux qui
constitue une des causes principales de la dé-
cadence de l'empire ottoman. Tout décret im-
périal non ratifié par les corps religieux est
en fait nul. Et les immunités accordées au ti-
tre de chef spirituel sont trop alléchantes
pour que les sultans s'exposent à en perdre
une seule.
En ces derniers temps surtout, Abd-ul-Ha-
mid s'est livré corps et âme à un parti de
fanatiques qui déclarent hautement la guerre
au progrés et se rient de leur malheureux
souverain jusque dans les appartements de
son palais.
LE SULTAN ET LA CONFÉRENCE
En prévision de'la conférence sanitaire in-
ternationale. le sultan proclamait bien haut,
dès le mois de décembre dernier, sa résolu-
tion d'assurer aux provinces du Yémen et du
Hedjaz le bénéfice de mesures prophylacti-
ques. Et il chargea de la direction des tra-
vaux de l'nssainissement des villes saintes le
maréchal Assaaf-pacha, membre de la haute
commission d'inspection militaire.
Puis, à la conférence, le délégué de la Su-
blime-Porte promet tout ce que l'on peut exi-
ger d'elle : contrôle sanitaire sur les carava-
nes, installation de lazarets, réseau de sur-
veillance dans la mer Rouge et le golfe Per-
sique, etc.; mais il se garde bien d'autoriser
les infidèles à surveiller dans l'intérieur du
pays l'accomplissement de ces mesures hygié-
niques.
Il ne faut pas oublier, du reste, que le
chérif de la Mecque, descendant direct de
Mahomet, n'attend qu'une occasion pour se-
couer le joug des Osmanlis et s'emparer, sous
la protection d'une puissance européenne, du
califat usurpé par le sultan de Constanti-
nople à la suite de la conquête de l'Egypte en
1512. Et il serait enchanté de faire opposition
au gouvernement impérial, qui ne maintient
sa suzeraineté nominale sur l'Arabie qu'en
lui payant un tribut annuel.
LE CHOLERA EN BOUTEILLE
Veut-on savoir maintenant comment le
choléra nous arrive de la Mecque ?
L'eau, cet élément salutaire par excellence
dans des contrées sans cesse calcinées par un
soléil ardent, manque non seulement aux
usages de la plus sommaire propreté, mais
aussi comnie boisson. A la Mecque des
sources, qui auraient presque suffi à l'alimen-
tation des citadins ont été captées par les
califes au profit du Zemzem, puits sacré où
le prophète venait faire ses ablutions, et de-
venu, depuis longtemps, un véritable dépo-
toir à microbes.
Cette eau est l'objet d'une grande vénéra-
tion. Elle est ordinairement vendue dans
des calices spéciaux et transportée dans tous
les pays musulmans.
Il est de notoriété publique, cela est con-
firmé par l'aveu de médecins distingués, que
le choléra qui s'est déclaré si spontanément à
Gonstatytinople en ces derniers temps avait
eu pour origine l'eau du Zemzem apportée de
la Mecque par des pèlerins.
LA ROUTE DES PÉLËRINS
Le cas n'est pas isolé, et si la Sublime-Porte
n'apportait pas un soin jaloux à étouffer la
vérité, on saurait bien d'où vient le mal. Les
témoignages ne feraient pas défaut et en l'es-
pèce on n'aurait, pour s'édifier, qu'à parcou-
rir les routes suivies ordinairement par les
caravanes. Voici le tableau qui s'offre aux
yeux : Parmi les malheureux pèlerins em-
barqués dans un élan de fanatique ivresse,
sans ressources, confiants en la générosité
tardive de leurs coreligionnaires, beaucoup
viennent disputer leur subsistance aux oiseaux
de proie sur des corps d'animaux en putréfac-
tion.
C'est, pour ces infortunés, le seul moyen
de ne pas mourir d'inanition.
Et, comme si cela ne suffisait pas, chacun
des pèlerins survivants juge à propos, selon
l'usage, d'immoler au moins un mouton,
dont il est méritoire d'abandonner la chair
aux délices des oiseaux carnassiers.
On comprend ce qui advient quand, dans
ce foyer de putréfaction, la fièvre typhoïde et
le choléra éclosent au milieu de fanatiques
ivres de joie en voyant la mort venir à eux et
se préoccupant fort peu de propager le
fléau.
SUPPRESSION DU PÈLERINAGE
La question religieuse, du reste la seule
qui semble faire hésiter les gouvernements,
n'est pus un obstacle, car il serait facile de
trouver dans le Coran des textes susceptibles
d'interprétations contradictoires.
Quand les sultans eurent besoin des ulé-
mas pour faire accepter des réformes, ceux-ci
trouvèrent toujours dans le livie sacré un
verset pour les appuyer. Leur tâche était fa-
cile, du reste, le prophéte ayant dit : « Les
docteurs de la foi musulmane ne sauraient
faillir, leur véto fait loi. »
On pourrait ainsi supprimer purement et
simplement le pèlerinage.
Nous avons d'ailleurs consulté à cet égard
diverses sommités de la théologie mu&ul-
mane.
Voici l'opinion de Son Altesse Ahmet-Djé-
mac bey, cheick-ul-islam actuel, conforme
du reste à tous les avis que nous avons re-
cueillis :
D'après ce personnage autorisé, rien ne
s'oppose à l'abolition du pèlerinage annuel,
créé à la suite d'un usage abusif qui, dès le
principe de la foi musulmane, en dénatura la
forme.
Dans l'esprit de Mahomet, seuls les délé-
gués des tribus devaient se réunir, une fois
l'an, à la Mecque, pour y discuter des affaires
de chacune d'elles. Comme c'est encore le cas
aujourd'hui, les routes étaient à la merci des
brigands; les délégués, pour assurer leur
iharohe, armaient un fort détachement d'in-
dividus qui formaient escorte. La Mecque bé-
néficiait de la sorte des avantages procurés à
son commerce par ce surcroît de bouches.
D'année en année, les rangs des dévots s'en
vont croissant : les uns attirés par une sainte
vénération pour les lieux berceau de leur foi,
les autres par ce simple besoin d'aventures
qui fait que l'Arabe sera toujours réfractaire
aux grandes lignes de la civilisation occiden-
tale. Mais si l'affluence augmente sans cesse
tous les ans, l'assemblée instituée par Maho-
met a perdu bien vite son influence pour
faire place au despotisme absolu des califes.
En effet, trois ans après la mort ae son
fondateur, sous le califat d'Omar, on n'en voit
déjà plus trace.
Pourtant, ce va-et-vient de fidèles avait
créé dans la ville une source de bénéfices aux-
quels les habitants auraient bien difficilement
renoncé. Devant la cause disparue, les cali-
fes, successeurs du prophète, n'osèrent en
arrêter les effets, car mieux valait encore tolé-
rer les caravanes ainsi organisées que de les
contrarier et s'exposer aux protestations des
turbulents Mecquis dont le fait d'être nés à
l'abri des murs de la ville sainte leur assure
le privilège de primer sur les musulmans
qui ont vu le jour sous d'autres cieux.
Le pèlerinage, qui est sans doute un acte de
mérite, n'a donc rien d'obligatoire.
UNE SOLUTION
Si l'on ne veut exiger la suppression des
pèlerinage tels qu'ils se font actuellement.
es délégués chrétiens des puissances doivent
exiger des mesures de restriction sérieuses,
non seulement sur les bords de la mer, mais
aussi dans l'intérieur du pays, sous la sur-
veillance d'agents chrétiens.
Par une ocupation militaire européenne on
assurerait non seulement le blocus des côtes,
mais aussi la tranquillité du Yemen et de
l'Hedjaz. En sa qualité de calife et avec l'as-
sentiment du grand chérif, sans la volonté
duquel le sultan ne peut rien en Arabie, Ab-
d-ul-Hamid, d'accord avec les puissances,
lancerait un zetva, ordre sacré que les ar-
mées d'occupation seraient chargées de faire
resnecter.
Dans de telles conditions la conférence sa-
nitaire aura fait œuvre durable autant que
nécessaire, tout en dispensant l'Europe de
constater, encore une fois. la futilité des en-
gagements pris par le sultan dans la secrète
intention de détourner le danger dont il est
menacé comme calife et souverain, mais se
réservant ultérieurement une foule de
« yarums et de baccaloums dilatoires » dont
les murs de Yildiz ont retenti si souvent.
Dans le cas ou l'Europe sévirait sérieuse-
ment, dix années suffiraient pour refroidir
l'ardeur des plus acharnés disciples des pèle-
rinages et rassurer le monde sur le fléau dont
il est, sans cela, continuellement menacé par
ce centre de contagion.
LA QUESTION POUBELLE
Nomination d'une sous-commission
La commission des Douze s'est réunie dès
hier dans le cabinet du président du conseil
municipal. Dans quel ordre examinerait-on
les propositions formulées à la séance de la
veille et renvoyées à l'étude de la commis-
sion ? Telle est la première question qui a
été posée.
Après un échange de vues, une commission
composée de MM. Champouclry, Maury,
Brousse, Faillet, Lucipia et Baudin, a été
chargée de préparer pour aujourd'hui un
projet de manifeste aux Parisiens.
Voici d'ailleurs le procès - verbal de la
séance :
Dans la séance de ce jour, le bureau du
conseil municipal de Paris et les délégués du
conseil ont décidé :
1° D'adresser aux électeurs parisiens une
communication exposant que la question du
logement du préfet de la Seine à l'Hôtel de
Ville n'est qu'un incident dans le système de
provocation organisé par le gouvernement
contre le conseil municipal élu et qui se rat-
tache directement à la situation créée par
l'ensemble de la législation impériale et mo-
narchique encore imposée à Paris ;
20 De réclamer l'intervention des députés
de Paris pour l'obtention d'une loi munici-
pale républicaine applicable à Paris.
La sous-commission espère pouvoir lire son
projet de déclaration à la commission vers
cinq heures aujourd'hui.
Quand les termes de la déclaration auront
été définitivement arrêtés, la commission
commencera l'étude des propositions dont elle
est saisie : rupture des relations avec la pré-
fecture de la Seine, démission en masse, cons-
truction d'un hôtel de préfecture, etc.
ENCORE UN CROISEUR QUI NE MARCHE PAS
Brest, 29 mars.
Le croiseur Duquesne est rentré sur rade ce
soir à 5 heures, ayant interrompu los essais de 21
heures. Il était sorti de rade à 9 h. 40 ce matin et
avait commencé aussitôt. La vitesse obtenue a été
d'environ 16 nœuds avec 67 tours d'hélice à la
minute. A 2 heures, on s'aperçut que les pompes
d'alimentation ne fonctionnaient pas : il fallut
mettre bas les feux de la chaufferie d'avant pour
éviter une explosion; on vira de bord et à petite
vitesse on fit route sur Brest.
Les appareils dits Thirion vont être visités. Il est
probable que les clapets des pompes sont engor-
gés. Les essais recommenceront sans tarder.
UNE AFFAIRE A SENSATION
EN BELGIQUE
Bruxelles, 29 mars.
Les journaux de Bruxelles et d'Anvers
s'occupent d'une affaire d'empoisonnement
dans laquelle serait impliqué un grand négo-
ciant de la place d'Anvers.
C'est pour toucher des primes d'assurances
sur la vie qu'il aurait empoisonné plusieurs
personnes. Le parquet a fait procéder à l'exa-
men des viscères des personnes qui sont mor-
tes, et les médecins légistes auraient, paraît-
il, découvert des traces de poison.
FRANÇOIS-JOSEPH ET GUILLAUME
Abbazia, 29 mars.
L'empereur d'Autriche est arrivé à Mattu-
glia à neuf heures. L'empereur d'Allemagne
était venu à sa rencontre.
Les empereurs se sont embrassés deux fois
et se sont ensuite rendus à Abbazia.
Ils ont été acclamés par la foule.
L'empereur d'Autriche a fait immédiate-
ment une visite à l'empereur d'Allemagne.
Les édifices et les navires sont pavoisés.
L'empereur François-Joseph a déjeuné avec
l'empereur et l'impératrice d'Allemagne dans
leur villa Amalia.
Il a pris part ensuite avec eux, ainsi que
rarchiduc Joseph et sa famille, à une excur-
sion en mer qui s'est faite à bord du yacht
Christakei,
LVIEDEPARIS
MM. les avoués viennent d'en avoir une
« bien bonne », comme on dit. A la nou-
velle que la Chambre des députés allait
s'occuper un peu -.enfin ! — de l'iniquité
de nos codes de procédure, qu'elle allait
essayer d'y apporter quelques réformes,
anodines et certainement insuffisantes,
car tout est à jeter bas, MM. les avoués se
sont émus. Une assemblée de robins s'est
réunie, un syndicat s'est formé pour dé-
fendre les droits, les coutumes de la cor-
poration et même, a-t-on ajouté d'un trait
qui est bien spirituel s'il n'est pas d'un
inconscient cynisme, « les intérêts des
justiciables ».
Bref, le monde est en émoi de ces « chats
fourrés », comme disait Rabelais, à qui
on peut conserver leur nom du seizième
siècle, car presque rien n'est changé en
eux, ni le langage barbare des grimoires,
ni les mœurs, ni l'âpreté. Ce n'est pas la
Bastille qu'il fallait prendre en 89, ô Pa-
risiens naïfs et sentimentaux: c'est le Pa-
lais de Justice ! C'est la citadelle de l'esprit
juridique qu'il fallait démolir, citadelle
que la Révolution a respectée et qui a une
garnison plus forte que jamais. Car la
procédure est tout aussi sauvage aujour-
d'hui que du temps de nos pères. Le juge,
l'avoué, l'huissier, individuellement, sont
plus honnêtes — encore - qu'en - sait-on?
Ils sont, en tout cas, au-dessus de la cor-
ruption naïve dont parlent les auteurs co-
miques et les faiseurs de fabliaux.
Le juge et les agents de la justice, ac-
cessibles encore en bien des cas à des
considérations d'intérêt, ne se vendent ce-
pendant pas, ne se laissent pas détourner
de leur devoir par des cadeaux. La chose
est au moins très exceptionnelle ; mais
si les hommes valent mieux individuelle-
ment, leurs pratiques restent détestables,
imposées par l'esprit même de nos insti-
tutions juridiques. C'est cet esprit qu'il
faudrait détruire.
De tous les mensonges au milieu des-
quels nous vivons, le plus effronté est
peut-être celui qui dit que la justice en
France est gratuite. On ne paye pas le
juge, il est vrai; il est payé par l'Etat,
assez mal. Mais on paye le jugement, et
toute la procédure, de A jusqu'à Z, est
purement fiscale. Là est la plaie de nos
institutions judiciaires. Tout est calculé
pour frapper d'un impôt effroyable les
malheureux qui sont contraints de s'a-
dresser à la justice civile ou commerciale.
La justice avec ses annexes, les con-
tributions qui vendent le papier timbré
— on le fait vert maintenant, par délicate
attention pour les grossoyeurs qui fati-
guent leurs yeux à copier des actes, par
l'enregistrement et le timbre, est une
source de revenus énormes pour le fisc.
Paperasserie est une des mamelles de la
France, pourrait dire Sully. Mais de cette
mamelle, on trait le lait et le sang des
pauvres gens. Quand on essaye une ré-
forme, il se trouve toujours (on l'a vu à
la dernière Chambre) un ministre pour
dire : « Certes, les réformes proposées
sont justes, équitables, mûres jusqu'à en
être pourries, selon le mot de Gambetta ;
mais il faut «boucler» le budgets. Et
là-dessus, les députés, heureux d'une ma-
nifestation platonique qui arrive tou-
jours à la fin des sessions, abandonnent
leurs proj ets de réformes, pour que le mi-
nistre puisse boucler son budget et, eux-
mêmes, boucler leur valise pour les va-
cances. Et ça dure depuis vingt ans !
Ce n'est pas de la bonne politique répu-
blicaine. Le propre du gouvernement ré-
publicain devrait être de mettre en toutes
choses plus de justice qu'il n'y en a, à
commencer par l'impôt. Et le plus injuste
des impôts, impôt proportionnel à rebours
et progressif à l'envers, est celui qui
frappe les gens qui vont en justice. Quand
un homme ne peut pas payer cent francs
à l'échéance convenue, je comprends qu'on
l'y contraigne dans une certaine mesure,
qu'on ne laisse pas passer un délai de plus
de deux ou trois mois avant de saisir ce
qui est saisissable dans son actif, qu'on
lui fasse payer les frais de son exécution
et l'intérêt du retard. Mais que ces frais
arrivent à quintupler la somme due, que
lorsqu'un homme n'a pu payer cent francs
le 1er janvier on lui en fasse payer cinq
cents le 1er avril, c'est révoltant. Et
c'est à quoi arrivent les avoués et les huis-
siers. Ceci pour deux raisons : la première,
la vente des offices, qui sont homologués
trop cher; la seconde, les exagérations fis-
cales qui, laissant un trop petit bénéfice à
l'avoué ou à l'huissier, l'entraînent à mul-
tiplier, de complicité avec la loi, les actes
de procédure. -
Vous le voyez, je prends presque la dé-
fense des avoués et des huissiers. Le fisc
mange les trois quarts de ce que les actes
coûtent au client, qu'il soit demandeur ou
défendeur. En compensation, on encou-
rage leur multiplicité, on tolère des actes
de procédure qui sont purement un impôt.
Par exemple, vous ne payez pas un billet
protêt est fait. On vous assigne. L'assi-
gnation est faite par un exploit qui, laissé
chez le concierge, atteint moins sûrement
l'intéressé qu'une lettre recommandée.
Mais l'exploit coûte huit ou neuf francs ;
la lettre coûterait dix sous. Le jugement
rendu — gratis 1 — est levé. Il tiendrait
en une feuille de papier timbré : on en
met douze. De la signification du juge-
ment, on passe à la saisie. Elle est faite
par l'huissier escorté de deux escogriffes.
La présence de ces escogriffes, qu'il faut
payer, n'ajoute rien à la validité de l'acte,
l'huissier étant officier ministériel. Ils
sont là, d'après une ordonnance de Col-
bert, pour protéger la personne de l'huis-
sier que les seigneurs rossaient parfois,
et ils devraient avoir des hallebardes.
On a fait dix révolutions : elles ont
amené la suppression des hallebardes, non
des escogriffes, qui n'amusent pas plus
l'huissier que le débiteur. La saisie faite,
une signification de vente la suit, inutile,
le procès-verbal de saisie indiquant le
jour de la vente. Puis c'est la cérémonie
de l'affiche, pure cérémonie, puisqu'on
n'affiche pas, les ventes se faisant à l'hô-
tel Drouot, et que l'affiche est remise au
débiteur. Toute cette procédure, inutile,
scandaleuse, n'a qu'un but : faire payer
des frais.
Les huissiers, à Paris surtout, savent si
bien son caractère fiscal inutile, qu'ils y
apportent toutes sortes de tempéraments.
Généralement ce sont des hommes cour-
tois, de bon sens, souvent de bon cœur,
qui pensent sur la procédure exactement
comme je pense moi-même. Beaucoup sont
des licenciés, des docteurs, qui plaignent
les débiteurs qu'ils poursuivent. Mais il
faut bien qu'ils vivent, il faut qu'ils sui-
vent les errements du métier pour pou-
voir rembourser leurs charges, vivre ho-
norablement, tenir dans la société un rang
qui est de moins en moins humble.
Ils sont très sensibles à leur impopula-
rité. Aussi je crois qu'ils béniraient le ré-
formateur qui enlèverait à la procédure
son caractère odieux de fiscalité, sa scan-
daleuse et inutile publicité, et ferait de
l'huissier à la fois un magistrat procédant
à des constatations, donnant l'authenticité
à la signification des actes nécessaires, et
un agent de recouvrement payé au tan-
tième des sommes recouvrées. Il y gagne-
rait de toutes façons, et on ne serait plus
injuste envers lui, car, tout pesé, c'est à
la loi, à la loi seule qu'il faut s'en pren-
dre. Et les avoués, beaucoup plus redou-
tables que les huissiers parce qu'ils ont
plus d'initiative, seraient bien avisés
d'aider à la réforme d'une loi mauvaise.
Henry Fouquier.
LA ROULETTE EN BELGIQUE
La roulette n'existe pas qu'à Monaco. Elle
fonctionne, paraît-il, avec avantage à Namur,
dans le théâtre municipal.
L'entreprise, serait, dit-on, officieusement
patronnée par le bourgmestre. Quant au pa-
tronage officiel, il a été dévolu à un comité à
la tète duquel a été placé un soi-disant jour-
naliste qui déjà préside un de nos claque-
dents parisiens à raison de 2,000 francs par
mois.
On annonce également la prochaine instal..
lation d'une roulette à Spa.
Cette nouvelle étonnera certainement ceux
qui se rappellent qu'il y a un an, à peu près
à la même époque, le tenancier du « Cercle
des étrangers » de Spa, M. Dhainaut, était
sévèrement condamné par la cour d'appel, de
Bruxelles pour tenue d'une maison de jeu de
hasard.
L'arrêt contenait, entre autres, les attendus
suivants :
Attendu qu'il a été établi devant la cour que l'on
jouait au Cercle des étrangers de Spa différents
jeux de hasard, notamment, le bacara, le trente-et-
quarante et le jeu dit « chemin de fer » ; que le
produit de ces jeux, la canolte qui, pour les années
1891 et 1892, s'est élevee à huit cent seize mille
francs, était encaissé par Dhainaut à son profit.
Que Dhainaut, qui de son propre aveu ne tenait
pas de comptabilité, ne rendait aucun compte
au comité dont le rôle &e bornait à recevoir les de-
mandes d'admission.
Par ces motifs, la cour, faisant application de
l'article 305 du code pénal, condamne Dhai-
naut, etc.
Est-ce que la roulette ne serait pas pour
les autorités et pour la justice belges, un jeu
de hasard?
ÉMILE HENRY
UN OUBLIÉ
Henry à la Conciergerie. — Quelles
nouvelles de l'anarchiste. - -
Ses journées.
Paris oublie vite ceux qui ont le plus con-
tribué dans ces derniers temps à sa célé-
brité.
On ne parle plus d'Henry que vaguement, à
propos de ses supposés complices, pour men-
tionner son nom tout simplement, comme si
on ne se rappelait plus les explosions de la
rue des Bons-Enfants et du café Terminus et
comme si leur auteur ne valait plus qu'on
s'occupât encore de lui.
Le moment de la comparution d'Henry en
cour d'assises ne semble pas très proche, à
voir les tâtonnements de l'instruction à pro-
pos de ses complices. Lui-même s'en plaint.
— Je croyais, disai-il hier à ses gardiens,
que mon affaire allait être bâclée en un clin
d'œil, que mon jugement et mon exécution
prendraient quinze jours tout au plus. Au
lieu de cela, voilà deux mois que je traîne.
Tout ça commence à m'embêter !
Henry pourtant, avec une certaine finesse,
fait une déduction amusante des lenteurs
dont il est l'objet:
— Après l'affaire du Terminus, on me met
sur le dos celle de la rue des Bons-Enfants,
ce que j'accepte volontiers. L'affaire de la rue
Saint-Jacques et celle de la rue Saint-Martin
ont été faites avec mes bombes, soutient-on..
Celle de la Madeleine aussi par Rabardy. Or/
comme Rabardy est Pauwels et que Pauwels
n'a pu agir que grâce à mes engins, sa mort
et la mienne mettent fin à l'anarchie.
Dormez donc en paix, bourgeois de Paris !
s'écrie-t-il alors en riant nerveusement cha-
que fois qu'il tient à haute voix ce petit rai-
sonnement, et cela lui arrive dix fois par
jour.
SES JOURNÉES
Le confort relatif dont il jouit à la Concier-
gerie a rendu Henry paresseux et « flegme »,
pour employer son expression. Avant, il se
levait avec les autres prisonniers; il ne sort
plus de ses draps maintenant que vers huit
heures du matin, comme un rentier, après
dix heures passées à dormir d'un fort bon
sommeil ; toujours il recommando à ses gar-
diens de ne pas le réveiller trop tôt, de ne
pas faire de bruit dans sa cellule par des
al ées et venues.
ous prétexte que d'être tiré brusquement
du sommeil le met de mauvaise humeur,
monsieur aime à se réveiller tout seul, à s'éti-
rer dans son lit, à méditer pendant une
bonne demi-heure avant de passer ses chaus-
settes.
Puis il se coupe une tranche de son pain et
rend ce qui lui en reste pour l'agape d'un au-
tre prisonnier. Le ver tué par un coup de vin,
il passe à sa toilette.
Peur celle-là, rien n'est changé: elle est
toujours aussi longue, Henry n'en finit véri-
tablement pas ; outre que toutes les semaines
il prend un bain chaud, tous les jours il se
lave des pieds à la tête minutieusement.
Coiffé, chaussé, astiqué, il va à la prome-
nade à l'heure où personne n'est dans le
préau.
Midi est arrivé quand la promenade est fi*,
nie ; Henry déjeune alors avec les gardiens.
11 A'a droit qu'aux vivres de la cantine ; de8
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