Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1894-03-26
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 26 mars 1894 26 mars 1894
Description : 1894/03/26 (A24,N8106). 1894/03/26 (A24,N8106).
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 29/04/2013
VINGT-QUATRIÈME ANNÉE. — N# 8,106 - LE NUÉftO CINQ CENTIMES , LUNDI 26 MARS 1894
- Xir SIECLE
REOICTIM ET IDltJtISTRATIOI
142, Rue Montmartre
PARIS
BIRECTEUR POLITIQUE
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PRIME EXCEPTIONNELLE
Bicyclette XIXe SIÈCLE
DERNIER MODÈLE
Voir à la troisième page - --
LA MAGISTRATURE
ET
LE BARREAU
La suspension par le tribunal d'Albi de
Mc Viviani, avocat venu de Paris pour plai-
der dans le chef-lieu du Tarn, suit de bien
peu la phrase menaçante contre le main-
tien des privilèges du barreau prononcée
par le premier président * Périvier, qui a
si fort agité le Palais de Justice.
La question est-elle assez mûre pour
se trouver portée prochainement à l'ordre
du jour de l'opinion publique ? On peut
se le demander en voyant l'émotion de
certains avocats, car un incident même
grave ne réussit à faire éclore une ré-
forme que si son heure est venue.
Evidemment l'ordre de choses actuel
cadre mal avec nos institutions et ne ré-
pond plus à nos mœurs. Il heurte des
idées qui se sont généralisées.
Dans un pays républicain peut-il exis-
ter une corporation fermée, exclusive,
possédant le privilège de défendre devant
les tribunaux les intérêts de citoyens aux-
quels on ne reconnaît pas le droit de faire
soutenir leur cause par un parent, par un
ami?
La première République ne l'avait pas
cru. Allant plus loin qu'on n'oserait le
demander maintenant dans la voie de la
liberté absolue, elle ne s'était pas bornée à
détruire l'ordre des avocats. De sa main
redoutable, elle avait supprimé les écoles
de droit, tarissant ainsi les sources mêmes
de la science juridique.
* *
Dès que le coup d'Etat du dix-huit Bru-
maire eut orienté de nouveau la France
vers les formules autoritaires, Bonaparte
rétablit l'institution du barreau, et il im-
posa, pour être admis à plaider, la justi-
fication du titre de licencié ou toute autre
pièce analogue.
Evidemment un diplôme ne donne pas
la science et un homme peut être fort
savant sans posséder aucun certificat offi-
ciel. M. Troplong, qui fut si longtemps â
la tête de la cour de cassation, n'était pas
avocat. Il était entré dans la magistrature
au milieu d'une période révolutionnaire
sans qu'on prît garde à sa situation uni-
versitaire. Seulement, le grand mérite de
n'importe quel titre de ce genre est d'opé-
rer une première sélection, de barrer un
peu la route au flot des solliciteurs.
Plus tard, en 1810,l'Empire ne se borna
pas aux mesures du Consulat. Il établit
les choses telles à peu près qu'elles exis-
tent encore, c'est-à-dire ordre des avocats
avec bâtonnier, conseil de discipline,
etc., etc. -
Pour juger avec équité,il faut dire quels
sont les avantages et les inconvénients.
***
On ne peut nier que la surveillance
exercée par les conseils de discipline soit
une garantie de moralité.
En interdisant aux avocats tout négoce,
tout emploi à gages, en exigeant qu'ils
n'habitent pas en garni et soient proprié-
taires de leurs meubles, en leur imposant
l'obligation de posséder une bibliothèque
de livres professionnels, les conseils de
l'ordre écartent des agents véreux, des
tripoteurs de bas étage, capables d'exploi-
ter et de voler les plaideurs.
En outre, et ceci est le plus gros argu-
ment, par cela même qu'ils font partie
d'une corporation réglementée, les avocats
peuvent sans danger se communiquer les
pièces les plus graves, celles d'où dépend
l'issue du procès. Jamais un document de
ce genre n'est détruit par une main crimi-
nelle.
L'ordre des avocats avant cessé d'exis-
ter, on ne pourrait se fier au premier venu
demandant à prendre connaissance du
dossier de son adversaire. Il en résulte-
rait des coups de théâtre, des surprises
imprévues devant les tribunaux, ce qui
aurait pour résultat de fausser souvent
les impressions du juge le plus conscien-
cieux.
#*#
En réponse à ces arguments, que de
choses à dire 1 Le chiffre des honoraires,
à Paris, a pris des proportions qui portent
atteinte à la respectabilité de l'ordre des
avocats.
En théorie, le conseil de discipline
interdit de poursuivre le payement de la
plaidoirie ; mais dans la pratique la plu-
part des avocats esquivent ia difficulté en
ne prenant la parole qu'après s'être fait
payer d'avance. Cela s'appelle une provi-
sion. — « Je respecte la loi, dit un per-
sonnage d'Augier, puisque je la tourne. »
En province, ces abus sont moindres.
Un avocat n'oserait pas assiéger les avoués
pour se faire confier une cause; mais dans
le grand Paris, où tant de faits sont étouf-
fés par le bruit de la foule, où tant de vi-
laines actions disparaissent inconnues, il
faut reconnaître malheureusement qu'on
trouve, au Palais de justice, quelques
hommes gardiens avides de leurs privilè-
ges mais infiniment peu scrupuleux
quant à leurs devoirs.
- Puis, il existe dans le barreau des in-
sulteurs qui font métier d'outrage et qui
s'abritent sous , leur robe pour déverser
l'offense sans péril, et cependant, la pen-
sée première de tous les législateurs con-
fiant à des tiers le soin de faire valoir les
arguments des parties en présence a été
incontestablement d'empêcher dans le
prétoire la vivacité des passions indivi-
duelles.
Eu fait, la suppression de l'ordre des
avocats n'aurait parles conséquences radi-
cales que l'on prévoit.
Les avocats actuels fonderaient entre
eux une société libre, ayant comme un
cercle son règlement, élisant son président
et n'admettant que ceux possédant des
garasiiee de correction.
Ce serait à peu près l'ordre actuel, plus
épuré et plus libre.
Cette société offrirait à la magistrature
le concours gratuit de ses membres pour
le service de l'assistance judiciaire, qui
entraine la défense de vingt mille causes
par an, à peu près, à Paris.
Il est vrai que des sociétés rivales pour-
raient se créer, mais le public continue-
rait très probablement à s'adresser aux
avocats confédérés, qui lui présenteraient
plus de chances pour le gain des procès.
L'agent d'affaires véreux demeurerait
condamné aux causes mauvaises. La
seule différence, c'est que le choix du dé-
fenseur aurait plus d'importance sur la
conscience des juges.
Seulement la suppression d'un ordre
privilégié d'avocats finirait par aboutir à
la suppression des avoués. L'avocat libre
amènerait la procédure libre.
Tout est dans tout, a-t-on dit. Dès qu'on
porte la main sur l'édifice vermoulu du
passé, on s'aperçoit qu'une modification
en appelle une autre. C'est le Code de pro-
cédure tout entier qu'il s'agit de rajeunir.
Notre organisation, léguée par les ré-
gimes monarchiques, fait penser aux corps
trouvés dans les fouilles de Pompéï.
Lorsqu'on les rend à la lumière ils ont
l'apparence de la conservation, et dès qu'on
y touche ils tombent en poussière.
Thomas Graindorge.
COMMENT ON TRAITE LES FRANÇAIS
A L'ETRANGER
On sait que les journaux étrangers sont
généralement d'une rare malveillance à l'é-
gard de ceux de nos compatriotes qui vont
se fixer loin de la mère-pairie.
Le Chicago-Journal vient cependant de
dépasser la mesure.
Voici, en effet, de quelle façon il traite les
Français des Etats-Unis et plus particulière-
ment de Chicago :
C'est l'habitude du gouvernement français de
faciliter l'émigration de ses anciens condamnés aux
Etats-Unis. Quand un escroc, ou même un faus-
saire, s'est réfugié ici, bien que l'on connaisse sa
retraite, jamais on ne réclame son extradition à
moins que la clameur publique ne l'exige. On peut
donc conclure de ce fait que la bonne moitié de la
population française de ce pays est composée de
criminels, de dangereux criminels, car la plupart
d'entre - eux sont des hommes très adroits, très
habiles et très souvent d'une instruction et d'une
éducation parfaites.
L'article du Chicago-Journal n'a pas laissé,
comme bien l'on pense, que de causer une
profonde indignation parmi toute la popula-
tion d'origine française des Etats-Unis. Elle
est trop laborieuse et trop honnête pour être
atteinte par d'aussi misérables attaques, étant
donné surtout ce qu'ont fait ses ancêtres pour
assurer l'indépendance de la grande Républi-
que américaine,
Mais que ne pourrions-nous pas dire, nous
qui sommes infestés d'escrocs des deux mon-
des, si nous voulions suivre l'exemple du
journal yankee?
DEPLACEMENTS MINISTERIELS
Nos ministres profitent des vacances de
Pâques : la plupart ont quitté Paris hier soir.
M. Casimir-Perier, président du conseil,
sera absent jusqu'à jeudi matin; il est allé se
reposer dans ses propriétés du département
de l'Aube.
M. Burdeau, ministre des finances, est parti
pour Arcachon, où il restera une quinzaine de
jours.
M. Jonnart, ministre des travaux publics,
accompagne sa femme à Cannes. Il sera de
retour à Paris dans quatre ou cinq jours.
M. Raynal sera seulement absent de Paris
aujourd'hui jour de Pâques.
En.fin, M. Viger est allé passer trois ou
quatre jours dans le Loiret.
Ajoutons que, lors de l'ouverture prochaine
de la session des conseils généraux, MM. Ca-
simir-Perier, Spuller, Jonnart, Marty, Viger,
Dubost, qui font partie des assemblées dépar-
tementales, se rendront dans leurs départe-
ments respectifs pour assister tout au moins
à la première séance.
LES CROIX DE CHICAGO
Hier, au conseil des ministres, on s'est occupé
des décorations de l'Exposition de Chicago.
Les propositions des ministres du commerce, de
l'instruction publique et des beaux-arts et de l'a-
griculture seront discutées dans le conseil qui sera
tenu le samedi 31 mars.
M. DE LANESSAN
Un journal a raconté hier soir que M. de
Lanessan, gouverneur de l'Indo-Chine, ac-
tuellement en mer et qui doit arriver à Mar-
seille le 5 avril prochain, allait être révoqué
de ses fonctions aussitôt qu'il aurait mis le
pied sur la terre de France.
L'Agence Havas ayant cru devoir démentir
cette information, nous reproduisons la note
qu'elle nous a communiquée dans la soirée :
« Nous sommes autorisés à démentir la
nouvelle publiée par un journal du soir et
d'après laquelle M. de Lanescan, gouverneur
général de l'Indo-Chine, serait révoqué de ses
fouettons. »
TOUJOURS LES CHAUDIÈRES
DES TORPILLEURS
Le Havre, 24 mars.
Pendant les essais officieux du torpilleur
russe Sestroretsk lancé récemment, un tube
de cuivre d'une chaudière s'est déchiré au
moment où le torpilleur se trouvait à environ
un mille de la côte, regagnant le port.
Un jet de flammes est venu atteindre trois
chauffeurs qui ont été légèrement brûlées aux
mains.
Deux des blessés ont pu être reconduits à
leur domicile. Quant au troisième, plus
grièvement atteint, il a été transporté à l'hô-
pital.
Les causes de cet accident sont incon*
nues.
MOUVEMENT ADMINISTRATIF
Un mouvement administratif qui porte sur envi-
ron quatorze emplois et qui a pour point de départ
la nomination d'un sout-préfet de deuxième clause
paraîtra ces jours-ci au Journal officiel.
LE PRÉFET DE LA SEINE
A L'BOTEL DE VILLE
UN CONFLIT PROBABLE
lu.- déménage malgré lui. - Ce
qu'en pensent les conseillers. — Le
vent est aux protestations éner-
giques. — Comment ça
finira-t.;.il?
Cette fols ça y est, ou c'est bien près de
l'être. Nous l'avions fait prévoir ; la nouvelle
est aujourd'hui presque officielle: le préfet de
la Seine va céder au ministre des colonies ses
appartements du pavillon de Flore. Quand
nous disons céder, c'est pure façon de parler.
M. Poubelle ne tenait pas du tout à quitter
les Tuileries où il est confortablement ins-
tallé et où il vit tranquille. S'il s'installe à
l'Hôtel de Ville, c'est contraint et forcé par
le ministre de l'intérieur, M. Raynal. Mais
il s'y installera avant peu, il n'en faut plus
douter.
Hier dans l'après-midi, il a parcouru les
diverses pièces de son futur appartement, au
rez-de-chaussée sur le quai, au-dessous de la
galerie des fêtes. Il a même eu des mots char-
mants, le préfet de la Seine, en parcourant
ses appartements qui vont en enfilade d'une
salle à l'autre : « Ce n'est pas un apparte-
ment, c'est un stand. » Et. un moment après,
jetant un coup d'œil sur la vue qui s étend
au-delà du quai, il a ajouté mélancolique-
ment : « Quand je serai fatigué de voir l'Hô-
tel-Dieu, je me reposerai en contemplant la
Morgue. »
D'autre part, nous savons que le service
d'architecture a été avisé d'avoir à faire ré.
parer aux annexes est et ouest de 1 Iiotel de
Ville des bureaux et d'en faire des logements
pour le cocher, le valet de pied et l'huissier
du préfet.
QU'EN PENSE LE CONSEIL ?
L'installation du préfet à l'Hôtel de Ville
est donc résolue. Qu'en pense le conseil mu-
nicipal qui, si énergiquement a diligentes
reprises depuis longtemps, s'est élevé contre
les prétentions du gouvernement de loger le
préfet dans la maison communale ?
Le conseil? Il n'est pas content et fait mine
de se fâcher. La preuve, c'est que son bureau
a failli se réunir d'urgence hier soir. La con-
vocation, pour des raisons particulières, est
reportée à mardi.
Le bureau du conseil général se joindra
très probablement à celui du conseil muni-
cipal afin de délibérer sur ce qu'il convient
de faire en présence de cettq provocation.
Tel est, en effet, le mot qu'appliquent la
majorité des conseillers à l'acte commandé à
M. Poubelle par son chef hiÓrarchique le mi-
nistre de l'interieur.
Il vient tout de suite aux lèvres de M. Lu-
cipia, qui préside le groupe des droits de
Paris.
— Oui, nous dit-il, c'est une provocation
et bien inutile, M. Constans ne l'avait pas
osée en 1890, malgré les invitations qui lui
étaient adressées de tous côtés.
— Vous allez convoquer vos collègues des
droits de Paris ? demandons-nous.
— C'est probable, mais je ne puis encore
rien vous dire. Vous comprendrez que je
tienne avant toute mesure à me concerter
avec mes amis. En tout cas, vous pouvez
croire que nous ne nous croiserons pas les
bras. Nous saurons relever le défi. L'Hôtel
de-Ville est un monument communal ; il ne
peut pas être à la disposition d'un fonction-
naire départemental.
M. Gay, — un républicain très modéré-
de l'union libérale, joint sa protestation a
celle de M. Lncipia :
— Que le préfet de la Seine habite au pavil-
lon de Flore ou à l'Hôtel de Ville, peu me
chaut, nous dit-il. Ce que je trouve absurde
c'est cette installation presque manu mili-
tari. Le gouvernement semble vraiment cher-
cher la guerre.
M. BASSINET
Le vice-président du Conseil général de la
Seine appartient à la fraction radicale du Con-
seil municipal. Il partage entièrement l'opinion
de ses collègues MM. Lucipia et Gay, et voici
comment il la motive : En tant que fonction-
naire du département, le préfet n'a pas le droit
d'occuper, pour ses besoins personnels, un
édifice communal. Le département lui doit le
logement. Il ne s'y est jamais refusé.
Le 25 avril 1884, le conseil général de la
Seine délibéra qu'il y avait lieu de rechercher
un édifice pour loger le préfet. Il avait même
été question un moment de l'hôtel des arche-
vêques de Sens.
En 1892, M. Lefoullon a formulé une pro-
position analogue, tendant à l'édification à
Paris d'un hôtel de préfecture. L'administra-
tion était invitée à étudier ce projet avec
devis, plans, etc. Le préfet n'a pas bougé.
Qu'il ne s'en prenne qu à lui si. aujourd'hui,
îl est obligé d'aller coucher à l'asile de nuit.
Si, ajoute M. Bassinet, on prétexte que le
préfet de la Seine fait fonction de maire de
Paris, où prend-on qu'à raison de cette qua-
lité nous soyons tenus de lui donner un ap-
partement à l'Hôtel de Ville ? Qu'on cite un
texte de loi qui nous y force — ou même la
coutume. Quel est le maire de France qui
couche dans la maison commune ?
M. PUECH
M. Puech, secrétaire du conseil municipal,
est aussi — quoiqu'il y siège depuis peu —
l'un des membres les plus écoutés de cette
assemblée. Il le doit précisément à sa science
juridique fort précieuse dans les affaires im-
portantes où la Ville a de gros intérêts en.
gagés. Son avis était doublement intéressant
à recueillir.
M. Puech l'a émis sans réticences :
— L'installation du préfet à l'Hôtel de Ville,
nous déclare-t-il, est la violation de toutes
les règles du droit public. La Chambre l'a
permis. La belle raison ? Il n'y a pas de loi
contre le droit. Est-ce que la Chambre a celui
de faire installer l'un de ses fonctionnaires,
fût-il préfet, chez M. de Rothschild? Pour-
quoi aurait-elle le droit de violer la propriété
communale ? Il n'y a pas un texte de loi,
pas un, qui autorise le gouvernement à agir
comme il le fait.
LA FORME DES PROTESTATIONS
Les bureaux des deux conseils municipal
et général vont se réunir, disions-nous. Il
n'est pas douteux que tous les membres ne
tombent d'accord sur la nécessité de protester
énergiquement. Mais quelle forme revêtira
cette protestation?
Couper les vivres au préfet de la Seine ? On
y avait songé. Mais le conseil général a eu
l'imprudence d'inscrire au budget un crédit
de près de 100,000 francs pour mobilier et en-
tretien du préfet. Comment faire ? - Pardon,
nous disent plusieurs conseillers, le crédit a
été accordé pour le pavillon de Flore, non
pour l'Hôtel de Ville. En admettant Sette in-
terprétation, quel moyen le conseil aurait-il
d'empêcher le préfet de s'installer dans l'édi-
fice municipal ? On n'en voit pas.
Rompre — ainsi qu'on fit avec la préfecture
de police? Cela paraît facile à dire, mais ce
ne l'est pas à faire. La vie de Paris se trou-
verait arrêtée. Nos conseillers prendront-ils
une aussi grave détermination ? Beaucoup
d'entre eux y pousseront, dans l'espoir que
le ministre de fintérieur prononcera la disso-
lution du conseil et les renverra devant leurs
électeurs. Sûrs de rentrer tous à l'Hôtel de
Ville, iils infligeraient un échec au gouverne-
ment. Le malheur, soupirent quelques-uns,
est que celui-ci n'osera pas aller jusque-là.
Alors? On cherche. D'ici mardi, la protes-
tation énergique et pratique rêvée par tous
aura-t-elle été trouvée? On l'espère et il est
certain que les imaginations sont en mouve-
ment.
Le plus ennuyé en cette affaire est certai-
nement le préfet de la Seine lui-même, dont
M. Raynal dérange la vie bien ordonnée. Il
est capable, pour s'ôter tout souci, de quitter
purement et simplement la place. Il va long-
temps qu'on annonce son départ. Cette lois,
il se pourrait qu'il y fût décidé.
LE MÉTROPOLITAIN
LE NOUVEAU PROJET
Nous avons annoncé que, sur la proposition
du ministre des travaux publics, le gouverne-
ment allait entrer en négociations avec le
conseil municipal de Paris en vue d'une en-
tente sur un nouveau projet de chemin de fer
métropolitain.
Ce nouveau projet qui se présente après
tant d'autres a-t-il des chances d'être accepté
et par le conseil municipal de Paris et par la
Chambre ? Nous ne pouvons l'affirmer, mais
il nous sera permis de constater qu'il se pré-
sente sous des auspices assez favorables : sa
construction a été demandée par la commis-
sion supérieure de l'Exposition universelle de
1900 en vue de faciliter le transport des voya-
geurs de tous les points de Paris aux portes
du Champ-de-Mars.
Le projet qui sera défendu par le ministre
des travaux publics n'est peut-être pas aussi
vaste que certains de ses devanciers, mais il
n'en comporte pas moins l'établissement d'un
certain nombre de lignes assez importantes
que nous allons énumérer :
lo Le dédoublement, à partir de la station
de Gourcelles-Levallois, de la ligne d'Auteuil,
en dehors des fortifications. Cette ligne pas-
serait la Seine en deçà du viaduc d'Auteuil,
près de Billancourt.
20 Le prolongement de la ligne des Mouli-
neaux, qui joindrait la ligne dédoublée et qui
aurait son point terminus à l'esplanade des
Invalides, où serait édifiée une gare;
3o Raccordement aux Invalider d'une ligne
souterraine, qui suivrait le boulevard Saint-
Germain avec une station au square Cluny. La
gare du carrefour Médicis (ligne de Sceaux)
serait reliée par un tronçon de ligne souter-
raine suivant le boulevard Saint-Michel jus.
qu'à la gare de Cluny; M
4° Ligne du square Cluny, traversant la
Halle aux vins, joignant les gares d'Orléans,
de Lyon et de Vincennes, avec station au pont
Louis-Philippe.
5o De la gare de Vincennes, tronçon par la
rue de Rivoli jusqu'aux Halles avec gare
terminus ;
60 Enfin, tronçons des gares du Nord et de
l'Est aux Halles centrales.
Ainsi qu'on le voit, le nouveau tracé se diffé-
rencie de celui adopté en dernier lieu par le
conseil municipal de deux embranchements,
celui de la Bourse et celui de l'Opéra.
Les travaux du réseau que nous venons
d'indiquer, dont l'exécution serait confiée aux
grandes compagnies, qui l'exploiteraient en
commun, comme cela se fait pour le chemin
de fer de Ceinture, nécessiteraient une dépense
totale d'environ cent millions.
Si les pourparlers entamés par M. Jonnart
réussissent et s'il parvient à se mettre d'ac-
cord avec la Ville sur sa part contributive, les
travaux pourraient commencer dès le mois
de juillet prochain. De telle façon que les li-
gnes du Métropolitain pourraient être mises
en exploitation dès 1897.
SOLDATS ET AGiHGUl TEURS
Les permissions pour les travaux
des champs
- Le ministre de la guerre vient de fixer les
conditions dans lesquelles des permissions de
20 ou 30 jours pourront être accordées aux
militaires cultivateurs ou viticulteurs de pro-
fession pour les différents travaux agricoles.
Les demandes pourront être adressées di-
rectement à leurs chefs de corps par les sol-
dats qui désirent travailler soit chez eux, soit
chez d'autres agriculteurs.
De leur côté, les agriculteurs pourront de-
mander des travailleurs aux commandants
de corps d'armée, mais par l'intermédiaire
des préfets, dont l'approbation est indispen-
sable.
Le nombre des militaires employés ainsi
aux travaux de la campagne ne devra pas dé-
passer 10 pour cent de l'effectif des hommes
présents dans l'infanterie et 5 pour cent dans
la cavalerie.
L'indemnité à payer aux soldats travail-
leurs par les cultivateurs varie de 1 fr. 02
(Nord-Ouest) à 1 fr. 72 (Centre), indépendam-
ment, bien entendu, de la nourriture et du
logement.
LE CABINET DE M. BOULANGER
M. Boulanger, le nouveau ministre des co-
lonies,a complété son cabinet en s'adjoignant
MM. Tissier, auditeur au conseil d'Etat, et Re-
naudin, inspecteur des financese
Ce dernier a pour mission principale de re.
chercher si la comptabilité passée de l'admi-
nistration des colonies a été tenue correcte-
ment et de préparer un nouveau système de
contrôle conforme aux règles préconisées par
la cour des comptes et le conseil d'Etat.
VIOLENT INCENDIE A CANNES
Cannes, 24 mars.
Un incendie s'est déclaré hier soir à l'entrepôt
de bois situé près du collège Stanislas et apparte-
nant à M. Lanteri.
Une foule nombreuse était accourue sur les
lieux du sinistre. Le feu a été éteint par les pom-
piers.
M. Lanteri et sa femme, âgés de soixante-douze
ans, dormaient dans un bâtiment en bois attenant
à l'entrepôt au moment où le feu s'est déclaré.
Réveillés par les cris des voisins, ils purent pren-
dre la fuite avant que ce bâtiment fût atteint par
les flammes.
A minuit tout était termine.
LA RÉVOLUTION BRÉSILIENNE
Rio-de-Janeiro, 24 mars.
Les vaisseaux portugais sont partis.
Le général Peixoto mobilise la garde nationale et
envoie des troupes dans le sud pour combattre les
insurgés de l'amiral de Mello.
On prétend que le général Peixoto remettra le
gouvernement au président élu, D* Moraes, avant
l'expiration de son mandat, en présence de la me-
nace faite par les Etats du sud de se séparet fit dt
se constituer en République indépendante.
CHRONIQUE
En ce jour de Pâques, Jésus-Christ est
« d'actualité ». C'est le moment de s'oc-
cuper des « révélations » assez singuliè-
res de M. Nicolas Notovitch. Il faut vous
dire que ces révélations changent du tout
au tout l'Evangile. C'est à prendre ou à
laisser. Je ne voudrais en aucune façon
contristerles fidèles en parlant d'un ton
léger d'un aussi grave sujet. Il faut bien
cependant prêter quelque attention aux
découvertes historiques. ne serait-ce que
pour les discuter.
Je constate d'ailleurs que la légende
sacrée, qui en ce jour de fête pour l'E-
glise a un glorieux dénouement, a été, en
ces dernières années, l'objet de quelques
enjolivements bizarres. Il y a, et j'ai eu
l'occasion de parler de ces opinions, une
petite école, descendant de la secte anti-
que des Esséniens, qui croit ferme-
ment que le Christ n'est pas mort sur la
croix et qu'il finit ses jours dans le désert,
plusieurs années après l'époque admise
par la tradition religieuse pour la fin de
sa vie terrestre.
Les informations de M.Notovitch ne por-
tent point sur cette période. Elles concer-
nent au contrairç la jeunesse du Christ.
Il est vrai que là elles s'écartent fort de
tout ce qui est enseigné.
Ce travail m'a intéressé. On comprend
bien que je ne dis rien de plus, n'ayant
nulle qualité pour faire de la haute exé-
gèse, et ne relevant cette version nouvelle
que parce qu'elle est en somme cu-
rieuse.
Cependant, M. Notovitch n'a pas très
bien disposé en sa faveur ceux dont il
sollicite l'attention. Il fait même une fâ-
cheuse confidence. Il raconte que, quand
il fut en possession de pièces qui, d'une
manière inattendue, modifiaient fort l'his-
toire du Christ, il alla trouver M. Jules
Simon, qui lui donna le conseil d'aller
voir M. Renan.
M. Notovitch, en effet, rendit visite a
M. Renan, qui, à l'en croire, lui fit un
très chaud accueil. trop chaleureux
même, car il eût tout à coup la crainte
que le maitre qui lui proposait de faire
un rapport à l'Académie n'accaparât sa
découverte. Il se résolut donc à attendre
la mort de M. Renan qui, dit-il cavalière-
ment, « ne pouvait tarder ».
Voici une pensée étrange. Il semble que
rien n'aurait pu être aussi flatteur que le
patronage d'un homme tel que M. Renan.
Il fallait avoir bien de la défiance pour
supposer qu'un savant comme lui, arrivé
au déclin de sa vie, n'ayant plus rien à
souhaiter, détournât à son profit les
travaux d'un autre.
Il faut avouer que, faisant l'objet d'une
communication de M. Renan, les révéla-
tions de M. Notovitch auraient eu une
autorité bien plus grande que celle qu'il
leur donne par lui-même. Tant pis pour
M. Notovitchs'il s'estvolontairementprivé
de ce patronage. ---
Mais passons. Voici donc ce qu'il a
trouvé, dans un monastère bouddhiste du
Thibet, où il était soigné à la suite d'un
accident dont il avait été victime C'est la
copie (ce n'est malheureusement qu'une
copie) d'un manuscrit contenant un récit
hindou de la vie du Christ, récit contem-
porain de sa prestigieuse aventure et tout
à son honneur, d'ailleurs.
Il en résulte que Jésus (Issa en langue
thibétaine), dont on ne sait guère rien
avant le moment où il commença sa mis-
sion, aurait longtemps vécu dans l'Inde,
s'y serait instruit, aurait tiré quelque
profit du commerce qu'il aurait eu avec
les sages bouddhistes. Voici qui ne peut
déplaire à M. de Rosny, l'apôtre du boud-
dhisme en France et qui fait tout remon-
ter à cette doctrine.
Supprimons pour un instant, afin de
ne point alourdir ce résumé, le condition-
nel. Donc, à l'âge de treize ans, Jésus,
dévoré par une soif de larges connais-
sances, quitta clandestinement la maison
paternelle. Il se joignit à une caravane
qui partait pour l'Inde et il arriva à Djag-
gernat, où, très peu soucieux des trafics
dont s'occupaient ses compagnons de
route, il s'arrêta, se faisant admettre pen-
dant six années dans un monastère de
la secte des Djainites, qui étaient gens to-
lérants et curieux de philosophie. Il ne
laissa pas pourtant de les inquiéter un peu
par la hardiesse de ses idées en prenant la
défense des Soudras, cette dernière des
castes de l'Inde, qui compte pour un peu
moins que rien et à qui on ne permet d'ac-
complir que les plus basses besognes.
Ici commence le « roman » de Jésus,
d'après M. Notovitch et son manuscrit,
dont il aurait bien dû présenter au moins
une photographie.
Ces discours parurent subversifs: le
peuple hindou y prenait trop de goût. On
résolut de tuer Jésus ; mais son heure
n'était pas eneore venue, il put s'échap-
per à temps et se réfugia dans les mon-
tagnes du Népal. Il trouva bon accueil
chez des religieux plus sincèrement déta-
chés que les premiers des choses de la
terre et dans cette retraite il put méditer
en paix. Cette fois, il se sentait assez
armé pour enseigner la foule et il reprit
le chemin de son pays.
Cette version a un faux air de feuille-
ton, avec ses péripéties compliquées. Quel
malheur que les poètes qui, en ces der-
nières années, ont fait de Jésus-Christ un
grand premier rôle de drame, ne l'aient
pas connue.
- Il passe par la Perse, et ce sont de non-1
veaux dangers. Il prêche, et de sa bouche
ne sortent que des paroles de douceur, si
bien que les prêtres de Zoroastre s'alar-
ment et, à leur tour, le veulent perdre.
Ils n'osent cependant, car il a tout le peu-
ple pour lui, le frapper en face, et, une
fois, ils le font sortir de nuit d'une ville
où il se trouve, avec la charitable pensée
que les bêtes féroces le mettront en piè-
ces. Mais les fauves le respectent et il
arrive sain et sauf jusqu'au pays d'Is-
raël.
Le voici de retour dans sa çatrie. Il
rêve, pour le bien de ceux dont il veutle
salut, le rétablissement à son profit du
royaume de Judée. Dans la tradition hin-
doue, Pilate, l'indifférent Pilate des Ecri-
tures, devient son ennemi le plus acharné,
et c'est lui qui obtient des juges (ce furent
eux qui se lavèrent symboliquement lea
mains) sa condamnation.
Il y a là, à tout prendre, une scène qui
ne manque pas de grandeur dramatique.
Pilate, pour obtenir la mort de Jésus, a
produit un accusateur, et cet accusateur,
c'est Judas, trahissant son maître. Le
Christ se tourne vers Judas et d'un geste
auguste le bénit : « Tu seras pardonné,
répond-il, car ce que tu dis ne vient pas
de toil » Et s adressant à Pilate :
« Pourquoi humilier la dignité, pour-
quoi apprendre à tes inférieurs à vivre
dans le mensonge, puisque, même sans
cela, tu as le pouvoir de condamner un
innocent 1 » -
Le reste du manuscrit hindou contient
une relation conforme, à peu de chose-
près, à la relation des Evangiles. C'est
seulement Pilate qui fait enlever le corps,
du Christ et commande qu'il soit secrè-
tement enterré, de peur d'un soulèvement
populaire. Alors, le bruit se répand que
de célestes messagers ont enlevé la dé-
pouille du saint.
Telles sont les « découvertes » de M.
Notovitch dans un lointain monastère du
Thibet. On peut croire qu'elles n'eussent
rien perdu à ce que la critique de Renan
eut passé par là.
Il fallait un jour de Pâques pour que la
simple chronique s'aventurât sur ce ter-
rain. « Christ est ressuscité 1 », disent les
cloches des églises sonnant à toute volée.
Doux, poétique et charmant mensonge t
Hélas ! à quoi sert-il, et quel souffle d'a-
paisement cette résurrection fait-elle cou-
rir sur le vieux monde courbé sous le poid
de tant d'iniquitéset secoué de tant d'anxié-
tés !
Paul Ginisty.
ENCORE LES COMPTEURS
Le conseil municipal s'est occupé, ces jours
derniers, de la question des compteurs de
voiture. M. Patenne, conseiller de Charonne,
a exprimé la crainte de voir la course au
quart d'heure créer une diversion et retarder,
par conséquent, l'application du tarif horo-
kilométrique.
Nous avons montré dernièrement que tou-
tes les difficultés étaient soulevées par le bu-
reau de la chambre syndicale des cochers dont
l'entente avec les fabricants de compteurs ne
peut laisser aucun doute.
L'existence de cette « association » vient do
nouveau de s'affirmer.
Le 15 mars, une cinquantaine de person-
nes, cochers, loueurs et constructeurs, se
trouvaient réunies au concert de « l'Indépen-
dance (1) », boulevard Beaumarchais.
Un assistant déclara que la ville de Paris
aurait dû donner toutes les garanties néces-
saires à un constructeur pour qu'il pût
continuer sa fabrication.
Le constructeur, qui était présent, ainsi in-
terpellé, explique qu'il peut construire vingt-
cinq compteurs par jour, mais qu'il attend
un arrêté du préfet de la Seine pour poursui-
vre sa fabrication. Il ajoute :
« On m'a commandé des compteurs, la
Ville a ainsi contracté vis-à-vis de moi des
engagements que je saurai lui 1 appeler si
elle se laisse influencer par les partisans du
tarif au quart d'heure. »
L'administration municipale est donc aver-
tie, et elle fera bien de ne pas se laisser aller
à des « approbations d'appareils » plus ou
moins explicites qui pourraient engager sa
responsabilité vis-à-vis d'un industriel quel-
conque.
D'autre part, dans cette même réunion, -
l'un des membres du bureau, H., celui qui
fit naguère auprès des fabricants les dé-
marches que nous avons signalées, s'est ex-
pliqué sur le compte des pouvoirs publics.
« J'ai pour eux, dit-il en substance, une
haine profonde; les démarches que je fais
auprès d'eux sont pour moi des humiliations
et je ne les accomplis que par contrainte. »
Cette façon de s'exprimer au sujet d'adminis-
trations qui furent toujours trop bienveil-
lantes est peu courtoise et surtout mala-
droite.
Le cocher a une clientèle restreinte qu'il a
très bien définie : le client est le « bourgeois ».
C'est de iui que dépend l'existence du cocher.
Il est dès lors peu habile de laisser croire à
ce « patron » passager qu'il y a entre celui qui
reçoit et celui qui paye une hostilité irréduc-
tible et de laisser croire au client que la
cocher est son adversaire implacable. Que
deviendraient les pourboires ?
Mais revenons à la course au quart d'heure :
de l'avis de tous les meneurs, on considérait
ce tarif comme une arme de guerre. Les es-
prits des cochers, faciles à égarer par leur
crédulité même, auraient pu se monter contre
un tarif qui leur donnerait pourtant d'excel-
lents résultats en vulgarisant l'emploi des
voitures, en habituant le public à faire des
petites courses. La grande majorité des co-
chers s'est montrée plus intelligente qu'on ne le
supposait : elle a refusé de suivre les conseils
des « amis » des fabricants.
A la suite du vote du conseil municipal
qui maintenait, d'accord avec l'administra-
tion préfectorale, les délibérations antérieu-
res, quelques conseillers ont proposé d'es-
sayer le tarif au quart d'heure pendant uu
délai de six mois en attendant le compteur.
La proposition de MM. Attout-Tailfer, Des-
champs, Lamouroux, etc., a été renvoyée à
la première commission.
Espérons que cette solution logique ne tar-
dera pas à être adoptée.
ARBITRAGE
ENTRE LA FRANCE ET LE CHILI
Berne, 24 mars.
Le Conseil fédéral a déclaré qu'il était dis-
posé à autoriser, aux conditions ci-après, la
tribunal fédéral à accepter le mandat d'arbi-
trage offert par les gouvernements chilien et
français au sujet de la somme provenant de
la vente du lano et déposée à la Banque
d'Angleterre :
Le 0 tribunal arbitral sera composé de M.
Hafner, président actuel du tribunal fédérat.
et de deux membres du tribunal fédéral.
Il instituera la procédure à suivre et sta-
tuera sur sa propre compétence et sur toutes
les questions préjudicielles. Il aura la faculté
de se prononcer sur toutes les interventions
et de procéder aux appels en cause qu'il juge-
rait nécessaires. Il fixera en un mot toutes
les conditions d'arbitrage.
Le Conseil fédéral, qui ne s'est inspiré que
du désir de faire rendre bonne justice à toutes
les parties, OL.. communiqué sa décision aux
gouvernements chilien, français, anglais et
DéruYieDt aum qu'aux autres intéressés.
- Xir SIECLE
REOICTIM ET IDltJtISTRATIOI
142, Rue Montmartre
PARIS
BIRECTEUR POLITIQUE
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(M Abonnements sont reçus sans frais claU
tous les Bureaux de Poste.
PRIME EXCEPTIONNELLE
Bicyclette XIXe SIÈCLE
DERNIER MODÈLE
Voir à la troisième page - --
LA MAGISTRATURE
ET
LE BARREAU
La suspension par le tribunal d'Albi de
Mc Viviani, avocat venu de Paris pour plai-
der dans le chef-lieu du Tarn, suit de bien
peu la phrase menaçante contre le main-
tien des privilèges du barreau prononcée
par le premier président * Périvier, qui a
si fort agité le Palais de Justice.
La question est-elle assez mûre pour
se trouver portée prochainement à l'ordre
du jour de l'opinion publique ? On peut
se le demander en voyant l'émotion de
certains avocats, car un incident même
grave ne réussit à faire éclore une ré-
forme que si son heure est venue.
Evidemment l'ordre de choses actuel
cadre mal avec nos institutions et ne ré-
pond plus à nos mœurs. Il heurte des
idées qui se sont généralisées.
Dans un pays républicain peut-il exis-
ter une corporation fermée, exclusive,
possédant le privilège de défendre devant
les tribunaux les intérêts de citoyens aux-
quels on ne reconnaît pas le droit de faire
soutenir leur cause par un parent, par un
ami?
La première République ne l'avait pas
cru. Allant plus loin qu'on n'oserait le
demander maintenant dans la voie de la
liberté absolue, elle ne s'était pas bornée à
détruire l'ordre des avocats. De sa main
redoutable, elle avait supprimé les écoles
de droit, tarissant ainsi les sources mêmes
de la science juridique.
* *
Dès que le coup d'Etat du dix-huit Bru-
maire eut orienté de nouveau la France
vers les formules autoritaires, Bonaparte
rétablit l'institution du barreau, et il im-
posa, pour être admis à plaider, la justi-
fication du titre de licencié ou toute autre
pièce analogue.
Evidemment un diplôme ne donne pas
la science et un homme peut être fort
savant sans posséder aucun certificat offi-
ciel. M. Troplong, qui fut si longtemps â
la tête de la cour de cassation, n'était pas
avocat. Il était entré dans la magistrature
au milieu d'une période révolutionnaire
sans qu'on prît garde à sa situation uni-
versitaire. Seulement, le grand mérite de
n'importe quel titre de ce genre est d'opé-
rer une première sélection, de barrer un
peu la route au flot des solliciteurs.
Plus tard, en 1810,l'Empire ne se borna
pas aux mesures du Consulat. Il établit
les choses telles à peu près qu'elles exis-
tent encore, c'est-à-dire ordre des avocats
avec bâtonnier, conseil de discipline,
etc., etc. -
Pour juger avec équité,il faut dire quels
sont les avantages et les inconvénients.
***
On ne peut nier que la surveillance
exercée par les conseils de discipline soit
une garantie de moralité.
En interdisant aux avocats tout négoce,
tout emploi à gages, en exigeant qu'ils
n'habitent pas en garni et soient proprié-
taires de leurs meubles, en leur imposant
l'obligation de posséder une bibliothèque
de livres professionnels, les conseils de
l'ordre écartent des agents véreux, des
tripoteurs de bas étage, capables d'exploi-
ter et de voler les plaideurs.
En outre, et ceci est le plus gros argu-
ment, par cela même qu'ils font partie
d'une corporation réglementée, les avocats
peuvent sans danger se communiquer les
pièces les plus graves, celles d'où dépend
l'issue du procès. Jamais un document de
ce genre n'est détruit par une main crimi-
nelle.
L'ordre des avocats avant cessé d'exis-
ter, on ne pourrait se fier au premier venu
demandant à prendre connaissance du
dossier de son adversaire. Il en résulte-
rait des coups de théâtre, des surprises
imprévues devant les tribunaux, ce qui
aurait pour résultat de fausser souvent
les impressions du juge le plus conscien-
cieux.
#*#
En réponse à ces arguments, que de
choses à dire 1 Le chiffre des honoraires,
à Paris, a pris des proportions qui portent
atteinte à la respectabilité de l'ordre des
avocats.
En théorie, le conseil de discipline
interdit de poursuivre le payement de la
plaidoirie ; mais dans la pratique la plu-
part des avocats esquivent ia difficulté en
ne prenant la parole qu'après s'être fait
payer d'avance. Cela s'appelle une provi-
sion. — « Je respecte la loi, dit un per-
sonnage d'Augier, puisque je la tourne. »
En province, ces abus sont moindres.
Un avocat n'oserait pas assiéger les avoués
pour se faire confier une cause; mais dans
le grand Paris, où tant de faits sont étouf-
fés par le bruit de la foule, où tant de vi-
laines actions disparaissent inconnues, il
faut reconnaître malheureusement qu'on
trouve, au Palais de justice, quelques
hommes gardiens avides de leurs privilè-
ges mais infiniment peu scrupuleux
quant à leurs devoirs.
- Puis, il existe dans le barreau des in-
sulteurs qui font métier d'outrage et qui
s'abritent sous , leur robe pour déverser
l'offense sans péril, et cependant, la pen-
sée première de tous les législateurs con-
fiant à des tiers le soin de faire valoir les
arguments des parties en présence a été
incontestablement d'empêcher dans le
prétoire la vivacité des passions indivi-
duelles.
Eu fait, la suppression de l'ordre des
avocats n'aurait parles conséquences radi-
cales que l'on prévoit.
Les avocats actuels fonderaient entre
eux une société libre, ayant comme un
cercle son règlement, élisant son président
et n'admettant que ceux possédant des
garasiiee de correction.
Ce serait à peu près l'ordre actuel, plus
épuré et plus libre.
Cette société offrirait à la magistrature
le concours gratuit de ses membres pour
le service de l'assistance judiciaire, qui
entraine la défense de vingt mille causes
par an, à peu près, à Paris.
Il est vrai que des sociétés rivales pour-
raient se créer, mais le public continue-
rait très probablement à s'adresser aux
avocats confédérés, qui lui présenteraient
plus de chances pour le gain des procès.
L'agent d'affaires véreux demeurerait
condamné aux causes mauvaises. La
seule différence, c'est que le choix du dé-
fenseur aurait plus d'importance sur la
conscience des juges.
Seulement la suppression d'un ordre
privilégié d'avocats finirait par aboutir à
la suppression des avoués. L'avocat libre
amènerait la procédure libre.
Tout est dans tout, a-t-on dit. Dès qu'on
porte la main sur l'édifice vermoulu du
passé, on s'aperçoit qu'une modification
en appelle une autre. C'est le Code de pro-
cédure tout entier qu'il s'agit de rajeunir.
Notre organisation, léguée par les ré-
gimes monarchiques, fait penser aux corps
trouvés dans les fouilles de Pompéï.
Lorsqu'on les rend à la lumière ils ont
l'apparence de la conservation, et dès qu'on
y touche ils tombent en poussière.
Thomas Graindorge.
COMMENT ON TRAITE LES FRANÇAIS
A L'ETRANGER
On sait que les journaux étrangers sont
généralement d'une rare malveillance à l'é-
gard de ceux de nos compatriotes qui vont
se fixer loin de la mère-pairie.
Le Chicago-Journal vient cependant de
dépasser la mesure.
Voici, en effet, de quelle façon il traite les
Français des Etats-Unis et plus particulière-
ment de Chicago :
C'est l'habitude du gouvernement français de
faciliter l'émigration de ses anciens condamnés aux
Etats-Unis. Quand un escroc, ou même un faus-
saire, s'est réfugié ici, bien que l'on connaisse sa
retraite, jamais on ne réclame son extradition à
moins que la clameur publique ne l'exige. On peut
donc conclure de ce fait que la bonne moitié de la
population française de ce pays est composée de
criminels, de dangereux criminels, car la plupart
d'entre - eux sont des hommes très adroits, très
habiles et très souvent d'une instruction et d'une
éducation parfaites.
L'article du Chicago-Journal n'a pas laissé,
comme bien l'on pense, que de causer une
profonde indignation parmi toute la popula-
tion d'origine française des Etats-Unis. Elle
est trop laborieuse et trop honnête pour être
atteinte par d'aussi misérables attaques, étant
donné surtout ce qu'ont fait ses ancêtres pour
assurer l'indépendance de la grande Républi-
que américaine,
Mais que ne pourrions-nous pas dire, nous
qui sommes infestés d'escrocs des deux mon-
des, si nous voulions suivre l'exemple du
journal yankee?
DEPLACEMENTS MINISTERIELS
Nos ministres profitent des vacances de
Pâques : la plupart ont quitté Paris hier soir.
M. Casimir-Perier, président du conseil,
sera absent jusqu'à jeudi matin; il est allé se
reposer dans ses propriétés du département
de l'Aube.
M. Burdeau, ministre des finances, est parti
pour Arcachon, où il restera une quinzaine de
jours.
M. Jonnart, ministre des travaux publics,
accompagne sa femme à Cannes. Il sera de
retour à Paris dans quatre ou cinq jours.
M. Raynal sera seulement absent de Paris
aujourd'hui jour de Pâques.
En.fin, M. Viger est allé passer trois ou
quatre jours dans le Loiret.
Ajoutons que, lors de l'ouverture prochaine
de la session des conseils généraux, MM. Ca-
simir-Perier, Spuller, Jonnart, Marty, Viger,
Dubost, qui font partie des assemblées dépar-
tementales, se rendront dans leurs départe-
ments respectifs pour assister tout au moins
à la première séance.
LES CROIX DE CHICAGO
Hier, au conseil des ministres, on s'est occupé
des décorations de l'Exposition de Chicago.
Les propositions des ministres du commerce, de
l'instruction publique et des beaux-arts et de l'a-
griculture seront discutées dans le conseil qui sera
tenu le samedi 31 mars.
M. DE LANESSAN
Un journal a raconté hier soir que M. de
Lanessan, gouverneur de l'Indo-Chine, ac-
tuellement en mer et qui doit arriver à Mar-
seille le 5 avril prochain, allait être révoqué
de ses fonctions aussitôt qu'il aurait mis le
pied sur la terre de France.
L'Agence Havas ayant cru devoir démentir
cette information, nous reproduisons la note
qu'elle nous a communiquée dans la soirée :
« Nous sommes autorisés à démentir la
nouvelle publiée par un journal du soir et
d'après laquelle M. de Lanescan, gouverneur
général de l'Indo-Chine, serait révoqué de ses
fouettons. »
TOUJOURS LES CHAUDIÈRES
DES TORPILLEURS
Le Havre, 24 mars.
Pendant les essais officieux du torpilleur
russe Sestroretsk lancé récemment, un tube
de cuivre d'une chaudière s'est déchiré au
moment où le torpilleur se trouvait à environ
un mille de la côte, regagnant le port.
Un jet de flammes est venu atteindre trois
chauffeurs qui ont été légèrement brûlées aux
mains.
Deux des blessés ont pu être reconduits à
leur domicile. Quant au troisième, plus
grièvement atteint, il a été transporté à l'hô-
pital.
Les causes de cet accident sont incon*
nues.
MOUVEMENT ADMINISTRATIF
Un mouvement administratif qui porte sur envi-
ron quatorze emplois et qui a pour point de départ
la nomination d'un sout-préfet de deuxième clause
paraîtra ces jours-ci au Journal officiel.
LE PRÉFET DE LA SEINE
A L'BOTEL DE VILLE
UN CONFLIT PROBABLE
lu.- déménage malgré lui. - Ce
qu'en pensent les conseillers. — Le
vent est aux protestations éner-
giques. — Comment ça
finira-t.;.il?
Cette fols ça y est, ou c'est bien près de
l'être. Nous l'avions fait prévoir ; la nouvelle
est aujourd'hui presque officielle: le préfet de
la Seine va céder au ministre des colonies ses
appartements du pavillon de Flore. Quand
nous disons céder, c'est pure façon de parler.
M. Poubelle ne tenait pas du tout à quitter
les Tuileries où il est confortablement ins-
tallé et où il vit tranquille. S'il s'installe à
l'Hôtel de Ville, c'est contraint et forcé par
le ministre de l'intérieur, M. Raynal. Mais
il s'y installera avant peu, il n'en faut plus
douter.
Hier dans l'après-midi, il a parcouru les
diverses pièces de son futur appartement, au
rez-de-chaussée sur le quai, au-dessous de la
galerie des fêtes. Il a même eu des mots char-
mants, le préfet de la Seine, en parcourant
ses appartements qui vont en enfilade d'une
salle à l'autre : « Ce n'est pas un apparte-
ment, c'est un stand. » Et. un moment après,
jetant un coup d'œil sur la vue qui s étend
au-delà du quai, il a ajouté mélancolique-
ment : « Quand je serai fatigué de voir l'Hô-
tel-Dieu, je me reposerai en contemplant la
Morgue. »
D'autre part, nous savons que le service
d'architecture a été avisé d'avoir à faire ré.
parer aux annexes est et ouest de 1 Iiotel de
Ville des bureaux et d'en faire des logements
pour le cocher, le valet de pied et l'huissier
du préfet.
QU'EN PENSE LE CONSEIL ?
L'installation du préfet à l'Hôtel de Ville
est donc résolue. Qu'en pense le conseil mu-
nicipal qui, si énergiquement a diligentes
reprises depuis longtemps, s'est élevé contre
les prétentions du gouvernement de loger le
préfet dans la maison communale ?
Le conseil? Il n'est pas content et fait mine
de se fâcher. La preuve, c'est que son bureau
a failli se réunir d'urgence hier soir. La con-
vocation, pour des raisons particulières, est
reportée à mardi.
Le bureau du conseil général se joindra
très probablement à celui du conseil muni-
cipal afin de délibérer sur ce qu'il convient
de faire en présence de cettq provocation.
Tel est, en effet, le mot qu'appliquent la
majorité des conseillers à l'acte commandé à
M. Poubelle par son chef hiÓrarchique le mi-
nistre de l'interieur.
Il vient tout de suite aux lèvres de M. Lu-
cipia, qui préside le groupe des droits de
Paris.
— Oui, nous dit-il, c'est une provocation
et bien inutile, M. Constans ne l'avait pas
osée en 1890, malgré les invitations qui lui
étaient adressées de tous côtés.
— Vous allez convoquer vos collègues des
droits de Paris ? demandons-nous.
— C'est probable, mais je ne puis encore
rien vous dire. Vous comprendrez que je
tienne avant toute mesure à me concerter
avec mes amis. En tout cas, vous pouvez
croire que nous ne nous croiserons pas les
bras. Nous saurons relever le défi. L'Hôtel
de-Ville est un monument communal ; il ne
peut pas être à la disposition d'un fonction-
naire départemental.
M. Gay, — un républicain très modéré-
de l'union libérale, joint sa protestation a
celle de M. Lncipia :
— Que le préfet de la Seine habite au pavil-
lon de Flore ou à l'Hôtel de Ville, peu me
chaut, nous dit-il. Ce que je trouve absurde
c'est cette installation presque manu mili-
tari. Le gouvernement semble vraiment cher-
cher la guerre.
M. BASSINET
Le vice-président du Conseil général de la
Seine appartient à la fraction radicale du Con-
seil municipal. Il partage entièrement l'opinion
de ses collègues MM. Lucipia et Gay, et voici
comment il la motive : En tant que fonction-
naire du département, le préfet n'a pas le droit
d'occuper, pour ses besoins personnels, un
édifice communal. Le département lui doit le
logement. Il ne s'y est jamais refusé.
Le 25 avril 1884, le conseil général de la
Seine délibéra qu'il y avait lieu de rechercher
un édifice pour loger le préfet. Il avait même
été question un moment de l'hôtel des arche-
vêques de Sens.
En 1892, M. Lefoullon a formulé une pro-
position analogue, tendant à l'édification à
Paris d'un hôtel de préfecture. L'administra-
tion était invitée à étudier ce projet avec
devis, plans, etc. Le préfet n'a pas bougé.
Qu'il ne s'en prenne qu à lui si. aujourd'hui,
îl est obligé d'aller coucher à l'asile de nuit.
Si, ajoute M. Bassinet, on prétexte que le
préfet de la Seine fait fonction de maire de
Paris, où prend-on qu'à raison de cette qua-
lité nous soyons tenus de lui donner un ap-
partement à l'Hôtel de Ville ? Qu'on cite un
texte de loi qui nous y force — ou même la
coutume. Quel est le maire de France qui
couche dans la maison commune ?
M. PUECH
M. Puech, secrétaire du conseil municipal,
est aussi — quoiqu'il y siège depuis peu —
l'un des membres les plus écoutés de cette
assemblée. Il le doit précisément à sa science
juridique fort précieuse dans les affaires im-
portantes où la Ville a de gros intérêts en.
gagés. Son avis était doublement intéressant
à recueillir.
M. Puech l'a émis sans réticences :
— L'installation du préfet à l'Hôtel de Ville,
nous déclare-t-il, est la violation de toutes
les règles du droit public. La Chambre l'a
permis. La belle raison ? Il n'y a pas de loi
contre le droit. Est-ce que la Chambre a celui
de faire installer l'un de ses fonctionnaires,
fût-il préfet, chez M. de Rothschild? Pour-
quoi aurait-elle le droit de violer la propriété
communale ? Il n'y a pas un texte de loi,
pas un, qui autorise le gouvernement à agir
comme il le fait.
LA FORME DES PROTESTATIONS
Les bureaux des deux conseils municipal
et général vont se réunir, disions-nous. Il
n'est pas douteux que tous les membres ne
tombent d'accord sur la nécessité de protester
énergiquement. Mais quelle forme revêtira
cette protestation?
Couper les vivres au préfet de la Seine ? On
y avait songé. Mais le conseil général a eu
l'imprudence d'inscrire au budget un crédit
de près de 100,000 francs pour mobilier et en-
tretien du préfet. Comment faire ? - Pardon,
nous disent plusieurs conseillers, le crédit a
été accordé pour le pavillon de Flore, non
pour l'Hôtel de Ville. En admettant Sette in-
terprétation, quel moyen le conseil aurait-il
d'empêcher le préfet de s'installer dans l'édi-
fice municipal ? On n'en voit pas.
Rompre — ainsi qu'on fit avec la préfecture
de police? Cela paraît facile à dire, mais ce
ne l'est pas à faire. La vie de Paris se trou-
verait arrêtée. Nos conseillers prendront-ils
une aussi grave détermination ? Beaucoup
d'entre eux y pousseront, dans l'espoir que
le ministre de fintérieur prononcera la disso-
lution du conseil et les renverra devant leurs
électeurs. Sûrs de rentrer tous à l'Hôtel de
Ville, iils infligeraient un échec au gouverne-
ment. Le malheur, soupirent quelques-uns,
est que celui-ci n'osera pas aller jusque-là.
Alors? On cherche. D'ici mardi, la protes-
tation énergique et pratique rêvée par tous
aura-t-elle été trouvée? On l'espère et il est
certain que les imaginations sont en mouve-
ment.
Le plus ennuyé en cette affaire est certai-
nement le préfet de la Seine lui-même, dont
M. Raynal dérange la vie bien ordonnée. Il
est capable, pour s'ôter tout souci, de quitter
purement et simplement la place. Il va long-
temps qu'on annonce son départ. Cette lois,
il se pourrait qu'il y fût décidé.
LE MÉTROPOLITAIN
LE NOUVEAU PROJET
Nous avons annoncé que, sur la proposition
du ministre des travaux publics, le gouverne-
ment allait entrer en négociations avec le
conseil municipal de Paris en vue d'une en-
tente sur un nouveau projet de chemin de fer
métropolitain.
Ce nouveau projet qui se présente après
tant d'autres a-t-il des chances d'être accepté
et par le conseil municipal de Paris et par la
Chambre ? Nous ne pouvons l'affirmer, mais
il nous sera permis de constater qu'il se pré-
sente sous des auspices assez favorables : sa
construction a été demandée par la commis-
sion supérieure de l'Exposition universelle de
1900 en vue de faciliter le transport des voya-
geurs de tous les points de Paris aux portes
du Champ-de-Mars.
Le projet qui sera défendu par le ministre
des travaux publics n'est peut-être pas aussi
vaste que certains de ses devanciers, mais il
n'en comporte pas moins l'établissement d'un
certain nombre de lignes assez importantes
que nous allons énumérer :
lo Le dédoublement, à partir de la station
de Gourcelles-Levallois, de la ligne d'Auteuil,
en dehors des fortifications. Cette ligne pas-
serait la Seine en deçà du viaduc d'Auteuil,
près de Billancourt.
20 Le prolongement de la ligne des Mouli-
neaux, qui joindrait la ligne dédoublée et qui
aurait son point terminus à l'esplanade des
Invalides, où serait édifiée une gare;
3o Raccordement aux Invalider d'une ligne
souterraine, qui suivrait le boulevard Saint-
Germain avec une station au square Cluny. La
gare du carrefour Médicis (ligne de Sceaux)
serait reliée par un tronçon de ligne souter-
raine suivant le boulevard Saint-Michel jus.
qu'à la gare de Cluny; M
4° Ligne du square Cluny, traversant la
Halle aux vins, joignant les gares d'Orléans,
de Lyon et de Vincennes, avec station au pont
Louis-Philippe.
5o De la gare de Vincennes, tronçon par la
rue de Rivoli jusqu'aux Halles avec gare
terminus ;
60 Enfin, tronçons des gares du Nord et de
l'Est aux Halles centrales.
Ainsi qu'on le voit, le nouveau tracé se diffé-
rencie de celui adopté en dernier lieu par le
conseil municipal de deux embranchements,
celui de la Bourse et celui de l'Opéra.
Les travaux du réseau que nous venons
d'indiquer, dont l'exécution serait confiée aux
grandes compagnies, qui l'exploiteraient en
commun, comme cela se fait pour le chemin
de fer de Ceinture, nécessiteraient une dépense
totale d'environ cent millions.
Si les pourparlers entamés par M. Jonnart
réussissent et s'il parvient à se mettre d'ac-
cord avec la Ville sur sa part contributive, les
travaux pourraient commencer dès le mois
de juillet prochain. De telle façon que les li-
gnes du Métropolitain pourraient être mises
en exploitation dès 1897.
SOLDATS ET AGiHGUl TEURS
Les permissions pour les travaux
des champs
- Le ministre de la guerre vient de fixer les
conditions dans lesquelles des permissions de
20 ou 30 jours pourront être accordées aux
militaires cultivateurs ou viticulteurs de pro-
fession pour les différents travaux agricoles.
Les demandes pourront être adressées di-
rectement à leurs chefs de corps par les sol-
dats qui désirent travailler soit chez eux, soit
chez d'autres agriculteurs.
De leur côté, les agriculteurs pourront de-
mander des travailleurs aux commandants
de corps d'armée, mais par l'intermédiaire
des préfets, dont l'approbation est indispen-
sable.
Le nombre des militaires employés ainsi
aux travaux de la campagne ne devra pas dé-
passer 10 pour cent de l'effectif des hommes
présents dans l'infanterie et 5 pour cent dans
la cavalerie.
L'indemnité à payer aux soldats travail-
leurs par les cultivateurs varie de 1 fr. 02
(Nord-Ouest) à 1 fr. 72 (Centre), indépendam-
ment, bien entendu, de la nourriture et du
logement.
LE CABINET DE M. BOULANGER
M. Boulanger, le nouveau ministre des co-
lonies,a complété son cabinet en s'adjoignant
MM. Tissier, auditeur au conseil d'Etat, et Re-
naudin, inspecteur des financese
Ce dernier a pour mission principale de re.
chercher si la comptabilité passée de l'admi-
nistration des colonies a été tenue correcte-
ment et de préparer un nouveau système de
contrôle conforme aux règles préconisées par
la cour des comptes et le conseil d'Etat.
VIOLENT INCENDIE A CANNES
Cannes, 24 mars.
Un incendie s'est déclaré hier soir à l'entrepôt
de bois situé près du collège Stanislas et apparte-
nant à M. Lanteri.
Une foule nombreuse était accourue sur les
lieux du sinistre. Le feu a été éteint par les pom-
piers.
M. Lanteri et sa femme, âgés de soixante-douze
ans, dormaient dans un bâtiment en bois attenant
à l'entrepôt au moment où le feu s'est déclaré.
Réveillés par les cris des voisins, ils purent pren-
dre la fuite avant que ce bâtiment fût atteint par
les flammes.
A minuit tout était termine.
LA RÉVOLUTION BRÉSILIENNE
Rio-de-Janeiro, 24 mars.
Les vaisseaux portugais sont partis.
Le général Peixoto mobilise la garde nationale et
envoie des troupes dans le sud pour combattre les
insurgés de l'amiral de Mello.
On prétend que le général Peixoto remettra le
gouvernement au président élu, D* Moraes, avant
l'expiration de son mandat, en présence de la me-
nace faite par les Etats du sud de se séparet fit dt
se constituer en République indépendante.
CHRONIQUE
En ce jour de Pâques, Jésus-Christ est
« d'actualité ». C'est le moment de s'oc-
cuper des « révélations » assez singuliè-
res de M. Nicolas Notovitch. Il faut vous
dire que ces révélations changent du tout
au tout l'Evangile. C'est à prendre ou à
laisser. Je ne voudrais en aucune façon
contristerles fidèles en parlant d'un ton
léger d'un aussi grave sujet. Il faut bien
cependant prêter quelque attention aux
découvertes historiques. ne serait-ce que
pour les discuter.
Je constate d'ailleurs que la légende
sacrée, qui en ce jour de fête pour l'E-
glise a un glorieux dénouement, a été, en
ces dernières années, l'objet de quelques
enjolivements bizarres. Il y a, et j'ai eu
l'occasion de parler de ces opinions, une
petite école, descendant de la secte anti-
que des Esséniens, qui croit ferme-
ment que le Christ n'est pas mort sur la
croix et qu'il finit ses jours dans le désert,
plusieurs années après l'époque admise
par la tradition religieuse pour la fin de
sa vie terrestre.
Les informations de M.Notovitch ne por-
tent point sur cette période. Elles concer-
nent au contrairç la jeunesse du Christ.
Il est vrai que là elles s'écartent fort de
tout ce qui est enseigné.
Ce travail m'a intéressé. On comprend
bien que je ne dis rien de plus, n'ayant
nulle qualité pour faire de la haute exé-
gèse, et ne relevant cette version nouvelle
que parce qu'elle est en somme cu-
rieuse.
Cependant, M. Notovitch n'a pas très
bien disposé en sa faveur ceux dont il
sollicite l'attention. Il fait même une fâ-
cheuse confidence. Il raconte que, quand
il fut en possession de pièces qui, d'une
manière inattendue, modifiaient fort l'his-
toire du Christ, il alla trouver M. Jules
Simon, qui lui donna le conseil d'aller
voir M. Renan.
M. Notovitch, en effet, rendit visite a
M. Renan, qui, à l'en croire, lui fit un
très chaud accueil. trop chaleureux
même, car il eût tout à coup la crainte
que le maitre qui lui proposait de faire
un rapport à l'Académie n'accaparât sa
découverte. Il se résolut donc à attendre
la mort de M. Renan qui, dit-il cavalière-
ment, « ne pouvait tarder ».
Voici une pensée étrange. Il semble que
rien n'aurait pu être aussi flatteur que le
patronage d'un homme tel que M. Renan.
Il fallait avoir bien de la défiance pour
supposer qu'un savant comme lui, arrivé
au déclin de sa vie, n'ayant plus rien à
souhaiter, détournât à son profit les
travaux d'un autre.
Il faut avouer que, faisant l'objet d'une
communication de M. Renan, les révéla-
tions de M. Notovitch auraient eu une
autorité bien plus grande que celle qu'il
leur donne par lui-même. Tant pis pour
M. Notovitchs'il s'estvolontairementprivé
de ce patronage. ---
Mais passons. Voici donc ce qu'il a
trouvé, dans un monastère bouddhiste du
Thibet, où il était soigné à la suite d'un
accident dont il avait été victime C'est la
copie (ce n'est malheureusement qu'une
copie) d'un manuscrit contenant un récit
hindou de la vie du Christ, récit contem-
porain de sa prestigieuse aventure et tout
à son honneur, d'ailleurs.
Il en résulte que Jésus (Issa en langue
thibétaine), dont on ne sait guère rien
avant le moment où il commença sa mis-
sion, aurait longtemps vécu dans l'Inde,
s'y serait instruit, aurait tiré quelque
profit du commerce qu'il aurait eu avec
les sages bouddhistes. Voici qui ne peut
déplaire à M. de Rosny, l'apôtre du boud-
dhisme en France et qui fait tout remon-
ter à cette doctrine.
Supprimons pour un instant, afin de
ne point alourdir ce résumé, le condition-
nel. Donc, à l'âge de treize ans, Jésus,
dévoré par une soif de larges connais-
sances, quitta clandestinement la maison
paternelle. Il se joignit à une caravane
qui partait pour l'Inde et il arriva à Djag-
gernat, où, très peu soucieux des trafics
dont s'occupaient ses compagnons de
route, il s'arrêta, se faisant admettre pen-
dant six années dans un monastère de
la secte des Djainites, qui étaient gens to-
lérants et curieux de philosophie. Il ne
laissa pas pourtant de les inquiéter un peu
par la hardiesse de ses idées en prenant la
défense des Soudras, cette dernière des
castes de l'Inde, qui compte pour un peu
moins que rien et à qui on ne permet d'ac-
complir que les plus basses besognes.
Ici commence le « roman » de Jésus,
d'après M. Notovitch et son manuscrit,
dont il aurait bien dû présenter au moins
une photographie.
Ces discours parurent subversifs: le
peuple hindou y prenait trop de goût. On
résolut de tuer Jésus ; mais son heure
n'était pas eneore venue, il put s'échap-
per à temps et se réfugia dans les mon-
tagnes du Népal. Il trouva bon accueil
chez des religieux plus sincèrement déta-
chés que les premiers des choses de la
terre et dans cette retraite il put méditer
en paix. Cette fois, il se sentait assez
armé pour enseigner la foule et il reprit
le chemin de son pays.
Cette version a un faux air de feuille-
ton, avec ses péripéties compliquées. Quel
malheur que les poètes qui, en ces der-
nières années, ont fait de Jésus-Christ un
grand premier rôle de drame, ne l'aient
pas connue.
- Il passe par la Perse, et ce sont de non-1
veaux dangers. Il prêche, et de sa bouche
ne sortent que des paroles de douceur, si
bien que les prêtres de Zoroastre s'alar-
ment et, à leur tour, le veulent perdre.
Ils n'osent cependant, car il a tout le peu-
ple pour lui, le frapper en face, et, une
fois, ils le font sortir de nuit d'une ville
où il se trouve, avec la charitable pensée
que les bêtes féroces le mettront en piè-
ces. Mais les fauves le respectent et il
arrive sain et sauf jusqu'au pays d'Is-
raël.
Le voici de retour dans sa çatrie. Il
rêve, pour le bien de ceux dont il veutle
salut, le rétablissement à son profit du
royaume de Judée. Dans la tradition hin-
doue, Pilate, l'indifférent Pilate des Ecri-
tures, devient son ennemi le plus acharné,
et c'est lui qui obtient des juges (ce furent
eux qui se lavèrent symboliquement lea
mains) sa condamnation.
Il y a là, à tout prendre, une scène qui
ne manque pas de grandeur dramatique.
Pilate, pour obtenir la mort de Jésus, a
produit un accusateur, et cet accusateur,
c'est Judas, trahissant son maître. Le
Christ se tourne vers Judas et d'un geste
auguste le bénit : « Tu seras pardonné,
répond-il, car ce que tu dis ne vient pas
de toil » Et s adressant à Pilate :
« Pourquoi humilier la dignité, pour-
quoi apprendre à tes inférieurs à vivre
dans le mensonge, puisque, même sans
cela, tu as le pouvoir de condamner un
innocent 1 » -
Le reste du manuscrit hindou contient
une relation conforme, à peu de chose-
près, à la relation des Evangiles. C'est
seulement Pilate qui fait enlever le corps,
du Christ et commande qu'il soit secrè-
tement enterré, de peur d'un soulèvement
populaire. Alors, le bruit se répand que
de célestes messagers ont enlevé la dé-
pouille du saint.
Telles sont les « découvertes » de M.
Notovitch dans un lointain monastère du
Thibet. On peut croire qu'elles n'eussent
rien perdu à ce que la critique de Renan
eut passé par là.
Il fallait un jour de Pâques pour que la
simple chronique s'aventurât sur ce ter-
rain. « Christ est ressuscité 1 », disent les
cloches des églises sonnant à toute volée.
Doux, poétique et charmant mensonge t
Hélas ! à quoi sert-il, et quel souffle d'a-
paisement cette résurrection fait-elle cou-
rir sur le vieux monde courbé sous le poid
de tant d'iniquitéset secoué de tant d'anxié-
tés !
Paul Ginisty.
ENCORE LES COMPTEURS
Le conseil municipal s'est occupé, ces jours
derniers, de la question des compteurs de
voiture. M. Patenne, conseiller de Charonne,
a exprimé la crainte de voir la course au
quart d'heure créer une diversion et retarder,
par conséquent, l'application du tarif horo-
kilométrique.
Nous avons montré dernièrement que tou-
tes les difficultés étaient soulevées par le bu-
reau de la chambre syndicale des cochers dont
l'entente avec les fabricants de compteurs ne
peut laisser aucun doute.
L'existence de cette « association » vient do
nouveau de s'affirmer.
Le 15 mars, une cinquantaine de person-
nes, cochers, loueurs et constructeurs, se
trouvaient réunies au concert de « l'Indépen-
dance (1) », boulevard Beaumarchais.
Un assistant déclara que la ville de Paris
aurait dû donner toutes les garanties néces-
saires à un constructeur pour qu'il pût
continuer sa fabrication.
Le constructeur, qui était présent, ainsi in-
terpellé, explique qu'il peut construire vingt-
cinq compteurs par jour, mais qu'il attend
un arrêté du préfet de la Seine pour poursui-
vre sa fabrication. Il ajoute :
« On m'a commandé des compteurs, la
Ville a ainsi contracté vis-à-vis de moi des
engagements que je saurai lui 1 appeler si
elle se laisse influencer par les partisans du
tarif au quart d'heure. »
L'administration municipale est donc aver-
tie, et elle fera bien de ne pas se laisser aller
à des « approbations d'appareils » plus ou
moins explicites qui pourraient engager sa
responsabilité vis-à-vis d'un industriel quel-
conque.
D'autre part, dans cette même réunion, -
l'un des membres du bureau, H., celui qui
fit naguère auprès des fabricants les dé-
marches que nous avons signalées, s'est ex-
pliqué sur le compte des pouvoirs publics.
« J'ai pour eux, dit-il en substance, une
haine profonde; les démarches que je fais
auprès d'eux sont pour moi des humiliations
et je ne les accomplis que par contrainte. »
Cette façon de s'exprimer au sujet d'adminis-
trations qui furent toujours trop bienveil-
lantes est peu courtoise et surtout mala-
droite.
Le cocher a une clientèle restreinte qu'il a
très bien définie : le client est le « bourgeois ».
C'est de iui que dépend l'existence du cocher.
Il est dès lors peu habile de laisser croire à
ce « patron » passager qu'il y a entre celui qui
reçoit et celui qui paye une hostilité irréduc-
tible et de laisser croire au client que la
cocher est son adversaire implacable. Que
deviendraient les pourboires ?
Mais revenons à la course au quart d'heure :
de l'avis de tous les meneurs, on considérait
ce tarif comme une arme de guerre. Les es-
prits des cochers, faciles à égarer par leur
crédulité même, auraient pu se monter contre
un tarif qui leur donnerait pourtant d'excel-
lents résultats en vulgarisant l'emploi des
voitures, en habituant le public à faire des
petites courses. La grande majorité des co-
chers s'est montrée plus intelligente qu'on ne le
supposait : elle a refusé de suivre les conseils
des « amis » des fabricants.
A la suite du vote du conseil municipal
qui maintenait, d'accord avec l'administra-
tion préfectorale, les délibérations antérieu-
res, quelques conseillers ont proposé d'es-
sayer le tarif au quart d'heure pendant uu
délai de six mois en attendant le compteur.
La proposition de MM. Attout-Tailfer, Des-
champs, Lamouroux, etc., a été renvoyée à
la première commission.
Espérons que cette solution logique ne tar-
dera pas à être adoptée.
ARBITRAGE
ENTRE LA FRANCE ET LE CHILI
Berne, 24 mars.
Le Conseil fédéral a déclaré qu'il était dis-
posé à autoriser, aux conditions ci-après, la
tribunal fédéral à accepter le mandat d'arbi-
trage offert par les gouvernements chilien et
français au sujet de la somme provenant de
la vente du lano et déposée à la Banque
d'Angleterre :
Le 0 tribunal arbitral sera composé de M.
Hafner, président actuel du tribunal fédérat.
et de deux membres du tribunal fédéral.
Il instituera la procédure à suivre et sta-
tuera sur sa propre compétence et sur toutes
les questions préjudicielles. Il aura la faculté
de se prononcer sur toutes les interventions
et de procéder aux appels en cause qu'il juge-
rait nécessaires. Il fixera en un mot toutes
les conditions d'arbitrage.
Le Conseil fédéral, qui ne s'est inspiré que
du désir de faire rendre bonne justice à toutes
les parties, OL.. communiqué sa décision aux
gouvernements chilien, français, anglais et
DéruYieDt aum qu'aux autres intéressés.
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