Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1894-03-23
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 23 mars 1894 23 mars 1894
Description : 1894/03/23 (A24,N8103). 1894/03/23 (A24,N8103).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k75637849
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 29/04/2013
YÎNGT-OTÀTRIÈME ANNÉE. — N* 8,108 : -.C3NQ.CBNT1¥ES ,- MAR Vm
LE XIX1 SIECLE
remcttoi mmiuttsmuoa -
142, Rue Montmartre
PARM
———— 1
BtRECTEOB POLITIQUE
A.-EDOUARD PORTALIS
Adresse télégraphique : =X- wtoiz - PA=
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PRIME EXCEPTIONNELLE
Bicyclette XIXe SIÈCLE
DERNIER MODÈLE
Voir à la troisième page
ilJiniàèsCÉÉs
- :- LETTRE OUVERTE
Monsieur le sénateur,
Vous voilà ministre des colonies, je
vous en félicite. :
Mais il va vous falloir prchdre posses-
sion de votre ministère, je vous plains.
Savez-vous exactement en quoi il con-
siste, votre ministère, où cela se trouve,
et sur quoi vous allez régner?
Car vous allez régner, et sur pas mal de
royaumes encore. Comme disaient les an-
ciens, vous allez être un « roi des rois x.
Leurs Majestés Thau-Thaï, NorodÕmlér,
Ranavalo, Gi-glo-No-Don, Ago-li-Agbo,
Tiéba, Ahmadou et d'autres encore, vont
être les jouets de vos mains. Vous êtes le
Jupiter de ce peuple de majestés. Il va
falloir faire connaissance avec tout ce
mondera.
Le président de la République n'a qu'un
budget. Vous allez en avoir vingt et un.
Que dis-je? vingt-trois peut-être, car il n'y
a pas de raison pour que, déjà suzerain
des deux protectorats de l'Annam et du
Cambodge, vous n'annexiez pas à votre
immense empire les protectorats de la
Tunisie et de Madagascar.
Vous allez avoir des guerres à conduire,
des traités à négocier. Vous en êtes res-
ponsable et le public — qui n'est pas des
plus bienveillants aux choses coloniales
— ne s'en prendra qu'à vous.
Mais avez-vous votre armée, votre flotte,
vos diplomates? Pas que je sache, et vos
collègues de la marine, de la guerre et des
affaires étrangères ne mettront probable-
ment qu'un enthousiasme des plus médio-
cres à vous les céder. Qui plus est, le
Sénat — dont vous êtes un des ornements
les plus fleuris — rechigne vigoureuse-
ment à créer l'armée coloniale. Vous-
même, monsieur le ministre, si je ne fais
erreur, vous vous l'êtes. refusée d'avance.
Vous ne saviez pas encore, il est vrai,
que ce serait pour vous.
Ce n'est donc pas précisément sur un
lit de roses qu'on vient de vous coucher.
Au ministère de la marine on vous fera
comprendre que vous n'êtes qu'un usur-
pateur, quelque chose comme un esclave
révolté; à la guerre, vous serez traité
certainement en intrus et les bureaux di-
ront de vous : « Quel est ce sale pékin
qui vient commander à des militaires ! »
Aux affaires étrangères, comme vous
n'êtes pas de la carrière « et que vous
avez dérogé en faisant du commerce », on
vous distillera les impertinences les plus
» diplomatiques pour vous apprendre à vous
mêler de ce qui regarde le quai d'Orsay.
Interrogez là-dessas vos prédécesseurs.
Us vous renseigneront sur le genre d'a-
grément qui vous est promis. M. Etienne
vous dira combien il est facile de con-
duire une affaire comme celle du Daho-
mey, alors que les deux ministères de la
guerre et de la marine s'entendent pour
tout refuser au département des colonies
et se refuser d'ailleurs entre eux tout con-
cours, même devant l'ennemi — témoin
la dépêche de M. Barbey au commandanf
du Sané : « Ne débarquez pas un homme.»,
M. Delcassé vous dira combien il est
commode de régler une affaire sérieuse —
celle du Siam, par exemple, — lorsque le
ministre des affaires étrangères, sans sa-
voir le premier mot de la chose d ailleurs,
vous impose des « solutions diplomati-
ques » qui sont les plus sottes et les plus
dangereuses du monde.
Et puis, dans vos colonies, - qui for-
ment un assortiment très varié de toutes
sortes de pays, de gouvernements et de
régimes, — vous allez avoir affaire un
Deu nartout à des militaires.
C'est grave, cela, et dangereux par cer-
tains côtés. Oh ! ce n'est pas que les mili-
taires soient bien redoutables. Sans doute,
si vous vous laissiez manger dans la
main ils vous dévoreraient tout vivant.
Mais il n'y a qu'à garder ses distances, à
les mener dur et «militairement». G est
le procédé vraiment infaillible pour les
rendre charmants.
Seulement, les militaires, c'est la mort—
aux - budgets. Comme ça ne demande ja-
mais que plaies et bosses, ça fait des expé-
ditions, des colonnes, c'est-à-dire des
trous formidables à la caisse.
D'ailleurs, les coups de fusil ne paci-
fient que médiocrement un pays. Nous en
avons tiré pendant plus de soixante ans en
Algérie, nous y en tirons toujours, et l'Al-
gérie, où nous sommes à peine chez nous,
nous coûte encore une cinquantaine de
millions pas an, tandis qu'en Tunisie où
nous avons remplacé dès le premier jour
les bureaux arabes par des contrôles ci-
vils nous sommes chez nous comme en
France et nous n'avons pas un centime à
débourser..
Notez cela précieusement, monsieur le
ministre.
Mais tout cecin'elt rien ou presque
rien en présence de l'ennemi terrible à
qui vous allez avoir affaire.
Le plus grand danger qui vous menace,
c'est la mendicité de vos collègues, séna-
teurs et députés.
Pour eux, les colonies ne sont qu'un
vaste bureau de placement; encore est-ce
surtout le bureau des placements diffi-
ciles. Qu'un fils de famille tourne mal,
.qu'un fonctionnaire fasse ce qu'on appelle
un faux pas eL v'lan l on l'expédie aux
colonies. Là-bas, loin, personne ne saura
ses malheurs. C'est une pénitence et un
refuge en même temps. Il faut bien que
les Colonies servent à quelque chose. On
en fait un un aa-
natorium pour fonctionnaires avariés, un
asile où les notaires en rupture de caisse
vont se refaire une virginité nouvelle en
adDÚnistrant les affaires indigènes. C'est
bien assez bon pour les colonies, ce per-
sonnel-là. Et voilà comment il se fait
qu'une colonie sur seize pénis habitants
français, compte treize 'cents fonction-
naires, dont quelques-uns sont des gens
fort distingués et possèdent un casier ju-
diciaire vierge de toute inscription mal-
séante. ,
Enfin, monsieur le ministre, prenez
garde à vos bureaux. Ce sont eux plus
que vous qui sont promus au rang minis-
tériel. Ils demeureront « ministère» et
vous ne demeurerez pas ministre. Tenez 1
je suis allé, pour voir, faire un tour ce
matin dans vos bureaux. Eh bien f l'avan-
cement est écrit sur toutes les Írgnres Il
n'est chef de bureau qui n'ait pris tout
d'un coup la gravité d'un chef de divi-
vision et pas un chef de division qui n'ait
acquis subitement la majesté d'un direc-
teur général. Prenez-y garde 1 Ce sont 4e
bien grands bureaux pour un ministre
tout neuf dont le ministère n'est pas en-
core constitué. Je sais bien qu'on vous
alloue 150,000 francs de crédits nouveaux.
Mais il va vous en. falloir, de gros fonc-
tionnaires! Cent cinquante mille francs
pour un sous-secrétariat qui monte en
grade, c'est une goutte d'eau.
Et puis, maintenant que ces bureaux
sont devenus « une grande administra-
tion », il va s'établir tout de suite une tra-
dition administrative. Toutes nos colonies
ne se ressemblent pas, mais tous les bu-
reaux se ressemblent. L'Inde et le Soudan
ne sont pas tout à fait voisins. Mais le
deuxième bureau et le troisième sont porte
à porte, et pourquoi les choses se passe-
raient-elles autrement dans celui-là que
dans celui-ci ? Sans doute vous n'ignorez
pas qu'entre les divers pays soumis à vo-
tre puissance il y a quelques légères dif-
férences de races, de langues, de mœurs, de
climats et de besoins. Mais, si les colonies
sont diverses, l'administration est une;
et son idéal, formulé superbement par un
préfet français devenu gouverneur géné-
ral de l'empire indo-chinois, est de gou-
verner indistinctement toutes nos colonies,
le Tonkin et le Soudan compris, comme
autant de départements français.
Ah ! vous allez être, monsieur le mi-
nistre, un homme véritablement bien heu-
reux, surtout si, comme les agriculteurs
de Virgile, vous ne connaissez pas d'a-
vance tout votre bonheur.
Mais vous voilà maintenant averti. La
sagesse des nations dit-qu'un homme
averti en vaut deux. Je suis, moi, beau-
coup moins exigeant et je me déclarerai
satisfait si seulement un ministre averti
vaut une moitié de ministre.
Thomas Graindorgo.
KEE5S £ âX3BBBB £ 17
LES ELECTIONS MUNICIPALES
COMPLÉMENTAIRES
M. Binder, député du huitième arrondisse-
ment et conseiller municipal du Roule, dont
on avait annoncé l'intention de cumuler le
mandat législatif et le mandat municipal,
s'est décidé à résigner ce dernier. Il adressera
sa démission au président du conseil muni-
cipal à la fin de cette semaine.
Trois autres quartiers de Paris sont encore
sans représentant à l'Hôtel de Ville : Saint-
Thomas-d'Aquin, Grenelle et Chaussée-l'All-
tin, par suite du départ pour la Chambre des
députés de MM. Denys Cochin, Humbert et
Georges Berry.
Les élections pour ces quatre sièges va-
cants. se feront le dimanche 29 avril. Le se-
cond, tour aura lieu le 6 mai.
LA CONFÉRENCE SANITAIRE
Depuis plusieurs sèmaines, une conférence
sanitaire internationale siège à Paris pour
arrêter certaines mesures de protection de
l'Europe contre le choléra. Les délégués étran-
gers ne peuvent que se louer de l'hospitalité
parisienne et jour estomac a été mis à de
rudes épreuves. Mais on voudrait bien savoir
ce qui se passe dans ce congrès mystérieux,
car, pour la première fois, le public n'est pas
tenu au courant des travaux; des délibéra-
tions d'un congrès de ce genre. Ce silence
diplomatique étonne à bon droit tous ceux
qui croient à l'utilité des discussions au grand
jour sur les questions d'hygiène internatio-
nale. ■
LE MINISTRE DES COLONIES.
M. Boulanger, qui a pris hier soir la direc-
tion des services des colonies, avait fait dans
la matinée successivement visite à tous ses
collègues du cabinet.
Au conseil qui sera tenu ce matin, les mi-
nistres examineront la question des attribu-
tions du nouveau ministre et rechercheront
dans quelles conditions le ministère des colo-
nies doit être installé au Pavillon de Flore où
se trouvent déjà le bureaux du sous-secré-
tariat d'Etat des colonies. Il s'agira de savoir
si le préfet de la Seine, qui occupe les appar-
tements du Pavillon de Flore, ne devra pas
déménager pour aller habiter à l'Hôtel de
Ville et livrer ainsi les locaux à M. Boulan-
ger.
On sait que déjà tous les services de la
préfecture de police ont été transférés à
l'Hôtel de Ville ; une partie de ce monument
est même réservée à M. Poubelle, mais il ne
l'a jamais habitée.
Ajoutons que M. Camescasse, sénateur,
ancien préfet de police, a été désigné pour
remplacer M. Boulanger à la présidence du
conseil d'administration de la Compagnie
des omnihus.
Nous l'avions fait prévoir.
LA SITUATION EN ITALIE
Rome, 21 mars.
Oii assure que, avant de se séparer, la
commission, examinant les projets de M.
Sonnino, a décidé de faire dix-neuf millions
d'économies sur le budget de la guerre, outre
les onze déjà proposés par le ministre de la
guerre.
Le budget de la guerre resterait fixé à 220
millions, celui de la marine à 90,
Malgré l'insistance de M. Sonnino, la com-
mission refuserait d'augmenter l'impôt sur la
rente et d'accepter toute réduction du coupon.
xjasr
CARNET D'ANARCHISTE
SUR QUELQUES HOMMES DU JOUR
La tourriéefdês soupes-conférences. —Au
pays des bourgeois. - Ceux qu'on
« tapa ».
L'anarchiste Rousset, l'inventeur des sou-
pes-conférences condamné dernièrement à
six mois de prison et à 100 francs d'amende
pour abus de confiance au préjudice de l'oeu-
vre des soupes anarchistes, faisait hier appel
du jugement de la Se chambre.
Du procès lui-même, déjà connu, rien à
dire, si ce n'est qu'après la plaidoirie de M*
Boschet et le réquisitoire de M. l'avocat géné-
ral Lafion, la cour, présidée par M. Dupont,
a confirmé purement,et simplement la déci-
sion deâ magistrats de première instance.
Mais ce qui, à notre avis, présente un inté- -
rêt particulier, c'esl le carnet de Rousset,.un
carnet sur lequel l'anarchiste, au sortir des
maisons où, avec un compagnon, il était allé
impressions. o e,s
quêter en faveur de l'œuvre, mentionnait ses
Voici quelques extraits de ce journal d'anar-
chiste qui, pour n'avoir aucune chance de
faire une concurrence sérieuse au Journal des
Gortepurl, n'en a pas moins cependant cer-
tains côtés extrêmement piquants :
Tirons d'abord des premières pages cette
esquisse d'un disparu :
Baïkaut (ancien ministre). - Réception bonne,
mais froide en entrant. Nous demande des expli-
cations sur l'anarchie. On les lui fournit. Avoue
n'avoir jamais entendu exprimer los idées anar-
chistes de cette façon. Les trouve très intéressan-
es et quelque peu vraies.
Arrivons maintenant aux « hommes du
jour » :
René Goblet. — Appartement luxueux. Parait
ne pas être en sûreté en notre compagnie. Petits
yeux, vifs, mobiles. Ne donnait que 5 francs. Sur
notre observation qu'il a donné 10 francs l'année
dernière se résout à en donner également 10 cette
année en disant qu'il n'est pas anarchiste.
Paul Deschanel. — Jeune, actif. Assez intelli-
gent. Affecte de s'emporter un peu dans une lon-
gue discussion que nous avons avec lui sur l'anar-
chie. Trouve l'idéal philosophique beau et sympa-
thique, mais les actes anarchistes lui semblent
déplorables. Nous expose les anciennes théories
bourgeoises sur la science, l'histoire et la sociolo-
gie. Nous promet, avec note dans les Débats, des
livres et verse dix francs. Une poignée de
main-
Henry Fouqttier. — Ne nous connaît pas. Ne
veut pas encore nous recevoir.
Léon Say. — Nous reçoit avec défiance, ne nous
quitte pas des yeux et nous écoute parler. Ne
donne que vingt francs, parce qu'il ne connaît pas
assez notre œuvre. Viendra la voir la prochaine
fois.
Clemenceau. — Parait toujours énergique. Nous
reçoit, mais sur un ton bref. Donne personnelle-
ment dix francs. Trouve l'œuvre excellente. Fera
passer note au * Rappel et à la JuStice. Nous re-
commande surtout de ne pas faire sauter sa mai-
son.
Granet. — Homme en pleine vigueur. Ne de-
mande pas d'explication et donne vingt francs.
Francisque Sareey. - Gros bonhomme. Rigolo.
L'air malin et cochon. Nous reçoit sans façon ; ne
veut pas venir. Donne cinq francs. Son garçon
nous engueule parce qu'on a sali le tapis.
Ernest Roche. — Nous reçoit cordialement.
Nous fait l'effet d'un dégoûté. Le doute est dans
son cerveau.
Aurélien Schqll. — Bonne réception. Des-
champs, le directeur de la Plume, est là. On nous
offre un verre de marc de quarante-cinq ans. Dis-
cussion sur le duel, que Scholl approuve. Un peu
mou et fatigué.
Camille Doucet. — Ne veut pas révolutionner la
société. Garde l'anonyme.
Jean Ajalbert. — Bien reçus.
Elisée Reclus. - Gentil. Approuve notre idée.
Millerand. — Bien reçu.
Henry Becque. — Très chouette.
J. Oppert (de l'Institut). — Vieillard ignorant.
Ernest Daudet. — Trouve que chercher, comme
nous le faisons, à relever la dignité humaine et à
former un terrain de discussion est œuvre utile.
Vacquerie. — Nie avoir écrit contre l'anarchie
et dit etre anarchiste à sa façon.
Stéphane Mallarmé. —■ N'est pas complètement
anarchiste.
Delombre (député, rédacteur au Temps). — Cau-
serie dans la rue. Se déclare plus anareniste que
nous.
Bérenger (sénateur). — Refuse de s'associer à
notre ceuvre sous prétexte qu'il soutient et pa-
tronne d'autres œuvre;;.
De Heredia (ancien .ministre). — Nous trouve
malades au point de vue cérébral. Viendra pour-
tant à la soupe-conlerence. ,.
Blavier (sénateur).- Paysan. très causeur. Pro-
fite de l'occasion pour entendre un anarchiste dé-
velopper ses idées. N'y comprend pas grand'chose. :
Le malheureux est, d'après lui, cause de sa misère.
« D'ailleurs, dit-il, je nie qu'il y ait des gens qui
ne mangent pas à leur appétit. Ou bien alors, c'est
de leur faute! »
Jlervieu (député). — Ignore la science positi-
viste.
Turrel (député). — Ne veut pas être convaincu.
Sceptique. Avoue à la fin que nous sommçs inté-
ressants. *
Le carnet de l'anarchiste se termine par
une appréciation sur M. Pourquéry de Bois-
serin. Empressons-nous de faire le « huis
clos », afin de complaire à ce député ennemi
de la réclame pour les anarchistes.
Gardien de la paix passé à tabac
Pour s'entretenir la main. — Le cabriolet
au sergent de ville. — Au poste
Récompense méritée
Nous avons eu maintes fois l'occasion de
dire que" des cours de « mansuétude et de ci-
vilité » étaient faits périodiquement aux
gardiens de la paix. Le préfet de police avait
eu la louable pensée de faire disparaître les
habitudes de brutalité sauvage contrac-
tées sous le règne de M. Lozé. Dans ce but
il avait averti ses sous-ordres que des puni-
tions exemplaires seraient prononcées contre
tous ceux qui se rendraient coupables de sé-
vices ou violences à l'égard des personnes
arrêtées où même de simples passants béné-
voles.
Cela n'a pas marché tout seul, et de temps
à autre nous avons eu à signaler des retours
aux mœurs de l'ancien temps ; mais l'habi-
tude est une seconde nature et, ne trouvant
plus de prévenus à se mettre sous la dent, les
gardiens de la paix se cognent entre eux,
attendant des temps meilleurs.
Nous pouvons en citer un exemple aujour-
d'hui.
Il y a deux jours, un agent ayant fini son
service allait préndre un verre chez un mar-
chand de vin de la rue Mouffetard ; ce n'é-
tait certainement pas le premier. Il causa
avec d'autres consommateurs et finalement
remit un franc en payement de son verre. Il
resta encore quelques instants devant le
comptoir et réclama sa monnaie.
Le patron prétendit qu'il n'avait pas payé;
de là discussion. L'agent en bourgeois n'é-
tant pas assez sûr redonna une autre pièce
de un franc et partit. Dans la rue, un con-
Sommateur qui était sorti en môme temps lui
fit observer qu'il avait eu tort de céder, ayant
ainsi payé deux fois. Le gardien de la paix,
un peu gris, revint sur ses pas, et très auto-
ritairement réclama énergiquement son ar-
gent. Grosse dispute, injures, selon la tradi-
tionnelle habitude. Le patron héla un agent
en costume pour faire sortir le récalcitrant, et
comme celui-ci refusait, l'autre, celui en exer-
cice, l'empoignait, comme savent empoigner
les gardiens de la paix en colère, et le menait
au poste.
Colère de ragent en bourgeois, résistance.
Exaspération de l'agent en costume qui cogne
ferme et requiert un garde de Paris pour con-
duire le « particulier » au bloc.
— Je suis gardien de la paix hurlait le
prisonnier. f
— On va t'en f., répliquait l'agent en lui
administrant une bourrade.
La foule disait: «C'est un anarchiste f »
et laissait faire.
Pour plus de sûreté, on passait le cabriolet
au gardien en bourgeois qui résistait de plus
en plus.
Au poste, ses collègues ne le connaissant
pas, se livraient sur lui à un passage à tabac
en règle.
Résigné, le malheureux ne protesta plus,
se souvenant que cela ne fait qu'augmenter
lés coups, et attendit sa comparution devant
le commissaire de police, M. Lanet. Il était
accusé de résistance, de coups et d'injures. Il
avait, selon le rapport, crié : « Mort aux va-
ches ! Mort aux flics 1 Je vous crèverai ! »
Tout le vocabulaire habituel.
On juge de la stupéfaction du commissaire
eu apprenant la qualité du prisonnier, qu'il
remit en liberté aussitôt. Procès-verbal
fut dressé et transmis à M. Puibaraud.
L'affaire n'aura pas de suites ; on vent évi-
ter le scandale.
D'ailleurs, M. Puibaraud juge que les
deux agents méritent dans la circonstance
une récompense qui va leur être distribuée,
l'un pour sa vigueur et sa poigne, l'autre
pour ses blessures.
L'EMPRUNT DE LA VILLE
La date de discussion de l'emprunt de deux cenîs
millions vient d'être fixée par la commission spé-
ciale du conseil municipal ; cette date est celle du
samedi 21 avril.
LES GRANDES MANŒUVRES D'AUTOMNE
Le ministr-e de la guerre vient de fixer l'é-
poque des grandes manœuvres d'automne, qui
doivent avoir lieu sous la haute direction du
général de Galliffet. Ces manœuvres commen-
ceront le 6 septembre pour se terminer le 29
du même mois.
Les 4e et il* corps, qui doivent y prendre
part, seront passés en revue dans les plaines
de la Beauce, près de Chartres, par le pré-
sident de la République.
UNE COMMISSION MARITIME
Le ministre du commerce vient d'instituer
une commission chargée de statuer sur les
demandes des compagnies ou des personnes
de nationalité française tendant à l'admis-
sion à concourir pour l'adjudication du ser-
vice maritime postal français entre la France
et l'Angleterre. Cette commission est ainsi
composée :
-. MM. Magnin, sénateur, gouverneur delà
Banque de France; A. Picard, inspecteur
général des ponts et chaussées, président de
section au conseil d'Etat ; Cousté, entrepre-
neur de maçonnerie, ancien président de la
chambre de commerce ; Delaunay-Belleville,
entrepreneur de chaudronnerie, président de
la chambre de commerce; Richemond, méca-
nicien, administrateur-directeur des établis-
sements Weyher et Richemond, ancien pré-
sident du tribunal de commerce ; Dervilié,
« marbres bruts et ouvrés, albâtre, granit »,
président du tribunal de commerce; Gervais,
vice-amiral ; Renaud, procureur général près
la cour des comptes ; Brédif, conseiller d'Etat,
directeur du mouvement général des fonds
au ministère des finances; LabeyriJ, direc-
teur général de la Caisse d'amortissement et
des dépôts et consignations.
M. Magnin remplira les fonctions de prési-
dent de la commission.
- Ainsi, comme on vient de le voir, dans cette
commission c chargée de statuer sur les de-
mandes des compagnies ou des personnes
tendan r à l'admission à concourir pour l'ad-
judication du service maritime postal fran-
çais entre la France et l'Angleterre », il y a
un seul marin, l'amiral Gervais, et ce marin
n'appartient pas à la marine marchande.
1
LA NATIONALE EN CONGE
Nous avons religieusement enregistré les
améliorations que, sur les plaintes du public
et les coups d'éperon de la presse, l'adminis-
tration de la Bibliothèque nationale s'était
décidée à apporter à son mécanisme et à son
mode de fonctionnement.
En 1869, sous le gouvernement « éclairé » de
l'empereur, la salle de lecture était au pre-
mier étage où une tablennique ne pouvait rece-
voir qu'une centaine de lecteurs ; il fallait
une heure pour recevoir le volume espéré, et
il était interdit d'amasser plusieurs volumes
et de faire des recherches dans les catalogues.
On a abaissé ces barrières. On a construit de
vastes salles, on a mis à portée des lecteurs
des répertoires de tout genre, des collections
complètes qu'ils peuvent consulter directe-
ment.
Mais qu'il reste encore à faire, que de len-
teurs encore dans la recherche des livres 1
Il y a surtout une chose qui, à la Nationale,
n'a pas encore été modifiée et qui appelle du
ministre de l'instruction publique une prompte
réforme, c'est la durée vraiment exception-
nelle des congés que s'offrent messieurs de la
Bibliothèque qui
De quelque nouveau saint chargent toujours leur
- [prone.
La passion de Notre-Seigneur Jésus-Christ
est bien cruelle à ces bons chrétiens de la rue
Richelieu, car, depuis le 13 mars, ils ont, en
signe de deuil, fermé portes et verrous, sauf
la petite salle de la rue Colbert située, comme
chacun sait, en face de l'enfer. Il leur est im-
possible de faire le moindre service : les ser-
mons de carême, la pénitence, les mortifica-
tions de la semaine sainte occupent tous les
loisirs qu'avant ils devaient au public.
Il y a à Paris 119,000 lecteurs (statistique
de 1893) qui demandent chaque année 400,000
volumes. Pendant dix jours, du 13 au 24
mars, toutes les recherches doivent s'arrêter
parce que le ministère de l'instruction publi-
que a adopté pour ses employés comme pour
les élèves de ces lycées le même système de
congés.
mmmesmmm
LES DÉCHETS DE BOUCHERIE
La commission de l'assainissement a adopté
hier les conclusions du rapport de M. le docteur
Miquel sur la désinfection des déchets de bouche-
rie.
L'emploi d'un récipient contenant une solution
de chlorure de zinc dans lequél seront plongés les
48 et les détritus de viaade sera n»j)0flé* à tous les
marchands-bouchers de. Paris.
Tablettes iln Progrès
LE POISON MUNICIPAL
Le XIXe Siècle annonçait l'autre jour
qu'une délégation du conseil d'hygiène
allait partir pour Sens, afin de voir, sur
place si oui ou non l'infection acciden-
telle des eaux de la Vanne serait pour
quelque chose dans l'anormale épidémie
de fievre typhoïde qui, depuis une quin-
zaine, s'est abattue sur Paris.
Aujourd'hui c'est chose faite. La délé-
gation en question est allée à Sens ; elle
en est même revenue. Mais elle n'est pas
encore en état de publier l'ensemble des
conolusions de son enquête.
- Dans les problèmes de ce genre, la ve-
rité ne jaillit pas immédiatement, comme
un diablotin d'une boîte à ressort, de
l'observation des faits. Il faut encore les
démêler, ces faits plus ou moins pro-
bants, les sérier, les interpréter. Il faut,
par exemple, dans l'espèce particulière
qui nous occupe, attendre que M. le doc-
teur Miquel, officiellement chargé de la
partie bactériologique de ces recherches
difficiles, ait procédé à loisir à l'analyse
des échantillons prélevés là-bas, en Bour-
gogne, sur les eaux des diverses sources
où s alimente la Vanne. D'ici là, l'infec-
tion aura eu le temps de s'atténuer et de
s'éteindre, car, non plus qu'un incendie,
une épidémie ne peut éternellement sévir,
mais les héritiers des malheureux qui en
seront morts auront toujours la consola-
tion d'être jscientinquement renseignés
sur la cause occulte qui lés a.ura faits or-
phelins. qlii les aura faits or-
Ce n'est point à la légère que je viens
tout à l'heure de qualifier d'anormale
l'actuelle épidémie de fièvre typhoïde dont
nous pâtissons. Tout d'abord, en effet,
elle est brusquement éclose, sans crier
gare, à une époque de l'année où la fièvre
typhoïde, qui règne ici quasiment à l'état
endémique, affecte d'ordinaire le plus de
bénignité, sa recrudescence annuelle ne
se manifestant guère que vers le mois de
septembre. Si nous en croyons, en second
lieu, les mandarins de l'hygiène ortho-
doxe, le fléau capricieux aurait justement
choisi pour éclater un moment où les eaux
de consommation étaient d'une pureté
exceptionnelle pour la saison.
Il est vrai que ce qu'on se garde bien de
nous dire, c'est que trois ou quatre se-
maines auparavant il n'en allait pas du
tout de même. Du 20 janvier au 10 fé-
vrier, en effet, le nombre des bactéries
charriées par les eaux de source s'était
mis subitement à grossir dans les propor-
tions les plus inquiétantes.
Le 9 janvier, les eaux de la Vanne con-
tenaient 50 microbes par centimètre cube ;
le 23 janvier, on en trouvait 3,200, le 30,
2,000, le 13 février 2,400, le 15 février
1,600; Dans le réservoir de l'Avre, on
constatait le 11 janvier 400 microbes, le
18, 3,600, le 25,9,000, le 1er février, 7,000,
le 15, 2,000. Dans la Dhuys, en amont de
Paris, le 6 janvier, GOO microbes, le 20
janvier, 33,600, le 27, 6,000, le 15, 4,000.
Enfin, dans les canalisations de la ville, on
comptait, le 9 janvier, 600 microbes, le
18, 200, le 23, 25,500, le 25, 15,600, le
8 février, 2»200.
L'administration n'avait eu garde de
prévenir la population. Elle a bien d'au-
tres vibrions à cultiver, l'administration
que l'Europe nous envie ! Le mal a pu
ainsi couver pendant un mois, évoluant
incognito et sans bruit, sous des formes
atténuées, jusqu'au jour où force a été
aux plus optimistes de reconnaître que la
mortalité typhique augmentait dans les
grands prix. Depuis, sans doute, il s'est
fait une épuration spontanée des condui-
tes, et les eaux, jusques et y compris les
eaux de la Vanne, les plus suspectes de
toutes, paraissent tendre à recouvrer leur
limpidité normale. Malheureusement il
est un peu tard.
Quand on dénonce cet accident — et
cette incurie — aux aimables messieurs
qui ont la charge de veiller à la santé pu-
blique, ils vous répondent tranquillement
que cette poussée microbienne du mois de
janvier n'a rien d'extraordinaire et que
le même phénomène se reproduit chaque
année, sans que ni la fièvre typhoïde ni
les autres infections s'exacerbent pour si
peu, à l'époque de la fonte des neiges,
la quantité (Veau lâchée étant trop con-
sidérable pour que la terre, qui est le
filtre naturel, reste suffisant.
En principe, l'explication ne laisse pas
d'être assez plausible. Par exemple,
elle est pour donner à réfléchir. Si, quand
il est tombé simplement de trop fortes
pluies ou que le dégel s'est traduit par
une trop grosse coulée de liquide, la terre,
saturée à refus, devient ipso facto impuis-
sante à filtrer, comment peut-on avoir le
toupet de nous proposer, comme une so-
lution impeccable et parfaite, l'épandage
des eaux vannes d'une ville de deux mil-
lions et demi d'habitants ? Habemus con-
filcntem reum : ce n'est pas moi qui'ai
soutiré cet aveu, dépouillé d'artifice, aux
fanatiques du « tout-à-Fégout ? !
Mais il y a autre chose. Certes, dans
l'équation épidémique, la quantité des
microbes est un facteur important, mais
cependant son rôle n'est pas le plus con-
sidérable, et la qualité des microbes en
cause est autrement significative. Il y a
en effet microbes et microbes. Sur dix de
ces infiniment petits organismes pris au
hasard, huit ou neuf peuvent être inof-
fensifs, voire même bienfaisants, èt en
ce qui concerne spécialement la fièvre ty-
phoïde, par exemple, la responsabilité de
la contagion ne saurait jamais être rejetée
que sur un bacille sui generis dont cette
maladie est la spécialité et qui est connu,
dans le monde des micrographes et des
physiologistes, sous le nom de bacillus
Eberthi.
Y avait-il, parmi les innombrables mi-
croorganismes qui foisonnaient naguère
dans les eaux potables de Paris, des colo-
nies authentiques du bacillus Eberthi 1
ïoiite la question est là.
Or, on affirme que jusqu'à la semaine
dernière toutes les analyses d'eaux pro-
venant des conduites d'alimentation fai-
tes à Paris, à la requête des autorités ci-
viles et militaires, avaient été négatives
en ce qui concerne le bacillus EiJerthi.
Jeudi ou vendredi seulement, dans une
prise d'eau de la Vanne opérée dans une
maison voisine de la gare Saint-Lazare,
on aurait mis enfin la main sur un bacille
présentant nettement les caractères assi-
gnés au germe spécifique de la fièvre ty-
phoïde (Presse médicale, 17 mars 1894).
Voilà qui est net apparemment. Pour
être logique, il faudrait en conclure que
la prétendue épidémie de fièvre typhoïde,
autour de laquelle on fait tant de mu-
Bique, n'est qu'un mythe spontanément
éefos dans l'imagination des alarmistes. --
Il n'y a qu'un malheur, c'est que les sta-
tistiques des hôpitaux et des cimetières
contredisent formellement cette conclu-
sion fantaisiste. Est-ce donc que le fléau'
nous est tombé du ciel par l'opération du
Saint-Esprit, ou qu'il est inopinément
issu du sol par génération spontanée ?
Est-donc qu'il pourrait y avoir des effets
sans cause ? *
La vérité est que si le bacillus Eberthi
est l'agent ordinaire de la fièvre typhoïde,
il n'a pourtant pas le monopole exc]usit-j
de cette vilaine besogne. Son cousin-ger- i
main, le bacterium colt commune, qui vit;
en permanence dans les intestins d'un i
quiconque, dans les vôtres ou dans les:
miens, nefait pas de mal d'ordinaire, mais,
sous l'empire de certaines influences mal
précisées, il peut devenir, lui aussi, viru-
lent et pathogène. Comme qui dirait un
mouton enragé 1 Il est désormais établi
- pour un peu, je dirais qu'il est classique
que la fièvre typhoïde peut-être aussi bien
engendrée par le bacterium coli com-
mune que par le bacillus Ebertht. Peut-
être même celui-ci n'est-il qu'une variété
modifiée, exaspérée, affolée, de celui-là.
Or, si le bacillus Eberthi est relative-
ment rare dans les eaux un peu propres,
le bacterium coli commune pullule en
revanche dans toutes les eaux générale- ;
ment quelconques à la merci d'un acci-
dent qui réveille sa férocité latente.
Ce n'est pas tout, et les lecteurs du
XIxe Siècle savent perlinemment que ce
qu'il faut redouter dans les microbes, ce
n'est pas seulement leur présence immé-
diate, ce sont aussi — et surtÓut- les
subtils poisons qu'ils secrètent et qu'ils
laissent derrière eux. Le bacillus Eberthi
et le bacterium coli commune logent à
cet égard à la même enseigne que leurs
pires congénères. zux aussi ils distillent
d'infâmes toxines dont l'inoculation suf-
fit très bien, en dehors même des maudits
chimistes qui les ont fabriquées, à com-
muniquer la fièvre typhoïde au patient.
Tant et si bien qu'une eau physiologique-
ment pure, e'est-à-dire ne contenant pas
trace de microbes vivants, peut cependant :
être une eau empoisonnée et typhi-
gène, en raison des « toxines » solubles !
que dissimule sa menteuse pureté. La
bombe sans l'anarchiste 1
Si donc, comme on nous l'affirme, les
eaux que nous buvons, réserve faite des.
eaux de la Vanne, ne renferment pas de
bacilles d'Eberth, la présente épidémie
doit nécessairement provenir soit du bac-
terium coli commune qui, lui, foisonne:
à peu près en tout temps et partout, soit!
des « toxines » élaborées par l'un ou par
l'autre de ces deux Gaspard et dont au-
cun filtrage ne saurait suffire à atténuer
la virulence.
Or, pour ces « toxines » et pour le
bacterium coli commune comme pour le
bacillus Eberthit la genèse est la même.
Elle est et ne saurait être — sauf votre
respect — que dans les matières fécales,
dont les infiltrations sont une menace per-
manente pour le sol et pour les eaux. D'où
cette conséquence que si l'on tient à
étouffer dans l'œuf la lièvre typhoïde etv
les autres fléaux, infectieux mais éfàta-
bles, dont le processus est identicmp, il -r
u'y a qu'un moyen logique et sûr, c'est de
ne jamais permettre à l'ordure, qui est le
bouillon de culture par excellence des fer-
ments léthifères, de stagner dans des fos-
ses plus ou moins imperméables, ni de
circuler dans des canalisations plus ou
moins hermétiques.; c'est de la stériliser
préventivement, à Tétat naissant, avant la
lettre.
Voilà le problème posé dans des termes
contre lesquels je mets au défi les plus as- j
tucieux épilogueurs de s'inscrire eu faux.
Une autre fois, j'essayerai d'indiquer la;
solution pratique — si tant est que, d'ici"'
là: tout un chacun ne l'ait pas, in pettot
pressentie et formulée !
Raoul Lucet.
SECRETS llJUNE PYltAMIDH-
LES DÉCOUVERTES DE M. DE MORGAN
M. de Morgan, directeur du service des
antiquités égyptiennes, vient de faire les plus
curieuses découvertes dans la pyramide de
Dachour, à 30 kilomètres du Caire, sur les
dunes du désert lybique.
Les études faites par M. de Morgan dans
les textes l'avaient amené à une quasi-certl-
tuàe qu'il devait y avoii là une mine inexplo-
rée, et l'événement lui a donné raison.
Ce n'est pourtant pas sans difficultés qu'il a
réussi à mener à bien cette colossale entre-
prise, car la pyramide de Dachour n'est plus,
depuis longtemps, qu'un amas de terre in-
forme, qu'une espèce de gigantesque tumu-
lus.
Un premier sondage, pratiqué à peu prés
au centre du tumulus, avait établi que, jus-
qu'à une profondeur de 9 à 10 mètres, il
n'existait que do la terre d'alluvion, sans
trace de galerie ou substructio-j quelconque.
Plus bas, la sonde rencontrait une couche
dure indiquant la masse mémo de la mon-
tagne.
Heureusement, pendant ces travaux d'ap-
proche, les terrassiers avaient découvert des
tombeaux creusés dans le rocher, tombeaux
dont les inscription^ permirent de constater
qu'ils appartenaient à la XIIe dynastie, c'est-
à-dire a une époque où les tombeaux sont
plus simples qu'aux époques antérieures.
L'existence d'une couche de brigues identi-
ques à celles de la gyramide, et régnant tout
autour, amena M. de Morgan à conclure qq.
LE XIX1 SIECLE
remcttoi mmiuttsmuoa -
142, Rue Montmartre
PARM
———— 1
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PRIME EXCEPTIONNELLE
Bicyclette XIXe SIÈCLE
DERNIER MODÈLE
Voir à la troisième page
ilJiniàèsCÉÉs
- :- LETTRE OUVERTE
Monsieur le sénateur,
Vous voilà ministre des colonies, je
vous en félicite. :
Mais il va vous falloir prchdre posses-
sion de votre ministère, je vous plains.
Savez-vous exactement en quoi il con-
siste, votre ministère, où cela se trouve,
et sur quoi vous allez régner?
Car vous allez régner, et sur pas mal de
royaumes encore. Comme disaient les an-
ciens, vous allez être un « roi des rois x.
Leurs Majestés Thau-Thaï, NorodÕmlér,
Ranavalo, Gi-glo-No-Don, Ago-li-Agbo,
Tiéba, Ahmadou et d'autres encore, vont
être les jouets de vos mains. Vous êtes le
Jupiter de ce peuple de majestés. Il va
falloir faire connaissance avec tout ce
mondera.
Le président de la République n'a qu'un
budget. Vous allez en avoir vingt et un.
Que dis-je? vingt-trois peut-être, car il n'y
a pas de raison pour que, déjà suzerain
des deux protectorats de l'Annam et du
Cambodge, vous n'annexiez pas à votre
immense empire les protectorats de la
Tunisie et de Madagascar.
Vous allez avoir des guerres à conduire,
des traités à négocier. Vous en êtes res-
ponsable et le public — qui n'est pas des
plus bienveillants aux choses coloniales
— ne s'en prendra qu'à vous.
Mais avez-vous votre armée, votre flotte,
vos diplomates? Pas que je sache, et vos
collègues de la marine, de la guerre et des
affaires étrangères ne mettront probable-
ment qu'un enthousiasme des plus médio-
cres à vous les céder. Qui plus est, le
Sénat — dont vous êtes un des ornements
les plus fleuris — rechigne vigoureuse-
ment à créer l'armée coloniale. Vous-
même, monsieur le ministre, si je ne fais
erreur, vous vous l'êtes. refusée d'avance.
Vous ne saviez pas encore, il est vrai,
que ce serait pour vous.
Ce n'est donc pas précisément sur un
lit de roses qu'on vient de vous coucher.
Au ministère de la marine on vous fera
comprendre que vous n'êtes qu'un usur-
pateur, quelque chose comme un esclave
révolté; à la guerre, vous serez traité
certainement en intrus et les bureaux di-
ront de vous : « Quel est ce sale pékin
qui vient commander à des militaires ! »
Aux affaires étrangères, comme vous
n'êtes pas de la carrière « et que vous
avez dérogé en faisant du commerce », on
vous distillera les impertinences les plus
» diplomatiques pour vous apprendre à vous
mêler de ce qui regarde le quai d'Orsay.
Interrogez là-dessas vos prédécesseurs.
Us vous renseigneront sur le genre d'a-
grément qui vous est promis. M. Etienne
vous dira combien il est facile de con-
duire une affaire comme celle du Daho-
mey, alors que les deux ministères de la
guerre et de la marine s'entendent pour
tout refuser au département des colonies
et se refuser d'ailleurs entre eux tout con-
cours, même devant l'ennemi — témoin
la dépêche de M. Barbey au commandanf
du Sané : « Ne débarquez pas un homme.»,
M. Delcassé vous dira combien il est
commode de régler une affaire sérieuse —
celle du Siam, par exemple, — lorsque le
ministre des affaires étrangères, sans sa-
voir le premier mot de la chose d ailleurs,
vous impose des « solutions diplomati-
ques » qui sont les plus sottes et les plus
dangereuses du monde.
Et puis, dans vos colonies, - qui for-
ment un assortiment très varié de toutes
sortes de pays, de gouvernements et de
régimes, — vous allez avoir affaire un
Deu nartout à des militaires.
C'est grave, cela, et dangereux par cer-
tains côtés. Oh ! ce n'est pas que les mili-
taires soient bien redoutables. Sans doute,
si vous vous laissiez manger dans la
main ils vous dévoreraient tout vivant.
Mais il n'y a qu'à garder ses distances, à
les mener dur et «militairement». G est
le procédé vraiment infaillible pour les
rendre charmants.
Seulement, les militaires, c'est la mort—
aux - budgets. Comme ça ne demande ja-
mais que plaies et bosses, ça fait des expé-
ditions, des colonnes, c'est-à-dire des
trous formidables à la caisse.
D'ailleurs, les coups de fusil ne paci-
fient que médiocrement un pays. Nous en
avons tiré pendant plus de soixante ans en
Algérie, nous y en tirons toujours, et l'Al-
gérie, où nous sommes à peine chez nous,
nous coûte encore une cinquantaine de
millions pas an, tandis qu'en Tunisie où
nous avons remplacé dès le premier jour
les bureaux arabes par des contrôles ci-
vils nous sommes chez nous comme en
France et nous n'avons pas un centime à
débourser..
Notez cela précieusement, monsieur le
ministre.
Mais tout cecin'elt rien ou presque
rien en présence de l'ennemi terrible à
qui vous allez avoir affaire.
Le plus grand danger qui vous menace,
c'est la mendicité de vos collègues, séna-
teurs et députés.
Pour eux, les colonies ne sont qu'un
vaste bureau de placement; encore est-ce
surtout le bureau des placements diffi-
ciles. Qu'un fils de famille tourne mal,
.qu'un fonctionnaire fasse ce qu'on appelle
un faux pas eL v'lan l on l'expédie aux
colonies. Là-bas, loin, personne ne saura
ses malheurs. C'est une pénitence et un
refuge en même temps. Il faut bien que
les Colonies servent à quelque chose. On
en fait un un aa-
natorium pour fonctionnaires avariés, un
asile où les notaires en rupture de caisse
vont se refaire une virginité nouvelle en
adDÚnistrant les affaires indigènes. C'est
bien assez bon pour les colonies, ce per-
sonnel-là. Et voilà comment il se fait
qu'une colonie sur seize pénis habitants
français, compte treize 'cents fonction-
naires, dont quelques-uns sont des gens
fort distingués et possèdent un casier ju-
diciaire vierge de toute inscription mal-
séante. ,
Enfin, monsieur le ministre, prenez
garde à vos bureaux. Ce sont eux plus
que vous qui sont promus au rang minis-
tériel. Ils demeureront « ministère» et
vous ne demeurerez pas ministre. Tenez 1
je suis allé, pour voir, faire un tour ce
matin dans vos bureaux. Eh bien f l'avan-
cement est écrit sur toutes les Írgnres Il
n'est chef de bureau qui n'ait pris tout
d'un coup la gravité d'un chef de divi-
vision et pas un chef de division qui n'ait
acquis subitement la majesté d'un direc-
teur général. Prenez-y garde 1 Ce sont 4e
bien grands bureaux pour un ministre
tout neuf dont le ministère n'est pas en-
core constitué. Je sais bien qu'on vous
alloue 150,000 francs de crédits nouveaux.
Mais il va vous en. falloir, de gros fonc-
tionnaires! Cent cinquante mille francs
pour un sous-secrétariat qui monte en
grade, c'est une goutte d'eau.
Et puis, maintenant que ces bureaux
sont devenus « une grande administra-
tion », il va s'établir tout de suite une tra-
dition administrative. Toutes nos colonies
ne se ressemblent pas, mais tous les bu-
reaux se ressemblent. L'Inde et le Soudan
ne sont pas tout à fait voisins. Mais le
deuxième bureau et le troisième sont porte
à porte, et pourquoi les choses se passe-
raient-elles autrement dans celui-là que
dans celui-ci ? Sans doute vous n'ignorez
pas qu'entre les divers pays soumis à vo-
tre puissance il y a quelques légères dif-
férences de races, de langues, de mœurs, de
climats et de besoins. Mais, si les colonies
sont diverses, l'administration est une;
et son idéal, formulé superbement par un
préfet français devenu gouverneur géné-
ral de l'empire indo-chinois, est de gou-
verner indistinctement toutes nos colonies,
le Tonkin et le Soudan compris, comme
autant de départements français.
Ah ! vous allez être, monsieur le mi-
nistre, un homme véritablement bien heu-
reux, surtout si, comme les agriculteurs
de Virgile, vous ne connaissez pas d'a-
vance tout votre bonheur.
Mais vous voilà maintenant averti. La
sagesse des nations dit-qu'un homme
averti en vaut deux. Je suis, moi, beau-
coup moins exigeant et je me déclarerai
satisfait si seulement un ministre averti
vaut une moitié de ministre.
Thomas Graindorgo.
KEE5S £ âX3BBBB £ 17
LES ELECTIONS MUNICIPALES
COMPLÉMENTAIRES
M. Binder, député du huitième arrondisse-
ment et conseiller municipal du Roule, dont
on avait annoncé l'intention de cumuler le
mandat législatif et le mandat municipal,
s'est décidé à résigner ce dernier. Il adressera
sa démission au président du conseil muni-
cipal à la fin de cette semaine.
Trois autres quartiers de Paris sont encore
sans représentant à l'Hôtel de Ville : Saint-
Thomas-d'Aquin, Grenelle et Chaussée-l'All-
tin, par suite du départ pour la Chambre des
députés de MM. Denys Cochin, Humbert et
Georges Berry.
Les élections pour ces quatre sièges va-
cants. se feront le dimanche 29 avril. Le se-
cond, tour aura lieu le 6 mai.
LA CONFÉRENCE SANITAIRE
Depuis plusieurs sèmaines, une conférence
sanitaire internationale siège à Paris pour
arrêter certaines mesures de protection de
l'Europe contre le choléra. Les délégués étran-
gers ne peuvent que se louer de l'hospitalité
parisienne et jour estomac a été mis à de
rudes épreuves. Mais on voudrait bien savoir
ce qui se passe dans ce congrès mystérieux,
car, pour la première fois, le public n'est pas
tenu au courant des travaux; des délibéra-
tions d'un congrès de ce genre. Ce silence
diplomatique étonne à bon droit tous ceux
qui croient à l'utilité des discussions au grand
jour sur les questions d'hygiène internatio-
nale. ■
LE MINISTRE DES COLONIES.
M. Boulanger, qui a pris hier soir la direc-
tion des services des colonies, avait fait dans
la matinée successivement visite à tous ses
collègues du cabinet.
Au conseil qui sera tenu ce matin, les mi-
nistres examineront la question des attribu-
tions du nouveau ministre et rechercheront
dans quelles conditions le ministère des colo-
nies doit être installé au Pavillon de Flore où
se trouvent déjà le bureaux du sous-secré-
tariat d'Etat des colonies. Il s'agira de savoir
si le préfet de la Seine, qui occupe les appar-
tements du Pavillon de Flore, ne devra pas
déménager pour aller habiter à l'Hôtel de
Ville et livrer ainsi les locaux à M. Boulan-
ger.
On sait que déjà tous les services de la
préfecture de police ont été transférés à
l'Hôtel de Ville ; une partie de ce monument
est même réservée à M. Poubelle, mais il ne
l'a jamais habitée.
Ajoutons que M. Camescasse, sénateur,
ancien préfet de police, a été désigné pour
remplacer M. Boulanger à la présidence du
conseil d'administration de la Compagnie
des omnihus.
Nous l'avions fait prévoir.
LA SITUATION EN ITALIE
Rome, 21 mars.
Oii assure que, avant de se séparer, la
commission, examinant les projets de M.
Sonnino, a décidé de faire dix-neuf millions
d'économies sur le budget de la guerre, outre
les onze déjà proposés par le ministre de la
guerre.
Le budget de la guerre resterait fixé à 220
millions, celui de la marine à 90,
Malgré l'insistance de M. Sonnino, la com-
mission refuserait d'augmenter l'impôt sur la
rente et d'accepter toute réduction du coupon.
xjasr
CARNET D'ANARCHISTE
SUR QUELQUES HOMMES DU JOUR
La tourriéefdês soupes-conférences. —Au
pays des bourgeois. - Ceux qu'on
« tapa ».
L'anarchiste Rousset, l'inventeur des sou-
pes-conférences condamné dernièrement à
six mois de prison et à 100 francs d'amende
pour abus de confiance au préjudice de l'oeu-
vre des soupes anarchistes, faisait hier appel
du jugement de la Se chambre.
Du procès lui-même, déjà connu, rien à
dire, si ce n'est qu'après la plaidoirie de M*
Boschet et le réquisitoire de M. l'avocat géné-
ral Lafion, la cour, présidée par M. Dupont,
a confirmé purement,et simplement la déci-
sion deâ magistrats de première instance.
Mais ce qui, à notre avis, présente un inté- -
rêt particulier, c'esl le carnet de Rousset,.un
carnet sur lequel l'anarchiste, au sortir des
maisons où, avec un compagnon, il était allé
impressions. o e,s
quêter en faveur de l'œuvre, mentionnait ses
Voici quelques extraits de ce journal d'anar-
chiste qui, pour n'avoir aucune chance de
faire une concurrence sérieuse au Journal des
Gortepurl, n'en a pas moins cependant cer-
tains côtés extrêmement piquants :
Tirons d'abord des premières pages cette
esquisse d'un disparu :
Baïkaut (ancien ministre). - Réception bonne,
mais froide en entrant. Nous demande des expli-
cations sur l'anarchie. On les lui fournit. Avoue
n'avoir jamais entendu exprimer los idées anar-
chistes de cette façon. Les trouve très intéressan-
es et quelque peu vraies.
Arrivons maintenant aux « hommes du
jour » :
René Goblet. — Appartement luxueux. Parait
ne pas être en sûreté en notre compagnie. Petits
yeux, vifs, mobiles. Ne donnait que 5 francs. Sur
notre observation qu'il a donné 10 francs l'année
dernière se résout à en donner également 10 cette
année en disant qu'il n'est pas anarchiste.
Paul Deschanel. — Jeune, actif. Assez intelli-
gent. Affecte de s'emporter un peu dans une lon-
gue discussion que nous avons avec lui sur l'anar-
chie. Trouve l'idéal philosophique beau et sympa-
thique, mais les actes anarchistes lui semblent
déplorables. Nous expose les anciennes théories
bourgeoises sur la science, l'histoire et la sociolo-
gie. Nous promet, avec note dans les Débats, des
livres et verse dix francs. Une poignée de
main-
Henry Fouqttier. — Ne nous connaît pas. Ne
veut pas encore nous recevoir.
Léon Say. — Nous reçoit avec défiance, ne nous
quitte pas des yeux et nous écoute parler. Ne
donne que vingt francs, parce qu'il ne connaît pas
assez notre œuvre. Viendra la voir la prochaine
fois.
Clemenceau. — Parait toujours énergique. Nous
reçoit, mais sur un ton bref. Donne personnelle-
ment dix francs. Trouve l'œuvre excellente. Fera
passer note au * Rappel et à la JuStice. Nous re-
commande surtout de ne pas faire sauter sa mai-
son.
Granet. — Homme en pleine vigueur. Ne de-
mande pas d'explication et donne vingt francs.
Francisque Sareey. - Gros bonhomme. Rigolo.
L'air malin et cochon. Nous reçoit sans façon ; ne
veut pas venir. Donne cinq francs. Son garçon
nous engueule parce qu'on a sali le tapis.
Ernest Roche. — Nous reçoit cordialement.
Nous fait l'effet d'un dégoûté. Le doute est dans
son cerveau.
Aurélien Schqll. — Bonne réception. Des-
champs, le directeur de la Plume, est là. On nous
offre un verre de marc de quarante-cinq ans. Dis-
cussion sur le duel, que Scholl approuve. Un peu
mou et fatigué.
Camille Doucet. — Ne veut pas révolutionner la
société. Garde l'anonyme.
Jean Ajalbert. — Bien reçus.
Elisée Reclus. - Gentil. Approuve notre idée.
Millerand. — Bien reçu.
Henry Becque. — Très chouette.
J. Oppert (de l'Institut). — Vieillard ignorant.
Ernest Daudet. — Trouve que chercher, comme
nous le faisons, à relever la dignité humaine et à
former un terrain de discussion est œuvre utile.
Vacquerie. — Nie avoir écrit contre l'anarchie
et dit etre anarchiste à sa façon.
Stéphane Mallarmé. —■ N'est pas complètement
anarchiste.
Delombre (député, rédacteur au Temps). — Cau-
serie dans la rue. Se déclare plus anareniste que
nous.
Bérenger (sénateur). — Refuse de s'associer à
notre ceuvre sous prétexte qu'il soutient et pa-
tronne d'autres œuvre;;.
De Heredia (ancien .ministre). — Nous trouve
malades au point de vue cérébral. Viendra pour-
tant à la soupe-conlerence. ,.
Blavier (sénateur).- Paysan. très causeur. Pro-
fite de l'occasion pour entendre un anarchiste dé-
velopper ses idées. N'y comprend pas grand'chose. :
Le malheureux est, d'après lui, cause de sa misère.
« D'ailleurs, dit-il, je nie qu'il y ait des gens qui
ne mangent pas à leur appétit. Ou bien alors, c'est
de leur faute! »
Jlervieu (député). — Ignore la science positi-
viste.
Turrel (député). — Ne veut pas être convaincu.
Sceptique. Avoue à la fin que nous sommçs inté-
ressants. *
Le carnet de l'anarchiste se termine par
une appréciation sur M. Pourquéry de Bois-
serin. Empressons-nous de faire le « huis
clos », afin de complaire à ce député ennemi
de la réclame pour les anarchistes.
Gardien de la paix passé à tabac
Pour s'entretenir la main. — Le cabriolet
au sergent de ville. — Au poste
Récompense méritée
Nous avons eu maintes fois l'occasion de
dire que" des cours de « mansuétude et de ci-
vilité » étaient faits périodiquement aux
gardiens de la paix. Le préfet de police avait
eu la louable pensée de faire disparaître les
habitudes de brutalité sauvage contrac-
tées sous le règne de M. Lozé. Dans ce but
il avait averti ses sous-ordres que des puni-
tions exemplaires seraient prononcées contre
tous ceux qui se rendraient coupables de sé-
vices ou violences à l'égard des personnes
arrêtées où même de simples passants béné-
voles.
Cela n'a pas marché tout seul, et de temps
à autre nous avons eu à signaler des retours
aux mœurs de l'ancien temps ; mais l'habi-
tude est une seconde nature et, ne trouvant
plus de prévenus à se mettre sous la dent, les
gardiens de la paix se cognent entre eux,
attendant des temps meilleurs.
Nous pouvons en citer un exemple aujour-
d'hui.
Il y a deux jours, un agent ayant fini son
service allait préndre un verre chez un mar-
chand de vin de la rue Mouffetard ; ce n'é-
tait certainement pas le premier. Il causa
avec d'autres consommateurs et finalement
remit un franc en payement de son verre. Il
resta encore quelques instants devant le
comptoir et réclama sa monnaie.
Le patron prétendit qu'il n'avait pas payé;
de là discussion. L'agent en bourgeois n'é-
tant pas assez sûr redonna une autre pièce
de un franc et partit. Dans la rue, un con-
Sommateur qui était sorti en môme temps lui
fit observer qu'il avait eu tort de céder, ayant
ainsi payé deux fois. Le gardien de la paix,
un peu gris, revint sur ses pas, et très auto-
ritairement réclama énergiquement son ar-
gent. Grosse dispute, injures, selon la tradi-
tionnelle habitude. Le patron héla un agent
en costume pour faire sortir le récalcitrant, et
comme celui-ci refusait, l'autre, celui en exer-
cice, l'empoignait, comme savent empoigner
les gardiens de la paix en colère, et le menait
au poste.
Colère de ragent en bourgeois, résistance.
Exaspération de l'agent en costume qui cogne
ferme et requiert un garde de Paris pour con-
duire le « particulier » au bloc.
— Je suis gardien de la paix hurlait le
prisonnier. f
— On va t'en f., répliquait l'agent en lui
administrant une bourrade.
La foule disait: «C'est un anarchiste f »
et laissait faire.
Pour plus de sûreté, on passait le cabriolet
au gardien en bourgeois qui résistait de plus
en plus.
Au poste, ses collègues ne le connaissant
pas, se livraient sur lui à un passage à tabac
en règle.
Résigné, le malheureux ne protesta plus,
se souvenant que cela ne fait qu'augmenter
lés coups, et attendit sa comparution devant
le commissaire de police, M. Lanet. Il était
accusé de résistance, de coups et d'injures. Il
avait, selon le rapport, crié : « Mort aux va-
ches ! Mort aux flics 1 Je vous crèverai ! »
Tout le vocabulaire habituel.
On juge de la stupéfaction du commissaire
eu apprenant la qualité du prisonnier, qu'il
remit en liberté aussitôt. Procès-verbal
fut dressé et transmis à M. Puibaraud.
L'affaire n'aura pas de suites ; on vent évi-
ter le scandale.
D'ailleurs, M. Puibaraud juge que les
deux agents méritent dans la circonstance
une récompense qui va leur être distribuée,
l'un pour sa vigueur et sa poigne, l'autre
pour ses blessures.
L'EMPRUNT DE LA VILLE
La date de discussion de l'emprunt de deux cenîs
millions vient d'être fixée par la commission spé-
ciale du conseil municipal ; cette date est celle du
samedi 21 avril.
LES GRANDES MANŒUVRES D'AUTOMNE
Le ministr-e de la guerre vient de fixer l'é-
poque des grandes manœuvres d'automne, qui
doivent avoir lieu sous la haute direction du
général de Galliffet. Ces manœuvres commen-
ceront le 6 septembre pour se terminer le 29
du même mois.
Les 4e et il* corps, qui doivent y prendre
part, seront passés en revue dans les plaines
de la Beauce, près de Chartres, par le pré-
sident de la République.
UNE COMMISSION MARITIME
Le ministre du commerce vient d'instituer
une commission chargée de statuer sur les
demandes des compagnies ou des personnes
de nationalité française tendant à l'admis-
sion à concourir pour l'adjudication du ser-
vice maritime postal français entre la France
et l'Angleterre. Cette commission est ainsi
composée :
-. MM. Magnin, sénateur, gouverneur delà
Banque de France; A. Picard, inspecteur
général des ponts et chaussées, président de
section au conseil d'Etat ; Cousté, entrepre-
neur de maçonnerie, ancien président de la
chambre de commerce ; Delaunay-Belleville,
entrepreneur de chaudronnerie, président de
la chambre de commerce; Richemond, méca-
nicien, administrateur-directeur des établis-
sements Weyher et Richemond, ancien pré-
sident du tribunal de commerce ; Dervilié,
« marbres bruts et ouvrés, albâtre, granit »,
président du tribunal de commerce; Gervais,
vice-amiral ; Renaud, procureur général près
la cour des comptes ; Brédif, conseiller d'Etat,
directeur du mouvement général des fonds
au ministère des finances; LabeyriJ, direc-
teur général de la Caisse d'amortissement et
des dépôts et consignations.
M. Magnin remplira les fonctions de prési-
dent de la commission.
- Ainsi, comme on vient de le voir, dans cette
commission c chargée de statuer sur les de-
mandes des compagnies ou des personnes
tendan r à l'admission à concourir pour l'ad-
judication du service maritime postal fran-
çais entre la France et l'Angleterre », il y a
un seul marin, l'amiral Gervais, et ce marin
n'appartient pas à la marine marchande.
1
LA NATIONALE EN CONGE
Nous avons religieusement enregistré les
améliorations que, sur les plaintes du public
et les coups d'éperon de la presse, l'adminis-
tration de la Bibliothèque nationale s'était
décidée à apporter à son mécanisme et à son
mode de fonctionnement.
En 1869, sous le gouvernement « éclairé » de
l'empereur, la salle de lecture était au pre-
mier étage où une tablennique ne pouvait rece-
voir qu'une centaine de lecteurs ; il fallait
une heure pour recevoir le volume espéré, et
il était interdit d'amasser plusieurs volumes
et de faire des recherches dans les catalogues.
On a abaissé ces barrières. On a construit de
vastes salles, on a mis à portée des lecteurs
des répertoires de tout genre, des collections
complètes qu'ils peuvent consulter directe-
ment.
Mais qu'il reste encore à faire, que de len-
teurs encore dans la recherche des livres 1
Il y a surtout une chose qui, à la Nationale,
n'a pas encore été modifiée et qui appelle du
ministre de l'instruction publique une prompte
réforme, c'est la durée vraiment exception-
nelle des congés que s'offrent messieurs de la
Bibliothèque qui
De quelque nouveau saint chargent toujours leur
- [prone.
La passion de Notre-Seigneur Jésus-Christ
est bien cruelle à ces bons chrétiens de la rue
Richelieu, car, depuis le 13 mars, ils ont, en
signe de deuil, fermé portes et verrous, sauf
la petite salle de la rue Colbert située, comme
chacun sait, en face de l'enfer. Il leur est im-
possible de faire le moindre service : les ser-
mons de carême, la pénitence, les mortifica-
tions de la semaine sainte occupent tous les
loisirs qu'avant ils devaient au public.
Il y a à Paris 119,000 lecteurs (statistique
de 1893) qui demandent chaque année 400,000
volumes. Pendant dix jours, du 13 au 24
mars, toutes les recherches doivent s'arrêter
parce que le ministère de l'instruction publi-
que a adopté pour ses employés comme pour
les élèves de ces lycées le même système de
congés.
mmmesmmm
LES DÉCHETS DE BOUCHERIE
La commission de l'assainissement a adopté
hier les conclusions du rapport de M. le docteur
Miquel sur la désinfection des déchets de bouche-
rie.
L'emploi d'un récipient contenant une solution
de chlorure de zinc dans lequél seront plongés les
48 et les détritus de viaade sera n»j)0flé* à tous les
marchands-bouchers de. Paris.
Tablettes iln Progrès
LE POISON MUNICIPAL
Le XIXe Siècle annonçait l'autre jour
qu'une délégation du conseil d'hygiène
allait partir pour Sens, afin de voir, sur
place si oui ou non l'infection acciden-
telle des eaux de la Vanne serait pour
quelque chose dans l'anormale épidémie
de fievre typhoïde qui, depuis une quin-
zaine, s'est abattue sur Paris.
Aujourd'hui c'est chose faite. La délé-
gation en question est allée à Sens ; elle
en est même revenue. Mais elle n'est pas
encore en état de publier l'ensemble des
conolusions de son enquête.
- Dans les problèmes de ce genre, la ve-
rité ne jaillit pas immédiatement, comme
un diablotin d'une boîte à ressort, de
l'observation des faits. Il faut encore les
démêler, ces faits plus ou moins pro-
bants, les sérier, les interpréter. Il faut,
par exemple, dans l'espèce particulière
qui nous occupe, attendre que M. le doc-
teur Miquel, officiellement chargé de la
partie bactériologique de ces recherches
difficiles, ait procédé à loisir à l'analyse
des échantillons prélevés là-bas, en Bour-
gogne, sur les eaux des diverses sources
où s alimente la Vanne. D'ici là, l'infec-
tion aura eu le temps de s'atténuer et de
s'éteindre, car, non plus qu'un incendie,
une épidémie ne peut éternellement sévir,
mais les héritiers des malheureux qui en
seront morts auront toujours la consola-
tion d'être jscientinquement renseignés
sur la cause occulte qui lés a.ura faits or-
phelins. qlii les aura faits or-
Ce n'est point à la légère que je viens
tout à l'heure de qualifier d'anormale
l'actuelle épidémie de fièvre typhoïde dont
nous pâtissons. Tout d'abord, en effet,
elle est brusquement éclose, sans crier
gare, à une époque de l'année où la fièvre
typhoïde, qui règne ici quasiment à l'état
endémique, affecte d'ordinaire le plus de
bénignité, sa recrudescence annuelle ne
se manifestant guère que vers le mois de
septembre. Si nous en croyons, en second
lieu, les mandarins de l'hygiène ortho-
doxe, le fléau capricieux aurait justement
choisi pour éclater un moment où les eaux
de consommation étaient d'une pureté
exceptionnelle pour la saison.
Il est vrai que ce qu'on se garde bien de
nous dire, c'est que trois ou quatre se-
maines auparavant il n'en allait pas du
tout de même. Du 20 janvier au 10 fé-
vrier, en effet, le nombre des bactéries
charriées par les eaux de source s'était
mis subitement à grossir dans les propor-
tions les plus inquiétantes.
Le 9 janvier, les eaux de la Vanne con-
tenaient 50 microbes par centimètre cube ;
le 23 janvier, on en trouvait 3,200, le 30,
2,000, le 13 février 2,400, le 15 février
1,600; Dans le réservoir de l'Avre, on
constatait le 11 janvier 400 microbes, le
18, 3,600, le 25,9,000, le 1er février, 7,000,
le 15, 2,000. Dans la Dhuys, en amont de
Paris, le 6 janvier, GOO microbes, le 20
janvier, 33,600, le 27, 6,000, le 15, 4,000.
Enfin, dans les canalisations de la ville, on
comptait, le 9 janvier, 600 microbes, le
18, 200, le 23, 25,500, le 25, 15,600, le
8 février, 2»200.
L'administration n'avait eu garde de
prévenir la population. Elle a bien d'au-
tres vibrions à cultiver, l'administration
que l'Europe nous envie ! Le mal a pu
ainsi couver pendant un mois, évoluant
incognito et sans bruit, sous des formes
atténuées, jusqu'au jour où force a été
aux plus optimistes de reconnaître que la
mortalité typhique augmentait dans les
grands prix. Depuis, sans doute, il s'est
fait une épuration spontanée des condui-
tes, et les eaux, jusques et y compris les
eaux de la Vanne, les plus suspectes de
toutes, paraissent tendre à recouvrer leur
limpidité normale. Malheureusement il
est un peu tard.
Quand on dénonce cet accident — et
cette incurie — aux aimables messieurs
qui ont la charge de veiller à la santé pu-
blique, ils vous répondent tranquillement
que cette poussée microbienne du mois de
janvier n'a rien d'extraordinaire et que
le même phénomène se reproduit chaque
année, sans que ni la fièvre typhoïde ni
les autres infections s'exacerbent pour si
peu, à l'époque de la fonte des neiges,
la quantité (Veau lâchée étant trop con-
sidérable pour que la terre, qui est le
filtre naturel, reste suffisant.
En principe, l'explication ne laisse pas
d'être assez plausible. Par exemple,
elle est pour donner à réfléchir. Si, quand
il est tombé simplement de trop fortes
pluies ou que le dégel s'est traduit par
une trop grosse coulée de liquide, la terre,
saturée à refus, devient ipso facto impuis-
sante à filtrer, comment peut-on avoir le
toupet de nous proposer, comme une so-
lution impeccable et parfaite, l'épandage
des eaux vannes d'une ville de deux mil-
lions et demi d'habitants ? Habemus con-
filcntem reum : ce n'est pas moi qui'ai
soutiré cet aveu, dépouillé d'artifice, aux
fanatiques du « tout-à-Fégout ? !
Mais il y a autre chose. Certes, dans
l'équation épidémique, la quantité des
microbes est un facteur important, mais
cependant son rôle n'est pas le plus con-
sidérable, et la qualité des microbes en
cause est autrement significative. Il y a
en effet microbes et microbes. Sur dix de
ces infiniment petits organismes pris au
hasard, huit ou neuf peuvent être inof-
fensifs, voire même bienfaisants, èt en
ce qui concerne spécialement la fièvre ty-
phoïde, par exemple, la responsabilité de
la contagion ne saurait jamais être rejetée
que sur un bacille sui generis dont cette
maladie est la spécialité et qui est connu,
dans le monde des micrographes et des
physiologistes, sous le nom de bacillus
Eberthi.
Y avait-il, parmi les innombrables mi-
croorganismes qui foisonnaient naguère
dans les eaux potables de Paris, des colo-
nies authentiques du bacillus Eberthi 1
ïoiite la question est là.
Or, on affirme que jusqu'à la semaine
dernière toutes les analyses d'eaux pro-
venant des conduites d'alimentation fai-
tes à Paris, à la requête des autorités ci-
viles et militaires, avaient été négatives
en ce qui concerne le bacillus EiJerthi.
Jeudi ou vendredi seulement, dans une
prise d'eau de la Vanne opérée dans une
maison voisine de la gare Saint-Lazare,
on aurait mis enfin la main sur un bacille
présentant nettement les caractères assi-
gnés au germe spécifique de la fièvre ty-
phoïde (Presse médicale, 17 mars 1894).
Voilà qui est net apparemment. Pour
être logique, il faudrait en conclure que
la prétendue épidémie de fièvre typhoïde,
autour de laquelle on fait tant de mu-
Bique, n'est qu'un mythe spontanément
éefos dans l'imagination des alarmistes. --
Il n'y a qu'un malheur, c'est que les sta-
tistiques des hôpitaux et des cimetières
contredisent formellement cette conclu-
sion fantaisiste. Est-ce donc que le fléau'
nous est tombé du ciel par l'opération du
Saint-Esprit, ou qu'il est inopinément
issu du sol par génération spontanée ?
Est-donc qu'il pourrait y avoir des effets
sans cause ? *
La vérité est que si le bacillus Eberthi
est l'agent ordinaire de la fièvre typhoïde,
il n'a pourtant pas le monopole exc]usit-j
de cette vilaine besogne. Son cousin-ger- i
main, le bacterium colt commune, qui vit;
en permanence dans les intestins d'un i
quiconque, dans les vôtres ou dans les:
miens, nefait pas de mal d'ordinaire, mais,
sous l'empire de certaines influences mal
précisées, il peut devenir, lui aussi, viru-
lent et pathogène. Comme qui dirait un
mouton enragé 1 Il est désormais établi
- pour un peu, je dirais qu'il est classique
que la fièvre typhoïde peut-être aussi bien
engendrée par le bacterium coli com-
mune que par le bacillus Ebertht. Peut-
être même celui-ci n'est-il qu'une variété
modifiée, exaspérée, affolée, de celui-là.
Or, si le bacillus Eberthi est relative-
ment rare dans les eaux un peu propres,
le bacterium coli commune pullule en
revanche dans toutes les eaux générale- ;
ment quelconques à la merci d'un acci-
dent qui réveille sa férocité latente.
Ce n'est pas tout, et les lecteurs du
XIxe Siècle savent perlinemment que ce
qu'il faut redouter dans les microbes, ce
n'est pas seulement leur présence immé-
diate, ce sont aussi — et surtÓut- les
subtils poisons qu'ils secrètent et qu'ils
laissent derrière eux. Le bacillus Eberthi
et le bacterium coli commune logent à
cet égard à la même enseigne que leurs
pires congénères. zux aussi ils distillent
d'infâmes toxines dont l'inoculation suf-
fit très bien, en dehors même des maudits
chimistes qui les ont fabriquées, à com-
muniquer la fièvre typhoïde au patient.
Tant et si bien qu'une eau physiologique-
ment pure, e'est-à-dire ne contenant pas
trace de microbes vivants, peut cependant :
être une eau empoisonnée et typhi-
gène, en raison des « toxines » solubles !
que dissimule sa menteuse pureté. La
bombe sans l'anarchiste 1
Si donc, comme on nous l'affirme, les
eaux que nous buvons, réserve faite des.
eaux de la Vanne, ne renferment pas de
bacilles d'Eberth, la présente épidémie
doit nécessairement provenir soit du bac-
terium coli commune qui, lui, foisonne:
à peu près en tout temps et partout, soit!
des « toxines » élaborées par l'un ou par
l'autre de ces deux Gaspard et dont au-
cun filtrage ne saurait suffire à atténuer
la virulence.
Or, pour ces « toxines » et pour le
bacterium coli commune comme pour le
bacillus Eberthit la genèse est la même.
Elle est et ne saurait être — sauf votre
respect — que dans les matières fécales,
dont les infiltrations sont une menace per-
manente pour le sol et pour les eaux. D'où
cette conséquence que si l'on tient à
étouffer dans l'œuf la lièvre typhoïde etv
les autres fléaux, infectieux mais éfàta-
bles, dont le processus est identicmp, il -r
u'y a qu'un moyen logique et sûr, c'est de
ne jamais permettre à l'ordure, qui est le
bouillon de culture par excellence des fer-
ments léthifères, de stagner dans des fos-
ses plus ou moins imperméables, ni de
circuler dans des canalisations plus ou
moins hermétiques.; c'est de la stériliser
préventivement, à Tétat naissant, avant la
lettre.
Voilà le problème posé dans des termes
contre lesquels je mets au défi les plus as- j
tucieux épilogueurs de s'inscrire eu faux.
Une autre fois, j'essayerai d'indiquer la;
solution pratique — si tant est que, d'ici"'
là: tout un chacun ne l'ait pas, in pettot
pressentie et formulée !
Raoul Lucet.
SECRETS llJUNE PYltAMIDH-
LES DÉCOUVERTES DE M. DE MORGAN
M. de Morgan, directeur du service des
antiquités égyptiennes, vient de faire les plus
curieuses découvertes dans la pyramide de
Dachour, à 30 kilomètres du Caire, sur les
dunes du désert lybique.
Les études faites par M. de Morgan dans
les textes l'avaient amené à une quasi-certl-
tuàe qu'il devait y avoii là une mine inexplo-
rée, et l'événement lui a donné raison.
Ce n'est pourtant pas sans difficultés qu'il a
réussi à mener à bien cette colossale entre-
prise, car la pyramide de Dachour n'est plus,
depuis longtemps, qu'un amas de terre in-
forme, qu'une espèce de gigantesque tumu-
lus.
Un premier sondage, pratiqué à peu prés
au centre du tumulus, avait établi que, jus-
qu'à une profondeur de 9 à 10 mètres, il
n'existait que do la terre d'alluvion, sans
trace de galerie ou substructio-j quelconque.
Plus bas, la sonde rencontrait une couche
dure indiquant la masse mémo de la mon-
tagne.
Heureusement, pendant ces travaux d'ap-
proche, les terrassiers avaient découvert des
tombeaux creusés dans le rocher, tombeaux
dont les inscription^ permirent de constater
qu'ils appartenaient à la XIIe dynastie, c'est-
à-dire a une époque où les tombeaux sont
plus simples qu'aux époques antérieures.
L'existence d'une couche de brigues identi-
ques à celles de la gyramide, et régnant tout
autour, amena M. de Morgan à conclure qq.
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