-- VfMRT-OTÎAflPRIÈMK ANNÉE;--"' N* 8,100 LE NUMÉRO CINQ CENTIMES MARDI 20 MARS im
LE XIX1 SIECLE
..r -
6 £ OAGT!OH ET IOHINISTBATIOII I-
142, Rue Montmartre
PARIS
9IRECTEUII POLITIQUf
A.-EDotrARD PORTALIS
A-ri rwtft (éié{TftpbiQ^ : XIX" SIÈCLIT - PAM
Télopboao : 30.289 Mi.
Annonce#
Cha MIl. LAGRANGB; CBRP •% oas
6, place é* la Bouru. 0
ABONNEMENTS
fart» fnb Iw, 6 Sô Sm, 121.; b ia, m
Départements — 7 {.; - 12 f.; - 24t
Union Postale — 9 M - 16 L; - 3ït
(m Abonnements sont reçus sans frsis dant
tous las Bureaux de Poste.
?RH £ E EXCEPTIONNELLE
Bicyclette x/xe SIÈCLE
DERNIER MODÈLE
Voir à la troisième page
La France .prend possession de son do-
maine africain. Au sud, elle vient d'occu-
par Tombouctou. Au nord, elle pousse ses
postes vers le Tidikelt et le Gourara, vers
Insalah et Timmimonn. Les possessions
françaises iront bientôt de la Méditerra-
née au Niger.
Mais quelle est la valeur de cette con-
quête et qu'eti ferons-nous ?
Ge domaine se compose de trois mor-
ceaux : au nord, la cÓte,tle Sahel — sahêl
veut.dil'e-{acil-e; — au sud et à l'ouest,
le Soudan — le pays des noirs ; au mi-
lieu, le Sahara.
C'est du Sahara que nous sommes en
train de prendre possession.
« Le coq gaulois aime à gratter le sa-
ble, a dit un jour insolemment lordSa-
lirbury; nous lui en avons donné, »
C'est en effet u ne mer de sable que le
Sahara ; le « vaste desséche », telle est la
lignification du mot.
Les Arabes l'appellent de trois noms:
bled el aleuch, le pays de la soif; bled el
djoua, le pays de la faim ; bled el hliouf,
le pays de l'épouvante. - - -
Une immense mer dessechee, une mer
de sable, avec des vagues de cent mètres
de haut que le vent déplace, semée de
quelques îles qui sont des montagnes ou
des plateaux de pierre nue au pied des-
quels, dans quelques ravins, dans quel-
ques bas-fonds, subsiste un reste d'humi-
dité, voilà le pays.
Ce pays a vécu ; maintenant il est mort
ou achève de mourir. Il avait des fleuves
qui étaient sa vie et qui sont taris. Avec
1 eau, la vie a disparu.
L'oued Myia, le fleuve aux cents riviè-
res, l'oued Igharghar, le fleuve aux grands
replis, dont le lit d'une berge à l'autre
a jusqu'à trois kilomètres,n'ont plus d'eau
que souterraine. Tous les trois où quatre
ans, une pluie d'orage —ce pays n'en
connaît pas d'autre — mouille un peu le
sable, met quelques flaques bientôt sè-
ches dans les rhedirs, alimente les nap-
pes souterraines."
C'est le désert.. nu, brûlant, où rien ne
vit,
Dans les lits des fleuves desséchés, dans
les dépressions où les nappes souterraines
affleurent ou se rapprochent de la surface,
un reste de population s'est conservé. Cela
fait des oasis, médiocrement enchante-
resses, d'ailleurs : là dépression du Gou-
rara, la traînée des petites oasis du Touat
et do l'Aoulof, le long do l'ouetl Messuud,
le bas-fond du Tidikelt, à Insalah. Quel-
ques palmiers, quelques troupeaux, un
soupçon de culture et c'est tout. C'est la
datte et le chameau qui font vivre le pays
qui, d'ailleurs ne saurait se suffire à lui-
même et qui tire du dehors la moitié de
ses rensources-
L'industrie de ce pays, sa seule indus-
trie, c'est l'esclavage. Les oasis du nord ne
sont guère que des routes et des marchés
à esclaves.
Cette industrie s'exerce de deux façons :
commercialement, par les marchands des
caravanes ; militairement, ou pour mieux
dire à main armée, par les pillards toua
reg.
Mais d'une façon comme de l'autre, c'est
toujours le Soudan qui fournit les mar-
chandises.
Au sud, Ogadée et Tombouctou con-
centraient ce commerce. Les caravanes y
venaient acheter le bétail humain avec
des marchandises du nord : du sel, de la
poudre, des étoffes, de la bimbeloterie.
- Au nord-est, Rhât et Rhadamès, au
nord-ouest Agâbli — El Gâbli des Ara-
bes — et Insalah, servaient d'entrepôt ;
c'étaient les points de départ où se for-
maient les caravanes, le point d'arrivée
où elles se disloquaient, les unes se diri-
geant vers le Maroc, les autres vers la Tu-
nisie ou la Tripolitaine.
Au sud et à l'est, les Touareg, les no-
mades pillards et guerriers, vivant de ra-
pine et d'esclavage, poussant leurs incur-
sions dans le Soudan pour voler des hom-
mes, dévalisant les caravanes au passage,
toujours affamés, ne possédant que de
misérables instruments de culture, faite
par des esclaves, levant l'impôt sur les sé-
dentaires des oasis.
Les routes des oasis au Soudan sont
toutes longues, dangereases, désertes ou
mal fréquentées. C>
De Ouargla sur Aghadès, par El Biodh
et Amguid, soixante jours de marche dans
les ahassi, — couloirs entre deux chaines
de dunes. Au moins trois intervalles de
neuf jours sans une goutte d'eau ; encore
l'eau d'El Biodh est-elle exécrable et
cruellement purgative.
D'ailleurs, la route de l'ouest, celle d'In-
salah sur Tombouctou, demande cin-
quante-deux jours à travers les dunes et
les plateaux du Tanesrouft; elle a aussi
quatre périodes de huit à neuf jours sans
eau. C'est bien le pays de la soif.
Sur la route, tous les dangers s'accumu-
lent : la soif, la faim, la tempête de sable,
le soleil déviant, l'attaque nocturne des
pillards. Le danger est partout et vient de
partout, à toute heure. C'est bien le pays
de l'épouvante.
Et, des deux côtés, la route traverse ou
côtoie le pays des Touareg. Ce pays
heureusement est vaste et la population y
est rare. Au nord, les Azdjer et les Ahag-
gar; au sud-est, les Taïtok, tous peu
nombreux et affamés. La maigre ration
d'un troupier français suffirait abondam-
ment à une douzaine de Touareg. On ne
mange pas tous les jours chez ce peuple.
Il a l'estomac fait aux longues abstinen-
ces comme aux gros repas. Flattera a va
des Touareg manger quatre livres -, dé
viande sans en ètrf
Viande sans en être incommodes. Et ceux
qu'on a vas à Paris en 1889 avaient été pris
au cours d'une incursion,de maraude dans
laquelle ils avaient fait 300 kilomètrealn
quatre jours, restant deux jours sans
boire ni manger. C'est bien le pays de la
faim.
Esclavage et rapine, c'est de quoi vivent
les Touareg.
Ils lèvent sur les caravanes le droit de
gliefaro - (rhéfàro, pardon). Sur les sé-
dentaires, ils lèvent l'impôt du « tsmer »
l'impôt du fruit, de la datte. Toute cara-
vane qui n'a pas payé le ghefaro, si elle
est atteinte, est pillée. Le Touareg prend
les nègres dont il a besoin. Il en fait des'
èsclaves, des mirhad, — des serfs — et
vend le reste à Rhât, à Rhadamès, à In-
salah, contre des dattes, des vivres, des
armes. Pas d'autre richesse que les es-
claves.
Au sud-est cependant dans les environs
nord du Niger, le pays des Aouclinimiden
vaut un peu mieux. Il y pleut quelquefois.
On y trouve de l'herbe. Les Berabich
aussi, un peu plus au nord, ont des trou-
peaux ; ils font un petit commerce avec
Tombouctou.
Voilà notre domaine. Avons-nous rai-
son de le prendre ?
En fait, nous ne sommes pas libres, et
,ne pouvons guère faire autrement.
Le Touat, le Tidikelt, les oasis du nord-
ouest sont nécessaires à la sûreté de l'Al-
gérie. C'est le point de départ et de refuge
de toutes les révoltes et de toutes les in-
cursions. C'est une zone ennemie qui
cerne au sud nos possessions et qui, livrée
au fanatisme musulman, envahie par les
Senoussi — les jésuites de l'Islam — est
une menace constante.
Nous sommes forcés de les occuper.
Et l'occupation peut être profitable.
Entre nos mains, ce pays peut vivre et
devenir prospère. Il est peuplé. Quelques
travaux peuvent suffire à faire remonter
les sources souterraines. Le Mzab et le
pays des Chaamba font un commence-
ment de commerce avec l'Aoulef et le
Touat. Ce n'est pas le Pérou; mais, enfin,
cela peut produire.
Au centre, nous ne ferons et personne
ne fera jamais rien qu'une route. Imagi-
nez la Hollande, la Belgique, la France,
l'Espagne et le Portugal ayant une popu-
lation totale de 50,000 âmes, population
errante et qui meurt de faim, population
de brigands en détresse.
Encore faut-il dire que lorsque nous
tiendrons Tombouctou, la famine aug-
mentera.
Nous ne pouvons en effet que suppri-
mer le trafic des esclaves. A Tombouctou,
nous fermons le marché d'achat. A Insa-
lah, nous fermons la route et le marché
de vente. Du coup, les Touareg taïtok
sont ruinés et aussi les trafiquants d'Insa-
lah.
C'est du reste la cause principale de
leur animosité contre la France. La famille
des Badjouda, la plus puissante du Sahara,
nous fait la guerre parce que nous mena-
çons de tuer son commerce. A Insalah,
le vieil Abd-el-Kader ben Badjollda, le
patriarche de la famille, commande les
marchés de vente. A Tombouctou, son fils
Ali Mohammed ben Badjouda comman-
dait le marché d'achat. Coupée aux deux
bouts, cette industrie est morte.
Reste le trafic entre Aghadès et Rhât.
Nous le menaçons en nous portant sur
El Biodh, Amguid, Tebalbolet. Nous
allons lui couper la route. Si nous parve-
nons à détruire l'esclave , comment vi-
vront les Touareg?
C'est la çause principale de leur hostilité
contre nous. C'est aussi, par contre, notre
moyen d'action contre eux: nous pouvons
les faire mourir de faim.
Mais c'est à la condition que nous occu-
perons Rhât et Rhadamès. Sinon, par la
Tripolitaine, le commerce des esclaves
continuera, venant d'Aghadès.
Rhât et Rhadamès appartiennent à la
Turquie, au moins nominalement. C'est
un marché à conclure avec la Porte qui
volontiers nous les cédera si nous lui ga-
rantissons la libre possession de Tripoli.
Alors les Touareg seront à notre discré-
tion.
Pouvons-nous leur fournir d'autres res-
sources?
Oui, sans doute. Au lieu de se faire bri-
gands et pillards de route, ils peuvent de-
venir agents de transports et convoyeurs.
Le Soudan a des produits. Si les rou-
tes sont sùres et les transports pas trop
chers, il y aura facilement des caravanes.
Les Touareg, s'ils le veulent, peuvent être
des transporteurs à bon marché. Et il fau-
dra bien qu'ils s'y résolvent sous peine de
mourir de faim.
Seulement, comme ce n'est pas à coups
de fusil qu'on crée le commerce, il faudra
que notre conquête soit poursuivie par
d'autres procédés que la fusillade et gou-
vernée par des marchands, non point par
des soldats.
Sans quoi notre domaine africain ne
nous rapportera jamais que des dépenses
et des désastres.
Thomas Grain dorge.
.ama .,.,.
ELECTIONS LEGISLATIVES
SOMME
Circonscription de Doullens
MM. Saint, rép 7.069 ELU
Blin de Bourdon, cons. 5.161
[Il s'agissait de remplacer M. Duscvel, répu-
blicain, décédé, qui avait été élu le 3 septembre par
6.774 voix contre 6.447 à M. Blin de Bourdon,
réactionnaire sortant.]
TARN
Première circonscription de Castres
MM. André Reille, réact 9.48,2 ELU
Vieu, rad. 3.233
Caraguel, sociaL. 2.989
Noirterre, rép. 501
[Il s'agissait de remplacer M. Abrial, réaction-
naire, décédé, qui avait été élu au scrutin de ballot-
tage du 3 septembre par 8,727 voix contre 7,289.]
PAUWELS EN ESPAGNE
Madrid, 18 mar3.
Pendant son séjour en Espagno, Pauwels, habi-
tait un village près de Barcelone. Il recevait sa
correspondance au club anarchiste, 51, rue Sain-
Olegario.
Il quitta Barclono après la catastrophe du théâ-
treduLtMa. ': .-
CONFLIT
M. CASIMIR-PERIER ET LE SÉNAT
Bruits de démission du cabinet. — Le
ministère des colonies. — Tout
s'arrangera probablement
La question du ministère des colonies, que
le Sénat a refusé de discuter dans sa.séance;
de nuit de samedi,a provoqué un mouvement,
de mauvaise humeur de la part de M. Gasimir-
Perier qui a quittêie Luxembourg en annon-
çant qu'il ne pouvait pas gôuvenrèr dans ces
conditions et-qu'il allait se retirer.
Malgré l'heure avancée, — il était minuit,
- les groupes républicains se sont réunis
pour examiner la situation, qu'ils ont consi-
dérée tout de suite comme trèsgrave. Il n'est
pas, en effet, dans l'habitude du Sénat de
renverser des ministères,et depuis-la cnutede
M. Tirard, mis en minorité sur là question-
des raisins secs et démissionnaire à la suite ;
de ee vote, l'assemblée du Luxembourg n'a
pas porté atteinte à la stabilité ministérielle.
L'emoi était donc grand parmi les séna-
teurs, qui ont délégué leurs présidents de
groupes pour se rendre sur l'heure auprès du
président du conseil.
M. Casimir-Perier a reçu aussitôt les en-
voyés du Sénat, qui étaient MM. Cordelet,
président de la gauche républicaine, de Ver-
ninac, président de l'union démocratique,
Aleide Dusolier, président de l'union répu-
blicaine, et Labiche, président de la commis-
sion des colonies.
Ces messieurs ont exposé au président du
conseil qu'il s'était mépris sur les intentions
réelles du Sénat, que le refus de discuter op-
posé par la commission des finances n'était
empreint d'aucun caractère de défiance et que
dans ces conditions ils ne pouvaient qu'en-
gager le.cabinet à conserver le pouvoir, sûrs
qu'ils étaient que le Sénat voterait à la ren-
trée le projet du ministère des colonies.
PETITE CONFÉRENCE
M. Casimir-Perier fut, assure-t-on, très
touché de ces témoignages sénatoriaux, mais
iil n'en persista pas moins à considérer que
son autorité gouvernementale se trouverait
diminuée s'il acceptait de renvoyer à la ren-
trée du Parlement la solution du ministère
des colonies. Il motiva très longuement sa
résolution en faisant remarquer qu'il n'était
point animé par une vaine susceptibilité d'a-
mour-propre, mais bien par le sentiment très
exact de la responsabilité qu'il assumait en
dirigeant les affaires.
Il ajouta que le vote du Sénat était indis-
pensable pour mettre fin à une situation qui
ne pouvait pas se prolonger. En effet, M. Le-
bou, démissionnaire depuis jeudi, ne voulait
pas se charger plus longtemps de diriger
l'administration des colonies et il fallait, de
plus, ne pas songer à lui trouver un succes-
seur pourcinq semaines; dans ces conditions,
c'était le ministère des colonies qu'on devait
créer et en terminant il laissa entendre qu'il
n'accepterait pas d'autre solution.
Nous pouvons encore ajouter qu'au cours
de la conversation M. Casimir-Perier fit une
allusion très discrète à l'attitude du Sénat à
son endroit. Cette attitude lui aurait paru
d'autant plus inexplicable qu'au cours des
débats sur la revision le président du conseil
prit nettement la défense da l'assemblée du
Luxembourg.
A minuit et demi rien n'était décidé et les
délégués du Sénat quittèrent le ministère du
quai d'Orsay sans avoir pu faire revenir
M. Casimir-Perier à de meilleurs sentiments.
Ce dernier menait, du reste, les choses
tambour battant et il réunissait un peu
avant une heure ses collègues du cabinet.
Jusqu'à deux heures du matin on descuta
et on épilogua sur la situation. Qu'allait-on
faire ?
L'opinion de M. Casimir-Perier restait tou-
jours la même : il voulait démissionner. On
comprend que cette alternative ne fut pas
très goûtée par quelques-uns des ministres.
On chercha un joint. On le trouva sous forme
d'une convocation extraordinaire du Sénat.
Le conseil fut unanime à accepter cette
procédure, et immédiatement M. Casimir-
Perier rédigea une lettre qui fut portée sur-le-
champ chez M. Challemel-Lacour, président
du Sénat.
Cette convocation extraordinaire, si anor-
male qu'elle puisse paraître, était appuyée
sur un précédent datant de 1882.
CONVOCATION DU SÉNAT
M. Challemel-Lacour, après avoir pris con-
naissance de la lettre de M. Casimir-Perier,
vint dans la matinée d'hier lui rendre visite.
Il lui annonça que, suivant son désir, le Sénat
venait d'être convoqué télégraphiquement
pour aujourd'hui deux heures, et que l'ordre
du jour serait ainsi conçu : « Communication
du gouvernement ».
Avant de se retirer, M. Challemel-Lacour
exprima au président du conseil la crainte
qu un certain nombre de ses collègues ne
fusssent pas touchés par la convocation, quel-
ques-uns ayant déjà quitté Paris samedi soir,
d'autres devant partir par les trains du ma-
tin.
RÉUNION DES MINISTRES
Dans la journée, le président du conseil se
rendit à l'Elysée où il mit le président de la
République au courant de la situation, puis,
à cinq heures, il présida un nouveau conseil
de cabinet.
La note officieuse communiquée aux jour-
naux indique que, dans ce conseil, les mi-
nistres ont délibéré sur les termes de la dé-
claration que le président du conseil présen-
tera aujourd'hui au Sénat.
Nous pouvons ajouter, d'après nos rensei-
gnements, que M. Casimir-Perier reste tou-
jours dans les mêmes sentiments vis-à-vis du
Sénat ; il lui reproche son ingratitude ; son
intention était même, nous assure-t-on, de
s'exprimer très nettement à cet égard au
cours du discours qu'il doit faire aujourd'hui.
Mais plusieurs ministres ayant émis la crainte
que si le Sénat était brutalisé il ne démor-
drait pas de la décision prise samedi, on a
résolu d'en référer au président de la Répu-
blique.
A l'issue du conseil, qui s'est prolongé jus-
qu'à sept heures, MM. Casimir-Perier et Ray.
nal se sont rendus auprès de M. Carnot qui a
naturellement fait appel au calme et à la mo-
dération.
Nous saurons aujourd'hui si les conseils du
président de la République ont prévalu ou
bien si M. Casimir-Perier persistera dans
l'attitude de raideur qu'il a prise vis-à-vis de
la haute assemblée.
LA DISCUSSION
Dès l'ouverture de la séance et suivant les
termes mêmes de la convocation, le prési-
dent du conseil montera à la tribune pour
faire la communication annoncée.
En admettant, — ce qui parait probable —
que le Sénat consente à discuter, le débat
prendra une certaine ampleur. La question
du ministère des colonies, qui s'est posée plu-
sieurs .fois depuis quelque temps, a toujours
soulevé des discussions assez'vives.
C'est ainsi qu'il faut préyoir, l'intervention
de M. Isaac, sénateur de la Guadeloupe, qui
est opposé à ce que le sous-secrétariat d Etat
soit érigé en ministère spécial.
Peut-être convient-il de rappeler que lors
du passage de' M. Dalcassé aux colonies, le
principe d'un ministère fut admis par le Sé-
riât, mais sous la condition expresse que le
gouvernement présenterait un projet mure-
ment étudié et portant organisation défini-
tive dt tous les services coloniaux.
: Ce n'est assurément pas le cas du projet
actuel, puisqu'il ne comporte que l'ouverture
d'un crédit provisoire de 150,000 francs. La
question qui va se poser est donc celle de sa-
voir si-le Sénat consentira à, accepter le prin-
cipe d'un ministère nouveau sans que les
conditions d'organisation en aient été débat-
tues.
Une des questions principales qui se ratta-
chent à cette création est d'une très grosse
importance : les pays de protectorat ac-
tuellement administrés par le ministère des
'affaires étrangères seront-ils rattachés-au nou-
veau ministère ? Sur cette question les avis-
sont très partagés et déjà des débats très
longs n'ont pas réussi à la trancher dans un
sens ou dans l'autre.
Maintenant il resta à savoir si le Sénat
sera en nombre pour délibérer l si le quorum
n'était pas atteint, on se demande quelle se-
rait la situation faite aufcabinet.
Enfin, pour signaler toutes les opinions
émises sur la convocation extraordinaire du
Sénat, constatons que M. Berthelot déclare
que cette convocation n'est constitutionnelle
qu'à la condition que les deux Chambres
soient convoquées.
Si après tout cela là décision que prendra
le Sénat allait être nulle ?
HAMON CONTRE ROTHSCHILD
L'appel de cette cause désormais célèbre
fera encore retentir pendant un certain temps,
on peut s'y attendre, les échos du Palais.
Comme nous l'avions prévu, M. Hamon
interjette appel du jugement de la première
chambre du tribunal de première instance
mettant M. de Rothschild hors de cause
et nommant trois experts pour appré-
cier le dommage causé audit M. Ha-
.mon, sinon par M. de Rothschild person-
nellement, au moins par la « Société pour
la transmission de la force par l'électri-
cité » dont il est le président et dont il a été
le fondateur, en compagnie du baron Jacques
de Reinach et du docteur Cornélius Herz
Me Millerand prêtera devant la cour l'ap-
pui de son éloquente parole à M. Hamon.
L'ABATTOIR DE LA RIVE GAUCHE
———
Un quartier perdu. — Comme à Chicago
Après de longs retards, de longs atermoie-
ments, les travaux du grand abattoir de tac
rive gauche viennent enfin de commencer, et
l'on peut espérer que dans trois ans, au mi-
lieu de ce quartier perdu s'élèvera le monu-
ment nouveau où l'on sacrifiera au dieu Gas-
ter d'innocentes brebis, des porcs soyeux, de
gémissantes génisses.
11 y a là tout un quartier de pauvres gens
ayant sur ruelle baraques et jardinets qui se
plaignent amèrement du jury d'expropriation
qui n'a pas été prodigue envers eux et qu'ils
disent large aux grands, parcimonieux aux
petits. Sauf à deux gros bonnets du quartier,
l'indemnité accordée par le jury a été infé-
rieure aux offres delà Ville. Cette chose anor-
male a provoqué de nombreuses pétitions qui,
un de ces jours, auront leur écho au conseil
municipal.
L'emplacement du nouvel abattoir est un
parallélogramme de 9,000 mètres carrés cir-
conscrit par les rues des Morillons, de Dant-
zig, de Brancion et Latérale ; les deux tiers de
cette superficie consistent en terrains vagues
où broutent des chèvres malingres et des fil-
lettes en guenille cherchent des pissenlits.
C'était là un quartier déshérité et perdu, où
l'on ne pouvait parvenir qu'à grand'peine et
qui était éloigné de toute grande voie de com-
munication. La construction du nouvel abat-
toir va apporter dans cette Thébâïde une vie
nouvelle, un courant de commerce et d'indus-
trie qui vont la transformer et la régénérer.
L'ouverture de grandes voies, la rue de
Vouillé, les prolongements des rues Dutot et
d'Alleray, lia mettront en communication
avec le boulevard de Vaugirard et le centre
de Paris.
Les premiers logés seront MM. les porcs, à
qui on édifie en bordure de la rue de Dant
zig un pavillon des plus coquets où, en un-
clin d'œil, comme à Chicago, ils seront éven-
trés, saignés, grillés, dépecés, emboudinés.
Le grand abattoir des moutons et des bœufs
sera en bordure de la rue des Morillons.
L'architecte, M. Moreau, a tenu compte
dans son plan des inconvénients qui avaient
été reconnus à la Villette,
[ LE THEATRE MONSIGNY
A la suite des plaintes des journaux et de
sommations réitérées de la ville de Paris, M.
Sirdey, concessionnaire du pavillon Monsi-
gny, aux Champs-Elysées, vient enfin de faire
commencer les travaux de construction de
son théâtre, qui sera fini, espérons-le, dans
un an.
On ne verra plus se dresser au milieu des
massifs cette lamentable ruine ceinturée
d'une palissade; et ce théâtre qui, s'il est bien
dirigé, retrouvera le succès de son prédéces-
seur que dirigeait le joyeux couple Mont-
rouge, ramènera dans cette partie un peu
abandonnée des Champs-Elysées l'animation
d'antan.
1
) RENTRÉE DE LEOPOLD
Bruxelles, 18 mars.
Le roi rentrera à Bruxelles probablement
demain pour te concerter avec ses ministres.
Le Journal de Bruxelles, organe officieux,
dit que la séance de *la Chambre pourrait
bien commencer par une importante déclara-
tion du gouvernement.
UIndépendance belge rapporte à propos
de la crise ministérielle, un incident qui
prouve que l'on a été fort mal renseigné sur
le voyage du roi.
Le premier télégramme envoyé par les mi-
nistres au sujet de la crise n'est pas parvenu
à destination, car le roi avait quitté Mon-
treux et se trouvait à ce moment-là à Aix
les-Bains en Savoie.
Voici un bruit qui rencontre beaucoup de
créance et qui est rapporté par le Patriote :
La démission collective du cabinet sera re-
mise au roi demain.
Si aucune influence ne peut faire revenir
M. Beernaert sur sa décision, M. Lejeune,
ministre de la justice, et M. Beernaert, pré-
sident du cabinet, quitteraient le ministère.
M. de Burlet, ministre de l'intérieur, seront
chargé de fomàn: un cabinet. -
CHRONIQUE
LA CROIX ROUGE
Je ne crois pas me tromper en disant
qu'il est peu de sociétés qui jouissent en
France d'un plus haut prestige et d'une
pins universelle renommée que la « So-
ciété de secours aux blessés militaires
des armées de terre et de mer », généra-
lement dénommée « Société de la Croix-
Rouge ».
L'œuvre qu'elle poursuit est de celles
qui ne peuvent rencontrer que sympathies
et encouragements. Les hommes qui sont
à sa tête sont tous des personnages consi-
dérables. Ce sont, avec le ministre de la
guerre et le ministre de la marine à titre
honoraire, le duc d'Aumale, le vice-ami-
ral Duperré, le marquis de Vogue, le gé-
néral de Boissonnet, lebaron Alphonse do
Rothschild, et cinquante autres non moins
importants. Elle est, en plus, réglementée
par décret, ce qui est un privilège assez
rare et ce qui en fait presque une institu-
tion d'Etat.
Il est donc tout à fait naturel qu'elle ait
gagné la confiance de la foule et qu'elle se
soit acquis une popularité aussi indiscu-
table qu'indiscutee.
Le pays sait qu'elle n'a pas seulement
'pour but de secourir les malheureux sol-
dats qu'on envoie dans nos colonies, au
Soudan ou au Dahomey, et de faire dire
- des messes pour le repos de l'âme des vic-
times de 1870 ou du Tonkin. Il sait qu'elle
doit encore, en cas de guerre, procurer
aux blessés une partie des soins dont ils
auront besoin, organiser, sous le com-
mandement militaire, des hôpitaux tem-
poraires, des trains d'évacuation, des in-
firmeries de gare, mille choses enfin que
le service de santé de l'armée ne suffi-
rait jamais à accomplir à lui seul et qui
sont pourtant de toute première néces-
sité
Il se fie même pour beaucoup, sur ce
point, à sa prévoyance et à sa diligence,
persuadé, comme elle l'a déclare elle-
même à plusieurs reprises dans son bulle-
tin, que tout était prêt, que partout en
province fonctionnaient des comités dé-
partementaux, qu'elle disposait du per-
sonnel et du matériel nécessaires, qu'elle
i- n'avait plus, en un mot, qu'à attendre
4l'ordre de mobilisation pour partir en
mnpne.
Or, ce n'est pas sans surprise et sans
tristesse que je viens d'être amené, par
le plus grand des hasards, à constater que
tout ceci équivalait à peu près aux pro-
messes du maréchal Lebœuf nous assu-
rant, à la veille de 1870, qu'il ne man-
quait pas un bouton de guètre à un seul
de nos soldats.
Un de mes amis et compatriotes, M.
A., notaire à Barcelonnette - je cite
l'endroit pour bien préciser - se dit
un jour que, malgré ses cheveux grison-
nants, il pourrait bien rendre encore
quelques services en cas de guerre, comme
brancardier volontaire, surtout dans un
pays de montagnes comme le nôtre où il
faudra souvent quatre hommes et toute
une journée pour relever un blessé. Il se
fit, en conséquence, recevoir de la Société
de la Croix:ltouge. Mais quelle ne fut pas
sa stupéfaction, lorsqu'en ouvrant le vo-
lume qui contenait la liste de tous les
membres du comité des Basses-Alpes, il
s'aperçut que la plupart d'entre eux
étaient morts depuis plusieurs années.
Il fit immédiatement une petite enquête
dont le résultat ne laissa pas que d'être
assez intéressant et qui mérite d'être si-
gnalé au moins en partie.
Le président du comité, qui est en cette
qualité le délégué de l'œuvre auprès du
commandant de corps d'armée, M. le doc-
teur Fruchier, de Digne, ne lui a-t-il pas
déclaré, en effet, qu'il y avait bien 15 ou
18 ans qu il n'avait plus entendu parler
de la Société que celle-ci lui avait, à la
vérité, envoyé un beau matin une voiture
d'ambulances, mais que cela remontait
déjà à fort loin et qu'autant qu'il s'en sou-
venait, elle devait être remisée dans le
hangar de l'évèché ?
On peut juger par là de ce que vaut le
comité des Basses-Alpes que M. Maxime
du Camp signalait pourtant, si je ne me
trompe, comme un des plus remarquables
de la Société dans un petit opuscule para
il y a deux ou trois ans.
Et ceci n'est encore que fort peu de
chose à côté du reste. Exemples : le co-
mité désigne comme correspondant à Vo-
lonne M. Topin, qui a 83 ans ; à Saint-
André-Ies-Alpes, M. Gibert, qui est dé-
cédé en 1885; à Sènez, M. le comte Jules
du Chaffaud, qui habite Marseille depuis
1878; au Lauzet, M. Blanc, qui est mort
en 1875; au Mélezel, M. Fruchier, décédé
il y a dix ans ; à Moustiers, M. Clapin,
décédé il y a dix ans ; à la Javie, M. le
Dr Cantel, décédé en 1874.
Je passe sous silence toutes les person-
nes qui ont dit ne s'être jamais occupées
de l'œuvre et ignorer totalement quels ser-
vices on leur demanderait si une guerre
éclatait. Les quelques constatations
que je viens de signaler me paraissent
suffisamment significatives pour que je
n'aie pas à insister davantage.
Je les livre à la méditation du public,
qui est trop volontiers enclin à prendre
pour argent comptant toutes les pompeu-
ses déclarations qu'on lui débite.
Je les livre surtout à la méditation des
nobles personnages qui dirigent la Croix-
Rouge et qui s'imaginent sans doute
qu'ils ont bien rempli leurs fonctions par-
ce qu'ils ont donné à la Société l'éclat
de leurs noms.
Quand oa veut être à l'honneur, il faut
être aussi un peu à la peine.
Mais n'est-ce pas tout de même terrible
à penser que nous n'ayons pas mieux pro-
fité de la cruelle leçon que nous avons
reçue il y a vingt-trois ans ?
André Honnorat.
LES SIGNALEMENTS D'ANARCHISTES
Voici un fait qui prouve une fois de plus
combien il serait préférable, ainsi qu'on le
réclame depuis quinze à vingt ans, do placer
la gendarmerie sous l'autorité directe du
ministre de l'intérieur et non du ministre de
la guerre.
M. Raynal se plaint, en effet, à son collè-
gue, de la lenteur avec laquelle sont trans-
mis à toutes les brigades de gendarmerie les
signalements d'anarchistes fournis par l'au-
torité civile.
Ces retards, d'après l'opinion de la place
Beauvau, auraient déjà compromis l'effica-
cité de certaines mesures de surveillance et
d'arrestation, et ils sont imputés à la négli-
gence des officiers commandants d'arrondis-
sement, qui se bornent à communiquer suc-
cessivement les signalements au lieu de les
faire parvenir simultanément par la voie la
plus rapide.
Or, pour obtenir ce résultat, il faut un or-
dre du ministre de la guerre que celui-ci,
d'ailleurs, s'est empressé de notifier, mais un
peu tard, paraît-il, tandis que les instruc-
tions du ministre de l'intérieur lui-même eus-
sent été plus efficaces.
LE SUICIDE DE LA FIANCÉE
M. Pelatan, commissaire de police de
NeMui; ily, a été appelé hier à constater un sui-
cide qui doit cacher un mystère douloureux.
Un compositeur de musique de talent, Mlle
Alice Pinard, demeurant rue du Marché de-
vait se marier avec un personnage occupant
une très haute situation politique. Avant-
hier le fiancé vint dans la journée rendre vi-
site à sa future et se retira au bout d'une
heure environ.
Que s'est-il passé entre eux ? Nul ne le sait.
Quoi qu'il en soit, le propriétaire de l'im-
meuble, qui habite Paris, recevait hier ma-
tin une lettre de sa locataire annonçant qu'elle
serait morte lorsque cette missive lui par-
viendrait.
Il accourut en toute hâte. rue du Marché
et fit prévenir M. Peletan qui requit un ser-
rurier
Un triste spectacle s'offrit à la vue des as-
si. stants. Mlle Pinard était dans sachambro ù
coucher, étendue sans vie sur son lit en toi-
lette de mariée : robe blanche à fleurs d'oran-
ger. Elle s était asphyxiée en allumant deux
réchauds de charbon de bois.
M. Pelatan a trouvé sur un guéridon une
lettre qui lui était adressée, demandant, si par
malheur elle n'était pas morte, qu'on ne lui
pçpdiguât aucun soin et qu'on la laisse mou-
,rir, sinon; ajoutait-elle, elle recommencerait
Ce dramatique événement a péniblement
impressionné toute la population de Neuilly.
L'ENTRETIEN DU PAVÉ DE PARIS
L'Etat contribue, comme on sait, à la dé.
pense d'entretien du pavé de Paris, par ce
motif qu'il doit payer les frais de pavage des
voies servant de prolongement aux routes
nationales. Pendant de longues années, l'Etat
et la Ville supportaient ces dépenses de
compte à demi ; peu à peu cette situation a
cesse et la contribution de l'Etat est descendue
à 3 millions par an, alors que la dépense to.
taie est d'environ 12 millions.
Le conseil municipal ne cesse de protester
contre cette situation et sa commission des
revendications financières a fait de nombreu-
ses démarches.. La Ville réclame le payement
par l'Etat d'une somme de 5,450,000 francs.
En attendant le règlement de ce litige, un ac-
cord provisoire est sur le point d'être conclu :
un supplément de cinq cent mille francs se-
rait provisoirement accordé par le ministère
des travaux publics. Le conseil municipal,
saisi d'un rapport spécial de M. Caron, doit
inviter aujourd'hui le préfet de la Seine à de-
mander d'urgence au ministre des travaux
publics l'inscription au budget de 1895 de la
somme de 3,500,000 fr. pour contribution de
l'Etat dans les dépenses d'entretien du pavé
de Paris.
MANIFESTATIONS A LONDRES
Londres, 18 mars
Une manifestation a été faite par diverses
organisations ouvrières à Hyde-park, cette
après-midi, contre la Chambre des lords ; elle
s'est terminée en bon ordre.
Plusieurs. associations ouvrières se sont
réunies k. Victoria-embankment et ont tra-
versé processionnellement le parc. Plusieurs
membres du Parlement étaient présents.
M. Burns, l'orateur principal,a relevé la né-
cessité de réintroduire le projet du bill fixant
la responsabilité des patrons envers les ou-
vriers et tendant à abolir la Chambre des
lords.
L'orateur a fait allusion aux conflits des
deux Chambres en France et aux Etats-
Unis.
Une résolution a été adoptée condamnant
la Chambre des lords pour avoir repoussé
la décision de la majorité des Communes
sur le projet relatif à la responsabilité des
patrons et demandant la réintroduction du
ill tendant à l'abolition de la Chambre des
lords.
fLES ÉPIDÉMIES ET LES ASILES DE NUIT
Le comité permanent des épidémies du
département de la Seine, à la suite d'une en-
quête sur les dangers, en tant que foyers d'in-
fection, que peuvent présenter les dépôts de
mendicité et les asiles temporaires où sont
recueillis les vagabonds, mendiants, etc., etc.,
vient d'adresser au préfet de police un rapport
dont les conclusions sont les suivantes :
Demander le concours de la préfecture de
la Seine pour la désinfection du linge et des
vêtements.
Nettoyage de tous les hospitalisas, à leur
entrée, au savon noir accompagne d'un bain-
douche.
Egalement, surveillance plus rigoureuse de
tous les garnis; et, au point de vue de cette
surveillance, assimilation aux garnis, de tous
les débits où s'accumulent la nuit, faute de
domicile, les vagabonds et les malheureux.
TOAST A GUILLAUME
Berlin, 18 mars.
Au diner qui a eu lieu hier soir chez le co:nt.
Chouvalof, ambassadeur de Russie, ce diplomate
a porté un toast à l'empereur d'Allemagne, qui a
répondu en buvant à la santé de l'empereur Alexan-
dre.
L'empereur d'Allemagne est resté jusqu'à onzt
heures à l'ambassade de Russie.
LA REVOLUTION BRESILIENNE
Rio-de-Janeiro, 18 mars,
La censure gouvernementale empêche de télégra-
phier aucun renseignement sur les événements.
L'escadre de l'amiral Peixoto est restée dans 1&
baie de Rio-de-Janeiro.
- La révolution tient toujours dans le sud. Les
insurgés fortifient leurs positions sur la frontière
de l'Etat de San-Paulo.
Dans la province de Pernambuco les élections
législatives- ont été favorables aux candidats auto-
nomistes. Les gouvernementaux ont complètement
échoué, mais 1M chefa, autonomistes sont totijoux*
en prison
LE XIX1 SIECLE
..r -
6 £ OAGT!OH ET IOHINISTBATIOII I-
142, Rue Montmartre
PARIS
9IRECTEUII POLITIQUf
A.-EDotrARD PORTALIS
A-ri rwtft (éié{TftpbiQ^ : XIX" SIÈCLIT - PAM
Télopboao : 30.289 Mi.
Annonce#
Cha MIl. LAGRANGB; CBRP •% oas
6, place é* la Bouru. 0
ABONNEMENTS
fart» fnb Iw, 6 Sô Sm, 121.; b ia, m
Départements — 7 {.; - 12 f.; - 24t
Union Postale — 9 M - 16 L; - 3ït
(m Abonnements sont reçus sans frsis dant
tous las Bureaux de Poste.
?RH £ E EXCEPTIONNELLE
Bicyclette x/xe SIÈCLE
DERNIER MODÈLE
Voir à la troisième page
La France .prend possession de son do-
maine africain. Au sud, elle vient d'occu-
par Tombouctou. Au nord, elle pousse ses
postes vers le Tidikelt et le Gourara, vers
Insalah et Timmimonn. Les possessions
françaises iront bientôt de la Méditerra-
née au Niger.
Mais quelle est la valeur de cette con-
quête et qu'eti ferons-nous ?
Ge domaine se compose de trois mor-
ceaux : au nord, la cÓte,tle Sahel — sahêl
veut.dil'e-{acil-e; — au sud et à l'ouest,
le Soudan — le pays des noirs ; au mi-
lieu, le Sahara.
C'est du Sahara que nous sommes en
train de prendre possession.
« Le coq gaulois aime à gratter le sa-
ble, a dit un jour insolemment lordSa-
lirbury; nous lui en avons donné, »
C'est en effet u ne mer de sable que le
Sahara ; le « vaste desséche », telle est la
lignification du mot.
Les Arabes l'appellent de trois noms:
bled el aleuch, le pays de la soif; bled el
djoua, le pays de la faim ; bled el hliouf,
le pays de l'épouvante. - - -
Une immense mer dessechee, une mer
de sable, avec des vagues de cent mètres
de haut que le vent déplace, semée de
quelques îles qui sont des montagnes ou
des plateaux de pierre nue au pied des-
quels, dans quelques ravins, dans quel-
ques bas-fonds, subsiste un reste d'humi-
dité, voilà le pays.
Ce pays a vécu ; maintenant il est mort
ou achève de mourir. Il avait des fleuves
qui étaient sa vie et qui sont taris. Avec
1 eau, la vie a disparu.
L'oued Myia, le fleuve aux cents riviè-
res, l'oued Igharghar, le fleuve aux grands
replis, dont le lit d'une berge à l'autre
a jusqu'à trois kilomètres,n'ont plus d'eau
que souterraine. Tous les trois où quatre
ans, une pluie d'orage —ce pays n'en
connaît pas d'autre — mouille un peu le
sable, met quelques flaques bientôt sè-
ches dans les rhedirs, alimente les nap-
pes souterraines."
C'est le désert.. nu, brûlant, où rien ne
vit,
Dans les lits des fleuves desséchés, dans
les dépressions où les nappes souterraines
affleurent ou se rapprochent de la surface,
un reste de population s'est conservé. Cela
fait des oasis, médiocrement enchante-
resses, d'ailleurs : là dépression du Gou-
rara, la traînée des petites oasis du Touat
et do l'Aoulof, le long do l'ouetl Messuud,
le bas-fond du Tidikelt, à Insalah. Quel-
ques palmiers, quelques troupeaux, un
soupçon de culture et c'est tout. C'est la
datte et le chameau qui font vivre le pays
qui, d'ailleurs ne saurait se suffire à lui-
même et qui tire du dehors la moitié de
ses rensources-
L'industrie de ce pays, sa seule indus-
trie, c'est l'esclavage. Les oasis du nord ne
sont guère que des routes et des marchés
à esclaves.
Cette industrie s'exerce de deux façons :
commercialement, par les marchands des
caravanes ; militairement, ou pour mieux
dire à main armée, par les pillards toua
reg.
Mais d'une façon comme de l'autre, c'est
toujours le Soudan qui fournit les mar-
chandises.
Au sud, Ogadée et Tombouctou con-
centraient ce commerce. Les caravanes y
venaient acheter le bétail humain avec
des marchandises du nord : du sel, de la
poudre, des étoffes, de la bimbeloterie.
- Au nord-est, Rhât et Rhadamès, au
nord-ouest Agâbli — El Gâbli des Ara-
bes — et Insalah, servaient d'entrepôt ;
c'étaient les points de départ où se for-
maient les caravanes, le point d'arrivée
où elles se disloquaient, les unes se diri-
geant vers le Maroc, les autres vers la Tu-
nisie ou la Tripolitaine.
Au sud et à l'est, les Touareg, les no-
mades pillards et guerriers, vivant de ra-
pine et d'esclavage, poussant leurs incur-
sions dans le Soudan pour voler des hom-
mes, dévalisant les caravanes au passage,
toujours affamés, ne possédant que de
misérables instruments de culture, faite
par des esclaves, levant l'impôt sur les sé-
dentaires des oasis.
Les routes des oasis au Soudan sont
toutes longues, dangereases, désertes ou
mal fréquentées. C>
De Ouargla sur Aghadès, par El Biodh
et Amguid, soixante jours de marche dans
les ahassi, — couloirs entre deux chaines
de dunes. Au moins trois intervalles de
neuf jours sans une goutte d'eau ; encore
l'eau d'El Biodh est-elle exécrable et
cruellement purgative.
D'ailleurs, la route de l'ouest, celle d'In-
salah sur Tombouctou, demande cin-
quante-deux jours à travers les dunes et
les plateaux du Tanesrouft; elle a aussi
quatre périodes de huit à neuf jours sans
eau. C'est bien le pays de la soif.
Sur la route, tous les dangers s'accumu-
lent : la soif, la faim, la tempête de sable,
le soleil déviant, l'attaque nocturne des
pillards. Le danger est partout et vient de
partout, à toute heure. C'est bien le pays
de l'épouvante.
Et, des deux côtés, la route traverse ou
côtoie le pays des Touareg. Ce pays
heureusement est vaste et la population y
est rare. Au nord, les Azdjer et les Ahag-
gar; au sud-est, les Taïtok, tous peu
nombreux et affamés. La maigre ration
d'un troupier français suffirait abondam-
ment à une douzaine de Touareg. On ne
mange pas tous les jours chez ce peuple.
Il a l'estomac fait aux longues abstinen-
ces comme aux gros repas. Flattera a va
des Touareg manger quatre livres -, dé
viande sans en ètrf
Viande sans en être incommodes. Et ceux
qu'on a vas à Paris en 1889 avaient été pris
au cours d'une incursion,de maraude dans
laquelle ils avaient fait 300 kilomètrealn
quatre jours, restant deux jours sans
boire ni manger. C'est bien le pays de la
faim.
Esclavage et rapine, c'est de quoi vivent
les Touareg.
Ils lèvent sur les caravanes le droit de
gliefaro - (rhéfàro, pardon). Sur les sé-
dentaires, ils lèvent l'impôt du « tsmer »
l'impôt du fruit, de la datte. Toute cara-
vane qui n'a pas payé le ghefaro, si elle
est atteinte, est pillée. Le Touareg prend
les nègres dont il a besoin. Il en fait des'
èsclaves, des mirhad, — des serfs — et
vend le reste à Rhât, à Rhadamès, à In-
salah, contre des dattes, des vivres, des
armes. Pas d'autre richesse que les es-
claves.
Au sud-est cependant dans les environs
nord du Niger, le pays des Aouclinimiden
vaut un peu mieux. Il y pleut quelquefois.
On y trouve de l'herbe. Les Berabich
aussi, un peu plus au nord, ont des trou-
peaux ; ils font un petit commerce avec
Tombouctou.
Voilà notre domaine. Avons-nous rai-
son de le prendre ?
En fait, nous ne sommes pas libres, et
,ne pouvons guère faire autrement.
Le Touat, le Tidikelt, les oasis du nord-
ouest sont nécessaires à la sûreté de l'Al-
gérie. C'est le point de départ et de refuge
de toutes les révoltes et de toutes les in-
cursions. C'est une zone ennemie qui
cerne au sud nos possessions et qui, livrée
au fanatisme musulman, envahie par les
Senoussi — les jésuites de l'Islam — est
une menace constante.
Nous sommes forcés de les occuper.
Et l'occupation peut être profitable.
Entre nos mains, ce pays peut vivre et
devenir prospère. Il est peuplé. Quelques
travaux peuvent suffire à faire remonter
les sources souterraines. Le Mzab et le
pays des Chaamba font un commence-
ment de commerce avec l'Aoulef et le
Touat. Ce n'est pas le Pérou; mais, enfin,
cela peut produire.
Au centre, nous ne ferons et personne
ne fera jamais rien qu'une route. Imagi-
nez la Hollande, la Belgique, la France,
l'Espagne et le Portugal ayant une popu-
lation totale de 50,000 âmes, population
errante et qui meurt de faim, population
de brigands en détresse.
Encore faut-il dire que lorsque nous
tiendrons Tombouctou, la famine aug-
mentera.
Nous ne pouvons en effet que suppri-
mer le trafic des esclaves. A Tombouctou,
nous fermons le marché d'achat. A Insa-
lah, nous fermons la route et le marché
de vente. Du coup, les Touareg taïtok
sont ruinés et aussi les trafiquants d'Insa-
lah.
C'est du reste la cause principale de
leur animosité contre la France. La famille
des Badjouda, la plus puissante du Sahara,
nous fait la guerre parce que nous mena-
çons de tuer son commerce. A Insalah,
le vieil Abd-el-Kader ben Badjollda, le
patriarche de la famille, commande les
marchés de vente. A Tombouctou, son fils
Ali Mohammed ben Badjouda comman-
dait le marché d'achat. Coupée aux deux
bouts, cette industrie est morte.
Reste le trafic entre Aghadès et Rhât.
Nous le menaçons en nous portant sur
El Biodh, Amguid, Tebalbolet. Nous
allons lui couper la route. Si nous parve-
nons à détruire l'esclave , comment vi-
vront les Touareg?
C'est la çause principale de leur hostilité
contre nous. C'est aussi, par contre, notre
moyen d'action contre eux: nous pouvons
les faire mourir de faim.
Mais c'est à la condition que nous occu-
perons Rhât et Rhadamès. Sinon, par la
Tripolitaine, le commerce des esclaves
continuera, venant d'Aghadès.
Rhât et Rhadamès appartiennent à la
Turquie, au moins nominalement. C'est
un marché à conclure avec la Porte qui
volontiers nous les cédera si nous lui ga-
rantissons la libre possession de Tripoli.
Alors les Touareg seront à notre discré-
tion.
Pouvons-nous leur fournir d'autres res-
sources?
Oui, sans doute. Au lieu de se faire bri-
gands et pillards de route, ils peuvent de-
venir agents de transports et convoyeurs.
Le Soudan a des produits. Si les rou-
tes sont sùres et les transports pas trop
chers, il y aura facilement des caravanes.
Les Touareg, s'ils le veulent, peuvent être
des transporteurs à bon marché. Et il fau-
dra bien qu'ils s'y résolvent sous peine de
mourir de faim.
Seulement, comme ce n'est pas à coups
de fusil qu'on crée le commerce, il faudra
que notre conquête soit poursuivie par
d'autres procédés que la fusillade et gou-
vernée par des marchands, non point par
des soldats.
Sans quoi notre domaine africain ne
nous rapportera jamais que des dépenses
et des désastres.
Thomas Grain dorge.
.ama .,.,.
ELECTIONS LEGISLATIVES
SOMME
Circonscription de Doullens
MM. Saint, rép 7.069 ELU
Blin de Bourdon, cons. 5.161
[Il s'agissait de remplacer M. Duscvel, répu-
blicain, décédé, qui avait été élu le 3 septembre par
6.774 voix contre 6.447 à M. Blin de Bourdon,
réactionnaire sortant.]
TARN
Première circonscription de Castres
MM. André Reille, réact 9.48,2 ELU
Vieu, rad. 3.233
Caraguel, sociaL. 2.989
Noirterre, rép. 501
[Il s'agissait de remplacer M. Abrial, réaction-
naire, décédé, qui avait été élu au scrutin de ballot-
tage du 3 septembre par 8,727 voix contre 7,289.]
PAUWELS EN ESPAGNE
Madrid, 18 mar3.
Pendant son séjour en Espagno, Pauwels, habi-
tait un village près de Barcelone. Il recevait sa
correspondance au club anarchiste, 51, rue Sain-
Olegario.
Il quitta Barclono après la catastrophe du théâ-
treduLtMa. ': .-
CONFLIT
M. CASIMIR-PERIER ET LE SÉNAT
Bruits de démission du cabinet. — Le
ministère des colonies. — Tout
s'arrangera probablement
La question du ministère des colonies, que
le Sénat a refusé de discuter dans sa.séance;
de nuit de samedi,a provoqué un mouvement,
de mauvaise humeur de la part de M. Gasimir-
Perier qui a quittêie Luxembourg en annon-
çant qu'il ne pouvait pas gôuvenrèr dans ces
conditions et-qu'il allait se retirer.
Malgré l'heure avancée, — il était minuit,
- les groupes républicains se sont réunis
pour examiner la situation, qu'ils ont consi-
dérée tout de suite comme trèsgrave. Il n'est
pas, en effet, dans l'habitude du Sénat de
renverser des ministères,et depuis-la cnutede
M. Tirard, mis en minorité sur là question-
des raisins secs et démissionnaire à la suite ;
de ee vote, l'assemblée du Luxembourg n'a
pas porté atteinte à la stabilité ministérielle.
L'emoi était donc grand parmi les séna-
teurs, qui ont délégué leurs présidents de
groupes pour se rendre sur l'heure auprès du
président du conseil.
M. Casimir-Perier a reçu aussitôt les en-
voyés du Sénat, qui étaient MM. Cordelet,
président de la gauche républicaine, de Ver-
ninac, président de l'union démocratique,
Aleide Dusolier, président de l'union répu-
blicaine, et Labiche, président de la commis-
sion des colonies.
Ces messieurs ont exposé au président du
conseil qu'il s'était mépris sur les intentions
réelles du Sénat, que le refus de discuter op-
posé par la commission des finances n'était
empreint d'aucun caractère de défiance et que
dans ces conditions ils ne pouvaient qu'en-
gager le.cabinet à conserver le pouvoir, sûrs
qu'ils étaient que le Sénat voterait à la ren-
trée le projet du ministère des colonies.
PETITE CONFÉRENCE
M. Casimir-Perier fut, assure-t-on, très
touché de ces témoignages sénatoriaux, mais
iil n'en persista pas moins à considérer que
son autorité gouvernementale se trouverait
diminuée s'il acceptait de renvoyer à la ren-
trée du Parlement la solution du ministère
des colonies. Il motiva très longuement sa
résolution en faisant remarquer qu'il n'était
point animé par une vaine susceptibilité d'a-
mour-propre, mais bien par le sentiment très
exact de la responsabilité qu'il assumait en
dirigeant les affaires.
Il ajouta que le vote du Sénat était indis-
pensable pour mettre fin à une situation qui
ne pouvait pas se prolonger. En effet, M. Le-
bou, démissionnaire depuis jeudi, ne voulait
pas se charger plus longtemps de diriger
l'administration des colonies et il fallait, de
plus, ne pas songer à lui trouver un succes-
seur pourcinq semaines; dans ces conditions,
c'était le ministère des colonies qu'on devait
créer et en terminant il laissa entendre qu'il
n'accepterait pas d'autre solution.
Nous pouvons encore ajouter qu'au cours
de la conversation M. Casimir-Perier fit une
allusion très discrète à l'attitude du Sénat à
son endroit. Cette attitude lui aurait paru
d'autant plus inexplicable qu'au cours des
débats sur la revision le président du conseil
prit nettement la défense da l'assemblée du
Luxembourg.
A minuit et demi rien n'était décidé et les
délégués du Sénat quittèrent le ministère du
quai d'Orsay sans avoir pu faire revenir
M. Casimir-Perier à de meilleurs sentiments.
Ce dernier menait, du reste, les choses
tambour battant et il réunissait un peu
avant une heure ses collègues du cabinet.
Jusqu'à deux heures du matin on descuta
et on épilogua sur la situation. Qu'allait-on
faire ?
L'opinion de M. Casimir-Perier restait tou-
jours la même : il voulait démissionner. On
comprend que cette alternative ne fut pas
très goûtée par quelques-uns des ministres.
On chercha un joint. On le trouva sous forme
d'une convocation extraordinaire du Sénat.
Le conseil fut unanime à accepter cette
procédure, et immédiatement M. Casimir-
Perier rédigea une lettre qui fut portée sur-le-
champ chez M. Challemel-Lacour, président
du Sénat.
Cette convocation extraordinaire, si anor-
male qu'elle puisse paraître, était appuyée
sur un précédent datant de 1882.
CONVOCATION DU SÉNAT
M. Challemel-Lacour, après avoir pris con-
naissance de la lettre de M. Casimir-Perier,
vint dans la matinée d'hier lui rendre visite.
Il lui annonça que, suivant son désir, le Sénat
venait d'être convoqué télégraphiquement
pour aujourd'hui deux heures, et que l'ordre
du jour serait ainsi conçu : « Communication
du gouvernement ».
Avant de se retirer, M. Challemel-Lacour
exprima au président du conseil la crainte
qu un certain nombre de ses collègues ne
fusssent pas touchés par la convocation, quel-
ques-uns ayant déjà quitté Paris samedi soir,
d'autres devant partir par les trains du ma-
tin.
RÉUNION DES MINISTRES
Dans la journée, le président du conseil se
rendit à l'Elysée où il mit le président de la
République au courant de la situation, puis,
à cinq heures, il présida un nouveau conseil
de cabinet.
La note officieuse communiquée aux jour-
naux indique que, dans ce conseil, les mi-
nistres ont délibéré sur les termes de la dé-
claration que le président du conseil présen-
tera aujourd'hui au Sénat.
Nous pouvons ajouter, d'après nos rensei-
gnements, que M. Casimir-Perier reste tou-
jours dans les mêmes sentiments vis-à-vis du
Sénat ; il lui reproche son ingratitude ; son
intention était même, nous assure-t-on, de
s'exprimer très nettement à cet égard au
cours du discours qu'il doit faire aujourd'hui.
Mais plusieurs ministres ayant émis la crainte
que si le Sénat était brutalisé il ne démor-
drait pas de la décision prise samedi, on a
résolu d'en référer au président de la Répu-
blique.
A l'issue du conseil, qui s'est prolongé jus-
qu'à sept heures, MM. Casimir-Perier et Ray.
nal se sont rendus auprès de M. Carnot qui a
naturellement fait appel au calme et à la mo-
dération.
Nous saurons aujourd'hui si les conseils du
président de la République ont prévalu ou
bien si M. Casimir-Perier persistera dans
l'attitude de raideur qu'il a prise vis-à-vis de
la haute assemblée.
LA DISCUSSION
Dès l'ouverture de la séance et suivant les
termes mêmes de la convocation, le prési-
dent du conseil montera à la tribune pour
faire la communication annoncée.
En admettant, — ce qui parait probable —
que le Sénat consente à discuter, le débat
prendra une certaine ampleur. La question
du ministère des colonies, qui s'est posée plu-
sieurs .fois depuis quelque temps, a toujours
soulevé des discussions assez'vives.
C'est ainsi qu'il faut préyoir, l'intervention
de M. Isaac, sénateur de la Guadeloupe, qui
est opposé à ce que le sous-secrétariat d Etat
soit érigé en ministère spécial.
Peut-être convient-il de rappeler que lors
du passage de' M. Dalcassé aux colonies, le
principe d'un ministère fut admis par le Sé-
riât, mais sous la condition expresse que le
gouvernement présenterait un projet mure-
ment étudié et portant organisation défini-
tive dt tous les services coloniaux.
: Ce n'est assurément pas le cas du projet
actuel, puisqu'il ne comporte que l'ouverture
d'un crédit provisoire de 150,000 francs. La
question qui va se poser est donc celle de sa-
voir si-le Sénat consentira à, accepter le prin-
cipe d'un ministère nouveau sans que les
conditions d'organisation en aient été débat-
tues.
Une des questions principales qui se ratta-
chent à cette création est d'une très grosse
importance : les pays de protectorat ac-
tuellement administrés par le ministère des
'affaires étrangères seront-ils rattachés-au nou-
veau ministère ? Sur cette question les avis-
sont très partagés et déjà des débats très
longs n'ont pas réussi à la trancher dans un
sens ou dans l'autre.
Maintenant il resta à savoir si le Sénat
sera en nombre pour délibérer l si le quorum
n'était pas atteint, on se demande quelle se-
rait la situation faite aufcabinet.
Enfin, pour signaler toutes les opinions
émises sur la convocation extraordinaire du
Sénat, constatons que M. Berthelot déclare
que cette convocation n'est constitutionnelle
qu'à la condition que les deux Chambres
soient convoquées.
Si après tout cela là décision que prendra
le Sénat allait être nulle ?
HAMON CONTRE ROTHSCHILD
L'appel de cette cause désormais célèbre
fera encore retentir pendant un certain temps,
on peut s'y attendre, les échos du Palais.
Comme nous l'avions prévu, M. Hamon
interjette appel du jugement de la première
chambre du tribunal de première instance
mettant M. de Rothschild hors de cause
et nommant trois experts pour appré-
cier le dommage causé audit M. Ha-
.mon, sinon par M. de Rothschild person-
nellement, au moins par la « Société pour
la transmission de la force par l'électri-
cité » dont il est le président et dont il a été
le fondateur, en compagnie du baron Jacques
de Reinach et du docteur Cornélius Herz
Me Millerand prêtera devant la cour l'ap-
pui de son éloquente parole à M. Hamon.
L'ABATTOIR DE LA RIVE GAUCHE
———
Un quartier perdu. — Comme à Chicago
Après de longs retards, de longs atermoie-
ments, les travaux du grand abattoir de tac
rive gauche viennent enfin de commencer, et
l'on peut espérer que dans trois ans, au mi-
lieu de ce quartier perdu s'élèvera le monu-
ment nouveau où l'on sacrifiera au dieu Gas-
ter d'innocentes brebis, des porcs soyeux, de
gémissantes génisses.
11 y a là tout un quartier de pauvres gens
ayant sur ruelle baraques et jardinets qui se
plaignent amèrement du jury d'expropriation
qui n'a pas été prodigue envers eux et qu'ils
disent large aux grands, parcimonieux aux
petits. Sauf à deux gros bonnets du quartier,
l'indemnité accordée par le jury a été infé-
rieure aux offres delà Ville. Cette chose anor-
male a provoqué de nombreuses pétitions qui,
un de ces jours, auront leur écho au conseil
municipal.
L'emplacement du nouvel abattoir est un
parallélogramme de 9,000 mètres carrés cir-
conscrit par les rues des Morillons, de Dant-
zig, de Brancion et Latérale ; les deux tiers de
cette superficie consistent en terrains vagues
où broutent des chèvres malingres et des fil-
lettes en guenille cherchent des pissenlits.
C'était là un quartier déshérité et perdu, où
l'on ne pouvait parvenir qu'à grand'peine et
qui était éloigné de toute grande voie de com-
munication. La construction du nouvel abat-
toir va apporter dans cette Thébâïde une vie
nouvelle, un courant de commerce et d'indus-
trie qui vont la transformer et la régénérer.
L'ouverture de grandes voies, la rue de
Vouillé, les prolongements des rues Dutot et
d'Alleray, lia mettront en communication
avec le boulevard de Vaugirard et le centre
de Paris.
Les premiers logés seront MM. les porcs, à
qui on édifie en bordure de la rue de Dant
zig un pavillon des plus coquets où, en un-
clin d'œil, comme à Chicago, ils seront éven-
trés, saignés, grillés, dépecés, emboudinés.
Le grand abattoir des moutons et des bœufs
sera en bordure de la rue des Morillons.
L'architecte, M. Moreau, a tenu compte
dans son plan des inconvénients qui avaient
été reconnus à la Villette,
[ LE THEATRE MONSIGNY
A la suite des plaintes des journaux et de
sommations réitérées de la ville de Paris, M.
Sirdey, concessionnaire du pavillon Monsi-
gny, aux Champs-Elysées, vient enfin de faire
commencer les travaux de construction de
son théâtre, qui sera fini, espérons-le, dans
un an.
On ne verra plus se dresser au milieu des
massifs cette lamentable ruine ceinturée
d'une palissade; et ce théâtre qui, s'il est bien
dirigé, retrouvera le succès de son prédéces-
seur que dirigeait le joyeux couple Mont-
rouge, ramènera dans cette partie un peu
abandonnée des Champs-Elysées l'animation
d'antan.
1
) RENTRÉE DE LEOPOLD
Bruxelles, 18 mars.
Le roi rentrera à Bruxelles probablement
demain pour te concerter avec ses ministres.
Le Journal de Bruxelles, organe officieux,
dit que la séance de *la Chambre pourrait
bien commencer par une importante déclara-
tion du gouvernement.
UIndépendance belge rapporte à propos
de la crise ministérielle, un incident qui
prouve que l'on a été fort mal renseigné sur
le voyage du roi.
Le premier télégramme envoyé par les mi-
nistres au sujet de la crise n'est pas parvenu
à destination, car le roi avait quitté Mon-
treux et se trouvait à ce moment-là à Aix
les-Bains en Savoie.
Voici un bruit qui rencontre beaucoup de
créance et qui est rapporté par le Patriote :
La démission collective du cabinet sera re-
mise au roi demain.
Si aucune influence ne peut faire revenir
M. Beernaert sur sa décision, M. Lejeune,
ministre de la justice, et M. Beernaert, pré-
sident du cabinet, quitteraient le ministère.
M. de Burlet, ministre de l'intérieur, seront
chargé de fomàn: un cabinet. -
CHRONIQUE
LA CROIX ROUGE
Je ne crois pas me tromper en disant
qu'il est peu de sociétés qui jouissent en
France d'un plus haut prestige et d'une
pins universelle renommée que la « So-
ciété de secours aux blessés militaires
des armées de terre et de mer », généra-
lement dénommée « Société de la Croix-
Rouge ».
L'œuvre qu'elle poursuit est de celles
qui ne peuvent rencontrer que sympathies
et encouragements. Les hommes qui sont
à sa tête sont tous des personnages consi-
dérables. Ce sont, avec le ministre de la
guerre et le ministre de la marine à titre
honoraire, le duc d'Aumale, le vice-ami-
ral Duperré, le marquis de Vogue, le gé-
néral de Boissonnet, lebaron Alphonse do
Rothschild, et cinquante autres non moins
importants. Elle est, en plus, réglementée
par décret, ce qui est un privilège assez
rare et ce qui en fait presque une institu-
tion d'Etat.
Il est donc tout à fait naturel qu'elle ait
gagné la confiance de la foule et qu'elle se
soit acquis une popularité aussi indiscu-
table qu'indiscutee.
Le pays sait qu'elle n'a pas seulement
'pour but de secourir les malheureux sol-
dats qu'on envoie dans nos colonies, au
Soudan ou au Dahomey, et de faire dire
- des messes pour le repos de l'âme des vic-
times de 1870 ou du Tonkin. Il sait qu'elle
doit encore, en cas de guerre, procurer
aux blessés une partie des soins dont ils
auront besoin, organiser, sous le com-
mandement militaire, des hôpitaux tem-
poraires, des trains d'évacuation, des in-
firmeries de gare, mille choses enfin que
le service de santé de l'armée ne suffi-
rait jamais à accomplir à lui seul et qui
sont pourtant de toute première néces-
sité
Il se fie même pour beaucoup, sur ce
point, à sa prévoyance et à sa diligence,
persuadé, comme elle l'a déclare elle-
même à plusieurs reprises dans son bulle-
tin, que tout était prêt, que partout en
province fonctionnaient des comités dé-
partementaux, qu'elle disposait du per-
sonnel et du matériel nécessaires, qu'elle
i- n'avait plus, en un mot, qu'à attendre
4l'ordre de mobilisation pour partir en
mnpne.
Or, ce n'est pas sans surprise et sans
tristesse que je viens d'être amené, par
le plus grand des hasards, à constater que
tout ceci équivalait à peu près aux pro-
messes du maréchal Lebœuf nous assu-
rant, à la veille de 1870, qu'il ne man-
quait pas un bouton de guètre à un seul
de nos soldats.
Un de mes amis et compatriotes, M.
A., notaire à Barcelonnette - je cite
l'endroit pour bien préciser - se dit
un jour que, malgré ses cheveux grison-
nants, il pourrait bien rendre encore
quelques services en cas de guerre, comme
brancardier volontaire, surtout dans un
pays de montagnes comme le nôtre où il
faudra souvent quatre hommes et toute
une journée pour relever un blessé. Il se
fit, en conséquence, recevoir de la Société
de la Croix:ltouge. Mais quelle ne fut pas
sa stupéfaction, lorsqu'en ouvrant le vo-
lume qui contenait la liste de tous les
membres du comité des Basses-Alpes, il
s'aperçut que la plupart d'entre eux
étaient morts depuis plusieurs années.
Il fit immédiatement une petite enquête
dont le résultat ne laissa pas que d'être
assez intéressant et qui mérite d'être si-
gnalé au moins en partie.
Le président du comité, qui est en cette
qualité le délégué de l'œuvre auprès du
commandant de corps d'armée, M. le doc-
teur Fruchier, de Digne, ne lui a-t-il pas
déclaré, en effet, qu'il y avait bien 15 ou
18 ans qu il n'avait plus entendu parler
de la Société que celle-ci lui avait, à la
vérité, envoyé un beau matin une voiture
d'ambulances, mais que cela remontait
déjà à fort loin et qu'autant qu'il s'en sou-
venait, elle devait être remisée dans le
hangar de l'évèché ?
On peut juger par là de ce que vaut le
comité des Basses-Alpes que M. Maxime
du Camp signalait pourtant, si je ne me
trompe, comme un des plus remarquables
de la Société dans un petit opuscule para
il y a deux ou trois ans.
Et ceci n'est encore que fort peu de
chose à côté du reste. Exemples : le co-
mité désigne comme correspondant à Vo-
lonne M. Topin, qui a 83 ans ; à Saint-
André-Ies-Alpes, M. Gibert, qui est dé-
cédé en 1885; à Sènez, M. le comte Jules
du Chaffaud, qui habite Marseille depuis
1878; au Lauzet, M. Blanc, qui est mort
en 1875; au Mélezel, M. Fruchier, décédé
il y a dix ans ; à Moustiers, M. Clapin,
décédé il y a dix ans ; à la Javie, M. le
Dr Cantel, décédé en 1874.
Je passe sous silence toutes les person-
nes qui ont dit ne s'être jamais occupées
de l'œuvre et ignorer totalement quels ser-
vices on leur demanderait si une guerre
éclatait. Les quelques constatations
que je viens de signaler me paraissent
suffisamment significatives pour que je
n'aie pas à insister davantage.
Je les livre à la méditation du public,
qui est trop volontiers enclin à prendre
pour argent comptant toutes les pompeu-
ses déclarations qu'on lui débite.
Je les livre surtout à la méditation des
nobles personnages qui dirigent la Croix-
Rouge et qui s'imaginent sans doute
qu'ils ont bien rempli leurs fonctions par-
ce qu'ils ont donné à la Société l'éclat
de leurs noms.
Quand oa veut être à l'honneur, il faut
être aussi un peu à la peine.
Mais n'est-ce pas tout de même terrible
à penser que nous n'ayons pas mieux pro-
fité de la cruelle leçon que nous avons
reçue il y a vingt-trois ans ?
André Honnorat.
LES SIGNALEMENTS D'ANARCHISTES
Voici un fait qui prouve une fois de plus
combien il serait préférable, ainsi qu'on le
réclame depuis quinze à vingt ans, do placer
la gendarmerie sous l'autorité directe du
ministre de l'intérieur et non du ministre de
la guerre.
M. Raynal se plaint, en effet, à son collè-
gue, de la lenteur avec laquelle sont trans-
mis à toutes les brigades de gendarmerie les
signalements d'anarchistes fournis par l'au-
torité civile.
Ces retards, d'après l'opinion de la place
Beauvau, auraient déjà compromis l'effica-
cité de certaines mesures de surveillance et
d'arrestation, et ils sont imputés à la négli-
gence des officiers commandants d'arrondis-
sement, qui se bornent à communiquer suc-
cessivement les signalements au lieu de les
faire parvenir simultanément par la voie la
plus rapide.
Or, pour obtenir ce résultat, il faut un or-
dre du ministre de la guerre que celui-ci,
d'ailleurs, s'est empressé de notifier, mais un
peu tard, paraît-il, tandis que les instruc-
tions du ministre de l'intérieur lui-même eus-
sent été plus efficaces.
LE SUICIDE DE LA FIANCÉE
M. Pelatan, commissaire de police de
NeMui; ily, a été appelé hier à constater un sui-
cide qui doit cacher un mystère douloureux.
Un compositeur de musique de talent, Mlle
Alice Pinard, demeurant rue du Marché de-
vait se marier avec un personnage occupant
une très haute situation politique. Avant-
hier le fiancé vint dans la journée rendre vi-
site à sa future et se retira au bout d'une
heure environ.
Que s'est-il passé entre eux ? Nul ne le sait.
Quoi qu'il en soit, le propriétaire de l'im-
meuble, qui habite Paris, recevait hier ma-
tin une lettre de sa locataire annonçant qu'elle
serait morte lorsque cette missive lui par-
viendrait.
Il accourut en toute hâte. rue du Marché
et fit prévenir M. Peletan qui requit un ser-
rurier
Un triste spectacle s'offrit à la vue des as-
si. stants. Mlle Pinard était dans sachambro ù
coucher, étendue sans vie sur son lit en toi-
lette de mariée : robe blanche à fleurs d'oran-
ger. Elle s était asphyxiée en allumant deux
réchauds de charbon de bois.
M. Pelatan a trouvé sur un guéridon une
lettre qui lui était adressée, demandant, si par
malheur elle n'était pas morte, qu'on ne lui
pçpdiguât aucun soin et qu'on la laisse mou-
,rir, sinon; ajoutait-elle, elle recommencerait
Ce dramatique événement a péniblement
impressionné toute la population de Neuilly.
L'ENTRETIEN DU PAVÉ DE PARIS
L'Etat contribue, comme on sait, à la dé.
pense d'entretien du pavé de Paris, par ce
motif qu'il doit payer les frais de pavage des
voies servant de prolongement aux routes
nationales. Pendant de longues années, l'Etat
et la Ville supportaient ces dépenses de
compte à demi ; peu à peu cette situation a
cesse et la contribution de l'Etat est descendue
à 3 millions par an, alors que la dépense to.
taie est d'environ 12 millions.
Le conseil municipal ne cesse de protester
contre cette situation et sa commission des
revendications financières a fait de nombreu-
ses démarches.. La Ville réclame le payement
par l'Etat d'une somme de 5,450,000 francs.
En attendant le règlement de ce litige, un ac-
cord provisoire est sur le point d'être conclu :
un supplément de cinq cent mille francs se-
rait provisoirement accordé par le ministère
des travaux publics. Le conseil municipal,
saisi d'un rapport spécial de M. Caron, doit
inviter aujourd'hui le préfet de la Seine à de-
mander d'urgence au ministre des travaux
publics l'inscription au budget de 1895 de la
somme de 3,500,000 fr. pour contribution de
l'Etat dans les dépenses d'entretien du pavé
de Paris.
MANIFESTATIONS A LONDRES
Londres, 18 mars
Une manifestation a été faite par diverses
organisations ouvrières à Hyde-park, cette
après-midi, contre la Chambre des lords ; elle
s'est terminée en bon ordre.
Plusieurs. associations ouvrières se sont
réunies k. Victoria-embankment et ont tra-
versé processionnellement le parc. Plusieurs
membres du Parlement étaient présents.
M. Burns, l'orateur principal,a relevé la né-
cessité de réintroduire le projet du bill fixant
la responsabilité des patrons envers les ou-
vriers et tendant à abolir la Chambre des
lords.
L'orateur a fait allusion aux conflits des
deux Chambres en France et aux Etats-
Unis.
Une résolution a été adoptée condamnant
la Chambre des lords pour avoir repoussé
la décision de la majorité des Communes
sur le projet relatif à la responsabilité des
patrons et demandant la réintroduction du
ill tendant à l'abolition de la Chambre des
lords.
fLES ÉPIDÉMIES ET LES ASILES DE NUIT
Le comité permanent des épidémies du
département de la Seine, à la suite d'une en-
quête sur les dangers, en tant que foyers d'in-
fection, que peuvent présenter les dépôts de
mendicité et les asiles temporaires où sont
recueillis les vagabonds, mendiants, etc., etc.,
vient d'adresser au préfet de police un rapport
dont les conclusions sont les suivantes :
Demander le concours de la préfecture de
la Seine pour la désinfection du linge et des
vêtements.
Nettoyage de tous les hospitalisas, à leur
entrée, au savon noir accompagne d'un bain-
douche.
Egalement, surveillance plus rigoureuse de
tous les garnis; et, au point de vue de cette
surveillance, assimilation aux garnis, de tous
les débits où s'accumulent la nuit, faute de
domicile, les vagabonds et les malheureux.
TOAST A GUILLAUME
Berlin, 18 mars.
Au diner qui a eu lieu hier soir chez le co:nt.
Chouvalof, ambassadeur de Russie, ce diplomate
a porté un toast à l'empereur d'Allemagne, qui a
répondu en buvant à la santé de l'empereur Alexan-
dre.
L'empereur d'Allemagne est resté jusqu'à onzt
heures à l'ambassade de Russie.
LA REVOLUTION BRESILIENNE
Rio-de-Janeiro, 18 mars,
La censure gouvernementale empêche de télégra-
phier aucun renseignement sur les événements.
L'escadre de l'amiral Peixoto est restée dans 1&
baie de Rio-de-Janeiro.
- La révolution tient toujours dans le sud. Les
insurgés fortifient leurs positions sur la frontière
de l'Etat de San-Paulo.
Dans la province de Pernambuco les élections
législatives- ont été favorables aux candidats auto-
nomistes. Les gouvernementaux ont complètement
échoué, mais 1M chefa, autonomistes sont totijoux*
en prison
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 98.5%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 98.5%.
- Auteurs similaires Alger Algérie Alger Algérie /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=dc.subject adj "Alger Algérie "
-
-
Page
chiffre de pagination vue 1/4
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k75637812/f1.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k75637812/f1.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k75637812/f1.image
- Mise en scène Mise en scène ×
Mise en scène
Créer facilement :
- Marque-page Marque-page https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/bookmark/ark:/12148/bpt6k75637812/f1.image ×
Gérer son espace personnel
Ajouter ce document
Ajouter/Voir ses marque-pages
Mes sélections ()Titre - Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k75637812
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k75637812
- Signalement d'anomalie Signalement d'anomalie https://sindbadbnf.libanswers.com/widget_standalone.php?la_widget_id=7142
- Aide Aide https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/aide/ark:/12148/bpt6k75637812/f1.image × Aide