Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1894-03-14
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Description : 14 mars 1894 14 mars 1894
Description : 1894/03/14 (A24,N8094). 1894/03/14 (A24,N8094).
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 29/04/2013
tINGT-QUATRIÈME ANNÉE. - N° 8,094 LP MRuxtRO ONQ CENTIMES MERCREDI 14 MARS 1894
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PARIS
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Armateurs 1 tturi
Un grave débat met aux prises, en ce
moment, les armateurs et quelques-uns
de nos confrères qui ont pris très bril-
lamment la défense du « pêcheur d'Is-
lande », mis à la mode par Pierre Loti et
dont la vogue est loin d'être épuisée. L'ar-
mateur, préoccupé avant tout d'arriver
premier en Islande afin de xevenir « vendre
premier » en France, fait partir ses ba-
teaux dès les premiers jours de mars. Or,
le mois de mars est, dit-on, un des mois
les plus féconds en naufrages. Dans une
récente communication à l'Académie des
sciences, le poète Jean Aicard — les
poètes sont au premier rang dans cette
croisade — s'éleve éloquemment contre
cette concurrence impitoyable, contre
cette « course à la mort » qui décime les
meilleurs marins de France. Dans sa
« Ballade des pauvres pêcheurs », Mau-
rice Montégut accuse avec la même éner-
gie cette fièvre de gain qui fait si bon
marché des vies humaines.
— Le meilleur gain est au premier bateau,
Nargue à Fécamp, Dunkerque et Gravelines !
— Oui, mais combien d'épaves sous cette eau ?
Que d'orphelins chez nous et d'orphelines l
C'est le moment d'entendre contradic-
toirement les deux parties, de comparer
leurs plaidoyers, de soupeser les ar-
guments et de conclure.
* *
En 1839, dit Jean Aicard, la flottille
d'Islande subit de tels désastres que l'opi-
nion publique s'émut et qu'une loi fut
promulguée l'année suivante pour fixer
le départ au 1er avril. Aicard voudrait
qu'on remît en vigueur cette loi protec-
trice, qui depuis, 1870 est tombée en dé-
suétude.
Sans nier la fréquence des tempêtes au
mois de mars, les armateurs font remar-
quer que la mer a ses caprices et que la
garantie proposée serait peut-être moins
efficace qu'on ne l'espère. On parle du
1er avril pour la date du départ, mais le
dernier grand sinistre d'Islande a eu lieu
le 28 avril. Plus de deux cents marins
français y ont trouvé la mort. L'applica-
tion de la loi de 1840 aurait-elle empêché
ce désastre? Il y a une trentaine d'années,
nos pêcheurs-chalutiers de Saint-Brieuc
sortirent du port un matin de novembre.
Assaillis par une épouvantable bourras-
que, presque tous firent côte et vingt et un
hommes périrent. Devait-on interdire dé-
sormais la pêche au chalut pendant le
mois de novembre ?
- 1 - 1 - ± - - -- -- 'T - 1 - -- 1 t
li an aernier, les naieaux a isianae sont
partis le 1er mars, et non le 20 mars,
comme le dit Jean Aicard. Il n'y a pas eu
de sinistres, parce qu'il n'y a pas eu de
tempêtes. Qui nous assure que, cette an-
née ou une autre, le mois d'avril ne sera
pas précisément le mois des naufrages ?
Sans doute, la pêche a ses risques,
comme la plupart des entreprises humai-
nes, comme un grand nombre d'indus-
tries, comme presque tous les grands tra-
vaux publics. Il y a des naufrages comme
il y a des accidents de chemin de fer et
des explosions de feu grisou dans les mi-
nes. Mais est-ce qu'en cette saison, où la
fièvre jaune sévit à Rio-de-Janeiro, on em-
pêche nos transports de partir journelle-
ment pour le Brésil? Met-on en interdit
les côtes du Tonkin et du Soudan où ré-
gnent en permanence les épidémies les
plus variées? Empêche-t-on de pauvres
petits navires caboteurs, délabrés, mal
gréés, mal voilés, avec un misérable équi-
page, de naviguer pendant l'hiver sur nos
côtes où le danger est tout aussi grand
qu'en Islande?
Jean Aicard veut bien reconnaître que
la grande pêche est une école de marins
héroïques. Le serait-elle encore si les pê-
cheurs n'avaient plus aucune occasion de
lutter contre le danger ? Et notre marine
ne sera-t-elie pas aussi malade que la pê-
che, le jour oùelle sera réduite à recruter
son personnel parmi les canotiers de Bou-
gival ?
***
On nous reproche, disent encore les ar-
mateurs, de nous montrer âpres au gain.
Certes, la pêche à la morue n'est pas un
sport de plaisance ; c'est un métier, et un
rude, que l'on n'exercerait pas si l'on n'y
trouvait son bénéfice. Mais pour revenir
avec des morues, encore faut-il aller à la
mer à l'époque où il y en a.
C'est en mars ou en avril que la morue
abonde sur les côtes d'Islande. Aux pre-
miers jours de mai, la belle espèce a dis-
paru ; il ne reste que du fretin et tout es-
poir d'une fructueuse campagne est perdu.
Retardez le départ, vous ruinez du
même coup les armateurs et les marins.
Aujourd'hui, dans une campagne de six
mois, les matelots gagnent en moyenne de
huit à neuf cents francs. A l'époque où le
départ était retardé jusqu'au 1er avril, ils
en gagnaient trois ou quatre cents. De-
mandez-leur s'ils pourraient vivre et éle-
ver leur famille avec une pareille somme.
Retarder le départ, c'est pousser les ar-
mateurs à désarmer, ruiner l'industrie de
la pêche en Islande et réduire à la misère
les populations maritimes qui n'ont pas
d'autres ressources.
* #
Il est bon de le remarquer en passant :
la fréquence des sinistres ne dépend pas
seulement de la fréquence des tempêtes.
Elle varie avec le plus ou moins d'endu-
rance des bâtiments et avec le sang-froid
des capitaines et des équipages.
Dans le terrible naufrage de 1839, dans
les catastrophes plus récentes de ces der-
nières années, plus des trois quarts des
navires engloutis étaient des navires de
Dunkerque. Pourquoi la marine de Dun-
kerque a-t-elle été trois fois plus maltrai-
tée que celle de Saint-Brieuc, par exem-
ple?
C'est d'abord que les navires de Dun-
kerque pèchent exclusivement dans les
parages les plus dangereux. Le poisson
n'y est pas plus abondant qu'ailleurs,
mais il est plus gros et il faut du gros
poisson aux armateurs de Dunkerque qui
salent en tonnes. Si dans les jours qui
précèdent une tempête la pêche a été
abondante, ils ont plus de cent tonnes de
morue à la fois sur le pont et ils sont, par
suite de cette surcharge, hors d'état de
tenir la mer dans ces parages où les
cartes marines indiquent des hauts fonds
incertains. Lesautres navires, salant au
fur et à mesure les poissons dans la cale,
sont toujours en état de naviguer.
Autre cause d'accidents: les navires en
partance n'ont qu'un demi-chargement de
sel. Qu'une forte lame déferle et les
prenne par le travers, la partie du char-
gement du côté qui a reçu le choc de la
lame est projetée dans l'autre sens, et le
bateau chavire à demi. L'accident arrive-
t-il la nuit, le navire remplit par les
écoutilles de ses panneaux presque tou-
jours ouverts en Islande, et le désastre est
complet.
Or il suffit, pour prévenir cet accident,
d'établir dans la cale du navire une cloi-
son longitudinale qui la divise en deux
chambres parallèles et empêche le char-
gement de glisser d'un seul et même
côté.
***
On ne saurait trop méditer aussi ce mot
d'un officier -de marine longtemps attaché
à la station d'Islande : « La plupart des
naufrages ont deux causes : la tempête.
et l'alcool. »
La plupart des armateurs embarquent
à bord de leurs navires un abominable
trois-six dont l'équipage use et abuse
sous prétexte de se donner du cœur. Que
de navires ont péri par les fausses ma-
nœuvres d'un équipage affolé commandé
par un capitaine qui avait laissé au fond
du verre toute son énergie et sa raison !
Nul fléau ne sévit plus intense sur nos
marins et en particulier sur nos marins
bretons. Qu'attendons-nous pour imiter
la prudence des étrangers ? -
Les navires américains qui pêchent le
flétan en Islande, les Norvégiens et les
Anglais qui poursuivent les baleines et les
phoques dans les banquises du Groenland,
les Danois qui arment comme nous pour
la morue, n'embarquent aucune boisson
alcoolique sur leurs navires. Les équipa-
ges n'ont d'autre boisson que l'eau et le
thé chaud sucré, toujours à discrétion.
L'argent consacré par l'armateur à em-
poisonner l'équipage avec ce tord-boyaux
serait mieux employé à corser un peu
l'ordinaire ou à augmenter, si peu que ce
soit, le maigre pécule du mathurin.
* *
Enfin, s'il est impossible de supprimer
tous les risques sans risquer de suppri-
mer la pêche même, on ne doit rien né-
gliger pour les réduire, les prévenir ou
en atténuer les suites.
En première ligne, il faut imposer sans
retard aux armateurs l'obligation d'assu-
rer leurs équipages. Ils n'ont garde d'o-
mettre l'assurance de leurs bâtiments, et
le coup de mer qui fait des veuves et des
orphelins ne fait pas sortir un centime de
leur porte-monnaie ; la compagnie d'assu-
rances les dédommage, et au-delà, du si-
nistre. Et ce qu'on fait pour une mauvaise
carcasse de navire, on ne l'exigerait pas
quand il s'agit du plus précieux de tous
les capitaux, quand il s'agit d'existences
humaines, de celles surtout d'où dépen-
dent tant d'autres vies de mères, de fem-
mes et d'enfants !
Quant à la date du départ, question plus
difficile et plus controversée, il faut la
soumettre sans retard à l'appréciation
d'une commission technique, composée
non de ronds-de cuir ou de théoriciens,
mais de marins pour de vrai qui ont com-
mandé notre station navale ou fait de
nombreusesgcampagnes sur les côtes d'Is-
lande.
Ajoutons que si l'on juge à propos de
retarder le départ des morutiers pour l'Is-
lande, on sera amené à retarder aussi le
départ des morutiers pour Terre-Neuve.
On ne protège pas à demi et il faut calcu-
ler d'avance jusqu'où l'on sera fatalement
entraîné dans l'engrenage. Le danger ici
saute aux yeux : pour sauver les pêcheurs
du naufrage, il ne faut pas les faire mou-
rir de faim. On ne saurait appliquer avec
trop de prudence un remède à la Gri-
bouille qui emporterait à la fois le mal et
le malade.
Thomas Graindorge.
LE COLOMBIER DU PRINCE VICTOR
Dévalisé par des voleurs
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Bruxelles, 12 mars.
Le prince Victor a quitté Bruxelles il y a
quelque temps pour se rendre en Russie, où
il est encore. Avant son départ, il avait chargé
un ouvrier habitant dans le voisinage de
veiller sur son colombier, rempli de magnifi-
ques pigeons blancs. Hier matin l'ouvrier,
s'approchant du colombier du prince, le
trouva complètement vide ; la porte en avait
été fracturée. Les voleurs ont pénétré dans la
cour de l'hôtel du prince en escaladant un
mur de clôture.
BLESSÉS PAR UN OBUS
Le Mans, 12 mars.
Un grave accident vient de se produire au camp
d'Auvours.
Deux artilleurs, en voulant dévisser un obus
trouvé près des buttes de tir, l'ont fait éclater. Un
des artilleurs a eu les yeux arrachés et les côtes
enfoncées. L'autre a eu un bras emporté. Tous
deux ont été amenés à l'hôpital du Mans.
LE MINISTÈRE ESPAGNOL
Madrid, 12 mars.
Le ministère est ainsi formé :
Présidence, M. Sagasta.
Finances, M. Amos Salvador, directeur de la
compagnie fermière des tabacs.
Intérieur, M. Aguilera, gouverneur de Madrid.
Travaux publias, M. Groizard, ancien ambassa-
deur à Rome.
Justice, M. Capdepon.
Affaires étrangères, M. Moret.
Guerre, le général Lopez Dominguez.
Marine, l'amiral Pasquin.
MORT DU GÉNERAL HEPG
Besançon, 12 mars.
Le général de division Hepp est mort aujour-
d'hui.
L'ARGENT DES PAUVRES
LE BUREAU DE BIENFAISANCE
DU Xle ARRONDISSEMENT
Ce qu'on dit et ce qu'on tait. — Commis-
saires, administrateurs et municipa-
lité. — Secours à des indigents
morts depuis cinq ans.
Le bureau de bienfaisance du onzième
arrondissement, recommence à faire parler de
lui. Ou se souvient des poursuites intentées
il y a quelque temps déjà à un administra-
teur et à un employé de ce bureau, à la suite
de la découverte de fâcheuses irrégularités
dans la distribution des secours. Me Henri
Robert, avocat de l'un des accusés, ayant dé-
claré au cours de sa plaidoirie sans que
cela fût contesté, que les pratiques reprochées
à son client étaient d'ordre courantau onzième
arrondissement, le tribunal prononça l'ac-
quittement. Ce jugement fit scandale, car il
était une sorte de confirmation des graves
propos de Me Henri Robert.
t'anaire cependant n'alla pas plus loin.
Elle est à la veille de renaître. A la mafirie
du XIe arrondissement un conflit vient de se
produire entre la municipalité et les mem-
bres du bureau de bienfaisance, à propos
d'une question secondaire en apparence, la
transformation des bons de pain en secours
d'argent. Mais les suites de ce conflit pour-
raient fort bien être graves. De droite et de
gauche, arrivent, en effet, des bruits qui,an-
noncent quelque scandale. Pour aujourd'hui
nous raconterons purement et simplement
, les causes du conflit signalé.
L'ORIGINE DU CONFLIT
Comme dans plusieurs autres arrondisse-
ments de Paris, le bureau de bienfaisance de
la mairie Voltaire donnait aux indigents des
bons de pain. Ces bons dont disposaient les
administrateurs étaient remis aux nécessiteux
par les commissaires du bureau de bienfai-
sance. Or, la municipalité n'aimait pas ce
mode de secours. A plusieurs reprises elle
voulut en changer.
Questionnée en 1892 sur cette éventualité,
l'assemblée des commissaires se prononça au
contraire pour le maintien du système en vi-
gueur. Convoqués à nouveau en avril 1893,
les commissaires maintinrent leur décision
première et même augmentèrent la somme
consacrée à ces bons, qui fut portée de 180,000
à 195,000 fr. Jusqu'en décembre dernier, les
choses restèrent en l'état. Mais à l'assemblée
générale du 23 décembre, M. Delage, premier
adjoint, qui présidait, annonça sans plus
d'explications que les bons de pain seraient
supprimés à partir du 1er janvier 1894. Les
commissaires se récrièrent. De toutes parts
surgirent des protestations. Ce fut un vérita-
ble scandale. Le président n'y mit fin qu'en
levant précipitamment la séance.
Un des commissaires, M. Rojot, commer-
çant bien connu du quartier de la Folie-Méri-
court qui avait cru devoir démissionner, pro-
voqua une réunion de ses collègues au café
de la Mairie, boulevard Voltaire.
Tout le monde fut d'avis de protester con-
tre la substitution de cartes de secours aux
bons de pain.
Quels inconvénients trouvait-on au système
imposé par la municipalité ?
Tout d'abord il fait perdre deux jours aux
indigents qui doivent aller toucher les trois
francs de leur carte à époque fixée, du 5 au
10 de chaque mois. Puis les commissaires
craignent que cet argent ne soit détourné de sa
véritable destination, qu'il ne serve pas à ache-
ter du nain.
Ces critiques une fois adressées au système
de la municipalité, on nomma pour chaque
division (l'arrondissement est divisé en divi-
sions qui sont elles-mêmes partagées en sub-
divisions) un commissaire. Et ces commis-
saires se groupèrent en un petit syndicat
pour la défense de leurs intérêts. ce qui peut
signifier : pour commencer la lutte contre la
municipalité qui ne veut point tenir compte
de leurs réclamations.
Voilà la première phase du conflit.
OU COMMENCE - A POINDRE
LE SCANDALE
Voyons la seconde. Conformément à l'avis
qui leur avait été communiqué à l'assemblée
générale du 23 décembre 1893, les commissai-
res reçurent dès janvier, à la place de bons
de pain, des cartes personnelles d'indigents,
avec lesquelles ceux-ci touchaient à la mairie
une somme d'argent équivalente. Quel ne fut
pas l'étonnement des commissaires, quand ils
voulurent procéder à la remise de ces cartes,
de constater qu'il s'en trouvait un assez grand
nombre portant le nom d'indigents depuis
longtemps disparus.
Un des bénéficiaires de ces cartes est mort
il y a cinq ans Un autre a quitté son logement
voilà tantôt trois ans et demi, etc.
Naturellement ces découvertes ont intrigué
les commissaires et motivé des réflexions di-
verses.
On s'attend à une série de démissions.
Dans le camp des administrateurs, l'émoi
est aussi vif. Leur réunion mensuelle qui a
eu lieu il y a trois jours a été très mouve-
mentée. L'un des membres présents, M. Toul-
let, aurait même offert sa démission.
On voit que le bureau de bienfaisance du
onzième est en plein désarroi.
Les commissaires y vivent en mauvaise
intelligence avec une partie de la municipa-
lité en raison du peu d'égards qu'elle a, di-
sent-ils, pour eux qui rendent, c'est incontes-
table, de réels services gratuitement.
En second lieu, des irrégularités graves se
sont produites dans la distribution des cartes
de secours. A qui incombent-elles ?
Les commissaires paraissent hors de cause.
En contact fréquent avec la population indi-
gente, ils en connaissent les mouvements et
les signalent — cela n'est pas douteux — aux
administrateurs.
Ceux-ci ont-ils négligé de transmettre ces
mutations au secrétaire-trésorier du bureau
de bienfaisance ?
Est-ce ce fonctionnaire qui négligeait de
tenir compte et d'opérer les radiations ?
C'est ce que nous apprendrons bientôt, il
faut l'espérer, car une enquête s'impose.
Le Programme fle Lord Eoseliery
ET LE DISCOURS DU TRONE
Londres, 12 mars.
Le Parlement s'est réuni aujourd'hui pour
entendre la lecture du discours du trône.
Ce discours commence par constater le bon
état des relations de l'Angleterre avec les
puissances étrangères:
Deux collisions, qui ont malheureusement
causé la mort d'un certain nombre d'hommes,
ajoute-t-il, se sont produites récemment entre mes
troupes et les forces coloniales de la France dans
l'Afrique occidentale. J'attends le résultat de l'en-
quête ouverte concernant ces regrettables événe-
ments, et je suis fermement convaincue que cette
question sera examinée avec le calme et la dignité
qui conviennent en pareil cas à deux grandes na-
tions.
En ce qui concerné les affaires d'Irlande,
le discours du trône déclare :
Les conditions dans lesquelles se trouvent dans
ce pays de nombreux tenents soumis à l'éviction
exigent cependant que vous vous occupiez d'eux
sans retard, et vous serez saisis d'un projet ten-
dant à résoudre d'une façon raisonnable une ques-
tion qui affecte profondément le bien-être de l'Ir-
lande.
Il termine en disant que des projets seront
soumis aux Chambres pour supprimer les
votes multiples dans les élections parlemen-
taires, pour égaliser les contributions à Lon-
dres, pour établir un système de gouverne-
ment local en Ecosse, pour amener la conci-
liation dans les différends relatifs au travail
des ouvriers, pour améliorer la législation
concernant les fabriques et les mines, etc.
Les Chambres se sont ajournât, après
cela, jusqu'à cinq heures.
A la reprise de la séance, à la Chambre des
lords, l'adresse a été votée.
La Chambre des communes s'est réunie
également dans le même but.
Mais ce n'est pas.au Parlement qu'a eu lieu
aujourd'hui la plus importante discussion
politique.
Les libéraux se sont, en effet, assemblés
auparavant au Foreign-office pour arrêter
leur attitude politique.
Toutes les célébrités du parti assistaient à
cette réunion, sauf toutefois M. Gladstone
qui est allé se reposer à Brighton.
Le premier ministre a pris place au fau-
teuil présidentiel et a aussitôt prononcé son
discours-programme si impatiemment at-
tendu.
Dès le début lord Rosebery rappelle la no-
ble figure de M. Gladstone auquel il adresse
un éloquent témoignage d'admiration,
11 ajoute que les nouveaux ministres sont
t solidaires des mesures prises par leurs pré-
décesseurs et qu'ils n'en mettront aucune de
côté.
Le parti libéral, en ce qui constitue les
questions irlandaises, est tenu par des enga-
gements d'honneur.
La politique du home rule ne sera pas
moins énergiquement poursuivie que lorsque
M.Gladstone était à la tête du gouvernement,
et s'il y a eu des doutes à ce sujet, ces doutes
devraient se dissiper en présence de ce fait
que M. John Morley reste au ministère d'Ir-
lande.
Lord Rosebery passe à la. question des
lords.
Le leader du parti, M. Gladstone, dans un
de ses discours à la Chambre des communes,
a fait une déclaration que les chefs actuels du
parti acceptent complètement.
Une conviction absolue s'est imposée à lui :
c'est qu'une Chambre des lords constituée
comme elle l'est devient une anomalie au
milieu d'un régime de suffrage démocratique.
Cette conviction s'est augmentée par la
malheureuse série d'incidents qui ont modi-
fié cette Chambre et l'ont amenée à n'être
qu'une organisation tory généralement à la
merci d'un - seul - parti.
Lorsque les conservateurs sont au pouvoir,
le droit de veto n'est pas exercé par la Cham-
bre des lords, et lorsque le pouvoir est aux
mains des libéraux le droit de veto est exercé
par un leader conservateur.
Cela est un danger pour la constitution an-
glaise ; c'est un danger que le parti libéral ne
peut pas méconnaître et qu'il devra faire dis-
paraître.
Lord Rosebery explique toutefois qu'il ne
va pas aussi loin que quelques-uns de ses
amis et qu'il ne pense pas qu'on doive traiter
les lords comme des parias.
Lord Rosebery sympathise avec la députa-
tion radicale qui vint trouver récemment le
whip du parti.
C'est, en effet, un grand désavantage pour
le parti libéral que le premier ministre ne
soit pas dans la Chambre des communes,
mais c'est un désavantage aussi pour le pre-
mier ministre.
En acceptant la haute position qui lui a été
conférée, il a obéi à un sentiment d'honneur
et de devoir.
Sir William Harcourt parle ensuite, -11 fait
à son tour un magnifique éJoge de M. Glad-
stone, et il déclare que rien n'est changé dans
le parti dont le programme est présenté.
Quant à la question des lords, dit-il, le lan-
gage de M. Gladstone est devenu un héritage
pour le parti libéral et c'est là qu'est son ave-
nir. ,
M. John Morley et quelques autres orateurs
parlent dans le même sens et la réunion se
termine.
Les radicaux, les membres du parti ouvrier
et les Irlandais n'assistaient pas à la séance.
Les radicaux et les membres du parti ou-
vrier ont tenu ensemble une réunion spéciale,
dans une des salles de la Chambre des com-
munes, ainsi que les Irlandais nationalistes
qui ont réélu pour président M. Mac-Carthy.
Les députés du pays de Galles ont aussi élu
leur président. Leur choix s'est porté sur sir
George Osborne Morgan, qui remplacera M.
Rendel, l'ami de M. Gladstone, qui vient d'être
fait lord.
A propos du procès Haii contre Rotbscbild
Nous avons reçu de nombreuses lettres à
propos du procès de l'ingénieur Hamon contre
M. de Rothschild.
Un correspondant nous apprend que M. de
Rothschild n'a pas affaire seulement aux tri-
bunaux français et que le tribunal de Tiflis
(Russie d'Asie) vient de le condamner à une
amende de 100,000 roubles pour infraction à
la loi russe sur la vente du pétrole, dont il a,
pour ainsi dire, le monopole exclusif.
Un autre correspondant nous écrit quelques
mots qui sont une indication des sentiments
qu'inspire au grand public l'attitude de M.
de Rothschild dans cette affaire Hamon :
Boulogne-sur-Seine, le 10 mars.
Monsieur le directeur,
Une chose m'a frappé dans le procès Hamon
contre Rothschild : c'est que la Société pour la
transmission de la force par l'électricité, société
Rothschild, ne nie pas que le brevet Hamon ne
soit tombé par sa faute, erreur volontaire ou invo-
lontaire, dans le domaine public.
Cette faute qu'elle reconnaît, elle refuse pour-
tant de la reparer sous le prétexte qu'elle ne sait
pas exactement le préjudice qu'elle a pu causer à
M. Hamon.
Cet argument m'a .remis en mémoire le meurtre
commis il y a quelques années par les gardes de
MM. de Rothschild à Boulogne-sur-Seine.
Un pauvre diable ayant faim avait franchi la
clôture du parc des Rothschild; il avait cueilli une
branche de verdure. Un garde le surprit, le mit en
joue, fit feu et le tua.
Le garde ne fut ni poursuivi ni révoqué ; au con-
traire.
Avant de faire payer une sivlégère faute de sa
vie à un être humain, les gardes de M. de Roth-
schild s'étaient-ils demandé quel préjudice il avait
causé à leur maitre ?
Ne trouvez-vous pas, d'autre part, que les Roth-
schild, si impitovables pour quiconque met le pied
sur leurs plates-bandes, se sont montrés, dans l'a-
faire Hamon, bien peu respectueux de la propriété
d'autrui et que de pareils contrastes sont bien de
nature à troubler la conscience publique?
Recevez, etc. ,
UN HABITANT PJE BOOLOQ^S-SUR-SE^K..
CHRONIQUE
Peste 1 quel appétit à l'Eglise en ce mo-
ment t Ce n'est pas assez pour elle de tenter
d'accaparer Jeanne d'Arc, qu'elle brûla
jadis (il est vrai que, maintenant, elle
laisse entendre que l'évêque Cauchon était
d'origine juive !) et de tenir à tout prix à
faire une sainte de la vierge guerrière qui
vraiment n'avait pas besoin de cette tar-
dive béatification. Elle s'est avisée d'une
petite fête inattendue. Oh oui, là, très
inattendue !
péjà, elle travaille à produire un mou-
vement en faveur de la solennité « natio-
nale » qu'elle projette, et qui doit être, en
fait, un défi aux idées modernes.
Elle a remarqué que c'était bientôt le
quatorzième centenaire du baptême de
Clovis, et elle a conclu qu'il fallait abso-
lument célébrer cet anniversaire qui,
pourtant, pendant la monarchie, avait
laissé fort indifférents les monarques les
plus catholiquse, héritiers et successeurs
du « fier Sicambre ». Faut-il assez avoir
besoin d'un anniversaire ! Franchement,
Clovis paraissait manquer d'actualité, et
du diable si personne s'occupait de lui !
Même les Marseillais qui portent ce nom,
répandu dans le Midi, n'éprouvaient au-
cun besoin de réclamer quoi que ce fut en
l'honneur de leur patron. Si M. Clovis
Hugues procède volontiers à des « bap-
têmes civils », j'imagine que ce n'est pas
du tout en souvenir du chef franc, héros
de la petite anecdote classique du vase
de Soissons. -
Mais voici Clovis (son ombre doit-elle
être assez étonnée!) devenant à la fin du
XIXe siècle et après vingt-quatre ans de
république un prétexte à discussions. Je
doute, tout de même, que la fête en ques-
tion ait des chances de devenir aussi po-
pulaire que la fête de la mi-carême. Ce
Mérovingien est décidément un peu trop
mort, et dans mon âme et conscience j'ai
beau faire appel à tous mes sentiments
émotifs, je ne me trouve rien, mais rien
du tout, qui vibre à l'évocation de son
nom.
Tout ce que ma mémoire me rappelle,
c'est que ce héros lointain fut un gaillard
sans préjugés, plutôt brutal et hypocrite,
et ne pactisant avec l'Eglise de son temps
que parce qu'il @ y trouvait son intérêt.
Ainsi l'avait jugé le vieux père Nêpomu-
cène Lemercier en une tragédie autrefois
fameuse, où il avait fait de ce barbare
converti un « tartufe tragique », sangui-
naire et dévot.
Devons-nous vraiment nous réjouir pro-
fondément, après quatorze cents ans, ce
qui est beaucoup de temps, de ce que
Clovis, dépouillant ses vêtements, se soit
plongé, à Reims, dans la cuve où descen-
daient les catéchumènes ? J'ose avouer
qu'il me semble y avoir là un motif d'allé-
gresse insuffisant.
Entre nous, l'Eglise n'est pas bien diffi-
cile, en tenant à ce point à glorifier Clo-
vis. On aurait de la peine à faire de lui
un personnage édifiant et on a coupé le
cou à beaucoup de gens qui n'avaient pas
accompli la vingtième partie de ses divers
forfaits. Il est vrai que l'Eglise d'alors pro-
fitait de ses meurtres. C'est cela qui rend
celle d'à présent indulgente envers lui.
L'idée ne vous semble-t-elle pas singu-
lière ? Et le cardinal Langénieux, qui l'a,
paraît-il, conçue le premier, se moque-t-il
assez de son époque ? Non, vraiment, il
n'y a qu'à rire, sans quoi ce serait à se
demander quelle lutte téméraire est enga-
gée contre la pensée moderne. Dans les
pires temps de réaction religieuse, on
n'avait point songé à de pareilles folies.
Vous entendez bien qu'il s'agit d'indiquer
que les traditions de la France sont dans
une alliance avec l'Eglise, que l'Eglise
doit continuer à exercer sa suprématie sur
elle. Toutes les occasions lui sont bonnes
pour cela. Mais est-ce que, à la fin, elle
ne le prend pas d'un peu trop haut?
Quelle façon est-ce là de répondre au dé-
sir de tolérance qui se - manifeste ?
C'est porter atteinte à la raison que de
convier un pays comme le nôtre à exalter,
alors que tous les regards sont portés vers
l'avenir, un passé qui ne pourrait rap-
peler que barbarie, crimes, orgies de
sang, s'il comptait encore pour quelque
chose. Est-ce donc là l'idéal de l'Eglise ?
Ah ! qu'elle est imprudente, avec de sem-
blables prétentions, qu'elle est mal ins-
pirée, et comme c'est elle qui ne veut pas
l'apaisement 1
On la croyait assez occupée, en ce mo-
ment, à ordonner une foule de cérémonies,
qui sont des cérémonies de combat poli-
tique elles aussi avant tout et où elle at-
teste qu'elle ne pardonnera jamais à la
Révolution. La présente année va en ame-
ner de nombreuses analogues à celle qui
eut lieu avant-hier dans la cathédrale de
Saint-Brieuc. Elles sont instituées « en
réparation des sacrilèges commis en
1794 », alors que, dans certains édifices
religieux, le culte fut renversé.
Oui, il le fut, mais pourquoi ? L'Eglise
l'a-t-elle donc oublié? Dans ses savantes
leçons sur l'histoire de la Révolution, M.
Aulard a très bien démontré qu'on a vite
fait de parler des aberrations du délire
révolutionnaire et du ridicule des offices
philosophiques qui, un moment, rempla-
cèrent la messe. Ces offices philosophi-
ques, ces symboliques et théâtrales céré-
monies du culte de la Raison, avec leurs
feux purificateurs et autres inventions qui
nous semblent plus que bizarres à présent
furent surtout un expédient patriotique.
La Révolution ne fut pas athée. Elle s'é-
tait même montrée tout d'abord très res-
pectueuse du catholicisme. A la fin de 1793,
le Comité de sûreté générale ne blâmait-il
pas les habitants de Mennecy, près de Cor-
beil, qui avaient brûlé l'effigie d'un saint
et ridiculisé les objets du culte 1
Ce fut la résistance du clergé, ce fut son
accord avec la réaction du dehors et du
dedans qui changèrent seulement les
dispositions de la Révolution, qui, sans
cela, eût continué à se montrer tolé-
rante. , La religion était devenue l'âme
de la coalition contre la patrie : il fallait
donc ôter au clergé ses armes et vaincre
l'Eglise insurgée contre l'Etat. « La Ven-
dée, a dit M. Aulard, la connivence des
prêtres avec les émigrés et l'ennemi, cette
résistance à la loi dont le sanctuaire ca-
tholique était le foyer, amenèrent l'inva-
sion violente du temple, et c'est ainsi
qu'on en vint à s'attaquer non seulement
aux pierres de l'autel, mais aux fonde-
ments mêmes du dogme. » Si l'on fit mine
de détruire le christianisme, ce n'est point
parce que Voltaire avait parlé « d'écraser
l'infâme », c'est parce que le prêtre cons-
pirait. On culbuta l'autel non par philo-
sophie, mais pour assurer la défense na-
tionale. Le culte semblait l'obstacle au
salut de la patrie, eh bien, il fallait abo-
lir le culte f
L'Eglise ne veut pas se souvenir au-
jourd'hui que c'est pour cette raison seule'
que, il y a cent ans, on dut lutter contre
elle. Cela est si vrai qu'il n'y eut, en fait,
de violences que là où la République avait
le plus à se défendre. Ah, là aussi, que
l'Eglise serait sage de ne pas réveiller ces i
sguvenirs qui font penser que, à l'heure!
du grand danger national, elle n'eut pas
le beau rôle. Mais il semble que la sa-
gesse ne lui ait jamais tant fait défautÍ
qu'à présent, puisqu'elle se plaît à tant de >
provocations qu'il est impossible cepen-)
dant de ne pas relever t
Paul Ginisty.
La Compagnie Transatlantiqpt\,
XVI
RÉPONSE A L'ANCIEN ACTIONNAIRE
« L'ancien actionnaire » de l'Evénement a
publié dans le numéro daté de dimanche 11
mars — toujours en forme d'affiche sensa-
tionnelle — de nouvelles considérations sur
notre méchanceté. Voici son allocution :
Je vous avais promis de rechercher le coéfficient
de l'exploitation des deux grandes sociétés, les
Messageries maritimes et la Compagnie trans-
atlantique. Je tiens parole. Voici un résumé qui
l'établit. Il est formé de chiffres officiels inatta-
quables. Il en résulte que l'exploitation des Mes-
sageries s'élève à 83 fr. 65 c. pour 100 de la recette.
alors que celle de la Transatlantique n'est que de
74 fr. 16 c. pour 100. D'où une différence de 9 fr. 49 c.
pour 100 en faveur de la Transatlantique.
Cette démonstration achève de prouver combien
les attaques dirigées contre la Transatlantique sont
calomnieuses et absurdes.
Notre seule réponse aux gros mots de
l' « ancien actionnaire » sera d'examiner son
calcul. Il dit :
Parcours. 2.333.536 milles
Recettes de toute nature. 58.172.153 francs
Soit par mille 24 fr. 93
Dépenses d'exploitation et
frais généraux. 43.140.753 francs
Soit par mille 18 fr. 48
Ou 74 fr. 16 0/0 de la re-
cette.
Excédent des recettes sur
les dépenses. 15.031.400 francs
Soit par millle 6 fr. 45
Nous répondons à l' « ancien actionnaire-
que tous les chiffres dont M. Pereire l'a
« armé » sont faux, de sorte que son raison-
nement appuyé là-dessùs tombe par terre.
M. Pereire vous a ait que voire noue avait
fourni en 1892 un parcours total dans l'an-
néede. 2.333.536 milice
Or, le même M. Pereire,
dans unrapport du 29 juin
1893, affirme qu'en 1892 le
parcourstotal des paquebots
transatlantiques s'est élevé
à761,166 lieues marines. On
compte 3 milles marins par
lieue. Par conséquent, les
761.166 lieues font seule-
ment.. 2.283.498 milles
soit un parcours en moins
rt - - - 50.038 millfts
'8 --- --- ---
Notez, s'il vous plaît, que les chiffres énon-j
cés dans le rapport sont les seuls qui fassent;
foi. Ce sont les chiffres authentiques extraits)
de la comptabilité. Ce sont de plus les seuls 1
qui aient été vérifiés par vos deux commis-1
saires des comptes, lesquels les ont reconnu SJ
adorablement vrais dans leur rapport spécial
annexé à celui de M. Pereire. Donc, le premierj
chiffre fourni par M. Pereire n'est pas exact, jvi
Pour les dépenses, c'est bien pire.
M. Pereire vous a dit qu'il avait
dépensé. Fr. 43.140.753 j
Or le rapport précité établit —
toujours avec la précieuse appro-
bation de vos commissaires — le
compte de votre exploitation en
1892 comme suit :
Frais généraux d'administra-
tion Fr. 422.347
Frais généraux d'ex-
ploitation. 6.213.729
Dépenses maritimes
et commerciales 39.788.644
Cela fait déjà un total de. Fr. 46.424.720
supérieur déjà de. 3.283.967
au total que vous a fourni M.
Pereire.
Mais ce n'est pas tout. Vous avez
d'autres dépenses à compter : vos
charges statutaires, soit, suivant
le rapport.Fr. 4.668.320
Ce sont tellement bien des dé-
penses à compter, que lorsque
vous cesserez de les acquitter exac-
tement, vous serez mis en faillite.
Or, en ajoutant aux. 43.140.753
d'une part, les. 3.283.967
dissimulés par M. Pereire et,
d'autre part, les 4.668.320
dont il a négligé de vous faire
mention, vous trouverez que les
dépenses de la Compagnie se sont -----
élevées en 1892 réellement à.. Fr. 51.093.040
Mais comment vous êtes-vous laissé pren-
dre comme cela, « ancien actionnaire » ? —
Que diable, vous devriez cependant connaître
votre homme, puisque vous êtes un « an-
cien », et savoir qu'il faut toujours refaire
les
cien ad», ditions après lui. Le « système », une
arithmétique à part.
Vous concevez - n'est-ce pas? — qu'après
ces deux rectifications, il est inutile de suivre
plus loin votre raisonnement, puisqu'il n'en
subsiste plus le moindre fragment debout.
Nous attendrons donc votre troisième « affi-
che » ; mais faites attention à vos chiffres.
C'est important.
(A suivre.)
LES SERVICES POSTAUX
Hier, à la fin de la séance, le président de la
Chambre a proposé d'inscrire à l'ordre du jour des
bureaux d'aujourd'hui la nomination de la com-
mission qui doit examiner le projet sur les trans-
porte maritimes postaux pour l'Algérie, la Tunisie
et la Corse.
Sur l'observation qui lui a été fait& par M.
Raiberti que le projet du gouvernement n'était pas
encore distribué aux députés, cette nomination
été ajournée.
REDACTION ET laRIItSTRITIO.
142, Rue Montmartre
PARIS
SIRECTEOB POLITIQUE
A.-EDOUARD PORTALIS
Adresse télégraphique : TTX* STèCLB—PARIS
Téléphone : 20.289 bù.
URMCU
CMK mm. LAGRANGE, CBRP et a*
9, place de la Bourse, 6
ABONNEHENTS
Paris ~Trois Lois, 6 f.; ru lWa, 1U; b II, 81
Départements — 7L; — 12 f.; — 241
Union Postale — eL; — 16 L; — 33t
lm Abonnements sont reçus sans frais dans
tous les Bureaux de Poste.
Armateurs 1 tturi
Un grave débat met aux prises, en ce
moment, les armateurs et quelques-uns
de nos confrères qui ont pris très bril-
lamment la défense du « pêcheur d'Is-
lande », mis à la mode par Pierre Loti et
dont la vogue est loin d'être épuisée. L'ar-
mateur, préoccupé avant tout d'arriver
premier en Islande afin de xevenir « vendre
premier » en France, fait partir ses ba-
teaux dès les premiers jours de mars. Or,
le mois de mars est, dit-on, un des mois
les plus féconds en naufrages. Dans une
récente communication à l'Académie des
sciences, le poète Jean Aicard — les
poètes sont au premier rang dans cette
croisade — s'éleve éloquemment contre
cette concurrence impitoyable, contre
cette « course à la mort » qui décime les
meilleurs marins de France. Dans sa
« Ballade des pauvres pêcheurs », Mau-
rice Montégut accuse avec la même éner-
gie cette fièvre de gain qui fait si bon
marché des vies humaines.
— Le meilleur gain est au premier bateau,
Nargue à Fécamp, Dunkerque et Gravelines !
— Oui, mais combien d'épaves sous cette eau ?
Que d'orphelins chez nous et d'orphelines l
C'est le moment d'entendre contradic-
toirement les deux parties, de comparer
leurs plaidoyers, de soupeser les ar-
guments et de conclure.
* *
En 1839, dit Jean Aicard, la flottille
d'Islande subit de tels désastres que l'opi-
nion publique s'émut et qu'une loi fut
promulguée l'année suivante pour fixer
le départ au 1er avril. Aicard voudrait
qu'on remît en vigueur cette loi protec-
trice, qui depuis, 1870 est tombée en dé-
suétude.
Sans nier la fréquence des tempêtes au
mois de mars, les armateurs font remar-
quer que la mer a ses caprices et que la
garantie proposée serait peut-être moins
efficace qu'on ne l'espère. On parle du
1er avril pour la date du départ, mais le
dernier grand sinistre d'Islande a eu lieu
le 28 avril. Plus de deux cents marins
français y ont trouvé la mort. L'applica-
tion de la loi de 1840 aurait-elle empêché
ce désastre? Il y a une trentaine d'années,
nos pêcheurs-chalutiers de Saint-Brieuc
sortirent du port un matin de novembre.
Assaillis par une épouvantable bourras-
que, presque tous firent côte et vingt et un
hommes périrent. Devait-on interdire dé-
sormais la pêche au chalut pendant le
mois de novembre ?
- 1 - 1 - ± - - -- -- 'T - 1 - -- 1 t
li an aernier, les naieaux a isianae sont
partis le 1er mars, et non le 20 mars,
comme le dit Jean Aicard. Il n'y a pas eu
de sinistres, parce qu'il n'y a pas eu de
tempêtes. Qui nous assure que, cette an-
née ou une autre, le mois d'avril ne sera
pas précisément le mois des naufrages ?
Sans doute, la pêche a ses risques,
comme la plupart des entreprises humai-
nes, comme un grand nombre d'indus-
tries, comme presque tous les grands tra-
vaux publics. Il y a des naufrages comme
il y a des accidents de chemin de fer et
des explosions de feu grisou dans les mi-
nes. Mais est-ce qu'en cette saison, où la
fièvre jaune sévit à Rio-de-Janeiro, on em-
pêche nos transports de partir journelle-
ment pour le Brésil? Met-on en interdit
les côtes du Tonkin et du Soudan où ré-
gnent en permanence les épidémies les
plus variées? Empêche-t-on de pauvres
petits navires caboteurs, délabrés, mal
gréés, mal voilés, avec un misérable équi-
page, de naviguer pendant l'hiver sur nos
côtes où le danger est tout aussi grand
qu'en Islande?
Jean Aicard veut bien reconnaître que
la grande pêche est une école de marins
héroïques. Le serait-elle encore si les pê-
cheurs n'avaient plus aucune occasion de
lutter contre le danger ? Et notre marine
ne sera-t-elie pas aussi malade que la pê-
che, le jour oùelle sera réduite à recruter
son personnel parmi les canotiers de Bou-
gival ?
***
On nous reproche, disent encore les ar-
mateurs, de nous montrer âpres au gain.
Certes, la pêche à la morue n'est pas un
sport de plaisance ; c'est un métier, et un
rude, que l'on n'exercerait pas si l'on n'y
trouvait son bénéfice. Mais pour revenir
avec des morues, encore faut-il aller à la
mer à l'époque où il y en a.
C'est en mars ou en avril que la morue
abonde sur les côtes d'Islande. Aux pre-
miers jours de mai, la belle espèce a dis-
paru ; il ne reste que du fretin et tout es-
poir d'une fructueuse campagne est perdu.
Retardez le départ, vous ruinez du
même coup les armateurs et les marins.
Aujourd'hui, dans une campagne de six
mois, les matelots gagnent en moyenne de
huit à neuf cents francs. A l'époque où le
départ était retardé jusqu'au 1er avril, ils
en gagnaient trois ou quatre cents. De-
mandez-leur s'ils pourraient vivre et éle-
ver leur famille avec une pareille somme.
Retarder le départ, c'est pousser les ar-
mateurs à désarmer, ruiner l'industrie de
la pêche en Islande et réduire à la misère
les populations maritimes qui n'ont pas
d'autres ressources.
* #
Il est bon de le remarquer en passant :
la fréquence des sinistres ne dépend pas
seulement de la fréquence des tempêtes.
Elle varie avec le plus ou moins d'endu-
rance des bâtiments et avec le sang-froid
des capitaines et des équipages.
Dans le terrible naufrage de 1839, dans
les catastrophes plus récentes de ces der-
nières années, plus des trois quarts des
navires engloutis étaient des navires de
Dunkerque. Pourquoi la marine de Dun-
kerque a-t-elle été trois fois plus maltrai-
tée que celle de Saint-Brieuc, par exem-
ple?
C'est d'abord que les navires de Dun-
kerque pèchent exclusivement dans les
parages les plus dangereux. Le poisson
n'y est pas plus abondant qu'ailleurs,
mais il est plus gros et il faut du gros
poisson aux armateurs de Dunkerque qui
salent en tonnes. Si dans les jours qui
précèdent une tempête la pêche a été
abondante, ils ont plus de cent tonnes de
morue à la fois sur le pont et ils sont, par
suite de cette surcharge, hors d'état de
tenir la mer dans ces parages où les
cartes marines indiquent des hauts fonds
incertains. Lesautres navires, salant au
fur et à mesure les poissons dans la cale,
sont toujours en état de naviguer.
Autre cause d'accidents: les navires en
partance n'ont qu'un demi-chargement de
sel. Qu'une forte lame déferle et les
prenne par le travers, la partie du char-
gement du côté qui a reçu le choc de la
lame est projetée dans l'autre sens, et le
bateau chavire à demi. L'accident arrive-
t-il la nuit, le navire remplit par les
écoutilles de ses panneaux presque tou-
jours ouverts en Islande, et le désastre est
complet.
Or il suffit, pour prévenir cet accident,
d'établir dans la cale du navire une cloi-
son longitudinale qui la divise en deux
chambres parallèles et empêche le char-
gement de glisser d'un seul et même
côté.
***
On ne saurait trop méditer aussi ce mot
d'un officier -de marine longtemps attaché
à la station d'Islande : « La plupart des
naufrages ont deux causes : la tempête.
et l'alcool. »
La plupart des armateurs embarquent
à bord de leurs navires un abominable
trois-six dont l'équipage use et abuse
sous prétexte de se donner du cœur. Que
de navires ont péri par les fausses ma-
nœuvres d'un équipage affolé commandé
par un capitaine qui avait laissé au fond
du verre toute son énergie et sa raison !
Nul fléau ne sévit plus intense sur nos
marins et en particulier sur nos marins
bretons. Qu'attendons-nous pour imiter
la prudence des étrangers ? -
Les navires américains qui pêchent le
flétan en Islande, les Norvégiens et les
Anglais qui poursuivent les baleines et les
phoques dans les banquises du Groenland,
les Danois qui arment comme nous pour
la morue, n'embarquent aucune boisson
alcoolique sur leurs navires. Les équipa-
ges n'ont d'autre boisson que l'eau et le
thé chaud sucré, toujours à discrétion.
L'argent consacré par l'armateur à em-
poisonner l'équipage avec ce tord-boyaux
serait mieux employé à corser un peu
l'ordinaire ou à augmenter, si peu que ce
soit, le maigre pécule du mathurin.
* *
Enfin, s'il est impossible de supprimer
tous les risques sans risquer de suppri-
mer la pêche même, on ne doit rien né-
gliger pour les réduire, les prévenir ou
en atténuer les suites.
En première ligne, il faut imposer sans
retard aux armateurs l'obligation d'assu-
rer leurs équipages. Ils n'ont garde d'o-
mettre l'assurance de leurs bâtiments, et
le coup de mer qui fait des veuves et des
orphelins ne fait pas sortir un centime de
leur porte-monnaie ; la compagnie d'assu-
rances les dédommage, et au-delà, du si-
nistre. Et ce qu'on fait pour une mauvaise
carcasse de navire, on ne l'exigerait pas
quand il s'agit du plus précieux de tous
les capitaux, quand il s'agit d'existences
humaines, de celles surtout d'où dépen-
dent tant d'autres vies de mères, de fem-
mes et d'enfants !
Quant à la date du départ, question plus
difficile et plus controversée, il faut la
soumettre sans retard à l'appréciation
d'une commission technique, composée
non de ronds-de cuir ou de théoriciens,
mais de marins pour de vrai qui ont com-
mandé notre station navale ou fait de
nombreusesgcampagnes sur les côtes d'Is-
lande.
Ajoutons que si l'on juge à propos de
retarder le départ des morutiers pour l'Is-
lande, on sera amené à retarder aussi le
départ des morutiers pour Terre-Neuve.
On ne protège pas à demi et il faut calcu-
ler d'avance jusqu'où l'on sera fatalement
entraîné dans l'engrenage. Le danger ici
saute aux yeux : pour sauver les pêcheurs
du naufrage, il ne faut pas les faire mou-
rir de faim. On ne saurait appliquer avec
trop de prudence un remède à la Gri-
bouille qui emporterait à la fois le mal et
le malade.
Thomas Graindorge.
LE COLOMBIER DU PRINCE VICTOR
Dévalisé par des voleurs
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Bruxelles, 12 mars.
Le prince Victor a quitté Bruxelles il y a
quelque temps pour se rendre en Russie, où
il est encore. Avant son départ, il avait chargé
un ouvrier habitant dans le voisinage de
veiller sur son colombier, rempli de magnifi-
ques pigeons blancs. Hier matin l'ouvrier,
s'approchant du colombier du prince, le
trouva complètement vide ; la porte en avait
été fracturée. Les voleurs ont pénétré dans la
cour de l'hôtel du prince en escaladant un
mur de clôture.
BLESSÉS PAR UN OBUS
Le Mans, 12 mars.
Un grave accident vient de se produire au camp
d'Auvours.
Deux artilleurs, en voulant dévisser un obus
trouvé près des buttes de tir, l'ont fait éclater. Un
des artilleurs a eu les yeux arrachés et les côtes
enfoncées. L'autre a eu un bras emporté. Tous
deux ont été amenés à l'hôpital du Mans.
LE MINISTÈRE ESPAGNOL
Madrid, 12 mars.
Le ministère est ainsi formé :
Présidence, M. Sagasta.
Finances, M. Amos Salvador, directeur de la
compagnie fermière des tabacs.
Intérieur, M. Aguilera, gouverneur de Madrid.
Travaux publias, M. Groizard, ancien ambassa-
deur à Rome.
Justice, M. Capdepon.
Affaires étrangères, M. Moret.
Guerre, le général Lopez Dominguez.
Marine, l'amiral Pasquin.
MORT DU GÉNERAL HEPG
Besançon, 12 mars.
Le général de division Hepp est mort aujour-
d'hui.
L'ARGENT DES PAUVRES
LE BUREAU DE BIENFAISANCE
DU Xle ARRONDISSEMENT
Ce qu'on dit et ce qu'on tait. — Commis-
saires, administrateurs et municipa-
lité. — Secours à des indigents
morts depuis cinq ans.
Le bureau de bienfaisance du onzième
arrondissement, recommence à faire parler de
lui. Ou se souvient des poursuites intentées
il y a quelque temps déjà à un administra-
teur et à un employé de ce bureau, à la suite
de la découverte de fâcheuses irrégularités
dans la distribution des secours. Me Henri
Robert, avocat de l'un des accusés, ayant dé-
claré au cours de sa plaidoirie sans que
cela fût contesté, que les pratiques reprochées
à son client étaient d'ordre courantau onzième
arrondissement, le tribunal prononça l'ac-
quittement. Ce jugement fit scandale, car il
était une sorte de confirmation des graves
propos de Me Henri Robert.
t'anaire cependant n'alla pas plus loin.
Elle est à la veille de renaître. A la mafirie
du XIe arrondissement un conflit vient de se
produire entre la municipalité et les mem-
bres du bureau de bienfaisance, à propos
d'une question secondaire en apparence, la
transformation des bons de pain en secours
d'argent. Mais les suites de ce conflit pour-
raient fort bien être graves. De droite et de
gauche, arrivent, en effet, des bruits qui,an-
noncent quelque scandale. Pour aujourd'hui
nous raconterons purement et simplement
, les causes du conflit signalé.
L'ORIGINE DU CONFLIT
Comme dans plusieurs autres arrondisse-
ments de Paris, le bureau de bienfaisance de
la mairie Voltaire donnait aux indigents des
bons de pain. Ces bons dont disposaient les
administrateurs étaient remis aux nécessiteux
par les commissaires du bureau de bienfai-
sance. Or, la municipalité n'aimait pas ce
mode de secours. A plusieurs reprises elle
voulut en changer.
Questionnée en 1892 sur cette éventualité,
l'assemblée des commissaires se prononça au
contraire pour le maintien du système en vi-
gueur. Convoqués à nouveau en avril 1893,
les commissaires maintinrent leur décision
première et même augmentèrent la somme
consacrée à ces bons, qui fut portée de 180,000
à 195,000 fr. Jusqu'en décembre dernier, les
choses restèrent en l'état. Mais à l'assemblée
générale du 23 décembre, M. Delage, premier
adjoint, qui présidait, annonça sans plus
d'explications que les bons de pain seraient
supprimés à partir du 1er janvier 1894. Les
commissaires se récrièrent. De toutes parts
surgirent des protestations. Ce fut un vérita-
ble scandale. Le président n'y mit fin qu'en
levant précipitamment la séance.
Un des commissaires, M. Rojot, commer-
çant bien connu du quartier de la Folie-Méri-
court qui avait cru devoir démissionner, pro-
voqua une réunion de ses collègues au café
de la Mairie, boulevard Voltaire.
Tout le monde fut d'avis de protester con-
tre la substitution de cartes de secours aux
bons de pain.
Quels inconvénients trouvait-on au système
imposé par la municipalité ?
Tout d'abord il fait perdre deux jours aux
indigents qui doivent aller toucher les trois
francs de leur carte à époque fixée, du 5 au
10 de chaque mois. Puis les commissaires
craignent que cet argent ne soit détourné de sa
véritable destination, qu'il ne serve pas à ache-
ter du nain.
Ces critiques une fois adressées au système
de la municipalité, on nomma pour chaque
division (l'arrondissement est divisé en divi-
sions qui sont elles-mêmes partagées en sub-
divisions) un commissaire. Et ces commis-
saires se groupèrent en un petit syndicat
pour la défense de leurs intérêts. ce qui peut
signifier : pour commencer la lutte contre la
municipalité qui ne veut point tenir compte
de leurs réclamations.
Voilà la première phase du conflit.
OU COMMENCE - A POINDRE
LE SCANDALE
Voyons la seconde. Conformément à l'avis
qui leur avait été communiqué à l'assemblée
générale du 23 décembre 1893, les commissai-
res reçurent dès janvier, à la place de bons
de pain, des cartes personnelles d'indigents,
avec lesquelles ceux-ci touchaient à la mairie
une somme d'argent équivalente. Quel ne fut
pas l'étonnement des commissaires, quand ils
voulurent procéder à la remise de ces cartes,
de constater qu'il s'en trouvait un assez grand
nombre portant le nom d'indigents depuis
longtemps disparus.
Un des bénéficiaires de ces cartes est mort
il y a cinq ans Un autre a quitté son logement
voilà tantôt trois ans et demi, etc.
Naturellement ces découvertes ont intrigué
les commissaires et motivé des réflexions di-
verses.
On s'attend à une série de démissions.
Dans le camp des administrateurs, l'émoi
est aussi vif. Leur réunion mensuelle qui a
eu lieu il y a trois jours a été très mouve-
mentée. L'un des membres présents, M. Toul-
let, aurait même offert sa démission.
On voit que le bureau de bienfaisance du
onzième est en plein désarroi.
Les commissaires y vivent en mauvaise
intelligence avec une partie de la municipa-
lité en raison du peu d'égards qu'elle a, di-
sent-ils, pour eux qui rendent, c'est incontes-
table, de réels services gratuitement.
En second lieu, des irrégularités graves se
sont produites dans la distribution des cartes
de secours. A qui incombent-elles ?
Les commissaires paraissent hors de cause.
En contact fréquent avec la population indi-
gente, ils en connaissent les mouvements et
les signalent — cela n'est pas douteux — aux
administrateurs.
Ceux-ci ont-ils négligé de transmettre ces
mutations au secrétaire-trésorier du bureau
de bienfaisance ?
Est-ce ce fonctionnaire qui négligeait de
tenir compte et d'opérer les radiations ?
C'est ce que nous apprendrons bientôt, il
faut l'espérer, car une enquête s'impose.
Le Programme fle Lord Eoseliery
ET LE DISCOURS DU TRONE
Londres, 12 mars.
Le Parlement s'est réuni aujourd'hui pour
entendre la lecture du discours du trône.
Ce discours commence par constater le bon
état des relations de l'Angleterre avec les
puissances étrangères:
Deux collisions, qui ont malheureusement
causé la mort d'un certain nombre d'hommes,
ajoute-t-il, se sont produites récemment entre mes
troupes et les forces coloniales de la France dans
l'Afrique occidentale. J'attends le résultat de l'en-
quête ouverte concernant ces regrettables événe-
ments, et je suis fermement convaincue que cette
question sera examinée avec le calme et la dignité
qui conviennent en pareil cas à deux grandes na-
tions.
En ce qui concerné les affaires d'Irlande,
le discours du trône déclare :
Les conditions dans lesquelles se trouvent dans
ce pays de nombreux tenents soumis à l'éviction
exigent cependant que vous vous occupiez d'eux
sans retard, et vous serez saisis d'un projet ten-
dant à résoudre d'une façon raisonnable une ques-
tion qui affecte profondément le bien-être de l'Ir-
lande.
Il termine en disant que des projets seront
soumis aux Chambres pour supprimer les
votes multiples dans les élections parlemen-
taires, pour égaliser les contributions à Lon-
dres, pour établir un système de gouverne-
ment local en Ecosse, pour amener la conci-
liation dans les différends relatifs au travail
des ouvriers, pour améliorer la législation
concernant les fabriques et les mines, etc.
Les Chambres se sont ajournât, après
cela, jusqu'à cinq heures.
A la reprise de la séance, à la Chambre des
lords, l'adresse a été votée.
La Chambre des communes s'est réunie
également dans le même but.
Mais ce n'est pas.au Parlement qu'a eu lieu
aujourd'hui la plus importante discussion
politique.
Les libéraux se sont, en effet, assemblés
auparavant au Foreign-office pour arrêter
leur attitude politique.
Toutes les célébrités du parti assistaient à
cette réunion, sauf toutefois M. Gladstone
qui est allé se reposer à Brighton.
Le premier ministre a pris place au fau-
teuil présidentiel et a aussitôt prononcé son
discours-programme si impatiemment at-
tendu.
Dès le début lord Rosebery rappelle la no-
ble figure de M. Gladstone auquel il adresse
un éloquent témoignage d'admiration,
11 ajoute que les nouveaux ministres sont
t solidaires des mesures prises par leurs pré-
décesseurs et qu'ils n'en mettront aucune de
côté.
Le parti libéral, en ce qui constitue les
questions irlandaises, est tenu par des enga-
gements d'honneur.
La politique du home rule ne sera pas
moins énergiquement poursuivie que lorsque
M.Gladstone était à la tête du gouvernement,
et s'il y a eu des doutes à ce sujet, ces doutes
devraient se dissiper en présence de ce fait
que M. John Morley reste au ministère d'Ir-
lande.
Lord Rosebery passe à la. question des
lords.
Le leader du parti, M. Gladstone, dans un
de ses discours à la Chambre des communes,
a fait une déclaration que les chefs actuels du
parti acceptent complètement.
Une conviction absolue s'est imposée à lui :
c'est qu'une Chambre des lords constituée
comme elle l'est devient une anomalie au
milieu d'un régime de suffrage démocratique.
Cette conviction s'est augmentée par la
malheureuse série d'incidents qui ont modi-
fié cette Chambre et l'ont amenée à n'être
qu'une organisation tory généralement à la
merci d'un - seul - parti.
Lorsque les conservateurs sont au pouvoir,
le droit de veto n'est pas exercé par la Cham-
bre des lords, et lorsque le pouvoir est aux
mains des libéraux le droit de veto est exercé
par un leader conservateur.
Cela est un danger pour la constitution an-
glaise ; c'est un danger que le parti libéral ne
peut pas méconnaître et qu'il devra faire dis-
paraître.
Lord Rosebery explique toutefois qu'il ne
va pas aussi loin que quelques-uns de ses
amis et qu'il ne pense pas qu'on doive traiter
les lords comme des parias.
Lord Rosebery sympathise avec la députa-
tion radicale qui vint trouver récemment le
whip du parti.
C'est, en effet, un grand désavantage pour
le parti libéral que le premier ministre ne
soit pas dans la Chambre des communes,
mais c'est un désavantage aussi pour le pre-
mier ministre.
En acceptant la haute position qui lui a été
conférée, il a obéi à un sentiment d'honneur
et de devoir.
Sir William Harcourt parle ensuite, -11 fait
à son tour un magnifique éJoge de M. Glad-
stone, et il déclare que rien n'est changé dans
le parti dont le programme est présenté.
Quant à la question des lords, dit-il, le lan-
gage de M. Gladstone est devenu un héritage
pour le parti libéral et c'est là qu'est son ave-
nir. ,
M. John Morley et quelques autres orateurs
parlent dans le même sens et la réunion se
termine.
Les radicaux, les membres du parti ouvrier
et les Irlandais n'assistaient pas à la séance.
Les radicaux et les membres du parti ou-
vrier ont tenu ensemble une réunion spéciale,
dans une des salles de la Chambre des com-
munes, ainsi que les Irlandais nationalistes
qui ont réélu pour président M. Mac-Carthy.
Les députés du pays de Galles ont aussi élu
leur président. Leur choix s'est porté sur sir
George Osborne Morgan, qui remplacera M.
Rendel, l'ami de M. Gladstone, qui vient d'être
fait lord.
A propos du procès Haii contre Rotbscbild
Nous avons reçu de nombreuses lettres à
propos du procès de l'ingénieur Hamon contre
M. de Rothschild.
Un correspondant nous apprend que M. de
Rothschild n'a pas affaire seulement aux tri-
bunaux français et que le tribunal de Tiflis
(Russie d'Asie) vient de le condamner à une
amende de 100,000 roubles pour infraction à
la loi russe sur la vente du pétrole, dont il a,
pour ainsi dire, le monopole exclusif.
Un autre correspondant nous écrit quelques
mots qui sont une indication des sentiments
qu'inspire au grand public l'attitude de M.
de Rothschild dans cette affaire Hamon :
Boulogne-sur-Seine, le 10 mars.
Monsieur le directeur,
Une chose m'a frappé dans le procès Hamon
contre Rothschild : c'est que la Société pour la
transmission de la force par l'électricité, société
Rothschild, ne nie pas que le brevet Hamon ne
soit tombé par sa faute, erreur volontaire ou invo-
lontaire, dans le domaine public.
Cette faute qu'elle reconnaît, elle refuse pour-
tant de la reparer sous le prétexte qu'elle ne sait
pas exactement le préjudice qu'elle a pu causer à
M. Hamon.
Cet argument m'a .remis en mémoire le meurtre
commis il y a quelques années par les gardes de
MM. de Rothschild à Boulogne-sur-Seine.
Un pauvre diable ayant faim avait franchi la
clôture du parc des Rothschild; il avait cueilli une
branche de verdure. Un garde le surprit, le mit en
joue, fit feu et le tua.
Le garde ne fut ni poursuivi ni révoqué ; au con-
traire.
Avant de faire payer une sivlégère faute de sa
vie à un être humain, les gardes de M. de Roth-
schild s'étaient-ils demandé quel préjudice il avait
causé à leur maitre ?
Ne trouvez-vous pas, d'autre part, que les Roth-
schild, si impitovables pour quiconque met le pied
sur leurs plates-bandes, se sont montrés, dans l'a-
faire Hamon, bien peu respectueux de la propriété
d'autrui et que de pareils contrastes sont bien de
nature à troubler la conscience publique?
Recevez, etc. ,
UN HABITANT PJE BOOLOQ^S-SUR-SE^K..
CHRONIQUE
Peste 1 quel appétit à l'Eglise en ce mo-
ment t Ce n'est pas assez pour elle de tenter
d'accaparer Jeanne d'Arc, qu'elle brûla
jadis (il est vrai que, maintenant, elle
laisse entendre que l'évêque Cauchon était
d'origine juive !) et de tenir à tout prix à
faire une sainte de la vierge guerrière qui
vraiment n'avait pas besoin de cette tar-
dive béatification. Elle s'est avisée d'une
petite fête inattendue. Oh oui, là, très
inattendue !
péjà, elle travaille à produire un mou-
vement en faveur de la solennité « natio-
nale » qu'elle projette, et qui doit être, en
fait, un défi aux idées modernes.
Elle a remarqué que c'était bientôt le
quatorzième centenaire du baptême de
Clovis, et elle a conclu qu'il fallait abso-
lument célébrer cet anniversaire qui,
pourtant, pendant la monarchie, avait
laissé fort indifférents les monarques les
plus catholiquse, héritiers et successeurs
du « fier Sicambre ». Faut-il assez avoir
besoin d'un anniversaire ! Franchement,
Clovis paraissait manquer d'actualité, et
du diable si personne s'occupait de lui !
Même les Marseillais qui portent ce nom,
répandu dans le Midi, n'éprouvaient au-
cun besoin de réclamer quoi que ce fut en
l'honneur de leur patron. Si M. Clovis
Hugues procède volontiers à des « bap-
têmes civils », j'imagine que ce n'est pas
du tout en souvenir du chef franc, héros
de la petite anecdote classique du vase
de Soissons. -
Mais voici Clovis (son ombre doit-elle
être assez étonnée!) devenant à la fin du
XIXe siècle et après vingt-quatre ans de
république un prétexte à discussions. Je
doute, tout de même, que la fête en ques-
tion ait des chances de devenir aussi po-
pulaire que la fête de la mi-carême. Ce
Mérovingien est décidément un peu trop
mort, et dans mon âme et conscience j'ai
beau faire appel à tous mes sentiments
émotifs, je ne me trouve rien, mais rien
du tout, qui vibre à l'évocation de son
nom.
Tout ce que ma mémoire me rappelle,
c'est que ce héros lointain fut un gaillard
sans préjugés, plutôt brutal et hypocrite,
et ne pactisant avec l'Eglise de son temps
que parce qu'il @ y trouvait son intérêt.
Ainsi l'avait jugé le vieux père Nêpomu-
cène Lemercier en une tragédie autrefois
fameuse, où il avait fait de ce barbare
converti un « tartufe tragique », sangui-
naire et dévot.
Devons-nous vraiment nous réjouir pro-
fondément, après quatorze cents ans, ce
qui est beaucoup de temps, de ce que
Clovis, dépouillant ses vêtements, se soit
plongé, à Reims, dans la cuve où descen-
daient les catéchumènes ? J'ose avouer
qu'il me semble y avoir là un motif d'allé-
gresse insuffisant.
Entre nous, l'Eglise n'est pas bien diffi-
cile, en tenant à ce point à glorifier Clo-
vis. On aurait de la peine à faire de lui
un personnage édifiant et on a coupé le
cou à beaucoup de gens qui n'avaient pas
accompli la vingtième partie de ses divers
forfaits. Il est vrai que l'Eglise d'alors pro-
fitait de ses meurtres. C'est cela qui rend
celle d'à présent indulgente envers lui.
L'idée ne vous semble-t-elle pas singu-
lière ? Et le cardinal Langénieux, qui l'a,
paraît-il, conçue le premier, se moque-t-il
assez de son époque ? Non, vraiment, il
n'y a qu'à rire, sans quoi ce serait à se
demander quelle lutte téméraire est enga-
gée contre la pensée moderne. Dans les
pires temps de réaction religieuse, on
n'avait point songé à de pareilles folies.
Vous entendez bien qu'il s'agit d'indiquer
que les traditions de la France sont dans
une alliance avec l'Eglise, que l'Eglise
doit continuer à exercer sa suprématie sur
elle. Toutes les occasions lui sont bonnes
pour cela. Mais est-ce que, à la fin, elle
ne le prend pas d'un peu trop haut?
Quelle façon est-ce là de répondre au dé-
sir de tolérance qui se - manifeste ?
C'est porter atteinte à la raison que de
convier un pays comme le nôtre à exalter,
alors que tous les regards sont portés vers
l'avenir, un passé qui ne pourrait rap-
peler que barbarie, crimes, orgies de
sang, s'il comptait encore pour quelque
chose. Est-ce donc là l'idéal de l'Eglise ?
Ah ! qu'elle est imprudente, avec de sem-
blables prétentions, qu'elle est mal ins-
pirée, et comme c'est elle qui ne veut pas
l'apaisement 1
On la croyait assez occupée, en ce mo-
ment, à ordonner une foule de cérémonies,
qui sont des cérémonies de combat poli-
tique elles aussi avant tout et où elle at-
teste qu'elle ne pardonnera jamais à la
Révolution. La présente année va en ame-
ner de nombreuses analogues à celle qui
eut lieu avant-hier dans la cathédrale de
Saint-Brieuc. Elles sont instituées « en
réparation des sacrilèges commis en
1794 », alors que, dans certains édifices
religieux, le culte fut renversé.
Oui, il le fut, mais pourquoi ? L'Eglise
l'a-t-elle donc oublié? Dans ses savantes
leçons sur l'histoire de la Révolution, M.
Aulard a très bien démontré qu'on a vite
fait de parler des aberrations du délire
révolutionnaire et du ridicule des offices
philosophiques qui, un moment, rempla-
cèrent la messe. Ces offices philosophi-
ques, ces symboliques et théâtrales céré-
monies du culte de la Raison, avec leurs
feux purificateurs et autres inventions qui
nous semblent plus que bizarres à présent
furent surtout un expédient patriotique.
La Révolution ne fut pas athée. Elle s'é-
tait même montrée tout d'abord très res-
pectueuse du catholicisme. A la fin de 1793,
le Comité de sûreté générale ne blâmait-il
pas les habitants de Mennecy, près de Cor-
beil, qui avaient brûlé l'effigie d'un saint
et ridiculisé les objets du culte 1
Ce fut la résistance du clergé, ce fut son
accord avec la réaction du dehors et du
dedans qui changèrent seulement les
dispositions de la Révolution, qui, sans
cela, eût continué à se montrer tolé-
rante. , La religion était devenue l'âme
de la coalition contre la patrie : il fallait
donc ôter au clergé ses armes et vaincre
l'Eglise insurgée contre l'Etat. « La Ven-
dée, a dit M. Aulard, la connivence des
prêtres avec les émigrés et l'ennemi, cette
résistance à la loi dont le sanctuaire ca-
tholique était le foyer, amenèrent l'inva-
sion violente du temple, et c'est ainsi
qu'on en vint à s'attaquer non seulement
aux pierres de l'autel, mais aux fonde-
ments mêmes du dogme. » Si l'on fit mine
de détruire le christianisme, ce n'est point
parce que Voltaire avait parlé « d'écraser
l'infâme », c'est parce que le prêtre cons-
pirait. On culbuta l'autel non par philo-
sophie, mais pour assurer la défense na-
tionale. Le culte semblait l'obstacle au
salut de la patrie, eh bien, il fallait abo-
lir le culte f
L'Eglise ne veut pas se souvenir au-
jourd'hui que c'est pour cette raison seule'
que, il y a cent ans, on dut lutter contre
elle. Cela est si vrai qu'il n'y eut, en fait,
de violences que là où la République avait
le plus à se défendre. Ah, là aussi, que
l'Eglise serait sage de ne pas réveiller ces i
sguvenirs qui font penser que, à l'heure!
du grand danger national, elle n'eut pas
le beau rôle. Mais il semble que la sa-
gesse ne lui ait jamais tant fait défautÍ
qu'à présent, puisqu'elle se plaît à tant de >
provocations qu'il est impossible cepen-)
dant de ne pas relever t
Paul Ginisty.
La Compagnie Transatlantiqpt\,
XVI
RÉPONSE A L'ANCIEN ACTIONNAIRE
« L'ancien actionnaire » de l'Evénement a
publié dans le numéro daté de dimanche 11
mars — toujours en forme d'affiche sensa-
tionnelle — de nouvelles considérations sur
notre méchanceté. Voici son allocution :
Je vous avais promis de rechercher le coéfficient
de l'exploitation des deux grandes sociétés, les
Messageries maritimes et la Compagnie trans-
atlantique. Je tiens parole. Voici un résumé qui
l'établit. Il est formé de chiffres officiels inatta-
quables. Il en résulte que l'exploitation des Mes-
sageries s'élève à 83 fr. 65 c. pour 100 de la recette.
alors que celle de la Transatlantique n'est que de
74 fr. 16 c. pour 100. D'où une différence de 9 fr. 49 c.
pour 100 en faveur de la Transatlantique.
Cette démonstration achève de prouver combien
les attaques dirigées contre la Transatlantique sont
calomnieuses et absurdes.
Notre seule réponse aux gros mots de
l' « ancien actionnaire » sera d'examiner son
calcul. Il dit :
Parcours. 2.333.536 milles
Recettes de toute nature. 58.172.153 francs
Soit par mille 24 fr. 93
Dépenses d'exploitation et
frais généraux. 43.140.753 francs
Soit par mille 18 fr. 48
Ou 74 fr. 16 0/0 de la re-
cette.
Excédent des recettes sur
les dépenses. 15.031.400 francs
Soit par millle 6 fr. 45
Nous répondons à l' « ancien actionnaire-
que tous les chiffres dont M. Pereire l'a
« armé » sont faux, de sorte que son raison-
nement appuyé là-dessùs tombe par terre.
M. Pereire vous a ait que voire noue avait
fourni en 1892 un parcours total dans l'an-
néede. 2.333.536 milice
Or, le même M. Pereire,
dans unrapport du 29 juin
1893, affirme qu'en 1892 le
parcourstotal des paquebots
transatlantiques s'est élevé
à761,166 lieues marines. On
compte 3 milles marins par
lieue. Par conséquent, les
761.166 lieues font seule-
ment.. 2.283.498 milles
soit un parcours en moins
rt - - - 50.038 millfts
'8 --- --- ---
Notez, s'il vous plaît, que les chiffres énon-j
cés dans le rapport sont les seuls qui fassent;
foi. Ce sont les chiffres authentiques extraits)
de la comptabilité. Ce sont de plus les seuls 1
qui aient été vérifiés par vos deux commis-1
saires des comptes, lesquels les ont reconnu SJ
adorablement vrais dans leur rapport spécial
annexé à celui de M. Pereire. Donc, le premierj
chiffre fourni par M. Pereire n'est pas exact, jvi
Pour les dépenses, c'est bien pire.
M. Pereire vous a dit qu'il avait
dépensé. Fr. 43.140.753 j
Or le rapport précité établit —
toujours avec la précieuse appro-
bation de vos commissaires — le
compte de votre exploitation en
1892 comme suit :
Frais généraux d'administra-
tion Fr. 422.347
Frais généraux d'ex-
ploitation. 6.213.729
Dépenses maritimes
et commerciales 39.788.644
Cela fait déjà un total de. Fr. 46.424.720
supérieur déjà de. 3.283.967
au total que vous a fourni M.
Pereire.
Mais ce n'est pas tout. Vous avez
d'autres dépenses à compter : vos
charges statutaires, soit, suivant
le rapport.Fr. 4.668.320
Ce sont tellement bien des dé-
penses à compter, que lorsque
vous cesserez de les acquitter exac-
tement, vous serez mis en faillite.
Or, en ajoutant aux. 43.140.753
d'une part, les. 3.283.967
dissimulés par M. Pereire et,
d'autre part, les 4.668.320
dont il a négligé de vous faire
mention, vous trouverez que les
dépenses de la Compagnie se sont -----
élevées en 1892 réellement à.. Fr. 51.093.040
Mais comment vous êtes-vous laissé pren-
dre comme cela, « ancien actionnaire » ? —
Que diable, vous devriez cependant connaître
votre homme, puisque vous êtes un « an-
cien », et savoir qu'il faut toujours refaire
les
cien ad», ditions après lui. Le « système », une
arithmétique à part.
Vous concevez - n'est-ce pas? — qu'après
ces deux rectifications, il est inutile de suivre
plus loin votre raisonnement, puisqu'il n'en
subsiste plus le moindre fragment debout.
Nous attendrons donc votre troisième « affi-
che » ; mais faites attention à vos chiffres.
C'est important.
(A suivre.)
LES SERVICES POSTAUX
Hier, à la fin de la séance, le président de la
Chambre a proposé d'inscrire à l'ordre du jour des
bureaux d'aujourd'hui la nomination de la com-
mission qui doit examiner le projet sur les trans-
porte maritimes postaux pour l'Algérie, la Tunisie
et la Corse.
Sur l'observation qui lui a été fait& par M.
Raiberti que le projet du gouvernement n'était pas
encore distribué aux députés, cette nomination
été ajournée.
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