Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1894-03-10
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 10 mars 1894 10 mars 1894
Description : 1894/03/10 (A24,N8090). 1894/03/10 (A24,N8090).
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 29/04/2013
1 -. -"
VINGT-QUATRIEME ANNÉE. - Ne 8,090 LE NUMÉRO CINQ CENTIMES - SAMEDI 10 MARS 1891
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LES
fioncessions ge l'Eglise
Le Temps a imaginé de soutenir une
thèse amusante. Se tournant vers cer-
tains de ceux auxquels « l'esprit nou-
veau » de M. Spuller inspire des in-
quiétudes, il leur dit que leurs anxiétés
se comprendraient si les cléricaux
étaient les maîtres. Mais il se hâte
d'ajouter qu'il n'en est pas ainsi, et que
comme, au contraire, la victoire de la
société laïque est complète et définitive,
celle-ci peut pratiquer une politique de
large tolérance, de justice et de con-
corde. En même temps, notre confrère
réplique à d'autres, qui ne veulent pas
prendre la route de Canossa : «N'est-ce
pas l'Eglise qui a compris la nécessité
d'en finir avec une lutte où elle ne re-
cueillait guère que des défaites ? N'est-ce
pas le chef suprême de la chrétienté qui
a commandé aux catholiques de déga-
ger leur foi religieuse de la foi monar-
chique? »
Cette argumentation veut évidemment
établir que l'Eglise ayant fait le premier
pas vers la République, s'étant montrée,
« la première, animée d'un esprit nou-
veau », la République, à son tour, peut,
sans capitulation, s'imprégner de ce
même esprit. Par malheur, notre con-
frère a lui-même porté le plus rude
coup à sa démonstration en disant que
« l'Eglise avait compris la nécessité
d'en finir avec une lutte où elle ne re-
cueillait guère que des défaites ». Ce
n'est, en effet, pas par esprit de conci-
liation que l'Eglise a adopté un « esprit
nouveau », mais bien parce qu'elle a vu
que l'esprit ancien, c'est-à-dire que la
la confusion de la foi religieuse et de
la foi politique ne servait qu'à gâter ses
affaires. Elle avait maintenu cette con-
fusion tant qu'à ses yeux l'idée monar-
chique semblait un remorqueur possi-
ble pour le cléricalisme.
Le jour où elle a constaté que la mo-
narchie était un poids mort, qui ne
faisait que la gêner dans sa marche et
alourdir ses mouvements, elle l'a déli-
bérément jetée par-dessus bord, et les
instructions du pape, qui inspirent tant
d'admiration à M. Spuller, et que le
Temps n'est pas loin de considérer
comme une amende honorable de l'Eglise
envers la République, le disent expres-
sément. On ne saurait trop répéter, en
effet, que l'encyclique de Léon XIII aux
Français se résume exactement en ces
quelques mots : « Les questions consti-
tutionnelles divisent les catholiques et
les empêchent de se consacrer tout en-
tiers à la revendication des libertés re-
ligieuses. Il faut renoncer à la lutte
constitutionnelle pour poursuivre sans
relâche et sans division la lutte contre
la législation. »
Il faut bien s'en souvenir : loin d'être
une manifestation favorable à la Répu-
blique, les instructions pontificales au-
tour desquelles tant d'encre et tant de
paroles ont été dépensées depuis dix-
huit mois, ne sont qu'une affaire de
tactique dirigée contre le parti républi-
cain, et contre tous ceux qui veulent
maintenir la suprématie de l'Etat laï-
que sur les confessions religieuses,
contre tous ceux qui, également respec-
tueux de toutes les opinions et de ce qui
est du domaine de la conscience, veu-
lent que l'Etat observe en ces matières
la neutralité et n'accorde de privilèges
à aucune confession religieuse.
Or cette doctrine est précisément l'in-
verse de la doctrine et des revendica-
tions des catholiques. M. Spuller disait
l'autre jour que « l'esprit nouveau »
consistait à ne tracasser personne et à
ne faire ni taquineries ni persécutions.
Nous avons déjà montré que ce n'était
pas là une nouveauté, et que les répu-
blicains n'avaient jamais voulu faire
autre chose que rétablir la liberté là où
des privilèges s'étaient implantés. Mais
si l'on veut savoir ce que l'Eglise,
même adhérant à la République entend
par la liberté, il faut se reporter à un
document déjà quelque peu ancien, que
la Gazette de France vient d'exhumer
fort à propos, et dont on ne contèstera
pas l'autorité, car il est signé des car-
dinaux Desprez, Langénieux, Place,
Richard et Foulon ; le cardinal Lavige-
rie lui a donné son approbation, et l'é-
piscopat presque tout entier y a égale-
ment adhéré.
.Ce document est « l'exposé de la si-
tuation faite à l'Eglise en France ».
Les prélats y dénoncent en premier
lieu « l'athéisme pratique qui est de-
venu la loi de tout ce qui se fait au
nom de l'Etat ». Ils signalent, à l'appui,
la suppression des prières publiques, la
proscription du crucifix des salles de
classe, l'abrogation de la loi sur le re-
pos du dimanche, l'égalité d'honneurs
rendus à tous les genres de sépulture.
Ils se plaignent de l'amoindrissement
apporté à la liberté des évêques, de la
surveillance dont leurs démarches sont
l'objet, des arrêts qui, « au mépris des
lois les plus saintes, autorisent les prê-
tres infidèles kt contracter une union
sacrilège que l'Eglise réprouve. Ils s'in-
dignent des réductions et des suspen-
sions de traitement, de la suppression
des chanoines, de l'expulsion des con-
grégations, des lois fiscales sur le droit
d'accroissement, de l'instruction laïque,
de la suppression de l'enseignement re-
ligieux, de l'interdiction aux congréga-
nistes d'entrer dans l'enseignement pu-
blic.
Ils dénoncent la suppression des bour-
ses de l'Etat dans les séminaires ; l'abro-
gation de la loi sur la collation des
grades, l'atteinte portée au recensement
du clergé par la loi militaire, les effets
de la loi anti-chrétienne et anti-sociale
du divorce, les dispositions légales sur
l'usage des cloches, et déjà ils parlent de
la « sujétion des conseils de fabrique » et
de leur destruction prochaine par la loi
qui soumet les comptes et budgets de ces
conseils à toutes les règles de la comp-
tabilité - publicrue.
Si formidable que soit ce réquisitoire,
nous l'avons écourté, et déjà les cardi-
naux terminaient leur exposé en disant
« qu'il était loin d'être complet ». Pour
savoir à quelles conditions l'Eglise pré-
tend n'être pas soumise à la tyrannie
ou persécutée, il n'y a qu'à prendre la
liste de ses doléances. Tant qu'elle
n'aura pas satisfaction sur tous ces
points, elle tiendra le gouvernement
républicain pour le successeur de Dio-
clétien. Vraiment il est difficile de voir
dans tout ceci une manifestation, de la
part de l'Eglise, d'un esprit nouveau, et
ceux qui prétendent la livrer à notre
admiration, qui font valoir les disposi-
tions conciliantes de l'Eglise pour nous
inciter à notre tour à désarmer, ne sont
enneinis ni de paradoxes ingénieux ni
d'une douce gaté.
ATTENTAT
CONTRE LA CHAMBRE ITALIENNE
Rome, 8 mars.
Une bombe a éclaté ce soir sur la place
Montecitorio, devant la Chambre des dépu-
tés ; la séance avait été levée depuis une
heure.
Les vitres de la Chambre et des maisons
voisines ont ét brisées.
La détonation a été si forte qu'elle a été
entendue de divers points de la ville.
La bombe était en fer-blanc remplie de ma-
tières explosives et recouverte par un cha-
peau de haute forme.
L explosion a fait huit victimes. Six ont
été envoyées à l'hôpital, trois d'entre elles sont
grièvement blessées.11 yen a une qui est mou-
rante. Parmi les blesses se trouvent une jeune
fille et deux soldats dont un est atteint grave-
ment aux jambes.
Un ouvrier maçon nommé Polidori, légè-
rement blessé, a été conduit au bureau de
police et soumis à un long interrogatoire.
On le soupçonne vivement d'être l'auteur
de l'attentat. -
Deux autres individus ont été arrêtés.
Le président de la Chambre, M. Biancheri,
qui se trouvait encore à la Chambre au mo-
ment de l'explosion, a ordonné à un médecin
de la Chambre d'aller au secours des blessés
qui ont été conduits à l'hôpital.
Ce soir un cordon de troupes isole Monte-
citerio autour duquel stationne la foule. La
place est jonchée de débris de verre et d'or-
nements de faïence brisés par l'explosion. Les'
éditions de journaux sont lues avec avidité
par le public.
On croit que les ouvriers ont voulu se ven-
ger du vote de la Chambre qui a repoussé
hier l'exposition de Rome. Déjà dans la soirée
d'hier, un ouvrier menuisier était arrêté
pour cris et menaces proférés devant le palais
de Montecitorio.
M. Idescalchi, qui était au nombre des dé-
putés qui ont parlé contre le projet d'exposi-
tion, a remarqué, en outre, qu'hier soir et
aujourd'hui on parlait dans beaucoup de cer-
cles spécialement ouvriers de la possibilité de
bombes à Montecitorio.
D'après la Tribuna, au contraire, ce ne
serait pas le vote d'hier sur l'Exposition de
Rome, mais la demande de poursuites contre
M. de Felice, député de Sicile, qui devait être
discutée aujourd'hui, qui serait le véritable
motif de l'attentat.
SCANDALE POLICIER
Passage à tabac d'une femme
Nous avons encore aujourd'hui à enregis-
trer de nouvelles brutalités de la part des su-
balternes de M. Lépine qui reçoivent pour-
tant depuis quelques mois des leçons d'urba-
nité et des cours de mansuétude. Il y a quel-
ques jours ils arrêtaient une dame Herman
demeurant 1, rue Fontaine-au-Roi qui, pré-
tendaient-ils, se livrait au racollage. Comme
cette dame protestait avec indignation contre
l'accusation dont elle était l'objet, ils se li-
vraient sur elle à des brutalités telles que la
malheureuse s'évanouit à plusieurs repri-
ses dans la nuit. Lorsque M. Dresch, le
commissaire de police du quartier, la remit
en liberté le matin, après interrogatoire, elle
rentra à son domicile et dut s'aliter, et se
trouvant enceinte de quelques mois elle fit
une fausse-couche qui a mis sa vie en dan-
ger.
Elle déposa une plainte contre les agents
qui l'avaient ainsi maltraitée, et le parquet a
chargé M.Dopffer, juge d'instruction, de sui-
vre l'affaire, et M. Descouts, médecin-légiste,
de constater les blessures faites par les coups
portés par les agents et leurs conséquences.
Le préfet de police informé attend le résul-
tat de l'enquête avant de prendre des mesures
à l'égard des agents coupables, puisqu'on n'a
pu réussir à étoutfer l'affaire, grâce à l'éner-
gie du parquet.
LE CARDINAL THOMAS A L'AGONIE
i Rouen, 8 mars.
Le cardihal Thomas, archevêque de Rouen a été
administra ce maUB, Oa désespère de le sauver.
Le Procès Hanoi cote BotMili
CAPITALISTES ET TRAVAILLEURS
Deux millions pour ne pas payer <&e
dette. — L'arbitrage du grand
rabbin.
C'est aujourd'hui — sauf circonstance im-
prévue — que doit être plaidé, devant la pre-
mière chambre, le procès de l'ingénieur Ha-
mon contre M. de Rothschild.
Nous avons dit déjà en quoi consistait ce
singulier procès, dans lequel on voit des mil-
liardaires lutter contre un travailleur, un in-
génieur qui s'était cru arrivé à la fortune le
jour où il avait traité avec les Rothschild, et
qui, de son association avec ces rois de la
finance, n'a finalement retiré que déboires et
ruine.
Non seulement la Société de transmission
de la force par l'électricité, autrement dit la
société Rothschild, a de parti pris, ou par né-
gligence — elle ne le nie pas — ruiné l'ingé-
nieur Hamon, mais elle a refusé et elle refuse
de l'indemniser. « Nous dépenserons deux
millions, a dit M. Weill, le directeur actuel
de la société, plutôt que de payer à M. Ha-
mon l'indemnité qu'il réclame. »
Dépenser deux millions pour ne pas payer
une dette est un luxe que tout le monde ne
peut pas se permettre l
Cette querelle judiciaire montre, hélas 1
combien sont peu sincères les protestations
de ceux qui dans ce pays sont l'incarnation
vivante du capital, quand ils disent qu'il
faut aider le travail, améliorer la situation
des travailleurs.
Elle servira de navrant et trop éloquent
commentaire au fameux interview du baron
Alphonse de Rothschild, publié par le Figaro
le 14 septembre 1892.
LE TRAITÉ
Le défenseur de M. Hamon aura peut-être
l'occasion de citer cet interviewsur lequel nous
aurons pour notre part à revenir. En atten-
dant et afin de corroborer tout ce que nous
avons dit jusqu'ici de cette cause célèbre, nous
publions les principaux passages du traité
entre Hamon et la société Rothschild :
Monsieur Hamon a pris en France le 3 juin 1889
un brevet de 15 ans sous le numéro 198.692 pour
un transmetteur de mouvement circulaire à vitesse
amplifiée, brevet dont les deux premières annuités
ont été acquittées par lui. M. Hamon s'étant mis
d'accord avec la Société pour la transmission de
la force par l'électricité pour la constitution d'une
association en participation en vue de l'exploitation
de ce brevet, les conventions suivantes ont été ar-
rêtées entre les parties.
Article premier. — Il est formé une association
entre les parties susnommées en vue de l'exploita-
tion du brevet ci-dessus. La société aura la gérance
de l'association au regard des tiers. M, Hamon lui
,:c,nfè¡'e drs à prévoit et lui donnera par la suite,
or, tant qiift de besoin, tous les pouvoirs néces-
bar-es pour 1'?1 j.V>>lation dudif br-la pour-
suite (j,OI contrôlai tcurs. la cuuCCS'¡.jl; de ton tes
licuûcc* particulières, etc.
Art. il. - La t)., Ciété fera seule toutes les avan-
ces jugées-par ellestwteessaires pour l'exploitation
du brevet, la poursuite des contrefacteurs ainsi
que les frais de toutes les annuités restant à
échoir. Mais ces avances seront imputées sur les
recettes de l'entreprise, avant partage des bénéfi-
ces ainsi qu'il sera dit ci-après.
Art. III. — La Société contractante percera
toutos les recettes auxquelles pourra donner lieu
l'exploitation du brevet. Elle prélèvera sur les re-
cettes tous les frais afférents à ladite exploitation.
Le surplus des bénéfices sera partagé par moitié
entre elle et M. Hamon. Les règlements du compte
de participation se feront trimstriellement.
Art. IV. - La Société pour lairansmission payera
elle même à la participation pour toutes les appli-
cations qu'elle fera dans ses établissements et dans
ceux de la Société d'éclairage et de force par
l'électricité à Paris, par elle fondée, un droit
de brevet de
CHEVAUX
10 fr. pr chev. de puiss. de l'app. empl. de 1 à 5
8 - — — — - 5 à 10
7 - — — - - - 10 à 215
6- - - - — 25 à 50
5 - — — — — 50 à 100
et au-dessus. Cette redevance sera entièrement as-
similée au point de vue du mode de partage aux
autres recettes de l'entreprise.
Le tarif ci-dessus servira de base pour la déter-
mination des redevances à demander aux tiers à
raison de la concession des licences.
Toutefois, il pourra être abaissé ou modifié d'un
commun accord entre les parties ; et, en ce cas, la
Société pour la transmission de la force par l'élec-
tricité bénéficiera de plein droit de toutes condi-
tions plus avantageuses que celles indiquées ci-
dessus qui pourraient être. adoptées à l'égard de
toute autre personne ou société.
Art. V. — Par tous les perfectionnements ou ap-
plications de l'invention faisant l'objet du présent
contrat, les brevets qu'il pourra y avoir lieu de
prendre, le seront au nom de M. Hamon et de la
société collectivement.
Ils appartiendront à l'association, et seront sou-
mis comme le brevet principal a toutes les condi-
tions du présent traité. Les frais de prise de ces
brevets seront avancés par la société et imputés
sur les recettes de l'exploitation, comme toutes les
autres charges pesant sur celle-ci.
Le présent traité est fait pour toute la durée du
brevet auqual il s'applique ; toutefois la société
aura le droit de. résilier au bout de deux ans en
prévenant M. Hamon six mois à l'avance. En ce
cas, l'exploitation des brevets pris depuis la date
du présent contrat, conformément à l'article 5 ci-
dessus, appartiendrait à M. Hamon.
Toutes contestations au sujet de l'exécution du
présent contrat seront soumises à l'appréciation
de deux arbitres nommés par chacune des deux
parties et qui, en cas de désaccord, sont autorisés
à s'adjoindre un troisième arbitre.
Fait en double à Paris, le quinze octobre mil
huit cent quatre-vingt-dix.
Est-il possible qu'avec un pareil traité la
société Rothschild ait oublié, comme elle le
prétend, de payer les annuités du brevet
Hamon ? Cela parait bien invraisemblable.
QUELQUES REMARQUES
On remarquera que la société devait payer
un droit pour toutes les applications qu'elle
ferait dans ses établissements. Maintenant
que le brevet est tombé par son fait dans le
domaine public, elle n'aura plus rien à
payer de ce chef.
On remarquera d'autre part que la société
Rothschild pouvait résilier son traité au bout
de deux ans en prévenant M. Hamon six mois
à l'avance. Si elle avait cru s'être trompée sur
la valeur de son brevet, elle n'avait qu'à ré-
silier
Pourquoi donc, au lieu de résilier, a-t-elle
préféré ne pas tenir l'engagement qu'elle
avait pris de payer les annuités du brevet ?
N'est-ce pas afin de le faire tomber dans le
domaine public?
On remarquera enfin le dernier paragraphe
stipulant que toutes les contestations au sujet
de l'exécution du contrat devaient être sou-
mises à des arbitres.
M. Hamon, qui n'est pas israélite, avait
proposé à un moment donné, paraît-il, de pren-
dre comme arbitre le grand-rabbin. M. Zadoc-
Kahn qui avait accepté. Mais MM. de Roths-
child n'ont pas voulu de lui : ils ont préféré
aller devant les tribunaux.
La raison qu'ils ont donnée serait même
assez curieuse. Ils auraient prétendu que M.
Cornélius Herz et la succession de Reinach
pourraient contester la décision de l'arbitre
et saisir ce prétexte pour leur créer des diffi-
cultés.
D'autres prétendent que s'ils ont refusé
l'arbitrage du grand rabbin, c'est afin de
faire traîner l'affaire en longueur et dans l'es-
Eoir de venir à bout de leur adversaire par
a famine.
UNE DISGRACE
M. Roger-Ballu, commissaire général des
expositions des beaux-arts, vient d'être l'objet
d'une mesure de rigueur qui n'a pas été sans
causer quelque émotion.
Il a été relevé de ses fonctions et on l'a rat-
taché à l'administration des beaux-arts en
qualité de simple inspecteur.
Cette révocation qui parait avoir été moti-
vée par des faits assez graves dont on parlait
à mots couverts depuis longtemps mais dont
on n'a encore publiquement rien dit, b sus-
cité quelques petites polémiques.
On a voulu faire retomber sur un modeste
sous-chef de bureau, M. Giudicelli, la respon-
sabilité des fautes qui incombent à M. Roger-
Ballu.
Mais il suffit de savoir quelles étaient les
situations respectives de M. Roger-Ballu et de
M. Giudicelli dans l'administration des beaux-
arts, pour comprendre que c'est à tort qu'on
chercherait à incriminer en quoi que ce soit
ce fonctionnaire.
Laissons d'ailleurs sur ce point la parole à
la République française qui expose très clai-
rement l'affaire : -
Il n'y avait autrefois à la direction des
beaux-arts, dit notre confrère, qu'un chef de
bureau chargé des expositions. Le titulaire
était M. Paul Delair qui avait sous ses ordres,
en qualité de sous-chef, M. Giudicelli.
Lorsqu'une exposition s'ouvrait à l'étran-
ger, le gouvernement nommait * un commis-
saire général des beaux-arts, pris en dehors
dé l'administration. Cette fonction honori-
fique était généralement confiée n M. Anto-
nin Proust. C'est ainsi qu'on procéda pour
l'Exposition de Chicago.
La nomination de M. Paul Delair comme
conservateur du Trocadéro, et la retraite de
M. Antonin Proust déterminèrent l'adminis-
tration à remplacer ces deux fonctionnaires
par un commissaire général des expositions
des beaux-arts.
M. Roger-Ballu fut alors nommé commis-
saire général. M. Giudicelli conserva son
poste, et un attaché au bureau, M. Gabriel
Astruc, fut appelé à remplir les fonctions de
secrétaire de M. Roger-Ballu C'est en cette
qualité que M. Astruc accompagna à Chicago
le commissaire général.
On voit par conséquent que si quelqu un
pouvait être mêlé à cette affaire, en dehors de
M. Roger-Ballu, ce ne serait pas M. Giudi-
celli dont les fonctions n'avaient aucun rap-
port avec les siennes, mais seulement M. Ga-
briel Astruc.
En tout cas, on ne peut admettre que ce
soit sans des raisons tout à fait impérieuses
qu'on a frappé M. Roger-Ballu qui occupe
une grande situation, qui possède une belle
fortune et qui est, en outre, conseiller géné-
ral de Soine-et-Oise. -
La République française dH qu'on lui a
affirmé à la direction des 1euxarts que M.
Roger-Ballu s'était rendu coupable d'une in-
discrétion très grave.
Et elle ajoute :
« Redoutant les conséquences de cette in-
discrétion, le commissaire général des exposi-
tions aurait invité M. Giudicelli à en prendre
la responsabilité. Ce dernier s'y serait énergi-
quement refusé. »
On tiendra sans doute à être édifié sur les
dessous de cette histoire qui, à en juger par ce
qu'on connaît, serait probablement à bien
des égards curieuse et « suggestive ».
DOUBLE SUICIDE
Vive émotion hier, parmi les locataires de
la maison située au 2 de la rue de l'Ecole-Po -
lytechnique.
A cette adresse habitaient les époux Henri
Roux et leur petite fille âgée de huit ans. Le
mari, âgé de 34 ans, ouvrier bijoutier à façon,
travaillait régulièrement et sortait tous les
matins pour livrer ses marchandises aux
clients.
Sa femme, âgée de 32 ans, avait fait, il y a
huit mois, une fausse couche qui exerça une
influence pénible sur sa santé. Depuis cette
époque elle manifestait l'intention de se sui-
cider, mais son mari n'attachait que peu d'at-
tention à ses plaintes qui lui paraissaient être
simplement l'effet d'un malaise passager.
Hier matin, à sept heures, M. Roux sortit
comme à l'ordinaire pour aller livrer ses
marchandises.
Lorsqu'il rentra, l'appartement était rempli
d'une fumée épaisse. L'ouvrier courut à la
chambre du fond et trouva sa femme et sa
fille, la petite Lucie, étendues sur le lit. Tou-
tes deux étaient mortes. M. Roux sortit, dé-
sespéré, et courut prévenir le commissaire de
police du quartier qui vint procéder aux
constatations.
On croit que Mme Roux avait fait prendre
un narcotique à la petite Lucie, avant d'allu-
mer un réchaud ie charbon près du lit où
toutes deux se couchèrent.
LE IOUVEAU. MINISTÈRE ANGLAIS
Londres, 8 mars.
Le cabinet a tenu aujourd'hui sa première
réunion, au ministère des affaires étrangères,
à deux heures.
Voici quelle est sa composition exacte :
Président du conseil : lord Rosebery ; chan-
celier de l'Echiquier : sir William Harcourt ;
lord grand-chancelier : lord Herschell ; affai-
res étrangères : lord Kimberley; intérieur :
M. Asquith ; secrétaire pour les Indes : M.
Fowler; président du Local Governement
Board : M. Shaw Lefèvre; colonies : lord Ri-
pon; guerre : M. Campbell Bannermann;
premier lord de l'amirauté : lord Spencer ;
secrétaire pour l'Ecosse : sir George Treve-
lyan ; chancelier du duché de Lancaster : M.
Bryce ; instruction : M. Acland : postes et té-
légraphes : M. Arnold Morley ; secrétaire pour
l'Irlande : M. John Morley ; commerce : M.
Mundella ; secrétaire du Trésor : M. T. Ellis ;
travaux publics : M. Herbert Gladstone ; gar-
dien du sceau privé: lord Tweedmouth ; agri-
culture : M. Gardner.
Le conseil a duré deux heures ; après quoi
la plupart des membres sont allés prendre
des nouvelles de M. Gladstone, qui va un peu
mieux et qui a pu se lever aujourd'hui.
CRISE MINISTÉRIELLE EN ESPAGNE
Madrid, 8 mars.
Les ministres se sont réunis cet après-midi en
séance extraordinaire. Des dissentiments ayant
éclaté entre eux, ils ont décidé de donner leur dé-
mission.
La reine a chargé M. Sagasta du soin de former
un nouveau ministère.
LA SANTÉ DE KOSSUTH
Turin. 8 mars.
L'état de Kossuth s'est aggravé. Il a passé une
nuit agitée et est de nouveau affaibli.
On a cependant constaté une légère amélioration
ce matin.
LVIEDEPARIS
Vous sortez d'un théâtre où vous avez
vu jouer un vaudeville fait de quiproquos
extraordinaires ou d'aventures prodigieu-
ses à la Rocambole et vous vous dites :
« Les gens ne sont pas si bêtes ou si au-
dacieux que cela. On nous conte des ba-
livernes. » Puis, vous ouvrez un journal,
et, neuf fois sur dix, vous y trouvez, sou-
vent sous la rubrique des tribunaux, le
récit de quelque aventure réelle, plus
extravagante encore que les imaginations
des auteurs dramatiques. C'est ce qui
m'est arrivé aujourd'hui. J'avais pensé
que le drame que j'avais vu jouer la veille
était une fantaisie. J'en trouve un — une
comédie tout au moins — mille fois plus
étonnant. C'est l'histoire de ce bon M. R.
— vous trouverez son histoire plus loin —
qui, sur le vu d'un papier bizarre où M.
Carnot aurait fait un contrat avec un ex-
plorateur, a donné cent cinquante mille
francs audit explorateur.
Celui-ci, qui s'appelle je ne sais com-
ment, mais qui s'était affublé selon l'usage
d'un nom ronflant de gentilhomme, et se
faisait appeler le comte de Franoz, aurait
été chargé de peupler les territoires va-
gues et contestés qui existent entre la
Guyane française et le Brésil, et, dans le
cas où les Brésiliens auraient résisté à
notre entreprise coloniale, M. Carnot au-
rait envoyé une armée. Il le disait sur le
petit bout de papier qu'exhibait M. de
Franoz !
Je suis pariaitement convaincu, quoi-
que je ne connaisse pas M. R. que si un
brave homme quelconque, ne faisant pas
d'esbrouffe, avait été le trouver et lui
demander des capitaux pour une entre-
prise raisonnable en France, pouvant rap-
porter dix à quinze pour cent, il l'eût en-
voyé promener ! Il en est des commandi-
tes comme du crédit. Elles vont aux
aventuriers, de même que le crédit va
aux fripons et se refuse avec entêtement
aux honnêtes gens quand ils ne tout pas
dans des conditions supérieures et classi-
ques pour l'obtenir.
J'avoue que je ne vois pas d abord sans
quelque joie ces déconvenues des hommes
d'argent. Lorsqu'on a souffert par l'argent,
on a le droit de se réjouir à voir que ce
tyran est encore, parfois, plus bête qu'é-
goïste 1 Je ris de franc cœur aux tours que
les aigrefins jouent aux capitalistes quand
j'ai constaté que lestravailleurs ne sont
patz- aidés par ceux-ci. C'est une revanche,
immorale si vous voulez, car les filous
sont les htous, mais si naturellement
af,rI.:a:le aux victime? de l'argent, que je
ne les blame pas d'en goûter les douceurs
et que je les savoure avec eux !
On fait parfaitement bien le mettre en
prison les faux gentilshommes qui exploi-
tent largement la place de Paris, qui
« tapent » les marchands et se font ouvrir
des crédits. On a raison et c'est notre de-
voir, dans la presse, de mettre le public
en défiance de leurs audacieuses escro-
queries. Mais quand, journellement pré-
venu, bel et bien averti, l'argent, par
niaiserie ou avidité, se laisse piper, ma
foi ! rien ne nous interdit plus de trouver
la piperie bonne, et de s'en esclaffer
comme d'un de ces bons contes où se
complaisaient nos aïeux !
Cependant, il ne faut pas que cette satis-
faction de moraliste, parfois un peu aigri,
je l'avoue, nous entraîne à ne pas voir le
grand inconvénient du caractère des Fran-
çais, en pareille matière. Il ne faudrait pas
que l'argent le décourageât d'être aventu-
reux. Quand un pays est dans la situation
du nôtre, assez difficile de toutes les fa-
çons, qu'il a une politique coloniale, qu'il
cherche des débouchés, nécessaires au
point de vue social plus encore peut-être
qu'au point de vue économique, c'est tou-
jours très fâcheux que la. naïveté (soyons
polis) de quelques hommes découragent
la bonne volonté des autres. Il serait très
heureux qu'il se fît, dans l'esprit des dé-
tenteurs du capital, un mouvement les
poussant aux entreprises lointaines, même
un peu audacieuses.
Non seulement l'épargne, qui s'use sur
place et s'y développe difficilement, au-
rait là de grands avantages, mais, de
plus, bien des déclassés que notre vie
ecrase, irrite, pousse au mal, auraient
un « débouché » de leurs propres person-
nes. Tel, redoutable ou tout au moins
inutile sur le boulevard, serait utile à lui
et à son pays de l'autre côté des mers. Je
tiens donc pour une chose excellente l'es-
prit d'aventure, qui a besoin d'être servi
par les financiers.. Tout ce qui le décou-
rage est fâcheux.
Mais ici, et dans notre pays qui tient en-
core si fort aux idées gouvernementales,
qui ne croit pas beaucoup encore aux ini-
tiatives purement privées, le pouvoir fait-
il toujours tout ce qu'il faut pour aider les
entreprises lointaines et surtout pour édi-
fier le public sur elles.
Il me semble que, dans une démocratie,
le gouvernement pourrait ne pas se con-
tenter de pressurer les citoyens par l'im-
pôt, de les gêner par un tas de règlements
ineptes, d'assurer (à peu près) leur sûiSté
et certains grands services — qui ne vont
pas toujours bien; il pourrait, grâce aux
ressources dont il dispose et qui lui vien-
nent de nous, aider les citoyens, tout au
moins les renseigner.
Pourquoi, dans les ministères, féconds
en employés, n'y aurait-il pas des bureaux
où l'on pourrait se renseigner ? En ma-
tière coloniale, par exemple, un bureau
de ce genre rendrait de grands services.
L'infortuné M. R. aurait pu s'y rendre,
demander la vérité et il n'eût pas perdu
cent cinquante mille francs, car on lui au-
rait appris (ce qu'il semble ignorer) que
M. le président de la République ne pou-
vait promettre le secours de l'armée fran-
çaise à un particulier. Je crois être sûr
qu'un bureau de ce genre, un bureau de
renseignements, existe ou a existé en An-
gleterre. Chez nous, on nous dit bien que
le gouvernement, officieusement, est à la
disposition de qui veut le consulter et
ouvre le trésor de ses statistiques à qui
en a besoin.
Mais, dans la pratique, la vérité est
qu'on envoie promener les gens, que
les explorateurs ne se font pas tou-
jours écouter, et que nous avons à la fois
une politique coloniale qui peut éveiller
toutes les ambitions, inspirer toutes les
entreprises fructueuses et utiles, et une
administration qui fait à peu près le
« nécessaire », comme on dit dans les
bureaux, pour décourager et décevoir
l'esprit d'initiative, et laisser le champ
libre aux aventuriers-escrocs, qui ne bou-
gent pas de Paris.
Henry Fouquier.
FILS DE FAMILLE
L'abus de confiance de M. Ernest Marco
del Pont
Un jeune homme de vingt-deux ans, M.
Ernest Marco del Pont, fils d'un ancien con-
sul général du Pérou à Paris, aujourd'hui
banquier rue de Milan, comparaissait hier
devant la onzième chambre de police correc-
tionnelle, présidée par M. Levrier, sous l'in-
culpation d'abus de confiance.
Le 4 janvier dernier, M. Ernest Marco del
Pont, auquel son père faisait une pension
mensuelle de deux mille francs, se trouvait à
court d'argent. Désireux de se rendre avec sa
maîtresse à Monte-Carlo, le jeune homme,
pour se procurer quelques « billets de mille »
recourut au procédé suivant : il se rendit chez
le joaillier Boucheron, place Vendôme, et lui
demanda à emporter à. son domicile, afin de
faire son chdltx, deux bracelets, d'une valeur
totale de 8,000 francs, qu'il s'engageait, si
ceux-ci ne plaisaient pas, à restituer dans la
soirée.
En possession des bracelets, M. Marco del
Pont courut au Mont-de-Piété où il engagea
les bracelets pour 3,000 francs. Puis il alla
vendre moyennant 700 francs la reconnais-
sance qui lui avait été délivrée. Avec ces
3,700 francs il partit pour Monte-Carlo. Au
bout de quelques jours, il était arrêté sur la
plainte en abus de confiance de M. Bouche-
ron.
Comme nous l'avons dit, M. Ernest Marco
del Pont vient de comparaître devant la on-
zième chambre. Dans son interrogatoire, il a
sans difficulté reconnu les faits.
Après plaidoirie de Me Perard, au nom de
M. Boucheron, partie civile au procès, M*
Berryer a présenté la défense de l'inculpé et
soutenu qu'en droit l'abus de confiance n'exis-
tait pas. Au cours de sa plaidoirie, Me Ber-
ryer a donné sur M. Ernest Marco del Pont
quelques renseignements sur lesquels le pré-
venu avait gardé le silence, et tout à fait de
nature à éclairer le tribunal sur les mobiles
qui avaient poussé le jeune homme à com-
mettre l'acte motivant la poursuite.
M. Marco del Pont était, d'après l'honora-
ble avocat, l'amant d'une vieille demi-mon-
daine, Mme de Lanoye, 12, rue Clément-Ma-
rc l, qui régnait en souveraine maîtresse sur
ses K :us. C'est pour satisfaire aux caprices
de cette maîtresse de vingt h 'il ans phs âgée
que ha et mère de noiûtireui entants, don
Vuîué vingt-cinq ans, que M. E!'n::! Marco
del.Pont h commis une ind^'i '.utesâo au ill"
judice de M. Bùub""hm, Írjtl('a¡.:"(> qu'il
supposait que son père réparerait immédiate-
ment. ,.
Le tribunal a condamné le prèvenu à huit
mois de prison sans application de la loi Bé-
renger.
Quant à M. Boucheron, il a obtenu les
domm ages-intérêts qu'il réclamait,
UNE NOUVELLE VICTIME DE HENRY
Varsovie, 8 mars.
Le Curjer Warszawski annonce une nous
velle victime de l'attentat du café Termi-
nus.
M. Kowalski, propriétaire des environs de
Varsovie, et sa jeune femme, faisaient leur
voyage de noces à Paris. Par hasard, il se
sont trouvés au café Terminus, au moment
de l'attentat.
Les jeunes époux ont été épargnés par la
bombe, mais l'émotion éprouvée par Mme
Kowalski a été si forte qu'elle en est tombée,
malade, et cette pauvre femme vient de mou-
rir à Cannes, où son mari l'avait amenée sur
les conseils des médecins, à la suite de la'
commotion nerveuse éprouvée au moment
de l'attentat.
La Compagnie Transatlantique
XIV
DE L'UTILITÉ D'AVOIR DES AMIS
DANS L'ADMINISTRATION
DES POSTES
Toutes les fdis que M. Pereire le peut, c'est
par derrière qu'il entre dans les questions. n
aime mieux cela. Il est encore en train de le
faire en ce moment pour le renouvellement1
des contrats d'Algérie et de Tunisie. C'est ce
que nous allons démontrer aujourd'hui.
C'est le 1er jnillet 1895 que le nouveau con-
cessionnaire de ces services devra en conw
mencer l'exploitation, puisque c'est le 30 juia
qu'expirent les contrats actuellement en
cours. C'est donc dans seize mois d'à présent.
Or la partialité de l'administration des
postes, en faveur de la Compagnie transat-
lantique, est telle qu'à l'heure présente le £
cahier des charges n'est pas encore publié, etl
que la Chambre n'est même pas saisie de la
proposition de loi nécessaire au gouverne-
ment pour ordonner la mise en adjudication.
Un projet de loi dans ce sens a bien été sou-
mis à la précédente Chambre, mais trop tard
et de manière à ne pas pouvoir être voté
avant l'échéance de la législature. Ce projet
a tout l'air de n'avoir été déposé que pour la
forme, nous allions dire pour la frime. De-
puis, sept mois se sont écoulés ; et mainte-
nant, quand toute la procédure législative
aura été épuisée, quand l'adjudication, d'a-
bord publiée, puis réalisée et enfin ratifiée,
sera devenue définitive, il ne restera plus,
avant l'époque fixée pour la prise en charge
du service que peu de mois tout au plus.
Et voyez jusqu'à quel point les précautions
sont prises en faveur de la Compagnie trans-
atlantique : le cahier des charges projeté
stipule que pour être admis au service postal,
les paquebots devront être, ou déjà francisés
ou construits en France. Or il n'existe pas
parmi les vapeurs battant pavillon français
et actuellement à flot, d'autres bâtiments ré-
pondant aux exigences du cahier des charges
que ceux de la Compagnie transatlantique. Il
faudrait donc que tout concessionnaire au-
tre que la Compagnie fasse construire de nou-
veaux navires ; — et les fasse construire en
France; — et il en faut 25 au moins.
Eh bien, il est matériellement-impossible,
aux chantiers français d* fournir en quel-
VINGT-QUATRIEME ANNÉE. - Ne 8,090 LE NUMÉRO CINQ CENTIMES - SAMEDI 10 MARS 1891
BEDACTIOI ET ImllSTUTtOI
142, Hue Montmartre
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tous les Bureaux de Poste.
LES
fioncessions ge l'Eglise
Le Temps a imaginé de soutenir une
thèse amusante. Se tournant vers cer-
tains de ceux auxquels « l'esprit nou-
veau » de M. Spuller inspire des in-
quiétudes, il leur dit que leurs anxiétés
se comprendraient si les cléricaux
étaient les maîtres. Mais il se hâte
d'ajouter qu'il n'en est pas ainsi, et que
comme, au contraire, la victoire de la
société laïque est complète et définitive,
celle-ci peut pratiquer une politique de
large tolérance, de justice et de con-
corde. En même temps, notre confrère
réplique à d'autres, qui ne veulent pas
prendre la route de Canossa : «N'est-ce
pas l'Eglise qui a compris la nécessité
d'en finir avec une lutte où elle ne re-
cueillait guère que des défaites ? N'est-ce
pas le chef suprême de la chrétienté qui
a commandé aux catholiques de déga-
ger leur foi religieuse de la foi monar-
chique? »
Cette argumentation veut évidemment
établir que l'Eglise ayant fait le premier
pas vers la République, s'étant montrée,
« la première, animée d'un esprit nou-
veau », la République, à son tour, peut,
sans capitulation, s'imprégner de ce
même esprit. Par malheur, notre con-
frère a lui-même porté le plus rude
coup à sa démonstration en disant que
« l'Eglise avait compris la nécessité
d'en finir avec une lutte où elle ne re-
cueillait guère que des défaites ». Ce
n'est, en effet, pas par esprit de conci-
liation que l'Eglise a adopté un « esprit
nouveau », mais bien parce qu'elle a vu
que l'esprit ancien, c'est-à-dire que la
la confusion de la foi religieuse et de
la foi politique ne servait qu'à gâter ses
affaires. Elle avait maintenu cette con-
fusion tant qu'à ses yeux l'idée monar-
chique semblait un remorqueur possi-
ble pour le cléricalisme.
Le jour où elle a constaté que la mo-
narchie était un poids mort, qui ne
faisait que la gêner dans sa marche et
alourdir ses mouvements, elle l'a déli-
bérément jetée par-dessus bord, et les
instructions du pape, qui inspirent tant
d'admiration à M. Spuller, et que le
Temps n'est pas loin de considérer
comme une amende honorable de l'Eglise
envers la République, le disent expres-
sément. On ne saurait trop répéter, en
effet, que l'encyclique de Léon XIII aux
Français se résume exactement en ces
quelques mots : « Les questions consti-
tutionnelles divisent les catholiques et
les empêchent de se consacrer tout en-
tiers à la revendication des libertés re-
ligieuses. Il faut renoncer à la lutte
constitutionnelle pour poursuivre sans
relâche et sans division la lutte contre
la législation. »
Il faut bien s'en souvenir : loin d'être
une manifestation favorable à la Répu-
blique, les instructions pontificales au-
tour desquelles tant d'encre et tant de
paroles ont été dépensées depuis dix-
huit mois, ne sont qu'une affaire de
tactique dirigée contre le parti républi-
cain, et contre tous ceux qui veulent
maintenir la suprématie de l'Etat laï-
que sur les confessions religieuses,
contre tous ceux qui, également respec-
tueux de toutes les opinions et de ce qui
est du domaine de la conscience, veu-
lent que l'Etat observe en ces matières
la neutralité et n'accorde de privilèges
à aucune confession religieuse.
Or cette doctrine est précisément l'in-
verse de la doctrine et des revendica-
tions des catholiques. M. Spuller disait
l'autre jour que « l'esprit nouveau »
consistait à ne tracasser personne et à
ne faire ni taquineries ni persécutions.
Nous avons déjà montré que ce n'était
pas là une nouveauté, et que les répu-
blicains n'avaient jamais voulu faire
autre chose que rétablir la liberté là où
des privilèges s'étaient implantés. Mais
si l'on veut savoir ce que l'Eglise,
même adhérant à la République entend
par la liberté, il faut se reporter à un
document déjà quelque peu ancien, que
la Gazette de France vient d'exhumer
fort à propos, et dont on ne contèstera
pas l'autorité, car il est signé des car-
dinaux Desprez, Langénieux, Place,
Richard et Foulon ; le cardinal Lavige-
rie lui a donné son approbation, et l'é-
piscopat presque tout entier y a égale-
ment adhéré.
.Ce document est « l'exposé de la si-
tuation faite à l'Eglise en France ».
Les prélats y dénoncent en premier
lieu « l'athéisme pratique qui est de-
venu la loi de tout ce qui se fait au
nom de l'Etat ». Ils signalent, à l'appui,
la suppression des prières publiques, la
proscription du crucifix des salles de
classe, l'abrogation de la loi sur le re-
pos du dimanche, l'égalité d'honneurs
rendus à tous les genres de sépulture.
Ils se plaignent de l'amoindrissement
apporté à la liberté des évêques, de la
surveillance dont leurs démarches sont
l'objet, des arrêts qui, « au mépris des
lois les plus saintes, autorisent les prê-
tres infidèles kt contracter une union
sacrilège que l'Eglise réprouve. Ils s'in-
dignent des réductions et des suspen-
sions de traitement, de la suppression
des chanoines, de l'expulsion des con-
grégations, des lois fiscales sur le droit
d'accroissement, de l'instruction laïque,
de la suppression de l'enseignement re-
ligieux, de l'interdiction aux congréga-
nistes d'entrer dans l'enseignement pu-
blic.
Ils dénoncent la suppression des bour-
ses de l'Etat dans les séminaires ; l'abro-
gation de la loi sur la collation des
grades, l'atteinte portée au recensement
du clergé par la loi militaire, les effets
de la loi anti-chrétienne et anti-sociale
du divorce, les dispositions légales sur
l'usage des cloches, et déjà ils parlent de
la « sujétion des conseils de fabrique » et
de leur destruction prochaine par la loi
qui soumet les comptes et budgets de ces
conseils à toutes les règles de la comp-
tabilité - publicrue.
Si formidable que soit ce réquisitoire,
nous l'avons écourté, et déjà les cardi-
naux terminaient leur exposé en disant
« qu'il était loin d'être complet ». Pour
savoir à quelles conditions l'Eglise pré-
tend n'être pas soumise à la tyrannie
ou persécutée, il n'y a qu'à prendre la
liste de ses doléances. Tant qu'elle
n'aura pas satisfaction sur tous ces
points, elle tiendra le gouvernement
républicain pour le successeur de Dio-
clétien. Vraiment il est difficile de voir
dans tout ceci une manifestation, de la
part de l'Eglise, d'un esprit nouveau, et
ceux qui prétendent la livrer à notre
admiration, qui font valoir les disposi-
tions conciliantes de l'Eglise pour nous
inciter à notre tour à désarmer, ne sont
enneinis ni de paradoxes ingénieux ni
d'une douce gaté.
ATTENTAT
CONTRE LA CHAMBRE ITALIENNE
Rome, 8 mars.
Une bombe a éclaté ce soir sur la place
Montecitorio, devant la Chambre des dépu-
tés ; la séance avait été levée depuis une
heure.
Les vitres de la Chambre et des maisons
voisines ont ét brisées.
La détonation a été si forte qu'elle a été
entendue de divers points de la ville.
La bombe était en fer-blanc remplie de ma-
tières explosives et recouverte par un cha-
peau de haute forme.
L explosion a fait huit victimes. Six ont
été envoyées à l'hôpital, trois d'entre elles sont
grièvement blessées.11 yen a une qui est mou-
rante. Parmi les blesses se trouvent une jeune
fille et deux soldats dont un est atteint grave-
ment aux jambes.
Un ouvrier maçon nommé Polidori, légè-
rement blessé, a été conduit au bureau de
police et soumis à un long interrogatoire.
On le soupçonne vivement d'être l'auteur
de l'attentat. -
Deux autres individus ont été arrêtés.
Le président de la Chambre, M. Biancheri,
qui se trouvait encore à la Chambre au mo-
ment de l'explosion, a ordonné à un médecin
de la Chambre d'aller au secours des blessés
qui ont été conduits à l'hôpital.
Ce soir un cordon de troupes isole Monte-
citerio autour duquel stationne la foule. La
place est jonchée de débris de verre et d'or-
nements de faïence brisés par l'explosion. Les'
éditions de journaux sont lues avec avidité
par le public.
On croit que les ouvriers ont voulu se ven-
ger du vote de la Chambre qui a repoussé
hier l'exposition de Rome. Déjà dans la soirée
d'hier, un ouvrier menuisier était arrêté
pour cris et menaces proférés devant le palais
de Montecitorio.
M. Idescalchi, qui était au nombre des dé-
putés qui ont parlé contre le projet d'exposi-
tion, a remarqué, en outre, qu'hier soir et
aujourd'hui on parlait dans beaucoup de cer-
cles spécialement ouvriers de la possibilité de
bombes à Montecitorio.
D'après la Tribuna, au contraire, ce ne
serait pas le vote d'hier sur l'Exposition de
Rome, mais la demande de poursuites contre
M. de Felice, député de Sicile, qui devait être
discutée aujourd'hui, qui serait le véritable
motif de l'attentat.
SCANDALE POLICIER
Passage à tabac d'une femme
Nous avons encore aujourd'hui à enregis-
trer de nouvelles brutalités de la part des su-
balternes de M. Lépine qui reçoivent pour-
tant depuis quelques mois des leçons d'urba-
nité et des cours de mansuétude. Il y a quel-
ques jours ils arrêtaient une dame Herman
demeurant 1, rue Fontaine-au-Roi qui, pré-
tendaient-ils, se livrait au racollage. Comme
cette dame protestait avec indignation contre
l'accusation dont elle était l'objet, ils se li-
vraient sur elle à des brutalités telles que la
malheureuse s'évanouit à plusieurs repri-
ses dans la nuit. Lorsque M. Dresch, le
commissaire de police du quartier, la remit
en liberté le matin, après interrogatoire, elle
rentra à son domicile et dut s'aliter, et se
trouvant enceinte de quelques mois elle fit
une fausse-couche qui a mis sa vie en dan-
ger.
Elle déposa une plainte contre les agents
qui l'avaient ainsi maltraitée, et le parquet a
chargé M.Dopffer, juge d'instruction, de sui-
vre l'affaire, et M. Descouts, médecin-légiste,
de constater les blessures faites par les coups
portés par les agents et leurs conséquences.
Le préfet de police informé attend le résul-
tat de l'enquête avant de prendre des mesures
à l'égard des agents coupables, puisqu'on n'a
pu réussir à étoutfer l'affaire, grâce à l'éner-
gie du parquet.
LE CARDINAL THOMAS A L'AGONIE
i Rouen, 8 mars.
Le cardihal Thomas, archevêque de Rouen a été
administra ce maUB, Oa désespère de le sauver.
Le Procès Hanoi cote BotMili
CAPITALISTES ET TRAVAILLEURS
Deux millions pour ne pas payer <&e
dette. — L'arbitrage du grand
rabbin.
C'est aujourd'hui — sauf circonstance im-
prévue — que doit être plaidé, devant la pre-
mière chambre, le procès de l'ingénieur Ha-
mon contre M. de Rothschild.
Nous avons dit déjà en quoi consistait ce
singulier procès, dans lequel on voit des mil-
liardaires lutter contre un travailleur, un in-
génieur qui s'était cru arrivé à la fortune le
jour où il avait traité avec les Rothschild, et
qui, de son association avec ces rois de la
finance, n'a finalement retiré que déboires et
ruine.
Non seulement la Société de transmission
de la force par l'électricité, autrement dit la
société Rothschild, a de parti pris, ou par né-
gligence — elle ne le nie pas — ruiné l'ingé-
nieur Hamon, mais elle a refusé et elle refuse
de l'indemniser. « Nous dépenserons deux
millions, a dit M. Weill, le directeur actuel
de la société, plutôt que de payer à M. Ha-
mon l'indemnité qu'il réclame. »
Dépenser deux millions pour ne pas payer
une dette est un luxe que tout le monde ne
peut pas se permettre l
Cette querelle judiciaire montre, hélas 1
combien sont peu sincères les protestations
de ceux qui dans ce pays sont l'incarnation
vivante du capital, quand ils disent qu'il
faut aider le travail, améliorer la situation
des travailleurs.
Elle servira de navrant et trop éloquent
commentaire au fameux interview du baron
Alphonse de Rothschild, publié par le Figaro
le 14 septembre 1892.
LE TRAITÉ
Le défenseur de M. Hamon aura peut-être
l'occasion de citer cet interviewsur lequel nous
aurons pour notre part à revenir. En atten-
dant et afin de corroborer tout ce que nous
avons dit jusqu'ici de cette cause célèbre, nous
publions les principaux passages du traité
entre Hamon et la société Rothschild :
Monsieur Hamon a pris en France le 3 juin 1889
un brevet de 15 ans sous le numéro 198.692 pour
un transmetteur de mouvement circulaire à vitesse
amplifiée, brevet dont les deux premières annuités
ont été acquittées par lui. M. Hamon s'étant mis
d'accord avec la Société pour la transmission de
la force par l'électricité pour la constitution d'une
association en participation en vue de l'exploitation
de ce brevet, les conventions suivantes ont été ar-
rêtées entre les parties.
Article premier. — Il est formé une association
entre les parties susnommées en vue de l'exploita-
tion du brevet ci-dessus. La société aura la gérance
de l'association au regard des tiers. M, Hamon lui
,:c,nfè¡'e drs à prévoit et lui donnera par la suite,
or, tant qiift de besoin, tous les pouvoirs néces-
bar-es pour 1'?1 j.V>>lation dudif br-la pour-
suite (j,OI contrôlai tcurs. la cuuCCS'¡.jl; de ton tes
licuûcc* particulières, etc.
Art. il. - La t)., Ciété fera seule toutes les avan-
ces jugées-par ellestwteessaires pour l'exploitation
du brevet, la poursuite des contrefacteurs ainsi
que les frais de toutes les annuités restant à
échoir. Mais ces avances seront imputées sur les
recettes de l'entreprise, avant partage des bénéfi-
ces ainsi qu'il sera dit ci-après.
Art. III. — La Société contractante percera
toutos les recettes auxquelles pourra donner lieu
l'exploitation du brevet. Elle prélèvera sur les re-
cettes tous les frais afférents à ladite exploitation.
Le surplus des bénéfices sera partagé par moitié
entre elle et M. Hamon. Les règlements du compte
de participation se feront trimstriellement.
Art. IV. - La Société pour lairansmission payera
elle même à la participation pour toutes les appli-
cations qu'elle fera dans ses établissements et dans
ceux de la Société d'éclairage et de force par
l'électricité à Paris, par elle fondée, un droit
de brevet de
CHEVAUX
10 fr. pr chev. de puiss. de l'app. empl. de 1 à 5
8 - — — — - 5 à 10
7 - — — - - - 10 à 215
6- - - - — 25 à 50
5 - — — — — 50 à 100
et au-dessus. Cette redevance sera entièrement as-
similée au point de vue du mode de partage aux
autres recettes de l'entreprise.
Le tarif ci-dessus servira de base pour la déter-
mination des redevances à demander aux tiers à
raison de la concession des licences.
Toutefois, il pourra être abaissé ou modifié d'un
commun accord entre les parties ; et, en ce cas, la
Société pour la transmission de la force par l'élec-
tricité bénéficiera de plein droit de toutes condi-
tions plus avantageuses que celles indiquées ci-
dessus qui pourraient être. adoptées à l'égard de
toute autre personne ou société.
Art. V. — Par tous les perfectionnements ou ap-
plications de l'invention faisant l'objet du présent
contrat, les brevets qu'il pourra y avoir lieu de
prendre, le seront au nom de M. Hamon et de la
société collectivement.
Ils appartiendront à l'association, et seront sou-
mis comme le brevet principal a toutes les condi-
tions du présent traité. Les frais de prise de ces
brevets seront avancés par la société et imputés
sur les recettes de l'exploitation, comme toutes les
autres charges pesant sur celle-ci.
Le présent traité est fait pour toute la durée du
brevet auqual il s'applique ; toutefois la société
aura le droit de. résilier au bout de deux ans en
prévenant M. Hamon six mois à l'avance. En ce
cas, l'exploitation des brevets pris depuis la date
du présent contrat, conformément à l'article 5 ci-
dessus, appartiendrait à M. Hamon.
Toutes contestations au sujet de l'exécution du
présent contrat seront soumises à l'appréciation
de deux arbitres nommés par chacune des deux
parties et qui, en cas de désaccord, sont autorisés
à s'adjoindre un troisième arbitre.
Fait en double à Paris, le quinze octobre mil
huit cent quatre-vingt-dix.
Est-il possible qu'avec un pareil traité la
société Rothschild ait oublié, comme elle le
prétend, de payer les annuités du brevet
Hamon ? Cela parait bien invraisemblable.
QUELQUES REMARQUES
On remarquera que la société devait payer
un droit pour toutes les applications qu'elle
ferait dans ses établissements. Maintenant
que le brevet est tombé par son fait dans le
domaine public, elle n'aura plus rien à
payer de ce chef.
On remarquera d'autre part que la société
Rothschild pouvait résilier son traité au bout
de deux ans en prévenant M. Hamon six mois
à l'avance. Si elle avait cru s'être trompée sur
la valeur de son brevet, elle n'avait qu'à ré-
silier
Pourquoi donc, au lieu de résilier, a-t-elle
préféré ne pas tenir l'engagement qu'elle
avait pris de payer les annuités du brevet ?
N'est-ce pas afin de le faire tomber dans le
domaine public?
On remarquera enfin le dernier paragraphe
stipulant que toutes les contestations au sujet
de l'exécution du contrat devaient être sou-
mises à des arbitres.
M. Hamon, qui n'est pas israélite, avait
proposé à un moment donné, paraît-il, de pren-
dre comme arbitre le grand-rabbin. M. Zadoc-
Kahn qui avait accepté. Mais MM. de Roths-
child n'ont pas voulu de lui : ils ont préféré
aller devant les tribunaux.
La raison qu'ils ont donnée serait même
assez curieuse. Ils auraient prétendu que M.
Cornélius Herz et la succession de Reinach
pourraient contester la décision de l'arbitre
et saisir ce prétexte pour leur créer des diffi-
cultés.
D'autres prétendent que s'ils ont refusé
l'arbitrage du grand rabbin, c'est afin de
faire traîner l'affaire en longueur et dans l'es-
Eoir de venir à bout de leur adversaire par
a famine.
UNE DISGRACE
M. Roger-Ballu, commissaire général des
expositions des beaux-arts, vient d'être l'objet
d'une mesure de rigueur qui n'a pas été sans
causer quelque émotion.
Il a été relevé de ses fonctions et on l'a rat-
taché à l'administration des beaux-arts en
qualité de simple inspecteur.
Cette révocation qui parait avoir été moti-
vée par des faits assez graves dont on parlait
à mots couverts depuis longtemps mais dont
on n'a encore publiquement rien dit, b sus-
cité quelques petites polémiques.
On a voulu faire retomber sur un modeste
sous-chef de bureau, M. Giudicelli, la respon-
sabilité des fautes qui incombent à M. Roger-
Ballu.
Mais il suffit de savoir quelles étaient les
situations respectives de M. Roger-Ballu et de
M. Giudicelli dans l'administration des beaux-
arts, pour comprendre que c'est à tort qu'on
chercherait à incriminer en quoi que ce soit
ce fonctionnaire.
Laissons d'ailleurs sur ce point la parole à
la République française qui expose très clai-
rement l'affaire : -
Il n'y avait autrefois à la direction des
beaux-arts, dit notre confrère, qu'un chef de
bureau chargé des expositions. Le titulaire
était M. Paul Delair qui avait sous ses ordres,
en qualité de sous-chef, M. Giudicelli.
Lorsqu'une exposition s'ouvrait à l'étran-
ger, le gouvernement nommait * un commis-
saire général des beaux-arts, pris en dehors
dé l'administration. Cette fonction honori-
fique était généralement confiée n M. Anto-
nin Proust. C'est ainsi qu'on procéda pour
l'Exposition de Chicago.
La nomination de M. Paul Delair comme
conservateur du Trocadéro, et la retraite de
M. Antonin Proust déterminèrent l'adminis-
tration à remplacer ces deux fonctionnaires
par un commissaire général des expositions
des beaux-arts.
M. Roger-Ballu fut alors nommé commis-
saire général. M. Giudicelli conserva son
poste, et un attaché au bureau, M. Gabriel
Astruc, fut appelé à remplir les fonctions de
secrétaire de M. Roger-Ballu C'est en cette
qualité que M. Astruc accompagna à Chicago
le commissaire général.
On voit par conséquent que si quelqu un
pouvait être mêlé à cette affaire, en dehors de
M. Roger-Ballu, ce ne serait pas M. Giudi-
celli dont les fonctions n'avaient aucun rap-
port avec les siennes, mais seulement M. Ga-
briel Astruc.
En tout cas, on ne peut admettre que ce
soit sans des raisons tout à fait impérieuses
qu'on a frappé M. Roger-Ballu qui occupe
une grande situation, qui possède une belle
fortune et qui est, en outre, conseiller géné-
ral de Soine-et-Oise. -
La République française dH qu'on lui a
affirmé à la direction des 1euxarts que M.
Roger-Ballu s'était rendu coupable d'une in-
discrétion très grave.
Et elle ajoute :
« Redoutant les conséquences de cette in-
discrétion, le commissaire général des exposi-
tions aurait invité M. Giudicelli à en prendre
la responsabilité. Ce dernier s'y serait énergi-
quement refusé. »
On tiendra sans doute à être édifié sur les
dessous de cette histoire qui, à en juger par ce
qu'on connaît, serait probablement à bien
des égards curieuse et « suggestive ».
DOUBLE SUICIDE
Vive émotion hier, parmi les locataires de
la maison située au 2 de la rue de l'Ecole-Po -
lytechnique.
A cette adresse habitaient les époux Henri
Roux et leur petite fille âgée de huit ans. Le
mari, âgé de 34 ans, ouvrier bijoutier à façon,
travaillait régulièrement et sortait tous les
matins pour livrer ses marchandises aux
clients.
Sa femme, âgée de 32 ans, avait fait, il y a
huit mois, une fausse couche qui exerça une
influence pénible sur sa santé. Depuis cette
époque elle manifestait l'intention de se sui-
cider, mais son mari n'attachait que peu d'at-
tention à ses plaintes qui lui paraissaient être
simplement l'effet d'un malaise passager.
Hier matin, à sept heures, M. Roux sortit
comme à l'ordinaire pour aller livrer ses
marchandises.
Lorsqu'il rentra, l'appartement était rempli
d'une fumée épaisse. L'ouvrier courut à la
chambre du fond et trouva sa femme et sa
fille, la petite Lucie, étendues sur le lit. Tou-
tes deux étaient mortes. M. Roux sortit, dé-
sespéré, et courut prévenir le commissaire de
police du quartier qui vint procéder aux
constatations.
On croit que Mme Roux avait fait prendre
un narcotique à la petite Lucie, avant d'allu-
mer un réchaud ie charbon près du lit où
toutes deux se couchèrent.
LE IOUVEAU. MINISTÈRE ANGLAIS
Londres, 8 mars.
Le cabinet a tenu aujourd'hui sa première
réunion, au ministère des affaires étrangères,
à deux heures.
Voici quelle est sa composition exacte :
Président du conseil : lord Rosebery ; chan-
celier de l'Echiquier : sir William Harcourt ;
lord grand-chancelier : lord Herschell ; affai-
res étrangères : lord Kimberley; intérieur :
M. Asquith ; secrétaire pour les Indes : M.
Fowler; président du Local Governement
Board : M. Shaw Lefèvre; colonies : lord Ri-
pon; guerre : M. Campbell Bannermann;
premier lord de l'amirauté : lord Spencer ;
secrétaire pour l'Ecosse : sir George Treve-
lyan ; chancelier du duché de Lancaster : M.
Bryce ; instruction : M. Acland : postes et té-
légraphes : M. Arnold Morley ; secrétaire pour
l'Irlande : M. John Morley ; commerce : M.
Mundella ; secrétaire du Trésor : M. T. Ellis ;
travaux publics : M. Herbert Gladstone ; gar-
dien du sceau privé: lord Tweedmouth ; agri-
culture : M. Gardner.
Le conseil a duré deux heures ; après quoi
la plupart des membres sont allés prendre
des nouvelles de M. Gladstone, qui va un peu
mieux et qui a pu se lever aujourd'hui.
CRISE MINISTÉRIELLE EN ESPAGNE
Madrid, 8 mars.
Les ministres se sont réunis cet après-midi en
séance extraordinaire. Des dissentiments ayant
éclaté entre eux, ils ont décidé de donner leur dé-
mission.
La reine a chargé M. Sagasta du soin de former
un nouveau ministère.
LA SANTÉ DE KOSSUTH
Turin. 8 mars.
L'état de Kossuth s'est aggravé. Il a passé une
nuit agitée et est de nouveau affaibli.
On a cependant constaté une légère amélioration
ce matin.
LVIEDEPARIS
Vous sortez d'un théâtre où vous avez
vu jouer un vaudeville fait de quiproquos
extraordinaires ou d'aventures prodigieu-
ses à la Rocambole et vous vous dites :
« Les gens ne sont pas si bêtes ou si au-
dacieux que cela. On nous conte des ba-
livernes. » Puis, vous ouvrez un journal,
et, neuf fois sur dix, vous y trouvez, sou-
vent sous la rubrique des tribunaux, le
récit de quelque aventure réelle, plus
extravagante encore que les imaginations
des auteurs dramatiques. C'est ce qui
m'est arrivé aujourd'hui. J'avais pensé
que le drame que j'avais vu jouer la veille
était une fantaisie. J'en trouve un — une
comédie tout au moins — mille fois plus
étonnant. C'est l'histoire de ce bon M. R.
— vous trouverez son histoire plus loin —
qui, sur le vu d'un papier bizarre où M.
Carnot aurait fait un contrat avec un ex-
plorateur, a donné cent cinquante mille
francs audit explorateur.
Celui-ci, qui s'appelle je ne sais com-
ment, mais qui s'était affublé selon l'usage
d'un nom ronflant de gentilhomme, et se
faisait appeler le comte de Franoz, aurait
été chargé de peupler les territoires va-
gues et contestés qui existent entre la
Guyane française et le Brésil, et, dans le
cas où les Brésiliens auraient résisté à
notre entreprise coloniale, M. Carnot au-
rait envoyé une armée. Il le disait sur le
petit bout de papier qu'exhibait M. de
Franoz !
Je suis pariaitement convaincu, quoi-
que je ne connaisse pas M. R. que si un
brave homme quelconque, ne faisant pas
d'esbrouffe, avait été le trouver et lui
demander des capitaux pour une entre-
prise raisonnable en France, pouvant rap-
porter dix à quinze pour cent, il l'eût en-
voyé promener ! Il en est des commandi-
tes comme du crédit. Elles vont aux
aventuriers, de même que le crédit va
aux fripons et se refuse avec entêtement
aux honnêtes gens quand ils ne tout pas
dans des conditions supérieures et classi-
ques pour l'obtenir.
J'avoue que je ne vois pas d abord sans
quelque joie ces déconvenues des hommes
d'argent. Lorsqu'on a souffert par l'argent,
on a le droit de se réjouir à voir que ce
tyran est encore, parfois, plus bête qu'é-
goïste 1 Je ris de franc cœur aux tours que
les aigrefins jouent aux capitalistes quand
j'ai constaté que lestravailleurs ne sont
patz- aidés par ceux-ci. C'est une revanche,
immorale si vous voulez, car les filous
sont les htous, mais si naturellement
af,rI.:a:le aux victime? de l'argent, que je
ne les blame pas d'en goûter les douceurs
et que je les savoure avec eux !
On fait parfaitement bien le mettre en
prison les faux gentilshommes qui exploi-
tent largement la place de Paris, qui
« tapent » les marchands et se font ouvrir
des crédits. On a raison et c'est notre de-
voir, dans la presse, de mettre le public
en défiance de leurs audacieuses escro-
queries. Mais quand, journellement pré-
venu, bel et bien averti, l'argent, par
niaiserie ou avidité, se laisse piper, ma
foi ! rien ne nous interdit plus de trouver
la piperie bonne, et de s'en esclaffer
comme d'un de ces bons contes où se
complaisaient nos aïeux !
Cependant, il ne faut pas que cette satis-
faction de moraliste, parfois un peu aigri,
je l'avoue, nous entraîne à ne pas voir le
grand inconvénient du caractère des Fran-
çais, en pareille matière. Il ne faudrait pas
que l'argent le décourageât d'être aventu-
reux. Quand un pays est dans la situation
du nôtre, assez difficile de toutes les fa-
çons, qu'il a une politique coloniale, qu'il
cherche des débouchés, nécessaires au
point de vue social plus encore peut-être
qu'au point de vue économique, c'est tou-
jours très fâcheux que la. naïveté (soyons
polis) de quelques hommes découragent
la bonne volonté des autres. Il serait très
heureux qu'il se fît, dans l'esprit des dé-
tenteurs du capital, un mouvement les
poussant aux entreprises lointaines, même
un peu audacieuses.
Non seulement l'épargne, qui s'use sur
place et s'y développe difficilement, au-
rait là de grands avantages, mais, de
plus, bien des déclassés que notre vie
ecrase, irrite, pousse au mal, auraient
un « débouché » de leurs propres person-
nes. Tel, redoutable ou tout au moins
inutile sur le boulevard, serait utile à lui
et à son pays de l'autre côté des mers. Je
tiens donc pour une chose excellente l'es-
prit d'aventure, qui a besoin d'être servi
par les financiers.. Tout ce qui le décou-
rage est fâcheux.
Mais ici, et dans notre pays qui tient en-
core si fort aux idées gouvernementales,
qui ne croit pas beaucoup encore aux ini-
tiatives purement privées, le pouvoir fait-
il toujours tout ce qu'il faut pour aider les
entreprises lointaines et surtout pour édi-
fier le public sur elles.
Il me semble que, dans une démocratie,
le gouvernement pourrait ne pas se con-
tenter de pressurer les citoyens par l'im-
pôt, de les gêner par un tas de règlements
ineptes, d'assurer (à peu près) leur sûiSté
et certains grands services — qui ne vont
pas toujours bien; il pourrait, grâce aux
ressources dont il dispose et qui lui vien-
nent de nous, aider les citoyens, tout au
moins les renseigner.
Pourquoi, dans les ministères, féconds
en employés, n'y aurait-il pas des bureaux
où l'on pourrait se renseigner ? En ma-
tière coloniale, par exemple, un bureau
de ce genre rendrait de grands services.
L'infortuné M. R. aurait pu s'y rendre,
demander la vérité et il n'eût pas perdu
cent cinquante mille francs, car on lui au-
rait appris (ce qu'il semble ignorer) que
M. le président de la République ne pou-
vait promettre le secours de l'armée fran-
çaise à un particulier. Je crois être sûr
qu'un bureau de ce genre, un bureau de
renseignements, existe ou a existé en An-
gleterre. Chez nous, on nous dit bien que
le gouvernement, officieusement, est à la
disposition de qui veut le consulter et
ouvre le trésor de ses statistiques à qui
en a besoin.
Mais, dans la pratique, la vérité est
qu'on envoie promener les gens, que
les explorateurs ne se font pas tou-
jours écouter, et que nous avons à la fois
une politique coloniale qui peut éveiller
toutes les ambitions, inspirer toutes les
entreprises fructueuses et utiles, et une
administration qui fait à peu près le
« nécessaire », comme on dit dans les
bureaux, pour décourager et décevoir
l'esprit d'initiative, et laisser le champ
libre aux aventuriers-escrocs, qui ne bou-
gent pas de Paris.
Henry Fouquier.
FILS DE FAMILLE
L'abus de confiance de M. Ernest Marco
del Pont
Un jeune homme de vingt-deux ans, M.
Ernest Marco del Pont, fils d'un ancien con-
sul général du Pérou à Paris, aujourd'hui
banquier rue de Milan, comparaissait hier
devant la onzième chambre de police correc-
tionnelle, présidée par M. Levrier, sous l'in-
culpation d'abus de confiance.
Le 4 janvier dernier, M. Ernest Marco del
Pont, auquel son père faisait une pension
mensuelle de deux mille francs, se trouvait à
court d'argent. Désireux de se rendre avec sa
maîtresse à Monte-Carlo, le jeune homme,
pour se procurer quelques « billets de mille »
recourut au procédé suivant : il se rendit chez
le joaillier Boucheron, place Vendôme, et lui
demanda à emporter à. son domicile, afin de
faire son chdltx, deux bracelets, d'une valeur
totale de 8,000 francs, qu'il s'engageait, si
ceux-ci ne plaisaient pas, à restituer dans la
soirée.
En possession des bracelets, M. Marco del
Pont courut au Mont-de-Piété où il engagea
les bracelets pour 3,000 francs. Puis il alla
vendre moyennant 700 francs la reconnais-
sance qui lui avait été délivrée. Avec ces
3,700 francs il partit pour Monte-Carlo. Au
bout de quelques jours, il était arrêté sur la
plainte en abus de confiance de M. Bouche-
ron.
Comme nous l'avons dit, M. Ernest Marco
del Pont vient de comparaître devant la on-
zième chambre. Dans son interrogatoire, il a
sans difficulté reconnu les faits.
Après plaidoirie de Me Perard, au nom de
M. Boucheron, partie civile au procès, M*
Berryer a présenté la défense de l'inculpé et
soutenu qu'en droit l'abus de confiance n'exis-
tait pas. Au cours de sa plaidoirie, Me Ber-
ryer a donné sur M. Ernest Marco del Pont
quelques renseignements sur lesquels le pré-
venu avait gardé le silence, et tout à fait de
nature à éclairer le tribunal sur les mobiles
qui avaient poussé le jeune homme à com-
mettre l'acte motivant la poursuite.
M. Marco del Pont était, d'après l'honora-
ble avocat, l'amant d'une vieille demi-mon-
daine, Mme de Lanoye, 12, rue Clément-Ma-
rc l, qui régnait en souveraine maîtresse sur
ses K :us. C'est pour satisfaire aux caprices
de cette maîtresse de vingt h 'il ans phs âgée
que ha et mère de noiûtireui entants, don
Vuîué vingt-cinq ans, que M. E!'n::! Marco
del.Pont h commis une ind^'i '.utesâo au ill"
judice de M. Bùub""hm, Írjtl('a¡.:"(> qu'il
supposait que son père réparerait immédiate-
ment. ,.
Le tribunal a condamné le prèvenu à huit
mois de prison sans application de la loi Bé-
renger.
Quant à M. Boucheron, il a obtenu les
domm ages-intérêts qu'il réclamait,
UNE NOUVELLE VICTIME DE HENRY
Varsovie, 8 mars.
Le Curjer Warszawski annonce une nous
velle victime de l'attentat du café Termi-
nus.
M. Kowalski, propriétaire des environs de
Varsovie, et sa jeune femme, faisaient leur
voyage de noces à Paris. Par hasard, il se
sont trouvés au café Terminus, au moment
de l'attentat.
Les jeunes époux ont été épargnés par la
bombe, mais l'émotion éprouvée par Mme
Kowalski a été si forte qu'elle en est tombée,
malade, et cette pauvre femme vient de mou-
rir à Cannes, où son mari l'avait amenée sur
les conseils des médecins, à la suite de la'
commotion nerveuse éprouvée au moment
de l'attentat.
La Compagnie Transatlantique
XIV
DE L'UTILITÉ D'AVOIR DES AMIS
DANS L'ADMINISTRATION
DES POSTES
Toutes les fdis que M. Pereire le peut, c'est
par derrière qu'il entre dans les questions. n
aime mieux cela. Il est encore en train de le
faire en ce moment pour le renouvellement1
des contrats d'Algérie et de Tunisie. C'est ce
que nous allons démontrer aujourd'hui.
C'est le 1er jnillet 1895 que le nouveau con-
cessionnaire de ces services devra en conw
mencer l'exploitation, puisque c'est le 30 juia
qu'expirent les contrats actuellement en
cours. C'est donc dans seize mois d'à présent.
Or la partialité de l'administration des
postes, en faveur de la Compagnie transat-
lantique, est telle qu'à l'heure présente le £
cahier des charges n'est pas encore publié, etl
que la Chambre n'est même pas saisie de la
proposition de loi nécessaire au gouverne-
ment pour ordonner la mise en adjudication.
Un projet de loi dans ce sens a bien été sou-
mis à la précédente Chambre, mais trop tard
et de manière à ne pas pouvoir être voté
avant l'échéance de la législature. Ce projet
a tout l'air de n'avoir été déposé que pour la
forme, nous allions dire pour la frime. De-
puis, sept mois se sont écoulés ; et mainte-
nant, quand toute la procédure législative
aura été épuisée, quand l'adjudication, d'a-
bord publiée, puis réalisée et enfin ratifiée,
sera devenue définitive, il ne restera plus,
avant l'époque fixée pour la prise en charge
du service que peu de mois tout au plus.
Et voyez jusqu'à quel point les précautions
sont prises en faveur de la Compagnie trans-
atlantique : le cahier des charges projeté
stipule que pour être admis au service postal,
les paquebots devront être, ou déjà francisés
ou construits en France. Or il n'existe pas
parmi les vapeurs battant pavillon français
et actuellement à flot, d'autres bâtiments ré-
pondant aux exigences du cahier des charges
que ceux de la Compagnie transatlantique. Il
faudrait donc que tout concessionnaire au-
tre que la Compagnie fasse construire de nou-
veaux navires ; — et les fasse construire en
France; — et il en faut 25 au moins.
Eh bien, il est matériellement-impossible,
aux chantiers français d* fournir en quel-
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