Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1894-03-08
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Description : 08 mars 1894 08 mars 1894
Description : 1894/03/08 (A24,N8088). 1894/03/08 (A24,N8088).
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 29/04/2013
VINGT-QUATRIÈME ANNÉE. — Ne 8,088 LE NUMÉRO CINQ CENTIMES JEUDI 8 MARS 1894
t F VïV~ Qït~f~ï li*
BEDACTIO. ET IDiïRISTRATIOl
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IIIECTEUI POLITIQUE
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LE RÊVE DÉÇU
Lorsque appuyé sur le bras puissant
de Cavour, Victor-Emmanuel se mit en
route pour manger l'Italie, feuille par
feuille, suivant son expression imagée,
il ne prononça pas le nom de l'unité,
qui aurait effrayé l'Europe et augmenté
les difficultés de l'entreprise.
Mais il parla de la liberté, se bornant
à écrire ce grand mot sur son drapeau.
Son programme se résumait dans l'éta-
blissement du régime parlementaire.
C'est avec cela qu'il souleva les âmes et
qu'il renversa les trônes des petits sou-
verains dont le despotisme absolu pe-
sait sur les populations.
Dans un de ses ouvrages, Stendhal a
publié le texte d'un décret rendu en
i829 par le duc de Modène pour orga-
niser dans ses Etats la censure des li-
vres.
D'après ce document, il était créé des
censeurs laïques et ecclésiastiques, dont
le double visa devait être placé à la
première et à la dernière page de tout
volume mis en vente ou même prêté. La
peine des galères attendait ceux qui au-
raient fait lire à quelqu'un un ouvrage
non visé et approuvé par la censure.
On conçoit ce qu'un tel système avait
accumulé de haines. Cette guerre sans
merci faite à la pensée avait amené
l'exaspération des intelligences; et le
chef de la maison de Savoie appa-
rut comme le libérateur de l'esprit hu-
main.
Evidemment, le rêve italien a été
déçu; car l'Italie marche vers les for-
mules autoritaires d'un pas aussi rapide
que vers la banqueroute, ce qui n'est
pas peu dire.
Que les projets de M. Crispi soient ou
non votés, que le Parlement se coupe
la gorge ou disparaisse malgré lui, il
importe peu pour le résultat prochain.
S'il déplaît trop aux députés d'accor-
der la dictature et de jouer les guillo-
tinés par persuasion, M. Crispi trouvera
un moyen quelconque de se débarras-
ser d'eux. Le sentiment public l'y
pousse, parce que le parlementarisme
n'est arrivé en Italie qu'à démontrer
son impuissance.
Pour faire un grand royaume, on
s'est borné à coller ensemble de petits
Etats qui étaient munis d'un appareil
gouvernemental complet, sans oser rien
détruire, de peur de se heurter à des
résistances locales, et d'alarmer des in-
térêts de clochers.
Il en est résulté une pléthore de
fonctionnaires qui exige des réformes
radicales. Le nombre des sous-préfec-
tures, des cours, des tribunaux, des
universités est un défi au sens com-
mun. Depuis de longues années on au-
rait dû tailler là-dedans avec la hache.
Le régime parlementaire a tout em-
pêché. Les Chambres ont des passions
d'arrondissements causées par Ja crainte
de l'électeur. On comprend, en Italie,
qu'il faut couper dans le vif, sans le
concours des députés.
Cet éveil de l'esprit césarien est un
châtiment et un enseignement pour les
libéraux de toutes les nations. Si la for-
mule du gouvernement du pays par le
pays aboutit à marquer le pas surplace,
les peuples se mettront à la recherche
d'un autre idéal, parce que avant tout ils
veulent marcher en avant, car l'immo-
bilité est impossible.
Pourquoi a-t-on soulevé tant d'enthou-
siasme avec l'espoir des révolutions?
Parce que la révolution est la vie.
Lorsque les mondes décrivent leur
course invariable autour des astres fixes,
ils font leurs révolutions, et s'ils s'ar-
rêtaient un instant l'univers retourne-
rait au chaos !
Il en est de même de l'humanité. Elle
poursuit à travers les âges sa courbe
continue vers le progrès ; et si elle s'ar-
rêtait, elle retomberait dans la nuit des
temps préhistoriques.
Seulement, là où l'Italie enfourche
une nouvelle chimère, c'est lorsqu'elle
se figure trouver son salut dans un
blanc-seing donné à M. Crispi.
D'abord l'homme est trop vieux. Né
en 1819, il va avoir soixante-quinze
ans. Ce n'est plus l'heure des vastes
entreprises et des grandes aventures.
Nul alors n'est ni moralement ni phy-
siquement en état d'affronter les fati-
gues, les soucis, les dangers. « On n'est
plus heureux à notre âge », disait
Louis XIV vieilli au maréchal vaincu
qui montait péniblement les escaliers
de Versailles, appuyé sur une canne.
Puis la dictature ne saurait s'exercer
par délégation. Elle implique une action
sans contrôle, sans appel possible. Dès
qu'il y a une monarchie, le roi seul
pourrait être dictateur ; et M. Crispi
verra les embarras qui résulteront pour
lui de la nécessité de solliciter la signa-
ture du chef de l'Etat.
Or, personne en Italie ne songe à
confier un pouvoir absolu à Humbert Ie1
dont le niveau intellectuel ne dépasse
pas la moyenne des officiers subalter-
nes médiocres, et dont le regard ne
s'étend pas loin.
Pauvre roi Humbert ! Son inquiétant
et empiétant allié Guillaume II a abusé
souvent de sa courte vue.
La présence du prince de Naples aux
grandes manœuvres de Metz a été un
mauvais tour et une exploitation de la
situation de la part de l'empereur alle-
lemand.
Un an auparavant, il avait demandé
d'un ton négligent la visite de l'héritier
présomptif de la couronne d'Italie pour
lui montrer les troupes impériales ; et
le voyage avait été convenu au dessert,
à la fin d'un dîner intime.
Quand le moment de mettre le projet
à exécution fut venu, Guillaume II
rappela l'engagement pris, et ajouta
d'une plume négligente : « A propos
les manœuvres ont lieu en Alsace-Lor-
raine. »
Au Quirinal, on se prit la tête à deux
mains; mais on n'osa pas se récuser,
ni même imaginer l'excuse d'une mala-
die du jeune prince — et l'offense gra-
tuite à la France eut lieu.
Que sortira t-il de tout cela ?
Rien de bon pour l'Italie.
Comme un malade dans son lit, elle
peut se tourner et se retourner sans
trouver la guérison.
Quand sa ruine sera complète et sa
faillite prononcée, elle diminuera ses
armements peut-être sous le fouet de la
nécessité ! Mais il sera trop tard — trop
tard, le mot fatal qui a sonné le glas
de tant de-choses dans l'histoire, et qui
est l'impitoyable réponse des événe-
ments pour punir les fautes politi-
ques.
lisait.
BON EXEMPLE
D'après un rapport d'inspection commer-
ciale, les propriétaires d'une usine de la Meuse
viennent de prendre une décision qui les ho-
nore et qui mérite d'être publiée à titre
d'exemple.
Cette décision porte qu'une pension an-
nuelle et viagère de 50 fr. sera payée par l'é-
tablissement aux employés et ouvriers titu-
laires de médailles décernées par le ministre
du commerce, après trente années de service
dans l'usine.
Il sera alloué aux femmes d'ouvriers ayant
au moins trois ans de présence une somme
de 50 centimes, et à chaque enfant 25 centimes
par jour, pendant que le chef de famille ac-
complira dans l'armée une période d'instruc-
tion comme réserviste ou territorial.
LE NOUVEAU MAGASIN DE DÉCORS
DE L'OPÉRA
L'entente a été faite entre le ministère de
la guerre, la direction des beaux-arts et celle
des bâtiments civils pour la reconstruction
aux bastions 43 et 44 des magasins de décors
de l'Opéra et de l'Opéra-Comique.
Il y a deux projets en présence ; l'un, celui
de M. Garnier, architecte de l'Opéra, qui
veut faire grand et élever une construction
dont le coût serait de 200 francs par mètre
superficiel couvert ; le projet de M. Berlier, ar-
chitecte de l'Opéra-Comique, est beaucoup
plus modeste : son prix de revient ne serait
que de 60 francs le mètre superficiel.
Un troisième projet enfin serait d'acheter
l'ancienne carcasse en fer de l'Hippodrome
qui est à vendre et dont on ne sait que faire,
et de l'édifier sur le bastion.
Le poste-caserne serait utilisé pour les bu-
reaux de l'administration.
Ce dernier projet a de grandes chances d'a-
boutir, mais l'obstacle c'est l'argent, aucun
crédit n'étant prévu; il est probable que l'Etat
va tâcher de vendre les bâtiments de la rue
Riclier et de la place Louvois, et d'en affecter
le produit à l'édification du nouveau magasin,
qui serait relié à la ligne du chemin de fer de
l'Ouest par un petit embranchement.
HENRY, HORLOGER
Le juge chargé de l'instruction des atten-
tats de Carmaux et du Terminus vient d'être
mis, par hasard, sur la trace d'un fait qui
prouve que Henry, à deux reprises, avait es-
sayé de fabriquer une bombe dont le percu-
teur aurait été mis en mouvement par un
mécanisme d'horlogerie.
Quelque temps avant l'attentat de Car-
maux, Henry se présenta avec une lettre de
recommandation chez un horloger du haut de
la rue Saint-Honoré, M. Duchaïme, pour faire
son apprentissage. Pendant dix jours il fut
très assidu, étudia surtout le mécanisme des
réveils et, un beau matin, disparut.
L'horloger n'avait plus entendu reparler de
lui, lorsque, quelques jours avant l'attentat
du Terminus, Henry revint chez lui, deman-
dant de nouveau à être embauché comme
apprenti. Sur le refus de l'horloger, il offrit
cent francs par mois, à payer d'avance, pour
apprendre, prétendant qu'il allait partir en
Amérique, où il devait savoir surtout régler
un mouvement. Sur le refus persistant. de
l'horloger, il eut l'air très désappointé et par-
tit. Il s'était présenté les deux fois sous le
nom de Henry.
La personne qui avait recommandé Henry
à M. Duchalme, et qui a fait ses études d'hor-
logerie à Besançon, est un Bisontin qui se-
rait, parait-il, un ami intime de Sébastien
Faure.
—
ABOLITION DE LA PEINE DE MORT
MM. Dejeante, Faberot et plusieurs de leurs
collègues du groupe sociuliste ont pris l'ini-
tiative d'un amendement portant abolition de
la peine de mort en toute matière, même en
matière militaire et maritime.
Cet amendement sera discuté lors du débat
qui s'ouvrira sur la proposition de loi votée
par le Sénat sur la suppression de la publi-
cité des exécutions capitales.
LES
OUVRIERS MUNICIPAUX
CONSÉQUENCES DE LA PROPOSITION
BAUDIN
Un déluge de protestations. — Jours de
repos non payés. — Nouvelles deman-
des d'augmentation de salaires. —
Il faut de l'argent.
OR croyait que le dernier mot avait été dit
sur la fameuse proposition Baudin. Erreur.
On en reparlera prochainement à l'Hôtel de
Ville, et non sans accompagnement de quel-
que tapage.
Sans doute on se rappelle dans quelles cir-
constances elle vit le jour. Il s'était trouvé au
conseil municipal une majorité pour voter
l'augmentation du nombre et des traitements
des gardiens de la paix. La minorité socia-
liste, mécontente, cherchait un sujet de con-
tre-manifestation. M. Baudin le lui fournit
en déposant sur l'heure une proposition de
relèvement des salaires des ouvriers de la
Ville, avec fixation d'un minimum de cinq
francs.
On baptisa du coup la proposition du jeune
conseiller des Quinze-Vingts : proposition de
la pièce de cent sous. Le préfet de la Seine
s'opposa au vote d'une proposition non étu-
diée, qui pouvait avoir de grosses consé-
quences financières — trois millions de dé-
penses — conséquences d'autant plus graves
que le budget se bouclait à peine. Ses objur-
gations furent vaines. La proposition Bau-
din était trop populaire pour n'être pas
votée.
Après une longue résistance, le préfet ca-
pitula. Il prit donc un arrêté fixant une nou-
velle échelle de salaires.
Mais aussitôt les ouvriers se plaignirent
que l'administration avait, avec intention,
mal interprété la délibération du 16 décem-
bre 1892. Ils organisèrent meetings sur mee-
tings et adressèrent des pétitions à la com-
mission du travail. Ce sont ces pétitions
diverses que M. Champoudry, le nouveau
président du conseil municipal, fut chargé de
réunir et d'examiner, et sur lesquelles il vient
de terminer un rapport dont la discussion
sera certainement très intéressante. Nous en
pouvons dès aujourd'hui faire connaître les
principales conclusions.
LA QUESTION DES JOURS DE REPOS
Le plus grave grief des ouvriers contre
l'administration est celui des jours de repos.
Le rapport de M. Baudin, dont les conclu-
sions ont été adoptées par le conseil, fixait le
minimum des salaires à 1,500 francs et accor-
dait deux jours de repos payés par mois.
L'arrêté du préfet pris en conformité dit bien
que les ouvriers auront droit à deux jours de
repos par mois, mais il ne dit pas que ces
deux jours seront payés. Aux plaintes des ou-
vriers, le directeur des travaux s'efforce d'ex-
pliquer qu'il a été très large dans l'applica-
tion de la décision du conseil municipal, que
ceux-ci n'ont pas sujet de plainte, qu'ils ne
comprennent pas les bienfaits de la nouvelle
réglementation, etc. Les intéressés — et plus
particulièrement 'ceux du nettoiement—ré-
pliquent argument pour argument. Il se peut
qu'on leur paie deux jours de repos, mais
comme on leur a supprimé les quatre jours
supplémentairement payés autrefois, l'appli-
cation de la délibération du conseil n'est pas
réelle. Ils n'y gagnent rien. Le plus drôle,
c'est que certaines catégories d'ouvriers y
perdent mêm()c C'est le cas des cantonniers-
surveillants.
Les cantonniers surveillants de 1" classe, ex-
plique M. Champoudry, touchaient anciennement
160 francs par mois de vingt-six jours. Ils jouis-
fiaient de deux jours de repos par mois, sans rete-
nue de salaire. Les quatre jours complémentaires
du mois usuel étaient payés comme heures supplé-
mentaires, à raison d-i 6 fr. 20 c. par jour, soit au
total 24 fr. 80 c., qui venaient s'ajouter au mois
normal de 160 francs.
Actuellement, ils touchent 165 francs pour le mois
de vingt-six jours, soit une augmentation de 5 fr.,
mais ils ne sont plus payés que pour deux jours
complémentaires.
Il en résulte qu'ils perdent deux jours à 6 fr. 20,
soit 12 fr, 40 c. par mois, compenses en partie par
l'augmentation de 5 francs.
La différence reste à 7 fr. 40 c., ce qui fait une
diminution de 80 fr. 88 c. sur la salaire annuel.
La situation est la même pour les cantonniers-
surveillants de 2* classe et leur perte annuelle est
de 79 francs.
Le conseil municipal, ajoute le rapporteur,
était loin de s'attendre à un pareil résultat en
votant le relèvement des salaires, et les faits
renferment en eux-mêmes la preuve par l'ab-
surde du bien fondé des réclamations des ou-
vriers. M. Champoudry conclut donc en fa-
veur des réclamants.
En dehors de la question du paiement des
deux jours de repos, les ouvriers font remar-
quer que, dans certaines sections, les deux
jours de repos leur sont accordés au moyen
de quatre demi-journées.
Il y a là, dit M. Champoudry, un procédé
arbitraire que nous condamnerons, les repos,
pour être utiles aux intéressés, doivent être
de deux journées entières.
TANT VA LA CRUCHE A L'EAU.
Voyant les bonnes dispositions du conseil
municipal à l'égard du petit personnel ou-
vrier, plusieurs catégories en profitèrent pour
solliciter une augmentation nouvelle, en
vertu du dicton : « Il n'y a que le premier pas
qui coûte ». Le rapporteur, si désireux qu'il
fût de leur être agréable, a reculé devant
l'énormité de charges qu'entraînerait la satis-
faction de ces désirs. Aux ouvriers spéciaux
des dépôts de pavés, des petits ateliers de
régie, des promenades, a ceux des car-
rières, aux égoutiers, aux gardiens des halles
et marchés, aux ouvriers jardiniers, qui ré-
clament une augmentation de salaire, M.
Champoudry conseille d'attendre que les fi-
nances de la ville soient plus prospères. De
même il repousse les propositions de l'ingé-
nieur en chef de s promenades tendant à sup-
primer la deuxième classe des cantonniers-
surveillants, et à remplacer la classe unique
des cantonniers ordinaires par deux classes,
l'une à 1,800 francs, l'autre à 1,740 francs.
Par contre, il accepte la création d'une nou-
velle classe de jardiniers principaux payés à
raison de 3,600 francs par an, et d'une classe
de jardiniers-chefs payés à raison de 1,920
francs. Il se montre favorable également à
l'octroi d'une indemnité spéciale de 2 francs
par nuit pour les ouvriers jardiniers qui sont
chargés de chauffer les serres, cette besogne
devant être faite à tour de rôle, et il convient
que ce nom de jardinier doit remplacer celui
de cantonnier qui ne répond en rien à leur
profession.
RÉCLAMATIONS RECONNUES
LÉGITIMES
M. Champoudry déclare légitimes les récla-
mations des ouvriers du service des eaux
(canaux et dérivations, aqueducs), des fontai-
niers, des éclusiers et surveillants de naviga-
tion, des ouvriers du marcné aux bestiaux de
la Villette, des hommes de peine des abat-
toirs et du marché aux bestiaux.
Le rapporteur ne farde pas la vérité. Les
conclusions que je vous présente, ne craint-il
pas de dire, auront pour résultat d'augmenter
les charges du budget communal (pour le
seul service des eaux, le supplément de cré-
dit prévu serait de 205,000 fr.), « mais nous
sommes persuadés, en raison de vos traditions
démocratiques et de votre sollicitude pour
les travailleurs que vous n'hésiterez pas à
suivre votre commission ».
Le rapport de M. Champoudry se termine
par divers projets de délibération en faveur :
de la paie à la quinzaine, du paiement d'une
indemnité maximum en cas de maladie ou
d'accident pour tous les ouvriers titulaires ou
auxiliaires ; de modifications aux conditions
d'embauchage, de titularisation et d'avance-
ment des ouvriers et au système des puni-
tions ; de la titularisation des ouvriers après
deux années de service, et d'un congé annuel
de dix jours à accorder sans retenue de sa-
laire.
M. Champoudry propose enfin de renvoyer
à l'étude de la 1re commission la question
de création d'une caisse de retraites soulevée
par quelques groupes d'ouvriers.
Dès les premiers jours de la semaine pro-
chaine, la commission du travail se pronon-
cera définitivement sur ces conclusions. Nous
n'aurons plus qu'à en attendre la discussion
en séance publique. Elle sera vive.
UN INCIDENT
A LA PREMIÈRE CHAMBRE
DE LA COUR
M. Périvier fera-t-il amende honorable ?
Un incident curieux et peut-être gros d'ora-
ges entre magistrats et avocats s'est produit
hier à la première chambre de la cour d'appel
présidée par M. le premier président Péri-
vier.
Au-ent où l'huissier appelait une af-
faire Pagès en homologation de liquidation de
succession, Me Fortier-Maire, avocat de l'une
des parties en cause, se présenta à la barre et
réclama avec une courtoise insistance la re-
tenue de l'affaire, plusieurs fois déjà appelée
et remise.
— Monsieur le premier, dit en substance
l'honorable Me Fortier-Maire; je me permets
de vous faire souvenir qu'à huitaine dernière
vous avez, d'une façon définitive, fixé à au-
jourd'hui les débats de l'affaire.
— C'est vrai, Me Fortier-Maire, répli-
qua alors M. Périvier. Je me souviens parfai-
tement. Mais vous n'avez pas d'adversaire.
Et, depuis huit jours, il s'est passé des choses
que la cour regrette de connaître. Il y a des
dessous dans cette affaire. Tant que l'ordre
des avocats conservera son monopole, il sera
tenu de supporter certaines charges. Nous ne
pouvons admettre qu'il se crée, dans certaines
affaires, « une grève d'avocats ». Nous vou-
lons que les plaideurs puissent se présenter à
la barre assistés de défenseurs. Bref, la cour
renvoie l'affaire après Pâques ; et que d'ici là
tout soit fini !
Aussitôt cette mercuriale prononcée, des
voix de femmes s'élevèrent dans le fond de
l'auditoire :
— Merci, monsieur le président, cria-t-on,
merci, merci 1
C'étaient les deux plaideuses qui n'avaient
pu se faire représenter à la barre qui mani-
festaient ainsi leur satisfaction.
11 nous reste maintenant à expliquer pour-
quoi M. le premier président Périvier a fait
cette « sortie » contre le barreau.
D'après ce qui nous a été raconté, Mme Pa-
gès, l'une des parties en cause, n'aurait pu
se procurer un avocat, parce qu'elle se trou-
vait, à raison de précédents procès, redeva-
ble d honoraires envers d'autres avocats.
Il est en effet d'un usage constant qu'un
avocat ne peut accepter le dossier d'un client
qu'autant que celui-ci ne doit absolument
aucuns honoraires à un membre du barreau
de Paris. C'est-à-dire qu'en certaines circons-
tances, on organise, au Palais, la grève des
avocats autour des plaideurs peu fortunés.
refusant de recourir, pour la défense de leurs
intérêts, à l'éloquence toujours inhabile et
parfois dangereuse, des stagiaires de l'Assis-
tance judiciaire.
C'est contre ce procédé trop commercial
qu'a, parait-il, voulu s'élever M. Périvier
dans sa mercuriale à l'adresse de messieurs
du barreau. Tous les gens raisonnables, plai-
deurs ou non, applaudiront à l'énergique
« sortie » de M. le premier président qui, sous
ses dehors familiers, — vulgaires, si l'on
tient à se servir du qualificatif qu'aiment à
employer à son égard des collègues fin-de-siè-
cle ou plutôt fin-d'empire — cache un magis-
trat plein de finesse et de bon sens.
Ajoutons qu'immédiatement après l'au-
dience de la première chambre de la cour, M.
le bâtonnier Cartier s'est rendu auprès de M.
Périvier pour, affirmait-on, lui demander des
explications. Dans les groupes d'avocats, —
où l'on ne doute de rien, — on ne parlait rien
moins, hier, que de contraindre M. Périvier à
faire, en audience publique, amende honora-
ble au barreau !
Il serait si simple de supprimer le mo-
nopole des avocats.
L'Empereur et l'Impératrite d'Autriche en France
Menton, 6 mars.
L'empereur et l'impératrice d'Autriche se sont
promenés quelques instants ce matin, de bonne
eure, dans l'avenue de Roquebrune.
A neuf heures, l'empereur et l'impératrice, ac-
compagnés du prince de Lischtenstein et d'un aide
de camp, sont partis en voiture pour Nice par la
Turbie.
L'empereur est retourné à Cap-Martin en voi-
ture, à quatre heures et demie, par la route de
Beaulieu. L'impératrice doit rentrer par le train
de sept heures.
BÉHANZIN PARRICIDE
Marseille, 6 mars.
Un officier qui revient du Dahomey à bord
du Stamboul, arrivé ce matin, a raconté une
nouvelle anecdote sur la reddition de Behan-
zin.
Behanzin, abandonné de tous ses parti-
sans, comprenant qu'il était irrémédiable-
ment perdu, fit appeler sa vieille mère et lui
tint ce propos : « Je vais me rendre au roi des
Français; mais il faut que mon père Gléglé
le sache. Tu vas donc te rendre pour cela au-
près de lui. » Ceci dit, Behanzin fit trancher
la tête à sa mère et assista impassible, calu-
met à la bouche, à sa mort.
Il se pourrait que le général Dodds rentrât
en France par le Thibet, paquebot qui rapa-
triera également la mission Braulot, compo-
sée du lieutenant Braulot et du docteur Ma-
chaud, et qui a heureusement effectué son
voyage.
M. JEAN GRAVE A MAZAS
M. JEAN GRAVE A MAZAS
M. Clovis Hugues a écrit hier à M. Raynal pour
le prévenir qu'il comptait lui poser lundi une
question « sur le cas de M. Jean Grave, détenu à
Mazas pour délit de presse. »
On sait que M. Jean Grave a été récemment
condamné par la cour d'assises à deux ans de
prison pour son livre la Société mourante et
fÂnarchi"
LAVIEDEPARIS
ILe XIXe Siècle, des premiers, m'a appris
qu'une femme, Mme Pauline Savari, s'é -
tait empoisonnée. On sait qu'elle en a
échappé, heureusement! Déjà même, on
parait vouloir dire que la tentative de sui-
cide n'était pas sérieuse. On l'atténue et
on met sur le compte de la « nervosité »
l'absorption d'une fiole de laudanum.
Peste ! Je connais beaucoup de femmes
nerveuses : nulle ne poussa si loin la
chose, même dans les pires moments
d'humeur.
Je comprends d'ailleurs les motifs qui
ont pu faire qu'on voulût diminuer la
gravité de l'incident. Mais je tiens la ten-
tative de suicide pour sérieuse et on peut
s'en demander les raisons. Nous la connais-
sons tous, dans les journaux, Madame
Pauline Savari. Nous savions que demain
elle devait chanter l'Alceste de Gluck,
dans une représentation organisée par
elle. H parait que ce sont les difficultés
mêmes de cette organisation qui auraient
amené la « nervosité » en question. Ce
n'est pas une petite affaire de monter un
opéra. Peut-être Mme Savari n'avait-elle
pas trouvé des interprètes qui lui aient
paru suffisants ? Peut-être n'était-elle pas,
elle-même, contente de la façon dont elle
chantait ? Je n'en sais rien, ne l'ayant ja-
mais entendue. Quoi qu'il en soit, la re-
présentation annoncée avait subi des re-
mises successives. Les gens qui avaient
pris des billets pouvaient s'estimer dupés.
Déception d'imprésario, d'artiste, scru-
pule d'entrepreneur, pour une de ces rai-
sons, la pauvre femme a été poussée à un
acte de désespoir. Elle en a échappé.
Tant mieux, et tant mieux si l'aventure
attire quelq je sympathie à son entreprise
et lui donne ainsi quelque chance de suc-
cès. Je le souhaite de tout mon cœur.
J'ai dit que dans les journaux nous
connaissions tous Mme Savari,beaucoup de
nous du moins. Son histoire, dont on peut
librement parler après l'éclat de cette ten-
tative de suicide, étant d'ailleurs à son
honneur, me parait des plus édifiantes et
des plus touchantes. Imaginez une demoi-
selle de la bourgeoisie, ayant reçu l'édu-
cation des filles riches, mais n'ayant pas
de fortune. On l'élève pour le mariage et,
comme elle est bien élevée et jolie, agréa-
ble au moins, avec un air séducteur d'é-
trangeté, on la marie.
Son mari a un poste en Afrique. Elle
est contrainte de se séparer de lui où il
meurt. Vingt-cinq ans, sans un sou, jolie,
je l'ai dit, la voilà sur le pavé de Paris,
avec deux enfants à élever. Elle veut ga-
gner isa vie. Avant de songer au chant,
elle pense aux lettres et la voilà en cam-
pagne pour les journaux. C'est là que je
l'ai rencontrée. -
Pour cette laborieuse, toutes les beso-
gnes sont bonnes. Elle fait du roman, des
chroniques, du reportage, des modes. Elle
fait tout cela pas mal. Mais voyez les né-
cessités de cette existence 1 Un homme
vit comme il peut, mais comme il veut.
Une femme a des besoins de toilette. Elle
ne peut logér dans un garni. Si un direc-
teur de journal allait lui demander de la
copie !
Il faut un logis au moins décent. Et
puis, il y a les enfants. Et comme on
gagne peu ! C'est une très grande erreur
de croire que les femmes qui font de la
littérature dans les journaux ont l'accès
pluslaisé que les hommes. C'est tout le
contraire qui est la vérité. On se méfie de
la littérature féminine. On craint l'insuf-
fisance de la connaissance du métier.
Contrairement à la légende, la galan-
terie — qui ne plaît pas, d'ailleurs, à tou-
tes nos « confrères » — ne joue pas grand
rôle dans leurs affaires. C'est la vie de
bohème imposée à de pauvres femmes
qui ont des charges de famille et des de-
voirs sociaux auxquels elles ne veulent
pas se dérober.
Combien de fois j'ai songé à ces situa-
tions, à ces luttes, à ces détresses secrè-
tes, soit qu'elles soient fièrement portées,
soit même que les femmes malheureuses
laissent échapper la plainte de leur dou-
leur ! Il y a, à Paris, des femmes par cen-
taines et par milliers, dont on dit
qufelles sont obligées de se « débrouiller».
Les plus à plaindre sont celles dont l'édu-
cation a été la plus soignée. Le mariage
leur est très difficile.
Elles ne peuvent pas, comme on dit,
épouser « tout le monde ». Une fille du
peuple, si elle plaît à on ouvrier, de-
vient la compagne de sa vie et reste avec
lui sur le pied de l'égalité. Une bour-
geoise sans fortune, une veuve avec des
enfants, est bien plus malaisée à caser.
Alors, comme on ne peut pas se faire cui-
sinière, femme de chambre ou piqueuse
de bottines, que les métiers de la toilette
débordent d'offres, sont rétribués à peine
et ne laissent pas de liberté assez pour
une femme qui a des enfants, on songe à
tirer parti de son éducation, des talents
d'agrément.
C'est alors que commence la montée de
ce douloureux calvaire. Travail mal
payé, travail implaçable, sollicitations
repoussées, promesses non tenues — et
pas toujours par mauvais vouloir — la
pauvre femme de lettres connaît tous ces
déboires, s'épuise en ces efforts vains.
Beaucoup, je le sais, finissent par s'en
tirer. Mais il y faut, avec un grand cou-
rage, un peu de bonne fortune. La santé
est encore là, souvent vacillante chez
les femmes, et ne permettant pas toujours
l'intensité de travail nécessaire à la vie
brûlante des journaux.
Dans le monde des théâtres, c'est la
même chose. Le public s'imagine que tout
y est joie ét liesse. Il voit, au premier
plan, des femmes en vedette qui ont du
talent ou beaucoup de beauté et, dans
l'un ou l'autre cas, des diamants et des
toilettes.
Ce qu'il ne voit pas, ce sont les femmes
de second et de troisième plan, quand
elles n'ont que le théâtre pour les faire
vivre (ce qui est le cas plus souvent qu'on
ne croit), et qui arrivent dans les coulis-
ses, gelêes l'hiver, comme des employés
de nuit à leur bureau, pour un salaire dé-
risoire. Ah t les pauvres femmes qui ont
à se débrouiller toutes seules, il faut leur
être pitoyable et indulgent : pitoyable
pour leurs désespoirs et aussi indulgent
pour leurs faiblesses. Je donnerais leur
vie en cent, comme on dit, à ceux qui
ne les plaignent pas ou les blâment 1
Henry Fouquier.
L'AFFAIRE PELLETAN-ANDRIEUX
M. Pelletan a envoyé ce matin aux témoins de
M, Andrieux, une lettre dans laquelle il déclare
refuser de constituer des témoins.
Cette lettre a été communiquée immédiatement
à M. Andrieux qui y a répondu par une protesta-
tion.
LE TAMBOUR D'ARCOLE
Le ministre de la guerre, sur la demande qui lui en
a été faite par lesJéputés de Vaucluse, vient d'au-
toriser l'armée à prendre part à la souscription
ouverte en vue de l'érection, à Cadenet f Vau-
cluse), d'un monument au tambour d'Arcole, André
Etienne.
L'ÉLECTION DE M. EDMOND BLAWC
M. Saint-Germain, rapporteur de l'élection de
M. Edmond Blanc, a fait approuver hier par la
commission d'enquête, les conclusions de son rap-
port tendant à la validation.
Ce rapport a été déposé ensuite sur le bureau de
la Chambre.
L'ENOUÈTE SUR LA MARINE
La délégation nommée dans la dernière
séance de la commission extrap irlementaire
de la marine, et qui se compose de MM. Loc-
kroy, président ; Bouchard, Cuvinot, Thom-
son, Brisson, l'amiral Vallon, Cochery, de
Kerjégu, Chautemps, Cabart-Danneville et
Labat, a pris, hier soir, à 8 heures, le train-
express pour arriver à Toulon aujourd'hui à
midi.
On sait que ces députés se rendent dans no-
tre premier port de guerre pour faire dans
l'arsenal de Toulon une enquête concernant
les faits les plus importants reprochés à l'ad-
ministration maritime, faits qui ont motivé
en partie la nomination de la commission
d'enquête : vols de blé, question des approvi-
sionnements, situation de nos torpilleurs et
du Magenta, etc.
Avant son départ,M. Lockroy a eu une en.
trevue avec l'amiral Lefèvre, ministre de 1*
marine, et celui-ci a transmis aussitôt des op
dres à la préfecture maritime de Toulon peut
que toutes les facilités soient données dans
les divers services de la marine afin. de mener
à bonne fin les travaux de la délégation.
M. Abel, député de Toulon, est parti dès
hier dans le but de recevoir lui-même ses col-
lègues à leur arrivée en gare.
Le vice-amiral Vignes, préfet maritime, et
plusieurs chefs- de service se rendront aussi
à l'arrivée du train.
Des appartements ont été retenus au Grand-
Hôtel où descendront les membres de la com-
mission.
La durée du séjour des délégués à Toulon
sera de cinq à six jours, peut-être même da-
vantage.
Les visites dans l'arsenal s'effectueront par
les soins de la direction du port, qui mettra à
la disposition des délégués un certain nombre
de chaloupes à vapeur.
M. le vice-amira l Boucheron de Boissoudy,
commandant en chef l'escadre d'évolutions
de la Méditerranée, ne se trouvera pas sur
rade pendant le séjour des députés à Tou-
lon.
Cet officier général vient d'arriver en per-
mission régulière à Paris, afin de s'entendre
avec le ministre sur la prochaine tournée
que vont effectuer les cuirassés placés sous
ses ordres.
la Compagnie Tramintip
XIII
OU L'ON VERRA COMMENT ON EN-
TREPREND UN SERVICE POSTAL
POUR FAIRE UN EMPRUNT
Commençons par jeter un coup d'œil rétros-
pectif sur ces services d'Algérie et sur la parti-
cipation de la Compagnie transatlantique à
leur exécution. Nous ne perdrons pas notre
temps dans cette excursion. Nos lecteurs sa-
vent maintenant qu'il est toujours intéres-
sant de regarder dans cette inépuisable boite
à surprises qu'on appelle la Compagnie trans- 1
atlantique.
C'est en 1842, — par l'initiative du maré-
chal Bugeaud, qui commençait à coloniser
alors l'Algérie, tout en achevant de la con-
quérir ; — ense et aratro, comme disait le
vieux maréchal; — c'est en 1842 que le pre-
mier service postal subventionné fut établi
entre Marseille et Alger. Son exécution fut
confiée à d'anciens et très respectables arma-
teurs marseillais, MM. Bazin et Périer, de-
puis 1842 jusqu'à 18,53 — pendant 11 ans.
Les paquebots mis alors en service étaient
des vapeurs à roues de 300 à 450 tonnes de
jauge brute, de 120 à 180 chevaux de force
nominale, et de 8 à 9 nœuds de vitesse effec-
tive. Limité d'abord à la seule ligne de Mar-
seille à Alger, le réseau fut très rapidement
étendu aux destinations d'Oranet de Philippe-
ville, Bône et Tunis. Quand les itinéraires
battirent leur plein, ils comprirent 6 voyages
mensuels sur Alger, 3 sur Oran et 3 sur Tu-
nis, avec escales à Philippeville et Bône. La
subvention était de 420,000 fr. par an.
En 1853, les services échurent par adjudi-
cation publique à une association d'arma-
teurs marseillais et cettois, qui essayèrent
vainement de se constituer en société, seus la
dénomination de Compagnie impériale. Cette
tentative aboutit à la ruine des fondateurs.
L'Etat dut même prendre en régie l'exécution
du service, jusqu'au moment où, en 1854, la
Compagnie des Messageries maritimes en fut
chargée, moyennant une subvention annuelle
de 1,500,000 francs.
Les paquebots des Messageries étaient sen-
siblement plus grands et plus rapides que
ceux de la maisoll Bazin et Périer : 1,000 à
1,200 tonneaux de jauge, et200 à3C0 chevaux
nominaux. Le bien-être des passagers à bord
fut très grandement amélioré. Les vitesses
furent portées à 9 et 10 nœuds. Enfin, de dé-
cadaires qu'ils étaient, les voyages devinrent
hebdomadaires. Les lignes restèrent d'ailleurs
tracées comme auparavant, de Marseille sur
Alger, Oran et Tunis, avec escales à Philippe-
ville et Bône.
L'exploitation des Messageries dura — de
février 1854 à juillet 1871 — dix-gept ons, au
cours desquels diverses conventions addition-
nelles eurent pour objet et pour résultat de
sérieux accroissements d'itinéraires, de vi-
tesse et de matériel naval.
En 1871, la Compagnie Valéry, de Bastia.
de tous points inférieure, remplaça les Mes.
sageries maritimes, à la suite d'une adjudi-
cation publique. Les itinéraires continuèrent
à être dirigés comme précédemment sur Oran
et Alger, mais la ligne de Tunis fut dédou?».
blée : une première ligne fut dirige sur Pbii-
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LE RÊVE DÉÇU
Lorsque appuyé sur le bras puissant
de Cavour, Victor-Emmanuel se mit en
route pour manger l'Italie, feuille par
feuille, suivant son expression imagée,
il ne prononça pas le nom de l'unité,
qui aurait effrayé l'Europe et augmenté
les difficultés de l'entreprise.
Mais il parla de la liberté, se bornant
à écrire ce grand mot sur son drapeau.
Son programme se résumait dans l'éta-
blissement du régime parlementaire.
C'est avec cela qu'il souleva les âmes et
qu'il renversa les trônes des petits sou-
verains dont le despotisme absolu pe-
sait sur les populations.
Dans un de ses ouvrages, Stendhal a
publié le texte d'un décret rendu en
i829 par le duc de Modène pour orga-
niser dans ses Etats la censure des li-
vres.
D'après ce document, il était créé des
censeurs laïques et ecclésiastiques, dont
le double visa devait être placé à la
première et à la dernière page de tout
volume mis en vente ou même prêté. La
peine des galères attendait ceux qui au-
raient fait lire à quelqu'un un ouvrage
non visé et approuvé par la censure.
On conçoit ce qu'un tel système avait
accumulé de haines. Cette guerre sans
merci faite à la pensée avait amené
l'exaspération des intelligences; et le
chef de la maison de Savoie appa-
rut comme le libérateur de l'esprit hu-
main.
Evidemment, le rêve italien a été
déçu; car l'Italie marche vers les for-
mules autoritaires d'un pas aussi rapide
que vers la banqueroute, ce qui n'est
pas peu dire.
Que les projets de M. Crispi soient ou
non votés, que le Parlement se coupe
la gorge ou disparaisse malgré lui, il
importe peu pour le résultat prochain.
S'il déplaît trop aux députés d'accor-
der la dictature et de jouer les guillo-
tinés par persuasion, M. Crispi trouvera
un moyen quelconque de se débarras-
ser d'eux. Le sentiment public l'y
pousse, parce que le parlementarisme
n'est arrivé en Italie qu'à démontrer
son impuissance.
Pour faire un grand royaume, on
s'est borné à coller ensemble de petits
Etats qui étaient munis d'un appareil
gouvernemental complet, sans oser rien
détruire, de peur de se heurter à des
résistances locales, et d'alarmer des in-
térêts de clochers.
Il en est résulté une pléthore de
fonctionnaires qui exige des réformes
radicales. Le nombre des sous-préfec-
tures, des cours, des tribunaux, des
universités est un défi au sens com-
mun. Depuis de longues années on au-
rait dû tailler là-dedans avec la hache.
Le régime parlementaire a tout em-
pêché. Les Chambres ont des passions
d'arrondissements causées par Ja crainte
de l'électeur. On comprend, en Italie,
qu'il faut couper dans le vif, sans le
concours des députés.
Cet éveil de l'esprit césarien est un
châtiment et un enseignement pour les
libéraux de toutes les nations. Si la for-
mule du gouvernement du pays par le
pays aboutit à marquer le pas surplace,
les peuples se mettront à la recherche
d'un autre idéal, parce que avant tout ils
veulent marcher en avant, car l'immo-
bilité est impossible.
Pourquoi a-t-on soulevé tant d'enthou-
siasme avec l'espoir des révolutions?
Parce que la révolution est la vie.
Lorsque les mondes décrivent leur
course invariable autour des astres fixes,
ils font leurs révolutions, et s'ils s'ar-
rêtaient un instant l'univers retourne-
rait au chaos !
Il en est de même de l'humanité. Elle
poursuit à travers les âges sa courbe
continue vers le progrès ; et si elle s'ar-
rêtait, elle retomberait dans la nuit des
temps préhistoriques.
Seulement, là où l'Italie enfourche
une nouvelle chimère, c'est lorsqu'elle
se figure trouver son salut dans un
blanc-seing donné à M. Crispi.
D'abord l'homme est trop vieux. Né
en 1819, il va avoir soixante-quinze
ans. Ce n'est plus l'heure des vastes
entreprises et des grandes aventures.
Nul alors n'est ni moralement ni phy-
siquement en état d'affronter les fati-
gues, les soucis, les dangers. « On n'est
plus heureux à notre âge », disait
Louis XIV vieilli au maréchal vaincu
qui montait péniblement les escaliers
de Versailles, appuyé sur une canne.
Puis la dictature ne saurait s'exercer
par délégation. Elle implique une action
sans contrôle, sans appel possible. Dès
qu'il y a une monarchie, le roi seul
pourrait être dictateur ; et M. Crispi
verra les embarras qui résulteront pour
lui de la nécessité de solliciter la signa-
ture du chef de l'Etat.
Or, personne en Italie ne songe à
confier un pouvoir absolu à Humbert Ie1
dont le niveau intellectuel ne dépasse
pas la moyenne des officiers subalter-
nes médiocres, et dont le regard ne
s'étend pas loin.
Pauvre roi Humbert ! Son inquiétant
et empiétant allié Guillaume II a abusé
souvent de sa courte vue.
La présence du prince de Naples aux
grandes manœuvres de Metz a été un
mauvais tour et une exploitation de la
situation de la part de l'empereur alle-
lemand.
Un an auparavant, il avait demandé
d'un ton négligent la visite de l'héritier
présomptif de la couronne d'Italie pour
lui montrer les troupes impériales ; et
le voyage avait été convenu au dessert,
à la fin d'un dîner intime.
Quand le moment de mettre le projet
à exécution fut venu, Guillaume II
rappela l'engagement pris, et ajouta
d'une plume négligente : « A propos
les manœuvres ont lieu en Alsace-Lor-
raine. »
Au Quirinal, on se prit la tête à deux
mains; mais on n'osa pas se récuser,
ni même imaginer l'excuse d'une mala-
die du jeune prince — et l'offense gra-
tuite à la France eut lieu.
Que sortira t-il de tout cela ?
Rien de bon pour l'Italie.
Comme un malade dans son lit, elle
peut se tourner et se retourner sans
trouver la guérison.
Quand sa ruine sera complète et sa
faillite prononcée, elle diminuera ses
armements peut-être sous le fouet de la
nécessité ! Mais il sera trop tard — trop
tard, le mot fatal qui a sonné le glas
de tant de-choses dans l'histoire, et qui
est l'impitoyable réponse des événe-
ments pour punir les fautes politi-
ques.
lisait.
BON EXEMPLE
D'après un rapport d'inspection commer-
ciale, les propriétaires d'une usine de la Meuse
viennent de prendre une décision qui les ho-
nore et qui mérite d'être publiée à titre
d'exemple.
Cette décision porte qu'une pension an-
nuelle et viagère de 50 fr. sera payée par l'é-
tablissement aux employés et ouvriers titu-
laires de médailles décernées par le ministre
du commerce, après trente années de service
dans l'usine.
Il sera alloué aux femmes d'ouvriers ayant
au moins trois ans de présence une somme
de 50 centimes, et à chaque enfant 25 centimes
par jour, pendant que le chef de famille ac-
complira dans l'armée une période d'instruc-
tion comme réserviste ou territorial.
LE NOUVEAU MAGASIN DE DÉCORS
DE L'OPÉRA
L'entente a été faite entre le ministère de
la guerre, la direction des beaux-arts et celle
des bâtiments civils pour la reconstruction
aux bastions 43 et 44 des magasins de décors
de l'Opéra et de l'Opéra-Comique.
Il y a deux projets en présence ; l'un, celui
de M. Garnier, architecte de l'Opéra, qui
veut faire grand et élever une construction
dont le coût serait de 200 francs par mètre
superficiel couvert ; le projet de M. Berlier, ar-
chitecte de l'Opéra-Comique, est beaucoup
plus modeste : son prix de revient ne serait
que de 60 francs le mètre superficiel.
Un troisième projet enfin serait d'acheter
l'ancienne carcasse en fer de l'Hippodrome
qui est à vendre et dont on ne sait que faire,
et de l'édifier sur le bastion.
Le poste-caserne serait utilisé pour les bu-
reaux de l'administration.
Ce dernier projet a de grandes chances d'a-
boutir, mais l'obstacle c'est l'argent, aucun
crédit n'étant prévu; il est probable que l'Etat
va tâcher de vendre les bâtiments de la rue
Riclier et de la place Louvois, et d'en affecter
le produit à l'édification du nouveau magasin,
qui serait relié à la ligne du chemin de fer de
l'Ouest par un petit embranchement.
HENRY, HORLOGER
Le juge chargé de l'instruction des atten-
tats de Carmaux et du Terminus vient d'être
mis, par hasard, sur la trace d'un fait qui
prouve que Henry, à deux reprises, avait es-
sayé de fabriquer une bombe dont le percu-
teur aurait été mis en mouvement par un
mécanisme d'horlogerie.
Quelque temps avant l'attentat de Car-
maux, Henry se présenta avec une lettre de
recommandation chez un horloger du haut de
la rue Saint-Honoré, M. Duchaïme, pour faire
son apprentissage. Pendant dix jours il fut
très assidu, étudia surtout le mécanisme des
réveils et, un beau matin, disparut.
L'horloger n'avait plus entendu reparler de
lui, lorsque, quelques jours avant l'attentat
du Terminus, Henry revint chez lui, deman-
dant de nouveau à être embauché comme
apprenti. Sur le refus de l'horloger, il offrit
cent francs par mois, à payer d'avance, pour
apprendre, prétendant qu'il allait partir en
Amérique, où il devait savoir surtout régler
un mouvement. Sur le refus persistant. de
l'horloger, il eut l'air très désappointé et par-
tit. Il s'était présenté les deux fois sous le
nom de Henry.
La personne qui avait recommandé Henry
à M. Duchalme, et qui a fait ses études d'hor-
logerie à Besançon, est un Bisontin qui se-
rait, parait-il, un ami intime de Sébastien
Faure.
—
ABOLITION DE LA PEINE DE MORT
MM. Dejeante, Faberot et plusieurs de leurs
collègues du groupe sociuliste ont pris l'ini-
tiative d'un amendement portant abolition de
la peine de mort en toute matière, même en
matière militaire et maritime.
Cet amendement sera discuté lors du débat
qui s'ouvrira sur la proposition de loi votée
par le Sénat sur la suppression de la publi-
cité des exécutions capitales.
LES
OUVRIERS MUNICIPAUX
CONSÉQUENCES DE LA PROPOSITION
BAUDIN
Un déluge de protestations. — Jours de
repos non payés. — Nouvelles deman-
des d'augmentation de salaires. —
Il faut de l'argent.
OR croyait que le dernier mot avait été dit
sur la fameuse proposition Baudin. Erreur.
On en reparlera prochainement à l'Hôtel de
Ville, et non sans accompagnement de quel-
que tapage.
Sans doute on se rappelle dans quelles cir-
constances elle vit le jour. Il s'était trouvé au
conseil municipal une majorité pour voter
l'augmentation du nombre et des traitements
des gardiens de la paix. La minorité socia-
liste, mécontente, cherchait un sujet de con-
tre-manifestation. M. Baudin le lui fournit
en déposant sur l'heure une proposition de
relèvement des salaires des ouvriers de la
Ville, avec fixation d'un minimum de cinq
francs.
On baptisa du coup la proposition du jeune
conseiller des Quinze-Vingts : proposition de
la pièce de cent sous. Le préfet de la Seine
s'opposa au vote d'une proposition non étu-
diée, qui pouvait avoir de grosses consé-
quences financières — trois millions de dé-
penses — conséquences d'autant plus graves
que le budget se bouclait à peine. Ses objur-
gations furent vaines. La proposition Bau-
din était trop populaire pour n'être pas
votée.
Après une longue résistance, le préfet ca-
pitula. Il prit donc un arrêté fixant une nou-
velle échelle de salaires.
Mais aussitôt les ouvriers se plaignirent
que l'administration avait, avec intention,
mal interprété la délibération du 16 décem-
bre 1892. Ils organisèrent meetings sur mee-
tings et adressèrent des pétitions à la com-
mission du travail. Ce sont ces pétitions
diverses que M. Champoudry, le nouveau
président du conseil municipal, fut chargé de
réunir et d'examiner, et sur lesquelles il vient
de terminer un rapport dont la discussion
sera certainement très intéressante. Nous en
pouvons dès aujourd'hui faire connaître les
principales conclusions.
LA QUESTION DES JOURS DE REPOS
Le plus grave grief des ouvriers contre
l'administration est celui des jours de repos.
Le rapport de M. Baudin, dont les conclu-
sions ont été adoptées par le conseil, fixait le
minimum des salaires à 1,500 francs et accor-
dait deux jours de repos payés par mois.
L'arrêté du préfet pris en conformité dit bien
que les ouvriers auront droit à deux jours de
repos par mois, mais il ne dit pas que ces
deux jours seront payés. Aux plaintes des ou-
vriers, le directeur des travaux s'efforce d'ex-
pliquer qu'il a été très large dans l'applica-
tion de la décision du conseil municipal, que
ceux-ci n'ont pas sujet de plainte, qu'ils ne
comprennent pas les bienfaits de la nouvelle
réglementation, etc. Les intéressés — et plus
particulièrement 'ceux du nettoiement—ré-
pliquent argument pour argument. Il se peut
qu'on leur paie deux jours de repos, mais
comme on leur a supprimé les quatre jours
supplémentairement payés autrefois, l'appli-
cation de la délibération du conseil n'est pas
réelle. Ils n'y gagnent rien. Le plus drôle,
c'est que certaines catégories d'ouvriers y
perdent mêm()c C'est le cas des cantonniers-
surveillants.
Les cantonniers surveillants de 1" classe, ex-
plique M. Champoudry, touchaient anciennement
160 francs par mois de vingt-six jours. Ils jouis-
fiaient de deux jours de repos par mois, sans rete-
nue de salaire. Les quatre jours complémentaires
du mois usuel étaient payés comme heures supplé-
mentaires, à raison d-i 6 fr. 20 c. par jour, soit au
total 24 fr. 80 c., qui venaient s'ajouter au mois
normal de 160 francs.
Actuellement, ils touchent 165 francs pour le mois
de vingt-six jours, soit une augmentation de 5 fr.,
mais ils ne sont plus payés que pour deux jours
complémentaires.
Il en résulte qu'ils perdent deux jours à 6 fr. 20,
soit 12 fr, 40 c. par mois, compenses en partie par
l'augmentation de 5 francs.
La différence reste à 7 fr. 40 c., ce qui fait une
diminution de 80 fr. 88 c. sur la salaire annuel.
La situation est la même pour les cantonniers-
surveillants de 2* classe et leur perte annuelle est
de 79 francs.
Le conseil municipal, ajoute le rapporteur,
était loin de s'attendre à un pareil résultat en
votant le relèvement des salaires, et les faits
renferment en eux-mêmes la preuve par l'ab-
surde du bien fondé des réclamations des ou-
vriers. M. Champoudry conclut donc en fa-
veur des réclamants.
En dehors de la question du paiement des
deux jours de repos, les ouvriers font remar-
quer que, dans certaines sections, les deux
jours de repos leur sont accordés au moyen
de quatre demi-journées.
Il y a là, dit M. Champoudry, un procédé
arbitraire que nous condamnerons, les repos,
pour être utiles aux intéressés, doivent être
de deux journées entières.
TANT VA LA CRUCHE A L'EAU.
Voyant les bonnes dispositions du conseil
municipal à l'égard du petit personnel ou-
vrier, plusieurs catégories en profitèrent pour
solliciter une augmentation nouvelle, en
vertu du dicton : « Il n'y a que le premier pas
qui coûte ». Le rapporteur, si désireux qu'il
fût de leur être agréable, a reculé devant
l'énormité de charges qu'entraînerait la satis-
faction de ces désirs. Aux ouvriers spéciaux
des dépôts de pavés, des petits ateliers de
régie, des promenades, a ceux des car-
rières, aux égoutiers, aux gardiens des halles
et marchés, aux ouvriers jardiniers, qui ré-
clament une augmentation de salaire, M.
Champoudry conseille d'attendre que les fi-
nances de la ville soient plus prospères. De
même il repousse les propositions de l'ingé-
nieur en chef de s promenades tendant à sup-
primer la deuxième classe des cantonniers-
surveillants, et à remplacer la classe unique
des cantonniers ordinaires par deux classes,
l'une à 1,800 francs, l'autre à 1,740 francs.
Par contre, il accepte la création d'une nou-
velle classe de jardiniers principaux payés à
raison de 3,600 francs par an, et d'une classe
de jardiniers-chefs payés à raison de 1,920
francs. Il se montre favorable également à
l'octroi d'une indemnité spéciale de 2 francs
par nuit pour les ouvriers jardiniers qui sont
chargés de chauffer les serres, cette besogne
devant être faite à tour de rôle, et il convient
que ce nom de jardinier doit remplacer celui
de cantonnier qui ne répond en rien à leur
profession.
RÉCLAMATIONS RECONNUES
LÉGITIMES
M. Champoudry déclare légitimes les récla-
mations des ouvriers du service des eaux
(canaux et dérivations, aqueducs), des fontai-
niers, des éclusiers et surveillants de naviga-
tion, des ouvriers du marcné aux bestiaux de
la Villette, des hommes de peine des abat-
toirs et du marché aux bestiaux.
Le rapporteur ne farde pas la vérité. Les
conclusions que je vous présente, ne craint-il
pas de dire, auront pour résultat d'augmenter
les charges du budget communal (pour le
seul service des eaux, le supplément de cré-
dit prévu serait de 205,000 fr.), « mais nous
sommes persuadés, en raison de vos traditions
démocratiques et de votre sollicitude pour
les travailleurs que vous n'hésiterez pas à
suivre votre commission ».
Le rapport de M. Champoudry se termine
par divers projets de délibération en faveur :
de la paie à la quinzaine, du paiement d'une
indemnité maximum en cas de maladie ou
d'accident pour tous les ouvriers titulaires ou
auxiliaires ; de modifications aux conditions
d'embauchage, de titularisation et d'avance-
ment des ouvriers et au système des puni-
tions ; de la titularisation des ouvriers après
deux années de service, et d'un congé annuel
de dix jours à accorder sans retenue de sa-
laire.
M. Champoudry propose enfin de renvoyer
à l'étude de la 1re commission la question
de création d'une caisse de retraites soulevée
par quelques groupes d'ouvriers.
Dès les premiers jours de la semaine pro-
chaine, la commission du travail se pronon-
cera définitivement sur ces conclusions. Nous
n'aurons plus qu'à en attendre la discussion
en séance publique. Elle sera vive.
UN INCIDENT
A LA PREMIÈRE CHAMBRE
DE LA COUR
M. Périvier fera-t-il amende honorable ?
Un incident curieux et peut-être gros d'ora-
ges entre magistrats et avocats s'est produit
hier à la première chambre de la cour d'appel
présidée par M. le premier président Péri-
vier.
Au-ent où l'huissier appelait une af-
faire Pagès en homologation de liquidation de
succession, Me Fortier-Maire, avocat de l'une
des parties en cause, se présenta à la barre et
réclama avec une courtoise insistance la re-
tenue de l'affaire, plusieurs fois déjà appelée
et remise.
— Monsieur le premier, dit en substance
l'honorable Me Fortier-Maire; je me permets
de vous faire souvenir qu'à huitaine dernière
vous avez, d'une façon définitive, fixé à au-
jourd'hui les débats de l'affaire.
— C'est vrai, Me Fortier-Maire, répli-
qua alors M. Périvier. Je me souviens parfai-
tement. Mais vous n'avez pas d'adversaire.
Et, depuis huit jours, il s'est passé des choses
que la cour regrette de connaître. Il y a des
dessous dans cette affaire. Tant que l'ordre
des avocats conservera son monopole, il sera
tenu de supporter certaines charges. Nous ne
pouvons admettre qu'il se crée, dans certaines
affaires, « une grève d'avocats ». Nous vou-
lons que les plaideurs puissent se présenter à
la barre assistés de défenseurs. Bref, la cour
renvoie l'affaire après Pâques ; et que d'ici là
tout soit fini !
Aussitôt cette mercuriale prononcée, des
voix de femmes s'élevèrent dans le fond de
l'auditoire :
— Merci, monsieur le président, cria-t-on,
merci, merci 1
C'étaient les deux plaideuses qui n'avaient
pu se faire représenter à la barre qui mani-
festaient ainsi leur satisfaction.
11 nous reste maintenant à expliquer pour-
quoi M. le premier président Périvier a fait
cette « sortie » contre le barreau.
D'après ce qui nous a été raconté, Mme Pa-
gès, l'une des parties en cause, n'aurait pu
se procurer un avocat, parce qu'elle se trou-
vait, à raison de précédents procès, redeva-
ble d honoraires envers d'autres avocats.
Il est en effet d'un usage constant qu'un
avocat ne peut accepter le dossier d'un client
qu'autant que celui-ci ne doit absolument
aucuns honoraires à un membre du barreau
de Paris. C'est-à-dire qu'en certaines circons-
tances, on organise, au Palais, la grève des
avocats autour des plaideurs peu fortunés.
refusant de recourir, pour la défense de leurs
intérêts, à l'éloquence toujours inhabile et
parfois dangereuse, des stagiaires de l'Assis-
tance judiciaire.
C'est contre ce procédé trop commercial
qu'a, parait-il, voulu s'élever M. Périvier
dans sa mercuriale à l'adresse de messieurs
du barreau. Tous les gens raisonnables, plai-
deurs ou non, applaudiront à l'énergique
« sortie » de M. le premier président qui, sous
ses dehors familiers, — vulgaires, si l'on
tient à se servir du qualificatif qu'aiment à
employer à son égard des collègues fin-de-siè-
cle ou plutôt fin-d'empire — cache un magis-
trat plein de finesse et de bon sens.
Ajoutons qu'immédiatement après l'au-
dience de la première chambre de la cour, M.
le bâtonnier Cartier s'est rendu auprès de M.
Périvier pour, affirmait-on, lui demander des
explications. Dans les groupes d'avocats, —
où l'on ne doute de rien, — on ne parlait rien
moins, hier, que de contraindre M. Périvier à
faire, en audience publique, amende honora-
ble au barreau !
Il serait si simple de supprimer le mo-
nopole des avocats.
L'Empereur et l'Impératrite d'Autriche en France
Menton, 6 mars.
L'empereur et l'impératrice d'Autriche se sont
promenés quelques instants ce matin, de bonne
eure, dans l'avenue de Roquebrune.
A neuf heures, l'empereur et l'impératrice, ac-
compagnés du prince de Lischtenstein et d'un aide
de camp, sont partis en voiture pour Nice par la
Turbie.
L'empereur est retourné à Cap-Martin en voi-
ture, à quatre heures et demie, par la route de
Beaulieu. L'impératrice doit rentrer par le train
de sept heures.
BÉHANZIN PARRICIDE
Marseille, 6 mars.
Un officier qui revient du Dahomey à bord
du Stamboul, arrivé ce matin, a raconté une
nouvelle anecdote sur la reddition de Behan-
zin.
Behanzin, abandonné de tous ses parti-
sans, comprenant qu'il était irrémédiable-
ment perdu, fit appeler sa vieille mère et lui
tint ce propos : « Je vais me rendre au roi des
Français; mais il faut que mon père Gléglé
le sache. Tu vas donc te rendre pour cela au-
près de lui. » Ceci dit, Behanzin fit trancher
la tête à sa mère et assista impassible, calu-
met à la bouche, à sa mort.
Il se pourrait que le général Dodds rentrât
en France par le Thibet, paquebot qui rapa-
triera également la mission Braulot, compo-
sée du lieutenant Braulot et du docteur Ma-
chaud, et qui a heureusement effectué son
voyage.
M. JEAN GRAVE A MAZAS
M. JEAN GRAVE A MAZAS
M. Clovis Hugues a écrit hier à M. Raynal pour
le prévenir qu'il comptait lui poser lundi une
question « sur le cas de M. Jean Grave, détenu à
Mazas pour délit de presse. »
On sait que M. Jean Grave a été récemment
condamné par la cour d'assises à deux ans de
prison pour son livre la Société mourante et
fÂnarchi"
LAVIEDEPARIS
ILe XIXe Siècle, des premiers, m'a appris
qu'une femme, Mme Pauline Savari, s'é -
tait empoisonnée. On sait qu'elle en a
échappé, heureusement! Déjà même, on
parait vouloir dire que la tentative de sui-
cide n'était pas sérieuse. On l'atténue et
on met sur le compte de la « nervosité »
l'absorption d'une fiole de laudanum.
Peste ! Je connais beaucoup de femmes
nerveuses : nulle ne poussa si loin la
chose, même dans les pires moments
d'humeur.
Je comprends d'ailleurs les motifs qui
ont pu faire qu'on voulût diminuer la
gravité de l'incident. Mais je tiens la ten-
tative de suicide pour sérieuse et on peut
s'en demander les raisons. Nous la connais-
sons tous, dans les journaux, Madame
Pauline Savari. Nous savions que demain
elle devait chanter l'Alceste de Gluck,
dans une représentation organisée par
elle. H parait que ce sont les difficultés
mêmes de cette organisation qui auraient
amené la « nervosité » en question. Ce
n'est pas une petite affaire de monter un
opéra. Peut-être Mme Savari n'avait-elle
pas trouvé des interprètes qui lui aient
paru suffisants ? Peut-être n'était-elle pas,
elle-même, contente de la façon dont elle
chantait ? Je n'en sais rien, ne l'ayant ja-
mais entendue. Quoi qu'il en soit, la re-
présentation annoncée avait subi des re-
mises successives. Les gens qui avaient
pris des billets pouvaient s'estimer dupés.
Déception d'imprésario, d'artiste, scru-
pule d'entrepreneur, pour une de ces rai-
sons, la pauvre femme a été poussée à un
acte de désespoir. Elle en a échappé.
Tant mieux, et tant mieux si l'aventure
attire quelq je sympathie à son entreprise
et lui donne ainsi quelque chance de suc-
cès. Je le souhaite de tout mon cœur.
J'ai dit que dans les journaux nous
connaissions tous Mme Savari,beaucoup de
nous du moins. Son histoire, dont on peut
librement parler après l'éclat de cette ten-
tative de suicide, étant d'ailleurs à son
honneur, me parait des plus édifiantes et
des plus touchantes. Imaginez une demoi-
selle de la bourgeoisie, ayant reçu l'édu-
cation des filles riches, mais n'ayant pas
de fortune. On l'élève pour le mariage et,
comme elle est bien élevée et jolie, agréa-
ble au moins, avec un air séducteur d'é-
trangeté, on la marie.
Son mari a un poste en Afrique. Elle
est contrainte de se séparer de lui où il
meurt. Vingt-cinq ans, sans un sou, jolie,
je l'ai dit, la voilà sur le pavé de Paris,
avec deux enfants à élever. Elle veut ga-
gner isa vie. Avant de songer au chant,
elle pense aux lettres et la voilà en cam-
pagne pour les journaux. C'est là que je
l'ai rencontrée. -
Pour cette laborieuse, toutes les beso-
gnes sont bonnes. Elle fait du roman, des
chroniques, du reportage, des modes. Elle
fait tout cela pas mal. Mais voyez les né-
cessités de cette existence 1 Un homme
vit comme il peut, mais comme il veut.
Une femme a des besoins de toilette. Elle
ne peut logér dans un garni. Si un direc-
teur de journal allait lui demander de la
copie !
Il faut un logis au moins décent. Et
puis, il y a les enfants. Et comme on
gagne peu ! C'est une très grande erreur
de croire que les femmes qui font de la
littérature dans les journaux ont l'accès
pluslaisé que les hommes. C'est tout le
contraire qui est la vérité. On se méfie de
la littérature féminine. On craint l'insuf-
fisance de la connaissance du métier.
Contrairement à la légende, la galan-
terie — qui ne plaît pas, d'ailleurs, à tou-
tes nos « confrères » — ne joue pas grand
rôle dans leurs affaires. C'est la vie de
bohème imposée à de pauvres femmes
qui ont des charges de famille et des de-
voirs sociaux auxquels elles ne veulent
pas se dérober.
Combien de fois j'ai songé à ces situa-
tions, à ces luttes, à ces détresses secrè-
tes, soit qu'elles soient fièrement portées,
soit même que les femmes malheureuses
laissent échapper la plainte de leur dou-
leur ! Il y a, à Paris, des femmes par cen-
taines et par milliers, dont on dit
qufelles sont obligées de se « débrouiller».
Les plus à plaindre sont celles dont l'édu-
cation a été la plus soignée. Le mariage
leur est très difficile.
Elles ne peuvent pas, comme on dit,
épouser « tout le monde ». Une fille du
peuple, si elle plaît à on ouvrier, de-
vient la compagne de sa vie et reste avec
lui sur le pied de l'égalité. Une bour-
geoise sans fortune, une veuve avec des
enfants, est bien plus malaisée à caser.
Alors, comme on ne peut pas se faire cui-
sinière, femme de chambre ou piqueuse
de bottines, que les métiers de la toilette
débordent d'offres, sont rétribués à peine
et ne laissent pas de liberté assez pour
une femme qui a des enfants, on songe à
tirer parti de son éducation, des talents
d'agrément.
C'est alors que commence la montée de
ce douloureux calvaire. Travail mal
payé, travail implaçable, sollicitations
repoussées, promesses non tenues — et
pas toujours par mauvais vouloir — la
pauvre femme de lettres connaît tous ces
déboires, s'épuise en ces efforts vains.
Beaucoup, je le sais, finissent par s'en
tirer. Mais il y faut, avec un grand cou-
rage, un peu de bonne fortune. La santé
est encore là, souvent vacillante chez
les femmes, et ne permettant pas toujours
l'intensité de travail nécessaire à la vie
brûlante des journaux.
Dans le monde des théâtres, c'est la
même chose. Le public s'imagine que tout
y est joie ét liesse. Il voit, au premier
plan, des femmes en vedette qui ont du
talent ou beaucoup de beauté et, dans
l'un ou l'autre cas, des diamants et des
toilettes.
Ce qu'il ne voit pas, ce sont les femmes
de second et de troisième plan, quand
elles n'ont que le théâtre pour les faire
vivre (ce qui est le cas plus souvent qu'on
ne croit), et qui arrivent dans les coulis-
ses, gelêes l'hiver, comme des employés
de nuit à leur bureau, pour un salaire dé-
risoire. Ah t les pauvres femmes qui ont
à se débrouiller toutes seules, il faut leur
être pitoyable et indulgent : pitoyable
pour leurs désespoirs et aussi indulgent
pour leurs faiblesses. Je donnerais leur
vie en cent, comme on dit, à ceux qui
ne les plaignent pas ou les blâment 1
Henry Fouquier.
L'AFFAIRE PELLETAN-ANDRIEUX
M. Pelletan a envoyé ce matin aux témoins de
M, Andrieux, une lettre dans laquelle il déclare
refuser de constituer des témoins.
Cette lettre a été communiquée immédiatement
à M. Andrieux qui y a répondu par une protesta-
tion.
LE TAMBOUR D'ARCOLE
Le ministre de la guerre, sur la demande qui lui en
a été faite par lesJéputés de Vaucluse, vient d'au-
toriser l'armée à prendre part à la souscription
ouverte en vue de l'érection, à Cadenet f Vau-
cluse), d'un monument au tambour d'Arcole, André
Etienne.
L'ÉLECTION DE M. EDMOND BLAWC
M. Saint-Germain, rapporteur de l'élection de
M. Edmond Blanc, a fait approuver hier par la
commission d'enquête, les conclusions de son rap-
port tendant à la validation.
Ce rapport a été déposé ensuite sur le bureau de
la Chambre.
L'ENOUÈTE SUR LA MARINE
La délégation nommée dans la dernière
séance de la commission extrap irlementaire
de la marine, et qui se compose de MM. Loc-
kroy, président ; Bouchard, Cuvinot, Thom-
son, Brisson, l'amiral Vallon, Cochery, de
Kerjégu, Chautemps, Cabart-Danneville et
Labat, a pris, hier soir, à 8 heures, le train-
express pour arriver à Toulon aujourd'hui à
midi.
On sait que ces députés se rendent dans no-
tre premier port de guerre pour faire dans
l'arsenal de Toulon une enquête concernant
les faits les plus importants reprochés à l'ad-
ministration maritime, faits qui ont motivé
en partie la nomination de la commission
d'enquête : vols de blé, question des approvi-
sionnements, situation de nos torpilleurs et
du Magenta, etc.
Avant son départ,M. Lockroy a eu une en.
trevue avec l'amiral Lefèvre, ministre de 1*
marine, et celui-ci a transmis aussitôt des op
dres à la préfecture maritime de Toulon peut
que toutes les facilités soient données dans
les divers services de la marine afin. de mener
à bonne fin les travaux de la délégation.
M. Abel, député de Toulon, est parti dès
hier dans le but de recevoir lui-même ses col-
lègues à leur arrivée en gare.
Le vice-amiral Vignes, préfet maritime, et
plusieurs chefs- de service se rendront aussi
à l'arrivée du train.
Des appartements ont été retenus au Grand-
Hôtel où descendront les membres de la com-
mission.
La durée du séjour des délégués à Toulon
sera de cinq à six jours, peut-être même da-
vantage.
Les visites dans l'arsenal s'effectueront par
les soins de la direction du port, qui mettra à
la disposition des délégués un certain nombre
de chaloupes à vapeur.
M. le vice-amira l Boucheron de Boissoudy,
commandant en chef l'escadre d'évolutions
de la Méditerranée, ne se trouvera pas sur
rade pendant le séjour des députés à Tou-
lon.
Cet officier général vient d'arriver en per-
mission régulière à Paris, afin de s'entendre
avec le ministre sur la prochaine tournée
que vont effectuer les cuirassés placés sous
ses ordres.
la Compagnie Tramintip
XIII
OU L'ON VERRA COMMENT ON EN-
TREPREND UN SERVICE POSTAL
POUR FAIRE UN EMPRUNT
Commençons par jeter un coup d'œil rétros-
pectif sur ces services d'Algérie et sur la parti-
cipation de la Compagnie transatlantique à
leur exécution. Nous ne perdrons pas notre
temps dans cette excursion. Nos lecteurs sa-
vent maintenant qu'il est toujours intéres-
sant de regarder dans cette inépuisable boite
à surprises qu'on appelle la Compagnie trans- 1
atlantique.
C'est en 1842, — par l'initiative du maré-
chal Bugeaud, qui commençait à coloniser
alors l'Algérie, tout en achevant de la con-
quérir ; — ense et aratro, comme disait le
vieux maréchal; — c'est en 1842 que le pre-
mier service postal subventionné fut établi
entre Marseille et Alger. Son exécution fut
confiée à d'anciens et très respectables arma-
teurs marseillais, MM. Bazin et Périer, de-
puis 1842 jusqu'à 18,53 — pendant 11 ans.
Les paquebots mis alors en service étaient
des vapeurs à roues de 300 à 450 tonnes de
jauge brute, de 120 à 180 chevaux de force
nominale, et de 8 à 9 nœuds de vitesse effec-
tive. Limité d'abord à la seule ligne de Mar-
seille à Alger, le réseau fut très rapidement
étendu aux destinations d'Oranet de Philippe-
ville, Bône et Tunis. Quand les itinéraires
battirent leur plein, ils comprirent 6 voyages
mensuels sur Alger, 3 sur Oran et 3 sur Tu-
nis, avec escales à Philippeville et Bône. La
subvention était de 420,000 fr. par an.
En 1853, les services échurent par adjudi-
cation publique à une association d'arma-
teurs marseillais et cettois, qui essayèrent
vainement de se constituer en société, seus la
dénomination de Compagnie impériale. Cette
tentative aboutit à la ruine des fondateurs.
L'Etat dut même prendre en régie l'exécution
du service, jusqu'au moment où, en 1854, la
Compagnie des Messageries maritimes en fut
chargée, moyennant une subvention annuelle
de 1,500,000 francs.
Les paquebots des Messageries étaient sen-
siblement plus grands et plus rapides que
ceux de la maisoll Bazin et Périer : 1,000 à
1,200 tonneaux de jauge, et200 à3C0 chevaux
nominaux. Le bien-être des passagers à bord
fut très grandement amélioré. Les vitesses
furent portées à 9 et 10 nœuds. Enfin, de dé-
cadaires qu'ils étaient, les voyages devinrent
hebdomadaires. Les lignes restèrent d'ailleurs
tracées comme auparavant, de Marseille sur
Alger, Oran et Tunis, avec escales à Philippe-
ville et Bône.
L'exploitation des Messageries dura — de
février 1854 à juillet 1871 — dix-gept ons, au
cours desquels diverses conventions addition-
nelles eurent pour objet et pour résultat de
sérieux accroissements d'itinéraires, de vi-
tesse et de matériel naval.
En 1871, la Compagnie Valéry, de Bastia.
de tous points inférieure, remplaça les Mes.
sageries maritimes, à la suite d'une adjudi-
cation publique. Les itinéraires continuèrent
à être dirigés comme précédemment sur Oran
et Alger, mais la ligne de Tunis fut dédou?».
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