Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1894-03-02
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32757974m
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 68249 Nombre total de vues : 68249
Description : 02 mars 1894 02 mars 1894
Description : 1894/03/02 (A24,N8082). 1894/03/02 (A24,N8082).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k75637634
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 29/04/2013
VINGT-CHTATRIÈMB ANNÉE. — N* 8,082 tH NUMéRO CINQ CENTIMES VENDREDI 2 MARS 1894
JU -
REOACTIOI ET aoumisTRITIOn
142, Rue Montmartre
PARIS
t (RECTEUR POLITIQUE
A.-EDOUARD PORTALIS
Airme télégraphique : XIX. SXÈOLE—PABU
• Téléphone : 20.280 bit.
ARIViRCII
Chas MM. LAGRANGB, CBRP et 0Ii.
6, place d* la Bourte, 9
ABONNEMENTS
farts. Itm Iw, 61.; fc ■*, lit; fcfc, tOt
artements - 7 L; - 121.; — 24 L
Oni on Postale - 9t; - 16 L; - 3)1
ton Abonnements sont reçut sans tirais "M
tous les Bureaux de Poste.
Le « Bureau au Roi »
Le Figaro qui est fort au courant de
ce qui se passe à l'Elysée n'est pas
moins renseigné sur les choses du
parti royaliste, et il nous donne sur la
situation actuelle des renseigneménts
qui ne manquent pas d'intérêt. Par
exemple, ils manquent de gaîté pour
ceux, chaque jour moins nombreux,
qui croient encore à une restauration
monarchique, car ils laissent quelque
peu à supposer que le comte de Paris
commence à douter que la France soit
bien impatiente de lui rendre sa cou-
ronne.
Donc, on nous informe que le comte
de Paris qui « par lui ou par ses amis »
faisait depuis tant d'années de grands
sacrifices pour « le développement des
idées royalistes et pour le maintien des
forces militantes de son parti » a jugé
après les dernières élections que la lutte
contre le gouvernement établi ne devait
plus conserver le même caractère d'a-
cuité et ne nécessitait plus en tous cas
le même état-major. On ne saurait trop
admirer cette perspicacité. Si vraiment
c'était pour le développement des idées
royalistes que le comte de Paris faisait
« par ses amis », tant de sacrifices, il faut
reconnaître que c'était bien de l'argent
mal employé et la seule chose dont on
puisse s'étonner, c'est qu'il lui ait fallu
tant de temps pour s'en douter.
Il paraît que ce sont les élections
dernières qui lui ont ouvert les yeux.
Parmi ces trois cent cinquante candi-
dats qui se présentaient contre « les
opportunistes et les radicaux » trois ou
quatre à peine revendiquaient la qualité
de royaliste. La plupart prenaient au
contraire l'étiquette conservatrice, « sans
compter ceux qui se déclaraient nette-
ment ralliés ». Encore si ces trois ou
quatre royalistes avaient été élus ! Mais
l'un des plus considérables d'entre eux,
M. Calla, qui se déclarait « candidat
royalistes », a obtenu à Paris une mino-
rité bien faible dans un des arrondisse-
ments les plus réactionnaires. Vraiment
il devenait bien inutile de continuer à
faire des sacrifices pour des idées qui
se développaient de cette façon.
Ainsi en a jugé le comte de Paris
qui a opéré des coupes sombres dans
son état-major. Supprimés les secrétai-
res spéciaux qui avaient été placés à la
tête des comités départementaux ; sup-
primés les missi dominici qui allaient
à travers la France porter la bonne pa-
role et ranimer — avec quel succès ! —
la lutte dans les réunions organisées
aux frais du prétendant. Réduits de
moitié ceux qui se rendaient régulière-
ment auprès de sa personne « pour mon-
ter une garde d'honneur dans l'exil ».
Supprimées encore les subventions long-
temps accordées aux journaux locaux,
toujours pour propager l'idée.
Avec la subvention s'est évanoui le
zèle avec lequel ces journaux célé-
braient les vertus monarchiques. Eux
qui reproduisaient naguère en gros ca-
ractères les instructions du prince, qui
affirmaient que sans lui la France ne
ferait que languir et dégénérer, ils ne
mentionnent plus que les encycliques
pontificales ou les discours de la droite
républicaine. Loin de nous la pensée de
leur reprocher ce changement de con-
duite comme un manque de reconnais-
sance ou comme un abandon cyni-
que, mais il montre encore combien
leurs efforts avaient contribué à déve-
lopper l'idée monarchique. Le jour où
ils ont été livrés à leurs seules forces,
où il leur a fallu trouver dans les pro-
duits de l'exploitation leurs seules res-
sources, ils ont vu que, s'ils ne voulaient
pas mourir de faim, il fallait abandon-
ner l'idée monarchique, laquelle ne fait
plus recette.
Au milieu de ce désastre, trois jour-
naux seulement sont restés fidèles. Par
leur clientèle assurée, le Nouvelliste de
Bordeaux, l'Express du Midi et le
Soleil de Montpellier « sont au-dessus
de toutes les diminutions de budget ».
Ils restent les seuls « sur lesquels le
prince puisse absolument compter. » Il
reste aussi la Correspondance Natio-
nale, qui est «adressée chaque jour gra-
tuitement à tous les journaux du dé-
partement, qui peuvent y puiser, s'ils le
veulent, la pensée réelle du parti ». Ce
qu'on nous a dit précédemment ne laisse
guère supposer qu'ils abusent de la
permission.
On a conservé aussi le « bureau du
roi » qui fonctionne sous la direction
de M. le comte d'Haussonville. Là en-
core il y a eu des modifications et des
suppressions d'emplois. Néanmoins, on
nous prévient « qu'il est chaque jour ou-
vert à tous ceux qui ont pesoin d'un
renseignement ou d'un avis, et que c'est
de là que partira encore, au moment
des élections générales, le mot d'ordre
qui ranimera la lutte, rappellera les
soldats autour du drapeau et relèvera
les courages abattus. »
Hum ! Voilà des assurances aux-
quelles les royalistes feront bien de ne
pas trop se fier. Si déjà en faisant effort
pour développer l'idée royaliste on
s'est à grand'peine procuré il y a six
mois trois ou quatre candidats royalis-
tes, que sera-ce quand quatre ans se se-
ront écoulés sans que l'idée reçoive le
moindre développement ? Suffira-t-il
d'envoyer un mot d'ordre pour ranimer
des ardeurs éteintes par quatre ans
d'abattement? On en pourrait douter
et tout porte à croire que les sacrifices
que le comte de Paris continuera à im-
poser à ses amis seront faits en pure
perte. Du moment où l'on trouve la
partie assez compromise pour diminuer
les frais, autant vaudrait les supprimer
tout à fait et fermer boutique soi-même.
Cela serait plus honorable que de faire'
prononcer, au premier jour, par le suf-
frage universel la faillite de la royauté.
RÉVOCATION D'UN DIPLOMATE
L'Agence Havas a communiqué hier soir la
note suivante :
Le président du conseil, ministre des affaires
étrangères, le comité des services extérieurs et
administratifs ayant été réuni et M. le comte Le
Peletier d'Aunay entendu, a soumis à la signature
de M. le président de la République un décret qui
révoque M. leeomte Le Peletier d'Aunay, ancien
ministre de France à Copenhague, de ses fonc-
tions de ministre plénipotentiaire.
Cette note prouve deux choses : 10 que le
récit publié par le Figaro au sujet de la mis-
sion secrète confiée au capitaine de Beau-
champ par l'Elysée est exact ; 2o qu'on consi-
dère M. le comte le Peletier d'Aunay comme
l'auteur ou l'inspirateur de ce récit.
Mais elle ne prouve pas que la maladresse
oula faute n'ait pas été commise par l'Elysée.
Ce n'est pas ceux qui ont commis la faute
qui sont punis, c'est celui qui l'a divul-
guée.
En attendant, tout cela au point de vue
français est très regrettable. D'aussi mala-
droits enfantillages ne sont certainement pas
de nature à hâter la conclusion définitive de
l'alliance que le peuple russe et le peuple
français désirent si ardemment, mais dont
nos ministres des affaires étrangères n'ont pu
obtenir jusqu'ici la consécration écrite.
Puisse au moins cet incident servir de le-
çon et persuader à l'Elysée que le rôle du
président de la République n'est pas de nouer
avec une princesse de Bourbon, dont la fa-
mille est exilée, d'obscures intrigues néces-
sairement désobligeantes pour celui qui en
est l'objet.
Protestation de M. d'Aunay
Nous recevons la lettre suivante :
« Paris, 28 février, 11 h. du soir.
» Monsieur le directeur,
» J'apprends indirectement, par les feuilles
de l'Agence Havas, que je viens d'être révoqué
de mes fonctions de ministre plénipotentiaire,
comme étant l'auteur des divulgations du
Figaro sur l'incident Beauchamp.
» J'ai déclaré à M. le président du conseil
et à MM. les directeurs que je répondais à
cette accusation par le démenti le plus for-
mel. Ces messieurs ne m'ont pas fait con-
naître d'où venait l'accusation dont j'étais
l'objet.
» Je suis donc révoqué sans explications,
alors que l'incident qui a été raconté par le
Figaro défraie les conversations de toutes les
chancelleries depuis plusieurs semaines. A
Copenhague, trois ministres plénipotentiaires
m'en ont entretenu tour à tour. A Paris, plu-
sieurs diplomates en ont parlé à diverses per-
sonnes.
» Je ne puis me laisser frapper dans ces
conditions. En conséquence, je vais me pour-
voir immédiatement devant le conseil d'Etat.
» Agréez, monsieur le directeur, l'assurance
de ma considération très distinguée.
» Comte D'AUNAY. »
ACCIDENTS A DES CUIRASSÉS
Brest, 28 février.
Le cuirassé Jemmapes, sorti lundi pour
effectuer des essais de tir d'artillerie, est ren-
tré dans le port ce soir à cinq heures, ayant
de légères avaries à sa machine. Il devait
rester sur rade en attendant d'effectuer ses
essais de vitesse.
Le croiseur Coëtlogon, construit à Saint-
Nazaire, a terminé ses réparations entreprises
depuis deux ans.
Les tubes de sa chaudière ont été changés
et certaines pièces de machines modifiées et
renforcées. Un essai de ses machines fait au-
jourd'hui n'a pas donné de résultats satisfai-
sants. Un violent choc a forcé d'arrêter la
machine d'avant et des frottements ont été
constatés à la machine d'arrière. On va pro-
céder à un nouvel examen des machines.
Les chaudières du Dupuy de Lome vont
être changées; on a dû percer le pont pour
les enlever du bâ liment. Le Dupuy de Lome
sera immobilisé pendant un an.
M. DUPUY ET M. DUCRET
Le groupe de l'extrème-gauche, réuni hier,
a donné pleins pouvoirs à M. Camille Pelle-
tan pour soulever, à la séance de samedi, un
incident de tribune au sujet de la subvention
de deux mille francs accordée par M. Dupuy
à M. Ducret au lendemain de sa condamna-
tion pour usage de faux.
C'est sous la forme d'une demande d'annu-
lation de crédits que M. Pelletan se propose,
comme nous l'avons dit, de soulever 1 inci-
dent.
LA REVISION DE LA CONSTITUTION
La gauche radicale réunie hier au Palais-Bour-
bon a discuté la proposition de M. Goblet, relative
à la revision de la Constitution qui va venir en
discussion à la séance du 5 mars prochain.
Le groupe a chargé M. Jnlîien d'intervenir dans
le débat ei de soutenir la nécessité d'une revision
limitée concernant les droits financiers du Sé-
nat. -
LES
carnés DE L'ANARGHIH
ETOILES DISPARUES
Les anciens anarchistes. — Leur disper-
sion. — Où sont-ils? — Quelques célé-
brités. — A Londres. — Quelques
faits
Que sont devenues les célébrités de l'anar-
chie dont les noms reparaissent sans cesse
dans les histoires d'explosions, de perquisi-
tions et d'arrestations de jadis et auxquelles
ont succédé Vaillant et Henry, les hôtes passés
et futurs de la Grande-Roquette, devenue
maintenant le véritable hôtel Terminus de
l'anarchie ? Il nous a paru intéressant, en ce
moment, de le rechercher.
Beala et Mariette Soubert, qui comparurent
sur les bancs de la cour d'assises par deux
fois aux côtés de Ravachol pour s'en tirer
avec un acquittement, après avoir habité
Saint-Denis, rue de la Briche, sous le nom de
Viala et de Gibert jusqu'en mai dernier et
avoir été marchands de journaux au Crois-
sant, sont partis pour Saint-Etienne où ils
sont présentement rangés.
Chaumentin qui aida beaucoup la police à
établir contre Ravachol des criipés qui le
firent condamner à mort, a demandé à la
préfecture de police que sa retraite fût tenue
cachée, afin de s'éviter des représailles.
Il habite une ville du département de la
Loire, où il est forgeron..
Bricout, condamné à vingt ans de travaux
forcés pour l'affaire du restaurant Véry, est
à l'île Nou, forçat de 4e catégorie, sous le nu-
méro 19,872.
Sa femme, Marie Delangle, habite Leval-
lois-Perret, 52, rue Gravel. Elle a vainement
sollicité de la préfecture de police une mé-
daille de marchande des quatre-saisons. Elle
est dans une misèra noire, abandonnée de
tous les compagnons pour avoir trop parlé
et ne pourra rejoindre son époux que dans
deux ans.
Gustave Mathieu tire deux ans de pri-
son à Poissy pour l'affaire de la succession
Viard.
Le petit Simon dit Biscuit, le complice de
mvacnoi, xe gamin aux rejouissams « par-
faitement ! ? est à la Guyane où il est des
plus mal notés.
Voilà pour les auteurs d'anciens attentats.
Leurs victimes sont dans une situation moins
désagréable.
M. Bulot, l'avocat général, habite toujours
86, rue de Clichy, et, chose curieuse, n'a plus
d'agent qui garde sa porte.
D'autres locataires de cette maison, blessés
lors de l'attentat, continuent à y demeurer.
M. le conseiller Benoît demeure également
dans l'immeuble dont Ravachol tenta de le
déloger. Mme Véry jouit en paix de la rente
que lui fait le gouvernement et du kiosque à
journaux dont l'a dotée la préfecture de po-
lice. Lhérot, lui, est toujours gardien dans
une prison départementale de la région du
Nord que nous demanderons la permission
de ne pas citer.
A LONDRES
Les fortes têtes de l'anarchie, anciennes ou
actuelles, sont à Londres. Le centre de leur
quartier est Tottenhamcourt-road et Char-
lotte-street; c'est là qu'au lendemain de la
Commune les proscrits avaient campé. Most
et les anarchistes allemands étaient venus les
rejoindre, mais ils vivaient côte à côte pres-
que comme deux camps ennemis. La fraction
la plus remuante des réfugiés obéissait au
mot d'ordre de la Commune révolutionnaire,
groupe blanquiste dont les chefs étaient Eu-
des, Vaillant, Cournet.
Aucun anarchiste alors. A l'amnistie,
seuls restèrent les déserteurs et une douzaine
de proscrits qui se trouvèrent noyés et englo-
bés dans le groupe des internationaux, nihi-
listes russes, anarchistes allemands et italiens,
dont ils subirent l'influense. Parmi ceux qui
étaient restés et que les nécessités de leur
travail ou de leur commerce avaient retenus
à Londres, il y avait l'ancien membre de
la Commune Viard, ancien blanquiste devenu
anarchiste fougueux, mort depuis, Escarré,
ancien officier de la Commune, Combauct, an-
cien mutuelliste, et Richard, grand épicier de
Charlotte-street. Ce dernier, que les journaux
anarchistes de Londres traitaient dernière-
ment de vendu et de « sale bourgeois », hurle
avec les loups pour ne pas être dévoré par
eux.
Les autres anarchistes français, au nom-
bre de 250 environ, sont des déserteurs,
des insoumis, des banqueroutiers qui, tous,
ont un casier judiciaire assez chargé. Parmi
eux, quelques ouvriers honnêtes, bijoutiers
et tapissiers pour la plupart, qui, le travail
fini, ne pouvant, comme à Paris, aller chez le
marchand de vin faire une partie et boire
chopine, se rendent à la salle de Grafton-
street, où ils sont sûrs de rencontrer des com-
patriotes et de trouver à qui parler français,
au milieu de ce Londres si inhospitalier et si
dur à l'étranger.
FIGURES CONNUES
Pour en revenir aux anarchistes purs ré-
fugiés à Londres à la suite d'exploits divers,
on peut rencontrer là Meunier, l'auteur
de l'attentat Véry, Francis, qui a repris
son métier d'ébéniste et fréquente toujours
les réunions, Malato, le célèbre Leboucher,
et enfin Pouget et Henry Dupont.
Pouget, l'ex-directeur de l'ex-Père Peinard,
n'est parti pour Londres qu'il y a six semai-
nes à peine, après avoir été longtemps à Pa-
ris l'objet d'une recherche vaine.
Ce diable d'homme a réussi à passer comme
une anguille à travers les mailles très serrées
du filet que lui tendait M. Fédée.
On lui connaissait quatre domiciles, mais
il ne reparaissait jamais régulièrement dans
aucun des quatre, situés tous prés du chemin
de fer de ceinture. Le matin, pour rentrer
dans Paris, Pouget se faisait descendre tantôt
daus une gare, tantôt dans l'autre, pour évi-
ter d'être filé. Sa correspondance lui était re-
mise par un compagnon ou un ancien com-
pagnon devenu contrôleur à la Compagnie
des omnibus, qui le chargeait à son tour de
transmettre des messages à des tiers.
Pouget et Sébastien Faure, arrêté récem-
ment, sont considérés par la préfecture de
police comme des plus dangereux parmi les
anarchistes. Ils ont de l'argent. L'un en rece-
vait beaucoup au Père Peinard, venant par
petites sommes d'un peu partout, d'adeptes
anonymes, de craintifs riches qui accompa-
gnaient un mandat-poste d'un conseil de ces-
ser la propagande. L'autre en gagnait en con-
férenciant en province. Ne lui a t-on pas
volé récemment 1,400 francs? Et tous deux
savaient employer leurs fonds.
A Londres également se trouve un des
types les plus curieux de l'anarchie, Henri
Dupont, qui ne peut pas digérer une condam-
nation à cinq ans de prison que lui a infli-
gée la cour d'assises du Nord pour excita-
tions à la révolte dans l'armée. Dupont, qui
a un frère officier dans l'armée, fut, chose
curieuse, élevé en même temps qui les en-
fants de M. de Rothschild par M. de Bonne-
fonds, de l'Institut. M. James de Rothschild
fut son « compagnon. de feu. Ils se uittê-
rent, l'un pour rester millionnaire, 1 autre
pour devenir secrétaire du gouverneur de Ti-
tlis, puis pour vagabonder un peu partout
jusqu'à la cour d'assises et jusqu'à l'exil.
A Londres, Dupont, qui, dans ses loisirs, en-
voie de la copie aux journaux de Paris, fait une
propagande anarchiste active. L'anarchie n'a
pas de secret pour lui. Il connaissait, ce dé-
tail a été retrouvé dans les papiers saisis chez
des anarchistes le 1er janvier, l'attentat de
Vaillant quatre jours avant qu'il ait été mis
à exécution et s informait, la veille de l'ex-
plosion de la Chambre, des intentions de
Vaillant.
D'autres anarchistes jadis « avérés » sont
maintenant corrigés. Soudais s'est suicidé,
Martinet fait partie d'une administration,
Zo d'Axa est à Sainte-Pélagie et ne demande
qu'à en sortir pour redevenir bien sage;
Tournadre n'est même pat dangereux comme
fumiste ; d'autres encore, comme Leveillé et
Daredare ne donnent et ne donneront plus
signe de vie.
Quand, en résumé, la préfecture de police
tiendra les fils anarchistes qui relient Pa-
ris à Londres, elle portera véritablement le
grand coup à ce redoutable parti en le dé-
routant, en empêchant ce qui se traiâ* là-bas
d'être mis à exécution ici.
LE CAS DE M. DE VOGUÉ
On se souvient que la commission d'en-
quête sur l'élection de M. de Voguë ,dans la
deuxième circonscription de Tournon, com-
prenait, par le hasard des bureaux, sept dé-
putés qui avaient voté contre l'enguête pro-
noncée par la Chambre à 72 voix de ma-
jorité.
Ces sept enquêteurs malgré eux se sont
déclarés en faveur de la validation. Leurs
quatre collègues, qui avaient voté l'enquête,
ont voté l'invalidation.
C'est dans ces conditions que l'affaire vien-
dra, mardi probablement, devant la Cham-
bre : une enquête effectuée par une majorité
de députés qui n'en voulaient pas.
Cette enquête, cependant, n'a pas été in-
fructueuse. Elle a établi non seulement une
ingérence cléricale que les réactionnaires
cherchent à amoindrir, mais surtout que M.
de Voguë avait une grave défaillance de mé-
moire, lorsqu'il affirmait à la Chambre que
personne n'avait vu la lettre de M. Develle,
Cette lettre ministérielle qui offrait de lui être
« discrètement utile ».
Le rapporteur, M. Descubes, est bien obli-
gé de le constater, mais s'il exprime le regret
que « M. le ministre des affaires étrangères
ait cru pouvoir offrir à un candidat, quel qu'il
fût, un concours électoral », il n'en estime pas
moins, avec la majorité de la commission,
que « l'élection ne peut être viciée par l'usage
de la lettre 1.
Il est à croire que la Chambre ne partagera
pas son avis et qu'elle se rangera à l'avis de
M. Rabier qui, au nom des quatre commis-
saires qui avaient voté l'enquête réclamera
l'invalidation.
M. CHAMPOUDRY
M. Champoudry, le nouveau président du
conseil municipal, a 46 ans. Il représente de-
puis de longues années le quartier du Petit-
lontrouge (XlVe arrondissement).
Radical-socialiste très avancé, il est très
aimé des socialistes qui, d'ailleurs, ont assuré
hier son élection.
M. Champoudry — surnommé Vercingé-
torix, à l'hôtel de ville, exerce la profession
de géomètre.
C'est lui qui à chaque élection sénatoriale
de la Seine propose à ses collègues de ne pas
prendre part au vote, en signe de protesta-
tion contre l'institution du Sénat.
M. Champoudry est fort estimé pour ses
qualités de travailleur et la droiture de son ca-
ractère.
LA SUCCESSION DE M. GLADSTONE
Londres, 28 février.
M. Gladstone est allé cet après-midi à trois
heures à Buckingham-palace rendre visite à
la reine avec laquelle il est resté une demi-
heure.
Le premier ministre est rentré directement
à sa résidence officielle.
D'après des renseignements obtenus de son
secrétaire particulier, M. Gladstone n'est pas
allé voir Sa Majesté pour lui porter sa démis-
sion et ne la lui a pas donnée.
La situation reste donc la même qu'hier.
Pour le moment, toute la question consiste
à savoir si les arrangements relatifs à la suc-
cession de M. Gladstone seront terminés
avant le 15, jour du départ de la xeine pour
Florence, et si, avant cette époque, le pre-
mier ministre aura par conséquent pu se dé-
mettre du pouvoir, sans crainte que le parti
ait à souffrir de divisions intestines, ou de
rivalités que l'on voit déjà poindre de toutes
parts.
Or, comme il semble peu probable que ces
arrangements puissent être terminés à temps
pour ne pas gêner le départ de la reine, on
est plutôt porté à croire que la retraite offi-
cielle de M. Gladstone n'aura pas lieu avant
quelques mois.
En ce cas, M. Gladstone ne ferait que con-
server le titre de premier ministre, et ce serait
lord Rosebery, ou lord Kimberley, ou lord
Spencer qui en assumerait les fonctions avec
sir William Harcourt comme leader à la
Chambre des communes.
Cet arrangement provisoire aurait l'avan-
tage de ne rien changer en apparence à ce
qui existe actuellement et en même temps de
préparer la retraite complète de M. Glads-
tone.
La reine et la cour sont surtout favorables
à lord Rosebery, qui évidemment a le plus
de chances. Un seul homme pourrait contre-
balancer sa situation, c'est le duc de De-
vonshire, si ce dernier, voyant la retraite de
M. Gladstone devenue définitive, consentait
à rentrer dans le parti libéral.
L'AFFAIRE CULINE
Reims, 28 février.
L'affaire Culine a commencé à une heure.
Me Palle, du barreau de Reims, lit une dé-
pêche de M. Pierre Baudin, qui, retenu au
conseil municipal de Paris, demande le ren-
voi de l'affaire à samedi, mais le ministère
public s'y oppose et l'affaire est, en effet,
retenue.
Me Palle présente d'office la défense.
Les témoins reconnaissent le fait d'outrage
à la pudeur. Le ministère public s'attache à
en démontrer la publicité.
Me Palle s'appuie sur la moralité douteuse
de la victime, la fille Londeau, pour excuser
son client.
Le tribunal, après une heure un quart de
délibération, confirme le premier jugement
condamnant Culine à huit jours de prison et
aux dépens.
Le public très nombreux se retire sans ma-
nifestation.. 7
Tablcttcs dn Progrès
LES ANIMAUX RÉACTIFS
De tous temps, l'époque loin-
taine où une selection heureuse l'èleva
au-dessus d'eux, l'homme a dû songer à
utiliser les autres animaux, non pas seu-
lement comme gibier, mais aussi comme
esclaves, comme auxiliaires, comme col-
laborateurs et comme associés de sa pro-
pre industrie. Ce serait une étude singu-
lièrement attrayante et instructive que de
rechercher quels ont été, chez les diffé-
rentes races et sous les différents cli-
mats, les animaux ainsi réduits en servi-
tudeet dressés aux plus étranges besognes,
et de suivre pas à pas, à travers les âges,
cette œuvre continue de la domestication
des « frères inférieurs », qui variant né-
cessairement avec les temps, les lieux, les
circonstances, les conditions de la vie, les"
tempéraments, les mœurs, les affinités,
les besoins, etc., se confond presque avec
l'histoire de l'humanité elle-même.
La civilisation ne tient-elle pas tout
entière, en effet, entre le siècle où un La-
pon de génie songea pour la première fois
à atteler un renne à son traîneau rudi-
mentaire, et le siècle qui vient, où, à en
croire Victor Meunier, des singes policés
(en attendant les automates), vaqueront
aux soins du ménage et remplaceront lar-
bins, marmitons, soubrettes et valets de
chambre, appelés à de plus nobles fonc-
tions ?
Pendant une trop longue période, —
qui n'est pas encore près hélas ! d'être
finie, — la guerre fut la principale indus-
trie humaine, l'industrie essentielle et
capitale, autour de laquelle gravitaient
toutes les autres. Il était donc naturel
que ce fût surtout, et avant tout, à des
œuvres de guerre qu'on dressât les ani-
maux.
Mais on n'a pas tardé à apprendre à les
dresser également aux œuvres de paix.
La chose est trop connue pour qu'il soit
nécessaire d'en fournir la preuve par le
menu.
Chacun sait qu'on a réclamé des ani-
maux les services industriels les plus va-
riés et les plus inattendus ; on les a mis,
avec ou sans métaphore, à toutes les
sauces. Il a cependant fallu arriver jus-
qu'à cette fin de siècle pour qu'on osât
songer à mêler les animaux comme ac-
teurs ou comme témoins aux tragédies
chimiques, ou à demander à leur instinct
ou aux palpitations de leur chair les réac-
tions qui étaient restées si longtemps le
monopole des produits de laboratoire.
Aujourd'hui, par contre, c'est là un pro-
cédé courant. C'est sur les animaux qu'il
est de tradition d'essayer les poisons, les
virus et les cultures microbiennes. Il est
même certains alcaloïdes, tels que l'atro-
pine, l'aconitine et la vératrine, dont on a
tant parlé, plutôt à tort et à travers, à l'oc-
casion de la mort mystérieuse du baron
de Reinach, dont la présence ne peut être
guère révélée dans des débris cadavéri-
ques qu'au moyen d'un essai à posteriori
sur des bêtes vivantes. C'est ce qu'on ap-
pelle, faute de réactions chimiques assu-
rant à l'analyse une suffisante certitude,
la réaction physiologique.
De même pour l'oxyde de carbone, le
gaz subtil et sournois auquel incombe la
responsabilité de la plupart des asphyxies
ou empoisonnements provenant des poêles
mobiles trop ouverts ou de fiacres trop
fermés. Il n'y a guère — je l'ai déjà dit
ici même, mais bis repetita placent — il
n'y a guère qu'un moyen sûr de savoir si
l'atmosphère d'une voiture ou d'un appar-
tement contient de l'oxyde de carbone à
la dose dangereuse : c'est d'exposer pré-
ventivement un serin ou une souris, un pi-
geon ou un lapin à ses. émanations meur-
trières.
On a peine a concevoir a quel degré de
raffinement et de subtilité peuvent attein-
dre la sensibilité générale de certains ani-
maux, leur instinct et l'acuité de leurs
organes. C'est positivement pour confon-
dre l'imagination. On vient justement de
m'en donner un nouvel exemple, dont
l'invraisemblance ne saurait diminuer
l'authenticité certifiée par des centaines
de témoins. Veuillez, je vous prie, me
prêter un brin d'attention.
Ceux qui connaissent Nice savent que
de tout temps au large du quai du Midi,
juste en face de l'embouchure du grand
égout de la vieille ville, on voit planer au-
dessus de la mer de nombreux essaims
de mouettes qu'attire là l'épanchement
continu des immondices. Ce tourbillon-
nement de vidangeurs ailés était devenu
en quelque sorte un trait indélébile et ca-
ractéristique du paysage, comme qui di-
rait un semis de grains de beauté sur
l'azur immaculé du ciel.
Un beau jour (il y a de cela quatre ou
cinq semaines), la municipalité niçoise
eut l'excellente idée d'instituer une expé-
rience publique de ce curieux système
d'assainissement par l'électricité, dont
j'ai déjà parlé plus d'une fois dans ces
tablettes et qui, après avoir été expéri-
menté avec succès au Havre, à Lorient, à
Brest, etc., vient justement d'être inau-
guré en grande pompe, à Warting (Angle-
terre) d'où, tel que vous me voyez, je suis
arrivé ce matin.
On sait en quoi consiste cet ingénieux
système. On commence par électrolyser
soit de l'eau de mer, qui est une eau préa-
lablement chlorurée par les soins de dame
Nature, soit toute autre eau chlorurée
artificiellement à l'aide de sels appropriés.
Cette eau se transforme ipso facto, sous
l'influence du courant électrique, en une
solution spéciale, contenant des composés
instables d'oxygène et de chlore, dont la
puissance oxydante est véritablement ex-
traordinaire. Il s'en suit que cette solu-
tion, qui n'a guère qu'une vague et fugace
odeur d'eau de javelle, a la double vertu
de flamber les matières organiques et de
tuer les microbes.
Elle est donc à la fois désinfectante et
antiseptique, et il suffit qu'elle soit ea
contact pendant un laps de temps qui va.
rie de cinq minutes à deux heures aveo
les eaux d'égout, pour désodoriser et
stériliser complètement les plus infecte.
et les plus infectieuses. Ce sont là des
faits irrévocablement constatés aujour-
d'hui.— ainsi qu'en témoignent nombre
de documents officiels ou officieux que
j'ai là sous les yeux - par tels et tels chi-
mistes et bactérioologistes de primo car-
tello.
Il n'y a plus ensuite qu'à refouler ce li-
quide par une canalisation ad llOC, à do-
micile, pour désinfecter les water-closets,
les éviers, les gouttières, les tuyaux et les
égouts eux-mêmes, et purger a priori les
vidanges de tous germes léthifères avant
qu'elles n'aient, je ne dirai pas stagné,
mais seulement circulé. C'est, par consé-
quent, la réduction au minimum des ris-
ques de contamination.
Il va de soi que la vertu désinfectante
et antiseptique de laditesolution — bapti-
sée désormais hermitine {da nom de M.
Hermite, son inventeur) — est proportion-
nelle à son titre, c'est-à-dire à la quantité
d'oxygène (ou d'ozone) et de chlore à l'état
naissant qu'elle renferme.
L'expérience a établi que ce titre était
suffisant lorsque l'excès de chlore — le-
quel varie naturellement avec la quantité-
de chlorure décomposée par le courant et
la quantité de matières organiques à trai- -
ter - pouvait être révélé par le papier
iodo-amidonné. Lorsque le papier bleuie.
au contact de la solution soua
de chlore dissous, ail right 1 On peut être
sûr que les microbes vont passer un mau-
vais quart d'heure.
Il est bon de savoir que le papier iodo»
amidonné vire au bleu sous l'action dé -
traces infinitésimales de chlore. C'est QI ;
réactif extrêmement sensible.
Eh bien ! les mouettes de Nice ont le
nez plus sensible encore.
Le jour, en effet, où l'on inaugura là-
bas les expériences du quai du Midi, on
commença par projeter dans l'égout —
uniquement pour en rendre l'accès pos-
sible — d'insignifiantes quantités de li-
quide électrolytique. Ni la désinfection,
ni l'antisepsie ne pouvaient être évidem-
ment garanties par de si faibles doses. Il
y avait, en effet, diluée dans le flot tor-
rentiel des eaux vannes une si petite quan-
tité de solution que le papier iodo-ami-
donné n'accusait pas la moindre tendance
à changer de couleur. Néanmoins la so-
lution n'avait pas plutôt coulé, dans ces
conditions presque intangibles, depuis dix
minutes, que déjà toutes les mouettes,
averties par un instinct plus subtil,
avaient disparu. Elles ne devaient re-1
prendre leur place qu'après la cessation
définitive des expériences.
C'est donc que les mouettes, dont la
finesse de l'odorat ne passe pas pourtant
pour exceptionnelle, sont plus sensibles
aux actions chimiques que les réactifs
traditionnels les plus délicats.
Voilà qui va peut-être ouvrir à la chi-
mie — si ces bons messieurs et ces bonnes
dames de l'anti-vivisection le permettent
— toute une série d'horizons inédits et de
ressources insoupçonnées.
Raoul Lucet.
Nous publierons demain sur la situa-
tion de la Compagnie transatlantique
un article ayant pour titre : Procès-
verbal de carence.
M. CRISPI ET LES AFFAIRES DE SICILE
Rome, 28 février.
M. Crispi s'est longuement expliqué au-
jourd'hui à la Chambre sur les affaires de
Sicile.
Pour lui, les mouvepaents qui ont éclaté en
Sicile ont été causés par une conspiration
qui aurait produit les plus grands maux si le
gouvernement n'avait pas pourvu.
Et M. Crispi raconte ainsi l'histoire de cette
conspiration :
« Les Fasci datent de 1891 ; ce furent d'a-
bord des institutions de bienfaisance. En 1892
eut lieu à Palerme une exposition nationale
qui provoqua l'arrivée en Sicile d'ouvriers du
continent qui ont apporté 19 contagion. De-
puis lors, grâce à des congrès et aux excita-
tions des révolutionnaires qui sont à l'étran-
ger, a commencé une vraie organisation révo-
lutionnaire.
» Les Fasci au nombre de 166 comptaient
289,000 sociétaires. Leurs chefs déclaraient
n'avoir pas foi dans l'œuvre du Parlement
mais dans la révolution ; cela résulte de pas-
bages de lettres saisies dont M. Crispi donne
lecture à la Chambre.
« On a essayé aussi de se mettre d'accord
avec quelques petites sociétés cléricales du
continent. Le gouvernement en a des preuves
évidentes. Les dernières décisions furent pri-
ses dans une réunion tenue à Marseille où l'on
décida l'envoi d'un nouveau Garibaldi de
l'anarchie à Palerme.
» L'insurrection devait éclater vers la moitié
de février; un mouvement se produisit le
4 avril, mais ni le nouveau Garibaldi, ni ses
amis n'y prirent part. On avait promis la di-
vision des terres aux paysans pour 1894 et
on comptait aussi sur la guerre qui devait
éclater cette année avec l'aide de la Russie
à laquelle on songeait à céder un port. »
Pour indiquer quel était le caractère du
mouvement, M. Crispi lit alors une proclama-
tion publiée dans une commune ;
Ouvriers, était-il dit dans ce manifeste, fils des
vêpres, dormez-vous encore? Courons à la prison
délivrer nos frères. Mort au roi, aux employés des
taxes et mettons le feu à la mairie, au casino des
civils, vivent les Fasci.
Lorsque les cloches sonneront, courons au châ.
teau, car tout est prêt pour la liberté.
Attention au signal t
Tout ceci n'a pas laissé que de produire
une certaine impression. M. Crispi en a pro-
fité pour défendre la légalité de l'état de siège
et de l'arrestation du député de Felice.
Il a terminé en annonçant que pour fairt
cesser les injustices relevées dans les admi-
nistrations communales, surtoat en matière
tributaire, il proposera à la Chambre l'insti«
tution d'un magistrat spécialement chargé de
la répartition des tributs. !
JU -
REOACTIOI ET aoumisTRITIOn
142, Rue Montmartre
PARIS
t (RECTEUR POLITIQUE
A.-EDOUARD PORTALIS
Airme télégraphique : XIX. SXÈOLE—PABU
• Téléphone : 20.280 bit.
ARIViRCII
Chas MM. LAGRANGB, CBRP et 0Ii.
6, place d* la Bourte, 9
ABONNEMENTS
farts. Itm Iw, 61.; fc ■*, lit; fcfc, tOt
artements - 7 L; - 121.; — 24 L
Oni on Postale - 9t; - 16 L; - 3)1
ton Abonnements sont reçut sans tirais "M
tous les Bureaux de Poste.
Le « Bureau au Roi »
Le Figaro qui est fort au courant de
ce qui se passe à l'Elysée n'est pas
moins renseigné sur les choses du
parti royaliste, et il nous donne sur la
situation actuelle des renseigneménts
qui ne manquent pas d'intérêt. Par
exemple, ils manquent de gaîté pour
ceux, chaque jour moins nombreux,
qui croient encore à une restauration
monarchique, car ils laissent quelque
peu à supposer que le comte de Paris
commence à douter que la France soit
bien impatiente de lui rendre sa cou-
ronne.
Donc, on nous informe que le comte
de Paris qui « par lui ou par ses amis »
faisait depuis tant d'années de grands
sacrifices pour « le développement des
idées royalistes et pour le maintien des
forces militantes de son parti » a jugé
après les dernières élections que la lutte
contre le gouvernement établi ne devait
plus conserver le même caractère d'a-
cuité et ne nécessitait plus en tous cas
le même état-major. On ne saurait trop
admirer cette perspicacité. Si vraiment
c'était pour le développement des idées
royalistes que le comte de Paris faisait
« par ses amis », tant de sacrifices, il faut
reconnaître que c'était bien de l'argent
mal employé et la seule chose dont on
puisse s'étonner, c'est qu'il lui ait fallu
tant de temps pour s'en douter.
Il paraît que ce sont les élections
dernières qui lui ont ouvert les yeux.
Parmi ces trois cent cinquante candi-
dats qui se présentaient contre « les
opportunistes et les radicaux » trois ou
quatre à peine revendiquaient la qualité
de royaliste. La plupart prenaient au
contraire l'étiquette conservatrice, « sans
compter ceux qui se déclaraient nette-
ment ralliés ». Encore si ces trois ou
quatre royalistes avaient été élus ! Mais
l'un des plus considérables d'entre eux,
M. Calla, qui se déclarait « candidat
royalistes », a obtenu à Paris une mino-
rité bien faible dans un des arrondisse-
ments les plus réactionnaires. Vraiment
il devenait bien inutile de continuer à
faire des sacrifices pour des idées qui
se développaient de cette façon.
Ainsi en a jugé le comte de Paris
qui a opéré des coupes sombres dans
son état-major. Supprimés les secrétai-
res spéciaux qui avaient été placés à la
tête des comités départementaux ; sup-
primés les missi dominici qui allaient
à travers la France porter la bonne pa-
role et ranimer — avec quel succès ! —
la lutte dans les réunions organisées
aux frais du prétendant. Réduits de
moitié ceux qui se rendaient régulière-
ment auprès de sa personne « pour mon-
ter une garde d'honneur dans l'exil ».
Supprimées encore les subventions long-
temps accordées aux journaux locaux,
toujours pour propager l'idée.
Avec la subvention s'est évanoui le
zèle avec lequel ces journaux célé-
braient les vertus monarchiques. Eux
qui reproduisaient naguère en gros ca-
ractères les instructions du prince, qui
affirmaient que sans lui la France ne
ferait que languir et dégénérer, ils ne
mentionnent plus que les encycliques
pontificales ou les discours de la droite
républicaine. Loin de nous la pensée de
leur reprocher ce changement de con-
duite comme un manque de reconnais-
sance ou comme un abandon cyni-
que, mais il montre encore combien
leurs efforts avaient contribué à déve-
lopper l'idée monarchique. Le jour où
ils ont été livrés à leurs seules forces,
où il leur a fallu trouver dans les pro-
duits de l'exploitation leurs seules res-
sources, ils ont vu que, s'ils ne voulaient
pas mourir de faim, il fallait abandon-
ner l'idée monarchique, laquelle ne fait
plus recette.
Au milieu de ce désastre, trois jour-
naux seulement sont restés fidèles. Par
leur clientèle assurée, le Nouvelliste de
Bordeaux, l'Express du Midi et le
Soleil de Montpellier « sont au-dessus
de toutes les diminutions de budget ».
Ils restent les seuls « sur lesquels le
prince puisse absolument compter. » Il
reste aussi la Correspondance Natio-
nale, qui est «adressée chaque jour gra-
tuitement à tous les journaux du dé-
partement, qui peuvent y puiser, s'ils le
veulent, la pensée réelle du parti ». Ce
qu'on nous a dit précédemment ne laisse
guère supposer qu'ils abusent de la
permission.
On a conservé aussi le « bureau du
roi » qui fonctionne sous la direction
de M. le comte d'Haussonville. Là en-
core il y a eu des modifications et des
suppressions d'emplois. Néanmoins, on
nous prévient « qu'il est chaque jour ou-
vert à tous ceux qui ont pesoin d'un
renseignement ou d'un avis, et que c'est
de là que partira encore, au moment
des élections générales, le mot d'ordre
qui ranimera la lutte, rappellera les
soldats autour du drapeau et relèvera
les courages abattus. »
Hum ! Voilà des assurances aux-
quelles les royalistes feront bien de ne
pas trop se fier. Si déjà en faisant effort
pour développer l'idée royaliste on
s'est à grand'peine procuré il y a six
mois trois ou quatre candidats royalis-
tes, que sera-ce quand quatre ans se se-
ront écoulés sans que l'idée reçoive le
moindre développement ? Suffira-t-il
d'envoyer un mot d'ordre pour ranimer
des ardeurs éteintes par quatre ans
d'abattement? On en pourrait douter
et tout porte à croire que les sacrifices
que le comte de Paris continuera à im-
poser à ses amis seront faits en pure
perte. Du moment où l'on trouve la
partie assez compromise pour diminuer
les frais, autant vaudrait les supprimer
tout à fait et fermer boutique soi-même.
Cela serait plus honorable que de faire'
prononcer, au premier jour, par le suf-
frage universel la faillite de la royauté.
RÉVOCATION D'UN DIPLOMATE
L'Agence Havas a communiqué hier soir la
note suivante :
Le président du conseil, ministre des affaires
étrangères, le comité des services extérieurs et
administratifs ayant été réuni et M. le comte Le
Peletier d'Aunay entendu, a soumis à la signature
de M. le président de la République un décret qui
révoque M. leeomte Le Peletier d'Aunay, ancien
ministre de France à Copenhague, de ses fonc-
tions de ministre plénipotentiaire.
Cette note prouve deux choses : 10 que le
récit publié par le Figaro au sujet de la mis-
sion secrète confiée au capitaine de Beau-
champ par l'Elysée est exact ; 2o qu'on consi-
dère M. le comte le Peletier d'Aunay comme
l'auteur ou l'inspirateur de ce récit.
Mais elle ne prouve pas que la maladresse
oula faute n'ait pas été commise par l'Elysée.
Ce n'est pas ceux qui ont commis la faute
qui sont punis, c'est celui qui l'a divul-
guée.
En attendant, tout cela au point de vue
français est très regrettable. D'aussi mala-
droits enfantillages ne sont certainement pas
de nature à hâter la conclusion définitive de
l'alliance que le peuple russe et le peuple
français désirent si ardemment, mais dont
nos ministres des affaires étrangères n'ont pu
obtenir jusqu'ici la consécration écrite.
Puisse au moins cet incident servir de le-
çon et persuader à l'Elysée que le rôle du
président de la République n'est pas de nouer
avec une princesse de Bourbon, dont la fa-
mille est exilée, d'obscures intrigues néces-
sairement désobligeantes pour celui qui en
est l'objet.
Protestation de M. d'Aunay
Nous recevons la lettre suivante :
« Paris, 28 février, 11 h. du soir.
» Monsieur le directeur,
» J'apprends indirectement, par les feuilles
de l'Agence Havas, que je viens d'être révoqué
de mes fonctions de ministre plénipotentiaire,
comme étant l'auteur des divulgations du
Figaro sur l'incident Beauchamp.
» J'ai déclaré à M. le président du conseil
et à MM. les directeurs que je répondais à
cette accusation par le démenti le plus for-
mel. Ces messieurs ne m'ont pas fait con-
naître d'où venait l'accusation dont j'étais
l'objet.
» Je suis donc révoqué sans explications,
alors que l'incident qui a été raconté par le
Figaro défraie les conversations de toutes les
chancelleries depuis plusieurs semaines. A
Copenhague, trois ministres plénipotentiaires
m'en ont entretenu tour à tour. A Paris, plu-
sieurs diplomates en ont parlé à diverses per-
sonnes.
» Je ne puis me laisser frapper dans ces
conditions. En conséquence, je vais me pour-
voir immédiatement devant le conseil d'Etat.
» Agréez, monsieur le directeur, l'assurance
de ma considération très distinguée.
» Comte D'AUNAY. »
ACCIDENTS A DES CUIRASSÉS
Brest, 28 février.
Le cuirassé Jemmapes, sorti lundi pour
effectuer des essais de tir d'artillerie, est ren-
tré dans le port ce soir à cinq heures, ayant
de légères avaries à sa machine. Il devait
rester sur rade en attendant d'effectuer ses
essais de vitesse.
Le croiseur Coëtlogon, construit à Saint-
Nazaire, a terminé ses réparations entreprises
depuis deux ans.
Les tubes de sa chaudière ont été changés
et certaines pièces de machines modifiées et
renforcées. Un essai de ses machines fait au-
jourd'hui n'a pas donné de résultats satisfai-
sants. Un violent choc a forcé d'arrêter la
machine d'avant et des frottements ont été
constatés à la machine d'arrière. On va pro-
céder à un nouvel examen des machines.
Les chaudières du Dupuy de Lome vont
être changées; on a dû percer le pont pour
les enlever du bâ liment. Le Dupuy de Lome
sera immobilisé pendant un an.
M. DUPUY ET M. DUCRET
Le groupe de l'extrème-gauche, réuni hier,
a donné pleins pouvoirs à M. Camille Pelle-
tan pour soulever, à la séance de samedi, un
incident de tribune au sujet de la subvention
de deux mille francs accordée par M. Dupuy
à M. Ducret au lendemain de sa condamna-
tion pour usage de faux.
C'est sous la forme d'une demande d'annu-
lation de crédits que M. Pelletan se propose,
comme nous l'avons dit, de soulever 1 inci-
dent.
LA REVISION DE LA CONSTITUTION
La gauche radicale réunie hier au Palais-Bour-
bon a discuté la proposition de M. Goblet, relative
à la revision de la Constitution qui va venir en
discussion à la séance du 5 mars prochain.
Le groupe a chargé M. Jnlîien d'intervenir dans
le débat ei de soutenir la nécessité d'une revision
limitée concernant les droits financiers du Sé-
nat. -
LES
carnés DE L'ANARGHIH
ETOILES DISPARUES
Les anciens anarchistes. — Leur disper-
sion. — Où sont-ils? — Quelques célé-
brités. — A Londres. — Quelques
faits
Que sont devenues les célébrités de l'anar-
chie dont les noms reparaissent sans cesse
dans les histoires d'explosions, de perquisi-
tions et d'arrestations de jadis et auxquelles
ont succédé Vaillant et Henry, les hôtes passés
et futurs de la Grande-Roquette, devenue
maintenant le véritable hôtel Terminus de
l'anarchie ? Il nous a paru intéressant, en ce
moment, de le rechercher.
Beala et Mariette Soubert, qui comparurent
sur les bancs de la cour d'assises par deux
fois aux côtés de Ravachol pour s'en tirer
avec un acquittement, après avoir habité
Saint-Denis, rue de la Briche, sous le nom de
Viala et de Gibert jusqu'en mai dernier et
avoir été marchands de journaux au Crois-
sant, sont partis pour Saint-Etienne où ils
sont présentement rangés.
Chaumentin qui aida beaucoup la police à
établir contre Ravachol des criipés qui le
firent condamner à mort, a demandé à la
préfecture de police que sa retraite fût tenue
cachée, afin de s'éviter des représailles.
Il habite une ville du département de la
Loire, où il est forgeron..
Bricout, condamné à vingt ans de travaux
forcés pour l'affaire du restaurant Véry, est
à l'île Nou, forçat de 4e catégorie, sous le nu-
méro 19,872.
Sa femme, Marie Delangle, habite Leval-
lois-Perret, 52, rue Gravel. Elle a vainement
sollicité de la préfecture de police une mé-
daille de marchande des quatre-saisons. Elle
est dans une misèra noire, abandonnée de
tous les compagnons pour avoir trop parlé
et ne pourra rejoindre son époux que dans
deux ans.
Gustave Mathieu tire deux ans de pri-
son à Poissy pour l'affaire de la succession
Viard.
Le petit Simon dit Biscuit, le complice de
mvacnoi, xe gamin aux rejouissams « par-
faitement ! ? est à la Guyane où il est des
plus mal notés.
Voilà pour les auteurs d'anciens attentats.
Leurs victimes sont dans une situation moins
désagréable.
M. Bulot, l'avocat général, habite toujours
86, rue de Clichy, et, chose curieuse, n'a plus
d'agent qui garde sa porte.
D'autres locataires de cette maison, blessés
lors de l'attentat, continuent à y demeurer.
M. le conseiller Benoît demeure également
dans l'immeuble dont Ravachol tenta de le
déloger. Mme Véry jouit en paix de la rente
que lui fait le gouvernement et du kiosque à
journaux dont l'a dotée la préfecture de po-
lice. Lhérot, lui, est toujours gardien dans
une prison départementale de la région du
Nord que nous demanderons la permission
de ne pas citer.
A LONDRES
Les fortes têtes de l'anarchie, anciennes ou
actuelles, sont à Londres. Le centre de leur
quartier est Tottenhamcourt-road et Char-
lotte-street; c'est là qu'au lendemain de la
Commune les proscrits avaient campé. Most
et les anarchistes allemands étaient venus les
rejoindre, mais ils vivaient côte à côte pres-
que comme deux camps ennemis. La fraction
la plus remuante des réfugiés obéissait au
mot d'ordre de la Commune révolutionnaire,
groupe blanquiste dont les chefs étaient Eu-
des, Vaillant, Cournet.
Aucun anarchiste alors. A l'amnistie,
seuls restèrent les déserteurs et une douzaine
de proscrits qui se trouvèrent noyés et englo-
bés dans le groupe des internationaux, nihi-
listes russes, anarchistes allemands et italiens,
dont ils subirent l'influense. Parmi ceux qui
étaient restés et que les nécessités de leur
travail ou de leur commerce avaient retenus
à Londres, il y avait l'ancien membre de
la Commune Viard, ancien blanquiste devenu
anarchiste fougueux, mort depuis, Escarré,
ancien officier de la Commune, Combauct, an-
cien mutuelliste, et Richard, grand épicier de
Charlotte-street. Ce dernier, que les journaux
anarchistes de Londres traitaient dernière-
ment de vendu et de « sale bourgeois », hurle
avec les loups pour ne pas être dévoré par
eux.
Les autres anarchistes français, au nom-
bre de 250 environ, sont des déserteurs,
des insoumis, des banqueroutiers qui, tous,
ont un casier judiciaire assez chargé. Parmi
eux, quelques ouvriers honnêtes, bijoutiers
et tapissiers pour la plupart, qui, le travail
fini, ne pouvant, comme à Paris, aller chez le
marchand de vin faire une partie et boire
chopine, se rendent à la salle de Grafton-
street, où ils sont sûrs de rencontrer des com-
patriotes et de trouver à qui parler français,
au milieu de ce Londres si inhospitalier et si
dur à l'étranger.
FIGURES CONNUES
Pour en revenir aux anarchistes purs ré-
fugiés à Londres à la suite d'exploits divers,
on peut rencontrer là Meunier, l'auteur
de l'attentat Véry, Francis, qui a repris
son métier d'ébéniste et fréquente toujours
les réunions, Malato, le célèbre Leboucher,
et enfin Pouget et Henry Dupont.
Pouget, l'ex-directeur de l'ex-Père Peinard,
n'est parti pour Londres qu'il y a six semai-
nes à peine, après avoir été longtemps à Pa-
ris l'objet d'une recherche vaine.
Ce diable d'homme a réussi à passer comme
une anguille à travers les mailles très serrées
du filet que lui tendait M. Fédée.
On lui connaissait quatre domiciles, mais
il ne reparaissait jamais régulièrement dans
aucun des quatre, situés tous prés du chemin
de fer de ceinture. Le matin, pour rentrer
dans Paris, Pouget se faisait descendre tantôt
daus une gare, tantôt dans l'autre, pour évi-
ter d'être filé. Sa correspondance lui était re-
mise par un compagnon ou un ancien com-
pagnon devenu contrôleur à la Compagnie
des omnibus, qui le chargeait à son tour de
transmettre des messages à des tiers.
Pouget et Sébastien Faure, arrêté récem-
ment, sont considérés par la préfecture de
police comme des plus dangereux parmi les
anarchistes. Ils ont de l'argent. L'un en rece-
vait beaucoup au Père Peinard, venant par
petites sommes d'un peu partout, d'adeptes
anonymes, de craintifs riches qui accompa-
gnaient un mandat-poste d'un conseil de ces-
ser la propagande. L'autre en gagnait en con-
férenciant en province. Ne lui a t-on pas
volé récemment 1,400 francs? Et tous deux
savaient employer leurs fonds.
A Londres également se trouve un des
types les plus curieux de l'anarchie, Henri
Dupont, qui ne peut pas digérer une condam-
nation à cinq ans de prison que lui a infli-
gée la cour d'assises du Nord pour excita-
tions à la révolte dans l'armée. Dupont, qui
a un frère officier dans l'armée, fut, chose
curieuse, élevé en même temps qui les en-
fants de M. de Rothschild par M. de Bonne-
fonds, de l'Institut. M. James de Rothschild
fut son « compagnon. de feu. Ils se uittê-
rent, l'un pour rester millionnaire, 1 autre
pour devenir secrétaire du gouverneur de Ti-
tlis, puis pour vagabonder un peu partout
jusqu'à la cour d'assises et jusqu'à l'exil.
A Londres, Dupont, qui, dans ses loisirs, en-
voie de la copie aux journaux de Paris, fait une
propagande anarchiste active. L'anarchie n'a
pas de secret pour lui. Il connaissait, ce dé-
tail a été retrouvé dans les papiers saisis chez
des anarchistes le 1er janvier, l'attentat de
Vaillant quatre jours avant qu'il ait été mis
à exécution et s informait, la veille de l'ex-
plosion de la Chambre, des intentions de
Vaillant.
D'autres anarchistes jadis « avérés » sont
maintenant corrigés. Soudais s'est suicidé,
Martinet fait partie d'une administration,
Zo d'Axa est à Sainte-Pélagie et ne demande
qu'à en sortir pour redevenir bien sage;
Tournadre n'est même pat dangereux comme
fumiste ; d'autres encore, comme Leveillé et
Daredare ne donnent et ne donneront plus
signe de vie.
Quand, en résumé, la préfecture de police
tiendra les fils anarchistes qui relient Pa-
ris à Londres, elle portera véritablement le
grand coup à ce redoutable parti en le dé-
routant, en empêchant ce qui se traiâ* là-bas
d'être mis à exécution ici.
LE CAS DE M. DE VOGUÉ
On se souvient que la commission d'en-
quête sur l'élection de M. de Voguë ,dans la
deuxième circonscription de Tournon, com-
prenait, par le hasard des bureaux, sept dé-
putés qui avaient voté contre l'enguête pro-
noncée par la Chambre à 72 voix de ma-
jorité.
Ces sept enquêteurs malgré eux se sont
déclarés en faveur de la validation. Leurs
quatre collègues, qui avaient voté l'enquête,
ont voté l'invalidation.
C'est dans ces conditions que l'affaire vien-
dra, mardi probablement, devant la Cham-
bre : une enquête effectuée par une majorité
de députés qui n'en voulaient pas.
Cette enquête, cependant, n'a pas été in-
fructueuse. Elle a établi non seulement une
ingérence cléricale que les réactionnaires
cherchent à amoindrir, mais surtout que M.
de Voguë avait une grave défaillance de mé-
moire, lorsqu'il affirmait à la Chambre que
personne n'avait vu la lettre de M. Develle,
Cette lettre ministérielle qui offrait de lui être
« discrètement utile ».
Le rapporteur, M. Descubes, est bien obli-
gé de le constater, mais s'il exprime le regret
que « M. le ministre des affaires étrangères
ait cru pouvoir offrir à un candidat, quel qu'il
fût, un concours électoral », il n'en estime pas
moins, avec la majorité de la commission,
que « l'élection ne peut être viciée par l'usage
de la lettre 1.
Il est à croire que la Chambre ne partagera
pas son avis et qu'elle se rangera à l'avis de
M. Rabier qui, au nom des quatre commis-
saires qui avaient voté l'enquête réclamera
l'invalidation.
M. CHAMPOUDRY
M. Champoudry, le nouveau président du
conseil municipal, a 46 ans. Il représente de-
puis de longues années le quartier du Petit-
lontrouge (XlVe arrondissement).
Radical-socialiste très avancé, il est très
aimé des socialistes qui, d'ailleurs, ont assuré
hier son élection.
M. Champoudry — surnommé Vercingé-
torix, à l'hôtel de ville, exerce la profession
de géomètre.
C'est lui qui à chaque élection sénatoriale
de la Seine propose à ses collègues de ne pas
prendre part au vote, en signe de protesta-
tion contre l'institution du Sénat.
M. Champoudry est fort estimé pour ses
qualités de travailleur et la droiture de son ca-
ractère.
LA SUCCESSION DE M. GLADSTONE
Londres, 28 février.
M. Gladstone est allé cet après-midi à trois
heures à Buckingham-palace rendre visite à
la reine avec laquelle il est resté une demi-
heure.
Le premier ministre est rentré directement
à sa résidence officielle.
D'après des renseignements obtenus de son
secrétaire particulier, M. Gladstone n'est pas
allé voir Sa Majesté pour lui porter sa démis-
sion et ne la lui a pas donnée.
La situation reste donc la même qu'hier.
Pour le moment, toute la question consiste
à savoir si les arrangements relatifs à la suc-
cession de M. Gladstone seront terminés
avant le 15, jour du départ de la xeine pour
Florence, et si, avant cette époque, le pre-
mier ministre aura par conséquent pu se dé-
mettre du pouvoir, sans crainte que le parti
ait à souffrir de divisions intestines, ou de
rivalités que l'on voit déjà poindre de toutes
parts.
Or, comme il semble peu probable que ces
arrangements puissent être terminés à temps
pour ne pas gêner le départ de la reine, on
est plutôt porté à croire que la retraite offi-
cielle de M. Gladstone n'aura pas lieu avant
quelques mois.
En ce cas, M. Gladstone ne ferait que con-
server le titre de premier ministre, et ce serait
lord Rosebery, ou lord Kimberley, ou lord
Spencer qui en assumerait les fonctions avec
sir William Harcourt comme leader à la
Chambre des communes.
Cet arrangement provisoire aurait l'avan-
tage de ne rien changer en apparence à ce
qui existe actuellement et en même temps de
préparer la retraite complète de M. Glads-
tone.
La reine et la cour sont surtout favorables
à lord Rosebery, qui évidemment a le plus
de chances. Un seul homme pourrait contre-
balancer sa situation, c'est le duc de De-
vonshire, si ce dernier, voyant la retraite de
M. Gladstone devenue définitive, consentait
à rentrer dans le parti libéral.
L'AFFAIRE CULINE
Reims, 28 février.
L'affaire Culine a commencé à une heure.
Me Palle, du barreau de Reims, lit une dé-
pêche de M. Pierre Baudin, qui, retenu au
conseil municipal de Paris, demande le ren-
voi de l'affaire à samedi, mais le ministère
public s'y oppose et l'affaire est, en effet,
retenue.
Me Palle présente d'office la défense.
Les témoins reconnaissent le fait d'outrage
à la pudeur. Le ministère public s'attache à
en démontrer la publicité.
Me Palle s'appuie sur la moralité douteuse
de la victime, la fille Londeau, pour excuser
son client.
Le tribunal, après une heure un quart de
délibération, confirme le premier jugement
condamnant Culine à huit jours de prison et
aux dépens.
Le public très nombreux se retire sans ma-
nifestation.. 7
Tablcttcs dn Progrès
LES ANIMAUX RÉACTIFS
De tous temps, l'époque loin-
taine où une selection heureuse l'èleva
au-dessus d'eux, l'homme a dû songer à
utiliser les autres animaux, non pas seu-
lement comme gibier, mais aussi comme
esclaves, comme auxiliaires, comme col-
laborateurs et comme associés de sa pro-
pre industrie. Ce serait une étude singu-
lièrement attrayante et instructive que de
rechercher quels ont été, chez les diffé-
rentes races et sous les différents cli-
mats, les animaux ainsi réduits en servi-
tudeet dressés aux plus étranges besognes,
et de suivre pas à pas, à travers les âges,
cette œuvre continue de la domestication
des « frères inférieurs », qui variant né-
cessairement avec les temps, les lieux, les
circonstances, les conditions de la vie, les"
tempéraments, les mœurs, les affinités,
les besoins, etc., se confond presque avec
l'histoire de l'humanité elle-même.
La civilisation ne tient-elle pas tout
entière, en effet, entre le siècle où un La-
pon de génie songea pour la première fois
à atteler un renne à son traîneau rudi-
mentaire, et le siècle qui vient, où, à en
croire Victor Meunier, des singes policés
(en attendant les automates), vaqueront
aux soins du ménage et remplaceront lar-
bins, marmitons, soubrettes et valets de
chambre, appelés à de plus nobles fonc-
tions ?
Pendant une trop longue période, —
qui n'est pas encore près hélas ! d'être
finie, — la guerre fut la principale indus-
trie humaine, l'industrie essentielle et
capitale, autour de laquelle gravitaient
toutes les autres. Il était donc naturel
que ce fût surtout, et avant tout, à des
œuvres de guerre qu'on dressât les ani-
maux.
Mais on n'a pas tardé à apprendre à les
dresser également aux œuvres de paix.
La chose est trop connue pour qu'il soit
nécessaire d'en fournir la preuve par le
menu.
Chacun sait qu'on a réclamé des ani-
maux les services industriels les plus va-
riés et les plus inattendus ; on les a mis,
avec ou sans métaphore, à toutes les
sauces. Il a cependant fallu arriver jus-
qu'à cette fin de siècle pour qu'on osât
songer à mêler les animaux comme ac-
teurs ou comme témoins aux tragédies
chimiques, ou à demander à leur instinct
ou aux palpitations de leur chair les réac-
tions qui étaient restées si longtemps le
monopole des produits de laboratoire.
Aujourd'hui, par contre, c'est là un pro-
cédé courant. C'est sur les animaux qu'il
est de tradition d'essayer les poisons, les
virus et les cultures microbiennes. Il est
même certains alcaloïdes, tels que l'atro-
pine, l'aconitine et la vératrine, dont on a
tant parlé, plutôt à tort et à travers, à l'oc-
casion de la mort mystérieuse du baron
de Reinach, dont la présence ne peut être
guère révélée dans des débris cadavéri-
ques qu'au moyen d'un essai à posteriori
sur des bêtes vivantes. C'est ce qu'on ap-
pelle, faute de réactions chimiques assu-
rant à l'analyse une suffisante certitude,
la réaction physiologique.
De même pour l'oxyde de carbone, le
gaz subtil et sournois auquel incombe la
responsabilité de la plupart des asphyxies
ou empoisonnements provenant des poêles
mobiles trop ouverts ou de fiacres trop
fermés. Il n'y a guère — je l'ai déjà dit
ici même, mais bis repetita placent — il
n'y a guère qu'un moyen sûr de savoir si
l'atmosphère d'une voiture ou d'un appar-
tement contient de l'oxyde de carbone à
la dose dangereuse : c'est d'exposer pré-
ventivement un serin ou une souris, un pi-
geon ou un lapin à ses. émanations meur-
trières.
On a peine a concevoir a quel degré de
raffinement et de subtilité peuvent attein-
dre la sensibilité générale de certains ani-
maux, leur instinct et l'acuité de leurs
organes. C'est positivement pour confon-
dre l'imagination. On vient justement de
m'en donner un nouvel exemple, dont
l'invraisemblance ne saurait diminuer
l'authenticité certifiée par des centaines
de témoins. Veuillez, je vous prie, me
prêter un brin d'attention.
Ceux qui connaissent Nice savent que
de tout temps au large du quai du Midi,
juste en face de l'embouchure du grand
égout de la vieille ville, on voit planer au-
dessus de la mer de nombreux essaims
de mouettes qu'attire là l'épanchement
continu des immondices. Ce tourbillon-
nement de vidangeurs ailés était devenu
en quelque sorte un trait indélébile et ca-
ractéristique du paysage, comme qui di-
rait un semis de grains de beauté sur
l'azur immaculé du ciel.
Un beau jour (il y a de cela quatre ou
cinq semaines), la municipalité niçoise
eut l'excellente idée d'instituer une expé-
rience publique de ce curieux système
d'assainissement par l'électricité, dont
j'ai déjà parlé plus d'une fois dans ces
tablettes et qui, après avoir été expéri-
menté avec succès au Havre, à Lorient, à
Brest, etc., vient justement d'être inau-
guré en grande pompe, à Warting (Angle-
terre) d'où, tel que vous me voyez, je suis
arrivé ce matin.
On sait en quoi consiste cet ingénieux
système. On commence par électrolyser
soit de l'eau de mer, qui est une eau préa-
lablement chlorurée par les soins de dame
Nature, soit toute autre eau chlorurée
artificiellement à l'aide de sels appropriés.
Cette eau se transforme ipso facto, sous
l'influence du courant électrique, en une
solution spéciale, contenant des composés
instables d'oxygène et de chlore, dont la
puissance oxydante est véritablement ex-
traordinaire. Il s'en suit que cette solu-
tion, qui n'a guère qu'une vague et fugace
odeur d'eau de javelle, a la double vertu
de flamber les matières organiques et de
tuer les microbes.
Elle est donc à la fois désinfectante et
antiseptique, et il suffit qu'elle soit ea
contact pendant un laps de temps qui va.
rie de cinq minutes à deux heures aveo
les eaux d'égout, pour désodoriser et
stériliser complètement les plus infecte.
et les plus infectieuses. Ce sont là des
faits irrévocablement constatés aujour-
d'hui.— ainsi qu'en témoignent nombre
de documents officiels ou officieux que
j'ai là sous les yeux - par tels et tels chi-
mistes et bactérioologistes de primo car-
tello.
Il n'y a plus ensuite qu'à refouler ce li-
quide par une canalisation ad llOC, à do-
micile, pour désinfecter les water-closets,
les éviers, les gouttières, les tuyaux et les
égouts eux-mêmes, et purger a priori les
vidanges de tous germes léthifères avant
qu'elles n'aient, je ne dirai pas stagné,
mais seulement circulé. C'est, par consé-
quent, la réduction au minimum des ris-
ques de contamination.
Il va de soi que la vertu désinfectante
et antiseptique de laditesolution — bapti-
sée désormais hermitine {da nom de M.
Hermite, son inventeur) — est proportion-
nelle à son titre, c'est-à-dire à la quantité
d'oxygène (ou d'ozone) et de chlore à l'état
naissant qu'elle renferme.
L'expérience a établi que ce titre était
suffisant lorsque l'excès de chlore — le-
quel varie naturellement avec la quantité-
de chlorure décomposée par le courant et
la quantité de matières organiques à trai- -
ter - pouvait être révélé par le papier
iodo-amidonné. Lorsque le papier bleuie.
au contact de la solution soua
de chlore dissous, ail right 1 On peut être
sûr que les microbes vont passer un mau-
vais quart d'heure.
Il est bon de savoir que le papier iodo»
amidonné vire au bleu sous l'action dé -
traces infinitésimales de chlore. C'est QI ;
réactif extrêmement sensible.
Eh bien ! les mouettes de Nice ont le
nez plus sensible encore.
Le jour, en effet, où l'on inaugura là-
bas les expériences du quai du Midi, on
commença par projeter dans l'égout —
uniquement pour en rendre l'accès pos-
sible — d'insignifiantes quantités de li-
quide électrolytique. Ni la désinfection,
ni l'antisepsie ne pouvaient être évidem-
ment garanties par de si faibles doses. Il
y avait, en effet, diluée dans le flot tor-
rentiel des eaux vannes une si petite quan-
tité de solution que le papier iodo-ami-
donné n'accusait pas la moindre tendance
à changer de couleur. Néanmoins la so-
lution n'avait pas plutôt coulé, dans ces
conditions presque intangibles, depuis dix
minutes, que déjà toutes les mouettes,
averties par un instinct plus subtil,
avaient disparu. Elles ne devaient re-1
prendre leur place qu'après la cessation
définitive des expériences.
C'est donc que les mouettes, dont la
finesse de l'odorat ne passe pas pourtant
pour exceptionnelle, sont plus sensibles
aux actions chimiques que les réactifs
traditionnels les plus délicats.
Voilà qui va peut-être ouvrir à la chi-
mie — si ces bons messieurs et ces bonnes
dames de l'anti-vivisection le permettent
— toute une série d'horizons inédits et de
ressources insoupçonnées.
Raoul Lucet.
Nous publierons demain sur la situa-
tion de la Compagnie transatlantique
un article ayant pour titre : Procès-
verbal de carence.
M. CRISPI ET LES AFFAIRES DE SICILE
Rome, 28 février.
M. Crispi s'est longuement expliqué au-
jourd'hui à la Chambre sur les affaires de
Sicile.
Pour lui, les mouvepaents qui ont éclaté en
Sicile ont été causés par une conspiration
qui aurait produit les plus grands maux si le
gouvernement n'avait pas pourvu.
Et M. Crispi raconte ainsi l'histoire de cette
conspiration :
« Les Fasci datent de 1891 ; ce furent d'a-
bord des institutions de bienfaisance. En 1892
eut lieu à Palerme une exposition nationale
qui provoqua l'arrivée en Sicile d'ouvriers du
continent qui ont apporté 19 contagion. De-
puis lors, grâce à des congrès et aux excita-
tions des révolutionnaires qui sont à l'étran-
ger, a commencé une vraie organisation révo-
lutionnaire.
» Les Fasci au nombre de 166 comptaient
289,000 sociétaires. Leurs chefs déclaraient
n'avoir pas foi dans l'œuvre du Parlement
mais dans la révolution ; cela résulte de pas-
bages de lettres saisies dont M. Crispi donne
lecture à la Chambre.
« On a essayé aussi de se mettre d'accord
avec quelques petites sociétés cléricales du
continent. Le gouvernement en a des preuves
évidentes. Les dernières décisions furent pri-
ses dans une réunion tenue à Marseille où l'on
décida l'envoi d'un nouveau Garibaldi de
l'anarchie à Palerme.
» L'insurrection devait éclater vers la moitié
de février; un mouvement se produisit le
4 avril, mais ni le nouveau Garibaldi, ni ses
amis n'y prirent part. On avait promis la di-
vision des terres aux paysans pour 1894 et
on comptait aussi sur la guerre qui devait
éclater cette année avec l'aide de la Russie
à laquelle on songeait à céder un port. »
Pour indiquer quel était le caractère du
mouvement, M. Crispi lit alors une proclama-
tion publiée dans une commune ;
Ouvriers, était-il dit dans ce manifeste, fils des
vêpres, dormez-vous encore? Courons à la prison
délivrer nos frères. Mort au roi, aux employés des
taxes et mettons le feu à la mairie, au casino des
civils, vivent les Fasci.
Lorsque les cloches sonneront, courons au châ.
teau, car tout est prêt pour la liberté.
Attention au signal t
Tout ceci n'a pas laissé que de produire
une certaine impression. M. Crispi en a pro-
fité pour défendre la légalité de l'état de siège
et de l'arrestation du député de Felice.
Il a terminé en annonçant que pour fairt
cesser les injustices relevées dans les admi-
nistrations communales, surtoat en matière
tributaire, il proposera à la Chambre l'insti«
tution d'un magistrat spécialement chargé de
la répartition des tributs. !
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.5%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.5%.
- Auteurs similaires Simond Paul Simond Paul /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Simond Paul" or dc.contributor adj "Simond Paul")Simond Henry Simond Henry /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Simond Henry" or dc.contributor adj "Simond Henry")
-
-
Page
chiffre de pagination vue 1/4
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k75637634/f1.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k75637634/f1.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k75637634/f1.image
- Mise en scène Mise en scène ×
Mise en scène
Créer facilement :
- Marque-page Marque-page https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/bookmark/ark:/12148/bpt6k75637634/f1.image ×
Gérer son espace personnel
Ajouter ce document
Ajouter/Voir ses marque-pages
Mes sélections ()Titre - Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k75637634
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k75637634
- Signalement d'anomalie Signalement d'anomalie https://sindbadbnf.libanswers.com/widget_standalone.php?la_widget_id=7142
- Aide Aide https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/aide/ark:/12148/bpt6k75637634/f1.image × Aide
Facebook
Twitter
Pinterest