Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1894-02-07
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 07 février 1894 07 février 1894
Description : 1894/02/07 (A24,N8059). 1894/02/07 (A24,N8059).
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 29/04/2013
VINGT-QUATRIÈME ANNÉE. — N° 8,059 LE NUMÉRO CINQ CENTIMES MERCREDI 7 FÉVRIER 1891
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LE X/Xe SltCLE
ommence la publication de
LA PETITE MUETTE
PAR
ALFRED SIRVEN & A. SIÉGEL
grand drame parisien spécialement écrit
pour le XIXe Siècle par ces deux maî-
tres du roman populaire qui ont signé,
entre autres succès : Sans feu ni lieu !
les Drames du Mont-de-Piété, Lise et
Lisa, etc.
LA PETITE MUETTE
est l'histoire d'une délicieuse enfant
que son infirmité rend encore plus in-
téressante, au milieu des aventures
étranges dont elle est l'héroïne.
C'est un récit captivant où se succè-
dent les émotions douces et terribles,
où l'attendrissement est mêlé à la ter-
reur.
LA PETITE MUETTE
est en même temps une étude aussi cu-
rieuse qu'exacte de plusieurs milieux
parisiens encore peu connus, ainsi que
la mise en scène et l'explication de cer-
tains drames de famille demeurés mys-
térieux et qui, dans ces dernières an-
nées, ont excité une curiosité passion-
née.
HOMB DEP AIX
Nous avons déjà signalé l'agitation
que divers membres de l'épiscopat et
non des moindres, puisque parmi eux
figurent les cardinaux archevêques de
Paris et de Toulouse et l'archevêque
de Lyon, s'efforcent de créer à propos
de la loi sur la comptabilité des fabri-
ques. A la liste des protestataires, fort
longue, un nom manquait jusqu'ici,
celui de M. Gouthe-Soulard, archevêque
d'Aix. Le silence de ce prélat était fort
surprenant, car il ne nous a pas habitués
à tant de respect pour la société civile.
C'était lui qui avait donné le signal
dans l'affaire des catéchismes électo-
raux et qui, à la suite de la déclaration
comme d'abus prononcée contre lui par
le conseil d'Etat avait adressé au mi-
nistre des cultes une lettre dont la vio-
lence lui valut un procès devant la cour
d'appel de Paris et une condamnation à
trois mille francs d'amende.
En même temps, il était frappé d'une
suspension de traitement qui n'a pas été
rapportée jusqu'ici. La semaine der-
nière encore, les journaux religieux
s'indignaient de la prolongation de cette
pénalité et ils sommaient le gouverne-
ment d'y mettre un terme. M. Gouthe-
Soulard a, sans doute, voulu montrer
qu'une mesure de clémence à son égard
s'imposait, et c'est pour le prouver qu'il
vient, à son tour, de donner son opi-
nion sur la législation fabricienne. Il
l'a fait avec la modération qui est dans
son tempérament; c'est dire que sa
lettre, dont Y Univers reconnaît que la
« forme est vive », dépasse en violence
toutes les protestations jusqu'ici con-
nues de l'épiscopat.
M. Gouthe - Soulard se proclame
« l'homme de la miséricorde, du par-
don, de la conciliation » ; belles paroles
dans la bouche d'un évêque et qui dé
finissent bien le caractère de la mis-
sion qu'il tient de son ministère sacer-
dotal. Mais quelle singulière façon il a
de la mettre en pratique. S'il porte une
crosse, il ne s'en sert guère que comme
d'un bâton, et de toutes les déclarations,
la plus inattendue, venant de lui, était
celle-ci : « J'aime la paix, je cherche la
paix, je suis prêt à lui faire tous les
sacrifices. » Or, cet homme de paix for-
mule ainsi son opinion sur la loi nou-
velle : « Cette loi, avec le décret tor-
tueux, ténébreux et insidieux, qui en
règle l'application, prend le troisième
rang dans la série des lois scélérates.
près l'école sans Dieu, après les sémi-
naristes à la caserne, c'est le sanctuaire
3t l'autel laïcisés ; c'est Dieu expulsé de
chez lui ; c'est le culte rendu impossi-
ble par la confiscation des revenus de
nos pauvres églises qui, pour la plupart,
vivent de misère. »
Laissons de côté les expressions cou-
rantes de « secte », de « satanique per-
sévérance» de « déchristianisation », le
développement ordinaire sur la franc-
maçonnerie qui est « l'agent accrédité
- de Satan sur la terre » et autres gentil-
lesses à, l'adresse des républicains et de
la société civile. Passons encore le Pa-
nama qu'on ne s'attendait guère à voir
en cette affaire. Ce sont fleurs de rhéto-
rique pour montrer l'amour de M. Gou-
the-Soulard pour la paix et la façon de
comprendre la conciliation.
L'essentiel de sa thèse est tout entier
dans cette assertion que la loi nouvelle
« expulse Dieu de chez lui », et aussi
dans ce passage :
« Je suis l'envoyé de Dieu et son
fondé de pouvoirs. Si son nom est ou-
tragé, si ses droits et ceux de l'Eglise
sont violés, si vous pervertissez les
âmes que je dois sauver, si l'autorité
des pères de famille est méconnue, si
vous forcez leurs enfants à recevoir un
enseignement que leur conscience ré-
prouve, si vous rendez mon adminis-
tration impossible par votre immixtion
illégale dans mon domaine, si vous dé-
truisez la foi dans mes paroisses par la
suppression des vocations ecclésiasti-
ques, si vous ruinez nos communautés
religieuses par des impôts vingt fois
inj ustes, si vous nous traitez comme
des étrangers chez nous ; alors, je me
souviendrai que je suis évêque, c'est-à-
dire gardien et surveillant de la vérité
et de la liberté, de tout ce qui est bien,
de tout ce qui est juste, de tout ce qui
est saint; je vous prêcherai bien haut
l'évangile qui condamme les ennemis
de Dieu et des hommes, les impies, les
méchants, et je dirai à tous les échos
du monde : « Vœ vobis hypocritœ,
malheur à vous, hypocrites ; episcopus
ego sum. »
Plus d'une fois nous avons montré
que la loi nouvelle n'était pas la loi de
tracasserie que l'on prétend. Avec la
législation précédente, les fabriques
avaient pris la douce habitude de consa-
crer leurs ressources à subventionner
des œuvres cléricales, à entretenir des
écoles congréganistes, sinon même à
intervenir dans la politique ; mais quand
il s'agissait des dépenses que la loi met
à leur charge, elles invoquaient l'insuf-
fisance de leurs ressources pour les
faire supporter par les communes, si
bien que le contribuable payait, indi-
rectement il est vrai, mais sûrement, les
frais de la guerre qué le parti clérical
fait à la société civile.
Pour continuer cette guerre et se
procurer le moyen de la faire, M.
Gouthe-Soulard et ses collègues de l'é-
piscopat invoquent les droits de Dieu
et leur qualité de fondés de pouvoirs
de la divinité, et l'archevêque d'Aix pré-
tend que la « secte » opprime trente-six
millions de catholiques. Pour les affran-
chir, il propose d'organiser un vaste
pétitionnement auquel prendraient part
tous les conseils cfë fabrique. Le droit
de pétition est en effet un de ceux que
la législation reconnaît à tout citoyen
français, et les évêques en ont plus
d'une fois usé. Qu'ils recommencent
s'ils le jugent utile. Mais nous nous
permettons de leur faire remarquer que
déjà ils ont voulu agiter le pays à pro-
pos de la loi scolaire et de la loi mili-
taire.
Dans toutes les élections, ils ont pré-
senté des candidats qui annonçaient
l'intention de demander l'abrogation de
ces lois, et chaque fois le pays a envoyé
en immense majorité dans les Cham-
bres ceux qui se déclaraient résolus à
faire prévaloir dans le gouvernement
les droits de la société civile. Qu'il se
soit agi du Sénat ou de la Chambre,
dans les élections générales comme dans
les élections partielles, la volonté du
pays s'est affirmée avec autant de net-
teté que de constance. Ceci a prouvé,
dans le passé, que si M. Gouthe-Sou-"
lard et ses collègues étaient les fondés
de pouvoirs de Dieu, ils n'étaient pas
ceux de trente-six millions de catholi-
ques au nom desquels ils ont la préten-
tion de parler et nous donne quelque
droit de penser que, dans l'avenir, les
trente-six millions de catholiques qu'ils
invoquent ne seront pas davantage dis-
posés à suivre leur avis ou à se faire
représenter par eux.
INTERPELLATION SOCIALISTE
M. Thierry-Cazes, député socialiste du Gers,
déposera jeudi une interpellation à la Cham-
bre, qu'il adresse au ministre de l'instruction
publique, sur le cas de M. Lebret, professeur
de philosophie au lycée d'Auch, qui a été dé-
placé pour avoir manifesté, en réunion publi-
que, ses opinions socialistes.
M. Thierry-Gazes se propose d'élargir le
débat et d'interpeller le gouvernement sur
son attitude vis-à-vis des membres de l'Uni-
versité.
M. Jaurès interviendra dans cette discus-
sion.
L'ELECTION SENATORIALE DE LA GUADELOUPE
Une dépêche de la Guadeloupe annonce que
M. Isaac, sénateur sortant, a été réélu dimanche
au premier tour de scrutin par 194 voix.
BAL FRANÇAIS A MOSCOU
Moscou, 5 février.
Le bal de la colonie française a obtenu un suc-
cès extraordinaire.
Les salles de l'assemblée de la noblesse étaient
richement décorées avec des inscriptions rappelant
les événements de Cronstadt et de Toulon.
Le grand-duc Serge a eompUnenté de Kerga-
radec, consul général de France. -
LE TESTAMENT DE VAILLANT
DERNIERS DÉSIRS
La garde de Sidonie. — Pour la science
et pour l'humanité. — Remer-
ciements à tous.
Avant de marcher à l'échafaud, Vaillant
avait recommandé de faire parvenir à leur
adresse deux ou trois lettres écrites il y a une
semaine. L'une est destinée à Mme Marchai,
l'autre à sa mère, la troisième est son testa-
ment. Ce testament est depuis hier soir en la
possession de Sébastien Faure, son ami. On
en a beaucoup parlé hier, sans le connaître ;
nous le publions à titre de document. On y
retrouvera la constante préoccupation de
Vaillant de jouer à l'homme de science.
En voici le texte :
Ceci est mon testament
Avant de payer de ma tête mon grand
amour pour 1 humanité, j'ai tenu à faire con-
naître mes derniers désirs, et, quoique cet
acte n'ait aucune valeur au point de vue légal
je prie mes parents et amis d'en prendre con-
sidération.
Je désire :
le Remettre entièrement mon enfant à mon
ami Sébastien Faure et que ce dernier soit
son tuteur. Je choisis S. Faure parce qu'il est
la personne en qui j'ai le plus de confiance
pour que ma fille soit élevée comme je l'au-
rais élevée moi-même, tant au point de vue
physique que moral ;
2° Quoi qu'il arrive, que ma fille ne soit re-
mise à aucun prix entre les mains de sa mère
(Virginie Viol), qui n'a aucun sentiment ma-
ternel et dont la vie qu'elle mène depuis trois
ans, en Amérique, ne peut en faire qu'un être
dégradé au - physique et surtout au moral.
Des certificats qui se sont trouvés et qui se
trouvent peut-être encore entre les mains de
M. Daumas, 679, calle Cangallo, à Buenos-
Ayres, certifieront de la véracité de ce que
j'avance;
3o Que mon enfant ne soit placée ni dans
ma famille ni dans celle de ma femme légi-
time; les [connaissant tous à fond, je consi-
dère qu'il leur est impossible d'élever mon
enfant selon mes désirs ;
40 Que ma mère fasse partie du conseil de
famille qui sera probablement nommé pour
s'occuper de mon enfant ;
50 Que Me Labori, mon défenseur, qui a pu
apprécier l'idée qui guide mes désirs, soit, si-
non du conseil de famille, tout au moins con-
seiller prés dudit conseil afin de l'éclairer
selon ce que je désire ;
60 Ayant toujours fait mon possible de
mon vivant pour rendre service à la science
en particulier et à l'humanité en général, que
ma mort en soit de même;
Que mon corps soit remis a la médecine le
plus vite possible après mon exécution afin
que l'on puisse y étudier à temps les phéno-
mènes semi-vitaux qui disparaissent aussitôt
après les désagrégations des molécules. e
Mes derniers désirs ainsi transcrits, je tiens
à déclarer encore une fois que je n'étais animé
d'aucune haine lorsque j'ai accompli l'atten-
tat à la Chambre des députés, car, considé-
rant que tout individu ne peut être que
comme le façonne le milieu où il se trouve,
que ce n'est pas aux hommes qu'il faut ïen
vouloir, mais à l'organisation de la société
qui rend certains hommes hostiles au déve-
loppement de l'espèce humaine, j'ai trouvé
nécessaire de frapper cet obstacle au bénéfice
de tous, faisant en cette occasion comme le
chirurgien qui ne craint pas d'amputer un
membre afin de sauver l'individu.
Je tiens en outre à remercier tous ceux
qui, n'ayant pas de fortune, ne se sont pas
moins empressés de vouloir se charger de
mon enfant et les prie de ne pas oublier leur
bonne volonté présente au cas où ma fille
chérie en aurait besoin dans l'avenir.
Fait à Paris (prison de la Roquette), le
29 janvier 1894.
AUGUSTE VAILLANT.
DOCUMENT SANS VALEUR
Vaillant constate que son testament « n'a
aucune valeur au point de vue légal ». En
effet, la loi du 31 mai 1853 qui abolissait la
mort civile l'a remplacée par des disposition s
entraînant, pour les condamnés à des peines
afflictives et infamantes perpétuelles, outre la
dégradation, civique, Vinterdiction légale.
L'interdiction légale est l'incapacité de
disposer par testament ou autrement et même
de recevoir. Elle entraîne, en outre, la dé-
chéance paternelle.
Cette interdiction date du jour du rejet du
pourvoi, et toute disposition testamentaire
antérieure tombe de même que toute disposi-
tion postérieure est nulle.
Aussi Vaillant savait-il bien que son testa-
ment ne pouvait être qu'un vœu exprimé.
ment ne pouvait être l ~on npa as envisagé,
ais, un point que l'on n'a pas envisagé,
c'est la situation du conseil de famille. Il est
probable que Mme Vaillant existe encore à
Buenos-Ayres. Or, elle fait partie de droit du
conseil de famille ; elle a même la puissance
paternelle, et si elle répond à l'appel légal
que l'on sera forcé de lui adresser, elle peut
se faire représenter au conseil de famille
et décider grâce à cette autorité pater-
nelle, quelles seront les personnes qui seront
à son défaut chargées d'élever la petite Si-
donte. -
LES PENSÉES DE RAVACHOI,
Ravachol n'avait pas fait de testament ;
mais on trouva dans sa cellule, jetées sur le
papier, quelques réflexions assez banales. Il
développait l'organisation d'une société com-
muniste-anarchiste et, au cours de son tra-
vail, des pensées de ce genre :
« Si la liberté illimitée existait en amour,
il y a des personnes qui croient que l'on ai-
merait moins les enfants, parce qu'on ne sau-
rait bien souvent qui en est le père. Qu'est-ce
que cela peut faire, pourvu que les enfants
reçoivent les soins qui leur sont dus par la
mère qui est sûre de reconnaître les siens?»
Et celle-ci:
« Le travail m'a toujours paru humiliant,
tant au point de vue moral qu'au point de
vue physique. Je m'y suis cependant sou-
mis. »
SÉBASTIEN FAURE
Voici l'opinion de l'exécuteur testamentaire
sur l'exécution de Vaillant et sur son testa-
ment :.
« J'ai assisté à l'exécution ce matin, dit l'a-
narchiste Faure. Jamais pareil recueillement,
jamais attitude plus respectueuse ne s'étaient
vus à la Roquette. On sentait qu'un martyr
allait mourir. Le testament de Vaillant est
plein de grandeur et d'abnégation. Après tout,
il vaut mieux et pour lui et pour nous qu'il
en soit ainsi.
» Le gracier, ce n'eût certes pas été la fin
des représailles, mais c'eût été un moyen de
gagner du temps. L'exécution, c'est la provo-
cation directe à la vengeance immédiate.
» J'adopterai Sidonie Vaillant. Je n'ai ni
intérieur, ni foyer ; je ne remplis donc pas les
conditions légales pour la conserver auprès
de moi, mais elle ira chez un de mes amis
qui veillera sur elle, et je subviendrai & ses
-' (,.
besoins, en attendant que toutes les disposi-
tions soient prises.
» A l'heure actuelle, Mme Marchai doit sa-
voir la nouvelle. Quant à Sidonie, elle ne la
connait pas encore.
» On a parlé d'ajourner l'exécution après
les jours gras. Je n'y ai pas cru un instant.
Ils n'ont pas eu cette pudeur ; on l'a assas-
siné entre deux bals de l'Opéra : pendant que
les bourgeois dansent, les anarchistes meu-
rent. »
— Nous étions nombreux, ce matin, là-bas.
mêlés aux -policiers et aux mouchards, nous
dit un compagnon. Il y en avait un au pre-
mier rang qui faisait semblant de dormir.
On lui tirait les poils du cou pour le ré-
veiller. Il ne regardait pas, mais il écoutait
ferme.
à Quand le fourgon est passé, nous nous
sommes découvert et nous avons crié : « Vive
l'humanité ! Salut, martyr ! »
» On a construit Notre-Dame non seulement
avec de la pierre, mais avec de la foi. On ne
la referait pas aujourd'hui, Eh bien, nous,
avec notre foi, nous ferons plus difficile que
construire Notre-Dame, nous démolirons au-
tre chose. »
A CHOISY-LE-ROI
Aussitôt après l'exécution de Vaillant, rédacteur de l'Agence nationale s'est rendu à
Choisy-le-Roi, au domicile de Mme Marchai,
la compagne de Vaillant.
La malheureuse femme, qui est toujours
souffrante, avait passé avant-hier une bonne
journée. Elle espérait beaucoup de la clé-
mence du président de la République. « Au-
guste, disait-elle, ne sera pas exécuté, nous
sommes dans les jours gras, et mainte-
nant, il est trop tarde ; on l'enverra à Nou-
méa et je pourrai peut-être le revoir. »
Hier matin, des camelots qui vendaient la
deuxième édition faite par plusieurs jour-
naux envahissaient la localité, en criant la si-
nistre nouvelle.
Aussitôt qu'elle l'endendit, Mme Marchai
qui ne voulait pas encore croire à son mal-
heur envoya acheter un numéro du journal,
A peine l'avait-elle parcouru qu'elle tomba
évanouie, comme foudrovée.
La propriétaire de la maison qu'elle habite
s'empressa de lui prodiguer les premiers
soins. Un médecin de Choisy, le docteur Cha-
potie, prévenu aussitôt, s'est rendu auprès
de Mme Marchai et il a donné comme consi-
gne la plus sévère d'interdire toute visite à la
malheureuse f em me.
La petite Sidonie n'est pas à Choisy, elle
est à Saint-Maur chez des amis de M. Sébas-
tien Faure.
Mme Marchai a bien recommandé que l'on
n'apprenne pas à l'enfant la mort de son
père. -
Espérons, maintenant, qu'on fera le silence
sur cette malheureuse et qu'on ne parlera
plus de Vaillant. Le dernier mot a été dit hier
matin.
MORT D'UN SAVANT RUSSE
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Saint-Pétersbourg, 5 février.
Une illustration du monde savant vient de
mourir à Smyrne, à l'âge de 97 ans, M. Au-
guste Dementievitch-Jaba, ancien consul gé-
néral de Russie à Erzeroum, membre de 1 a-
cadémie des sciences de Paris et commandeur
de la Légion d'honneur.
Orientaliste et linguiste des plus distingués,
le défunt avait terminé à Paris ses études
spéciales, commencées à l'Université de Vilna,
en 1830, et continuées à l'Institut asiatique de
Saint-Pétersbourg.
Ses œuvres ont toutes été écrites en langue
française; les plus connues sont: un Diction-
naire hourde-français et un Recueil de no-
tices et récits hourdes servant à la connais-
sance de la langue, de la littérature, et des
tribus du Kourdistan.
VIOLENT INCIDENT
DANS UNE RÉUNION ÉLECTORALE
Hier soir a eu lieu dans le préau de l'école
de la rue Cadet une réunion organisée par le
comité qui patrone la candidature du ci-
toyen Benard, candidat républicain ouvrier.
Après des explications du citoyen Benard
qui a brièvement exposé son programme, les
auditeurs ont posé a (l'orateur diverses ques-
tions auxquelles celui-ci a répondu.
Après lui sont montés à la tribune de nom-
breux orateurs, candidats ou non, qui ont
entamé une discussion embrouillée et souvent
arrêtée par le tapage de l'assistance sur la
candidature Thivet-Rapide et sur la présence
des ralliés dans les assemblées. A ce moment,
M. Georges Berry fait son entrée escorté par
des amis parmi lesquels on reconnaît MM.
Thivet-Rapide et Ghmcholle, tous deux candi-
dats. Profitant d'une occasion qui lui est of-
ferte par une phrase d'un orateur, M. Georges
Berry se précipite à la tribune et commence
un long éloge du candidat Thivet-Rapide. A
ce moment, les interruptions et les cris redou-
blent. Un auditeur crie à l'orateur qui fait
remarquer que les républicains du quartier
ont voulu fermer la République aux ralliés :
« Vous en avez menti ! » a
— Vous êtes un misérable J riposte M. Geor-
ges Berry.
Alors une mêlée se produit; on sépare
l'orateur et son interrupteur qui se sont pré-
cipités l'un vers l'autre, et, après un moment
de tumulte indescriptible, la séance est re-
prise.
M. Thivet-Rapide a répondu aux attaques
dont il avait été l'objet, malgré le bruit qui se
faisait autour de lui.
La réunion a dû se terminer sans adoption
tordre du jour.
SUJET ANGLAIS
ET SOUVERAIN ALLEMAND
Berlin, 5 février.
Un incident a été soulevé aujourd'hui au
Reichstag au sujet du duc d'Edimbourg, le
fils de la reine Victoria, qui a été appelé,
comme on sait, au trône de Saxe-Cobourg et
Gotha, le 22 août dernier, par suite de la
mort de son oncle, le duc Ernest II.
Un député libéral-nationat, M. Friedberg,
a demandé comment le nouveau duc de Saxe-
Cobourg et Gotha pouvait concilier ses deux
titres de prince allemand et de sujet anglais.
Le chancelier de Caprivi lui a répondu que
la souveraineté exclut toute dépendance vis-
à-vis de l'étranger, que le duc Alfred a les de-
voirs et les droits d'un Allemand, que c'est à
lui de régler ses devoirs vis-à-vis d'autres
Etats de telle façon qu'ils ne soient pas en
conflit avec ses devoirs vis-à-vis de l'Allema.
gne, que l'immixtion enfin du gouverne-
ment allemand n'aurait aucun résultat pra-
tique, mais pourrait seulement empêcher la
liberté d'action du duc.
L'incident a été clos par une déclaration de
M. de Bonin, plénipotentiaire du duché de
Saxe-Cobourg et Gotha au conseil fédéral,
qui a affirmé, au nom du gouvernement de
ce duché, que le duc Alfred, en sa qualité de
aouverain allemand, n'est pas sujet de la
reine d'Angleterre et n'a, vis-à-vis de cet Etat,
aucune obligation qui soit incompatible avec
sa situation aetuelléw
CHRONIQUE
On parle ailleurs, longuement, dans ce
journal, de l'exécution de Vaillant. Elle a
causé une émotion considérable, à laquelle
se mêlait une surprise de la rupture d'une
tradition de pitié, semblant accorder quel-
que répit, pendant les jours de fête, aux
condamnés à mort. Simple chroniqueur,
voyant les choses d'une façon purement
philosophique, obstiné dans mes idées,
dussent-elles être qualifiées de sentimen-
tales, sur la monstruosité de la peine de
mort, qu'ajouterais-je? J'ai toujours tenu
que la clémence était la meilleure des po-
litiques, et je ne suis pas convaincu du
tout de la nécessité de la sanction qu'on a
donnée au verdict du jury. Je crois que
cette exécution, dont le récit bouleversera
peut-être des cerveaux exaltés, n'aura
comme résultat que de créer autour de
Vaillant une légende de martyr, faisant
de lui le « saint de l'anarchie ». Je crois
que la sinistre machine à couper les têtes,
opérant, comme honteusement, loin de la
foule, n'aura pas servi à un exemple re-
doutable,et que, aujourd'hui, l'apaisement
est encore un peu plus loin. J'ose encore
estimer que, quelles qu'aient été les in-
tentions du malheureux qu'on a livré au
bourreau, son crime, n'ayant pas causé
mort d'homme, n'appelait pas forcément
le châtiment suprême et que l'endroit où
on aurait dû le conduire aurait été plutôt
une maison d'aliénés que la Grande-Ro-
quette, antichambre de la guillotine.
Mais ce sont peut-être là, en ce moment,
des opinions très subversives. Et puis, il
faut bien, pourtant, revenir à d'autres
choses.
Il est, notamment, malaisé de rester
indifférent à la nouvelle qui nous a été
donnée de la mort du général Herzog.
Tant de souvenirs se réveillent, à ce nom 1
Un hasard singulier fait précisément que
le commandant de l'armée chargée, en 1871,
de veiller à la neutralité suisse s'en va,
alors que revient l'anniversaire de la con-
vention à laquelle il présida, cette conven-
tion qui fut le dernier moyen de salut de
l'armée de l'Est, abandonnée, épuisée,
démoralisée. Souvenez-vous de ce qu'a
écrit l'officier suisse qui était alors comme
le second du général Herzog, le major Da-
vam, racontant le douloureux passage de
nos troupes de la frontière helvétique, au
delà de laquelle ils allaient trouver un
refuge et un accueil cordial : « Une toux
sèche, stridente, incessante et vraiment
affreuse, se faisait entendre sur toute la
longueur des colonnes. Une odeur péné-
trante s'exhalait de ces poitrines exté-
nuées ; tout cela offrait un spectacle na-
vrant. »
Nous ne saurions oublier que le général
Herzog, sans omettre, avec cet esprit po-
sitif qui distingue nos bons voisins,aucun
des points sauvegardant les intérêts de
son pays, se conduisit alors en homme de
cœur, prodiguant avec courtoisie les égards
aux vaincus que nous étions, et qu'il fut
pour beaucoup dans l'impulsion du grand
mouvement charitable qui se produisit en
Suisse pour nos soldats. Ceux-ci, d'ail-
leurs, surent se montrer dignes de l'hos-
pitalité qu'ils recevaient. J'ai eu sous les
yeux un intéressant rapport — combien
poignant pour nous t — rédigé par les au-
torités fédérales : il atteste que, sur ce
nombre énorme de 88,381 soldats internés,
cent cinquante seulement durent être pu-
nis pour des fautes d'insubordination ou
d'inconduite, par un emprisonnement au
fort de Luzimsterg. Mais, malgré des soins
bienveillants, combien de malheureux,
minés par la maladie, ne devaient jamais
rentrer en France ! Il n'y a guère un vil-
lage de Suisse où des tombes françaises
ne rappellent cette affreuse période.
Par qui furent tirés les derniers coups
de fusil de la guerre. La question a sou-
vent été agitée. - Il est vraisemblable que
ce fut le matin du 2 février, par un
groupe de soldats d'administration, com-
mandés par l'intendant de la 3e division
du 24e corps, M. de Belleval. L'armée
française par différents passages était en-
trée en Suisse. L'intendant de Belleval
dirigeait un convoi de vivres qui, comme
presque toujours, hélas ! à ce moment,
était arrivé trop tard. Faisant ranger ses
voitures pour laisser la route libre, il
avait distribué des provisions aux trop
nombreux groupes de soldats débandés,
séparés par leur faute ou non de leurs ré-
giments, et qui venaient de Ferrières. Le
chemin cessa enfin d'être encombré, per-
sonne ne se montra plus, et l'intendant
donna le signal du départ après avoir
congédié et payé les paysans qu'il avait
engagés, pour la plupart, comme conduc-
teurs. Le convoi se mettait en mouve-
ment, quand des éclaireurs allemands dé-
bouchèrent brusquement. Les soldats
d'administration qui avaient déjà déposé
leurs armes dans une voiture, pensant
croire que tout était bien fini les reprirent
en hâte, et une fusillade commença. Quel-
ques troupiers qui étaient loin en avant re-
vinrent sur leurs pas, courageusement,
saisirent, eux aussi, des fusils et firent le
coup de feu, cependant qu'on activait
l'allure des chevaux qui traînaient les
lourdes voitures que, par un point d'hon-
neur, on voulait sauver. Cette fusillade se
continua en vue des troupes suisses mas-
sées sur la frontière, et qui applaudis-
saient à cette suprême résistance, et ce
fut en se battant encore que, à midi, on
atteignit le territoire neutre. La poursuite
des Allemands ne s'arrêta qu'à trois
cents mètres de la frontière.
Ce dont on peut se souvenir avec émo-
tion, c'est dee tentatives faites par certains
pour n'avoir pas à profiter de la conven-
tion conclue par Clinchant avec le général
Herzog, c'est de l'héroïque folie de ces
brèves qui, après avoir enduré toutes les
souffrances, ayant le salut à leur portée,
le refusaient, s'obstinaient à rester en
France, à courir de nouveaux dangers, ne
pouvant se résigner à mettre bas les ar-
mes. On ne la connaît pas assez dans ses
détails, l'histoire admirable de ces intré-
Irides qui, dans l'espoir d'être utiles ail-
eurs, si la lotte continuait, dédaignèrent
le repos, la fin des épreuves, alors que la
fatalité semblait, pourtant, permettre la
soumission aux stipulations faites la
mort dans le cœur par leur général, et à
travers la montagne, ayant de la neige
jusqu'au ventre, tournèrent résolument
le dos à la Suisse, qui leur offrait son
asile. On sait les marches extraordinaires
de ces groupes d'hommes aventureux di-
rigés par les Bourras, les Goury, les
Pallu de la Barrière. Mais il y eui d'autres
dévouements analogues qui sont presque
ignorés. Il n'est guère rien de dramati-
que, pourtant, comme la tentative qu'a
racontée M. Henri Génevois, de cette cen-
taine de chasseurs à pieds, qui, eux non
plus, ne voulurent pas franchir la fron-
tière, et, après des fatigues inouïes, après
avoir gravi d'invraisemblables sentiers,
se trouvèrent bloqués par les neiges, mou-
rant de faim. Et, pourtant, non loin d'eux,
il y avait un village français, dont les ha-
bitants, par crainte des représailles prus-
siennes, eurent la cruauté de leur refuser
des vivres. L'ennemi, pour eux, bientôt,
ce n'était plus seulement l'allemand, c'é-
tait aussi le paysan, le paysan lâche,
tremblant pour son bien encore plus que
pour sa peau, capable de férocité.
A la conclusion de la paix, ce fut encore
le général Herzog qui eut à mener avec
les Allemands toutesles négociations pour
la sortie de Suisse des internés. L'officier
d'état-major chargé des communications
du maréchal de Manteuffel au général
Herzog se trouvait être, par un hasard
piquant, le descendant de Gessler, le bailli
de Waldstœtten, le tyran des Suisses, au
temps de Guillaume Tell, l'oppresseur
abhorré d'une haine légendaire dans les
vingt-deux cantons. Après cinq siècles
écoulés, on ne pouvait guère, d'ailleurs,
lui garder une rancune personnelle du
despotisme du lointain aïeul dont il portait
le nom.
En Suisse, on a pu regretter le général
Herzog, qui fut un des hommes dis-
tingués de son pays. Mais, chez les sur-
vivants de l'armée de l'Est, qui, mal-
gré tant de vaillance et de dévouement,
portèrent le poids des fautes de Bourbaki,
que de souvenirs a pu remuer ce nom
mêlé à notre histoire et évoquant pour
eux les heures sombres qui précédèrent
la convention du 1er février 1871 !
Paul Ginisty.
LA
COMPAGNIE TRANSATLANTIQUE
Les articles que le XIXe Siècte a consacrés
à la situation de la Compagnie transatlanti-
que nous ont valu un très grand nombre de
lettres.
On nous demande si la compagnie a répondu
quelque chose aux chiffres écrasants que nous
avons publiés.
Non, la compagnie n'a rien répondu. Qua
pourrait-elle répondre, puisque ces chiffres
ont été relevés dans ses propres bilans ?
Empressons-nous, d'ailleurs, de déclarer
— puisque l'occasion s'en présente — que si
le conseil d'administration trouvait quelque
erreur à relever dans nos articles, les colon*
nes du XIXe Siècle lui sont ouvertes.
Notre unique but est d'éclairer le public et
aussi les pouvoirs publics, desquels on sol-
licite de nouvelles concessions et de nouvelles
subventions.
Aussi toute communication pouvant contri-
buer à faire la lumière sera-t-elle pour nous
la bienvenue.
Demain nous publierons un cinquième ar-
ticle où l'on verra comment la Compagnie
transatlantique entend son métier.
L'EXPLOSION
DE LA RUE DES BONS-ENFANT»
La police croit être en ce moment sur let.
traces des auteurs de la terrible explosion d'
la rue des Bons-Enfants. Dans le cours de
l'instruction dirigée contre l'anarchiste Méri-
geaud que le tribunal correctionnel con-
amnait dernièrement à trois ans de prison,
M. Espinasse, juge d'instruction, croit avoin
trouvé les traces des dynamiteurs qui, en
1892, firent sauter le commissariat de la rue
des Bons-Enfants.
Des mandats d'amener ont été signés par lài
magistrat et la police va essayer de les exé-
cuter le plus rapidement possible.
Suppression des Jetons dans les Cercles
Nouvel émoi dans les cercles restés ouverts
Les comités viennent d'être avisés qu'ils
devaient, dans le délai de cinq jours, se con-
former à une ancienne circulaire qui date de
l'époque où M. Gragnon était préfet de police,
et qui interdit de se servir, pour jouer dans
les cercles, de jetons à la place d'or et de bil-
lets de banque.
Cette mesure rendra certainement l'étouf-
fage un peu moins facile, l'or et les billets
glissant moins facilement que l'os et la nacre
des jetons et des plaques, mais elle ne le sup.
primera pas. Pour supprimer « l'étouffage »
ou plutôt le vol par les croupiers, il faudrait
supprimer les croupiers eux-mêmes. Partout
où il y a un croupier il y a étouffage.
Le croupier est le principal collaborateur de
la fortune du tenancier. N'oublions pas qu'it
Luchon en une saison de quarante jours il a
été étouffé plus de 750,000 francs, qu'à Nice,
en une seule nuit — la nuit historique — l'é-
touffage aproduit450,000 francs; qu'au Casino
de la Villa-des-Fleurs d'Aix-les-Bains, sous
la direction de l'ancien croupier du Washing-
ton et de Biarritz, l'étouffage a atteint des pro-
portions formidables.
La suppression des jetons, d'autre part,
laisse le champ lif re à « la philosophie »; elle
ne gêne en rien « les travailleurs » ; elle
n'empêche ni « les séquences », ni « le mon-
tage de coups », ni le trichage au « tarot ».
La mesure qui, d'après certains de nos con-
frères, obligerait les cercles « ouverts » à se
transformer en cercles fermés ne serait pas
plus efficace. En apparence, les tenanciers de
l'Escrime, de la Presse, de l'Anglais, des Mé-
ridionaux, de Bellier, du Château-d'Eau se
soumettront à toutes les règles qu'il plaira à
M. Léoine de leur imposer, mais au fond, ils
n'en feront qu'à leur tête.
Nous ne voudrions pas décourager M. Lé -
,, é e de lui
pine, mais nous sommes bien obligés de lui
rappeler que les mesures qu'il prend aujour-
d'hui ont déjà été prises par d'autres préfets
de police, ses prédécesseurs, et n'ont produit
aucun résultat.
Si l'on veut que le iea et ses sous-produits :
l'usure, l'éto.. la philosophie, cessent
-
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A. -cr J C>UR..D':B:1:.:TI
LE X/Xe SltCLE
ommence la publication de
LA PETITE MUETTE
PAR
ALFRED SIRVEN & A. SIÉGEL
grand drame parisien spécialement écrit
pour le XIXe Siècle par ces deux maî-
tres du roman populaire qui ont signé,
entre autres succès : Sans feu ni lieu !
les Drames du Mont-de-Piété, Lise et
Lisa, etc.
LA PETITE MUETTE
est l'histoire d'une délicieuse enfant
que son infirmité rend encore plus in-
téressante, au milieu des aventures
étranges dont elle est l'héroïne.
C'est un récit captivant où se succè-
dent les émotions douces et terribles,
où l'attendrissement est mêlé à la ter-
reur.
LA PETITE MUETTE
est en même temps une étude aussi cu-
rieuse qu'exacte de plusieurs milieux
parisiens encore peu connus, ainsi que
la mise en scène et l'explication de cer-
tains drames de famille demeurés mys-
térieux et qui, dans ces dernières an-
nées, ont excité une curiosité passion-
née.
HOMB DEP AIX
Nous avons déjà signalé l'agitation
que divers membres de l'épiscopat et
non des moindres, puisque parmi eux
figurent les cardinaux archevêques de
Paris et de Toulouse et l'archevêque
de Lyon, s'efforcent de créer à propos
de la loi sur la comptabilité des fabri-
ques. A la liste des protestataires, fort
longue, un nom manquait jusqu'ici,
celui de M. Gouthe-Soulard, archevêque
d'Aix. Le silence de ce prélat était fort
surprenant, car il ne nous a pas habitués
à tant de respect pour la société civile.
C'était lui qui avait donné le signal
dans l'affaire des catéchismes électo-
raux et qui, à la suite de la déclaration
comme d'abus prononcée contre lui par
le conseil d'Etat avait adressé au mi-
nistre des cultes une lettre dont la vio-
lence lui valut un procès devant la cour
d'appel de Paris et une condamnation à
trois mille francs d'amende.
En même temps, il était frappé d'une
suspension de traitement qui n'a pas été
rapportée jusqu'ici. La semaine der-
nière encore, les journaux religieux
s'indignaient de la prolongation de cette
pénalité et ils sommaient le gouverne-
ment d'y mettre un terme. M. Gouthe-
Soulard a, sans doute, voulu montrer
qu'une mesure de clémence à son égard
s'imposait, et c'est pour le prouver qu'il
vient, à son tour, de donner son opi-
nion sur la législation fabricienne. Il
l'a fait avec la modération qui est dans
son tempérament; c'est dire que sa
lettre, dont Y Univers reconnaît que la
« forme est vive », dépasse en violence
toutes les protestations jusqu'ici con-
nues de l'épiscopat.
M. Gouthe - Soulard se proclame
« l'homme de la miséricorde, du par-
don, de la conciliation » ; belles paroles
dans la bouche d'un évêque et qui dé
finissent bien le caractère de la mis-
sion qu'il tient de son ministère sacer-
dotal. Mais quelle singulière façon il a
de la mettre en pratique. S'il porte une
crosse, il ne s'en sert guère que comme
d'un bâton, et de toutes les déclarations,
la plus inattendue, venant de lui, était
celle-ci : « J'aime la paix, je cherche la
paix, je suis prêt à lui faire tous les
sacrifices. » Or, cet homme de paix for-
mule ainsi son opinion sur la loi nou-
velle : « Cette loi, avec le décret tor-
tueux, ténébreux et insidieux, qui en
règle l'application, prend le troisième
rang dans la série des lois scélérates.
près l'école sans Dieu, après les sémi-
naristes à la caserne, c'est le sanctuaire
3t l'autel laïcisés ; c'est Dieu expulsé de
chez lui ; c'est le culte rendu impossi-
ble par la confiscation des revenus de
nos pauvres églises qui, pour la plupart,
vivent de misère. »
Laissons de côté les expressions cou-
rantes de « secte », de « satanique per-
sévérance» de « déchristianisation », le
développement ordinaire sur la franc-
maçonnerie qui est « l'agent accrédité
- de Satan sur la terre » et autres gentil-
lesses à, l'adresse des républicains et de
la société civile. Passons encore le Pa-
nama qu'on ne s'attendait guère à voir
en cette affaire. Ce sont fleurs de rhéto-
rique pour montrer l'amour de M. Gou-
the-Soulard pour la paix et la façon de
comprendre la conciliation.
L'essentiel de sa thèse est tout entier
dans cette assertion que la loi nouvelle
« expulse Dieu de chez lui », et aussi
dans ce passage :
« Je suis l'envoyé de Dieu et son
fondé de pouvoirs. Si son nom est ou-
tragé, si ses droits et ceux de l'Eglise
sont violés, si vous pervertissez les
âmes que je dois sauver, si l'autorité
des pères de famille est méconnue, si
vous forcez leurs enfants à recevoir un
enseignement que leur conscience ré-
prouve, si vous rendez mon adminis-
tration impossible par votre immixtion
illégale dans mon domaine, si vous dé-
truisez la foi dans mes paroisses par la
suppression des vocations ecclésiasti-
ques, si vous ruinez nos communautés
religieuses par des impôts vingt fois
inj ustes, si vous nous traitez comme
des étrangers chez nous ; alors, je me
souviendrai que je suis évêque, c'est-à-
dire gardien et surveillant de la vérité
et de la liberté, de tout ce qui est bien,
de tout ce qui est juste, de tout ce qui
est saint; je vous prêcherai bien haut
l'évangile qui condamme les ennemis
de Dieu et des hommes, les impies, les
méchants, et je dirai à tous les échos
du monde : « Vœ vobis hypocritœ,
malheur à vous, hypocrites ; episcopus
ego sum. »
Plus d'une fois nous avons montré
que la loi nouvelle n'était pas la loi de
tracasserie que l'on prétend. Avec la
législation précédente, les fabriques
avaient pris la douce habitude de consa-
crer leurs ressources à subventionner
des œuvres cléricales, à entretenir des
écoles congréganistes, sinon même à
intervenir dans la politique ; mais quand
il s'agissait des dépenses que la loi met
à leur charge, elles invoquaient l'insuf-
fisance de leurs ressources pour les
faire supporter par les communes, si
bien que le contribuable payait, indi-
rectement il est vrai, mais sûrement, les
frais de la guerre qué le parti clérical
fait à la société civile.
Pour continuer cette guerre et se
procurer le moyen de la faire, M.
Gouthe-Soulard et ses collègues de l'é-
piscopat invoquent les droits de Dieu
et leur qualité de fondés de pouvoirs
de la divinité, et l'archevêque d'Aix pré-
tend que la « secte » opprime trente-six
millions de catholiques. Pour les affran-
chir, il propose d'organiser un vaste
pétitionnement auquel prendraient part
tous les conseils cfë fabrique. Le droit
de pétition est en effet un de ceux que
la législation reconnaît à tout citoyen
français, et les évêques en ont plus
d'une fois usé. Qu'ils recommencent
s'ils le jugent utile. Mais nous nous
permettons de leur faire remarquer que
déjà ils ont voulu agiter le pays à pro-
pos de la loi scolaire et de la loi mili-
taire.
Dans toutes les élections, ils ont pré-
senté des candidats qui annonçaient
l'intention de demander l'abrogation de
ces lois, et chaque fois le pays a envoyé
en immense majorité dans les Cham-
bres ceux qui se déclaraient résolus à
faire prévaloir dans le gouvernement
les droits de la société civile. Qu'il se
soit agi du Sénat ou de la Chambre,
dans les élections générales comme dans
les élections partielles, la volonté du
pays s'est affirmée avec autant de net-
teté que de constance. Ceci a prouvé,
dans le passé, que si M. Gouthe-Sou-"
lard et ses collègues étaient les fondés
de pouvoirs de Dieu, ils n'étaient pas
ceux de trente-six millions de catholi-
ques au nom desquels ils ont la préten-
tion de parler et nous donne quelque
droit de penser que, dans l'avenir, les
trente-six millions de catholiques qu'ils
invoquent ne seront pas davantage dis-
posés à suivre leur avis ou à se faire
représenter par eux.
INTERPELLATION SOCIALISTE
M. Thierry-Cazes, député socialiste du Gers,
déposera jeudi une interpellation à la Cham-
bre, qu'il adresse au ministre de l'instruction
publique, sur le cas de M. Lebret, professeur
de philosophie au lycée d'Auch, qui a été dé-
placé pour avoir manifesté, en réunion publi-
que, ses opinions socialistes.
M. Thierry-Gazes se propose d'élargir le
débat et d'interpeller le gouvernement sur
son attitude vis-à-vis des membres de l'Uni-
versité.
M. Jaurès interviendra dans cette discus-
sion.
L'ELECTION SENATORIALE DE LA GUADELOUPE
Une dépêche de la Guadeloupe annonce que
M. Isaac, sénateur sortant, a été réélu dimanche
au premier tour de scrutin par 194 voix.
BAL FRANÇAIS A MOSCOU
Moscou, 5 février.
Le bal de la colonie française a obtenu un suc-
cès extraordinaire.
Les salles de l'assemblée de la noblesse étaient
richement décorées avec des inscriptions rappelant
les événements de Cronstadt et de Toulon.
Le grand-duc Serge a eompUnenté de Kerga-
radec, consul général de France. -
LE TESTAMENT DE VAILLANT
DERNIERS DÉSIRS
La garde de Sidonie. — Pour la science
et pour l'humanité. — Remer-
ciements à tous.
Avant de marcher à l'échafaud, Vaillant
avait recommandé de faire parvenir à leur
adresse deux ou trois lettres écrites il y a une
semaine. L'une est destinée à Mme Marchai,
l'autre à sa mère, la troisième est son testa-
ment. Ce testament est depuis hier soir en la
possession de Sébastien Faure, son ami. On
en a beaucoup parlé hier, sans le connaître ;
nous le publions à titre de document. On y
retrouvera la constante préoccupation de
Vaillant de jouer à l'homme de science.
En voici le texte :
Ceci est mon testament
Avant de payer de ma tête mon grand
amour pour 1 humanité, j'ai tenu à faire con-
naître mes derniers désirs, et, quoique cet
acte n'ait aucune valeur au point de vue légal
je prie mes parents et amis d'en prendre con-
sidération.
Je désire :
le Remettre entièrement mon enfant à mon
ami Sébastien Faure et que ce dernier soit
son tuteur. Je choisis S. Faure parce qu'il est
la personne en qui j'ai le plus de confiance
pour que ma fille soit élevée comme je l'au-
rais élevée moi-même, tant au point de vue
physique que moral ;
2° Quoi qu'il arrive, que ma fille ne soit re-
mise à aucun prix entre les mains de sa mère
(Virginie Viol), qui n'a aucun sentiment ma-
ternel et dont la vie qu'elle mène depuis trois
ans, en Amérique, ne peut en faire qu'un être
dégradé au - physique et surtout au moral.
Des certificats qui se sont trouvés et qui se
trouvent peut-être encore entre les mains de
M. Daumas, 679, calle Cangallo, à Buenos-
Ayres, certifieront de la véracité de ce que
j'avance;
3o Que mon enfant ne soit placée ni dans
ma famille ni dans celle de ma femme légi-
time; les [connaissant tous à fond, je consi-
dère qu'il leur est impossible d'élever mon
enfant selon mes désirs ;
40 Que ma mère fasse partie du conseil de
famille qui sera probablement nommé pour
s'occuper de mon enfant ;
50 Que Me Labori, mon défenseur, qui a pu
apprécier l'idée qui guide mes désirs, soit, si-
non du conseil de famille, tout au moins con-
seiller prés dudit conseil afin de l'éclairer
selon ce que je désire ;
60 Ayant toujours fait mon possible de
mon vivant pour rendre service à la science
en particulier et à l'humanité en général, que
ma mort en soit de même;
Que mon corps soit remis a la médecine le
plus vite possible après mon exécution afin
que l'on puisse y étudier à temps les phéno-
mènes semi-vitaux qui disparaissent aussitôt
après les désagrégations des molécules. e
Mes derniers désirs ainsi transcrits, je tiens
à déclarer encore une fois que je n'étais animé
d'aucune haine lorsque j'ai accompli l'atten-
tat à la Chambre des députés, car, considé-
rant que tout individu ne peut être que
comme le façonne le milieu où il se trouve,
que ce n'est pas aux hommes qu'il faut ïen
vouloir, mais à l'organisation de la société
qui rend certains hommes hostiles au déve-
loppement de l'espèce humaine, j'ai trouvé
nécessaire de frapper cet obstacle au bénéfice
de tous, faisant en cette occasion comme le
chirurgien qui ne craint pas d'amputer un
membre afin de sauver l'individu.
Je tiens en outre à remercier tous ceux
qui, n'ayant pas de fortune, ne se sont pas
moins empressés de vouloir se charger de
mon enfant et les prie de ne pas oublier leur
bonne volonté présente au cas où ma fille
chérie en aurait besoin dans l'avenir.
Fait à Paris (prison de la Roquette), le
29 janvier 1894.
AUGUSTE VAILLANT.
DOCUMENT SANS VALEUR
Vaillant constate que son testament « n'a
aucune valeur au point de vue légal ». En
effet, la loi du 31 mai 1853 qui abolissait la
mort civile l'a remplacée par des disposition s
entraînant, pour les condamnés à des peines
afflictives et infamantes perpétuelles, outre la
dégradation, civique, Vinterdiction légale.
L'interdiction légale est l'incapacité de
disposer par testament ou autrement et même
de recevoir. Elle entraîne, en outre, la dé-
chéance paternelle.
Cette interdiction date du jour du rejet du
pourvoi, et toute disposition testamentaire
antérieure tombe de même que toute disposi-
tion postérieure est nulle.
Aussi Vaillant savait-il bien que son testa-
ment ne pouvait être qu'un vœu exprimé.
ment ne pouvait être l ~on npa as envisagé,
ais, un point que l'on n'a pas envisagé,
c'est la situation du conseil de famille. Il est
probable que Mme Vaillant existe encore à
Buenos-Ayres. Or, elle fait partie de droit du
conseil de famille ; elle a même la puissance
paternelle, et si elle répond à l'appel légal
que l'on sera forcé de lui adresser, elle peut
se faire représenter au conseil de famille
et décider grâce à cette autorité pater-
nelle, quelles seront les personnes qui seront
à son défaut chargées d'élever la petite Si-
donte. -
LES PENSÉES DE RAVACHOI,
Ravachol n'avait pas fait de testament ;
mais on trouva dans sa cellule, jetées sur le
papier, quelques réflexions assez banales. Il
développait l'organisation d'une société com-
muniste-anarchiste et, au cours de son tra-
vail, des pensées de ce genre :
« Si la liberté illimitée existait en amour,
il y a des personnes qui croient que l'on ai-
merait moins les enfants, parce qu'on ne sau-
rait bien souvent qui en est le père. Qu'est-ce
que cela peut faire, pourvu que les enfants
reçoivent les soins qui leur sont dus par la
mère qui est sûre de reconnaître les siens?»
Et celle-ci:
« Le travail m'a toujours paru humiliant,
tant au point de vue moral qu'au point de
vue physique. Je m'y suis cependant sou-
mis. »
SÉBASTIEN FAURE
Voici l'opinion de l'exécuteur testamentaire
sur l'exécution de Vaillant et sur son testa-
ment :.
« J'ai assisté à l'exécution ce matin, dit l'a-
narchiste Faure. Jamais pareil recueillement,
jamais attitude plus respectueuse ne s'étaient
vus à la Roquette. On sentait qu'un martyr
allait mourir. Le testament de Vaillant est
plein de grandeur et d'abnégation. Après tout,
il vaut mieux et pour lui et pour nous qu'il
en soit ainsi.
» Le gracier, ce n'eût certes pas été la fin
des représailles, mais c'eût été un moyen de
gagner du temps. L'exécution, c'est la provo-
cation directe à la vengeance immédiate.
» J'adopterai Sidonie Vaillant. Je n'ai ni
intérieur, ni foyer ; je ne remplis donc pas les
conditions légales pour la conserver auprès
de moi, mais elle ira chez un de mes amis
qui veillera sur elle, et je subviendrai & ses
-' (,.
besoins, en attendant que toutes les disposi-
tions soient prises.
» A l'heure actuelle, Mme Marchai doit sa-
voir la nouvelle. Quant à Sidonie, elle ne la
connait pas encore.
» On a parlé d'ajourner l'exécution après
les jours gras. Je n'y ai pas cru un instant.
Ils n'ont pas eu cette pudeur ; on l'a assas-
siné entre deux bals de l'Opéra : pendant que
les bourgeois dansent, les anarchistes meu-
rent. »
— Nous étions nombreux, ce matin, là-bas.
mêlés aux -policiers et aux mouchards, nous
dit un compagnon. Il y en avait un au pre-
mier rang qui faisait semblant de dormir.
On lui tirait les poils du cou pour le ré-
veiller. Il ne regardait pas, mais il écoutait
ferme.
à Quand le fourgon est passé, nous nous
sommes découvert et nous avons crié : « Vive
l'humanité ! Salut, martyr ! »
» On a construit Notre-Dame non seulement
avec de la pierre, mais avec de la foi. On ne
la referait pas aujourd'hui, Eh bien, nous,
avec notre foi, nous ferons plus difficile que
construire Notre-Dame, nous démolirons au-
tre chose. »
A CHOISY-LE-ROI
Aussitôt après l'exécution de Vaillant,
Choisy-le-Roi, au domicile de Mme Marchai,
la compagne de Vaillant.
La malheureuse femme, qui est toujours
souffrante, avait passé avant-hier une bonne
journée. Elle espérait beaucoup de la clé-
mence du président de la République. « Au-
guste, disait-elle, ne sera pas exécuté, nous
sommes dans les jours gras, et mainte-
nant, il est trop tarde ; on l'enverra à Nou-
méa et je pourrai peut-être le revoir. »
Hier matin, des camelots qui vendaient la
deuxième édition faite par plusieurs jour-
naux envahissaient la localité, en criant la si-
nistre nouvelle.
Aussitôt qu'elle l'endendit, Mme Marchai
qui ne voulait pas encore croire à son mal-
heur envoya acheter un numéro du journal,
A peine l'avait-elle parcouru qu'elle tomba
évanouie, comme foudrovée.
La propriétaire de la maison qu'elle habite
s'empressa de lui prodiguer les premiers
soins. Un médecin de Choisy, le docteur Cha-
potie, prévenu aussitôt, s'est rendu auprès
de Mme Marchai et il a donné comme consi-
gne la plus sévère d'interdire toute visite à la
malheureuse f em me.
La petite Sidonie n'est pas à Choisy, elle
est à Saint-Maur chez des amis de M. Sébas-
tien Faure.
Mme Marchai a bien recommandé que l'on
n'apprenne pas à l'enfant la mort de son
père. -
Espérons, maintenant, qu'on fera le silence
sur cette malheureuse et qu'on ne parlera
plus de Vaillant. Le dernier mot a été dit hier
matin.
MORT D'UN SAVANT RUSSE
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Saint-Pétersbourg, 5 février.
Une illustration du monde savant vient de
mourir à Smyrne, à l'âge de 97 ans, M. Au-
guste Dementievitch-Jaba, ancien consul gé-
néral de Russie à Erzeroum, membre de 1 a-
cadémie des sciences de Paris et commandeur
de la Légion d'honneur.
Orientaliste et linguiste des plus distingués,
le défunt avait terminé à Paris ses études
spéciales, commencées à l'Université de Vilna,
en 1830, et continuées à l'Institut asiatique de
Saint-Pétersbourg.
Ses œuvres ont toutes été écrites en langue
française; les plus connues sont: un Diction-
naire hourde-français et un Recueil de no-
tices et récits hourdes servant à la connais-
sance de la langue, de la littérature, et des
tribus du Kourdistan.
VIOLENT INCIDENT
DANS UNE RÉUNION ÉLECTORALE
Hier soir a eu lieu dans le préau de l'école
de la rue Cadet une réunion organisée par le
comité qui patrone la candidature du ci-
toyen Benard, candidat républicain ouvrier.
Après des explications du citoyen Benard
qui a brièvement exposé son programme, les
auditeurs ont posé a (l'orateur diverses ques-
tions auxquelles celui-ci a répondu.
Après lui sont montés à la tribune de nom-
breux orateurs, candidats ou non, qui ont
entamé une discussion embrouillée et souvent
arrêtée par le tapage de l'assistance sur la
candidature Thivet-Rapide et sur la présence
des ralliés dans les assemblées. A ce moment,
M. Georges Berry fait son entrée escorté par
des amis parmi lesquels on reconnaît MM.
Thivet-Rapide et Ghmcholle, tous deux candi-
dats. Profitant d'une occasion qui lui est of-
ferte par une phrase d'un orateur, M. Georges
Berry se précipite à la tribune et commence
un long éloge du candidat Thivet-Rapide. A
ce moment, les interruptions et les cris redou-
blent. Un auditeur crie à l'orateur qui fait
remarquer que les républicains du quartier
ont voulu fermer la République aux ralliés :
« Vous en avez menti ! » a
— Vous êtes un misérable J riposte M. Geor-
ges Berry.
Alors une mêlée se produit; on sépare
l'orateur et son interrupteur qui se sont pré-
cipités l'un vers l'autre, et, après un moment
de tumulte indescriptible, la séance est re-
prise.
M. Thivet-Rapide a répondu aux attaques
dont il avait été l'objet, malgré le bruit qui se
faisait autour de lui.
La réunion a dû se terminer sans adoption
tordre du jour.
SUJET ANGLAIS
ET SOUVERAIN ALLEMAND
Berlin, 5 février.
Un incident a été soulevé aujourd'hui au
Reichstag au sujet du duc d'Edimbourg, le
fils de la reine Victoria, qui a été appelé,
comme on sait, au trône de Saxe-Cobourg et
Gotha, le 22 août dernier, par suite de la
mort de son oncle, le duc Ernest II.
Un député libéral-nationat, M. Friedberg,
a demandé comment le nouveau duc de Saxe-
Cobourg et Gotha pouvait concilier ses deux
titres de prince allemand et de sujet anglais.
Le chancelier de Caprivi lui a répondu que
la souveraineté exclut toute dépendance vis-
à-vis de l'étranger, que le duc Alfred a les de-
voirs et les droits d'un Allemand, que c'est à
lui de régler ses devoirs vis-à-vis d'autres
Etats de telle façon qu'ils ne soient pas en
conflit avec ses devoirs vis-à-vis de l'Allema.
gne, que l'immixtion enfin du gouverne-
ment allemand n'aurait aucun résultat pra-
tique, mais pourrait seulement empêcher la
liberté d'action du duc.
L'incident a été clos par une déclaration de
M. de Bonin, plénipotentiaire du duché de
Saxe-Cobourg et Gotha au conseil fédéral,
qui a affirmé, au nom du gouvernement de
ce duché, que le duc Alfred, en sa qualité de
aouverain allemand, n'est pas sujet de la
reine d'Angleterre et n'a, vis-à-vis de cet Etat,
aucune obligation qui soit incompatible avec
sa situation aetuelléw
CHRONIQUE
On parle ailleurs, longuement, dans ce
journal, de l'exécution de Vaillant. Elle a
causé une émotion considérable, à laquelle
se mêlait une surprise de la rupture d'une
tradition de pitié, semblant accorder quel-
que répit, pendant les jours de fête, aux
condamnés à mort. Simple chroniqueur,
voyant les choses d'une façon purement
philosophique, obstiné dans mes idées,
dussent-elles être qualifiées de sentimen-
tales, sur la monstruosité de la peine de
mort, qu'ajouterais-je? J'ai toujours tenu
que la clémence était la meilleure des po-
litiques, et je ne suis pas convaincu du
tout de la nécessité de la sanction qu'on a
donnée au verdict du jury. Je crois que
cette exécution, dont le récit bouleversera
peut-être des cerveaux exaltés, n'aura
comme résultat que de créer autour de
Vaillant une légende de martyr, faisant
de lui le « saint de l'anarchie ». Je crois
que la sinistre machine à couper les têtes,
opérant, comme honteusement, loin de la
foule, n'aura pas servi à un exemple re-
doutable,et que, aujourd'hui, l'apaisement
est encore un peu plus loin. J'ose encore
estimer que, quelles qu'aient été les in-
tentions du malheureux qu'on a livré au
bourreau, son crime, n'ayant pas causé
mort d'homme, n'appelait pas forcément
le châtiment suprême et que l'endroit où
on aurait dû le conduire aurait été plutôt
une maison d'aliénés que la Grande-Ro-
quette, antichambre de la guillotine.
Mais ce sont peut-être là, en ce moment,
des opinions très subversives. Et puis, il
faut bien, pourtant, revenir à d'autres
choses.
Il est, notamment, malaisé de rester
indifférent à la nouvelle qui nous a été
donnée de la mort du général Herzog.
Tant de souvenirs se réveillent, à ce nom 1
Un hasard singulier fait précisément que
le commandant de l'armée chargée, en 1871,
de veiller à la neutralité suisse s'en va,
alors que revient l'anniversaire de la con-
vention à laquelle il présida, cette conven-
tion qui fut le dernier moyen de salut de
l'armée de l'Est, abandonnée, épuisée,
démoralisée. Souvenez-vous de ce qu'a
écrit l'officier suisse qui était alors comme
le second du général Herzog, le major Da-
vam, racontant le douloureux passage de
nos troupes de la frontière helvétique, au
delà de laquelle ils allaient trouver un
refuge et un accueil cordial : « Une toux
sèche, stridente, incessante et vraiment
affreuse, se faisait entendre sur toute la
longueur des colonnes. Une odeur péné-
trante s'exhalait de ces poitrines exté-
nuées ; tout cela offrait un spectacle na-
vrant. »
Nous ne saurions oublier que le général
Herzog, sans omettre, avec cet esprit po-
sitif qui distingue nos bons voisins,aucun
des points sauvegardant les intérêts de
son pays, se conduisit alors en homme de
cœur, prodiguant avec courtoisie les égards
aux vaincus que nous étions, et qu'il fut
pour beaucoup dans l'impulsion du grand
mouvement charitable qui se produisit en
Suisse pour nos soldats. Ceux-ci, d'ail-
leurs, surent se montrer dignes de l'hos-
pitalité qu'ils recevaient. J'ai eu sous les
yeux un intéressant rapport — combien
poignant pour nous t — rédigé par les au-
torités fédérales : il atteste que, sur ce
nombre énorme de 88,381 soldats internés,
cent cinquante seulement durent être pu-
nis pour des fautes d'insubordination ou
d'inconduite, par un emprisonnement au
fort de Luzimsterg. Mais, malgré des soins
bienveillants, combien de malheureux,
minés par la maladie, ne devaient jamais
rentrer en France ! Il n'y a guère un vil-
lage de Suisse où des tombes françaises
ne rappellent cette affreuse période.
Par qui furent tirés les derniers coups
de fusil de la guerre. La question a sou-
vent été agitée. - Il est vraisemblable que
ce fut le matin du 2 février, par un
groupe de soldats d'administration, com-
mandés par l'intendant de la 3e division
du 24e corps, M. de Belleval. L'armée
française par différents passages était en-
trée en Suisse. L'intendant de Belleval
dirigeait un convoi de vivres qui, comme
presque toujours, hélas ! à ce moment,
était arrivé trop tard. Faisant ranger ses
voitures pour laisser la route libre, il
avait distribué des provisions aux trop
nombreux groupes de soldats débandés,
séparés par leur faute ou non de leurs ré-
giments, et qui venaient de Ferrières. Le
chemin cessa enfin d'être encombré, per-
sonne ne se montra plus, et l'intendant
donna le signal du départ après avoir
congédié et payé les paysans qu'il avait
engagés, pour la plupart, comme conduc-
teurs. Le convoi se mettait en mouve-
ment, quand des éclaireurs allemands dé-
bouchèrent brusquement. Les soldats
d'administration qui avaient déjà déposé
leurs armes dans une voiture, pensant
croire que tout était bien fini les reprirent
en hâte, et une fusillade commença. Quel-
ques troupiers qui étaient loin en avant re-
vinrent sur leurs pas, courageusement,
saisirent, eux aussi, des fusils et firent le
coup de feu, cependant qu'on activait
l'allure des chevaux qui traînaient les
lourdes voitures que, par un point d'hon-
neur, on voulait sauver. Cette fusillade se
continua en vue des troupes suisses mas-
sées sur la frontière, et qui applaudis-
saient à cette suprême résistance, et ce
fut en se battant encore que, à midi, on
atteignit le territoire neutre. La poursuite
des Allemands ne s'arrêta qu'à trois
cents mètres de la frontière.
Ce dont on peut se souvenir avec émo-
tion, c'est dee tentatives faites par certains
pour n'avoir pas à profiter de la conven-
tion conclue par Clinchant avec le général
Herzog, c'est de l'héroïque folie de ces
brèves qui, après avoir enduré toutes les
souffrances, ayant le salut à leur portée,
le refusaient, s'obstinaient à rester en
France, à courir de nouveaux dangers, ne
pouvant se résigner à mettre bas les ar-
mes. On ne la connaît pas assez dans ses
détails, l'histoire admirable de ces intré-
Irides qui, dans l'espoir d'être utiles ail-
eurs, si la lotte continuait, dédaignèrent
le repos, la fin des épreuves, alors que la
fatalité semblait, pourtant, permettre la
soumission aux stipulations faites la
mort dans le cœur par leur général, et à
travers la montagne, ayant de la neige
jusqu'au ventre, tournèrent résolument
le dos à la Suisse, qui leur offrait son
asile. On sait les marches extraordinaires
de ces groupes d'hommes aventureux di-
rigés par les Bourras, les Goury, les
Pallu de la Barrière. Mais il y eui d'autres
dévouements analogues qui sont presque
ignorés. Il n'est guère rien de dramati-
que, pourtant, comme la tentative qu'a
racontée M. Henri Génevois, de cette cen-
taine de chasseurs à pieds, qui, eux non
plus, ne voulurent pas franchir la fron-
tière, et, après des fatigues inouïes, après
avoir gravi d'invraisemblables sentiers,
se trouvèrent bloqués par les neiges, mou-
rant de faim. Et, pourtant, non loin d'eux,
il y avait un village français, dont les ha-
bitants, par crainte des représailles prus-
siennes, eurent la cruauté de leur refuser
des vivres. L'ennemi, pour eux, bientôt,
ce n'était plus seulement l'allemand, c'é-
tait aussi le paysan, le paysan lâche,
tremblant pour son bien encore plus que
pour sa peau, capable de férocité.
A la conclusion de la paix, ce fut encore
le général Herzog qui eut à mener avec
les Allemands toutesles négociations pour
la sortie de Suisse des internés. L'officier
d'état-major chargé des communications
du maréchal de Manteuffel au général
Herzog se trouvait être, par un hasard
piquant, le descendant de Gessler, le bailli
de Waldstœtten, le tyran des Suisses, au
temps de Guillaume Tell, l'oppresseur
abhorré d'une haine légendaire dans les
vingt-deux cantons. Après cinq siècles
écoulés, on ne pouvait guère, d'ailleurs,
lui garder une rancune personnelle du
despotisme du lointain aïeul dont il portait
le nom.
En Suisse, on a pu regretter le général
Herzog, qui fut un des hommes dis-
tingués de son pays. Mais, chez les sur-
vivants de l'armée de l'Est, qui, mal-
gré tant de vaillance et de dévouement,
portèrent le poids des fautes de Bourbaki,
que de souvenirs a pu remuer ce nom
mêlé à notre histoire et évoquant pour
eux les heures sombres qui précédèrent
la convention du 1er février 1871 !
Paul Ginisty.
LA
COMPAGNIE TRANSATLANTIQUE
Les articles que le XIXe Siècte a consacrés
à la situation de la Compagnie transatlanti-
que nous ont valu un très grand nombre de
lettres.
On nous demande si la compagnie a répondu
quelque chose aux chiffres écrasants que nous
avons publiés.
Non, la compagnie n'a rien répondu. Qua
pourrait-elle répondre, puisque ces chiffres
ont été relevés dans ses propres bilans ?
Empressons-nous, d'ailleurs, de déclarer
— puisque l'occasion s'en présente — que si
le conseil d'administration trouvait quelque
erreur à relever dans nos articles, les colon*
nes du XIXe Siècle lui sont ouvertes.
Notre unique but est d'éclairer le public et
aussi les pouvoirs publics, desquels on sol-
licite de nouvelles concessions et de nouvelles
subventions.
Aussi toute communication pouvant contri-
buer à faire la lumière sera-t-elle pour nous
la bienvenue.
Demain nous publierons un cinquième ar-
ticle où l'on verra comment la Compagnie
transatlantique entend son métier.
L'EXPLOSION
DE LA RUE DES BONS-ENFANT»
La police croit être en ce moment sur let.
traces des auteurs de la terrible explosion d'
la rue des Bons-Enfants. Dans le cours de
l'instruction dirigée contre l'anarchiste Méri-
geaud que le tribunal correctionnel con-
amnait dernièrement à trois ans de prison,
M. Espinasse, juge d'instruction, croit avoin
trouvé les traces des dynamiteurs qui, en
1892, firent sauter le commissariat de la rue
des Bons-Enfants.
Des mandats d'amener ont été signés par lài
magistrat et la police va essayer de les exé-
cuter le plus rapidement possible.
Suppression des Jetons dans les Cercles
Nouvel émoi dans les cercles restés ouverts
Les comités viennent d'être avisés qu'ils
devaient, dans le délai de cinq jours, se con-
former à une ancienne circulaire qui date de
l'époque où M. Gragnon était préfet de police,
et qui interdit de se servir, pour jouer dans
les cercles, de jetons à la place d'or et de bil-
lets de banque.
Cette mesure rendra certainement l'étouf-
fage un peu moins facile, l'or et les billets
glissant moins facilement que l'os et la nacre
des jetons et des plaques, mais elle ne le sup.
primera pas. Pour supprimer « l'étouffage »
ou plutôt le vol par les croupiers, il faudrait
supprimer les croupiers eux-mêmes. Partout
où il y a un croupier il y a étouffage.
Le croupier est le principal collaborateur de
la fortune du tenancier. N'oublions pas qu'it
Luchon en une saison de quarante jours il a
été étouffé plus de 750,000 francs, qu'à Nice,
en une seule nuit — la nuit historique — l'é-
touffage aproduit450,000 francs; qu'au Casino
de la Villa-des-Fleurs d'Aix-les-Bains, sous
la direction de l'ancien croupier du Washing-
ton et de Biarritz, l'étouffage a atteint des pro-
portions formidables.
La suppression des jetons, d'autre part,
laisse le champ lif re à « la philosophie »; elle
ne gêne en rien « les travailleurs » ; elle
n'empêche ni « les séquences », ni « le mon-
tage de coups », ni le trichage au « tarot ».
La mesure qui, d'après certains de nos con-
frères, obligerait les cercles « ouverts » à se
transformer en cercles fermés ne serait pas
plus efficace. En apparence, les tenanciers de
l'Escrime, de la Presse, de l'Anglais, des Mé-
ridionaux, de Bellier, du Château-d'Eau se
soumettront à toutes les règles qu'il plaira à
M. Léoine de leur imposer, mais au fond, ils
n'en feront qu'à leur tête.
Nous ne voudrions pas décourager M. Lé -
,, é e de lui
pine, mais nous sommes bien obligés de lui
rappeler que les mesures qu'il prend aujour-
d'hui ont déjà été prises par d'autres préfets
de police, ses prédécesseurs, et n'ont produit
aucun résultat.
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