Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1894-01-27
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Description : 27 janvier 1894 27 janvier 1894
Description : 1894/01/27 (A24,N8048). 1894/01/27 (A24,N8048).
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 29/04/2013
VINGT-QUATRIEME ANNÉE, r-N* ^48 LE ITOMÉRO^ SAMEDI 27 JANVIER 1891
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FRAIS DE JUSTICE
Il y a un certain nombre d'années que
le projet de réforme du Code d'instruc-
tion criminelle, adoptéjadispar le Sénat,
fait antichambre au Palais-Bourbon, et
régulièrement aussi nous voyons re-
venir au début de chaque législature le
projet concernant l'extension de la com-
pétence des juges de paix. Pour ces
grosses réformes, le temps manque tou-
jours, et si l'on a pu, durant la dernière
# législature, apporter quelques modifica-
tions aux frais de justice, ç'a été grâce
à la ténacité de M. Henri Brisson d'une
part et aussi, il faut l'ajouter, à la très
modeste importance de la réforme.
Une autre réforme est également en
préparation depuis longtemps, celle du
Code de procédure civile. Une commis-
sion extraparlementaire a été nommée.
Elle se réunit parfois, mais son travail
avance avec une lenteur extrêmement
sage. MM. Dupuy-Dutemps, Brisson et
Pourquery de Boisserin ont voulu la
devancer et ils viennent de saisir la
Chambre d'une proposition de loi por-
tant à la foi revision du Code de procé-
dure civile et du tarif des dépens.
C'est une œuvre d'ensemble, et nous
ne songeons assurément pas à la con-
denser dans les limites d'un article.
Elle porte sur la division des tribu-
naux et leur compétence, et, par consé-
quent, elle aborde la question de l'ex-
tension des pouvoirs des juges de paix.
Ce serait, en effet, une amélioration
importante de donner à cette juridic-
tion la connaissance de beaucoup d'af-
faires qui relèvent actuellement du tri-
bunal de première instance. On les ré-
glerait à moins de frais et avec plus de
rapidité, et ce serait en outre un ache-
minement vers une autre réforme que
l'on hésite toujours à réaliser et à la-
quelle le scrutin d'arrondissement n'est
guère propice : la diminution du nom-
bre des tribunaux de première ins
tance.
En rapprochant la justice du justicia-
ble pour les affaires les plus courantes,
ce serait une grande commodité que
l'on donnerait à ceux qui ont des diffi-
cultés à résoudre, et, les affaires relati-
vement importantes restant seules sou-
mises aux tribunaux, il n'y aurait plus
l'inconvénient à les éloigner du plai-
deur.
Cela se pourrait d'autant plus que,
pour l'organisation judiciaire comme
pour l'organisation administrative, les
divisions établies à l'époque impériale ne
correspondent plus aux nécessités actuel-
les. Il est ordinairement moins difficile
et moins long de se rendre au chef-lieu
du département qu'il ne l'était alors
d'aller d'un point à un autre de l'arron-
dissement. La poste, le télégraphe, le
téléphone, qui se généralisent chaque
jour, donnent des facilités de commu-
nication dont nos grands-pères ne dis-
posaient pas.
Dans tous les cas, une simple lettre
recommandée pourrait remplacer cer-
tains actes de procédure tels que les ci-
tations ou assignations, et en prenant
soin de les recommander, on aurait cette
garantie, que les huissiers ne donnent
pas. que l'acte serait parvenu au desti-
nataire en mains propres, puisqu'il de-
vrait signer le carnet du facteur.
Si la proposition de MM. Dupuy-Du-
temps et Brisson ne va pas jusqu'à cette
réforme très radicale, elle constitue ce
pendant, au point de vue des frais de
justice, une amélioration notable, en
s'inspirant de la pensée qui a présidé à
la première réforme des frais par la
dernière législature. Elle tend à rendre
ces frais proportionnels aux intérêts
mis en jeu et à appliquer cette même
proportiunnalité aux honoraires des of-
ticiers ministériels.
Les auteurs de la proposition recon-
naissent qll .r'eùr « élan réformateur »
a été arrêté dans une certaine me-
sure. En entt. pour arriver à une sim-
plification réelle de la procédure, il au-
rait fallu supprimer en matière civile,
ainsi qu'on l'a fait en matière commer-
ciale, l'intermédiaire obligatoire des
avoués. Mais cette réforme rencontre
une bien grosse difficulté, celle du rem-
boursement du prix des charges. Il
faudrait procéder à de véritables expro-
priations et, par conséquent, demander
au budget un sacrifice important. L'état
de nob finances ne nous permet-guère,
en Ce moment, de songer à de telles
dépenses, et la proposition laisse sub-
sister l'obligation de la constitution
d'avoué. Elle ne borne à diminuer le
nombre et l'importance des actes de
leur ministère.
MM. Dupuy-Dutemps et Brisson ont
sagement fait, semble-t-il, de s'en tenir,
dans leur projet de réforme, à ce qui
peut être réalisé sans sacrifice budgé-
taire, car ils ont donné ainsi à leurpro-
position plus de chances de réussir. On
ne manquera déjà pas de leur dire que
toutes ces simplifications opérées dans
la procédure diminuent les recettes de
l'Etat et que même la proportionnalité
qu'ils établissent entre l'importance des
affaires et celle des frais ne donne pas
au Trésor une garantie complète contre
la diminution des droits de timbre et
d'enregistrement. Il faut espérer cepen-
dant qu'il leur sera tenu compte du
désir qu'ils manifestent de rester dans
les limites des réformes pratiques qui
n'engagent aucune question de principe,
et que leur proposition n'ira pas sim-
plement s'enfouir au fond de quelque
carton.
LA JUSTICE DES ARBITRES
Il s'est produit mardi dernier, à l'audience
de la 2e chambre de la Cour présidée par M.
Bloch, un incident intéressant à noter.
Un figent d'affaires nommé Amadieu fait
à une société anonyme un procès — comment
faut-il dire ? — un procès d'agent d'affaires.
Il s'est procuré tout exprès, pour faire ce pro-
cès, trois actions de ladite société — trois
actions sur 2,000 — et il demande la disso-
lution. t 1
Le tribunal de commerce l'a déclaré rece-
vable dans sa demande et a nommé un ex-
pert, M. Paul Bernard, pour examiner la
situation.
La société attaquée a fait appel de ce juge-
ment, soutenant que l'agent d'affaires Ama-
dieu était lié par les décisions de diverses
assemblées générales auxquelles il avait as-
sisté et que, en conséquence, il n'était pas
recevable dans sa demande.
Au cours de sa solide et brillante plaidoi-
rie pour la société défenderesse, Me Martini,
ancien bâtonnier, a appelé l'attention des
conseiIJers sur un fait vraiment bizarre et
qui, s'il se produit fréquemment, n'aurait
rien dQ rassurant pour les justiciables :
« M. Amadieu, a-t-il dit, agent d'affaires, a
son cabinet, 85, rue de Rivoli. Il est l'associé
de M. Pierre Bernard, au nom duquel se
trouve le bail de l'appartement. Or, M. Pierre
Bernard, associé de M. Amadieu pour la ges-
tion du cabinet d'affaires de la rue de Rivoli
est le frère de M. Paul Bernard, arbitre, le-
quel habite rue Jacob, no 3. Quand on de-
mande au concierge de la rue Jacob M. Pierre
Bernard, le concierge vous répond : Ce n'est
pas ici M. Pierre Bernard, c'est M. Paul;
mais vous pouvez monter : M. Pierre ou M.
Paul c'est la même chose.
» Même réponseest faite par le concierge de
la rue de Rivoli quand vous demandez M.
Paul Bernard.
» Nous donner M. Paul Bernard comme ex-
pert, c'est comme si on nous donnait M.
Amadieu 1
» Et voilà, a ajouté Me Martini, voilà la
justice des arbitres 1 »
La seule chose que Me Loustauneau, qui
plaidait pour l'agent d'affaires Amadieu,
ait trouvé à répondre, c'est que son client
ignorait les liens de parenté qui unissent les
deux Gaspard — pardon! les deux Bernard.
Comme c'est vraisemblable !
ET LES ÉLECTIONS MUNICIPALES*
Le bruit avait couru que les électeurs des
quartiers de Paris dépourvus de conseillers
municipaux, seraient convoqués le 28janvier.
On a dit ensuite que cette convocation était re-
portée au 11 février, pour les ballottages
avoir lieu le 18 février. Cette information ne
s'est pas vérifiée, et la date des élections mu-
nicipales complémentaires n'est pas encore
fixée.
Le cabinet du préfet de la Seine est assailli
de questions par les nombreux candidats qui
s'apprêtent à briguer la succession de MM.
Albert Pétrot,Charles Laurent,Vaillant,Roua-
net, Prudent-Dervillers, Chauvière, et ils se
plaignent amèrement — ainsi que les comités
électoraux — d'être tenus dans Tincertitude
par M. Poubelle.
A quand ces élections mnnicipales tant dif-
férées ?
CE QUI RESTE DE LA MISSION D'UZÈS
(PAR LETTRE DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Loango, 23 décembre 1893.
\.L. Juchereau, le même chef de poste qui,
en 1891, monta dans la haute Sangha par
l'Ogoué, ramènera à Oran par le prochain pa-
quebot Fraissinet vingt-deux Arabes, débris
de cette malheureuse mission d'Uzès dont le
chef eut une si triste fin. Parti le 20 juillet der-
nier de son poste des Abiras, pour arriver
sept jours après à Banghi, M. Juchereau n'est
parvenu à Loango qu'au commencement de
décembre.
Il ne reste plus là-haut de cette mission
que deux Arabes que MM. les Belges ont fait
prisonniers au mépris de tous droits. Vous sa-
vez que MM. de Brazza a refusé de les re-
prendre tant que les graves difficultés ac-
tuelles ne seront pas réglées de la bonne
façon.
Après quelques jours de maladie pendant
lesquels on a désespéré de sa vie, le commis-
saire général qui se trouvait à Brazzaville,
s'est vite remis et est reparti vers la Sangha.
On dit qu'il se propose de rentier en Europe
dans quelques mois.
Arrivé ici, le 20, le Cacango, petit aviso por-
tugais qui amenait les deux commissaires de
la délimitation franco-portugaise faire visite
à l'administrateur de Loango.
L'INTERPELLATION SUR LA MARINE
La demande d'interpellation de M. Lockroy
sur les affaires de la marine a été déposée
hier à la Chambre.
D'accord avec le président du conseil, elle
sera discutée à la séance de mardi prochain.
Hier, au conseil de cabinet, les ministres ont
examiné l'attitude à prendre dans ce débat
qui s'annonce comme devant prendre de
grosses proportions; cette discussion se pour-
suivra samedi et mardi prochains.
D'autre part on est convaincu qu'une séance
ne sera pas suffisante pour traiter à fond tous
les incidents mis au jour dans ces derniers
temps, et que les discours des orateurs qui se
feront inscrire occuperont au moins deux
séances, si ce n'est trois.
Parmi les députés qui ont déjà manifesté
l'intention d'intervenir, citons MM. Henri
Brisson, Gerville-Réache, Cavaignac, Abel,
Camille Pelletan, l'amiral Vallon, Quieyase,
etc., etc.
L'ELECTION DE L'AUDE
RAPPORT DE M. LECOMTE
Rapport contre rapport. - Discussions
sur des chiSres.— Un débat intéressant
L'élection sénatoriale de l'Aude nous ré-
serve encore plus d'une surprise.
On se souvient que le rapport de M. Gué-
rin, concluant à la validité du 2e tour et par
suite à l'élection de M. Mir, avait été adopté
presque à l'unanimité par le 3e bureau char-
gé d'examiner cette élection.
Mais quelques sénateurs, membres de la
gauche démocratique, ayant pu avoir con-
naissance du rapport de M. Guérin, qui n'a-
vait été distribué qu'aux seuls membres du
3e bureau, furent frappés de la partialité avec
laquelle il semblait rédigé et saisirent de leurs
observations leur groupe qui chargea alors
M. Maxime Lecomte, sénateur du Nord, de
préparer une note consultative sur l'élection
de l'Aude.
Après examen et discussion, le groupe
adopta, à l'unanimité, la teneur de ce docu-
ment dont les conclusions seront discutées
aujourdhui au Sénat.
M. Maxime Lecomte s'est avisé de recher-
cher les arrêtés du conseil d'Etat sur lesquels
M. Guérin avait étayé sa thèse et en a tiré des
conclusions diamétralement opposées à celles
du rapporteur.
DÉTAIL DES FAITS
Tout d'abord le sénateur du Nord formule
un principe de droit exprimé à plusieurs re-
prises dans les traités de droit parlementaire :
« Cest qu'il faut pour qu'il y aii élection au pre-
mier tour (ou même au second tour pour les élec-
tions sénatoriales) qu'aucun doute ne puisse naître
sur l'existence de la majorité absolue au profit
d'un de ses candidats. »
Après avoir constaté que ce n'est pas ici le
cas, M. M. Lecomte entre dans le détail des
faits :
Lors du scrutin du 7 janvier à Carcassonne, le
comptage des bulletins a donné liu à réclamation
presque séance tenante; on a procédé à une vérifi-
cation et il a été en définitive trouvé 750 bulle-
tins au lieu de 746 donnés au début.
Dans la deuxième section on trouve un bulletin
en plus des émargements. Il faut le retrancher
du chiffre de 750 qui reste à 749.
De ce nouveau chiffre il faut retrancher 3 bulle-
tins blancs. Il reste 746 suffrages exprimés. La
majorité absolue est 373 plus une: 374.
Le résultat du dépouillement, d'après le procès-
verbal et d'après le rapport, a été le suivant :
MM. Mir. 374
Ri vals. 370
Divers. 3
Total. 747
M. Mir serait élu comme ayant obtenu précisé-
ment le chiffre de la majorité absolue, s'il ne fal-
lait pas lui enlever la voix- qui se trouve en sus
des émargements.
Ce point n'est pas douteux. La pratique est
constante, ainsi que la jurisprudence du conseil
d'Etat.
Le rapport maintient, nous ne savons pourquoi,
le chiffre du comptage du début.
ARRÊTS DU CONSEIL D'ÉTAT
Mais, demande M. Maxime Lecomte, où est
le texte de loi qui défend de recompter et de
vérifier. C'est un postulatum qu'il est diffi-
cile de concéder.
Le rapporteur invoque la jurisprudence du
conseil d'Etat. Mais a-t-elle jamais dit que le
comptage ne pouvait être recommencé et con-
trôlé? Elle dit précisément le contraire.
Et d'un arrêté du conseil d'Etat de 1882
(élection de Montpezat), M. Lecomte tire la
conclusion, implicite il est vrai, mais cer-
taine, que la vérification peut être établie. Ce
point vidé, M. Maxime Lecomte arrive aux
calculs de M. Guérin :
Le rapporteur, dit-il, du chiffre de comptage du
début déduit les 3 bulletins blancs : restent 743
bulletins. La majorité absolue est 372. M. Mir
ayant obtenu 374 voix a obtenu deux voix de plus
que la majorité absolue. net*. ,
Examinons ce système. -
M. Mir a obtenu 374 voix ; M. Rivais, 370 ; di-
vers, 3.
Le rapport dit que le chiffre de 374 est immua-
ble, qu'il ne doit subir aucun retranchement. Il
en résulte qu'il faut retrancher au candidat moins
favorisé, M. Rivais, ou supprimer l'un des divers,
favorisé, 374 plus 370 plus 6 font 747 et qu'il ne faut
puisque 374 plus 370 plus a font 747 et qu'il ne faut
pas sortir du chiffre 746.
Où le rapporteur a-t-il puisé cette formule ? Où
en a-t-il trouvé la nécessité de faire cornitance de
ces deux conditions ?
Ce n'est certainement pas dans les arrêts
du conseil d'Etat indiqués dans son rapport,,
puisque, dit M. Maxime Lecomte, d'après ces
mêmes arrêts, lorsque les bulletins attribués
sont plus nombreux que les bulletins trouvés
dans l'urne, il faut retrancher la différence
tant du nombre des suffrages exprimés que
du nombre de voix obtenu par le candidat le
plus favorisé.
Le vice du système du rapport est de faire
une seule opération de retranchement, lors-
que cette opération doit nécessairement en-
traîner la seconde opération d'un retranche-
ment égal.
Et à l'appui de sa thèse, M. Lecomte repro-
duit intégralement un arrêt du conseil d'Etat
visant une élection à Cette en 1882, qui est
lui-même indiqué par M. Guérin pour les be-
soins de sa cause.
Aux termes de cet arrêt, il faudrait, dans
l'élection sénatoriale de l'Aude, retrancher
quatre voix des suffrages exprimés puisqu'il
y a quatre comme différence entre le chiffre
des bulletins trouvés dans l'urne (743 et 3
bulletins blancs) et le chiffre des bulletins at-
tribués (747).
M. Mir qui a 374 voix doit subir le même re-
tranchement. Il lui reste 376 voix quand la majorité
absolue est dans ce système 372.
En résumé, si l'on prend le comptage vérifié,
contrôlé, M. Mir a une voix de moins que la ma-
jorité absolue.
Si l'on prend le premier comptage, celui de M.
le rapporteur et si l'on opère le retranchement in-
dispensable, il a deux voix de moins que la majo-
rité absolue. Le système du rapport est défavora-
ble à M. Mir.
Quelle serait la raison d'être de la double condi-
tion imposée par le rapport ? Nous la cherchons
vainement. La raison veut que le doute tourne con-
tre celui qui prétend avoir obtenu la majorité abso-
lue. Les suffrages exprimés sont au nombre de
743 (chiffre de rapport).
D'autres noms.ont réuni 373 suffrages, il ne reste
donc que 370 suffrages à attribuer au candidat le
plus favorisé, et il lui faudrait 372 suffrages dans
le système du rapport, pour conserver la majorité
absolue.
DOS A DOS
Voici la conclusion du travail de M. Maxime
Lecomte qui a été, comme nous l'avons dit,
approuvé par la gauche démocratique tout
entière :
M. Mir n'a pas obtenu la majorité absolue au
second tour de scrutin ; il y avait lieu de procéder
à un troisième tour et c'est à bon droit que le bu-
reau électoral de l'Aude a proclamé la nécessité
d'un troisième tour de scrutin.
M. Maxime Lecomte a été chargé par le
groupe de combattre à la tribune les conclu-
sions de M. Guérin.
M, Rivais se propose également d'interve-
nir, ce qui présage, en dehors même des in.
cidents qui pourraient être soulevés, un débat
intéressant. -
Il est probable que le Sénat, renverra les
parties dos à dos, et qu'en fin de compte les
délégués de l'Aude auront à se pronnoncer
dans une nouvelle élection.
■ LA RÉCONCILIATIOI t'op
DE GUILLAUME ET DE BISMARCK
Berlin, 25 janvier.
Le prince de Bismarck arrivera demain à
Berlin, à une heure de l'après-midi.
Tous les efforts qu'on a faits pour le retenir
au-delà de demain soir ont échoué. Le prince
a prié l'empereur de lui permettre, en consi-
dération de son état de santé, de rentrer aus-
sitôt après sa visite.
Le prince arrivera à une heure de l'après-
midi; une grande réception aura lieu à la
gare.
Il sera reçu par le prince Henri, le gouver-
neur et le commandant de place de Berlin.Le
cortège passera par la porte de Brandebourg
et les « Linden » pour se rendre au Château,
où le prince déjeunera avec l'empereur et son
entourage immédiat.
On croit que le roi de Saxe saluera le
prince.
L'ex-chancelier repartira le soir à sept heu-
res et quart.
Le Moniteur de l'Empire se dit autorisé à
affirmer que l'envoi du comte de Moltke à
Friedrichsruhe est dû uniquement à l'initia-
tive de l'empereur lui-même, et que même
dans les cercles du gouvernement personne
ne connaissait la noble décision du souve-
rain.
Toutes les informations contraires, ajoute
ce journal, sont des inventions échafaudées
uniquement sur des combinaisons politiques
absolument arbitraires.
Tous les journaux continuent, comme de
Juste à s'occuper de la réconciliation de Guil-
laume et de l'ex-chancelier. <
La Post dit que la journée de demain sera
une date historique pour l'Allemagne. La pos-
térité rendra hommage à la généreuse initia-
tive du souverain.
Le Tageblatt lance la novelle que le comte
Herbert de Bismarck serait nommé ambassa-
deur à Vienne.
LA SITUATION EN ITALIE
- Rome, 25 janvier.
Les ministres se sont réunis aujourd'hui en
conseil chez M. Crispi pour entendre l'exposé
financier de M. Sonnino, contenant lénu-
mération des économies et des nouveaux im-
pôts.
Des désordres se sont produits à Pavie et à
Naples.
A Pavie, les étudiants, mécontents du re-
fus d'une session extraordinaire d'examens,
ont brisé les vitres de l'Université à coups de
boules de neige ; puis ils ont défoncé la porte
de la grande salle.
A Naples, les étudiants se sont livrés éga-
lement à de violentes manifestations à la suite
de la limitation des inscriptions aux cours.
Le recteur de Naples et celui de Pavie ont
prescrit la fermeture de l'Université.
SUICIDE D'UN DÉPUTE AUTRICHIEN
Vienne, 25 janvier.
M. Jaques, député au Parlement autrichien,) est
brûlé la cervelle cette après-midi.
LA FRANCE A TOMBOUCTOU
LA FRANCE A TOMBOUCTOU
Le gouverneur du Soudan vient de trans-
mettre à M. Maurice Lebon, sous-secrétaire
d'Etat aux colonies, la dépêche suivante du
colonel Bonnier :
« Ayant appris la situation critique dans
laquelle se trouvait à Kabaza la flottille du
Niger, je me suis, en toute hâte, dirigé sur
Tombouctonoù je suis arrivé le 10. Mes crain-
tes, malheureusement, n'étaient que trop jus-
tifiées. En effet, à la date du 28 décembre, un
détachement de la flottille, presque exclusi-
vement composé d'indigènes, a été attaqué
dans la plaine de Kabaza par les Touareg et
détruit.
» Nous avons pris quelques pirogues en
route.
» Aucune complication nouvelle n'est à
craindre. Rapport suit. »
L'occupation de Tombouctou est donc au-
jourd'hui un fait accompli.
Elle clôt la conquête militaire du Soudan ;
elle termine la brillante campagne que le co-
lonel Archinard avait entreprise l'an dernier
et qui avait fait rentrer le Macina dans notre
sphère d'influence.
Si Tombouctou, la ville sainte et mysté-
térieuse, n'a pas toute l'importance que la lé-
gende lui a attribuée, elle n'en est pas moins
le centre de tout le commerce du Sahara oc-
cidental.
Il est certain que son occupation aura un
grand retentissement en Afrique-
UNE VACANCE A L'HOPITAL SAINT-LOUIS
Doléances des médecins des hôpitaux.
- Réponse d'un intéressé
Une certaine émotion règne parmi les mé-
decins des hôpitaux, parce que M. Peyron,
directeur de l'Assistance publique, aurait ré-
solu de réserver jusqu'à nouvel ordre le choix
du successeur du docteur Quinquaud, méde-
cin de l'hôpital Saint-Louis.
< Nous avons cherché à connaître les raisons
de cet ajournement et voici la réponse qui
nous a été faite à l'hôpital Saint-Louis par
un homme particulièrement informé :
« M. Peyron a raison d'attendre. D'après
la règle, lorsqu'une vacance se produit dans
un hôpital, le remplacement se fait à l'ancien-
neté; les autres médecins ont le droit de
choisir le service qui leur pl ait. C'est très
bien pour les hôpitaux ordinaires, mais pour
un établissement comme Saint-Louis, où l'on
soigne les maladies de la peau, cette mé-
thode ne se conçoit pas très bien. Il peut ar-
river qu'un médecin vienne à Saint-Louis
sans avoir fait une étude profonde de la der-
matologie et de tout ce qui s'ensuit. Où fera-
t-il son apprentissage ? A l'hôpital même, in
animd vih, et les malades seront des su-
jets d'études. - - --
» Est-ce ainsi que Ion doit comprendre le
recrutement du corps médical d'un hôpital
comme Saint-Louis, qui a justement acquis
une réputation éclatante dans le monde en-
tier? Non, n'est-ce pas, et si les malades an-
ciens et futurs de Saint-Louis étaient consul-
tés, ils ne se prononceraient pas pour l'avan-
cement à l'ancienneté et au hasard.
» Nous pensons que M. Peyron, s'il y songe,
n'a pas tort de rechercher certaines garanties
pour que, seuls, des médecins spécialistes et
dermatologistes de profession, soient nommés
à Saint-Louis, et le corps médical des hôpi-
taux aurait bien tort de protester contre la
nomination au choix ou au concours dans
ces conditions particulières; l'Assistancepubli-
que ne ferait que suivre l'exemple de la Fa-
culté de médecine, qui a créé une agrégation
spéciale des maladies de la peau. »
k VIEEPARIS
La séance de réception de M. Challemel-
Lacour ,à l'Académie était attendue avec
une vive impatience. On sait comment
l'élection s'était faite : M. Renan ou tout
au moins sa famille et quelques-uns de
ses amis avaient exprimé le désir qu'il
fût remplacé à l'Académie française par
« son grand ami M. Berthelot ». Il y
avait là, disait-on, une sorte de disposi-
tion testamentaire qu'il aurait été pieux
envers la mémoire de Renan d'exécuter.
Mais bien des objections s'élevèrent contre
la nomination de M. Berthelot. D'une
part, si grand savant que soit M. Berthe-
lot, il n'est guère que savant, ne dépas-
sant pas, en fait de talent littéraire, ce
qu'on est convenu d'appeler « la distinc-
tion », et l'Académie a fait une large part
déjà à la science, en s'adjoignant dix
ou onze membres des autres classes de
l'Institut, ce qui est la limite extrême du
règlement. Enfin, M. Berthelot, très lar-
gement pourvu d'honneurs et de places
— c'est un des hommes de France qui en
onteuleplus—passe pour avoir été, à côté
de M. Renan, l'esprit qui nie. Si la philo-
sophie un peu incertaine et délicieuse-
ment hésitante de Renan a penché parfois
vers le matérialisme, on attribuait ceci à
l'influence de M. Berthelot. Pour toutes
ces raisons, on voulut opposer une can-
didature à la sienne. Celle de M. Challe-
mel-Lacour naquit, et le président du
Sénat fut élu.
J'ai dit, en son temps, le plaisir que
me cause ce choix. Je vais dire aujour-
d'hui celui que m'a causé le discours du
nouvel académicien. On s'imaginait, on
espérait sans doute, car il y a des gens
qui sont friands de ces sortes de régals,
que M. Challemel-Lacour, succédant à M.
Renan sans avoir été désigné par lui,
déchirerait son prédécesseur. Il n'en a
rien été. Il l'a égratigné tout au plus.
Ce n'est pas que M. Challemel-Lacour
ne soit capable des fines épigrammes, des
railleries hostiles et des cruautés dissi-
mulées sous d'hypocrites courtoisies.
C'est un homme extrêmement spirituel
et coutumier même de cet esprit un peu
particulier qu'on appelle l'esprit parisien,
parce que c'est ici que les gens venus de
province l'ont apporté. Mais le talent de
M. Challemel-Lacour, classique, élevé, un
peu sévère, n'aime pas à emprunter ses
joailleries à la causerie. Et puis, en trom-
pant l'espoir de ceux qui pensaient que
l'éloge de Renan pourrait être désagréable
ou attristant pour les admirateurs et les
amis de celui-ci — dont je me fais hon-
neur d'avoir été — M. Challemel-Lacour
n'a pas seulement obéi à un sentiment
des convenances : il a surtout écouté la
voix de la justice, l'amour de la vérité, qui
ont toujours été entendus et suivis par
lui, même parmi les emportements d'une
âme noblement passionnée. -.,.
Je ne vais pas jusqu'à dire que mon
bon maître Renan eût préféré se voir rem-
placé à l'Académie par M. Challemel-
Lacour plutôt que par M. Berthelot. Il
avait pour celui-ci une amitié presque
respectueusé et en certaines matières,
quand M. Berthelot s'était prononcé, son
autorité emportait tout chez Renan. Mais
Renan eût préféré voir son éloge prononcé
par un homme qui fût, en quelques par-
ties au moins, le contradicteur de ses doc-
trines, que par un disciple trop servile. Il
adorait la discussion, respectueux au plus
haut degré des idées et des sentiments de
ceux avec qui il causait. C'était, au grand
et beau sens qu'eut le mot dans la vie
intellectuelle de l'Hellade, un sophiste.
Cet homme, dont je vénérais le cœur et
dont j'admirais, au-dessus de tous nos
contemporains, le génie et l'art, est peut-
être l'homme à qui j'aie dit le plus sou-
vent : « Je ne suis pas de votre avis. »
J'avoue même que parfois, avide d'en-
tendre sa parole, je lui disais que je n'é-
tais pas de son opinion alors que je la
partageais. Mais c'était une joie de l'en-
tendre discuter, n'enseignant jamais, vou-
lant toujours persuader et surtout séduire.
M. Challemel-Lacour a pleinement rendu
justice à ce charme de l'esprit et de la
personne de Renan. Il a su dire à quel
point la tolérance de celui-ci était grande,
non pas par mollesse d'âme (car Renan
avait ses haines : on n'est pas bon sans
cela), ornais par respect de l'intelligence
d'autrui.
Ceci dit, M. Challemel-Lacour a suivi
avec un rare bonheur Renan, ou, pour
mieux dire, l'esprit de Renan dans ses
aventures. Nul homme ne parut avoir une
existence plus tranquille, dédaigneuse des
théories matérielles, estimant peu l'ac-
tion, ou, pour dire le mot juste, s'en sen-
tant incapable. Mais nulle âme ne fut plus
agitée, nulle intelligence n'eut plus sou-
vent besoin de consulter sa conscience et
ne la consulta avec plus de sincérité et
d'anxiété. Ce n'est que lorsque sa cons-
cience lui eut répondu, que Renan laissa
la fantaisie emporter son esprit dans les
régions du rêve, et d'un rêve derrière le-
quel on trouve toujours la passion de la
vérité. Dans une phrase très remarquée et
qui mérite de l'être, phrase que le poli-
tique a dictée, je pense, au philosophe,
M. Challemel-Lacour reproche à Renan
d'avoir découragé la foi populaire.
Je pense plutôt qu'il a voulu trouver le
moyen de donner aux vérités de la science
le charme et la force que donne la foi.
Tentative imprudente peut-être, mais qui
ne va pas sans grandeur. Quant à l'autre
reproche - réserve serait mieux —
adressé à Renan d'avoir peu aimé l'ac-
tion, je tiens pour certain qu'il l'aima,
qu'il l'admira, qu'il en eut la secrète pas-
sion. Mais ici, intervient une question
particulière, une question physique. Au
fond, Renan était peut-être un actif, un
batailleur même, qui fut arrêté par deux
choses : la pudeur gardée de son éduca-
tion ecclésiastique, et aussi une certaine
disgrâce de son corps. Ceci le rendit ti-
mide auprès des femmes et des hommes,
non sans souffrance. Ainsi je me souviens
avec quelle joie, à diner, il nous conta
; fil
qu'un jour en Syrie il avait rossé son cui.
sinier - lequel, d'ailleurs, battait sa
femme. J'imagine que Renan ne le rossa
pas beaucoup. Mais il se souvenait avec
orgueil d'avoir été « hommed'action ».
Le discours de M. Challemel-Lacour,
qui veut être lu, est une belle page d'élo-
quence et de critique, nourrie d'idées,
d'une élévation et d'une franchise rares.
Cette page justifierait, si besoin était de
le faire, le choix de l'Académie. A ce dis-
cours M. Boissier a répondu par un mor-
ceau très délicat et qui a bien de la saveur.
La note en est plus familière et tempérée :
mais elle est charmante. Là encore, du
reste, les espoirs ont été déçus de ceux qui
s'attendaient à des épigrammes. M. Bois-
sier est un esprit trop distingué pour
avoir été faire allusion à de légendaires
histoires, qui n'ont pas de vérité pas plus
qu'elles n'auraient de valeur. Il a su, quoi-
que conservateur, honorer en M. Challe-
mel-Lacour l'homme de parti qui a su
tout faire pour son parti, même lui dire-
la vérité. (C'est, peut-être, le plus diffi-
cile?) Tout au plus a-t-il défendu Re-
nan contre l'accusation d'avoir été aussi
sceptique en politique qu'on le dit.
Qu'importe, d'ailleurs, comment on dé-
fend ce qu'on tient pour la vérité ? L'es-
sentiel est de vivre pour elle et, si diffé-
rents qu'aient pu être d'opinions ou de
caractère Renan ou M. Challemel-La-
cour, nul ne doute que tous deux aient
gardé la noble devise : Vitan¡. impêndere
vera t
Henry Fouquier.
PIÈCE INTERDITE
Le conseil des ministres a décidé hier qu'il y
avait lieu d'interdire la représentation de la pièce
de M. Maurice Barrès, Une Journée parlemen-
taire.
On sait que la pièce de l'ancien député boulan.
giste devait mettre en scène les incidents tumul.
tueux d'une séance de la Chambre dont les élé-
ments, quoi qu'en ait dit l'auteur, étaient empruntés
aux scandales de l'affaire de Panama.
L'ANARCHIE AU SENAT
Emotion au poste du Luxembourg
Le gouvernement, qui livre volontiers à la
publicité les menus faits qui se produisent
depuis quelque temps dans Paris sur l'anar-
chie et qui insiste sur les attentats fumistes
qui depuis l'explosion de la Chambre se sont
produits, a fait le silence autour d'un inci-
dent qui a produit samedi dernier une grosse
émotion au Sénat..
Samedi matin, l'officier commandant la
compagnie d'un régiment de ligne de ser-
vice au Sénat/faisait l'inspection du poste
à sept heures, lorsqu'il aperçut sur le tableau
de service affiché sous la voûte, à gauche de
la grande cour à côté du corps de garde, au
dessous des indications de consigne, et écrits
au crayon, les mots suivants :
A bas le Sénat ! *****
Vive Ravachol !
Vive l'anarchie t
On juge de l'émotion produite par cette lec-
ture. Une enquête fut commencée aussitôt. On
commença par reconnaître qu'avant la nuit
l'affiche en question était vierge de toute ins-
cription révolutionnaire, et par élimination
on arriva à croire à la culpabilité d'un soldat
qui avait été de garde dans la nuit. Les ré-
ponses embarrassées faites par ce militaire »
ayant paru accablantes, il fut arrêté et en-
voyé à la prison militaire du Cherche-Midi.
Le gouverneur militaire fut saisi de l'af-
faire et une enquête fut faite à Chartres, pays
originaire du jeune soldai. On saisit là des
spécimens de l'écriture de l'inculpé qui, pa-
raît-il, avait une réelle analogie avec les
phrases subversives cueillies sur le tableau-
du corps de garde.
Le soldat nie énergiquement, et malgré ses
protestations il a été l'objet d'une punition
disciplinaire débutant d'abord par 15 jours
de prison — dont 8 de cellule — de la part de
son colonel, de 15 autres jours venant du gé-
néral de bri^de, lesquels seront probable-
ment augmerùës de 10 jours du général de
division et de 10 autres jours du général
commandant le corps d'armée; et ce, en atten-
dant le conseil de guerre si les faits sont
prouvés.
A MADAGASCAR
Nous avons reçu récemment une lettre de
Tamatave qui nous donne des détails fort
intéressants sur les affaires de Madagascar
et dont nous extrayons le passage suivant :
« Ici, la situation se tend de plus en plus.
Tout le monde ne parle que de guerre. Colons
et indigènes sont convaincus que l'année ne
se passera pas sans que les événements ne
prennent une tournure nouvelle. S'il en était
autrement, d'ailleurs, mieux vaudrait tout
abandonner, car on ne peut pas se faire una
idée de l'état déplorable dans lequel se trou-
vent à l'heure actuelle ceux de nos malheu.
reux compatriotes qui ont été se fixer dans la
grande 11e africaine.
J'ajoute qu'on aurait tout avantage à ré-
gler de suite la question malgache, et que
jamais expédition n'aurait été plus facile.
Enfermés dans leur nid d'aigle, entourés
de populations hostiles et de territoires in-
cultes, les Hovas ne pourraient, en effet,
échapper ni à nos coups ni à la famine. Le
tout, pour cela, serait d'arriver dans l'Ime-
rina, et on y arrivera sans difficulté à con-
dition de consacrer à l'expédition les hommes
et les crédits nécessaires.
En chiffres ronds, il faut de 10 à 15,000
hommes et 75 millions.
A ce prix le succès est certain, et si l'on
commence les préparatifs en avril, le drapeau
tricolore pourra flotter leler janvier prochain,
sur le palais de la reine à Tananari ve. »
On voit par cette lettre ee qui se passe là-
bas et combien les esprits y sont montés.
ATTENTAT
CONTRE LE PRÉFET DE BARCELONE
Barcelone, 25 janvier.
Un attentat a été commis aujourd'hui sur
le préfet de Barcelone, M. Larroca.
M. Larroca sortait cet après-midi vers qua-
tre heures et demie de l'hôtel de la préfecture
et allait monter en voiture, lorsqu'un ouvrier
maçon a tiré sur lui un coup de pistolet.
Le préfet a eu la mâchoire fracassée. Lui
balle n'a pas encore pu être extraite.
Un piquet de gend'irmerie se trouvait de-
vant l'hôtel de 1. préfecture au moment de
l'attentat. L'ouvrier a été immédiatement ar-
rètd.
On dit qu'il a déclaré être anarchiste. Il
avait un complice qui a pu s'enfuir.
¡ La population est vivement impressionnée»
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1*0 Abonnements sont reçus sans frais dans
tous les Bureaux de Poste.
FRAIS DE JUSTICE
Il y a un certain nombre d'années que
le projet de réforme du Code d'instruc-
tion criminelle, adoptéjadispar le Sénat,
fait antichambre au Palais-Bourbon, et
régulièrement aussi nous voyons re-
venir au début de chaque législature le
projet concernant l'extension de la com-
pétence des juges de paix. Pour ces
grosses réformes, le temps manque tou-
jours, et si l'on a pu, durant la dernière
# législature, apporter quelques modifica-
tions aux frais de justice, ç'a été grâce
à la ténacité de M. Henri Brisson d'une
part et aussi, il faut l'ajouter, à la très
modeste importance de la réforme.
Une autre réforme est également en
préparation depuis longtemps, celle du
Code de procédure civile. Une commis-
sion extraparlementaire a été nommée.
Elle se réunit parfois, mais son travail
avance avec une lenteur extrêmement
sage. MM. Dupuy-Dutemps, Brisson et
Pourquery de Boisserin ont voulu la
devancer et ils viennent de saisir la
Chambre d'une proposition de loi por-
tant à la foi revision du Code de procé-
dure civile et du tarif des dépens.
C'est une œuvre d'ensemble, et nous
ne songeons assurément pas à la con-
denser dans les limites d'un article.
Elle porte sur la division des tribu-
naux et leur compétence, et, par consé-
quent, elle aborde la question de l'ex-
tension des pouvoirs des juges de paix.
Ce serait, en effet, une amélioration
importante de donner à cette juridic-
tion la connaissance de beaucoup d'af-
faires qui relèvent actuellement du tri-
bunal de première instance. On les ré-
glerait à moins de frais et avec plus de
rapidité, et ce serait en outre un ache-
minement vers une autre réforme que
l'on hésite toujours à réaliser et à la-
quelle le scrutin d'arrondissement n'est
guère propice : la diminution du nom-
bre des tribunaux de première ins
tance.
En rapprochant la justice du justicia-
ble pour les affaires les plus courantes,
ce serait une grande commodité que
l'on donnerait à ceux qui ont des diffi-
cultés à résoudre, et, les affaires relati-
vement importantes restant seules sou-
mises aux tribunaux, il n'y aurait plus
l'inconvénient à les éloigner du plai-
deur.
Cela se pourrait d'autant plus que,
pour l'organisation judiciaire comme
pour l'organisation administrative, les
divisions établies à l'époque impériale ne
correspondent plus aux nécessités actuel-
les. Il est ordinairement moins difficile
et moins long de se rendre au chef-lieu
du département qu'il ne l'était alors
d'aller d'un point à un autre de l'arron-
dissement. La poste, le télégraphe, le
téléphone, qui se généralisent chaque
jour, donnent des facilités de commu-
nication dont nos grands-pères ne dis-
posaient pas.
Dans tous les cas, une simple lettre
recommandée pourrait remplacer cer-
tains actes de procédure tels que les ci-
tations ou assignations, et en prenant
soin de les recommander, on aurait cette
garantie, que les huissiers ne donnent
pas. que l'acte serait parvenu au desti-
nataire en mains propres, puisqu'il de-
vrait signer le carnet du facteur.
Si la proposition de MM. Dupuy-Du-
temps et Brisson ne va pas jusqu'à cette
réforme très radicale, elle constitue ce
pendant, au point de vue des frais de
justice, une amélioration notable, en
s'inspirant de la pensée qui a présidé à
la première réforme des frais par la
dernière législature. Elle tend à rendre
ces frais proportionnels aux intérêts
mis en jeu et à appliquer cette même
proportiunnalité aux honoraires des of-
ticiers ministériels.
Les auteurs de la proposition recon-
naissent qll .r'eùr « élan réformateur »
a été arrêté dans une certaine me-
sure. En entt. pour arriver à une sim-
plification réelle de la procédure, il au-
rait fallu supprimer en matière civile,
ainsi qu'on l'a fait en matière commer-
ciale, l'intermédiaire obligatoire des
avoués. Mais cette réforme rencontre
une bien grosse difficulté, celle du rem-
boursement du prix des charges. Il
faudrait procéder à de véritables expro-
priations et, par conséquent, demander
au budget un sacrifice important. L'état
de nob finances ne nous permet-guère,
en Ce moment, de songer à de telles
dépenses, et la proposition laisse sub-
sister l'obligation de la constitution
d'avoué. Elle ne borne à diminuer le
nombre et l'importance des actes de
leur ministère.
MM. Dupuy-Dutemps et Brisson ont
sagement fait, semble-t-il, de s'en tenir,
dans leur projet de réforme, à ce qui
peut être réalisé sans sacrifice budgé-
taire, car ils ont donné ainsi à leurpro-
position plus de chances de réussir. On
ne manquera déjà pas de leur dire que
toutes ces simplifications opérées dans
la procédure diminuent les recettes de
l'Etat et que même la proportionnalité
qu'ils établissent entre l'importance des
affaires et celle des frais ne donne pas
au Trésor une garantie complète contre
la diminution des droits de timbre et
d'enregistrement. Il faut espérer cepen-
dant qu'il leur sera tenu compte du
désir qu'ils manifestent de rester dans
les limites des réformes pratiques qui
n'engagent aucune question de principe,
et que leur proposition n'ira pas sim-
plement s'enfouir au fond de quelque
carton.
LA JUSTICE DES ARBITRES
Il s'est produit mardi dernier, à l'audience
de la 2e chambre de la Cour présidée par M.
Bloch, un incident intéressant à noter.
Un figent d'affaires nommé Amadieu fait
à une société anonyme un procès — comment
faut-il dire ? — un procès d'agent d'affaires.
Il s'est procuré tout exprès, pour faire ce pro-
cès, trois actions de ladite société — trois
actions sur 2,000 — et il demande la disso-
lution. t 1
Le tribunal de commerce l'a déclaré rece-
vable dans sa demande et a nommé un ex-
pert, M. Paul Bernard, pour examiner la
situation.
La société attaquée a fait appel de ce juge-
ment, soutenant que l'agent d'affaires Ama-
dieu était lié par les décisions de diverses
assemblées générales auxquelles il avait as-
sisté et que, en conséquence, il n'était pas
recevable dans sa demande.
Au cours de sa solide et brillante plaidoi-
rie pour la société défenderesse, Me Martini,
ancien bâtonnier, a appelé l'attention des
conseiIJers sur un fait vraiment bizarre et
qui, s'il se produit fréquemment, n'aurait
rien dQ rassurant pour les justiciables :
« M. Amadieu, a-t-il dit, agent d'affaires, a
son cabinet, 85, rue de Rivoli. Il est l'associé
de M. Pierre Bernard, au nom duquel se
trouve le bail de l'appartement. Or, M. Pierre
Bernard, associé de M. Amadieu pour la ges-
tion du cabinet d'affaires de la rue de Rivoli
est le frère de M. Paul Bernard, arbitre, le-
quel habite rue Jacob, no 3. Quand on de-
mande au concierge de la rue Jacob M. Pierre
Bernard, le concierge vous répond : Ce n'est
pas ici M. Pierre Bernard, c'est M. Paul;
mais vous pouvez monter : M. Pierre ou M.
Paul c'est la même chose.
» Même réponseest faite par le concierge de
la rue de Rivoli quand vous demandez M.
Paul Bernard.
» Nous donner M. Paul Bernard comme ex-
pert, c'est comme si on nous donnait M.
Amadieu 1
» Et voilà, a ajouté Me Martini, voilà la
justice des arbitres 1 »
La seule chose que Me Loustauneau, qui
plaidait pour l'agent d'affaires Amadieu,
ait trouvé à répondre, c'est que son client
ignorait les liens de parenté qui unissent les
deux Gaspard — pardon! les deux Bernard.
Comme c'est vraisemblable !
ET LES ÉLECTIONS MUNICIPALES*
Le bruit avait couru que les électeurs des
quartiers de Paris dépourvus de conseillers
municipaux, seraient convoqués le 28janvier.
On a dit ensuite que cette convocation était re-
portée au 11 février, pour les ballottages
avoir lieu le 18 février. Cette information ne
s'est pas vérifiée, et la date des élections mu-
nicipales complémentaires n'est pas encore
fixée.
Le cabinet du préfet de la Seine est assailli
de questions par les nombreux candidats qui
s'apprêtent à briguer la succession de MM.
Albert Pétrot,Charles Laurent,Vaillant,Roua-
net, Prudent-Dervillers, Chauvière, et ils se
plaignent amèrement — ainsi que les comités
électoraux — d'être tenus dans Tincertitude
par M. Poubelle.
A quand ces élections mnnicipales tant dif-
férées ?
CE QUI RESTE DE LA MISSION D'UZÈS
(PAR LETTRE DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Loango, 23 décembre 1893.
\.L. Juchereau, le même chef de poste qui,
en 1891, monta dans la haute Sangha par
l'Ogoué, ramènera à Oran par le prochain pa-
quebot Fraissinet vingt-deux Arabes, débris
de cette malheureuse mission d'Uzès dont le
chef eut une si triste fin. Parti le 20 juillet der-
nier de son poste des Abiras, pour arriver
sept jours après à Banghi, M. Juchereau n'est
parvenu à Loango qu'au commencement de
décembre.
Il ne reste plus là-haut de cette mission
que deux Arabes que MM. les Belges ont fait
prisonniers au mépris de tous droits. Vous sa-
vez que MM. de Brazza a refusé de les re-
prendre tant que les graves difficultés ac-
tuelles ne seront pas réglées de la bonne
façon.
Après quelques jours de maladie pendant
lesquels on a désespéré de sa vie, le commis-
saire général qui se trouvait à Brazzaville,
s'est vite remis et est reparti vers la Sangha.
On dit qu'il se propose de rentier en Europe
dans quelques mois.
Arrivé ici, le 20, le Cacango, petit aviso por-
tugais qui amenait les deux commissaires de
la délimitation franco-portugaise faire visite
à l'administrateur de Loango.
L'INTERPELLATION SUR LA MARINE
La demande d'interpellation de M. Lockroy
sur les affaires de la marine a été déposée
hier à la Chambre.
D'accord avec le président du conseil, elle
sera discutée à la séance de mardi prochain.
Hier, au conseil de cabinet, les ministres ont
examiné l'attitude à prendre dans ce débat
qui s'annonce comme devant prendre de
grosses proportions; cette discussion se pour-
suivra samedi et mardi prochains.
D'autre part on est convaincu qu'une séance
ne sera pas suffisante pour traiter à fond tous
les incidents mis au jour dans ces derniers
temps, et que les discours des orateurs qui se
feront inscrire occuperont au moins deux
séances, si ce n'est trois.
Parmi les députés qui ont déjà manifesté
l'intention d'intervenir, citons MM. Henri
Brisson, Gerville-Réache, Cavaignac, Abel,
Camille Pelletan, l'amiral Vallon, Quieyase,
etc., etc.
L'ELECTION DE L'AUDE
RAPPORT DE M. LECOMTE
Rapport contre rapport. - Discussions
sur des chiSres.— Un débat intéressant
L'élection sénatoriale de l'Aude nous ré-
serve encore plus d'une surprise.
On se souvient que le rapport de M. Gué-
rin, concluant à la validité du 2e tour et par
suite à l'élection de M. Mir, avait été adopté
presque à l'unanimité par le 3e bureau char-
gé d'examiner cette élection.
Mais quelques sénateurs, membres de la
gauche démocratique, ayant pu avoir con-
naissance du rapport de M. Guérin, qui n'a-
vait été distribué qu'aux seuls membres du
3e bureau, furent frappés de la partialité avec
laquelle il semblait rédigé et saisirent de leurs
observations leur groupe qui chargea alors
M. Maxime Lecomte, sénateur du Nord, de
préparer une note consultative sur l'élection
de l'Aude.
Après examen et discussion, le groupe
adopta, à l'unanimité, la teneur de ce docu-
ment dont les conclusions seront discutées
aujourdhui au Sénat.
M. Maxime Lecomte s'est avisé de recher-
cher les arrêtés du conseil d'Etat sur lesquels
M. Guérin avait étayé sa thèse et en a tiré des
conclusions diamétralement opposées à celles
du rapporteur.
DÉTAIL DES FAITS
Tout d'abord le sénateur du Nord formule
un principe de droit exprimé à plusieurs re-
prises dans les traités de droit parlementaire :
« Cest qu'il faut pour qu'il y aii élection au pre-
mier tour (ou même au second tour pour les élec-
tions sénatoriales) qu'aucun doute ne puisse naître
sur l'existence de la majorité absolue au profit
d'un de ses candidats. »
Après avoir constaté que ce n'est pas ici le
cas, M. M. Lecomte entre dans le détail des
faits :
Lors du scrutin du 7 janvier à Carcassonne, le
comptage des bulletins a donné liu à réclamation
presque séance tenante; on a procédé à une vérifi-
cation et il a été en définitive trouvé 750 bulle-
tins au lieu de 746 donnés au début.
Dans la deuxième section on trouve un bulletin
en plus des émargements. Il faut le retrancher
du chiffre de 750 qui reste à 749.
De ce nouveau chiffre il faut retrancher 3 bulle-
tins blancs. Il reste 746 suffrages exprimés. La
majorité absolue est 373 plus une: 374.
Le résultat du dépouillement, d'après le procès-
verbal et d'après le rapport, a été le suivant :
MM. Mir. 374
Ri vals. 370
Divers. 3
Total. 747
M. Mir serait élu comme ayant obtenu précisé-
ment le chiffre de la majorité absolue, s'il ne fal-
lait pas lui enlever la voix- qui se trouve en sus
des émargements.
Ce point n'est pas douteux. La pratique est
constante, ainsi que la jurisprudence du conseil
d'Etat.
Le rapport maintient, nous ne savons pourquoi,
le chiffre du comptage du début.
ARRÊTS DU CONSEIL D'ÉTAT
Mais, demande M. Maxime Lecomte, où est
le texte de loi qui défend de recompter et de
vérifier. C'est un postulatum qu'il est diffi-
cile de concéder.
Le rapporteur invoque la jurisprudence du
conseil d'Etat. Mais a-t-elle jamais dit que le
comptage ne pouvait être recommencé et con-
trôlé? Elle dit précisément le contraire.
Et d'un arrêté du conseil d'Etat de 1882
(élection de Montpezat), M. Lecomte tire la
conclusion, implicite il est vrai, mais cer-
taine, que la vérification peut être établie. Ce
point vidé, M. Maxime Lecomte arrive aux
calculs de M. Guérin :
Le rapporteur, dit-il, du chiffre de comptage du
début déduit les 3 bulletins blancs : restent 743
bulletins. La majorité absolue est 372. M. Mir
ayant obtenu 374 voix a obtenu deux voix de plus
que la majorité absolue. net*. ,
Examinons ce système. -
M. Mir a obtenu 374 voix ; M. Rivais, 370 ; di-
vers, 3.
Le rapport dit que le chiffre de 374 est immua-
ble, qu'il ne doit subir aucun retranchement. Il
en résulte qu'il faut retrancher au candidat moins
favorisé, M. Rivais, ou supprimer l'un des divers,
favorisé, 374 plus 370 plus 6 font 747 et qu'il ne faut
puisque 374 plus 370 plus a font 747 et qu'il ne faut
pas sortir du chiffre 746.
Où le rapporteur a-t-il puisé cette formule ? Où
en a-t-il trouvé la nécessité de faire cornitance de
ces deux conditions ?
Ce n'est certainement pas dans les arrêts
du conseil d'Etat indiqués dans son rapport,,
puisque, dit M. Maxime Lecomte, d'après ces
mêmes arrêts, lorsque les bulletins attribués
sont plus nombreux que les bulletins trouvés
dans l'urne, il faut retrancher la différence
tant du nombre des suffrages exprimés que
du nombre de voix obtenu par le candidat le
plus favorisé.
Le vice du système du rapport est de faire
une seule opération de retranchement, lors-
que cette opération doit nécessairement en-
traîner la seconde opération d'un retranche-
ment égal.
Et à l'appui de sa thèse, M. Lecomte repro-
duit intégralement un arrêt du conseil d'Etat
visant une élection à Cette en 1882, qui est
lui-même indiqué par M. Guérin pour les be-
soins de sa cause.
Aux termes de cet arrêt, il faudrait, dans
l'élection sénatoriale de l'Aude, retrancher
quatre voix des suffrages exprimés puisqu'il
y a quatre comme différence entre le chiffre
des bulletins trouvés dans l'urne (743 et 3
bulletins blancs) et le chiffre des bulletins at-
tribués (747).
M. Mir qui a 374 voix doit subir le même re-
tranchement. Il lui reste 376 voix quand la majorité
absolue est dans ce système 372.
En résumé, si l'on prend le comptage vérifié,
contrôlé, M. Mir a une voix de moins que la ma-
jorité absolue.
Si l'on prend le premier comptage, celui de M.
le rapporteur et si l'on opère le retranchement in-
dispensable, il a deux voix de moins que la majo-
rité absolue. Le système du rapport est défavora-
ble à M. Mir.
Quelle serait la raison d'être de la double condi-
tion imposée par le rapport ? Nous la cherchons
vainement. La raison veut que le doute tourne con-
tre celui qui prétend avoir obtenu la majorité abso-
lue. Les suffrages exprimés sont au nombre de
743 (chiffre de rapport).
D'autres noms.ont réuni 373 suffrages, il ne reste
donc que 370 suffrages à attribuer au candidat le
plus favorisé, et il lui faudrait 372 suffrages dans
le système du rapport, pour conserver la majorité
absolue.
DOS A DOS
Voici la conclusion du travail de M. Maxime
Lecomte qui a été, comme nous l'avons dit,
approuvé par la gauche démocratique tout
entière :
M. Mir n'a pas obtenu la majorité absolue au
second tour de scrutin ; il y avait lieu de procéder
à un troisième tour et c'est à bon droit que le bu-
reau électoral de l'Aude a proclamé la nécessité
d'un troisième tour de scrutin.
M. Maxime Lecomte a été chargé par le
groupe de combattre à la tribune les conclu-
sions de M. Guérin.
M, Rivais se propose également d'interve-
nir, ce qui présage, en dehors même des in.
cidents qui pourraient être soulevés, un débat
intéressant. -
Il est probable que le Sénat, renverra les
parties dos à dos, et qu'en fin de compte les
délégués de l'Aude auront à se pronnoncer
dans une nouvelle élection.
■ LA RÉCONCILIATIOI t'op
DE GUILLAUME ET DE BISMARCK
Berlin, 25 janvier.
Le prince de Bismarck arrivera demain à
Berlin, à une heure de l'après-midi.
Tous les efforts qu'on a faits pour le retenir
au-delà de demain soir ont échoué. Le prince
a prié l'empereur de lui permettre, en consi-
dération de son état de santé, de rentrer aus-
sitôt après sa visite.
Le prince arrivera à une heure de l'après-
midi; une grande réception aura lieu à la
gare.
Il sera reçu par le prince Henri, le gouver-
neur et le commandant de place de Berlin.Le
cortège passera par la porte de Brandebourg
et les « Linden » pour se rendre au Château,
où le prince déjeunera avec l'empereur et son
entourage immédiat.
On croit que le roi de Saxe saluera le
prince.
L'ex-chancelier repartira le soir à sept heu-
res et quart.
Le Moniteur de l'Empire se dit autorisé à
affirmer que l'envoi du comte de Moltke à
Friedrichsruhe est dû uniquement à l'initia-
tive de l'empereur lui-même, et que même
dans les cercles du gouvernement personne
ne connaissait la noble décision du souve-
rain.
Toutes les informations contraires, ajoute
ce journal, sont des inventions échafaudées
uniquement sur des combinaisons politiques
absolument arbitraires.
Tous les journaux continuent, comme de
Juste à s'occuper de la réconciliation de Guil-
laume et de l'ex-chancelier. <
La Post dit que la journée de demain sera
une date historique pour l'Allemagne. La pos-
térité rendra hommage à la généreuse initia-
tive du souverain.
Le Tageblatt lance la novelle que le comte
Herbert de Bismarck serait nommé ambassa-
deur à Vienne.
LA SITUATION EN ITALIE
- Rome, 25 janvier.
Les ministres se sont réunis aujourd'hui en
conseil chez M. Crispi pour entendre l'exposé
financier de M. Sonnino, contenant lénu-
mération des économies et des nouveaux im-
pôts.
Des désordres se sont produits à Pavie et à
Naples.
A Pavie, les étudiants, mécontents du re-
fus d'une session extraordinaire d'examens,
ont brisé les vitres de l'Université à coups de
boules de neige ; puis ils ont défoncé la porte
de la grande salle.
A Naples, les étudiants se sont livrés éga-
lement à de violentes manifestations à la suite
de la limitation des inscriptions aux cours.
Le recteur de Naples et celui de Pavie ont
prescrit la fermeture de l'Université.
SUICIDE D'UN DÉPUTE AUTRICHIEN
Vienne, 25 janvier.
M. Jaques, député au Parlement autrichien,) est
brûlé la cervelle cette après-midi.
LA FRANCE A TOMBOUCTOU
LA FRANCE A TOMBOUCTOU
Le gouverneur du Soudan vient de trans-
mettre à M. Maurice Lebon, sous-secrétaire
d'Etat aux colonies, la dépêche suivante du
colonel Bonnier :
« Ayant appris la situation critique dans
laquelle se trouvait à Kabaza la flottille du
Niger, je me suis, en toute hâte, dirigé sur
Tombouctonoù je suis arrivé le 10. Mes crain-
tes, malheureusement, n'étaient que trop jus-
tifiées. En effet, à la date du 28 décembre, un
détachement de la flottille, presque exclusi-
vement composé d'indigènes, a été attaqué
dans la plaine de Kabaza par les Touareg et
détruit.
» Nous avons pris quelques pirogues en
route.
» Aucune complication nouvelle n'est à
craindre. Rapport suit. »
L'occupation de Tombouctou est donc au-
jourd'hui un fait accompli.
Elle clôt la conquête militaire du Soudan ;
elle termine la brillante campagne que le co-
lonel Archinard avait entreprise l'an dernier
et qui avait fait rentrer le Macina dans notre
sphère d'influence.
Si Tombouctou, la ville sainte et mysté-
térieuse, n'a pas toute l'importance que la lé-
gende lui a attribuée, elle n'en est pas moins
le centre de tout le commerce du Sahara oc-
cidental.
Il est certain que son occupation aura un
grand retentissement en Afrique-
UNE VACANCE A L'HOPITAL SAINT-LOUIS
Doléances des médecins des hôpitaux.
- Réponse d'un intéressé
Une certaine émotion règne parmi les mé-
decins des hôpitaux, parce que M. Peyron,
directeur de l'Assistance publique, aurait ré-
solu de réserver jusqu'à nouvel ordre le choix
du successeur du docteur Quinquaud, méde-
cin de l'hôpital Saint-Louis.
< Nous avons cherché à connaître les raisons
de cet ajournement et voici la réponse qui
nous a été faite à l'hôpital Saint-Louis par
un homme particulièrement informé :
« M. Peyron a raison d'attendre. D'après
la règle, lorsqu'une vacance se produit dans
un hôpital, le remplacement se fait à l'ancien-
neté; les autres médecins ont le droit de
choisir le service qui leur pl ait. C'est très
bien pour les hôpitaux ordinaires, mais pour
un établissement comme Saint-Louis, où l'on
soigne les maladies de la peau, cette mé-
thode ne se conçoit pas très bien. Il peut ar-
river qu'un médecin vienne à Saint-Louis
sans avoir fait une étude profonde de la der-
matologie et de tout ce qui s'ensuit. Où fera-
t-il son apprentissage ? A l'hôpital même, in
animd vih, et les malades seront des su-
jets d'études. - - --
» Est-ce ainsi que Ion doit comprendre le
recrutement du corps médical d'un hôpital
comme Saint-Louis, qui a justement acquis
une réputation éclatante dans le monde en-
tier? Non, n'est-ce pas, et si les malades an-
ciens et futurs de Saint-Louis étaient consul-
tés, ils ne se prononceraient pas pour l'avan-
cement à l'ancienneté et au hasard.
» Nous pensons que M. Peyron, s'il y songe,
n'a pas tort de rechercher certaines garanties
pour que, seuls, des médecins spécialistes et
dermatologistes de profession, soient nommés
à Saint-Louis, et le corps médical des hôpi-
taux aurait bien tort de protester contre la
nomination au choix ou au concours dans
ces conditions particulières; l'Assistancepubli-
que ne ferait que suivre l'exemple de la Fa-
culté de médecine, qui a créé une agrégation
spéciale des maladies de la peau. »
k VIEEPARIS
La séance de réception de M. Challemel-
Lacour ,à l'Académie était attendue avec
une vive impatience. On sait comment
l'élection s'était faite : M. Renan ou tout
au moins sa famille et quelques-uns de
ses amis avaient exprimé le désir qu'il
fût remplacé à l'Académie française par
« son grand ami M. Berthelot ». Il y
avait là, disait-on, une sorte de disposi-
tion testamentaire qu'il aurait été pieux
envers la mémoire de Renan d'exécuter.
Mais bien des objections s'élevèrent contre
la nomination de M. Berthelot. D'une
part, si grand savant que soit M. Berthe-
lot, il n'est guère que savant, ne dépas-
sant pas, en fait de talent littéraire, ce
qu'on est convenu d'appeler « la distinc-
tion », et l'Académie a fait une large part
déjà à la science, en s'adjoignant dix
ou onze membres des autres classes de
l'Institut, ce qui est la limite extrême du
règlement. Enfin, M. Berthelot, très lar-
gement pourvu d'honneurs et de places
— c'est un des hommes de France qui en
onteuleplus—passe pour avoir été, à côté
de M. Renan, l'esprit qui nie. Si la philo-
sophie un peu incertaine et délicieuse-
ment hésitante de Renan a penché parfois
vers le matérialisme, on attribuait ceci à
l'influence de M. Berthelot. Pour toutes
ces raisons, on voulut opposer une can-
didature à la sienne. Celle de M. Challe-
mel-Lacour naquit, et le président du
Sénat fut élu.
J'ai dit, en son temps, le plaisir que
me cause ce choix. Je vais dire aujour-
d'hui celui que m'a causé le discours du
nouvel académicien. On s'imaginait, on
espérait sans doute, car il y a des gens
qui sont friands de ces sortes de régals,
que M. Challemel-Lacour, succédant à M.
Renan sans avoir été désigné par lui,
déchirerait son prédécesseur. Il n'en a
rien été. Il l'a égratigné tout au plus.
Ce n'est pas que M. Challemel-Lacour
ne soit capable des fines épigrammes, des
railleries hostiles et des cruautés dissi-
mulées sous d'hypocrites courtoisies.
C'est un homme extrêmement spirituel
et coutumier même de cet esprit un peu
particulier qu'on appelle l'esprit parisien,
parce que c'est ici que les gens venus de
province l'ont apporté. Mais le talent de
M. Challemel-Lacour, classique, élevé, un
peu sévère, n'aime pas à emprunter ses
joailleries à la causerie. Et puis, en trom-
pant l'espoir de ceux qui pensaient que
l'éloge de Renan pourrait être désagréable
ou attristant pour les admirateurs et les
amis de celui-ci — dont je me fais hon-
neur d'avoir été — M. Challemel-Lacour
n'a pas seulement obéi à un sentiment
des convenances : il a surtout écouté la
voix de la justice, l'amour de la vérité, qui
ont toujours été entendus et suivis par
lui, même parmi les emportements d'une
âme noblement passionnée. -.,.
Je ne vais pas jusqu'à dire que mon
bon maître Renan eût préféré se voir rem-
placé à l'Académie par M. Challemel-
Lacour plutôt que par M. Berthelot. Il
avait pour celui-ci une amitié presque
respectueusé et en certaines matières,
quand M. Berthelot s'était prononcé, son
autorité emportait tout chez Renan. Mais
Renan eût préféré voir son éloge prononcé
par un homme qui fût, en quelques par-
ties au moins, le contradicteur de ses doc-
trines, que par un disciple trop servile. Il
adorait la discussion, respectueux au plus
haut degré des idées et des sentiments de
ceux avec qui il causait. C'était, au grand
et beau sens qu'eut le mot dans la vie
intellectuelle de l'Hellade, un sophiste.
Cet homme, dont je vénérais le cœur et
dont j'admirais, au-dessus de tous nos
contemporains, le génie et l'art, est peut-
être l'homme à qui j'aie dit le plus sou-
vent : « Je ne suis pas de votre avis. »
J'avoue même que parfois, avide d'en-
tendre sa parole, je lui disais que je n'é-
tais pas de son opinion alors que je la
partageais. Mais c'était une joie de l'en-
tendre discuter, n'enseignant jamais, vou-
lant toujours persuader et surtout séduire.
M. Challemel-Lacour a pleinement rendu
justice à ce charme de l'esprit et de la
personne de Renan. Il a su dire à quel
point la tolérance de celui-ci était grande,
non pas par mollesse d'âme (car Renan
avait ses haines : on n'est pas bon sans
cela), ornais par respect de l'intelligence
d'autrui.
Ceci dit, M. Challemel-Lacour a suivi
avec un rare bonheur Renan, ou, pour
mieux dire, l'esprit de Renan dans ses
aventures. Nul homme ne parut avoir une
existence plus tranquille, dédaigneuse des
théories matérielles, estimant peu l'ac-
tion, ou, pour dire le mot juste, s'en sen-
tant incapable. Mais nulle âme ne fut plus
agitée, nulle intelligence n'eut plus sou-
vent besoin de consulter sa conscience et
ne la consulta avec plus de sincérité et
d'anxiété. Ce n'est que lorsque sa cons-
cience lui eut répondu, que Renan laissa
la fantaisie emporter son esprit dans les
régions du rêve, et d'un rêve derrière le-
quel on trouve toujours la passion de la
vérité. Dans une phrase très remarquée et
qui mérite de l'être, phrase que le poli-
tique a dictée, je pense, au philosophe,
M. Challemel-Lacour reproche à Renan
d'avoir découragé la foi populaire.
Je pense plutôt qu'il a voulu trouver le
moyen de donner aux vérités de la science
le charme et la force que donne la foi.
Tentative imprudente peut-être, mais qui
ne va pas sans grandeur. Quant à l'autre
reproche - réserve serait mieux —
adressé à Renan d'avoir peu aimé l'ac-
tion, je tiens pour certain qu'il l'aima,
qu'il l'admira, qu'il en eut la secrète pas-
sion. Mais ici, intervient une question
particulière, une question physique. Au
fond, Renan était peut-être un actif, un
batailleur même, qui fut arrêté par deux
choses : la pudeur gardée de son éduca-
tion ecclésiastique, et aussi une certaine
disgrâce de son corps. Ceci le rendit ti-
mide auprès des femmes et des hommes,
non sans souffrance. Ainsi je me souviens
avec quelle joie, à diner, il nous conta
; fil
qu'un jour en Syrie il avait rossé son cui.
sinier - lequel, d'ailleurs, battait sa
femme. J'imagine que Renan ne le rossa
pas beaucoup. Mais il se souvenait avec
orgueil d'avoir été « hommed'action ».
Le discours de M. Challemel-Lacour,
qui veut être lu, est une belle page d'élo-
quence et de critique, nourrie d'idées,
d'une élévation et d'une franchise rares.
Cette page justifierait, si besoin était de
le faire, le choix de l'Académie. A ce dis-
cours M. Boissier a répondu par un mor-
ceau très délicat et qui a bien de la saveur.
La note en est plus familière et tempérée :
mais elle est charmante. Là encore, du
reste, les espoirs ont été déçus de ceux qui
s'attendaient à des épigrammes. M. Bois-
sier est un esprit trop distingué pour
avoir été faire allusion à de légendaires
histoires, qui n'ont pas de vérité pas plus
qu'elles n'auraient de valeur. Il a su, quoi-
que conservateur, honorer en M. Challe-
mel-Lacour l'homme de parti qui a su
tout faire pour son parti, même lui dire-
la vérité. (C'est, peut-être, le plus diffi-
cile?) Tout au plus a-t-il défendu Re-
nan contre l'accusation d'avoir été aussi
sceptique en politique qu'on le dit.
Qu'importe, d'ailleurs, comment on dé-
fend ce qu'on tient pour la vérité ? L'es-
sentiel est de vivre pour elle et, si diffé-
rents qu'aient pu être d'opinions ou de
caractère Renan ou M. Challemel-La-
cour, nul ne doute que tous deux aient
gardé la noble devise : Vitan¡. impêndere
vera t
Henry Fouquier.
PIÈCE INTERDITE
Le conseil des ministres a décidé hier qu'il y
avait lieu d'interdire la représentation de la pièce
de M. Maurice Barrès, Une Journée parlemen-
taire.
On sait que la pièce de l'ancien député boulan.
giste devait mettre en scène les incidents tumul.
tueux d'une séance de la Chambre dont les élé-
ments, quoi qu'en ait dit l'auteur, étaient empruntés
aux scandales de l'affaire de Panama.
L'ANARCHIE AU SENAT
Emotion au poste du Luxembourg
Le gouvernement, qui livre volontiers à la
publicité les menus faits qui se produisent
depuis quelque temps dans Paris sur l'anar-
chie et qui insiste sur les attentats fumistes
qui depuis l'explosion de la Chambre se sont
produits, a fait le silence autour d'un inci-
dent qui a produit samedi dernier une grosse
émotion au Sénat..
Samedi matin, l'officier commandant la
compagnie d'un régiment de ligne de ser-
vice au Sénat/faisait l'inspection du poste
à sept heures, lorsqu'il aperçut sur le tableau
de service affiché sous la voûte, à gauche de
la grande cour à côté du corps de garde, au
dessous des indications de consigne, et écrits
au crayon, les mots suivants :
A bas le Sénat ! *****
Vive Ravachol !
Vive l'anarchie t
On juge de l'émotion produite par cette lec-
ture. Une enquête fut commencée aussitôt. On
commença par reconnaître qu'avant la nuit
l'affiche en question était vierge de toute ins-
cription révolutionnaire, et par élimination
on arriva à croire à la culpabilité d'un soldat
qui avait été de garde dans la nuit. Les ré-
ponses embarrassées faites par ce militaire »
ayant paru accablantes, il fut arrêté et en-
voyé à la prison militaire du Cherche-Midi.
Le gouverneur militaire fut saisi de l'af-
faire et une enquête fut faite à Chartres, pays
originaire du jeune soldai. On saisit là des
spécimens de l'écriture de l'inculpé qui, pa-
raît-il, avait une réelle analogie avec les
phrases subversives cueillies sur le tableau-
du corps de garde.
Le soldat nie énergiquement, et malgré ses
protestations il a été l'objet d'une punition
disciplinaire débutant d'abord par 15 jours
de prison — dont 8 de cellule — de la part de
son colonel, de 15 autres jours venant du gé-
néral de bri^de, lesquels seront probable-
ment augmerùës de 10 jours du général de
division et de 10 autres jours du général
commandant le corps d'armée; et ce, en atten-
dant le conseil de guerre si les faits sont
prouvés.
A MADAGASCAR
Nous avons reçu récemment une lettre de
Tamatave qui nous donne des détails fort
intéressants sur les affaires de Madagascar
et dont nous extrayons le passage suivant :
« Ici, la situation se tend de plus en plus.
Tout le monde ne parle que de guerre. Colons
et indigènes sont convaincus que l'année ne
se passera pas sans que les événements ne
prennent une tournure nouvelle. S'il en était
autrement, d'ailleurs, mieux vaudrait tout
abandonner, car on ne peut pas se faire una
idée de l'état déplorable dans lequel se trou-
vent à l'heure actuelle ceux de nos malheu.
reux compatriotes qui ont été se fixer dans la
grande 11e africaine.
J'ajoute qu'on aurait tout avantage à ré-
gler de suite la question malgache, et que
jamais expédition n'aurait été plus facile.
Enfermés dans leur nid d'aigle, entourés
de populations hostiles et de territoires in-
cultes, les Hovas ne pourraient, en effet,
échapper ni à nos coups ni à la famine. Le
tout, pour cela, serait d'arriver dans l'Ime-
rina, et on y arrivera sans difficulté à con-
dition de consacrer à l'expédition les hommes
et les crédits nécessaires.
En chiffres ronds, il faut de 10 à 15,000
hommes et 75 millions.
A ce prix le succès est certain, et si l'on
commence les préparatifs en avril, le drapeau
tricolore pourra flotter leler janvier prochain,
sur le palais de la reine à Tananari ve. »
On voit par cette lettre ee qui se passe là-
bas et combien les esprits y sont montés.
ATTENTAT
CONTRE LE PRÉFET DE BARCELONE
Barcelone, 25 janvier.
Un attentat a été commis aujourd'hui sur
le préfet de Barcelone, M. Larroca.
M. Larroca sortait cet après-midi vers qua-
tre heures et demie de l'hôtel de la préfecture
et allait monter en voiture, lorsqu'un ouvrier
maçon a tiré sur lui un coup de pistolet.
Le préfet a eu la mâchoire fracassée. Lui
balle n'a pas encore pu être extraite.
Un piquet de gend'irmerie se trouvait de-
vant l'hôtel de 1. préfecture au moment de
l'attentat. L'ouvrier a été immédiatement ar-
rètd.
On dit qu'il a déclaré être anarchiste. Il
avait un complice qui a pu s'enfuir.
¡ La population est vivement impressionnée»
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