Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1894-01-25
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Description : 25 janvier 1894 25 janvier 1894
Description : 1894/01/25 (A24,N8046). 1894/01/25 (A24,N8046).
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 29/04/2013
- VINGT-QUATRIEME ANNÉE. — N* 8,046
- LE -- NUMÉRO CINQ CENTIMES
JEUDI 25 JANVIER 1894
IEDlCTlOI ET ADfllMSTRATIOR
142, Rue Montmartre
PARIS
DIRECTEUR POLITIQUE
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LA DICTATDRE CRISPI
Depuis l'entrée de l'armée italienne
dans Rome par la brèche de la Porta
Pia les souvenirs de l'antiquité gri-
sent le gouvernement royal.
Ce n'est pas impunément, paraît-il,
que l'on respire la poussière des siècles
accumulée sur les ruines du Forum et
que l'on foule les pierres de la Voie sa-
crée, où passa César. Le roi Humbert
et ses ministres sont préoccupés sans
cesse par la pensée de recommencer
l'histoire et ils se figurent trouver dans
le passé romain les éléments de la poli-
tique moderne.
Cette étrange conception a amené
l'Italie à l'état lamentable actuel. Elle
meurt d'anémie, parce que ses gou-
vernants ont été atteints de la folie des
grandeurs et ont prétendu lui faire
jouer un rôle qui n'était pas en rapport
avec ses forces.
Aujourd'hui, en présence d'une situa-
tion dont la gravité croît sans cesse,
on songe à supprimer momentanément
le régime parlementaire et à donner à
M. Crispi une sorte de dictature. Ses
admirateurs lui préparent déjà des lau-
riers.
Pendant les Cent-Jours, en France,
dans le Corps législatif réuni par Na-
poléon, un enthousiaste proposa de dé-
cerner à l'empereur le titre de « sau-
veur de la patrie». Mais un jeune dé-
puté, qui faisait alors ses premiers pas
sur. la scène politique,, calma cette ar-
deur par ces simples mots : « Attendez
au moins qu'il l'ait sauvée. » Cette re-
marque de M. Dupin fut suivie d'un
long silence. On eût dit qu'il passait
au-dessus de l'Assemblée le vent glacial
d'un présage, et qu'une voix annonçait
Waterloo.
Avant de hisser M. Crispi jusqu'au
Capitole, ses amis feront bien d'atten-
dre qu'il ait accompli son œuvre.
Que pourra-t-il faire de ces redouta-
bles pleins pouvoirs, incompatibles, du
reste, pour un ministre, avec le prin-
cipe monarchique?
Lorsque les Romains nommaient un
dictateur pour tout centraliser dans une
même main, ils avaient des institutions
républicaines. En face d'un souverain,
une dictature autre que celle du mo-
narque conduit à une révolution.
Humbert Ier, vis-à-vis d'un ministre
ayant un blanc-seing, se trouvera aussi
diminué que le fut Napoléon III lors-
qu'ayant remis le commandement de
l'armée au maréchal de Mac-Mahon, il
suivait les troupes dans la marche fu-
nèbre qui a abouti à Sedan.
On ne dépose pas une couronne à
volonté, comme on quitte un chapeau.
A côté d'un roi ou d'un empereur, nul
ne peut être tout-puissant, sans que le
trône se trouve ébranlé.
L'Italie est travaillée par des idées
révolutionnaires et agitée par des vel-
léités séparatistes.
La maison de Savoie a fait faillite aux
espérances conçues pendant l'enfante-
ment de l'unité. Elle n'a pas réussi à
donner la prospérité matérielle aux po-
pulations qui avaient eu foi dans Vic-
tor-Emmanuel, dont le successeur n'a
pas su porter le pesant héritage.
Les éléments républicains qui avaient
donné leur concours au roi « galant
homme », se détournent de plus en plus
de son fils. Des Romagnes au pied du
Vésuve, de Gênes à Palerme, le nom
de République est prononcé souvent
maintenant, tandis que les partisans des
dynasties déchues se remuenten Toscane
et dans le pays napolitain.
M. Crispi, qui est un jacobin centra-
lisateur de la vieille école, opposera
sans doute des mesures énergiques à
toute tentative contre l'unité. Mais lui
sera-t-il possible de réprimer, au nom
de la monarchie, des mouvements qui
se produiraient en déployant le drapeau
républicain, sous lequel il a combattu
pendant toute sa jeunesse.
Puis la puissance des baïonnettes est
limitée, surtout avec les armées natio-
nales du temps présent. En 1830, à
Paris, on vint avertir le prince de Poli-
gnac que les régiments mettaient la
crosse en l'air et passaient à l'insur-
rection. — « Tirez sur les régiments !
cria-t-il. » - Avec quoi? Le conseil
était plus facile à donner qu'à mettre
3n pratique.
Dans le plan de M. Crispi, il y a toute
une série de réformes destinées à la
fois à produire des économies et à for-
tifier la centralisation.
Il veut, profitant du silence des
chambres, supprimer une foule de
fonctions qui n'ont plus de raison d'être
dans un grand Etat unifié.
Lors des annexions successives, pour
ménager les intérêts locaux, on a res -
pecté l'organisation gouvernementale
qui était complète pour chacun des pe-
tits pays.
Il était resté des cours de cassation
multiples, des préfectures et des sous-
préfectures en nombre excessif — en
un mot des emplois devenus des siné-
cures.
Leur disparition serait une chose lo-
gique; mais elle constituera une res-
source financière dérisoire et elle exas-
pérera les passions d'arrondissements.
Ce n'est pas cela qui ôtera un argu-
ment aux partisans du passé, alors que
l'Italie morcelée ne faisait pas partie
de la triple alliance, mais ignorait la
misère apportée par la politique à ou-
trance.
Comme tout arrive, il est impossible
de prédire ce que les événements gar-
dent à M. Crispi. Sera-t-il le bouclier
protégeant Humbert contre la révolu-
tion ? succombera-t-il, comme Rossi, le
célèbre ministre de Pie IX, sous le fer
d'un fanatique? Restera-t il le soutien
d'un trône chancelant ou aidera-t-il à le
renverser pour s'élever sur ses débris?
Laissera-t-il dans l'histoire le nom d'un
grand homme ou la mémoire d'un aven-
turier politique?
C'est le secret de l'avenir. Mais les
choses marchent si vite en Italie, que
cet avenir-là s'appelle peut-être demain.
lisait.
PRÉPARATIFS ITALIENS
Nous apprenons de bonne source que le
gouvernement italien fait retenir en ce mo-
ment dans le port de Gênes et ailleurs tous
les navires marchands de fort tonnage, comme
s'il craignait d'être pris au dépourvu pour les
besoins d'une mobilisation.
Ce fait, ajouté à l'armement de tous les ba-
teaux de l'escadre qui est en ce moment à
Tarente, et à l'appel de 55,000 hommes de la
classe 1889 et que les événements de Sicile et
de Carrare ne suffisent pas à justifier, peut
paraître à bon droit quelque peu suspect.
Certes, nous ne voulons pas attacner plus
d'importance qu'il ne convient aux mesures
que croit devoir prendre le gouvernement
italien, mais au moins faut-il convenir qu'il
en est qui ont tout l'air de préparatifs et qui
sont en conséquence aussi maladroites qu'inu-
tiles.
QUEL EST CE RÉGNIER?
L'agence Dalziel annoncela mort de « M. Ed-
mond Régnier qui fut, en 1870, l'homme de
confiance de l'impératrice et qui avait été
chargé par elle d'entamer avec le roi Guil-
laume des négociations de paix. »
Quel est ce Régnier ? Nous ne connaissons
que le Régnier (Victor-Edmond-Vital) qui, le
13 septembre 1870, re rendit, en effet, à Has-
ting, où était allée se fixer l'ex-impératrice,
qui se fit présenter à elle et qui eut, le 20 sep-
tembre, une entrevue à Ferriérés avec M. de
Bismarck.
Il eut également un entretien avec Bazaine
auquel il représenta que ce serait un service
à rendre au pays que d'obtenir un armistice
pour arriver à la paix, etc. Mais ce Régnier,
aventurier bizarre, était un simple agent de
M. de Bismarck.
- Le 2e conseil de guerre de Paris le con-
damna par contumace, en 1874, à la peine de
mort.
Ce doit être de celui-là que parle l'agence
Dalziel. Or ce Régnier est mort à Ramsgate
(Angleterre) en novembre 1886.
LES GROS TRAITEMENTS
Il résulte d'un relevé officiel des remises
perçues par les titulaires des plus grasses
prébendes de l'administration — nous'avons
cité les trésoriers généraux — que deux tré-
soreries, celles de la Seine-Inférieure et de la
Gironde, donnent à leurs bénéifciaires un trai-
tement plus que double du traitement d'un
ministre, soit une moyenne de 135,000 francs
avec un cautionnement variant de 420 à
540,000 francs.
La trésorerie des Bouches-du-Rhône, par
anomalie, exige un cautionnement de 478,000
francs pour un rendement net de 95,000 francs.
Les moins fructueuses trésoreries sont
celles du Lot, de la Lozère et des Hautes-
Alpes. Cette dernière ne vaut pas plus de 16 à
17,000 francs, moyenne supérieure d'une per-
ception de première classe et moitié de ce que
rapporte la recette particulière du Havre,
dont le revenu vient d'atteindre 38,000 francs.
La plus forte perception de Paris est celle
des quartiers Saint-Georges et Rochechouart,
dans le neuvième arrondissement, que vient
d'abandonner M. Vogeli, élu député de l'I-
sère, et qui a donné 36,124 francs pour l'exer-
cice clos.
11 va sans dire que les trésoriers généraux
augmentent encore leur revenu par des opé-
rations de banque diverses.
UN SCANDALE EN COCHINCHINE
Le National d'hier publiait :
Une étrange nouvelle, dont nous pouvons
garantir la parfaite exactitude, nous arrive
de Cochinchine. On vient d'incarcérer le com-
missaire central de Saigon, M. Bucquet,
ainsi que tous ou presque tous les commis-
saires de police de Saigon et de Cholon.
Ces agents seraient accusés de concussion ;
ils auraient trempé dans certaines malversa-
tions, de complicité avec des Chinois gérants
de maisons de jeux. Le scandale est grand. Il
est à craindre que l'administration locale ne
supporte la responsabilité de ce déplorable
incident, car c'est à elle qu'incombent la sur-
veillance et le contrôle, et il ne semble pas
qu'elle se soit préoccupée le moins du monde
de sa mission.
L'effet produit dans notre colonie sur les
indigènes est des plus fâcheux. On se rap-
pelle qu'il y a six mois trois magistrats de
Cochinchine furent licenciés pour des faits
analogues à ceux que nous rapportons au-
jourd'hui.
Comment inspirer confiance à nos sujets si
les agents de notre administration ne sont
pas plus irréprochables ?
LE MONOPOLE DES INHUMATIONS
La Chambre a nommé hier une commission de
onze membres chargée d'examiner la proposition
tendant à la suppression du monopole des inhu-
mations.
La majorité des commissaires élus est noatile a
la suppression du monopole des pompés funè-
hna.
LA BOURSE DU TRAVAIL
PROJET DE DÉSAFFECTATION
Une idée de M. Picau. — Révocation du
décret d'utilité publique. — Les syn-
dicats simples locataires de la
Ville. — Difficultés juridiques.
Il a passé beaucoup d'eau sous les ponts
depuis la fermeture de la Bourse du travail
par M. Dupuy. On ne parlait plus guère de
cette question. La voici qui revient à l'ordre
du jour de l'actualité. M. Faberot, qui l'em-
porta sur M. Floquet dans le onzième arron-
dissement, se propose d'interpeller prochai-
nement le gouvernement sur ses projets rela-
tifs à la réouverture de cet établissement.
D'autre part, c'est à l'audience d'aujour-
d'hui que se représentent, sur opposition, de-
vant le tribunal correctionnel, après avoir
fait défaut une première fois, les syndicats
poursuivis pour infraction à la loi de 1884.
La question de la Bourse du travail se
trouve donc posée de nouveau. C'est si vrai
que, ces jours derniers, s'est tenu une sorte
de conseil du parti ouvrier sur le point de
savoir comment devra s'engager la lutte à
propos de la Bourse du travail. Fallait il in-
terpeller pour connaître les secrets desseins
du ministre de l'intérieur ou tout simplement
attendre que celui-ci fasse au conseil munici-
pal des propositions de réouverture ? La ma-
jorité des membres de la commission exécu-
tive de la Bourse s'est rangée au premier de
ces avis. M. Faberot, qui connaît à fond la
Bourse du travail pour y avoir fréquenté
longtemps avant d'être représentant du
peuple, sera le porte-parole de ses collègues
ouvriers.
LE PROJET DE M. PICAU
Il demandera au ministre à quelle époque
et sous quelles conditions aura fieu la rentrée
des syndicats dans l'immeuble de la rue du
Château-d'Eau. Mais cette initiative ne sourit
pas à tout le monde. Plus d'un socialiste se
méfie du résultat de cette interpellation. On
craint que le débat ne tourne à l'avantage du
ministère.
M. Picau, conseiller municipal n'a pas
caché là-dessus son sentiment. Il a même
émis une idée qui est en train de faire tout
doucement son chemin à l'Hôtel de Ville et
qui revêtira la forme d'une proposition ferme
au début de la session de février.Elle a en tout
cas un mérite: celui de l'originalité. M. Picau
demandera la désaffectation de la Bourse du
travail. Vous ne voyez pas encore où tend
l'auteur de la proposition ? Ecoutez-le :
— Que répondra le ministre de l'intérieur
à celui de nos collègues ouvriers qui l'inter-
rogera à la Chambre ? Il n'est pas besoin d'ê-
tre grand prophète pour le deviner.
La Bourse du travail ? dira-t-il, mais je vais
l'ouvrir demain si vous le désirez. Et il le fera
comme il l'aura promis. Il rendra l'établisse-
sement à ses premiers occupants en leur im-
posant la soumission au règlement qu'il aura
élaboré. De deux choses l'une, alors : ou ils
supporteront désormais la tutelle de l'Etat,
où ils refuseront et les bonnes âmes ministé-
rielles s'exclameront sur leur parti pris de
désobéissance, de révolte aux lois.
Or, si le gouvernement peut nous placer
dans cette alternative, c'est parce que le con-
seil municipal en a sollicité un décret décla-
rant l'institution d'utilité publique. De là le
semblant de droit d'ingérence du gouverne-
ment dans les affaires de la Bourse. Plus de
déclaration d'utilité publique, plus de motif
d'intervention. La Ville de Paris reste maî-
tresse chez elle.
Il nous faut donc réclamer tout d'abord la
désaffectation du monument. Ce sera l'objet
de ma première proposition. Une fois atteint,
la situation est bien modifiée.
L'immeuble de la rue du Château-d'Eau ap-
partient à la Ville de Paris, n'est-ce pas ? Nul
n'a le droit de l'occuper sans notre consente-
ment. Propriétaire, nous y laissons entrer
qui bon nous semble. Eh bien, nous louons
l'immeuble à un particulier avec droit et con-
ditions de sous-location aux syndicats et grou-
pes ouvriers, absolument comme nous avons
imposé à certains locataires de terrains com-
munaux l'obligation d'y construire des mai-
sons à bon marché. Nous installons, nous, un
gérant dans notre propriété de la rue du Châ-
teau-d'Eau, lequel loue aux syndicats, à des
conditions qui resteraient à déterminer. Nous
faisons ce qu'il nous plaît. Les syndicats se-
raient bien chez eux.
OBJECTIONS JURIDIQUES
Pendant que M. Picau nous développait
son idée, plusieurs de ses collègues du con-
seil municipal écoutaient avec un intérêt non
dissimulé.
t.. L'un d'eux, très versé dans les question de
droit, ne nous a pas caché qu'il trouvait
Fidée ingénieuse, mais, a-t-il ajouté aussitôt,
elle demande à être étudiée au point de vue
du droit. Mon collègue Picau paraît croire
que charbonnier est toujours maître chez
lui. Il n'en est rien. La police, s'appuyant sur
la loi, peut empêcher toute réunion de plus
de vingt personnes. Des comités, des associa.
ciations beaucoup plus nombreuses à la vé-
rité, se réunissent chaque jour sans être in-
quiétés, mais c'est pure tolérance.
Les articles 291 et 292 du Code pénal
existent toujours. Il n'y a pas de propriété,
même communale, qui puisse faire obstacle à
l'application de la loi. La désaffectation de la
Bourse du travail ne changerait donc pas Is
situation légale des syndicats irréguliers. Ils
resteraient sous le coup de poursuites judi-
ciaires et pourraient être mis à la porte des
locaux de la Ville de Paris comme furent ex-
pulsées de leurs propriétés les congrégations
religieuses.
Voilà ce qui m'apparaît à première vue.
Toutefois, je le répète, la proposition de M.
Picau soulève des questions de droit diverses
sur lesquelles je ne voudrais pas me pronon-
cer sans les avoir examinées plus à l'aise.
Le seul résultat certain que j'aperçoive se-
rait de soustraire les syndicats au règlement
que prépare le gouvernement et dont ils ne
veulent entendre parler à aucun prix, dit-on.
La Bourse désaffectée, redevenue propriété
communale comme toutes les autres, les loca-
taires n'auraient d'autre engagement à 'sous-
crire que celui qui leur serait dicté par la
Ville.
Apprêtons-nous donc à entendre reparler
pendant quelque temps de la Bourse du tra-
vail, aujourd hui, au Palais de Justice, dans
quelques jours à la Chambre des députés,
puis au conseil municipal.
IA SITUATION EN ITALIE
Rome, 23 janvier.
Le décret prorogeant le Parlement n'a pas
été précisément bien accueilli parmi les dépu-
tés qui étaient déjà rentrés en grand nombre
à Rome.
La mesure a paru d'autant plus grave que
c'était la Chambre qui avait fixé elle-même
sa réouverture au 25 janvier et que, du mo-
ment où le pouvoir exécutif se croit le droit
d'infirmer dl - propre autorité « vote dqb
pouvoir législatif, rien ne prouve qu'il n'y
aura pas une nouvelle prorogation le 20 fé-
vrier prochain.
Les boulangers et les cochers de Pise se
sont mis en grève.
Des rassemblements tumultueux se sont
formés.
La cavalerie a dû intervenir. Accueillie
jprOar de l'établissement de Pontecorvo par
une grêle de pierres, elle a chargé après avoir
fait trois sommations et elle a dispersé les
rassemblements.
Cependant les commerçants ont fermé
leurs magasins.
Quatre arrestations ont été opérées.
Dans les localités avoisinant Pise, on fait
aussi grève, mais l'ordre n'y a pas été trou-
blé.
Selon les dépêches des journaux, la ban-
que populaire de Brescia a demandé un mora-
torium.
Le général Morra a adressé aux préfets de
Sicile une circulaire leur donnant les règles à
suivre en vue de la revision des budgets com-
munaux et leur recommandant surtout de
réduire les dépenses obligatoires au strict né-
cessaire, de supprimer les dépenses facultati-
ves qui n'ont pas pour but des besoins d'un
intérêt général e-t enfin d'examiner les listes
des taxes communales.
Cette circulaire vise également des mesures
tendant à améliorer la situation de la classe
des travailleurs, d'accord avec les capitalistes
et les propriétaires.
LA CRISE EN SERBIE
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER.)
Belgrade, 23 janvier.
Bien malin serait celui qui pourrait dire de
quelle façon se dénouera la crise qui vient
d'éclater en Serbie.
Les progressistes refusent toute entente
avec les libéraux et ceux-ci sont à la fois trop
peu nombreux et trop impopulaires pour
avoir quelque chance de ramener le calme
et la tranquillité dans le pays.
C'est cependant sur leur concours, et en
particulier sur celui de M. Avakoumovitch,—
l'ex-président du conseil qu'Alexandre 1er fit
arrêler lors de son coup d'Etat du mois d'avril
dernier et qui fut depuis poursuivi sous l'in-
culpation de haute trahison, — que Milan et
son fils comptent le plus. Ils ne le lui ont ca-
ché ni l'un ni l'autre.
Mais, de quelque façon que la crise se dé-
noue, que ce soit un ministère libéral avec
M. Avakoumovitch, ou un ministère neutre
avec M. Simitsch, ou encore un ministère mi-
litaire qui soit appelé par le roi à succéder
au cabinet radical de M. Grouitch, la situa-
tion n'en restera pas moins grave pour la
Serbie et la dynastie des Obrenovitch.
C'est du moins la seule chose qu'on puisse
affirmer avec quelque certitude pour le mo-
ment.
BISMARCK ET GUILLAUME RECONCILlÉS
- Berlin, 28 janvier.
Le lieutenant-colonel de Moltke, aide de camp
de l'empereur, a remis hier au prince de Bismarck
une lettre autographe dans laquelle le souverain
annonce à l'ex-ciiancelier qu'il lui envoie une bou-
teille de vieux vin et le félicite d'être guéri de
l'influenza.
Le prince de Bismarck a répondu au lieutenant-
colonel de Moite qu'il irait la semaine prochaine
à Berlin remercier personnellement l'empereur.
Ce rapprochement entre l'empereur et le prince
cause ici une grande émotion.
LES GRANDES COMMISSIONS
Commission de la marine
La Chambre, qui n'a pas tenu hier séance
publique, s'est réunie dans ses bureaux pour
nommer deux grandes commissions de trente-
trois membres, celles de la marine et de l'ar-
mée.
La nomination des commissaires de la ma-
rine a provoqué un débat assez étendu qui
s'est trouvé alimenté par les récentes révéla-
tions faites ici même sur les défectuosités de
l'armement et du matériel et sur les condi-
tions dans lesquelles les approvisionnements
étaient effectués. Plusieurs commissaires élus,
MM. Brisson, Abel, Chautemps et Lockroy,
ont en outre insisté pour que des mesures
soient prises sans plus tarder pour assurer la
défense de nos côtes.
On a beaucoup remarqué que M. de Ker-
jégu, nommé par le premier bureau et appar-
tenant à la fraction modérée de la Chambre,
s'est associé à l'ensemble des critiques que
soulève l'administration de la marine, tout en
ajoutant cependant que la partie combat-
tante de la marine ne pouvait être rendue
responsable.
Voici, dans l'ordre des bureaux, les noms
des commissaires élus : MM. Lafont, de Ker-
jégu, Félix Faure, Lockroy, du Périer de
Larsan, Leborgne, de la Porte, St-Germain,
Cabart-Danneville, l'amiral Vallon, de Tré-
veneuc, Leydet, de Mahy, Dupuytrem, Leffet,
Darlan, Thomson, Guillemet, Raymond Ley-
gues, Deloassé, Jumel, Garnier, Armez, Cec-
caldi, Clovis Hugues, Riotteau, Gerville-
Réache, Le Myre de Vilers, Leteurtre, Abel,
Brisson, Chautemps, Brand.
La commission de l'armée
La nomination de la commission de l'ar-
mée n'a provoqué aucune discussion à signa-
ler. Elle est composée de MM. Jules Roche,
Perier, Levet, Lebaudy, César Duval, de
Pontbriand, Develle, Le Hérissé, de Mous-
tier, Dujardin-Beaumetz, général Riu, de
Lanjuinais, colonel Guérin, Demarçay, Jo-
seph Reinach, Cavaignac, Legludic, Royer
(Meuse), Guyot-Dessaigne, Deloncle, baron
Reille, de Montfort, Mézières, Thonion, gé-
néral Jung, Etienne de Montebello, Pourquery
de Boisserin, de la Ferronnays, Cornudet,
Henri Brisson, Trélat, Chapuis.
Les deux commissions se réuniront aujour-
d'hui pour se constituer; il est probable que
M. Mézières sera nommé à la présidence de
celle de l'armée. Pour la marine, deux noms,
ceux de MM. de Mahy et Henri Brisson, sont
en présence.
LE RAPPORT DE M. WEHRLIN
Nous apprenons que M. Daniel Wehrlin,
chef de la mission commerciale placée sous la
direction de M. Mizon, vient de remettre au
directeur de la Compagnie française de l'A-
frique centrale un rapport complet sur les
operations commerciales de cette mission dans
le Niger et la Bénoué.
Ce long travail, dont la remise avait été
retardée jusqu'à ce jour par suite du mauvais
état de santé de M. Wehrlin, constitue un
document rempli de pièces officielles, de chif-
fres et de renseignements précis que les per-
sonnes s'intéressant aux choses a Afrique et
surtout aux opérations commerciales de la
dernière mission Mizon daDI ces parages con-
I solteront aveo intértt*
LA VIE DE PARIS
L'émoi est fort grand parmi les femmes
à la nouvelle qu'on aurait trouvé une
bombe, une marmite, car c'était une mar-
mite, dans les magasins du Printemps. A
cette marmite était attachée une mèche
qui paraît avoir été allumée, mais qui
s'est éteinte spontanément, comme une
simple allumette de la régie. On ne réus-
sit pas à tous les coups ! L'engin qui, à
première inspection, a paru assez redou-
table, avait été déposé de nuit con-
tre les magasins du Printemps. S'il eût
éclaté, il n'eût produit que des dégâts ma-
tériels. Mais il n'en faut pas plus pour
causer une forte émotion sur les femmes,
très impressionnables de leur nature, et
aussi sur bien des hommes. Car, devant
les dangers inconnus qui peuvent nous
tomber dessus sans que nous soyons
avertis, sans qu'aucune défense soit pos-
sible, les hommes ne sont pas toujours
plus braves que les femmes. La bravoure,
d'ailleurs, disparaît assez volontiers des
cœurs quand la raison démontre son inu-
tilité. Quand il n'y a rien à faire vis-à-vis
d'un danger, il ne reste qu'à l'éviter, fût-
ce par la fuite. Les anarchistes, parmi les-
quels y a des psychologues, puisqu'on en
trouve partout, savent cela et paraissent
vouloir en profiter.
Il me parait qu'ils se rendent très bien
compte (plusieurs l'ont déclaré d'ailleurs)
qu'il n'y aurait aucun espoir pour eux en
commençant une action générale dans le
but de détruire la société, selon leur doc-
trine. Une manifestation anarchiste, qui
restait cependant platonique, avant eu
lieu dans la rue, à Courtrai, a été attaquée
par les ouvriers et les paysans de l'en-
droit : c'est très caractéristique. Les anar-
chistes ne me paraissent pas non plus
très disposés à des attentats qui entraî-
nent mort d'homme. On y risque sa tête,
et la condamnation de Vaillant par le
jury de la Seine est aussi caractéristique
que l'action de la population de Courtrai.
Il est évident que l'on veut se défendre,
qu'on prend le danger au sérieux et qu'on
ouvre l'œil.
Pour recommencer une affaire comme
celle de la Chambre, il faut faire le sacri-
fice de sa vie à peu près à coup sûr. Or,
les sectaires capables de cette résolution
sont, heureusement, fort rares. Mais il
est évident qu'il entre dans la politique
du parti anarchiste l'idée de maintenir
l'agitation par des tentatives de gravité
médiocre, de maintenir les esprits dans
un état d'énervement et de faire planer
sur nous la marmite de Damoclès. En
ces jours-ci, cette politique est assez
cruelle vis-à-vis de Vaillant, dont le
sort dépend visiblement des mouvements
de l'opinion. On intimide parfois un indi-
vidu : et encore n'y a-t-on pas réussi pour
les jurés et les magistrats qui ont con-
damné Vaillant. On n'intimide pas
une foule. Je tiens pour certain que si la
marmite du Printemps eût éclaté et eût
fait une victime, fût-ce une seule, il eût
été impossible de gracier Vaillant, et
peut-être aurions-nous vu, qui sait ? une
importation chez nous du lynchage amé-
ricain, qu'il faut laisser là où il fleurit.
Je sais bien que l'on va défendre les
anarchistes d'avoir voulu commettre ce
nouvel attentat,si on n'en trouve pas l'au-
teur. Je connais mon Paris. On dirait que
M.Jaluzot a voulu se faire une réclame, si
la chose n'était préjudiciable à ses inté-
rêts. Je pense qu'il eût voulu la tenir se-
crète, car tous les raisonnements du
monde n'empêcheront pas, pendant quel-
que temps au moins, un certain nom-
bre de femmes de penser qu'il y a du
danger à aller dans un magasin visé
par les poseurs de marmites. Ceci
étant, on dira que la bombe, le simulacre
de bombe, avec sa mèche éteinte, n'est
que la vengeance de quelque employé mé-
content ou congédié (il y en a toujours
dans les grandes administrations), ou
mieux une manœuvre des petits mar-
chands gênés dans leur commerce par les
grands magasins, ou, qui sait? la manœu-
vre criminelle d'une maison rivale. Quand
les imaginations sont en train, elles mar-
chent, elles marchent ! On s'en fie volon-
tiers à l'adage qui veut que, pour connaî-
tre l'auteur d'un crime, on cherche à qui
il sert, adage très incertain d'ailleurs, et
très perfide, comme le sont presque tous
les adages populaires.
Si la police découvre l'auteur du crime,
si elle met la main sur le chimiste qui a
opéré, nous serons fixés. Mais si nous
restons sans renseignements précis, tous
les commentaires seront possibles. Mon
impression, c'est que les anarchistes veu-
lent continuer à maintenir l'état d'éner-
vement. Cette façon d'agir est absurde, je
le répète, tant que le cas de Vaillant
n'est pas fixé. Mais la pitié n'est pas la
règle des partis. Je les ai presque toujours
trouvés féroces, faisant peu de cas de la vie
de leurs propres membres. Les anar-
chistes pourraient parfaitement être les
disciples de Mazzini, qui de parti pris
lançait de pauvres diables dans des en-
treprises qui n'avaient aucune chance de
réussir et où ils laissaient leur peau, uni-
quement pour ne pas laisser un trop long
temps calme et sans quelque coup d'éclat
qui inquiétait ou exaltait l'opinion. C'est
une doctrine qui se peut défendre en ma-
tière de révolution.
J'admets donc assez volontiers que les
anarchistes, sans aller jusqu'au crime con-
tre les personnes, veulent maintenir l'agi-
tation, l'énervement. C'est pour cela qu'il
faut montrer plus de sang-froid que ja-
mais et ne pas se laisser énerver. Car no-
tre trouble serait pire et aurait des consé-
quences plus funestes que les acçidents
mêmes auxquels nous pouvons nous trou-
ver exposés. Pour cela, recourons à la
statistique, qui, étant chose scientifique
(on l'assure du moins), doit avoir une
grande influence sur les esprits. La statis-
tique nous apprendra que nos chances de
mort, chances dont nous sommes pour
ainsi dire enveloppés sans cesse, ne sont
pasangoiqtrtaiparles entMpMca anar-
chistes d'un cent millionième peut-être.
Un semblable raisonnement a été fait
quand ont éclaté les premiers accidents
de chemins de fer, celui de Versailles no-
tamment. Au premier jour, plus personne
ne voulait aller en chemin de fer. Il a bien
fallu s'apercevoir cependant que nos pères
couraient plus de dangers avec les voitu-
res et les diligences. De même, une bombe
de temps en temps augmente bien moins
nos chances d'accident que la surveillance
insuffisante des rues de Paris, telle que
la connurent nos aïeux. Ne nous lais-
sons donc aller à aucune panique. Chaque
époque a ses périls, ses mauvais côtés.
Contre la plupart des dangers qui mena-
cent l'homme, nous sommes certainement
mieux défendus aujourd'hui qu'autrefois.
Là-dessus il n'y a pas de doute possible.
Ne nous troublons pas devant les poseura
de marmites et, je n'en doute pas, quand
ils verront que-nous ne sommes pas éner-
vés par leurs actes, ils passeront à d'autre.
exercices, moins dangereux pour eux-
mêmes.
Henry Fouquier.
L'ENGIN DU JOUR
Depuis l'attentat du Palais-Bourbon, on a
trouvé un peu partout des engins de toute
sorte, reconnus, après examen, comme étant
l'œuvre de fumistes. Il y eut toutefois un
moment d'émotion, il y a quelques jours,
lorsqu'on découvrait à la préfecture de police
une bombe qui « aurait pu, si elle avait éclaté,
peut-être faire des dégâts ou des victimes ».
Mais elle n'éclata pas et la préfecture dut
avouer, dans un rapport adressé au parquet,
qu'elle n'offrait aucun danger.
Hier matin, le ministère de l'intérieur dé-
voilait aux informateurs politiques que, dans
la nuit de samedi à dimanche, une bombe
genre Vaillant était trouvée aux Magasins du
Printemps dans l'intérieur de la grille qui se
trouve rue du Havre devant l'entréeprincipale
de ce magasin de nouveautés.
C'est dans la matinée de dimanche, bien
avant l'ouverture des magasins, que le gar-
dien Moratti vit sur la marche d'entrée une
marmite attachée avec un fil de fer,d'où une mè-
che de vingt centimètres environ pendait. Le
gardien prévint l'inspecteur Tartarin et les
pompiers de service accoururent aussitôt.
Avant même l'arrivée de la police, on pré-
cipita l'engin dans un seau d'eau, et c'est
dans ce récipient qu'on le transportait au
commissariat de police, rue de Provence, d'où
ou télégraphiait à la préfecture de police qui
chargeait le laboratoire municipal de l'exa-
men. La bombe était envoyée dans l'annexe
du laboratoire où elle était ouverte.
L'examen était fait hier par M. Girard,
chef du laboratoire municipal, qui, dans un
rapport officiel, dit qu'il s'agit d une marmite
dont l'intérieur contient les choses les plus
étranges : mèche de lampe, fil de fer, débris
d'anthracite, morceaux d'acier semblant pro-
venir de lames de fleurets, des tas de débris
de jouets, des clous, des les, des débris d'objets
d'articles de Paris, des pierres, des morceaux
informes qui semblent provenir de balayures
de magasin, et à tout cela un mélange de
poudre non définie que M. Girard qualifie de
charbon, soufre et nitrate de potasse et qui
n'est peut-être que de la poussière de char-
bon.
Quoi qu'il en soit, il est certain qu'on s<
trouve en présence d'une nouvelle plaisante-
rie et nullement d'un attentat.
Aux Magasins .du Printemps ont est très
affirmatif sur ce point ; on assure qu'il ne
peut s'agir que d un mauvais plaisant, et on
le croyait si bien qu'on n'y pensait plus de-
puis dimanche et on l'aurait oublié si le mi,
nistère n'avait cru devoir signaler hier ce
nouveau méfait des anarchistes. A la préfec.
ture, au contraire, on semble attacher une,
très grande importance à la bombe du Prin-
temps, et comme on ne sait rien, on prend
des airs mystérieux pour ne rien dire.
Il est bien entendu que nous ne nous ferons
pas l'écho des bruits malveillants qui circulent
sur le rôle de la police à propos des engins et
qui coïncident avec la disgrâce de M. l'officier
de paix de la brigade des recherches qui tient
dans sa main tous les indicateurs anarchis-
tes.La brigade n'exerçant plus de surveillance,
les engins se sont multipliés, ce qui prou-
verait l'utilité des agents de M. Fédée.
LES DOLÉANCES
DU CONSEIL GÉNÉRAL DE LA SEINE
Le conseil général de la Seine et le conseil
municipal de Paris se regardent depuis quel-
ques temps comme chiens de faïence. Ça peut
paraître étonnant, l'un et l'autre étant com-
posés à peu près des mêmes membres; mais
c'est cependant ainsi. Puis on se plaint, au
conseil général, d'être traité un peu trop ca-
valièrement par l'administration préfectorale.
Une duftion de conseillers généraux radi-
caux et socialistes a eu lieu hier à l'Hôtel de
Ville.
On y a invité le bureau du conseil général,
composé de MM. Patenne, président ; Bassi-
net, Gibert, vice-présidents ; Puech, Laurent-
Cély, Picau, Davrillé des Essards, à se rendre
auprès du ministre de l'intérieur pour lui
faire connaitre les doléances de la banlieue.
Ces messieurs demanderont notamment que
l'assemblée départementale soit convoquée
dès le mois d'octobre, de façon à pouvoir
étudier sérieusement le budget ; que les deux
conseils, général et municipal, ne se réu-
nissent pas en même temps, enfin que les
secrétariats administratifs des deux assem-
blées soient bien distincts.
L'ELECTION DE M. DE VOGUÉ
La commission d'enquête nommée par la
Chambre pour examiner la validité de l'élec-
tion de M. de Vogüé a terminé l'enquête à
laquelle elle s'est livrée dans l'arrondisse-
ment de Tournon.
Elle a recueilli, dans les quatre cantons
d'Annonay, Serriéres, Saint-Félicien et Sa-
tillieu, plus de 700 dépositions des plus im-
portantes.
Elle a acquis notamment la preuve que la
fameuse dépêche de M. Develle, alors minis-
tre des affaires étrangères, offrant son con-
cours « discret » au candidat rallié, a été col-
portée danslaplupart des cercles républicains
sur lesquels il fallait peser pour obtenir un
concours utile.
Cette constatation a d'autant plus de prix
que, lors de la discussion de l'élection à la :
tribune, il fut affirmé que la dépêche de M
Develle n'avait pas été communiquée aux
électeurs.
La commission stata*xa ces jostn-ci sur le
ças de M. de Vogûéw -. V-
- LE -- NUMÉRO CINQ CENTIMES
JEUDI 25 JANVIER 1894
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PARIS
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tous les Bureaux de Poste.
LA DICTATDRE CRISPI
Depuis l'entrée de l'armée italienne
dans Rome par la brèche de la Porta
Pia les souvenirs de l'antiquité gri-
sent le gouvernement royal.
Ce n'est pas impunément, paraît-il,
que l'on respire la poussière des siècles
accumulée sur les ruines du Forum et
que l'on foule les pierres de la Voie sa-
crée, où passa César. Le roi Humbert
et ses ministres sont préoccupés sans
cesse par la pensée de recommencer
l'histoire et ils se figurent trouver dans
le passé romain les éléments de la poli-
tique moderne.
Cette étrange conception a amené
l'Italie à l'état lamentable actuel. Elle
meurt d'anémie, parce que ses gou-
vernants ont été atteints de la folie des
grandeurs et ont prétendu lui faire
jouer un rôle qui n'était pas en rapport
avec ses forces.
Aujourd'hui, en présence d'une situa-
tion dont la gravité croît sans cesse,
on songe à supprimer momentanément
le régime parlementaire et à donner à
M. Crispi une sorte de dictature. Ses
admirateurs lui préparent déjà des lau-
riers.
Pendant les Cent-Jours, en France,
dans le Corps législatif réuni par Na-
poléon, un enthousiaste proposa de dé-
cerner à l'empereur le titre de « sau-
veur de la patrie». Mais un jeune dé-
puté, qui faisait alors ses premiers pas
sur. la scène politique,, calma cette ar-
deur par ces simples mots : « Attendez
au moins qu'il l'ait sauvée. » Cette re-
marque de M. Dupin fut suivie d'un
long silence. On eût dit qu'il passait
au-dessus de l'Assemblée le vent glacial
d'un présage, et qu'une voix annonçait
Waterloo.
Avant de hisser M. Crispi jusqu'au
Capitole, ses amis feront bien d'atten-
dre qu'il ait accompli son œuvre.
Que pourra-t-il faire de ces redouta-
bles pleins pouvoirs, incompatibles, du
reste, pour un ministre, avec le prin-
cipe monarchique?
Lorsque les Romains nommaient un
dictateur pour tout centraliser dans une
même main, ils avaient des institutions
républicaines. En face d'un souverain,
une dictature autre que celle du mo-
narque conduit à une révolution.
Humbert Ier, vis-à-vis d'un ministre
ayant un blanc-seing, se trouvera aussi
diminué que le fut Napoléon III lors-
qu'ayant remis le commandement de
l'armée au maréchal de Mac-Mahon, il
suivait les troupes dans la marche fu-
nèbre qui a abouti à Sedan.
On ne dépose pas une couronne à
volonté, comme on quitte un chapeau.
A côté d'un roi ou d'un empereur, nul
ne peut être tout-puissant, sans que le
trône se trouve ébranlé.
L'Italie est travaillée par des idées
révolutionnaires et agitée par des vel-
léités séparatistes.
La maison de Savoie a fait faillite aux
espérances conçues pendant l'enfante-
ment de l'unité. Elle n'a pas réussi à
donner la prospérité matérielle aux po-
pulations qui avaient eu foi dans Vic-
tor-Emmanuel, dont le successeur n'a
pas su porter le pesant héritage.
Les éléments républicains qui avaient
donné leur concours au roi « galant
homme », se détournent de plus en plus
de son fils. Des Romagnes au pied du
Vésuve, de Gênes à Palerme, le nom
de République est prononcé souvent
maintenant, tandis que les partisans des
dynasties déchues se remuenten Toscane
et dans le pays napolitain.
M. Crispi, qui est un jacobin centra-
lisateur de la vieille école, opposera
sans doute des mesures énergiques à
toute tentative contre l'unité. Mais lui
sera-t-il possible de réprimer, au nom
de la monarchie, des mouvements qui
se produiraient en déployant le drapeau
républicain, sous lequel il a combattu
pendant toute sa jeunesse.
Puis la puissance des baïonnettes est
limitée, surtout avec les armées natio-
nales du temps présent. En 1830, à
Paris, on vint avertir le prince de Poli-
gnac que les régiments mettaient la
crosse en l'air et passaient à l'insur-
rection. — « Tirez sur les régiments !
cria-t-il. » - Avec quoi? Le conseil
était plus facile à donner qu'à mettre
3n pratique.
Dans le plan de M. Crispi, il y a toute
une série de réformes destinées à la
fois à produire des économies et à for-
tifier la centralisation.
Il veut, profitant du silence des
chambres, supprimer une foule de
fonctions qui n'ont plus de raison d'être
dans un grand Etat unifié.
Lors des annexions successives, pour
ménager les intérêts locaux, on a res -
pecté l'organisation gouvernementale
qui était complète pour chacun des pe-
tits pays.
Il était resté des cours de cassation
multiples, des préfectures et des sous-
préfectures en nombre excessif — en
un mot des emplois devenus des siné-
cures.
Leur disparition serait une chose lo-
gique; mais elle constituera une res-
source financière dérisoire et elle exas-
pérera les passions d'arrondissements.
Ce n'est pas cela qui ôtera un argu-
ment aux partisans du passé, alors que
l'Italie morcelée ne faisait pas partie
de la triple alliance, mais ignorait la
misère apportée par la politique à ou-
trance.
Comme tout arrive, il est impossible
de prédire ce que les événements gar-
dent à M. Crispi. Sera-t-il le bouclier
protégeant Humbert contre la révolu-
tion ? succombera-t-il, comme Rossi, le
célèbre ministre de Pie IX, sous le fer
d'un fanatique? Restera-t il le soutien
d'un trône chancelant ou aidera-t-il à le
renverser pour s'élever sur ses débris?
Laissera-t-il dans l'histoire le nom d'un
grand homme ou la mémoire d'un aven-
turier politique?
C'est le secret de l'avenir. Mais les
choses marchent si vite en Italie, que
cet avenir-là s'appelle peut-être demain.
lisait.
PRÉPARATIFS ITALIENS
Nous apprenons de bonne source que le
gouvernement italien fait retenir en ce mo-
ment dans le port de Gênes et ailleurs tous
les navires marchands de fort tonnage, comme
s'il craignait d'être pris au dépourvu pour les
besoins d'une mobilisation.
Ce fait, ajouté à l'armement de tous les ba-
teaux de l'escadre qui est en ce moment à
Tarente, et à l'appel de 55,000 hommes de la
classe 1889 et que les événements de Sicile et
de Carrare ne suffisent pas à justifier, peut
paraître à bon droit quelque peu suspect.
Certes, nous ne voulons pas attacner plus
d'importance qu'il ne convient aux mesures
que croit devoir prendre le gouvernement
italien, mais au moins faut-il convenir qu'il
en est qui ont tout l'air de préparatifs et qui
sont en conséquence aussi maladroites qu'inu-
tiles.
QUEL EST CE RÉGNIER?
L'agence Dalziel annoncela mort de « M. Ed-
mond Régnier qui fut, en 1870, l'homme de
confiance de l'impératrice et qui avait été
chargé par elle d'entamer avec le roi Guil-
laume des négociations de paix. »
Quel est ce Régnier ? Nous ne connaissons
que le Régnier (Victor-Edmond-Vital) qui, le
13 septembre 1870, re rendit, en effet, à Has-
ting, où était allée se fixer l'ex-impératrice,
qui se fit présenter à elle et qui eut, le 20 sep-
tembre, une entrevue à Ferriérés avec M. de
Bismarck.
Il eut également un entretien avec Bazaine
auquel il représenta que ce serait un service
à rendre au pays que d'obtenir un armistice
pour arriver à la paix, etc. Mais ce Régnier,
aventurier bizarre, était un simple agent de
M. de Bismarck.
- Le 2e conseil de guerre de Paris le con-
damna par contumace, en 1874, à la peine de
mort.
Ce doit être de celui-là que parle l'agence
Dalziel. Or ce Régnier est mort à Ramsgate
(Angleterre) en novembre 1886.
LES GROS TRAITEMENTS
Il résulte d'un relevé officiel des remises
perçues par les titulaires des plus grasses
prébendes de l'administration — nous'avons
cité les trésoriers généraux — que deux tré-
soreries, celles de la Seine-Inférieure et de la
Gironde, donnent à leurs bénéifciaires un trai-
tement plus que double du traitement d'un
ministre, soit une moyenne de 135,000 francs
avec un cautionnement variant de 420 à
540,000 francs.
La trésorerie des Bouches-du-Rhône, par
anomalie, exige un cautionnement de 478,000
francs pour un rendement net de 95,000 francs.
Les moins fructueuses trésoreries sont
celles du Lot, de la Lozère et des Hautes-
Alpes. Cette dernière ne vaut pas plus de 16 à
17,000 francs, moyenne supérieure d'une per-
ception de première classe et moitié de ce que
rapporte la recette particulière du Havre,
dont le revenu vient d'atteindre 38,000 francs.
La plus forte perception de Paris est celle
des quartiers Saint-Georges et Rochechouart,
dans le neuvième arrondissement, que vient
d'abandonner M. Vogeli, élu député de l'I-
sère, et qui a donné 36,124 francs pour l'exer-
cice clos.
11 va sans dire que les trésoriers généraux
augmentent encore leur revenu par des opé-
rations de banque diverses.
UN SCANDALE EN COCHINCHINE
Le National d'hier publiait :
Une étrange nouvelle, dont nous pouvons
garantir la parfaite exactitude, nous arrive
de Cochinchine. On vient d'incarcérer le com-
missaire central de Saigon, M. Bucquet,
ainsi que tous ou presque tous les commis-
saires de police de Saigon et de Cholon.
Ces agents seraient accusés de concussion ;
ils auraient trempé dans certaines malversa-
tions, de complicité avec des Chinois gérants
de maisons de jeux. Le scandale est grand. Il
est à craindre que l'administration locale ne
supporte la responsabilité de ce déplorable
incident, car c'est à elle qu'incombent la sur-
veillance et le contrôle, et il ne semble pas
qu'elle se soit préoccupée le moins du monde
de sa mission.
L'effet produit dans notre colonie sur les
indigènes est des plus fâcheux. On se rap-
pelle qu'il y a six mois trois magistrats de
Cochinchine furent licenciés pour des faits
analogues à ceux que nous rapportons au-
jourd'hui.
Comment inspirer confiance à nos sujets si
les agents de notre administration ne sont
pas plus irréprochables ?
LE MONOPOLE DES INHUMATIONS
La Chambre a nommé hier une commission de
onze membres chargée d'examiner la proposition
tendant à la suppression du monopole des inhu-
mations.
La majorité des commissaires élus est noatile a
la suppression du monopole des pompés funè-
hna.
LA BOURSE DU TRAVAIL
PROJET DE DÉSAFFECTATION
Une idée de M. Picau. — Révocation du
décret d'utilité publique. — Les syn-
dicats simples locataires de la
Ville. — Difficultés juridiques.
Il a passé beaucoup d'eau sous les ponts
depuis la fermeture de la Bourse du travail
par M. Dupuy. On ne parlait plus guère de
cette question. La voici qui revient à l'ordre
du jour de l'actualité. M. Faberot, qui l'em-
porta sur M. Floquet dans le onzième arron-
dissement, se propose d'interpeller prochai-
nement le gouvernement sur ses projets rela-
tifs à la réouverture de cet établissement.
D'autre part, c'est à l'audience d'aujour-
d'hui que se représentent, sur opposition, de-
vant le tribunal correctionnel, après avoir
fait défaut une première fois, les syndicats
poursuivis pour infraction à la loi de 1884.
La question de la Bourse du travail se
trouve donc posée de nouveau. C'est si vrai
que, ces jours derniers, s'est tenu une sorte
de conseil du parti ouvrier sur le point de
savoir comment devra s'engager la lutte à
propos de la Bourse du travail. Fallait il in-
terpeller pour connaître les secrets desseins
du ministre de l'intérieur ou tout simplement
attendre que celui-ci fasse au conseil munici-
pal des propositions de réouverture ? La ma-
jorité des membres de la commission exécu-
tive de la Bourse s'est rangée au premier de
ces avis. M. Faberot, qui connaît à fond la
Bourse du travail pour y avoir fréquenté
longtemps avant d'être représentant du
peuple, sera le porte-parole de ses collègues
ouvriers.
LE PROJET DE M. PICAU
Il demandera au ministre à quelle époque
et sous quelles conditions aura fieu la rentrée
des syndicats dans l'immeuble de la rue du
Château-d'Eau. Mais cette initiative ne sourit
pas à tout le monde. Plus d'un socialiste se
méfie du résultat de cette interpellation. On
craint que le débat ne tourne à l'avantage du
ministère.
M. Picau, conseiller municipal n'a pas
caché là-dessus son sentiment. Il a même
émis une idée qui est en train de faire tout
doucement son chemin à l'Hôtel de Ville et
qui revêtira la forme d'une proposition ferme
au début de la session de février.Elle a en tout
cas un mérite: celui de l'originalité. M. Picau
demandera la désaffectation de la Bourse du
travail. Vous ne voyez pas encore où tend
l'auteur de la proposition ? Ecoutez-le :
— Que répondra le ministre de l'intérieur
à celui de nos collègues ouvriers qui l'inter-
rogera à la Chambre ? Il n'est pas besoin d'ê-
tre grand prophète pour le deviner.
La Bourse du travail ? dira-t-il, mais je vais
l'ouvrir demain si vous le désirez. Et il le fera
comme il l'aura promis. Il rendra l'établisse-
sement à ses premiers occupants en leur im-
posant la soumission au règlement qu'il aura
élaboré. De deux choses l'une, alors : ou ils
supporteront désormais la tutelle de l'Etat,
où ils refuseront et les bonnes âmes ministé-
rielles s'exclameront sur leur parti pris de
désobéissance, de révolte aux lois.
Or, si le gouvernement peut nous placer
dans cette alternative, c'est parce que le con-
seil municipal en a sollicité un décret décla-
rant l'institution d'utilité publique. De là le
semblant de droit d'ingérence du gouverne-
ment dans les affaires de la Bourse. Plus de
déclaration d'utilité publique, plus de motif
d'intervention. La Ville de Paris reste maî-
tresse chez elle.
Il nous faut donc réclamer tout d'abord la
désaffectation du monument. Ce sera l'objet
de ma première proposition. Une fois atteint,
la situation est bien modifiée.
L'immeuble de la rue du Château-d'Eau ap-
partient à la Ville de Paris, n'est-ce pas ? Nul
n'a le droit de l'occuper sans notre consente-
ment. Propriétaire, nous y laissons entrer
qui bon nous semble. Eh bien, nous louons
l'immeuble à un particulier avec droit et con-
ditions de sous-location aux syndicats et grou-
pes ouvriers, absolument comme nous avons
imposé à certains locataires de terrains com-
munaux l'obligation d'y construire des mai-
sons à bon marché. Nous installons, nous, un
gérant dans notre propriété de la rue du Châ-
teau-d'Eau, lequel loue aux syndicats, à des
conditions qui resteraient à déterminer. Nous
faisons ce qu'il nous plaît. Les syndicats se-
raient bien chez eux.
OBJECTIONS JURIDIQUES
Pendant que M. Picau nous développait
son idée, plusieurs de ses collègues du con-
seil municipal écoutaient avec un intérêt non
dissimulé.
t.. L'un d'eux, très versé dans les question de
droit, ne nous a pas caché qu'il trouvait
Fidée ingénieuse, mais, a-t-il ajouté aussitôt,
elle demande à être étudiée au point de vue
du droit. Mon collègue Picau paraît croire
que charbonnier est toujours maître chez
lui. Il n'en est rien. La police, s'appuyant sur
la loi, peut empêcher toute réunion de plus
de vingt personnes. Des comités, des associa.
ciations beaucoup plus nombreuses à la vé-
rité, se réunissent chaque jour sans être in-
quiétés, mais c'est pure tolérance.
Les articles 291 et 292 du Code pénal
existent toujours. Il n'y a pas de propriété,
même communale, qui puisse faire obstacle à
l'application de la loi. La désaffectation de la
Bourse du travail ne changerait donc pas Is
situation légale des syndicats irréguliers. Ils
resteraient sous le coup de poursuites judi-
ciaires et pourraient être mis à la porte des
locaux de la Ville de Paris comme furent ex-
pulsées de leurs propriétés les congrégations
religieuses.
Voilà ce qui m'apparaît à première vue.
Toutefois, je le répète, la proposition de M.
Picau soulève des questions de droit diverses
sur lesquelles je ne voudrais pas me pronon-
cer sans les avoir examinées plus à l'aise.
Le seul résultat certain que j'aperçoive se-
rait de soustraire les syndicats au règlement
que prépare le gouvernement et dont ils ne
veulent entendre parler à aucun prix, dit-on.
La Bourse désaffectée, redevenue propriété
communale comme toutes les autres, les loca-
taires n'auraient d'autre engagement à 'sous-
crire que celui qui leur serait dicté par la
Ville.
Apprêtons-nous donc à entendre reparler
pendant quelque temps de la Bourse du tra-
vail, aujourd hui, au Palais de Justice, dans
quelques jours à la Chambre des députés,
puis au conseil municipal.
IA SITUATION EN ITALIE
Rome, 23 janvier.
Le décret prorogeant le Parlement n'a pas
été précisément bien accueilli parmi les dépu-
tés qui étaient déjà rentrés en grand nombre
à Rome.
La mesure a paru d'autant plus grave que
c'était la Chambre qui avait fixé elle-même
sa réouverture au 25 janvier et que, du mo-
ment où le pouvoir exécutif se croit le droit
d'infirmer dl - propre autorité « vote dqb
pouvoir législatif, rien ne prouve qu'il n'y
aura pas une nouvelle prorogation le 20 fé-
vrier prochain.
Les boulangers et les cochers de Pise se
sont mis en grève.
Des rassemblements tumultueux se sont
formés.
La cavalerie a dû intervenir. Accueillie
jprOar de l'établissement de Pontecorvo par
une grêle de pierres, elle a chargé après avoir
fait trois sommations et elle a dispersé les
rassemblements.
Cependant les commerçants ont fermé
leurs magasins.
Quatre arrestations ont été opérées.
Dans les localités avoisinant Pise, on fait
aussi grève, mais l'ordre n'y a pas été trou-
blé.
Selon les dépêches des journaux, la ban-
que populaire de Brescia a demandé un mora-
torium.
Le général Morra a adressé aux préfets de
Sicile une circulaire leur donnant les règles à
suivre en vue de la revision des budgets com-
munaux et leur recommandant surtout de
réduire les dépenses obligatoires au strict né-
cessaire, de supprimer les dépenses facultati-
ves qui n'ont pas pour but des besoins d'un
intérêt général e-t enfin d'examiner les listes
des taxes communales.
Cette circulaire vise également des mesures
tendant à améliorer la situation de la classe
des travailleurs, d'accord avec les capitalistes
et les propriétaires.
LA CRISE EN SERBIE
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER.)
Belgrade, 23 janvier.
Bien malin serait celui qui pourrait dire de
quelle façon se dénouera la crise qui vient
d'éclater en Serbie.
Les progressistes refusent toute entente
avec les libéraux et ceux-ci sont à la fois trop
peu nombreux et trop impopulaires pour
avoir quelque chance de ramener le calme
et la tranquillité dans le pays.
C'est cependant sur leur concours, et en
particulier sur celui de M. Avakoumovitch,—
l'ex-président du conseil qu'Alexandre 1er fit
arrêler lors de son coup d'Etat du mois d'avril
dernier et qui fut depuis poursuivi sous l'in-
culpation de haute trahison, — que Milan et
son fils comptent le plus. Ils ne le lui ont ca-
ché ni l'un ni l'autre.
Mais, de quelque façon que la crise se dé-
noue, que ce soit un ministère libéral avec
M. Avakoumovitch, ou un ministère neutre
avec M. Simitsch, ou encore un ministère mi-
litaire qui soit appelé par le roi à succéder
au cabinet radical de M. Grouitch, la situa-
tion n'en restera pas moins grave pour la
Serbie et la dynastie des Obrenovitch.
C'est du moins la seule chose qu'on puisse
affirmer avec quelque certitude pour le mo-
ment.
BISMARCK ET GUILLAUME RECONCILlÉS
- Berlin, 28 janvier.
Le lieutenant-colonel de Moltke, aide de camp
de l'empereur, a remis hier au prince de Bismarck
une lettre autographe dans laquelle le souverain
annonce à l'ex-ciiancelier qu'il lui envoie une bou-
teille de vieux vin et le félicite d'être guéri de
l'influenza.
Le prince de Bismarck a répondu au lieutenant-
colonel de Moite qu'il irait la semaine prochaine
à Berlin remercier personnellement l'empereur.
Ce rapprochement entre l'empereur et le prince
cause ici une grande émotion.
LES GRANDES COMMISSIONS
Commission de la marine
La Chambre, qui n'a pas tenu hier séance
publique, s'est réunie dans ses bureaux pour
nommer deux grandes commissions de trente-
trois membres, celles de la marine et de l'ar-
mée.
La nomination des commissaires de la ma-
rine a provoqué un débat assez étendu qui
s'est trouvé alimenté par les récentes révéla-
tions faites ici même sur les défectuosités de
l'armement et du matériel et sur les condi-
tions dans lesquelles les approvisionnements
étaient effectués. Plusieurs commissaires élus,
MM. Brisson, Abel, Chautemps et Lockroy,
ont en outre insisté pour que des mesures
soient prises sans plus tarder pour assurer la
défense de nos côtes.
On a beaucoup remarqué que M. de Ker-
jégu, nommé par le premier bureau et appar-
tenant à la fraction modérée de la Chambre,
s'est associé à l'ensemble des critiques que
soulève l'administration de la marine, tout en
ajoutant cependant que la partie combat-
tante de la marine ne pouvait être rendue
responsable.
Voici, dans l'ordre des bureaux, les noms
des commissaires élus : MM. Lafont, de Ker-
jégu, Félix Faure, Lockroy, du Périer de
Larsan, Leborgne, de la Porte, St-Germain,
Cabart-Danneville, l'amiral Vallon, de Tré-
veneuc, Leydet, de Mahy, Dupuytrem, Leffet,
Darlan, Thomson, Guillemet, Raymond Ley-
gues, Deloassé, Jumel, Garnier, Armez, Cec-
caldi, Clovis Hugues, Riotteau, Gerville-
Réache, Le Myre de Vilers, Leteurtre, Abel,
Brisson, Chautemps, Brand.
La commission de l'armée
La nomination de la commission de l'ar-
mée n'a provoqué aucune discussion à signa-
ler. Elle est composée de MM. Jules Roche,
Perier, Levet, Lebaudy, César Duval, de
Pontbriand, Develle, Le Hérissé, de Mous-
tier, Dujardin-Beaumetz, général Riu, de
Lanjuinais, colonel Guérin, Demarçay, Jo-
seph Reinach, Cavaignac, Legludic, Royer
(Meuse), Guyot-Dessaigne, Deloncle, baron
Reille, de Montfort, Mézières, Thonion, gé-
néral Jung, Etienne de Montebello, Pourquery
de Boisserin, de la Ferronnays, Cornudet,
Henri Brisson, Trélat, Chapuis.
Les deux commissions se réuniront aujour-
d'hui pour se constituer; il est probable que
M. Mézières sera nommé à la présidence de
celle de l'armée. Pour la marine, deux noms,
ceux de MM. de Mahy et Henri Brisson, sont
en présence.
LE RAPPORT DE M. WEHRLIN
Nous apprenons que M. Daniel Wehrlin,
chef de la mission commerciale placée sous la
direction de M. Mizon, vient de remettre au
directeur de la Compagnie française de l'A-
frique centrale un rapport complet sur les
operations commerciales de cette mission dans
le Niger et la Bénoué.
Ce long travail, dont la remise avait été
retardée jusqu'à ce jour par suite du mauvais
état de santé de M. Wehrlin, constitue un
document rempli de pièces officielles, de chif-
fres et de renseignements précis que les per-
sonnes s'intéressant aux choses a Afrique et
surtout aux opérations commerciales de la
dernière mission Mizon daDI ces parages con-
I solteront aveo intértt*
LA VIE DE PARIS
L'émoi est fort grand parmi les femmes
à la nouvelle qu'on aurait trouvé une
bombe, une marmite, car c'était une mar-
mite, dans les magasins du Printemps. A
cette marmite était attachée une mèche
qui paraît avoir été allumée, mais qui
s'est éteinte spontanément, comme une
simple allumette de la régie. On ne réus-
sit pas à tous les coups ! L'engin qui, à
première inspection, a paru assez redou-
table, avait été déposé de nuit con-
tre les magasins du Printemps. S'il eût
éclaté, il n'eût produit que des dégâts ma-
tériels. Mais il n'en faut pas plus pour
causer une forte émotion sur les femmes,
très impressionnables de leur nature, et
aussi sur bien des hommes. Car, devant
les dangers inconnus qui peuvent nous
tomber dessus sans que nous soyons
avertis, sans qu'aucune défense soit pos-
sible, les hommes ne sont pas toujours
plus braves que les femmes. La bravoure,
d'ailleurs, disparaît assez volontiers des
cœurs quand la raison démontre son inu-
tilité. Quand il n'y a rien à faire vis-à-vis
d'un danger, il ne reste qu'à l'éviter, fût-
ce par la fuite. Les anarchistes, parmi les-
quels y a des psychologues, puisqu'on en
trouve partout, savent cela et paraissent
vouloir en profiter.
Il me parait qu'ils se rendent très bien
compte (plusieurs l'ont déclaré d'ailleurs)
qu'il n'y aurait aucun espoir pour eux en
commençant une action générale dans le
but de détruire la société, selon leur doc-
trine. Une manifestation anarchiste, qui
restait cependant platonique, avant eu
lieu dans la rue, à Courtrai, a été attaquée
par les ouvriers et les paysans de l'en-
droit : c'est très caractéristique. Les anar-
chistes ne me paraissent pas non plus
très disposés à des attentats qui entraî-
nent mort d'homme. On y risque sa tête,
et la condamnation de Vaillant par le
jury de la Seine est aussi caractéristique
que l'action de la population de Courtrai.
Il est évident que l'on veut se défendre,
qu'on prend le danger au sérieux et qu'on
ouvre l'œil.
Pour recommencer une affaire comme
celle de la Chambre, il faut faire le sacri-
fice de sa vie à peu près à coup sûr. Or,
les sectaires capables de cette résolution
sont, heureusement, fort rares. Mais il
est évident qu'il entre dans la politique
du parti anarchiste l'idée de maintenir
l'agitation par des tentatives de gravité
médiocre, de maintenir les esprits dans
un état d'énervement et de faire planer
sur nous la marmite de Damoclès. En
ces jours-ci, cette politique est assez
cruelle vis-à-vis de Vaillant, dont le
sort dépend visiblement des mouvements
de l'opinion. On intimide parfois un indi-
vidu : et encore n'y a-t-on pas réussi pour
les jurés et les magistrats qui ont con-
damné Vaillant. On n'intimide pas
une foule. Je tiens pour certain que si la
marmite du Printemps eût éclaté et eût
fait une victime, fût-ce une seule, il eût
été impossible de gracier Vaillant, et
peut-être aurions-nous vu, qui sait ? une
importation chez nous du lynchage amé-
ricain, qu'il faut laisser là où il fleurit.
Je sais bien que l'on va défendre les
anarchistes d'avoir voulu commettre ce
nouvel attentat,si on n'en trouve pas l'au-
teur. Je connais mon Paris. On dirait que
M.Jaluzot a voulu se faire une réclame, si
la chose n'était préjudiciable à ses inté-
rêts. Je pense qu'il eût voulu la tenir se-
crète, car tous les raisonnements du
monde n'empêcheront pas, pendant quel-
que temps au moins, un certain nom-
bre de femmes de penser qu'il y a du
danger à aller dans un magasin visé
par les poseurs de marmites. Ceci
étant, on dira que la bombe, le simulacre
de bombe, avec sa mèche éteinte, n'est
que la vengeance de quelque employé mé-
content ou congédié (il y en a toujours
dans les grandes administrations), ou
mieux une manœuvre des petits mar-
chands gênés dans leur commerce par les
grands magasins, ou, qui sait? la manœu-
vre criminelle d'une maison rivale. Quand
les imaginations sont en train, elles mar-
chent, elles marchent ! On s'en fie volon-
tiers à l'adage qui veut que, pour connaî-
tre l'auteur d'un crime, on cherche à qui
il sert, adage très incertain d'ailleurs, et
très perfide, comme le sont presque tous
les adages populaires.
Si la police découvre l'auteur du crime,
si elle met la main sur le chimiste qui a
opéré, nous serons fixés. Mais si nous
restons sans renseignements précis, tous
les commentaires seront possibles. Mon
impression, c'est que les anarchistes veu-
lent continuer à maintenir l'état d'éner-
vement. Cette façon d'agir est absurde, je
le répète, tant que le cas de Vaillant
n'est pas fixé. Mais la pitié n'est pas la
règle des partis. Je les ai presque toujours
trouvés féroces, faisant peu de cas de la vie
de leurs propres membres. Les anar-
chistes pourraient parfaitement être les
disciples de Mazzini, qui de parti pris
lançait de pauvres diables dans des en-
treprises qui n'avaient aucune chance de
réussir et où ils laissaient leur peau, uni-
quement pour ne pas laisser un trop long
temps calme et sans quelque coup d'éclat
qui inquiétait ou exaltait l'opinion. C'est
une doctrine qui se peut défendre en ma-
tière de révolution.
J'admets donc assez volontiers que les
anarchistes, sans aller jusqu'au crime con-
tre les personnes, veulent maintenir l'agi-
tation, l'énervement. C'est pour cela qu'il
faut montrer plus de sang-froid que ja-
mais et ne pas se laisser énerver. Car no-
tre trouble serait pire et aurait des consé-
quences plus funestes que les acçidents
mêmes auxquels nous pouvons nous trou-
ver exposés. Pour cela, recourons à la
statistique, qui, étant chose scientifique
(on l'assure du moins), doit avoir une
grande influence sur les esprits. La statis-
tique nous apprendra que nos chances de
mort, chances dont nous sommes pour
ainsi dire enveloppés sans cesse, ne sont
pasangoiqtrtaiparles entMpMca anar-
chistes d'un cent millionième peut-être.
Un semblable raisonnement a été fait
quand ont éclaté les premiers accidents
de chemins de fer, celui de Versailles no-
tamment. Au premier jour, plus personne
ne voulait aller en chemin de fer. Il a bien
fallu s'apercevoir cependant que nos pères
couraient plus de dangers avec les voitu-
res et les diligences. De même, une bombe
de temps en temps augmente bien moins
nos chances d'accident que la surveillance
insuffisante des rues de Paris, telle que
la connurent nos aïeux. Ne nous lais-
sons donc aller à aucune panique. Chaque
époque a ses périls, ses mauvais côtés.
Contre la plupart des dangers qui mena-
cent l'homme, nous sommes certainement
mieux défendus aujourd'hui qu'autrefois.
Là-dessus il n'y a pas de doute possible.
Ne nous troublons pas devant les poseura
de marmites et, je n'en doute pas, quand
ils verront que-nous ne sommes pas éner-
vés par leurs actes, ils passeront à d'autre.
exercices, moins dangereux pour eux-
mêmes.
Henry Fouquier.
L'ENGIN DU JOUR
Depuis l'attentat du Palais-Bourbon, on a
trouvé un peu partout des engins de toute
sorte, reconnus, après examen, comme étant
l'œuvre de fumistes. Il y eut toutefois un
moment d'émotion, il y a quelques jours,
lorsqu'on découvrait à la préfecture de police
une bombe qui « aurait pu, si elle avait éclaté,
peut-être faire des dégâts ou des victimes ».
Mais elle n'éclata pas et la préfecture dut
avouer, dans un rapport adressé au parquet,
qu'elle n'offrait aucun danger.
Hier matin, le ministère de l'intérieur dé-
voilait aux informateurs politiques que, dans
la nuit de samedi à dimanche, une bombe
genre Vaillant était trouvée aux Magasins du
Printemps dans l'intérieur de la grille qui se
trouve rue du Havre devant l'entréeprincipale
de ce magasin de nouveautés.
C'est dans la matinée de dimanche, bien
avant l'ouverture des magasins, que le gar-
dien Moratti vit sur la marche d'entrée une
marmite attachée avec un fil de fer,d'où une mè-
che de vingt centimètres environ pendait. Le
gardien prévint l'inspecteur Tartarin et les
pompiers de service accoururent aussitôt.
Avant même l'arrivée de la police, on pré-
cipita l'engin dans un seau d'eau, et c'est
dans ce récipient qu'on le transportait au
commissariat de police, rue de Provence, d'où
ou télégraphiait à la préfecture de police qui
chargeait le laboratoire municipal de l'exa-
men. La bombe était envoyée dans l'annexe
du laboratoire où elle était ouverte.
L'examen était fait hier par M. Girard,
chef du laboratoire municipal, qui, dans un
rapport officiel, dit qu'il s'agit d une marmite
dont l'intérieur contient les choses les plus
étranges : mèche de lampe, fil de fer, débris
d'anthracite, morceaux d'acier semblant pro-
venir de lames de fleurets, des tas de débris
de jouets, des clous, des les, des débris d'objets
d'articles de Paris, des pierres, des morceaux
informes qui semblent provenir de balayures
de magasin, et à tout cela un mélange de
poudre non définie que M. Girard qualifie de
charbon, soufre et nitrate de potasse et qui
n'est peut-être que de la poussière de char-
bon.
Quoi qu'il en soit, il est certain qu'on s<
trouve en présence d'une nouvelle plaisante-
rie et nullement d'un attentat.
Aux Magasins .du Printemps ont est très
affirmatif sur ce point ; on assure qu'il ne
peut s'agir que d un mauvais plaisant, et on
le croyait si bien qu'on n'y pensait plus de-
puis dimanche et on l'aurait oublié si le mi,
nistère n'avait cru devoir signaler hier ce
nouveau méfait des anarchistes. A la préfec.
ture, au contraire, on semble attacher une,
très grande importance à la bombe du Prin-
temps, et comme on ne sait rien, on prend
des airs mystérieux pour ne rien dire.
Il est bien entendu que nous ne nous ferons
pas l'écho des bruits malveillants qui circulent
sur le rôle de la police à propos des engins et
qui coïncident avec la disgrâce de M. l'officier
de paix de la brigade des recherches qui tient
dans sa main tous les indicateurs anarchis-
tes.La brigade n'exerçant plus de surveillance,
les engins se sont multipliés, ce qui prou-
verait l'utilité des agents de M. Fédée.
LES DOLÉANCES
DU CONSEIL GÉNÉRAL DE LA SEINE
Le conseil général de la Seine et le conseil
municipal de Paris se regardent depuis quel-
ques temps comme chiens de faïence. Ça peut
paraître étonnant, l'un et l'autre étant com-
posés à peu près des mêmes membres; mais
c'est cependant ainsi. Puis on se plaint, au
conseil général, d'être traité un peu trop ca-
valièrement par l'administration préfectorale.
Une duftion de conseillers généraux radi-
caux et socialistes a eu lieu hier à l'Hôtel de
Ville.
On y a invité le bureau du conseil général,
composé de MM. Patenne, président ; Bassi-
net, Gibert, vice-présidents ; Puech, Laurent-
Cély, Picau, Davrillé des Essards, à se rendre
auprès du ministre de l'intérieur pour lui
faire connaitre les doléances de la banlieue.
Ces messieurs demanderont notamment que
l'assemblée départementale soit convoquée
dès le mois d'octobre, de façon à pouvoir
étudier sérieusement le budget ; que les deux
conseils, général et municipal, ne se réu-
nissent pas en même temps, enfin que les
secrétariats administratifs des deux assem-
blées soient bien distincts.
L'ELECTION DE M. DE VOGUÉ
La commission d'enquête nommée par la
Chambre pour examiner la validité de l'élec-
tion de M. de Vogüé a terminé l'enquête à
laquelle elle s'est livrée dans l'arrondisse-
ment de Tournon.
Elle a recueilli, dans les quatre cantons
d'Annonay, Serriéres, Saint-Félicien et Sa-
tillieu, plus de 700 dépositions des plus im-
portantes.
Elle a acquis notamment la preuve que la
fameuse dépêche de M. Develle, alors minis-
tre des affaires étrangères, offrant son con-
cours « discret » au candidat rallié, a été col-
portée danslaplupart des cercles républicains
sur lesquels il fallait peser pour obtenir un
concours utile.
Cette constatation a d'autant plus de prix
que, lors de la discussion de l'élection à la :
tribune, il fut affirmé que la dépêche de M
Develle n'avait pas été communiquée aux
électeurs.
La commission stata*xa ces jostn-ci sur le
ças de M. de Vogûéw -. V-
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