Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1894-01-24
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 24 janvier 1894 24 janvier 1894
Description : 1894/01/24 (A24,N8045). 1894/01/24 (A24,N8045).
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 29/04/2013
VINGT-QUATRIÈME ANNÉE. — N* 8,045
I, TE ; MJMÉÏlÔ eiw atin idts- :
MERCREDI 24 JAN VIER t8fH
E
niums ET lumsTRArin
142, Rue Montmartre
PAKH
•IIE6TE0B POLITIODa
A.-Edouard PORTALIS
Adresse télégraphique : XIX* SIÈCLE—PAKI8
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DIT IttlMII
La nouvelle loi sur la comptabilité
des fabriques soulève dans le parti clé-
rical des protestations d'une extraordi-
naire violence. A elles seules, elles suf-
firaient à montrer que la réforme était
nécessaire et que les fabriques faisaient
de leurs ressources un usage irrégu-
lier. Si celles-ci n'avaient pas intérêt à
dissimuler l'emploi qu'elles en font et
si l'insuffisance qu'eHes invoquent pour
rejeter à la cnarge des communes les
dépensés obligatoires qu'elles se disent
- incapables de supporter, elles ne s'indi-
gneraient pas comme elles font à la pen-
sée qu'il va falloir qu'elles présentent
des comptes, elles ne seraient pas exas-
pérées de l'obligation que leur impose
la loi de soumettre leurs bilans à la cour
des comptes et elles ne demanderaient
pas mieux que de faire constater qu'en
effet elles ne peuvent pas se passer dès
subventions communales.
Au contraire, elles estimaient qu'elles
faisaient œuvre pie en consacrant leurs
ressources à l'entretien d'écoles congré-
ganistes ou à des entreprises cléricales
et en se soustrayant autant qu'elles le
pouvaient aux obligations légales qui
leur sont imposées. Aussi est-ce à une
véritable levée de crosses que la loi
nouvelle nous fait assister. Depuis l'af-
faire des catéchismes électoraux, l'épis-
copat n'avait pas donné avec cet en-
semble.
Les uns, comme M. Tregaro, évêque
de Sécz, déclarent! nèrement qu'ils ne
se. soumettront paS:'à la loi. Le cardinal
Rrebard, archevêque de Paris, prescrit
a u clergé de. son diocèse de ne soumet-
tre à la cour des comptes qu'un total de
dépenses et non le détail, comme le
prescrit la" Vi,- ce qui est une façon de
rendre le contrôle illusoire. Nous avons-
reproduiit la. violente allocution dans la-
quelle le cardinal Desprez, archevêque
de Toulouse, dénonce « la secte impie »
et signale à l'indignation des catholi-
ques ce nouvel empiétement de la so-
ciété civile. L'archevêque de Lyon, M.
Coullié, fait entendre d'arrières protesta-
tions. M. Turinaz, évêque de Nancy,
écrit que s'il ne protestait pas, il en-
courrait le mépris non seulement des
catholiques, mais de leurs adversai-
res. L'évêquo de Troyes, affirme que
les résultats de la loi seront désas-
treux et qu'ils « n'iront à rien moins
qu'à rendre impossible l'exercice du
culte dans beaucoup de paroisses ». La
Semaine religieuse de Montpellier sou -,
tient que « le gouvernement mécon-
naît Je droit public de l'Eglise en lé-
giférant seul sur les matières mixtes ».
Ce ne sont pas les évêques seuls qui
font entendre ces doléances. Les con-
seils de fabriqué joignent leur voix à
celle du clergé et certains d'entre eux
dohnent à leur protéstàtion une allure
qui ne manque pas d'originalité. La
Croix reproduit avec force éloges la
délibération suivante, prise par une fa-
brique : ■-•; • •• •: : -
M. le prusiderit, ayant ouvert la séance, dé-
elnrê qu'ellé a pour objet de recevoir le ser-
inant professionnel de M. le trésorier de la fa-
brique, indiqué dans l'instruction sur la comp-
tabilité des fabriques du i5 décembre 1893, si-
gnée Spuller et Burdeau. M. lé trésorier,
invite à prêter ce serment, déclare qu'il jure
sincèrement d'observer dans ses, fonctions
les règles de la justice et de l'honneur, con-
formément à la loi de Dieu et aux règles ca-
noniques; mais il refuse nettement de jurer
d'observer ks règlements de l'instruction sus-
dite, lo parce que l'autorité civile n'a aucune-
ment le droit d'imposer ces règlements et ces
formes de comptabilité ; 20 parce que l'exécu-
tion de ces règlements est impossible et im-
praticable.
- Les membres du conseil de fabrique s'asso-
cient à cette déclaration de M. le trésorier et
refusent de prêter leur concours à l'exécution
de la susdite instruction, jusqu'à ce qu'elle
ait reçu du Saint-Siège l'autorité et le droit
qu'elle n'a pas. En conséquence, l'assemblée
en appelle au Saint-Siège et déclare que, jus-
qu'à ce que le Souverain Pontife ait reconnu
la susdite instruction légitime et lui ait con-
féré droit et autorité, l'administration du bien
de la fabrique se fera comme par le passé.
Lecture faite, etc. (Suivent les signatures
des six membres présents.)
On annonce que cette protestation a été
transmise à la nonciature pour être
portée au Vatican.
Lorsque, naguère, le pape publia son
a Encyclique aux Français »,pour exhor-
ter les catholiques à accepter la Constitu-
tion, ce fut, vers la droite, un beau
spectacle. M. Paul de Cassagnac con-
tc&tait au Vatican le droit de s'immis-
cer dans les affaires intérieures du pays.
La droite royaliste, présidée par le duc
de la Roehefoucauld-Doudeauville, lan-
çait un manifeste dans la première ré-
daction duquel le pape était qualifié de
« souverain étranger D. Et voilà qu'au-
jourd'hui c'est de ce « souverain étran-
ger » que les catholiques sollicitent l'in-
tervention dans les affaires intérieures.
Ils déclarent qu'ils n'obéiront à la loi
que lorsqu'elle aura reçu l'approbation
SU Vatican êtrjue, jusque-là, elle n'a, à
leurs yeux, ni autorité ûidtfwt.
- , .1
Tant de scrupules seraient-ils venus à
la pensée des catholiques si le Parle-
ment avait « légiféré seul sur les ma-
tières mixtes » pourdécharger les fabri-
ques des obligations légales que l'état
de choses actuel leur impose? Hardi-
ment et sans crainte de se tromper, on
peut répondre que non. Mais l'Église
avait accepté sans réclamations les obli-
gations légales édictées par le décret de
1800, parce qu'elle avait immédiate-
ment vu le moyen de s'y soustraire.
Aujourd'hui qu'elle voit ce moyen lui
échapper et l'Etat lui imposer des ga-
ranties plus sérieuses, elle fs'aperçoit
que ce décret « constituait, comme dit
la Semaine religieuse de Rennes, dans
une forme-relativement adoucie, une
atteinte au droit ecclésiastique >. On ne
craint pas d'qpposer ce droit ecclésiati-
que au drpit de l'Etat; on va même jus-
qu'à subordonner celui-ci à celui-là et
à porter en appel au Vatican les lois
faites par le Parlement français. Ceci
seul en dit long sur l'évolution ccom-
plie par les cléricaux vers la Républi-
que. Puisqu'on parle de présenter des
projets de revision constitutionnelle,
pourquoi ne déposent-ils pas un amen-
dement qui pourrait être ainsi conçu :
« Art. 1er. — La République française
est un gouvernement qui a son siège à
Rome et dont le pape est président de
droit. - - -
» Art. 2. - Les ministres sont choi-
sis parmi les cardinaux.
» Art. 3. — Les préfets sont suppri-
més et remplacés par les évêques. »
Au moins ce serait nët et il n'y au-
rait plus à redouter que le droit de
l'Etat s'avisât d'entrer en conflit avec
le droit ecclésiastique.
HENRY BERTRAND EN COUR D'ASSISES
Nos lecteurs n'ont pas oublié qu'à la; suite
d'une plainte en escroquerie déposée par M.
Guy de Marcilly, Henry Bertrand, directeur
du Betting-Club, était arrêté et envoyé à
Mazas.
L'instruction de cette affaire est terminée et
M. le juge Bertulus a conclu au renvoi
d'Henry Bertrand en cour d'assises.
Il n'ira pas seul. Sont compris dans les
poursuites: Robert, maire du Cateau, ban-
quier, et Lefèvre, agent d'affaires.'
Ils sont poursuivis pour usure et faux, et
complicité d'usure et de faux.
LES VOYAGES DES DÉPUTÉS
On sait qu'actuellement les députés peuvent,
moyennant un abonnement de quinze francs par
mois, prélevé par la questure de la Chambre, cir-
culer gratuitement sur tous les réseaux français.
Plusieurs députés, MM. Gauthier (de Clagny),
Argeliès et Brincard, ont déposé une proposition de
résolution invitant le bureau de la Chambre à con-
tracter un nouvel abonnement pour les députés.
Ceux-ci ne pourraient à l'avenir circuler que sur
les voies ferrées dans leur département et entre
-Paris et leur département.
ARRESTATION D'UN DÉPUTÉ ANGLAIS
Buenos-Ayres, 22 janvier.
Le député Spencer Balfour a été arrêté à
Salta par le consul de Grande-Bretagne. Il
sera embarqué samedi pour l'Angleterre.
On sait que M. BQLliour, qui représentait la
ville de Burnley au Parlement britannique,
était le directeur de l'une des plus impor-
tantes sociétés de construction de Londres, la
Liberatov permanent Building Society,
dont la faillite provoqua récemment, en
même temps que là ruine d'une quantité de
petites gens, un véritable scandale dans le
monde politique et financier d'outre-Man-
che.
M. Balfour avait disparu le 15 décembre
1892, pour échapper aux poursuites qui
allnieut lui être intentées sous une triple accu-
sation :" présentation de bilans fictifs, de faux
dans les livres de comptabilité et d'abus de
confiance.
TERRIBLE EXPLOSION
.', Toulouse, 22 janvier.
Ce soir, vers quatre heures, une terrible
explosion s'est produite dans un des ateliers
de l'importante usine de M. Lacroix, artifi-
cier, à la Cité ouvrière. La violence de l'ex-
plosion a été telle que l'atelier a été détruit
en partie et que le feu a gagné le reste du bâ-
timent, qui n'est à cette heure qu'un amas de
décombres.
Trois personnes ont trouvé la mort dans
cette catastrophe causée, pense-t-on, par l'im-
prudence d'un ouvrier manipulant des pou-
dres chloratées; ce sont les nommés Pierre
Valette, Elisabeth Augusne et Marie Pujol.
Trois autres sont grièvement blessées et brû-
lées au visage; ce sont : Marie Puech, Marie
Bizay et Apollonie Mandrette. Quatre autres
personnes, deux hommes et deux femmes, ont
pu être sauvées sans trop de mal.
Les pompiers ont pu arrêter les progrès du
feu tt diminuer ainsi, dans la mesure du pos-
sible, l'horreur de la catastrophe, car d'au-
tres explosions pouvaient surgir.
L'atelier où ce sinistre événement s'est pro-
duit était affecté à la fabrication des serpen-
teaux et des étoiles des feux d'artifice.
HERBERT DE BISMARCK CHEZ GUILLAUME
Berlin, 22 janvier.
Il se confirme que le comte Herbert de Bismarck
a reçu une invitation et a assisté hier à la fête des
Ordres au palais impérial.
L'impératrice et les princes Henri et Albert se
sont entretenus avec lui, mais l'empereur ne lui a
pas adressé la parole.
-
GUERRE A L'ANARCHIE
> Toulon, 22 janvier.
Le ministre de la marine vient de télégraphier au
port de Toulon du instructions rigoureuses or.
donnant le renvoi immédiat de tout individu du
personnel ouvrier de la mariné professait des idées
ufi.vr^histes.
On se devra s'arrêter à aucune considération ni
de teftwrte ni de sefvices ancien»..
FIACRES HOMICIDES
L'ACADEMIE S'INQUIÈTE
Plus fort que les Choubersky. — Médecin
empoisonné. — Chez le docteur Proust
Souvent, quand les nacres n'écrasent pas
les gens qui sont dehors, ils asphyxient ceux
qui sont dedans. L'Académie de médecine
elle-même s'en est aperçue. depuis qu'un
médecin a failli être victime de ce progrès de
la civilisation.
Aussi, dans une de ses dernières séances,
la docte assemblée a pensé qu'il était de son
devoir de réfléchir.
Le docteur Proust, dont on connaît l'initia-
tive et la haute compétence dans -toutes les
questions qui intéressent la santé publique,
proposait d'émettre lé voeu que la préfecture
de police interdît aux compagnies de voitures
les systèmes de chauffage offrant quelque
danger. Un certain nombre de ses collègues
hésitèrent à prendre si vite une résolution si
« grave » et l'affaire f ut renvoyée à une commis-
sion « spéciale » qui espère pouvoir s'en occu-
per avant que le marronnier du 20 mars ait
poussé ses premiers bourgeons.
M. Proust a pu, néanmoins, nous donner
dès à présent quelques renseignements inté-
ressants.
LES VICTIMES
A
Le 1" janvier de cette année, une personne
est morte dans un tiaore, asphyxiée par
l'oxyde de carbone se dégageant de la Chauf-
ferette de la compagnie. Quelques jours plus
tard, un médecin se trouvait mal dans une
autre voiture et ne reprenait ses sens qu'au
moment où le cocher,étonné de ne pas le voir
descendre à l'issue du parcours, lui donnait
de l'air pur en ouvrant la portière. La course
éfait fort courte ; c'est grâce à cela que l'in-
fortuné docteur n'eut point le temps de pas-
ser de vie à trépas.
Tels sont les deux cas récents qui ont im-
pressionné l'Académie de médecine. Il y en
a certainement d'autres que les compagnies
arrivent à dissimuler, sans compter les nom-
breux malaises que supportent avec résigna-
tion les consommateurs de fiacre, sans en
soupçonner la cause.
LES BRIQUETTES
Il ne saurait d'ailleurs en être autrement,
car les chaufferettes actuellement en usage
dans les voitures sont encore plus dange-
reuses que les poêles à combustion lente. On
peut dire que leur poison est du « chou-
ersky concentré ».
Le principe toxique est le même : l'oxyde
de carbone. Mais, étant donné le petit vo-
lume des fiacres, l'air qui les remplit est bien
plus vite saturé du gaz dangereux que celui
d'un appartement, d'ailleurs moins herméti-
quement clos.
Et comme fort peu de cochers ont la pré-
caution de baisser les glaces de leur voiture
quand ils ne marchent pas, le fiacre que l'on
prend à une station est souvent littéralement
empoisonné.
En admettant même qu'il ait été aéré, le
voyageur qui a l'imprudence de relever com-
plètement les glaces pour se préserver du
froid se trouve, au bout de vingt ou vingt-
cinq minutes, dans une atmosphère irrespi-
rable.
Ces choses ont, d'ailleurs, été dites et répé-
tées sur tous les tons.
FACÉTIES POLICIÈRES
Il est vrai qu'il y a quatre ans M. Lozé,
cédant aux instances du conseil d'hygiène,
avait interdit l'usage des chaufferettes n'ayant
point une prise d'air extérieure et que, peu
de temps après, il rapporta cet arrêté pour
faire droit, cette fois, aux réclamations du
public.
Mais on se trouvait alors dans la belle pé-
riode de l'influenza, et on crut motns dan-
gereux d'exposer les Parisiens à l'asphyxie
de M. Bixio que de les obliger à courir les
risques d'une pneumonie. Entré deux maux
il fallait choisir le moindre.
L'épidémie passée, il était fort simple de
remettre le premier arrêté en vigueur et d'o-
bliger les compagnies à adopter un mode de
chauffage hygiénique.
LA RÉSISTANCE DES COMPAGNIES
Si la chose n'a pas été faite, c'est tout sim-
plement parce que les compagnies y s'y sont
opposées, et que, comme toujours, l'adminis-
tration s'est fait un devoir de ménager leurs
intéiêts'
La chaufferette, en effet, est une douche
pour les actionnaires.
- Il est vrai que dans toutes-les compagnies,sauf
a 1 Urbaine, les cochers sont obligés dé l'a-
cheter de leurs deniers: 5 francs. Mais les
compagnies; jusqu'ici, n'ont pas encore osé
refuser de payer le combustible. Or, la bri-
quette est ce qu'il y a de plus économique.
Une briquette dure de 8 heures du matin à
3 ou 4 heures de l'après-midi et vaut environ
10 centimes. C'est donc une dépense moyenne
de 15 à 20 centimes par voiture et par jour.
Soit, pour 5,000 voitures, 750 francs.
L'eau chaude revient beaucoup plus cher.
Chaque prise faite aux fontaines installées
sur la voie publique coûte cinq centimes. Et
il faut renouveler la provision presque tou-
tes les heures. La différence se chiffre donc,
pour la Compagnie générale seule, par plus
de cent mille francs.
Il y a bien le système des briquettes brû-
lant dans un tiroir ayant sa prise d'air hors
de la voiture. Mais c'est encore une dépense
d'installation devant laquelle reculent égale-
ment les actionnaires.
Voilà tout le secret de la question. La com-
mission de l'Académie de médecine ne man-
quera certainement pas de rappeler à la pré-
fecture de police ce que nous * venons de dire
et ce qu'elle sait parfaitement.
L'ANARCHISTE JACQUES MERIGEAU
Ce n'est pas, comme on l'a prétendu, pour
infraction aux lois nouvelles votées et pro-
mulguées depuis l'attentat de Vaillant à la
Chambre des députés, que l'anarchiste Jac-
ques Merigeau, ouvrier ébéniste, comparaîtra
mercredi prochain devant la huitième cham-
brè correctionnelle, présidée par M. Flandin.
Jacques Merigeau est prévenu d'infraction
à l'article 3 de la loi du 19 juin 1871, article
ainsi conçu :
Tout individu fabricant ou détenteur, sans auto-
risation, de machines ou engins meurtriers ou in-
cendiaires agissant par explosion ou autrement, ou
de poudre fulminante, quelle qu'en soit la composi-
tion, sera puni d'un emprisonnement de six mois
à cinq ans et d'une amende de cinquante à trois
mille francs.
Le 18 décembre dernier, une perquisition
faite au domicile de Jacques Merigeau
amenait la découverte dans les poches d'un
vêtement de l'anarchiste d'un flacon conte-
un liquide étiqueté « Triple extiait à la
peau d'Espagne » et d'une boite à conserve
contenant plus de deux cents grammes de
poudre de couleur noirâtre. , .':,
, Merigeau déclara que Mdriple extrait à la
peau d'Espagne » était un acide dont on a
l'habitude de se servir dans les travaux d'é-
benisterie et que la poudre noirâtre n'était
autre que du tannin. Il ajouta que ces subs-
tances lui avaient été confiées pour quelques
jours par un individu dont il ne savait ni le
no « ni l'adresse.
i l'examen auquel s'est livré Girard, chef
du iaboratoire municipal, résulterait que le
liquide est de l'acide sulfurique et que la
poudre est un composé de trois substances
formant un explosif.
Jacques Merigeau est un ouvrier fort labo-
rieux, père de deux. enfants. Les rapports de
police ne lui reprochent que ses idées anar-
chistes.
M. le substitut Seligman soutiendra la
prévention.
C'est Me Lévy-Alvarès qui présentera la
défense de Jacques Merigeau.
ENTRE MINISTRE ET AMIRAUX
- En voici bien d'une autre nour Ternirai Le-
fèvre qui, d'après le bruit répandu dans les
bureaux de la rue Royale, serait disposé déjà
à envoyer son'portefeuille. au large. r','
Le ministre, fort entamé et fort tracassé
par des révélations de toutes sortes sur les
abus et le gaspillage dans les ports, se voit
aujourd'hui « entrepris » par ses préfets ma-
ritimes au sujet d'un récent règlement obli-
geant les capitaines de frégate les plus an-
ciens débarqués, sans exception, à reprendre
d'office le service, à la mer, quand beaucoup
d'entre eux sollicitent des postes sédentaires,
véritables sinécures.
Malgré l'opinion de l'état-major général,
qui lutte— il faut le reconnaître— pour le
maintien de cette prescription, les amiraux
la déclarent « inapplicable » purement et
simplement, et sans autre motif.
D où des tiraillements qui, laissent le
pauvre ministre bien perplexe, mais qui
commencent, assurc-t-on, à singulièrement
fatiguer l'amiral Gervais.
LA CRISE EN SERBIE
-
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER.)
", Belgrade, 22 janvier.
Nous ne nous trompions pas quand n'oui
disions, hier, qu'il était peu probable qu'A-
lemandre Itr et son père réussissent à établir
l'entente entre les différents partis et à cons-
tituer un cabinet de coalition sans couleur
politique.
Il est même permis de croire qu'ils ny ont
jamais songé sérieusement et que ilils ont
fait courir le bruittque telles étaient leurs in-
tentions, c'était pour mieux dissimuler les
projets qu'ils méditent.
Les deux rois ont conféré en effet hier
soir, très tard dans la nuit, avec les princi-
paux chefs radicaux et leur ont soumis un
véritable ultimatum stipulant, entre autres
choses, le droit pour le roi de nommer lui-
même le ministre de la guerre et les ministres
plénipotentiaires, l'abrogation des disposi-
tions législatives ayant trait aux parents du
roi, l'abandon du procès contre le cabinet
libéral. ,\
Alexandre fer savait bien que de pareilles
conditions étaient inacceptables et que M.
Grouitch et ses collègues ne consentiraient
jamais à se soumettre à de telles exigences.
Il y avait même une certaine ironie à cette
demande d'abroger les dispositions relatives
aux parents du jeune souverain juste au len-
demain du jour où ils avaient démissionné
parce que l'arrivée de l'ex-loi leur avait paru
contraire à la Constitution.
Mais il s'agissait si bien ici d'un prétexte à
rupture que, loin de ménager les radicaux, le
roi leur reprocha en termes très vifs leur
manque de tact à son égard et leurs fautes
politiques, seules causes, selon lui, et du con-
flit commercial avec l'Autriche et de toutes
les difficultés au milieu desquelles se débat la
Serbie.
Le résultat de cette entrevue fut donc ce
qu'il devait être, c'est-à-dire un refus très net
et très catégorique de la part des radicaux.
On ne sait pas encore à qutsl parti le roi va
s'arrêter, mais il y a tout lieu de croire que,
suivant les conseils de son père, il se retour-
nera vers ses ennemis d'hier et tâchera de
former un cabinet libéral avec le concours
des progressistes. : ,-
Les difficultés ne seront pas pour cela con-
jurées, car il est à craindre que les radicaux,
qui sont dix contre un dans le pays comme à
la "Skouptchina, ne consentent pas plus
à supporter le joug de leurs adversaires sous
la régence officieuse de Milan que sous la ré-
gence officielle de M. Ristitch, et que ce ne
soit, en conséquence, les Karageorgewitch qui
profitent le plus dn gâchis actuel. ;:.
LA SITUATION EN ITALIE
Rome, 22 janvier.
On annonce que la Gazette officielle pu-
bliera ce soir un décret royal, daté d'aujour-
d'hui, prorogeant jusqu'au 20 février la ses-
sion de la Chambre et du Sénat.
On sait que la Banque générale a fermé
ses guichets le 17 janvier dernier et qu'elle a
sollicité le bénéfice d'un moratorium de six
mois, qui lui a été aussitôt accordé par le tri-
bunal civil de Rome.
Les magistrats on indiqué les conditions
du marché et du pays et les difficultés dans
lesquelles se trouvait la Banque générale
pour justifier la nécessité de lui accorder la
mesure de faveur qu'elle sollicitait. Ajoutons
qu'après le Crédit mobilier et la Banque ro-
maine, la Banque générale,dont le capital en-
tièrement versé est de 30 millions, constituait
le principal centre d'opérations financières à
Rome.
Le désarmement de la population s'effec-
tue régulièrement et sans incident à Palerme.
Il sera suivi, dans certaines localités, de per-
quisitions pour s'assurer de l'exécution de
1 ordonnance qui impose à tous les habitants
de la Sicile le devoir de livrer leurs armes à
la questure ou de faire renouveler leur per-
mis.
Cette mesure a été prise en raison de l'effet
moral que le gouvernement attend de sa mise
à exécution; car l'autorité ne saurait se dis-
simuler qu'à l'heure présente les habitants
de l'intérieur de l'île qui n'ont pas l'intention
de s'y soumettre ont déjà dissimulé armes et
munitions.
On estime même que c'est à peine si on a
livré à l'heure actuelle la trentième partie
des armes qu'il y a en Sicile.
Quant aux étrangers qui tombent sous le
coup de l'arrêté de désarmement, on s'est
contenté de décider qu'ils iraient porter leurs
armes à leur consulat.
On mande de Catane au Popolo romano
que les perquisitions ordonnées par le préfet
dans les jardins publics ont amené la décou-
verte de trois caisses de dynamite et d'une
petite caisse de mèches.
Les caisses porteraient Ifétiouette d'un co-
mité anarchiste étranger. , : !
CHRONIQUE
Il n'y a pas à dire, on voit d'étranges
choses en ce temps-ci. Connaissez-vous
quelque chose de plus extravagant dans
la sereine immoralité que ce petit procès
qui vient de se dérouler à la huitième
chambre ? C'est un personnage vraiment
ineffable que ce Louis Girault, soute-
neur professionnel, qui exploitait. sa
belle-mère. Parlez donc encore des vieil-
les plaisanteries classiques sur l'animositê
des gendres et des belles-mères !
Louis Girault faisait faire le trottoir à
la sienne et exigeait, pour prix de
la surveillance qu'il exerçait sur les
cliônta de la malheureuse, vingt francs
par jour. 11 s'était arrangé une petite exis-
tence très commode. Ce qui est délicieux,
c'est qu'il avait l'assentiment du mari de
la créaturequ'il prostituait, un petit vieux,
beaucoup plus âgé. que sa digne épouse,
qui avait généreusement - renoncé à tous
ses droits en faveur de Girault. Il ne de-
mandait que quelques égards. « On pre-
» nait parfois lé café ensemble, et on cau-
» sait amicalement, en famille ». Tableau
vraiment touchant. La famille, voyez-
vous, il n'y a que ça 1
Seulement, un beau jour, Girault trouva
que cette rente quotidienne de vingt francs
était insuffisant. Il en voulut trente.
Malgré sa bonne volonté, la complaisante
belle-mère n'arrivait point à suffire à ces
exigences nouvelles. Alors Girault em-
ployait l'argument classique dans le mé-
tier ;il tapait sur la promeneuse nocturne,
et il tapait dur. Il a eu, à ce propos, un
mot charmant.
Comme le président lui reprochait ses
brutalités, ce continuel emploi de la force
sur sa victime; Girault a paru sincère-
ment très étonné.
— Mais. a-t-il dit, avec une évidente
*-
sincérité, positivement touchante, c'était
ma maîtresse. j'avais bien le droit de la
frapper. -
Et il a hoché la tête, en signe de pitié.
Comment ce président était-il si peu au
courant des mœurs du boulevard exté-
rieur 1 On a une « marmite », de la dé-
bauche de laquelle on vit. N'est-il pas
tout naturel qu'on la bourre de coups de
poing et de coups de pied ?
Girault, cependant, ne se bornait pas à
martyriser la misérable raccrocheuse.
Une fois que (de quoi se mêlait-il?) le
« légitime » de celle-ci intervenait, le sou-
teneur trouva que c'était là un insuppor-
table atteinte à ses privilèges, et, ap-
puyant duDgeste énergique sa protesta-
tion, il envoya au vénérable petit vieux
une telle bourrade qu'il lui cassa trois
dents.
Ce ne sont; d'ailleurs, ni lexcellent
vieillard ni la belle de nuit qui se sont
plaints. C'est, à la suite de cette scène de
a rue, le parquet qui a poursuivi d'office.
La belle-mère, dûment inscrite, d'ailleurs,
sur les registres de la police, a même cha-
leureusement défendu son « petithomme.»
Il a la main leste : elle ne l'en aime que
mieux. Bref, cette parfaite brute, cet im-
monde personnage, ce sinistre Alphoule,
en qui il y a assurément l'étoffe d'un futur
chourineur, s'en est tiré avec deux mois
de prison. Une bagatelle. On lui enverra
des douceurs pendant qu'il sera à l'ombre,
et quand il sortira de prison, il pourra
reprendre tranquillement son joli métier.
Deux mois sont bien vite passés! Au
emazarow, le cher garçon, soumis à un
régime hygiénique, pouvant soigner sa
precieuse santé, se couchant tôt, se re-
mettra des fatigues de sa campagne d'hi-
ver, et vers la fin de mars, il sera plus
dispos que jamais pour avoir l'œil sur les
« pantes » imprudents et peu dégoûtés qui
se hasarderont dans le bouge de sa com-
pagne, et, a.u besoin, pour les assassiner
proprement.
Deux mois de prison, ce n'est pas très
cher. Et alors on comprend assez ma-
laisément certains verdicts de la justice.
Tout récemment, on condamnait à un
mois de la même peine M. Edouard Du-
jardin, coupable seulement d'avoir laissé
passer dans un petit journal qu'il diri-
geait quelques lignes, qu'il n'avait peut-
être pas lues, qui furent considérées
comme trop lestes. L'écart profond qu'il y
a entre les deux délits explique difficile-
ment des pénalités presque égales. Il est
dur tout de même de placer à peu près sur
la même ligne un ignoble souteneur et un
écrivain — éperdument symboliste, mais
ce n'est pas un crime, — que sa mauvaise
chance a rendu responsable d'un articulet
grivois, œuvre d'un autre que lui. Est-il
juste d'exposer le poète décadent à se
trouver le compagnon du chevalier du
trottoir en prison, comme s'ils avaient
les mêmes antécédents? Deux mois à un
misérable tombé au suprême degré de
l'avilissement, ambitionnant le sobriquet
de « Terreur » de son quartier, jouant du
couteau pour un rien, poussant l'origina-
lité dans l'abjection jusqu'à prostituer sa
belle-mère, - et un mois à un imprudent
littérateur, parfait galant homme en dépit
de ses bizarres théories littéraires, frappé
pour quelque écho gaillard dont il n'est
pas l'auteur. franchement, c'est à ne plus
comprendre où est la mesure de la jus-
tice 1
D'autant que ceux qui ont suivi, fût-ce
en le raillant un peu, M. Dujardin dans
ses manifestations poétiques ou dramati-
ques, tantôt wagnérien enragé, tantôt ex-
posant ses conceptions nuageuses en d'a-
bondantes trilogies, n'ont jamais pu rele-
ver chez lui la moindre tendance badine.
Au contraire! c'était austère jusqu'à
l'ennui.
Oh t la représentation du Chevalier du
Passé, au Théâtre-Moderne, et celle d'An-
tonia, dans la salle du Vaudeville, où je
ne sais quel snobisme avait attiré, ce
soir-là, une nombreuse foule mondaine 1
Oh 1 les couches superposées de symboles
de ces œuvres abstruses ; oh ! la belle
vaillance des comédiens déclamant sérieu-
sement d'interminables tirades Vaux-
■ ■ ■.
quelles personne ne comprenait rien —
de vers de seize pieds. et au-dessus !
Ne vois-tu pas que je suis seule,
Que le délaissement pis que la mort me tient dam
Voyez! la nuit [un linceul.
Apaise tons les frivoles bruits,
Elle inaugure
Le règne de la conscience au fond des esprits de
[la nature I.
Qui aurait dit, en cette soirée mémo-
rable d'Antonia, qui ne laissa qu'une
chaste impression de stupeur, que l'au-
teur, si hautain qu'il dédaignait d'être
clair, se prêtant si peu, par conséquent,
à flatter les bas instincts dé la foule, se-
rait un jour traduit devant les tribunaux
pour pornographie ?. Ah ! si les juges de
M. Dujàrdin avaient lu préalablement An-
tonia et bien connu la singulière ,person- ,
nalitéde son auteur, ils se seraient Mtés
de renvoyer - indemne ce rêveur. - -
Je trouvais; je le confessev'M, Dujardin
fort agaçant; dans seà recherches outran-
cièree d'originalité, qiràîid il nous faisait
subir, .«es etrariges -
par une condamnation disproportionnée
qui le transforme en victime, on l'a rendu
intéressant; et vraiment, encore un coup,
on reste déconcerté quand on voit, dans
la même semaine, un gredin répugnan t,
vraie graine d'assassin, si doucement
traité par les tribunaux, et un écrivain
de vie correcte, n'ayant jamais recherché
le scandale, encourant par hasard une res-
ponsabilité d'éditeur, si lourdement, si
brutalement frappé I
Paul Ginisty.
ÉLECTIONS LÉGISLATIVES
SKINB-INFÉRIKUITE
5* circonscription du JSuvre
MM. Delaunay, cons. gén., rép. 8.198 tëht
Le baron Plerard, anc, dep., reac, 8.159
FINISTÈRE
2- circonscription de Morlaix
MM. de Mua, réactionnaire rallié. 8.036 Elu.
Cail, républicain. -5.750
M. de M un a adressé aux électeurs un mani-
feste dans lequel il est simplement question du
« triomphe de la cause catholique D. Au lendemain
de cette campagne, dit-il, qu'il n'y ait entre nous
qu'une seule pensée, l'union autour du drapeau de
notre foi commune.
« Comptez sur moi comme je compté sur YOIWI,
et ne formons plus qu'une famille chrétienne, unie
pour Dieu et pour le pay's.
M. WaL$ON
poursuivi par Marias Tourïiadre
M. Marins Tournadre, le compagnon dans
sas tournées académiques de M. Achille *
Roy, poursuit M. Wilson, député de Loches,
devant la neuvième chambre correctioMielle,
sous les inculpations de diffamation et d'in-
jures.
L'affaire est inscrite au rôle de mercredi
prochain, à la neuvième chambre correction-
nelle présidée par M. Bidault de l'Isle.
Me Maurice Bernard assistera M. Wilson,
qui a été assigné hors session.
Me Lagasse se présentera pour M. Tou..
nadre.
LE KHÉDIVE ET LES ANGLAIS
Le Caire, 22 janvier.
Le khédive, qui vient de faire une excursion
sur le Nil, a fait, paraît-il, une critique sé-
vère de l'état de l'armée égyptienne et
des officiers anglais qui la commandent. On
assure même que c'est après cet incident qu'il
a avancé la date de son retour au Caire où il
arrivera dans tron ou quatre jours.
Ces observations du khédive ont été rap-
portées ici par le général Kitchener, com-
mandant en chef de l'armée égyptienne, qui
accompagnait le souverain dans son voyage.
Le bruit a couru que le général Kitchener
aurait offert sa démission au khédive et que ce
ne serait que sur la demande de celui-ci qu'il
aurait consenti à revenir sur sa décision.
Mais on ne peut rien affirmer lii dans U. -
sens ni dans un autre, car lé gouvernement
égyptien n'a encore aucun renseignement sur
cette affaire. -
j.
ELECTION SENATORIALE DE L'AUDE
Vendredi prochain va s'engager, devant le
Sénat, une discussion qui offrira un certain
intérêt. Il s'agit de l'élection sénatoriale de
l'Aude. M. Guérin, rapporteur du 36 bureau,
conclut a l'invalidation du sénateur proclamé
élu au troisième tour de scrutin, M. Rivais,
conseiller à la cour de Montpellier, préten-
dant qu'au tour précédent M. Mir aurait ob-
tenu la majorité absolue des votants.
Les journaux de la région — et notamment
la Dépéche de Toulouse — publient à ce sujet
des documents d'où résulte la preuve que le
calcul de M. Guérin est établi sur une erreur
de chiffres. Si la thèse de M. Guérin était
acceptée comme bonne, affirment-its, les can-
didats auraient obtenu plus de voix qu'il n'y
a eu de suffrages exprimés, ce qui est ab-
surde.
Les jurisconsultes éminents sont trop nom-
breux au Sénat pour que le rapport de M.
Guérin passe inaperçu. Attendons-nous à un
vif débat.
LA RECONSTRUCTION
DE L'OPÉRA-COMIQUE
M. Georges Berry a déposé hier à la Cham-
bre une proposition tendant à modifier les
plans de reconstruction de l'Opéra-Comique et
à édifier la nouvelle salle avec façade sur le
boulevard.
M. Georges Berry motive sa proposition,
qui a été renvoyée à la commission des cré-
dits supplémentaires, sur la nécessité d'ac-
croitre Jes dégagements qui, dans le plan
adopté, sont insuffisants, et d'augmenter les
précautions contre les sinistres.
En outre, M. Georges Berry estime qu'il
serait préférable, au point de vue artistique,
que la façade fût érigée sur le boulevard.
Les plans adoptés après concours n'ont pas
encore reçu de commencement d'exécution;
par suite, pratiquement, la chose serait pos-
sible. Mais il y aurait un supplément de dé
penses de 3 millions dont moitié peur l'expro.
priation de l'immeuble du boulevard des Ita-
liens et moitié pour les travaux supplémen-
taires qu'entraînerait l'agrandissement de
l'édifice.
L'ARMÉE AU SÉNAT
Le Sénat a nommé hier une commission de l'au,
mée composée de MM. de Fl'eyciD,,:t, Pcytra"
général Billot, Lefebvre, Baduel, Lourties, Ba.
nard, Bardoux/de Verniaac, générât Japy, tolu-
nel Tczenas, Guyot-Lavelinc et Bénaut,
M. de Preyciner désigné 'pôar. jgNBdre ta
..R!f'¡4e'c,"', :
I, TE ; MJMÉÏlÔ eiw atin idts- :
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tout les Bureaux de Poste.
DIT IttlMII
La nouvelle loi sur la comptabilité
des fabriques soulève dans le parti clé-
rical des protestations d'une extraordi-
naire violence. A elles seules, elles suf-
firaient à montrer que la réforme était
nécessaire et que les fabriques faisaient
de leurs ressources un usage irrégu-
lier. Si celles-ci n'avaient pas intérêt à
dissimuler l'emploi qu'elles en font et
si l'insuffisance qu'eHes invoquent pour
rejeter à la cnarge des communes les
dépensés obligatoires qu'elles se disent
- incapables de supporter, elles ne s'indi-
gneraient pas comme elles font à la pen-
sée qu'il va falloir qu'elles présentent
des comptes, elles ne seraient pas exas-
pérées de l'obligation que leur impose
la loi de soumettre leurs bilans à la cour
des comptes et elles ne demanderaient
pas mieux que de faire constater qu'en
effet elles ne peuvent pas se passer dès
subventions communales.
Au contraire, elles estimaient qu'elles
faisaient œuvre pie en consacrant leurs
ressources à l'entretien d'écoles congré-
ganistes ou à des entreprises cléricales
et en se soustrayant autant qu'elles le
pouvaient aux obligations légales qui
leur sont imposées. Aussi est-ce à une
véritable levée de crosses que la loi
nouvelle nous fait assister. Depuis l'af-
faire des catéchismes électoraux, l'épis-
copat n'avait pas donné avec cet en-
semble.
Les uns, comme M. Tregaro, évêque
de Sécz, déclarent! nèrement qu'ils ne
se. soumettront paS:'à la loi. Le cardinal
Rrebard, archevêque de Paris, prescrit
a u clergé de. son diocèse de ne soumet-
tre à la cour des comptes qu'un total de
dépenses et non le détail, comme le
prescrit la" Vi,- ce qui est une façon de
rendre le contrôle illusoire. Nous avons-
reproduiit la. violente allocution dans la-
quelle le cardinal Desprez, archevêque
de Toulouse, dénonce « la secte impie »
et signale à l'indignation des catholi-
ques ce nouvel empiétement de la so-
ciété civile. L'archevêque de Lyon, M.
Coullié, fait entendre d'arrières protesta-
tions. M. Turinaz, évêque de Nancy,
écrit que s'il ne protestait pas, il en-
courrait le mépris non seulement des
catholiques, mais de leurs adversai-
res. L'évêquo de Troyes, affirme que
les résultats de la loi seront désas-
treux et qu'ils « n'iront à rien moins
qu'à rendre impossible l'exercice du
culte dans beaucoup de paroisses ». La
Semaine religieuse de Montpellier sou -,
tient que « le gouvernement mécon-
naît Je droit public de l'Eglise en lé-
giférant seul sur les matières mixtes ».
Ce ne sont pas les évêques seuls qui
font entendre ces doléances. Les con-
seils de fabriqué joignent leur voix à
celle du clergé et certains d'entre eux
dohnent à leur protéstàtion une allure
qui ne manque pas d'originalité. La
Croix reproduit avec force éloges la
délibération suivante, prise par une fa-
brique : ■-•; • •• •: : -
M. le prusiderit, ayant ouvert la séance, dé-
elnrê qu'ellé a pour objet de recevoir le ser-
inant professionnel de M. le trésorier de la fa-
brique, indiqué dans l'instruction sur la comp-
tabilité des fabriques du i5 décembre 1893, si-
gnée Spuller et Burdeau. M. lé trésorier,
invite à prêter ce serment, déclare qu'il jure
sincèrement d'observer dans ses, fonctions
les règles de la justice et de l'honneur, con-
formément à la loi de Dieu et aux règles ca-
noniques; mais il refuse nettement de jurer
d'observer ks règlements de l'instruction sus-
dite, lo parce que l'autorité civile n'a aucune-
ment le droit d'imposer ces règlements et ces
formes de comptabilité ; 20 parce que l'exécu-
tion de ces règlements est impossible et im-
praticable.
- Les membres du conseil de fabrique s'asso-
cient à cette déclaration de M. le trésorier et
refusent de prêter leur concours à l'exécution
de la susdite instruction, jusqu'à ce qu'elle
ait reçu du Saint-Siège l'autorité et le droit
qu'elle n'a pas. En conséquence, l'assemblée
en appelle au Saint-Siège et déclare que, jus-
qu'à ce que le Souverain Pontife ait reconnu
la susdite instruction légitime et lui ait con-
féré droit et autorité, l'administration du bien
de la fabrique se fera comme par le passé.
Lecture faite, etc. (Suivent les signatures
des six membres présents.)
On annonce que cette protestation a été
transmise à la nonciature pour être
portée au Vatican.
Lorsque, naguère, le pape publia son
a Encyclique aux Français »,pour exhor-
ter les catholiques à accepter la Constitu-
tion, ce fut, vers la droite, un beau
spectacle. M. Paul de Cassagnac con-
tc&tait au Vatican le droit de s'immis-
cer dans les affaires intérieures du pays.
La droite royaliste, présidée par le duc
de la Roehefoucauld-Doudeauville, lan-
çait un manifeste dans la première ré-
daction duquel le pape était qualifié de
« souverain étranger D. Et voilà qu'au-
jourd'hui c'est de ce « souverain étran-
ger » que les catholiques sollicitent l'in-
tervention dans les affaires intérieures.
Ils déclarent qu'ils n'obéiront à la loi
que lorsqu'elle aura reçu l'approbation
SU Vatican êtrjue, jusque-là, elle n'a, à
leurs yeux, ni autorité ûidtfwt.
- , .1
Tant de scrupules seraient-ils venus à
la pensée des catholiques si le Parle-
ment avait « légiféré seul sur les ma-
tières mixtes » pourdécharger les fabri-
ques des obligations légales que l'état
de choses actuel leur impose? Hardi-
ment et sans crainte de se tromper, on
peut répondre que non. Mais l'Église
avait accepté sans réclamations les obli-
gations légales édictées par le décret de
1800, parce qu'elle avait immédiate-
ment vu le moyen de s'y soustraire.
Aujourd'hui qu'elle voit ce moyen lui
échapper et l'Etat lui imposer des ga-
ranties plus sérieuses, elle fs'aperçoit
que ce décret « constituait, comme dit
la Semaine religieuse de Rennes, dans
une forme-relativement adoucie, une
atteinte au droit ecclésiastique >. On ne
craint pas d'qpposer ce droit ecclésiati-
que au drpit de l'Etat; on va même jus-
qu'à subordonner celui-ci à celui-là et
à porter en appel au Vatican les lois
faites par le Parlement français. Ceci
seul en dit long sur l'évolution ccom-
plie par les cléricaux vers la Républi-
que. Puisqu'on parle de présenter des
projets de revision constitutionnelle,
pourquoi ne déposent-ils pas un amen-
dement qui pourrait être ainsi conçu :
« Art. 1er. — La République française
est un gouvernement qui a son siège à
Rome et dont le pape est président de
droit. - - -
» Art. 2. - Les ministres sont choi-
sis parmi les cardinaux.
» Art. 3. — Les préfets sont suppri-
més et remplacés par les évêques. »
Au moins ce serait nët et il n'y au-
rait plus à redouter que le droit de
l'Etat s'avisât d'entrer en conflit avec
le droit ecclésiastique.
HENRY BERTRAND EN COUR D'ASSISES
Nos lecteurs n'ont pas oublié qu'à la; suite
d'une plainte en escroquerie déposée par M.
Guy de Marcilly, Henry Bertrand, directeur
du Betting-Club, était arrêté et envoyé à
Mazas.
L'instruction de cette affaire est terminée et
M. le juge Bertulus a conclu au renvoi
d'Henry Bertrand en cour d'assises.
Il n'ira pas seul. Sont compris dans les
poursuites: Robert, maire du Cateau, ban-
quier, et Lefèvre, agent d'affaires.'
Ils sont poursuivis pour usure et faux, et
complicité d'usure et de faux.
LES VOYAGES DES DÉPUTÉS
On sait qu'actuellement les députés peuvent,
moyennant un abonnement de quinze francs par
mois, prélevé par la questure de la Chambre, cir-
culer gratuitement sur tous les réseaux français.
Plusieurs députés, MM. Gauthier (de Clagny),
Argeliès et Brincard, ont déposé une proposition de
résolution invitant le bureau de la Chambre à con-
tracter un nouvel abonnement pour les députés.
Ceux-ci ne pourraient à l'avenir circuler que sur
les voies ferrées dans leur département et entre
-Paris et leur département.
ARRESTATION D'UN DÉPUTÉ ANGLAIS
Buenos-Ayres, 22 janvier.
Le député Spencer Balfour a été arrêté à
Salta par le consul de Grande-Bretagne. Il
sera embarqué samedi pour l'Angleterre.
On sait que M. BQLliour, qui représentait la
ville de Burnley au Parlement britannique,
était le directeur de l'une des plus impor-
tantes sociétés de construction de Londres, la
Liberatov permanent Building Society,
dont la faillite provoqua récemment, en
même temps que là ruine d'une quantité de
petites gens, un véritable scandale dans le
monde politique et financier d'outre-Man-
che.
M. Balfour avait disparu le 15 décembre
1892, pour échapper aux poursuites qui
allnieut lui être intentées sous une triple accu-
sation :" présentation de bilans fictifs, de faux
dans les livres de comptabilité et d'abus de
confiance.
TERRIBLE EXPLOSION
.', Toulouse, 22 janvier.
Ce soir, vers quatre heures, une terrible
explosion s'est produite dans un des ateliers
de l'importante usine de M. Lacroix, artifi-
cier, à la Cité ouvrière. La violence de l'ex-
plosion a été telle que l'atelier a été détruit
en partie et que le feu a gagné le reste du bâ-
timent, qui n'est à cette heure qu'un amas de
décombres.
Trois personnes ont trouvé la mort dans
cette catastrophe causée, pense-t-on, par l'im-
prudence d'un ouvrier manipulant des pou-
dres chloratées; ce sont les nommés Pierre
Valette, Elisabeth Augusne et Marie Pujol.
Trois autres sont grièvement blessées et brû-
lées au visage; ce sont : Marie Puech, Marie
Bizay et Apollonie Mandrette. Quatre autres
personnes, deux hommes et deux femmes, ont
pu être sauvées sans trop de mal.
Les pompiers ont pu arrêter les progrès du
feu tt diminuer ainsi, dans la mesure du pos-
sible, l'horreur de la catastrophe, car d'au-
tres explosions pouvaient surgir.
L'atelier où ce sinistre événement s'est pro-
duit était affecté à la fabrication des serpen-
teaux et des étoiles des feux d'artifice.
HERBERT DE BISMARCK CHEZ GUILLAUME
Berlin, 22 janvier.
Il se confirme que le comte Herbert de Bismarck
a reçu une invitation et a assisté hier à la fête des
Ordres au palais impérial.
L'impératrice et les princes Henri et Albert se
sont entretenus avec lui, mais l'empereur ne lui a
pas adressé la parole.
-
GUERRE A L'ANARCHIE
> Toulon, 22 janvier.
Le ministre de la marine vient de télégraphier au
port de Toulon du instructions rigoureuses or.
donnant le renvoi immédiat de tout individu du
personnel ouvrier de la mariné professait des idées
ufi.vr^histes.
On se devra s'arrêter à aucune considération ni
de teftwrte ni de sefvices ancien»..
FIACRES HOMICIDES
L'ACADEMIE S'INQUIÈTE
Plus fort que les Choubersky. — Médecin
empoisonné. — Chez le docteur Proust
Souvent, quand les nacres n'écrasent pas
les gens qui sont dehors, ils asphyxient ceux
qui sont dedans. L'Académie de médecine
elle-même s'en est aperçue. depuis qu'un
médecin a failli être victime de ce progrès de
la civilisation.
Aussi, dans une de ses dernières séances,
la docte assemblée a pensé qu'il était de son
devoir de réfléchir.
Le docteur Proust, dont on connaît l'initia-
tive et la haute compétence dans -toutes les
questions qui intéressent la santé publique,
proposait d'émettre lé voeu que la préfecture
de police interdît aux compagnies de voitures
les systèmes de chauffage offrant quelque
danger. Un certain nombre de ses collègues
hésitèrent à prendre si vite une résolution si
« grave » et l'affaire f ut renvoyée à une commis-
sion « spéciale » qui espère pouvoir s'en occu-
per avant que le marronnier du 20 mars ait
poussé ses premiers bourgeons.
M. Proust a pu, néanmoins, nous donner
dès à présent quelques renseignements inté-
ressants.
LES VICTIMES
A
Le 1" janvier de cette année, une personne
est morte dans un tiaore, asphyxiée par
l'oxyde de carbone se dégageant de la Chauf-
ferette de la compagnie. Quelques jours plus
tard, un médecin se trouvait mal dans une
autre voiture et ne reprenait ses sens qu'au
moment où le cocher,étonné de ne pas le voir
descendre à l'issue du parcours, lui donnait
de l'air pur en ouvrant la portière. La course
éfait fort courte ; c'est grâce à cela que l'in-
fortuné docteur n'eut point le temps de pas-
ser de vie à trépas.
Tels sont les deux cas récents qui ont im-
pressionné l'Académie de médecine. Il y en
a certainement d'autres que les compagnies
arrivent à dissimuler, sans compter les nom-
breux malaises que supportent avec résigna-
tion les consommateurs de fiacre, sans en
soupçonner la cause.
LES BRIQUETTES
Il ne saurait d'ailleurs en être autrement,
car les chaufferettes actuellement en usage
dans les voitures sont encore plus dange-
reuses que les poêles à combustion lente. On
peut dire que leur poison est du « chou-
ersky concentré ».
Le principe toxique est le même : l'oxyde
de carbone. Mais, étant donné le petit vo-
lume des fiacres, l'air qui les remplit est bien
plus vite saturé du gaz dangereux que celui
d'un appartement, d'ailleurs moins herméti-
quement clos.
Et comme fort peu de cochers ont la pré-
caution de baisser les glaces de leur voiture
quand ils ne marchent pas, le fiacre que l'on
prend à une station est souvent littéralement
empoisonné.
En admettant même qu'il ait été aéré, le
voyageur qui a l'imprudence de relever com-
plètement les glaces pour se préserver du
froid se trouve, au bout de vingt ou vingt-
cinq minutes, dans une atmosphère irrespi-
rable.
Ces choses ont, d'ailleurs, été dites et répé-
tées sur tous les tons.
FACÉTIES POLICIÈRES
Il est vrai qu'il y a quatre ans M. Lozé,
cédant aux instances du conseil d'hygiène,
avait interdit l'usage des chaufferettes n'ayant
point une prise d'air extérieure et que, peu
de temps après, il rapporta cet arrêté pour
faire droit, cette fois, aux réclamations du
public.
Mais on se trouvait alors dans la belle pé-
riode de l'influenza, et on crut motns dan-
gereux d'exposer les Parisiens à l'asphyxie
de M. Bixio que de les obliger à courir les
risques d'une pneumonie. Entré deux maux
il fallait choisir le moindre.
L'épidémie passée, il était fort simple de
remettre le premier arrêté en vigueur et d'o-
bliger les compagnies à adopter un mode de
chauffage hygiénique.
LA RÉSISTANCE DES COMPAGNIES
Si la chose n'a pas été faite, c'est tout sim-
plement parce que les compagnies y s'y sont
opposées, et que, comme toujours, l'adminis-
tration s'est fait un devoir de ménager leurs
intéiêts'
La chaufferette, en effet, est une douche
pour les actionnaires.
- Il est vrai que dans toutes-les compagnies,sauf
a 1 Urbaine, les cochers sont obligés dé l'a-
cheter de leurs deniers: 5 francs. Mais les
compagnies; jusqu'ici, n'ont pas encore osé
refuser de payer le combustible. Or, la bri-
quette est ce qu'il y a de plus économique.
Une briquette dure de 8 heures du matin à
3 ou 4 heures de l'après-midi et vaut environ
10 centimes. C'est donc une dépense moyenne
de 15 à 20 centimes par voiture et par jour.
Soit, pour 5,000 voitures, 750 francs.
L'eau chaude revient beaucoup plus cher.
Chaque prise faite aux fontaines installées
sur la voie publique coûte cinq centimes. Et
il faut renouveler la provision presque tou-
tes les heures. La différence se chiffre donc,
pour la Compagnie générale seule, par plus
de cent mille francs.
Il y a bien le système des briquettes brû-
lant dans un tiroir ayant sa prise d'air hors
de la voiture. Mais c'est encore une dépense
d'installation devant laquelle reculent égale-
ment les actionnaires.
Voilà tout le secret de la question. La com-
mission de l'Académie de médecine ne man-
quera certainement pas de rappeler à la pré-
fecture de police ce que nous * venons de dire
et ce qu'elle sait parfaitement.
L'ANARCHISTE JACQUES MERIGEAU
Ce n'est pas, comme on l'a prétendu, pour
infraction aux lois nouvelles votées et pro-
mulguées depuis l'attentat de Vaillant à la
Chambre des députés, que l'anarchiste Jac-
ques Merigeau, ouvrier ébéniste, comparaîtra
mercredi prochain devant la huitième cham-
brè correctionnelle, présidée par M. Flandin.
Jacques Merigeau est prévenu d'infraction
à l'article 3 de la loi du 19 juin 1871, article
ainsi conçu :
Tout individu fabricant ou détenteur, sans auto-
risation, de machines ou engins meurtriers ou in-
cendiaires agissant par explosion ou autrement, ou
de poudre fulminante, quelle qu'en soit la composi-
tion, sera puni d'un emprisonnement de six mois
à cinq ans et d'une amende de cinquante à trois
mille francs.
Le 18 décembre dernier, une perquisition
faite au domicile de Jacques Merigeau
amenait la découverte dans les poches d'un
vêtement de l'anarchiste d'un flacon conte-
un liquide étiqueté « Triple extiait à la
peau d'Espagne » et d'une boite à conserve
contenant plus de deux cents grammes de
poudre de couleur noirâtre. , .':,
, Merigeau déclara que Mdriple extrait à la
peau d'Espagne » était un acide dont on a
l'habitude de se servir dans les travaux d'é-
benisterie et que la poudre noirâtre n'était
autre que du tannin. Il ajouta que ces subs-
tances lui avaient été confiées pour quelques
jours par un individu dont il ne savait ni le
no « ni l'adresse.
i l'examen auquel s'est livré Girard, chef
du iaboratoire municipal, résulterait que le
liquide est de l'acide sulfurique et que la
poudre est un composé de trois substances
formant un explosif.
Jacques Merigeau est un ouvrier fort labo-
rieux, père de deux. enfants. Les rapports de
police ne lui reprochent que ses idées anar-
chistes.
M. le substitut Seligman soutiendra la
prévention.
C'est Me Lévy-Alvarès qui présentera la
défense de Jacques Merigeau.
ENTRE MINISTRE ET AMIRAUX
- En voici bien d'une autre nour Ternirai Le-
fèvre qui, d'après le bruit répandu dans les
bureaux de la rue Royale, serait disposé déjà
à envoyer son'portefeuille. au large. r','
Le ministre, fort entamé et fort tracassé
par des révélations de toutes sortes sur les
abus et le gaspillage dans les ports, se voit
aujourd'hui « entrepris » par ses préfets ma-
ritimes au sujet d'un récent règlement obli-
geant les capitaines de frégate les plus an-
ciens débarqués, sans exception, à reprendre
d'office le service, à la mer, quand beaucoup
d'entre eux sollicitent des postes sédentaires,
véritables sinécures.
Malgré l'opinion de l'état-major général,
qui lutte— il faut le reconnaître— pour le
maintien de cette prescription, les amiraux
la déclarent « inapplicable » purement et
simplement, et sans autre motif.
D où des tiraillements qui, laissent le
pauvre ministre bien perplexe, mais qui
commencent, assurc-t-on, à singulièrement
fatiguer l'amiral Gervais.
LA CRISE EN SERBIE
-
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER.)
", Belgrade, 22 janvier.
Nous ne nous trompions pas quand n'oui
disions, hier, qu'il était peu probable qu'A-
lemandre Itr et son père réussissent à établir
l'entente entre les différents partis et à cons-
tituer un cabinet de coalition sans couleur
politique.
Il est même permis de croire qu'ils ny ont
jamais songé sérieusement et que ilils ont
fait courir le bruittque telles étaient leurs in-
tentions, c'était pour mieux dissimuler les
projets qu'ils méditent.
Les deux rois ont conféré en effet hier
soir, très tard dans la nuit, avec les princi-
paux chefs radicaux et leur ont soumis un
véritable ultimatum stipulant, entre autres
choses, le droit pour le roi de nommer lui-
même le ministre de la guerre et les ministres
plénipotentiaires, l'abrogation des disposi-
tions législatives ayant trait aux parents du
roi, l'abandon du procès contre le cabinet
libéral. ,\
Alexandre fer savait bien que de pareilles
conditions étaient inacceptables et que M.
Grouitch et ses collègues ne consentiraient
jamais à se soumettre à de telles exigences.
Il y avait même une certaine ironie à cette
demande d'abroger les dispositions relatives
aux parents du jeune souverain juste au len-
demain du jour où ils avaient démissionné
parce que l'arrivée de l'ex-loi leur avait paru
contraire à la Constitution.
Mais il s'agissait si bien ici d'un prétexte à
rupture que, loin de ménager les radicaux, le
roi leur reprocha en termes très vifs leur
manque de tact à son égard et leurs fautes
politiques, seules causes, selon lui, et du con-
flit commercial avec l'Autriche et de toutes
les difficultés au milieu desquelles se débat la
Serbie.
Le résultat de cette entrevue fut donc ce
qu'il devait être, c'est-à-dire un refus très net
et très catégorique de la part des radicaux.
On ne sait pas encore à qutsl parti le roi va
s'arrêter, mais il y a tout lieu de croire que,
suivant les conseils de son père, il se retour-
nera vers ses ennemis d'hier et tâchera de
former un cabinet libéral avec le concours
des progressistes. : ,-
Les difficultés ne seront pas pour cela con-
jurées, car il est à craindre que les radicaux,
qui sont dix contre un dans le pays comme à
la "Skouptchina, ne consentent pas plus
à supporter le joug de leurs adversaires sous
la régence officieuse de Milan que sous la ré-
gence officielle de M. Ristitch, et que ce ne
soit, en conséquence, les Karageorgewitch qui
profitent le plus dn gâchis actuel. ;:.
LA SITUATION EN ITALIE
Rome, 22 janvier.
On annonce que la Gazette officielle pu-
bliera ce soir un décret royal, daté d'aujour-
d'hui, prorogeant jusqu'au 20 février la ses-
sion de la Chambre et du Sénat.
On sait que la Banque générale a fermé
ses guichets le 17 janvier dernier et qu'elle a
sollicité le bénéfice d'un moratorium de six
mois, qui lui a été aussitôt accordé par le tri-
bunal civil de Rome.
Les magistrats on indiqué les conditions
du marché et du pays et les difficultés dans
lesquelles se trouvait la Banque générale
pour justifier la nécessité de lui accorder la
mesure de faveur qu'elle sollicitait. Ajoutons
qu'après le Crédit mobilier et la Banque ro-
maine, la Banque générale,dont le capital en-
tièrement versé est de 30 millions, constituait
le principal centre d'opérations financières à
Rome.
Le désarmement de la population s'effec-
tue régulièrement et sans incident à Palerme.
Il sera suivi, dans certaines localités, de per-
quisitions pour s'assurer de l'exécution de
1 ordonnance qui impose à tous les habitants
de la Sicile le devoir de livrer leurs armes à
la questure ou de faire renouveler leur per-
mis.
Cette mesure a été prise en raison de l'effet
moral que le gouvernement attend de sa mise
à exécution; car l'autorité ne saurait se dis-
simuler qu'à l'heure présente les habitants
de l'intérieur de l'île qui n'ont pas l'intention
de s'y soumettre ont déjà dissimulé armes et
munitions.
On estime même que c'est à peine si on a
livré à l'heure actuelle la trentième partie
des armes qu'il y a en Sicile.
Quant aux étrangers qui tombent sous le
coup de l'arrêté de désarmement, on s'est
contenté de décider qu'ils iraient porter leurs
armes à leur consulat.
On mande de Catane au Popolo romano
que les perquisitions ordonnées par le préfet
dans les jardins publics ont amené la décou-
verte de trois caisses de dynamite et d'une
petite caisse de mèches.
Les caisses porteraient Ifétiouette d'un co-
mité anarchiste étranger. , : !
CHRONIQUE
Il n'y a pas à dire, on voit d'étranges
choses en ce temps-ci. Connaissez-vous
quelque chose de plus extravagant dans
la sereine immoralité que ce petit procès
qui vient de se dérouler à la huitième
chambre ? C'est un personnage vraiment
ineffable que ce Louis Girault, soute-
neur professionnel, qui exploitait. sa
belle-mère. Parlez donc encore des vieil-
les plaisanteries classiques sur l'animositê
des gendres et des belles-mères !
Louis Girault faisait faire le trottoir à
la sienne et exigeait, pour prix de
la surveillance qu'il exerçait sur les
cliônta de la malheureuse, vingt francs
par jour. 11 s'était arrangé une petite exis-
tence très commode. Ce qui est délicieux,
c'est qu'il avait l'assentiment du mari de
la créaturequ'il prostituait, un petit vieux,
beaucoup plus âgé. que sa digne épouse,
qui avait généreusement - renoncé à tous
ses droits en faveur de Girault. Il ne de-
mandait que quelques égards. « On pre-
» nait parfois lé café ensemble, et on cau-
» sait amicalement, en famille ». Tableau
vraiment touchant. La famille, voyez-
vous, il n'y a que ça 1
Seulement, un beau jour, Girault trouva
que cette rente quotidienne de vingt francs
était insuffisant. Il en voulut trente.
Malgré sa bonne volonté, la complaisante
belle-mère n'arrivait point à suffire à ces
exigences nouvelles. Alors Girault em-
ployait l'argument classique dans le mé-
tier ;il tapait sur la promeneuse nocturne,
et il tapait dur. Il a eu, à ce propos, un
mot charmant.
Comme le président lui reprochait ses
brutalités, ce continuel emploi de la force
sur sa victime; Girault a paru sincère-
ment très étonné.
— Mais. a-t-il dit, avec une évidente
*-
sincérité, positivement touchante, c'était
ma maîtresse. j'avais bien le droit de la
frapper. -
Et il a hoché la tête, en signe de pitié.
Comment ce président était-il si peu au
courant des mœurs du boulevard exté-
rieur 1 On a une « marmite », de la dé-
bauche de laquelle on vit. N'est-il pas
tout naturel qu'on la bourre de coups de
poing et de coups de pied ?
Girault, cependant, ne se bornait pas à
martyriser la misérable raccrocheuse.
Une fois que (de quoi se mêlait-il?) le
« légitime » de celle-ci intervenait, le sou-
teneur trouva que c'était là un insuppor-
table atteinte à ses privilèges, et, ap-
puyant duDgeste énergique sa protesta-
tion, il envoya au vénérable petit vieux
une telle bourrade qu'il lui cassa trois
dents.
Ce ne sont; d'ailleurs, ni lexcellent
vieillard ni la belle de nuit qui se sont
plaints. C'est, à la suite de cette scène de
a rue, le parquet qui a poursuivi d'office.
La belle-mère, dûment inscrite, d'ailleurs,
sur les registres de la police, a même cha-
leureusement défendu son « petithomme.»
Il a la main leste : elle ne l'en aime que
mieux. Bref, cette parfaite brute, cet im-
monde personnage, ce sinistre Alphoule,
en qui il y a assurément l'étoffe d'un futur
chourineur, s'en est tiré avec deux mois
de prison. Une bagatelle. On lui enverra
des douceurs pendant qu'il sera à l'ombre,
et quand il sortira de prison, il pourra
reprendre tranquillement son joli métier.
Deux mois sont bien vite passés! Au
emazarow, le cher garçon, soumis à un
régime hygiénique, pouvant soigner sa
precieuse santé, se couchant tôt, se re-
mettra des fatigues de sa campagne d'hi-
ver, et vers la fin de mars, il sera plus
dispos que jamais pour avoir l'œil sur les
« pantes » imprudents et peu dégoûtés qui
se hasarderont dans le bouge de sa com-
pagne, et, a.u besoin, pour les assassiner
proprement.
Deux mois de prison, ce n'est pas très
cher. Et alors on comprend assez ma-
laisément certains verdicts de la justice.
Tout récemment, on condamnait à un
mois de la même peine M. Edouard Du-
jardin, coupable seulement d'avoir laissé
passer dans un petit journal qu'il diri-
geait quelques lignes, qu'il n'avait peut-
être pas lues, qui furent considérées
comme trop lestes. L'écart profond qu'il y
a entre les deux délits explique difficile-
ment des pénalités presque égales. Il est
dur tout de même de placer à peu près sur
la même ligne un ignoble souteneur et un
écrivain — éperdument symboliste, mais
ce n'est pas un crime, — que sa mauvaise
chance a rendu responsable d'un articulet
grivois, œuvre d'un autre que lui. Est-il
juste d'exposer le poète décadent à se
trouver le compagnon du chevalier du
trottoir en prison, comme s'ils avaient
les mêmes antécédents? Deux mois à un
misérable tombé au suprême degré de
l'avilissement, ambitionnant le sobriquet
de « Terreur » de son quartier, jouant du
couteau pour un rien, poussant l'origina-
lité dans l'abjection jusqu'à prostituer sa
belle-mère, - et un mois à un imprudent
littérateur, parfait galant homme en dépit
de ses bizarres théories littéraires, frappé
pour quelque écho gaillard dont il n'est
pas l'auteur. franchement, c'est à ne plus
comprendre où est la mesure de la jus-
tice 1
D'autant que ceux qui ont suivi, fût-ce
en le raillant un peu, M. Dujardin dans
ses manifestations poétiques ou dramati-
ques, tantôt wagnérien enragé, tantôt ex-
posant ses conceptions nuageuses en d'a-
bondantes trilogies, n'ont jamais pu rele-
ver chez lui la moindre tendance badine.
Au contraire! c'était austère jusqu'à
l'ennui.
Oh t la représentation du Chevalier du
Passé, au Théâtre-Moderne, et celle d'An-
tonia, dans la salle du Vaudeville, où je
ne sais quel snobisme avait attiré, ce
soir-là, une nombreuse foule mondaine 1
Oh 1 les couches superposées de symboles
de ces œuvres abstruses ; oh ! la belle
vaillance des comédiens déclamant sérieu-
sement d'interminables tirades Vaux-
■ ■ ■.
quelles personne ne comprenait rien —
de vers de seize pieds. et au-dessus !
Ne vois-tu pas que je suis seule,
Que le délaissement pis que la mort me tient dam
Voyez! la nuit [un linceul.
Apaise tons les frivoles bruits,
Elle inaugure
Le règne de la conscience au fond des esprits de
[la nature I.
Qui aurait dit, en cette soirée mémo-
rable d'Antonia, qui ne laissa qu'une
chaste impression de stupeur, que l'au-
teur, si hautain qu'il dédaignait d'être
clair, se prêtant si peu, par conséquent,
à flatter les bas instincts dé la foule, se-
rait un jour traduit devant les tribunaux
pour pornographie ?. Ah ! si les juges de
M. Dujàrdin avaient lu préalablement An-
tonia et bien connu la singulière ,person- ,
nalitéde son auteur, ils se seraient Mtés
de renvoyer - indemne ce rêveur. - -
Je trouvais; je le confessev'M, Dujardin
fort agaçant; dans seà recherches outran-
cièree d'originalité, qiràîid il nous faisait
subir, .«es etrariges -
par une condamnation disproportionnée
qui le transforme en victime, on l'a rendu
intéressant; et vraiment, encore un coup,
on reste déconcerté quand on voit, dans
la même semaine, un gredin répugnan t,
vraie graine d'assassin, si doucement
traité par les tribunaux, et un écrivain
de vie correcte, n'ayant jamais recherché
le scandale, encourant par hasard une res-
ponsabilité d'éditeur, si lourdement, si
brutalement frappé I
Paul Ginisty.
ÉLECTIONS LÉGISLATIVES
SKINB-INFÉRIKUITE
5* circonscription du JSuvre
MM. Delaunay, cons. gén., rép. 8.198 tëht
Le baron Plerard, anc, dep., reac, 8.159
FINISTÈRE
2- circonscription de Morlaix
MM. de Mua, réactionnaire rallié. 8.036 Elu.
Cail, républicain. -5.750
M. de M un a adressé aux électeurs un mani-
feste dans lequel il est simplement question du
« triomphe de la cause catholique D. Au lendemain
de cette campagne, dit-il, qu'il n'y ait entre nous
qu'une seule pensée, l'union autour du drapeau de
notre foi commune.
« Comptez sur moi comme je compté sur YOIWI,
et ne formons plus qu'une famille chrétienne, unie
pour Dieu et pour le pay's.
M. WaL$ON
poursuivi par Marias Tourïiadre
M. Marins Tournadre, le compagnon dans
sas tournées académiques de M. Achille *
Roy, poursuit M. Wilson, député de Loches,
devant la neuvième chambre correctioMielle,
sous les inculpations de diffamation et d'in-
jures.
L'affaire est inscrite au rôle de mercredi
prochain, à la neuvième chambre correction-
nelle présidée par M. Bidault de l'Isle.
Me Maurice Bernard assistera M. Wilson,
qui a été assigné hors session.
Me Lagasse se présentera pour M. Tou..
nadre.
LE KHÉDIVE ET LES ANGLAIS
Le Caire, 22 janvier.
Le khédive, qui vient de faire une excursion
sur le Nil, a fait, paraît-il, une critique sé-
vère de l'état de l'armée égyptienne et
des officiers anglais qui la commandent. On
assure même que c'est après cet incident qu'il
a avancé la date de son retour au Caire où il
arrivera dans tron ou quatre jours.
Ces observations du khédive ont été rap-
portées ici par le général Kitchener, com-
mandant en chef de l'armée égyptienne, qui
accompagnait le souverain dans son voyage.
Le bruit a couru que le général Kitchener
aurait offert sa démission au khédive et que ce
ne serait que sur la demande de celui-ci qu'il
aurait consenti à revenir sur sa décision.
Mais on ne peut rien affirmer lii dans U. -
sens ni dans un autre, car lé gouvernement
égyptien n'a encore aucun renseignement sur
cette affaire. -
j.
ELECTION SENATORIALE DE L'AUDE
Vendredi prochain va s'engager, devant le
Sénat, une discussion qui offrira un certain
intérêt. Il s'agit de l'élection sénatoriale de
l'Aude. M. Guérin, rapporteur du 36 bureau,
conclut a l'invalidation du sénateur proclamé
élu au troisième tour de scrutin, M. Rivais,
conseiller à la cour de Montpellier, préten-
dant qu'au tour précédent M. Mir aurait ob-
tenu la majorité absolue des votants.
Les journaux de la région — et notamment
la Dépéche de Toulouse — publient à ce sujet
des documents d'où résulte la preuve que le
calcul de M. Guérin est établi sur une erreur
de chiffres. Si la thèse de M. Guérin était
acceptée comme bonne, affirment-its, les can-
didats auraient obtenu plus de voix qu'il n'y
a eu de suffrages exprimés, ce qui est ab-
surde.
Les jurisconsultes éminents sont trop nom-
breux au Sénat pour que le rapport de M.
Guérin passe inaperçu. Attendons-nous à un
vif débat.
LA RECONSTRUCTION
DE L'OPÉRA-COMIQUE
M. Georges Berry a déposé hier à la Cham-
bre une proposition tendant à modifier les
plans de reconstruction de l'Opéra-Comique et
à édifier la nouvelle salle avec façade sur le
boulevard.
M. Georges Berry motive sa proposition,
qui a été renvoyée à la commission des cré-
dits supplémentaires, sur la nécessité d'ac-
croitre Jes dégagements qui, dans le plan
adopté, sont insuffisants, et d'augmenter les
précautions contre les sinistres.
En outre, M. Georges Berry estime qu'il
serait préférable, au point de vue artistique,
que la façade fût érigée sur le boulevard.
Les plans adoptés après concours n'ont pas
encore reçu de commencement d'exécution;
par suite, pratiquement, la chose serait pos-
sible. Mais il y aurait un supplément de dé
penses de 3 millions dont moitié peur l'expro.
priation de l'immeuble du boulevard des Ita-
liens et moitié pour les travaux supplémen-
taires qu'entraînerait l'agrandissement de
l'édifice.
L'ARMÉE AU SÉNAT
Le Sénat a nommé hier une commission de l'au,
mée composée de MM. de Fl'eyciD,,:t, Pcytra"
général Billot, Lefebvre, Baduel, Lourties, Ba.
nard, Bardoux/de Verniaac, générât Japy, tolu-
nel Tczenas, Guyot-Lavelinc et Bénaut,
M. de Preyciner désigné 'pôar. jgNBdre ta
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