Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1894-01-22
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 22 janvier 1894 22 janvier 1894
Description : 1894/01/22 (A24,N8043). 1894/01/22 (A24,N8043).
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 29/04/2013
VINGT-QUATRIÈME ANNEE. — N. 8,043 LE NUMERO CINQ CENTIMES iLUNDI 22 JANVIER 1891 -
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L11ÊÏEMME
ï.
Le Journal officiel a public hier un
rapport adressé par le ministre de la
marine au président de la République
et un décret instituant une commission
d'enquête. Dans son rapport le ministre
constate que « des critiques très vi/es
ont été formulées à diverses reprises, et
toutrécemment encore, sur la gestion des
intérêts dont la marine a la charge, spé-
cialement en ce qui concerne le maté-
riel naval et les approvisionnements gé-
néraux nécessaires à la flotte.
» Il m'a paru, ajoute-t-il, qu'il était
de la plus grande importance pour la
marine, comme pour le pays, que sur
des questions d'une telle gravité, qui
touchent à la défense nationale, la lu-
mière se fit dans tous les esprits et que le
Parlement pût apprécier de la façon la
plus claire et la plus complète les efforts
faits et les résultats acquis par rapport
aux ressources dont on a disposé. »
Le ministre a ainsi voulu prendre le
devant. L'interpellation annoncée de
M. Lockroy devait avoir pour sanction
la nomination d'une commission d'en-
quête. Celle-ci étant dès maintenant
nommée, l'administration de la rue
Royale ne manquera pas de soutenir
que l'interpellation est sans objet et qu'il
faut renvoyer le débat au moment où
les invostigations des enquêteurs seront
terminées.
En apparence, cette opinion est juste.
Mais si l'on ne s'arrête pas aux appa-
rences, la nomination qui vient d'être
faite de la commission ne donnera pas
satisfaction aux vœux de ceux qui
souhaitent que la vérité soitcon nua et que
nous ne nous trouvions pas, au jour de
la mobilisation, en présence de na-
vires inutilisables et de magasins d'ap-
provisionnement vides. Nous ne suspec-
tons assurément pas la loyauté de
l'amiral Lefèvre. Il nous sera permis
cependant de conserver quelque inquié-
tude.
On ne nous dit pas, en effet, quels
seront les pouvoirs de la commission et,
puisque le gouvernement prenait l'ini-
tiative de la nommer, il n'aurait pas été
inutile qu'il précisât en même temps les
fonctions et les droits qu'il lui attribuait..
Les bureaux de la marine sont, en effet,
de ceux avec lesquels il est bon de
prendre ses précautions. Ils nous ont
montré plus d'une fois qu'ils n'aimaient
pas que des intrus jetassent un œil trop
curieux dans leurs affaires et l'on se
rappelle encore la désinvolture avec
laquelle ils voulurent jadis refuser tout
renseignement à M. Gerville-Réache,
alors rapporteur du budget de la marine.
Il fallut saisir la Chambre de l'incident
pour vaincre la résistance des bureaux.
Encore peut-on croire que s'ils se trou-
vèrent obligés de recevoir le rapporteur
du budget, ils ne manquèrent pas de
dissimuler à sa vue tout ce qu'ils pu-
rent.
La nouvelle commission sera-t-elle
mieux accueillie et aura-t-elle le moyen
de porter partout ses investigations, de
les pousser aussi loin qu'elle le jugera
convenable? C'est le point essentiel. Or,
nous voyons bien que la commission
comprend sept sénateurs et quatorze
députés; mais à côté d'eux figurent des
fonctionnaires du ministère de la ma-
rine et elle est présidée par le ministre
de la marine; c'est-à-dire que, pour
une partie, la commission d'enquête est
composée de ceux dont les actes doi-
vent être enquêtés et dont la responsa-
bilité dans cette affaire est en cause.
Le ministre de la marine a déjà mon-
tré, dans les explications qu'il a don-
nées à certains de nos confrères, qu'il
était porté à excuser les fautes qui
avaient été commises, et que l'amiral
Rieunier, son prédécesseur, jugeait
beaucoup plus sévèrement, puisqu'il
allait jusqu'à dire qu'elles auraient mis.
obstacle à la mobilisation. L'amiral Le-
fèvre laisse, au contraire, entendre que
l'on a exagéré, que si les approvision-
nements étaient incomplets, il était fa-
cile d'y suppléer rapidement, soit en
activant la fabrication du biscuit, soit
en achetant du vin et de l'huile. Quant
aux vices de construction de nos vais-
seaux, il soutient les ingénieurs des
constructions navales, et pour les faire
contrôler, il fait entrer dans la commis-
sion d'autres ingénieurs de construc-
tions navales, assistés de quelques au-
tres polytechniciens, pour lesquels le
respect de la camaraderie est le plus
saint d<3& devoirs.
Si véhément, si documenté qu'ait été
le réquisitoire contre l'administration
de la marine, on nous dit qu'il est elb
core incomplet. Un de nos amis, bien
placé pour connaître ces choses, nous
affime, notamment que. si les maga-
sins de vivres sont incomplets, les dé-
pôts de charbon, pour l'entretien des-
quels des crédits spéciaux ont été votés,
sont vides. En cas de mobilisation, l'a-
miral Lefèvre estime-t-il qu'on pourrait
suppléer à cette lacune etqu'il n'y aurait
qu'à acheter quelques sacs de combus-
tible chez les charbonniers de Toulon?
Le ministre de la marine et les fonc-
tionnaires de nos départements qui sié-
geront avec lui dans la commission
d'enquête sont les prisonniers des bu-
reaux. Ils ne savent que ce que ceux-ci
veulent bien leur laisser savoir et, de
plus, ils sont liés par la camaraderie
avec ceux dont la conduite est incrimi-
née. Ils ne peuvent échapper à la préoc-
cupation de les défendre et de les pro-
téger, et une enquête dirigée par eux
peut, avec quelque raison, inspirer des
doutes.
C'est précisément pour soustraire le
ministre de la marine à toutes les in-
fluences qui s'agitent autour de lui que
l'opinion -publique avait réclamé un mi-
nistre civil. Puisque l'on a commis la
faute de renoncer à cette réforme, elle
demande au moins que l'enquête, dont
la nécessité est unanimement reconnue,
soit faite dans des conditions qui don-
nent toute garantie. La commission qui
vient d'être nommée ne donne pas ces
garanties. L'opinion estimera que les
fonctionnaires de la marine qui en font
partie se donneront pour mission de
dissimuler ce qui serait le plus dange-
reux à montrer et par conséquent le
plus utile à connaître, et elle sera toute
disposée à croire que c'est une nouvelle
manœuvre des bureaux pour éconduire
en douceur les indiscrets qu'ils ne peu-
vent, malgré toute l'envie qu'ils en ont,
jeter brutaiement à la porte.
LA VENTE DU « CHASSEUR »
Quand nous serons à. mille avec les
exploits administratifs de la marine, nous
ferons une croix.
On avait remis aux Domaines, pour être
vendu, l'aviso le Chasseur, construit en 1878.
La mise à prix était fixée à 45 mille francs
avec la coque, les accessoires et rechanges 1
l'artillerie exceptée.
Un industriel, propriétaire d'une île de
l'Océanie qu'il veut coloniser, paraît-il, avait
exprimé l'intention de concourir à l'adjudi-
cation, mais on dédaigna de lui répondre, et,
sur une enchère à Brest, le Chasseur a été
adjugé pour 42,500 francs à un négociant de
cette ville.
Seulement, la marine refuse aujourd'hui de
considérer les chaudières du bâtiment comme
accessoires ou rechanges. Elle refuse de les
livrer à l'acquéreur qui vient d'assigner,
comme y ayant droit, le receveur des do-
maines.
En cas de résistance, c'est un procès que
l'administration de la rue Royale perdra
sans aucun doute pour avoir négligé une dé-
signation suffisante de la « matière » à
vendre.
Et les avis d'adjudication — qu'on le re-
marque — ont dû être vérifiés par trois corps
spéciaux : les comptables, les agents admi-
nistratifs, les commissaires de la marine 11
LA LOGE DE M. CARNOT
Ceux qui fréquentent la Comédie-Française
savent que la loge réservée au président de
la République était située depuis longtemps
sur le côté jardin de la salle, c'est-à-dire à la
gauche du spectateur. Il n'en est plus de
même aujourd'hui. L'avant-scène de M. Car-
not a été transférée sur le côté cour, à droite
des spectateurs. Voici les motifs de cette mo-
dification.
M. Carnot, après avoir gravi les marches
du grand escalier, devait, pour gagner sa
loge, effectuer à travers les couloirs, toujours
encombrés de spectateurs, un assez long tra-
jet qui le mettait en contact avec la foule des
habitués.
Le chef de l'Etat s'était plaint à diverses
reprises de ce contact.
La grande avant-scène côté cour, toute voi-
sine du foyer des artites et séparée seulement
du grand escalier par une galerie qu'il était
facile de rendre pai ticuliére, était propice à la
réalisation du projet. On la choisit donc et on
aménagea en une sorte de salon la galerie
susdite.
Les travaux sont terminés depuis plusieurs
jours : la galerie, où désormais M. Carnot et
le personnel de sa maison auront seuls accès,
a été transformée et décorée à l'aide de diffé-
rentes œuvres d'art puisées parmi les collec-
tions du musée de la Comédie-Française.
LA SITUATION EN ITALIE
Rome, 20 janvier.
La même affluence de monde s'est pressée,
comme hier, aux guichets de la caisse d'é-
pargne pour retirer les dépôts.
Les journaux iavitent le public au calme.
L'affluence a continué aujourd'hui au bu-
reau de désarmement de Massa.
Les troupes continuent à poursuivre les
anarchistes.
Le commissaire Heutsch est allé à Carrare,
d'où les détachements de chasseurs alpins
sont partis pour commencer les opérations
dans la montagne.
On mande de Turin que la banque popu-
laire d'Alexandrie (Piémont) a demandé un
moratorium.
Le bilan présenterait un excédent actif de
2 millions.
LA SITUATION EN SERBIE
Belgrade, 20 janvier.
Dans les cercles bien informés, on assure que le
roi a essayé de former un cabinet non parlemen-
taire et que les personnes auxquelles il a offert de
faire partie de ce cabinet ont décliné cette offre, et
conseillé au souverain de ne pap donner suite à son
idée pour le moment. La situation reste donc sta-
tionnaire. Les rapports entre le M.t log radicaux
sont en réalité très tendus,
LA PROTECTION DE L'ENFANCE
UN RAPPORT DU PRÉFET DE POLICE
Application de la loi du 23 décembre 1874*
— Nourrices et nourrissons. — Statis-
tiques diverses. — Propositions
ti d'amélioration des conditions
d'élevage.
Une loi du 23 décembre 1874 confie à di-
verses autorités, le soin de protéger le en-
fants du premier âge en exerçant sur les per-
sonnes chargées de les élever une surveillance
active. A la fin de chaque année, M. le pré-
fet de police Adresse à M. le ministre de l'in-
térieur, un rapport détaillé sur les observa-
tions auxquelles a pu donner lieu au cours
de l'année précédente, l'exécution de cette loi,
dans le département de la Seine.
Le rapport, pour 1892, vient d'être terminé.
Il contient, comme les précédents, des ren-
seignements dignes d'être relevés, sur l'éle-
vage des jeunes enfants.
COMPARAISON DES MODES
D'ÉLEVAGE -
La constatation par laquelle débute ce tra-
vail administratif est relative au mouvement
général des nourrissons soumis à la protec-
tion. Elle établit que ce mouvement a subi,
en 1892, un ralentissement assez important.
Le nombre total des enfants surveillés qui,
pendant les dix dernières années, s'était élevé
en moyenne à 4,785 est tombé à 4,407, se
rapprochant sensiblement du minimum cons-
taté en 1882 (4,351).
Le premier désir de ceux qu'intéresse cette
question de protection de l'enfance est de
savoir le mode de l'élevage de ces 4,407 nour-
rissons. L'active propagande des médecins en
faveur de l'allaitement naturel a-t elle donné
des résultats? Le sein est-il préféré au bibe-
ronf Et, de la préférence marquée quelle
qu'elle soit, sait-on les conséquences sur la
santé des enfants ?
Eh bien, le biberon l'emporte encore, mais
si faiblement, qu'on peut prévoir sa défaite
prochaine. Sur les 4,407 nourrissons protégés,
1,912 étaient élévés par des nourrices au sein,
soit 43,39 0/0 ; 1,958 au biberon, soit 44,430/0;
537 étaient chez des sevreuses ou des gar-
deuses.
Si le nombre des enfants élevés au sein est
presque égal à celui des enfants élevés au
biberon, bien différents sont les chiffres des
décès pour chacun de Ces modes d'élevage.
Il est vrai que le second fait toujours deux
fois plus de victimes que le premier. De
même l'été reste la saison la plus dangereuse
pour la santé des enfants. Alors qu'il meurt
33 pour 100 de jeunes enfants pendant les
deux ou trois mois de forte chaleur, ce chif-
fre s'abaisse à 19 pendant l'automne.
De même encore les premiers mois de la vie
sont ceux qui exigent les plus grands soins,
une attention soutenue ; les chances de vivre
semblent s'augmenter de chaque nouveau
jour vécu.
La mortalité générale diminue d'ailleurs
d'année en année. Elle atteignait 9 30 pour
100 en 1883 ; elle était descendue en 1892 à
7 80 pour 100.
LA GUERRE AU BIBERON
Les efforts continus des hygiénistes et des
philanthropes ont produit, il n'en faut pas
douter, ces consolants résultats. C'est, pour
les uns comme pour les autres, une raison de
s'attacher plus obstinément encore que dans
le passé, à proposer, à réaliser des progrès
dans l'art d'élever des enfants. Les vœux et
propositions de toutes les personnes que la
loi charge, à des titres divers, de veiller à la
protection des enfants du premier âge : mé-
decins-inspecteurs, visiteuses, maires, etc.,
prouvent bien que ce devoir se fortifie des
succès obtenus.
Pour les médecins-inspecteurs, le nombre
encore trop considérable des décès enregis-
trés est une conséquence de l'allaitement ar-
tificiel. Le plus grand nombre de ces décès
est imputable, comme les années précédentes,
aux affections des voies digestives. C'est le
biberon qui est le grand coupable — et par-
ticulièrement le biberon à long tube. Les mé-
decins le dénoncent aux parents avec une
louable unanimité. Ils demandent aux auto-
rités administratives d'interdire l'usage de ce
dernier, exprimant pour les autres le vœu
que le carnet soit refusé aux nourrices pèches
qui ne s'engageront pas à en cesser l'usage
pendant les quatre mois de grandes chaleurs,
et à le remplacer par l'élevage au verre.
Le lait est une des préoccupations des mé-
decins-inspecteurs. Ils voudraient que l'em-
ploi du lait stérilisé fût conseillé aux nour-
rices, imposé aux crèches que subventionnent
l'Et't, le conseil général ou le conseil muni-
cipal.
Ces précautions dont on s efforce d entourer
l'élevage au biberon, ne font pas négliger les
améliorations que comporte l'allaitement na-
turel. Il i e suffit pas de confier un enfant à
une nourrice au sein pour que toute crainte
de danger soit écartée. Il faut s'être assuré
que l'éleveuse a les qualités requises, puis,
prendre garde qu'elle ne les perde.
Les médecins de l'-administration préfecto-
rale sont garants du bon état sanitaire des
nourrices, puisque celles-ci ne sont autorisées
à emmener un nourrisson qu'après avoir
subi un examen médical très sérieux. Mais
les commissions locales, les municipalités et les
dames visiteuses pensent, en grand nombre,
qu'il y aurait lieu d'étendre la surveillance
relative aux conditions hygiéniques et de
santé des nourrices.
VŒUX ET PROPOSITIONS
Plusieurs de ces autorités insistent notam-
ment sur 1a. nécessité d'imposer aux nourri-
ces une habitation saine, propre et d'inter-
dire, comme conséquence, l'élevage des en-
fants aux femmes qui habitent en garni ou
exercent des professions dangereuses.
C'est dans le même esprit que ces mêmes
autorités demandent qu'il soit procédé à une
enquête, chaque fois qu'un nourrisson meurt,
avant la première visite du service d'inspec-
tion; que toute nourrice, à laquelle des * ob-
servations ont déjà été adressées à deux re-
prises différentes, soit tenue de se présenter
devant la commission locale ; que l'autorisa-
tion d'élever des enfants soit retirée à toute
femme qui a déjà perdu deux nourrissons ;
que le logement des nourrices soit visité
avant la délivrance du certificat administra-
tif.
Que de vœux et de propositions utiles ne
formulent pas ceux qui s'intéressent à cette
question de protection des enfants du premier
âge. Ils voudraient :
Obliger les nourrices, dont le propre enfant
est malade, à prévenir, dans le plus bref dé-
lai, les parents de leur nourrisson.
Infliger une amende aux parents qui, mal-
gré les avis du service d'inspection, se refu-
seraient à changer le mode d'alimentation
reconnu nuisible à la santé de leurs en-
fants.
ASSISTANCE AUX NOURRICES ET
AUX NOURRISSONS
Créer et mettre à la disposition des commis-
sions locales, oour les cas urgents lratraits
d'office, insuffisance de layette, non payement
du salaire convenu, etc.), une modeste caisse
de secours en faveur des enfants surveillés;
au besoin, employer à cet effet les fonds dont
l'Administration dispose pour donner des ré-
compenses aux nourrices.
Obtenir que le département vienne en aide
aux parents dont les ressources seraient re-
connues insuffisantes, pour donner à leur
enfant le mode d'alimentation qui lui est
nécessaire.
Organiser d'une façon définitive les caisses
de secours aux nourrices et aux nourrissons.
Trouver une solution pratique à la ques-
tion du paiement du salaire des nourrices.
Obtenir qu'une disposition législative ou ad-
ministrative intervienne pour garantir les
nourrices contre le non paiement de leur sa-
laire.
On peut juger, par cette énumération de
vœux et de propositions, combien il reste en-
core à faire pour rendre absolument efficace
l'application du système de protection que la
loi du 23 décembre 1874 a organisé en faveur
des enfants du premier âge.
LE MÉRITE AGRICOLE
Le Journal officiel publie ce matin un cer-
tain nombre de nominations dans l'ordre du
Mérite agricole.
Le mouvement comprend deux parties :
d'une part, les distinctions accordees aux
fonctionnaires et agents relevant du minis-
tère de l'agriculture ; d'autre part, celles ac-
cordées aux agriculteurs proprement dits ou
aux personnes ayant rendu des services à
l'agriculture..
Il y a en totalité 39 promotions au grade
d'officier du Mérite agricole et 437 nomina-
tions au grade de chevalier.
Nous signalerons notamment les promo-
tions ou nominations suivantes :
Au grade d'officier : MM. le baron de
Vaux, publiciste, auteur d'ouvrages sur les
remontes, l'élevage, les haras ;Cuny, sous-chef
de bureau au ministère de l'agriculture;
Foex, directeur de l'Ecole nationale d agri-
culture de Montpellier; Kayser, chef de
travaux à l'Institut agronomique; Warnes-
son, vétérinaire à Versailles.
Au grade de chevalier : MM. Alapetite,
préfet du Pas-de-Calais ; Bechmann, ingénieur
en chef du service des égouts de Paris ; Blai-
ret, publiciste à Fécamp ; Blanc, préfet des
Deux-Sèvres ; Bluzet, préfet du Cantal ; Bœ-
gner, préfet du Loiret; Bréal, préparateur an
Muséum d'histoire naturelle ; Bruman, préfet
de la Nièvre ; Chapeau, directeur de la Revue
des poches maritimes ; Charlier, rédacteur
scientifique du journal 1" Temps; Couppel de
Lude, préfet de l'Orne ; Debax, préfet de 1 Ain;
Dreyfus, rédacteur au Bulletin des Halles;
Floret, préfet de la Manche ; général de Ga-
nay, commandant la 2e brigade de dragons;
Henry Haquet, publiciste à Paris; Hendlé,
préfet de la Seine-Inférieure; Dainey, direc-
teur de la Société des grands moulins de
Corbeil : Porte, sous-directeur du Jardin d'Ac-
climatation ; Tiercelin, secrétaire de la So-
ciété du demi-sang à Paris ; Vatin, préfet du
Calvados
LES GRANDES MANŒUVRES EN 1894
Manœuvres de forteresse dans le camp
retranché de Paris
On a annoncé un peu partout que quatre
corps d'armée, formant deux armées, exécu-
teraient cette année des manœuvres d'en-
semble analogues à celles exécutées, en 1891,
sous les ordres du généralissime.
Le programme qui vient d'être arrêté par
l'état-major général de l'armée est de moin-
dre envergure, et nous reverrons sur tous les
points du territoire ce qui s'est fait l'année
dernière et les années Drécrientes, sauf en ce
qui concerne les manœuvres de forteresse
que dirigera, dans le camp retranché de
Paris, le général Saussier.
Toutes les troupes du gouvernement mili-
taire prendront part à ces manœuvres, qui
offriront un intérêt excptionnel. Ce n'est pas
tout : la 5e division d'infanterie (Rouen) qui
vient relever la 0e au mois de septembre, la
brigade de cavalerie du 5e corps et un cer-
tain nombre de batteries d'artillerie à pied
seront également placées, à cette occasion,
sous les ordres du général Saussier.
Deux corps d'armée — le 4e (Le Mans) et le
lie (Nantes) — exécuteront des manœuvres
d'ensemble, sous la direction du général de
Galliffet.
Les lrc et 3e divisions de cavalerie pren-
dront part à ces manœuvres.
Les 1er, 6e, '7e, 80, 10e, 12e, 13e, 168, 17e et
18° corps exécuteront soit des manœuvres de
division, soit des manœuvres de brigade.
Les 2", 3°, 58 et 9e corps feront des manœu-
vres de brigade d'une durée totale de qua-
torze jours.
Les 5e et 7e divisions de cavalerie manœu-
vreront sous la direction du général présidant
le comité technique de cavalerie. La 4e divi-
sion prendra part à ces manœuvres pendant
quelques jours.
Enfin, la première division et une division
provisoire formée des lre et 3e brigades de
cavalerie exécuteront des manœuvres d'en-
semble sous les ordres du général Baiiiod.
L'INCIDENT DU CONSULAT DE GÊNES
Rome, 20 janvier.
L'incident survenu à Gênes peut être considéré
comme terminé.
Le ministre des affaires étrangères a fait savoir
à notre ambassadeur que los individus coupables
d'avoir lancé des pierres contre l'écusson de notre
consulat général avaient été arrêtés et auraient été
livrés à. la justice sans l'intervention du consul
général français.
M. Mayer, ayant en effet acquis l'assurance qu'il
se trouvait en présence d'un fait isolé, commis par
deux hommes surexcités par la boisson, a déclaré
que le gouvernement français n'avait pas l'inten-
tion rte les poursuivre et a demandé leur mise en
liberté.
LES ÉLÈVES DES BEAUX-ARTS
Hier, à quatre heures, au café des Deux-
Magotff, boulevard Saint-Germain, se sont
réunis les massiers des ateliers Bonnat, Gê-
rôme, Moreau, Falguière, Cavalier et Thomas,
ainsi que ceux des ateliers d'architecture et
de gravure.
Cette réunion avait pour but de demander
que les élèves de l'Ecole des beaux-arts qui
ont reçu au concours des places, lequel a lieu
tous les six mois, et ceux qui ont obtenu une
troisième médaille en dessin et en esquisses,
soient non seulement exempts de deux années
du service militaire, mais encore ne soient
pas obligés de faire à vingt-six ans deux an-
nées de service complémentaire, si, à cet &ge,
ils n'ont pas obtenu une seconde médaille.
Une pétition dans ce sens a été rédigée et va
être signée par les intéressés. Cette pétition
sera présentée au ministre de la guerre par le
secrétaire de l'Ecoief
CHRONIQUE
A Londres, la semaine dernière, on a
fait quelque bruit autour du diner « des
Treize ». Ces Treize étaient des gentle-
men se réunissant tout exprès pour se
moquer de la vieille superstition qui fait
redouter la mort prochaine pour ,un des
assistants au repas où se trouve un pa-
reil nombre de convives. Ces esprits
forts avaient, non contents de braver l'an-
tique préjugé, accumulé tout exprès, tout
ce qui passe pour des présages funestes,
salières renversées, couteaux à l'envers,
couverts mis en croix. Il parait que la
fête a été fort gaie, presque aussi gaie que
celle que donna, au siècle dernier, Gri-
mod de la Reynière, autre sceptique en-
durci, en son fameux souper funéraire, où
la salle était tendue de noir, et le reste à
l'avenant.
— Attendez un peu ! diroDt les gens su-
perstitieux, il faudra voir dans quelques
mois si l'antique loi du destin a pu être
impunément bravée!
Il y a assurément nombre de personnes
qui estiment, selon le mot classique, que
la seule chose fâcheuse, quand on se
trouve treize à table, c'est alors qu'il n'y
a à manger que pour douze. Il n'empêche
que, même à Paris, vous trouverez encore
beaucoup de gens éprouvant quelque gêne
à l'idée de se rencontrer dans ces condi-
tions fatidiques. Tout le monde sait l'his-
toire de ce diner d'artistes, où, pour ne
pas être treize, on invita, un jour, un co-
cher de fiacre, lequel se trouva être un
garçon avisé, prouvant, par ses réflexions,
qu'il n'était pas dénué d'esprit, si bien
que, ayant conquis droit de cité,il devint,
par tradition, l'hôte de ces réunions.
J'ai vu, ces jours-ci encore, un exemple
de ces singulières craintes. Il s'agissait de
fêter, entre camarades, un événement
heureux pour un écrivain aimé du public.
Encore qu'il fut assurément, au-dessus de
ces puérilités, l'organisateur prit bien
garde qu'on ne fût pas treize. On agissait
de même chez ce libre, fier et charmant
esprit qu'était Théodore de Banville, et
si, par hasard, il attendait quatorze amis,
il n'était pleinement rassuré que lorsque
le dernier d'entre eux avait fait son appa-
rition. S'il y eut jamais un Parisien jus-
qu'au bout des ongles, c'était bien lui ce-
pendant! Il se raillait lui-même en des
anecdotes délicieuses, de cette supersti-
tion ; mais il l'observait.
La survivance du préjugé est plus pro-
fonde qu'on ne croit, et dans tous les
mondes. En notre temps peu croyant, on
s'est affranchi pourtant de bien des tradi-
tions du respect, et ils sont rares même,
ceux qui se souviennent de l'origine de
cette crainte vague, origine qui se trouve
dans la Gène. Mais aller même contre ce
préjugé, c'est lui reconnaître encore une
certaine force. Vous savez qu'un directeur
de théâtre, gardant la superstition tout en
la retournant, s'arrange pour ne donner
ses premières qu'un 13, et il est charmé
quand, à ce quantième du mois, corres-
pond un vendredi. Le diable, c'est que,
en ce qui le regarde, l'exemple n'est pas
très concluant, et que cela ne l'a pas em-
pêché, pendant quelque temps, de collec-
tionner les « fours ».
Je disais, un jour, qu'il y aurait une
assez piquante petite enquête à entrepren-
dre sur le nombre de superstitions subsis-
tant dans la grande ville frondeuse et
railleuse, — superstitions non toujours
avouées, et n"en exerçant pas moins, ce-
pendant, leur tyrannie. Je conviais nos
lectrices à ces menues recherches de
« folk-lire » parisien. J'ai reçu des ré-
ponses qui ne laissent pas d'être curieu-
ses. Une aimable correspondante, Mme
Marcelle Lioz, m'a envoyé, notamment,
une masse d'informations amusantes, sur
les petits faits accidentels considérés
comme des présages.
Ce qui serait instructif - il faut avoir
de la méthode en tout, s'il vous plaît 1 —
ce serait un classement des superstitions
parisiennes par professions. N'exagérons
rien, et mettons, d'ailleurs, que bien de
ces formules ne soient plus que des dic-
tons, plaisamment ou machinalement
répétés.
Ces dictons abondent, particulièrement,
dans le monde des petites ouvrières,
celles de la couture et de la mode, sur-
tout. Ces gentilles fillettes, si rieuses,
dans la camaraderie de l'atelier, sont,
parfois, un brin romanesques. Et puis,
vivant à côté du luxe, elles ne se rési-
gnent pas toujours facilement à l'idée
d'un sort éternellement modeste, et elles
attendent vaguement un hasard heureux.
De là à le faire prédire par une foule de
petits indices, il n'y a qu'un pas. Ces in-
dices, elles les tirent des plus petits évé-
nements.
Ainsi diront-elles qu'entendre un fer
remuer indique une visite, que coudre
par mégarde un cheveu promet un gain
inespéré, que se frotter, sans le faire
exprès, la main gauche sur du bois est
signe d'argent, que prendre le gant droit
le premier porte bonheur, qu'entrer dans
un wagon où les hommes sont en majo-
rité est de bon augure.
Mais tout cela, c'est bagatelle. J'entends
que les promesses du destin, par ces indi-
ces sont insuffisamment précises. Ces de-
moiselles exigent des révélations un peu
plus certaines. Et leur imagination tra-
vaille, travaille. Comment ne s'exerce-
rait-elle pas, principalement, sur ce qui
concerne l'amour, le chapitre intéres-
sant entre tous ?
Vous saurez donc que quand la chai-
nette d'un bijou que porte une femme se
brise, alors qu'elle est en tête à tête avec un
homme, cet accident présage entre les
deux interlocuteurs une galante aventure,
mais (que d'indications venant d'un si pe-
tit accident 1) une aventure sans lende-
main. Vous saurez aussi que, lorsque, à
un mariage, une jeune fille pose le pied
sur la traîne de la mariée, et qu'elle la
déchire, elle se mariera elle-même dans
l'année; mais si, « dans un endroit clos w,
c'est un homme qui met le pied sur la robe
d'une jeune fille. celle-ci ne sera jamais
que sa maltresse. Un moineau libre péné-
trant dans un appartement, c'est un ch-in-
gement de position certain pour la per-
sonne qui occupe la chambre envahie.
Il y en a, il y en a, de ces superstitions,
auxquelles on ne croit, bien entendu, qu'à
moitié, mais dont oh se souvient, a l'oc-
casion 1 Il n'est pas question qu^ de-bon-
nes chances, du reste. Il y aurait bien des
événements menaçants, même : la chute
des ciseaux se fixant à terre par les poin-
tes, en tombant, la rupture des attaches
d'un portrait l'essai étourdi d'un chapeau
de deuil destina à une autre, le fait Cen-
trer avec une lumière dans une pièce où
il y en a déjà deux.
Que la vie devient compliquée avec cette
interprétation de tous les actes qui la
constituent !
Le monde du théâtre n'a guère moins
de superstitions, lui aussi. "Pendant un
temps, - toui' t en riant, iie
faisait-on pas, avec les doigts, le geste
de la conjuration ou la parodie du signe
de croix, quand on prononçait le nom
d'Offenbach? Pour quelques-uns, entrer
en scène du pied droit ou du pied gauche
n'est pas chose indifférente. Des promes-
ses du succès sont censées s'attachera une
foule de particularités de hasard, selon
qu'elles se produisent.
Mais c'est partout qu'on les tient encore
en quelque considération , — dût-on s'ea
moquer un peu, en apparence, — les pré-
sages ! Et c'est cela qui est curieux, ce
fonds de demi-croyances obstinées, au
milieu de nos habitudes de narquoises
réflexions. Par bien des côtés, nous som-
mes encore des Gaulois, de ceux qui
bravaient allègrement des dangers sérieux
et que des vétilles, des choses insigni-
fiantes troublaient, tout ù ^oup.
Paul Gillisty.
LA CHAMBRE
Toujours le dégrèvement de l'impôt
foncier. — Vieilles interpellations.
L'interdiction d' « Amos
solitaires »
Longue séance consacrée à des discussions
très diverses, mais toutes d'intérêt secon-
daire. Essayons de noter seulement les -points
principaux.
Et tout d'abord on a voté sans débat le
projet portant approbation du traité conclu le
3 octobre 1893 avec le Siam. M. Mesureur a
de plus déposé son rapport sur le projet con-
cernant l'assainissement de Paris et du dé-
partement de la Seine. Enfin 269 voix contre
233 ont accordé la prise en considération à
une proposition relative à la déclaration d'u-
tilité publique du projet de canal mar-itime
entre Paris et Rouen. Mais notez qu'il ne
s'agit que d'une prise en considération et que
plusieurs députés des départements se sont
montrés disposés à combattre au fond ce
projet de « Paris port de mer ».
La question du dégrèvement de l'impôt
foncier en faveur de la propriété rurale est
ensuite revenue sur le tapis. On sait que les
socialistes avaient réclamé l'affectation du
produit de la conversion de la rente à ce dé-
grèvement et qu'ils avaient paru un instant
sur le point de rallier à cette idée la majorité
de la Chambre. C'est ce qui donnait une im-
portance particulière à la motion suivante qui
présentaient hier, au nom du groupe agricole,
MM. Méline, de Ramel, etc. :
La Chambre invite le gouvernement à lui pré-
senter, soit dans le prochain budget, suit dans un
projet de loi spécial, un dégrèvement de l'impôt
foncier ou tout autre dégrèvement en faveur de
l'agriculture, basé sur une meilleure répartition de
l'impôt.
Le gouvernement, par l'organe de M. Casi-
mir-Perier, a accepte cette motion, qui, si
elle demandait des réformes en faveur de
l'agriculture, n'imposait pas l'emploi du pro-
duit de la conversion pour la réalisation de
ces réformes.
Mais M. Jaurès, tout fier de son succès de
l'autre jour, est revenu à la charge, décla-
rant que cette motion bien vague serait, pour
la démocratie rurale, une duperie nouvelle et
réclamant du gouvernement des engagements
précis et formels au sujet des voies et moyens
qui doivent permettre l'accomplissement de
ces fameuses réformes agricoles.
M. Burdeau, ministre des finances, a ré-
pondu au député socialiste qu'il était trop exi-
geant et qu'il était impossible de prendre, pour
l'instant, des engagements de la nature de
ceux que voulait M. Jaurès. M. Méline a dit
aussi son mot. Mais finalement, la motion de
MM. Ramel et Méline, acceptée par le gou-
vernement, a recueilli la quasi-unanimité.
Puis est venue une bien vieille histoire : la
discussion de l'interpellation de M. Vigné
d'Octon sur l'interdiction des représentations
de la pièce d'Hauptmann, Ames solitaires,
aux Bouffes du Nord. L'interpellateur a fait
l'exposé de cette affaire, un peu oubliée au-
jourd'hui, et protesté contre cette interdiction
qu'on a prétendue motivée par les idées anar-
chistes de M. Cohen, le traducteur de la pièce
d'Hauptmann.
M. Raynal, ministre de l'intérieur, a ré-
pondu qu'il s'agissait de maintenir l'ordre que
la représentation d'Ames solitaires eût, parait-
il, risqué de compromettre. Il a ajouté que
cette interdiction avait été décidée par le préfet
de police agissant dans la plénitude de son
droit et en qualité de maire de Paris. On pense
quelles protestations a soulevées cet argu-
ment sur les bancs de la gauche. Ces protes-
tations ont recommencé quand M. Raynal a
donné lecture de lettres anarchistes saisies
chez M. Cohen, au cours d'une perquisition
judiciaire, et qui ont motivé l'expulsion de
ce littérateur étranger.
M. Pelletan est venu relever à la tribune
cette théorie du préfet de police, maire de
Paris et souverain maître en matière d'inter-
dictions de représentations théâtrales. Il s'est
plaint aussi de cette communication, faite à la
Chambre, de lettres saisies par la justice.
Puis M. Denys Cochin a prononcé un petit
discours à côté, mais non sans esprit.
Aucun ordre du jour n'ayant été déposé,
l'incident a été ainsi clos.
LA RÉVOLUTION BRÉSILIENNE
Rio-de-Janeiro, 20 janvier.
Le président Peixoto a destitué le commandant
de la forteresse de Santa-Cruz pour avoir laissé
pénétrer, dans la baie de Rio, des torpilleurs, dea
armes et des munitions destinés aux insurgés.
L'amiral Saldanba a renforcé l'ile de Conceccao.
Il a repoussé une attaque des troupes du gouver-
nemenf; celles-ci ont eu 120 tués.
Il s'est établi fortement dans une position qui
domine le chemin de fer de Pétropolii. le gazo-
mètre et Nictheroy.
Des billets de banque du temps de l'empijj
ayant paru dans la circulation, il s'en est suivi
une grande inquiétude, car on croyait ces bluSti
détruits.
REDACTION ET tDIIINISTRAT!OR
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fera Abonnements sont reçus sans frais dans
tous les Bureaux de Poste.
L11ÊÏEMME
ï.
Le Journal officiel a public hier un
rapport adressé par le ministre de la
marine au président de la République
et un décret instituant une commission
d'enquête. Dans son rapport le ministre
constate que « des critiques très vi/es
ont été formulées à diverses reprises, et
toutrécemment encore, sur la gestion des
intérêts dont la marine a la charge, spé-
cialement en ce qui concerne le maté-
riel naval et les approvisionnements gé-
néraux nécessaires à la flotte.
» Il m'a paru, ajoute-t-il, qu'il était
de la plus grande importance pour la
marine, comme pour le pays, que sur
des questions d'une telle gravité, qui
touchent à la défense nationale, la lu-
mière se fit dans tous les esprits et que le
Parlement pût apprécier de la façon la
plus claire et la plus complète les efforts
faits et les résultats acquis par rapport
aux ressources dont on a disposé. »
Le ministre a ainsi voulu prendre le
devant. L'interpellation annoncée de
M. Lockroy devait avoir pour sanction
la nomination d'une commission d'en-
quête. Celle-ci étant dès maintenant
nommée, l'administration de la rue
Royale ne manquera pas de soutenir
que l'interpellation est sans objet et qu'il
faut renvoyer le débat au moment où
les invostigations des enquêteurs seront
terminées.
En apparence, cette opinion est juste.
Mais si l'on ne s'arrête pas aux appa-
rences, la nomination qui vient d'être
faite de la commission ne donnera pas
satisfaction aux vœux de ceux qui
souhaitent que la vérité soitcon nua et que
nous ne nous trouvions pas, au jour de
la mobilisation, en présence de na-
vires inutilisables et de magasins d'ap-
provisionnement vides. Nous ne suspec-
tons assurément pas la loyauté de
l'amiral Lefèvre. Il nous sera permis
cependant de conserver quelque inquié-
tude.
On ne nous dit pas, en effet, quels
seront les pouvoirs de la commission et,
puisque le gouvernement prenait l'ini-
tiative de la nommer, il n'aurait pas été
inutile qu'il précisât en même temps les
fonctions et les droits qu'il lui attribuait..
Les bureaux de la marine sont, en effet,
de ceux avec lesquels il est bon de
prendre ses précautions. Ils nous ont
montré plus d'une fois qu'ils n'aimaient
pas que des intrus jetassent un œil trop
curieux dans leurs affaires et l'on se
rappelle encore la désinvolture avec
laquelle ils voulurent jadis refuser tout
renseignement à M. Gerville-Réache,
alors rapporteur du budget de la marine.
Il fallut saisir la Chambre de l'incident
pour vaincre la résistance des bureaux.
Encore peut-on croire que s'ils se trou-
vèrent obligés de recevoir le rapporteur
du budget, ils ne manquèrent pas de
dissimuler à sa vue tout ce qu'ils pu-
rent.
La nouvelle commission sera-t-elle
mieux accueillie et aura-t-elle le moyen
de porter partout ses investigations, de
les pousser aussi loin qu'elle le jugera
convenable? C'est le point essentiel. Or,
nous voyons bien que la commission
comprend sept sénateurs et quatorze
députés; mais à côté d'eux figurent des
fonctionnaires du ministère de la ma-
rine et elle est présidée par le ministre
de la marine; c'est-à-dire que, pour
une partie, la commission d'enquête est
composée de ceux dont les actes doi-
vent être enquêtés et dont la responsa-
bilité dans cette affaire est en cause.
Le ministre de la marine a déjà mon-
tré, dans les explications qu'il a don-
nées à certains de nos confrères, qu'il
était porté à excuser les fautes qui
avaient été commises, et que l'amiral
Rieunier, son prédécesseur, jugeait
beaucoup plus sévèrement, puisqu'il
allait jusqu'à dire qu'elles auraient mis.
obstacle à la mobilisation. L'amiral Le-
fèvre laisse, au contraire, entendre que
l'on a exagéré, que si les approvision-
nements étaient incomplets, il était fa-
cile d'y suppléer rapidement, soit en
activant la fabrication du biscuit, soit
en achetant du vin et de l'huile. Quant
aux vices de construction de nos vais-
seaux, il soutient les ingénieurs des
constructions navales, et pour les faire
contrôler, il fait entrer dans la commis-
sion d'autres ingénieurs de construc-
tions navales, assistés de quelques au-
tres polytechniciens, pour lesquels le
respect de la camaraderie est le plus
saint d<3& devoirs.
Si véhément, si documenté qu'ait été
le réquisitoire contre l'administration
de la marine, on nous dit qu'il est elb
core incomplet. Un de nos amis, bien
placé pour connaître ces choses, nous
affime, notamment que. si les maga-
sins de vivres sont incomplets, les dé-
pôts de charbon, pour l'entretien des-
quels des crédits spéciaux ont été votés,
sont vides. En cas de mobilisation, l'a-
miral Lefèvre estime-t-il qu'on pourrait
suppléer à cette lacune etqu'il n'y aurait
qu'à acheter quelques sacs de combus-
tible chez les charbonniers de Toulon?
Le ministre de la marine et les fonc-
tionnaires de nos départements qui sié-
geront avec lui dans la commission
d'enquête sont les prisonniers des bu-
reaux. Ils ne savent que ce que ceux-ci
veulent bien leur laisser savoir et, de
plus, ils sont liés par la camaraderie
avec ceux dont la conduite est incrimi-
née. Ils ne peuvent échapper à la préoc-
cupation de les défendre et de les pro-
téger, et une enquête dirigée par eux
peut, avec quelque raison, inspirer des
doutes.
C'est précisément pour soustraire le
ministre de la marine à toutes les in-
fluences qui s'agitent autour de lui que
l'opinion -publique avait réclamé un mi-
nistre civil. Puisque l'on a commis la
faute de renoncer à cette réforme, elle
demande au moins que l'enquête, dont
la nécessité est unanimement reconnue,
soit faite dans des conditions qui don-
nent toute garantie. La commission qui
vient d'être nommée ne donne pas ces
garanties. L'opinion estimera que les
fonctionnaires de la marine qui en font
partie se donneront pour mission de
dissimuler ce qui serait le plus dange-
reux à montrer et par conséquent le
plus utile à connaître, et elle sera toute
disposée à croire que c'est une nouvelle
manœuvre des bureaux pour éconduire
en douceur les indiscrets qu'ils ne peu-
vent, malgré toute l'envie qu'ils en ont,
jeter brutaiement à la porte.
LA VENTE DU « CHASSEUR »
Quand nous serons à. mille avec les
exploits administratifs de la marine, nous
ferons une croix.
On avait remis aux Domaines, pour être
vendu, l'aviso le Chasseur, construit en 1878.
La mise à prix était fixée à 45 mille francs
avec la coque, les accessoires et rechanges 1
l'artillerie exceptée.
Un industriel, propriétaire d'une île de
l'Océanie qu'il veut coloniser, paraît-il, avait
exprimé l'intention de concourir à l'adjudi-
cation, mais on dédaigna de lui répondre, et,
sur une enchère à Brest, le Chasseur a été
adjugé pour 42,500 francs à un négociant de
cette ville.
Seulement, la marine refuse aujourd'hui de
considérer les chaudières du bâtiment comme
accessoires ou rechanges. Elle refuse de les
livrer à l'acquéreur qui vient d'assigner,
comme y ayant droit, le receveur des do-
maines.
En cas de résistance, c'est un procès que
l'administration de la rue Royale perdra
sans aucun doute pour avoir négligé une dé-
signation suffisante de la « matière » à
vendre.
Et les avis d'adjudication — qu'on le re-
marque — ont dû être vérifiés par trois corps
spéciaux : les comptables, les agents admi-
nistratifs, les commissaires de la marine 11
LA LOGE DE M. CARNOT
Ceux qui fréquentent la Comédie-Française
savent que la loge réservée au président de
la République était située depuis longtemps
sur le côté jardin de la salle, c'est-à-dire à la
gauche du spectateur. Il n'en est plus de
même aujourd'hui. L'avant-scène de M. Car-
not a été transférée sur le côté cour, à droite
des spectateurs. Voici les motifs de cette mo-
dification.
M. Carnot, après avoir gravi les marches
du grand escalier, devait, pour gagner sa
loge, effectuer à travers les couloirs, toujours
encombrés de spectateurs, un assez long tra-
jet qui le mettait en contact avec la foule des
habitués.
Le chef de l'Etat s'était plaint à diverses
reprises de ce contact.
La grande avant-scène côté cour, toute voi-
sine du foyer des artites et séparée seulement
du grand escalier par une galerie qu'il était
facile de rendre pai ticuliére, était propice à la
réalisation du projet. On la choisit donc et on
aménagea en une sorte de salon la galerie
susdite.
Les travaux sont terminés depuis plusieurs
jours : la galerie, où désormais M. Carnot et
le personnel de sa maison auront seuls accès,
a été transformée et décorée à l'aide de diffé-
rentes œuvres d'art puisées parmi les collec-
tions du musée de la Comédie-Française.
LA SITUATION EN ITALIE
Rome, 20 janvier.
La même affluence de monde s'est pressée,
comme hier, aux guichets de la caisse d'é-
pargne pour retirer les dépôts.
Les journaux iavitent le public au calme.
L'affluence a continué aujourd'hui au bu-
reau de désarmement de Massa.
Les troupes continuent à poursuivre les
anarchistes.
Le commissaire Heutsch est allé à Carrare,
d'où les détachements de chasseurs alpins
sont partis pour commencer les opérations
dans la montagne.
On mande de Turin que la banque popu-
laire d'Alexandrie (Piémont) a demandé un
moratorium.
Le bilan présenterait un excédent actif de
2 millions.
LA SITUATION EN SERBIE
Belgrade, 20 janvier.
Dans les cercles bien informés, on assure que le
roi a essayé de former un cabinet non parlemen-
taire et que les personnes auxquelles il a offert de
faire partie de ce cabinet ont décliné cette offre, et
conseillé au souverain de ne pap donner suite à son
idée pour le moment. La situation reste donc sta-
tionnaire. Les rapports entre le M.t log radicaux
sont en réalité très tendus,
LA PROTECTION DE L'ENFANCE
UN RAPPORT DU PRÉFET DE POLICE
Application de la loi du 23 décembre 1874*
— Nourrices et nourrissons. — Statis-
tiques diverses. — Propositions
ti d'amélioration des conditions
d'élevage.
Une loi du 23 décembre 1874 confie à di-
verses autorités, le soin de protéger le en-
fants du premier âge en exerçant sur les per-
sonnes chargées de les élever une surveillance
active. A la fin de chaque année, M. le pré-
fet de police Adresse à M. le ministre de l'in-
térieur, un rapport détaillé sur les observa-
tions auxquelles a pu donner lieu au cours
de l'année précédente, l'exécution de cette loi,
dans le département de la Seine.
Le rapport, pour 1892, vient d'être terminé.
Il contient, comme les précédents, des ren-
seignements dignes d'être relevés, sur l'éle-
vage des jeunes enfants.
COMPARAISON DES MODES
D'ÉLEVAGE -
La constatation par laquelle débute ce tra-
vail administratif est relative au mouvement
général des nourrissons soumis à la protec-
tion. Elle établit que ce mouvement a subi,
en 1892, un ralentissement assez important.
Le nombre total des enfants surveillés qui,
pendant les dix dernières années, s'était élevé
en moyenne à 4,785 est tombé à 4,407, se
rapprochant sensiblement du minimum cons-
taté en 1882 (4,351).
Le premier désir de ceux qu'intéresse cette
question de protection de l'enfance est de
savoir le mode de l'élevage de ces 4,407 nour-
rissons. L'active propagande des médecins en
faveur de l'allaitement naturel a-t elle donné
des résultats? Le sein est-il préféré au bibe-
ronf Et, de la préférence marquée quelle
qu'elle soit, sait-on les conséquences sur la
santé des enfants ?
Eh bien, le biberon l'emporte encore, mais
si faiblement, qu'on peut prévoir sa défaite
prochaine. Sur les 4,407 nourrissons protégés,
1,912 étaient élévés par des nourrices au sein,
soit 43,39 0/0 ; 1,958 au biberon, soit 44,430/0;
537 étaient chez des sevreuses ou des gar-
deuses.
Si le nombre des enfants élevés au sein est
presque égal à celui des enfants élevés au
biberon, bien différents sont les chiffres des
décès pour chacun de Ces modes d'élevage.
Il est vrai que le second fait toujours deux
fois plus de victimes que le premier. De
même l'été reste la saison la plus dangereuse
pour la santé des enfants. Alors qu'il meurt
33 pour 100 de jeunes enfants pendant les
deux ou trois mois de forte chaleur, ce chif-
fre s'abaisse à 19 pendant l'automne.
De même encore les premiers mois de la vie
sont ceux qui exigent les plus grands soins,
une attention soutenue ; les chances de vivre
semblent s'augmenter de chaque nouveau
jour vécu.
La mortalité générale diminue d'ailleurs
d'année en année. Elle atteignait 9 30 pour
100 en 1883 ; elle était descendue en 1892 à
7 80 pour 100.
LA GUERRE AU BIBERON
Les efforts continus des hygiénistes et des
philanthropes ont produit, il n'en faut pas
douter, ces consolants résultats. C'est, pour
les uns comme pour les autres, une raison de
s'attacher plus obstinément encore que dans
le passé, à proposer, à réaliser des progrès
dans l'art d'élever des enfants. Les vœux et
propositions de toutes les personnes que la
loi charge, à des titres divers, de veiller à la
protection des enfants du premier âge : mé-
decins-inspecteurs, visiteuses, maires, etc.,
prouvent bien que ce devoir se fortifie des
succès obtenus.
Pour les médecins-inspecteurs, le nombre
encore trop considérable des décès enregis-
trés est une conséquence de l'allaitement ar-
tificiel. Le plus grand nombre de ces décès
est imputable, comme les années précédentes,
aux affections des voies digestives. C'est le
biberon qui est le grand coupable — et par-
ticulièrement le biberon à long tube. Les mé-
decins le dénoncent aux parents avec une
louable unanimité. Ils demandent aux auto-
rités administratives d'interdire l'usage de ce
dernier, exprimant pour les autres le vœu
que le carnet soit refusé aux nourrices pèches
qui ne s'engageront pas à en cesser l'usage
pendant les quatre mois de grandes chaleurs,
et à le remplacer par l'élevage au verre.
Le lait est une des préoccupations des mé-
decins-inspecteurs. Ils voudraient que l'em-
ploi du lait stérilisé fût conseillé aux nour-
rices, imposé aux crèches que subventionnent
l'Et't, le conseil général ou le conseil muni-
cipal.
Ces précautions dont on s efforce d entourer
l'élevage au biberon, ne font pas négliger les
améliorations que comporte l'allaitement na-
turel. Il i e suffit pas de confier un enfant à
une nourrice au sein pour que toute crainte
de danger soit écartée. Il faut s'être assuré
que l'éleveuse a les qualités requises, puis,
prendre garde qu'elle ne les perde.
Les médecins de l'-administration préfecto-
rale sont garants du bon état sanitaire des
nourrices, puisque celles-ci ne sont autorisées
à emmener un nourrisson qu'après avoir
subi un examen médical très sérieux. Mais
les commissions locales, les municipalités et les
dames visiteuses pensent, en grand nombre,
qu'il y aurait lieu d'étendre la surveillance
relative aux conditions hygiéniques et de
santé des nourrices.
VŒUX ET PROPOSITIONS
Plusieurs de ces autorités insistent notam-
ment sur 1a. nécessité d'imposer aux nourri-
ces une habitation saine, propre et d'inter-
dire, comme conséquence, l'élevage des en-
fants aux femmes qui habitent en garni ou
exercent des professions dangereuses.
C'est dans le même esprit que ces mêmes
autorités demandent qu'il soit procédé à une
enquête, chaque fois qu'un nourrisson meurt,
avant la première visite du service d'inspec-
tion; que toute nourrice, à laquelle des * ob-
servations ont déjà été adressées à deux re-
prises différentes, soit tenue de se présenter
devant la commission locale ; que l'autorisa-
tion d'élever des enfants soit retirée à toute
femme qui a déjà perdu deux nourrissons ;
que le logement des nourrices soit visité
avant la délivrance du certificat administra-
tif.
Que de vœux et de propositions utiles ne
formulent pas ceux qui s'intéressent à cette
question de protection des enfants du premier
âge. Ils voudraient :
Obliger les nourrices, dont le propre enfant
est malade, à prévenir, dans le plus bref dé-
lai, les parents de leur nourrisson.
Infliger une amende aux parents qui, mal-
gré les avis du service d'inspection, se refu-
seraient à changer le mode d'alimentation
reconnu nuisible à la santé de leurs en-
fants.
ASSISTANCE AUX NOURRICES ET
AUX NOURRISSONS
Créer et mettre à la disposition des commis-
sions locales, oour les cas urgents lratraits
d'office, insuffisance de layette, non payement
du salaire convenu, etc.), une modeste caisse
de secours en faveur des enfants surveillés;
au besoin, employer à cet effet les fonds dont
l'Administration dispose pour donner des ré-
compenses aux nourrices.
Obtenir que le département vienne en aide
aux parents dont les ressources seraient re-
connues insuffisantes, pour donner à leur
enfant le mode d'alimentation qui lui est
nécessaire.
Organiser d'une façon définitive les caisses
de secours aux nourrices et aux nourrissons.
Trouver une solution pratique à la ques-
tion du paiement du salaire des nourrices.
Obtenir qu'une disposition législative ou ad-
ministrative intervienne pour garantir les
nourrices contre le non paiement de leur sa-
laire.
On peut juger, par cette énumération de
vœux et de propositions, combien il reste en-
core à faire pour rendre absolument efficace
l'application du système de protection que la
loi du 23 décembre 1874 a organisé en faveur
des enfants du premier âge.
LE MÉRITE AGRICOLE
Le Journal officiel publie ce matin un cer-
tain nombre de nominations dans l'ordre du
Mérite agricole.
Le mouvement comprend deux parties :
d'une part, les distinctions accordees aux
fonctionnaires et agents relevant du minis-
tère de l'agriculture ; d'autre part, celles ac-
cordées aux agriculteurs proprement dits ou
aux personnes ayant rendu des services à
l'agriculture..
Il y a en totalité 39 promotions au grade
d'officier du Mérite agricole et 437 nomina-
tions au grade de chevalier.
Nous signalerons notamment les promo-
tions ou nominations suivantes :
Au grade d'officier : MM. le baron de
Vaux, publiciste, auteur d'ouvrages sur les
remontes, l'élevage, les haras ;Cuny, sous-chef
de bureau au ministère de l'agriculture;
Foex, directeur de l'Ecole nationale d agri-
culture de Montpellier; Kayser, chef de
travaux à l'Institut agronomique; Warnes-
son, vétérinaire à Versailles.
Au grade de chevalier : MM. Alapetite,
préfet du Pas-de-Calais ; Bechmann, ingénieur
en chef du service des égouts de Paris ; Blai-
ret, publiciste à Fécamp ; Blanc, préfet des
Deux-Sèvres ; Bluzet, préfet du Cantal ; Bœ-
gner, préfet du Loiret; Bréal, préparateur an
Muséum d'histoire naturelle ; Bruman, préfet
de la Nièvre ; Chapeau, directeur de la Revue
des poches maritimes ; Charlier, rédacteur
scientifique du journal 1" Temps; Couppel de
Lude, préfet de l'Orne ; Debax, préfet de 1 Ain;
Dreyfus, rédacteur au Bulletin des Halles;
Floret, préfet de la Manche ; général de Ga-
nay, commandant la 2e brigade de dragons;
Henry Haquet, publiciste à Paris; Hendlé,
préfet de la Seine-Inférieure; Dainey, direc-
teur de la Société des grands moulins de
Corbeil : Porte, sous-directeur du Jardin d'Ac-
climatation ; Tiercelin, secrétaire de la So-
ciété du demi-sang à Paris ; Vatin, préfet du
Calvados
LES GRANDES MANŒUVRES EN 1894
Manœuvres de forteresse dans le camp
retranché de Paris
On a annoncé un peu partout que quatre
corps d'armée, formant deux armées, exécu-
teraient cette année des manœuvres d'en-
semble analogues à celles exécutées, en 1891,
sous les ordres du généralissime.
Le programme qui vient d'être arrêté par
l'état-major général de l'armée est de moin-
dre envergure, et nous reverrons sur tous les
points du territoire ce qui s'est fait l'année
dernière et les années Drécrientes, sauf en ce
qui concerne les manœuvres de forteresse
que dirigera, dans le camp retranché de
Paris, le général Saussier.
Toutes les troupes du gouvernement mili-
taire prendront part à ces manœuvres, qui
offriront un intérêt excptionnel. Ce n'est pas
tout : la 5e division d'infanterie (Rouen) qui
vient relever la 0e au mois de septembre, la
brigade de cavalerie du 5e corps et un cer-
tain nombre de batteries d'artillerie à pied
seront également placées, à cette occasion,
sous les ordres du général Saussier.
Deux corps d'armée — le 4e (Le Mans) et le
lie (Nantes) — exécuteront des manœuvres
d'ensemble, sous la direction du général de
Galliffet.
Les lrc et 3e divisions de cavalerie pren-
dront part à ces manœuvres.
Les 1er, 6e, '7e, 80, 10e, 12e, 13e, 168, 17e et
18° corps exécuteront soit des manœuvres de
division, soit des manœuvres de brigade.
Les 2", 3°, 58 et 9e corps feront des manœu-
vres de brigade d'une durée totale de qua-
torze jours.
Les 5e et 7e divisions de cavalerie manœu-
vreront sous la direction du général présidant
le comité technique de cavalerie. La 4e divi-
sion prendra part à ces manœuvres pendant
quelques jours.
Enfin, la première division et une division
provisoire formée des lre et 3e brigades de
cavalerie exécuteront des manœuvres d'en-
semble sous les ordres du général Baiiiod.
L'INCIDENT DU CONSULAT DE GÊNES
Rome, 20 janvier.
L'incident survenu à Gênes peut être considéré
comme terminé.
Le ministre des affaires étrangères a fait savoir
à notre ambassadeur que los individus coupables
d'avoir lancé des pierres contre l'écusson de notre
consulat général avaient été arrêtés et auraient été
livrés à. la justice sans l'intervention du consul
général français.
M. Mayer, ayant en effet acquis l'assurance qu'il
se trouvait en présence d'un fait isolé, commis par
deux hommes surexcités par la boisson, a déclaré
que le gouvernement français n'avait pas l'inten-
tion rte les poursuivre et a demandé leur mise en
liberté.
LES ÉLÈVES DES BEAUX-ARTS
Hier, à quatre heures, au café des Deux-
Magotff, boulevard Saint-Germain, se sont
réunis les massiers des ateliers Bonnat, Gê-
rôme, Moreau, Falguière, Cavalier et Thomas,
ainsi que ceux des ateliers d'architecture et
de gravure.
Cette réunion avait pour but de demander
que les élèves de l'Ecole des beaux-arts qui
ont reçu au concours des places, lequel a lieu
tous les six mois, et ceux qui ont obtenu une
troisième médaille en dessin et en esquisses,
soient non seulement exempts de deux années
du service militaire, mais encore ne soient
pas obligés de faire à vingt-six ans deux an-
nées de service complémentaire, si, à cet &ge,
ils n'ont pas obtenu une seconde médaille.
Une pétition dans ce sens a été rédigée et va
être signée par les intéressés. Cette pétition
sera présentée au ministre de la guerre par le
secrétaire de l'Ecoief
CHRONIQUE
A Londres, la semaine dernière, on a
fait quelque bruit autour du diner « des
Treize ». Ces Treize étaient des gentle-
men se réunissant tout exprès pour se
moquer de la vieille superstition qui fait
redouter la mort prochaine pour ,un des
assistants au repas où se trouve un pa-
reil nombre de convives. Ces esprits
forts avaient, non contents de braver l'an-
tique préjugé, accumulé tout exprès, tout
ce qui passe pour des présages funestes,
salières renversées, couteaux à l'envers,
couverts mis en croix. Il parait que la
fête a été fort gaie, presque aussi gaie que
celle que donna, au siècle dernier, Gri-
mod de la Reynière, autre sceptique en-
durci, en son fameux souper funéraire, où
la salle était tendue de noir, et le reste à
l'avenant.
— Attendez un peu ! diroDt les gens su-
perstitieux, il faudra voir dans quelques
mois si l'antique loi du destin a pu être
impunément bravée!
Il y a assurément nombre de personnes
qui estiment, selon le mot classique, que
la seule chose fâcheuse, quand on se
trouve treize à table, c'est alors qu'il n'y
a à manger que pour douze. Il n'empêche
que, même à Paris, vous trouverez encore
beaucoup de gens éprouvant quelque gêne
à l'idée de se rencontrer dans ces condi-
tions fatidiques. Tout le monde sait l'his-
toire de ce diner d'artistes, où, pour ne
pas être treize, on invita, un jour, un co-
cher de fiacre, lequel se trouva être un
garçon avisé, prouvant, par ses réflexions,
qu'il n'était pas dénué d'esprit, si bien
que, ayant conquis droit de cité,il devint,
par tradition, l'hôte de ces réunions.
J'ai vu, ces jours-ci encore, un exemple
de ces singulières craintes. Il s'agissait de
fêter, entre camarades, un événement
heureux pour un écrivain aimé du public.
Encore qu'il fut assurément, au-dessus de
ces puérilités, l'organisateur prit bien
garde qu'on ne fût pas treize. On agissait
de même chez ce libre, fier et charmant
esprit qu'était Théodore de Banville, et
si, par hasard, il attendait quatorze amis,
il n'était pleinement rassuré que lorsque
le dernier d'entre eux avait fait son appa-
rition. S'il y eut jamais un Parisien jus-
qu'au bout des ongles, c'était bien lui ce-
pendant! Il se raillait lui-même en des
anecdotes délicieuses, de cette supersti-
tion ; mais il l'observait.
La survivance du préjugé est plus pro-
fonde qu'on ne croit, et dans tous les
mondes. En notre temps peu croyant, on
s'est affranchi pourtant de bien des tradi-
tions du respect, et ils sont rares même,
ceux qui se souviennent de l'origine de
cette crainte vague, origine qui se trouve
dans la Gène. Mais aller même contre ce
préjugé, c'est lui reconnaître encore une
certaine force. Vous savez qu'un directeur
de théâtre, gardant la superstition tout en
la retournant, s'arrange pour ne donner
ses premières qu'un 13, et il est charmé
quand, à ce quantième du mois, corres-
pond un vendredi. Le diable, c'est que,
en ce qui le regarde, l'exemple n'est pas
très concluant, et que cela ne l'a pas em-
pêché, pendant quelque temps, de collec-
tionner les « fours ».
Je disais, un jour, qu'il y aurait une
assez piquante petite enquête à entrepren-
dre sur le nombre de superstitions subsis-
tant dans la grande ville frondeuse et
railleuse, — superstitions non toujours
avouées, et n"en exerçant pas moins, ce-
pendant, leur tyrannie. Je conviais nos
lectrices à ces menues recherches de
« folk-lire » parisien. J'ai reçu des ré-
ponses qui ne laissent pas d'être curieu-
ses. Une aimable correspondante, Mme
Marcelle Lioz, m'a envoyé, notamment,
une masse d'informations amusantes, sur
les petits faits accidentels considérés
comme des présages.
Ce qui serait instructif - il faut avoir
de la méthode en tout, s'il vous plaît 1 —
ce serait un classement des superstitions
parisiennes par professions. N'exagérons
rien, et mettons, d'ailleurs, que bien de
ces formules ne soient plus que des dic-
tons, plaisamment ou machinalement
répétés.
Ces dictons abondent, particulièrement,
dans le monde des petites ouvrières,
celles de la couture et de la mode, sur-
tout. Ces gentilles fillettes, si rieuses,
dans la camaraderie de l'atelier, sont,
parfois, un brin romanesques. Et puis,
vivant à côté du luxe, elles ne se rési-
gnent pas toujours facilement à l'idée
d'un sort éternellement modeste, et elles
attendent vaguement un hasard heureux.
De là à le faire prédire par une foule de
petits indices, il n'y a qu'un pas. Ces in-
dices, elles les tirent des plus petits évé-
nements.
Ainsi diront-elles qu'entendre un fer
remuer indique une visite, que coudre
par mégarde un cheveu promet un gain
inespéré, que se frotter, sans le faire
exprès, la main gauche sur du bois est
signe d'argent, que prendre le gant droit
le premier porte bonheur, qu'entrer dans
un wagon où les hommes sont en majo-
rité est de bon augure.
Mais tout cela, c'est bagatelle. J'entends
que les promesses du destin, par ces indi-
ces sont insuffisamment précises. Ces de-
moiselles exigent des révélations un peu
plus certaines. Et leur imagination tra-
vaille, travaille. Comment ne s'exerce-
rait-elle pas, principalement, sur ce qui
concerne l'amour, le chapitre intéres-
sant entre tous ?
Vous saurez donc que quand la chai-
nette d'un bijou que porte une femme se
brise, alors qu'elle est en tête à tête avec un
homme, cet accident présage entre les
deux interlocuteurs une galante aventure,
mais (que d'indications venant d'un si pe-
tit accident 1) une aventure sans lende-
main. Vous saurez aussi que, lorsque, à
un mariage, une jeune fille pose le pied
sur la traîne de la mariée, et qu'elle la
déchire, elle se mariera elle-même dans
l'année; mais si, « dans un endroit clos w,
c'est un homme qui met le pied sur la robe
d'une jeune fille. celle-ci ne sera jamais
que sa maltresse. Un moineau libre péné-
trant dans un appartement, c'est un ch-in-
gement de position certain pour la per-
sonne qui occupe la chambre envahie.
Il y en a, il y en a, de ces superstitions,
auxquelles on ne croit, bien entendu, qu'à
moitié, mais dont oh se souvient, a l'oc-
casion 1 Il n'est pas question qu^ de-bon-
nes chances, du reste. Il y aurait bien des
événements menaçants, même : la chute
des ciseaux se fixant à terre par les poin-
tes, en tombant, la rupture des attaches
d'un portrait l'essai étourdi d'un chapeau
de deuil destina à une autre, le fait Cen-
trer avec une lumière dans une pièce où
il y en a déjà deux.
Que la vie devient compliquée avec cette
interprétation de tous les actes qui la
constituent !
Le monde du théâtre n'a guère moins
de superstitions, lui aussi. "Pendant un
temps, - toui' t en riant, iie
faisait-on pas, avec les doigts, le geste
de la conjuration ou la parodie du signe
de croix, quand on prononçait le nom
d'Offenbach? Pour quelques-uns, entrer
en scène du pied droit ou du pied gauche
n'est pas chose indifférente. Des promes-
ses du succès sont censées s'attachera une
foule de particularités de hasard, selon
qu'elles se produisent.
Mais c'est partout qu'on les tient encore
en quelque considération , — dût-on s'ea
moquer un peu, en apparence, — les pré-
sages ! Et c'est cela qui est curieux, ce
fonds de demi-croyances obstinées, au
milieu de nos habitudes de narquoises
réflexions. Par bien des côtés, nous som-
mes encore des Gaulois, de ceux qui
bravaient allègrement des dangers sérieux
et que des vétilles, des choses insigni-
fiantes troublaient, tout ù ^oup.
Paul Gillisty.
LA CHAMBRE
Toujours le dégrèvement de l'impôt
foncier. — Vieilles interpellations.
L'interdiction d' « Amos
solitaires »
Longue séance consacrée à des discussions
très diverses, mais toutes d'intérêt secon-
daire. Essayons de noter seulement les -points
principaux.
Et tout d'abord on a voté sans débat le
projet portant approbation du traité conclu le
3 octobre 1893 avec le Siam. M. Mesureur a
de plus déposé son rapport sur le projet con-
cernant l'assainissement de Paris et du dé-
partement de la Seine. Enfin 269 voix contre
233 ont accordé la prise en considération à
une proposition relative à la déclaration d'u-
tilité publique du projet de canal mar-itime
entre Paris et Rouen. Mais notez qu'il ne
s'agit que d'une prise en considération et que
plusieurs députés des départements se sont
montrés disposés à combattre au fond ce
projet de « Paris port de mer ».
La question du dégrèvement de l'impôt
foncier en faveur de la propriété rurale est
ensuite revenue sur le tapis. On sait que les
socialistes avaient réclamé l'affectation du
produit de la conversion de la rente à ce dé-
grèvement et qu'ils avaient paru un instant
sur le point de rallier à cette idée la majorité
de la Chambre. C'est ce qui donnait une im-
portance particulière à la motion suivante qui
présentaient hier, au nom du groupe agricole,
MM. Méline, de Ramel, etc. :
La Chambre invite le gouvernement à lui pré-
senter, soit dans le prochain budget, suit dans un
projet de loi spécial, un dégrèvement de l'impôt
foncier ou tout autre dégrèvement en faveur de
l'agriculture, basé sur une meilleure répartition de
l'impôt.
Le gouvernement, par l'organe de M. Casi-
mir-Perier, a accepte cette motion, qui, si
elle demandait des réformes en faveur de
l'agriculture, n'imposait pas l'emploi du pro-
duit de la conversion pour la réalisation de
ces réformes.
Mais M. Jaurès, tout fier de son succès de
l'autre jour, est revenu à la charge, décla-
rant que cette motion bien vague serait, pour
la démocratie rurale, une duperie nouvelle et
réclamant du gouvernement des engagements
précis et formels au sujet des voies et moyens
qui doivent permettre l'accomplissement de
ces fameuses réformes agricoles.
M. Burdeau, ministre des finances, a ré-
pondu au député socialiste qu'il était trop exi-
geant et qu'il était impossible de prendre, pour
l'instant, des engagements de la nature de
ceux que voulait M. Jaurès. M. Méline a dit
aussi son mot. Mais finalement, la motion de
MM. Ramel et Méline, acceptée par le gou-
vernement, a recueilli la quasi-unanimité.
Puis est venue une bien vieille histoire : la
discussion de l'interpellation de M. Vigné
d'Octon sur l'interdiction des représentations
de la pièce d'Hauptmann, Ames solitaires,
aux Bouffes du Nord. L'interpellateur a fait
l'exposé de cette affaire, un peu oubliée au-
jourd'hui, et protesté contre cette interdiction
qu'on a prétendue motivée par les idées anar-
chistes de M. Cohen, le traducteur de la pièce
d'Hauptmann.
M. Raynal, ministre de l'intérieur, a ré-
pondu qu'il s'agissait de maintenir l'ordre que
la représentation d'Ames solitaires eût, parait-
il, risqué de compromettre. Il a ajouté que
cette interdiction avait été décidée par le préfet
de police agissant dans la plénitude de son
droit et en qualité de maire de Paris. On pense
quelles protestations a soulevées cet argu-
ment sur les bancs de la gauche. Ces protes-
tations ont recommencé quand M. Raynal a
donné lecture de lettres anarchistes saisies
chez M. Cohen, au cours d'une perquisition
judiciaire, et qui ont motivé l'expulsion de
ce littérateur étranger.
M. Pelletan est venu relever à la tribune
cette théorie du préfet de police, maire de
Paris et souverain maître en matière d'inter-
dictions de représentations théâtrales. Il s'est
plaint aussi de cette communication, faite à la
Chambre, de lettres saisies par la justice.
Puis M. Denys Cochin a prononcé un petit
discours à côté, mais non sans esprit.
Aucun ordre du jour n'ayant été déposé,
l'incident a été ainsi clos.
LA RÉVOLUTION BRÉSILIENNE
Rio-de-Janeiro, 20 janvier.
Le président Peixoto a destitué le commandant
de la forteresse de Santa-Cruz pour avoir laissé
pénétrer, dans la baie de Rio, des torpilleurs, dea
armes et des munitions destinés aux insurgés.
L'amiral Saldanba a renforcé l'ile de Conceccao.
Il a repoussé une attaque des troupes du gouver-
nemenf; celles-ci ont eu 120 tués.
Il s'est établi fortement dans une position qui
domine le chemin de fer de Pétropolii. le gazo-
mètre et Nictheroy.
Des billets de banque du temps de l'empijj
ayant paru dans la circulation, il s'en est suivi
une grande inquiétude, car on croyait ces bluSti
détruits.
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