Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1894-01-20
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 20 janvier 1894 20 janvier 1894
Description : 1894/01/20 (A24,N8041). 1894/01/20 (A24,N8041).
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 29/04/2013
VINGT-QUATRIÈME ANNÉE. — N®$.04i>
Lvi NTTultmA. HTNO HP.NTTMFA-
SAMEDI 20 JANVIER 1891
StOICTlOI H IDimiSTlUTIQi
L .142, Rue Montmartre
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• IRECTEUR POLITIQUE
AI-EDOUARD POHTALIS
Adresse télégraphique : XIX' S:ŒCJLII-PAItIJ
Téléphone : 20.289 bit.
âRmacii
Cbe* MM. LAGRANOB, CBRIf et C*
0, place de la Bount, 6
/• **"———*
ABONNEMENTS
Parte. Tnii liû, 61.; Sa tut, Ht; h Jb, 20 L
Départements — 7 f.; - 121; — 24L
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tM Abonnements sont reçus sans frai.
tous les Bureaux de Poste.
EFFORT CLERICAL
Il est entendu que la République n'a
plus d'autre adversaire que la Gazette
de France et que, seuls, des sectaires
aussi aveugles que farouches peuvent
encore révoquer en doute l'immense
avantage, l'incomparable bienfait qu'a
été pour le régime républicain l'évolu-
tion accomplie vers lui par les anciens
droitiers sur les conseils de Léon XIII.
Grâce à sa qualité de « rallié », M. de
Mun trouve des parrains pour sa can-
didature parmi les journaux républi-
cains. Si l'on ne souhaite pas ouverte-
ment son succès, on laisse entendre du
moins qu'on le verra sans déplaisir, et
l'on se retranche derrière cet argument
que l'éclat de sa parole relèvera le
niveau de l'éloquence parlementaire.
Grâce au ralliement, on affecte de
laisser de côté les luttes d'antan contre
l'esprit clérical. On ne parle plus d'a-
paisement ; on fait mieux : on est apaisé.
Mais ce sont les républicains seuls qui
se reposent ; le parti clérical ne se re-
pose pas. Il profite de l'accalmie pour
organiser sa campagne et pour prépa-
rer sa revanche de l'échec qu'il a subi
aux dernières élections. Il ne se passe
guère de jour sans que quelque fait nou-
veau vienne nous montrer qu'il pour-
suit son œuvre avec la ténacité qui
lui est propre. L'autre jour, c'était l'é-
vêque de Grenoble qui organisait dans
son diocèse « l'œuvre de la bonne
presse » dont le but est de répandre
partout le journal la Croix. D'autre
part, à Paris, c'est l'effort considérable
que l'on fait pour propager le nouveau
journal de l'abbé Garnier, le Peuple
français. Les dévotes le distribuent à
profusion dans les quartiers populeux, en
même temps qu'en province les comités
catholiques qui sont en relation avec
l'abbé Garnier travaillent de toutes leurs
forces à répandre ce journal, qui doit
porter partout la bonne parole et con-
vertir la France aux doctrines ultramon-
taines.
Pendant ce temps, l'épiscopat pres-
que tout entier entre en lutte ouverte
contre l'Etat à propos de la loi qui sou-
met la comptabilité des fabriques aux
dispositions générales sur la comptabi-
lité publique. Jusqu'ici les fabriques
avaient disposé de leurs ressources sans
contrôle. Elles avaient dépensé, soit
pour des œuvres, soit pour des motifs
qu'elles avaient intérêt à tenir secrets,
les sommes dont elles disposaient, et
lorsqu'elles avaient à subvenir aux dé-
penses que l'Etat met à leur charge,
elles invoquaient une insuffisance de
ressources qui avait pour conséquence
de mettre ces dépenses à la charge des
communes. Le Parlement a voulu met-
tre ordre à cet abus, et la loi nouvelle
établit un contrôle sur les dépenses des
fabriques. De cette façon, celles-ci n'au-
ront plus autant de facilités pour invo-
quer l'insuffisance de ressources et pour
se décharger, au détriment des contri-
buables, des dépenses obligatoires.
La plupart des évêques ont protesté
contre cet « empiètement du pouvoir
civil ». M. Tregaro, évêque de Séez, a
écrit au ministre des cultes une lettre
violente. L'archevêque de Paris s'est
concerté avec son clergé pour soumettre
au contrôle l'ensemble et non le détail
des comptes de fabrique, c'est-à-dire
pour refuser d'obéir à la loi. De son
côté, le cardinal Desprez, archevêque de
Toulouse, qui ne passe cependant pas
pour un des prélats les plus violents,
recevant au Jour de l'An le clergé de
son diocèse, prononçait une allocution
de laquelle nous détachons ce pas-
sage :
Une secte impie a juré l'anéantissement du
christianisme. Pour arriver à ses fins elle a
résolu d'éviter la violence, mais elle espère
réussir par une persécution lente, metho-
dique et inexorable. Son programme, élaboré
dans le secret, se manifeste chaque jour et
s'accomplit avec une malice que rien ne
décourage et n'arrête.
Deux lois néfastes avaient déjà marqué les
grandes étapes de sa marche.
La loi scolaire, appelée à détruire l'idée
religieuse dans le peuple, produit déjà ses
fruits de mort. Les crimes commis par des
adolescents, les sUIcides, jadis inconnus de
l'enfance, nous disent assez ce que la société
peut devenir sous le régime d'une telle édu-
cation.
La loi militaire, créée pour tarir la source
des vocations, fait déjà sentir ses funestes
effets dans mon diocèse. L'ordination que je
viens de faire avant Noël est la plus pauvre
que j'aie vue en mon long épiscopat. En 1894
je n'aurai à ordonner que douze prêtres ; en
1895, huit seulement. Or la moyenne des pos-
tes à pourvoir est de vingt-deux chaque an-
née.
Une troisième loi non moins meurtrière
doit être appliquée dès demain. Elle consti-
tue une usurpation do la puissance civile sur
les droits imprescriptibles de l'Eglise, sous
prétexte de réglementer la comptabilité des
fabriques.
Je tiens à vous faire savoir que j'ai fait en-
tendre, avec plusieurs de mes vénérés collè-
gues, les protestations de notre conscience
aux dépositaires des pouvoirs publics. J'ai
déclaré que les nouveaux décrets et règle-
ment étaient une violation des lois canoni-
ques, une précaution superflue, un acte de po-
litique imprudente, En cela nous n'avons
fait qu'accomplir un devoir et nous avons la
douleur de voir méconnues nos justes re-
présentations.
Nos ennemis s'arrêteront-ils dans la voie
de l'erreur et de l'injustice ? Dieu seul le sait.
Quant à nous, bien-aimés coopérateurs, nous
ne devons jamais perdre confiance.
Après cela, nous pourrons compter iné-
branlablement sur l'avenir. Notre triomphe
final est certain : car, selon une parole 1 célè-
bre, l'Eglise est une enclume qui a usé bien
des marteaux.
La citation est instructive. L'Eglise
ne renonce pas à combattre la législa-
tion civile. Elle poursuit la lutte contre
la « secte impie » et elle est pleine de
confiance dans l'issue de la bataille.
C'est la même note chez M. de Mun.
L'Univers ne nous laisse pas ignorer
que dans sa campagne électorale il pro-
clame que c'est « un devoir, pour un
député catholique, de demander l'abro-
gation des lois scolaires, du divorce,
etc. »
Ralliés à la République, les cléri-
caux n'en restent donc pas moins les
adversaires du parti républicain qu'ils
ont toujours été, et le jour où ils triom-
pheraient, les doctrines que le parti ré-
publicain a été unanime à défendre,
qu'il a fait prévaloir malgré eux, se-
raient immédiatement détruites. Ne
voit-on pas combien il serait dangereux
de se relâcher de la vigilance avec la-
quelle on a lutté contre l'esprit clérical
et de s'engourdir dans un apaisement
trompeur? Ne voit-on pas combien il
importe que le gouvernement ait une
politique religieuse bien précise et que
les cléricaux ne puissent s'imaginer
qu'il a, à leur égard, quelque complai-
sance ? :
L'EXPLOSION DE « L'ÊQUATËUR »
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Bordeaux, 18 janvier.
On n'a pas beaucoup de renseignements
nouveaux sur l'affaire de l'Equateur.
Des recherches ont eu lieu à bord du stea-
; mer jusqu'à cinq heures. On a procédé au
déblayement de la partie du navire où s'est
produite l'explosion. On n'y a trouvé que des
débris de verre et de pièces de monnaie pro-
venant des colis placés dans la soute aux ob-
jets précieux.
Les magistrats qui dirigent l'enquête en
sont réduits aux suppositions.
Les uns supposent que c'est un individu
venu de Bordeaux qui a placé dans le bateau
une bombe à renversement. Les autres — et
ce sont les plus nombreux — croient ou bien
que c'est un individu qui a envoyé en France,
à un ami, un échantillon d'une nouvelle ma-
tière explosible, ou bien que c'est un indi-
vidu qui a assuré, pour une grosse somme,
et comme contenant un objet de valeur, une
caisse renfermant de la dynamite, dans l'es-
pérance qu'une explosion détruirait ce colis
avant sa remise au destinataire et lui per-
mettrait de réaliser de ce fait de gros béné-
fices.
Les investigations de la justice vont porter
sur ce point.
Les deux matelots blessés vont sensible-
ment mieux. On espère les sauver.
Les obsèques des deux victimes tuées sur
le coup auront lieu demain. La compagnie
des Messageries a délégué un de ses admi-
nistrateurs pour assister aux obsèques.
CONGÉS DES JOURS GRAS
On nous fait remarauer qu'on a déjà fixé
pour les lycées et coîlèges les congés des
jours gras, mais qu'on est resté muet jus-
qu'à présent sur le sort des écoles primaires.
Voudrait-on priver les instituteurs de ces
deux jours de répit, comme on l'a fait l'an
dernier ?
Nous prenons la liberté de faire remarquer
en ce cas que la pénitence les atteindrait à
peu près seuls. L'an dernier, un peu partout,
et principalement dans le Nord, le nombre
des élèves absents a été considérable.
Qu'il y ait congé officiel ou non, on peut
dire que ces journées sont absolument per-
dues pour le travail. Mieux vaut le recon-
naître franchement et affranchir le person-
nel d'une tâche illusoire et sans profit, dont
les familles ont par avance affranchi leurs
enfants.
*
LA RETRAITE DE M. PEYRON
1
Il est fortement question au ministère do l'inté-
rieur du remplacement de M. Peyron, directeur de
l'Assistance publique de Paris.
Son successeur serait M. le docteur Napias, ad-
ministrateur général des établissements de bien-
faisance.
MORT DU DOYEN DES POMPIERS
de France
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Calais, 18 janvier.
M. André Darchicourt, le doyen des sapeurs-
pompiers de France, vient de mourir à Calais,
dans sa quatre-vingt-cinquième année.
M. Darchicourt faisait partie de la compagnie
des pompiers de ia section sud de Calais depuis sa
fondation, qui date de 1828. Il a donc occupé son
poste pendant soixante-six ans.
BAGARRES A BERLIN
Berlin, 18 janvier.
La réunion des sans-travail a été empê-
chée par la police, qui a occupé la brasserie
de Friedrichshain et qui a repoussé la foule
avec une telle brutalité que celle-ci a fini par
lancer des pierres sur les agents, qui l'ont
chargée de plus belle.
De nombreuses arrestations ont été faites,
mais n'ont pu être maintenues.
Tous les journaux, sans distinction d'opi-
nion, blâment les brutalités et l'attitude pro-
vocante de la police qui a chargé sans néces-
sité la foule paisible. Ils constatent aussi que
les sans-travail se sont retirés à la première
réquisition. Néanmoins, les agents a cheval
ont dégainé et blessé indistinctement les ma-
nifestants et les curieux qui s'écrasaient pour
fuir dans les rues étroites. c
L'ENQUÊTE SUR LA MARINE
UNE COMMISSION EXTRA-PARLEMENTAIRE
Une question à vider. — Triste perspec-
tive en cas de mobilisation. - Le pessi-
misme de l'amiral Lefèvre. — L'in-
terpellation Lockroy.
Sous le coup de fouet de l'opinion publique
émue par les révélations faites sur l'état dé-
plorable de notre défense navale, l'amiral
Lefèvre, ministre de la marine, a fait signer,
au conseil des ministres tenu hier un décret
instituant une commission extra-parlemen-
taire pour faire une enquête sur les faits ré-
vélés par la publication de la correspondance
de l'ancien ministre amiral Rieunier, et, en
général, sur toute l'administration maritime.
Cette commission, dont la nomination pa-
raîtra demain au Journal officiel, sera com-
posée de MM. Thomson, de Mahy, Cavai-
gnac, Lockroy, Gerville-Réache, Henri Bris-
son, Chautemps, Labat, Félix Faure, de Ker-
iégu et Abel, députés; Cuvinot, Boulanger,
Barbey, Delobeau, Peytral, Huguet et Com-
bes, sénateurs; y seront en outre adjoints:
deux membres de la cour des comptes, un
membre du conseil d'Etat et enfin sept mem-
bres du ministère de la marine, qui seront
appelés à formuler des appréciations tech-
niques.
La plus grande diligence va être apportée à
l'examen des faits incriminés.
PAS D'APPROVISIONNEMENTS
« Les faits révélés par la correspondance
de l'amiral Rieunier », nos lecteurs les con-
naissent ; il y a trois jours nous les avons
appréciés. Rappelons-les :
Des deux documents officiels, deux notes
adressées par le ministère de la marine au
préfet maritime de Toulon le 3 mai et le 22
novembre 1893, il résulte qu'en mars 1893 no-
tre principal arsenal se fût trouvé, en cas de
complications, dans l'impossibilité de ravi-
tailler une escadre et même de pourvoir à
l'armement des navires mobilisables.
La note ministérielle constate que « ce fait
n'est pas accidentel ». Elle nous informe en
effet que, « dans le courant de 1892 aussi bien
qu'en mars dernier, le détail des subsistances
n'a pu faire face aux distributions de vin
qu'en recourant aux 276,000 litres entretenus
pour le compte du département de la guerre ».
Le ministre constate que cette situation est
le résultat d'un « manque de prévoyance de
la part du service administratif M, et la note
rédigée dans les bureaux est accompagnée de
ces lignes,écrites de la main même de l'amiral
Rieunier. alors ministre : « Cette situation
ne doit plus se présenter à l'avenir et j'espère
que les instructions qui précèdent suffiront
pour en prévenir le retour regrettable. »
C'est au mois de mai que l'administration
du port de Toulon reçoit ce blâme. Veut-on
savoir le cas qu'elle en fait? La note du 22
novembre va nous l'apprendre. Elle nous
montre que l'approvisionnement en biscuit, à
la date du 1er novembre, était tombé à 42,310
kilogrammes, bien que le stock de mobilisa-
tion en comportât 263,000, lequel même
avait été relevé par une dépêche du 3 août à
un c minimum de 380,000 kilogrammes ».
Elle uous informe que des « manques » exis-
tent ,","ussi sur les potages condensés et sur le
sel en tablettes et que, pour refaire les stocks,
le port de Toulon a dû entreprendre sans dé-
lai une fabrication supplémentaire, engageant
ainsi une dépense non prévue au budget.
Ces dépenses n'ont pas figuré dans les
comptes, parce que le ministre a pris sous sa
responsabilité d'ordonner un virement de cré-
dit entre deux chapitres du budget, virement
interdit par la loi.
Telle était la situation du port de Toulon
en 1893. Elle est peut-être la même encore
aujourd'hui, et cependant l'administration
maritime ne peut se plaindre que la place lui
manque pour les approvisionnements et que
le Parlement lui refuse les crédits nécessai-
res quand il s'agit de la défense nationale.
APPONTEMENTS DE CASTIGNEAU
Lorsqu'on visite la splendide rade de notre
premier port de guerre, on voit sur toutes les
côtes qui environnent la ville les immenses
bâtiments de l'arsenal maritime disposés en
amphithéâtre le long de la mer ; on est frappé
par-l'aspect grandiose des vastes construc-
tions élevées dans la partie ouest de la
ville.
Là, à quelques kilomètres de la cité, se
trouvent toujours trois ou quatre navires de
haut rang, cuirassés ou transports, qui font
leurs chargements, prêts à prendre la mer.
Ce sont les appontements de Castigneau;
c'est là que sont situés les magasins d'appro-
visionnements de la marine.
Ces magasins occupent une superficie de
4 kilomètres carrés. La manutention de la
marine est d'une hauteur d'un septième étage;
c'est l'édifice le plus élevé de l'arsenal et c'est
sur son faîte que l'autorité maritime a fait
établir un observatoire destiné à dominer
tout le large et à servir de poste d'observation
en prévision d'incendie.
La manutention maritime peut, le cas
échéant, fournir par jour jusqu'à cent mille
rations de pain ou de biscuit.
Ces importants magasins de ravitaillement
sont sous la surveillance d'un commissaire
de la marine dont le grade correspond à
celui de capitaine de vaisseau et dans l'ar-
mée. à celui de colonel; il porte le titre de
commissaire aux approvisionnements et a
sous ses ordres un certain nombre de com-
missaires adjoints, sous-commissaires et ai-
des-commissaires ; cette hiérarchie comporte
encore des commis aux approvisionnements,
des gardes-magasins, des magasiniers, etc.
Le service des approvisionnements du port
de Toulon doit en tout temps être prêt à li.
vrer dans les vingt-quatre heures six mois
de vivres à tous les navires armés de l'esca-
dre d'évolutions et du port de Toulon.
Ces vivres comportent naturellement un
certain nombre de rations de pain, de viande
fraîche, de légumes frais, plus des vivres
de conserves — viandes en boîtes, légumes
conservés, biscuits, etc.
L'embarquement de toutes ces denrées se
fait d'abord sur place lorsque les navires
peuvent s'amarrer à tour de rôle aux appon-
tements, ou bien, dans les cas urgents, —
comme lorsdelamobilisationqui précède cha-
que année les grandes manœuvres navales, —
à l'aide d'embarcations et de chalands mis à
la disposition du vice-amiral commandant en
chef l'escadre par la direction des mouvements
du port.
Les mêmes dispositions doivent être prises
pour l'embarquement des munitions des bâ-
timents de guerre.
Ajoutons toutefois que les cuirassés de
l'escadre d'évolutions nu prennent guère jamais
plus à leur bord de trois mois de vivres et de
munitions; ces navires partis, le commissaire
aux approvisionnements doit sans retard
renouveler les trois mois de provisions si ra-
pidement enlevées.
Tel est en principe le fonctionnement du
service. Rien de cela n'est fait, comme on l'a
lu plus haut.
CONTROLE DÉLICAT
Comment le ministre de la marine a-t-il été
averti de cette négligence capable de compro-
mettre notre mobilisation? Par l'inspecteur
en chef des services administratifs de la ma-
rine.
L'administration maritime comporte un
corps de contrôle composé entièrement d'offi-
ciers supérieurs, recrutés, après examen,
dans les divers autres corps ; on y débute
avec le rang de chef de bataillon.
L'inspecteur en chef du port de Toulon —
qui a rang de contre-amiral — doit contrôler
tout ce qui se passe dans les services du cin-
quième arrondissement maritime. Il n'en est
pas moins sous les ordres du vice-amiral pré-
fet maritime, et on assiste alors à une de ces
anomalies si fréquentes dans la marine, de
voir un officier qui a pour fonctions de véri-
fier et d'inspecter la paperasserie et les ser-
vices de ses supérieurs ou de ses égaux.
On comprend aisément que, dans. ces' con-
ditions, les inspecteurs de la marine éprou-
vent de nombreuses difficultés à mener à
bien leur tâche. Néanmoins, ils ont tout
moyen de le faire, puisque les inspecteurs en
chef sont les seuls officiers généraux dans un
port qui correspondent directement avec le
ministre, en dehors du préfet maritime.
Rien ne saurait donc excuser une sembla-
ble incurie, une aussi coupable imprévoyance.
INCROYABLES RÉPONSES
Hier, l'amiral Lefèvre répondait à un in-
terviewer de l'Echo de Paris :
— L'an dernier, il n'y avait pas de biscuit,
c'est vrai, mais les immenses magasins de
Toulon possèdent des quantités considéra-
bles de blé, et à côté de ces magasins il y a
une manutention. Quant à l'insuffisance du
vin, elle est due à un accident. Un incendie à
détruit à Algerles magasins d'un fournisseur à
quiron avait fait une grosse commande !.. En-
fin, l'huile, c'est peu de chose ! On en trouve
très abondamment dans la région et au mo-
ment voulu, elle ne ferait pas défaut.
C'est se montrer par trop optimiste et en
prendre trop facilement son parti. Le jour où
nous devrions mobiliser pour la suprême ba-
taille, une réponse de ce genre serait crimi-
nelle. Ce n'est pas en temps de guerre qu'on
s'approvisionne. Il est trop tard.
Qu'on fasse une enquête sérieuse. A l'épo-
que où M. de Lanessan était notre collabora-
teur, le X/Xe Siècle la réclamait déjà. Au-
jourd'hui elle est devenue urgente. Mais il
faut aller au fond des choses et que les en-
quêteurs ne se laissent pas « rouler » par les
bureaux, qui tenteront l'impossible pour ca-
cher la vérité. Ensuite, quand nous connaî-
trons toute l'étendue du mal, avec un peu
d'énergie il sera facile d'appliquer le remède.
M. LOCKROY PERSISTE
Toutefois, la nomination de la commission
extraparlementaire n'empêchera pas l'inter-
pellation annoncée.
M. Edouard Lockroy annonçait hier dans
les couloirs qu'il maintenait sa demande et
que la discussion viendrait la semaine pro-
chaine à la tribune.
AO MINISTÈRE DE LA GUERRE
Les frais de déplacement des commandants
de corps d'armée
Il n'y a pas que les déplacements des minir-
tres des travaux publics qui coûtent cher aux
contribuables. L'examen du chapitre 32 du
budget de la guerre démontre clairement que
les déplacements des commandants de corpn
d'armée ne se font pas précisément « à
l'œil ».
Et pourtant, le 4e bureau de l'état-major
général délivre à ces messieurs, ainsi qu'aux
membres du conseil supérieur de la guerre,
une carte de libre parcours sur les chemins
de fer, au nom du général et de l'officier qui
l'accompagne.
Les généraux en question peuvent donc se
déplacer à l'aise, sans qu'il en coûte un cen-
time au budget.
Mais il en va tout autrement dans la prati-
que, et nos commandants de corps d'armée,
dont les allées et venues entre Paris et leur
quartier général sont fréquentes, ne négligent
jamais de voyager en feuille de route.
C'est-à-dire qu'ils touchent le rembourse-
ment kilométrique d'un déplacement qu'ils
ont toute facilité de faire gratuitement grâce
à leur carte de circulation.
Eh bien 1 il y a là un abus scandaleux et
nous poserons à M. le ministre de la guerre
les deux questions suivantes :
lo Est-il vrai qu'un membre du conseil su-
périeur de la guerre ne manquait jamais de
commencer une tournée d'inspection quelques
jours avant la réunion du conseil ? Rappelé à
Paris pour cette réunion, il repartait dare-
dare en coupé-lit pour terminer sa mission et
ajouter ainsi quelques centaines de kilomè-
tres à son interminable liste de feuilles de
route remboursables.
2o Est-il vrai que, dans le dernier semestre
de 1893, un commandant de corps d'armée
était employé dans un si grand nombre de
comités et de commissions, quil venait cha-
que semaine à Paris, et toujours en feuille
de route remboursable ?
On nous répondra sans doute par un dis-
tinguo. Parbleu, nous savons que les règle-
ments accordent l'indemnité kilométrique aux
généraux voyageant pour le service. Mais si
ces officiers abusent de la feuille de route
dans les proportions que nous signalons,
nous demandons que ce scandale cesse im.
médiatement.
Si le ministre de la guerre est désarmé par
la camaraderie militaire, la commission du
budget n'a pas les mêmes ménagements à
observer.
Que dirait-on à un sous-lieutenant qui se
rendrait coupable de semblables agissements?
Nous croyons qu'un conseil d'enquête serait
rapidement formé. Et ce serait de toute jus-
tice. ————..—.——- B. R.
ELECTIONS LÉGISLATIVES
Sont convoqués pour le 18 février, à l'effet
d'élire un député, les six circonscriptions dont
les représentants ont été élus sénateurs, sa-
voir :
Deuxième circonscription de Nice, en rem-
placement de M. Borriglione ;
Première circonscription de Marseille, en
remplacement de M. Peytral ;
Arrondissement d'Ussel, en remplacement
de M. Delles table ;
lre circonscription d'Alais, en remplacement
de M. Desmons ;
ire circonscription de Coutances, en rem-
placement de M. Briens.
Arrondissement de Thonon, en remplace-
ment d CI M. Folliet.
A ces convocations, il faut ajouter qelle des
électeurs de Sisteron, appelés à élire un dé-
puté en remplacement de M. d'Hugues, dont
l'élection a été invalidée.
LA VIE DE PARIS
Graves ou « boulevardiers », les sujets
né manquent pas qui viennent solliciter
aujourdhui la plume du chroniqueur.
C'est le formidable cas de conscience qui
s'offre à la commission des grâces et au
président de la République, avec le re-
cours en grâce de Vaillant; c'est l'état
pitoyable de l'Italie, l'horizon gros d'o-
rages et chargé de nuages noirs, derrière
lesquels les mystiques peuvent voir le
doigt de Dieu ; c'est, dans un ordre d'idées
moins sérieuses, la condamnation de
notre confrère M. Dujardin à un mois
de prison, payant les pots cassés de l'en-
vahissante et dégoûtante pornographie,
et les détails exquis de l'audience, comme
cette correspondance d'un curé qui se dé-
lectait dans la contemplation des images
du Nu au Salon et dans la lecture des
commentaires de M. Armand Silvestre.
Mais il semble que tout doive disparaître
devant le bruit effroyable qu'on mène à
propos de la conférence faite à la Bodi-
nière sur les œuvres de Mme Desbordes-
Valmore par M. le comte Robert de
Montesquiou-Fézensac.
Devant que les chandelles fussent allu-
mées, les journaux littéraires, mondains
et autres étaient déjà pleins et comme
gonflés de réclames au sujet de cet événe-
ment. On ne se contentait pas d'annoncer
la conférence de Monsieur le comte, ce
qui est ordinaire : on nous disait par
avance qui devait y assister. Sur quoi,
une liste à n'en plus finir de ce qu'on ap-
pelle le « high-life », quoique la vie qu'on
y mène ne soit pas, selon moi, à la hau-
teur morale de la vie d'un brave ouvrier.
Il y avait, dans cette listes, des reines,
des altesses royales, des princes, des ducs,
des marquis, des comtes, des barons, des
vidâmes, des chevaliers. Excusez du
peut Et au lendemain de la conférence,
quand Monsieur le comte eut dégoisé son
affaire, la liste reparut. Il y avait des
reines, des altesses etc, etc., puis quel-
ques hommes de lettres « crottés et à l'air
timide », dit le Temps. Je les plains s'ils
furent crottés par l'intempérie de la sai-
son. Ils n'avaient, d'ailleurs, qu'à rester
chez eux. Quant à leur air timide, je les
en blâme, car ils avaient sans doute ou-
blié -- Piron, qualifié d'homme -- de - lettres
par un seigneur impertinent, prenant
le pas sur les nobliaux de Dijon, et di-
sant : « Puisqu'on décline les qualités,
je passe le premier. » Mais, hélas ! notre
démocratie n'est pas toujours fière, et si
elle a perdu le respect qu'on peut encore
garder à la noblesse (lorsque celle-ci l'a
gardé pour elle-même), elle a conservé la
superstition des noms, des titres et de la
fortune.
Quant à la conférence même de Mon-
sieur le comte, on nous a surtout parlé de
sa personne. Nous n'ignorons même pas
les détails de sa toilette. Il paraît qu'il
avait une épingle à sa cravate, une perle.
Oh 1 ma chère ! Nous savons que la table
du conférencier était couverte, - comme un
autel, d'un riche damas ou velours brodé,
et qu'au lien du verre d'eau dont se con-
tentent les humbles mortels, on y voyait
un bel encrier aux armes de Monsieur le
comte. Sur ce qu'il a dit, je n'ai que d'as-
sez vagues renseignements, les personnes,
que j'ai consultées sur cette conférence
n'y ayant pas compris grand'chose.
Il m'a paru que l'orateur mondain avait
énoncé un certain nombre de truismes
dans une langue très prétentieuse, décla-
rant que Mme Desbordes-Valmore l'avait
« encélesté ». En effet, Monsieur le comte,
dans le portrait qu'on distribuait à la
porte, le doigt au front, « marquant la
place des idées qui était en son cerveau »,
avait un air particulier que nous appelle-
rons « air encélesté » si vous voulez ! Cette
langue bizarre, tourmentée, de couleur
faasse et d'obscurité voulue, qui ferait
s'esclaffer Rabelais et rugir Montesquieu,
est ordinaire à M. le comte Robert de
Montesquiou. C'est celle des poésies de ce
poète-orateur des Chauves-Souris, l'oi-
seau nocturne au vol inégal, et de ce der-
nier volume qui s'appelle le Chef des
odeurs suaves, d'un titre peu simple —
qui appartient d'ailleurs à Flaubert.
Du reste, la conférence en soi m'im-
porte peu. J'accorderai volontiers qu'elle
fut excellente. Ce qui m'agace, ce qui me
fait trouver quelque joie à agiter ma son-
nette derrière le char du triomphateur
mondaiiv c'est-j'emprunte le mot à mon
confrère du Temps — l'effroyable sno-
bisme que nous pouvons constater en
cette affaire, snobisme, dont des lettrés se
font les complices et qui se traduit par
la plus désordonnée des réclames. Il sem-
ble qu'on soit stupéfait et ravi de voir un
gentilhomme, un « homme du monde »,
comme ils disent, frayer avec la Muse et
que ceci seul lui donne le droit de la trai-
ter comme il lui plaît, sans nous per-
mettre d'autre sentiment que l'admira-
tion.
Je me fais une autre idée de l'égalité de
notre République des lettres. Monsieur le
comte y est le premier venu, et que son
encrier soit armorié ou non, je n'en ai
cure. Je ne regarde qu'à ce qui en sort, à
l'œuvre médiocre et sans simplicité de-
vant laquelle se pâment - oh ! les pestes
femelles t — les femmes du high-life qui
protègent la littérature. Qu'elles se pâ-
ment à l'hortensia bleu chanté par le poète
élégant, libre à elles. Il faut des pré-
cieuses pour Molière et pour Pailleron.
Mais, vraiment, nous serions trop bêtes
de nous en laisser imposer par des enthou-
siasmes de salon et des applaudissements
de cercle. Non que j'en éprouve l'ombre
d'un sentiment d'envie, n'étant ni confé-
rencier ni poète et, d'ailleurs, aimant,
par-dessus tout à admirer. Mais je ne
puis n'empêcher de songerque,dans notre
Paris littéraire, tous les jours il paraît
quelque œuvre supérieure, parfois une
œuvre presque de génie, que les poètes
vraiment poètes, je veux dire penseurs
émus, pullulent et que l'on ne parle ni des
œuvres ni des hommes (alors qu'il suffit
parfois d'un mot pour faire sortir un labo-
rieux a une injuste ODscnrlté), et que 1 on
allume les flambeaux de l'autel et qu'on
embouche les trompettes de la Renommée
pour d'habiles metteurs en scène qui soi-
gnent leur gloire avant même de l'avoii
conquise «t-Aéfitée. -w- -
Henry Fouquier.
LA SITUATION EN ITALIE
- Rome, 18 janvier.
Les ministres continuent d'étudier les
moyens d'équilibrer le budget. On dit que
parmi les projets que le ministre des finances
a l'intention de présenter, figurera celui sur
le monopole du tabac.
D'autre part, M. Crispi voudrait réaliser de
grandes économies dans toutes les adminis-
trations, spécialement de la marine et de la
guerre, tout en conservant les eadres des
douze corpa d'armée. Le président du conseil
croit aussi nécessaire-de demander un sacri-
fice aux fonctionnaires et d'opérer des réduc-
tions de quinze à vingt pour cent sur leurs
appointements.,
L'AFFAIRE DES FRAUDEURS
FLAGEOLLET ET Ce ET LEURS ÉMULES
Les articles que nous avons publiés au su-
jet de l'affaire des fraudeurs ont produit dans
le monde des commissionnaires de transport
une vive et, disons-le, très légitime élection.
Des Flageollet on n'ose pas prendre la dé-
fense, mais on crie bien haut qu'on n'a rien
de commun avec eux et à aucun prix on ne
veut leur être assimilé.
Voici la lettre que nous adresse sous pli
recommandé le président de la chambre
syndicale des transports. Nous la publions
telle que nous l'avons réçue, en supprimant
seulement un membre de phrase qui, au point
de vue légal, aurait pu nous autoriser à ne
pas l'insérer :
-- CHAMBRE SYNDICALE - DES TRANSPORTS
Paris, 17 janvier 1894.
Monsieur le directeur,
Nous remarquons, dans la deuxième colonne de
votre numéro portant la date du mardi 16 janvier,
un article iatitulé « l'Affaire des fraudeurs », rela-
tif aux poursuites intentées à la maison Flaeeol-
let et G".
Du chef de ces poursuites nous n'avons rien i
dire ; mais nous relevons dans votre article cer-
taine phrase contre laquelle la chambre syndicale
des t ransports a le devoir de protester avec la plus
grande énergie.
Vous dites, en parlant des commissionnaires dé
transport en général, que » MM. Flageollet et
Cie ont eu seuls la maladresse de se laisser pren-
dre, tous auraient pu l'être et pourraient l'être
encore.< -
Nous ne pouvons laisser passer de semblables
paroles pouvant jet- r dans. l'opinion le discrédit
le plus complet sur une corporation qui rend des
services et contient des membres d'une honorabi-
lité indiscutable.
Votre article constitue une généralité, tandis que
vous n'avez le droit, dans la circonstance, que de
faire les particularités qui vous sont connues.
Nous vous prions donc, et au besoin vous requé-
rons d'insérer cette rectification à la même place
que l'article publié.
Veuillez agréer, monsieur, nos salutations em-
pressées.
Pour la chambre, le président :
E. CAMUS,
Membre de la chambre de commerce
de Paris.
Nous ne nous attarderons pas à faire ob-
server aux membres de la chambre syndicale
des transports qu'ils auraient pu se dispenser
de nous parler de nos droits. Nous les con-
naissons mieux qu'eux, ils peuvent en être
persuadés.
Nous n'avons d'ailleurs jamais prétendu
et nous ne prétendons nullement qu'il n'y ait
pas, parmi les membres de la « chambre syn-
dicale des transports », de très honnêtes gens.
« Chambre syndicale des transports » est
une désignation très vague. Il y a tant de
modes de transport et tant d'industries qui
se rattachent au transport des gens et des
choses t
Ce qui est certain, ce qui est évident pour
tous ceux qui ont lu nos articles, c'est que
nous avons voulu parler de la maison Fla-
geollet et de ceux qui font le môme métier
que la maison Flageollet, qu'on appelle dans
le monde des transports la « grande maison »,
qui a pour directeur à Boulogne-sur-Mer
M. Emile Flageollet, vice-consul des Etats-
Unis d'Amérique, et qui a été fondée, vers
1857, par le simple - ancien camionneur
Edouard Flageollet, qu'on appelait plus sou-
vent le père Flageollet.
Ceci bien établi, nous n'avons pas un iota à
retrancher de ce que nous avons dit.
Et nous avons la conviction que si M. le
juge d'instruction Espinasse voulait étendre
l'enquête dont il est chargé à tous les expédi-
teurs-fraudeurs, ce n'est pas seulement M.
Flageollet, M. Duhamel, M. Thiessé et les
employés de la douane, Luard et Desan-
gles, qui seraient à la veille de s'asseoir sur
le banc des accusés ; ils y auraient bientôt
pour compagnons d'autres gros bonnets de la
même industrie.
La question n'est pas une question d'ordre
privé, c'est une question d'ordre général, car
ces fraudes, en fin de compte, se commettent
aux dépens de qui ? des contribuables. Les
Flageollet et autres voleurs s'enrichissent,
mais c'est toujours le contribuable qui paye.
C'est très bien de réduire l'intérêt des arré-
rages des rentiers et d'établir chaque année
des taxes nouvelles. Encore faudrait-il, au-
tant que possible, ne pas laisser détourner le
produit de l'impôt au profit de quelques ai-
grefins.
- La fraude, d'aprés les personnes les plus
compétentes, atteint aujourd'hui en France
des chiffres phénoménaux. Les magistrats
n'ont-ils pas le strict devoir de la réprimer
quand l'occasion se présente ?
Cette occasion leur est offerte par l'affaire
Flageollet. Ils ne la laisseront pas échapper.
Pour mettre le parquet en mouvement et
lui faire ordonner une perquisition chez les
Flageollet, il a fallu une dénonciation émanée
dit-on, d'une maison concurrente, dénoncia-
tion tellement précise qu'on avait désigné le
tiroirl où se trouvait certain copie de lettres
l'elié en rouge et les feuillets contenant la
preuve de la fraude et de la complicité des
agents de la douane. Mais, comme nous l'a-
vons dit, cette perquisition eut un contre-
coup immédiat dans d'autres maisons du
même genre, notamment chez Hernu-Péro.
et compagnie.
Et afin de bien montrer qu'aucune des réa
flexions que nous a suggérées cette affaire
des fraudeurs n'était exagérée, nous ra-
conterons en détail comment « travaillent 8
les Flageollet et leurs émules.
Ce sera instructif pour les commerçante
qui, de très bonne foi, ont recours à ces inter-
médiaires, aussi bien que pour ceux qui ont
mission de rechercher et d'empêcher 1%
fraude.
Lvi NTTultmA. HTNO HP.NTTMFA-
SAMEDI 20 JANVIER 1891
StOICTlOI H IDimiSTlUTIQi
L .142, Rue Montmartre
v ruas ;
r— T
• IRECTEUR POLITIQUE
AI-EDOUARD POHTALIS
Adresse télégraphique : XIX' S:ŒCJLII-PAItIJ
Téléphone : 20.289 bit.
âRmacii
Cbe* MM. LAGRANOB, CBRIf et C*
0, place de la Bount, 6
/• **"———*
ABONNEMENTS
Parte. Tnii liû, 61.; Sa tut, Ht; h Jb, 20 L
Départements — 7 f.; - 121; — 24L
Union Postale — 9t; - 16 f.; - 32 &
tM Abonnements sont reçus sans frai.
tous les Bureaux de Poste.
EFFORT CLERICAL
Il est entendu que la République n'a
plus d'autre adversaire que la Gazette
de France et que, seuls, des sectaires
aussi aveugles que farouches peuvent
encore révoquer en doute l'immense
avantage, l'incomparable bienfait qu'a
été pour le régime républicain l'évolu-
tion accomplie vers lui par les anciens
droitiers sur les conseils de Léon XIII.
Grâce à sa qualité de « rallié », M. de
Mun trouve des parrains pour sa can-
didature parmi les journaux républi-
cains. Si l'on ne souhaite pas ouverte-
ment son succès, on laisse entendre du
moins qu'on le verra sans déplaisir, et
l'on se retranche derrière cet argument
que l'éclat de sa parole relèvera le
niveau de l'éloquence parlementaire.
Grâce au ralliement, on affecte de
laisser de côté les luttes d'antan contre
l'esprit clérical. On ne parle plus d'a-
paisement ; on fait mieux : on est apaisé.
Mais ce sont les républicains seuls qui
se reposent ; le parti clérical ne se re-
pose pas. Il profite de l'accalmie pour
organiser sa campagne et pour prépa-
rer sa revanche de l'échec qu'il a subi
aux dernières élections. Il ne se passe
guère de jour sans que quelque fait nou-
veau vienne nous montrer qu'il pour-
suit son œuvre avec la ténacité qui
lui est propre. L'autre jour, c'était l'é-
vêque de Grenoble qui organisait dans
son diocèse « l'œuvre de la bonne
presse » dont le but est de répandre
partout le journal la Croix. D'autre
part, à Paris, c'est l'effort considérable
que l'on fait pour propager le nouveau
journal de l'abbé Garnier, le Peuple
français. Les dévotes le distribuent à
profusion dans les quartiers populeux, en
même temps qu'en province les comités
catholiques qui sont en relation avec
l'abbé Garnier travaillent de toutes leurs
forces à répandre ce journal, qui doit
porter partout la bonne parole et con-
vertir la France aux doctrines ultramon-
taines.
Pendant ce temps, l'épiscopat pres-
que tout entier entre en lutte ouverte
contre l'Etat à propos de la loi qui sou-
met la comptabilité des fabriques aux
dispositions générales sur la comptabi-
lité publique. Jusqu'ici les fabriques
avaient disposé de leurs ressources sans
contrôle. Elles avaient dépensé, soit
pour des œuvres, soit pour des motifs
qu'elles avaient intérêt à tenir secrets,
les sommes dont elles disposaient, et
lorsqu'elles avaient à subvenir aux dé-
penses que l'Etat met à leur charge,
elles invoquaient une insuffisance de
ressources qui avait pour conséquence
de mettre ces dépenses à la charge des
communes. Le Parlement a voulu met-
tre ordre à cet abus, et la loi nouvelle
établit un contrôle sur les dépenses des
fabriques. De cette façon, celles-ci n'au-
ront plus autant de facilités pour invo-
quer l'insuffisance de ressources et pour
se décharger, au détriment des contri-
buables, des dépenses obligatoires.
La plupart des évêques ont protesté
contre cet « empiètement du pouvoir
civil ». M. Tregaro, évêque de Séez, a
écrit au ministre des cultes une lettre
violente. L'archevêque de Paris s'est
concerté avec son clergé pour soumettre
au contrôle l'ensemble et non le détail
des comptes de fabrique, c'est-à-dire
pour refuser d'obéir à la loi. De son
côté, le cardinal Desprez, archevêque de
Toulouse, qui ne passe cependant pas
pour un des prélats les plus violents,
recevant au Jour de l'An le clergé de
son diocèse, prononçait une allocution
de laquelle nous détachons ce pas-
sage :
Une secte impie a juré l'anéantissement du
christianisme. Pour arriver à ses fins elle a
résolu d'éviter la violence, mais elle espère
réussir par une persécution lente, metho-
dique et inexorable. Son programme, élaboré
dans le secret, se manifeste chaque jour et
s'accomplit avec une malice que rien ne
décourage et n'arrête.
Deux lois néfastes avaient déjà marqué les
grandes étapes de sa marche.
La loi scolaire, appelée à détruire l'idée
religieuse dans le peuple, produit déjà ses
fruits de mort. Les crimes commis par des
adolescents, les sUIcides, jadis inconnus de
l'enfance, nous disent assez ce que la société
peut devenir sous le régime d'une telle édu-
cation.
La loi militaire, créée pour tarir la source
des vocations, fait déjà sentir ses funestes
effets dans mon diocèse. L'ordination que je
viens de faire avant Noël est la plus pauvre
que j'aie vue en mon long épiscopat. En 1894
je n'aurai à ordonner que douze prêtres ; en
1895, huit seulement. Or la moyenne des pos-
tes à pourvoir est de vingt-deux chaque an-
née.
Une troisième loi non moins meurtrière
doit être appliquée dès demain. Elle consti-
tue une usurpation do la puissance civile sur
les droits imprescriptibles de l'Eglise, sous
prétexte de réglementer la comptabilité des
fabriques.
Je tiens à vous faire savoir que j'ai fait en-
tendre, avec plusieurs de mes vénérés collè-
gues, les protestations de notre conscience
aux dépositaires des pouvoirs publics. J'ai
déclaré que les nouveaux décrets et règle-
ment étaient une violation des lois canoni-
ques, une précaution superflue, un acte de po-
litique imprudente, En cela nous n'avons
fait qu'accomplir un devoir et nous avons la
douleur de voir méconnues nos justes re-
présentations.
Nos ennemis s'arrêteront-ils dans la voie
de l'erreur et de l'injustice ? Dieu seul le sait.
Quant à nous, bien-aimés coopérateurs, nous
ne devons jamais perdre confiance.
Après cela, nous pourrons compter iné-
branlablement sur l'avenir. Notre triomphe
final est certain : car, selon une parole 1 célè-
bre, l'Eglise est une enclume qui a usé bien
des marteaux.
La citation est instructive. L'Eglise
ne renonce pas à combattre la législa-
tion civile. Elle poursuit la lutte contre
la « secte impie » et elle est pleine de
confiance dans l'issue de la bataille.
C'est la même note chez M. de Mun.
L'Univers ne nous laisse pas ignorer
que dans sa campagne électorale il pro-
clame que c'est « un devoir, pour un
député catholique, de demander l'abro-
gation des lois scolaires, du divorce,
etc. »
Ralliés à la République, les cléri-
caux n'en restent donc pas moins les
adversaires du parti républicain qu'ils
ont toujours été, et le jour où ils triom-
pheraient, les doctrines que le parti ré-
publicain a été unanime à défendre,
qu'il a fait prévaloir malgré eux, se-
raient immédiatement détruites. Ne
voit-on pas combien il serait dangereux
de se relâcher de la vigilance avec la-
quelle on a lutté contre l'esprit clérical
et de s'engourdir dans un apaisement
trompeur? Ne voit-on pas combien il
importe que le gouvernement ait une
politique religieuse bien précise et que
les cléricaux ne puissent s'imaginer
qu'il a, à leur égard, quelque complai-
sance ? :
L'EXPLOSION DE « L'ÊQUATËUR »
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Bordeaux, 18 janvier.
On n'a pas beaucoup de renseignements
nouveaux sur l'affaire de l'Equateur.
Des recherches ont eu lieu à bord du stea-
; mer jusqu'à cinq heures. On a procédé au
déblayement de la partie du navire où s'est
produite l'explosion. On n'y a trouvé que des
débris de verre et de pièces de monnaie pro-
venant des colis placés dans la soute aux ob-
jets précieux.
Les magistrats qui dirigent l'enquête en
sont réduits aux suppositions.
Les uns supposent que c'est un individu
venu de Bordeaux qui a placé dans le bateau
une bombe à renversement. Les autres — et
ce sont les plus nombreux — croient ou bien
que c'est un individu qui a envoyé en France,
à un ami, un échantillon d'une nouvelle ma-
tière explosible, ou bien que c'est un indi-
vidu qui a assuré, pour une grosse somme,
et comme contenant un objet de valeur, une
caisse renfermant de la dynamite, dans l'es-
pérance qu'une explosion détruirait ce colis
avant sa remise au destinataire et lui per-
mettrait de réaliser de ce fait de gros béné-
fices.
Les investigations de la justice vont porter
sur ce point.
Les deux matelots blessés vont sensible-
ment mieux. On espère les sauver.
Les obsèques des deux victimes tuées sur
le coup auront lieu demain. La compagnie
des Messageries a délégué un de ses admi-
nistrateurs pour assister aux obsèques.
CONGÉS DES JOURS GRAS
On nous fait remarauer qu'on a déjà fixé
pour les lycées et coîlèges les congés des
jours gras, mais qu'on est resté muet jus-
qu'à présent sur le sort des écoles primaires.
Voudrait-on priver les instituteurs de ces
deux jours de répit, comme on l'a fait l'an
dernier ?
Nous prenons la liberté de faire remarquer
en ce cas que la pénitence les atteindrait à
peu près seuls. L'an dernier, un peu partout,
et principalement dans le Nord, le nombre
des élèves absents a été considérable.
Qu'il y ait congé officiel ou non, on peut
dire que ces journées sont absolument per-
dues pour le travail. Mieux vaut le recon-
naître franchement et affranchir le person-
nel d'une tâche illusoire et sans profit, dont
les familles ont par avance affranchi leurs
enfants.
*
LA RETRAITE DE M. PEYRON
1
Il est fortement question au ministère do l'inté-
rieur du remplacement de M. Peyron, directeur de
l'Assistance publique de Paris.
Son successeur serait M. le docteur Napias, ad-
ministrateur général des établissements de bien-
faisance.
MORT DU DOYEN DES POMPIERS
de France
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Calais, 18 janvier.
M. André Darchicourt, le doyen des sapeurs-
pompiers de France, vient de mourir à Calais,
dans sa quatre-vingt-cinquième année.
M. Darchicourt faisait partie de la compagnie
des pompiers de ia section sud de Calais depuis sa
fondation, qui date de 1828. Il a donc occupé son
poste pendant soixante-six ans.
BAGARRES A BERLIN
Berlin, 18 janvier.
La réunion des sans-travail a été empê-
chée par la police, qui a occupé la brasserie
de Friedrichshain et qui a repoussé la foule
avec une telle brutalité que celle-ci a fini par
lancer des pierres sur les agents, qui l'ont
chargée de plus belle.
De nombreuses arrestations ont été faites,
mais n'ont pu être maintenues.
Tous les journaux, sans distinction d'opi-
nion, blâment les brutalités et l'attitude pro-
vocante de la police qui a chargé sans néces-
sité la foule paisible. Ils constatent aussi que
les sans-travail se sont retirés à la première
réquisition. Néanmoins, les agents a cheval
ont dégainé et blessé indistinctement les ma-
nifestants et les curieux qui s'écrasaient pour
fuir dans les rues étroites. c
L'ENQUÊTE SUR LA MARINE
UNE COMMISSION EXTRA-PARLEMENTAIRE
Une question à vider. — Triste perspec-
tive en cas de mobilisation. - Le pessi-
misme de l'amiral Lefèvre. — L'in-
terpellation Lockroy.
Sous le coup de fouet de l'opinion publique
émue par les révélations faites sur l'état dé-
plorable de notre défense navale, l'amiral
Lefèvre, ministre de la marine, a fait signer,
au conseil des ministres tenu hier un décret
instituant une commission extra-parlemen-
taire pour faire une enquête sur les faits ré-
vélés par la publication de la correspondance
de l'ancien ministre amiral Rieunier, et, en
général, sur toute l'administration maritime.
Cette commission, dont la nomination pa-
raîtra demain au Journal officiel, sera com-
posée de MM. Thomson, de Mahy, Cavai-
gnac, Lockroy, Gerville-Réache, Henri Bris-
son, Chautemps, Labat, Félix Faure, de Ker-
iégu et Abel, députés; Cuvinot, Boulanger,
Barbey, Delobeau, Peytral, Huguet et Com-
bes, sénateurs; y seront en outre adjoints:
deux membres de la cour des comptes, un
membre du conseil d'Etat et enfin sept mem-
bres du ministère de la marine, qui seront
appelés à formuler des appréciations tech-
niques.
La plus grande diligence va être apportée à
l'examen des faits incriminés.
PAS D'APPROVISIONNEMENTS
« Les faits révélés par la correspondance
de l'amiral Rieunier », nos lecteurs les con-
naissent ; il y a trois jours nous les avons
appréciés. Rappelons-les :
Des deux documents officiels, deux notes
adressées par le ministère de la marine au
préfet maritime de Toulon le 3 mai et le 22
novembre 1893, il résulte qu'en mars 1893 no-
tre principal arsenal se fût trouvé, en cas de
complications, dans l'impossibilité de ravi-
tailler une escadre et même de pourvoir à
l'armement des navires mobilisables.
La note ministérielle constate que « ce fait
n'est pas accidentel ». Elle nous informe en
effet que, « dans le courant de 1892 aussi bien
qu'en mars dernier, le détail des subsistances
n'a pu faire face aux distributions de vin
qu'en recourant aux 276,000 litres entretenus
pour le compte du département de la guerre ».
Le ministre constate que cette situation est
le résultat d'un « manque de prévoyance de
la part du service administratif M, et la note
rédigée dans les bureaux est accompagnée de
ces lignes,écrites de la main même de l'amiral
Rieunier. alors ministre : « Cette situation
ne doit plus se présenter à l'avenir et j'espère
que les instructions qui précèdent suffiront
pour en prévenir le retour regrettable. »
C'est au mois de mai que l'administration
du port de Toulon reçoit ce blâme. Veut-on
savoir le cas qu'elle en fait? La note du 22
novembre va nous l'apprendre. Elle nous
montre que l'approvisionnement en biscuit, à
la date du 1er novembre, était tombé à 42,310
kilogrammes, bien que le stock de mobilisa-
tion en comportât 263,000, lequel même
avait été relevé par une dépêche du 3 août à
un c minimum de 380,000 kilogrammes ».
Elle uous informe que des « manques » exis-
tent ,","ussi sur les potages condensés et sur le
sel en tablettes et que, pour refaire les stocks,
le port de Toulon a dû entreprendre sans dé-
lai une fabrication supplémentaire, engageant
ainsi une dépense non prévue au budget.
Ces dépenses n'ont pas figuré dans les
comptes, parce que le ministre a pris sous sa
responsabilité d'ordonner un virement de cré-
dit entre deux chapitres du budget, virement
interdit par la loi.
Telle était la situation du port de Toulon
en 1893. Elle est peut-être la même encore
aujourd'hui, et cependant l'administration
maritime ne peut se plaindre que la place lui
manque pour les approvisionnements et que
le Parlement lui refuse les crédits nécessai-
res quand il s'agit de la défense nationale.
APPONTEMENTS DE CASTIGNEAU
Lorsqu'on visite la splendide rade de notre
premier port de guerre, on voit sur toutes les
côtes qui environnent la ville les immenses
bâtiments de l'arsenal maritime disposés en
amphithéâtre le long de la mer ; on est frappé
par-l'aspect grandiose des vastes construc-
tions élevées dans la partie ouest de la
ville.
Là, à quelques kilomètres de la cité, se
trouvent toujours trois ou quatre navires de
haut rang, cuirassés ou transports, qui font
leurs chargements, prêts à prendre la mer.
Ce sont les appontements de Castigneau;
c'est là que sont situés les magasins d'appro-
visionnements de la marine.
Ces magasins occupent une superficie de
4 kilomètres carrés. La manutention de la
marine est d'une hauteur d'un septième étage;
c'est l'édifice le plus élevé de l'arsenal et c'est
sur son faîte que l'autorité maritime a fait
établir un observatoire destiné à dominer
tout le large et à servir de poste d'observation
en prévision d'incendie.
La manutention maritime peut, le cas
échéant, fournir par jour jusqu'à cent mille
rations de pain ou de biscuit.
Ces importants magasins de ravitaillement
sont sous la surveillance d'un commissaire
de la marine dont le grade correspond à
celui de capitaine de vaisseau et dans l'ar-
mée. à celui de colonel; il porte le titre de
commissaire aux approvisionnements et a
sous ses ordres un certain nombre de com-
missaires adjoints, sous-commissaires et ai-
des-commissaires ; cette hiérarchie comporte
encore des commis aux approvisionnements,
des gardes-magasins, des magasiniers, etc.
Le service des approvisionnements du port
de Toulon doit en tout temps être prêt à li.
vrer dans les vingt-quatre heures six mois
de vivres à tous les navires armés de l'esca-
dre d'évolutions et du port de Toulon.
Ces vivres comportent naturellement un
certain nombre de rations de pain, de viande
fraîche, de légumes frais, plus des vivres
de conserves — viandes en boîtes, légumes
conservés, biscuits, etc.
L'embarquement de toutes ces denrées se
fait d'abord sur place lorsque les navires
peuvent s'amarrer à tour de rôle aux appon-
tements, ou bien, dans les cas urgents, —
comme lorsdelamobilisationqui précède cha-
que année les grandes manœuvres navales, —
à l'aide d'embarcations et de chalands mis à
la disposition du vice-amiral commandant en
chef l'escadre par la direction des mouvements
du port.
Les mêmes dispositions doivent être prises
pour l'embarquement des munitions des bâ-
timents de guerre.
Ajoutons toutefois que les cuirassés de
l'escadre d'évolutions nu prennent guère jamais
plus à leur bord de trois mois de vivres et de
munitions; ces navires partis, le commissaire
aux approvisionnements doit sans retard
renouveler les trois mois de provisions si ra-
pidement enlevées.
Tel est en principe le fonctionnement du
service. Rien de cela n'est fait, comme on l'a
lu plus haut.
CONTROLE DÉLICAT
Comment le ministre de la marine a-t-il été
averti de cette négligence capable de compro-
mettre notre mobilisation? Par l'inspecteur
en chef des services administratifs de la ma-
rine.
L'administration maritime comporte un
corps de contrôle composé entièrement d'offi-
ciers supérieurs, recrutés, après examen,
dans les divers autres corps ; on y débute
avec le rang de chef de bataillon.
L'inspecteur en chef du port de Toulon —
qui a rang de contre-amiral — doit contrôler
tout ce qui se passe dans les services du cin-
quième arrondissement maritime. Il n'en est
pas moins sous les ordres du vice-amiral pré-
fet maritime, et on assiste alors à une de ces
anomalies si fréquentes dans la marine, de
voir un officier qui a pour fonctions de véri-
fier et d'inspecter la paperasserie et les ser-
vices de ses supérieurs ou de ses égaux.
On comprend aisément que, dans. ces' con-
ditions, les inspecteurs de la marine éprou-
vent de nombreuses difficultés à mener à
bien leur tâche. Néanmoins, ils ont tout
moyen de le faire, puisque les inspecteurs en
chef sont les seuls officiers généraux dans un
port qui correspondent directement avec le
ministre, en dehors du préfet maritime.
Rien ne saurait donc excuser une sembla-
ble incurie, une aussi coupable imprévoyance.
INCROYABLES RÉPONSES
Hier, l'amiral Lefèvre répondait à un in-
terviewer de l'Echo de Paris :
— L'an dernier, il n'y avait pas de biscuit,
c'est vrai, mais les immenses magasins de
Toulon possèdent des quantités considéra-
bles de blé, et à côté de ces magasins il y a
une manutention. Quant à l'insuffisance du
vin, elle est due à un accident. Un incendie à
détruit à Algerles magasins d'un fournisseur à
quiron avait fait une grosse commande !.. En-
fin, l'huile, c'est peu de chose ! On en trouve
très abondamment dans la région et au mo-
ment voulu, elle ne ferait pas défaut.
C'est se montrer par trop optimiste et en
prendre trop facilement son parti. Le jour où
nous devrions mobiliser pour la suprême ba-
taille, une réponse de ce genre serait crimi-
nelle. Ce n'est pas en temps de guerre qu'on
s'approvisionne. Il est trop tard.
Qu'on fasse une enquête sérieuse. A l'épo-
que où M. de Lanessan était notre collabora-
teur, le X/Xe Siècle la réclamait déjà. Au-
jourd'hui elle est devenue urgente. Mais il
faut aller au fond des choses et que les en-
quêteurs ne se laissent pas « rouler » par les
bureaux, qui tenteront l'impossible pour ca-
cher la vérité. Ensuite, quand nous connaî-
trons toute l'étendue du mal, avec un peu
d'énergie il sera facile d'appliquer le remède.
M. LOCKROY PERSISTE
Toutefois, la nomination de la commission
extraparlementaire n'empêchera pas l'inter-
pellation annoncée.
M. Edouard Lockroy annonçait hier dans
les couloirs qu'il maintenait sa demande et
que la discussion viendrait la semaine pro-
chaine à la tribune.
AO MINISTÈRE DE LA GUERRE
Les frais de déplacement des commandants
de corps d'armée
Il n'y a pas que les déplacements des minir-
tres des travaux publics qui coûtent cher aux
contribuables. L'examen du chapitre 32 du
budget de la guerre démontre clairement que
les déplacements des commandants de corpn
d'armée ne se font pas précisément « à
l'œil ».
Et pourtant, le 4e bureau de l'état-major
général délivre à ces messieurs, ainsi qu'aux
membres du conseil supérieur de la guerre,
une carte de libre parcours sur les chemins
de fer, au nom du général et de l'officier qui
l'accompagne.
Les généraux en question peuvent donc se
déplacer à l'aise, sans qu'il en coûte un cen-
time au budget.
Mais il en va tout autrement dans la prati-
que, et nos commandants de corps d'armée,
dont les allées et venues entre Paris et leur
quartier général sont fréquentes, ne négligent
jamais de voyager en feuille de route.
C'est-à-dire qu'ils touchent le rembourse-
ment kilométrique d'un déplacement qu'ils
ont toute facilité de faire gratuitement grâce
à leur carte de circulation.
Eh bien 1 il y a là un abus scandaleux et
nous poserons à M. le ministre de la guerre
les deux questions suivantes :
lo Est-il vrai qu'un membre du conseil su-
périeur de la guerre ne manquait jamais de
commencer une tournée d'inspection quelques
jours avant la réunion du conseil ? Rappelé à
Paris pour cette réunion, il repartait dare-
dare en coupé-lit pour terminer sa mission et
ajouter ainsi quelques centaines de kilomè-
tres à son interminable liste de feuilles de
route remboursables.
2o Est-il vrai que, dans le dernier semestre
de 1893, un commandant de corps d'armée
était employé dans un si grand nombre de
comités et de commissions, quil venait cha-
que semaine à Paris, et toujours en feuille
de route remboursable ?
On nous répondra sans doute par un dis-
tinguo. Parbleu, nous savons que les règle-
ments accordent l'indemnité kilométrique aux
généraux voyageant pour le service. Mais si
ces officiers abusent de la feuille de route
dans les proportions que nous signalons,
nous demandons que ce scandale cesse im.
médiatement.
Si le ministre de la guerre est désarmé par
la camaraderie militaire, la commission du
budget n'a pas les mêmes ménagements à
observer.
Que dirait-on à un sous-lieutenant qui se
rendrait coupable de semblables agissements?
Nous croyons qu'un conseil d'enquête serait
rapidement formé. Et ce serait de toute jus-
tice. ————..—.——- B. R.
ELECTIONS LÉGISLATIVES
Sont convoqués pour le 18 février, à l'effet
d'élire un député, les six circonscriptions dont
les représentants ont été élus sénateurs, sa-
voir :
Deuxième circonscription de Nice, en rem-
placement de M. Borriglione ;
Première circonscription de Marseille, en
remplacement de M. Peytral ;
Arrondissement d'Ussel, en remplacement
de M. Delles table ;
lre circonscription d'Alais, en remplacement
de M. Desmons ;
ire circonscription de Coutances, en rem-
placement de M. Briens.
Arrondissement de Thonon, en remplace-
ment d CI M. Folliet.
A ces convocations, il faut ajouter qelle des
électeurs de Sisteron, appelés à élire un dé-
puté en remplacement de M. d'Hugues, dont
l'élection a été invalidée.
LA VIE DE PARIS
Graves ou « boulevardiers », les sujets
né manquent pas qui viennent solliciter
aujourdhui la plume du chroniqueur.
C'est le formidable cas de conscience qui
s'offre à la commission des grâces et au
président de la République, avec le re-
cours en grâce de Vaillant; c'est l'état
pitoyable de l'Italie, l'horizon gros d'o-
rages et chargé de nuages noirs, derrière
lesquels les mystiques peuvent voir le
doigt de Dieu ; c'est, dans un ordre d'idées
moins sérieuses, la condamnation de
notre confrère M. Dujardin à un mois
de prison, payant les pots cassés de l'en-
vahissante et dégoûtante pornographie,
et les détails exquis de l'audience, comme
cette correspondance d'un curé qui se dé-
lectait dans la contemplation des images
du Nu au Salon et dans la lecture des
commentaires de M. Armand Silvestre.
Mais il semble que tout doive disparaître
devant le bruit effroyable qu'on mène à
propos de la conférence faite à la Bodi-
nière sur les œuvres de Mme Desbordes-
Valmore par M. le comte Robert de
Montesquiou-Fézensac.
Devant que les chandelles fussent allu-
mées, les journaux littéraires, mondains
et autres étaient déjà pleins et comme
gonflés de réclames au sujet de cet événe-
ment. On ne se contentait pas d'annoncer
la conférence de Monsieur le comte, ce
qui est ordinaire : on nous disait par
avance qui devait y assister. Sur quoi,
une liste à n'en plus finir de ce qu'on ap-
pelle le « high-life », quoique la vie qu'on
y mène ne soit pas, selon moi, à la hau-
teur morale de la vie d'un brave ouvrier.
Il y avait, dans cette listes, des reines,
des altesses royales, des princes, des ducs,
des marquis, des comtes, des barons, des
vidâmes, des chevaliers. Excusez du
peut Et au lendemain de la conférence,
quand Monsieur le comte eut dégoisé son
affaire, la liste reparut. Il y avait des
reines, des altesses etc, etc., puis quel-
ques hommes de lettres « crottés et à l'air
timide », dit le Temps. Je les plains s'ils
furent crottés par l'intempérie de la sai-
son. Ils n'avaient, d'ailleurs, qu'à rester
chez eux. Quant à leur air timide, je les
en blâme, car ils avaient sans doute ou-
blié -- Piron, qualifié d'homme -- de - lettres
par un seigneur impertinent, prenant
le pas sur les nobliaux de Dijon, et di-
sant : « Puisqu'on décline les qualités,
je passe le premier. » Mais, hélas ! notre
démocratie n'est pas toujours fière, et si
elle a perdu le respect qu'on peut encore
garder à la noblesse (lorsque celle-ci l'a
gardé pour elle-même), elle a conservé la
superstition des noms, des titres et de la
fortune.
Quant à la conférence même de Mon-
sieur le comte, on nous a surtout parlé de
sa personne. Nous n'ignorons même pas
les détails de sa toilette. Il paraît qu'il
avait une épingle à sa cravate, une perle.
Oh 1 ma chère ! Nous savons que la table
du conférencier était couverte, - comme un
autel, d'un riche damas ou velours brodé,
et qu'au lien du verre d'eau dont se con-
tentent les humbles mortels, on y voyait
un bel encrier aux armes de Monsieur le
comte. Sur ce qu'il a dit, je n'ai que d'as-
sez vagues renseignements, les personnes,
que j'ai consultées sur cette conférence
n'y ayant pas compris grand'chose.
Il m'a paru que l'orateur mondain avait
énoncé un certain nombre de truismes
dans une langue très prétentieuse, décla-
rant que Mme Desbordes-Valmore l'avait
« encélesté ». En effet, Monsieur le comte,
dans le portrait qu'on distribuait à la
porte, le doigt au front, « marquant la
place des idées qui était en son cerveau »,
avait un air particulier que nous appelle-
rons « air encélesté » si vous voulez ! Cette
langue bizarre, tourmentée, de couleur
faasse et d'obscurité voulue, qui ferait
s'esclaffer Rabelais et rugir Montesquieu,
est ordinaire à M. le comte Robert de
Montesquiou. C'est celle des poésies de ce
poète-orateur des Chauves-Souris, l'oi-
seau nocturne au vol inégal, et de ce der-
nier volume qui s'appelle le Chef des
odeurs suaves, d'un titre peu simple —
qui appartient d'ailleurs à Flaubert.
Du reste, la conférence en soi m'im-
porte peu. J'accorderai volontiers qu'elle
fut excellente. Ce qui m'agace, ce qui me
fait trouver quelque joie à agiter ma son-
nette derrière le char du triomphateur
mondaiiv c'est-j'emprunte le mot à mon
confrère du Temps — l'effroyable sno-
bisme que nous pouvons constater en
cette affaire, snobisme, dont des lettrés se
font les complices et qui se traduit par
la plus désordonnée des réclames. Il sem-
ble qu'on soit stupéfait et ravi de voir un
gentilhomme, un « homme du monde »,
comme ils disent, frayer avec la Muse et
que ceci seul lui donne le droit de la trai-
ter comme il lui plaît, sans nous per-
mettre d'autre sentiment que l'admira-
tion.
Je me fais une autre idée de l'égalité de
notre République des lettres. Monsieur le
comte y est le premier venu, et que son
encrier soit armorié ou non, je n'en ai
cure. Je ne regarde qu'à ce qui en sort, à
l'œuvre médiocre et sans simplicité de-
vant laquelle se pâment - oh ! les pestes
femelles t — les femmes du high-life qui
protègent la littérature. Qu'elles se pâ-
ment à l'hortensia bleu chanté par le poète
élégant, libre à elles. Il faut des pré-
cieuses pour Molière et pour Pailleron.
Mais, vraiment, nous serions trop bêtes
de nous en laisser imposer par des enthou-
siasmes de salon et des applaudissements
de cercle. Non que j'en éprouve l'ombre
d'un sentiment d'envie, n'étant ni confé-
rencier ni poète et, d'ailleurs, aimant,
par-dessus tout à admirer. Mais je ne
puis n'empêcher de songerque,dans notre
Paris littéraire, tous les jours il paraît
quelque œuvre supérieure, parfois une
œuvre presque de génie, que les poètes
vraiment poètes, je veux dire penseurs
émus, pullulent et que l'on ne parle ni des
œuvres ni des hommes (alors qu'il suffit
parfois d'un mot pour faire sortir un labo-
rieux a une injuste ODscnrlté), et que 1 on
allume les flambeaux de l'autel et qu'on
embouche les trompettes de la Renommée
pour d'habiles metteurs en scène qui soi-
gnent leur gloire avant même de l'avoii
conquise «t-Aéfitée. -w- -
Henry Fouquier.
LA SITUATION EN ITALIE
- Rome, 18 janvier.
Les ministres continuent d'étudier les
moyens d'équilibrer le budget. On dit que
parmi les projets que le ministre des finances
a l'intention de présenter, figurera celui sur
le monopole du tabac.
D'autre part, M. Crispi voudrait réaliser de
grandes économies dans toutes les adminis-
trations, spécialement de la marine et de la
guerre, tout en conservant les eadres des
douze corpa d'armée. Le président du conseil
croit aussi nécessaire-de demander un sacri-
fice aux fonctionnaires et d'opérer des réduc-
tions de quinze à vingt pour cent sur leurs
appointements.,
L'AFFAIRE DES FRAUDEURS
FLAGEOLLET ET Ce ET LEURS ÉMULES
Les articles que nous avons publiés au su-
jet de l'affaire des fraudeurs ont produit dans
le monde des commissionnaires de transport
une vive et, disons-le, très légitime élection.
Des Flageollet on n'ose pas prendre la dé-
fense, mais on crie bien haut qu'on n'a rien
de commun avec eux et à aucun prix on ne
veut leur être assimilé.
Voici la lettre que nous adresse sous pli
recommandé le président de la chambre
syndicale des transports. Nous la publions
telle que nous l'avons réçue, en supprimant
seulement un membre de phrase qui, au point
de vue légal, aurait pu nous autoriser à ne
pas l'insérer :
-- CHAMBRE SYNDICALE - DES TRANSPORTS
Paris, 17 janvier 1894.
Monsieur le directeur,
Nous remarquons, dans la deuxième colonne de
votre numéro portant la date du mardi 16 janvier,
un article iatitulé « l'Affaire des fraudeurs », rela-
tif aux poursuites intentées à la maison Flaeeol-
let et G".
Du chef de ces poursuites nous n'avons rien i
dire ; mais nous relevons dans votre article cer-
taine phrase contre laquelle la chambre syndicale
des t ransports a le devoir de protester avec la plus
grande énergie.
Vous dites, en parlant des commissionnaires dé
transport en général, que » MM. Flageollet et
Cie ont eu seuls la maladresse de se laisser pren-
dre, tous auraient pu l'être et pourraient l'être
encore.< -
Nous ne pouvons laisser passer de semblables
paroles pouvant jet- r dans. l'opinion le discrédit
le plus complet sur une corporation qui rend des
services et contient des membres d'une honorabi-
lité indiscutable.
Votre article constitue une généralité, tandis que
vous n'avez le droit, dans la circonstance, que de
faire les particularités qui vous sont connues.
Nous vous prions donc, et au besoin vous requé-
rons d'insérer cette rectification à la même place
que l'article publié.
Veuillez agréer, monsieur, nos salutations em-
pressées.
Pour la chambre, le président :
E. CAMUS,
Membre de la chambre de commerce
de Paris.
Nous ne nous attarderons pas à faire ob-
server aux membres de la chambre syndicale
des transports qu'ils auraient pu se dispenser
de nous parler de nos droits. Nous les con-
naissons mieux qu'eux, ils peuvent en être
persuadés.
Nous n'avons d'ailleurs jamais prétendu
et nous ne prétendons nullement qu'il n'y ait
pas, parmi les membres de la « chambre syn-
dicale des transports », de très honnêtes gens.
« Chambre syndicale des transports » est
une désignation très vague. Il y a tant de
modes de transport et tant d'industries qui
se rattachent au transport des gens et des
choses t
Ce qui est certain, ce qui est évident pour
tous ceux qui ont lu nos articles, c'est que
nous avons voulu parler de la maison Fla-
geollet et de ceux qui font le môme métier
que la maison Flageollet, qu'on appelle dans
le monde des transports la « grande maison »,
qui a pour directeur à Boulogne-sur-Mer
M. Emile Flageollet, vice-consul des Etats-
Unis d'Amérique, et qui a été fondée, vers
1857, par le simple - ancien camionneur
Edouard Flageollet, qu'on appelait plus sou-
vent le père Flageollet.
Ceci bien établi, nous n'avons pas un iota à
retrancher de ce que nous avons dit.
Et nous avons la conviction que si M. le
juge d'instruction Espinasse voulait étendre
l'enquête dont il est chargé à tous les expédi-
teurs-fraudeurs, ce n'est pas seulement M.
Flageollet, M. Duhamel, M. Thiessé et les
employés de la douane, Luard et Desan-
gles, qui seraient à la veille de s'asseoir sur
le banc des accusés ; ils y auraient bientôt
pour compagnons d'autres gros bonnets de la
même industrie.
La question n'est pas une question d'ordre
privé, c'est une question d'ordre général, car
ces fraudes, en fin de compte, se commettent
aux dépens de qui ? des contribuables. Les
Flageollet et autres voleurs s'enrichissent,
mais c'est toujours le contribuable qui paye.
C'est très bien de réduire l'intérêt des arré-
rages des rentiers et d'établir chaque année
des taxes nouvelles. Encore faudrait-il, au-
tant que possible, ne pas laisser détourner le
produit de l'impôt au profit de quelques ai-
grefins.
- La fraude, d'aprés les personnes les plus
compétentes, atteint aujourd'hui en France
des chiffres phénoménaux. Les magistrats
n'ont-ils pas le strict devoir de la réprimer
quand l'occasion se présente ?
Cette occasion leur est offerte par l'affaire
Flageollet. Ils ne la laisseront pas échapper.
Pour mettre le parquet en mouvement et
lui faire ordonner une perquisition chez les
Flageollet, il a fallu une dénonciation émanée
dit-on, d'une maison concurrente, dénoncia-
tion tellement précise qu'on avait désigné le
tiroirl où se trouvait certain copie de lettres
l'elié en rouge et les feuillets contenant la
preuve de la fraude et de la complicité des
agents de la douane. Mais, comme nous l'a-
vons dit, cette perquisition eut un contre-
coup immédiat dans d'autres maisons du
même genre, notamment chez Hernu-Péro.
et compagnie.
Et afin de bien montrer qu'aucune des réa
flexions que nous a suggérées cette affaire
des fraudeurs n'était exagérée, nous ra-
conterons en détail comment « travaillent 8
les Flageollet et leurs émules.
Ce sera instructif pour les commerçante
qui, de très bonne foi, ont recours à ces inter-
médiaires, aussi bien que pour ceux qui ont
mission de rechercher et d'empêcher 1%
fraude.
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