Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1881-04-23
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 23 avril 1881 23 avril 1881
Description : 1881/04/23 (A11,N3403). 1881/04/23 (A11,N3403).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k75636342
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 09/04/2013
Onzième annéeN. 3403 Prix du numéro à Paris : 15 centimes -? Départements ; 20 centimes. Samedi 23 Avril 1881
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florins..—— 811/16.
À'' •
> PARIS, 22 AVRIL 1881
La Ligue de l'enseignement est une
des œuvres de propagande dont les pro-
grès intéressent le plus notre démocra-
tie française. Nous avons suivi avec
grand plaisir les trop courtes séances du
congrès qu'elle vient de clore hier. La
voici reconstituée sur des bases plus
larges et plus solides que par le passé,
et nous éprouvons de la joie à en an-
noncer la nouvelle. Nos lecteurs con-
naissent déjà les résolutions qui ont été
prises et qui se résument ainsi : « La
Ligue del'enseignement, fondée par Jean
Macé, s'organise en fédération sous le
titre de Ligue française de Renseigne- ,
ment. Une liste est ouverte sur laquelle
seront inscrites toutes les Sociétés
d'instruction populaire, sous quelque
titre que ce soit, qui voudront en faire
partie. » Ainsi la Ligue, qui, grâce à
l'énergique dévouement de son fonda-
teur, avait rendu déjà de si considéra-
bles services, en va rendre de bien plus
grands encore ; son champ d'action
s'élargit, sans compter que les temps
lui sont devenus infiniment plus propi-
ces. Durant bien des années, elle n'avait
rencontré sur son chemin que des obsta-
cles ; rien désormais ne lui barrera plus
le chemin ; tout concourt, au contraire,
à développer son influence et à aug-
menter son succès.
Elle peut donc aujourd'hui se dévouer
sans inquiétude à son œuvre d'éduca-
tion nationale et d'instruction républi-
caine. M. Jean Macé a caractérisé son prin-
cipal dessein par une phrase heureuse :
« Nous nous donnons pour but, a-t-il
dit, de préparer des électeurs, et cela
vaut mieux que de préparer des élec-
tions. » Le mot est bien fin, et l'idée
est peut-être plus profonde qu'on ne
troit. Trop longtemps, dans le parti ré-
publicain, l'on a estimé qu'on avait fait
tout son devoir quand on avait préparé
des élections, c'est-à-dire travaillé à la
nomination de candidats quelconques,
pourvu qu'ils fussent affublés du titre
de républicains. Le principal effort a
consisté à faire réussir les candida-
tures, tantôt bonnes, souvent médio-
cres et quelquefois mauvaises, de MM.
tel et tel. 11 se peut bien que jus-
qu'ici, la plupart du temps,il n'ait pas été
possible de mieux faire. Mais, pour l'a-
venir, c'est une génération d'éleeteurs
qu'il s'agit de préparer, et nous enten-
dons par électeurs des citoyens qui
soient vraiment capables de choisir eux-
mêmes leurs mandataires, qui aillent
chercher des hommes dignes de les re-
présenter et qui leur offrent la candi-
dature, au lieu de se borner à atten-
dre que des ambitieux viennent bri-
guer leurs suffrages. Dans une démo-
pratie digne de ce nom, ce sont les élec-
teurs qui devraient aller au-devant des
candidats, et non pas les candidats qui
devraient courir après les électeurs.
Mais c'est un progrès qui sans doute
ne se réalisera pas de sitôt. Quoi
qu'il en soit, nous devons y travailler
avec constance.
La séance de clôture de la Ligue de
l'enseignement a été présidée hier par
M. Gambetta, qui a prononcé, comme
pn s'y attendait, une allocution chaleu-
reuse. « C'est faire de la politique, a-t-il
dit, de la meilleure, de la plus efficace,
que d'aller chez les ignorants, chez les
malheureux auxquels manquent tous les
moyens d'instruction, d'aller au loin,
dans les endroits les plus reculés, d'aller
dans les ténèbres et d'y apporter la lu-
mière; c'est de la politique démocrati-
que; c'est de la politique vraiment na-
tionale, car, désormais, entre la France
et la République existe un lien in-
dissoluble que rien ne pourra bri-
der, etc. » Oui, voilà bien la voie
qu'il faut suivre, et M. Gambetta, com-
me M. Jean Macé, nous a montré le but :
porter la lumière chez ceux qui si long-
temps ne l'ont pas connue. L'Etat fera
beaucoup, dès que les nouvelles lois
d'instruction publique seront en vigueur.
Mais l'Etat ne peut et ne doit donner
dans ses écoles publiques que les élé-
ments de l'instruction primaire, et, si
c'est beaucoup, ce n'est pas assez. Il
importe donc que les citoyens dévoués à
la démocratie ne demeurent pas inactifs.
« Allons aux campagnes! a dit encore M.
Gambetta ; portons partout, avec la bi-
bliothèque, avec la parole, avec le livre,
avec le journal, l'enseignement néces-
saire, 1 enseignement universel, source
de tout bien ! » C'est, en effet, aux cam-
pagnes surtout qu'il faut consacrer le
grand, le principal effort. Elles ne de-
mandent qu'à s'instruire elles ne de-
mandent qu'à marcher de l'avant pour
peu qu'on veuille bien éclairer leur
route, et ceux qui se dévouent particu-
lièrement à cette œuvre en reçoivent les
témoignages les plus sensibles tous les
jours.
On ne sait pas assez de quelle bonne
yolonté, de quelle ardeur, de quel esprit
libéral et républicain sont déjà pénétrés
nos paysans de 1881. Nos campagnes,
aujourd'hui, — jusque dans les départe-
ments mêmes qui passent pour les plus
arriérés, — sont comme un sol fécond
où fructifie toute bonne semence. La
Ligue de l'enseignement n'aura donc
qu'à semer. Nous l'engageons surtout à
tourner son attention du côté des livres,
car c'est ce qui manque le plus. Nous
avons des journaux autant qu'il en faut
pour répondre à tous les besoins ; nous
n'avons pas de livres, et c'est un mal-
heur que nos éditeurs républicains ne
se soient pas décidés encore à faire une
concurrence sérieuse aux - libraires de
K- - - -
leurs ou de Limoges. Qui donc nous
donnera une bibliothèque d'ouvrages
populaires à bon marché ? Grave ques-
tion. De ce côté-là, presque tout est
à faire, et rien de ce qu'on a tenté
n'a pleinement réussi. Nous avons eu
entre les mains,à la vérité, des volumes à
vingt ou trente sous publiés par des ;
éditeurs tout pétris de zèle ; mais ces 1
doctes écrits, même quand ils sont
signés d'un député, d'un sénateur ou
d'un membre de l'Académie française,
ont pour la plupart un grave défaut : ils
sont mortellement ennuyeux. Nous n'en
finirions pas si nous tentions de traiter,
cette matière au cours dun article.
Que la Ligue nous permette seulement
de lui répéter : « Faites des livres ! »
La presse populaire, et nous dirons
même la presse rurale, existe, vit, cir-
cule partout, pénètre jusqu'au fond du
dernier hameau du plus reculé des dé-
partements. Mais si la presse populaire
est fondée, la librairie populaire ne l'est
pas. Il est facile d'avoir des armoires
avec des rayons ; mais cherchez de bons
livres à y mettre, et vous n'en trouverez
que peu ou point.
EUG. LIÉBERT.
L'Affaire de Tunisie
Nous recevons de l'un de nos correspon-
dants la dépêche suivante :
Soukahrras, 19 avril.
J'ai reçu votre dépêche. Merci de l'offre
que vous me faites, mais je suis déjà ac-
crédité auprès du commandement.
J'ai assuré le service de la correspon-
dance télégraphique avant de quitter
Bône et la Galle. Deux personnes de nos
amis vous enverront de ces deux villes les
nouvelles importantes. J'ai aussi à Sou-
kahrras un correspondant qui vous tien-
dra au courant. Par cette combinaison,
vous recevrez peut-être certaines nou-
velles en double. Cela vaut mieux que
d'être exposé à des retards.
Je pars pour la frontière dans quelques
heures. La tête de colonne est à Sidi-
Yousef, sur la lisière. Demain il arrivera
sur ce point un certain nombre de batail-
lous et d'escadrons.
Il a été nécessaire d'organiser des abreu-
voirs en emmagasinant l'eau de diverses
sources ; sans cette mesure, on n'eût pas
trouvé de l'eau en quantité suffisante. Il y
a le plus grand intérêt à assurer l'alimen-
tation de ces réservoirs sur la route de
Soukahrras à la frontière. Pendant toute
la durée de la campagne, il y aura natu-
rellement un va-et-vient continuel sur
cette route qui part de l'une des ailes de
la base d'opération et sera suivie par les
convois de ravitaillement.
Une fois en Tunisie, on aura l'eau en
abondance.
Toute la cavalerie, placée sous le com-
mandement du général Gaume, ainsi que
l'artillerie montée, marchent avec la colon-
ne Logerot.
C'est sans doute la colonne commandée
par le général Delebecque qui inaugurera
la lutte. Elle n'a pas de cavalerie et seule-
ment des batteries de montagne.
Les troupes sont admirablement dispo-
sées. La discipline est parfaite. Le sirocco
qui soufflait ces derniers jours a cessé. Les
tribus tunisiennes qui, auparavant ,
croyaient la France affaiblie, ont baissé le
ton et comprennent que les choses de-
viennent sérieuses. Cependant il faut bien
se tenir sur ses gardes.
A Soukahrras même, on signale quel-
que agitation parmi les Arabes, qui dis-
cutent entre eux sur la solidarité des mu-
sulmans en présence de l'aggression des
chrétiens. S'il n'y avait # ici un grand
déploiement de troupes il aurait pu se
produire des velléités d'insurection. Mais
rien n'est à craindre sous ce rapport, et
cette éventualité n'est pas à redouter.
Cependant sur la frontière, près Bou-
Haggar, il y a une tribu, les Ouled-Ali, di-
visée en deux portions, l'une sur le terri-
toire algérien, l'autre sur le territoi-
re tunisien, qui se soulèverait infailli-
blement s'il survenait le moindre échec.
Mais on la surveille de très près. Sur
le territoire tunisien, les troupeaux ont
été éloignés des lieux qui sont présumés
devoir être traversés par nos troupes.
On prétend ici que le bey aurait ordon-
né au commandant de la ville du Kef de
ne pas ouvrir les hostilités ; mais cette
nouvelle a besoin d'être confirmée et je
ne la donne que sous toutes réserves.
Le Kef est situé à la même distance de
Sidi-Yousef que Soukahrras.
Je ne vous parle pas de l'île de Tabarka.
Vous savez évidemment ce qui s'est passé
sur ce point et vous connaissez l'accueil
quia été fait à la canonnière l' Ryene par les
Kroumirs de la côte. ,.,.. - --
Il y a eu ici, dans la nuit a mer (au 18
au 19 avril), une rixe entre des artilleurs
et des Italiens.
Un de ces derniers, au fort de la dis-
pute, a donné un coup de couteau à un
artilleur.
Ses compatriotes faisaient mine de se
mettre de la partie.
Mais nos soldats, sans avoir dégainé
leur sabre, — ce que je souligne, — tom-
bèrent sur les Italiens à coups de poing.
Çrekii qui avait donné le coup de couteaw
a été frappé si rudement dans la bagarre
qu'il est resté sur le carreau.
Le motif de la querelle n'avait d'ailleurs
rien de politique. La scène a eu lieu dans
un café borgne. Il y à Soukahrras et
dans les environs 3 à 4,000 Italiens qui
sont employés comme terrassiers à la
construction de la voie ferrée.
J'attends d'une minute à l'autre le mo-
ment de partir à la suite de la colonne Lo-
gerot. J'ai la bonne fortune de l'avoir
connu autrefois.
J'ai pris avec moi un Tunisien dont la
connaissance du pays pourra m'être d'un
grand secours.
Il est utile de vous dire que Sidi-You-
sef est relié à Soukharras par le télé-
graphe. Il est probable que la télégraphie
de campagne reliera ce fil à celui qui existe
sur la Medjerdah en Tunisie. J'espère donc
que mes dépêches pourront vous arriver
sans grands retards.
M.
*
« *
Par la longue dépêche qui précède, on a
pu voir que les opérations militaires sont
sur le point de commencer.
Notre correspondant n'a pas dit, évi-
demment, tout ce qu'il savait, et il attend
sagement d'avoir quelques faits d'armes à
nous signaler pour être [plus explicite. Il
n'a fait, d'ailleurs, en agissant ainsi, qua,
se conformer aux engagements que tous
les correspondants de journaux ont pris
vis-à-vis de l'autorité militaire, ce dont
on ne peut que le louer.
Ajoutons à ce propos que c'est bien mal
servir les intérêts du corps expédition-
naire que de vouloir anticiper sur les
événements par des révélations dont, en
fin de compte, les Tunisiens profitent plus
que les lecteurs français.
En veut-on une preuve?
Le bey de Tunis a appris le projet de
débarquement à Tabarka — qui est à la
veille d'avoir lieu — par une dépêche
chiffrée venue de Paris et envoyée sur les
données d'une correspondance partie de
la Calle.
Inutile de dire qu'il a dû prendre ses
dispositions en vue de l'opération proj etée
secrètement et divulguée inconsciemment.
Par cet exemple, on juge de l'inconvé-
nient qu'il peut y avoir à parler à tort et
à travers des mouvements qui se pré-
parent, pour l'unique plaisir de paraître
bien informé.
Est-ce à dire que l'autorité militaire ait
voulu étouffer les critiques que les opéra-
tions pouvaient soulever? Elle se trom-
perait fort si elle pensait pouvoir imposer
aux journaux des bulletins de victoires
préparé par ses soins et faire chanter ses
louanges par tous les correspondants qui
suivent les diverses colonnes. Ni les uns
ni les autres ne voudraient se plier à ces
exigences. Mais telle n'est pas , à coup
sûr, la peusée de l'état-major du corps ex-
péditionnaire. Ce qu'il demande, — et
comment l'en blâmer ? — c'est que les
journaux ne raisonnent pas sur des hy-
pothèses vraies ou fausses, mais bien sur
des faits, et ne rendent pas ainsi au bey de
Tunis des services que les journaux tuni-
siens — et pour cause — ne peuvent ren-
dre aux généraux français.
«
M *
Il ne faut pas attacher grande impor-
tance à l'incident raconté par notre cor-
respondant.
C'est une rixe qui ne mériterait pas
même une mention, s'il n'avait eu comme
conséquence la mort d'un de ceux qui y
ont pris part.
Mais, pour donner à cette querelle son
véritable caractère, il suffit de rappeler
qu'elle a eu pour théâtre un de ces cafés
suspects où l'on n'entre d'ordinaire qu'à
la nuit close.
* *
Ce qui est plus grave, ce sont les der-
nières déclarations faites par le bey à no-
tre consul.
Mohammed-el-Sadok ne répond pas de
la sécurité à Tunis. -
L'agence Havas nous communique à ce
propos les renseignements suivants :
Tunis, 20 avril, soir.
Le consul d'Autriche a eu hier une entre-
vue avec le bey auquel il a déclaré que,puis-
que le sang avait coulé et que l'épée était
sortie du fourreau, il fallait attendre la fin
des événements. (
Ce matin, M. Roustan a écrit au bey qu'il
serait seul responsable, avec son premier mi-
nistre, de ce qui surviendrait si une seule
goutte de sang européen coulait à Tunis..
» Bône, 21 avril.
On assure que le bey, répondant aux der-
nières observations de M. Roustan, relative-
ment aux dangers que pourrait courir la co-
lonie européenne à Tunis,a déclaré qu'il avait
donné les ordres nécessaires pour la protec-
tion de tous les étrangers, mais qu'il ne pou-
vait pas répondre de l'émotion que produi-
rait, sur la population musulmane, la nou-
velle de l'entrée des Français sur le territoire
de la régence.
Il y a cependant un correctif à cette
nouvelle peu rassurante, car la dépêche
continue en ces termes :
Les craintes de la colonie étrangère à Tunis
paraissent en voie d'apaisement.
Les mesures prises pour le maintien de la
circulation sur le chemin de fer et la proxi-
mité du corps expéditionnaire français, dont
une partie pourrait être transportée à Tunis
en quatre ou cinq heures, sont considérées,
non moins que les observation très sérieuses
qui ont été adressées au bey, comme une ga-
rantie suffisante, au moins pour le moment,
de la sécurité de la colonie.
On ne croit pas ici qu'à moins d'une né-
cessité absolue le gouvernement français se
décide à envoyer la fitte à la Goulette, at-
tendu que cet acte aurait pour résultat d'y
amener d'autres bâtiments de guerre étran-
gers, ce qui pourrait être exploité d'une ma-
nière fâcheuse auprès des Arabes par le parti
hostile à la France, tandis que l'Algérie étant
la seule voisine de Tunis par terre, l'absence
de toute flotte devant Tunis nous laisse têto à
tête avec le gouvernement du bey.
L'agenoe.. Havas nous communique la
l dépêche suivante i
, On signale de divers points de l'Algérie
ides symptômes de fermentation.,Ou a tout
lieu de croire que l'autorité a donné des
ordres pour une prompte répression, en cas
de manifestation extérieure.
*
* *
Il y a toujours une grande activité dans
le port de Toulon et quelques mouve-
ments de troupes de terre et de mer.
La dépêche suivante en donne l'énumé-
ration :
Toulon, 20 avril, soir.
Un détachement, composé d'un officier et
de 95 hommes des équipages de la flotte, est
arrivé aujourd'hui, venant de Rochefort.
Le croiseur Desaix est arrivé à Bône.
Le port de Toulon est en mesure d'effec-
tuer un deuxième transport de troupes en
Algérie aussi important que le premier, soit
4.000 hommes environ.
L'escadre volante, sous le commandement
du contre-amiral Galibart, partira lundi pour
une nouvelle période d'instruction; elle est
composée de deux frégates cuirassées, Flore
et Armorique, et des deux corvettes Résolue
et Favorite. Elle fera sa première escale à Al-
ger.
Parmi les troupes embarquées sur la Cor-
rèze se trouve une batterie du 19e régiment
d'artillerie.
Quelques soldats du 88° de ligne ont été at-
taqués par des individus qui les ont frappés
de coups de couteau. L'un des blessés serait
en danger de mort.
Une enquête est ouverte.
Toulon, 21 avril, soir.
L'aviso Corse vient de partir pour la côte
de Tunisie.
Deux bataillons du 20° régiment de ligne,
venant de Montauban, sont attendus ici de-
main.
213 marins, sous les ordres d'un lieutenant
de vaisseau, sont arrivés, venant de Lorient.
Un transport est en rade, prêt à partir au
premier signal.
Tunis, 21 avril.
Dans la notification remise hier matin au
premier ministre par le premier drogman
du consulat de France, le consul annonçait
l'entrée immédiate des troupes françaiscs en
Tunisie. Cette notification contenait, en outre,
le passage relatif à la sécurité des Européens,
télégraphié hier.
Moustapha-Ben-Ismaïl, dans sa réponse re-
mise hier au soir, persiste à refuser tout con-
cours.
Il dit qu'il lui est impossible de retirer les
protestations contre la violation du territoire.
Il répète que les troupes du bey n'attaque-
ront pas les Français.
Il renouvelle sa première déclaration par la-
quelle il décline toute responsabilité rela-
tivement à la sécurité des Européens, à par-
tir du moment de l'entrée des troupes fran-
çaises. -
On assure qu'une note en ce sens est déjà
r édigée et qu'elle sera adressée à tous les
consuls.
Tunis, 20 avril, six heures du soir
(arrivée le 21, à neuf heures du soir).
Les troupes tunisiennes, sous le comman-
dement de Si-Selim, ont quitté Souk-el-Arba
aujourd'hui.
Elles devront, ainsi que les irréguliers, at-
tendre Ali-Bey à Souk-el-Kemir. Elles traver-
seraient ensuite la tribu des Outchetas pour
aller chez les Kroumirs.
Le calme qui règne actuellement pourrait
bien être celui qui précède la tempête. La
colonie européenne est de moins en moins
rassurée.
Le seul journal qui se publie ici est l'Offi-
ciel, feuille hebdomadaire. Ce journal lan-
nonce que le corps expéditionnaire qui est à
Beja a reçu un accueil bienveillant partout
sur son passage. Les hommes s'enrôlent et
fournissent les chevaux nécessaires à l'expé-
dition.
Les mêmes démonstrations ont lieu pour
le corps de. Si-Selim.
N'insistons pas sur l'attaque dont les
soldats du 88e ont été l'objet et laissons à
l'enquête le soin de trouver et de châtier
les agtesseurs.
Le voyage de l'escadre volante dans les
parages d'Alger offre plus d'intérêt, vu les
circonstances. On nous dit qu'il s'agit,
d'une nouvelle période d'instruction; soit.
Ce voyage d'instruction, qui est tout à fait
opportun,, pourra être aussi très profi-
table.
Louis HENRIQUE.
A UNIS
1 Si l'heure était à la plaisanterie, le
bey de Tunis pourrait compter sur un
franc succès de gaieté. Ce personnage
coiffé d'un fez devient absolument extra-
ordinaire. Aux consuls qui allaient lui
demander quelles mesures il avait pri-
ses pour assurer la sécurité des étran-
gers résidant en Tunisie, il a répondu
que cette sécurité n'était point mena-
cée, mais que, si l'opinion était excitée
par l'entrée des Français sur son terri-
toire, la chose n'était point son affaire ;
qu'il rejetait sur notre gouvernement la
responsabilité de ce qui pourrait suivre.
M. Roustan a relevé comme il convenait
cette déclaration. Il a signifié au bey et à
son ministre que la France n'acceptait
pas ce déplacement des responsabilités,
qu'elle s'en prendraît au gouvernement
de Tunis, et à lui seul, de la moindre of-
fense dont nos nationaux seraient les
victimes. Le bon mahométan a été averti
qu'on ne lui permettrait pas de se faire
apporter le bassin de Ponce Pilate pour
s y laver les mains. Il se le tiendra pour
dit, n'en doutons pas. Et la chose est
heureuse : si nos nationaux n'avaient
plus pour tes protéger que les bonnes
intentions du bey de Tunis, il serait sage
à eux et à tous les roumis de boucler
leurs malles au plus vite.
Si la réponse du seigneur Mohammed-
cl-Sadok n'était pas une impertinente
dérision, elle serait de sa part une énor-
me sotlise. Avouer que l'on n'est pas
sûr d'être obéi dans le pays où l'on
commande, que l'on n'est pas même ca-
pable d'y faire respecter le droit des gens
et d'y maintenir la police, c'est avouer:
kque l'on n'est pas digne de commander.
Si Je bey de Tunis est si peu maître
dans sa propre capitale qu'il ne peut y
garantir la vie des habitants, il ne reste
plus qu'une chose à faire, c'est de le
déposer au plus vite. C'est le devoir de
la France d'intervenir au plus tôt pour
assurer aide et protection à ses enfants.
C'était à plus forte raison le devoir de
la France de se charger de punir les
forfaits des Kroumirs, puisque leur sou-
verain est hors d'état de les châtier.
On peut en être assuré, si le bey de
Tunis était impuissant, ainsi qu'il le pré-
tend, son plus grand soin serait de cacher
cette impuissance. Il n'y a rien dans son
langage nouveau qu'une preuve de plus
de cette mauvaise volonté et de cette
mauvaise foi que nous voyons à l'œuvre
depuis des mois, ou plutôt depuis des an-
nées. Nous avons subi longtemps ses in-
solences avec une patience qui n'a fait
que les encourager. La mesure est com-
ble cette fois. Puisque le bey le veut ab-
solument, il deviendra nécessaire qu'après
avoir réglé les comptes des Kroumirs
nous allions régler les siens à son tour.
CHARLES BIGOT
—————
SÉANCE DE CLOTURE
DU CONGRÈS DE LA LIGUE DE L'ENSEIGNEMENT
Le congrès tenu ces jours-ci à Paris par
les membres de la Ligue de l'enseigne-
ment a été clos par une séance générale
solennelle, tenue dans la grande salle du
palais du Trocadéro sous la présidence de
M. Gambetta.
Des délégués de tous les cercles de pro-
vince et un nombre considérable de per-
sonnalités connues du monde enseignant
assistaient à ce meeting.
Sur l'estrade, on remarquait, aux côtés
de M. Gambetta : MM. Jean Macé, prési-
dent de la Ligue ; Rabaud, président de la
Société de géographie de Marseille et se-
crétaire du congrès ; Emmanuel Vauchez,
fondateur du Cercle parisien ; Floquet,
Spuller, Paul Bert, docteur Liouville,
Huet, Victor Poupin, Wickham, trésorier
du Cercle parisien ; Vilnot, président du
Cercle rouennais ; Ollendorff, président du
Cercle messin et de l'Union de la jeunesse;
Vacca, etc.
L'excellente musique de la garde répu-
blicaine prêtait son concours à cette so-
lennité et a joué pendant la séance plu-
sieurs morceaux de son riche réper-
toire.
M. Jean Macé a pris le premier la pa-
role. Il a retracé l'histoire de la Ligue
française de l'enseignement, fondée par
lui sous l'empire, en 1866, avec le con-
cours de tous les hommes dévoués au
progrès et à la liberté. Les adhésions ne
tardèrent pas à affluer au fond de l'Alsace,
dans le petit village qu'habitait alors Jean
Macé, et partout on signa une déclaration
ainsi conçue :
« Les soussignés, désireux de contri-
buer personnellement au développement
de l'instruction dans leur pays, déclarent
adhérer au projet d'établissement en
France d'une Ligue de l'enseignement au
sein de laquelle il demeure entendu qu'on
ne servira les intérêts particuliers d'au-
cune opinion religieuse ou politique. Ils
s'engagent à en faire partie quand elle
sera constituée et à souscrire annuelle-
ment chacun pour la somme portée à la
suite de son nom. »
Quand, au mois de juin suivant, un pro-
fesseur du lycée de Metz fonda, de son
chef, le premier cercle de la Ligue, le
préfet l'autorisa, et l'évêque l'excommu-
nia.
M. Macé a montré les progrès de son
œuvre : au 1er novembre 1867, elle avait
4,792 adhérents ; en 1878, elle en comp-
tait 17,856, et le chiffre n'a fait que s'ac-
crotîre.
Parlant du but même de la Ligue, M.
Jean Macé s'exprime ainsi au milieu des
applaudissements de l'assistance :
« Nos cercles de la Ligue s'imposaient
la loi de ne servir les intérêts particuliers
d'aucune opinion religieuse ou politique,
mais il n'y est jamais entré , c'était prévu
d'avance, que des républicains, des hom-
mes de progrès, si vous voulez, c'est la
même chose, et pour une raison bien sim-
ple : pour ceux qui veulent la Républi-
que, la vraie, celle de la liberté, il est
bien évident que notre peuple n'en sait pas
assez, et que le premier besoin de ce pays
est d'être couvert de sociétés d'instruc-
tion.
» Pour ceux qui rêvent le retour en ar-
rière, notre peuple en sait trop, ce n'est
que trop clair maintenant, et ce qu'il y
aurait à faire ici, si c'était possible, ce se-
raient des sociétés de désinstruction.
» C'est impossible, malheureusement
pour eux, mais je savais de reste, en com-
mençant, que nous ne les aurions jamais.
» Nous n'avons donc perdu personne
dans la Ligue, en nous proclamant répu-
blioains ; mais cette neutralité politique,
notre loi du commencement, le reste en-
core aujourd'hui et je viens de vous en
donner la vraie formule : nous avons à
faire des électeurs et non pas des élec-
tions.
» J'en dirai autant de notre neutralité
religieuse, qui nous a valu tant d'injures
imméritées; dernièrement encore, la Li-
gue de l'enseignement et son fondateur
n'ont-ils pas été voués, en plein Sénat, à
l'exécration des âmes pieuses, eomme no-
toirement athées? Je ne me savais pas
athée pour mon compte, et l'on ne peut
pourtant pas l'être malgré soi. »
Enfin, en terminant, M. Jean Macé a
dit :
« Un mot encore aux soldats de la Li-
gue rassemblés ici, à ces intrépides cham-
pions de l'instruction populaire qui n'ont
pas désespéré de la patrie dans les mau-
vais jours, que les obstacles n'ont pas fait
reculer, non plus que le danger, quand il
y en avait, auxquels la liberté enfin ren-
due à ce pays, après tant de luttes et d'an-
goisses, vient de permettre de se réunir
pour la première fois de tous les points de
l la France
» Cette consécration solennelle de notre
œuvre, sanctionnée en ce moment par la
présence au milieu tle nousyea qualité de
notre président d'honneur, du grand pa-
triote qui, lui aussi, n'a pas désespéré
dans les mauvais jours, et que notre re-
présentation nationale a justement mis S,
sa tête, parce qu'il a su se faire le repré-
sentant le plus autorisé du sentiment na-
tional, cette consécration éclatante de
notre œuvre, si longtemps réduite à se
faire petite pour avoir le droit de vivre,
doit nous donner plus d'ardeur, en nous
donnant gain de cause. On ne peut plus
nous entraver : cela seul est important.
Si nous avons pu travailler pour le bien de
notre pays sans la liberté, nous le ferons
bien mieux encore avec elle, au mépris
des outrages, sûrs que nous sommes d'être
dans la justice et la vérité. »
Après ce discours, M. Alfred Rabaud,
président de la Société de géographie de
Marseille et secrétaire du congrès, a donné
lecture du compte rendu des assises très
importantes qu'il vient de tenir et des dé-
cisions prises.
Enfin, au milieu d'un profond silence,
M. Gambetta a prononcé le discours élo-
quent que nous reproduisons, et dont
chaque phrase presque a été soulignée
par de longs applaudissements.
Puis la foule s'est écoulée lentement,
pendant que la musique exécutait un der-
nier morceau.
A. L.
Voici le texte du discours prononcé au-
jourd'hui par M. Gambetta dans la grande
salle du Trocadéro :
Mesdames, Messieurs et chers concitoyens;
En écoutant tout à l'heure cette parole si
ferme, si spirituelle, si française de Macé
vous racontant les débuts, les origines et les
conquêtes de l'œuvre si éminemment natio-
nale qu'il a fondée, je me demandais quand
il parlerait de lui. Il n'en a pas parlé, don-
nant par là la mesure de la sobriété et de
la grandeur de son caractère, qui fait que
dans une œuvre dont il vous fait le récit,
qui lui appartient tout entière, il ne trouve
des paroles de remerciement et des éloges
que pour ses collaborateurs et ses àlliés.
(Vifs applaudissements).
C'est cette vertu morale qui so trahissait
dans les derniers mots de son allocution lors-
qu'il disait : « Le monde n'appartient pas aux
flegmatiques, le monde appartient aux
croyants qui .sont passionnés pour la foi, pour
la raison et pour la justice». Eh bien! il vous a
livré le secret de sa nature dans ce seul ins-
tant où, sans s'en apercevoir, il se décrivait
lui-même. (Applaudissements.)
C'est pour lui rendre un public hommage
d'admiration. car ce mot, trop souvent pro-
digué au spectacle triomphant de la force et
du succès, serait plus utilement et plus légi-
timement employé à l'adressa de ces bienfai-
teurs obscurs, passionnés et infatigables quL
à force de vouloir, de persévérance et de té-
nacité d'âme, finissent par donner à un pays
une dotation d'intelligence et de lumière que
bien des conquérants, des gouvernements et
des hommes d'Etat ont été impuissants à lui
donner. (Longs applaudissements.)
.C'est, dis-je, pour lui rendre un publichom-
mage d'admiration que j'ai accepté de venir
au milieu de cette Ligue si française de l'en-
seignement ; et aussi fnon pour donner sur
l'historique et sur l'organisation de ses travaux
et de ses conquêtes des détails et des notions
dont vous êtes tous en possession, mais pour
bien caractériser à mon tour, comme un col-
laborateur dévoué de la première heure,
cette œuvre, d'une marque que l'on a bien
fait de lui restituer, une marque de politi-
que nationale. (Applaudissements.)
Quand vous avez débuté, vous étiez placé
sous le joug commun dans ce petit Beble-
nheim qui est resté pour vous la patrie, et
vous étiez obligé de compter avec un pou-
voir dont le despotisme ne permettait pas à
la sincérité de votre âme de se faire jour, et
vous disiez : « Cette Ligue de l'enseigne-
ment du peuple par les amis du peuple, cela
n'a rien de politique».Or, c'est faire de la po-
litique, c'est faire la meilleure et la plus effi-
cace, que d'aller aux esprits qui ne sont pas
encore éveillés, aux âmes qui dorment en-
core, aux faibles, aux ignorants, et de leur ap-
porter la lumière, l'intelligence de leurs de-
votrs et de leurs droits. « Voilà la véritable
politique, politique que vous avez faite depuis
quinze ans, et, dites le, cette politique, c'est
la politique de la démocratie. Or, elle ne
peut se développer et prendre son essor que
sous le drapeau de la République. (Vifs ap-
plaudissements. )
Vous avez restitué son vrai nom à votre
ligue, quand vous l'avez appelée la Ligue
française de l'enseignement ; maintenant,
en effet, ces quatre ou cinq cents sociétés qui
se groupent autour de vous, et dont le nom-
bre va se multiplier, j'y compte bien, répan-
dront partout ce beau nom de Société na-
tionale d'enseignement, parce que désormais,
entre la France et la République, il y a une
indissolubilité dont vous êtes le témoin
(l'orateur se tourne vers M. Macé). et le té-
moin intéressé, car il n'y a de retour p3ssi-
ble à la patrie que sous cette forme répu-
blicaine !
Que l'on ne cherche dans mes paroles rien
autre chose que ce sentiment du droit et de
la justice qui consiste à donner aux hommes
ce qui doit leur revenir par la force de l'es-
prit, par l'association, par les conquêtes mo-
rales et intellectuelles, — jamais par la force
brutale ! (Applaudissements.)
Par conséquent, lorsque vous êtes rentré
parmi nous, vous avez mis les couleurs natio-
nales au sommât de votre glorieux édifice;
vous pouvez dire que tous les Français vou-
dront y entrer, car désormais on ne peut
plus être patriote et Français que sous ces
nobles couleurs.
C'est aujourd'hui le jour du triomphe pour
cet homme vaillant que j'ai à mon côté; pour
ses collaborateurs, M. Vauchez, qui s'est dé-
robé à son triomphe et aux acclamations lé-
gitimes de ses concitoyens, pour M. Vacca,
celui qui a entrepris le premier l'organisation
légale de la Société, pour vous tous qui pro-
diguez vos nuits et vos travaux et qui appor-
tez votre obole comme vous le faisiez tout à
l'heure., c'est aujourd'hui le jour du triom-
phe. Par conséquent, il est juste, pour nous
tous, de nous retourner vers ceux qui l'ont
assuré, et de leur dire : « Oui, vous avez
bien mérité de la patrie française. » (Applau-
dissements répétés.)
Mais je reprends un mot de votre discours :
vous avez dit que ce qui vous avait suscité
cette pensée première dès 1866, c'était l'exis-
tence du suffrage universel parmi nous, et le
speetacle de ses défaillances et de ses chutes;
vous avez crié : L'instruction universelle î..<
comme le remède et l'antidote du suffrage
universel 1 — Permettez-moi de vous dire
qu'il m'a semblé un instant que, toute sal""
,
RÉDACTION
S'adresser au Secrétaire de la RédaotjxHf
de 2 heures à minuit ','
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Extérieure « 21 7/8, 15/16.
florins..—— 811/16.
À'' •
> PARIS, 22 AVRIL 1881
La Ligue de l'enseignement est une
des œuvres de propagande dont les pro-
grès intéressent le plus notre démocra-
tie française. Nous avons suivi avec
grand plaisir les trop courtes séances du
congrès qu'elle vient de clore hier. La
voici reconstituée sur des bases plus
larges et plus solides que par le passé,
et nous éprouvons de la joie à en an-
noncer la nouvelle. Nos lecteurs con-
naissent déjà les résolutions qui ont été
prises et qui se résument ainsi : « La
Ligue del'enseignement, fondée par Jean
Macé, s'organise en fédération sous le
titre de Ligue française de Renseigne- ,
ment. Une liste est ouverte sur laquelle
seront inscrites toutes les Sociétés
d'instruction populaire, sous quelque
titre que ce soit, qui voudront en faire
partie. » Ainsi la Ligue, qui, grâce à
l'énergique dévouement de son fonda-
teur, avait rendu déjà de si considéra-
bles services, en va rendre de bien plus
grands encore ; son champ d'action
s'élargit, sans compter que les temps
lui sont devenus infiniment plus propi-
ces. Durant bien des années, elle n'avait
rencontré sur son chemin que des obsta-
cles ; rien désormais ne lui barrera plus
le chemin ; tout concourt, au contraire,
à développer son influence et à aug-
menter son succès.
Elle peut donc aujourd'hui se dévouer
sans inquiétude à son œuvre d'éduca-
tion nationale et d'instruction républi-
caine. M. Jean Macé a caractérisé son prin-
cipal dessein par une phrase heureuse :
« Nous nous donnons pour but, a-t-il
dit, de préparer des électeurs, et cela
vaut mieux que de préparer des élec-
tions. » Le mot est bien fin, et l'idée
est peut-être plus profonde qu'on ne
troit. Trop longtemps, dans le parti ré-
publicain, l'on a estimé qu'on avait fait
tout son devoir quand on avait préparé
des élections, c'est-à-dire travaillé à la
nomination de candidats quelconques,
pourvu qu'ils fussent affublés du titre
de républicains. Le principal effort a
consisté à faire réussir les candida-
tures, tantôt bonnes, souvent médio-
cres et quelquefois mauvaises, de MM.
tel et tel. 11 se peut bien que jus-
qu'ici, la plupart du temps,il n'ait pas été
possible de mieux faire. Mais, pour l'a-
venir, c'est une génération d'éleeteurs
qu'il s'agit de préparer, et nous enten-
dons par électeurs des citoyens qui
soient vraiment capables de choisir eux-
mêmes leurs mandataires, qui aillent
chercher des hommes dignes de les re-
présenter et qui leur offrent la candi-
dature, au lieu de se borner à atten-
dre que des ambitieux viennent bri-
guer leurs suffrages. Dans une démo-
pratie digne de ce nom, ce sont les élec-
teurs qui devraient aller au-devant des
candidats, et non pas les candidats qui
devraient courir après les électeurs.
Mais c'est un progrès qui sans doute
ne se réalisera pas de sitôt. Quoi
qu'il en soit, nous devons y travailler
avec constance.
La séance de clôture de la Ligue de
l'enseignement a été présidée hier par
M. Gambetta, qui a prononcé, comme
pn s'y attendait, une allocution chaleu-
reuse. « C'est faire de la politique, a-t-il
dit, de la meilleure, de la plus efficace,
que d'aller chez les ignorants, chez les
malheureux auxquels manquent tous les
moyens d'instruction, d'aller au loin,
dans les endroits les plus reculés, d'aller
dans les ténèbres et d'y apporter la lu-
mière; c'est de la politique démocrati-
que; c'est de la politique vraiment na-
tionale, car, désormais, entre la France
et la République existe un lien in-
dissoluble que rien ne pourra bri-
der, etc. » Oui, voilà bien la voie
qu'il faut suivre, et M. Gambetta, com-
me M. Jean Macé, nous a montré le but :
porter la lumière chez ceux qui si long-
temps ne l'ont pas connue. L'Etat fera
beaucoup, dès que les nouvelles lois
d'instruction publique seront en vigueur.
Mais l'Etat ne peut et ne doit donner
dans ses écoles publiques que les élé-
ments de l'instruction primaire, et, si
c'est beaucoup, ce n'est pas assez. Il
importe donc que les citoyens dévoués à
la démocratie ne demeurent pas inactifs.
« Allons aux campagnes! a dit encore M.
Gambetta ; portons partout, avec la bi-
bliothèque, avec la parole, avec le livre,
avec le journal, l'enseignement néces-
saire, 1 enseignement universel, source
de tout bien ! » C'est, en effet, aux cam-
pagnes surtout qu'il faut consacrer le
grand, le principal effort. Elles ne de-
mandent qu'à s'instruire elles ne de-
mandent qu'à marcher de l'avant pour
peu qu'on veuille bien éclairer leur
route, et ceux qui se dévouent particu-
lièrement à cette œuvre en reçoivent les
témoignages les plus sensibles tous les
jours.
On ne sait pas assez de quelle bonne
yolonté, de quelle ardeur, de quel esprit
libéral et républicain sont déjà pénétrés
nos paysans de 1881. Nos campagnes,
aujourd'hui, — jusque dans les départe-
ments mêmes qui passent pour les plus
arriérés, — sont comme un sol fécond
où fructifie toute bonne semence. La
Ligue de l'enseignement n'aura donc
qu'à semer. Nous l'engageons surtout à
tourner son attention du côté des livres,
car c'est ce qui manque le plus. Nous
avons des journaux autant qu'il en faut
pour répondre à tous les besoins ; nous
n'avons pas de livres, et c'est un mal-
heur que nos éditeurs républicains ne
se soient pas décidés encore à faire une
concurrence sérieuse aux - libraires de
K- - - -
leurs ou de Limoges. Qui donc nous
donnera une bibliothèque d'ouvrages
populaires à bon marché ? Grave ques-
tion. De ce côté-là, presque tout est
à faire, et rien de ce qu'on a tenté
n'a pleinement réussi. Nous avons eu
entre les mains,à la vérité, des volumes à
vingt ou trente sous publiés par des ;
éditeurs tout pétris de zèle ; mais ces 1
doctes écrits, même quand ils sont
signés d'un député, d'un sénateur ou
d'un membre de l'Académie française,
ont pour la plupart un grave défaut : ils
sont mortellement ennuyeux. Nous n'en
finirions pas si nous tentions de traiter,
cette matière au cours dun article.
Que la Ligue nous permette seulement
de lui répéter : « Faites des livres ! »
La presse populaire, et nous dirons
même la presse rurale, existe, vit, cir-
cule partout, pénètre jusqu'au fond du
dernier hameau du plus reculé des dé-
partements. Mais si la presse populaire
est fondée, la librairie populaire ne l'est
pas. Il est facile d'avoir des armoires
avec des rayons ; mais cherchez de bons
livres à y mettre, et vous n'en trouverez
que peu ou point.
EUG. LIÉBERT.
L'Affaire de Tunisie
Nous recevons de l'un de nos correspon-
dants la dépêche suivante :
Soukahrras, 19 avril.
J'ai reçu votre dépêche. Merci de l'offre
que vous me faites, mais je suis déjà ac-
crédité auprès du commandement.
J'ai assuré le service de la correspon-
dance télégraphique avant de quitter
Bône et la Galle. Deux personnes de nos
amis vous enverront de ces deux villes les
nouvelles importantes. J'ai aussi à Sou-
kahrras un correspondant qui vous tien-
dra au courant. Par cette combinaison,
vous recevrez peut-être certaines nou-
velles en double. Cela vaut mieux que
d'être exposé à des retards.
Je pars pour la frontière dans quelques
heures. La tête de colonne est à Sidi-
Yousef, sur la lisière. Demain il arrivera
sur ce point un certain nombre de batail-
lous et d'escadrons.
Il a été nécessaire d'organiser des abreu-
voirs en emmagasinant l'eau de diverses
sources ; sans cette mesure, on n'eût pas
trouvé de l'eau en quantité suffisante. Il y
a le plus grand intérêt à assurer l'alimen-
tation de ces réservoirs sur la route de
Soukahrras à la frontière. Pendant toute
la durée de la campagne, il y aura natu-
rellement un va-et-vient continuel sur
cette route qui part de l'une des ailes de
la base d'opération et sera suivie par les
convois de ravitaillement.
Une fois en Tunisie, on aura l'eau en
abondance.
Toute la cavalerie, placée sous le com-
mandement du général Gaume, ainsi que
l'artillerie montée, marchent avec la colon-
ne Logerot.
C'est sans doute la colonne commandée
par le général Delebecque qui inaugurera
la lutte. Elle n'a pas de cavalerie et seule-
ment des batteries de montagne.
Les troupes sont admirablement dispo-
sées. La discipline est parfaite. Le sirocco
qui soufflait ces derniers jours a cessé. Les
tribus tunisiennes qui, auparavant ,
croyaient la France affaiblie, ont baissé le
ton et comprennent que les choses de-
viennent sérieuses. Cependant il faut bien
se tenir sur ses gardes.
A Soukahrras même, on signale quel-
que agitation parmi les Arabes, qui dis-
cutent entre eux sur la solidarité des mu-
sulmans en présence de l'aggression des
chrétiens. S'il n'y avait # ici un grand
déploiement de troupes il aurait pu se
produire des velléités d'insurection. Mais
rien n'est à craindre sous ce rapport, et
cette éventualité n'est pas à redouter.
Cependant sur la frontière, près Bou-
Haggar, il y a une tribu, les Ouled-Ali, di-
visée en deux portions, l'une sur le terri-
toire algérien, l'autre sur le territoi-
re tunisien, qui se soulèverait infailli-
blement s'il survenait le moindre échec.
Mais on la surveille de très près. Sur
le territoire tunisien, les troupeaux ont
été éloignés des lieux qui sont présumés
devoir être traversés par nos troupes.
On prétend ici que le bey aurait ordon-
né au commandant de la ville du Kef de
ne pas ouvrir les hostilités ; mais cette
nouvelle a besoin d'être confirmée et je
ne la donne que sous toutes réserves.
Le Kef est situé à la même distance de
Sidi-Yousef que Soukahrras.
Je ne vous parle pas de l'île de Tabarka.
Vous savez évidemment ce qui s'est passé
sur ce point et vous connaissez l'accueil
quia été fait à la canonnière l' Ryene par les
Kroumirs de la côte. ,.,.. - --
Il y a eu ici, dans la nuit a mer (au 18
au 19 avril), une rixe entre des artilleurs
et des Italiens.
Un de ces derniers, au fort de la dis-
pute, a donné un coup de couteau à un
artilleur.
Ses compatriotes faisaient mine de se
mettre de la partie.
Mais nos soldats, sans avoir dégainé
leur sabre, — ce que je souligne, — tom-
bèrent sur les Italiens à coups de poing.
Çrekii qui avait donné le coup de couteaw
a été frappé si rudement dans la bagarre
qu'il est resté sur le carreau.
Le motif de la querelle n'avait d'ailleurs
rien de politique. La scène a eu lieu dans
un café borgne. Il y à Soukahrras et
dans les environs 3 à 4,000 Italiens qui
sont employés comme terrassiers à la
construction de la voie ferrée.
J'attends d'une minute à l'autre le mo-
ment de partir à la suite de la colonne Lo-
gerot. J'ai la bonne fortune de l'avoir
connu autrefois.
J'ai pris avec moi un Tunisien dont la
connaissance du pays pourra m'être d'un
grand secours.
Il est utile de vous dire que Sidi-You-
sef est relié à Soukharras par le télé-
graphe. Il est probable que la télégraphie
de campagne reliera ce fil à celui qui existe
sur la Medjerdah en Tunisie. J'espère donc
que mes dépêches pourront vous arriver
sans grands retards.
M.
*
« *
Par la longue dépêche qui précède, on a
pu voir que les opérations militaires sont
sur le point de commencer.
Notre correspondant n'a pas dit, évi-
demment, tout ce qu'il savait, et il attend
sagement d'avoir quelques faits d'armes à
nous signaler pour être [plus explicite. Il
n'a fait, d'ailleurs, en agissant ainsi, qua,
se conformer aux engagements que tous
les correspondants de journaux ont pris
vis-à-vis de l'autorité militaire, ce dont
on ne peut que le louer.
Ajoutons à ce propos que c'est bien mal
servir les intérêts du corps expédition-
naire que de vouloir anticiper sur les
événements par des révélations dont, en
fin de compte, les Tunisiens profitent plus
que les lecteurs français.
En veut-on une preuve?
Le bey de Tunis a appris le projet de
débarquement à Tabarka — qui est à la
veille d'avoir lieu — par une dépêche
chiffrée venue de Paris et envoyée sur les
données d'une correspondance partie de
la Calle.
Inutile de dire qu'il a dû prendre ses
dispositions en vue de l'opération proj etée
secrètement et divulguée inconsciemment.
Par cet exemple, on juge de l'inconvé-
nient qu'il peut y avoir à parler à tort et
à travers des mouvements qui se pré-
parent, pour l'unique plaisir de paraître
bien informé.
Est-ce à dire que l'autorité militaire ait
voulu étouffer les critiques que les opéra-
tions pouvaient soulever? Elle se trom-
perait fort si elle pensait pouvoir imposer
aux journaux des bulletins de victoires
préparé par ses soins et faire chanter ses
louanges par tous les correspondants qui
suivent les diverses colonnes. Ni les uns
ni les autres ne voudraient se plier à ces
exigences. Mais telle n'est pas , à coup
sûr, la peusée de l'état-major du corps ex-
péditionnaire. Ce qu'il demande, — et
comment l'en blâmer ? — c'est que les
journaux ne raisonnent pas sur des hy-
pothèses vraies ou fausses, mais bien sur
des faits, et ne rendent pas ainsi au bey de
Tunis des services que les journaux tuni-
siens — et pour cause — ne peuvent ren-
dre aux généraux français.
«
M *
Il ne faut pas attacher grande impor-
tance à l'incident raconté par notre cor-
respondant.
C'est une rixe qui ne mériterait pas
même une mention, s'il n'avait eu comme
conséquence la mort d'un de ceux qui y
ont pris part.
Mais, pour donner à cette querelle son
véritable caractère, il suffit de rappeler
qu'elle a eu pour théâtre un de ces cafés
suspects où l'on n'entre d'ordinaire qu'à
la nuit close.
* *
Ce qui est plus grave, ce sont les der-
nières déclarations faites par le bey à no-
tre consul.
Mohammed-el-Sadok ne répond pas de
la sécurité à Tunis. -
L'agence Havas nous communique à ce
propos les renseignements suivants :
Tunis, 20 avril, soir.
Le consul d'Autriche a eu hier une entre-
vue avec le bey auquel il a déclaré que,puis-
que le sang avait coulé et que l'épée était
sortie du fourreau, il fallait attendre la fin
des événements. (
Ce matin, M. Roustan a écrit au bey qu'il
serait seul responsable, avec son premier mi-
nistre, de ce qui surviendrait si une seule
goutte de sang européen coulait à Tunis..
» Bône, 21 avril.
On assure que le bey, répondant aux der-
nières observations de M. Roustan, relative-
ment aux dangers que pourrait courir la co-
lonie européenne à Tunis,a déclaré qu'il avait
donné les ordres nécessaires pour la protec-
tion de tous les étrangers, mais qu'il ne pou-
vait pas répondre de l'émotion que produi-
rait, sur la population musulmane, la nou-
velle de l'entrée des Français sur le territoire
de la régence.
Il y a cependant un correctif à cette
nouvelle peu rassurante, car la dépêche
continue en ces termes :
Les craintes de la colonie étrangère à Tunis
paraissent en voie d'apaisement.
Les mesures prises pour le maintien de la
circulation sur le chemin de fer et la proxi-
mité du corps expéditionnaire français, dont
une partie pourrait être transportée à Tunis
en quatre ou cinq heures, sont considérées,
non moins que les observation très sérieuses
qui ont été adressées au bey, comme une ga-
rantie suffisante, au moins pour le moment,
de la sécurité de la colonie.
On ne croit pas ici qu'à moins d'une né-
cessité absolue le gouvernement français se
décide à envoyer la fitte à la Goulette, at-
tendu que cet acte aurait pour résultat d'y
amener d'autres bâtiments de guerre étran-
gers, ce qui pourrait être exploité d'une ma-
nière fâcheuse auprès des Arabes par le parti
hostile à la France, tandis que l'Algérie étant
la seule voisine de Tunis par terre, l'absence
de toute flotte devant Tunis nous laisse têto à
tête avec le gouvernement du bey.
L'agenoe.. Havas nous communique la
l dépêche suivante i
, On signale de divers points de l'Algérie
ides symptômes de fermentation.,Ou a tout
lieu de croire que l'autorité a donné des
ordres pour une prompte répression, en cas
de manifestation extérieure.
*
* *
Il y a toujours une grande activité dans
le port de Toulon et quelques mouve-
ments de troupes de terre et de mer.
La dépêche suivante en donne l'énumé-
ration :
Toulon, 20 avril, soir.
Un détachement, composé d'un officier et
de 95 hommes des équipages de la flotte, est
arrivé aujourd'hui, venant de Rochefort.
Le croiseur Desaix est arrivé à Bône.
Le port de Toulon est en mesure d'effec-
tuer un deuxième transport de troupes en
Algérie aussi important que le premier, soit
4.000 hommes environ.
L'escadre volante, sous le commandement
du contre-amiral Galibart, partira lundi pour
une nouvelle période d'instruction; elle est
composée de deux frégates cuirassées, Flore
et Armorique, et des deux corvettes Résolue
et Favorite. Elle fera sa première escale à Al-
ger.
Parmi les troupes embarquées sur la Cor-
rèze se trouve une batterie du 19e régiment
d'artillerie.
Quelques soldats du 88° de ligne ont été at-
taqués par des individus qui les ont frappés
de coups de couteau. L'un des blessés serait
en danger de mort.
Une enquête est ouverte.
Toulon, 21 avril, soir.
L'aviso Corse vient de partir pour la côte
de Tunisie.
Deux bataillons du 20° régiment de ligne,
venant de Montauban, sont attendus ici de-
main.
213 marins, sous les ordres d'un lieutenant
de vaisseau, sont arrivés, venant de Lorient.
Un transport est en rade, prêt à partir au
premier signal.
Tunis, 21 avril.
Dans la notification remise hier matin au
premier ministre par le premier drogman
du consulat de France, le consul annonçait
l'entrée immédiate des troupes françaiscs en
Tunisie. Cette notification contenait, en outre,
le passage relatif à la sécurité des Européens,
télégraphié hier.
Moustapha-Ben-Ismaïl, dans sa réponse re-
mise hier au soir, persiste à refuser tout con-
cours.
Il dit qu'il lui est impossible de retirer les
protestations contre la violation du territoire.
Il répète que les troupes du bey n'attaque-
ront pas les Français.
Il renouvelle sa première déclaration par la-
quelle il décline toute responsabilité rela-
tivement à la sécurité des Européens, à par-
tir du moment de l'entrée des troupes fran-
çaises. -
On assure qu'une note en ce sens est déjà
r édigée et qu'elle sera adressée à tous les
consuls.
Tunis, 20 avril, six heures du soir
(arrivée le 21, à neuf heures du soir).
Les troupes tunisiennes, sous le comman-
dement de Si-Selim, ont quitté Souk-el-Arba
aujourd'hui.
Elles devront, ainsi que les irréguliers, at-
tendre Ali-Bey à Souk-el-Kemir. Elles traver-
seraient ensuite la tribu des Outchetas pour
aller chez les Kroumirs.
Le calme qui règne actuellement pourrait
bien être celui qui précède la tempête. La
colonie européenne est de moins en moins
rassurée.
Le seul journal qui se publie ici est l'Offi-
ciel, feuille hebdomadaire. Ce journal lan-
nonce que le corps expéditionnaire qui est à
Beja a reçu un accueil bienveillant partout
sur son passage. Les hommes s'enrôlent et
fournissent les chevaux nécessaires à l'expé-
dition.
Les mêmes démonstrations ont lieu pour
le corps de. Si-Selim.
N'insistons pas sur l'attaque dont les
soldats du 88e ont été l'objet et laissons à
l'enquête le soin de trouver et de châtier
les agtesseurs.
Le voyage de l'escadre volante dans les
parages d'Alger offre plus d'intérêt, vu les
circonstances. On nous dit qu'il s'agit,
d'une nouvelle période d'instruction; soit.
Ce voyage d'instruction, qui est tout à fait
opportun,, pourra être aussi très profi-
table.
Louis HENRIQUE.
A UNIS
1 Si l'heure était à la plaisanterie, le
bey de Tunis pourrait compter sur un
franc succès de gaieté. Ce personnage
coiffé d'un fez devient absolument extra-
ordinaire. Aux consuls qui allaient lui
demander quelles mesures il avait pri-
ses pour assurer la sécurité des étran-
gers résidant en Tunisie, il a répondu
que cette sécurité n'était point mena-
cée, mais que, si l'opinion était excitée
par l'entrée des Français sur son terri-
toire, la chose n'était point son affaire ;
qu'il rejetait sur notre gouvernement la
responsabilité de ce qui pourrait suivre.
M. Roustan a relevé comme il convenait
cette déclaration. Il a signifié au bey et à
son ministre que la France n'acceptait
pas ce déplacement des responsabilités,
qu'elle s'en prendraît au gouvernement
de Tunis, et à lui seul, de la moindre of-
fense dont nos nationaux seraient les
victimes. Le bon mahométan a été averti
qu'on ne lui permettrait pas de se faire
apporter le bassin de Ponce Pilate pour
s y laver les mains. Il se le tiendra pour
dit, n'en doutons pas. Et la chose est
heureuse : si nos nationaux n'avaient
plus pour tes protéger que les bonnes
intentions du bey de Tunis, il serait sage
à eux et à tous les roumis de boucler
leurs malles au plus vite.
Si la réponse du seigneur Mohammed-
cl-Sadok n'était pas une impertinente
dérision, elle serait de sa part une énor-
me sotlise. Avouer que l'on n'est pas
sûr d'être obéi dans le pays où l'on
commande, que l'on n'est pas même ca-
pable d'y faire respecter le droit des gens
et d'y maintenir la police, c'est avouer:
kque l'on n'est pas digne de commander.
Si Je bey de Tunis est si peu maître
dans sa propre capitale qu'il ne peut y
garantir la vie des habitants, il ne reste
plus qu'une chose à faire, c'est de le
déposer au plus vite. C'est le devoir de
la France d'intervenir au plus tôt pour
assurer aide et protection à ses enfants.
C'était à plus forte raison le devoir de
la France de se charger de punir les
forfaits des Kroumirs, puisque leur sou-
verain est hors d'état de les châtier.
On peut en être assuré, si le bey de
Tunis était impuissant, ainsi qu'il le pré-
tend, son plus grand soin serait de cacher
cette impuissance. Il n'y a rien dans son
langage nouveau qu'une preuve de plus
de cette mauvaise volonté et de cette
mauvaise foi que nous voyons à l'œuvre
depuis des mois, ou plutôt depuis des an-
nées. Nous avons subi longtemps ses in-
solences avec une patience qui n'a fait
que les encourager. La mesure est com-
ble cette fois. Puisque le bey le veut ab-
solument, il deviendra nécessaire qu'après
avoir réglé les comptes des Kroumirs
nous allions régler les siens à son tour.
CHARLES BIGOT
—————
SÉANCE DE CLOTURE
DU CONGRÈS DE LA LIGUE DE L'ENSEIGNEMENT
Le congrès tenu ces jours-ci à Paris par
les membres de la Ligue de l'enseigne-
ment a été clos par une séance générale
solennelle, tenue dans la grande salle du
palais du Trocadéro sous la présidence de
M. Gambetta.
Des délégués de tous les cercles de pro-
vince et un nombre considérable de per-
sonnalités connues du monde enseignant
assistaient à ce meeting.
Sur l'estrade, on remarquait, aux côtés
de M. Gambetta : MM. Jean Macé, prési-
dent de la Ligue ; Rabaud, président de la
Société de géographie de Marseille et se-
crétaire du congrès ; Emmanuel Vauchez,
fondateur du Cercle parisien ; Floquet,
Spuller, Paul Bert, docteur Liouville,
Huet, Victor Poupin, Wickham, trésorier
du Cercle parisien ; Vilnot, président du
Cercle rouennais ; Ollendorff, président du
Cercle messin et de l'Union de la jeunesse;
Vacca, etc.
L'excellente musique de la garde répu-
blicaine prêtait son concours à cette so-
lennité et a joué pendant la séance plu-
sieurs morceaux de son riche réper-
toire.
M. Jean Macé a pris le premier la pa-
role. Il a retracé l'histoire de la Ligue
française de l'enseignement, fondée par
lui sous l'empire, en 1866, avec le con-
cours de tous les hommes dévoués au
progrès et à la liberté. Les adhésions ne
tardèrent pas à affluer au fond de l'Alsace,
dans le petit village qu'habitait alors Jean
Macé, et partout on signa une déclaration
ainsi conçue :
« Les soussignés, désireux de contri-
buer personnellement au développement
de l'instruction dans leur pays, déclarent
adhérer au projet d'établissement en
France d'une Ligue de l'enseignement au
sein de laquelle il demeure entendu qu'on
ne servira les intérêts particuliers d'au-
cune opinion religieuse ou politique. Ils
s'engagent à en faire partie quand elle
sera constituée et à souscrire annuelle-
ment chacun pour la somme portée à la
suite de son nom. »
Quand, au mois de juin suivant, un pro-
fesseur du lycée de Metz fonda, de son
chef, le premier cercle de la Ligue, le
préfet l'autorisa, et l'évêque l'excommu-
nia.
M. Macé a montré les progrès de son
œuvre : au 1er novembre 1867, elle avait
4,792 adhérents ; en 1878, elle en comp-
tait 17,856, et le chiffre n'a fait que s'ac-
crotîre.
Parlant du but même de la Ligue, M.
Jean Macé s'exprime ainsi au milieu des
applaudissements de l'assistance :
« Nos cercles de la Ligue s'imposaient
la loi de ne servir les intérêts particuliers
d'aucune opinion religieuse ou politique,
mais il n'y est jamais entré , c'était prévu
d'avance, que des républicains, des hom-
mes de progrès, si vous voulez, c'est la
même chose, et pour une raison bien sim-
ple : pour ceux qui veulent la Républi-
que, la vraie, celle de la liberté, il est
bien évident que notre peuple n'en sait pas
assez, et que le premier besoin de ce pays
est d'être couvert de sociétés d'instruc-
tion.
» Pour ceux qui rêvent le retour en ar-
rière, notre peuple en sait trop, ce n'est
que trop clair maintenant, et ce qu'il y
aurait à faire ici, si c'était possible, ce se-
raient des sociétés de désinstruction.
» C'est impossible, malheureusement
pour eux, mais je savais de reste, en com-
mençant, que nous ne les aurions jamais.
» Nous n'avons donc perdu personne
dans la Ligue, en nous proclamant répu-
blioains ; mais cette neutralité politique,
notre loi du commencement, le reste en-
core aujourd'hui et je viens de vous en
donner la vraie formule : nous avons à
faire des électeurs et non pas des élec-
tions.
» J'en dirai autant de notre neutralité
religieuse, qui nous a valu tant d'injures
imméritées; dernièrement encore, la Li-
gue de l'enseignement et son fondateur
n'ont-ils pas été voués, en plein Sénat, à
l'exécration des âmes pieuses, eomme no-
toirement athées? Je ne me savais pas
athée pour mon compte, et l'on ne peut
pourtant pas l'être malgré soi. »
Enfin, en terminant, M. Jean Macé a
dit :
« Un mot encore aux soldats de la Li-
gue rassemblés ici, à ces intrépides cham-
pions de l'instruction populaire qui n'ont
pas désespéré de la patrie dans les mau-
vais jours, que les obstacles n'ont pas fait
reculer, non plus que le danger, quand il
y en avait, auxquels la liberté enfin ren-
due à ce pays, après tant de luttes et d'an-
goisses, vient de permettre de se réunir
pour la première fois de tous les points de
l la France
» Cette consécration solennelle de notre
œuvre, sanctionnée en ce moment par la
présence au milieu tle nousyea qualité de
notre président d'honneur, du grand pa-
triote qui, lui aussi, n'a pas désespéré
dans les mauvais jours, et que notre re-
présentation nationale a justement mis S,
sa tête, parce qu'il a su se faire le repré-
sentant le plus autorisé du sentiment na-
tional, cette consécration éclatante de
notre œuvre, si longtemps réduite à se
faire petite pour avoir le droit de vivre,
doit nous donner plus d'ardeur, en nous
donnant gain de cause. On ne peut plus
nous entraver : cela seul est important.
Si nous avons pu travailler pour le bien de
notre pays sans la liberté, nous le ferons
bien mieux encore avec elle, au mépris
des outrages, sûrs que nous sommes d'être
dans la justice et la vérité. »
Après ce discours, M. Alfred Rabaud,
président de la Société de géographie de
Marseille et secrétaire du congrès, a donné
lecture du compte rendu des assises très
importantes qu'il vient de tenir et des dé-
cisions prises.
Enfin, au milieu d'un profond silence,
M. Gambetta a prononcé le discours élo-
quent que nous reproduisons, et dont
chaque phrase presque a été soulignée
par de longs applaudissements.
Puis la foule s'est écoulée lentement,
pendant que la musique exécutait un der-
nier morceau.
A. L.
Voici le texte du discours prononcé au-
jourd'hui par M. Gambetta dans la grande
salle du Trocadéro :
Mesdames, Messieurs et chers concitoyens;
En écoutant tout à l'heure cette parole si
ferme, si spirituelle, si française de Macé
vous racontant les débuts, les origines et les
conquêtes de l'œuvre si éminemment natio-
nale qu'il a fondée, je me demandais quand
il parlerait de lui. Il n'en a pas parlé, don-
nant par là la mesure de la sobriété et de
la grandeur de son caractère, qui fait que
dans une œuvre dont il vous fait le récit,
qui lui appartient tout entière, il ne trouve
des paroles de remerciement et des éloges
que pour ses collaborateurs et ses àlliés.
(Vifs applaudissements).
C'est cette vertu morale qui so trahissait
dans les derniers mots de son allocution lors-
qu'il disait : « Le monde n'appartient pas aux
flegmatiques, le monde appartient aux
croyants qui .sont passionnés pour la foi, pour
la raison et pour la justice». Eh bien! il vous a
livré le secret de sa nature dans ce seul ins-
tant où, sans s'en apercevoir, il se décrivait
lui-même. (Applaudissements.)
C'est pour lui rendre un public hommage
d'admiration. car ce mot, trop souvent pro-
digué au spectacle triomphant de la force et
du succès, serait plus utilement et plus légi-
timement employé à l'adressa de ces bienfai-
teurs obscurs, passionnés et infatigables quL
à force de vouloir, de persévérance et de té-
nacité d'âme, finissent par donner à un pays
une dotation d'intelligence et de lumière que
bien des conquérants, des gouvernements et
des hommes d'Etat ont été impuissants à lui
donner. (Longs applaudissements.)
.C'est, dis-je, pour lui rendre un publichom-
mage d'admiration que j'ai accepté de venir
au milieu de cette Ligue si française de l'en-
seignement ; et aussi fnon pour donner sur
l'historique et sur l'organisation de ses travaux
et de ses conquêtes des détails et des notions
dont vous êtes tous en possession, mais pour
bien caractériser à mon tour, comme un col-
laborateur dévoué de la première heure,
cette œuvre, d'une marque que l'on a bien
fait de lui restituer, une marque de politi-
que nationale. (Applaudissements.)
Quand vous avez débuté, vous étiez placé
sous le joug commun dans ce petit Beble-
nheim qui est resté pour vous la patrie, et
vous étiez obligé de compter avec un pou-
voir dont le despotisme ne permettait pas à
la sincérité de votre âme de se faire jour, et
vous disiez : « Cette Ligue de l'enseigne-
ment du peuple par les amis du peuple, cela
n'a rien de politique».Or, c'est faire de la po-
litique, c'est faire la meilleure et la plus effi-
cace, que d'aller aux esprits qui ne sont pas
encore éveillés, aux âmes qui dorment en-
core, aux faibles, aux ignorants, et de leur ap-
porter la lumière, l'intelligence de leurs de-
votrs et de leurs droits. « Voilà la véritable
politique, politique que vous avez faite depuis
quinze ans, et, dites le, cette politique, c'est
la politique de la démocratie. Or, elle ne
peut se développer et prendre son essor que
sous le drapeau de la République. (Vifs ap-
plaudissements. )
Vous avez restitué son vrai nom à votre
ligue, quand vous l'avez appelée la Ligue
française de l'enseignement ; maintenant,
en effet, ces quatre ou cinq cents sociétés qui
se groupent autour de vous, et dont le nom-
bre va se multiplier, j'y compte bien, répan-
dront partout ce beau nom de Société na-
tionale d'enseignement, parce que désormais,
entre la France et la République, il y a une
indissolubilité dont vous êtes le témoin
(l'orateur se tourne vers M. Macé). et le té-
moin intéressé, car il n'y a de retour p3ssi-
ble à la patrie que sous cette forme répu-
blicaine !
Que l'on ne cherche dans mes paroles rien
autre chose que ce sentiment du droit et de
la justice qui consiste à donner aux hommes
ce qui doit leur revenir par la force de l'es-
prit, par l'association, par les conquêtes mo-
rales et intellectuelles, — jamais par la force
brutale ! (Applaudissements.)
Par conséquent, lorsque vous êtes rentré
parmi nous, vous avez mis les couleurs natio-
nales au sommât de votre glorieux édifice;
vous pouvez dire que tous les Français vou-
dront y entrer, car désormais on ne peut
plus être patriote et Français que sous ces
nobles couleurs.
C'est aujourd'hui le jour du triomphe pour
cet homme vaillant que j'ai à mon côté; pour
ses collaborateurs, M. Vauchez, qui s'est dé-
robé à son triomphe et aux acclamations lé-
gitimes de ses concitoyens, pour M. Vacca,
celui qui a entrepris le premier l'organisation
légale de la Société, pour vous tous qui pro-
diguez vos nuits et vos travaux et qui appor-
tez votre obole comme vous le faisiez tout à
l'heure., c'est aujourd'hui le jour du triom-
phe. Par conséquent, il est juste, pour nous
tous, de nous retourner vers ceux qui l'ont
assuré, et de leur dire : « Oui, vous avez
bien mérité de la patrie française. » (Applau-
dissements répétés.)
Mais je reprends un mot de votre discours :
vous avez dit que ce qui vous avait suscité
cette pensée première dès 1866, c'était l'exis-
tence du suffrage universel parmi nous, et le
speetacle de ses défaillances et de ses chutes;
vous avez crié : L'instruction universelle î..<
comme le remède et l'antidote du suffrage
universel 1 — Permettez-moi de vous dire
qu'il m'a semblé un instant que, toute sal""
,
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